Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


JEAN COCTEAU, LE DÉNIAISEMENT DES LETTRES ET DES ARTS


DU LUNDI 4 AOÛT (19 H) AU DIMANCHE 10 AOÛT (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


Montage de : disque Columbia de La Voix humaine (1930) ;
Cocteau en 1921 dans le rôle d'un des Phonographes des

Mariés de la Tour Eiffel © D.R. ;
Cocteau travaillant aux décors d'
Œdipus Rex
pour la reprise de 1952, cl. P. A. Constantin © D.R.


ARGUMENT :

Comment approcher et comprendre aujourd'hui la démarche créatrice de Cocteau, cet artiste aux dons multiples qui, s'affirmant en tout comme poète sans se laisser cantonner dans les territoires traditionnels de la poésie, fut aussi dessinateur, chorégraphe, scénographe, romancier, essayiste, réalisateur, éditeur et acteur à l'occasion, auteur de théâtre et de cinéma, homme de presse et de radio, peintre, décorateur de monuments publics, céramiste, etc., suivant les impulsions de sa personnalité explosive et l'idée qu'une œuvre d'art "doit satisfaire toutes les muses" ? Aux reproches de dispersion et d'amateurisme régulièrement formulés par ses contemporains, Cocteau a opposé la continuité cachée de Picasso, son grand modèle, "la seule dont on ne se lasse pas et dont on ne s'aperçoive qu'avec le recul ou sous un certain angle", et les pratiques de déniaisement d'un Satie et d'un Radiguet. Déniaiser consiste, à leur exemple, à sortir la littérature et les arts de leurs routines, traditions ou modes, et, pour chaque auteur, à ne pas se répéter soi-même. Cocteau s'y emploie en jouant la carte de la pluralité des arts et de l'intermédialité. Le colloque vise à mettre en avant et illustrer la constance, la portée et la cohérence profonde de sa démarche, en essayant sur elle la clé de lecture de ce principe de déniaisement, à l'épreuve des théories contemporaines de l'intermédialité.


MOTS-CLÉS :

Arts graphiques, Arts plastiques, Arts du spectacle, Chanson, Cinéma, Cocteau (Jean), Corps, Dada, Danse, Dessin, Fiction, Intermédialité, Littérature, Musique, Patrimonialisation, Photographie, Poésie, Postérités, Roman, Surréalisme, Théâtre


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 4 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants, ainsi que du Foyer de création et d'échanges


Mardi 5 août
DÉMARCHE DE L'ARTISTE (I) : AMBITIONS
Matin
Duo 1 : Introductions
Pierre-Marie HÉRON : Dépatiner, déniaiser, contredire… la démarche artistique de Cocteau expliquée par lui-même [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Danielle CHAPERON : Déniaiser la médialité

Duo 2 : Question(s) d'avant-garde
David GULLENTOPS : Approches intermédiales de la "poésie" de Cocteau
Marie-Paule BERRANGER : Cocteau des années 20 : avec et contre Dada et les surréalistes

Après-midi
Atelier du dictionnaire, avec François AMY DE LA BRETÈQUE

Duo 3 : Figures de l'auteur
Émilien SERMIER : "Personnage imaginaire" : Cocteau, figure de fictions
David MARTENS : "Je serais odieux de me plaindre". Cocteau par lui-même. Un autoportrait l'air de n'y pas y toucher

Soirée
Claude ARNAUD : Cocteau, lignes de vie | Rencontre-entretien animée par David GULLENTOPS


Mercredi 6 août
INTERMÉDIALITÉS VISUELLES
Matin
Pratiques du dessin dans les arts graphiques et au-delà
Dominique BERT : Cocteau dessinateur | Rencontre-entretien animée par David GULLENTOPS

Empreintes du dessin dans les autres arts, table ronde animée par Cyrielle DODET, avec Sandrine FARAUT RUELLE (œuvre plastique), Jacinthe HARBEC (musique et ballet), Olivier RAUCH (musique), Émilien SERMIER (roman) et Fanny VAN EXAERDE (cinéma)

Après-midi
Théâtre, ballet, mode, cinéma : croisements, déniaisements
Duo 1 : Intermédialités au théâtre
Cyrielle DODET : "Le théâtre est une fournaise" : qu'embrase le geste intermédial de Cocteau ?
Marika GENTY : Gabrielle Chanel et Jean Cocteau, la scène en partage

Duo 2 : Postérités de Cocteau au cinéma
Christophe MEURÉE : Les filiations de l'écrivain-cinéaste : Cocteau, Duras, Toussaint
Ivelise PERNIOLA : Des Enfants terribles (Jean Cocteau) à The Dreamers (Bernardo Bertolucci) : suggestions et croisements narratifs

Soirée
Projection animée par Guillaume BOULANGÉ


Jeudi 7 août
DÉMARCHE DE L'ARTISTE (II) : DÉNIAISER LE CANON / ENTRER DANS LE CANON
Matin
Trio : Cocteau et la gloire
Pierre-Marie HÉRON : Devenir Cocteau, ou comment incarner le génie de la France
Sandrine FARAUT RUELLE : Jean Cocteau sur la Côte d'Azur : les œuvres monumentales
Susanne WINTER : Quand la consécration vient de l'étranger : les voyages en Allemagne des années 1950

Atelier de l'œuvre : Le Musée du Bastion à Menton

Après-midi
DÉTENTE


Vendredi 8 août
INTERMÉDIALITÉS SONORES
Matin
Duo 1 : Intermédialités en musique
Olivier RAUCH : Une "parenté subtile" : l'écriture des Chevaliers de la Table Ronde de Jean Cocteau et du Paradis perdu d'Igor Markévitch
Claude COSTE : Jean Cocteau dodécaphoniste [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Marion BRUN : "Typographie auditive" et monologue d'auteur : les disques d'Orphée et des Parents terribles (1962)

Après-midi
Duo 2 : Modalités de la voix
Stéphane HIRSCHI : Écrire pour des voix : Cocteau en chanté ?
Danielle CHAPERON : Archéologie d'une voix over

Atelier de l'œuvre : Les disques Columbia 1930 (poèmes d'Opéra dits par l'auteur)

Atelier du dictionnaire

Soirée
"Les chansons de Cocteau" | Karaoké animé par David GULLENTOPS


Samedi 9 août
LE CORPS MODES D'EMPLOI
Matin
Duo 1 : Plateaux
Fanny VAN EXAERDE : "Les cris d'une foule accompagnent cette image" : enjeux des photographies de plateau et photographies de tournage dans les films de Cocteau
Mélissa GIGNAC : Phénixologie ou le strip-tease de la création

Duo 2 : Représentations du corps
Ann VAN SEVENANT : Plurisexualité et genre nouveau
Gil CHARBONNIER : Jean Cocteau, ambulancier de la Croix-Rouge (1915-1916) et l'émergence du droit international humanitaire : vers une nouvelle sensibilité artistique [visioconférence]

Après-midi
Duo 3 : Le corps à l'œuvre
Hiroyuki KASAI : La Mort du Sphinx ou la transmutation réversible du corps — à travers les manuscrits de La Machine infernale
Guillaume BOULANGÉ : "Animal l'animal" : Jean Marais dans les films de Jean Cocteau

Emplois du corps dans les arts du spectacle, table ronde animée par Danielle CHAPERON, avec Guillaume BOULANGÉ (cinéma), Cyrielle DODET (théâtre et cinéma), Jacinthe HARBEC (ballet) et Stéphane HIRSCHI (chanson, music-hall)

Soirée
Le Mystère de Jean l'Oiseleur de Jean Cocteau, lecture originale d'Armelle CHITRIT, avec les linogravures de Fanny VAN EXAERDE, un accompagnement musical au guqin par Lin CHEN et la participation de Téva LAUTI [dans le cadre du Foyer de création et d'échanges]


Dimanche 10 août
Matin
Synthèse et Bilan

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Danielle CHAPERON : Déniaiser la médialité
L'œuvre de Cocteau se prête aisément à une lecture relevant de la première phase des études intermédiales (1985-2005), qualifiée par Jean-Marc Larrue de "médiatique" car centrée sur le concept de média. Les travaux recensés par David Gullentops et Pierre-Marie Héron dans Quoi de neuf chez Cocteau ? en témoignent, qu'ils portent sur les transferts et hybridations artistiques — cinéma, théâtre, ballet, musique, poésie, dessin — ou sur ses expérimentations proprement (mass) médiatiques, notamment dans le journalisme, la phonographie ou la radio. Les pratiques coctaliennes entrent toutefois en résonance avec les phases plus récentes des études intermédiales : d'abord avec la phase dite postmédiatique, marquée par une redéfinition de son objet et un déplacement méthodologique, passant de la généalogie à l'archéologie des médias ; ensuite avec la troisième phase — aux accents nietzschéens — caractérisée par l'émergence des notions d'"antimédiation" et d'"excommunication". Dans ce cadre, l'imaginaire de la médialité propre à Cocteau relèverait de ce que certains intermédialistes appellent aujourd'hui les "dark media".

Danielle CHAPERON : Archéologie d'une voix over
La filmographie de Jean Cocteau se distingue par une multitude de démarches que l'on pourrait qualifier d'"auteuristes" : des œuvres résolument autobiographiques, des films où il est à la fois scénariste, dialoguiste et réalisateur, des films dans lesquels il incarne lui-même un personnage, parfois le rôle principal, ou se confond sous une forme fictionnalisée. Il y a enfin ces films qu'il accompagne d'un journal de bord qui dévoile leur processus de création tout en en assurant le commentaire. Bien que la politique des auteurs, théorisée par Les Cahiers du cinéma dès 1950, ait largement contribué à valoriser l'individualité créative des réalisateurs, il n'en demeure pas moins que cet art, à l'instar du théâtre, échappe à l'emprise d'un auteur unique. Force est de constater que Jean Cocteau a, pour sa part, su déployer une variété de procédés stylistiques (selon la définition de Marielle Macé) visant à instituer son rôle de "poète du cinéma". Parmi les procédés qui retiendront notre attention, figurent sa voix enregistrée et sa "graphiation". Dans cette analyse, nous croiserons les outils de l'analyse filmique et ceux de l'analyse de la bande dessinée, en particulier ceux développés par Philippe Marion et Jacques Dürrenmatt. Cela nous permettra, de manière intermédiale, de rendre compte des diverses manières dont Jean Cocteau a cherché à inscrire son corps d'auteur dans son œuvre cinématographique.

Danielle Chaperon est professeure de littérature française à la faculté des Lettres de l'université de Lausanne (UNIL). Le théâtre occupe actuellement une place centrale dans son activité d'enseignement et de recherche. Elle a dédié son premier ouvrage à l'œuvre de Jean Cocteau : Jean Cocteau. La Chute des angles (Lille, Presses universitaires de Lille, 1991) et dirigé un numéro de la Revue des Sciences humaines consacré à Jean Cocteau (n°233, 1994). Bien que tournée depuis vers d'autres problématiques (les relations entre les sciences et la littérature, la dramaturgie contemporaine), elle continue de publier régulièrement sur cet auteur (une douzaine d'articles).

David GULLENTOPS : Approches intermédiales de la "poésie" de Cocteau
Dès les années 1920 jusqu'à la fin de sa carrière, Cocteau défend un des principes du dadaïsme qui incite à s'insurger inlassablement contre les manifestations de l'art qui sont instituées de façon officielle, reconnues par la presse, même promulguées par l'une ou l'autre avant-garde. Nous savons que Dada a repris ce principe aux tenants de l'anarchisme intellectuel de l'avant-guerre qui cherchaient à faire advenir une réalité sociale idéale, dont ils déplaçaient à chaque fois les attentes et les objectifs pour la parfaire. Lorsque Cocteau assigne à l'art la nécessité de rendre visible l'invisible, comprenons par là qu'il essaie de rendre perceptible ce qui n'a pas encore été perçu. Il applique le principe d'insurrection à la "poésie", tout d'abord en faisant usage de toute la panoplie de modes d'expression artistiques ou médias (poésie, roman, dessin, théâtre, cinéma, …), puis en décloisonnant les genres, les disciplines et les hiérarchies artistiques qui les régissent et les contraignent, enfin en les enrichissant mutuellement par des échanges et des interférences entre médiums basiques et techniques. Par ses pratiques intermédiales, Cocteau entend innover sur le plan de la création, projet qu'il désigne sous l'appellation du "genre nouveau", tout en cherchant à "animer" ses œuvres et les rendre "vivantes".

David Gullentops est professeur émérite de littérature française et d'intermédialité à la Vrije Universiteit de Bruxelles (VUB), membre de l'Académie royale de Belgique (KVAB) et directeur des Cahiers Jean Cocteau. Il est le coéditeur des Œuvres poétiques complètes de Jean Cocteau dans la "Bibliothèque de la Pléiade" (2005) et l'auteur de plusieurs ouvrages sur Cocteau : Les Mondes de Jean Cocteau. Poétique et Esthétique (avec Ann Van Sevenant, Non Lieu, 2012), Écrits sur la musique de Jean Cocteau (avec Malou Haine, Vrin, 2016), Écrits sur l'art de Jean Cocteau (Gallimard, 2022) et Jean Cocteau et l'intermédialité (Éditions de l'université de Bruxelles, 2024). Il codirige actuellement avec Pierre-Marie Héron l'équipe de chercheurs chargés de composer le Dictionnaire Jean Cocteau.

Pierre-Marie HÉRON : Dépatiner, déniaiser, contredire… la démarche artistique de Cocteau expliquée par lui-même
"La forme de la pensée, un nombre limité de problèmes, un petit vocabulaire simple, l'angle de vision (véritable style) sont ce par quoi [un poète] se distingue des autres" (Le Secret professionnel) : dans le vocabulaire de Cocteau, dépatiner, appliqué aux lieux communs qu'il s'agit de nettoyer et éclairer sous un angle neuf pour qu'ils retrouvent leur jeunesse et leur fraîcheur, ou aux chefs-d'œuvre en général, du théâtre grec en particulier, qu'il s'agit de rafraîchir "car un chef-d'œuvre porte en soi une jeunesse que la patine recouvre mais qui ne se fane jamais" (à propos d'Antigone), est un mot-programme assez connu. Contredire et ses dérivés aussi, à travers les variations répétées du poète sur l'esprit de contradiction comme forme de l'esprit de création, accompagnant en 1928 l'affirmation qu'il a "toujours (et presque systématiquement) contredit ce qui se faisait à l'avant-garde" (Une entrevue sur la critique avec Maurice Rouzaud). Mais déniaiser est resté jusqu'à présent assez inaperçu, sinon dans le vers-calembour d'Opéra proclamant la nécessité de déniaiser le sublime : "Leur Ève nue, houle sublime, doigts, hêtres des nids aisés". De fait, les brefs essais réunis dans Le Rappel à l'ordre au milieu des années 1920 utilisent à peine le mot, pas plus que ceux d'après-guerre. Pourtant telle note de la préface de 1922 aux Mariés de la tour Eiffel nous apprend que le projet du ballet le plus célèbre de Cocteau était "en somme de déniaiser la niaiserie", et tels passages de la Lettre à Jacques Maritain qu'une des grandes leçons de Satie au groupe des Six a été "que ce qui est grand ne peut avoir l'air grand, ce qui est neuf avoir l'air neuf, ce qui est naïf avoir l'air naïf" et que cette leçon, le poète l'a appliquée à la littérature pour y "déniaiser quelques genres : le comique, la grâce, la tragédie, le roman, le théâtre", à quoi Radiguet a ajouté "la réclame". Or ce mot est aussi tout un programme, et même la clé de compréhension, sinon de toute la démarche artistique de Cocteau, du moins de ce qui la distingue au plus haut point, si l'on en croit une note de 1958 ajoutée au volume II de sa Poésie critique : "Si l'on découvre un jour ma spécialité, celle où j'étais seul et incomparable, ce sera le déniaisement des genres". Dans cette première intervention du duo inaugural, il s'agira d'expliciter ce que déniaiser veut dire, en faisant l'hypothèse que dépatiner et contredire aident à en déployer le sens sans l'épuiser.

Pierre-Marie HÉRON : Devenir Cocteau, ou comment incarner le génie de la France
Avec la défense et promotion d'une "musique française de France" au moment du Coq et l'Arlequin, bien connues, il y a dans la démarche artistique du Cocteau des années 1920, celui du Rappel à l'ordre, des convictions sur l'identité française, le génie français, l'écrivain français, la phrase française, qu'il sera intéressant de rappeler pour mieux mettre en perspective sa posture des années 1950. Trente ans plus tard en effet, dans la décennie de l'élection à l'Académie française et d'une pluie de reconnaissances internationales, ces convictions ont atteint un comble : incarner le génie de la France, cet "éternel terrain de lutte entre le bon sens et l'ange du bizarre" (Discours de réception à l'Académie française) et que tous le reconnaissent en lui. On se demandera si et comment, survivant obstinément à sa longue habitude de "recevoir des coups" de ses pairs en littérature et contredisant son dédain répété de la célébrité, par quoi une œuvre est admise sans être comprise (Journal d'un inconnu), le déniaisement des arts et des lettres dont Cocteau a fait sa spécialité s'applique à cette posture de "génie pur France" du XXe siècle.

Pierre-Marie Héron, ancien membre senior de l'Institut universitaire de France, est professeur de littérature française à l'université Paul-Valéry Montpellier 3. Il a longtemps impulsé des recherches sur les écrivains et la radio en France (XXe et XXIe siècles), régulièrement publiées dans la revue en ligne Komodo 21 et aux Presses universitaires de Rennes. Dernier volume paru : Le désir de belle radio aujourd'hui (fiction, documentaire), en codirection avec Éliane Beaufils et Christophe Deleu, PUR, 2024. Auteur d'ouvrages sur Genet, Jouhandeau et Cocteau (Cocteau. Entre écriture et conversation, PUR, 2010), il anime aussi à Montpellier un programme de recherche sur ce dernier auteur, programme à l'origine du site internet Jean Cocteau unique et multiple, revu en 2022, et de nombreux colloques, parmi lesquels "Cocteau journaliste" (2014), "Douze ans de journal posthume. Le Passé défini de Jean Cocteau" (2019), "Cocteau d'une guerre à l'autre" (2019) ; dernier volume paru : Quoi de neuf sur Jean Cocteau ? (2024), co-dir. David Gullentops, Classiques Garnier. Pierre-Marie Héron codirige en ce moment, avec David Gullentops, la réalisation d'un Dictionnaire Jean Cocteau chez Champion, à paraître en 2027.


François AMY DE LA BRETÈQUE
François Amy de la Bretèque est Professeur émérite d'études cinématographiques de l'université Paul-Valéry de Montpellier ; Agrégé de grammaire (lettres classiques) ; Membre du Centre de recherche RIRRA21 ; Membre du CA de la cinémathèque Institut Jean-Vigo de Perpignan ; Responsable de la recherche et des publications dans cette institution ; Historien du cinéma et historien des représentations. Il est l'auteur de plusieurs livres et de nombreux articles notamment sur les représentations du Moyen Âge au cinéma, sur Louis Feuillade, sur le cinéma des premiers temps ; Membre du programme Cocteau du centre RIRRA21 depuis sa création ; Coéditeur de l'ouvrage Jean Cocteau. Une encre de lumière (Montpellier 1989) ; Contributions plus récentes sur Cocteau : sur le cinéma dans ses articles des années 1930, sur sa "filmographie secondaire", sur sa contribution au scénario de Juliette ou la Clé des songes, sur l'image du persécuté que le poète se donne dans Le Passé défini.

Claude ARNAUD : Cocteau, lignes de vie
Cette rencontre entretien permettra d'aborder, entre autres, les sujets suivants :
- Selon quelle méthode écrire une vie, et avec quels buts ? ;
- Cocteau comme cas biographique rêvé, avec la métamorphose comme ressort romanesque ;
- Cocteau, avec le temps long (l'Histoire, les générations qu'il traverse, de 1900 à 1960) comme abscisse, et le temps court (le rêve, la poésie, l'instant sublimé) comme ??? ordonnée ;
- La relation entre le biographe et son modèle ? ;
- Quelle ambition nourrir pour ce genre qui en manque, généralement ? ;
- Ce qu'il a apporté au biographe et ce que le biographe espère lui avoir apporté.

Claude Arnaud est romancier, essayiste et critique. Il a notamment publié chez Grasset les romans Le Caméléon (1994), Qu'as-tu fait de tes frères ? (2010), Brèves saisons au paradis (2012) et Je ne voulais pas être moi (2016). Il est également l'auteur de nombreux essais, dont Qui dit je en nous ? qui a obtenu le prix Femina de l'essai en 2006. Il est membre du jury du Prix de littérature André Gide et du Prix Sévigné. Pour les coctaliens, il est connu pour trois ouvrages majeurs consacrés au poète : une biographie parue chez Gallimard (2003) et deux essais publiés chez Grasset sur les rapports du poète avec Marcel Proust (2013) et Pablo Picasso (2023).
Publications
Chamfort, Robert Laffont, coll. "Français", 1987 (Prix littéraire Fénéon 1988).
Le Caméléon, Grasset et Fasquelle, coll. "Français", 1994 (Prix Femina du premier roman 1994).
Jean Cocteau, Gallimard, coll. "Biographies", 2003 (Prix de l'Académie française 2004).
Le Jeu des quatre coins, Grasset et Fasquelle, coll. "Français", 1998.
Qui dit je en nous ? : une histoire subjective de l'identité, Grasset et Fasquelle, coll. "Essais français", 2006 (Prix Femina essai 2006).
Babel 1990 : Rome, New York, Saint-Pétersbourg, Gallimard, coll. "Folio Senso", 2008.
Qu'as-tu fait de tes frères ?, Grasset et Fasquelle, coll. "Français", 2010 (Prix Jean-Jacques Rousseau 2011).
Brèves saisons au paradis, Grasset et Fasquelle, coll. "Français", 2012.
Proust contre Cocteau, Grasset et Fasquelle, coll. "Couverture bleue", 2013 (Prix de la Madeleine d'or 2013).
Je ne voulais pas être moi, Grasset et Fasquelle, coll. "Français", 2016.
Portraits crachés : un trésor littéraire de Montaigne à Houellebecq, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 2017.
Juste un corps, Mercure de France, coll. "Traits et portraits", 2022.
Picasso tout contre Cocteau, Grasset, coll. "Couverture bleue", 2023 (Prix André Malraux 2023 de l'essai d'art et Prix Khöra de l'Institut).

Marie-Paule BERRANGER : Cocteau des années 20 : avec et contre Dada et les surréalistes
Comment Cocteau en vient-il à susciter les réticences ou la franche animosité à la fois des poètes de la modernité (Cendrars, Reverdy, ou même Apollinaire) et des avant-gardes Dada et surréalistes ? Présenté comme l'émanation d'une sociabilité parisienne où haute bourgeoisie et aristocratie se mêlent à quelques excentriques aux provocations mesurées, il fréquente des milieux d'une mondanité au parfum proustien saupoudré d'opium et d'or. Force est de constater que ce sont souvent les mêmes milieux où les futurs surréalistes désargentés trouvent leurs mécènes, les mêmes éditeurs, les mêmes revues, souvent les mêmes lieux de villégiature, de jazz et de fête, du Bal Blomet au Bœuf sur le toit. Pourtant, Cocteau fait figure d'anti-Jacques Vaché pour Breton, de roi de l'intrigue et de l'embrouille pour Soupault et Desnos, de "danseur maquillé" pour Reverdy. "Ange Miracle" dans Anicet ou le Panorama, roman (Aragon), il devient "Poteau" dans Le Bon Apôtre (1923) un autre roman à clé de Soupault qui lui voue une haine intacte jusque dans les années 80. Sans rappeler exhaustivement les échanges de noms d'oiseau, les pointes et épigrammes, on conviendra que ni le personnage que surjoue Cocteau, ni son entrisme ou son opportunisme n'expliquent cette unanimité. Nous chercherons les lignes de fracture plutôt dans sa poétique, dans sa pratique de l'image et des formes du poème, de l'emprunt et du collage, dans l'évolution de sa conception de la poésie où les surréalistes dénoncent des "effets" de rupture. En revenant aux critiques par lesquelles Breton revient sur son premier recueil, Mont de piété, on interrogera cette poétique de l'effet où le mystère et la surprise obtenus après coup par la suppression des éléments de liaison signalent, aux yeux des surréalistes, la supercherie de la littérature et de l'art.

Marie-Paule Berranger, professeure émérite de littérature française à l'université Sorbonne nouvelle, a depuis sa thèse (1984) orienté ses recherches sur l'histoire et la poétique du surréalisme, sur l'évolution des genres littéraires au XXe siècle : Dépaysement de l'aphorisme (Corti, 1987), Poésie en jeu (Bordas, 1989), Les petits genres de la poésie moderne (PUF, 2004), Notes, notations et carnets de voyage (collectif, PUC, 2009), Évolutions révolutions des valeurs critiques (collectif, Presses de la Méditerranée, 2015). Ses essais et articles s'attachent principalement aux œuvres de Robert Desnos (Commentaire de Corps et biens, Gallimard, 2010, site archives-desnos.com), Philippe Soupault, André Breton, André Pieyre de Mandiargues, Frédéric Jacques Temple et Blaise Cendrars (Commentaire de Du monde entier au cœur du monde, Gallimard, 2007). Elle a procuré une édition critique de la Correspondance de Blaise Cendrars et Jacques-Henri Lévesque (Zoé, 2017) et de Emmène-moi au bout du monde… ! (Œuvres romanesques, t. II, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2017). En novembre 2024, elle a réuni dans une anthologie les écrits de 33 femmes surréalistes sous le titre de L'araignée pendue à un cil (Poésie/Gallimard).

Dominique BERT : Cocteau dessinateur | Rencontre-entretien
Avec Dominique Bert, nous allons parcourir la pratique du dessin chez Cocteau : d'abord les premiers dessins de presse, puis la période de maturité de l'entre-deux-guerres — avec l'album Dessins, le livre illustré Le Mystère de Jean l'Oiseleur, les illustrations pour Opium, Le Livre blanc et Querelle de Brest —, enfin la période de l'après-guerre, qui a vu la naissance du "style Cocteau" — avec la décoration de la villa Santo Sospir, les fresques de la chapelle Saint-Pierre, les peintures murales réalisées à Menton, Londres et Milly-la-Forêt. Nous aborderons aussi les innovations de Cocteau sur le plan graphique, dont l'usage de la couleur, l'emploi d'instruments alternatifs de dessins et les répercussions de son art graphique dans les arts appliqués (tapisserie, céramique, art mural et décoration). L'entretien a pour objectif de mettre en lumière l'originalité des dessins de Cocteau, leur apport à l'art graphique du XXe siècle et leur influence sur de nombreux artistes contemporains.

Dominique Bert, galeriste à Paris, membre de la Chambre européenne des Experts d'art, est spécialisé dans les dessins de Jean Cocteau dont il a organisé plusieurs expositions.

Guillaume BOULANGÉ : "Animal l'animal" : Jean Marais dans les films de Jean Cocteau
"J'avais flairé un instrument de travail superbe" disait Cocteau de Jean Marais, ce jeune comédien terriblement inexpérimenté, devenu au printemps 1937, à 24 ans, son compagnon à la ville. Rencontre décisive et "magique", aujourd'hui devenue légendaire, le Poète pygmalion et son "Jeannot" écrivirent ensemble, durant plus de dix ans, sur les planches des théâtres parisiens et plus encore au cinéma, l'une des plus admirables histoires de passion amoureuse et de création mêlées. De L'Éternel retour en 1943 à Orphée en 1950 en passant par La Belle et la Bête, Ruy Blas, L'Aigle à deux têtes et Les Parents terribles, Jean Marais est devenu l'acteur masculin préféré des Français. Non content de révolutionner (et de déniaiser) l'image du "jeune premier" sur les écrans de l'immédiat après-guerre, il parvint à vaincre ses défauts pour s'imposer comme une source d'inspiration essentielle dans la lutte du Poète contre "le piège des habitudes" et de l'académisme.

Guillaume Boulangé est Professeur en Études cinématographiques et audiovisuelle de l'université Paul Valéry de Montpellier, où il enseigne et travaille depuis plus de vingt ans, après une thèse consacrée à l'œuvre cinématographique de Jacques Demy, le cinéaste du Bel indifférent. Membre du laboratoire RIRRA 21 et du programme de recherche "Cocteau et Cie", il a depuis 2012 participé à plusieurs manifestations et travaux scientifiques consacrés à l'œuvre de Jean Cocteau. Il a notamment dirigé avec Christian Rolot l'ouvrage Jean Cocteau et Édith Piaf : deux monstres sacrés, Montpellier, PULM, "Arts", en 2015. Il se passionne depuis quelques années pour l'exploitation et la distribution de films en France, plus particulièrement aux affiches et les aux affichistes de cinéma dont il prépare avec Christian Rolot un dictionnaire raisonné.

Marion BRUN : "Typographie auditive" et monologue d'auteur : les disques d'Orphée et des Parents terribles (1962)
Cette communication se concentrera sur l'étude des enregistrements sonores de Jean Cocteau, lecteur de ses pièces de théâtre, notamment Orphée et Les Parents terribles, disques édités par la Voix de l'auteur en 1962. Ces disques ont la particularité d'être intégralement lus par l'auteur, alors même que la forme dramatique appelle peut-être de façon plus privilégiée l'interprétation à plusieurs voix. Il semble dès lors que le projet esthétique de ces enregistrements est bien de donner une version sonore livresque, faire, selon les mots même de Cocteau, une "typographie auditive, quelque chose qui n'est ni le livre, ni la déclamation"1. Cocteau crée ainsi un objet intermédial non identifié. Ces disques renforcent la représentation d'un théâtre monologué chez Cocteau, qui fait de la voix le médium central de sa dramaturgie. Le support du disque est pensé, non comme un simple outil de transmission et de diffusion, qui n'enregistrerait que "les clichés de [sa] voix"2, à l'ère de la reproductibilité, mais comme un moyen d'explorer une forme de modernité dramatique, vers l'épuration du dialogue.
1 Jean Cocteau, Autoportraits de l'acrobate, Fata Morgana, 1993, p. 23.
2 Cité en couverture du disque Jean Cocteau, L'œuvre enregistrée, Frémeaux et associés, 2014, 4 CD.

Marion Brun est maîtresse de conférences en littérature française XXe à l'université Paul-Valéry Montpellier 3 au RIRRa21. Elle est spécialiste de Marcel Pagnol auquel elle a consacré sa thèse publiée chez Classiques-Garnier, Marcel Pagnol classique-populaire. Ses travaux de recherche portent plus largement sur la question du canon littéraire et sur les diffusions médiatiques de la littérature hors du livre (livre audio, adaptation cinématographique, objets dérivés).

Gil CHARBONNIER : Jean Cocteau, ambulancier de la Croix-Rouge (1915-1916) et l'émergence du droit international humanitaire : vers une nouvelle sensibilité artistique
Durant le conflit mondial de 1914-1918, les premiers grands dispositifs d'action humanitaire, issus des Conventions de Genève et celles de La Haye, ont été expérimentés. Une salle de l'actuel Musée du CICR à Genève, dédiée aux fiches et à de multiples documents relatifs aux victimes de la Grande Guerre, témoigne de la volonté de l'époque d'individualiser la souffrance, jusqu'à produire de véritables récits humanitaires. Jean Cocteau, ambulancier de la Croix-Rouge (Services de secours CR, Secteur 131- 1915-1916) a participé à ces récits par ses témoignages (correspondances, textes divers publiés ou inédits) et par la transposition de son expérience dans son roman, Thomas l'imposteur (Gallimard, 1923) qui est aussi une fiction humanitaire. Cette communication se donne pour objectif de définir le sens de la mission de Cocteau, poète-ambulancier, en dialogue avec l'émergence des principes du droit international humanitaire de l'époque. La vision de Cocteau procède d'une nouvelle sensibilité, d'un front artistique, faisant entrer la souffrance des blessés et la menace permanente de la mort dans une zone esthétique hors norme (en raison notamment de sa dimension plurielle articulant le texte, le dessin, la photographie), reflet d'un art d'avant-garde réagissant à l'extrême brutalisation des sociétés européennes.

Gil Charbonnier est professeur de littérature française du XXe siècle à la Faculté de droit et de science politique de l'université d'Aix-Marseille (Laboratoire de droit privé et de sciences criminelles, LDPSC - UR n°4690). Ses travaux portent sur le cosmopolitisme chez les écrivains français (1920-1980) et les relations entre droit et littérature. Il est également secrétaire général de l'Association internationale des amis de Valery Larbaud. Parmi ses ouvrages récemment parus figurent : L'idée d'Europe chez Paul Morand, Honoré Champion, "Littérature de Notre Siècle", 2023 ; Gil Charbonnier et Franck Petit, Quand la littérature moderne (ré) invente le droit. Œuvres choisies du XXe siècle à nos jours, LexisNexis, 2023 ; Gil Charbonnier et María Isabel Corbí Sáez (dir.), Valery Larbaud et les mondes espagnol et hispano-américain. Nouvelles approches critiques, Cahier Valery Larbaud, n°60, Classiques Garnier, 2024 ; Gil Charbonnier (dir.), Le Passage à l'Afrique, Presses universitaires d'Aix-Marseille, "Cosmopolitismes", 2024. Il est également l'auteur d'articles sur Cocteau, dont "Morand et Cocteau : une amitié moderniste à l'épreuve dans leurs Journaux de guerre", Cahiers Jean Cocteau, n°20, Intermédialités, 2022 et "La déconstruction du mythe de la justice dans la reprise d'Antigone de Jean Cocteau. Plaidoyer pour un accent nouveau en droit et littérature (Law and Literature)", Cahiers Jean Cocteau, n°21, Cocteau et les arts de la scène, 2023.

Armelle CHITRIT
Armelle Chitrit bénéficie d'une résidence d'écriture de Normandie Livre & Lecture. Participant au Foyer de création et d'échanges "LIRE AVEC LES OISEAUX", la poétesse proposera avec les colloques Jean COCTEAU et Habib TENGOUR, une LECTURE d'après des dessins de Cocteau et une ADAPTATION de La Conférence des oiseaux, conte persan de Farid al-Din Attar (1177), dont la lecture mise en scène par Karina Cherès-Kolb, marionnettiste plasticienne, est prévue le 16 août sur une composition sonore incluant certainement les volatiles.

Claude COSTE : Jean Cocteau dodécaphoniste
Le nom de Cocteau est lié à la création musicale de la première moitié du XXe siècle, qu'il s'agisse de Stravinski, de Satie ou du groupe des Six. Comment l'auteur du Coq et l'Arlequin va-t-il faire face après 1945 à la révolution du dodécaphonisme, du sérialisme, à l'activisme du jeune Pierre Boulez, à la création en 1954 du Domaine musical ? La réponse passe par l'écriture des Paraprosodies et, surtout, par un dialogue renouvelé avec Stravinski et Poulenc.

Professeur émérite à l'université de Cergy Paris, Claude Coste consacre une grande part de sa recherche aux relations de la littérature et la musique. Il est en particulier l'auteur des Malheurs d'Orphée (L'Improviste, 2003), d'Orphée ou les sirènes (Presses Universitaires de Paris Ouest, 2014) ; il prépare un ouvrage sur la signification en musique. Il est l'éditeur scientifique avec Sylvie Douche de Barthes et la musique aux Presses Universitaires de Rennes en 2018.

Cyrielle DODET : "Le théâtre est une fournaise" : qu'embrase le geste intermédial de Cocteau ?
Dès ses premiers textes dramatiques, Cocteau revendique une "poésie de théâtre" visible et concrète, où les métaphores sont par exemple "transformées en visions scéniques" (Corvin). Une poésie franchement destinée à la scène théâtrale. Au gré de ses expériences dramaturgiques, il n'a en effet de cesse d'investir la scène comme un lieu d'intense activité, où il développe des "véhicules" de poésie en élaborant un geste intermédial singulier. Outre la puissance littérale du langage offerte scéniquement, Cocteau agit "par machines", grâce à divers médias et en se fondant sur les potentialités dramaturgiques de différentes technologies (comme le téléphone, le phonographe ou encore la radio). Par ces recours et leurs usages, il multiplie les dynamiques intermédiales, et partant les processus interartistiques. Mais surtout, il élabore une réflexion en action sur les médias, qui contribue à "déniaiser" de concert le théâtre et la poésie. Par ce geste inventif, performatif et réflexif, Cocteau redessine enfin les possibles du théâtre et de sa capacité poétique.

Ancienne élève de l'ENS de Lyon, agrégée de Lettres, Cyrielle Dodet est maître de conférences en études théâtrales à l'université Champollion d'Albi et membre de LLA-Créatis de l'université Toulouse Jean Jaurès. Spécialiste des dramaturgies contemporaines, elle s'intéresse aux dialogues interartistiques et au devenir intermédial dans les écritures théâtrales européennes et nord-américaines — qu'elle a étudiées dans sa thèse réalisée en cotutelle entre la Sorbonne nouvelle et l'université de Montréal. Ses recherches portent plus largement sur la poésie dans les arts du spectacle vivant, sur les théories et pratiques de l'intermédialité, et sur les liens entre théâtre et arts visuels. Depuis 2024, elle est membre de la commission Théâtre du CNL.

Sandrine FARAUT RUELLE : Jean Cocteau sur la Côte d'Azur : les œuvres monumentales
Au début des années 1950, Jean Cocteau est fatigué de la capitale, du milieu artistique parisien. Il choisit la Côte d'Azur. Il y est déjà passé dans les années 1910 (de 1911 à 1921), puis plus longuement de 1922 à 1935 et à partir de 1950 il a l'opportunité de s'y installer, accueilli par son nouveau mécène Francine Weisweiller, propriétaire de la Villa Santo Sospir. Il y restera jusqu'à son départ en 1962. Cette région va lui permettre de décentraliser son œuvre et de se consacrer à de nouveaux médiums, prouvant encore une fois qu'il est un artiste pluridisciplinaire : la peinture, le pastel, le crayon gras, la céramique, la mosaïque, le vitrail, le gemmail, la résine polyester, la tapisserie, la ferronnerie… Et bien sûr le mur peint qui lui permettra de laisser des traces de son œuvre monumentale.

Sandrine Faraut Ruelle est Attachée principale de Conservation au Musée Jean Cocteau à Menton depuis 2008, diplômée de l'École du Louvre (1992), lauréate du concours de Bibliothécaire territorial (2011), docteure en Droit, Histoire du droit et des institutions (Université Nice Sophia Antipolis, 2015) et chercheure associée, Laboratoire Ermes, Université Nice Sophia Antipolis (2015-2017). Elle est l'auteure de plusieurs études sur Cocteau, dont "Sarah Bernhardt et "les monstres sacrés" de Jean Cocteau" (Catalogue Musée Jean Cocteau, collection Séverin Wunderman, 2011), "Un artiste mis en lumière" (Le Magazine littéraire Cocteau, n°536, 2013), "La correspondance entre Jean Cocteau et Irène Lagut" (Cahiers Jean Cocteau, n°12, 2014), "Jean Cocteau sur la Côte d'Azur" (Instinct Nomade, n°12, 2023) et Jean Cocteau Je reste avec vous (Éditions Ville de Menton, 2023).

Marika GENTY
Marika Genty est, depuis 30 ans, déléguée au patrimoine historique chez Chanel. Elle est l'auteure des textes du catalogue de l'exposition Chanel, l'Art comme univers (musée Pouchkine, 2007), de nombreuses notices sur le site intranet de Chanel et de plusieurs articles dont "Chanel/Bérard : l'esprit des formes, l'essence du style" (dans Jean-Pierre Pastori (dir.), Christian Bérard. Au théâtre de la vie, Éditions Silvana, 2022) et "La création en partage" (dans Célia Bernasconi (dir.), Christian Bérard. Excentrique Bébé, Flammarion, 2022).

Mélissa GIGNAC : Phénixologie ou le strip-tease de la création
Le Testament d'Orphée propose une expérience rare au photographe présent sur le plateau pour en enregistrer les images. Alors qu'usuellement les photographies de tournage sont censées révéler les coulisses de la création, se jouer des frontières entre fiction et réalité, scène et ville, acteurs et personnages, on peut légitimement se questionner sur ce que leur auteur voit et expose aux yeux des curieux, dès lors que le film lui-même n'a de cesse de briser le quatrième mur. L'album Phénixologie1 offre une occasion singulière d'explorer les échanges réciproques entre photographie et film, pour mieux "déniaiser" les catégories existantes (celle de la photographie dite de tournage notamment) et les frontières artificielles de la création (fiction vs réalité). C'est avant tout une expérience de liberté et de poésie que Lucien Clergue vit sur ce tournage, et qui lui permet, selon le conseil de Cocteau, de "rouler à contre-vague"2.
1 Phénixologie. Photographies de Lucien Clergue. Tournage du film Le Testament d’Orphée de Jean Cocteau, Arles, Actes Sud, 2003.
2 Elisabeth Aubert Schlumberger, Lucien Clergue, à la mort, à la vie, Les Films du paradoxe, 2009.

Mélissa Gignac est maîtresse de conférences à l'université de Lille, chercheuse au Centre d'Études des Arts Contemporains. Ses recherches portent actuellement sur les photographies de cinéma. Elle a notamment publié Quatre-vingt-treize, d'Albert Capellani, une histoire d'images (Presses universitaires du Septentrion, 2023), Le Scénario : une source pour l'Histoire (AFRHC, 2020) et dirigé un n° spécial de la revue Déméter, Théories et pratiques artistiques contemporaines "Fantasmes du cinéma américain en France" (4, 2019).

Stéphane HIRSCHI : Écrire pour des voix : Cocteau en chanté ?
On s'appuiera sur les paroles des chansons écrites par Cocteau pour esquisser des lignes de force stylistiques d'une écriture pour la voix (en particulier celles, féminines, de Piaf et Oswald), qui, peut-être, trouveraient des échos intermédiaux dans d'autres formes de création chez Cocteau, monologues, théâtre ou cinéma.

Stéphane Hirschi, ancien élève de l'ENS (Ulm), est professeur de littérature française à l'université polytechnique Hauts-de-France (Valenciennes) depuis 1999, où il a été Doyen de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines. Il a publié ou coordonné dix-sept livres, dont Jacques Brel, Chant contre silence ; Sur Aragon. Les voyageurs de l'infini ; Aragon et le Nord ; Chanson : l'art de fixer l'air du temps ; Nord et chansons ; Paris en chansons et La chanson française depuis 1980. Il a fait paraître plus de 150 articles en France et à l'étranger, dans des revues prestigieuses : NRF, RSH, ArtPress2, Europe, Télérama,… et a participé à plusieurs émissions télé ou radio (France 3, France Culture, etc.). Inventeur de la "cantologie" — étude de la chanson considérée dans sa globalité (textes, musique et interprétation) —, il dirige la collection "Cantologie", aux Belles Lettres/PUV, qui compte 9 ouvrages. Il a fondé en 1996 le festival Le Quesnoy en chanteurs (27 éditions). Après une délégation CNRS au laboratoire IHRIM, il se consacre également à l'écriture de fiction, nouvelles et romans.

Hiroyuki KASAI : La Mort du Sphinx ou la transmutation réversible du corps — à travers les manuscrits de La Machine infernale
Le manuscrit autographe de La Machine infernale, longtemps présumé perdu ou détruit, a été redécouvert en 2012 et intégré à la collection du Musée des Lettres et Manuscrits à Paris. Nous avons pu l'examiner peu avant la fermeture soudaine et définitive de ce musée privé en 2015, avant la dispersion de ses collections. C'est dans ce contexte que nous avons entrepris une étude génétique de la pièce. À l'origine, elle n'était pas destinée à être une œuvre à grande échelle en quatre actes. Cocteau a d'abord rédigé ce qui allait devenir l'acte II, conçu comme un prologue à Œdipe-Roi, son adaptation libre de la tragédie de Sophocle, puis l'acte I, comme un pro-prologue à l'acte II. Avant de s'atteler aux actes III et IV, il envisageait une représentation autonome des deux premiers actes, accompagnée de scènes plus brèves, sous le titre provisoire de La Mort du Sphinx. Cette communication s'interrogera, en se référant aux premiers manuscrits riches en variantes non retenues dans la version finale, sur le corps du Sphinx en perpétuelle transmutation, oscillant entre deux figures opposées : celle d'une jeune fille imprégnée de fragilité humaine et celle de Némésis, déesse implacable de la vengeance. Le corps du Sphinx, prédestiné par les dieux à tuer et à mourir, apparaît comme un intermédiaire dans un ordre infiniment hiérarchique, tel un rouage de cette machine infernale.

Hiroyuki Kasai est professeur de langue et littérature françaises à l'université Keio, à Tokyo. Spécialiste de Jean Cocteau et du poète surréaliste japonais Shuzo Takiguchi, il se consacre actuellement à l'étude génétique de La Machine infernale de Cocteau, dont il vient de faire paraître une édition critique dans les Cahiers Jean Cocteau (en ligne, 2024), ainsi qu'à une recherche sur la collaboration créative entre Takiguchi et Joan Miró. Auteur de plusieurs articles consacrés à ces deux poètes, il est notamment co-rédacteur de Shuzo Takiguchi 1958. Un regard voyageur (Presses Universitaires Keio, 2009) et des Cahiers Jean Cocteau 16 — Jean Cocteau et l'Orient (Éditions Non Lieu, 2018). Parmi ses travaux en préparation figure une Correspondance entre Shuzo Takiguchi et Joan Miró (Presses Universitaires Keio).

David MARTENS : "Je serais odieux de me plaindre". Cocteau par lui-même. Un autoportrait l'air de n'y pas y toucher
Au début des années 1950, les Éditions du Seuil lancent la collection de monographies de poche illustrées, "Écrivains de toujours". Faisant quelque peu mentir son titre, la série consacre nombre de ses premiers volumes à des écrivains vivants, manière pour la jeune maison d'édition de faire figurer certains grands noms à son catalogue. Certains d'entre eux ne manquent pas de s'intéresser de près au livre qui leur est consacré. Difficile d'imaginer qu'un créateur aussi soucieux de son image que l'était Cocteau n'ait pas pris une part active à l'élaboration du volume qui lui est consacré par André Fraigneau en 1957. Absent de Paris, son implication passe par une correspondance conservée dans les archives du Seuil, à l'Institut Mémoire de l'Édition contemporaine (IMEC, Caen). Son examen permettra de rendre compte de la façon dont Cocteau, tout en se donnant des airs de ne pas vraiment se mêler du livre et de laisser une pleine liberté à son auteur, oriente sensiblement la façon dont Fraigneau, dans cette collection dédiée aux écrivains, construit la légende de son modèle en mettant, notamment en avant la diversité de ses moyens d'expression. Il s'agira ainsi d'analyser les échanges entre les deux auteurs et la dynamique relationnelle qui a donné lieu à ce Cocteau par lui-même.

David Martens est professeur de littérature française (XIXe-XXIe siècle) à l'université de Louvain (KU Leuven). Il s'intéresse notamment à la figure de l'écrivain, ainsi qu'à la patrimonialisation et aux autres formes de médiation de la littérature, qu'elles passent par la photographie ou l'exposition par exemple. Il a fondé en 2016 le réseau des RIMELL (Recherches interdisciplinaires sur la muséalisation et l'exposition de la littérature et du livre) et le site litteraturesmodesdemploi.org, qui coordonne les recherches sur les rapports entre littérature et exposition. Il a en outre fondé en 2021, avec Olivier Belin, Claude Coste, Mathilde Labbé et Marcela Scibiorska, le réseau PatrimoniaLitté, qui s'intéresse aux relations entre littérature et patrimoine. Il a notamment publié dans les revues Communisation & langages, Littérature, Poétique, Poetics today ou encore Word & Images.

Christophe MEURÉE : Les filiations de l'écrivain-cinéaste : Cocteau, Duras, Toussaint
Jean Cocteau a pratiquement inventé la figure de l'écrivain-cinéaste et ouvert la voie à de nombreux créateurs : Marguerite Duras, Alain Robbe-Grillet, Chris Marker, Pier Paolo Pasolini, Peter Handke, Jean-Philippe Toussaint n'étant pas ses moindres épigones. Au départ des exemples de Duras (1914-1996) et de Toussaint (1957-), il s'avère possible de saisir les constantes de l'influence de Cocteau telle qu'elle s'exerce sur plusieurs générations. Le propos s'articulera en trois volets : la fascination revendiquée pour les acteurs et les actrices, le cinéma comme mise en mouvement des arts plastiques et mise en scène de l'écriture, le film comme territoire de réflexion sur la création. Seront convoqués, sans volonté d'exhaustivité, les films suivants : Le Sang d'un poète, Orphée, Le Testament d'Orphée, Son Nom de Venise dans Calcutta désert, Le Navire Night, Césarée, L'Homme atlantique, La Patinoire, Trois Fragments de Fuir et The Honey Dress.

Christophe Meurée est coordinateur scientifique aux Archives & Musée de la Littérature (Bruxelles). Ses recherches portent principalement sur les littératures de langue française de la fin du XIXe siècle jusqu'à nos jours. Auteur de deux collectifs et d'une vingtaine d'articles sur l'autrice, il est vice-président de la Société internationale Marguerite Duras et codirige, avec Florence de Chalonge, les Cahiers Marguerite Duras. Il a coordonné, avec Maria Giovanna Petrillo, le numéro de Roman 20-50 sur M.M.M.M. de Jean-Philippe Toussaint, auquel il a également consacré une quinzaine d'articles et sur lequel il prépare un essai à paraître fin 2025.

Ivelise PERNIOLA : Des Enfants terribles (Jean Cocteau) à The Dreamers (Bernardo Bertolucci) : suggestions et croisements narratifs
En 2003, le réalisateur italien Bernardo Bertolucci tourne The Dreamers en hommage à la Nouvelle Vague. Le film est inspiré du roman de Gilbert Adair publié en 1988 sous le titre The Holy Innocents. Adair, qui collaborera aussi avec Bertolucci au scénario et au tournage du film, s'inspire lui-même des Enfants Terribles de Jean Cocteau paru en 1929. Il en reprend certains éléments, comme le triangle amoureux qui naît entre les trois jeunes et rebelles protagonistes, mais il déplace son récit en 1968, année-charnière de la contestation estudiantine. De son côté, Bertolucci, à travers un travail profond de renvois et de références, resitue Cocteau dans l'influence qu'il a eue sur les jeunes turcs de la Nouvelle Vague et relit l'écrivain à travers le cinéma, en insérant aussi quelques références au film que Jean-Pierre Melville a tiré du roman de Cocteau en 1950. Cette intervention a pour but de révéler les filiations, les citations et les rapports intertextuels existant entre les quatre textes examinés.

Ivelise Perniola est professeure d'histoire du cinéma et de la cinématographie documentaire à l'université degli Studi Roma Tre. Elle a publié de nombreux essais sur le cinéma documentaire italien et international.
Publications
Jean Luc Godard. Fino all'ultimo respiro, Carocci, 2022.
Gillo Pontecorvo o del cinema necessario, ETS, 2016.
L'era postdocumentaria, Mimesis, 2014.
L'immagine spezzata. Il cinema di Claude Lanzmann, Kaplan, 2007.
Oltre il Neorealismo-Documentari d'autore e realtà italiana del dopoguerra, Bulzoni, 2004.
Chris Marker o del film saggio, Lindau, 2003 (deuxième édition mise à jour en 2011).

Olivier RAUCH : Une "parenté subtile" : l'écriture des Chevaliers de la Table Ronde de Jean Cocteau et du Paradis perdu d'Igor Markévitch
À partir de la correspondance inédite de Jean Cocteau adressée à Igor Markévitch, des archives et des mémoires du musicien, l'évidence d'un compagnonnage amical entamé avec la production de la Cantate en 1930 et poursuivi au cours de l'été et de l'automne 1934, au moment où Jean Cocteau rejoint Markévitch pendant plusieurs mois en Suisse, aboutit à une écriture parallèle du texte de la pièce Les Chevaliers de la Table Ronde et de celle du livret de l'oratorio Le Paradis perdu. Igor Markévitch évoque une "parenté subtile" entre les deux œuvres. De l'aveu même du musicien, Jean Cocteau a pu apporter son concours à la mise en poème des idées de son jeune ami. Plus subtile encore est l'influence des discussions et débats entre le Poète et le Musicien sur le développement des scènes de la pièce écrite par Cocteau et surtout sur la singularité des personnages. Cette amitié née et développée autour du travail et de la création sera une des plus solides et sincères que Cocteau a pu nouer avec un artiste musicien. La correspondance adressée par Cocteau à Markévitch qui sera largement évoquée lors de cette communication, atteste de la profondeur et de la longévité de cette relation.

Olivier Rauch, professeur agrégé puis proviseur de lycée, est chercheur indépendant depuis sa retraite. Ses recherches portent notamment sur l'œuvre de Jean Cocteau et son impact, notamment en Angleterre et elles aboutiront à la publication d'un ouvrage, Jean Cocteau, Du côté de l'Angleterre et des Anglais.

Émilien SERMIER : "Personnage imaginaire" : Cocteau, figure de fictions
Peu d'écrivains auront été, autant que Jean Cocteau, transformés en personnage de fiction. Dès le début des années 1920, celui-ci apparaît — sous des noms variables — dans plusieurs récits à clés et romans (Albertine disparue de Proust, Anicet ou le panorama, roman d'Aragon, Le Bon Apôtre de Soupault, Caravansérail de Picabia, "Le Passant bleu" de Reverdy, Les Faux-Monnayeurs de Gide ou plus tard encore, dans un autre contexte, dans La Mort de Radiguet de Mishima). Cette intervention voudra ainsi passer en revue toutes ces figurations fictionnalisées de Cocteau qui, chacune à sa façon, entend déniaiser un peu l'image du poète — que ce soit en révélant des vérités insoupçonnées ou, au contraire, en cherchant à démasquer un prétendu imposteur. On tâchera dès lors de mesurer en quoi toutes ces fictions participent à divers mythes et contre-mythes de l'auteur — et quels enjeux cristallisent la figure de Cocteau – avant d'examiner comment l'auteur lui-même a pu s'envisager (par réaction ?) dans ses fictions romanesques, notamment dans les premières pages du Grand Écart.

Maître assistant à l'université de Lausanne, Émilien Sermier est spécialiste des avant-gardes littéraires des années 1920. Outre de nombreux articles, il est l'auteur de l'ouvrage Une Saison dans le roman. Explorations modernistes : d'Apollinaire à Supervielle (José Corti, 2022 / Prix de la Critique 2022, INGE) ainsi que de l'essai Diamétralement modernes. Poètes francophones d'Amérique latine (Les Impressions Nouvelles, 2025). Il a également réédité les poèmes français de Vicente Huidobro et d'Alfredo Gangotena (L'Oncle d'Amérique, 2025). Membre du comité directeur de la revue Histoires Littéraires et co-directeur du Centre d'Études Blaise Cendrars, il participe actuellement à plusieurs notices du Dictionnaire Jean Cocteau.

Fanny VAN EXAERDE : "Les cris d'une foule accompagnent cette image" : enjeux des photographies de plateau et photographies de tournage dans les films de Cocteau
À la suite de Jean-Pierre Berthomé qui exploraient "ce que nous apprennent des photographies de plateau" (2020), cette intervention propose de parcourir les photographies de plateau et de photographies de tournage des longs métrages écrits et/ou réalisés par Cocteau, dont les dossiers sont conservés à la Cinémathèque française de Paris. Outre la fonction mémorielle et utilitaire des photographies de tournage et la fonction promotionnelle des photographies de plateau, ces images peuvent être considérées comme témoin de l'œuvre et du microcosme qui se met en place autour de celle-ci. La coexistence physique des acteurs, actrices, techniciens, opérateurs, scriptes, maquilleuses et costumières, occupant l'espace du cliché, révèle que chacun contribue à cette entreprise extraordinaire qu'est le cinéma, véritable "véhicule de poésie" selon Cocteau. Comment ce travail "en famille" est-il immortalisé par la pellicule photographique ? Comment la photographie rend-elle compte des "ça a été" des corps à l'ouvrage, participant chacun à leur façon à la fabrique cinématographique ? À l'instar du portrait de Cégeste que le poète obtient des mains de la gitane dans Le Testament d'Orphée la photographie joue un rôle dans la construction de l'effet factice que Cocteau aime à mettre en place afin de "patiner" l'œuvre filmique. En effet, le déniaisement opère également par la confrontation de l'identité de l'acteur et du personnage, réunies en un seul corps dans le film, pourtant rendues visibles par la présence des membres de l'équipe de tournage — la photographie rendant saillante l'incongruité de la fiction en train de se faire.

Fanny Van Exaerde a soutenu en 2023 une thèse intitulée ""Une poésie cinématographique". Étude historique, génétique et intermédiale des scénarios et dialogues de Jean Cocteau". Cette thèse a été réalisée dans le cadre d'une cotutelle, sous la codirection de Florence de Chalonge (UR Alithila, Université de Lille) et de David Gullentops (CLIC, Vrije Universiteit Brussel). Cette thèse, lauréate du Prix de Thèse 2023 de l'ED SHS, est en cours de publication. Ses recherches portent sur la littérature du XXe siècle, l'intermédialité, la génétique textuelle, les archives et le cinéma, et, plus récemment, les écritures ordinaires.

Ann VAN SEVENANT : Plurisexualité et genre nouveau
Le paysage sexuel contemporain reflète plusieurs éléments que nous retrouvons déjà dans les dessins érotiques de Jean Cocteau. La diversité de genres et de pratiques sexuelles est une des caractéristiques de son œuvre qui montre l'étendue de son ouverture d'esprit. Son imaginaire nous invite à remettre en question la hiérarchie traditionnelle des genres. Et il étend cette problématique à toute la nature, en présentant des formes hybrides du monde homme-animal-plante. Ainsi trouvons-nous dans ses dessins des visions alternatives aux modèles de société familiers. À plus d'un titre, le genre nouveau de Cocteau est actuel.

Ann Van Sevenant, professeure de philosophie (University College Antwerp), est l'auteure d'une vingtaine d'ouvrages en philosophie. Avec David Gullentops, elle a publié Les Mondes de Jean Cocteau. Poétique et esthétique (Paris, 2012), et réalisé le film Lecture intermédiale d'un film. Le Sang d'un poète (Bruxelles, 2024).

Susanne WINTER : Quand la consécration vient de l'étranger : les voyages en Allemagne des années 1950
Tout au long de sa vie soucieux de sa réputation et de sa réception, Cocteau a cultivé l'image du poète solitaire et incompris dans sa patrie. En revanche, à l'étranger, et en particulier en Allemagne, son œuvre semble de temps à autre rencontrer la compréhension et le succès espérés, si bien qu'au milieu des années 1950, Cocteau salue "la jeunesse étudiante allemande d'après la guerre comme le plus sérieux et le plus sensible des publics". À partir de propos de Cocteau sur ses voyages en Allemagne dans les années cinquante et d'articles et reportages dans la presse allemande contemporaine, il s'agira de mettre en contraste la perspective de Cocteau avec celle des autres et d'interroger la relation qui existe entre l'autoperception et l'hétéroperception.

Susanne Winter est professeur de littérature française et italienne à l'université de Salzbourg (Autriche). De 2000 à 2005, elle a dirigé le Centro tedesco di studi veneziani à Venise. Elle a publié des livres sur les Fiabe teatrali de Carlo Gozzi et sur la poésie de Jean Cocteau et a co-dirigé des ouvrages sur Cocteau et les arts et Cocteau et l'intermédialité.


BIBLIOGRAPHIE :

• ARNAUD, Claude, Jean Cocteau, Paris, Gallimard, "Biographies", 2003, 864 p.
• BOULANGÉ, Guillaume, ROLOT, Christian (dir.), Jean Cocteau et Édith Piaf : deux monstres sacrés, Montpellier, PULM, "Arts", 2015, 166 p.
• BROWN, Kathryn, "Remembering the Occupation : La Mort et les Statues by Pierre Jahan and Jean Cocteau", Forum for Modern Language Studies, vol. 49, n°3, 2012, p. 286-299.
• CESTIER, Maryline, Wenn Orpheus Ödipus begegnet : Mythenvarianten in Jean Cocteaus theatralischem und filmischem Werk, Tübingen, Stauffenburg, 2013, 298 p.
• CHAPERON, Danielle, Jean Cocteau. La chute des angles, Lille, Presses universitaires de Lille, "Objet", 1991, 230 p.
• CHAPERON, Danielle, "Les Parents terribles et L'Aigle à deux têtes au cinéma – fauves en cage et aigles en liberté", in LINARES, Serge (dir.), "Les Adaptations", Revue des Lettres modernes. Série Jean Cocteau, n°5, 2008, p. 131-148.
• CHAPERON, Danielle, "Entrer-sortir : contribution à une poétique de l'espace dramatique coctalien", in LINARES, Serge, WINTER, Susanne (dir.), "Création et intermédialité", Revue des Lettres modernes. Série Jean Cocteau, n°8, 2018, p. 221-243.
• GULLENTOPS, David, VAN SEVENANT, Ann, Les Mondes de Jean Cocteau : poétique et esthétique. Jean Cocteau's Worlds : Poetics and Aesthetics, Paris, Éditions Non Lieu, 2012, 398 p. [avec un DVD (versions française et anglaise)].
• GULLENTOPS, David, "Esthétique de l'affiche littéraire chez Jean Cocteau", Histoires littéraires, n°82, "Littérature et publicité", avril-mai-juin 2020, p. 27-50.
• GULLENTOPS, David, Jean Cocteau et l'intermédialité, Bruxelles, Éditions de l'université de Bruxelles, "Littérature(s)", 2024, 194 p.
• HARBEC, Jacinthe, Ballets russes et Ballets suédois : la musique à la croisée des arts 1917-1924, Paris, Vrin, "Musicologies", 2021, 504 p., Chapitre 2 consacré à "Parade : la rencontre du réalisme et du cubisme", p. 47-117 et chapitre 3 consacré aux "Mariés de la tour Eiffel : le surréalisme total du "plus vrai que le vrai"", p. 119-197.
• HÉRON, Pierre-Marie, Cocteau : entre écriture et conversation, Rennes, PUR, "Interférences", 2010, 176 p.
• HÉRON, Pierre-Marie, LINARES, Serge (dir.), "Jean Cocteau. Pratiques du média radiophonique", Revue des lettres modernes, Série Jean Cocteau, n°7, 2013, 242 p.
• HÉRON, Pierre-Marie, "Écriture et dessin au début des années vingt", in LINARES, Serge, WINTER, Susanne (dir.), "Création et intermédialité", Revue des Lettres modernes. Série Jean Cocteau, n°8, 2018, p. 75-105.
• LINARÈS, Serge, Cocteau. La ligne d'un style, Paris, Sedes, 2000, 224 p.
• LINARÈS, Serge (dir.), Jean Cocteau, Paris, L'Herne, "Cahiers de l'Herne", 2016, 544 p.
• LINARÈS, Serge, WINTER, Susanne (dir.), "Création et intermédialité", Revue des Lettres modernes. Série Jean Cocteau, n°8, 2018.
• SURMANN, Caroline, Cinéma et théâtre chez Jean Cocteau : intermédialité et esthétique, Paris, Classiques Garnier, 2012, 330 p.


SOUTIENS :

Université Paul-Valéry-Montpellier III
• Université de Bruxelles (Vrije Universiteit Brussel)
• Université de Lausanne (UNIL)
Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


UN MYSTÈRE À CARENTAN : LE SAINT JULIEN RETROUVÉ (1529)


DU DIMANCHE 27 JUILLET (19 H) AU JEUDI 31 JUILLET (14 H) 2025

[ colloque de 4 jours ]


Conception graphique d'Arthur Coulet


ARGUMENT :

Tout part de la découverte d'un exemplaire imprimé du Mystère de Saint Julien, pièce représentée à Carentan (Normandie) en 1529-1530. La trouvaille est spectaculaire, puisqu'on pouvait avoir le sentiment que toutes les pièces de ce genre avaient été dénichées, éditées et analysées. Il s'agit donc d'un évènement majeur pour l'histoire du théâtre français.

À Cerisy, ce mystère atypique fera l'objet d'une étude littéraire et historique visant à éclairer son contexte de production, son ancrage dans la vie culturelle, mais aussi à révéler ses enjeux dramaturgiques et linguistiques. Fort d'une ambition interdisciplinaire, le colloque se distinguera par son ouverture : à travers la rencontre entre public et spécialistes, il sera l'occasion de penser les conditions de représentation du mystère et d'éclairer la vie culturelle en Normandie à la fin du Moyen Âge. Des tables rondes, des performances musicales et dramatiques ponctueront les quatre jours.


MOTS-CLÉS :

Dévotion, Hagiographie, Moyen Âge, Mystère, Normandie, Osber (Nicolas), Pèlerinage, Poésie dramatique, Réforme, Renaissance, Théâtre


CALENDRIER DÉFINITIF :

Dimanche 27 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Lundi 28 juillet
Matin
DÉCOUVERTE DU MYSTÈRE DE SAINT JULIEN REPLACÉ DANS SON CONTEXTE
Jean-Baptiste AUZEL & Denis HÜE : Ouverture
Mario LONGTIN : "Et si tu n'existais pas"
Marion POUSPIN : La place du saint Julien dans le monde imprimé de la 1ère moitié du XVIe siècle

Après-midi
POÉSIE, RÉSEAUX, HISTOIRE
Lyse ROY : Nicolas Osber, étudiant de l'université de Caen
Louise FRAPPIER : L'influence de l'Œdipe de Sénèque dans le mystère de Nicolas Osber

Soirée
Récit de la découverte du Mystère de Saint Julien et lecture italienne, par Denis HÜE et Mario LONGTIN


Mardi 29 juillet
Matin
ANALYSE LITTÉRAIRE DU TEXTE (I) — LANGUE ET FORMES
Stéphane LAÎNÉ : La langue de Nicolas Osber, langue de Normandie au premier XVIe siècle
Corinne DENOYELLE : Formes et fonctions des rondeaux triolets dans le Mystère de Saint Julien

Après-midi
ANALYSE LITTÉRAIRE DU TEXTE (II) — LE TEXTE EN PERFORMANCE
Stéphanie LE BRIZ-ORGEUR : "Pour neant je suis nommé Mordant", "Puis que je suis lieutenant general / du noble Roy, je dois estre loyal"… : mise en drame et (possibles) mises en scène du libre arbitre dans Le jeu et mistere de Monsieur saint Julien
Jelle KOOPMANS : Affaires infernales et le diable Tantalus

Soirée
Traverser le Jeu et mystère de monsieur saint Julien : une expérimentation théâtrale du collectif de La Bourrasque, avec Marie BOUHAÏK-GIRONÈS et Fabien CAVAILLÉ | Présentation


Mercredi 30 juillet
Matin
LA DÉVOTION À SAINT JULIEN, CONTEXTE HISTORIQUE, LITTÉRAIRE ET ARTISTIQUE
Sandra DUCRUET-ANCEY : Saint Julien l'hospitalier, du texte hagiographique au mystère
Adeline RUCQUOI : Saint Julien : pèlerin et protecteur des pèlerins de Compostelle

La dévotion à saint Julien dans l'ouest de la France à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVIe siècles), table ronde avec Vincent JUHEL [Les chemins de pèlerinage entre Manche et Bretagne] et Thibaut LEHUÉDÉ [Saint Julien de Vouvantes]

Après-midi
"HORS LES MURS" — À CARENTAN-LES-MARAIS
Ouvert au public : Visite de l'église de Carentan avec le père Daniel JAMELOT, suivie des interventions d'Éric BARRÉ : Aux origines de la famille Osber, Pierre Osber, un profiteur de la Guerre de Cent Ans et de Camille SALATKO : Le vitrail de la Sainte-Ostie

Au théâtre de Carentan-les-Marais
Denis HÜE : Nicolas Osber, poésie en Normandie début du XVIe siècle

Carentan et l'aventure maritime des Normands à la fin du Moyen Âge (1500-1540), table ronde avec Mario LONGTIN, Romain BERTRAND et Christophe MANEUVRIER

Soirée
Au théâtre de Carentan-les-Marais
Ouvert au public : Parole et musique dans le Saint Julien, par François RÉMOND et Chloé RICHARD-DESOUBEAUX


Jeudi 31 juillet
Matin
La place du Saint Julien : dramaturgie en Normandie, tradition et innovation, table ronde avec Mario LONGTIN, Denis HÜE, Clément SALIOU et Camille SALATKO

Jean-Baptiste AUZEL, Jérémie BICHÜE, Denis HÜE & Mario LONGTIN : Conclusions générales du colloque

Après-midi
DÉPARTS


Tout au long du colloque, le collectif de La Bourrasque est accueilli en résidence à Cerisy pour travailler à une lecture théâtralisée du Saint Julien de Nicole Osber. Les comédiennes et comédiens donneront à voir leur recherche et partageront leurs expérimentations au cours des quatre journées de discussion.


COMPTE RENDU :

Que s'est-il passé au colloque de Cerisy consacré au "Mystère de Carentan" ?, par Piotr PAWLINA, Le carnet de la MRSH [20 octobre 2025] | https://doi.org/10.58079/14zj3.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Jean-Baptiste AUZEL
Jean-Baptiste Auzel, conservateur général du patrimoine, archiviste paléographe, est directeur des archives départementales, Maison de l'histoire de la Manche, depuis 2013, et a co-organisé à Cerisy les colloques Saint Louis en Normandie (hommage à Jacques Le Goff) en 2016, Musique sacrées en Normandie : rites et pratiques (XIIe-XXIe siècles) en 2021 et publié les actes afférents. Il a également co-écrit et dirigé plusieurs publications sur l'histoire du département de la Manche et la Normandie, notamment :
- La Normandie existe-t-elle ? Être Normand au fil des siècles. Actes du colloque tenu à Saint-Lô du 22 au 25 décembre 2017, Archives départementales de la Manche, 2019.
- De Destouches au Chevalier Des Touches, Archives départementales de la Manche, 2023, précédé d'une nouvelle édition du roman Le Chevalier Des Touches, de Jules Barbey d'Aurevilly.
- Une histoire de Marin. Archives et souvenirs de Marin-Marie (1901-1987), Orep éditions, 2015.

Jérémie BICHÜE
Jérémie Bichüe est maître de conférences en littérature française du XVIe siècle à l'université de Caen Normandie. Il travaille sur la poésie de la première moitié du siècle (en particulier Marot et les poètes marotiques) et ses recherches actuelles pour sur la satire, la poésie de circonstance, la poésie religieuse et la culture joyeuse. Depuis 2022, il anime avec Sandra Provini le séminaire "Publication et circulation des recueils poétiques en Normandie au XVIe siècle" et prépare actuellement, pour les éditions Droz, une édition critique des textes de la querelle Marot-Sagon.
Publications
"Voix singulières, voix collectives : pratique du discours rapporté dans les formes poétiques à refrain de L'Adolescence clémentine", Styles, genres, auteurs, Gilles Couffignal et Adeline Desbois-Ientile (dir.), Sorbonne Université Presses, 2018.
Avec Katell Lavéant, "Replacer la farce dans les festivités joyeuses du XVIe siècle. Le cas des Soupiers de Monville", Réforme, Humanisme, Renaissance, n°93(2), 2021.
Avec Pauline Dorio, "Le manuscrit de la Renaissance et ses lecteurs : itinéraires d'un recueil spirituel de Charles Fontaine", Arts et Savoirs [en ligne], n°17, 2022.
"1542-1546 : un jalon dans l'histoire de la poésie réformée français : l'exemple de Marot et de Beaulieu", Revue Camenæ [en ligne], n°32, septembre 2024.

Denis HÜE
Docteur ès lettres, Professeur émérite de l'université Rennes 2, Denis Hüe s'est spécialisé sur la littérature normande de Wace à la fin du Moyen Âge, et sur la compétition poétique du Puy de Palinods de Rouen. Il a également travaillé sur la vie théâtrale rouennaise, et publie en 2025 Le Jeu et mystère de Saint Julien aux Classiques Garnier en collaboration avec Mario Longtin.
Publications
La Poésie Palinodique à Rouen, 1486-1550, Champion, 2002 (Prix Gossier de l'Académie de Rouen, 2002), Rééd. Classiques Garnier, 2023.
Petite Anthologie Palinodique, Champion, 2002, Rééd. Classiques Garnier 2023.
Amadas et Ydoine, édition et traduction, en collaboration avec C. Ferlampin-Acher, Champion Classiques, 2020.
Les Fragments sagiens d'Aspremont, Bibliothèque d'Alençon, Paradigme, 2020.
"Le vin à Rouen : la vigne et la Vierge, gouel et triballe", De la Treille au poème, Culture(s) et usages de la vigne et du vin à la Renaissance, Violaine Giacomotto-Charra et Jacqueline Vons (dir.), Maison des Sciences de l'Homme d'Aquitaine, 2020.
"Le théâtre de Rouen et la Réforme, Théologie et dramaturgie dans le Moral à cinq personnages de Pierre Du Val", Revue d'Histoire du Théâtre, avril-juin, 2020/2.
"Récrire la vie de saint Nicolas après Jean Diacre : le travail de Wace", Le style de Wace, Actes du colloque de Jersey 2019, Denis Hüe, Françoise Laurent, Michel Vital Le Bossé et Laurence Mathey-Maille (dir.), Paradigme, 2020.

Mario LONGTIN
Mario Longtin est professeur agrégé de littérature médiévale à l'université Western Ontario depuis 2004. Il est spécialiste de l'ancien théâtre français et s'intéresse tout particulièrement aux mystères. Récemment, il a découvert à Madrid un mystère imprimé datant de 1530 inconnu des spécialistes. Il s'agit du mystère de saint Julien dont l'édition critique préparée en collaboration avec Denis Hüe paraîtra sous peu dans la collection "Muses renaissantes" chez Classiques Garnier. En juin 2025, il organise avec Nina Hugot et Clément Saliou, à Saint-Mihiel en Lorraine, un colloque intitulé "DOM Nicolle Loupvent, voyageur et dramaturge" consacré à la relation de pèlerinage en Terre Sainte du bénédictin et au Mystère de saint Étienne Pape qu'il a écrit pour la ville de Saint Mihiel en 1548. Le colloque lorrain coïncide avec la mise en ligne sur la plateforme associée au projet "Melpomène" de la transcription manuscrit du mystère de saint Étienne Pape. Mario Longtin a écrit plusieurs articles sur l'ancien théâtre français dont un publié dans la revue Seizième siècle en collaboration avec Marie Bouhaïk-Gironès : "Un mystère ne s'improvise pas. De l'organisation des jeux par personnages au XVIe siècle".
Publications
"Conventions de lecture : la Pausa dans le Mystère de sainte Barbe en cinq journées", Langues, codes et conventions de l'ancien théâtre, J-P Bordier (dir.), Champion, 2002.
"La Farce du Cuvier vue avec les lunettes du clerc", Mélanges Michel Rousse, Classiques Garnier, M. Bouhaïk, D. Hüe, J. Koopmans (dir.), 2012.
"Le Recueil de Rouen et le patrimoine spectaculaire rouennais au XVIe siècle", en collaboration avec E. Doudet, La Renaissance à Rouen. L'essor artistique et culturel dans la Normandie des décennies 1480-1530, Sandra Provini (dir.), PURH, 2019.
"Un mystère ne s'improvise pas. De l'organisation des jeux par personnages au XVIe siècle", en collabotation avec M. Bouhaïk, Seizième siècle, n°23, automne 2023.


Stéphanie LE BRIZ-ORGEUR
Stéphanie Le Briz-Orgeur est professeure des universités et enseigne la littérature de langue d'oïl à l'université Côte d'Azur depuis 1999 ; chaque année depuis 1998 elle prépare les candidates et candidats aux agrégations de Lettres et Grammaire ; depuis janvier 2024 elle est directrice adjointe de l'UMR CEPAM. Après avoir consacré sa thèse de doctorat et plusieurs articles aux conventions du dialogue informant les mystères de la Passion du XVe siècle (en particulier les Passions en quatre journées de Marcadé, Gréban et Michel), elle a étudié des jeux moraux (notamment Bien avisé Mal avisé et d'autres "moralités de vie humaine") puis elle a édité et traduit la Nativité du ms. Paris, Sainte-Geneviève, 1131. Dans le sillage du colloque de Cerisy intitulé Guillaume de Digulleville (1295 - après 1358) : les Pèlerinages allégoriques (coorg. F. Duval et F. Pomel, oct. 2006), elle a donné seule ou en collaboration avec Géraldine Veysseyre une série d’études sur l’œuvre vernaculaire du moine de Chaalis souvent bien connue des fatistes. Plus récemment un séminaire de Master coorganisé avec Brigitte Joinnault l'a conduite à explorer les questions de remise en voix ou remise en scène de pièces sorties des répertoires, puis à concevoir en collaboration avec Hui Yin Wu un jeu sérieux fondé sur des créations pour la scène contemporaine inspirées de séquences de jeux médiévaux consacrées aux relations adelphiques. Elle prépare actuellement l'édition du tome 5 du Recueil général de moralités d'expression française.
Publications
À la recherche d'une écriture dramatique : conventions du dialogue dans quelques mystères du XVe siècle, thèse de doctorat, Centre d'Études Supérieures de la Renaissance de Tours, 1998, 1144 p. (Résumé dans Perspectives médiévales, 25, 1999, p. 54-57).
"Quand le silence fait parler de lui", dans Jean-Pierre Bordier (dir.), L'Économie du dialogue dans l'ancien théâtre européen, Paris, Champion, 1999, p. 211-226.
"Le Mystère de la Passion d'Arnoul Gréban, un atelier du dialogue", Le Moyen français, 46-47, 2000, p. 327-346.
"Les monologues d'hésitation dans la Passion d'Arnoul Gréban", dans Jean-Pierre Bordier (dir.), Langues, codes et conventions de l'ancien théâtre, Paris, Champion, 2002, p. 149-166.
"La réécriture du Pèlerinage de vie humaine dans la Moralité de Bien Avisé et Mal Avisé", dans Frédéric Duval et Fabienne Pomel (dir.), Guillaume de Digulleville. Les Pèlerinages allégoriques, Colloque de Cerisy, Presses universitaires de Rennes, 2008, p. 365-392.
"La "dîme de Judas" dans les Passions des domaines d'oc et d'oïl (XIIIe-XVe siècle) : réflexion sur les origines d'un motif", dans Michel Lauwers (dir.), La Dîme, l'Église et la société féodale, Turnhout, Brepols, 2012, p. 561-588.
"Expressions théâtrales médiévales de la "doulceur" : étude comparative de la Passion d'Arras et de la Passion d'Arnoul Gréban", dans Hélène Baby et Josiane Rieu (dir.), La Douceur en littérature de l'Antiquité au XVIIe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2012, p. 275-308.
"Le Sponsus, premier "opéra" du territoire roman ? Réflexions génériques pour une nouvelle édition du texte contenu au ms. Paris, BnF, lat. 1139", dans Josiane Rieu, Béatrice Bonhomme, Hélène Baby et Aude Préta-de Beaufort (dir.), Échos poétiques de la Bible, Paris, Champion, 2012, p. 275-314.
"Deux avatars dramatiques médiévaux de la dispute : l'entretien de Jésus avec les docteurs dans les Passions d'Arras et de Gréban", dans Odile Gannier et Véronique Montagne (éd.), Échos des voix, échos des textes. Mélanges en l'honneur de Béatrice Périgot, Paris, Classiques Garnier, 2013, p. 193-228.
Avec G. Veysseyre, ""Sens faire rien, pou vaut li sens" : mise en œuvre et réception de l'ambition didactique de Guillaume de Digulleville en son Pèlerinage de l'âme (ca 1355)", Bien dire et bien aprandre, 29, 2013 [La Volonté didactique dans la littérature médiévale], t. 1, p. 151-180.
"Donner à voir et à entendre ici-bas : une mise en drame de la parabole de Lazare et du mauvais riche", dans Catherine Croizy-Naquet, Stéphanie Le Briz-Orgeur et Jean-René Valette (éd.), Théâtre et révélation. Donner à voir et à entendre au Moyen Âge. Hommage à Jean-Pierre Bordier, Paris, Champion, 2017, p. 185-199.
""Quel maistre es tu, quand tu n'ez clerc ?" (La Moralité de Bien avisé Mal avisé, éd. J. Beck, v. 6389) : statut, légitimité et mission des pédagogues dans le théâtre d'expression française du long XVe siècle", dans Florence Tanniou (dir.), Enjeux didactiques et pédagogiques des formes dialoguées (XVe-XVIIIe siècle), Nanterre, Paris Ouest Nanterre La Défense, 2021, p. 23-42.
Avec E. Doudet, "Noms de théâtre (XIVe-XVIe s.)", dans Christine Ferlampin-Acher, Fabienne Pomel et Emese Egedi-Kovács (dir.), "Par le non conuist an l'ome". Études d'onomastique littéraire médiévale, Budapest, Collège Eötvös József ELTE / CELLAM Université Rennes 2, 2021, p. 331-348.
Lazare et le Mauvais riche. Regards croisés sur les réceptions d'une parabole : Loxias (revue en ligne du Centre Transdisciplinaire d'Épistémologie de la Littérature et des arts vivants, Université Côte d'Azur), n°73, juin 2021, mise en ligne le 15 juin 2021.
"Du mythe du mendiant sauvé par sa patience à la discussion du texte sacré ? Effets de la mise en drame de la parabole du Mauvais riche (XVe-XVIe siècles)", dans Élisabeth Pinto-Mathieu et Hélène Averseng (dir.), La Littérature médiévale, entre mythe et sacré, Genève, Droz en ligne, 2022, p. 269-284.
"Édition, traduction et annotation de La Nativité de Notre Seigneur", dans Jean-Pierre Bordier et Gabriella Parussa (dir.), Les Mystères du manuscrit 1131 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris, Paris, Classiques Garnier, 2022 [commercialisation le 25.04.2023], vol. 1, p. 99-305.
Avec H.Y. Wu, "Theatron VR AI: Bringing audiences (back) to the theater through virtual reality and the art of improvisation", dans Cyrielle Garson et Rémi Ronfard (dir.), Computer Theatre Conférence/Journées d'informatique théâtrale, juillet 2025.

Thibaut LEHUÉDÉ
Docteur en histoire médiévale à l'UBO en co-direction avec l'EPHE, Thibaut Lehuédé a soutenu en 2024 une thèse sur la représentation du pouvoir dans les milieux princiers bretons (XIVe-XVIe siècles) sous la co-direction d'Yves Coativy et de Laurent Hablot. Ayant une formation d'historien et d'historien de l'art, ses recherches liées à l'histoire culturelle portent sur la relation entre images et pouvoirs à la fin du Moyen Âge. Il s'intéresse tout particulièrement à la production de discours iconographiques et emblématiques et à leur réception.
Publications
"Le relief aux cerfs du château de Suscinio, témoignage d'une tentative emblématique avortée du duc Jean IV ?", Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, t. 124-1, 2017, p. 7-30.
"L'église médiévale de Saint-Julien-de-Vouvantes", Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, t. 127-4, 2020, p. 53-95.
"Pour une réattribution du jeton de la chambre des comptes de Rohan : nouvelle proposition en faveur d'Anne de Rohan (1485-1529)", Revue numismatique, Vol. 180, 2023, p. 333-352.
"Le chapeau dans les sceaux de la noblesse bretonne à la fin du Moyen Âge", Revue d'héraldique et de sigillographie, décembre 2024 [en ligne].

Adeline RUCQUOI : Saint Julien : pèlerin et protecteur des pèlerins de Compostelle
Le pèlerinage à Compostelle fut l'un des trois "pèlerinages majeurs" de la Chrétienté. Au contraire des sanctuaires locaux ou régionaux qui pouvaient être périodiquement visités, le "saint voiage" vers ces lointaines destinations n'était généralement effectué qu'une fois dans la vie du pèlerin. Saint Julien était l'un des saints protecteurs invoqués par les pèlerins qui l'entreprenaient. Dans Le Jeu et mystère de saint Julien, ce dernier devient un pèlerin et de nombreuses mentions aux Sarrasins, à la ville de Palence — Palencia ? — et à celle de Port Marin — Puertomarín ? —, ou encore à la dévotion à "saint Jacques de Galice" jalonnent le Chemin qui mène au finis terrae, au tombeau de l'apôtre Jacques.

Adeline Rucquoi, Directeur de Recherche émérite au CNRS, spécialiste de l'histoire de l'Espagne médiévale, a consacré une partie de ses recherches au pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. En français, elle a notamment publié Mille fois à Compostelle. Pèlerins du Moyen Âge (2014) et À Jacques, apôtre, frère de Jean (2021), et a coordonné Saint Jacques et la France (2003), Le Voyage à Compostelle. Du Xe au XXe siècle (2018), et, avec Christophe Alcantara, les volumes Interroger les chemins de Compostelle au XXIe siècle (2024) et Les chemins de Compostelle, itinéraire culturel européen et patrimoine mondial : histoire, enjeux et perspectives (2024).


Traverser le Jeu et mystère de monsieur saint Julien : une expérimentation théâtrale du collectif La Bourrasque, avec Marie BOUHAÏK-GIRONÈS et Fabien CAVAILLÉ
Quatre jeunes comédiennes et comédiens issus du Conservatoire à Rayonnement Régional de Caen proposeront plusieurs temps de lecture et d'expérimentation du mystère de Nicolas Osber. Marie Bouhaïk-Gironès, Directrice de Recherche au CNRS (EHESS-CRH), et Fabien Cavaillé, Professeur en arts de la scène à l'université de Caen, assureront le conseil dramaturgique sur cette résidence artistique. La résidence sera l'occasion de réfléchir ensemble à plusieurs problèmes historiques et esthétiques sur la lecture et le jeu de cette forme théâtrale : comment lire un texte aussi monumental ? Comment expérimenter l'intégration des formes lyriques dans le cours du dialogue et le parler-chanter-danser caractéristique du théâtre de cette époque ? Comment incarner les nombreuses figures du Saint Julien (quatuor de personnages vs cohortes) et comment travailler à partir des modalités de jeu de l'époque (rôlets, partitions, action rhétorique, etc.) ? Comment mettre en espace les différents lieux du mystère (étages vs champ) et représenter spatialement les voyages, pèlerinages et errances au cœur de cette histoire ? Comment, grâce à la performance pratique, penser l'expérience théâtrale qui peut naître d'une vie de saint, aussi riche en romanesque qu'en ferveur spirituelle, et comment la réemployer, l'actualiser ou la réinterpréter dans le cadre d'une création contemporaine ?

Marie Bouhaïk-Gironès est historienne, directrice de recherche au CNRS (Centre de Recherches Historiques, EHESS). Spécialiste des pratiques théâtrales des XVe et XVIe siècles, elle travaille sur l'histoire sociale et technique des spectacles, la fonction du théâtre et de la performance dans une perspective d'histoire longue et sur l'histoire de l'acteur, du jeu et de la rhétorique. Elle exerce par ailleurs une activité de collaboratrice artistique et de dramaturge auprès d'acteurs et de metteurs en scène et enseigne dans des écoles de théâtre. Elle a récemment publié sur un mystère hagiographique : Le mystère de Romans. 1509, une cité en spectacle, Paris, Éd. EHESS, 2023.

Professeur en études théâtrales à l'université de Caen Normandie, Fabien Cavaillé est spécialiste de l'histoire des spectacles français entre le XVIe et le XVIIe siècle. Il travaille également sur l'appropriation du patrimoine spectaculaire par la scène contemporaine. Il a notamment publié : Théâtre, guerres et religion (Europe, XVIe siècle), C. Bouteille, F. Cavaillé, E. Doudet (dir.), Colloque de Cerisy, Revue d'Histoire du Théâtre, n°286, avril-juin 2020/2 et Baroque au présent, F. Cavaillé, J. le Blanc, C. Lechevalier, C. Mounier-Vehier (dir.), Théâtre/Public, n°250, janvier 2024.


BIBLIOGRAPHIE :

• Marie BOUHAÏK-GIRONES, Le Mystère de Romans, 1509, une cité en spectacle, Presses de l'EHESS, 2023.
• Marie BOUHAÏK-GIRONES et Mario LONGTIN, "Un mystère ne s'improvise pas. De l'organisation des jeux par personnages au XVIe siècle", Seizième siècle, n°23, automne 2023.
• Denis HÜE et Mario LONGTIN, Le Jeu et mystère de Saint Julien, Éditions Classiques Garnier, à paraître en 2025.
• Denis HÜE, "Petite note sur un mystère inconnu composé, joué et imprimé en Normandie", Hommes et femmes du livre à Rouen au XVIe siècle, E. Lalou et Th. Claerr (dir.), Brépols, à paraître en 2025.
• Denis HÜE, "Saint Julien et sa prière", Grandes Et Petites Mythologies III, K. Ueltschi (dir.), Epure, 2024.
• Jelle KOOPMANS, "Un théâtre singulier ou un théâtre pluriel. Comment écrire une histoire du théâtre dans les provinces ?", Littératures classiques, 2018/3, n°97, p. 35-54.
• Jelle KOOPMANS, Le Théâtre des exclus au Moyen Âge, Hérétiques, sorcières et marginaux, Imago, 1997.
• Nicolas LE CADET, Les Mystères français au XVIe siècle, "Introduction", Seizième siècle, n°23, automne 2023.
• Graham A. RUNNALLS, Études sur les mystères : un recueil de 22 études sur les mystères français, suivi d'un répertoire du théâtre religieux français du Moyen Âge et d'une bibliographie, Champion, 1998.
• Graham A. RUNNALLS, Les Mystères dans les provinces françaises (en Savoie et en Poitou, à Amiens et à Reims), Champion, 2003.
• Clément SALIOU, "Que peuvent nous apprendre les archives sur les mystères du XVIe siècle ?", Seizième siècle, n°23, automne 2023.
• Darwin SMITH, Gabriella PARUSSA et Olivier HALEVY, Le Théâtre français du Moyen Âge et de la Renaissance, L'Avant-Scène Théâtre, 2014.


SOUTIENS :

Archives départementales, Maison de l'histoire de la Manche | Département de la Manche
Western University · Canada
• Centre d'étude et de recherche éditer/interpréter (CÉRÉdl, UR 3229) | Université de Rouen Normandie
• Lettres Arts du spectacle Langues romanes (LASLAR, UR 4256) | Université de Caen Normandie (Unicaen)
• UFR Humanités et sciences sociales (HSS) | Université de Caen Normandie (Unicaen)
• Office universitaire d'études normandes (OUEN) | Université de Caen Normandie (Unicaen)
• Centre d'études des langues et littératures anciennes et modernes (CELLAM) | Université Rennes 2
• Projet ANR MELPONUM – Mélpomène à l'ère numérique | Université de Lorraine

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LES PROPAGATIONS :
UN NOUVEAU PARADIGME POUR LES SCIENCES SOCIALES ?


DU VENDREDI 25 JUILLET (19 H) AU JEUDI 31 JUILLET (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


Réalisation : Jean-François Lucas


DIRECTION :

Dominique BOULLIER, Jean-François LUCAS, Guillaume SIBOUT, Françoise THIBAULT


ARGUMENT :

La compréhension des crises récentes — Covid, gilets jaunes, émeutes urbaines, fake news — résiste aux méthodes centrées sur l'étude du rôle des structures sociales existantes, ou des opinions ou préférences individuelles. Certes, ces points de vue sur le social ont acquis un statut incontournable appuyé par des dispositifs de quantification conventionnels, qu'il s'agisse des recensements ou des sondages. Les phénomènes de propagation, de contagion, de viralité et d'imitation caractéristiques de ces crises échappent aux approches traditionnelles qui les réduisent à des causes sociales classiques ou les limitent à des expressions du Web. Une autre approche consiste à considérer ces phénomènes de propagations comme un cadre conceptuel inédit qui est nourri par des outils numériques de traçabilité, qui permettent de suivre les phénomènes en détail, parfois à la seconde près. Cette approche autorise des explorations d'effets de contagion par voisinage, occasionnel ou durable, qu'il s'agisse des expositions à des flux de signaux et de messages en ligne, ou dans l'espace public. De nos jours les grandes plateformes ont le contrôle de ces traces, mais il est possible de tester des modélisations sur les données d'autres plateformes. La place d'Internet, et de son architecture dans ces propagations, doit aussi être interrogée. Pour chaque phénomène, tels les mouvements financiers, les épidémies ou les mouvements de foule, de nouveaux concepts et des méthodes spécifiques peuvent être déployés.

L'objectif du colloque est de conforter ces voies de recherche prometteuses en faisant dialoguer des disciplines et métiers différents, tous concernés par le décryptage des phénomènes complexes de propagation, rendu possible par des méthodes de traçabilité. Des spécialistes de diverses disciplines seront réunis autour de ces enjeux majeurs pour les sciences sociales, qui questionnent la gouvernance de ces situations collectives.


MOTS-CLÉS :

Big Data, Crises, Diffusion d'innovations, Épidémie, Foules, Propagation, Réseaux numériques, Théorie sociale, Traces, Viralité


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 25 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Samedi 26 juillet
Matin
PRÉSENTATION DU CADRE CONCEPTUEL ET DISCUSSION GÉNÉRALE DU MODÈLE
Dominique BOULLIER : Propager les propagations dans les sciences sociales : présentation générale des enjeux du colloque [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Emmanuel DIDIER : Méthodes quantitatives et caractéristiques de la société

Improvisation, par la Compagnie La Bulle Carrée

Après-midi
LES TROIS POINTS DE VUE SUR LE SOCIAL : QUELLE DIPLOMATIE ?
Madeleine AKRICH : Propagations et ANT
Jacques LÉVY : Auto-mobiles
Nonna MAYER : La science politique au défi des "big data" : leur apport et leurs limites

Improvisation, par la Compagnie La Bulle Carrée


Dimanche 27 juillet
Matin
PROPAGATION DES RUMEURS ET DES CONVERSATIONS (I)
Pascal FROISSART : Comment la théorie de la rumeur s'est-elle propagée au XXe siècle ?
Pierre LIVET : Les propagations : nouvelles focalisations, accroissement des complexités ?

Improvisation, par la Compagnie La Bulle Carrée

Après-midi
PROPAGATION DES RUMEURS ET DES CONVERSATIONS (II)
Mariannig LE BÉCHEC : Analyse sémiotique et agencement de la propagation sur les médias numériques
Limor SHIFMAN : The Value of Internet Memes [visioconférence]

Improvisation, par la Compagnie La Bulle Carrée


Lundi 28 juillet
Matin
AUX SOURCES DE L'ÉPIDÉMIOLOGIE ET COVID
Bruno CANARD : Propagations : de la simplification moléculaire à l'impact sociétal

Improvisation, par la Compagnie La Bulle Carrée

Frédéric KECK : Contagion, imitation et participation : anthropologie et épidémiologie de Lucien à Daniel Lévy-Bruhl

Après-midi
DÉTENTE


Mardi 29 juillet
Matin
FOULES, MOUVEMENTS SOCIAUX, AMBIANCES
Pascal AMPHOUX : Ambiance et propagations
Guy THERAULAZ : Propagation de l'information sociale et coordination des comportements collectifs : des sociétés animales aux foules humaines

Après-midi
LE NUMÉRIQUE ET SES MÉTHODES DE TRAÇABILITÉ (I)
Michele COSCIA : Comparing and Grouping Spreading Processes on Networks [visioconférence]
Jean-Philippe COINTET : Generative social sciences ? [visioconférence]

Sarah BOUCHAHOUA : Snapchat : conception et approche [visioconférence], suivi d'un atelier autour des réseaux sociaux animé par Dominique BOULLIER et Jean-François LUCAS


Mercredi 30 juillet
Matin
LE NUMÉRIQUE ET SES MÉTHODES DE TRAÇABILITÉ (II)
Ksenia ERMOSHINA : Diffractions : traces numériques et plateformes décentralisées [visioconférence]

FINANCE, MARKETING, INNOVATION
Michel FEHER : La vie politique du capital humain [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Après-midi
Guilhem FOUETILLOU : Propagations et marketing
Gérald GAGLIO : Dissemblances et accointances entre "diffusion" et "propagations" : pour une analyse enrichie des processus d’innovation


Jeudi 31 juillet
Matin
GOUVERNER LES PROPAGATIONS ?
David COLON : L'infodémiologie, une science de la gouvernance des infodémies
Valère NDIOR : Qui gouverne la modération des contenus sur les réseaux sociaux ?

Conclusion et discussion générale

Après-midi
DÉPARTS


TÉMOIGNAGES :

Droit de cité à Cerisy. Rencontre avec Pénélope DUFOURT, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.

Cerisy ? La Villa Médicis du nord !. Rencontre avec Pascal FROISSART, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.

Témoignage d'une bénéficiaire du soutien de la Fondation suisse d'études. Rencontre avec Sarah GAVIN, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.

Témoignage d'une chargée d'études à La Fabrique de la Cité. Rencontre avec Marianne LALOY BORGNA, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.

Témoignage d'une thésarde au Centre de sociologie des organisations (CSO). Rencontre avec Laure GUIMBAIL, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.


RAPPORT D'ÉTONNEMENT :

Une expérience aussi riche qu'instructive. Rapport d'étonnement de Sarah GAVIN


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Dominique BOULLIER : Propager les propagations dans les sciences sociales : présentation générale des enjeux du colloque
La pandémie de Covid-19 a mis en évidence à quel point les processus de propagation affectent nos vies en profondeur. Mais elle révèle également l'existence conjointe d'une propagation d'un tout autre ordre : celle des informations, des consignes, des traces, des rumeurs. Si ce paradigme de la propagation est déjà utilisé dans de nombreuses disciplines (des sciences naturelles ou sociales), il n'a cependant pas obtenu un statut spécifique. Cette communication a pour ambition de montrer la fécondité d'une approche du social sous l'angle de la propagation, à côté de l'analyse traditionnelle des structures sociales et des préférences individuelles. En nous appuyant sur les méthodes du Big Data offertes par le numérique et la traçabilité généralisée de nos comportements, nous disposons d'une nouvelle façon de quantifier le social, comme processus de propagation, et non plus seulement à partir des recensements et des sondages.

Dominique Boullier est Professeur des Universités émérite en sociologie, IEP Paris (Sciences Po), Centre d'Études Européennes et de Politique Comparée (CEE). Il a été directeur de plusieurs laboratoires (Costech, UTC ; Lutin, Cité des Sciences ; Lares, Rennes2 ; Médialab, Sciences Po), chef d'entreprise, adjoint au maire de Rennes. Ses travaux ont porté sur toutes les dimensions du numérique et actuellement plutôt sur les villes numériques, les technologies cognitives (dont l'IA), les modes d'habiter le numérique (habitèle) face aux propagations, nouveau point de vue pour les sciences sociales.

Jean-François LUCAS
Jean-François Lucas, docteur en sociologie, est délégué général de Renaissance Numérique, think tank indépendant et apartisan dédié à la transformation numérique de la société. Il fut par le passé directeur conseil "Territoires intelligents et numérique responsable" en cabinet de conseil, et chercheur académique dans le champ de la conception et du management de projets de recherche innovants.

Guillaume SIBOUT
Guillaume Sibout est diplômé de Sciences Po Paris en humanités numériques, de l'École des hautes études en sciences de l'information et de la communication (Celsa), et de philosophie à Sorbonne Université. Il a été responsable communication et marketing dans plusieurs grandes entreprises, et enseigne la culture numérique dans plusieurs écoles.


Pascal AMPHOUX : Ambiance et propagations
Une ambiance se propage, elle est contagieuse, elle procède par voisinages. Elle est virale, parfois même virulente, toujours et infiniment variante. Effets d'amplification, d'estompage ou d'effondrement… Elle s'auto-organise ou s'auto-détruit. Elle échappe à la seule volonté de ceux qui la créent, n'est pas pour autant structurellement déterminée par ses conditions initiales. C'est à explorer quelques liens, théoriques ou pragmatiques, entre des phénomènes de propagation et des situations d'ambiance que cet exposé sera consacré.

Bruno CANARD : Propagations : de la simplification moléculaire à l'impact sociétal
Les ancêtres des virus sont les premières entités à avoir programmé leur propagation grâce à du matériel génétique, dans la soupe prébiotique originelle. Les virus sont actuellement les entités les plus nombreuses représentées sur la planète, celles dont la propagation a été la plus réussie. Leurs mécanismes mis en jeu ont été sélectionnés au cours de l'évolution, ou le sont parfois en temps réel. Ils sont divers et spécialisés, rendant caduque la définition d'une unité pertinente de description universelle. L'exemple du taux de reproduction R0, dont chacun s'est emparé pendant la pandémie, illustre les difficultés de décomposition en variables et descripteurs moléculaires, propres à chaque virus et chaque population touchée, aptes à rendre compte de la dynamique d'une épidémie, et à y adapter une réponse sociétale.

Jean-Philippe COINTET : Generative social sciences ?
Dans cette présentation, nous examinerons la nature des recherches de sciences sociales menées à partir des grands modèles de langue. De façon croissante, les IA génératives sont perçues comme un nouvel instrument et une nouvelle source pour enquêter sur les dynamiques sociales, politiques et culturelles. En plus de proposer un panorama de ces recherches, nous nous interrogerons sur le changement de focale que nous invite à prendre ce nouveau matériau. Comment les anciennes formes de représentations du social sont-elles digérées par les prompts de ces modèles d'apprentissage automatique, et de quelles formes d'agentivités permettent-elles de rendre compte ?

David COLON : L'infodémiologie, une science de la gouvernance des infodémies
La pandémie de Covid-19 s'est accompagnée d'une "infodémie", définie par l'OMS comme "une surabondance d'informations, certaines fiables et d'autres non, qui rend difficile pour les gens de prendre des décisions pour leur santé". Le vaccinoscepticisme, le climatoscepticisme ou les théories du complot sont autant de "virus informationnels" dont la propagation pose des défis majeurs. Cette contribution dessinera les contours de l'"infodémiologie", la science de la gouvernance des infodémies, un nouveau domaine de recherche global, transdisciplinaire et orienté vers l'innovation sociale.

Michele COSCIA : Comparing and Grouping Spreading Processes on Networks
When studying a spreading process one key task is to determine whether other spreading processes might favor it (such as related rumors in conspiracy theory) or impede it (such as spreading condom usage should block HIV from spreading). To do so, we need a way to estimate the distance between two different spreading configurations. In this work, I show how a generalization of the Euclidean distance on a graph is useful in this regard. By systematically analyzing pairs of spreading configurations, we can group them in meaningful clusters.

Emmanuel DIDIER : Méthodes quantitatives et caractéristiques de la société
Dans cette intervention, Emmanuel Didier reviendra sur l'histoire des méthodes quantitatives et de leurs évolutions et confrontera en particulier l'apparition des méthodes de sondage aléatoires pendant les années 1930 puis des méthodes de benchmarking néo-libérales pendant les années 2000 à la théorie de la propagation.

Ksenia ERMOSHINA : Diffractions : traces numériques et plateformes décentralisées
Notre présentation portera sur les aspects méthodologiques d'une enquête sur les migrations numériques, pour proposer d'analyser l'exode vers les outils décentralisés et chiffrés comme un processus de diffraction des traces numériques. Tandis que sur les plateformes centralisées comme Facebook ou X les utilisateurs sont confrontés à des demandes d'authentification et vérification (données personnelles réelles, scans des pièces d'identité, numéros de téléphone, etc.), et beaucoup de travail se fait autour de la construction du soi numérique (on va parler des réseaux "égo-centrés"), les alternatives décentralisées proposent des possibilités de pseudonymisation, de multiplication d'identités numériques et le choix de ne plus laisser de traces numériques ou au moins de brouiller les pistes.

Michel FEHER : La vie politique du capital humain
Envisager une personne comme un capital ouvert à la spéculation revient à assumer que sa valeur dépend du cours des actifs qui composent son portefeuille. Parce qu'un tel système de notation n'offre rien moins qu'une manière de mesurer l'importance relative de chacun, sa mise en œuvre fait du discrédit la malédiction qui hante les assujettis au capitalisme financiarisé. Cependant, plutôt qu'à opposer une simple fin de non-recevoir à la condition qui leur est assignée, d'aucuns n'hésitent pas à jouer le jeu de la valorisation pour leur compte : l'indexation de leur dignité sur l'appréciation de leur capital humain leur apparaît moins comme un mal à conjurer que comme un défi à relever.

Michel Feher est philosophe, cofondateur des éditions Zone books, New York, de l'association "Cette France-là" et du media diagrammes.fr. Il est notamment l'auteur de Producteurs et parasites. L'imaginaire si désirable du Rassemblement national (2024), La gauche et les siens (2021), Le temps des investis. Essai sur la nouvelle question sociale (2017) et de Powerless by Design. The Age of the International Community (2000). Il a également codirigé Nongovernmental Politics (2007), avec Gaëlle Krikorian et Yates McKee et Europe at a Crossroads (2016), avec William Callison, Milad Odabeai et Aurélie Windels et coécrit Xénophobie d'en haut. Le choix d'une droite éhontée (2012), avec le collectif Cette France-là.

Guilhem FOUETILLOU : Propagations et marketing
À partir du milieu des années 2000, les acteurs du marketing et de la communication ont adopté les méthodes d'analyse des réseaux sociaux afin de les mettre au service des entreprises et des institutions. Toutefois, malgré deux décennies d'innovations et l'essor de nombreuses startups traquant les phénomènes de propagations, ces approches n'ont pas réussi à s'imposer durablement au sein de ces organisations. Paradoxalement, l'exploitation à l'échelle de ces traces numériques et de leurs réplications a été pleinement réalisée par les grandes plateformes numériques — Google et Facebook en tête — qui s'en sont saisies pour structurer l'espace informationnel du web social, en optimiser la monétisation mais aussi en altérer la transparence. Cette intervention analysera au travers de l'expérience singulière de l'un de ses acteurs, les raisons de cet échec relatif et les conséquences qu'elles ont eu en termes de dépendance aux géants du numérique.

Pascal FROISSART : Comment la théorie de la rumeur s'est-elle propagée au XXe siècle ?
Si la rumeur est un concept né dans les tréfonds du XIXe siècle, elle n'a connu sa première théorisation qu'en 1902, sous la plume d'un expert allemand en psychologie du témoignage, et sa popularisation en 1947 quand un psychologue américain fait paraitre en 1947 une "Psychology of Rumor", qui devient instantanément un classique. La popularité du concept n'est pourtant pas attribuable à de seuls phénomènes d'édition académique. Une intense campagne de promotion involontaire a pris place dans les médias américains pendant la Seconde Guerre mondiale, sous le nom de "clinique des rumeurs", d'abord dans un journal de Boston, puis dans de très nombreuses répliques partout aux États-Unis.

Gérald GAGLIO : Dissemblances et accointances entre "diffusion" et "propagations" : pour une analyse enrichie des processus d’innovation
Dans cette communication, le thème de la "diffusion des innovations", en rappelant sa critique et ses dépassements, sera mis en tension avec le modèle des propagations. Il s'agira d'abord de mettre en évidence ce qui rapproche les propagations d'un thème classique en anthropologie, popularisé par E. Rogers, mais aussi de relever ce qui les distingue. Cela permettra ensuite de revenir, à l'aide d'exemples, sur le concept d'innovation et sur son intérêt heuristique dans nos sociétés.

Frédéric KECK : Contagion, imitation et participation : anthropologie et épidémiologie de Lucien à Daniel Lévy-Bruhl
Le débat sur la contagion était au centre des débats sociologiques en France au début du vingtième siècle, entre la doctrine de Tarde fondée sur l'imitation des individus créateurs et celle de Durkheim fondée sur la participation à la conscience collective. Je montrerai que Lucien Lévy-Bruhl a trouvé une position intermédiaire dans ce débat en partant de la figure de la sentinelle dans l'affaire Dreyfus. Une sentinelle peut être définie comme un vivant à la frontière du collectif qui porte des signaux d'alerte d'un mal qui peut affecter l'ensemble du collectif et dont la rencontre est l'occasion d'inventer de nouvelles formes de justice. Je retracerai la transmission de cette figure de Lucien Lévy-Bruhl à son arrière petit-fils Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste à l'Institut National de Veille Sanitaire.

Mariannig LE BÉCHEC : Analyse sémiotique et agencement de la propagation sur les médias numériques
Des éléments visuels, des émojis, des GIFs, des mèmes se sont popularités sur les plateformes du web pour identifier des marques, des territoires, des émotions. Nous étudions les pratiques, encouragées par les plateformes, de propagation de certains éléments visuels parfois détournés. Nous reviendrons sur cet agencement par les plateformes et sur les médiations mises en place ainsi que les pratiques mobilisées pour détourner et instrumentaliser ces signes.

Jacques LÉVY : Auto-mobiles
Prendre le "point de vue" de la propagation ne conduit pas forcément à en faire un "paradigme" s'appliquant à l'ensemble du monde social. Cependant, ce point de départ peut aider les chercheurs à comprendre que le monde des humains comprend, dans sa réalité, deux faces indissociables. Il est tout autant fixe parce que mobile que mobile parce que fixe. Il est fait d'auto-mobiles pour lesquels l'identité se déploie avec et par le mouvement, ce qui veut dire aussi avec et par le changement.

Pierre LIVET : Les propagations : nouvelles focalisations, accroissement des complexités ?
Quand on nous parle de propagation, nous pensons à la diffusion d'une information, mais aussi à celle d'une épidémie, ou d'une vague de chaleur ou d'orages. Cependant, l'usage des réseaux sociaux d'informations laisse chacun de nous penser que son information est similaire à celle de tout le monde, que l'information qu'il apporte à son réseau aura pour tous le même impact qu'elle a eu pour lui-même, et que plus il est plongé dans ces flux de propagation, meilleure est son insertion sociale.
En fait, la multiplication des propagations d'information a autant de chances de se combiner avec une diversité des interprétations. Et si certaines d'entre elles deviennent dominantes, cela peut tenir à ce qu'elles renforcent nos opinions, et/ou à ce qu'elles marquent plus vigoureusement des clivages, et cela ne garantit pas qu'elles soient les plus fiables. Des clivages peuvent se former insidieusement, et si les divergences croissent peu à peu, ils peuvent finir par devenir conflictuels.
Cela ne détruit pas forcément une société, quand ces dynamiques de propagation fonctionnent aussi pour réduire les divergences — on peut se représenter cela par des lignes de propagation qui divergent d'abord, mais peuvent reconverger ensuite. Dans ce cas de figure, les propagations, même quand elles ont commencé par diverger, restent dans le même "bassin attracteur", et cette re-convergence assure que des liens sociaux qui s'étaient distendus nous maintiennent malgré tout dans une même société.
Or une des propriétés d'une société "complexe" — au sens fort du terme : "non simplifiable, non réductible à des combinaisons plus simples d'éléments" — est qu'il est possible que de petites différences ou déviations puissent en se cumulant nous faire sortir de notre "attracteur", de l'ensemble de règles et d'usages que nous sommes capables de suivre de manière collectivement compatible. Il n'est même pas exclu que certaines tentatives pour bloquer ces propagations-là, pour limiter la complexité et demeurer dans la zone de compatibilité avec le mode de vie sociale que nous parvenons à gérer, puissent avoir ces effets contraires. Nos essais de limitation des conséquences des propagations doivent eux-mêmes être prudents.

Nonna MAYER : La science politique au défi des "big data" : leur apport et leurs limites
Que font les "big data" aux sciences sociales ? La théorie des propagations est-elle le nouveau paradigme, rend-elle obsolète les approches par les structures sociales ou par les préférences individuelles, inutile la démarche hypothético déductive ? Partant de la science politique je montrerai la portée heuristique de ces nouvelles données, tout en soulignant leurs angles morts et leurs biais, et je plaiderai pour la complémentarité des approches, une data science sans exclusive.

Valère NDIOR : Qui gouverne la modération des contenus sur les réseaux sociaux ?
Cette intervention sera consacrée à une analyse critique des stratégies et référentiels affectant la modération des contenus sur les réseaux sociaux, en France comme à l'échelle internationale. L'analyse portera notamment sur la pression normative exercée par les États mais aussi par la société civile à l'égard des plateformes, sommées de mettre en œuvre des mécanismes de modération plus efficaces face à la circulation de contenus illicites, inauthentiques ou parfois simplement clivants (discours de haine, campagnes de désinformation, opérations d'influence, etc.). Cette intervention interrogera également le rôle ambivalent des réseaux sociaux qui, tout en se revendiquant comme de simples hébergeurs depuis les années 2000, mobilisent des outils techniques et para-juridiques leur conférant un pouvoir éditorial de facto. L'épisode de la suspension des comptes de Donald Trump à la suite de l'assaut du Capitole rappelle cette capacité d'action autonome, laquelle a suscité un débat quant à la légitimité de décisions privées restreignant la circulation d'informations présentées comme étant d'intérêt public. Seront finalement évoquées les caractéristiques essentielles des instruments juridiques applicables à la modération des contenus, au premier rang desquels le Règlement sur les services numériques (Digital Services Act - DSA). Ce dernier, marqué par une recomposition des rapports entre autorités publiques et acteurs privés, institue un cadre contraignant en matière de modération, de transparence et de responsabilité mais dont la mise en œuvre repose sur l'action croisée, parfois dissonante, d'une variété d'acteurs publics et privés.

Limor SHIFMAN : The Value of Internet Memes
In this talk, I will explore memes' role in political participation and cultural globalization, arguing that their power lies in a unique ability to bridge individuals and collectives. Furthermore, I will examine the relationship between memes and values, proposing that internet memes construct two types of values : general values conveyed through their content and communicative values rooted in ideals of interaction.

Guy THERAULAZ : Propagation de l'information sociale et coordination des comportements collectifs : des sociétés animales aux foules humaines
Dans cet exposé, je présenterai les principaux mécanismes impliqués dans la coordination des comportements et la propagation de l'information dans les sociétés animales (insectes sociaux et certaines espèces vivant en groupe chez les poissons et les ongulés). J'aborderai également des phénomènes collectifs similaires observés chez l'homme au cours des déplacements de foules. Je présenterai enfin certains modèles de comportements collectifs établis à partir de l'analyse des interactions sociales.


BIBLIOGRAPHIE :

• Akrich M., Callon M. & Latour B. (dir.) (2006), Sociologie de la traduction. Textes fondateurs, Paris, Presses des Mines de Paris.
• Boullier D. (2023), Propagations. Un nouveau paradigme pour les sciences sociales, Armand Colin.
• Cointet J.-P. & Parasie S. (2018), "Ce que le big data fait à l'analyse sociologique des textes. Un panorama critique des recherches contemporaines", Revue française de sociologie, 2018/3, vol. 59, p. 533-557.
• Colon D. (2023), La guerre de l'information. Les États à la conquête de nos esprits, Paris, Taillandier.
• Darwin C. (1859), The Origin of Species, Harvard University Press.
• Dennett D. C. (1995), Darwin's Dangerous Idea : Evolution and the Meanings of Life, London, Allen Lane.
• Desrosieres A. (1993), La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte.
• Didier E. (2020), America By the Numbers : Quantification, Democracy, and the Birth of National Statistics, MIT Press.
• Dulac [collectif] (2022), Pour une théorie du social, Éditions du CNRS.
• Feher M. (2017), Le temps des investis. Essai sur la nouvelle question sociale, Paris, La Découverte.
• Fillieule O. (1997), Stratégies de la rue. Les manifestations en France, Paris, Presses de Sciences Po.
• Froissart P. (2002), La rumeur. Histoire et fantasmes, Paris, Belin, coll. "Débats".
• Gaglio G. (2021), Sociologie de l'innovation, Paris, PUF, coll. "Que sais-je ?".
• Keck F. (2020), Les sentinelles des pandémies. Chasseurs de virus et observateurs d'oiseaux aux frontières de la Chine, Zones sensibles.
• Livet P. (1994), La communauté virtuelle. Action et communication, Combas, L'Éclat.
• Shifman L. (2014), Memes in Digital Culture, Cambridge, MIT Press.
• Tarde G. (2001), Les lois de l'imitation, Les empêcheurs de penser en rond.
• Theraulaz G. (2014), "Embracing the creativity of stigmergy in social insects”", Architectural Design, 84(5), p. 54-59.
• Thevenot L. (2006), L'Action au pluriel. Sociologie des régimes d'engagement, Paris, La Découverte.


SOUTIENS :

• Centre d'études européennes et de politique comparée (CEE) | Sciences Po / CNRS
Institut Robert Badinter [anciennement Institut des études et de la recherche sur le droit et la justice (IERDJ)]
Snapchat
La Fabrique de la Cité

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


"À DISTANCE ET ENSEMBLE"
NOUVELLES PERSPECTIVES SUR BEAUVOIR ET SARTRE


DU MERCREDI 16 JUILLET (19 H) AU MARDI 22 JUILLET (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre, Paris [FND57-RZ6]
Freund Gisèle (1908-2000)
(C) RMN Gestion droit d'auteur / Fonds MCC / IMEC
Localisation : Saint-Germain-la-Blanche-Herbe, IMEC


ARGUMENT :

"À distance et ensemble". C'est par ces mots que Simone de Beauvoir décrit, dans La Force de l'âge, ses échanges avec Sartre mobilisé sur le front de l'Est à partir de septembre 1939. Indépendamment de tout éloignement géographique, la formule décrit à la perfection leurs rapports, tissés de proximité, de conversations incessantes, de relectures critiques mutuelles, que contrebalance une exigence d'autonomie dans l'initiative et la réalisation de leurs productions respectives. Seuls quelques entretiens, en particulier celui de La Cérémonie des adieux, ont réuni leurs noms sur une même couverture. Par-delà l'image, sulfureuse ou idéalement libre, qu'on a pu se donner de leur relation, par-delà le mythe de gémellité soigneusement forgé par Beauvoir elle-même, le fonctionnement de ce couple mérite d'être élucidé. En quoi le déploiement de leur pensée, de leur écriture, de leur engagement, sur des terrains et des registres si divers, est-il redevable aux modalités de collaboration, de complémentarité, d'entraide, de concurrence, ou de répartition des tâches, qui s'établissent au sein de ce duo ?

Les études beauvoiriennes et sartriennes sont parvenues aujourd'hui à une connaissance approfondie des deux écrivains. Mais peu s'aventurent à saisir, dans sa complexité, sans a priori ni hiérarchie, ce couple même, "Sartrébeauvoir", étrange objet littéraire, politique, philosophique. Pour faire droit à l'actualité de ces deux œuvres polymorphes, seront réunis chercheurs et chercheuses, français et étrangers, relevant d'ancrages disciplinaires différents et intervenant selon divers formats, la place faite à la jeune recherche attestant de la vigueur et le dynamisme du champ.


MOTS-CLÉS :

Beauvoir (Simone de), Correspondances, Couple, Édition, Existentialisme, Féminisme, Littérature, Manuscrits, Philosophie, Sartre (Jean-Paul)


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 16 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 17 juillet
DES CONCEPTS ET DES IMAGINAIRES
Matin
Jean-Louis JEANNELLE : Devenir public
Juliette SIMONT : La rupture de Sartre/Beauvoir et Camus. Épilogue, 1954-1959 [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Après-midi
Louise MAI : Portraits de la rêveuse morbide : vers une politisation de l'imagination

Autour du film Les Sorcières de Salem, par Jeremy HAMERS


Vendredi 18 juillet
MATÉRIALITÉS
Matin
John IRELAND : Des interviews venues du froid : le théâtre, Moscou, 1956-1962
Jean BOURGAULT : Une morale en devenir ? La place de L'Idiot de la famille dans l'écriture sartrienne de la morale

Après-midi
Christina HOWELLS : La spirale : circularité et altération
Grégory CORMANN & Jeremy HAMERS : Les Sorcières de Salem : notes sur un film que Sartre avait en texte(s)

Réflexions autour de manuscrits de Beauvoir et Sartre, table ronde avec Jean BOURGAULT, Esther DEMOULIN et Jean-Louis JEANNELLE

Soirée
Entre attirance et répulsion : Beauvoir, Sartre et la télévision, par Catherine GONNARD (INA) et Esther DEMOULIN


Samedi 19 juillet
À LA LETTRE
Matin
Jean-François LOUETTE : Sartre, la poésie dans la prose
Claudia BOULIANE : Devenir écrivain : le mythe de l'entrée en écriture de Beauvoir et de Sartre [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Après-midi
DÉTENTE


Dimanche 20 juillet
RÉSEAUX ET RÉCEPTIONS
Matin
Jean-Christophe CORRADO : Parrainage littéraire : le cas des entremises éditoriales
Patrice MANIGLIER : Présentation de la revue Les temps qui restent

Après-midi
Élisabeth RUSSO : Des Chemins de la liberté aux Mandarins : pour une réception croisée ?
Kate KIRKPATRICK : Pas ce "French Hegel". Une réception croisée du Deuxième Sexe et de L'Être et le Néant en anglais

Soirée
Ârash AMINIAN TABRIZI & Bénédicte DUTHION : Lieux d'écritures, écritures des lieux : Beauvoir, Sartre et la Normandie


Lundi 21 juillet
GENRE, ANTHROPOLOGIE ET POLITIQUE
Matin
Autour de 68 : la place du désir chez Sartre et Beauvoir, table ronde avec Thomas BOLMAIN, Chiara COLLAMATI, Louise MAI et Hervé OULC'HEN

Après-midi
Natalie DEPRAZ : Simone de Beauvoir, une philosophe d’un nouveau genre ? Interdépendance des concepts sartriens et beauvoiriens
Cristina STOIANOVICI : Rareté beauvoirienne et rareté sartrienne : la circulation d'un concept
Esther DEMOULIN : Associées et célibataires de l'art. Réflexions sur le travail gratuit chez Beauvoir

Soirée
Histoires de traduction, table ronde avec Céline LETAWE, Nao SAWADA, Patricia WILLSON et Vincent von WROBLEWSKY


Mardi 22 juillet
Matin
RESTITUTION DES DOCTORANTS
Temps et textualité, par Samuel BUCHOUL (Université de Cambridge) et Tommaso TESTOLIN (Università di Padova)
Amitié et amour, par Ricardo MORRAIS BARROS (Université de Brasilia) et Hiroaki SEKI (Université de Rikkyo)
Qui perd gagne ?, par Lucie BOULAY (Université Bordeaux Montaigne), Chloé BOUSQUET (Université Libre de Bruxelles) et Florine BRAGAGNOLO (Université de Liège)
Des adieux en images, avec Béatrice LEFEBVRE-CÔTÉ (Université de Montréal) et Sophia MILLMAN (Princeton University)

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Grégory CORMANN
Grégory Cormann enseigne la philosophie française contemporaine et la philosophie des sciences humaines à l'université de Liège, où il codirige le centre MAP-Matérialités de la politique (UR Traverses). Il est l'auteur de Sartre. Une anthropologie politique, 1920-1980 (Peter Lang, 2021). Directeur de la revue L'Année sartrienne depuis 2006, il est membre de l'équipe Sartre de l'ITEM et a publié plusieurs manuscrits de Sartre, notamment Morale et Histoire (2005) et Les racines de l'éthique (2015). Également spécialiste des revues intellectuelles de l'après-Seconde Guerre mondiale, il a récemment consacré plusieurs articles aux relations entre Sartre et Beauvoir et à l'effet du Deuxième sexe sur la pensée française du XXe siècle, notamment au prisme des Cahiers du GRIF et de la pensée de Françoise Collin.

Esther DEMOULIN
Esther Demoulin est maîtresse de conférences en littérature du XXe siècle à l'université Paris Cité et membre du CERILAC. Elle est l'autrice de Beauvoir et Sartre. Écrire côte à côte (Impressions Nouvelles, 2024). Co-responsable avec Jean Bourgault de l'équipe "Sartre" de l'ITEM, secrétaire du Groupes d'Études Sartriennes, elle édite actuellement, en collaboration avec Sylvie Le Bon de Beauvoir les paroles et écrits féministes de Beauvoir pour les éditions Gallimard.

Jean-Louis JEANNELLE
Jean-Louis Jeannelle est Professeur de littérature du XXe siècle à Sorbonne Université et membre du CELLF-UMR 8599. Il est l'auteur de Vies mémorables. Variations littéraires sur le genre des Mémoires de la Libération à nos jours (Hermann, 2024), de Cinémalraux : essai sur l'œuvre d'André Malraux au cinéma (Hermann, 2015) et de Films sans images : une histoire des scénarios non réalisés de "La Condition humaine" (Seuil, coll. "Poétique", 2015). Il a précédemment publié Résistance du roman : genèse de "Non" d'André Malraux (CNRS Éditions, 2013), Écrire ses Mémoires au XXe siècle : déclin et renouveau (Gallimard, coll. "Bibliothèque des idées", 2008) et Malraux, mémoire et métamorphose (Gallimard, 2006) et est le co-éditeur des Mémoires de Simone de Beauvoir en Pléiade (2018).

Juliette SIMONT : La rupture de Sartre/Beauvoir et Camus. Épilogue, 1954-1959
On se placera après la retentissante brouille de Camus et Sartre, qui eut lieu en 1952, dans Les Temps Modernes, autour de la critique de L'Homme révolté et de la question du rapport au communisme — dont Sartre se rapprochait quand Camus s'en était éloigné. Quels sont les échos de ce déchirement de l'intelligence dans les œuvres ultérieures de ceux qui en furent acteurs ou témoins ? Il sera question des Mandarins de Beauvoir (1954), de La Chute de Camus (1956), des Séquestrés d'Altona de Sartre (1959) : sur des modes très différents, autant de portraits d'une génération intellectuelle confrontée à la question de ses responsabilités dans un siècle de violence.

Juliette Simont, chercheuse émérite au Fonds National de la Recherche scientifique de Belgique, a enseigné la philosophie à l'université libre de Bruxelles, a été adjointe à la direction des Temps Modernes où elle a publié de nombreuses études sur Sartre ; elle préside le Groupe d'Études sartriennes et co-dirige la revue Études sartriennes. Elle est l'autrice, notamment, de Jean-Paul Sartre. Un demi-siècle de liberté (De Boeck, 2015) ; elle a co-édité, sous la direction de J.-F. Louette, le volume des Écrits autobiographiques de Sartre en Pléiade (2010) et co-dirigé, avec Esther Demoulin et Jean-François Louette, le volume collectif "Les Temps Modernes", d'un siècle l'autre (Les Impressions Nouvelles, 2023) ; elle contribue à la revue Les Temps qui Restent.


Ârash AMINIAN TABRIZI
Ârash Aminian Tabrizi est doctorant en Littérature comparée à New York University. Sa thèse porte sur les écrits de jeunesse de Jean-Paul Sartre.

Thomas BOLMAIN
Thomas Bolmain est docteur en philosophie de l'ULiège (2011), collaborateur scientifique de cette université, et maître-assistant en haute école. Depuis une thèse consacrée à la présence de Kant chez Michel Foucault, ses recherches et publications portent sur la philosophie française contemporaine, et tout particulièrement Sartre, ainsi que sur la psychanalyse lacanienne et l'histoire du marxisme. Sur le portail Cairn, on lira, entre autres, "Le silence et la faim. Note sur Robert Linhart", Dérivations, n°9 ; ""Ils discouraient morts…". Sartre et l'institution de Kierkegaard", Collamati C., Oulc'Hen H. (éds.), L'institution instable, Hermann ; ou encore, bientôt, "À propos d'une bévue. Le jeune Foucault, Sartre et la critique du sujet de la psychologie" (à paraître dans les actes de la journée d'étude "Les cercles de la subjectivité", Paris-Nanterre).

Claudia BOULIANE : Devenir écrivain : le mythe de l'entrée en écriture de Beauvoir et de Sartre
Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ont tous deux raconté, l'une dans ses Mémoires d’une jeune fille rangée (1958) et l'autre dans Les Mots (1963), comment, enfants, ils se sont mis à écrire. Si le second a réfléchi au mythe du "grand écrivain" qui a orienté son entrée en écriture, la première n'a guère précisé sur quel récit fondateur s'appuyait sa démarche scripturale. Dans cette communication, il s'agit de retracer l'évolution d'un mythe littéraire de l'avènement à l'écriture qui pourrait être à l'origine du devenir-écrivaine de Beauvoir. De Homère à Alain-Fournier, en passant par Montaigne, et jusqu'aux Inséparables, ce parcours dégagera donc les contours d'une figure mythique traversant les époques : l'ami survivant d'un duo d'inséparables qui hérite d'un devoir de mémoire et de témoignage, qui devient écrivain pour raconter leur "parfaite amitié".

Claudia Bouliane est professeure agrégée à l'université d'Ottawa. Ses recherches menées suivant l'approche de la sociocritique des textes portent sur la littérature française des XXe et XXIe siècles et traitent des représentations littéraires de la ville, de l'adolescence et du tourisme de masse. Elle a publié L'Adolescent dans la foule : Aragon, Nizan, Sartre aux Presses de l'université de Montréal en 2018 et de nombreux articles dans plusieurs revues savantes. Elle est directrice de la collection des Archives des lettres canadiennes et rédactrice en chef de la revue Simone de Beauvoir Studies.

Jean BOURGAULT
Jean Bourgault est agrégé de philosophie, docteur en philosophie (L'Invention de la méthode dans la philosophie de Jean-Paul Sartre). Il a enseigné cette discipline durant 38 ans dans divers lycées, dont 12 années dans la Khâgne classique du lycée Condorcet, à Paris. Auteur de nombreux articles sur Sartre, il a publié un certain nombre de textes inédits de cet auteur, dont, avec Grégory Cormann, Les Racines de l'éthique (Études sartriennes, n°19, 2015). Il a été membre du comité de rédaction des Temps Modernes et est membre du comité de rédaction des Études sartriennes. Il co-anime, avec Esther Demoulin, le "groupe Sartre" de l'ITEM (CNRS/ENS). Il est le co-fondateur, avec Yann Mouton, d'une jeune maison d'édition : Les Grands Détroits.

Chloé BOUSQUET
Chloé Bousquet est doctorante en philosophie depuis 2022 à l'université libre de Bruxelles, où elle prépare une thèse sur la phénoménologie de l'image de Sartre, sous la direction de Vincent de Coorebyter (ULB) et la co-direction de Nicolas Monseu-Van Cleemput (Université de Namur). Son travail de thèse s'intitule La Phénoménologie de l'image de Sartre : une réévaluation de l'interprétation sartrienne de Husserl. Elle est membre du Groupe d'études sartriennes et participe également aux travaux du groupe de recherche Aesthetics & Critique (Université de Fribourg). Elle a publié "La direction symbolique de l'analogon chez Sartre. Un éclairage sur L'Imaginaire à partir de L'Idiot de la famille", Études sartriennes, n°28, "Intertextualité de L'Idiot de la famille", 2024.

Florine BRAGAGNOLO
Florine Bragagnolo est doctorante en philosophie à l'université de Liège (F.R.S.-FNRS). Elle réalise une thèse sur l'acceptation sociale de la défiguration, dirigée par Grégory Cormann (ULiège) et Nathalie Grandjean (UCLouvain), intitulée "Regarder les visages défigurés. Une analyse butlerienne du Service de chirurgie maxillo-faciale du CHU d'Amiens et de l'Institut Faire Faces".

Chiara COLLAMATI
Chiara Collamati est maîtresse de conférences à l'université de Liège, où elle co-dirige le Centre de Recherches sur les Matérialités de la Politique (MAP). Parmi ses publications : Le Passé qui vient. Essai sur la philosophie politique de J.-P. Sartre (Vrin 2024) et Dall'Apocalisse all'istituzione. Sartre filosofo politico (Mimesis 2024).

Jean-Christophe CORRADO
Ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de lettres modernes et docteur, Jean-Christophe Corrado est l'auteur de nombreux travaux consacrés à Jean Genet, notamment Dans les choses plus que les choses. L'Imaginaire de Jean Genet, paru à La Baconnière en 2024, et Genet lyrique. Écriture du moi, amour et célébration chez le premier Genet, qui sera disponible en janvier 2025 chez Sorbonne Université Presses. Outre Genet, il a consacré des travaux à André Gide, Julien Green, Simone de Beauvoir et Marcel Jouhandeau. Il a enseigné successivement à Sorbonne Université, l'université polytechnique des Hauts-de-France et Nantes Université.

Jeremy HAMERS
Jeremy Hamers enseigne le cinéma documentaire et l'éducation aux médias à l'université de Liège où il dirige l'Unité de recherches Traverses. Il est l'auteur de nombreux articles sur le cinéma documentaire allemand, sur la Théorie critique de l'École de Francfort et sur ses héritages hétérodoxes en théorie des médias. Outre le n°84 de la revue Quaderni consacré à la radicalité ouvrière (co-dir. G. Geuens, 2014) et le n°69 des Cahiers d’études germaniques (co-dir. G. Cormann et C. Letawe, 2015) consacré à l'œuvre écrite et audiovisuelle d'Alexander Kluge, il a codirigé avec C. Letawe l'ouvrage Hans Magnus Enzensberger. Jeu de construction pour une théorie des médias (Les presses du réel, 2021), le vol. 9 de la revue Captures consacré aux "esthétiques du ratage" (co-dir. L. Jousten, F. Monvoisin, D. Tomasovic), et le vol. 33 de la revue Symploke, intitulé "Transparency" (co-dir. I. Mayeur, F. Provenzano, E. Schurgers, J. Teurlings, à paraître en 2025). Avec Grégory Cormann, il a signé plusieurs articles consacrés notamment à la Théorie critique, à l'œuvre littéraire et cinématographique d'Alexander Kluge, et aux films de Werner Herzog.

Christina HOWELLS : La spirale : circularité et altération
Cette communication propose une relecture du Sartre tardif à travers la figure de la spirale, image-clé mais négligée de sa pensée dialectique. Plutôt que simple métaphore, la spirale incarne un modèle d'évolution ouverte, non linéaire, articulée autour des notions de totalisation sans totalisateur, de praxis et de pratico-inerte. À partir du tome II de La Critique de la raison dialectique et de L'Idiot de la famille, deux études de cas — Staline et Flaubert — permettent de montrer comment la spirale personnalise, ou sclérose. Là où Staline s'effondre dans une rigidité mortifère, pris au piège de ses propres structures, Flaubert, lui, parvient à intégrer ses contradictions dans l'œuvre d'art. En filigrane, cette lecture conteste les caricatures habituelles du sujet sartrien, trop souvent réduit à une liberté désincarnée. Au contraire, il s'agit ici de penser la liberté à partir de la situation, dans toute sa complexité historique et matérielle. Loin de toute synthèse hégélienne, la spirale sartrienne invite à une pensée du détour, de la répétition transformée — et peut-être, du salut.

Christina Howells est professeur à l'université d'Oxford (Grande Bretagne) et Fellow de Wadham College. Co-fondatrice (avec Michael Scriven) de la revue Sartre Studies International, elle est l'auteur de Sartre's Theory of Literature (MHRA, 1979), Sartre : The Necessity of Freedom (CUP, 1988), Derrida : From Phenomenology to Ethics (Polity Press, 1998), et Mortal Subjects : Passions of the Soul in Late Twentieth-Century French Thought (Polity Press, 2011). Elle a aussi dirigé deux recueils sur Sartre, The Cambridge Companion to Sartre (CUP, 1992) et Sartre (Longman, 1995), ainsi que French Women Philosophers : A Contemporary Reader (Routledge, 2003), et (avec Gerald Moore) Siegler and Technics (Edinburgh UP, 2013).

John IRELAND : Des interviews venues du froid : le théâtre, Moscou, 1956-1962
La traduction récente de deux interviews théâtrales inédites données par Sartre à Moscou en 1956 et 1962 me permet d'interroger le phénomène récurrent des inédits parmi ses interviews théâtrales, symptôme d'une ambivalence curieuse par rapport au théâtre. Cette communication explore une nouvelle stratégie de Sartre face à un public soviétique, mais aussi les nouveautés apportées par ces interviews dont une appréciation élogieuse, jamais formulée ailleurs, du TNP de Jean Vilar. Et parlant des spectacles sur la guerre d'Algérie, Sartre passe sous silence Les Paravents de Genet, élision révélatrice d'un désaccord séparant les deux dramaturges au cours des années 1960. Le rôle discret mais capital de Beauvoir qui accompagne Sartre à Moscou, mis au jour dans la deuxième partie de La Force des choses permet également un nouvel éclairage du thème de ce colloque : "À distance et ensemble".

John Ireland enseigne la littérature française et francophone à l'université d'Illinois à Chicago. Ancien président de la North American Sartre Society et ancien Executive Editor, Sartre Studies International, il est membre associé du groupe Sartre de l'ITEM (CNRS-ENS) qui a édité le Théâtre complet de Sartre (Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade", 2005). Spécialiste du théâtre contemporain, il a aussi publié Sartre, un art déloyal : théâtralité et engagement (Jean-Michel Place, 1994), une édition bilingue de Noureddine Aba, La récréation des clowns / Clowns at Play (L'Harmattan, 2021) et Theater, War, and Memory in Crisis : Vichy, Algeria, the Aftermath (University of Michigan Press, 2025).

Kate KIRKPATRICK : Pas ce "French Hegel". Une réception croisée du Deuxième Sexe et de L'Être et le Néant en anglais
Pendant une grande partie du vingtième siècle, Beauvoir a été exclue des débats philosophiques de l'existentialisme en anglais, et son existentialisme a souvent été minimisé dans les comptes-rendus philosophiques de son féminisme. Il est donc difficile de trouver des "réceptions croisées de L'Être et le Néant et du Deuxième Sexe en tant qu'œuvres philosophiques qui s'engagent profondément dans les deux. Depuis les œuvres d'Eva Lundgren-Gothlin et de Nancy Bauer, plusieurs interprètes philosophiques du Deuxième Sexe ont partagé l'hypothèse que le Deuxième Sexe est hégélien. Selon ses lectures la "question Hegel" trouve sa meilleure réponse dans une lecture de Beauvoir à travers le "Hegel français" d'Alexandre Kojève. Après avoir exposé ce débat, je propose trois arguments pour démontrer que ce n'est pas ce "French Hegel" qui éclaire le mieux Le Deuxième Sexe.

Kate Kirkpatrick est Fellow et directrice d'études en philosophie à Regent's Park College (Université d'Oxford). Elle a écrit sur la phénoménologie et l'existentialisme français. Sa biographie de Simone de Beauvoir, Devenir Beauvoir. La force de la volonté (Flammarion, 2020) était un des "livres de l'année" pour Lire, Le Magazine littéraire, et l'un des meilleurs essais parus en 2020 selon Télérama ; l'ouvrage est paru en poche en 2023 dans la collection "Champs". Kate Kirkpatrick a publié par ailleurs : Sartre on Sin : Between Being and Nothingness, Oxford University Press, 2017 ; "Expectant Anxiety", in Liesbeth Schoonheim et Karen Vintges (dir.), Beauvoir and Politics : A Toolkit, Abingdon, Routledge, 2023 ; "Beauvoir and Sartre's "Disagreement" about Freedom", Philosophy Compass, 18(11), 2023, p. 1-14 ; "Femininity, Love, and Alienation : The Genius of The Second Sex", Journal of the British Academy, 12(1/2), 2024, p. 1-26.

Béatrice LEFEBVRE-CÔTÉ
Béatrice Lefebvre-Côté est docteure en littératures de langue française de l'université de Montréal et de l'université Sorbonne Nouvelle. Sa thèse, intitulée "De soi et des autres : entrelacs de l'intime et du collectif dans les écritures de soi contemporaines", porte notamment sur les œuvres de Simone de Beauvoir, de François Bon, d'Emmanuel Carrère, d'Annie Ernaux et de Georges Perec. Son mémoire de maîtrise, complété en 2019, était quant à lui consacré à l'ethos d'une transfuge intellectuelle dans l'œuvre d'Annie Ernaux. Elle enseigne à présent la littérature au Cégep de Rimouski (Canada).

Céline LETAWE
Céline Letawe est docteure en philosophie et lettres (orientation "langues et littératures germaniques") et titulaire d'un diplôme d'études spécialisées en traduction. Elle enseigne la traduction et la traductologie à l'université de Liège depuis 2011. Membre du CIRTI (Centre Interdisciplinaire de Recherches en Traduction et en Interprétation), elle concentre ses recherches sur la visibilité des traducteurs, la traduction collective et le transfert de théorie. Elle collabore au projet SITRAD (Simenon en traductions, 2024-2026).

Jean-François LOUETTE : Sartre, la poésie dans la prose
Sartre a plusieurs fois critiqué la prose poétique : chantante, évanescente, décadente. À la Barrès, d'un mot. Pourtant, comme souvent, la pratique sartrienne déjoue sa théorie. Dans La Nausée et dans Le Sursis, textes qui formeront le corpus principal de l'analyse, la prose de Sartre, ici et là du moins, multiplie, dans le sillage de Baudelaire, les synesthésies de type symboliste, ainsi que les effets de musicalisation. Elle évoque et parfois cite des chansons, la plus célèbre étant un air de jazz, "Some of these days". Mais quel rôle peut revenir aux chansons dans Le Sursis, dès lors que Sartre prétend devenir un romancier politique ?

Ancien élève de l'École Normale Supérieure, Jean-François Louette a enseigné aux universités de Grenoble, de Lyon, et de la Sorbonne. Pour la Bibliothèque de la Pléiade, il a dirigé les éditions des romans et récits de Bataille (2004), des écrits autobiographiques de Sartre (2010), et d'un choix de romans de Dieu la Rochelle (2012), et collaboré aux éditions du théâtre complet de Sartre, des Mémoires de Beauvoir ainsi que des œuvres de Victor Segalen. Il a publié plusieurs ouvrages sur Sartre, le dernier s'intitulant Sartre et Beauvoir, roman et philosophie (La Baconnière, 2019).

Louise MAI
Agrégée de lettres modernes et ancienne élève de l'École Normale Supérieure, Louise Mai mène une thèse sur la critique sartrienne des savoirs psychiatriques à Sorbonne Université sous la direction de Jean-François Louette. Elle a notamment publié deux articles à ce sujet : "La "solution hystérique". L'Idiot de la famille dans le contexte de l'antipsychiatrie", Études sartriennes, n°28, 2024, et "Herméneutique du regard médico-légal. Faits divers et criminologie, des sœurs Papin à l'"Érostrate" de Sartre", Soin, Sens et Santé. An International Journal of Health Humanities, n°1, 2024.

Patrice MANIGLIER
Patrice Maniglier est maître de conférences au Département de Philosophie de l'université Paris Nanterre ainsi que, pour une part de son enseignement, au Département d'Arts du Spectacle. Spécialiste de philosophie française contemporaine, de philosophie des sciences sociales (surtout linguistique et anthropologie), d'esthétique et de théorie du cinéma, il est notamment l'auteur de La Vie énigmatique des signes : Saussure et la naissance du structuralisme (2006), Le Vocabulaire de Lévi-Strauss (Ellipses, 2002), La Perspective du Diable, Figurations de l'espace et philosophie, de la Renaissance à Rosemary's Baby (Actes Sud, 2010), Foucault va au cinéma (Bayard, 2011), La Philosophie qui se fait (Cerf, 2019), La Terre, le philosophe et le virus, Bruno Latour expliqué par l'actualité (Les Liens Qui Libèrent, 2021), Sœurs, Pour une psychanalyse féministe (avec Silvia Lippi, Seuil, 2023). On pourra consulter ses publications sur https://u-paris10.academia.edu/PatriceManiglier. Il co-dirige la collection "MétaphysiqueS" aux Presses universitaires de France et, après avoir fait partie du comité de rédaction de la revue Les Temps Modernes, il a lancé Les temps qui restent.

Sophia MILLMAN
Sophia Millman est doctorante au sein du département de français et d'italien de l'université de Princeton et boursière d'échange à l'École normale supérieure. Sa thèse porte sur le style tardif de Simone de Beauvoir, Agnès Varda, Maryse Condé et Annie Ernaux. Ses articles récents ont été publiés dans La Revue des lettres modernes et Women in French Studies, et son prochain article sera publié dans The French Review. Elle est également responsable des recensions de la revue Simone de Beauvoir Studies.

Hervé OULC'HEN
Hervé Oulc'hen est agrégé et docteur en philosophie. Il enseigne en Classes préparatoires à Poitiers. Il est secrétaire du Groupe d'Études Sartriennes et membre de l'ITEM – Institut des textes et manuscrits modernes. Ses recherches portent notamment sur la théorie sociale de Sartre, en dialogue avec les sciences sociales, la théorie critique et la philosophie française contemporaine. Entre autres publications, il est l'auteur de deux essais, Sartre et le colonialisme. La Critique d'un système (Éditions La Digitale, 2015), L'Intelligibilité de la pratique. Althusser, Foucault, Sartre (Presses universitaires de Liège, 2017). Il a dirigé deux ouvrages collectifs, Usages de Foucault (PUF, 2014) et, en codirection avec Chiara Collamati, L'Institution instable. Parcours critiques à partir de Jean-Paul Sartre (Hermann, 2021).

Élisabeth RUSSO : Des Chemins de la liberté aux Mandarins : pour une réception croisée ?
La réception croisée du cycle romanesque de Sartre Les Chemins de la liberté et du roman de Simone de Beauvoir Les Mandarins ne va pas de soi en littérature. Il arrive évidemment que le nom de l'un ou de l'autre apparaisse au détour d'une critique, d'une notice de sa ou de son petit camarade. Mais c'est davantage en philosophie que leurs œuvres et leurs pensées sont confrontées. Toutefois, les années 1980 ont vu paraître des travaux majeurs sur Sartre en littérature, grâce notamment aux contributions de Michel Contat et Geneviève Idt. Quant à Beauvoir, Jean-François Louette est pour beaucoup dans la reconsidération littéraire de ses romans. Il s'agira de cheminer dans l'histoire de cette réception croisée problématique, de la parution des œuvres (1945-1954) jusqu'à notre époque, voire d'imaginer des sujets comme autant de pistes de confrontation ou de fictions d'une réception future.

Élisabeth Russo est agrégée de Lettres modernes, docteure en Littérature française de Sorbonne Université. Elle a soutenu une thèse de doctorat sur l'écriture romanesque de la virilité dans les années 1940 et 1950, sous la direction de Jean-François Louette. Ses récents travaux concernent la place des femmes journalistes dans les années 1950.

Nao SAWADA
Nao Swada est docteur en philosophie à l'université de Paris I, Panthéon-Sorbonne et professeur à l'université Rikkyo (Tokyo). Il a notamment publié en japonais : La littérature française du XXème siècle au prisme de Sartre (2019) et L'Appel à l'aventure. Lecture éthique de Sartre (2002), et a traduit en japonais Les Mots, L'Imaginaire, Les Chemins de la liberté et L'idiot de la famille de Sartre.

Hiroaki SEKI
Hiroaki Seki est docteur en lettres et chercheur à l'université de Rikkyo, Japon. Il a soutenu une thèse intitulée "Idées de la littérature chez Jean-Paul Sartre : des tensions sans système ?" à Sorbonne Université sous la direction de Jean-François Louette. Ses recherches portent principalement sur la notion de littérature, en lien étroit avec la philosophie. Il est l'auteur de plusieurs articles, dont "Sartre et la figure de Cassandre" (International Sartre Studies, 2017), "Humanisme et la question du langage : Sartre lecteur de Brice Parain" (ibid., 2020), "The Discovery of the Other in Post-War Japan : Two Sartreans on Kyoto School and Zainichi Koreans" (co-écrit avec Kobayashi Nariaki, dans Sartre and the International Impact of Existentialism, 2020), "Pensée, image et langage. Sartre et Henri Delacroix" (Études sartriennes, 2021) et "Oe Kenzaburo and Pursuit of Authenticity through the Imagination : Creolizing Sartre in Japan ?" (Creolizing Sartre, 2023).

Cristina STOIANOVICI
Cristina Stoianovici prépare actuellement une thèse sur la rareté dans la Critique de la Raison dialectique de Sartre à Paris 1 Panthéon Sorbonne, sous la direction de Jocelyn Benoist.

Patricia WILLSON
Patricia Willson est traductrice et docteure en lettres. Elle est l'autrice de La Constelación del Sur. Traductores y traducciones en la literatura argentina del siglo veinte (2004, 2017) et de Página impar. Textos sobre la traducción en Argentina : conceptos, historia, figuras (2019), ainsi que la co-éditrice de volumes collectifs sur la traduction. Elle a été enseignante à l'université de Buenos Aires, le Colegio de México et l'université de Liège. Elle a traduit, entre autres, Gustave Flaubert, Paul Ricœur, Roland Barthes, Jean-Paul Sartre, Mary Shelley, Mark Twain, Rudyard Kipling et Slavoj Zizek. Elle est membre du CIRTI à l'ULiège.

Vincent von WROBLEWSKY
Vincent von Wroblewsky est philosophe et traducteur. Il fut chercheur à l'Académie des Sciences de RDA jusqu'en 1990 ; de 1991 à 2005 il fut responsable de l'édition de l'œuvre de Sartre aux éditions Rowohlt et en assura la traduction ; de 1993 à 2023, président de la Société Sartre en Allemagne. Il a publié notamment : Eine unheimliche Liebe - Juden in der DDR (Éditions Philo, 2001), traduit en français en 2005 sous le titre Un étrange amour - Être juif en RDA (Paris, Champion) ; Pourquoi Sartre ? (Bordeaux, Le Bord de l'Eau, 2005, en allemand : Lebendiger Sartre - 115 Begegnungen, Berlin, BasisDruck, 2009). Son travail de traduction du français vers l'allemand est important : notamment Sartre, Camus, Julia Kristeva, récemment Boualem Sansal.


BIBLIOGRAPHIE :

• Bourgault Jean et Jeannelle Jean-Louis, Sartre-Beauvoir : genèses croisées, Genesis, n°53, 2021.
• Celeux Anne-Marie, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir : une expérience commune, deux écritures, Paris, Nizet, 1986.
• Contat Michel, "Sartre/Beauvoir, mythe et réalité d'un couple", dans Pour Sartre, Paris, Presses universitaires de France, coll. "Perspectives critiques", 2008, p. 491-527.
• Contat Michel, "La collaboration Beauvoir-Sartre", dans Tom Bishop et Caroline Girard (dir.), Simone de Beauvoir, Centennial Conference, New York, The Center for French Civilization and Culture New York University, 2009, p. 184-202.
• Contat Michel, "Beauvoir et Sartre : c'est Castor et Pollux", dans Liliane Lazar (dir.), L'Empreinte Beauvoir. Des écrivains racontent, Paris, L'Harmattan, 2009, p. 199-210.
• Cormann Grégory, ""Madame de Beauvoir, c'est moi". Une archéologie féministe de la pensée française contemporaine (Sartre, Lévi-Strauss, Bourdieu)", Veritas, vol. 63, n°2, mai-août 2018, p. 640-672 (repris dans Grégory Cormann (dir.), L'Année sartrienne, n°33, juin 2019, p. 7-22).
• Daigle Christine et Golomb Jacob (dir.), Beauvoir & Sartre. The Riddle of Influence, Bloomington, Indiana University Press, 2009.
• Demoulin Esther, Beauvoir et Sartre. Écrire côte à côte, Les Impressions Nouvelles, 2024.
• Jeannelle Jean-Louis et Lecarme-Tabone Éliane (dir.), Simone de Beauvoir, Paris, Éditions de l'Herne, 2012.
• Gothlin Eva, "Beauvoir et Sartre : deux philosophies en dialogue", dans Christine Delphy et Sylvie Chaperon (dir.), Cinquantenaire du "Deuxième Sexe", Paris, Syllepse, 2002, p. 113-120.
• Idt Geneviève et Louette Jean-François, "Sartre et Beauvoir épistoliers en guerre : Voilà de la lettre ou non ?", Études sartriennes, n°5, 1993, p. 69-91.
Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, film de Max Cacopardo, commentaires de Madeleine Gobeil et Claude Lanzmann, 1967.
• Kail Michel, Beauvoir et Sartre. Pour un matérialisme féministe, Paris, PUF, 2023.
• Kirkpatrick Kate, Devenir Beauvoir : la force de la volonté, trad. Clotilde Meyer, Flammarion, 2023.
• Kruks Sonia, "Simone de Beauvoir : between Sartre and Merleau-Ponty", Simone de Beauvoir Studies, vol. 5, 1988, p. 74-80, traduit dans Les Temps modernes, n°520, novembre 1989, p. 81-103.
• Lecarme-Tabone Éliane, "Le couple Beauvoir-Sartre devant la critique féministe", Les Temps modernes, n°619, 2002/3, p. 19-42.
• Louette Jean-François, Sartre et Beauvoir, roman et philosophie, Genève, La Baconnière, 2019.
• Meo Patricia de, Dalhousie French Studies, vol. 9, 1986, "Perspectives sur Sartre et Beauvoir", dir. Patricia de Meo.
• Poisson Catherine, Sartre et Beauvoir : du "je" au "nous", Amsterdam/New York, Rodopi, 2002.
• Rouch Marine, "Chère Simone de Beauvoir". Vies et voix de femmes "ordinaires". Correspondances croisées 1958-1986, Paris, Flammarion, 2024.
Simone de Beauvoir Studies, vol. 8, 1991, "The Legacy of Simone de Beauvoir and Jean-Paul Sartre".
Simone de Beauvoir Studies, vol. 20, 2003-2004, "The Talk of the Town: Beauvoir and Sartre".
• Teroni Sandra et Vannini Andrea, Sartre e Beauvoir al cinema, Firenze, La Bottega del cinema, 1989.


PARTENARIAT :

• Institut national de l'audiovisuel (INA)


SOUTIENS :

Faculté des Lettres | Sorbonne Université
• Centre d'études et de recherches interdisciplinaires en lettres, arts et cinéma (CERILAC, URP 441) | Université Paris Cité
Cité du Genre (IDEX) | Université Paris Cité
• Institut des textes et manuscrits modernes (ITEM, UMR 8132) | CNRS / ENS
• Fonds de la recherche scientifique (F.R.S.-FNRS)
• Unité de recherches TRAVERSES | Université de Liège (ULiège)
• Groupe d'études Sartriennes (GES)

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LES CHEMINS CRÉATIFS DE LA CRITIQUE : LITTÉRATURE, CRÉATION, ACTION !


DU LUNDI 7 JUILLET (19 H) AU DIMANCHE 13 JUILLET (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


Fragments du plan en marbre de la Rome antique (1754-1756),
Giovanni Battista Piranesi © Yves Bresson / Musée d'art moderne
et contemporain de Saint-Étienne Métropole


ARGUMENT :

Près de soixante ans après la décade fondatrice de Cerisy, le temps semble de nouveau venu de se rassembler autour des "chemins actuels de la critique", pour rendre compte d'une tendance profonde du contemporain. Depuis le début du XXIe siècle en effet, concomitamment à l'entrée de la création littéraire dans les programmes universitaires français, les discours théoriques et critiques sur la littérature sont le lieu d'expérimentations qui contestent les partages traditionnels entre œuvre et commentaire, pratique et théorie, expérimentation et transmission ou encore écriture et réception.

De ces formes créatives de la critique littéraire, on esquissera la carte et le répertoire. On interrogera leurs dynamiques, entre et par-delà les disciplines, ainsi que leurs généalogies croisées où se mêlent la rhétorique, la théorie littéraire, la tradition de l'essai, du poème critique, la fiction théorique mais aussi la recherche-création et la recherche-action. Et l'on se demandera ce que, au juste, cette création critique fabrique. Où et comment s'écrit-elle, s'enseigne-t-elle, se publie-t-elle ? Comment travaille-t-elle à la convergence de l'université, de la littérature et des autres espaces sociaux ? Comment s'articule-t-elle aux débats théoriques, aux luttes et aux urgences actuelles ?

Enquête sur les territoires et les terrains des critiques créatives, ce colloque en sera aussi bien le laboratoire vivant, l'occasion d'en discuter collectivement le projet et d'en essayer les possibles.


MOTS-CLÉS :

Cartographie, Conférence-performance, Création critique, Expérimentations pédagogiques, Nouvelles formes d'édition en SHS, Recherche-action, Recherche-création, Théorie littéraire


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 7 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 8 juillet
Matin
Introduction et présentation des ateliers, par Adrien CHASSAIN, Jérôme DAVID, Nancy MURZILLI & Myriam SUCHET

Atelier Archives 66, ouverture par Charles COUSTILLE et Mathieu MESSAGER

Après-midi
Atelier Atlas, ouverture par Adrien CHASSAIN, Yves CITTON et Gabriele STERA

En parallèle :
• Atelier Bolo'bolo, animé par Pauline NOBLECOURT et Anne-Frédérique SCHLÄPFER
• Atelier Interpolation, animé par Pierre BAYARD, ChatGpt, Sophie RABAU et Myriam SUCHET

Ateliers Jeu de rôle "L'université d'après", ouverture par Yves CITTON, Charles COUSTILLE, Raphaëlle GUIDÉE, Jacob JEAN-JACQUES, Nancy MURZILLI et Sophie PRINSSEN

En parallèle :
• Atelier Wandering books, animé par Sophie RABAU
• Atelier de fabrication du Fanzine, animé par Benjamin ROUX, Myriam SUCHET et Yann TRIVIDIC, avec Pauline NOBLECOURT et Sophie PRINSSEN


Mercredi 9 juillet
Matin
En parallèle :
Pour une pensée mouvementée : séance d'échauffement inspirée par le travail chorégraphique de Loïc Touzé, Rémi Héritier et Alice Chauchat, par Axelle DELAGORCE et Laureline RICHARD
• Atelier Bolo'bolo, animé par Pauline NOBLECOURT et Anne-Frédérique SCHLÄPFER

Temps du matin, animé par Jacob JEAN-JACQUES

En parallèle :
• Ateliers Jeu de rôle "L'université d'après", animés par Yves CITTON, Charles COUSTILLE, Raphaëlle GUIDÉE, Jacob JEAN-JACQUES, Nancy MURZILLI et Sophie PRINSSEN
• Atelier Interpolation, animé par Pierre BAYARD, ChatGpt, Sophie RABAU et Mireille SÉGUY

Après-midi
En parallèle :
• Atelier Autothéorie, animé par Jérôme DAVID, Maryline HECK, Alice LECLERCQ, Nancy MURZILLI, Olivia ROSENTHAL, Laurane TRAVAGLI-CHANAL et Marie-Jeanne ZENETTI
• Atelier Écrire avec les pieds, animé par Madeleine AKTYPI et Magali NACHTERGAEL

En parallèle :
• Atelier Wandering books, animé par Sophie RABAU
• Atelier de fabrication du Fanzine, animé par Benjamin ROUX, Myriam SUCHET et Yann TRIVIDIC, avec Pauline NOBLECOURT et Sophie PRINSSEN

Soirée
Performance Spectres de Cerisy, par Alexandra SAEMMER
Performance Work in progress, par Eryck ABECASSIS et Olivia ROSENTHAL


Jeudi 10 juillet
Matin
En parallèle :
Pour une pensée mouvementée : séance d'échauffement inspirée par le travail chorégraphique de Loïc Touzé, Rémi Héritier et Alice Chauchat, par Axelle DELAGORCE et Laureline RICHARD
• Atelier Bolo'bolo, animé par Pauline NOBLECOURT et Anne-Frédérique SCHLÄPFER

Temps du matin, animé par Cyril PUERTOLAS

En parallèle :
• Atelier Autothéorie, animé par Jérôme DAVID, Maryline HECK, Alice LECLERCQ, Nancy MURZILLI, Olivia ROSENTHAL, Laurane TRAVAGLI-CHANAL et Marie-Jeanne ZENETTI
• Atelier Atlas, animé par Adrien CHASSAIN, Yves CITTON et Gabriele STERA

Après-midi
DÉTENTE


Vendredi 11 juillet
Matin
En parallèle :
Pour une pensée mouvementée : séance d'échauffement inspirée par le travail chorégraphique de Loïc Touzé, Rémi Héritier et Alice Chauchat, par Axelle DELAGORCE et Laureline RICHARD
• Atelier Bolo'bolo, animé par Pauline NOBLECOURT et Anne-Frédérique SCHLÄPFER

Temps du matin, animé par Salomé FAUVINET, Éléonore GAUDRY et Marion OLIVEIRA

Outroduction de l'atelier Autothéorie, animée par Jérôme DAVID, Maryline HECK, Alice LECLERCQ, Nancy MURZILLI, Olivia ROSENTHAL, Laurane TRAVAGLI-CHANAL et Marie-Jeanne ZENETTI

Après-midi
En parallèle :
• Atelier Atlas, animé par Adrien CHASSAIN, Yves CITTON et Gabriele STERA
• Ateliers Jeu de rôle "L'université d'après", animés par Yves CITTON, Charles COUSTILLE, Raphaëlle GUIDÉE, Jacob JEAN-JACQUES, Nancy MURZILLI et Sophie PRINSSEN

Outroduction de l'atelier Atlas, animée par Adrien CHASSAIN, Yves CITTON et Gabriele STERA

En parallèle :
• Atelier Wandering books, animé par Sophie RABAU
• Atelier de fabrication du Fanzine, animé par Benjamin ROUX, Myriam SUCHET et Yann TRIVIDIC, avec Pauline NOBLECOURT et Sophie PRINSSEN

Soirée
Performance de Charles COUSTILLE
Bibliomancie, avec Marie-Jeanne ZENETTI


Samedi 12 juillet
Matin
Temps du matin, animé par Yves CITTON, Arilys JIA, Mathieu PICQUENOT et Gabriele STERA

Théâtre invisible, avec la Compagnie Kiroul (incluant un "déjeuner sur l'herbe") : Émilie CANNIAUX, Mariette DELINIÈRE, Marion DUPOUY MASON, Léa ORIOL, Cyril PUERTOLAS, François SINAGRA, Valérie TACHON, Dimitri VOTANO et Martin VOTANO

Après-midi
Éditions d'espace, par Benjamin ROUX

Outroduction des ateliers Jeu de rôle "L'université d'après", animée par Yves CITTON, Charles COUSTILLE, Raphaëlle GUIDÉE, Jacob JEAN-JACQUES, Nancy MURZILLI et Sophie PRINSSEN

Atelier de fabrication du Fanzine, animé par Benjamin ROUX, Myriam SUCHET et Yann TRIVIDIC, avec Pauline NOBLECOURT et Sophie PRINSSEN


Dimanche 13 juillet
Matin
Assemblage et distribution du Fanzine

Outroduction d'ensemble et discussion générale, animée par Adrien CHASSAIN, Jérôme DAVID, Nancy MURZILLI & Myriam SUCHET

Après-midi
DÉPARTS


MODULES THÉMATIQUES / RUBRIQUES :

Archives 66
L'intitulé de ce colloque fait écho à une rencontre qui s'est tenue à Cerisy en 1966 : Les chemins actuels de la critique. Désormais célèbre dans les études littéraires, ce colloque a aussi laissé des traces sur place et dans les alentours. Les archives en sont déposées à l'IMEC ; il existe des photographies prises à cette occasion, à l'intérieur du Château ou dans le parc ; des volumes de la bibliothèque de Cerisy, parfois dédicacés, en portent encore témoignage. Le module se mettra en quête de ces empreintes — et de leurs échos, qu'on espère inattendus.


Atlas
Peut-on cartographier la création critique menée à l'horizon de la littérature en situant les uns par rapport aux autres ses territoires, ses points névralgiques, ses ponts, ses chemins de traverse ? Faut-il envisager une multitude de cartes réunies en atlas pour mieux appréhender cette création, selon qu'on y retient des formats, des dates, des noms propres, des pratiques ou des gestes ? Comment dessinerons-nous de telles cartes ?


Autothéorie
Élaborée par les mouvements féministes et queer, l'autothéorie investit et questionne les articulations possibles entre une expérience singulière et des processus sociaux, souvent oppressifs, dont les répercussions ordinaires sont parfois ténues mais presque toujours implacables. Ce module se demandera si l'une de ces articulations décisives ne tiendrait pas à certains usages du langage lui-même dans les médias, sur les réseaux sociaux, sur le marché du travail, dans le droit ou dans les espaces privés et domestiques. Comment investir à Cerisy ces "je" à l'intersection du genre, de la classe, de la race et de la phrase ? L'enquête sera "littéraire" du fait de ce surcroît d'inquiétude et de vigilance langagières.


Bolo'bolo — dialogue collectif avec la mémoire des utopies
Cet atelier propose de transmettre aux participants des méthodes pour développer l'écriture collective, et spécifiquement l'écriture de fictions, entendue comme ouverture de possibles. Nous pensons que le détour par la fiction et particulièrement la fiction imaginée collectivement, est un détour utile pour trouver d'autres façons d'être et de penser ensemble. Le but de l'atelier est d'élaborer, dans un temps restreint, l'esquisse d'une fiction dramatique, qui sera ensuite restituée sous la forme de lecture. Comme point de départ de ce travail, nous proposons un retour sur le texte de P.M., écrivain suisse-allemand, Bolo'bolo. Là où l'auteur imaginait, en 1983, une utopie à venir, nous proposons de réfléchir, en 2025, à un regard rétrospectif sur cette utopie, en supposant qu'elle soit réellement advenue. Prenant au sérieux le "calendrier" imaginé par l'auteur, nous pourrons par exemple proposer un regard critique sur les nombreux textes littéraires auquel un bouleversement social si massif n'a pas manqué de donner naissance. Nous pourrons également faire le bilan de presque quarante ans de société utopique, en auscultant ses réussites et ses échecs.


Bibliomancie
Lire le passé, le présent, l'avenir dans les livres ; éprouver nos modes de croyance dans la fiction ; fournir à l'interprétation ainsi qu'à l'écriture des textes autant de motifs à décentrement qu'il y a de séances et de tirages : la bibliomancie et le tarot déplacent, interrogent et enrichissent la création critique.


Écrire avec les pieds
C'est en marchant que nous avons eu cette idée, écrire avec les pieds. Nous parlions de Pauline Oliveros, sa performance où les plantes de pied deviennent oreilles qui écoutent. Et si ces oreilles déplacées se mettaient à écrire ? Et si nous en faisions un atelier pour voir si et, si oui, comment, les pieds peuvent devenir écrivains ?


Pour une pensée mouvementée
Ce module est à la fois superflu et nécessaire. Il ponctuera les explorations intellectuelles de sessions où les corps seront mis à contribution. Qui souhaiterait par exemple nous faire découvrir l'enlacement des arbres, la méthode du fractionné, son yoga préféré, les bains de boue, la cohérence cardiaque, la tarantelle, les joies de la chorale… ? Dans un second temps peut-être, nous nous demanderons comment tout cela accompagne et nourrit nos réflexions : en interrogeant les effets d'une "somaesthétique" (Richard Shusterman) sur la création critique, en inventant des dispositifs de recherche-création à partir de pratiques somatiques collectives (Boris Nordmann), en éprouvant avec les écologies somatiques la force insurrectionnelle de nos "mouvementements" (Emma Bigé) ?


Fanzine
Nos échanges seront scandés par la parution régulière, durant la semaine, d'un fanzine produit à Cerisy même. À la fois archive, foutraquothèque, pense-bête et matériau de relance, il sera le témoin fidèle de nos dispersions. Nous pourrons nous y référer et nous en inspirer.

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Interpolation
La pratique de l'interpolation est aussi vieille que le monde. C'est en effet dès l'âge des cavernes que l'être humain n'a pu s'empêcher d'intervenir sur les œuvres de ses semblables. Or l'intelligence artificielle multiplie à l'infini les possibilités d'intervention dans le monde littéraire et artistique.


Jeu de rôle "L'université d'après"
Dans quelles configurations institutionnelles la recherche-création trouverait-elle son déploiement le plus adéquat ? Quelles transformations de nos universités actuelles seraient indispensables ? Il ne faudra pas moins, pour pousser nos imaginations à leurs limites, qu'un jeu de rôle ad hoc comme instrument de création critique révolutionnant, si ce n'est révolutionnaire !


Temps du matin
Ce module quotidien, placé en début de journée, nous plongera en douceur dans des considérations déliées : réminiscences de la veille, gloses du fanzine, remarques d'après-coup, épiphanies spontanées… Il s'agira d'un espace de parole plus ou moins improvisée, au gré des envies et des débats.


Théâtre invisible
À la recherche est un projet artistique à destination de l'espace public, une sorte de work in progress permanent, à la lisière des genres, des lieux, du temps… Une immersion spectaculaire et non-spectaculaire dans le processus créatif, parsemée de rencontres, et ponctuée de rendez-vous publics. Tout au long du colloque, la compagnie Kiroul sera avec nous sur le mode immersif d'un compagnonnage. Ses interventions décaleront nos scénographies habituelles et joueront de la répétition et de la reprise. En fin de semaine, un temps d'Expérience, conclu par un déjeuner sur l’herbe, réunira l'ensemble des participants pour jouer, présenter, improviser, proposer, faire et défaire, peut-être.


Wandering books
Cela se passerait dans une des bibliothèques de Cerisy. Chacune et chacun choisirait un livre (dans la bibliothèque ou un livre apporté) qui aurait une place initiale dans les rayons. On appellerait livrées les personnes qui ont choisi un livre. Chaque jour des lutins (volontaires lutin acceptés, troll bienvenus) déplaceraient discrètement les livres dans la bibliothèque selon une contrainte de déplacement tenue secrète et décidée entre lutins. Chaque jour, un peu plus tard, les livrées viendraient découvrir et retrouver leurs livres dans leur nouvel environnement : autre place, autre livres voisins, autres rayons et noteraient les changements qui en découlent, les persistances qui n'en découlent pas, en feraient part peut-être ou en prendraient note, sinon, à moins qu'ils n'écrivent pour le fanzine le voyage de leur livre. À la fin, les livrées raconteraient l'errance de leur livre, ses métamorphoses et la métamorphoses de leur lecture. Les livres reviendraient à leur place mais on ne revient jamais comme on est parti. On saurait enfin (ou pas) ce que l'espace fait aux livres, peut-être rien d'ailleurs, mais on aura au moins on aurait essayé.


BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Adrien CHASSAIN
Adrien Chassain est maître de conférences en création critique à l'université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis, et coresponsable éditorial de la revue Littérature. Depuis une thèse consacrée aux discours de l'œuvre à faire (XVIe et XXe siècles), ses travaux développent une poétique sociale des formes et des discours de la publication, interrogent les pratiques et les imaginaires du projet créateur, s'attachent à décrire la socialité du volontaire dans l'espace des lettres. Principalement consacrée à la littérature française des XXe et XXIe siècles, cette recherche investit les chevauchements et les hybridations entre création et recherche contemporaines, et donne lieu à des enquêtes sur la commande, la prépublication, la littérature grise et ses modes de textualisation ou encore les régimes contemporains du posthume.

Jérôme DAVID
Jérôme David est professeur de littérature et de didactique des littératures à l'université de Genève. Co-directeur du Bodmer Lab entre 2015 et 2023, il a également publié Balzac. Une éthique de la description (2010), Spectres de Goethe (2011), Faire la fête avec un seul confetti (2016), Martin Bodmer et les promesses de la littérature mondiale (2018), et co-dirigé avec Hélène Merlin-Kajman le volume collectif Transitions. Une aventure critique (2011-2022), Paris, Ithaque, 2024.

Alice LECLERCQ
Alice Leclercq est doctorante et collaboratrice de la recherche au Département de langue et littérature françaises modernes de l'université de Genève. Sa thèse s'intéresse aux ontologies relationnelles dans l'œuvre de l'écrivain suisse romand Jean-Marc Lovay, qu'elle analyse selon une approche écopoétique inspirée de l'anthropologie perspectiviste brésilienne, approfondie lors de ses mobilités à l'université de São Paulo. Elle interroge également les articulations théoriques possibles entre l'intime, les émotions et la recherche académique — une dimension qu'elle explore dans sa thèse ainsi que dans la direction du prochain numéro de la revue Mosaïque, intitulé "D'où parlent les chercheur·euses ? Le rôle des émotions dans la production du savoir", à paraître fin 2025.

Nancy MURZILLI
Nancy Murzilli est professeure de littérature et arts des XXe et XXIe siècles à l'université Paris 8. Elle codirige l'équipe Fabrique du littéraire et le Master de recherche-création ArTeC. Elle est coresponsable des collections "L'imaginaire du texte" et "Recherche-création" aux Presses universitaires de Vincennes. Ses travaux de recherche portent sur les relations entre la littérature et les arts, la théorie de la fiction, l'agentivité des pratiques artistiques, la recherche-création. Autour de la recherche-création et de la création critique, elle a récemment publié "L'écriture poétique en recherche-création : construire des publics, expérimenter des agirs", dans Le Tournant créatif de la recherche, V. Houdart-Merot (dir.), PUV, 2024 ; Changer la vie par nos fictions ordinaires, Premier Parallèle, 2023 ; et codirigé Nouvelles formes de l'écriture scientifique, Publif@rum, n°36, 2022.

Myriam SUCHET
Myriam Suchet cherche, et se perd beaucoup. Son parcours littéraire s'est indiscipliné chemin faisant, quelque part entre la France et le Québec. Maître de conférences en littératures francophones à la Sorbonne Nouvelle, elle dirige le Centre d'études en études québécoises depuis sa création en 2012. Elle est membre de l'Institut Universitaire de France et travaille dans les interstices où les institutions rencontrent d'autres espaces de recherche-action-création. Son travail consiste essentiellement à traduire du français aux français au pluriel dans une perspective de recherche-action-création qui se trame avec, davantage qu'à propos de qu(o)i que ce soit. Elle a publié notamment trois ouvrages : L'Imaginaire hétérolingue. Ce que nous apprennent les textes à la croisée des langues (Paris, Classiques Garnier, 2014), Indiscipline ! Tentatives d'UniverCité à l'usage des littégraphistes, artistechniciens et autres philopraticiens (Montréal, Nota Bene, 2016) et L'Horizon est ici. Pour une prolifération des modes de relations (Rennes, Éditions du commun, 2019).


BIBLIOGRAPHIE :

• Antoine, Jean-Philippe, "Un art exemplaire : la conférence-performance", Catalogue du Nouveau Festival, Paris, Centre Pompidou, 2009, p. 28-33.
• Athanassopoulos, Evangelos (dir.), Quand le discours se fait geste, Regards croisés sur la conférence-performance, Les Presses du réel, Dijon, 2018.
• Bayard, Pierre, Comment améliorer les œuvres ratées ?, Minuit, 2000.
• Citton, Yves, "Ce que la recherche-création fait aux thèses universitaires", AOC, 18 mars 2024.
• Cavallin, Jean-Christophe, Valer noir, Corti, Paris, 2021.
• Coste, Florent, Explore. Investigations littéraires, Questions théoriques, Paris, 2017.
• David, Jérôme & Merlin-Kajman, Hélène (dir.), Transitions. Une aventure critique (2011-2022), Paris, Ithaque, coll. "Theoria incognita", 2024.
• Dechery, Chloé & Boudier, Marion (dir.), Artist.e.s-Chercheur·e.s, Performer les savoirs, Presses du réel, 2022.
• Dossier de la revue Démeter, n#5, 2020, "La conférence comme performance : formes et actes du discours (XIXe-XXe siècles).
• Houdart-Mérot, Violaine (dir.), Le Tournant créatif de la recherche, Presses universitaires de Vincennes, coll. "Recherche-création", 2024.
• Houdart-Mérot, Violaine, La création littéraire à l'université, Presses Universitaires Vincennes, 2018.
• Macé, Marielle, Le Temps de l'essai. Histoire d’un genre au XXe siècle, Belin, 2006.
• Manning, Erin & Massumi, Brian, Pensée en acte, Vingt propositions pour la recherche-création, Presses du réel, 2014.
• Murzilli, Nancy & Hanna, Christophe, Travaux d'expérimentation sur la question de l'évaluation : https://evalge.hypotheses.org/.
• Murzilli, Nancy, Changer la vie par nos fictions ordinaires, Premier parallèle, Paris, 2023.
• Novat, Lucille, De grandes dents. Enquête sur un petit malentendu. Suivi de Barbie-bleue, le conte dont vous êtes le Perrault, La Découverte, 2024.
• Paquin, Louis-Claude & Noury, Cynthia, "Définir la recherche-création ou cartographier ses pratiques ?", Enjeux de la recherche, Magazine ACFAS [en ligne], 2018.
• PetitJean, Anne-Marie (éd.), La recherche-création littéraire à l'université, Peter Lang, 2021.
• Rabau, Sophie & Escola, Marc, "Inventer la pratique : pour une théorie des textes possibles", dans Escola, Marc & Rabau, Sophie (dir.), La Case blanche : théorie littéraire et possibles d'écritures, Lecture Littéraire, Janvier 2006, p. 9-28.
• Suchet, Myriam, L'Horizon est ici, Éditions du commun, 2019.
• Suchet, Myriam, Indiscipline !, Éditions Nota Bene, 2016.


SOUTIENS :

Université Paris 8 | Vincennes - Saint-Denis
• UR Fabrique du littéraire (FABLITT)
• Institut Universitaire de France (IUF)
Université de Genève
ArTeC et Investissements d’avenir | "Ce travail a bénéficié d'une aide de l'État gérée par l'Agence Nationale de la Recherche au titre du programme d'Investissements d'avenir portant la référence ANR-17-EURE-0008"
• THALIM (UMR 7172, CNRS) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Centre d'études québécoises (CEQ) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LE PRÉSENTISME EN ESPAGNE


DU LUNDI 7 JUILLET (19 H) AU DIMANCHE 13 JUILLET (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


© Œuvre d'Olivia Funes Lastra, tirée d'un ensemble
intitulé "Archives", créé pour
Carta a Cadaqués d'Elena Quiroga,
Casa de Velázquez, 2024


ARGUMENT :

"Que les choses continuent à aller ainsi, voilà la catastrophe", écrivait Charles Baudelaire. Catastrophe, inanité, mélancolie, nostalgie, désenchantement, dépression, autant de maux d'une subjectivité collective catastrophée figés dans les constellations du "présentisme", qui appellent une démarche réflexive sur les montages institutionnels du rapport au temps. C'est celle que se propose de mener l'équipe internationale hispaniste rassemblée autour du projet EXPEDIAS (Expériences du présentisme en Espagne : Dispositifs, Arts et Savoirs), réunie à Cerisy. À rebours d'une exploration d'un repli du présent sur lui-même dans laquelle culminerait une histoire linéaire et globalisée de l'Occident, le colloque fera un pari linguistique et poéticien simple : quand un concept voyage d'une langue à l'autre, il voyage d'un espace institutionnel, philosophique et linguistique, à un autre. Le colloque se propose d'interroger ce que fait à une catégorie sur le temps historique sa circulation vers un espace érigé en l'une des principales scènes de la résurgence de l'histoire et de la contestation politique mondiale dans le sillage de la crise de 2008, qui déjoue à la fois la croyance dans un présent qui ne passe pas et l'attente de la catastrophe à venir.

Cinquante ans après la mort du dictateur Franco et dans le contexte mémoriel actuel marqué par la Loi de Mémoire Démocratique de 2022, qualifier la singularité des textures espagnoles d'un présent fabriqué permet de dresser un état des lieux des savoirs et de la critique sur les expériences démocratiques dans l'Espagne post-dictatoriale et actuelle, et d'en expliciter la facture et la scénographie institutionnelle. Si le temps se prête facilement à son essentialisation, les échanges que suscitera le colloque apprécieront la facture conceptuelle, sémiotique et esthétique d'une topologie énonciative de la parole sur le temps, pris dans les enjeux mémoriels d'un espace post-dictatorial. Cette exploration critique se déploiera à partir des sciences humaines et sociales et des arts, sous la forme de conférences, de tables rondes et de débats.


MOTS-CLÉS :

Enjeux démocratiques, Espagne contemporaine, Mémoires, Post-dictature, Présentisme


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 7 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 8 juillet
1975-2025 : L'ESPAGNE EN CONTEXTE. MÉMOIRES DE L'APRÈS
Matin
Modération : Brice CHAMOULEAU
Antolín SÁNCHEZ CUERVO : De la memoria republicana a la memoria democrática [De la mémoire républicaine à la mémoire démocratique]
Sophie BABY : Amnistie et historicités [Amnistía e historicidades] [visioconférence]
Mercedes YUSTA RODRIGO : "La Pastora" y yo. Guerrilla antifranquista, disidencia sexual y presentismo ["La Pastora" et moi. Guérilla antifranquiste, dissidence sexuelle et présentisme]

Après-midi
Modération : Mari Paz BALIBREA
La fin des utopies en récit, table ronde avec Vicent BELLVER (¿El fin de las utopías? Mutaciones y reterritorializaciones de los horizontes de posibilidad y deseos a finales del siglo XX [La fin des utopies ? Mutations et reterritorialisations des horizons de possibilité et de désirs à la fin du XXe siècle]) et Virginie GAUTIER N'DAH-SÉKOU (De las utopías a las ecotopías : 50 años de discursos e imágenes ecologistas en España [Des utopies aux écotopies : 50 ans de discours et d'images de l'écologie en Espagne])


Mercredi 9 juillet
Matin
LES PRÉSENTS DU PRÉSENTISME : ENJEUX DESCRIPTIFS D'UNE CATÉGORIE SUR LE TEMPS HISTORIQUE
Modération : Mercedes YUSTA RODRIGO
Henry ROUSSO : L'actualité du présentisme [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Brice CHAMOULEAU : Scénographie institutionnelle du temps. Le montage trinitaire d'un présentisme post-franquiste

Après-midi
GENRE ET FÉMINISMES
Modération : Carla BEZANILLA
Carla BEZANILLA REBOLLO : Formas de volver al pasado desde las genealogías feministas : la cuarta ola interpretando [Les voies de retour vers le passé à partir des généalogies féministes : l'interprétation de la quatrième vague]
María BEAS MARÍN : Formas de vida en la España posfranquista : poéticas y biopolíticas [Modes de vie dans l'Espagne post-franquiste : poétique et biopolitique]
Kevin RAMIER : Los espacios ontológico-políticos del posimperio español [Les espaces ontologico-politiques du post-empire espagnol : linéaments et limites de la configuration baroque]

Soirée
Autour du film Lúa Vermella de Lois Patiño, présentation et débat animé par Pascale THIBAUDEAU


Jeudi 10 juillet
Matin
FUTUROLOGIES
Modération : Roberto GIL HERNÁNDEZ
Mari Paz BALIBREA : Futuros sin pasado, pasados sin futuro : dinámicas políticas de la temporalidad en la cultura de la transición [Futurs sans passé, passés sans futur : dynamiques politiques de la temporalité dans la culture de la transition]
Michel MARTÍNEZ PÉREZ : Catalanismo federalista o soberanista : ¿utopías disponibles a futuro? [Catalanisme fédéraliste ou souverainiste : des utopies possibles pour l'avenir ?]

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Dialogues littéraires. Écrire et traduire les mémoires d'un présent désenchanté, avec Lara MORENO (écrivaine) et Carole FILLIÈRE (traductrice) | Présentation


Vendredi 11 juillet
Matin
DÉCOÏNCIDENCES DU PRÉSENT
Modération : Mónica ALONSO RIVEIRO
Roberto GIL HERNÁNDEZ : Fantasmas que luchan. Hacia una semiosis descolonial de la protesta social contemporánea en Canarias [Fantômes en lutte. Vers une sémiosis décoloniale de la protestation sociale contemporaine dans les îles Canaries]
Béatrice RODRIGUEZ : Poéticas de las ruinas. Poéticas del presentismo en Rafael Chirbes [Poétiques des ruines. Poétiques du présentisme chez Rafael Chirbes]
Pascale THIBAUDEAU : Del descarte al rescate : pensar el archivo fílmico [Du rebut au réemploi : penser l'archive filmique]

Après-midi
LES PRÉSENTS DE LA VOIX POÉTIQUE
Modération : María Ángeles NAVAL
Zoraida CARANDELL : "En mi pasado y en su porvenir" : le présent et ses modalités dans la poésie espagnole de la pré transition ["En mi pasado y en su porvenir" : modalidades del presente en Las personas del verbo de Jaime Gil de Biedma]
Arturo SANCHEZ MERCADÉ : "Los fantasmas pasan las paredes" : voces hauntológicas del rap español actual ["Les fantômes traversent les murs" : voix hantologiques du rap espagnol actuel]

MARÍA ZAMBRANO : UNE POÉTIQUE DE L'ÉTERNITÉ
Modération : Antolín SÁNCHEZ CUERVO
Écrire le temps, entre poésie et philosophie. Réflexions autour de la traduction collective d'une anthologie de María Zambrano, table ronde avec Lou FREDA, Marta NOGUERA et Anna ROJAS | Présentation

Olivia FUNES LASTRA : Tras las huellas de la filósofa española María Zambrano [Sur les traces de la philosophe espagnole María Zambrano] [visioconférence]


Samedi 12 juillet
Matin
PERFORMATIVITÉ DES OBJETS DE MÉMOIRE
Modération : Pascale THIBAUDEAU
Mónica ALONSO RIVEIRO : Tiempos evocados, tiempos posibles. Performatividad e imaginación en los procesos de remembranza [Temps évoqués, temps possibles. Performativité et imagination dans les processus de mémoire]
María ROSÓN : Fragilidad y memoria del papel [Fragilité et mémoire du papier]
Marina RUIZ CANO : Los objetos en la dramaturgia de Eusebio Calonge : del simulacro a la performatividad [Les objets dans la dramaturgie d'Eusebio Calonge : du simulacre à la performativité]

Après-midi
DU TEMPS ET DES CORPS
Modération : Zoraida CARANDELL
María Ángeles NAVAL : Nostalgia y melancolía en los relatos transicionales [Nostalgie et mélancolie dans les récits transitionnels]
Mercedes ARBAIZA : El peligro de pensar con el cuerpo : la experiencia de lo inédito, lo impensable, lo singular en los grupos subalternos de la España Contemporánea [Le danger de penser avec le corps : expérience de l'inédit, de l'impensable et du singulier dans les groupes subalternes de l'Espagne contemporaine] [visioconférence]

Atelier de collage appropriationniste, animé par Pascale THIBAUDEAU


Dimanche 13 juillet
Matin
Synthèse et clôture du colloque

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Zoraida CARANDELL : "En mi pasado y en su porvenir" : le présent et ses modalités dans la poésie espagnole de la pré transition
Cette communication abordera à travers des exemples de Jaime Gil de Biedma et Carlos Barral la poésie comme réminiscence du passé familial et de l'histoire collective, que Biedma appelait "l'histoire pour tous". Dans des poèmes comme "Barcelona ja no es bona. Mi pasado solitario en primavera" ou "Parque de Montjuich", l'émotion lyrique se conjugue au présent, au passé et au futur, au singulier et au pluriel, à l'indicatif et au subjonctif.

Professeure de littérature espagnole contemporaine à l'université Paris Nanterre depuis 2012, elle est codirectrice du Centre de recherches ibériques et ibéro-américaines (CRIIA) et présidente du CERMI (Centre de recherches sur les migrations ibériques). Spécialiste de poésie espagnole du XXe siècle, elle a fait paraître de nombreux travaux consacrés aux œuvres d'Alberti et García Lorca. Ses publications portent sur la littérature et l'histoire culturelle de l'Espagne de l'âge d'argent, du franquisme, de la transition et de l'exil espagnol républicain. Elle est co-porteuse du projet EXPEDIAS (Expériences du présentisme en Espagne : dispositifs, arts et savoirs).
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Zoraida CARANDELL : "En mi pasado y en su porvenir" : modalidades del presente en Las personas del verbo de Jaime Gil de Biedma
Esta comunicación, centrada en textos de Jaime Gil de Biedma y Carlos Barral, tratará de la poesía como reminescencia del pasado familiar y de la historia colectiva, o por decirlo en términos del propio Biedma, de la "historia para todos". En "Barcelona ja no es bona. Mi pasado solitario en primavera" o en "Parque de Montjuich", la emoción lírica se conjuga en presente, pasado y futuro, en singular y en plural, en indicativo y en subjuntivo.

Brice CHAMOULEAU
Maître de conférences habilité à diriger des recherches, son domaine de spécialité est l'histoire de la citoyenneté contemporaine espagnole : ses recherches portent sur les modes de composition des individualités dans la construction de l'ordre civil de la modernité hispanique et son anthropologie de la grâce, et font dialoguer histoire du droit et psychanalyse. Actuellement directeur de l'UFR Langues et cultures étrangères de l'université Paris 8, il est co-porteur du projet EXPEDIAS (Expériences du présentisme en Espagne : dispositifs, arts et savoirs).
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Pascale THIBAUDEAU : Del descarte al rescate : pensar el archivo fílmico
Con motivo de los centenarios del nacimiento de Berlanga en 2021 y de Bardem en 2022, Filmoteca Española exhumó los materiales de su práctica de fin de curso de 2° año, en el Instituto de Investigaciones e Industria Cinematográfica, en el año académico 1948-1949. La película, filmada en la Ciudad Universitaria de Madrid aún parcialmente en ruinas, se titulaba Paseo por una guerra antigua y se perdió. Solo se conservaron el guion y nueve minutos de descartes que han sido entregados, 70 años más tarde, a cuatro cineastas (Nuria Giménez Lorang, Fernando Franco, Carolina Astudillo y Elías León Siminiani) para que los reutilizasen en Cuatro variaciones sobre los materiales de Paseo por una guerra antigua. Si las estrategias y los dispositivos ideados por los cineastas para dialogar con las "imágenes supervivientes" son muy distintos, los cuatro cortos plantean una serie de preguntas sobre el estatuto del archivo, las prácticas contemporáneas de reapropiación, su gesto político y estético, las modalidades de aproximación al pasado. En una cultura visual donde las imágenes de archivo están omnipresentes y proliferan sus usos artísticos, nos interesaremos especialmente por lo que estos filmes hacen con el archivo y lo que le hacen al archivo, cómo construyen una nueva narrativa a partir de los fragmentos originales y lo que esto dice de la relación al tiempo.

Pascale THIBAUDEAU : Du rebut au réemploi : penser l'archive filmique
À l'occasion du centenaire de la naissance de Berlanga en 2021 et de Bardem en 2022, la Cinémathèque de Madrid a exhumé des rushs de leur film de fin de 2ème année à l'Instituto de Investigaciones e Industria Cinematográfica, en 1948-1949. Tourné à la Cité Universitaire de Madrid encore partiellement détruite, il s'intitulait Paseo por una guerra antigua et a disparu. Seul le scénario et neuf minutes de plans non utilisés ont été conservés. 70 ans plus tard, ils ont été confiés à quatre cinéastes (Nuria Giménez Lorang, Fernando Franco, Carolina Astudillo y Elías León Siminiani) afin qu'ils soient réutilisés dans Cuatro variaciones sobre los materiales de Paseo por una guerra antigua. Si les stratégies et dispositifs imaginés par les cinéastes pour dialoguer avec les "images survivantes" sont très différents, les quatre courts métrages posent une série de questions sur le statut de l'archive, les pratiques contemporaines de réappropriation, leur geste politique et esthétique, les modes d'approche du passé. Dans une culture visuelle où les images d'archive sont omniprésentes et où leurs usages artistiques prolifèrent, nous nous intéresserons plus particulièrement à ce que ces films font de l'archive et ce qu'ils font à l'archive, comment ils construisent un nouveau récit à partir des fragments originaux, et ce que cela dit de la relation au temps.

Professeure à l'université Paris 8 et agrégée d'espagnol, son domaine de spécialité est le cinéma hispanique sur lequel elle a publié de nombreux travaux en France et à l'étranger. Ses recherches actuelles portent sur les rapports entre cinéma, histoire et mémoire, la resignification des images d'archives et leur spectralité. Elle est actuellement responsable du Laboratoire d'études romanes de l'université Paris 8, et co-porteuse du projet EXPEDIAS (Expériences du présentisme en Espagne : dispositifs, arts et savoirs).
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Mónica ALONSO RIVEIRO : Tiempos evocados, tiempos posibles. Performatividad e imaginación en los procesos de remembranza
La intervención se focalizará en el papel de la imaginación (y el deseo) en la resemantización de materiales y archivos íntimos en diversas prácticas de remembranza. Para ello se trabajará con un corpus de álbumes realizados en los últimos años del franquismo en que, a partir de fotografías realizadas en los años anteriores y otros materiales, se elaboran experiencias que dan sentido a lo vivido desde la guerra. Se incidirá en cómo lo imaginado interviene en el presente desde el que se rememora y permite proyectar el futuro, pero también se interrogará qué podemos recuperar desde/para nuestro presente político de modos de rememoración alternativos a los actuales, tan determinados por los presentes marcos memoriales.

Mónica Alonso Riveiro es periodista, licenciada y doctora en Historia del Arte y docente en la Universidad Nacional de Educación a Distancia (UNED). Sus principales áreas de interés son la teoría de la fotografía, la cultura visual y material y los estudios de memoria. Sus investigaciones analizan la relación entre imagen, experiencia y memoria, con especial atención a las fotografías domésticas de la comunidad republicana, a las que ha dedicado la monografía Habitar la imagen. Fotografía doméstica y poéticas de la resistencia en la posguerra (CENDEAC, 2022). Sus últimas investigaciones trabajan, desde el giro afectivo y el material, y, temáticamente, sus intereses se amplían hacia las formas de memorialización en el presente a través de la remediación de materiales y archivos, al estatuto de víctima y a la representación de colectivos minorizados. Destaca su labor de edición de libros colectivos, como Culturas de la memoria en España. Genealogías, evocaciones y contratiempos (Catarata, 2024) y Políticas de la experiencia. Visualidad y memoria del franquismo (Abada, 2025) y sus trabajos se han publicado en revistas como el Journal of Spanish Cutural Studies o Kamchatka. Revista de análisis cultural.

Mónica ALONSO RIVEIRO : Temps évoqués, temps possibles. Performativité et imagination dans les processus de mémoire
L'intervention sera centrée sur le rôle de l'imagination (et du désir) dans la resémantisation de matériaux intimes et d'archives dans diverses pratiques de mémoire. À cette fin, nous travaillerons sur un corpus d'albums réalisés dans les dernières années du régime franquiste dans lesquels, à partir de photographies prises les années précédentes et d'autres matériaux, sont élaborées des expériences visant à donner un sens à ce qui a été vécu depuis la guerre. L'accent sera mis sur la manière dont l'imaginaire intervient dans le présent à partir duquel le souvenir a lieu et permet de projeter l'avenir, mais on interrogera également ce qui peut être récupéré de/pour notre présent politique dans les modes de remémoration alternatifs à ceux de notre époque, fortement déterminée par les cadres mémoriaux actuels.

Mónica Alonso Riveiro est journaliste, titulaire d'une licence et d'un doctorat en Histoire de l'Art, et enseignante à la Universidad Nacional de Educación a Distancia (UNED). Ses principaux domaines d'intérêt sont la théorie de la photographie, la culture visuelle et matérielle et les études sur la mémoire. Ses recherches analysent la relation entre l'image, l'expérience et la mémoire, avec une attention particulière portée aux photographies domestiques de la communauté républicaine, auxquelles elle a consacré la monographie Habitar la imagen. Fotografía doméstica y poéticas de la resistencia en la posguerra (CENDEAC, 2022). Ses dernières recherches s'inscrivent dans le tournant affectif et matériel et, d'un point de vue thématique, ses intérêts s'étendent aux formes de mémorialisation dans le présent à travers la remédiation des matériaux et des archives, ainsi qu'au statut de victime et à la représentation des groupes minorisés. De son travail en tant qu'éditrice de livres collectifs se détachent, par exemple, Culturas de la memoria en España. Genealogías, evocaciones y contratiempos (Catarata, 2024), Políticas de la experiencia. Visualidad y memoria del franquismo (Abada, 2025) ; ses travaux ont été publiés dans des revues comme Journal of Spanish Cutural Studies ou Kamchatka. Revista de análisis cultural.

Mercedes ARBAIZA : El peligro de pensar con el cuerpo : la experiencia de lo inédito, lo impensable, lo singular en los grupos subalternos de la España Contemporánea
Pensar con el cuerpo es la forma propia de los grupos subalternos, es decir, quienes no tienen autoridad epistémica porque habitan los bordes del sistema y experimentan, por lo tanto, una gran dificultad para hablar dentro del saber experto (Logos). La tesis es que el carácter emocional (corporal) de las subjetividades políticas posibilita la participación del débil en la historia, como acto de emancipación. Parto de dos premisas. Una, pensar con el cuerpo es herético porque le confiere a la afección y a la emoción una cualidad cognitiva, intuitiva, que irrumpe de forma prerreflexiva. Alude a la paradoja de que lo emocional constituye una instancia de certezas (ETHOS) que atraviesan el LOGOS. Una segunda premisa es que pensar con el cuerpo abre los vínculos sociales a lo imperceptible, a lo inédito y a lo singular. La propuesta de "pensar desde el afuera" tomando la expresión deleuziana, se nutre, en mi tesis, de la idea de que la emoción contiene una experiencia del tiempo de naturaleza acontecimental, en cuanto que liminal, y significa una interrupción del tiempo cronológico, provocando un tiempo de apertura a algún nuevo e inédito. Así, la tesis es que la conformación de las identidades en la modernidad en España (de clase, de género, de nación, de orientación sexual, de pueblo) sería la cristalización de experiencias de interrupción del cronos, de nuevos presentes que irrumpen de forma autónoma, sobre los que se van a construir las nuevas narrativas políticas. Constituye un motor del cambio social. Este es el carácter herético de pensar con el cuerpo.

Mercedes Arbaiza, Profesora Titular del Departamento de Historia Contemporánea de la Universidad del País Vasco (UPV/EHU). Investigadora principal del Grupo de Investigación "Experiencia Moderna". Mis últimas publicaciones abordan la emergencia histórica de las subjetividades políticas en forma de movimientos sociales a la luz de la episteme de "lo emocional es político". En este sentido me interesan los movimientos de separación o escisión del cuerpo social en un momento histórico determinado. El desafío epistémico de las emociones se convierte en un desafío político atendiendo a la capacidad que tienen de producir la diferencia social. Al desplazar el campo de conocimiento y de producción de significado hacia el cuerpo, las dinámicas y los tiempos del cambio social se modifican debido a la incorporación de lo sensorial como vector de alteración social.
Algunos artículos más reseñables son
"Conversaciones feministas desde el sepulcro. La autoridad epistémica de las mujeres y el kerigma pascual", Verbo Divino, 2024.
"Las paradojas del feminismo de la segunda ola. Lo personal es político", Comares, 2023.
"Dones en Transició. El feminismo como acontecimiento emocional", Cátedra, 2019.
"Perder el miedo a Dios. Masculinidad moderna y emoción liberal en España (1900-1931) a través de los relatos", Revista Historia Social, num. 100, 2021.
"Volviendo a los orígenes. El cristianismo como acontecimiento emocional", Revista Estudio Agustiniano, 2019.
"Cuerpo, emoción y política en los orígenes de la clase obrera en España (1884- 1890)", Revista Ayer, 98, 2015.

Mercedes ARBAIZA : Le danger de penser avec le corps : expérience de l'inédit, de l'impensable et du singulier dans les groupes subalternes de l'Espagne contemporaine
Penser avec le corps est le propre des groupes subalternes, c'est-à-dire de ceux qui ne jouissent d'aucune autorité épistémique parce qu'ils habitent les marges du système et, partant, éprouvent de grandes difficultés à s'exprimer dans le cadre d'un savoir expert (Logos). La thèse soutenue est que le caractère émotionnel (corporel) des subjectivités politiques permet la participation des subjectivités faibles à l'histoire, en tant qu'acte d'émancipation. Je pars de deux prémisses. D'abord, penser avec le corps est hérétique parce que cela confère à l'affection et à l'émotion une qualité cognitive, intuitive, qui éclate de manière préréflexive. Cela fait allusion au paradoxe selon lequel l'émotionnel constitue une instance de certitudes (ETHOS) qui traverse le LOGOS. Un deuxième postulat est que penser avec le corps ouvre des liens sociaux à l'imperceptible, à l'inédit et au singulier. La proposition de "penser du dehors", pour reprendre l'expression deleuzienne, se nourrit, dans la thèse que je soutiens, de l'idée que l'émotion contient une expérience du temps de nature événementielle, en tant qu'elle est liminale, et signifie une interruption du temps chronologique, provoquant un temps d'ouverture au nouveau et à l'inédit. Ainsi, je soutiendrai que la construction des identités dans la modernité en Espagne (de classe, de genre, de nation, d'orientation sexuelle, de peuple) pourrait consister dans la cristallisation d'expériences d'interruption du chronos, de nouveaux présents qui éclatent de manière autonome, sur lesquels de nouveaux récits politiques s'édifient. Elle constitue un moteur du changement social. Là réside le caractère hérétique de penser avec le corps.

Mercedes Arbaiza est maîtresse de conférences au département d'histoire contemporaine de l'université du Pays basque (UPV/EHU) et responsable du groupe de recherche "Experiencia Moderna". Ses dernières publications portent sur l'émergence historique de subjectivités politiques sous la forme de mouvements sociaux à la lumière de l'épistème selon laquelle "l'émotionnel est politique". En ce sens, elle s'intéresse aux mouvements de séparation ou de scission du corps social à un moment historique donné. Le défi épistémique des émotions devient un défi politique en tenant compte de leur capacité à produire la différence sociale. En déplaçant le champ de la connaissance et de la production de sens vers le corps, la dynamique et les temporalités du changement social sont modifiées en raison de l'incorporation du sensoriel comme vecteur de transformation sociale.
Publications
"Conversaciones feministas desde el sepulcro. La autoridad epistémica de las mujeres y el kerigma pascual", Verbo Divino, 2024.
"Las paradojas del feminismo de la segunda ola. Lo personal es político", Comares, 2023.
"Dones en Transició. El feminismo como acontecimiento emocional", Cátedra, 2019.
"Perder el miedo a Dios. Masculinidad moderna y emoción liberal en España (1900-1931) a través de los relatos", Revue Historia Social, num. 100, 2021.
"Volviendo a los orígenes. El cristianismo como acontecimiento emocional", Revista Estudio Agustiniano, 2019.
"Cuerpo, emoción y política en los orígenes de la clase obrera en España (1884- 1890)", Revue Ayer, 98, 2015.

Sophie BABY : Amnistie et historicités
Il s'agira de réfléchir aux perceptions des temporalités portées par les projets d'amnistie énoncés depuis la guerre civile jusqu’au récent processus d'indépendance de la Catalogne, entre volonté de faire table rase du passé pour construire l'avenir et prise en compte tant des menaces du moment présent que des revendications pour la justice et la réparation. Des calendriers échelonnés des seuils de tolérance à la violence, jusqu'à sa radicale délégitimation, rythment ainsi la formulation de narrations historiques changeantes au gré des intérêts du moment.

Maîtresse de conférences HDR en histoire contemporaine à l'université de Bourgogne, Sophie Baby réfléchit aux enjeux portés par les violences de masse et leur mémoire dans nos sociétés contemporaines et plus particulièrement, dans l'espace ibéro-américain des XXe-XXIe siècles. Elle vient de publier aux éditions La Découverte Juger Franco ? Impunité, réconciliation, mémoire (2024). Elle est aussi l'autrice de Le mythe de la transition pacifique. Violence et politique en Espagne (1975-1982) (2012, traduit en espagnol en 2018), et a notamment codirigé un livre numérique enrichi, Condamner le passé ? Mémoires des passés autoritaires en Europe et en Amérique latine, Presses Universitaires de Nanterre, 2019.

Sophie BABY : Amnistía e historicidades
La conferencia explorará las percepciones de las temporalidades propias de los proyectos de amnistía formulados desde la guerra civil hasta el reciente proceso de independencia de Cataluña, alternando entre deseo de hacer del pasado borrón y cuenta nueva para construir el porvenir y consideración tanto de las amenazas del presente como de las demandas de justicia y reparación. Agendas que varían desde umbrales de tolerancia a la violencia hasta su radical deslegitimación acompasan la formulación de narraciones históricas cambiantes al calor de los intereses del momento.

Sophie Baby es maîtresse de conférences HDR en historia contemporánea en la Universidad de Borgoña y su investigación versa sobre las violencias de masa y sus memorias en las sociedades contemporáneas, en particular en el espacio iberoamericano de los siglos XX y XXI. De reciente publicación en la editorial La Découverte es su libro Juger Franco ? Impunité, réconciliation, mémoire (2024). También es autora de El mito de la transición pacífica. Violencia y política en España (1975-1982) (publicado por primera vez en 2012 en la Casa de Velázquez y en español por la editorial Akal en 2018), y a codirigido un libro digital, Condamner le passé ? Mémoires des passés autoritaires en Europe et en Amérique latine, Presses Universitaires de Nanterre, 2019.

Mari Paz BALIBREA : Futuros sin pasado, pasados sin futuro : dinámicas políticas de la temporalidad en la cultura de la transición
En esta intervención exploraré el periodo de la Transición como un momento particularmente fructífero de confluencia y enfrentamiento entre temporalidades políticas en disputa. Utilizando la literatura como ámbito privilegiado en el que se materializa y representa la experiencia del tiempo, leeremos la Transición como un nodo de vectores temporales pugnando por emerger, sustraerse a escrutinio o hegemonizarse política y estéticamente. De estas manifestaciones culturales en particular nos interesarán sus proyecciones a futuro y en qué medida se sirven de construcciones del pasado para inventarlo. En este recorrido y a modo ilustrativo nos acompañarán, entre otras, las obras transicionales de Agustín García Calvo, José Bergamín, Montserrat Roig, Carmen Martin Gaite, Manuel Vázquez Montalbán y Biel Mesquida.

Mari Paz Balibrea es catedrática de Estudios Culturales de la España contemporánea en Birkbeck, Universidad de Londres. Su trabajo estudia la dimensión política de la cultura, centrándose particularmente en la España del siglo XX. En esta línea, ha publicado extensamente sobre el rol de los intelectuales de izquierdas, sobre los legados del exilio republicano y sobre la construcción de la idea de ciudadanía en la ciudad creativa. Es autora de los libros En la tierra baldía : Manuel Vázquez Montalbán y la izquierda española en la postmodernidad (El Viejo Topo, 1999) ; Tiempo de exilio. Una mirada critica a la modernidad española desde el pensamiento republicano en el exilio (Montesinos, 2007) y The Global Cultural Capital. Addressing the Citizen and Producing the City in Barcelona (Palgrave, 2017). Fue coordinadora del volumen colectivo Líneas de fuga. Hacia otra historiografía cultural del exilio republicano español (Siglo XXI, 2017) y co-editora con Antolín Sánchez Cuervo y Frank Lough del número especial de la revista History of European Ideas dedicado a María Zambrano amongst the philosophers (2018). Está en prensa su contribución sobre exilio republicano en el volumen Routledge Companion to 20th and 21st Century Spain (2025). Ha escrito numerosos artículos sobre diferentes intelectuales y artistas del exilio como Max Aub, Carlos Blanco Aguinaga, Rosa Chacel, Roberto Gerhard, Manuel Altolaguirre, María Zambrano y Marta Palau. Actualmente está investigando y ha publicado varios artículos sobre la obra del psiquiatra catalán Josep Solanes y durante el año académico 2022-2023 fue becada para realizar una estancia de investigación sobre este autor en el Institut d’Études Avancées de Nantes (Francia). Está en prensa "'Pour quoi pas Solanes?' Retracing genealogies of radical psychiatry through the emergence of exile and displacement as a mental pathology" (History of Psychiatry, 2025). Ha sido consultora en la reciente remodelación de la colección permanente del Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía en materia de arte y cultura del exilio republicano.

Mari Paz BALIBREA : Futurs sans passé, passés sans futur : dynamiques politiques de la temporalité dans la culture de la transition
La présente communication abordera la période de la Transition comme un moment particulièrement fructueux de confluences et d'affrontements entre les temporalités politiques en conflit. En interprétant la littérature comme un espace privilégié qui matérialiste et représente l'expérience du temps, nous lirons la Transition comme le nœud de vecteurs temporels qui cherchent à émerger, à se soustraire à l'analyse ou à devenir hégémoniques d'un point de vue politique et esthétique. De ces manifestations culturelles, nous retiendrons notamment les projections d'avenir, et la manière dont celles-ci se nourrissent de constructions du passés susceptibles de le réinventer. Nous ferons ce parcours accompagné des œuvres écrites durant la transition par Agustín García Calvo, José Bergamín, Montserrat Roig, Carmen Martín Gaite, Manuel Vázquez Montalbán et Biel Mesquida.

Mari Paz Balibrea est professeure d'études culturelles de l'Espagne contemporaine à l'Université de Londres, Birbeck. Ses travaux portent sur la dimension politique de la culture et plus particulièrement sur l'Espagne du XXe siècle. Elle a publié de nombreux ouvrages sur le rôle des intellectuels de gauche, sur l'héritage de l'exil républicain et sur la construction de l'idée de citoyenneté dans la ville créative. Elle est l'auteur de En la tierra baldía : Manuel Vázquez Montalbán y la izquierda española en la postmodernidad (El Viejo Topo, 1999) ; Tiempo de exilio. Una mirada critica a la modernidad española desde el pensamiento republicano en el exilio (Montesinos, 2007) et The Global Cultural Capital. Addressing the Citizen and Producing the City in Barcelona (Palgrave, 2017). Elle a coordonné l'ouvrage collectif Líneas de fuga. Hacia otra historiografía cultural del exilio republicano español (Siglo XXI, 2017) et coéditrice avec Antolín Sánchez Cuervo et Frank Lough du numéro spécial de la revue History of European Ideas consacré à María Zambrano amongst the philophers (2018). Sa contribution sur l'exil républicain dans le Routledge Companion to 20th and 21st Century Spain (2025) est sous presse. Elle a écrit de nombreux articles sur différents intellectuels et artistes en exil tels que Max Aub, Carlos Blanco Aguinaga, Rosa Chacel, Roberto Gerhard, Manuel Altolaguirre, María Zambrano et Marta Palau. Ses travaux récents portent sur le psychiatre catalan Josep Solanes, et durant l'année 2022-2023, elle a effectué un séjour d'un an à l'Institut d'Études Avancées de Nantes. Son ouvrage "'Pour quoi pas Solanes ?' Retracing genealogies of radical psychiatry through the emergence of exile and displacement as a mental pathology" est sous presse (History of Psychiatry, 2025). Elle a été conseillère du Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía dans le domaine de l'art et de la culture de l'exil républicain.

María BEAS MARÍN : Formas de vida en la España posfranquista : poéticas y biopolíticas
La intervención tiene como objetivo analizar las interacciones entre vida, política y lenguaje a través de la noción de formas de vida, centrándose en las experiencias de las personas afectadas por el VIH/sida y sus producciones artísticas en la España postfranquista. En lugar de trazar la genealogía del concepto, se busca cuestionar las nociones de "calidad del decir" y "calidad de la vida" analizando los lenguajes de politización de la vida a través de una relectura crítica de la biopolítica foucaultiana. En este contexto postfranquista, la aplicación del concepto de biopolítica al marco postfranquista resulta incompleta en la medida en que no considera la dimensión metafísica que adquiere la noción de vida en el contexto jurídico español. El Estado se erige como instancia garante, instituyendo, regulando la vida y estableciendo sus límites. A partir de estas cuestiones, la comunicación plantea la hipótesis de que la poesía puede ofrecer una forma de resistencia a esta institución de la vida. Ante la crisis del VIH/sida en los años 90 y sus efectos, la poesía propone temporalidades alternativas a la del orden postdictatorial, revelando temporalidades que funcionan como un punto de dislocación que interpelan al orden cerrado del tiempo y evidencian las de-coincidencias entre el tiempo cronológico, biológico y el tiempo del despliegue del yo en poesía.

María Beas Marín es doctoranda en Estudios hispánicos y Estudios de género en la Universidad Paris 8 Vincennes Saint-Denis, su tesis titulada Dire le temps dans les poétiques du VIH/sida dans l'Espagne postfranquiste versa sobre las relaciones entre temporalidades, biopolítica y literatura durante los veinte primeros años de la epidemia de VIH/sida (1978-2004). Sus temas de investigación se centran en cuestiones sobre poéticas, memorias y archivos, abordados a través de la teoría cultural, la teoría literaria, los estudios de género y el psicoanálisis. Alrededor de estas cuestiones ha publicado los siguientes artículos en revistas y capítulos de libro : Cuerpos vivos y muertos, caricias de algo oscuro - Poéticas del cuerpo monstruoso durante la crisis del VIH/Sida en España (Prensas de Extremadura, 2023) ; Bajar al metro - cartografías subterráneas en la obra del poeta madrileño Eduardo Haro Ibars (Revista Pasavento, 2024) ; Temps et VIH dans la poésie de Lois Pereiro : conjurer une sortie du présentisme à travers la poésie (Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, 2025) ; Quelles mémoires et quelles archives pour les voix du VIH/sida ? (HAL-Octaviana, 2025). Es además miembro del comité de redacción de la revista de estudios literarios Impossibilia de la Universidad de Granada.

María BEAS MARÍN : Modes de vie dans l'Espagne post-franquiste : poétique et biopolitique
L'intervention a pour objectif d'analyser les interactions entre la vie, la politique et le langage à travers la notion de formes de vie, en se concentrant sur les expériences des personnes affectées par le VIH/sida et leurs productions artistiques dans l'Espagne post-franquiste. Plutôt que de retracer la généalogie du concept, l'objectif est de repenser les notions de "qualité du dire" et de "qualité de vie" en analysant les langages de politisation de la vie à travers une relecture critique de la biopolitique foucaldienne. Dans ce contexte post-franquiste, l'application du concept de biopolitique au cadre post-franquiste s'avère incomplète dans la mesure où elle ne tient pas compte de la dimension métaphysique que prend la notion de vie dans le contexte juridique espagnol. L'État s'érige en instance garante, instituant et régulant la vie, en fixant ses limites. À l'aune de ces questions, la communication avance l'hypothèse que la poésie peut offrir une forme de résistance à cette institutionnalisation rigide de l'existence. Face à la crise du VIH/sida dans les années 90 et à ses effets, la poésie propose des temporalités alternatives à celles imposées par l'ordre post-dictatorial, révélant des temporalités qui fonctionnent comme un point de dislocation qui interroge l'ordre clos du temps et met en évidence les dé-coïncidences entre le temps chronologique, biologique et le temps du déploiement du soi dans la poésie.

María Beas Marín est doctorante en Études hispaniques et Études de genre à l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis. Sa thèse intitulée Dire le temps dans les poétiques du VIH/sida dans l'Espagne postfranquiste traite des relations entre temporalités, biopolitique et littérature au cours des vingt premières années de l'épidémie de VIH/sida (1978-2004). Ses thèmes de recherche portent sur les questions de poétique, de mémoire et d'archives, abordées à partir de la théorie culturelle, de la théorie littéraire, des études de genre et de la psychanalyse. Autour de ces questions, elle a publié : Cuerpos vivos y muertos, caricias de algo oscuro - Poéticas del cuerpo monstruoso durante la crisis del VIH/Sida en España (Prensas de Extremadura, 2023) ; Bajar al metro - cartografías subterráneas en la obra del poeta madrileño Eduardo Haro Ibars (Revista Pasavento, 2024) ; Temps et VIH dans la poésie de Lois Pereiro : conjurer une sortie du présentisme à travers la poésie (Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, 2025) et Quelles mémoires et quelles archives pour les voix du VIH/sida ? (HAL-Octaviana, 2025). Elle est également membre du comité de rédaction de la revue d'études littéraires Impossibilia de l'université de Grenade.

Vicent BELLVER : ¿El fin de las utopías? Mutaciones y reterritorializaciones de los horizontes de posibilidad y deseos a finales del siglo XX
La intervención pretende discutir y matizar la tesis que ha ido asentándose en la historiografía de que la caída del muro de Berlín y el desmantelamiento del "socialismo realmente existente" supusiera el fin de las utopías. Se defenderá que el propio contexto del "pos 68" supuso una mutación en las formas de entender la revolución y el cambio, así como el propio activismo. Si bien la "contrarrevolución" de final de siglo tuvo un importante impacto, el "sujeto melancólico" que se ha lamentado de ese fin de las utopías supone también un tipo de subjetividad concreta que no puede extenderse a la presente en otros movimientos sociales.

Vicent Bellver Loizaga (València, 1989) es doctor en Historia Contemporánea con mención internacional (2019) por la Universitat de Valéncia y, en la actualidad, está formándose como sexólogo en la Universidad de Alcalá de Henares. Su tesis doctoral, publicada como libro en el año 2021, se centró en la experiencia y la memoria de la militancia anarquista y anarcosindicalista durante las décadas de 1970 y 1980. También ha investigado sobre las "vidas posteriores" de la memoria revolucionaria y sobre los movimientos radicales de finales del siglo XX. En la actualidad disfruta de un contrato posdoctoral que se desarrolla en la Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis.

Vicent BELLVER : La fin des utopies ? Mutations et reterritorialisations des horizons de possibilité et de désirs à la fin du XXe siècle
L'intervention vise à discuter et à nuancer la thèse qui s'est installée dans l'historiographie, selon laquelle la chute du mur de Berlin et le démantèlement du "socialisme réellement existant" ont signifié la fin des utopies. Je soutiendrai que le contexte même de "l'après-68" a entraîné une mutation dans la manière de comprendre la révolution et le changement, ainsi que l'activisme lui-même. Si la "contre-révolution" de la fin du siècle a eu un impact important, le "sujet mélancolique" qui a déploré la fin des utopies est également un type de subjectivité spécifique qui ne peut être étendu à la subjectivité actuelle qui se déploie dans d'autres mouvements sociaux.

Vicent Bellver Loizaga (València, 1989) est docteur en Histoire contemporaine mention internationale (2019) de l'université de València (Espagne) ; actuellement, il suit une formation à la sexologie à l'université de Alcalá de Henares. Sa thèse doctorale, publiée en 2021, s'est centrée sur l'expérience et la mémoire de l'engagement anarchiste et anarco-syndicaliste dans les années 1970-1980. Il s'est également intéressé aux "vies d'après" de la mémoire révolutionnaire et aux mouvements radicaux de la fin du XXe siècle. Actuellement, il est chercheur post-doctorant à l'université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis.

Carla BEZANILLA REBOLLO : Formas de volver al pasado desde las genealogías feministas : la cuarta ola interpretando
Esta comunicación analiza las formas en que los feminismos contemporáneos se reapropian del pasado, particularmente en el contexto de lo que se denomina la "cuarta ola" feminista. Caracterizada por un activismo transnacional y digital, esta nueva fase del feminismo recupera figuras históricas femeninas olvidadas y construye genealogías alternativas frente a una historiografía androcéntrica. A partir del análisis de obras literarias (como Lo que yo iba escribiendo de Carmen Estirado), artículos de prensa y producciones culturales (documentales, películas), esta intervención explora la relectura actual del feminismo considerado "histórico" y los efectos de un presentismo militante en la construcción de una memoria feminista. Se propone así reflexionar, desde una perspectiva crítica, sobre cómo las subjetividades del presente seleccionan, interpretan y reescriben el pasado a la luz de las luchas actuales.

Carla Bezanilla Rebollo es doctora en estudios hispánico por la Universidad Paris 8 Vincennes Saint Denis y doctora en Historia Contemporánea por la Universitat de València. Especializada en estudios de género, su investigación doctoral rastrea los usos del pensamiento racial en los princiapales discursos feminsitas, desde la crisis de finales del siglo XIX hasta las primeras décadas del siglo XX. Algunas de las reflexiones de su investigación han sido publicados en artículos y obras colectivas entre los que podemos destacar "Las mujeres rurales y los discursos feministas de los años 1920", Historia Social, nº99 (2021) y "El lastre colonial : feminismo y ciudadanía en la España contemporánea", en El imperio en casa: género, raza y nación en la España Contemporánea, Silex (2023). Actualmente imparte clases en el departamento de la Universidad Paris 8 Vincennes Saint Denis, donde trabaja desde 2020, primero como doctoranda contratada y posteriormente como Maître de Langue.

Carla BEZANILLA REBOLLO : Les voies de retour vers le passé à partir des généalogies féministes : l'interprétation de la quatrième vague
Cette communication s'interroge sur les modes de réappropriation du passé par les féminismes contemporains, en particulier dans le cadre de ce que l'on désigne comme la "quatrième vague". Marquée par un activisme transnational et numérique, cette nouvelle phase du féminisme remet en lumière des figures historiques féminines oubliées et crée des généalogies alternatives face à une historiographie androcentrique. À partir de l'analyse d'œuvres littéraires (notamment Lo que yo iba escribiendo de Carmen Estirado), d'articles de presse et de productions culturelles (documentaires, films), cette intervention explore la relecture présente du féminisme dit "historique" et les effets d'un présentisme militant dans la constitution d'une mémoire féministe. Il s'agira ainsi de réfléchir, dans une perspective critique, à la manière dont les subjectivités contemporaines sélectionnent, interprètent et réécrivent le passé au prisme des luttes actuelles.

Carla Bezanilla Rebollo est docteure en études hispaniques de l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis et docteure en Histoire contemporaine de l'université de Valence. Spécialiste des études de genre, sa recherche doctorale porte sur les usages de la pensée raciale en Espagne dans les principaux discours féministes, depuis la crise de fin de siècle jusqu'aux premières décennies du XXe siècle. Certaines des réflexions issues de ses travaux ont été publiées dans des articles et des ouvrages collectifs, parmi lesquels on peut citer : "Las mujeres rurales y los discursos feministas de los años 1920", Historia Social, nº99 (2021) et "El lastre colonial : feminismo y ciudadanía en la España contemporánea", dans El imperio en casa : género, raza y nación en la España Contemporánea, Silex (2023). Elle enseigne actuellement au département d'espagnol de l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, où elle a d'abord travaillé en tant que doctorante contractuelle, puis en tant que Maître de Langue.

Olivia FUNES LASTRA : Tras las huellas de la filósofa española María Zambrano
Durante su residencia en la Casa de Velázquez de la Académie de France en Madrid, Olivia Funes Lastra ha emprendido un viaje tras las huellas de la filósofa española María Zambrano. Tomando como punto de partida una obra particular, Claros del Bosque, la artista ha realizado una serie de pinturas textiles y textos que corresponden a la vida, la voz y el pensamiento de María Zambrano. Un pensamiento que aborda la cuestión de la percepción, que dialoga "con la pintura", pero que es también una herramienta de resistencia frente a los regímenes fascistas. Un pensamiento y una vida como un espejo desplazado: una española que emigró a América Latina a finales de los años treinta y una artista de Buenos Aires que ahora vive en París. Entre las dos, una misma pregunta : con casi cien años de diferencia, ¿cómo contribuye una vida de vagabundeo entre lenguas a la creación de una obra poética viva?

Artista visual de Buenos Aires, Olivia Funes Lastra se graduó en la École Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy en 2020. Continuó su formación inicial con un Post-Master del Programa de Artistas en la Universidad Torcuato Di Tella en 2021. Su trabajo es transdisciplinar, combinando instalación, vídeo, texto y performance. Crea espacios de transición utilizando colores y tejidos, en los que explora posibles analogías entre lenguaje, memoria y arquitectura en la experiencia del desplazamiento lingüístico y geográfico. Su obra se ha mostrado en exposiciones y eventos internacionales como Lago Film Fest (2021), UTDT (2022), FRAC Picardie (2022), DOC! (2023), Institut Français de Madrid (2023), Casa de Velázquez (2024), 17ª Bienal de Lyon (2024), Centro Cultural Las Cigarreras (2025).

Olivia FUNES LASTRA : Sur les traces de la philosophe espagnole María Zambrano
Durant sa résidence à la Casa de Velázquez, Académie de France à Madrid, Olivia Funes Lastra est partie sur les traces de la philosophe espagnole María Zambrano. Prenant comme point de départ une œuvre en particulier, Claros del Bosque, l'artiste a produit une série de peintures textiles et de textes en correspondance avec la vie, la voix et à la pensée de María Zambrano. Une pensée qui touche à la question de la perception, qui parle "à la peinture", mais qui est aussi un outil de résistance face aux régimes fascistes. Une pensée et une vie comme un miroir décalé : une femme espagnole qui émigre vers l'Amérique latine à la fin des années 30 face à une artiste de Buenos Aires qui vit aujourd'hui à Paris. Entre les deux, une même question : à presque cent ans d'écart, comment une vie d'errance et entre les langues contribue-t-elle à constituer une œuvre poétique vivante ?

Artiste visuelle de Buenos Aires, Olivia Funes Lastra sort diplômée de l'École Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy en 2020. Elle poursuit sa formation initiale avec le post-master Programa de Artistas de l'Universidad Torcuato Di Tella en 2021. Ses œuvres sont transdisciplinaires, mêlant l'installation, la vidéo, le texte et la performance. Elle crée des espaces transitoires à l'aide de la couleur et du textile, dans lesquels elle recherche des analogies possibles entre langage, mémoire et architecture dans l'expérience du déplacement linguistique et géographique. Son travail s'est déployé dans des expositions et manifestations internationales tels que Lago Film Fest (2021), UTDT (2022), FRAC Picardie (2022), DOC! (2023), l'Institut Français de Madrid (2023), Casa de Velázquez (2024), la 17ème Biennale de Lyon (2024), Centro Cultural Las Cigarreras (2025).

Virginie GAUTIER N'DAH-SÉKOU : De las utopías a las ecotopías : 50 años de discursos e imágenes ecologistas en España
Los años setenta trajeron consigo el fin de las utopías asociadas a la modernidad, y la aparición de conceptos como "cambio climático" y "límites al crecimiento" (Informe del Club de Roma, 1972). En España, el final de la década — marcada por profundos cambios políticos y sociales — presenció, por un lado, la emergencia de un ecologismo político impulsado por una pléyade de colectivos y, por otro, la aparición de comunidades intencionales constituidas en utopías ecológicas que se apartaban del progreso tecnológico y del capitalismo triunfante para imaginar "otros futuros posibles". Estos imaginarios, entre utopías de alternativas energéticas y justicia social y distopías de un mundo militarizado y nuclearizado, han configurado el movimiento ecologista español, desde finales del siglo XX, hasta las recientes "ecotopías" que imaginan un futuro post tecnológico o incluso post apocalíptico. Partiendo de las nociones de utopía, distopía y ecotopía, examinaremos en nuestra ponencia la relación entre las representaciones discursivas e iconográficas, por un lado, y por otro lado las experiencias concretas (o "utopías reales", Erik Colin Wright, 2010) del ecologismo político español, así como la relación con los tiempos — pasado, presente y futuro — que se entreteje en estos imaginarios y prácticas, entre sueños de un "mundo feliz" y colapsismo.

Virginie Gautier N'Dah-Sékou es MCF (profesora titular) en Civilización de España Contemporánea en la Universidad Paris-Est Créteil y miembro del laboratorio IMAGER. Es doctora en Estudios Hispánicos de la Universidad de Nantes, y autora del libro La résistance armée au franquisme (1936-1952). Représentations, espaces, mémoires, publicado en 2019 en las Prensas Universitarias de Rennes. Sus investigaciones actuales se centran en los movimientos sociales desde los años de la transición a la democracia, en particular el ecologismo político. Recientemente ha coordinado, con Baptiste Lavat (Universidad Paul-Valéry Montpellier), el dossier "Images et populismes dans les aires romanes contemporaines" para la revista Atlante ; y, con Alejandro Román Antequera (UPEC), un número especial de la revista Historia Actual Online titulado "Protestas en red: de lo local a lo internacional".

Virginie GAUTIER N'DAH-SÉKOU : Des utopies aux écotopies : 50 ans de discours et d'images de l'écologie en Espagne
Les années 1970 marquent la fin des utopies liées à la modernité, et l'avènement de notions telles que "changement climatique" et "limites de la croissance" (rapport du Club de Rome, 1972). En Espagne, la fin de la décennie — marquée par de profonds changements politiques et sociaux — voit d'une part l'éclosion d'un mouvement d'écologie politique porté par une multitude de collectifs, et d'autre part l'apparition de communautés intentionnelles qui se constituent comme des utopies écologistes et tournent le dos au progrès technologique et au capitalisme triomphant pour imaginer "d'autres futurs possibles". Ces imaginaires, qui oscillent entre utopies des alternatives énergétiques et de la justice sociale et dystopies d'un monde militarisé et nucléarisé, façonnent le mouvement écologiste espagnol de la fin du XXe siècle, jusqu'aux récentes "écotopies" qui imaginent un futur post-technologique voire post-apocalyptique. Cette intervention s'attachera à examiner, à travers les notions d'utopie, de dystopie et d'écotopie, l'articulation entre représentations discursives et iconographiques d'une part, expériences concrètes (ou "utopies réelles", Erik Colin Wright, 2010) de l'écologie politique espagnole d'autre part, ainsi que le rapport au(x) temps — passé, présent et futur — qui se tisse dans ces imaginaires et dans ces pratiques, entre rêves d'un "monde meilleur" et théories de l'effondrement.

Virginie Gautier N'Dah-Sékou est maîtresse de conférences en Civilisation de l'Espagne contemporaine à l'université Paris-Est Créteil et membre du laboratoire IMAGER. Elle est l'auteur de la monographie (tirée de sa thèse de doctorat préparée à l'université de Nantes) La résistance armée au franquisme (1936-1952). Représentations, espaces, mémoires, publiée en 2019 aux PUR. Ses recherches actuelles portent sur les mouvements sociaux depuis les années de transition à la démocratie, en particulier l'écologisme politique. Elle a récemment coordonné avec Baptiste Lavat (Université Paul-Valéry Montpellier) le dossier "Images et populismes dans les aires romanes contemporaines" pour la revue Atlante ; et avec Alejandro Román Antequera (UPEC) un numéro spécial de la revue Historia Actual Online intitulé "Protestas en red : de lo local a lo internacional".

Roberto GIL HERNÁNDEZ : Fantasmas que luchan. Hacia una semiosis descolonial de la protesta social contemporánea en Canarias
En los últimos años el antagonismo social no ha dejado de aumentar en Canarias. A las luchas que han protagonizado ciertos sectores de su población para reducir la pobreza o defender la naturaleza, hay que sumarle el malestar generado por la gentrificación y la turistificación. Para hallar soluciones a estas problemáticas, una parte sensible de la sociedad insular participó en las manifestaciones convocadas por todo el Archipiélago el 20 de abril de 2024 bajo el lema 'Canarias tiene un límite'. Las instantáneas tomadas durante las marchas muestran la presencia importante de símbolos indígenas. A través de un análisis semiótico, se pretende evaluar tales significantes desde una perspectiva que combina planteamientos del giro afectivo, el giro espectral y el pensamiento descolonial. Se concluye afirmando la importancia de la movilización política de los fantasmas del pasado para la protesta social contemporánea.

Roberto Gil Hernández es Doctor por la Universidad de La Laguna en Filosofía, Cultura y Sociedad, donde se desempeña como docente e investigador. Autor afín a ramas de conocimiento como la sociología histórica y de la cultura, trabaja, desde una perspectiva que combina la teoría crítica, el psicoanálisis y el pensamiento descolonial, los procesos de construcción de identidades políticas y su relación con la ciencia, la ideología, el Estado-nación y el patrimonio cultural.

Roberto GIL HERNÁNDEZ : Fantômes en lutte. Vers une sémiosis décoloniale de la protestation sociale contemporaine dans les îles Canaries
Ces dernières années, les antagonismes sociaux se sont multipliés dans les îles Canaries. Aux luttes de certains secteurs de la population pour réduire la pauvreté et défendre la nature, s'agrège le malaise généré par la gentrification et le tourisme. Afin de trouver des solutions à ces problèmes, une part importante de la société insulaire a participé aux manifestations organisées dans tout l'archipel le 20 avril 2024, sous le slogan "Les Canaries ont une limite". Les photos prises lors des marches montrent la présence significative de symboles indigènes. À travers une analyse sémiotique, nous voulons évaluer ces signifiants dans une perspective qui combine les approches du tournant affectif, du tournant spectral et de la pensée décoloniale, pour conclure en affirmant l'importance de la mobilisation politique des fantômes du passé pour la contestation sociale contemporaine.

Roberto Gil Hernández est titulaire d'un doctorat en philosophie, culture et société de l'université de La Laguna, où il est enseignant et chercheur. Il est l'auteur d'ouvrages de sociologie historique et culturelle, où il étudie les processus de construction des identités politiques et leur relation avec la science, l'idéologie, l'État-nation et l'héritage culturel, depuis une perspective qui combine la théorie critique, la psychanalyse et la pensée décoloniale.

Michel MARTÍNEZ PÉREZ : Catalanismo federalista o soberanista : ¿utopías disponibles a futuro?
A partir de la "única utopía disponible" (Subirats, 2014) que habría supuesto el proceso soberanista catalán (2012-2017), se tratará de reflexionar y discutir de la paradoja que supone un proyecto político "emancipador", permanentemente aplazado, que provocaría profundas divisiones (y frustraciones) entre los diferentes sectores del catalanismo. Así lo mostraría, por ejemplo, la declaración de independencia de Carles Puigdemont del 10 de octubre de 2017, con la suspensión de sus efectos para negociar el "divorcio" con el gobierno central español. Más allá de aquel suceso, en el seno de este conflicto político-territorial de la España posfranquista, las diferentes corrientes del catalanismo político (federalista o soberanista) se topan con un Estado autonómico, ciertamente descentralizado, pero que ha sacralizado la soberanía nacional de un único pueblo español, lo cual impide que la autonomía política de las nacionalidades periféricas implique soberanía, ni siquiera compartida. Hoy, como en 1978, una evolución hacia espacios de soberanía compartida con las CC.AA., o sea una reforma constitucional, parece harto improbable a medio (o incluso largo) plazo ; la autonomía ha ido ampliándose, claramente, pero tan solo en el ámbito competencial. Así, el blindaje institucional que supone una Constitución "intocable" está asumido por parte de las fuerzas catalanistas. Por lo tanto, todos los proyectos políticos de carácter federalista, confederal o soberanista solo son, a día de hoy, utopías disponibles a largo (incluso muy largo) plazo : a futuro.

Michel Martínez Pérez es Catedrático de "Lengua y cultura catalanas" en Sorbonne Université (Facultad de Letras – Departamento de Estudios ibéricos y latinoamericanos). Director del Centre d'études catalanes de Sorbonne Université. Director del eje "Estudios catalanes" del Centre de recherches interdisciplinaires sur les mondes ibéro-américains contemporains (CRIMIC). Secretario adjunto de la Association française des catalanistes (AFC). Miembro de la Société française des hispanistes et ibéro-américanistes (SoFHIA). Especialista de los nacionalismos en la España contemporánea, defendió su tesis doctoral sobre el partido político Chunta Aragonesista (CHA) desde su fundación (1986) hasta 2012. Es autor de varios artículos sobre el Aragón catalanoparlante, el nacionalismo aragonés progresista, así como la España plural y la paradiplomacia de Cataluña. En diciembre de 2023, se habilitó para dirigir investigaciones (HDR, en francés) con un dossier titulado L'Espagne plurinationale et plurilingue : impossible entente fédérale ou seule unité nationale possible ? Su trabajo inédito se titula Diplomaties, paradiplomaties et protodiplomatie en Espagne : de l'internationalisation des communautés autonomes au processus indépendantiste catalan (1977-2022). La garante de su trabajo es Mònica Güell (Sorbonne Université).

Michel MARTÍNEZ PÉREZ : Catalanisme fédéraliste ou souverainiste : des utopies possibles pour l'avenir ?
À partir de la "seule utopie disponible" (Subirats, 2014) qu'aurait représenté le processus souverainiste catalan (2012-2017), il sera question de réfléchir et de discuter du paradoxe que présente un projet politique "émancipateur", sans cesse repoussé, provoquant de profondes divisions (et frustrations) entre les différents secteurs catalanistes. En cela, la déclaration d'indépendance de Carles Puigdemont du 10 octobre 2017 (dont il fut question de différer les effets le temps de négocier les contours du "divorce" avec le gouvernement central espagnol) est un événement très évocateur. Plus globalement, dans ce conflit politico-territorial de l'Espagne post-franquiste, les catalanismes (fédéralistes ou souverainistes) sont confrontés à un État démocratique décentralisé, certes, mais qui a sanctuarisé la souveraineté nationale du peuple espagnol dans son ensemble, empêchant que l'autonomie politique n'implique de souveraineté, même partagée, avec les peuples des nationalités périphériques les plus différenciées. Aujourd'hui, comme en 1978, une évolution vers plus de souveraineté des communautés autonomes est peu probable à moyen (voire à long) terme ; l'autonomie s'est élargie, certes, mais uniquement en termes de compétences. Ainsi, le verrouillage institutionnel que suppose une Constitution "intouchable" est donc assumé par les forces catalanistes et toutes les promesses politiques allant vers un projet fédéral, confédéral ou souverainiste ne sont en réalité que des utopies disponibles à long (voire très long) terme : a futuro.

Michel Martínez Pérez est Professeur des universités en "Langue et culture catalanes" à Sorbonne Université (Faculté des Lettres – UFR d'Études ibériques et latino-américaines), Directeur du Centre d'études catalanes de Sorbonne Université et Directeur de l'axe "Études catalanes" du Centre de recherches interdisciplinaires sur les mondes ibéro-américains contemporains (CRIMIC) - UR 2561. Il est également secrétaire-adjoint de l'Association française des catalanistes (AFC) et membre de la Société française des hispanistes et ibéro-américanistes (SoFHIA). Spécialiste des nationalismes au sein de l'Espagne contemporaine, il a réalisé une thèse sur le parti politique Chunta Aragonesista (1986-2004). Il est l'auteur d'articles sur l'Aragon catalanophone, le nationalisme aragonais progressiste ainsi que sur l'Espagne plurinationale et la paradiplomatie de la Catalogne. En décembre 2023, il a soutenu une Habilitation à diriger des recherches (HDR) intitulée L'Espagne plurinationale et plurilingue : impossible entente fédérale ou seule unité nationale possible ? Son inédit a quant à lui pour titre : Diplomaties, paradiplomaties et protodiplomatie en Espagne : de l'internationalisation des communautés autonomes au processus indépendantiste catalan (1977-2022). Sa garante est Mònica Güell (Sorbonne Université).
Publications
Michel Martínez Pérez, "Gastronacionalisme i gastrodiplomàcia als països i territoris de llengua catalana", in Aleix Guijarro Pineda et Mònica Güell (coord.), Entaulats : cuina, festins, gastronomia, Perpignan, Trabucaire, Sous presse.
Michel Martínez Pérez, "La política cultural española en Europa. Del Instituto Cervantes a los organismos autonómicos (1980-2020)", in Ferran Archilés i Cardona, Democracia sin diversidad. La presencia de la diversidad cultural en España (1975-2024), Madrid, Silex, Sous presse.
Michel Martínez Pérez, "El colegio menor San Pablo de Teruel : resistencia cultural y política al franquismo en los años 1960", in Adeline Chainais et Maria Llombart (coord.), Las artes visuales y escénicas, espacios de resistencia al franquismo y a su legado, Lausanne, Novos, En cours de publication.
Michel Martínez Pérez, "Aragón ye nazión ! La nacionalización de Aragón desde los márgenes (1972-1982)", in Jordi Roca, Maitane Ostolaza et Joaquim Puigbert (coord.), La nacionalización desde abajo, Grenade, Comares, Sous presse.
Bruno Vargas et Michel Martínez Pérez (dir.), De l'exil républicain à la Transition démocratique. Bilan et perspectives historiographiques, Toulouse, Presses universitaires du Midi (PUM), Collection "Méridiennes", 2025.
Michel Martínez Pérez et Lluís Medir Tejado, "Catalunya, el preu de la independencia", Revue d'études catalanes (REC), Sous presse.
Michel Martínez Pérez, "La diversidad lingüística de España : ¿clave de bóveda de los regionalismos/nacionalismos en pugna?", in Las crisis nacionales y territoriales en España, La Maleta de Portbou, n°66, Barcelone, 2024.

María Ángeles NAVAL : Nostalgia y melancolía en los relatos transicionales
En esta intervención se estudiarán algunos relatos transicionales fundamentalmente novelescos en los que se analizará la construcción de un relato de las transiciones políticas del último tercio del siglo XX en relación con las categorizaciones de S. Boym y E. Traverso aludidas en el título. Se planteará la operatividad de analizar bajo un enfoque diacrónico generacional las categorías de melancolía, derrota, utopía, historia y memoria de las transiciones que elabora la narrativa literaria.

María Angeles Naval es catedrática de Literatura Española (Universidad de Zaragoza) y miembro del Instituto de Patrimonio y Humanidades. Responsable del Grupo de Investigación de Referencia del Gobierno de Aragón Transficción y del proyecto MINECO La Literatura de la transición democrática española y las narrativas transicionales europeas II (PID2019-107821GB-I00). Ha sido Directora del Salón de Industrias Culturales y Creativas de Aragón. Ha dirigido el Máster propio en gestión de políticas y proyectos culturales en la Universidad de Zaragoza y la revista Poesía en el Campus. Participa en proyectos y redes de investigación europeas relacionadas con la cultura de la transición democrática española y otras transiciones. Dirige la colección "Letra Última" de la Institución Fernando el Católico (CSIC). Publicaciones suyas relacionadas con este congreso pueden verse en : La Transición sentimental. Literatura y cultura en España desde 1970 (2016) ; Narrativas disidentes (1968-2018). Historia, novela, memoria (2020). "Tradiciones y vías de institucionalización de la poesía escrita por mujeres desde 1980", Romance Notes, 60 (2020) ; Edición y estudio del libro de Marta Sanz Enciclopedia secreta. Lecturas en el espejo feminista (2022) ; Las transiciones políticas en Europa y su relato literario (2024).

María Ángeles NAVAL : Nostalgie et mélancolie dans les récits transitionnels
Cette communication étudiera quelques récits transitionnels, principalement des romans, pour analyser la construction d'un récit des transitions politiques du dernier tiers du XXe siècle à l'aune des catégories conçues par S. Boym et E. Traverso, auxquelles le titre ci-dessus fait référence. On abordera le bien-fondé d'une lecture diachonique et générationnelle des catégories de mélancolie, défaite, utopie, histoire et mémoire des transitions éloborées par le récit littéraire.

María Ángeles Naval est professeure de Littérature espagnole à l'Université de Saragosse et membre de l'Institut de Patrimoines et Humanités. Responsable du groupe de recherche Transficcion et du projet MINECO La Literatura de la transición democrática española y las narrativas transicionales europeas II (PID2019-107821GB-I00). Elle a notamment dirigé le Salon des industries culturelles et créatives d'Aragon, le Master de gestion de politiques et de projets culturels de l'Université de Saragosse, et la revue Poesía en el Campus. Elle participe à de nombreux projets et réseaux de recherches européens sur la culture de la transition démocratique espagnole et d'autres transitions. Elle dirige la collection "Letra Ultima" de la Institución Fernando el Católico. Parmi ses travaux récents figurent La Transición sentimental. Literatura y cultura en España desde 1970 (2016) ; Narrativas disidentes (1968-2018). Historia, novela, memoria (2020). "Tradiciones y vías de institucionalización de la poesía escrita por mujeres desde 1980", Romance Notes, 60 (2020) ; l'édition et la préface du livre de Marta Sanz, Enciclopedia secreta. Lecturas en el espejo feminista (2022) ; Las transiciones políticas en Europa y su relato literario (2024).

Kevin RAMIER : Los espacios ontológico-políticos del posimperio español
La intervención partirá del concepto de ethos barroco de Bolívar Echeverría y del de posimperio de Joseba Gabilondo para analizar cómo el Estado español organiza los espacios de ese imperio bajo una lógica heredada de un ethos barroco. Así, el Estado español recurre a un ethos barroco para gestionar la contradicción posimperial : su condición de periferización histórica dentro de Europa en el siglo XIX frente a otros imperios europeos, particularmente protestantes, como el Reino Unido y Alemania. Lo hace reivindicando elementos asociados (por las potencias europeas emergentes) a su decadencia, como la catolicidad, cierta exoticidad e incluso una "africanidad" que intelectuales franquistas retoman para elaborar teorías sobre una continuidad racial con el norte de África, presentándola como garantía de una buena gestíon (colonial) de esos territorios. Por ello, propongo explorar los límites del ethos barroco en la configuración contemporánea del espacio político de España, es decir, cómo la condición posimperial de la metrópoli, vinculada al espacio imperial, debe también reconsiderarse desde los límites nebulosos de ese espacio, en particular desde Guinea Ecuatorial, donde el ethos barroco que caracteriza los discursos sobre la singularidad del imperio español se ve perturbado.

Kevin Ramier es doctorando en Estudios Hispánicos en la Universidad Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Su tesis, titulada "Les voix littéraires équato-guinéennes face à l'histoire palimpsestique du (post)franquisme depuis les années 1950", aborda los relatos de las violencias coloniales del franquismo mediante el estudio de novelas ecuatoguineanas. Sus áreas de interés incluyen los estudios poscoloniales, decoloniales y la literatura ecuatoguineana. Próximas publicaciones relacionadas : Complicité subversive avec la bibliothèque coloniale dans cuando a guinea se iba por mar de Juan Tomás Ávila Laurel et La república fantástica de annobón de Francisco Zamora Loboch (Société des Langues Néo-Latines, en prensa) ; Dorado, rojo y negro : exploración de patologías del presentismo mediante relatos de la Transición española (1990-2000) (Pandora, en prensa).

Kevin RAMIER : Les espaces ontologico-politiques du post-empire espagnol : linéaments et limites de la configuration baroque
L'intervention partira du concept d'ethos baroque de Bolívar Echeverría et de celui de posimperio de Joseba Gabilondo pour étudier comment l'état espagnol organise les espaces de cet empire dans une logique hérité d'un ethos baroque. L'État espagnol a ainsi recours à un ethos baroque pour vivre la contradiction post-impériale, la condition de périphérisation historique au sein de l'Europe au XIXe siècle face à d'autres empires européens, notamment protestants, comme le Royaume-Uni et l'Allemagne, en revendiquant les éléments associés (par les puissances européennes émergentes) à sa décadence, comme la catholicité, une certaine exoticité et voire africanité que des intellectuels franquistes exaltent dans des théories de continuité raciale avec l'Afrique du nord comme garantie d'une expertise (coloniale) sur ces territoires nord-africains. Cette présentation entend alors explorer les implications des limites de l'ethos baroque dans la configuration contemporaine de l'espace politique de la métropole, ou comment la condition post-impériale de la métropole, référée à l'espace impérial, doit également être reconsidérée depuis les limites nébuleuses de cet espace, notamment depuis la Guinée équatoriale, où l'ethos baroque qui caractérise les discours sur la particularité de l'empire espagnol est troublé.

Kevin Ramier est doctorant contractuel en Études hispaniques à l'université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Son projet de thèse, provisoirement intitulé "Les voix littéraires équato-guinéennes face à l'histoire palimpsestique du (post)franquisme depuis les années 1950", porte sur les récits des violences coloniales du franquisme à l'épreuve des romans équatoguinéens. Ses domaines d'intérêt incluent les études postcoloniales, décoloniales, et la littérature équatoguinénne. Prochaines publications en lien à paraître cette année : Complicité subversive avec la bibliothèque coloniale dans cuando a guinea se iba por mar de Juan Tomás Ávila Laurel et La república fantástica de annobón de Francisco Zamora Loboch (société des langues néo-latines, à venir) ; Dorado, rojo y negro : exploración de patologías del presentismo mediante relatos de la Transición española (1990-2000) (Pandora, à venir).

Béatrice RODRIGUEZ : Poéticas de las ruinas. Poéticas del presentismo en Rafael Chirbes
En esta ponencia se trata de estudiar el concepto de la Historia que emerge en la narrativa de Chirbes, en particular en La caída de Madrid. Partiendo de la imagen del "ángel de la historia" de Walter Benjamin en su obra Iluminaciones y de la crítica de Chirbes (Lucas Merlo), se analizarán las estrategias narrativas utilizadas por el escritor para traer al pasado en el presente — en particular el flujo de conciencia de los personajes y la figura de la analepsis. ¿ Qué efectos producen en la escritura ? ¿ Qué alcance político tienen estas estrategias narrativas ? ¿ Cómo cambiar el discurso del consenso histórico a través de la ficción ? Los ejemplos aportados intentaran esclarecer la "estrategia del boomerang" de la que se reclama Chirbes : "El salto atrás en la historia sólo nos sirve si funciona como boomerang que nos ayuda a descifrar los materiales con que se está construyendo el presente".

Béatrice Rodriguez ha sido alumna en l'École Normale Supérieure y es actualmente Profesora titular en la UPEC (Université Paris-Est Créteil). Sus investigaciones versan sobre literatura española contemporánea — novelas y poesía escritas por mujeres de los siglos XX y XXI.
Publicaciones
Les mots pour le vivre, Paris, L'Harmattan, 2019 (relato-poema).
"Lo real en penumbras", in Zoraida Carandell (dir.), Hacia un oscuro dominio, en prensa.
"La generación femenina del 27 : Madres en duelo", in Monográfico Verbia : Journal of English and Spanish Studies. Revista de Estudios Filológicos. El legado de las escritoras, n°6, 2022, pp. 57-68.

Béatrice RODRIGUEZ : Poétiques des ruines. Poétiques du présentisme chez Rafael Chirbes
Cette communication prétend étudier le concept d'Histoire qui émerge dans les romans de Chirbes, en particulier dans La caída de Madrid. À partir de l'image de "l'ange de l'histoire" de Walter Benjamin dans son ouvrage Illuminations et de la critique de Chirbes (Lucas Merlo), nous analyserons les stratégies narratives utilisées par l'auteur pour ramener le passé dans le présent — en particulier le flux de conscience des personnages et la figure de l'analepse. Quels effets produisent-ils dans l'écriture ? Quelle portée politique ont ces stratégies narratives ? Comment changer le discours du consensus politique à travers la fiction ? Les exemples fournis essaieront d'éclaircir la "stratégie du boomerang" dont Chirbes se réclame : "Le saut en arrière dans l'histoire n'est utile que s'il fonctionne comme boomerang qui nous aide à déchiffrer les matériaux avec lesquels nous construisons le présent".

Béatrice Rodriguez est ancienne élève de l'École Normale Supérieure et actuellement Maître de Conférences à l'UPEC (Université Paris-Est Créteil). Ses recherches portent sur la littérature espagnole contemporaine — romans et poésie des femmes du XXe et XXIe en particulier.
Publications
Les mots pour le vivre, Paris, L'Harmattan, 2019 (Récit-poème).
"Lo real en penumbras", in Hacia un oscuro dominio, sous la direction de Zoraida Carandell, à paraître.
"La generación femenina del 27 : Madres en duelo", in Monográfico Verbia : Journal of English and Spanish Studies. Revista de Estudios Filológicos. El legado de las escritoras, n°6, 2022, pp. 57-68.

María ROSÓN : Fragilidad y memoria del papel
Revistas, libros, cartas, diarios, cuadernos, álbumes son las cosas que interrogan mi investigación sobre la memoria cultural de la España de los años treinta y cuarenta. Son legados de papel, un material popular y que alcanzó a conectar con gran parte de la sociedad antes, durante y después de la guerra civil. Un material posicionado, que sostiene palabras, fotografías o dibujos que se inscriben en su fisicidad. Un material ácido, escaso en periodos de escasez, con poco valor económico, que pesa y ocupa espacio, una memoria muy frágil. La pregunta que detona esta intervención tiene que ver con las vidas sociales de algunos de estos artefactos ¿cómo han llegado hasta hoy? ¿qué inscripciones nos traen a nuestro presente y de qué forma?

Historiadora de álbumes fotográficos de madres y recolectora de secretos, María Rosón es profesora de historia del arte contemporáneo en la Universidad Complutense de Madrid. Interesada por lo popular, lo feo, lo cursi, lo excesivo, sus investigaciones conectan la cultura visual y material del siglo XX español con perspectivas de los feminismos intersecciones, las memorias y archivos disidentes. Ha trabajado en la Universidad Autónoma de Madrid, donde se doctoró, en el Museo Reina Sofía (Departamento de Colecciones) y en la Universidad de Valencia.

María ROSÓN : Fragilité et mémoire du papier
Magazines, livres, lettres, journaux, cahiers, albums sont les objets qui interrogent ma recherche sur la mémoire culturelle de l'Espagne des années 1930 et 1940. Ce sont des héritages de papier, un matériau populaire au contact d'une grande partie de la société avant, pendant et après la guerre civile. Un matériau situé, qui contient des mots, des photographies ou des dessins inscrits dans sa matérialité. Un matériau acide, rare en période de pénurie, ayant peu de valeur économique, qui a un poids et prend de la place, une mémoire très fragile. La question à l'origine de cette intervention concerne la vie sociale de certains de ces artefacts, comment sont-ils parvenus jusqu'à nous, quelles inscriptions portent-ils dans notre présent et sous quelle forme ?

Historienne des albums photographiques des mères et collectionneuse de secrets, María Rosón est professeure d'histoire de l'art contemporain à l'Universidad Complutense de Madrid. Intéressée par le populaire, le laid, le ringard, l'excessif, ses recherches articulent la culture visuelle et matérielle de l'Espagne du XXe siècle aux perspectives des féminismes intersectionnels, des mémoires et des archives dissidentes. Elle a travaillé à l'Universidad Autónoma de Madrid, où elle a obtenu son doctorat, au musée Reina Sofía (département des collections) et à l'université de Valence.

Henry ROUSSO : L'actualité du présentisme
La notion de "présentisme" est apparue bien avant l'usage qui s'est répandu dans les années 2000, à la suite des travaux de François Hartog. En esquissant une généalogie, on peut la voir comme l'expression d'une philosophie et d'une conception du temps qui remontent à une longue tradition, celle d'un rejet de l'histoire comme charge sur les vivants et d'une glorification du présent comme source créatrice. Cette notion peut-elle encore caractériser le régime d'historicité contemporain alors que le futur est à nouveau une composante essentielle de notre conception du temps, que ce soit à cause de la catastrophe climatique annoncée ou de la dystopie que nous promettent les nouvelles idéologies réactionnaires, en Europe ou aux États-Unis ?

Henry Rousso est historien, directeur de recherche émérite au CNRS. Il a publié plusieurs ouvrages sur l'Occupation et l'histoire de la mémoire collective : Le Syndrome de Vichy (1987), Vichy, un passé qui ne passe pas (avec Éric Conan, 1994), La Dernière Catastrophe. L'histoire, le présent, le contemporain (2012), Face au Passé. Essais sur la mémoire contemporaine (2016), Le régime de Vichy (2023). Il préside depuis 2019 la mission de préfiguration du Musée-mémorial du terrorisme.

Marina RUIZ CANO : Los objetos en la dramaturgia de Eusebio Calonge : del simulacro a la performatividad
Este trabajo se centrará en tres obras de Eusebio Calonge, todas ellas publicadas, a partir de las puestas en escena de la compañía La Zaranda : Homenaje a los malditos (2005), Los que ríen los últimos (2007) y La patria de los espectros (2011). Nos proponemos extraer la poética que se conforma por el uso metafórico o desviado de los objetos escénicos, con el objetivo de subrayar su performatividad. Partiendo del concepto de "simulacro" de Jean Baudrillard (Simulacres et simulation, 1981) que refuerza la frontera entre lo real y lo imaginario, con todas las potencialidades de este último, la atmósfera ritual creada por La Zaranda se asemeja a la estética de la performatividad teorizada por Erika Fischer-Lichte (La estética de lo performativo, 2004). Según esta, la representación teatral contemporánea se convierte en acontecimiento, lo que imbrica la experiencia estética y la vida. Así, demostraremos que la dramaturgia de Eugenio Calonge — por el uso de los gotesco, las alusiones a las ruinas y las construcciones de un pasado que oscila entre lo real y lo ficticio — permite suspender el tiempo para provocar una reflexión política sobre y en el presente.

Doctora en Literatura comparada por la Universidad del País Vasco y en Estudios Románicos por la Universidad de Nanterre, Marina Ruiz Cano es profesora titular (PRAG) en los departamentos de hispánicas y lenguas modernas de la Universidad de Le Mans. Su investigación se centra en el teatro político y las escrituras relativas a la identidad y a la memoria. Ha publicado varios trabajos recientemente sobre estas cuestiones : "Dignificar a la marginal en la dramaturgia española contemporánea : los casos de Juana Escabias, Elena Cánovas y Carolina África", en Françoise Richet (coord.), Les représentations des minorités dans les mondes hispaniques : actions, interactions, réactions (Orbis Tertius, 2025), "Encarnar la prostitución en el teatro español : de la trata al maltrato, de la sumisión a la insumisión", en Claudia Pena (coord.), Misoginia en las artes y su deconstrucción en el aula (Dykinson, 2024), "Teatro y comunidad en Euskadi desde 1979 : motivaciones, estrategias y conflictos" (Cahiers d’études romanes, n°49, 2024) o "La memoria de los abusos político-jurídico-policiales en la obra Sisiforen paperak/Los papeles de Sísifo", en Béatrice Bottin (ed.), Las artes escénicas como patrimonio del ámbito hispánico. Siglo XXI (Peter Lang, 2023). Es miembro de la junta directiva de la Asociación Internacional de Teatro Siglo XXI (AITS 21) y responsable de la colección Hors-série de la revista HispanismeS de la Société Française d’Hispanistes et Ibéro-Américanistes. Colaboradora del proyecto de traducción "El Quijote Transnacional" de la Universidad de Salamanca, también se interesa por los intercambios culturales entre Francia y España, como muestran dos trabajos recientes : "Esto no es un cuento, sino un cortometraje : Diderot en la pantalla española" (Quaderns de filologia, estudis literaris, n°29, 2024) y "Le théâtre d'Albert Camus et l'Espagne : créations et recréations" (Lettres Modernes Minard, Série Camus, Classiques Garnier, n°26, 2024). Su investigación sobre las representaciones artísticas de la memoria de la España contemporánea se enmarcan en el proyecto CIGE/2023/74 "Subjetividades en crisis en la literatura española contemporánea (1914-1975)" de la Universitat de València (España). En 2025 van a publicarse dos trabajos suyos sobre cuestión de la memoria en la dramaturgia de Borja Ortiz de Gondra ("Sonotopes et mémoire dans l'œuvre théâtrale de Borja Ortiz de Gondra", en Beat Föllmi et Isabelle Reck (eds.), Trous de mémoires. Traces et fisures y ""Borra las huellas, pero di nuestra herida" : huellas crepusculares en la Trilogía de los Gondra", en Aliénor Asselot et Lisa García (eds.), La Trace, Casa de Velázquez), así como un monográfico codirigido con Béatrice Bottin para la revista Acotaciones de la RESAD sobre los vínculos entre feminismo y teatro iberoamericano del siglo XXI.

Marina RUIZ CANO : Les objets dans la dramaturgie d'Eusebio Calonge : du simulacre à la performativité
Ce travail prendra comme objets d'étude trois pièces d'Eusebio Calonge, toutes publiées, qui seront analysées à partir des mises en scènes de la compagnie La Zaranda : Homenaje a los malditos (2005), Los que ríen los últimos (2007) et La patria de los espectros (2011). Il s'agira d'en dégager la poétique résultante à la suite du détournement des objets scéniques, et ce en vue de souligner leur performativité. Partant du concept de "simulacre" de Jean Baudrillard (Simulacres et simulation, 1981) qui renforce la frontière entre le réel et l'imaginaire, avec toutes les potentialités de ce dernier, l'atmosphère rituelle créée par La Zaranda se rapproche de l'esthétique de la performativité théorisée par Erika Fischer-Lichte (Ästhetik des Performativen, 2004). Selon cette théorie, la représentation théâtrale contemporaine devient un événement à part entière, reliant ainsi l'expérience esthétique à la vie. Nous verrons ainsi comment la dramaturgie d'Eugenio Calonge — par son recours au grotesque, ses allusions aux ruines et ses constructions d'un passé à la charnière entre le réel et le fictif — permet de suspendre le temps et de ramener la réflexion politique au moment présent.

Docteure en Littérature comparée par l'université du Pays basque et en Études romanes par l'université de Nanterre, Marina Ruiz Cano est PRAG d'espagnol aux départements de LLCER et LEA de l'université du Mans. Ses recherches portent sur le théâtre politique et les écritures relatives à l'identité et à la mémoire. Dans ce sens, elle a récemment publié "Dignificar a la marginal en la dramaturgia española contemporánea : los casos de Juana Escabias, Elena Cánovas y Carolina África", dans Françoise Richet (coord.), Les représentations des minorités dans les mondes hispaniques : actions, interactions, réactions (Orbis Tertius, 2025), "Encarnar la prostitución en el teatro español : de la trata al maltrato, de la sumisión a la insumisión", dans Claudia Pena (coord.), Misoginia en las artes y su deconstrucción en el aula (Dykinson, 2024), "Teatro y comunidad en Euskadi desde 1979 : motivaciones, estrategias y conflictos" (Cahiers d'études romanes, n°49, 2024) ou "La memoria de los abusos político-jurídico-policiales en la obra Sisiforen paperak/Los papeles de Sísifo", dans Béatrice Bottin (éd.), Las artes escénicas como patrimonio del ámbito hispánico. Siglo XXI (Peter Lang, 2023). Elle est membre du Conseil d'administration de l'Asociación Internacional de Teatro Siglo XXI (AITS 21) et responsable des numéros Hors-série de la revue HispanismeS, portée par la Société Française d'Hispanistes et Ibéro-Américanistes. Collaboratrice du projet de traduction "El Quijote Transnacional" de l'université de Salamanca, elle s'intéresse également aux transferts cultures entre la France et l'Espagne, comme en témoignent deux travaux récents : "Esto no es un cuento, sino un cortometraje : Diderot en la pantalla española" (Quaderns de filologia, estudis literaris, n°29, 2024) et "Le théâtre d'Albert Camus et l'Espagne : créations et recréations" (Lettres Modernes Minard, Série Camus, Classiques Garnier, n°26, 2024). Ses recherches sur les représentations artistiques de la mémoire de l'Espagne contemporaine s'inscrivent dans le cadre du projet CIGE/2023/74 "Subjetividades en crisis en la literatura española contemporánea (1914-1975)" de l'Universitat de València (Espagne). En 2025 deux de ses travaux sur les enjeux mémoriels dans la dramaturgie de Borja Ortiz de Gondra vont paraître ("Sonotopes et mémoire dans l'œuvre théâtrale de Borja Ortiz de Gondra", dans Beat Föllmi et Isabelle Reck (éds.), Trous de mémoires. Traces et fissures et ""Borra las huellas, pero di nuestra herida" : huellas crepusculares en la Trilogía de los Gondra", dans Aliénor Asselot et Lisa García (éds.), La Trace, Collection Casa de Velázquez), ainsi qu'un numéro codirigé avec Béatrice Bottin pour la revue Acotaciones de la RESAD portant sur les liens entre le féminisme et le théâtre ibéroaméricain du XXIe siècle.

Antolín SÁNCHEZ CUERVO : De la memoria republicana a la memoria democrática
¿Son lo mismo "memoria republicana" y "memoria democrática"? La presente ponencia plantea algunas hipótesis a manera de respuesta, teniendo en cuenta la evolución de la memoria crítica en España durante el último medio siglo. Si en las dos décadas posteriores a la dictadura el exilio republicano supuso un referente primordial, habida cuenta de la supervivencia de sus voces aun en medio de un escenario adverso, en el horizonte del siglo XXI el panorama se vuelve más complejo. Las iniciativas de la sociedad civil en torno a las exhumaciones, los debates en el ámbito político-jurídico y su concreción en las leyes de 2007 y 2022, y el auge global, en los últimos años, de los nuevos nacional-populismos y ultra-nacionalismos, ligados a la cultura hiper-digitalizada de la aceleración y la desinformación, obligan a nuevos análisis.

Antolín Sánchez Cuervo es Doctor en Filosofía e investigador científico del Instituto de Filosofía del Consejo Superior de Investigaciones Científicas de España, en donde dirige el Departamento de "Filosofía, Cultura y Sociedad". También es "Mercator fellow" de la Deutsche Forschungsgemeinschaft e Investigador Principal del proyecto La filosofía iberoamericana del siglo XX y el desarrollo de una razón plural, financiado por el Gobierno de España. Ha sido Investigador Principal de varios proyectos, nacionales e internacionales, sobre los legados del exilio republicano español de 1939. También ha sido Investigador Visitante en diversas universidades de Europa y América, y en 2019 obtuvo el "Reconocimiento Escuela Nacional de Altos Estudios", otorgado por la Universidad Nacional Autónoma de México. Es autor de numerosas publicaciones dedicadas a la memoria exiliada y su significación crítica. Entre otras, cabe mencionar el monográfico "Voces del exilio. Comunidad filosófica y deber de memoria", editado por la revista Endoxa (2022), del que es coeditor y coautor.

Antolín SÁNCHEZ CUERVO : De la mémoire républicaine à la mémoire démocratique
La mémoire républicaine et la mémoire démocratique sont-elles une seule et même chose ? La présente conférence examine quelques hypothèses susceptibles de donner des éléments de réponse, eu égard à l'évolution de la mémoire critique en Espagne durant les cinquante dernières années. Si durant les deux décennies qui suivirent la transition démocratique, l'exil républicain fut une référence primordiale, compte tenu de la résilience de ses voix, même dans un scénario qui leur était hostile, à l'aube du XXIe siècle le panorama devient plus complexe. Les initiatives de la société civile autour des exhumations, les débats dans la sphère politico juridique et leur incidence dans les lois de 2007 et 2022, tout comme l'expansion, ces dernières années, de nouveaux national populismes et ultra nationalismes, liés à une culture hyper numérisée et à la désinformation, nous contraignent à renouveler nos analyses.

Antolín Sánchez Cuervo est docteur en Philosophie et chercheur à l'Institut de Philosophie du Conseil Supérieur de Recherches scientifiques espagnol. Il est directeur du département de Philosophie, culture et société. Il est "Mecator fellow" de la Deutsche Forschungsgemeinschaft et il dirige le projet de recherche La filosofía iberoamericana del siglo XX y el desarrollo de una razón plural, financé par le ministère de la recherche espagnol. Il a porté plusieurs projets en Espagne et à l'étranger sur l'héritage de l'exil républicain espagnol de 1939. Il a été invité dans de nombreuses universités en Europe et en Amérique et a été distingué par le "Reconocimiento Escuela Nacional de Altos Estudios", de l'Université Nacional Autónoma de México. Parmi ses nombreux travaux consacrés à la mémoire de l'exil et à sa portée critique on peut mentionner l'ouvrage coécrit et édité par ses soins "Voces del exilio. Comunidad filosófica y deber de memoria", paru dans la revue Endoxa (2022).

Arturo SANCHEZ MERCADÉ : "Los fantasmas pasan las paredes" : voces hauntológicas del rap español actual
Las voces poéticas de nuestro tiempo se articulan y desarrollan a menudo más allá de los límites del objeto textual comúnmente denominado como "poema". El rap se apropia de recursos poéticos tradicionales como la rima, la métrica y el ritmo, insuflándoles nueva vida. Sin embargo, aunque hereda estrategias plenamente poéticas, también transgrede sus normas en un intento de renovación. En España, los fenómenos de nueva poeticidad que encontramos en el rap nos hablan además de un presentismo fundado esencialmente en la acechanza. El mundo que construyen estas poéticas es un mundo acechado, por un lado, por la nostalgia del pasado, pero de un pasado que nunca existió, o que quienes lo lamentan nunca vivieron. Y acechado, por otra parte, por el futuro de ese pasado, es decir, los futuros posibles que imaginamos en la última década del siglo XX y la primera del XXI, y que nunca se materializaron. Se tratará pues de entender este fenómeno, que tanto puede decirnos sobre nuestra contemporaneidad, a través del prisma de la hauntología, neologismo propuesto por primera vez por Derrida en Spectres de Marx, pero explorado en el mundo de la música y la cultura popular por Mark Fisher en Los fantasmas de mi vida : "La hauntología puede ser construida entonces como un duelo fallido. Se trata de negarse a dejar ir al fantasma o — lo que a veces es lo mismo — de la negación del fantasma a abandonarnos" (Fisher, 2013).

Arturo Sánchez Mercadé es doctor en estudios hispánicos por la Universidad de París VIII y profesor de español en el Lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen. En 2022, defendió su tesis titulada Descifrar el mundo cantándolo : pensamiento y conocimiento poéticos en Espacio y Tiempo de Juan Ramón Jiménez. Su investigación explora, a menudo desde una perspectiva comparatista, el fenómeno poético en la España contemporánea así como los vínculos entre poesía, filosofía y mitología. Sus últimas investigaciones le llevan a interesarse por los fenómenos de poeticidad que se articulan en el rap español actual desde una perspectiva hauntológica. Es también el autor de tres poemarios y el creador del canal de divulgación En el reflejo en YouTube.

Arturo SANCHEZ MERCADÉ : "Les fantômes traversent les murs" : voix hantologiques du rap espagnol actuel
Les voix poétiques de notre présent s'articulent et se développent souvent au-delà des frontières de l'objet textuel auquel on se réfère communément comme "poème". Le rap s'approprie des recours traditionnellement poétiques, tels que la rime, la métrique, le rythme, et leur insuffle une nouvelle vie. Cependant, s'il hérite des stratégies pleinement poétiques, il en transgresse aussi les normes dans une ambition de renouveau. En Espagne, les phénomènes de nouvelle poéticité que l'on retrouve dans le rap nous renseignent par ailleurs sur un présentisme fondé essentiellement sur la hantise. Le monde que construisent ces poétiques particulières est un monde hanté, d'une part, par la nostalgie du passé, mais d'un passé qui n'a jamais vraiment existé, ou que ceux qui le regrettent n'ont jamais vécu. Et hanté, d'autre part, par le futur de ce passé, à savoir, les futurs possibles que l'on imaginait dans la dernière décennie du XXe siècle et la première du XXIe, et qui ne se sont jamais matérialisés. Il s'agira donc de chercher à comprendre ce phénomène, qui peut tellement nous renseigner sur notre époque contemporaine, à travers le prisme de l'hantologie, ce néologisme proposé d'abord par Derrida dans Spectres de Marx, mais exploré surtout dans le monde de la musique et la culture populaire par Mark Fisher dans Spectres de ma vie : "La hantise, donc, peut se construire comme un deuil raté. Cela tient au refus de laisser tomber le fantôme, de ne pas rendre l'âme — et cela peut parfois revenir au même — au refus du fantôme de nous laisser tomber" (Fisher, 2013).

Arturo Sánchez Mercadé est docteur en études hispaniques de l'université de Paris VIII et professeur agrégé d'espagnol au Lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen. En 2022, il a soutenu sa thèse intitulée Déchiffrer le monde par le chant : pensée et connaissance poétiques dans Espacio et Tiempo de Juan Ramón Jiménez, dirigée par les professeures Annick Allaigre et Zoraida Carandell. Sa recherche explore, souvent depuis une perspective comparatiste, le phénomène poétique dans l'Espagne contemporaine, ainsi que le rapport entre poésie, philosophie et mythologie. Ses dernières recherches le portent à s'intéresser aux phénomènes de poéticité qui s'articulent dans le rap espagnol actuel dans une perspective hantologique. Il est également l'auteur de trois recueils de poésie, et le créateur de la chaîne de vulgarisation En el reflejo sur YouTube.
Publications
Arturo Sánchez Mercadé, "Espacio de Juan Ramón Jiménez : herencia y transgresión del arquetipo del héroe solar", Revue l'Entre-deux, n°8(3), décembre 2020, Université d'Artois.
Arturo Sánchez Mercadé, "Valente contre Valente : une lecture croisée de Las palabras de la tribu à travers Juan Ramón Jiménez", HAL / Laboratoire d'études romanes de l'université de Paris 8, mai 2020.
Arturo Sánchez Mercadé, ""Esto lo puedo contar, pero no cantar" : el tiempo y la posibilidad de la palabra en el Diario de un poeta recién casado de Juan Ramón Jiménez", Revue l'Entre-deux, n°4(2), décembre 2018, Université d'Artois.
Zoraida Carandell, Lina Iglesias, Daniel Lecler, Arturo Sánchez Mercadé (dir.), Hacia un oscuro dominio. Lo extraño en la poesía española contemporánea, Athenaica Ediciones (Séville, Espagne), publication prévue en 2025 [sous presse].
Daniel Lecler, Arturo Sánchez Mercadé (dir.), Transgresión de la norma en Juan Ramón Jiménez, Actes de la journée d'étude internationale du même nom tenue au Colegio de España de Paris le 18 avril 2019, Revue l'Entre-deux, n°8(3), décembre 2020, Université d'Artois.
Daniel Lecler, Arturo Sánchez Mercadé (dir.), "Diario de un poeta recién casado de Juan Ramón Jiménez : un poemario entre dos aguas", Actes de la journée d’étude internationale "Amor y poesía cada día : Diario de un poeta recién casado, nuevas lecturas", tenue au Colegio de España de Paris le 8 décembre 2017, Revue l'Entre-deux, n°4(2), décembre 2018, Université d'Artois.

Mercedes YUSTA RODRIGO : "La Pastora" y yo. Guerrilla antifranquista, disidencia sexual y presentismo
"Una mujer lesbiana de instintos criminales". Así describía en 1975 el coronel de la guardia civil Francisco Aguado Sanchez a uno de los guerrilleros, o guerrilleras, que más perturbaron a las autoridades franquistas durante la posguerra española, y que más duraderamente han impregnado la memoria colectiva de este fenómeno en las montañas del Maestrazgo de Teruel, de donde era originaria y donde actuó Teresa Pla Meseguer, o Florencio Pla Meseguer, o Durruti, o La Pastora, que por todos estos nombres ha sido conocido o conocida en algún momento. Más allá de la existencia del personaje, bien documentada, La Pastora ha sido objeto de numerosas interpretaciones, reapropiaciones y representaciones culturales. De símbolo de la "barbarie roja" durante la lucha antiguerrillera llevada a cabo por la dictadura franquista en los años cuarenta a héroe y pionero intersexual en los años 2020, cada período histórico ha hecho de Teresa/Florencio un símbolo de las luchas del presente y, sobre todo, de los artefactos discursivos a través de los cuales era posible pensarlas. Asumiendo un punto de vista resueltamente personal, esta comunicación tratará de dialogar con el personaje de La Pastora, reflexionando sobre cómo el presente puede ser una pantalla de humo que dificulta la comprensión de las subjetividades del pasado.

Mercedes Yusta Rodrigo es catedrática de Historia de España Contemporánea en la Universidad Paris 8 y miembro honorario del Institut Universitaire de France. Ha enseñado en las Universidades de Zaragoza, Cergy y Paris 8 y en los Institutos de Estudios Políticos de Paris y Poitiers. De 2020 a 2022 codirigió el Nouveau Collège d'Études Politiques (Universidades de Paris 8 y Nanterre). Sus investigaciones se centran principalmente en la resistencia contra el franquismo y en las organizaciones femeninas antifascistas. También se interesa por los fenómenos memoriales en la España contemporánea. Es autora de tres monografías, ha publicado más de 70 artículos y colaboraciones en libros colectivos y coordinado 16 libros colectivos y dossiers de revistas, entre ellos Rethinking Antifascism. History, memory and Politics (con Hugo Garcia, Xavier Tabet y Cristina Climaco, Berghahn Books, 2016) ; Queridas camaradas. Historias iberoamericanas de mujeres comunistas (con Adriana Valobra, Miño & Davila, 2017), y La Résistance à l'épreuve du genre (con Laurent Douzou, Presses Universitaires de Rennes, 2018). Actualmente dirige el Laboratoire d'Études Romanes de la Universidad Paris 8.

Mercedes YUSTA RODRIGO : "La Pastora" et moi. Guérilla antifranquiste, dissidence sexuelle et présentisme
"Une femme lesbienne aux instincts criminels". C'est ainsi que le colonel de la garde civile Francisco Aguado Sanchez décrivait en 1975 l'un des guérilleros, ou guérilleras, qui ont le plus perturbé les autorités franquistes pendant l'après-guerre espagnole, et qui ont le plus durablement imprégné la mémoire collective de ce phénomène dans les montagnes du Maestrazgo de Teruel, dont était originaire et où a agi Teresa Pla Meseguer, ou Florencio Pla Meseguer, ou Durruti, ou La Pastora, noms sous lesquels elle a été connue à un moment ou à un autre. Au-delà de l'existence bien documentée du personnage, La Pastora a fait l'objet de nombreuses interprétations, réappropriations et représentations culturelles. Symbole de la "barbarie rouge" pendant la lutte anti-guérilla menée par la dictature de Franco dans les années 1940, héros et pionnier intersexué dans les années 2020, chaque période historique a fait de Teresa/Florencio un symbole des luttes du présent et, surtout, des artefacts discursifs à travers lesquels il était possible de les penser. En assumant un point de vue résolument personnel, cette communication tentera de dialoguer avec le personnage de La Pastora, en réfléchissant à la manière dont le présent peut être un écran de fumée qui empêche de comprendre les subjectivités du passé.

Mercedes Yusta Rodrigo est professeure d'histoire de l'Espagne contemporaine à l'université Paris 8 et membre honoraire de l'Institut universitaire de France. Elle a enseigné aux universités de Saragosse, Cergy et Paris 8, ainsi qu'aux Instituts d'Études Politiques de Paris et Poitiers. De 2020 à 2022, elle a codirigé le Nouveau Collège d'Études Politiques (Universités Paris 8 et Nanterre). Ses recherches portent principalement sur la résistance contre le franquisme et les organisations féminines antifascistes. Elle s'intéresse également aux phénomènes mémoriels dans l'Espagne contemporaine. Elle est l'auteure de trois monographies, a publié plus de 70 articles et contributions dans des ouvrages collectifs et a coordonné 16 ouvrages collectifs et dossiers de revues, dont Rethinking Antifascism. History, memory and Politics (avec Hugo Garcia, Xavier Tabet et Cristina Climaco, Berghahn Books, 2016) ; Queridas camaradas. Historias iberoamericanas de mujeres comunistas (avec Adriana Valobra, Miño & Davila, 2017) et La Résistance à l'épreuve du genre (avec Laurent Douzou, Presses Universitaires de Rennes, 2018). Elle dirige actuellement le Laboratoire d'études romanes de l'université Paris 8.


Écrire le temps, entre poésie et philosophie. Réflexions autour de la traduction collective d'une anthologie de María Zambrano, table ronde avec Lou FREDA, Marta NOGUERA et Anna ROJAS
Cette table ronde vise à présenter le travail de traduction collective d'une anthologie d'écrits de María Zambrano sur le temps, dont certains inédits en français ; un projet qui a été mené à bien par plusieurs membres du projet EXPEDIAS. Le temps a occupé une place fondamentale dans la réflexion philosophique de María Zambrano depuis ses premiers ouvrages, mais c'est surtout à partir de son autobiographie romancée, Délire et destin, qu'elle entreprend une recherche approfondie sur le temps dans la vie humaine. Elle s'intéresse notamment aux expériences multiples du temps chez l'être humain, y compris dans sa dimension transcendante. De ce point de vue, la pensée de María Zambrano, qui a connu une importante réception depuis la transition espagnole, offre un contrepoint à la pensée dominante du présentisme au tournant du XXIe siècle. Cette table ronde évoquera les lignes fortes de cette pensée sur le temps et proposera, ensuite, une réflexion autour de la construction de l'anthologie de textes et de leur traduction en français. Toujours entre philosophie et poésie, l'originalité de la langue de Zambrano pose d'importants défis aux traducteurs, qui sont l'occasion d'approfondir la réflexion sur sa pensée.

Escribir el tiempo, entre poesía y filosofía. Reflexiones sobre la traducción colectiva de una antología de María Zambrano, mesa redonda con Lou FREDA, Marta NOGUERA y Anna ROJAS
Esta mesa redonda presenta la traducción colectiva de una antología de textos de María Zambrano sobre el tiempo, algunos de los cuales son inéditos en francés; este proyecto es llevado a cabo por varios miembros de EXPEDIAS. El tiempo desempeña un papel fundamental en la reflexión filosófica de María Zambrano desde sus primeras obras, pero es sobre todo a raíz de su autobiografía novelada, Delirio y destino, cuando comienza a indagar en profundidad sobre el tiempo en la vida humana. Explora sobre todo las experiencias múltiples del tiempo en el ser humano, tomando en cuenta su dimensión trascendente. En ese sentido, el pensamiento de María Zambrano, que tuvo una importante recepción desde la transición española, ofrece un contrapunto a la concepción presentista vigente en el umbral del siglo XXI. Esta mesa redonda evocará los grandes rasgos de su pensamiento sobre el tiempo y reflexionará acerca de la construcción de la antología de textos y de su traducción al francés. En la encrucijada de filosofía y poesía, la orignalidad de la lengua de Zambrano supone un reto para los traductores, y les brinda la oportunidad de reflexionar en profundidad sobre su pensamiento.

Lou FREDA
Lou Freda est agrégée d'espagnol et docteure en littérature espagnole contemporaine de l'Université Paris Nanterre où elle a effectué sa thèse sous la direction de la professeure Zoraida Carandell. Elle est, cette année, membre de l'EHEHI à la Casa de Velázquez où elle effectue un post-doctorat sur la question de la réception d'Elena Quiroga, autrice espagnole du XXe siècle aujourd'hui oubliée. Ses recherches se centrent sur la littérature des femmes espagnoles au cours du XIXe et du XXe siècles et en particulier sur les intellectuelles galiciennes qui ont marqué leur temps sans parvenir à s'inscrire dans l'histoire littéraire postérieure. Elle a été co-fondatrice du laboratoire junior ¡Silencio! en activité entre 2020 et 2023 pour lequel elle a participé à l'organisation de plusieurs événements scientifiques et à la publication de la traduction du roman de María Josefa Canellada, Penal de Ocaña, paru aux éditions Orbis Tertius en janvier 2024. Parmi ses derniers textes publiés, on peut citer l'article "Sororidad y ejemplaridad en la prosa de Sofía Casanova" dans la revue Crisol (2024) ou la traduction du poème Carta a Cadaqués d'Elena Quiroga par les publications de la Casa de Velázquez (2024).

Lou Freda es docente de lengua española y doctora en Literatura Española Contemporánea por la Universidad de París Nanterre, donde realizó su tesis bajo la dirección de la profesora Zoraida Carandell. Este año es miembro del EHEHI en la Casa de Velázquez, donde realiza un postdoctorado sobre la recepción de Elena Quiroga, autora española olvidada del siglo XX. Sus investigaciones se centran en la literatura femenina española de los siglos XIX y XX y, en particular, en las intelectuales gallegas que marcaron su tiempo sin lograr inscribirse en la historia literaria posterior. Fue cofundadora del laboratorio para jóvenes investigadores ¡Silencio!, que se organizó de 2020 a 2023, para el que colaboró en la organización de diversos acontecimientos científicos, y publicó una traducción de la novela de María Josefa Canellada, Penal de Ocaña, publicada por Orbis Tertius en enero de 2024. Entre sus últimos trabajos publicados podemos citar el artículo "Sororidad y ejemplaridad en la prosa de Sofía Casanova" en la revista Crisol (2024) o la traducción del poema Carta a Cadaqués de Elena Quiroga por las publicaciones de la Casa de Velázquez (2024).

Marta NOGUERA
Marta Noguera est agrégée d'espagnol et docteure en Études Romanes (Univ. Paris-Nanterre et Univ. Pompeu Fabra). Elle a été doctorante contractuelle à l'Université Paris Nanterre et membre de l'EHEHI-Casa de Velázquez (2021-2023). Sa thèse de doctorat, "Le carnet, marge et seuil de l'écriture, chez María Zambrano, Carmen Martín Gaite, José Ángel Valente y Joan Margarit" (2024), propose une réflexion sur le carnet comme pratique d'écriture et outil de création. L'étude, fondée sur l'analyse des carnets manuscrits originaux de ces écrivains, combine l'approche de la génétique des textes avec celle de la poétique des genres littéraires. Ses recherches s'intéressent plus largement aux relations entre les écritures du moi et la création littéraire.

Marta Noguera es licenciada en Filología Hispánica en la universidad Pompeu Fabra, agrégée de español y doctora en Filología Románica (U. París-Nanterre y U. Pompeu Fabra). Tras desempeñar un contrato doctoral de tres años en la Universidad de París Nanterre fue miembro científico del EHEHI-Casa de Velázquez (2021-2023). Su tesis doctoral, "Margen y umbral. La práctica del cuaderno en María Zambrano, Carmen Martín Gaite, José Ángel Valente y Joan Margarit" (2024), propone una reflexión sobre el cuaderno como práctica de escritura y herramienta creativa. El estudio, basado en el análisis de los cuadernos manuscritos originales de estos escritores, combina el enfoque de la genética textual con el de la poética de los géneros literarios. Su investigación se centra más ampliamente en la relación entre la escritura del yo y la creación literaria.

Anna ROJAS
Anna Rojas est docteure de l'Université Paris Nanterre et maîtresse de conférences à l'Université Savoie Mont Blanc. Sa thèse, soutenue en 2021, est consacrée aux Éditions Losada, maison d'édition de l'exil républicain en Argentine. Ses travaux de recherche abordent notamment les questions d'identité dans l'exil, de résistance éditoriale et de circulation des livres. Elle coordonne le séminaire "Exils" avec ses collègues de l'unité de recherche LLSETI (Langages, Littératures, Sociétés : Études Transfrontalières et Internationales) et a également co-encadré le projet de traduction VOCES (Valorisation d'une Œuvre Censurée en Espagne) du laboratoire junior ¡Silencio! (ENS de Lyon). Ce projet a donné lieu à la publication du roman Le pénitencier d'Ocaña, traduction de l'autobiographie romancée de María josefa Canellada, aux Éditions Orbis Tertius en 2024.

Anna Rojas es doctora por la Universidad de París Nanterre y profesora titular en la Universidad de Savoie Mont Blanc. Ha defendido en 2021 una tesis doctoral dedicada a la Editorial Losada, editorial del exilio republicano en Argentina. Sus investigaciones se centran en cuestiones de identidad en el exilio, resistencia editorial y circulación de libros. Es coordinadora del seminario "Exilios", junto con otros miembros del LLSETI (Lenguajes, Literaturas, Sociedades: Estudios Transfronterizos e Internacionales), y también ha codirigido el proyecto de traducción VOCES (Valorización de una Obra Censurada en España) del grupo de investigación de doctorandos ¡Silencio! (Escuela Normal Superior de Lyon). El proyecto dio lugar a la publicación de la traducción de la novela Penal de Ocaña, de María Josefa Canellada (editorial Orbis Tertius, 2024).


Dialogues littéraires. Écrire et traduire les mémoires d'un présent désenchanté, avec Lara MORENO (écrivaine) et Carole FILLIÈRE (traductrice)
Le dialogue littéraire entre Carole Fillière et Lara Moreno, "Écrire et traduire les mémoires d'un présent désenchanté" sera l'occasion d'explorer le présent de l'Espagne et ses désenchantements selon les voies de la prose poétique et du roman tels que conçus par Lara Moreno. Il s'accompagnera de lectures performées et bilingues de certains poèmes et extraits narratifs.

El diálogo literario entre Lara Moreno y Carole Fillière, "Escribir y traducir las memorias de un presente desencantado" dará la ocasión de exploar el presente de España y sus desencantos por las vías de la prosa poética y de la novela tal y como las concibe Lara Moreno. Estará acompañado de lecturas performadas y bilingues de poemas y fragmentos narrativos.

Lara MORENO
Lara Moreno est née à Séville en 1978 et a grandi à Huelva. Elle vit à Madrid. Outre des nouvelles réunies dans différentes anthologies, elle a publié les récits Casi todas las tijeras (2004) et Cuatro veces fuego (2008), ainsi que les recueils de poésie La herida costumbre (2008), Después de la apnea (2013) et Tuve una jaula (2019). Ceux-ci sont réunis avec ses poèmes inédits dans le volume Tempestad en víspera de viernes (Lumen, 2020). En 2013, elle a reçu le prix Cosecha Eñe pour son récit "Toda una vida" et Lumen a publié son premier roman, Por si se va la luz, qui eut un accueil enthousiaste de la critique et des lecteurs. FNAC la considéra comme une des révélations de l'année. Elle publia ensuite Piel de lobo (Lumen, 2016). Son essai Deshabitar. Un recorrido por las habitaciones de la crisis inmobiliaria est paru aux éditions Destino en 2020. La ciudad, publiée chez Lumen en 2022, fut considéré par El cultural comme un des livres de l'année. En 2023 paru La Menuda, illustré par Ilu Ros, chez Páginas de Espuma. Son dernier livre, Ningún amor está vivo en el recuerdo, est un choix de récits (Lumen, 2025).

Lara Moreno nació en Sevilla en 1978 y creció en Huelva. Vive en Madrid. Además de sus cuentos recogidos en numerosas antologías, ha publicado los libros de relatos Casi todas las tijeras (2004) y Cuatro veces fuego (2008), así como los poemarios La herida costumbre (2008), Después de la apnea (2013) y Tuve una jaula (2019), que, junto con sus poemas inéditos, conforman el volumen Tempestad en víspera de viernes (Lumen, 2020). En 2013 recibió el Premio Cosecha Eñe por su relato "Toda una vida", y Lumen publicó su primera novela, Por si se va la luz, que obtuvo un importante reconocimiento por parte de la crítica y de los lectores. FNAC la incluyó entonces entre los autores revelación del año. Le siguió Piel de lobo (Lumen, 2016). En 2020, publicó en Destino el ensayo Deshabitar. Un recorrido por las habitaciones de la crisis inmobiliaria. La ciudad, publicada por Lumen en 2022, fue considerada uno de los libros del año según El Cultural. En 2023 publicó La Menuda, ilustrada por Ilu Ros, en Páginas de Espuma. Su último libro es Ningún amor está vivo en el recuerdo, una selección de relatos (Lumen, 2025).

Carole FILLIÈRE
Traductrice de romans et de poésie, Carole Fillière est MCF à Toulouse (D-TIM, UT2J). Ancienne élève de l'ENS-LSH et membre de l'EHEHI de Madrid, spécialiste de littérature espagnole et de traduction (XIXe-XXIe s.), elle dirige la revue de traductologie La Main de Thôt. Ses recherches portent sur l'esthétique ironique, les médiations culturelles, la (re)traduction, les proses poétiques. Ses derniers travaux en recherche-traduction-création s’ancrent dans une pratique réflexive de retraduction des œuvres de Federico García Lorca qui interroge les processus créatifs individuels et collaboratifs. Membre de l'ATLF et de la SFT, elle a récemment publié Une colombe si cruelle, édition bilingue d'une sélection de poèmes en prose et proses poétiques de Federico García Lorca (R. Laffont, 2024 – précédemment publié aux éditions Bruno Doucey, unilingue, en 2020) ; Poète à New York (R. Laffont, 2023), traduction avec Z. Carandell à partir de l'édition définitive du manuscrit ; Federico García Lorca, d'Ilu Ros (R. Laffont, 2023) ; ainsi que des romans traduits du catalan (Tout ce que tu devrais savoir sur moi avant de m'aimer, de G. Guix, Aux Forges de Vulcain, 2022) et du chilien (Zona Cero, de G. Villarroel, Aux Forges de Vulcain, 2024). Lauréate d'une bourse de création en 2022 de la région Occitanie, elle a traduit le recueil de poèmes en prose Tuve una jaula / J'avais une cage et le dernier roman de Lara Moreno, La ciudad / La ville.

Carole Fillière es traductora de novela y de poesía y profesora titular de la universidad de Toulouse. Antigua alumna de la Escuela Normal Superior y antiguo miembro de la Casa de Velázquez, es especialista de literatura y de traducción de los siglo XIX y XX. Dirige la revista de traductología La Main de Thôt. Sus investigqciones versan sobre la estética irónica, las mediaciones culturales, la (re)traducción, las prosas poéticas. Sus últimas investiga-tradu-creaciones se centran en una práctica reflexiva de la retraducción de las obras de Federico García Lorca, que cuestiona los procesos creativos individuales y colaborativos. Miembro de la ATLF y de la SFT, ha publicado recientemente Une colombe si cruelle, edición bilingüe de unq selección de poemas en prosa y prosas poéticas de Lorca (R. Laffont, 2024, reedición de la versión unilingüe publicada por Bruno Doucey en 2020) ; Poète à New York (R. Laffont, 2023); traducido con Zoraida Carandell a partir de la edición del manuscrito original ; Federico García Lorca, de Ilu Ros (R. Laffont, 2023) ; y dos novelas traducidas del catalán (Tout ce que tu devrais savoir sur moi avant de m'aimer, G. Guix, Aux Forges de Vulcain, 2022) y del chileno (Zona Cero, G. Villarroel, Aux Forges de Vulcain, 2024). Ganadora de una beca de creación de la región de Occitania en 2022, tradujo los poemas en prosa Tuve una jaula / J'avais une cage y la última novela de Lara Moreno, La ciudad / La ville.


BIBLIOGRAPHIE :

• ASSOUN, Paul-Laurent, Psychanalyse de la catastrophe. Enjeux anthropologiques et cliniques, Paris, PUF, 2023.
• BAUMAN, Zygmunt, Retrotopia, Cambridge/Malden, Polity Press, 2017.
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• LEGENDRE, Pierre, Dieu au miroir. Étude sur l'institution des images, Paris, Fayard, 1994.
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• ROUSSO, Henry, Face au passé, Paris, Belin, 2016.
• ROUSSO, Henry, La dernière catastrophe : l'histoire, le présent, le contemporain, Paris, Gallimard, 2012.
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• TRAVERSO, Enzo, Mélancolie de gauche : la force d'une tradition cachée (XIXe-XXIe siècle), Paris, La Découverte, 2016.
• VILARÓS, Teresa, El mono del desencanto. Una crítica cultural a la transición española (1973-1993), Madrid, Siglo XXI, 2018 (1998).

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


DE LA DÉ-COÏNCIDENCE À LA "VRAIE VIE"
ROUVRIR DES POSSIBLES AVEC FRANÇOIS JULLIEN


DU SAMEDI 28 JUIN (19 H) AU VENDREDI 4 JUILLET (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


Danseurs, Kam, Zin Choon (1931-), artiste peintre singapourien
Peinture à l'encre réalisée à Paris, dans les années 1950
© Musée Cernuschi


DIRECTION :

Linda BRANCO, Esther LIN, François L'YVONNET, Nicolas SCHWALBE

En présence de François JULLIEN


ARGUMENT :

Après un premier colloque de Cerisy dédié à la pensée interculturelle de François Jullien en 2013*, ce second colloque explorera comment le concept de "dé-coïncidence" développé par le philosophe, helléniste et sinologue dans le second temps de son travail permet de rouvrir des possibles à travers une grande diversité de champs d'expérience ; dans la pensée comme dans l'existence.

Au cours de cinq journées de réflexions et d'échanges, un groupe international (France, Taïwan, Corée, États-Unis, Brésil, Maroc, Mexique) de chercheurs, de penseurs et de praticiens de différentes disciplines (philosophie, littérature, arts plastiques, cinéma, géopolitique, psychanalyse) examineront comment le concept de dé-coïncidence nous permet de repenser notre rapport à "l'inouï" de la "vraie vie", à l'écart des fausses promesses du marché du bonheur et des impasses existentielles de la "vit qui ne vit plus". Dans cette réflexion, une place centrale sera accordée aux arts, à la littérature, à la musique et au cinéma.

Le colloque abordera également la dé-coïncidence en tant que levier de transformation dans la gestion et la gouvernance institutionnelle, offrant des alternatives aux modèles établis dans le contexte managérial et éducatif. Seront aussi discutées les stratégies de résistance culturelle face à la standardisation médiatique et à l'affaiblissement des productions intellectuelles, afin de proposer un diagnostic du contemporain susceptible de "raviver de l'esprit" dans la société.

* Des possibles de la pensée. L'itinéraire philosophique de François Jullien. Colloque dirigé par Françoise Gaillard et Philippe Ratte, en présence de François Jullien, du 14 au 21 septembre (Publié par Hermann Editeurs, 2015).


MOTS-CLÉS :

Arts, Cinéma, Dé-coïncidence, Édition, Enseignement supérieur, Géopolitique, Gestion, Jullien (François), Littérature, Philosophie, Psychanalyse


CALENDRIER DÉFINITIF :

Samedi 28 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Dimanche 29 juin
DE L'ÉCART À LA DÉ-COÏNCIDENCE
Matin
Ouverture et introductions. De l'écart à la dé-coïncidence, table ronde animée par Jean-Pierre BOMPIED, Patrick HOCHART et François L'YVONNET

François JULLIEN : D'un nouveau moment de la philosophie

Après-midi
Arts, dé-coïncidence(s) et cartographies de l'extrême, table ronde animée par Laetitia PETIT [L'impératif de la "vraie" mort. À propos de l'opéra Der Kaiser von Atlantis. Oder die Tod-Verweigerung de Viktor Ullmann et Petr Kien], avec Martin MOLINA [À propos de Fernand Deligny] [visioconférence] et Nicolas SCHWALBE [Marie Depussé. Écrire (de) l'inouï, dans les marges du littoral lacanien]


Lundi 30 juin
DES CONCEPTS À VIVRE, ENFIN
Matin
Peut-on penser des concepts "de vivre" / "à vivre" ? | Animateur : Marcello GHILARDI
Pascal DAVID : Accéder à la vraie vie. Usages des concepts, ressources de la littérature

Dé-coïncidence, nature et art
Étienne KLEIN : La physique moderne ou l'art de dé-coïncider d'avec le monde

Après-midi
De l'écart à l'inouï
Françoise GAILLARD : Rupture, écart et dé-coïncidence

Inouï, littérature et arts, table ronde animée par Nicolas SCHWALBE, avec Maria Luiza BERWANGER DA SILVA [Littérature et inouï dans la production littéraire au Brésil], Chi-Ming LIN [Dé-coïncidence : d'où viennent l'art et l'existence] et McNeil TAYLOR [Les paysages inouï d’Apichatpong Weerasethakul]


Mardi 1er juillet
"DE L'ESPRIT", CONCEPT DE COMBAT
Matin
Raviver "de l'esprit" dans ce monde, ou la relève de la philosophie | Animateur : François JULLIEN
Patrick HOCHART : Une logique d'existence
Keunse LEE : Dé-coïncidence, infini, et action : François Jullien et Blondel

Après-midi
Vers une clinique "de l'esprit" ? Du concept philosophique comme outil diagnostic | Animateurs : Laetitia PETIT et Nicolas SCHWALBE
Table ronde, avec Chi-Ming LIN [Non-coïncidence et dé-coïncidence : entre Michel Foucault et François Jullien], Nathalie PLET [Les techniques corps esprits : ouverture d'un nouveau champ de recherche. Approche interculturelle du sevrage des addictions] et Francis ROUAM [Le diagnostic comme dé-coïncidence]

L'incommensurabilité de l'Esprit ou la formation de la subjectivité, dialogue entre Bernard BOURDIN et François JULLIEN | Présentation

Soirée
Cyril DESCLÉS : Théâtre et dé-coïncidence


Mercredi 2 juillet
DE-COÏNCIDER D'AVEC LES INSTITUTIONS
Matin
Dé-coïncidences, gouvernances et institutions | Animatrice : Linda BRANCO
Laurence LEMOUZY : Interroger l'éclipse du désir public pour rouvrir les possibles
Marcello GHILARDI : Inciter de l'interférence : dé-coïncider des pratiques managériales de l'éducation

Viabiliser les entreprises et dé-coïncider en management, table ronde avec Dinah LOUDA, Vincent MASCRÉ et Sybille PERSSON

Après-midi
"HORS LES MURS" — À L'IMEC (Abbaye d'Ardenne, Saint-Germain-la-Blanche-Herbe)
Visite de l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMEC) et de l'exposition "Fragments du rêve" de Claire Paulhan, avec Albert DICHY

L'édition, un terrain d'engagement pour demain ?, atelier avec François L'YVONNET et Thomas BOUT


Jeudi 3 juillet
LA DE-COÏNCIDENCE ET LES NOUVELLES FORMES D'ENGAGEMENT
Matin
Dé-coïncidences et géopolitique, table ronde animée par François JULLIEN, avec Keunse LEE, Esther LIN et Moncef MENOUNI

Maxence BRISCHOUX : Un politique peut-il être sans programme ? Les démocraties face à la crise de l'avenir

Après-midi
Intelligence artificielle et dé-coïncidence(s), table ronde avec Patrick ALBERT [Intelligence artificielle, ascenseur… : dé-coïncider du machinal], Jean-Pierre BRIOT [IA et dé-coïncidence créative] et Michèle SEBAG [Comment l'IA pourrait-elle mesurer la coïncidence ?]

Crises environnementales, blocages institutionnels et dé-coïncidence, table ronde avec Maxence BRISCHOUX, Dinah LOUDA et Stephan MARETTE

Soirée
Musique avec Nicolas SCHWALBE


Vendredi 4 juillet
REPRISE, DISCUSSION GÉNÉRALE, OUVERTURE ET PROJETS
Matin
Modérateurs : Linda BRANCO, François JULLIEN, Esther LIN et Nicolas SCHWALBE

Après-midi
DÉPARTS


PRESSE / MÉDIAS :

À propos du colloque sur François Jullien. Entretiens avec François JULLIEN, Nicolas SCHWALBE, François L'YVONNET, Pascal DAVID, Étienne KLEIN, Patrick HOCHART, Bernard BOURDIN, Marcello GHILARDI, Dinah LOUDA, Maxence BRISCHOUX, Michèle SEBAG et quelques auditeurs, réalisés par Hadrien FRÉMONT (Fondation Clarens pour l'humanisme)


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Linda BRANCO
Linda Branco est une artiste plasticienne et écrivaine. Son travail multimédia explore les thèmes du décalage et de l'inattendu, souvent dans des contextes immersifs ou conceptuels. Elle est coordinatrice de l'Association Dé-coïncidences depuis 2020.

Esther LIN
Esther Lin est chercheuse associée au Collège de France et traductrice spécialisée en littérature chinoise et interculturelle. Elle a également mené des travaux importants sur l'œuvre de Victor Segalen, avec un intérêt marqué pour les échanges littéraires entre Taiwan et la France.

François L'YVONNET
François L'Yvonnet est un philosophe et éditeur français. Il dirige la collection "Via Latina" aux éditions Albin Michel et codirige les Carnets de L'Herne. Il est le président de l'Association Dé-coïncidences depuis 2020.

Nicolas SCHWALBE
Nicolas Schwalbe, docteur en psychologie, musicien et co-coordinateur de l'Association Dé-coïncidences, vit à Paris, où il exerce en tant que psychanalyste, travaille en tant qu'enseignant, et se produit en tant que guitariste et chanteur avec le groupe de rock Happy Sundaze.


Maria Luiza BERWANGER DA SILVA : Littérature et inouï dans la production littéraire au Brésil
Tout en considérant la pensée de François Jullien articulée sous l'égide de "l'inouï", cette étude examine la fertilité de littérature et philosophie entrelacées, mettant en évidence la réouverture des possibles résultantes de cet entrelacement effectué par un champ artistique et un autre non artistique approchés. Pour ce faire, cet étude sera ancrée sur la lecture textuelle et symbolique de production littéraire très représentative de la littérature brésilienne : le livre de contes intitulé Premières Histoires du romancier João Guimarães Rosa et un ensemble de poèmes. Bien qu'ils appartiennent à des genres différents, ils convergent dans la configuration de "l'inouï" comme archive du "vivre" toujours à compléter par les effets poétiques de l'inouï tissés avec le sublime. La présente étude configurera ce processus comme efficace médiation aux réenchantements du sujet contemporain.

Maria Luiza Berwanger da Silva est professeure de Littérature Comparée au Programme de Pós-Graduação em Letras da Universidade Federal do Rio Grande do Sul où elle assure des séminaires et dirige des thèses de Maîtrise et de Doctorat. Elle est également chercheuse associée au CREPAL (Littératures Portugaise et Brésilienne) à Paris 3 – Sorbonne Nouvelle. Elle a publié plusieurs articles dans des Actes des congrès nationaux et internationaux. Elle a traduit en langue portugaise les œuvres suivantes de François Jullien : Do ser ao viver (léxico euro-chinês do pensamento) (Londrina, EDUEL, 2021) et As Transformações Silenciosas (Londrina, EDUEL, 2018).
Publications
Paisagem, entre Literatura e Filosofia, Londrina, EDUEL, 2020.
Nouvelle Cartographie Poétique du Brésil (l'ici appel de l'ailleurs), Paris, PETRA, 2017.
Poésie Brésilienne et résonances françaises, Paris, PETRA, 2015.

Pascal DAVID
Philosophe, docteur en philosophie, Pascal David enseigne à l'université catholique de Lyon (UCLy). Il est l'auteur d'une centaine d'articles, chapitres d'ouvrages collectifs et recensions consacrés à la philosophie française contemporaine et en particulier aux œuvres de Simone Weil, Michel Foucault et François Jullien. Il a publié notamment Penser la Chine, interroger la philosophie avec François Jullien (Hermann, 2016), Simone Weil, Un art de vivre par temps de catastrophe (Peuple Libre, 2020) et Ressources conceptuelles. À travers le chantier philosophique de François Jullien (avec Jean-Pierre Bompied, L'Observatoire, 2025). Il est le secrétaire de l'Association Dé-coïncidences.

Chi-Ming LIN : Non-coïncidence et dé-coïncidence : entre Michel Foucault et François Jullien
Cette étude examine la notion de "non-coïncidence" chez Michel Foucault et la met en dialogue avec le concept de "dé-coïncidence" développé par François Jullien. Dans L'Usage des plaisirs, Foucault explore la culture homosexuelle grecque antique, en particulier la tension entre le jeune garçon (éromène) et son rôle d'objet du désir, en conflit avec son futur statut d'homme libre. Cette contradiction constitue une problématique éthique centrale dans la morale grecque. Pour y répondre, Foucault analyse plusieurs solutions proposées par la culture grecque : la dénégation du plaisir, les stratégies de résistance, ou encore la transformation de l'amour en amitié vertueuse (philia). Il approfondit ensuite cette réflexion à travers les dialogues platoniciens, Le Banquet et Phèdre, où Platon opère plusieurs déplacements conceptuels permettant de dépasser la dissymétrie entre les partenaires. En substituant à l'objet du désir la quête du "beau dans sa pureté", Platon ouvre un rapport nouveau à la vérité et à soi-même, détachant ainsi la problématique de l'amour de son contexte discursif traditionnel. Enfin, l'étude interroge le lien entre la "non-coïncidence" chez Foucault et la "dé-coïncidence" chez Jullien. Tandis que Foucault met l'accent sur la discontinuité et le détachement au sein de la pensée occidentale, Jullien va plus loin en cherchant à fissurer l'héritage grec pour ouvrir de nouvelles perspectives philosophiques. Cette réflexion fait apparaître une convergence entre les deux penseurs dans leur manière d'explorer les écarts conceptuels et de remettre en question les cadres établis.

Sybille PERSSON
Le management se déploie dans toutes sortes d'organisations sur un registre de plus en plus coïncident, dans un mouvement que le philosophe du management Baptiste Rappin qualifie de cybernétique. En outre les discours s'uniformisent sous l'égide de la "bien-pensance" et les formations au management se déploient dans une même résonance aux termes de savoir, savoir faire et savoir être (softs skills) désormais colorés de "numératie" pour tous les types d'organisation. La compétence aurait-elle chassé la connaissance ? La tentation est grande alors de contre-coïncider sur un registre critique lui-même volontiers incantatoire. Alors comment dé-coïncider, sans recette, sans mode d'emploi, sans modèle, si ce n'est en investissant les situations elles-mêmes pour rouvrir des possibles comme y invite François Jullien ? L'enjeu est d'ouvrir des voies à une lecture lucide qui accepte de regarder d'où vient ce vaste mouvement pan-organisationnel initié avec la révolution industrielle, puis systématisé sous dominance anglo-saxonne, principalement aux couleurs des sciences de l'information et du comportement. Il sera alors possible d'envisager localement, spécifiquement, là où on œuvre, des leviers de dé-coïncidence comme autant d'espaces de viabilité inédits dans les entreprises.

Sybille Persson, Docteur en sciences de gestion (Université de Lorraine), habilitée à diriger des recherches (Université de Nanterre) est trésorière de l'Association Dé-coïncidences. Au cours de sa carrière en Business School, elle a publié de nombreux articles dans des revues académiques ou professionnelles pour déployer les concepts proposés par François Jullien dans le monde du management. Elle est membre associé du laboratoire CEREFIGE de l'Université de Lorraine et elle co-dirige le Groupe de recherches thématique sur l'accompagnement des managers au sein de l'AGRH.

Laetitia PETIT : L'impératif de la "vraie" mort. À propos de l'opéra Der Kaiser von Atlantis. Oder die Tod-Verweigerung de Viktor Ullmann et Petr Kien
C'est à partir du symptôme ou de ce qui résiste, autrement dit de ce qui ne "va" pas ou ne "marche" pas, que le psychanalyste s'oriente pour écouter le sujet en perte ou en panne de repères. Suivant cette même logique, c'est à partir des limites de la sublimation que l'on repèrera les coordonnées de la vie dans l'art. Ce travail s'enracine ici dans l'expérience de répression extrême au camp de Terezin, camp alibi au service de la propagande nazie et qui réunit de très nombreux artistes. L'intervention se centrera sur les musiciens qui priorisent dans leur travail de compositeur non pas un re-couvrement partiel du réel de la mort, mais un dé-couvrement à l'extrême de sa possibilité. Ce travail de la mort qui oriente leur écriture traduit une représentation possible au plus près de ce que fut cette condition extrême de survie. La sublimation atteint ici ses limites et touche au plus près la vérité de sa fonction. Dans ce contexte extrême de survie des déportés soumis au meurtre de masse, la mort a en effet disparu et il s'agit de lui redonner son pouvoir.

Laetitia Petit est maître de conférences HDR à l'université d'Aix-Marseille et membre du Laboratoire de Psychologie Clinique, de Psychopathologie et de Psychanalyse. Par ailleurs musicienne, une partie de ses travaux portent sur une critique de la sublimation en articulation avec les processus de ségrégation et de censure, dans le champ de la musique écrite. Elle se centre en particulier sur le travail de la mort à partir du répertoire composé dans les camps de concentration et de la pratique musicale dans le camp d'extermination d'Auschwitz Birkenau.

Nathalie PLET : Les techniques corps esprits : ouverture d'un nouveau champ de recherche. Approche interculturelle du sevrage des addictions
Poursuivant sa mise en regard des deux concepts fondamentaux (titre de sa thèse "Pulsion et Qi) des deux champs, psychanalyse et qigong, Nathalie Plet discutera de l'ouvert proposé par François Jullien notamment de ce qu'il perçoit dans la pensée chinoise, la polarité, a valeur de concept opératoire selon elle dans le traitement des addictions. L'auteure appuiera sa démonstration en montrant en quoi ces techniques du corps, constituent des technologies de soi, opérant un possible travail intérieur. Cette possibilité au sens de Jullien intéresse alors le processus de dés-addiction.

D'un double cursus, psychanalyse et qigong (litt.travail du souffle), Nathalie Plet, psychanalyste, docteure en psychopathologie, chercheuse (membre de l'équipe du Pr Alain Dervaux, Université Paris Saclay) introduit ces deux outils en institution. Elle est actuellement directrice scientifique du programme QICA, QIgong Craving Addiction initié à l'hôpital Pitié - Salpêtrière, soutenu par le ministère de la Santé. Auteure de plusieurs articles parus dans des revues internationales (Psychotropes 01/2020, vol.26, L'Information psychiatrique 02/2020, Empan, 2020/4 Vol.120), l'auteure montre la fonction d'auto-étayage de la pulsion par ces techniques corps esprit soit la possibilité pour les personnes "addictes" de reprendre le contrôle sur l'usage de la substance psychoactive par une prise en charge non médicamenteuse.

McNeil TAYLOR
McNeil Taylor est titulaire d'une bourse Leverhulme de début de carrière à l'université de Cambridge. Il étudie les intersections entre le cinéma français et la philosophie, avec un intérêt particulier pour les questions d'écologie, de sexualité, d'incarnation et d'affect, et de temps cinématographique. Son projet de thèse et de livre, "The Freudian Animal", examine un corpus de cinéastes du cinéma lent qui nous permettent de voir les limites fluctuantes de la figure humaine dans l'Anthropocène comme une question de sexualité. Le livre réunit la théorie non-anthropocentrique et la psychanalyse, via la lecture de Freud par Maurice Merleau-Ponty, pour proposer une nouvelle compréhension de la manière dont le cinéma engage la subjectivité désirante à une époque de remise en question sans précédent de la figure humaine. Ses recherches ont été publiées dans des revues telles que French Studies, Paragraph et Humanities, et il écrit également des critiques pour des publications telles que Notebook, Hyperallergic et Another Gaze.


L'incommensurabilité de l'Esprit ou la formation de la subjectivité, dialogue entre Bernard BOURDIN et François JULLIEN
L'Europe est historiquement et philosophiquement indissociable du déploiement de l'idée de Dieu. Ce déploiement, semble-t-il, a atteint sa fin. Soit que Dieu laisse indifférent la plupart des Européens, soit qu'il serve d'instrument de revanche d'un ordre politico-religieux. Pourtant, les deux concepts d'incommensurable et de dé-coïncidence, développés par François Jullien, ne constituent-ils -pas une autre voie pour redéployer l'idée de Dieu comme condition de possibilité d'une autre philosophie de la subjectivité? C'est sur cette question qu'il faudra s'interroger.

Bernard BOURDIN
Bernard Bourdin est Professeur de philosophie politique à l'Institut catholique de Paris ; Directeur des études doctorales et de la recherche de la Faculté des sciences sociales de l'Instityt catholique de Paris.
Derniers ouvrages parus
Le Chrétien peut-il aussi être citoyen ?, Éditions du Cerf, 2023.
Dieu et dé-coïncidence, 2025.


BIBLIOGRAPHIE :

Vivre enfin, François Jullien, Plon, 2025.
Ressources conceptuelles. À travers le chantier philosophique de François Jullien, Jean-Pierre Bompied et Pascal David, Éditions de l'Observatoire, 2025.
Rouvrir des possibles, dé-coïncidence, un art d'opérer, François Jullien, Éditions de l'Observatoire, 2023.
Raviver de l'esprit, un diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l'Observatoire, 2023.
Living wayside(s) : the Unheard Intercultural Philosophy of François Jullien, Nicolas Schwalbe, De-coincidence Press, 2023.
L'Incommensurable, l'inouï et la vraie vie, dialogue avec François Jullien (2), (coll.), Éditions Descartes et Cie, 2023.
• Pratiques de la dé-coïncidence, (coll.), sous la direction de François L'Yvonnet et Marc Guillaume, Éditions de l'Observatoire, 2023.
François Jullien, une aventure qui a dérangé la philosophie, François L'Yvonnet, Grasset, 2020.
Vivre à hauteur d'inouï, Dialogues avec François Jullien (1), (coll.), Éditions Descartes et Cie, 2020.
Penser la Chine, interroger la philosophie avec François Jullien, Pascal David, Hermann, 2016.
Des possibles de la pensée. L'itinéraire philosophique de François Jullien, (coll.), sous la direction de Françoise Gaillard et Philippe Ratte, Colloque de Cerisy (2013), Hermann Éditeurs, 2015.

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


L'ÉQUIPE DE FILM À L'ÉPREUVE DU TERRITOIRE


DU JEUDI 19 JUIN (19 H) AU MERCREDI 25 JUIN (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


Droits réservés Walter Limot. Collection Cinémathèque Française


ARGUMENT :

Qu'il s'agisse d'une fiction ou d'un documentaire, que le film soit tourné en studio ou en décors naturels, la création audiovisuelle s'inscrit toujours dans un territoire précis. Elle en exploite les ressources (économiques, techniques, humaines, environnementales) et contribue en retour à modeler son identité, voire à influencer sur son développement. En variant les échelles d'analyse, les zones géographiques et les époques, et en faisant dialoguer chercheurs et professionnels du cinéma, l'objectif de ce colloque est d'interroger la variété des interactions entre la production d'image audiovisuelles et les territoires dans lesquels elle s'inscrit.

L'objectif est d'analyser la manière dont les professionnels investissent les espaces de production à toutes les étapes du processus de création (repérages, tournage, post-production), s'adaptent aux conditions spécifiques des lieux (paysages, météo) ou mobilisent les ressources et la population locale, en portant une attention particulière au territoire normand. Il s'agira également de réfléchir à la manière dont les contraintes réglementaires, mais aussi les cultures professionnelles propres à chaque territoire, modèlent la composition et le fonctionnement de l'équipe de film. On s'intéressera enfin aux relations paradoxales entre création mondialisée et territoire : à l'heure où de plus en plus d'équipes de films se répartissent dans divers pays et continents, comment appréhender l'articulation entre territoire et création ?


MOTS-CLÉS :

Cinéma, Coopération cinématographique, Création collective, Film, Interactions créatives, Professionnels et métiers du cinéma, Territoires, Topographies


CALENDRIER DÉFINITIF :

Jeudi 19 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Vendredi 20 juin
Matin
LE TRAVAIL DU SON
Camille PIERRE : Entre territoire sonore réel, fantastique et fantasmé : étude du Règne animal (Thomas Cailley, 2023)
Stéphane TRALONGO : Les voix de l'expédition. L'enregistreur à bande magnétique en situation de mission ethnographique (Niger, 1953)

Après-midi
RÉGIONS TRANSNATIONALES
Claire ALLOUCHE : De Historias Extraordinarias (2008) à Trenque Lauquen (2022) : la provincia de Buenos Aires topofictionalisée par El Pampero Cine
Daddy DIBINGA : Tourner en extérieur : une appropriation multiscalaire des territoires par les équipes de production des Afronovelas
Eugénie ZVONKINE : Le Kirghizstan soviétique comme cas d'étude : lieu de tensions entre centre soviétique et identité nationale

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Attention fiction ! Mondes imaginaires, possibles narratifs et fictions pensantes de l’âge classique aux intelligences artificielles


Samedi 21 juin
Matin
LOCALISATION / DÉCENTRALISATION DES STUDIOS (APPROCHES HISTORIQUES)
Morgan LEFEUVRE : Marcel Pagnol : "Marseille deviendra le Hollywood français", le rêve inabouti d'un enfant d'Aubagne [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Léa CHEVALIER : S'approprier un territoire. Les architectes-décorateurs, acteurs des studios français (1944-1967)

Après-midi
PLANTER LE DÉCOR
"Des lieux qui deviennent des décors", regards croisés de Valérie NOVEL (1ère assistante en charge des repérages) et François EMMANUELLI (chef décorateur), animés par Gwenaële ROT

Olivier CAUWET : Le superviseur des effets visuels, à l'épreuve de l'équipe de film et des territoires ? | Discussion animée par Caroline RENOUARD

Soirée
"Les plateaux de tournage de Ouarzazate", animée par Gwenaële ROT


Dimanche 22 juin
Matin
CINÉMA DE POCHE
Mathieu MALLARD : Organiser, regrouper, polariser. Tracer l'impossible frontière du "genba" dans l'industrie de l'animation japonaise (1956-1973)
Bérénice BONHOMME : Micro-histoire d'un territoire : le studio "Perseprod" à la loupe
Marie PRUVOST-DELASPRE : Cartographie du studio de poche : le travail à domicile dans la production animée française des années 1970

Après-midi
INTERNATIONAL
Réjane HAMUS-VALLÉE : L'Europe, un territoire pour les effets visuels ? Étude de la répartition territoriale des studios VFX européens
Katalin PÓR : Des regroupements périphériques : le salon de Salon Viertel et les projets de films antinazis
Nedjma MOUSSAOUI : Anatole Litvak (1902-1974), cinéaste caméléon ?

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Attention fiction ! Mondes imaginaires, possibles narratifs et fictions pensantes de l’âge classique aux intelligences artificielles


Lundi 23 juin
"HORS LES MURS" — JOURNÉE AUTOUR DE CHERBOURG-EN-COTENTIN
- 10h : Visite du Hangar à Dirigeables (Écausseville)
- 11h30 : Visite de L'Autre Lieu - Espace René Le Bas (Cherbourg-en-Cotentin), puis déjeuner
- 14h : Visite de la ville de Cherbourg-en-Cotentin avec Léa CHEVALIER, autour de Bernard Evein et Jacques Demy
- 16h : Visite de La Cité de la Mer (Cherbourg-en-Cotentin)

Soirée
Yves BOURGEOIS : Quand le territoire du tournage devient une menace !


Mardi 24 juin
Matin
DÉCOR NATUREL
Camille GENDRAULT : Le cinéma français à la rencontre des petites villes : fictions et réel local en Fumélois
Nathalie SEVERIN-FEBVRE : Que font les séries quotidiennes aux territoires ? L'Occitanie "studio à ciel ouvert". Du décor à l'espace de négociation

Après-midi
NORMANDIE
Gwenaële ROT : Le Havre ville-décor pour La fée (2011)

Tourner en Normandie, table ronde avec avec Cécile JODLOWSKI-PERRA (Normandie Images) et de Steven JOUANNE (repéreur)

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Attention fiction ! Mondes imaginaires, possibles narratifs et fictions pensantes de l’âge classique aux intelligences artificielles


Mercredi 25 juin
Matin
Yves BOURGEOIS : Les grands défis du territoire : François Bel ou la nature filmée sans compromis

Conclusions du colloque

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Bérénice BONHOMME : Micro-histoire d'un territoire : le studio "Perseprod" à la loupe
Une des conditions de Marjane Satrapi, pour coréaliser le film d'animation Persepolis et accepter l'adaptation au cinéma de sa bande dessinée, était que l'ensemble du film soit fabriqué à Paris. Cette contrainte spatiale a eu de nombreuses conséquences tout au long de la production, en particulier l'installation d'un studio d'animation 51 rue du Faubourg Saint Denis qui rassemblait plus de 80 personnes. À partir des archives de fabrication du film et des entretiens réalisés avec les membres de l'équipe, je tenterai de mettre en évidence les dynamiques spatiales à l'œuvre dans un studio d'animation, et leur lien avec le processus de création comme avec le travail en équipe. Cette communication proposera également une approche réflexive, afin montrer comment il est possible d'interroger un fonds documentaire autour de la question du territoire.

Bérénice Bonhomme est professeure en études cinématographiques à l'université Bordeaux Montaigne. Elle est membre junior de l'Institut universitaire de France et fait partie du laboratoire de recherche Artes. Elle travaille sur les thématiques suivantes : image et imaginaire ; la technique cinématographique dans son rapport à la création ; la question de l'équipe de film. Elle coordonne avec Katalin Pór un programme de recherche sur l'équipe de film intitulé "Création Collective au Cinéma".

Morgan LEFEUVRE : Marcel Pagnol : "Marseille deviendra le Hollywood français", le rêve inabouti d'un enfant d'Aubagne
Marcel Pagnol est sans aucun doute l'un des cinéastes français les plus étroitement associés dans notre imaginaire collectif à un territoire précis : Marseille et la Provence. Si à la fin des années 1910 le jeune Marcel ne rêve que de Paris où il fera ses débuts au cinéma en 1931, c'est finalement en implantant sa production à Marseille à partir de 1934 et en s'entourant d'acteurs et de collaborateurs originaires de la région, qu'il accède au rang de réalisateur mondialement connu. Dans un secteur aussi centralisé que l'industrie cinématographique française des années 1930 et 1940, comment Pagnol est-il parvenu à implanter et faire perdurer une activité de production dans une région si éloignée de Paris et sans tradition cinématographique préexistante ? En s'appuyant notamment sur les archives personnelles de Pagnol, on s'interrogera sur les difficultés et les contradictions d'un réalisateur qui oscille entre désir d'indépendance et rêves de grandeur.

Morgan Lefeuvre est chercheuse indépendante. Elle a récemment publié Les Manufactures de nos rêves. Histoire des studios de cinéma français des années 1930 (PUR, 2021) ainsi que divers articles sur les coopérations franco-italiennes des années 1930-1960. Membre du projet STUDIOTEC à la Queen Mary University, elle enseigne également au sein du master Réseau cinéma de l'université de Lausanne. Ses travaux actuels portent notamment sur la carrière cinématographique de Marcel Pagnol.

Katalin PÓR : Des regroupements périphériques : le salon de Salon Viertel et les projets de films antinazis
Salons mondains, associations diverses, cantines ou restaurants… Entre remobilisation de sociabilités préexistantes et avènement de nouvelles solidarités, les espaces périphériques aux studios offrent aux émigrés européens des lieux de rencontres qui débordent les simples regroupements par nationalités, et recoupent bien souvent des affinités politiques. Quels rôles jouent les interactions qui s'y déroulent dans la constitution de liens professionnels ? Dans quelle mesure ces espaces, qui articulent interactions professionnelles, amicales et politiques, sont-ils susceptibles de favoriser l'émergence de projets reflétant les préoccupations spécifiques de ces populations ? À travers quelques études de cas, on essaiera de montrer comment ces espaces informels participent aux dynamiques créatives, inscrivant la genèse des projets dans une géographie sud-californienne qui déborde les seuls espaces formalisés des studios.

Katalin Pór est professeure en études cinématographiques à l'université Paris 8 et membre de l'Institut universitaire de France. Elle a récemment publié Lubitsch à Hollywood. L'exercice du pouvoir créatif dans les studios (2021) et codirigé, avec Caroline Renouard, L'équipe de film au travail. Coopérations artistiques et cadres industriels (2023). Elle coordonne, avec Bérénice Bonhomme, le réseau de recherche Création Collective au Cinéma, et est également présidente de l'Association Française de Recherche sur l'Histoire du Cinéma. Ses travaux actuels portent sur la place des réseaux transnationaux dans la politisation du champ hollywoodien dans les années 1930 et 1940.

Caroline RENOUARD
Caroline Renouard est MCF à l'université de Lorraine, au sein du CREAT – Centre de Recherche sur les Expertises, les Arts et les Transitions. Avec Réjane Hamus-Vallée, elle a codirigé le n°155 de CinémAction "Les métiers du cinéma à l'ère du numérique" (mai 2015), publié Superviseur des effets visuels pour le cinéma (Eyrolles, 2015) et Les Effets spéciaux au cinéma, 120 ans de création en France et dans le monde (Armand Colin, 2018) et, avec la codirection de Giusy Pisano, Truquer, Créer, Innover. Les effets spéciaux en France (PUS, 2024). Avec Katalin Pór, elle a codirigé l'ouvrage L'Équipe de film au travail. Créations artistiques et cadres industriels (éd. AFRHC, 2022).

Gwenaële ROT : Le Havre ville-décor pour La fée (2011)
Le Havre, ville de la reconstruction, labellisée "Unesco" est un personnage à part entière du film La fée tourné par un trio de cinéastes. Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy y ont trouvé une palette de décors inspirants pour nourrir leur scénario et tourner leur film. À partir d'une enquête menée auprès des principaux membres de l'équipe du film et l'exploitation des archives confiées par le chef décorateur Nicolas Girault, nous examinerons comment une équipe de film s'est appropriée Le Havre. Alors qu'il est courant d'opposer tournages en décors naturels et tournages en studio, comme deux modalités de production antithétiques, le choix et la fabrique des décors de La fée montre à quel point cette distinction est peu opérante pour rendre justice à la manière dont des cinéastes et leur équipe de décoration et de lumière s'emparent d'une ville comme matériau de mise en scène.

Gwenaële Rot est professeure des universités à l'nstitut d'études politiques de Paris, chercheuse au Centre de sociologie des organisations (CSO/CNRS). Sociologue du travail des mondes industriels et artistique, elle publié notamment Planter le décor. Une sociologie des tournages, Paris, Presses de Sciences Po, 2019 ; Travailler aux chantiers (dir.) Paris, Hermann, 2023 ; Le poème mécanique de Raymond Gosselin. L'art en mouvement dans le second XXe siècle (avec François Vatin), Trouville, Illustria, 2024 (sous presse).


Claire ALLOUCHE : De Historias Extraordinarias (2008) à Trenque Lauquen (2022) : la provincia de Buenos Aires topofictionalisée par El Pampero Cine
El Pampero Cine, quatuor de cinéastes argentins qui travaille sur le modèle d'une coopérative artistique, a tourné une dizaine de fictions dans la provincia de Buenos Aires depuis le début des années 2000. Nous nous proposons d'étudier ici la méthode de "topofictionalisation" propre à El Pampero Cine, c'est-à-dire le processus de création cinématographique de la fiction ancré en un territoire spécifique. Nous privilégierons une approche géocritique et comparative en nous focalisant sur l'articulation entre forme de production et forme filmique dans deux très longs métrages significatifs, Historias Extraordinarias (2008) réalisé par Mariano Llinás et Trenque Lauquen (2022) réalisé par Laura Citarella.

Yves BOURGEOIS : Quand le territoire du tournage devient une menace !
Comment capter l'essence et les réalités d'une population au sein d'environnements extrêmes ? Deux aventures documentaires témoignent des nombreux défis qu'engendre parfois le territoire du tournage, susceptible entre autres de fragiliser l'accès à l'authenticité des acteurs, ou de mettre en péril la qualité de l'image. Deux univers opposés, l'un nous immerge dans les coursives du Porte-avions Charles de Gaulle où vivent à huis clos 2500 personnes durant l'une des missions de combat réel de l'OTAN, au large de l'océan Indien. L'autre nous embarque dans le sillage de la tragique Expédition Lapérouse disparue mystérieusement en 1788 dans les récifs d'une île perdue du pacifique Sud. L'enjeu de cette communication est de questionner les problématiques des processus créatifs et les tours de force de la mise en scène pour s'adapter aux limites physiques et humaines du tournage. En analysant les choix opérés parmi les différentes configurations techniques et narratives, il s'agit de comprendre comment chaque lieu impose ses propres lois à l'équipe de film, mais aussi ses secrets et ses coins obscurs, parfois difficiles à "mettre au jour", au propre comme au figuré.

Yves BOURGEOIS : Les grands défis du territoire : François Bel ou la nature filmée sans compromis
François Bel et Gérard Vienne resteront à jamais deux noms que le monde du cinéma animalier ne peut oublier. Au-delà d'avoir surmonté pour la première fois les nombreux défis techniques les plus difficiles et les plus périlleux pour filmer le monde animal et ses secrets, ils ont aussi bouleversé les règles du scénario de ce genre documentaire. Une écriture visuelle radicale en 35mm full frame, une prise de son en stéréo utilisant des micros conçus pour les bruits de la nature et capables d'emporter le spectateur au cœur de la réalité, une musique électro-acoustique écrite et composée à partir des sons capturés et aucun commentaire. Contre tout anthropomorphisme, François Bel défend une esthétique prônant la pureté des images et des sons, au service de la complexité de la nature sauvage et sa faune non domestiquée. Sept ans de tournage pour Le Territoire des autres ; deux ans, notamment de nuit, pour La Griffe et la Dent ; cinq ans pour L'Arche et les Déluges, exploitant des espaces souvent inaccessibles, tout en confrontant l'équipe du tournage aux limites imposées par le territoire lui-même. Avec des caméras et des optiques modifiés, des accessoires de tournages inventés pour répondre aux exigences de sa vision, François Bel a ainsi repoussé les frontières techniques, artistiques et narratives du cinéma animalier, interrogeant sans cesse les multiples dimensions de la nature, et traitant les paysages et le monde animal, sous tous les plans, comme des acteurs sans compromis.

Olivier CAUWET : Le superviseur des effets visuels, à l'épreuve de l'équipe de film et des territoires ?
À travers cette discussion, Olivier Cauwet, superviseur des effets visuels, explorera comment les VFX transforment des lieux de tournage et redéfinissent les rapports au[x] territoire[s] et à l'équipe de film. Il reviendra sur les procédés par lesquels les artistes VFX participent à créer des espaces et des décors à la fois authentiques et fictionnels, adaptés aux besoins scénaristiques et aux contraintes topographiques et météorologiques. Par ailleurs, comment la dimension mondialisée des VFX, dont le recours généralisé façonne de nouvelles géographies, contribue-t-elle à l'interaction créative et symbolique entre territoire et cinéma ? Olivier Cauwet abordera aussi la place du superviseur VFX au sein de l'équipe de film et des différents lieux de fabrication d'un film (préproduction, plateau de tournage et postproduction). Comment mobiliser pour chacun de ces cadres des collaborations techniques et artistiques étroites et des modalités de communication spécifiques (en présence et à distance), sans empiéter sur le "territoire" (symbolique) des autres membres de l'équipe ?

Léa CHEVALIER : S'approprier un territoire. Les architectes-décorateurs, acteurs des studios français (1944-1967)
Je souhaiterais observer la place et le rôle des architectes-décorateurs français au sein des studios entre les années 1940 et 1960. Intimement liés à ces espaces de tournage dans lesquels ils sont formés et où leur pratique s'affirme, les architectes-décorateurs sont perçus par l'industrie du cinéma comme les garants du bon entretien et développement de ces lieux. Au regard des missions de la Commission Studio-Décors, dont les comptes rendus des réunions sont préservés à la Cinémathèque française dans le fonds Lucien Aguettand, il s'agira de questionner l'appropriation matérielle, décisionnelle et affective de ces lieux d'identité et de mémoire collective par les architectes-décorateurs. Dans quelle mesure pourrions-nous considérer ces derniers comme les principaux acteurs des studios français ?

Daddy DIBINGA : Tourner en extérieur : une appropriation multiscalaire des territoires par les équipes de production des Afronovelas
Depuis une dizaine d'années, les Afronovelas, soaps ivoiriennes et sénégalaises, sont en plein essor. Faute d'infrastructures de tournage, notamment de studios de production, les tournages ont lieu en décors naturels. Sur la base d'une enquête ethnographique, réalisée à Dakar et Abidjan entre 2022-2024, nous avons analysé la relation des équipes de film aux territoires en suivant au plus près repéreurs, décorateurs, réalisateurs et producteurs. Pour faire face aux contingences en termes de lumière, de bruits, d'accessibilité et de vacances légales, la comparaison de plusieurs boîtes de production, aux budgets et rythmes de production différenciés, révèle des stratégies se déployant à diverses échelles : des tournages concentrés au niveau d'un quartier pour une réplication mimétique du territoire ; des tournages distribués au niveau de la ville, reliant ponctuellement des lieux emblématiques ; ou encore des tournages déployés au niveau de la région, construisant des villes imaginaires par la mise en relation translocale de contrées séparées et lointaines.

Camille GENDRAULT : Le cinéma français à la rencontre des petites villes : fictions et réel local en Fumélois
Cartographier les lieux de tournage des longs-métrages de fiction en Nouvelle-Aquitaine amène à constater combien les villes petites et moyennes sont peu filmées, et d'autant plus invisibilisées que le contexte du récit est alors souvent celui d'une ville "de province" présentée de façon générique. Dans quelques cas interviennent toutefois des traits plus spécifiquement locaux. Cette communication vise à analyser, à partir de deux d'entre eux — Mercenaire (Sacha Wolff, 2016), En Guerre (Stéphane Brizé, 2018) — et des données du bureau d'accueil des tournages du Lot-et-Garonne, les modalités et temporalités, dans l'économie d'un tournage, de cet apprentissage d'un territoire dont certains films témoignent. Elle cherchera de plus à en estimer les effets sur un temps plus long : observe-t-on un retour sur les lieux dans les filmographies des réalisateurs et/ou d'une partie des équipes ?

Réjane HAMUS-VALLÉE : L'Europe, un territoire pour les effets visuels ? Étude de la répartition territoriale des studios VFX européens
Depuis les années 1980, les effets visuels se déploient au sein de studios dédiés, à travers quelques pionniers épars, bientôt rejoints par de nombreux concurrents encouragés par la multiplication des outils numériques. Cette communication se demandera donc comment ces studios VFX se sont implantés en Europe, dans quels territoires, avec quelles configurations. Quels modèles se sont développés, entre le cluster centralisé, type Londres et Paris, et une forte décentralisation, comme par exemple en Allemagne ? En quoi ces implantations dépendent-elles d'aides politiques / économiques, d'enjeux techniques (comment les outils post covid ont-ils modifié en profondeur les conditions de travail, les possibilités et les envies de délocalisation) et de questionnements esthétiques (ces territoires géographiques recouvrent-ils des territoires symboliques, avec des effets spécifiques, pour une cinématographie spécifique) ?

Mathieu MALLARD : Organiser, regrouper, polariser. Tracer l'impossible frontière du "genba" dans l'industrie de l'animation japonaise (1956-1973)
Sur la base d'une étude de discours et de mémoires d'employés de l'industrie de l'animation japonaise, nous aurons pour objectif d'interroger la notion de "genba" (現場), à partir de l'analyse de deux studios cibles (Tôei Dôga, 1956-1972, et Mushi Pro, 1962-1973). Traduisible comme "lieu", "site", cette notion est employée par les anciens employés de l'industrie pour désigner le site de production de l'animation, où le travail d'animation s'effectue avec ses pairs. Pourtant, les contours de ce "genba" sont plus que flous : s'agit-il du studio compris comme entreprise ? Du bâtiment où s'organise la production ? Il s'agira d'interroger les modalités de constitution de cet espace social imaginaire — et donc, d'explorer les dynamiques de pouvoir qui façonnent cette frontière entre la communauté de ceux qui sont au cœur de la production, et ceux qui en sont exclus.

Nedjma MOUSSAOUI : Anatole Litvak (1902-1974), cinéaste caméléon ?
Ses facultés d'adaptation exceptionnelles, liées à ses capacités linguistiques, ont vraisemblablement permis à Litvak de se fondre dans les différents pays et milieux cinématographiques qu'il a traversés en qualité de double exilé russo-germanique, mais ont sans doute participé à le maintenir dans l'ombre malgré ses succès. Revenir sur sa trajectoire conduit à s'interroger sur les raisons et les modalités de son intégration plus rapide et plus précoce que d'autres à de nouveaux espaces professionnels. L'articulation entre les dimensions biographiques et professionnelle mérite d'être explorée. Sa carrière internationale révèle un rapport différencié aux divers territoires investis. Un attachement durable à la France, et sans doute plus particulièrement à Paris et à la côte d'Azur, se dessine à travers son œuvre et dans sa vie.

Camille PIERRE : Entre territoire sonore réel, fantastique et fantasmé : étude du Règne animal (Thomas Cailley, 2023)
Le second long-métrage de Thomas Cailley, Le Règne animal (2023) est un film de science-fiction qui raconte, dans un futur proche, la vague de mutations qui transforme les humains en créatures animales. Étudier cette œuvre à travers le prisme du son nous permettra d'investiguer le lien entre le choix d'un territoire particulier et le rendu sonore de ce lieu au sein de la fiction. Michel Chion emploie le terme "son-territoire" pour décrire une ambiance identifiant un espace. Le film prend place en Nouvelle Aquitaine, majoritairement dans le parc naturel régional des Landes de Gascogne et en vallée du Lot. Pour son premier film, Les Combattants (2014), le réalisateur exprimait déjà son attachement à la région. Nous nous demanderons comment le territoire sonore s'est transformé au fil de ses passages entre le tournage et la post-production ? Comment cela s'est-il organisé ? La fabrication du film ayant été marqué par des incendies de grande envergure, nous interrogerons également la réaction de l'équipe face à ces imprévus.

Marie PRUVOST-DELASPRE : Cartographie du studio de poche : le travail à domicile dans la production animée française des années 1970
Le travail à domicile représente une modalité d'exercice professionnel de l'animation si prégnante en France dans les années 1970 qu'elle devient un sujet de débat au sein de la section animation du Syndicat des Techniciens de la Production de Cinéma et de Télévision. À partir des archives du syndicat et d'entretiens, nous tenterons de mettre en valeur les principaux enjeux de cette pratique, pour dessiner une forme de cartographie de ces studios de poche dans leur matérialité et leurs relations avec les espaces de production institués. L'hypothèse centrale renvoie à la circulation des travailleurs et des objets propres à leur activité, déplacements géographiques dont on cherchera à montrer qu'ils tracent une dynamique de rapports de force entre l'espace légitime du studio et des contextes plus instables ou précaires d'activité salariée, mais aussi entre les professionnels de l'animation eux-mêmes.

Nathalie SEVERIN-FEBVRE : Que font les séries quotidiennes aux territoires ? L'Occitanie "studio à ciel ouvert". Du décor à l'espace de négociation
Les séries quotidiennes transforment les territoires en plateaux de tournage avec une organisation industrielle et un rythme soutenu. En s'appuyant sur deux exemples concrets et d'échelle différente, Un Si Grand Soleil à Montpellier et Ici Tout Commence à Saint-Laurent d'Aigouze, cette étude analyse comment ces productions reconstruisent les espaces qu'elles investissent. Les tournages en décors naturels, bien qu'exigeants en termes de logistique et de négociation avec les acteurs locaux, offrent de multiples avantages. Notamment, ils valorisent les territoires, développent le tourisme et l'emploi. Cependant, ces interactions complexes nécessitent une gestion fine afin d'éviter les frictions et de garantir une cohabitation harmonieuse entre les équipes de production, les habitants et les institutions. Les séries quotidiennes apparaissent ainsi comme de véritables acteurs du développement territorial, à condition de mettre en place des dispositifs de médiation et de concertation adaptés.

Nathalie Severin-Febvre est doctorante en Sciences de l'Information et de la Communication à l'université Montpellier Paul-Valéry et rattachée au laboratoire LERASS. Elle a démarré en octobre 2022 une thèse cofinancée par la Région Occitanie "Une Si Belle Région : la mise en fiction et la mise en tourisme des territoires d'Occitanie par les séries audiovisuelles". Son objet de recherche concerne le rapport entre l'implantation de productions de séries télévisées et la construction des territoires dans une approche communicationnelle. Il s'agit d'étudier les relations et interactions qui favorisent le développement d'une filière audiovisuelle, notamment les relations entre les productions des séries télévisées et les collectivités.

Stéphane TRALONGO : Les voix de l'expédition. L'enregistreur à bande magnétique en situation de mission ethnographique (Niger, 1953)
Lorsque le cinéaste suisse Henry Brandt se rend au Niger pour y tourner un film ethnographique en 1953, il entend être le premier à ramener des images de ce territoire et des Wodaabe qui l'habitent, mais aussi le premier à collecter les sons associés à ces images. Emblématique du cinéma expéditionnel de cette période, le film auquel il aboutit, Les Nomades du soleil (1954), est pris dans une double mythologie : s'il déploie la figure fantasmatique du cinéaste-explorateur œuvrant en solitaire dans une lutte contre les éléments, il participe aussi de la mythologie technique d'une machine, celle du magnétophone autonome Nagra fonctionnant dans toutes les conditions climatiques. Grâce à la redécouverte récente des bandes magnétiques réalisées in situ par Brandt, cette recherche propose de repartir de la matière sonore pour interroger le geste de captation du cinéaste sur ce territoire colonisé, mais aussi son pendant, le geste de restitution des sons, central au dispositif de tournage qu'il met en place.

Eugénie ZVONKINE : Le Kirghizstan soviétique comme cas d'étude : lieu de tensions entre centre soviétique et identité nationale
Durant les années 1950 et 1960, il est fréquent que des cinéastes venus de Russie soviétique ou bien tout juste diplômés du VGIK viennent travailler en Asie centrale. Deux cas sont particulièrement intéressants à envisager dans notre étude : Chaleur torride (Znoï, 1963) de Larissa Chepitko, ukrainienne, et Premier maître (Pervyi outchitel, 1965) d'Andreï Kontchalovski, russe, sont deux films de fin d'étude du VGIK tournés à Kirghizfilm. Tous deux sont des adaptations par des cinéastes venus d'ailleurs du grand écrivain kirghize, Tchinguiz Aïtmatov. L'étude des sténogrammes des discussions dans le studio, ainsi que des témoignages de collaboration, et des systèmes esthétiques des films, nous permettront d'envisager la manière dont se jouent les relations interprofessionnelles au sein de ces équipes multinationales et la manière dont on perçoit ces œuvres au Kirghizstan.


BIBLIOGRAPHIE :

• Bérénice Bonhomme, Simon Daniellou & Priska Morrissey (dir.), Penser la photographie, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2025.
• Patricia Caillé, Olivier Thévenin & Benjamin Thomas (dir.), "Le cinéma européen", Mise au point, n°13, 2020.
• Réjane Hamus-Vallée (dir.), Parcours "Les métiers du décors", Technès, encyclopédie raisonnée des techniques du cinéma, 2022.
• Réjane Hamus-Vallée, Giusy Pisano & Caroline Renouard (dir.), Truquer, créer, innover : les effets spéciaux français, Le Septentrion, Lille, 2024.
• Morgan Lefeuvre, Les manufactures de nos rêves. Les studios de cinéma français des années 30, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2021.
• Katalin Pór & Caroline Renouard (dir.), avec la collaboration de Mélisande Leventopoulos, L'Équipe de film au travail : créations artistiques et cadres industriels, AFRHC, Paris, 2023.
• Gwénaële Rot & Laure de Verdalle (dir.), Le cinéma : travail et organisation, La Dispute, Paris, 2013.
• Gwénaële Rot, Planter le décor. Une sociologie des tournages, Presses de Sciences Po, Paris, 2019.


PARTENARIATS :

Normandie Images
Région Normandie


SOUTIENS :

• Institut universitaire de France (IUF)
ARTES (UR 24141) | Université Bordeaux Montaigne
• Laboratoire de recherche "Esthétique, sciences et technologies du cinéma et de l'audiovisuel" (ESTCA, EA 2302) | Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis
• Centre de sociologie des organisations (CSO, UMR 7116) | CNRS / Sciences Po
• Centre de recherche sur les expertises, les arts et les transitions (CREAT) | Université de Lorraine

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


ATTENTION FICTION !

MONDES IMAGINAIRES, POSSIBLES NARRATIFS ET FICTIONS PENSANTES
DE L'ÂGE CLASSIQUE AUX INTELLIGENCES ARTIFICIELLES


DU JEUDI 19 JUIN (19 H) AU MERCREDI 25 JUIN (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


D'après Orson Welles, Don Quijote, 1955-1972,
inachevé, sortie posthume en 1992


DIRECTION :

Françoise LAVOCAT, Franck SALAÜN


COMITÉ D'ORGANISATION :

Nathalie KREMER, Anthony MANGEON, Pascal NOUVEL


ARGUMENT :

Longtemps considérée comme contraire au savoir et à l'utile, trompeuse, corruptrice, la fiction a largement pris sa revanche. On lui prête aujourd'hui d'innombrables vertus (pour l'éducation de l'enfant à la sociabilité, pour le développement de l'empathie chez l'individu, pour le soin et même pour la préservation de l'espèce), tant et si bien que la frontière entre le fictif et le réel peut parfois sembler disparaître. Elle dirait aussi bien ou mieux la réalité que le récit historique, elle permettrait au lecteur de développer son sens moral ou d'accéder à la complexité du réel en le plongeant dans des expériences de pensée ou des études de cas.

Ce colloque réunira des écrivains, des universitaires et des comédiens dans le but de dresser un état des lieux des théories et des usages de la fiction, en explorant notamment les oppositions traditionnelles ou plus récentes, les frontières et les intersections. On s'interrogera collectivement sur ce retour en grâce et les éventuels malentendus qu'il pourrait cacher, mais surtout sur la nature de la fiction, ses présupposés anthropologiques et ses multiples potentialités. Les conférences, tables rondes, ateliers et spectacles permettront en particulier d'explorer les mondes imaginaires, les possibles narratifs et les fictions pensantes.


MOTS-CLÉS :

Éducation, Fake news, Fiction, Fictionnalité, Imagination, Intelligence artificielle, Philosophie, Réalité, Récit, Référentialité, Roman, Story-telling, Théâtre, Théorie littéraire


CALENDRIER DÉFINITIF :

Jeudi 19 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Vendredi 20 juin
USAGES ET FRONTIÈRES DE LA FICTION DU XVIe SIÈCLE À AUJOURD'HUI
Matin
Françoise LAVOCAT, Pascal NOUVEL & Franck SALAÜN : Introduction

Franck SALÄUN : Usages et frontières de la fiction du XVIe siècle à aujourd'hui

Après-midi
Présentation de la Société internationale des recherches sur la fiction et la fictionnalité (SIRFF)

Charlotte KRAUSS : Les Cités obscures de Schuiten et Peeters comme fictions pensantes

Les dangers de la fiction, atelier animé par Luca PENGE

Soirée
Linda GIL : Cunégonde ou Voltaire contre ses interprètes [conférence interactive]


Samedi 21 juin
Matin
TÉMOIGNAGE ET FICTION
Dominique MEMMI : Vers une vengeance des femmes ? Fictions et sciences sociales
Aude DÉRUELLE : Le désir de roman des historiens [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Après-midi
L'UNIVERS DU ROMAN SANS FICTION. AUTOUR DU TRAVAIL DE PATRICK DEVILLE
Table ronde et lectures, avec Patrick DEVILLE, Linda GIL, Françoise LAVOCAT et Franck SALAÜN

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : L'équipe de film à l'épreuve du territoire


Dimanche 22 juin
Matin
PENSER DANS ET PAR LA FICTION
Anthony MANGEON : Fictions primates : quand les singes parlent [visioconférence]
Ridha BOULAÂBI : Mise en fiction des enjeux postcoloniaux

Après-midi
ESPACES FICTIONNELS
Franck SALÄUN : À propos de Diderot, avec Michel TOMAN

À propos de La Blessure et la Soif, avec Pascal NOUVEL, Laurence PLAZENET et Catherine SCHAUB

Soirée
La Blessure et la Soif, lecture par Cassandre VITTU DE KERRAOUL


Lundi 23 juin
Matin
ARBITRAIRE DU TEXTE ET VÉRITÉ DE LA FICTION
Franc SCHUEREWEGEN : Attention fiction d'auteur (à propos d'un problème qui n'est pas réglé)
Sjef HOUPPERMANS : Impressions d'Afrique de Raymond Roussel
Répondante : Camille BORTIER

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : L'équipe de film à l'épreuve du territoire


Mardi 24 juin
Matin
LES ENJEUX DU RÉCIT
Colas DUFLO : Le "roman politique" au XVIIIe siècle ou la philosophie politique par fiction
Pascal NOUVEL : Histoire, politique et puissance du narratif

Après-midi
Présentation de mise en voix de contes, écrits par les élèves de 6ème du collège Anne Heurgon-Desjardins de Cerisy-la-Salle

FAÇONS DE REPRÉSENTER
Ivan JABLONKA : Représenter le féminicide avec des fictions
Nathalie KREMER & le ZufallKollektiv : Mettre en scène le Pygmalion de Rousseau

Soirée
Pygmalion de Rousseau, spectacle par le ZufallKollektiv (Suisse) : Dominique BOURQUIN, Joséphine DE WECK, Simon LAMBELET, Nicolas MÜLLER et Michel TOMAN


Mercredi 25 juin
Matin
MYSTIFICATIONS, SAVOIRS, DROITS : L'AVENIR DE LA FICTION
Franck SALAÜN : Conclusions

Rapports d'étonnement des doctorants, par Julia DE IPOLA, Vittoria DELL'AIRA, Mathilde MAUDET, Salomé PASTOR et Luca PENGE

Après-midi
DÉPARTS


VIDÉOS RÉALISÉES PAR FRANCE MANHES — INIT - Éditions - Productions :


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Ridha BOULAÂBI : Mise en fiction des enjeux postcoloniaux
À partir de la littérature francophone maghrébine du XXIe siècle, cette communication s'attache à retracer les contours d'un discours postcolonial romanesque, narratif et fictionnel. Il s'agit de montrer comment les formes littéraires mettent à l'épreuve le canon culturel aussi bien occidental qu'oriental et les théories postcoloniales elles-mêmes. Paradoxalement, cette appropriation littéraire des savoirs contemporains se caractérise par un retour à la fois critique et bienveillant des différents orientalismes. On prendra comme exemple de fiction pensante Le Silence de Mahomet, roman de Salim Bachi (Gallimard, 2008) qui met le récit au service d'une confrontation du discours religieux et du discours littéraire.

Ridha Boulaâbi est professeur de littératures francophones à l'université de Paris Nanterre. Il est co-directeur de l'équipe de l'Observatoire des Écritures Contemporaines (laboratoire CSLF). Ses recherches traitent des transferts linguistiques et culturels entre l'Orient et l'Occident dans les littératures contemporaines du monde arabe. Il est notamment l'auteur de : L'Orient des langues au XXe siècle : Aragon, Ollier, Barthes, Macé (Éditions Geuthner, 2011), Nedjma de Kateb Yacine (Champion, coll. "Entre les lignes/littératures Sud", 2015) et Orientalism Writes Back. Quand la littérature francophone du Maghreb met en fiction la pensée postcoloniale (Éditions Geuthner, 2024). Il a par ailleurs dirigé aux Éditions Geuthner les collectifs : Les Orientaux face aux orientalismes (2013) et Voix d'Orient – Mélanges offerts à Daniel Lançon (2019).

Aude DÉRUELLE : Le désir de roman des historiens
Un désir de roman s'observe chez les historiens et historiennes actuels : il se manifeste à la fois par l'envie de lire, critiquer, utiliser les romans, et par la tentation de s'adonner à ce genre comme expérience littéraire proprement dite — avec des glissements de la critique à la pratique. On se propose ici d'en dégager le contexte et d'en explorer les modalités.

Aude Déruelle est professeure de littérature française du XIXe siècle à l'université d'Orléans. Elle travaille sur la représentation de l'histoire dans le roman et l'historiographie, a par exemple codirigé avec Jean-Marie Roulin Les Romans de la Révolution (1790-1912) (Armand Colin), et a édité les œuvres d'Augustin Thierry (Bouquins, 2025).

Colas DUFLO : Le "roman politique" au XVIIIe siècle ou la philosophie politique par fiction
Des Aventures de Télémaque de Fénelon (1699) jusqu'à Aline et Valcour de Sade (1795) un vaste corpus romanesque entreprend d'aborder des questions de philosophie politique dans des textes fictionnels. On partira ici de ces "romans politiques" pour s'interroger sur ce que signifie faire de la philosophie politique par fiction, et sur les questions que ces textes posent aujourd'hui à nos approches de la fiction. On s'interrogera en particulier sur le statut des énoncés formulés par des personnages fictionnels dans un cadre fictionnel et qui pourtant ont une ambition de vérité extra fictionnelle et on se demandera pourquoi ce corpus, pourtant très riche, et bien compris par les contemporains comme un des lieux possibles et vivants de discussion critique sur les idées politiques et religieuses et sur les politiques alternatives, est manifestement une source d'embarras pour les historiens des idées politiques ou les historiens de la philosophie, qui se gardent bien d'en parler. Attention, fictions !

Colas Duflo est professeur de Littérature française du XVIIIe siècle à l'université Paris Nanterre et membre senior de l'Institut Universitaire de France. Ses travaux actuels portent sur les relations entre roman et philosophie au XVIIIe siècle. Il a notamment publié Les Aventures de Sophie, la philosophie dans le roman au XVIIIe siècle, CNRS édition, "Biblis", 2013 ; Philosophie des pornographes, les ambitions philosophiques du roman libertin, Seuil, "L'ordre philosophique", 2019 ; Les Aventures de Télémaque de Fénelon ou Le roman politique, Champion, "Commentaires", 2023.

Sjef HOUPPERMANS : Impressions d'Afrique de Raymond Roussel
Dans sa publication posthume Comment j'ai écrit certains de mes livres (1935) Raymond Roussel souligne le fait que "chez moi l'imagination est tout". Cette affirmation constitue l'aboutissement d'une sorte de manifeste où il explique et illustre son "procédé". Celui-ci consiste à explorer la langue notamment dans le domaine de l'homonymie. Ses récits courts et ensuite ses grands romans tels Impressions d'Afrique (1910) et Locus Solus (1914) se fondent sur des couples d'homonymes qu'il s'agit de réunir par le moyen de la fiction. On a donc affaire à des sortes d'"équations" selon l'auteur. L'imagination surgit dans le pli de ces exercices stylistiques. Pourtant Roussel ne donne que peu d'exemples et d'autre part avoue qu'il prend beaucoup de liberté dans la pratique. La fiction roussellienne se nourrit également à partir de tout un ensemble de sources différentes. On peut ainsi faire remarquer l'influence de la tradition littéraire, du contexte de la société contemporaine, des apports des dictionnaires, des échos de la biographie et surtout aussi des créations de l'inconscient. Dans ce sens sera proposée une lecture d'Impressions d'Afrique.

Sjef Houppermans est professeur émérite de l'université de Leiden (Pays-Bas). Il a publié des livres sur Proust, Beckett, Roussel, Robbe-Grillet, Ollier entre autres. Il a régulièrement contribué aux Cahiers Raymond Roussel (Classiques Garnier). Pour ses recherches il combine des approches stylistiques et psychanalytiques.

Charlotte KRAUSS : Les Cités obscures de Schuiten et Peeters comme fictions pensantes
Publiées entre 1983 et le début des années 2000, Les Cités obscures de François Schuiten et Benoît Peeters n'ont été pensées comme un univers fictionnel qu'au fur et à mesure que la publication des albums avançait. S'il existe aujourd'hui un Guide des Cités (2011), une grande carte complète et même un site internet très fourni (altaplana.be), le monde obscur reste incertain, labyrinthique et inachevé — un enchevêtrement de différentes projections. Cette communication s'intéressera aux cartes des cités obscures pour déplier ce labyrinthe fictionnel vertigineux. Je m'appuierai surtout sur La Frontière invisible (2002-2004), qui met en scène un jeune cartographe en Sodrovno-Voldachie, au nord-ouest du monde obscur. L'action est située à une époque où la gloire des anciennes cités s'est déjà estompée et où un gouvernement autocratique cherche à réécrire les données géographiques. Or il s'avère que la véritable carte du pays est mystérieusement inscrite dans le corps de l'un des personnages, un fait qui permet de comprendre les Cités obscures comme un organisme vivant et intelligent, comme une fiction donnant l'illusion de se penser elle-même.

Charlotte Krauss est professeure de littérature comparée à l'université de Poitiers et directrice de l'unité de recherches FoReLLIS (UR15076). Elle travaille entre autres sur la bande dessinée et les relations entre texte et image. La communication sur les Cités obscures s'inscrit dans un projet en cours qui s'intéresse aux atlas et aux cartes de mondes fictionnels.

Anthony MANGEON : Fictions primates : quand les singes parlent
Depuis le milieu du XVIIIe siècle, et l'étude comparative des humains et des anthropoïdes, notre espèce s'est inscrite dans une histoire naturelle où, tout en appartenant aux grands primates, elle n'a cessé de chercher à s'en distinguer. Les recherches biologiques, anthropologiques et primatologiques ont néanmoins mis en évidence, au fil du temps, un certain nombre d'aptitudes et de fonctions que nous aurions en partage avec nos cousins éloignés que sont les bonobos, chimpanzés, gorilles et orangs-outans, comme par exemple la bipédie, la fabrication d'outils, la capacité de développer des pratiques culturelles et celle de maîtriser divers langages. Une faculté fait cependant exception : définie comme une aptitude à la feintise partagée, la fiction a joué un rôle déterminant et unique dans l'évolution de l'espèce humaine, constituant ainsi un "propre de l'homme".
Par "fiction primate", je désignerai d'abord cette aptitude et cette propension des primates humains à concevoir, partager et transmettre des fictions. Parmi ces dernières, force est cependant de constater que depuis le milieu du XVIIIe siècle, une fois encore, se sont aussi multipliées, en Occident, des fictions consacrées à des primates non humains qui s'approprient des comportements humains, et qui notamment parlent et écrivent. Les "fictions primates" désigneraient ainsi, dans un second temps, toutes les histoires imaginaires où de grands singes parlants s'humanisent.
Dans cette conférence, je voudrais étudier comment les fictions primates, en tant que corpus littéraire, sont une manifestation éclatante de la fiction primate en tant qu'aptitude. Je montrerai notamment comment, dans leurs variations thématiques et poétiques, les fictions primates participent d'un usage métaphorique voire métaleptique de la fiction qui se fait ainsi "pensante" de plusieurs manières. Les fictions primates réfléchissent, d'une part, aux rapports entre les primates humains et les primates non humains ou, plus largement, au sein du monde vivant ; elles figurent souvent, d'autre part, les relations entre les Occidentaux et les peuples qu'ils ont colonisés, exploités et dominés.

Anthony Mangeon est professeur à l'université de Strasbourg, où il dirige l'unité de recherches Configurations littéraires et l'institut thématique interdisciplinaire Lethica (littératures, éthique et arts). Il est l'auteur ou le codirecteur de plusieurs ouvrages parus dans la collection "Fictions pensantes", dirigée par Franck Salaün aux éditions Hermann, dont Crimes d'auteur (2016), Fictions pansantes (2023) et L'Afrique au futur (tome 1 en 2022, tome 2 en 2025).

Dominique MEMMI : Vers une vengeance des femmes ? Fictions et sciences sociales
À partir des années 60, la relation de domesticité s'assombrit au cinéma : tuer les employeurs devient la solution aux souffrances ancillaires. À partir des années 80, le forçage sexuel des femmes trouve une nouvelle issue au cinéma : les femmes s'en vengent désormais elles-mêmes, sauvagement. Bref, "On les baise (au sens propre ou figuré) mais ils/elles nous tuent" : tel est le nouveau récit en honneur ici. Or, après dépouillement d'environ 800 décisions judicaires, guère de traces de cette violence dans le monde social "réel" ! Quelles sont donc les fonctions sociales de la fiction — et de cette fiction-là ? Voilà qui oblige à découvrir et à prendre au sérieux l'énergie sociétale considérable mise à produire des "solutions" que les fictions, de manière fort homogène, inventent sans relâche comme autant de dispositifs permettant de s'adapter aux évolutions terriblement menaçantes du réel… tout en s'en protégeant et s'en consolant.

Séduite par la capacité de la production cinématographique à "penser" les problèmes sociaux, Dominique Memmi s'en est souvent servie pour repérer les solutions mentales trouvées à un certain nombre de difficultés sociales : au premier rang desquelles les angoisses et souffrances engendrées par une domination sociale particulière, conceptualisée comme une "domination rapprochée" : celle exercée dans le privé, entre hommes et femmes, maîtres et serviteurs, parents et enfants. D'où son ouvrage à paraître au PUF en octobre 2025 : Vers une vengeance des femmes au XXIème siècle ? Cinéma et domination sociale (Cf aussi : Dominique Memmi, "Corps à corps et domination rapprochée : comment le cinéma "réfléchit" le monde social", Revue Culture et musées, vol. n°7,‎ année 2006, p. 81-97 [lire en ligne].


SOUTIENS :

• Institut universitaire de France (IUF)
• Institut de recherche sur la Renaissance, l'Âge classique et les Lumières (IRCL, UMR 5186) | CNRS / Université Paul-Valéry Montpellier 3
Éducation Éthique Santé (EA 7505) | Université de Tours
• Formes et idées de la Renaissance aux Lumières (FIRL, EA 174) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Centre d'études et de recherches comparatistes (CERC, EA 172) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Laboratoire Configurations littéraires (EA 1337) | Université de Strasbourg (Unistra)
University of Antwerp
Normandie Livre & Lecture
Société Diderot
• Société internationale des recherches sur la fiction et la fictionnalité (SIRFF)
Fondation Clarens pour l'humanisme | Fondation de France

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LA GASTRONOMIE, DEUX SIÈCLES APRÈS BRILLAT-SAVARIN


DU MARDI 10 JUIN (19 H) AU LUNDI 16 JUIN (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]



ARGUMENT :

Si le mot "gastronomie" apparaît pour la première fois en langue française en 1801 sous la plume de Joseph Berchoux, c'est Brillat-Savarin qui, dans son célèbre ouvrage La physiologie du goût ou méditations de gastronomie transcendante (1825), en propose une première définition comme "connaissance raisonnée de tout ce qui a rapport à l'homme, en tant qu'il se nourrit", profitant de l'occasion pour définir également la cuisine comme "art d'apprêter les mets et de les rendre agréables au goût". Ainsi, entre connaissance et plaisir, discours et pratiques, chimie et alchimie, science et art, nature et culture, matières et manières, excès et frugalité, la gastronomie convoque dès ses origines tous les champs de la connaissance et tous les sens pour nous emmener toujours plus loin dans la compréhension et l'appréciation de ce que nous mangeons et buvons.

Ce colloque est l'occasion, deux cents ans après la parution de l'ouvrage séminal de Brillat-Savarin, de porter un regard interdisciplinaire sur ce vaste domaine qui, de la terre et de la mer à l'assiette, nous rappelle qu'offrir quotidiennement une alimentation goûteuse, saine, durable, éthique et économiquement accessible à tous constitue un des plus grands défis de nos sociétés, dont la destinée "dépend de la manière dont elle se nourrissent", pour reprendre encore les mots de cet auteur décidément bien contemporain.


MOTS-CLÉS :

Alimentation, Cuisine, Gastronomie, Nourriture


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mardi 10 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Mercredi 11 juin
Matin
Gilles FUMEY, Fanny GIANSETTO, Agnès GIBOREAU & Christophe LAVELLE : Ouverture du colloque

MANGER À TRAVERS LE TEMPS : HISTOIRE ET PRÉHISTOIRE DE L'ALIMENTATION
Roland NESPOULET : Et si la Préhistoire de l'alimentation était déjà gastronomique ?
Patrick RAMBOURG : La naissance de la gastronomie : l'avènement de la littérature gourmande

Après-midi
De l'invention du feu à l'agroindustrie : 1 million d'années de transformations culinaires, table ronde animée par Gilles FUMEY et Christophe LAVELLE

MANGER À TRAVERS L'ESPACE : PRODUITS, RECETTES, PATRIMOINES
Gilles FUMEY : Nourritures nomades

Cultures culinaires du monde et fermentations, table ronde animée par Gilles FUMEY, avec Marie-Claire FRÉDÉRIC

Vernissage de l'exposition "Je Mange Donc Je Suis en Normandie" et présentation de l'agriculture et des terroirs normands, par Jacques BRULHET et Christophe LAVELLE, suivie de lectures par Armelle CHITRIT


Jeudi 12 juin
Matin
SE NOURRIR : BESOINS NUTRITIONNELS, MÉTABOLISME, SANTÉ
Jean-Michel LECERF : Déterminants des maladies et prévention
Fabienne DELESTRE : L'impulsivité alimentaire : cible de nouvelles thérapies de l'obésité

Manger pour être en bonne santé… le plus longtemps possible, table ronde animée par Agnès GIBOREAU, avec Virginie DELANNOY-VAN WYMELBEKE

Après-midi
S'APPROVISIONNER : CHOIX ET CONTRAINTES ALIMENTAIRES
Stéphanie VERFAY & Nicolas BRICAS : Accès à l'alimentation [visioconférence]

Précarité, sécurité sociale alimentaire : quand manger est un défi, table ronde animée par Agnès GIBOREAU

Soirée
Demain, tous végétaliens ?, débat animé par Laure MARDOC


Vendredi 13 juin
Matin & Après-midi
"HORS LES MURS"
- Visite du Campus Métiers Nature de Coutances
- Déjeuner au Lycée hôtelier Maurice Marland de Granville
- Visite libre de la ville de Granville

Soirée
Anne-Laure VINCENT : Rassembler les cuisiniers et les mangeurs, physiquement, virtuellement


Samedi 14 juin
Matin
SE RÉJOUIR : MANGER PAR PLAISIR, GOÛT ET SENSORIALITÉ, ART CULINAIRE
Loïc BRIAND : Neurophysiologie du goût
Agnès GIBOREAU : Sensorialité et plaisir de manger en contexte

La cuisine est-elle un art ?, table ronde animée par Christophe LAVELLE

Après-midi
CÉLÉBRER : FÊTES & FESTIVALS, GUIDES, ASSOCIATIONS
Esterelle PAYANY : La médiatisation des chefs
Julia CSERGO : Patrimonialiser la cuisine

Célébrer les nourritures avec les chefs et les producteurs, table ronde animée par Christophe LAVELLE, avec Célia TUNC


Dimanche 15 juin
Matin
PROTÉGER : LES ALIMENTS, LES SAVOIRS, LES PRATIQUES, LES TRAVAILLEURS, LES CONSOMMATEURS
Fanny GIANSETTO : L'alimentation : un droit comme un autre ?
Pierre-Étienne BOUILLOT : Les sciences réglementaires au service de la protection des mangeurs ?

Protéger celles et ceux qui travaillent pour nous nourrir, table ronde animée par Fanny GIANSETTO, avec Nathalie FERRÉ

Après-midi
ÉDUQUER, FORMER : LES CONSOMMATEURS, LES PROFESSIONNELS
Diane DUPRÉ LA TOUR : Des cantines de quartier pour restaurer la confiance
Bruno CARDINALE : "Dis-moi ce que tu scrolles, je te dirai ce que tu ignores". À quoi servent les livres de cuisine à l'ère du numérique ?

Quels défis pour les restaurateurs de demain ?, table ronde animée par Christophe LAVELLE et Fanny GIANSETTO


Lundi 16 juin
Matin
ÉVOLUER, S'ADAPTER, INNOVER : ENTRE CONTRAINTES ET DÉSIRS
Catherine DACREMONT : L'évolution des comportements et les freins au changement à l'épreuve des sens [visioconférence]

Manger, un droit pour tous ?, table ronde animée par Fanny GIANSETTO, avec Magali RAMEL [visioconférence]

Laure VERDEAU : Agriculture bio : pourquoi ? pour qui ?

Gilles FUMEY, Fanny GIANSETTO & Christophe LAVELLE : Conclusion du colloque

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Gilles FUMEY
Gilles Fumey est enseignant-chercheur en géographie de l'alimentation et professeur à l'Inspé de Sorbonne Université. Il est membre du laboratoire SIRICE, co-responsable de l'axe Alimentation du laboratoire. Il a créé, puis dirigé le master Alimentation et cultures alimentaires à Paris-Sorbonne en 2005. Il collabore régulièrement à des magazines professionnels et intervient régulièrement dans les médias, et notamment sur Médiapart où il co-anime le blog Géographies en mouvement. Auteur d'une quinzaine d'ouvrages sur l'alimentation et ses cultures, traduits en une dizaine de langues, il a publié récemment Histoire de l'alimentation (coll. "Que-sais-je ?", PUF) avec J.-P. Williot, Atlas de l'alimentation et Manger local, manger global (CNRS-Éditions). En 2023, les éditions Sciences humaines ont publié la 3e édition refondue d'une Géopolitique de l'alimentation.

Fanny GIANSETTO
Fanny Giansetto est maîtresse de conférences en droit privé (Université Paris Sorbonne Nord). Ses recherches portent sur la transition écologique des entreprises, les contentieux climatiques ainsi que le droit de l'alimentation durable. Elle a également cofondé Écotable, une structure qui accompagne le secteur de la restauration (restauration commerciale, collective et événementielle) dans sa transition écologique. Écotable analyse l'impact des établissements et propose des plans d'action pour le réduire, forme les restaurateurs (ou futurs restaurateurs) sur l'ensemble des enjeux de restauration durable, les aide à mieux s'entourer via un annuaire de fournisseurs dédiés. Écotable a également créé un label pour permettre aux consommateurs d'identifier les restaurants écoresponsables dans toute la France. Fanny Giansetto est également animatrice du podcast "Sur le grill d'Écotable" qui décrypte les enjeux environnementaux, sanitaires et sociaux de notre alimentation.

Agnès GIBOREAU
Agnès Giboreau est directrice du Centre de recherche de l'Institut LYFE (ex. Institut Paul Bocuse), lieu dédié aux interactions Science et Gastronomie au service de la connaissance, de la formation doctorale et de l'innovation. Le programme de l'équipe vise à mieux comprendre les mécanismes d'une alimentation goûteuse, saine et durable et repose sur des équipes en Sciences sociales, en Sciences cognitives et en Sciences de la nutrition et des aliments, en partenariat avec des universités locales, nationales et internationales. Son pôle Innovation contribue à développer, tester et déployer des solutions pour tous, quels que soient l'âge et le contexte de repas, en France et à l'international, en particulier grâce au programme ISPAR, Innovation et Science pour l'Alimentation et la restauration (PIA3). Chercheure associée à l'université Claude Bernard Lyon 1 (Équipe P2S Parcours Santé Systémique), elle enseigne au sein du Master NAS Neurosciences et Analyse Sensorielle (UCBL). Ses travaux de recherche portent sur le rôle des sens dans les préférences et comportements alimentaires de populations cibles en intégrant des approches multidisciplinaires (psychophysiologie, sciences des aliments, nutrition). Elle pilote le projet et consortium CANUT, Cancer, nutrition & goût qui étudie les altérations sensorielles chez les patients sous chimiothérapie et conçoit des solutions adaptées aux différents profils de patients (recommandations sensorielles, nutritionnelles et culinaires). Son livre Quand la recherche se met à table (EDP Science, Paris) partage les résultats de travaux menés auprès de divers publics et illustre les leviers à disposition côté cuisine et côté salle pour que les repas soient toujours un plaisir.

Christophe LAVELLE
Christophe Lavelle est chercheur au CNRS et au Muséum National d'Histoire Naturelle, à Paris. Spécialiste de l'alimentation, il enseigne la physico-chimie culinaire au sein de nombreuses universités et donne régulièrement des conférences auprès du grand public et des professionnels (chefs, formateurs, ingénieurs), en France comme à l'étranger. Il est également co-responsable du réseau PALIM (Patrimoines Alimentaires) de l'Alliance Sorbonne Université et formateur à l'INSPE pour les professeurs de cuisine. Auteur d'une cinquantaine d'articles de recherche, il collabore avec différents magazines professionnels et intervient régulièrement dans les médias (presse, radio, TV). Il a publié une quinzaine d'ouvrages liés à l'alimentation, dont Je mange donc je suis. Petit dictionnaire curieux de l'alimentation (Éditions du MNHN, 2019), Molécules. La science dans l'assiette (Ateliers d'Argol, 2021), De l'assiette au cerveau. La cuisine neurogastronomique (Les ateliers d'argol, 2023) et, dernièrement, À la découverte des vins géorgiens (Éditions Apogée, 2023). Il est en outre membre de nombreuses sociétés savantes scientifiques et gastronomiques (dont l'American Biophysical Society et l'association des Disciples d'Escoffier) et commissaire scientifique de l'exposition "Je Mange Donc Je Suis" (Musée de l'Homme, octobre 2019 – août 2020 ; en itinérance sous différentes formes depuis).


Pierre-Étienne BOUILLOT : Les sciences réglementaires au service de la protection des mangeurs ?
L'évaluation scientifique est devenue une composante majeure du droit de l'alimentation à travers la mise en œuvre du principe de l'analyse des risques. Dans ce mouvement, les sciences réglementaires sont venues imprégner la législation alimentaire européenne. Elles s'intéressent aux techniques et à l'innovation (organismes génétiquement modifiés, produits phytosanitaires, additifs…). Ces sciences réglementaires viennent aussi légitimer l'organisation des rapports économiques entre professionnels et consommateurs (sécurité sanitaire, information du consommateur) qui tendent à uniformiser les produits et les pratiques alimentaires. La place prise par ces sciences dans la gouvernance des systèmes alimentaires peut être critiquée notamment parce qu'elle invisibilise une large partie de nos rapports à l'alimentation en particulier dans sa dimension sociale. En s'appuyant sur le cadre offert par le droit à l'alimentation et les principes qui lui sont sous-jacents (participation, responsabilité et autonomisation), des évolutions positives du droit de l'alimentation peuvent être identifiées et envisagées.

Formé à la faculté de Droit de Nantes (France) et à celle de Mayence (Allemagne), Pierre-Étienne Bouillot a soutenu sa thèse de doctorat intitulée "Les évolutions du droit rural et le développement durable" dans le cadre du programme de recherche européen Lascaux sur le droit et la sécurité alimentaire (Univ. Nantes). Il est maître de conférences à AgroParisTech (Univ. Paris-Saclay) et chercheur sein de l'Institut de Recherche Juridique de la Sorbonne (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Ses activités de recherche portent sur le droit applicable au secteur agroalimentaire, c'est-à-dire du droit rural jusqu'au droit de la consommation en passant par le droit spécial de l'alimentation. Dans ce domaine, ses projets s'articulent autour de deux axes : le premier sur la sécurité sanitaire des denrées alimentaires, le second sur les transitions écologiques des systèmes alimentaires.
Activités scientifiques : https://cv.hal.science/pierre-etienne-bouillot

Loïc BRIAND : Neurophysiologie du goût
Le sens de la saveur (le goût au sens strict) est dédié à l'évaluation du contenu nutritif des aliments et constitue un déterminant important pour orienter nos choix alimentaires. Les principaux détecteurs impliqués dans la gustation ont été identifiés au début des années 2000. Pour percevoir les molécules sucrées et les acides aminés (saveur umami), nous sommes équipés de deux récepteurs alors que nous possédons 25 types différents de récepteurs à l'amertume pour détecter l'extrême variété chimique des molécules amères. Les 2 récepteurs de la saveur salée et acide ont aussi été identifiés. La découverte de ces récepteurs gustatifs permet de mieux comprendre la perception des molécules sapides et a ouvert la voie à de nouvelles approches biotechnologiques permettant d'identifier de nouvelles molécules sapides ou au contraire des composés capables de masquer l'amertume.

Loïc Briand dirige le Centre des Sciences du Goût et de l'Alimentation (CSGA) à Dijon. Ses activités de recherche portent principalement sur l'étude des récepteurs gustatifs et de leurs mécanismes d'activation par les molécules sapides dans une perspective de recherches à la fois fondamentale et appliquée. Loïc Briand est président de l'European Chemoreception Research Organization (ECRO) et membre correspondant de l'Académie d'Agriculture de France. Il est l'auteur de plus de 100 articles scientifiques publiés dans des journaux internationaux, plusieurs brevets et un livre destiné au grand public. Loïc Briand effectue des enseignements pour l'université Bourgogne-Europe, l'Institut Agro Dijon et Sorbonne Université.

Bruno CARDINALE : "Dis-moi ce que tu scrolles, je te dirai ce que tu ignores". À quoi servent les livres de cuisine à l'ère du numérique ?
À l'heure où les réseaux sociaux façonnent les pratiques culinaires quotidiennes, où TikTok, Instagram ou YouTube deviennent des sources d'inspiration majeures pour les apprenants pâtissiers et cuisiniers, une question se pose : à quoi servent encore les livres de cuisine ? Pourquoi continuer à enseigner à partir de ce support figé, à l'apparence parfois austère, quand l'image animée, immersive et virale semble avoir pris le relais dans l'apprentissage du geste culinaire et de la démarche créative ? L'évolution des pratiques éditoriales, y compris dans l'enseignement professionnel, accentue la dynamique d'abandon du livre. De nombreuses régions optent désormais pour le tout numérique, reléguant l'ouvrage imprimé au rang d'archive. Cette communication propose de réinterroger la place du livre de cuisine imprimé, à la lumière du contenu de La physiologie du goût, œuvre de Brillat-Savarin.

Bruno Cardinale est compagnon cuisinier du Tour de France et maître de conférences à l'université Le Havre Normandie (NIMEC), spécialiste du marketing alimentaire, des pratiques culinaires et de la gastronomie. Auteur d'une vingtaine d'ouvrages pédagogiques primés sur la cuisine et les sciences et technologies culinaires, il a enseigné la cuisine avant de diriger le master MEEF à l'Institut National Supérieur du Professorat et de l'Éducation (INSPE) d'Antony. Il collabore actuellement à plusieurs projets de recherche et de développement en lien avec des établissements gastronomiques et de l'industrie agroalimentaire.

Julia CSERGO : Patrimonialiser la cuisine
Longtemps ignorée par les sphères culturelles et patrimoniales, la cuisine, comme somme de savoirs, de gestes et d'expériences à la fois techniques et sensibles, a été parmi les derniers objets à être inscrits dans les processus institutionnels de la patrimonialisation, notamment comme patrimoine culturel immatériel. À partir d'initiatives menées en France et à l'international, nous proposerons une approche critique de la diversité d'objectifs liés à l'édification des mémoires culinaires collectives, mais aussi des enjeux qui sont les leurs dans un monde globalisé.

Professeure à l'université du Québec à Montréal (Ca), Julia Csergo travaille sur les patrimoines immatériels, les cultures alimentaires et leurs valorisations culturelles et touristiques.
Derniers ouvrages
La gastronomie est-elle une marchandise culturelle comme une autre ? (2016).
Avec F. Desbuissons, Le cuisinier et l'art (2018).
Avec O. Etcheverria, Imaginaires de la gastronomie (2020).
Avec J. Roda, "Patrimoines culturels immatériels en tensions", Sociétés et Représentations, n°60 (sept. 2025).
Avec F. Desbuissons, La critique gastronomique (oct. 2025).

Virginie DELANNOY-VAN-WYMELBEKE
Nous mangeons pour vivre et aussi parce que cela nous procure du plaisir. Brillat-Savarin écrivait "Le Créateur, en obligeant l'homme à manger pour vivre, l'y invite par appétit et l'en récompense par plaisir". L'envie de manger est conditionnée par la prise d'aliments qui sont adaptés à nos choix et nos préférences, nos capacités chimiosensorielles, notre appétit et aux quantités que nous pouvons ingérer. Avec l'avancée en âge, les modifications liées au vieillissement, les pathologies, les médicaments, la dépendance et les idées reçues bouleversent parfois l'acte alimentaire. Adapter l'alimentation aux besoins et aux capacités restantes doit alors être une nécessité pour continuer à prendre du plaisir en mangeant.

Virginie Delannoy-Van Wymelbeke est docteure en sciences avec une spécialité en nutrition, occupant un poste de chercheuse Hospitalière au CHU Dijon Bourgogne et chercheuse associée à l'INRAE - Centre des Sciences du goût et de l'alimentation (CSGA) de Dijon. Depuis 24 ans, elle a une activité de recherche en nutrition de la personne âgée quel que soit son lieu de vie (hospitalisée, domicile et EHPAD). Depuis 15 ans, elle a initié des travaux sur les stratégies alimentaires et nutritionnelles afin d'améliorer le plaisir de manger et la prise alimentaire chez cette population tout en prenant en compte les contraintes terrain des professionnels. Ses travaux ont pour objectifs de lutter contre la dénutrition et la perte d'autonomie.

Fabienne DELESTRE : L'impulsivité alimentaire : cible de nouvelles thérapies de l'obésité
En 2020, 17% des Français étaient en situation d'obésité. Elle résulte d'un ensemble de facteurs biologiques, environnementaux, psychologiques et sociaux. La nutrition thérapeutique joue un rôle central dans la prévention et la prise en charge, notamment via une approche individualisée centrée sur les sensations alimentaires. Les analogues du GLP-1 permettent une perte de poids importante, mais leur efficacité dépend du maintien des changements comportementaux. En parallèle, l'hypnose thérapeutique apparaît comme une piste prometteuse pour agir sur l'impulsivité alimentaire, notamment la désinhibition. L'étude HYPNODIET a montré une amélioration significative de ce comportement, accompagnée d'une réduction de la faim et d'une alimentation de meilleure qualité. Ces résultats suggèrent un rôle complémentaire de l'hypnose dans le traitement de l'obésité. La prise en charge efficace de l'obésité nécessite une stratégie globale, combinant thérapies médicamenteuses, nutritionnelles et psychocomportementales.

Patrick RAMBOURG
Patrick Rambourg est historien, enseignant, et auteur. Il est chercheur associé au laboratoire Échelles de l'université Paris Cité et donne un enseignement à Sciences Po Lille. Il consacre ses recherches aux pratiques culinaires et alimentaires, à la gastronomie, aux représentations de la table et de la cuisine, aux métiers de bouche et au Paris gastronomique. Il présente des conférences, intervient dans des colloques et des tables rondes. Il est aussi conseiller historique culinaire, notamment pour le film La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung, qui reçoit le prix de la mise en scène au festival de Cannes 2023. Il collabore à des revues d'histoire et a publié un grand nombre d'écrits (articles et livres), dont Histoire du Paris gastronomique, du Moyen Âge à nos jours (Perrin), qui sort en 2023. La même année, paraît la seconde édition de L'Art et la table (Citadelles & Mazenod), la première édition datant de 2016. Son Histoire de la cuisine et de la gastronomie françaises (Perrin/Tempus), plusieurs fois traduite, vient de paraître en chinois (avril 2025).


BIBLIOGRAPHIE :

• Bricas N., Walser M. et Conaré D., Une écologie de l'alimentation, Quae, 2021.
• Brillat-Savarin J.-A., Physiologie du goût, ou méditations de gastronomie transcendante, Sautelet, 1825.
• Giansetto F., La prise en compte par le droit des enjeux de l'alimentation durable, Mare et Martin, 2023.
• Giboreau A. et Dworczak F., Quand la recherche se met à table, EDP Science, 2021.
• Institut Paul Bocuse, L'art de recevoir à la française : tables, recettes, savoir-faire, Flammarion, 2011.
• Lavelle C. et Merlin M. (Ed.), Je mange donc je suis. Petit dictionnaire curieux de l'alimentation, Muséum National d'Histoire Naturelle, 2019.
• Lavelle C. et Salesse R., De l'assiette au cerveau. La cuisine neurogastronomique, Les Ateliers d'Argol, 2023.
• Lecerf J.-M., La joie de manger, Édition du Cerf, 2022.
• Robuchon J. & coll., Le Grand Larousse Gastronomique, Larousse, 2012.


SOUTIENS :

• Sorbonne, Identités, relations internationales et civilisations de l'Europe (SIRICE, UMR 8138) | Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Sorbonne Université / CNRS
• Initiative Alimentation | Alliance Sorbonne Université
UFR Droit, Sciences Politiques et Sociales | Université Sorbonne Paris Nord
• Institut de recherche pour un droit attractif (IRDA, EA 3970) | Université Sorbonne Paris Nord
Institut Lyfe
Région Normandie