Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


SILVIA BARON SUPERVIELLE : LE PAYS DE L'ÉCRITURE


DU JEUDI 27 JUIN (19 H) AU MERCREDI 3 JUILLET (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

René de CECCATTY, Axel GASQUET, Stavroula KATSIKI, Marc SAGAERT, Martine SAGAERT

En présence de Silvia BARON SUPERVIELLE


ARGUMENT :

Née à Buenos Aires, de mère uruguayenne d'ascendance espagnole, disparue alors qu'elle avait deux ans, et de père argentin d'origine béarnaise, Silvia Baron Supervielle a été élevée par sa grand-mère paternelle, qui privilégiait la langue française. En Argentine, elle avait publié des nouvelles et des poèmes en espagnol. Depuis 1961, elle vit et travaille à Paris. Pour l'étrangère des deux rives, l'exilée en quête d'une "écriture absolue", la passagère "du vide et du vent", écrire, c'est traduire. Auteure à ce jour d'une trentaine d'ouvrages personnels en français (poèmes, romans, récits, essais) et d'autant de traductions (vers le français, notamment Jorge Luis Borges et Julio Cortázar, et vers l'espagnol, Marguerite Yourcenar), elle a aussi autotraduit ses poèmes. Ces expériences multiples du traduire, qui incluent les lectures de textes et de toiles (la peinture est pour elle un art majeur) non comme entreprise d'élucidation mais comme aventure du dire, donc du sujet, la conduisent à interroger la langue, mot énigmatique qui définit aussi bien l'univers spécifique de l'auteure, émanant "de son regard, de sa manière, de son pas", que le secret qu'il abrite.

Ce colloque invite à découvrir un Pays de l'écriture, aux composantes rioplatenses et à l'envergure universelle, à explorer une œuvre transnationale, transgénérique et transindividuelle, une œuvre poétique aux "attaches flottantes", une œuvre reconnaissable à ses accords essentiels, ses résonnances intérieures, ses harmoniques, une œuvre, qui, de manière unique, sait "écarter, rompre, déraciner les habitudes", questionner les évidences, une œuvre authentique, dont la générosité et la liberté font écho en nous.


MOTS-CLÉS :

Argentine / Uruguay / France, Baron Supervielle (Silvia), Bibliothèque, Décolonialisme, Écriture, Espace, Corps, Entre-deux langues, Exil, Hybridité générique, Intime, Langue, Lecture, Nostalgie, Plurilinguisme, Temps, Traduction


CALENDRIER PROVISOIRE (19/03/2024) :

Jeudi 27 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Vendredi 28 juin
Matin
René de CECCATTY, Axel GASQUET, Stavroula KATSIKI, Marc SAGAERT & Martine SAGAERT : Introduction
Martine SAGAERT : Bibliothèque particulière, dictionnaire personnel et fulgurance d'une œuvre
José GARCÍA-ROMEU : Origine, langue et écriture dans Lettres à des photographies

Après-midi
Alice PANTEL : Écrivains nomades et écriture plurilingue dans la littérature hispanique contemporaine
Sato SONOKO : La présence d'un autre dans la poésie de Silvia Baron Supervielle

Éditer l'œuvre de Silvia Baron Supervielle, table ronde avec Silvia BARON SUPERVIELLE, René de CECCATTY et Gérard PFISTER

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle Faut-il brûler Voltaire ?
Film sur Silvia Baron Supervielle, en présence du réalisateur Mario Daniel VILLAGRA


Samedi 29 juin
Matin
Michel COLLOT : Silvia Baron Supervielle à la frontière
Lise GAUVIN : Écrire au bord des langues : les voyages inachevés de Silvia Baron Supervielle

Après-midi
Claudine SAGAERT : Les écritures de la nostalgie
Anne-Marie FORTIER : Pliage et dépliage du temps dans la poésie de Silvia Baron Supervielle

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle Faut-il brûler Voltaire ?
Cabaret littéraire, textes : Silvia BARON SUPERVIELLE, direction artistique : Marc SAGAERT, flûte : José LAZARO ÁLVAREZ PIZZORNO


Dimanche 30 juin
Matin
Axel GASQUET : Le creuset de l'écriture entre-deux langues : Silvia Baron Supervielle, l'exil de l'intime comme territoire littéraire
Marc André BROUILLETTE : Écrire en perspective

Après-midi
André-Alain MORELLO : Silvia Baron Supervielle, une autobiographie poétique
Jean-Philippe ROSSIGNOL : La peinture, la poésie : Silvia Baron Supervielle, Geneviève Asse et Marguerite Yourcenar

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle Faut-il brûler Voltaire ?
Œdipe de Voltaire, lecture-spectacle mise en scène par Jean-Claude SEGUIN, par le Théâtre du Loup Blanc, avec Marie GRUDZINSKI (Jocaste), Vincent DOMENACH (Œdipe) et Antoine HERBEZ (Philoctète) | Présentation


Lundi 1er juillet
Matin
Stavroula KATSIKI : "Ma langue dans son chant" : Silvia Baron Supervielle, traductrice d'autres voix
Maria Alejandra ORIAS VARGAS : Silvia Baron Supervielle : une langue de l'abstraction

Après-midi
DÉTENTE


Mardi 2 juillet
Matin
Aline BERGÉ : Un timbre décolonial, à la croisée des cultures
René de CECCATTY : Silvia Baron Supervielle, lectrice de soi et des autres

Après-midi
Marc SAGAERT : Les intermittences du corps
Alain MASCAROU : Approches du sublime à travers Le Livre du Retour
Francisco ALVEZ FRANCESE : Sur la désorientation : langue et paysage chez Silvia Baron Supervielle et Jules Supervielle

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle Faut-il brûler Voltaire ?
Si j'osais mon petit cœur, pièce de Yoland SIMON présentée par la Compagnie Aello (Cherbourg-en-Cotentin), mise en scène de Michel Beurton et Véronique Lucas, avec Alain BENOIST, Serge RITTER et Nathalie TROCHU, suivie d'une lecture d'extraits des Incertitudes de Sophie et de N'en déplaise à Voltaire par les participants du colloque


Mercredi 3 juillet
Matin
Peter SCHULMAN : Pages de voyage, voyages de pages : périples au fond de soi dans la poésie de Silvia Baron Supervielle

Traduction et autotraduction, table ronde avec Silvia BARON SUPERVIELLE, René de CECCATTY et Jesús David CURBELO (Se traduire et traduire)

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

René de CECCATTY : Silvia Baron Supervielle, lectrice de soi et des autres
Silvia Baron Supervielle accorde autant d'importance à la traduction des poètes du Rio de la Plata qu'à sa propre œuvre qui est un dialogue constant non seulement avec ceux qu'elle traduit, mais avec ses amis (Hector Bianciotti, Marguerite Yourcenar, Jacqueline Risset) et même avec des écrivains argentins ou européens (Dante). Sans compter sa relecture des Psaumes de la Bible (Nouvelles cantates). Elle réinvente la critique sous la forme d'une lecture intérieure.

René de Ceccatty est écrivain, traducteur, critique et éditeur. Il est l'auteur de nombreux romans, essais et biographies. Ami de Silvia Baron Supervielle depuis trente ans, il a écrit plusieurs comptes-rendus critiques de son œuvre, a participé au colloque de Toulon et a édité aux éditions du Seuil les livres suivants de son amie : La ligne et l'ombre, La rive orientale, Le pays de l'écriture, La forme intermédiaire, Une simple possibilité, La langue de là-bas, ainsi qu'aux éditions Points, ses poèmes, En marge qu'il a préfacés.

Axel GASQUET
Axel Gasquet est professeur au département d'Études Hispaniques et Hispano-Américaines de l'université Clermont Auvergne et directeur de l'IHRIM Clermont (UMR 5317 - CNRS). Ses recherches portent sur la littérature comparée et l'histoire culturelle argentine, le multilinguisme littéraire et l'orientalisme hispano-américain, ainsi que sur la littérature hispano-philippine. Il est responsable de six éditions critiques et coéditeur de onze ouvrages scientifiques collectifs. Il est aussi l'auteur de douze ouvrages monographiques, dont Hispanoamérica, Filipinas y las culturas de Asia. Estampas de un orientalismo periférico 1875-1950 (UNAM, 2023) ; Argentinean Literary Orientalism, from Esteban Echeverría to Roberto Arlt (Palgrave Macmillan, 2020) ; El llamado de Oriente, historia cultural del orientalismo argentino 1900-1950 (Eudeba, 2015) et L'Intelligentsia du bout du monde : les écrivains argentins à Paris (Kimé, 2002 ; tr. Esp. UNL, 2007, 2020).

Stavroula KATSIKI : "Ma langue dans son chant" : Silvia Baron Supervielle, traductrice d'autres voix
La traversée littéraire de Silvia Baron Supervielle se place sous le signe du double. Elle se partage, et se rassemble, entre deux pays, deux exils, deux langues, deux manières d'aborder l'énigme du langage — en le créant et en le pensant —, deux activités, écriture et traduction. Si l'écrivaine-traductrice envisage ces deux expériences comme similaires, mues par la même passion de rendre un souffle au silence, de murmurer la cadence d'une âme, la sienne ou une autre, dans une langue presque étrangère, c'est sa traduction d'autres voix que la sienne qu'il s'agira d'observer ici pour esquisser les contours de cette géographie amoureuse, où la traduction est une affection, mais aussi une question. Pourquoi certains écrivains traduisent et d'autres pas ? "La traduction est un mystère", nous confie Silvia Baron Supervielle et nous entraîne dans son désir de deux langues, qui est en réalité celui de toutes les langues, dans un espace sans frontières, où le voyage n'est pas une destination mais une destinée.

Stavroula Katsiki est maîtresse de conférences en sciences du langage à l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, membre de TransCrit et chercheuse associée à l'ITEM. Spécialiste de pragmatique contrastive et d'analyse du discours, elle mène des recherches sur le plurilinguisme littéraire et la traduction, notamment sur l'œuvre de l'écrivaine-traductrice Silvia Baron Supervielle (cf. Katsiki S., "Silvia Baron Supervielle en traduction : "l'amour ouvert"", in Martine Sagaert et André-Alain Morello (dir.), Silvia Baron Supervielle ou le voyage d'écrire, Paris, Honoré Champion, 2022, p. 145-165).

Marc SAGAERT : Les intermittences du corps
À partir de textes fictionnels de Silvia Baron Supervielle et notamment de La Forme intermédiaire (2006), du Pont international (2011) et de La Douceur du miel (2015), nous traiterons de l'importance des sens dans l'œuvre, des résonnances du corps et de ses intermittences : union et désunion, présence et absence, rêve et réalité. Écriture.

Marc Sagaert a occupé différents postes diplomatiques et culturels en France et à l'étranger (Algérie, Espagne, Colombie, Mexique, Amérique centrale, Cuba) en tant qu'attaché culturel, directeur d'établissement et délégué général régional. Il a écrit plus de 200 articles dans des revues culturelles. Il a collaboré à des livres documentaires, notamment sur Miguel Ángel Asturias et Roberto Cortázar et a dirigé des numéros spéciaux des Lettres Françaises en français et en espagnol. Il est le traducteur en espagnol de Jean Ristat et en français d'Antón Arrufat. Son ouvrage Bailarín – Danseur est publié aux éditions Helvetius (2023). Il a écrit de nombreux articles sur Silvia Baron Supervielle, participé au colloque "Silvia Baron Supervielle ou le voyage d'écrire" et organisé des rencontres sur son œuvre (Cuba, 2019, 2023).

Martine SAGAERT : Bibliothèque particulière, dictionnaire personnel et fulgurance d'une œuvre
Dans les ouvrages de Silvia Baron Supervielle, il est question de bibliothèques. En rayon ou tenus en main, les livres sont des intermédiaires. L'essentiel est ailleurs, invisible, caché, au fond et par delà. Les livres sont magiques. Mais il est une magie supérieure à laquelle seule l'auteure, poète et prophète, peut accèder, de sa manière unique, tant que les visions dureront, tant que le stylo courra sur le papier. Toujours, l'écriture plutôt que l'écrit. À la clé du Pays de l'écriture, il est deux phrases remarquables : "J'écris uniquement pour elle" et "J'écris pour que cela ait lieu" et en point d'orgue : "J'écris pour faire durer ta voix qui est venue à la mienne". Nous explorerons l'œuvre de Silvia Baron Supervielle et en abyme son dictionnaire personnel. Et nous examinerons les réponses multiples qu'elle donne à ces questions complexes : "Pourquoi / Pour quoi / écrivez-vous ?", "Pour qui écrivez-vous ?". Une façon, peut-être, d'approcher le mystère de cette œuvre fulgurante.

Martine Sagaert est professeure émérite de littérature française des XXe et XXIe siècles à l'université de Toulon. Elle a publié des ouvrages sur André Gide, dont certains en collaboration avec Peter Schnyder, et édité plusieurs de ses œuvres dont le Journal (1926-1950) ("Bibliothèque de la Pléiade", 1997, rééd. 2022). Par ailleurs, elle a préfacé l'Œuvre romanesque de Christiane Rochefort (Grasset, 2004) et dirigé Manuscrits littéraires du XXe siècle (Presses universitaires de Bordeaux, 2005). Elle a écrit avec Yvonne Knibiehler, Les Mots des mères, du XVIIe siècle à nos jours (Laffont, "Bouquins", 2016). Elle a codirigé Médecine et écritures / Medicina y escrituras (Babel, "Transverses", 2019). Avec André-Alain Morello, elle a organisé le colloque international Silvia Baron Supervielle ou le voyage d'écrire (Champion, 2022). Elle a publié Victoria Ocampo et André Gide, préfacé par Silvia Baron Supervielle (Classiques Garnier, 2023).


Francisco ALVEZ FRANCESE : Sur la désorientation : langue et paysage chez Silvia Baron Supervielle et Jules Supervielle
L'idée de la désorientation, que l'on trouve nommée dans L'Alphabet de feu (2007), est très productive pour penser à Silvia Baron Supervielle, née à Buenos Aires et émigrée à Paris en 1961, où elle a écrit toute son œuvre en français. Jules Supervielle — né à Montevideo et invisible dans son écriture, mais présent comme un fantôme à partir du nom de famille — a créé pour sa part une littérature dans laquelle la langue est mise en place comme problème à partir précisément de son refoulement. Cette communication se propose d'étudier comment le problème de la langue affecte les œuvres de ces deux écrivains dans lesquels les paysages d'ici et de là-bas, de dedans et dehors, ont la même capacité de se confondre.

Francisco Alvez Francese (Montevideo, 1992). Diplômé en littérature de l'université de la République (Uruguay), il a une maîtrise en philosophie de l'université Paris VIII, où il poursuit actuellement un doctorat en études hispaniques et latino-américaines. Sa thèse porte sur les figures d'auteur de Jules Supervielle et Felisberto Hernández et, surtout, sur leur position décentrée par rapport aux traditions littéraires de ces pays.

Aline BERGÉ : Un timbre décolonial, à la croisée des cultures
Un retour inédit sur l'histoire coloniale des Amériques et sur la généalogie familiale, une attention à de nouveaux gestes d'émancipation, à une présence et à un legs inca, maya ou ranquel, un désir de justice et de liberté : c'est bien un timbre décolonial singulier que Silvia Baron Supervielle fait entendre dans La Langue de là-bas (2023). Comment s'élabore-t-il au fil des pages ? Quelle en est la texture, la fréquence et la résonance dans ce livre, et à quelles variations se prête-t-il dans les écrits en prose antérieurs de l'auteure, dans sa voix et sa manière de jouer de son "instrument", de L'Or de l'incertitude (1990) au Regard inconnu (2020), époque où la question décoloniale retentit en Amérique latine ? Quels seraient les lieux, les modalités d'émergence et les modulations de ce timbre décolonial inouï dans les partitions de l'œuvre au long cours ? C'est à en interroger la genèse et les accents, mais aussi les éclipses et le contrepoint, le devenir et la portée, en affinité avec d'autres voix, que notre propos s'attachera, dans la déclinaison ouverte d'autres acceptions du timbre.

Maître de conférences à l'université Sorbonne Nouvelle (UMR 7172 THALIM), Aline Bergé mène des recherches en littératures et humanités environnementales. Elle a publié "Sens de l'espace et polygraphie des auteurs migrants : François Cheng et Silvia Baron Supervielle", dans Francographies. Identité et altérité dans les espaces francophones européens, S. Bainbrigge, J. Charnley et C. Verdier (dir.), New York, Peter Lang, 2010 ; "L'arbre du souffle. Enquête sur les figures de la terre chez Silvia Baron Supervielle", dans A. Morello et M. Sagaert (dir.), Silvia Baron Supervielle ou le voyage d'écrire, Paris, Champion, "Babeliana", 2022. Elle a également animé des rencontres avec Silvia Baron Supervielle en mars 2016 et en mars 2019 (Films Productions Sorbonne Nouvelle).

Marc André BROUILLETTE : Écrire en perspective
L'œuvre de Silvia Baron Supervielle se déploie sans cesse dans un rapport sensible à l'espace, par l'intermédiaire duquel le sujet explore patiemment le territoire mobile de l'écriture. L'écrivaine fait notamment appel à un réseau complexe de découpes afin de reconfigurer le caractère évanescent, insaisissable, fuyant de l'existence. De cette dynamique, l'écriture cherche des lignes de force vitales qui puissent permettre de relier entre elles des expériences aussi déterminantes que l'enfance, la langue, l'exil et l'art. La communication portera sur les principaux motifs issus de l'expérience de l'espace et cherchera à montrer en quoi l'écriture repose sur un désir de remettre constamment le sujet en perspective, c'est-à-dire de réunir dans un champ de perception sensible des éléments épars (images mentales, souvenirs, etc.) ou de nature diverse (détermination de soi, rapport aux autres, transcendance, etc.) afin d'en mieux saisir la réalité à la fois sensible et existentielle.

Marc André Brouillette est professeur titulaire au Département d'études littéraires de l'université du Québec à Montréal, où il enseigne la création littéraire. Ses travaux portent sur la poésie contemporaine, mais aussi sur les croisements entre les arts visuels, les arts vivants, l'art public et la littérature. Poète, il a collaboré à des livres d'artistes et publié plusieurs recueils de poésie dont le plus récent, La langue de ta langue (Noroît, 2021), tisse un dialogue avec l'univers de quatre poètes argentins (Juarroz, Calveyra, Baron Supervielle, Borges).

Michel COLLOT : Silvia Baron Supervielle à la frontière
La récurrence du motif de la frontière dans l'œuvre de Silvia Baron Supervielle est liée aux séparations qui ont marqué son existence, mais son travail d'écriture tend, à travers ses divers avatars (seuils, lisières, rivages, horizons…), à en inverser le sens et la fonction. Loin d'être mise au service d'un partage rigoureux, elle est rendue poreuse, devient un lieu d'échange, voire de mélange, entre le proche et le lointain, le ciel et la terre mais aussi le passé et le présent, le réel et l'imaginaire. Cette métamorphose mobilise une logique inclusive et non exclusive, qui anime la syntaxe des phrases, l'organisation des images et la conduite de récits qu'on peut qualifier de poétiques, car le jeu des ressemblances et de la répétition y prévaut sur la mise en place des différences et la recherche d'une progression : les personnages, au lieu de franchir la frontière pour aller d'un point à un autre, semblent le plus souvent s'y tenir ou y revenir. C'est particulièrement net dans le récit intitulé La Frontière, sur lequel se concentrera l'étude.

Michel Collot est professeur émérite de Littérature française à l'université Sorbonne nouvelle Paris 3. Spécialiste de la poésie moderne, il lui a consacré de nombreux essais, dont Le Chant du monde dans la poésie française contemporaine (Corti, 2019). Lecteur de Silvia Baron Supervielle depuis 1983, il lui a consacré un chapitre de son essai Vers une géographie littéraire (2014). Poète, il a publié plusieurs recueils, parmi lesquels Le Parti pris des lieux (La Lettre volée, 2018) et Épitaphes Épiphanies (Tarabuste, 2022). L'Académie française lui a décerné en 2019 un Grand Prix pour l'ensemble de son œuvre critique et poétique.

Jesús David CURBELO : Se traduire et traduire
Mon objectif est de comparer la pensée et la praxis d'écriture de Silvia Baron Supervielle avec celles d'autres auteurs "migrants" qui ont choisi le français comme langue littéraire (José María de Heredia, Jules Laforgue, Jules Supervielle, Samuel Becket, Emil Cioran, Velibor Colic). Cette analyse me permettra d'exposer quelques hypothèses sur ses sources, ses influences et son positionnement esthétique et linguistique par rapport aux deux traditions littéraires fondamentales qui la nourrissent : la française et l'espagnole et de présenter certaines de ses découvertes personnelles. D'autre part, à partir de ma propre expérience de traducteur, je propose de dialoguer avec l'auteure et de confronter les idées sur la traduction exposées dans ses œuvres aux miennes.

Jesús David Curbelo (Camagüey, Cuba, 1965) est écrivain et professeur d'université. Il a publié plusieurs recueils de poèmes, trois romans, plusieurs recueils de nouvelles et d'essais. Il a traduit notamment Dante Alighieri, Louise Labé, Joachim du Bellay, William Blake, Victor Hugo, Edgar Lee Masters, Guillaume Apollinaire, Jean Genet et Yves Bonnefoy.

Anne-Marie FORTIER : Pliage et dépliage du temps dans la poésie de Silvia Baron Supervielle
Ce qui retient, dans les Pages de voyage (2004), appartiendrait au renversement, à la permutation des attentes du lecteur et, par conséquent au travail singulier du temps dans les poèmes. Car, nous semble-t-il, ce qui ailleurs apparaît dans une quasi-immobilité, voire en surimpression — deux époques, deux pays, deux rives — se trouverait ici déplié, séquencé, défait en des moments dont on aperçoit la tension, le parcours, le fil et le dénouement : le temps progresse, s'embraye puis se désembraye, s'emballe et cherche un prolongement (60). Le mouvement n'a cependant rien d'inaugural (Il y a longtemps que je pars, 23). Aussi faut-il selon nous examiner la nature paradoxale des événements présentés comme les actions d'un récit (je me rapproche, 10 ; je marche, 61) : convoqués au présent, ils offrent l'épaisseur de ce qui se confond avec le souvenir vivide dans le temps même où ils paraissent donner au passage la fermeté de son marquage. À terme — et l'hypothèse resterait à vérifier à l'échelle de l'œuvre — la poésie dans ce recueil semble redéployer le mouvement du temps alors que le récit aurait tendance à le donner dans une oscillation imperceptible comme pour l'annuler — le temps, ses effets, les séparations qu'il matérialise et l'amplitude de la subjectivité dont il est la trame.

Anne-Marie Fortier est Professeur de littérature française des XIXe et XXe siècles à l'université Laval (Québec, Canada) et Directrice de la revue Études littéraires.

José GARCÍA-ROMEU : Origine, langue et écriture dans Lettres à des photographies
Lettres à des photographies (2013) de Silvia Baron Supervielle exploite les notions de portrait, de mémoire, de genre épistolaire… afin de reconstituer le souvenir de la mère disparue et de représenter une vaste généalogie familiale. Si l'exercice suppose une élaboration esthétique concertée, celle-ci résulte surtout, presque par nécessité, d'un processus guidé par les émotions, l'expression de la fierté des origines et l'amour envers la mère. Dans cette perspective, le choix du français par l'écrivaine, langue non-maternelle, mérite, pour le moins, d'être interrogé. Ayant travaillé à la traduction en espagnol de Lettres à des photographies, nous proposons de mettre à profit notre réception du texte dans ce contexte particulier et d'en lire la trame verbale à la lumière de la question des origines (Mère - Uruguay - Argentine) et de leur restitution à travers le jeu des langues (français - espagnol).

Né en 1966 à Buenos Aires, José García-Romeu enseigne depuis 2002 à l'université de Toulon. Il codirige la revue Babel-Littératures plurielles dont il a coédité plusieurs numéros. Il a publié de nombreux articles sur les littératures hispanophones, ainsi que les ouvrages Dictature et littérature en Argentine (2006), Cortázar, Rayuela, Queremos tanto a Glenda (2018), Mundos imaginarios en la literatura argentina (2022).

Lise GAUVIN : Écrire au bord des langues : les voyages inachevés de Silvia Baron Supervielle
Née à Buenos-Aires, Silvia Baron Supervielle passe son enfance en Argentine avant de s'installer définitivement à Paris. Son parcours passe très tôt par la fréquentation de langues autres que celle de la communication immédiate. "Jeunes enfants d'un immense espace jusqu'à l'horizon, lorsqu'on se rendait chez des amis, on découvrait la seconde langue qu'ils parlaient chez eux avec leurs parents. En vérité, nous avions tous une seconde langue, qui, liée à nos proches, nous communiquait la nostalgie d'une autre partie du monde, d'une géographie et d'une langue abandonnées". Cette conscience de la langue comme étrangeté ne cesse de l'habiter et alimente chez elle une réflexion sur le rapport entre langue et écriture dont elle rend compte dans le récit autobiographique publié en 2023, La langue de là-bas. C'est cette réflexion et ce parcours que je propose d'examiner.

Essayiste, critique et romancière, Lise Gauvin est professeure émérite de l'université de Montréal. Elle a publié plus d'une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels La Fabrique de la langue. De François Rabelais à Réjean Ducharme (Seuil, "Points", 2004 et 2011). Pour son engagement envers la langue et dans la francophonie, l'Académie française lui a remis en 2020 la Grande Médaille de la francophonie. Elle a fait paraître récemment un roman sous le titre Et toi, comment vas-tu ? (Montréal, Leméac, 2021 ; Paris, Éditions des femmes, 2022) ainsi qu'un essai portant sur les littératures francophones sous le titre Des littératures de l'intranquillité (Karthala, 2023).

Alain MASCAROU : Approches du sublime à travers Le Livre du Retour
Cette communication s'insère dans la section "Hybridités génériques" du projet, à l'intersection des rapports roman/réel, mythe/mystique, lecture/écriture — autant de déclinaisons de la "forme intermédiaire", ici envisagée dans ses rapports avec l'idée de sublime, et définie par l'auteur comme une écriture qui "s'inspire de sa reprise et de son inachèvement". Notre étude est centrée sur Le Livre du Retour, paru en 1993. Il constitue à plus d'un titre un hapax dans l'œuvre ; encore s'inscrit-il dans une lignée idéaliste de la littérature argentine, celle qui se réclame d'une "esthétique de l'évasion". Du "dessaisissement" sublime, on retiendra ici trois aspects : l'accointance avec le roman, l'expression de l'intériorité et la relation du sujet à l'objet au travers de l'expérience artistique et de sa transmission. Or ces aspects sont indissociables : la requête d'un "livre oublié" est le thème d'un quête intérieure à laquelle elle se substitue.

Alain Mascarou a publié divers articles et communications sur l'œuvre de Silvia Baron Supervielle. Dernière contribution et bibliographie détaillée dans Silvia Baron Supervielle ou le Voyage d'écrire, Honoré Champion, 2022.

André-Alain MORELLO : Silvia Baron Supervielle, une autobiographie poétique
Silvia Baron Supervielle ne sépare pas la poésie et la prose. Pour elle, tout est poésie. Si ses poèmes sont souvent caractérisés par une forte dimension lyrique, ses livres de prose contiennent aussi une part d'autobiographie. Cette étude se propose d'interroger cette part d'autobiographie, présente dans une série de livres inclassables comme Journal d'une saison sans mémoire, Le Pays de l'écriture, La Langue de là-bas. Autobiographie poétique, au sens de créatrice, de construction d'une identité sans frontières, toujours dans une perspective humaniste, qui célèbre la fidélité et l'amour. Entre "journal de bord" et poésie de l'intime, cette part autobiographique de l'œuvre est au cœur d'un partage, et promesse d'universalité. Ce que Silvia Baron Supervielle dit d'elle-même, de l'exil, du deuil, de la mémoire, nous concerne tous.

André-Alain Morello est normalien, agrégé, maître de conférences en littérature française à l'université de Toulon, et chargé d'enseignement en littérature comparée à l'université de Picardie Jules Verne. Ses recherches portent sur les écritures romanesques du XXe siècle (Jean Giono, Marguerite Yourcenar, Julien Green, Julien Gracq). Il s'intéresse aussi aux écrivains au carrefour des cultures (Roger Caillois, Milan Kundera, Vassilis Alexakis) et aux différentes modalités de l'écriture de soi (journal de Jean Giono, journal et autobiographie de Julien Green, lettres de Marguerite Yourcenar). Il a notamment collaboré à l'édition du Journal et des essais de Jean Giono dans la Bibliothèque de la Pléiade, et à celle de Marcel Proust chez Robert Laffont. Il a aussi dirigé une quinzaine d'ouvrages collectifs consacrés à des écrivains du XXe siècle (Jean Claude Renard, Marguerite Yourcenar, Roger Caillois, Henry de Montherlant, Jean Giono, Julien Green).

Maria Alejandra ORIAS VARGAS : Silvia Baron Supervielle : une langue de l'abstraction
"Les signes conjuguent le mot et le dessin"(1), déclare Silvia Baron Supervielle pour signaler l'importance qu'a la peinture dans son œuvre littéraire. En s'inspirant de l'œuvre abstraite de l'artiste-peintre Geneviève Asse, Silvia Baron Supervielle s'est servie de la langue pour créer des espaces sur le blanc de la page. Loin de se soumettre au mythe et au génie de la langue française, elle la "conceptualise" pour créer une langue transparente et habitée par le silence. Nous proposons d'analyser comment l'auteure fait du français une langue de l'abstraction. Dans un premier temps, nous verrons que le geste de l'écriture est comparable à celui de l'artiste et de son pinceau. Une démarche semblable à celle de Henri Michaux qui trouvait que ce geste élémentaire permet de se débarrasser de la lourdeur des mots et de faire naître le silence(2). Ensuite, nous analyserons la page blanche qui favorise la forme brève du poème et qui crée un effet d'aération(3). Le blanc de la page nourrit le besoin d'ascèse, un vœu d'effacement(4) auquel Silvia Baron Supervielle accorde une vocation spirituelle. Enfin, nous verrons que l'écrivaine transfigure le français pour qu'il devienne "la langue de là-bas", celle qui n'a ni pays ni alphabet ni passé historique.
(1) Silvia Baron Supervielle, La Langue de là-bas, Paris, Éditions du Seuil, 2023, p. 52.
(2) Being Huang, "Henri Michaux et l'aventure du geste", Littérature, nº175, 2014, p. 114 (en ligne).
(3) Roland Barthes, La Préparation du roman. Cours au Collège de France, 1978-1979 et 1979-1980, texte annoté par Nathalie Léger et Éric Marty, avant-propos de Bernard Comment, Paris, Éditions du Seuil, 2015, p. 85.
(4) Yves Peyré, Peinture et poésie. Le dialogue par le livre 1874-2000, Paris, Gallimard, 2001, p. 207.

Maria Alejandra Orias Vargas a obtenu son doctorat en littérature française en février 2024. Le titre de sa thèse s'intitule "La littérature migrante hispano-américaine d'expression française depuis les années 1960", préparée dans l'unité de recherche Centre d'Histoire Culturelle des Sociétés Contemporaines (CHCSC), Université Paris-Saclay, UVSQ, sous la direction de Serge Linarès et la co-direction de Sylvie Bouffartigue. Ses recherches portent sur la représentation de la culture et de la langue française en Amérique hispanique, l'analyse de l'étude de la littérature migrante (récits migrants autobiographiques et fictifs), l'étude de la langue française en tant qu'outil imaginaire dans l'écriture migrante ainsi que sur les enjeux liés à la multiculturalité, l'hybridation culturelle et la transculturation.

Alice PANTEL : Écrivains nomades et écriture plurilingue dans la littérature hispanique contemporaine
Qu'est-ce qu'un écrivain nomade ? Quel est l'impact de la condition translingue sur la pratique littéraire ? Comment lit-on un texte plurilingue ? S'agit-il d'une tradition littéraire liée à l'histoire de l'Amérique Latine ou plutôt la conséquence d'une plus grande mobilité des êtres et des productions culturelles ? Fernando Ainsa propose la notion de nomadisme pour qualifier les écrivains latinos-américains dont la production littéraire est résolument cosmopolite et profondément marquée par le voyage ou l'exil. Julio Cortázar, Carlos Fuentes, Mario Vargas Llosa, ou plus récemment Roberto Bolaño, Andrés Neuman ou Samantha Schweblin sont autant de grands noms de la littérature hispanique nomade. Le parcours personnel et littéraire de Silvia Baron Supervielle, dans son indéniable singularité et sa grande richesse nous permettra d'interroger ces notions à partir d'un cadre théorique récent et d'un corpus d'œuvres littéraires translingues.

Alice Pantel, professeure agrégée et docteure en littérature contemporaine espagnole (section 14), est maître de conférences au département d'études hispaniques de la Faculté des Langues de l'université Jean Moulin-Lyon 3 depuis 2013. Membre de l'équipe de Recherche MARGE, Alice Pantel participe actuellement au projet ANR Lifranum qui vise à valoriser la littérature numérique notamment via une cartographie du web littéraire. Auteure d'une vingtaine d'articles publiés dans des revues spécialisées en France, en Espagne et en Suisse, ses principaux domaines de recherche portent sur l'hybridité dans la production romanesque espagnole la plus récente. En parallèle, Alice Pantel travaille à un projet qui cherche à explorer la question du nomadisme et du plurilinguisme dans la littérature hispanique contemporaine.

Jean-Philippe ROSSIGNOL : La peinture, la poésie : Silvia Baron Supervielle, Geneviève Asse et Marguerite Yourcenar
Silvia Baron Supervielle entretient une relation forte à la peinture et à la poésie. Son compagnonnage avec Geneviève Asse et son amitié avec Marguerite Yourcenar se reflètent dans plusieurs livres, dont Un été avec Geneviève Asse (L'Échoppe, 1996) et Une reconstitution passionnelle, correspondance 1980-1987 (Gallimard, 2009). En observant des motifs a priori éloignés (le bleu et l'abstraction picturale face à la poésie de langue française traduite vers l'espagnol), motifs qui s'entremêlent plus qu'ils ne s’opposent, je propose de suivre des trajectoires croisées et de nous approcher de l'alphabet du feu de Silvia Baron Supervielle.

Écrivain et traducteur, Jean-Philippe Rossignol a publié Vie électrique et Juan Fortuna. Il traduit en français l'œuvre de la poétesse afro-allemande May Ayim. Auteur d'un article sur Silvia Baron Supervielle dans Les Lettres françaises, il est critique de littérature étrangère pour Le Monde diplomatique.

Claudine SAGAERT : Les écritures de la nostalgie
"Le nostalgique est en même temps ici et là-bas, ni ici, ni là-bas, présent et absent, deux fois présent et deux fois absent, on peut donc dire à volonté qu'il est multiprésent ou qu'il est nulle part : ici même il est physiquement présent mais il se sent absent en esprit de ce lieu ou il est présent par le corps ; là-bas, à l'inverse, il se sent moralement présent mais il est en fait et actuellement absent de ces lieux chers qu'il a autre fois quittés."
Vladimir Jankélévitch, L'Irréversible et la nostalgie, Paris, Flammarion, coll. "Champs essais", p. 346.

Silvia Baron Supervielle écrit "j'ai attrapé l'exil". Dans nombre de ses textes, le mal dont il est question est tout entier contenu dans la séparation entre ici et là-bas. Existe-t-il un remède pour ce type de mal ? Certes, il est possible de retourner là-bas. Mais comment expliquer que le retour est un impossible revenir ? Pour le comprendre ne suffit-il pas d'entrevoir la non concordance entre la réversibilité de l'espace et l'irréversibilité du temps ? N'est-ce pas d'ailleurs au cœur même de cet écueil que la nostalgie trouve demeure ? Déterritorialisant, l'exil reterritorialise et permet par-delà pensées, sentiments, émotions, la migration vers l’ailleurs. Paradoxalement alors, la distance rend possible une incomparable proximité. Par la réminiscence, l'ailleurs natal est là tout près, dans les sons, les images, les photos, les mélodies. Il est visage des aimés, mots, poèmes, pages des livres. En floutant le présent, il inscrit l'empreinte d'un passé qui "n'a pas d'oubli". La présence naît dans l'absence et par l'écriture, l'irréversibilité du temps et la réversibilité de l'espace, sont abolies. "Le voyage de retour" est possible sans "bouger d'ici". Ainsi se lie "le visible et l'invisible, l'absence à la présence, la mémoire à l'oubli" et "la langue de là-bas" "s'écrit ici".

Claudine Sagaert enseigne la philosophie en D.N.M.A.D.E. (diplôme des métiers d'art et du design). Ses recherches au sein du Laboratoire Babel de l'université de Toulon portent sur les représentations du corps dans une approche pluridisciplinaire : philosophie, esthétique et anthropologie. Elle est l'autrice de nombreux articles et ouvrages.

Peter SCHULMAN : Pages de voyage, voyages de pages : périples au fond de soi dans la poésie de Silvia Baron Supervielle
La poésie de Silvia Baron Supervielle décrit souvent des voyages (Pages de voyage ; Lectures du vent ; Sur le vent). Voyages élémentaires de feu, d'eau et de vent. Voyages abstraits de mots et d'absence de mots, d'abîmes et de transports. Des questions et un manque de réponse, comme à la fin de Lectures du vent : "où aller pour/ que le mot occupe/ le silence" (p. 99). Certes, les thèmes du voyage et l'idée d'être entre deux pays ponctuent la prose de Silvia Baron Supervielle, mais ses livres de poésie mettent en avant surtout des voyages métaphysiques de l'extérieur vers l'intérieur, des trajets cathartiques qui cherchent un abri ("sortir d'ici/afin que/le temps dehors/trouve asile/dedans") (p. 33), dans Sur le fleuve et une attente ("peu à peu/ la mer guérira") (p. 121). Ses vers décrivent des transformations, voire des métamorphoses plutôt que des trajets géographiques : "je suis devenue une matière/ différente qui me respire/ de tant refaire l'exercice/ à la découverte de la parole" (Pages de voyage, p. 48). Semblable aux recueils de Céline Zins, qui est aussi traductrice, et qui, dans L'Arbre et la glycine, tente de "voir le vide comme une plénitude" (p. 89) et "la lumière" comme "le verbe d'un lieu disparu" (p. 86), les périples de Silvia Baron Supervielle représentent des voyages spirituels qui vont au-delà du concret, et font partie d'un univers hors du temps : "lorsque viendra mon tour", explique-t-elle, "je serai déjà partie/ sans m'en aller" (Pages de voyage, p. 70). Quel compas nous permettrait de naviguer et suivre ses explorations ? Par un "alphabet de feu" dont le lecteur se servirait non pour traduire ou interpréter les mots de l'écrivaine, mais pour l'accompagner à travers plusieurs dimensions de sens comme s'il s’agissait d'un palimpseste poétique.

Peter Schulman est professeur de français et d'affaires internationales à Old Dominion University à Norfolk (Virginie, États-Unis). Il est l'auteur de The Sunday of Fiction : The Modern Eccentric (Purdue University Press) et de Le dernier livre du siècle (Romillat) avec Mischa Zabotin. Il a rédigé une édition critique de The Begum's Millions (Wesleyan University) de Jules Verne et a récemment traduit, Impressions d'été de Ying Chen, Pages de Voyage de Silvia Baron Supervielle, Les derniers coureurs de Virginie Beauregard D., Précisions sur les vagues de Marie Darrieussecq, Beauté suburbaine de Jacques Réda et Adamah de Céline Zins, et The Secret of Wilhelm Storitz (Le secret de Wilhelm Storitz) de Jules Verne. Il est actuellement co-rédacteur-en-chef d'une revue d'éco-critique, Green Humanities : A Journal of Ecological Thought in Literature, Philosophy and the Arts. Il a publié en 2023 une anthologie de poésies de Calcutta et de Montréal avec Somrita Urny Ganguly, Nights at the Calcutta Café.

Sato SONOKO : La présence d'un autre dans la poésie de Silvia Baron Supervielle
Silvia Baron Supervielle affirme que la création poétique est elle-même une traduction de sa voix intérieure. C'est un autre qui représente la poétesse sur les papiers. C'est ainsi qu'elle essaie d'interpréter, d'imiter et de traduire sa voix silencieuse. Cette présentation montrera comment cet autre se présente dans ses poèmes, en analysant principalement son recueil poétique En marge (2020), pour l'objectif d'attester que la présence d'un autre fera de la poétesse une lectrice de ses propres poèmes et réalisera une écoute de la voix intérieure à la fois personnelle et universelle.

Publication
"Lire Silvia Baron Supervielle", Association pour des Études de la Poésie Française Contemporaine au Japon, Paris/Tokyo, 2021 | En ligne.


BIBLIOGRAPHIE :

PUBLICATIONS DE SILVIA BARON SUPERVIELLE

Choix de publications en français
Lectures du vent, José Corti, 1988.
L'Or de l'incertitude, José Corti, 1990.
Le Livre du retour, José Corti, 1993.
La Frontière, José Corti, 1995.
La Ligne et l'ombre, Le Seuil, 1999.
La Rive orientale, Le Seuil, 2001.
Le Pays de l'écriture, Le Seuil, 2002.
Une Simple Possibilité : nouvelles, Le Seuil, 2004.
Pages de voyage, Éditions Arfuyen, 2004.
La Forme intermédiaire, Le Seuil, 2006.
L'Alphabet du feu : petites études sur la langue, Gallimard, 2007.
Journal d'une saison sans mémoire, Gallimard, "Arcades", 2009.
Le Pont international, Gallimard, 2011.
Lettres à des photographies, Gallimard, 2013.
Sur le fleuve, Éditions Arfuyen, 2013.
Notes sur Thème, Galilée, 2014 (avec neuf pointes sèches de Geneviève Asse).
La Douceur du miel, Gallimard, 2015.
Chant d'amour et de séparation, Gallimard, 2017.
Un autre loin, Gallimard, 2018.
En marge, Préface de René de Ceccatty, Seuil, "Points", 2020.
Le Regard inconnu, Gallimard, 2020.
La Langue de là-bas, Seuil, 2023.

Œuvre écrite en espagnol
El cambio de lengua para un escritor, Buenos Aires, Corregidor, 1998.

Édition Bilingue
Al Margen / En marge (1962-2010), Buenos Aires, Adriana Hidalgo editora, 2013, Introduction et édition Eduardo Berti, Trad. Silvia Baron Supervielle, Eduardo Berti, Axel Gasquet, Vivian Lofiego & Diego Vecchio.

Correspondance
Une reconstitution passionnelle, correspondance avec Marguerite Yourcenar, Gallimard, 2009.

Choix de traductions vers le français
• Jorge Luis Borges, Les Conjurés, Genève, Jacques Quentin Éditeur, 1989, Huile sur papier de Geneviève Asse.
• Juan Rodolfo Wilcock, Les Jours heureux, Paris, La Différence, "Orphée", 1994.
• Macedonio Fernández, Cahiers de tout et de rien, Trad. SBS & Marianne Millon, José Corti, 1996.
• Silvina Ocampo, Poèmes d'amour désespéré, José Corti, 1997.
• Roberto Juarroz, Quatorzième poésie verticale, José Corti, 1997.
• Arnaldo Calveyra, Le Livre du miroir, Arles, Actes Sud, 2000.
• Alejandra Pizarnik, Œuvre poétique, Trad. SBS & Claude Couffon, Actes Sud, 2005.
• Julio Cortázar, Crépuscule d'automne, José Corti, 2010.
• Jorge Luis Borges, Poèmes d'amour, Avant-propos Maria Kodama, Gallimard, 2014.
• Ida Vitale, Ni plus ni moins, Trad. SBS & François Maspero, Le Seuil, "La Librairie du XXIe siècle", 2016.
• Jorge Luis Borges, Le Tango : quatre conférences, Gallimard, "Arcades", 2018.

Traduction vers l'espagnol
• Marguerite Yourcenar, Teatro I et II, Barcelona, Lumen, 1986.

Choix de préfaces
• Alejandra Pizarnik, Journaux 1959-1971, Édition établie et présentée par SBS, Trad. Anne Picard, José Corti, 2010.
• Victoria Ocampo, En témoignage, Trad. Anne Picard, Éditions des Femmes, 2012.
• Victoria Ocampo, Le Vert Paradis et autres écrits, Paris, Vendémiaire, 2023.
Victoria Ocampo et André Gide, Édition Martine Sagaert, Trad. Marianne Millon, Paris, Classiques Garnier, "Bibliothèque gidienne", 2023.

PUBLICATIONS SUR SILVIA BARON SUPERVIELLE

• René de CECCATTY, Mes Argentins de Paris, Paris, Séguier, 2014.
• Julie CORSIN, Lenguas e identidad en la obra ectópica y translingüe de Silvia Baron Supervielle, Thèse, Université de Castille-La Manche, 2023.
• Axel GASQUET, L'Intelligentsia du bout du monde, les écrivains argentins à Paris, Paris, Kimé, 2002.
• Alejandra ORIAS VARGAS, La Littérature migrante hispano-américaine d'expression française depuis les années 60, Thèse dirigée par Serge Linares & Sylvie Bouffartigue, Université Saint-Quentin-en-Yvelines, 2023.
• Jacqueline MICHEL (avec Ruth AMAR, Jeannine HOROWITZ & Annette SHAHAR), Une écriture en exil, Éditions Caractères, "Cahiers et cahiers", 2012.
• Martine SAGAERT & André-Alain MORELLO (dir.), Silvia Baron Supervielle ou le voyage d'écrire, Champion, "Babeliana", 2022.


SOUTIENS :

Institut des Amériques
Laboratoire BABEL (EA 2649) | Université de Toulon
UFR Lettres, Langues et Sciences Humaines | Université de Toulon
• Institut d'histoire des représentations et des idées dans les modernités (IHRIM - UMR 5317) | CNRS / Université Clermont Auvergne (UCA)
• Unité de recherche "Transferts Critiques anglophones" (TransCrit) | Université Paris 8


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


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Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.

Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


FAUT-IL BRÛLER VOLTAIRE ?


DU JEUDI 27 JUIN (19 H) AU MERCREDI 3 JUILLET (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



COMITÉ D'ORGANISATION :

Stéphanie GEHANNE-GAVOTY (CELLF, Sorbonne Université), Gilles MONTÈGRE (LUHCIE, Université Grenoble Alpes), Stéphane PUJOL (PLH, Université Toulouse - Jean Jaurès), Alain SANDRIER (LASLAR, Université de Caen Normandie)


ARGUMENT :

La réception, l'image et l'héritage de Voltaire sont toujours aussi problématiques aujourd'hui qu'en 1778 ou en 1874, date à laquelle Eugène Labiche lançait cet anathème provocateur à travers une comédie désopilante (Brûlons Voltaire !). L'histoire de cette réception polémique se confond avec l'histoire politique de la France. Voltaire est devenu, davantage qu'un auteur classique, une icône, un nom que l'on invoque lors des manifestations ou au lendemain des meurtres des journalistes de Charlie Hebdo ou des attentats du 13 novembre, pour rappeler les valeurs de justice, de laïcité, de tolérance et de combat pour la liberté d'expression qui sont celles de la République française. Cette rencontre souhaite d'abord revenir sur l'histoire de cette réception complexe, et des manipulations de l'image de Voltaire qui font dire aujourd'hui à un journaliste historien qu'"à scruter certains de ses écrits, comme son Dictionnaire philosophique, soigneusement épuré depuis, on découvre un être cupide, misogyne, homophobe, hostile aux Juifs et à Mahomet" (Jean-Marc Albert, Valeurs actuelles, 8 août 2020). Comment retrouver l'unité dans cette œuvre, dans la trajectoire de cet homme, qui permette de le lire sans le dénaturer, sans l'amputer, sans le dévitaliser ?

Au-delà de cette réception polémique que nous désirons interroger et informer, et des possibilités de lire tout Voltaire aujourd'hui, ce colloque souhaite revenir à travers le cas de cet écrivain emblématique sur la formation de l'image de l'intellectuel au XVIIIe siècle, c'est-à-dire aux fondements de notre modernité, à travers des relectures de textes peu connus aujourd'hui. Comment Voltaire est-il devenu le maître à penser de la génération des encyclopédistes et, après eux, de tant de "gens de bien", pour reprendre une expression qui revient régulièrement dans sa correspondance avec Diderot ? Comment a-t-il construit l'autorité de sa parole, proposant à son lecteur une éducation au questionnement critique et à l'émancipation intellectuelle, par l'usage de la raison, revendiquant la légitimité du philosophe à "oser avoir une opinion" sur la res publica et instaurant l'usage du rire politique, conçu comme poétique et comme éthique, posant cette question toujours si actuelle : "La philosophie peut-elle réparer les maux affreux qu'a faits la superstition ?".

Pour parler de ces questions, nous avons réuni des chercheurs français et étrangers spécialistes de Voltaire (historiens, philosophes, littéraires), mais aussi des artistes et des intellectuels (écrivains, éditeurs, journalistes, hommes politiques, hommes de théâtre). Cette rencontre souhaite associer le grand public pour débattre des questions de société actuelles que pose l'héritage voltairien.


MOTS-CLÉS :

Voltaire, Réception, Polémiques, Légende noire, Lumières, Philosophie


CALENDRIER PROVISOIRE (02/04/2024) :

Jeudi 27 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Vendredi 28 juin
Matin
Linda GIL & Gerhardt STENGER : Introduction
Jennifer TSIEN : Qui a tué Voltaire ? Une enquête sur les sources de sa réception négative
Stéphane PUJOL : Faire le procès de Voltaire c'est faire le procès des Lumières !

Après-midi
Invité surprise : La question du rire politique
Asli ERDOGAN : L'écrivain en procès : l'écrivain persécuté, de Voltaire à A. Erdogan | Conférence-Dialogue avec Patrick DEVILLE

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle Silvia Baron Supervielle : le pays de l’écriture
Film sur Silvia Baron Supervielle, en présence du réalisateur Mario Daniel VILLAGRA


Samedi 29 juin
Matin
Laurence MACÉ : En réalité ou en effigie : comment les censeurs brûlèrent les textes de Voltaire (ou firent semblant) ?
Stéphanie GÉHANNE GAVOTY : Jeanne contre Voltaire. Un anniversaire en forme de destitution : 31 mai 1894

Après-midi
Yannick GUIN : Voltaire dans la cité : témoignage d'un élu local face aux obscurantismes contemporains
Alain SAGER : Entre communautarisme et souverainisme, l'universalisme voltairien garde-t-il un sens ?

Le Sermon du rabbin Akib de Voltaire, lecture par Hervé LOICHEMOL et la Compagnie FOR

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle Silvia Baron Supervielle : le pays de l’écriture
Cabaret littéraire, textes : Silvia BARON SUPERVIELLE, direction artistique : Marc SAGAERT, flûte : José LAZARO ÁLVAREZ PIZZORNO


Dimanche 30 juin
Matin
Gilles MONTÈGRE : Les deux corps du philosophe. Émotions et déceptions des visiteurs de Voltaire à Ferney
Gilles BERTRAND : Voltaire, le voyage et la vérité des peuples
Martial POIRSON : Voltaire homme d'argent

Après-midi
Riccardo CAMPI : Pour une herméneutique de la réception critique de Voltaire
Benjamin HOFFMANN : Voltaire et le Bouddhisme [visioconférence]

Table ronde : Voltaire et la question des religions & Retour sur l'affaire Mahomet

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle Silvia Baron Supervielle : le pays de l’écriture
Œdipe de Voltaire, lecture-spectacle mise en scène par Jean-Claude SEGUIN, par le Théâtre du Loup Blanc, avec Marie GRUDZINSKI (Jocaste), Vincent DOMENACH (Œdipe) et Antoine HERBEZ (Philoctète) | Présentation


Lundi 1er juillet
Matin
Alain SANDRIER : Confondre l'infâme ? Voltaire et l'imputation d'athéisme
Debora SICCO : Voltaire, l'Infâme et les femmes
Linda GIL : Voltaire libertin ? Cunégonde et ses sœurs : de quelques personnages des fictions voltairiennes

Après-midi
DÉTENTE


Mardi 2 juillet
Matin
Franck SALAÜN : Voltaire ignifugé. La réponse de Valéry aux fossoyeurs de Voltaire
Gerhardt STENGER : Zemmour contre Voltaire

Table ronde : Voltaire aujourd'hui

Après-midi
Luis Manuel BERNARDO : Voltaire au Portugal : un cadavre exquis sur le sens des Lumières nationales ?
Halima OUANADA : Voltaire en Tunisie. État des lieux
Gerardo TOCCHINI : "Mais avec ces chiens de voltairiens…" : Puccini, Voltaire et l'Église romaine au lendemain de l'Unità

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle Silvia Baron Supervielle : le pays de l’écriture
Si j'osais mon petit cœur, pièce de Yoland SIMON présentée par la Compagnie Aello (Cherbourg-en-Cotentin), mise en scène de Michel Beurton et Véronique Lucas, avec Alain BENOIST, Serge RITTER et Nathalie TROCHU, suivie d'une lecture d'extraits des Incertitudes de Sophie et de N'en déplaise à Voltaire par les participants du colloque


Mercredi 3 juillet
Matin
Flora AMANN : "C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe". De quelques figures de Voltaire à l'ère contemporaine à travers les usages d'une de ses phrases célèbres
Josselin PROUTEAU : Voltaire et la vertu d'humanité : succès et faux-semblants de l'appropriation militante d'un concept critique
Philippe RICHELLE : Voltaire dans la bande dessinée

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Linda GIL
Linda Gil est Maîtresse de conférences à l'université Paul-Valéry de Montpellier 3, et membre de l'IRCL (Institut de recherche sur la Renaissance, l'âge Classique et les Lumières). Spécialiste de l'histoire du livre et de l'édition au XVIIIe siècle, elle a consacré sa thèse à l'étude de la première édition posthume des œuvres complètes de Voltaire. Le livre issu de sa thèse : L'édition Kehl de Voltaire. Une aventure éditoriale et littéraire au tournant des Lumières, est paru en 2018 aux éditions Honoré Champion (Prix d'Honneur de Bibliographie et d'Histoire du livre, décerné par le Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne, sept. 2021). Membre de la Société Voltaire et de la Société d'études voltairiennes, elle est co-directrice de la Revue Voltaire et co-dirige un dossier d'enquête dans les Cahiers Voltaire consacré à la présence de Voltaire au Panthéon. Elle a également publié Voltaire, D'Alembert, Condorcet. Correspondance secrète, ainsi qu'une réédition de la Vie de Voltaire, de Condorcet, aux éditions Rivages (2021 et 2022) et, chez le même éditeur, un recueil composé de textes de Casanova, intitulé Quatre jours chez Voltaire. Elle dirige depuis 2019 l'Inventaire de la correspondance de Beaumarchais. Vient de paraître : Éditer la correspondance de Beaumarchais. Enquêtes, inventaire, édition, Études réunies par L. Gil, Presses de l'université de Brest, 2023.

Gerhardt STENGER
Gerhardt Stenger est Maître de conférence émérite à Nantes Université. Membre de la Société Voltaire, de la Société d'études voltairiennes et de la Société Diderot, il travaille sur Voltaire, Diderot, l'Encyclopédie et les philosophes matérialistes des Lumières (Helvétius, d'Holbach). Il a publié chez GF Flammarion les Lettres philosophiques (2006) et le Dictionnaire philosophique (2010) de Voltaire, les Œuvres complètes d'Helvétius (Champion, 2011-2020, 3 vol.) et participe aux grandes éditions critiques de Diderot et de Voltaire publiées respectivement à Paris (Hermann, 1975 et suiv.) et à Oxford (Voltaire Foundation, 1968-2022). Il a organisé en 2020, avec Odile Richard, le colloque de Cerisy : Les morales de Diderot, dont les actes ont paru chez Hermann en 2022.
Dernières publications
Diderot. Le combattant de la liberté, Perrin, 2013.
Le Triomphe des Lumières : l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, Perrin, 2024.


Flora AMANN : "C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe". De quelques figures de Voltaire à l'ère contemporaine à travers les usages d'une de ses phrases célèbres
L'objectif de cette communication est d'étudier la réception polémique de Voltaire à travers les usages culturels et politiques de l'une de ses phrases les plus célèbres. Notre hypothèse est que ces usages reflètent la critique contemporaine de Voltaire et sa polarisation entre, d'une part, les ennemis de la démocratie et du progrès social et, d'autre part, une dénonciation de "l'arrogance occidentale" et des "privilèges de l'homme blanc". On étudiera d'abord l'établissement d'une relation métonymique entre la figure de Voltaire et une phrase de l'un de ses personnages ; on se penchera ensuite sur l'articulation entre l'œuvre de Voltaire et le combat abolitionniste à travers cette phrase, avant d'étudier les conséquences des usages de cette phrase sur notre lecture du chapitre XIX du Candide de Voltaire aujourd'hui.

Post-doctorante à la BnF et à l'université Jean Monnet (Saint-Étienne), Flora Amann a soutenu une thèse intitulée Sourds et muets entre savoir et fiction au tournant des Lumières (2020, Sorbonne Université et Université de Montréal), publiée depuis chez Classiques Garnier (2021). Autrice de plusieurs articles sur la surdité et sur les langages gestuels au XVIIIe siècle, elle s'intéresse à présent aux problèmes éthiques soulevés par la lecture des textes des Lumières à l'ère contemporaine et codirigera, avec Joël Castonguay-Bélanger, Anne-Claire Marpeau et Stéphanie Roza, le dossier thématique 2025 de Dix-huitième siècle intitulé "Déboulonner les Lumières ?".

Luis Manuel BERNARDO : Voltaire au Portugal : un cadavre exquis sur le sens des Lumières nationales ?
Certains ouvrages de Voltaire sont assez connus au Portugal : Candide, Micromégas ou le Poème sur le desastre de Lisbonne, éventuellement Les Lettres philosophiques et le Dictionnaire philosophique. Une réedition récente de ses fictions traduites dans les années 50 et 60 du XXe siècle, ainsi qu'un projet en cours à l'université de Coimbra qui prétend dresser une carte de sa réception, semblent bien témoigner l'intérêt porté à l'auteur et à son œuvre. Pourtant, il est probable que ces apports ne soient pas suffisants pour défaire le soupçon d'un manque d'inscription de son écriture et de sa pensée dans le contexte culturel portugais, hormis son appartenance à la représentation d'un ethos générique qui rassemble Lumières et Modernité. Dès les premières références, notamment avec les mentions critiques de Teodoro de Almeida (1722-1804), Voltaire entre dans le long débat interne sur la spécificité de la culture nationale, ses enjeux et ses rapports privilégiés. Les figurations de Voltaire miroitent alors un usage toujours partiel et partial d'aspects fragmentaires de son legs, combien de fois à contresens, soit avec l'intention de défendre des conditions essentielles d'une modernisation espérée, soit pour condamner les impiétés excentriques des pays du nord. Nous nous proposons donc de surprendre les grandes lignes d'une telle appropriation à l'orée d'un long cadavre exquis et d'interroger le schéma d'une telle réception dont le fonctionnement influe autant sur les lectures plus émotionnelles d'autres époques que sur celles plus neutres et informées qui s'imposent actuellement.

Luís Manuel A. V. Bernardo est professeur de la Faculté des sciences sociales et humaines de l'université nouvelle de Lisbonne et chercheur de l'IFILNOVA, directeur de la Section autonome d'éducation et de formation générale et du master en formation, il s'intéresse à la manière dont certains textes, produits aux XVIIIe et XXe siècles, dans différents contextes nationaux, contribuent à façonner la modernité. Correspondant étranger de la Société Diderot, il a publié régulièrement sur les auteurs des Lumières françaises et portugaises.
https://www.cienciavitae.pt//en/F613-75D8-D798

Gilles BERTRAND : Voltaire, le voyage et la vérité des peuples
Dans un hommage à Michèle Duchet, Daniel Roche a fait l'inventaire des voyages effectués au long de sa vie par Voltaire (D. Roche, "Voltaire voyageur", in S. Albertan-Coppola (dir.), Apprendre à porter sa vue au loin, ENS Éditions 2009). Ces voyages ont donc existé mais sans se réduire à un nombre aussi infime de déplacements que chez Diderot, très sédentaire en dehors de son voyage en Russie par la Hollande, ils n'ont couvert qu'une portion relativement faible du monde de son temps (seulement l'Europe et plutôt sa partie septentrionale). À l'inverse, pourtant, Voltaire a considérablement sillonné la planète par lectures interposées et en la mettant en scène dans ses écrits. Cela nous amène à revenir sur le sens du voyage dans sa pensée et sa pratique (et plus largement chez ses contemporains). La nature des expériences voyageuses de Voltaire suffit-elle à valider son expérience du monde ? Dans quelle mesure sa perception des espaces et des peuples tire-t-elle une légitimité du contact direct et concret avec des paysages et des individus ? La connaissance tirée de la lecture des relations de voyage ou de la conversation avec les autres est-elle si profondément différente de celle que l'on tire de son propre déplacement et y a-t-il vraiment besoin d'aller sans cesse et partout pour se faire une idée intéressante de la vérité du monde ? En réexaminant certains passages de sa correspondance et en confrontant ce qu'écrit Voltaire sur certaines contrées aux expériences de quelques autres voyageurs de son époque (ainsi qu'aux discours de Muralt et de toute une tradition contestant l'utilité des voyages), nous tenterons de mieux comprendre un dilemme qui obsède encore nos contemporains quant au besoin de la preuve (et de l'épreuve) des espaces pour accéder à la connaissance de tout ce qui relève de l'altérité.

Riccardo CAMPI : Pour une herméneutique de la réception critique de Voltaire
La question concernant l'héritage voltairien ne saurait se réduire aujourd'hui à établir simplement "ce qui est vivant et ce qui est mort chez Voltaire" (pour paraphraser une célèbre formule de Croce). L'actualité de sa pensée et de son œuvre ce n'est pas ce qui résulterait d'un triage, ou d'un choix idéologique, nous permettant d'y retrouver nos valeurs — ou nos préjugés. Assumer de manière critique son héritage, en revanche, signifie d'abord soustraire l'œuvre de Voltaire aux interprétations tendancieuses ou abusives aussi bien qu'aux célébrations institutionnelles et scolaires qui en font un vénérable monument culturel. Mais pour ce faire, il faut remettre en discussion quelques principes herméneutiques couramment reçus tant par ceux qui contestent la valeur de l'œuvre voltairienne que par ceux qui se réclament de son héritage.

Riccardo Campi, traducteur et essayiste, enseigne en qualité de professore associato la Littérature française au Département de langues étrangères (Université de Bologne). En collaboration avec D. Felice, il a procuré la traduction intégrale du Dictionnaire philosophique de Voltaire selon l'édition Moland (chez Bompiani, 2013). Parmi ses travaux récents : Filosofia e stile. Studi settecenteschi (2019).

Stéphanie GÉHANNE GAVOTY : Jeanne contre Voltaire. Un anniversaire en forme de destitution : 31 mai 1894
Faut-il brûler Voltaire ? Qu'en est-il après 1878, premier centenaire de la mort de Voltaire ? Qu'en est-il au moment où Jeanne d'Arc est déclarée vénérable, en 1894 ? Le Pèlerin, journal catholique conservateur, relate plusieurs épisodes méconnus et exemplaires des tensions politiques nées de la célébration de Jeanne d'Arc, dont de jeunes aspirants militaires sont les principaux acteurs. Profaner Voltaire au hideux sourire ; venger les soldats du mépris du patriarche des ricaneurs, de ce Prussien ami de l'ennemi, notamment de Frédéric II ; venger Jeanne d'Arc des insanités de La Pucelle ; venger Ste-Geneviève et le Panthéon, voire l'Église ; telles semblent être les motivations de cette jeunesse, fils de Croisés contre fils de Voltaire, fervents patriotes, sans doute plus royalistes que républicains… Dès lors, quelle place pour Voltaire chez les jeunes militaires ?

Stéphanie Géhanne Gavoty est maître de conférences à la Faculté des Lettres de Sorbonne Université. Elle est co-rédactrice, depuis 2016, des Cahiers Voltaire, revue annuelle de la Société Voltaire. Elle y coordonne une enquête sur la réception de Candide. Elle a participé à la rédaction des fiches du site "C'est qui Voltaire ?". Elle a aussi rédigé plusieurs notices pour le Dictionnaire des anti-Lumières sous la direction de Didier Masseau (dont une notice sur le père Richard, un anti-voltairien notoire).

Yannick GUIN : Voltaire dans la cité : témoignage d'un élu local face aux obscurantismes contemporains
Une politique culturelle peut-elle être une politique des Lumières ? Au moyen d'exemples précis et concrets il s'agit d'exposer les problèmes rencontrés et les positions adoptées par un élu face à l'antisémitisme et au négationnisme (ex: affaire Roque), au racisme (ex: attaques contre Taubira), au radicalisme islamiste (ex: affaire Abdelkrim), à la question de l'implantation des mosquées (les débats et les solutions adoptées), au contournement par des arguments culturels de la loi de 1905 par les religions, face aussi aux obstacles et arguties contre le monument à l'abolition de l'esclavage. Il s'agit aussi d'exposer les réponses élaborées et souvent discutées, à coups de débats publics, de colloques sur l'Histoire et Les Droits de l'Homme, sur la création du Prix de l'Édit de Nantes, sur la laïcité. Il s'agira enfin de mettre en lumière, et ainsi de débattre avec les participants, des nouveaux dangers des temps présents, confusions, fake news, société du numérique, et divers aspects de la remise en cause de l'universalisme comme le wokisme par exemple.

Yannick Guin est Professeur honoraire des Universités, Faculté de Droit et des Sciences Politiques de Nantes, Histoire du Droit, des Institutions, des Idées Politiques et des Faits Sociaux. Il a été Maire-Adjoint de la Ville de Nantes, chargé de la Culture (1989-2014) ; Vice-Président de Nantes Métropole, chargé de 2008 à 2014 de l'Enseignement Supérieur et de la recherche ; Conseiller régional des Pays de la Loire de 1998 à 2004. Comme élu à la Culture, une forte impulsion a été donnée (le budget de la Culture devient le premier budget municipal) qui se porte aussi sur le patrimoine (Opéra, Château des Ducs de Bretagne, restauration des friches industrielles, Mémorial à l'abolition de l'esclavage) que sur des initiatives des plus hardies (Compagnie Royal de Luxe, Folles Journées de Nantes, programmation du Lieu Unique, compagnies de danse contemporaine…). Il réalise la fusion de l'Opéra de Nantes et celui d'Angers et il prend la présidence de cette nouvelle maison lyrique, et il exerce en même temps la vice-présidence de l'Orchestre National des Pays de la Loire. Comme délégué national à la Culture de la FNESER (Fédération Nationale des Élus Socialistes et Républicains), il rassemble à l'occasion de nombreuses rencontres sur tout le territoire les responsables des collectivités locales. Les rencontres annuelles en Avignon donnent lieu à une publication en 2000, L'engagement culturel des collectivités locales. Manifeste pour une nouvelle étape de la décentralisation, ainsi que de nombreux articles sur l'évolution des politiques culturelles de l'État et des collectivités locales.
Publications
Le mouvement ouvrier nantais. Essai sur le syndicalisme d'action directe à Nantes et à Saint-Nazaire, 17889/1920, Maspero, paris, 1976.
Histoire de la Bretagne de 1789 à nos jours. Contribution à la critique de l'idéologie nationaliste, La Découverte, Paris, 1977 (réédition en 1982).
La Révolution en Loire Inférieure, Horvath, Lyon, 1989.
La Bataille de Nantes, 29 juin 1793. Un Valmy dans l'Ouest, Siloë, 1993.
Queen Mary 2 par gros temps, réflexions sur les constructeurs de navires, l'Europe et le marché mondial, Essai, Siloë, 2007.
À l'ombre des érables roux, un "coureux" breton en Amérique, Siloë, 2011.

Laurence MACÉ : En réalité ou en effigie : comment les censeurs brûlèrent les textes de Voltaire (ou firent semblant) ?
De son vivant, Voltaire fut en butte à diverses formes de censure a posteriori, par le Parlement de Paris pour les Lettres philosophiques dès 1734, par Rome qui condamna ses Œuvres publiées à Dresde chez Walther en 1752-1753, puis quantité d'autres ouvrages. Plusieurs d'entre eux furent condamnés au feu. Ainsi "brûler Voltaire", du moins ses textes, fut pris au sens propre, et plus d'une fois, par les institutions de censure au XVIIIe siècle. Sur la base des travaux des historiens de la censure et du corpus des censures rédigées par l'Index et le Saint-Office, il s'agira d'interroger la symbolique et la signification de cet acte au XVIIIe siècle, en mettant en évidence les tensions ou interrogations qu'il met en évidence et les débats qu'il suscite, à l'intérieur comme à l'extérieur des institutions.

Laurence Macé est maîtresse de conférences en Littérature française du XVIIIe siècle à l'université de Rouen Normandie et membre du CÉRÉdI (Centre de recherches et d'études Éditer Interpréter) depuis 2008. Elle a consacré sa thèse de doctorat à la réception italienne de Voltaire au XVIIIe siècle, et a notamment reconstitué à partir des archives de l'Index et du Saint-Office les 32 dossiers de censure constitués autour de ses textes de 1748 à 1808. Secrétaire générale de la Société des études voltairiennes depuis douze ans, elle a été membre du Comité scientifique des Œuvres complètes de Voltaire (Université d'Oxford, Voltaire Foundation), désormais achevées, de 2009 à 2022. Elle est membre du Digital Voltaire Advisory Group depuis novembre 2022. Elle a publié une quinzaine d'articles et chapitres d'ouvrages consacrés à la censure de Voltaire, co-dirigé un volume collectif dédié aux rapports entre censure et critique Censure et critique (17e-21e siècles) (Garnier, 2016). Elle termine une Habilitation à diriger les recherches autour des manuscrits soumis à la censure royale et aux pratiques de co-auctorialité qu'ils mettent en évidence. Elle a publié une anthologie grand public de textes voltairiens censurés (Voltaire. Textes interdits. Classiques Garnier, 2010).

Martial POIRSON : Voltaire homme d'argent
À l'heure où Voltaire est tour à tour taxé de colonialiste, voire de négrier, d'affairiste, de capitaliste, de rentier, mais aussi d'entrepreneur innovant, de capitaine d'industrie ou d'écologiste avant l'heure, cette contribution envisage un aspect controversé de la vie comme de l'œuvre de Voltaire, son rapport à l'argent, à travers deux axes de réflexion : Voltaire acteur économique ; Voltaire auteur économique. Au croisement des approches économique, sociologique, historique, littéraire et politique, on portera à nouvel examen la "révolution copernicienne économique et politique" (Daniel Roche) qu'illustre l'œuvre voltairienne rendue à ses contradictions et à la complexité de ses positions sur la société de son temps. Un questionnement qui suscite des échos dans notre réflexion, ainsi remise en perspective, sur le monde contemporain.

Josselin PROUTEAU : Voltaire et la vertu d'humanité : succès et faux-semblants de l'appropriation militante d'un concept critique
De la comédie satirique de Palissot (1760) à la Révolution, le mot d'humanité, employé pour désigner la qualité de l'homme solidaire du genre humain, cristallise les attaques des adversaires des Philosophes. N'est-ce pas l'exemple parfait du jargon abstrait et prétentieux qui corrompt le bon goût du siècle ? Loin de fuir cette accusation, Voltaire se flatte dans une lettre à Palissot d'être "des premiers qui aient employé fréquemment ce vilain mot". Il dit vrai : ses écrits, lettres et tragédies, des années 1730 sont même le creuset où a lieu la réinvention décisive du vieux mot d'humanitas ; c'est ici que l'humanité devient une vertu militante vouée à coaliser ceux qui luttent contre les adversaires tout désignés du genre humain. Nous étudierons les présupposés de cette éthique humaniste engagée, qui inscrit le combat philosophique dans l'œuvre séculaire des "grands hommes"», et qui réussit à éclipser une discrète tradition parallèle qui, dans le sillage de Montaigne, faisait de l'humanité le concept-clé d'une critique amorale de la civilisation.

Josselin Prouteau est agrégé de lettres classiques et doctorant contractuel à Sorbonne Université. Dans le cadre de sa thèse, il s'intéresse à la réapparition et à la diffusion du mot d'humanité au XVIIIe siècle en France. Ses recherches portent à la fois sur les paradigmes philosophiques qu'il sollicite et les formes littéraires qu'il inspire. Son travail s'est récemment concentré sur Voltaire, dont l'œuvre épistolaire, théâtrale, et érudite, joue un rôle déterminant dans le destin du mot.

Alain SAGER : Entre communautarisme et souverainisme, l'universalisme voltairien garde-t-il un sens ?
Dans les attaques convergentes contre l'esprit des Lumières, la notion d'universalisme est tout spécialement mise en cause. Sous couvert de revendication communautaire ou, à l'opposé, du repli identitaire, le dénigrement de Voltaire dans ce registre vise, dans les deux cas, à nier la possibilité d'une communauté solidaire de l'humanité toute entière. Voltaire en a trouvé l'expression première dans l'humanisme cicéronien. Nous suivrons donc l'histoire de la notion d'universalisme dans ses différentes incarnations, avant de distinguer clairement entre l'universel, le particulier et le singulier, à la lumière de la logique hégélienne. Appliquée à un célèbre texte voltairien de l'Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven, on montrera la pertinence et l'efficacité d'une telle référence, pour étayer aujourd'hui l'universalisme tel que Voltaire le conçoit et le défend, et pour répondre à ses détracteurs.

Professeur de philosophie émérite, Alain Sager (Société Voltaire) est l'auteur de deux ouvrages parus aux éditions Ellipses (Apprendre à philosopher avec Voltaire, 2012 et le Dictionnaire Voltaire, 2021), ainsi que de nombreux articles dans les Cahiers Voltaire. Il a également participé à plusieurs reprises aux "Chemins de la philosophie", sur l'antenne de France-Culture. Il a publié L'homme sans dieu ? De Cicéron à Marc-Aurèle, aux éditions L'Harmattan (2013).

Alain SANDRIER : Confondre l'infâme ? Voltaire et l'imputation d'athéisme
Voltaire est parfaitement conscient que l'imputation d'athéisme relève en son temps moins de l'examen philosophique que d'une accusation visant à discréditer et à nuire. Voltaire s'est toujours interrogé sur les ressorts anthropologiques et les soubassements idéologiques d'une imputation qu'il a étudiée chez les autres, et dont il a lui-même fait l'objet. Ce champion ostensible de la cause déiste est le meilleur révélateur, à son corps défendant, de la place singulière de l'athéisme dans l'espace intellectuel d'Ancien Régime : embarrassé d'une éventuelle inclusion, il a dû lutter sur deux fronts, entre apologistes et incrédules radicaux. Comprendre ce qui fait d'une position d'exclusion radicale du régime de la croyance un stigmate infamant, rendant la personne digne d'être brulée, tel est l'angle sous lequel on voudrait explorer l'œuvre de Voltaire, dans sa réception controversée comme dans ses équivoques fécondes.

Alain Sandrier est professeur de littérature française à l'université de Caen Normandie. Ses travaux portent sur l'irréligion des Lumières à travers les cas, en particulier, de Voltaire, du baron d'Holbach, des manuscrits philosophiques clandestins et de l'Encyclopédie. Il a publié notamment Le Style philosophique du baron d'Holbach (Paris, Honoré Champion, 2004) et Les Lumières du miracles (Paris, Classiques Garnier, 2015).


Le Sermon du rabbin Akib de Voltaire (prononcé à Smyrne le 20 novembre 1761 - traduit de l'hébreu), lecture par Hervé LOICHEMOL et la Compagnie FOR
Voltaire est le plus célèbre des innombrables pseudonymes utilisés par François Marie Arouet. On peut y voir une ruse, courante au XVIIIe siècle, destinée à déjouer la censure, mais également le goût immodéré de Voltaire pour le jeu, le déguisement, le semblant, la feinte théâtrale. Le Sermon du Rabbin Akib n'échappe évidemment pas à cette stratégie qui lui permet de dénoncer, sans risque excessif, les crimes de l'inquisition et du fanatisme.
Avec la querelle du blackface, ce texte résonne aujourd'hui d'étrange façon. Alors même que Voltaire proteste contre l'assassinat de juifs, sa feinte serait-elle le voile qui cache d'inavouables intentions ? Une preuve de sa judéophobie ? Voire de son antisémitisme ?
Cette lecture spectacle sera l'occasion d'ouvrir le débat.
Avec Anne Durand et Hervé Loichemol.

Hervé Loichemol est né à Mostaganem, Algérie (retour en France en 1962). Parallèlement à ses études secondaires et universitaires à Besançon, il suit l'enseignement de Paul Lera au Conservatoire et participe à tous les spectacles du Théâtre de Franche-Comté. En 1972, il finit sa formation de comédien à l'école du Théâtre National de Strasbourg et joue pendant plusieurs années dans différents théâtres en France, en Belgique et en Suisse. À partir de 1980, il enseigne à l'École de la Comédie de Saint-Étienne, du Théâtre National de Strasbourg, au sein de la section professionnelle du Conservatoire de Lausanne et de l'École Supérieure d'Art Dramatique du Conservatoire de Genève. De 1999 à 2002, il est administrateur du Château de Voltaire et directeur artistique de l'Auberge de l'Europe à Ferney-Voltaire, où il conjugue une démarche patrimoniale, un lieu de création artistique et une résidence d'auteurs en exil. Directeur de la Comédie de Genève de 2011 à 2018, il est le fondateur de la compagnie FOR et développe, depuis 2013, un travail théâtral à Gaza et Jénine. Metteur en scène depuis 1976, il a mis en scène plus de cent textes d'auteurs contemporains (Olivier Py, Yves Laplace, Denis Guénoun, Heiner Müller, Fausto Paravidino, Hanokh Levin, Jon Fosse…) et d'auteurs classiques (Tchekhov, Corneille, Théodore de Bèze, Shakespeare, Calderon, Musset, Molière, Pirandello, Seghers, Brecht…). Il a conduit pendant plusieurs années un travail sur le théâtre du XVIIIe, celui de Voltaire en particulier dont il a monté une quinzaine de textes (Le Comte de Boursoufle, Zaïre, Brutus, La mort de César, Microméegas, Candide, Le Café ou l'écossaise, Nanine, L'homme aux quarante écus, Catéchismes, Le Sermon du Rabbin Akib…).


BIBLIOGRAPHIE :

• ADAMS, David James, La Femme dans les contes et les romans de Voltaire, Paris, Nizet, 1974.
• BENDA, Julien, "Voltaire est-il des nôtres ?", Confluences, janvier-février, 1944.
• BENREKASSA, Georges, L'achèvement des Lumières ?, Genève, Georg, 2023.
• CASANOVA, Giacomo, Quatre jours chez Voltaire, Édition critique établie par L. Gil, Paris, Payot / Rivages, 2023.
• CAVE, Christophe (éd.), Les Vies de Voltaire. Discours et représentations biographiques, XVIIIe-XXIe siècles, SVEC 2008:04.
• CITTON, Yves & POIRSON, Martial, "Débat. Voltaire homme d'argent", dans Cahiers Voltaire, 7, 2008, p. 93-143 ; 8, 2009, p. 115-121.
• CONDORCET, Nicolas de, Vie de Voltaire, Édition critique par L. Gil, Paris, Payot / Rivages, 2022.
• DESNÉ, Roland, "Voltaire était-il antisémite ?", dans M.-H. Cotoni (éd.), Voltaire. Dictionnaire philosophique, Paris, Klincksieck, 1994, p. 115-125.
• DROIT, Roger-Pol, "La face cachée de Voltaire", Le Point, 2 août 2012.
• GIL, Linda, L'édition Kehl des Œuvres complètes de Voltaire : une aventure éditoriale et littéraire (1779-1789), Préface de Christiane Mervaud, Paris, Honoré Champion, 2018, 2 volumes.
• GIL, Linda, "Cunégonde, l'autre candide ? Figure d'une voyageuse compulsive dans le récit voltairien, entre domination et émancipation", Chroniqueur, philosophe, artiste. Figures du voyageur dans la littérature française du XVIIIe et du XIXe siècles, I. Zatorska et M. Sokołowicz (dir.), Presses universitaires de Varsovie (ebook), 2021, p. 84-99.
• GIL, Linda & MAGNAN, André (enquête coordonnée par), "Voltaire au Panthéon", Cahiers Voltaire, 2018, 2019, 2020, 2021.
• GUILLEMIN, Henri, "François-Marie Arouet, dit Zozo, dit Voltaire", dans La Table ronde, 122, février 1958.
• HERSANT, Marc, "Sodome à Potsdam : les passions entre hommes dans les Mémoires pour servir à la vie de M. de Voltaire", dans Revue Voltaire, 14, 2014, p. 101-115.
• JACOB, François, Voltaire après la nuit. Paris, Moscou, Genève, Ferney-Voltaire, Centre d'étude du XVIIIe siècle, 2021.
• LILTI, Antoine, L'Héritage des Lumières. Ambivalences de la modernité, Paris, EHESS, Seuil, 2019.
• LOPEZ, Jean-François, "Les investissements de Voltaire dans le commerce colonial et la traite négrière : clarifications et malentendus", dans Cahiers Voltaire, 7, 2008, p. 124-139.
• MAGNAN, André puis Gérard GINGEMBRE (coord.), "Sur les voltairiens et les anti-voltairiens", dans Cahiers Voltaire, 1, 2002-11, 2012.
• MARTIN, Xavier, Voltaire méconnu. Aspects cachés de l'humanisme des Lumières (1750-1800), Bouère, Dominique Martin Morin, 2006.
• MÉNISSIER, Patricia, Les Amies de Voltaire dans la correspondance : 1749-1778, Paris, Champion, 2007.
Voltaire, D'Alembert, Condorcet. Correspondance secrète, Édition critique par L. Gil, Paris, Payot / Rivages, 2021.
• ZEMMOUR, Éric, Destin français, Paris, Albin Michel, 2018, p. 226-240.


SOUTIENS :

• Institut de recherche sur la Renaissance, l'âge Classique et les Lumières (IRCL, UMR 5186 CNRS) | Université Paul-Valéry Montpellier (UPVM)
• Centre d'étude de la langue et des littératures françaises (CELLF, UMR 8599 CNRS) | Sorbonne Université
• Laboratoire universitaire "Histoire Cultures Italie Europe" (LUHCIE) | Université Grenoble Alpes (UGA)
• Laboratoire "Patrimoine, Littérature, Histoire" (PLH) | Université Toulouse - Jean Jaurès
• Laboratoire "Littératures Antiques et Modernes" (LAMO) | Nantes Université
• Laboratoire "Lettres, Arts du Spectacle, Langues Romanes" (LASLAR, UR 4256) | Université de Caen Normandie
Société Voltaire
• Société Française d'Étude du Dix-huitième Siècle (SFEDS)
• Direction régionale des affaires culturelles Normandie (DRAC Normandie)
Fondation Clarens pour l'humanisme | Fondation de France


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


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Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.

Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


L'ENFANCE DE DEMAIN ENTRE LE VIVANT ET LE VIRTUEL

UN QUESTIONNEMENT SUR L'ART ET LA SCIENCE


DU JEUDI 20 JUIN (19 H) AU LUNDI 24 JUIN (16 H) 2024

[ colloque de 4 jours ]



ARGUMENT :

L'enfant se construit à travers ses relations avec les autres et avec l'ensemble du vivant. Demain il aura des partenaires sociaux pour certains biologiques et pour d'autres issus des univers virtuels. Ses relations sociales seront-elles de plus en plus souvent médiatisées par ces technologies, y compris dans les espaces les plus intimes ?

Dans un monde qui fera appel différemment à nos sens et à notre corporéité nous devrons nous préoccuper des besoins d'attention et de présence du tout-petit et veiller à la pluralité de ses échanges en face à face. Quelle écologie des relations sera requise pour poursuivre l'histoire humaine, qui est avant tout une histoire de liens ?

En croisant les regards de chercheurs issus d'une diversité de champs scientifiques et ceux d'artistes du spectacle vivant, nous rechercherons des points d'accroche sensibles entre les mondes vivants et les virtualités humaines. Il s'agira en particulier de dégager des pistes de réflexion et d'action face aux questions que posent pour l'enfance de demain, les transformations technologiques actuelles et celles d'un avenir déjà discernable.


MOTS-CLÉS :

Adolescence/Adolescent, Agentivité, Archéologie, Arts et science, Bébé, Corporéité, Corps, Culture, Demain/Futur, Développement de l'enfant, Éco-anxiété, Écologie des liens, Empathie, Enfance/Enfant, Éthologie, Humanité, Identité numérique, Individuation, Intelligence artificielle, Intersubjectivité, Metavers, Monde hybride, Monde matériel, Monde virtuel, Nature, Nouvelles technologies, Premiers liens, Psychologie, Relations sociales, Révolution numérique, Robots, Sens moral, Sciences cognitives, Tisser des liens, Virtuel, Vivant, Voix


CALENDRIER PROVISOIRE (17/04/2024) :

Jeudi 20 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Vendredi 21 juin
UNE ÉCOLOGIE DES LIENS : LA FABRICATION DU VIVANT
Matin
Introduction
Bahia GUELLAÏ : Tout ce que vous aimeriez savoir sur le nouveau-né
Maya GRATIER : Le rythme et la voix tissent les premiers liens
Louise GOYET : Langage, émotions et relations au cours des premières années
Valeria LUMBROSO : Filmer les premiers liens

La nécessité des liens sociaux
Vasu REDDY : Ouverture à l'autre et développement du soi chez le bébé
Elias GARCIA-PELEGRIN : L'action et l’interaction chez diverses espèces

L'intersubjectivité : penser la rencontre comme un champ culturel commun, conversation animée par Maya GRATIER, avec Vasu REDDY et Elias GARCIA-PELEGRIN

Après-midi
Une approche socratique du futur
Accueil des élèves du collège Anne Heurgon-Desjardins de Cerisy-la-Salle
Conversations sous les arbres avec les collégiens
Retour dans la salle et débriefing sur les conversations

Vers une transformation de notre socialité ?
Drina CANDILIS-HUISMAN : Parents et enfants dans un monde en changement
Nina L. POWELL : La machine peut-elle acquérir un sens moral ?

Quelles transformations des liens observe-t-on déjà, à l’ère du virtuel ?, conversation animée par Bahia GUELLAÏ, avec Nina L. POWELL et Drina CANDILIS-HUISMAN

Soirée
Projection de films / Discussion
Valeria LUMBROSO & Maya GRATIER : Films de la série "Tisser des liens" / Film Une cabane à demeure (Compagnie Les Bruits de la Lanterne)
Maria-Danae KOUKOUTI : Films de recherche sur le façonnage de poteries


Samedi 22 juin
NOUVELLES MANIÈRES D'ÊTRE LIÉS, RISQUES ET POTENTIELS DES OUTILS NUMÉRIQUES
Matin
Matérialité et développement : l'impact des technologies digitales sur nos expériences corporelles et sensorielles
Lambros MALAFOURIS : Comment le rapport aux objets nous a transformés au cours de notre histoire ?
Katarina FOTOPOULOU : Toucher et être touché pour exister
Maria-Danae KOUKOUTI : Fabriquer des miroirs : en quoi la conscience de soi dépend de la relation à la matière ?

L'expérience d'être au monde est-elle la même aujourd'hui qu'à d'autres époques ? Quelle est la place du monde matériel et du toucher dans le développement de la cognition humaine ?, conversation animée par Noga ARIKHA, avec Lambros MALAFOURIS, Katarina FOTOPOULOU et Maria-Danae KOUKOUTI

Projection / Discussion
Tereza STEHLIKHOVA : Sélection de films expérimentaux : Self-isolation Dinner (2020), Zoom Deep Beauty (2021) et Scent of Zeros and Ones (2024)

Après-midi
Tereza STEHLIKHOVA : Atelier expérimental autour des correspondances inter-sensorielles

Quelle place pour le corps dans un environnement modifié par la technologie ?, table ronde animée par Rana ESSEILY, avec Noga ARIKHA (Le sens de soi et la redécouverte du corps à l'ère post-cartésienne), Didier GRANDJEAN (Fabriquer et maintenir des liens par la voix) et Frédéric BEVILACQUA (Systèmes interactifs multi-modaux sonores et musicaux : des projets artistiques à la rééducation)

Expériences artistiques autour de la pensée de Tim Ingold, avec Cécile MONT-REYNAUD (Compagnie Lunatic)

Conversation animée par Cécile MONT-REYNAUD, avec Tim INGOLD [visioconférence], suivie d'une discussion

Soirée
Autour du spectacle : "Enfant d'après-demain"
Vincent VERGONE (Compagnie Les Demains qui Chantent)


Dimanche 23 juin
D'UN MONDE ORGANIQUE À UN MONDE DIGITAL : ANGOISSES PASSAGÈRES OU MUTATION PROFONDES ?
Matin
Le surgissement des angoisses : reconnaître les sources de notre zeitgeist anxiogène
Annamaria LAMMEL : L'éco-anxiété : comment les enfants perçoivent-ils le changement climatique ?
Vincent VERGONE : Les enfants, l'art et la nature face à l'inflation technologique

Comment naviguer entre inquiétudes fondées et sensationnisme à l'époque de l'eco-anxiété et de la peur d'être dominés par les intelligences artificielles ? Comment mobiliser les enfants de demain pour des démarches constructives, inspirées et créatives ?, conversation animée par Louise GOYET, avec Annamaria LAMMEL et Vincent VERGONE

Danse avec les robots. Peut-on construire une relation avec un robot ?, table ronde animée par Charlotte PINABIAUX, avec Bahia GUELLAÏ (Interagir avec un robot : comment les robots sociaux s'inspirent des humains), Alex PITTI (Comment la psychologie du développement inspire le développement de l'IA ?) et Sébastien DERÉGNAUCOURT (Apprentissage du chant chez l'oiseau : entre le naturel et l'artificiel)

Après-midi
Expériences en cabane, avec Catherine MORAN et Jean-Claude OLEKSIAK (Compagnie Les Bruits de la Lanterne)

Le robot et l'écologie du lien
Jennifer ANG : Loin des yeux : à quoi ressemblera notre intelligence morale dans un monde d'IA ?
Serge TISSERON : "Le jour où mon robot m'aimera". Comment tisser des liens avec un robot ?

Vivra-t-on dans un monde de relations hybrides ? Quel sera l'effet à long terme de l'IA sur le développement social des nouvelles générations ?, conversation animée par Valeria LUMBROSO, avec Jennifer ANG et Serge TISSERON

Soirée
Autour du spectacle : "Enfant d'après-demain"
Vincent VERGONE (Compagnie Les Demains qui Chantent)


Lundi 24 juin
QUEL(S) FUTUR(S) POUR NOS ENFANTS DANS UN MONDE DE MUTATIONS ÉCOLOGIQUES ET TECHNOLOGIQUES ?
Matin
Ateliers parallèles : Questions émergentes et restitution commune, animés par Louise GOYET, Maya GRATIER et Bahia GUELLAÏ

Rapports d'étonnement des jeunes chercheurs

Après-midi
Matérialisation scientifique et artistique du colloque, animé par Valeria LUMBROSO et Maya GRATIER
Comment rendre accessible la recherche scientifique à des publics variés ?
Poser des bases concrètes pour la création de livres, films, podcast, émissions de radio

DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Louise GOYET
Louise Goyet est Maître de conférences en psychologie du développement cognitif (Université Paris 8 - Vincennes-Saint-Denis) et Membre du laboratoire DysCo (Fonctionnement et Dysfonctionnement Cognitifs : les âges de la vie). Elle mène des recherches qui ont pour finalité d'étudier comment émergent et se développent, selon une perspective vie entière, les capacités langagières. Plus précisément, l'objectif premier de ses recherches est d'une part, d'identifier plus finement les processus perceptifs, cognitifs impliqués dans le développement précoce de la compréhension et de production du langage verbal et non verbal. D'autre part, ses travaux de recherche ont pour objectif d'étudier en quoi le développement du langage émotionnel et du lexique émotionnel, qui émerge au cours de l'enfance, a une incidence sur les capacités des enfants, adolescents et adultes à identifier, à catégoriser et se représenter des émotions primaires et complexes. C'est par le biais de l'utilisation de méthodologies différentes (comportementales et cérébrales) qu'elle observe et étudie le développement perceptif et conceptuel du bébé et du jeune enfant.
Publications
Raynal, L., Clément, E., & Rämä, P., Sander, E & Goyet, L (soumis)' "Early Analogical Extensions : Pragmatic Strategies or Category Errors ? Insight from Adults' ERPs", Journal of Experimental Child Psychology.
Bouayed, S. Lammel, A, Goyet, L (in press), "Visuospatial processing in the resolution of the Corsi test in bilinguals and monolinguals children", Chapter Psychology Applications & Developments IX. InPACT.
Bouayed, S. Lammel, A, Goyet, L (2023), "Visuospatial processing in the resolution of the Corsi test in bilinguals and monolinguals children", Proceedings from InPACT Conference, Apr 2023, Lisbon (Portugal).
Gueraud, S., & Goyet, L. (2022)' "Toward Considering Emotional Skills as Academic Skills", Emotional Processes in Learning Situations, 47-71.
Raynal, L., Clément, E., & Rämä, P., Sander, E & Goyet, L. (2021)' "Early Analogical Extensions : An ERP Study on Preschoolers' Semantic Approximations", Proceedings of the Annual Meeting of the Cognitive Science Society, vol. 43, iss. 43.
Rämä, P., Sirri.L., & Goyet, L. (2018), "Event-related potentials associated with cognitive mechanisms underlying lexical-semantic processing in monolingual and bilingual 18-month-old children", Journal of Neurolinguistics, 47, 123-130.

Maya GRATIER
Maya Gratier est professeure de psychologie du développement à l'université Paris Nanterre. Elle a reçu sa formation à l'université d'Édimbourg, à l'université Paris Cité et à l'université de Californie à Los Angeles, en psychologie du développement et en psychologie clinique interculturelle. Ses travaux de recherche portent sur les interactions sociales, le développement vocal et les origines des capacités musicales chez le bébé. Elle s'intéresse de manière plus générale aux processus de coordination interpersonnels, sensoriels et sensibles. Elle est directrice adjointe du Laboratoire Éthologie Cognition Développement.
Publications
Gratier, M. (in press), "Atmosphere and intersubjectivity : lessons from photography", in Reddy, V. & Delafield-Butt, J. (Eds), Intersubjective Minds : Rhythm, Sympathy, and Human Being, Oxford, Oxford University Press.
Jover, M. & Gratier, M. (2023), "Toward a multimodal and continuous approach of infant-adult interactions", Interaction Studies, 24(1), 5-47.
Gratier, M., Lumbroso, V, Simeoni, U. (2022), L'odyssée des 100 premiers jours, Ed. Marabout.
Saliba, S., Gratier, M., Filippa, M., Devouche, E. & Esseily, R. (2020), "Fathers' and mothers' infant directed speech influences preterm infant behavioral state in the NICU", Journal of Nonverbal Behavior, 44, 437-451.
Apter, G., Devouche, E. & Gratier, M. (2019), Early Interaction and Developmental Psychopathology, Springer.
Guellaï, B., Callin, A., Bevilacqua, F., Schwarz, D., Pitti, A., Boucenna, S. & Gratier, M. (2019), "Sensus communis : Some perspectives on the origins of non-synchronous cross-sensory associations", Frontiers in psychology, 10, 523.
Gratier, M. & Filippa, M. (2018), "Music creative processes in infants and children", in N. Donin (Ed), Oxford Handbook of the creative process in music, Oxford University Press.
Gratier, M. (2017), "Du sentiment d'appartenance à l'apprentissage culturel : intersubjectivité, signatures et styles", in D. Candilis & M. Dugnat (Eds), Bébé Sapiens, Colloque de Cerisy, érès, 199-207.
Trevarthen, C. & Gratier, M. (2005), "Voix et Musicalité : Nature, émotion, relations et culture", in M.-F. Castarède & G. Konopczynski (Eds), Au commencement était la voix, érès.

Bahia GUELLAÏ
Bahia Guellaï est professeur des universités en psychologie du développement à l'université de Toulouse Jean Jaurès, rattachée au laboratoire CLLE, membre du Babylab Toulouse. Elle est membre junior de l'Institut Universitaire de France depuis 2021. Elle est également formatrice en EAJE pour Acadeven. Ses travaux portent principalement sur le développement des habiletés socio-cognitives du jeune enfant, de la naissance à 6 ans. Plus récemment, elle a développé une approche pluridisciplinaire de l'étude du développement des interactions enfants-robots, en collaboration avec des roboticiens, des philosophe, des éthologues, et en partenariat avec des collègues de l'université nationale de Singapour dans le cadre du projet DesCartes.
Publications
Derégnaucourt, S., Araguas, A., & Guellaï, B. (2022), "Technological advances for getting insight into the learning capacities of birds in the vocal domain and in the auditory domain", Interaction Studies, Special Issue "Animal-Computer Interfaces".
Guellai, B., Somogyi, E., Esseily, R., & Chopin, A. (2022), "Effects of screen exposure on young children's cognitive development : A review", Frontiers in Psychology, 4779.
Guellai, B., & Streri, A. (2022), "Mouth Movements as Possible Cues of Social Interest at Birth : New Evidences for Early Communicative Behaviors", Frontiers in Psychology, 2523.
Araguas, A., Guellaï, B., Gauthier, P., Richer, F., Montone, G., Chopin, A., &
Derégnaucourt, S. (2022), "Design of a robotic zebra finch for experimental studies on developmental song learning", Journal of Experimental Biology.
Guellai, B., Esseily, R. (2024), Psychologie du développement, Armand Colin (2e édition).

Valeria LUMBROSO
Valeria Lumbroso est auteur et réalisatrice de films documentaires, directrice de la société de production Créalis Medias, fondatrice de l'Académie du Développement de l'enfant (Acadeven). Elle commence sa carrière par des films sur l'art et la science dont "Le Siècle Stanislavski" (Arte - Prix Léonard de Vinci – 1992), "Samuel Beckett" (France 3 – Prix de la Procirep – 1996), "La Saga des Nobel" (France 5 - Prix du Sénat- 1997), "Un siècle de découvertes" (France 5 - Prix du film scientifique d'Orsay, 2001). Depuis les années 2000, elle réalise pour France 5 et Arte, des films et séries documentaires tournés à hauteur d'enfant, avec un regard éthologique : "L'enfance pas à pas", "Les premiers pas vers l'autre", "Planète Autisme", "Entre toi et moi, l'empathie". Elle a produit et réalisé plusieurs séries de programmes courts pour la Maison des Maternelles dont "Les premiers liens", "Amitiés entre enfants", "1000 jours pour grandir" ainsi que la série "Handicap agir tôt" pour la campagne de prévention éponyme. Depuis 2019, elle poursuit son travail d’exploration des paysages de l'enfance avec les web séries "Tisser des liens", "De retour à la maison", "Allaiter et prendre soin de son bébé", "Eval Mater", "Les cercles d'empathie". Avec son organisme de formation certifié Qualiopi, elle produit des e-learning et organise des classes virtuelles et des formations en présentiel dans plusieurs régions de France et pour le parlement Européen.
Publications
Lumbroso V., Gratier M., Simeoni U., L'odyssée des 1000 premiers jours, Eds Marabout (2022).
Lumbroso V., Contini E., Premières années, premiers liens, Préface de Boris Cyrulnik, Eds Nathan (2007), Eds De Boeck (2010).
Lumbroso V., Contini E., Marcher, parler, jouer, les années clé du développement de l'enfant, Préface de Serge Tisseron, Eds Nathan (2008), Eds De Boeck (2010).


Jennifer ANG : Loin des yeux : à quoi ressemblera notre intelligence morale dans un monde d'IA ?
Les nouvelles technologies, et notamment l'IA, sont développées dans le but principal de transférer le contrôle humain à des systèmes informatiques sophistiqués qui ont la capacité de fonctionner, d'apprendre et de prendre des décisions de manière indépendante sans intervention humaine, contrôles humains et explications humaines. La prise de décision étant laissée aux IA, nous avons déjà constaté une diminution du sens des responsabilités quant à la façon dont les vies humaines sont traitées, que ce soit dans le système de justice pénale, les pratiques d'embauche des RH ou l'utilisation de véhicules autonomes dans les déplacements quotidiens. Qu'est-ce que cet état de fait reflète sur notre raisonnement moral lorsque la technologie de l'IA est impliquée dans notre prise de décision ? Comment l'IA a-t-elle façonné nos expériences, nos pratiques et nos modes de vie, y compris notre intelligence morale ? Cette intervention traitera des changements et des défis possibles pour notre sens moral et notre sensibilité lorsque la prise de décision morale est "hors de vue".

Jennifer Ang est professeure agrégée de philosophie à l'université des sciences sociales de Singapour. Elle est l'auteure de Sartre et les limites morales de la guerre et du terrorisme et d'un livre à paraître, Le manque de pardon envers l'injustice. Elle a publié des articles sur des sujets tels que les interventions humanitaires, les préjudices moraux, le pardon et le pardon de soi, l'existentialisme et le bien-être, et la responsabilité conjointe. Ses recherches actuelles visent à étudier les nouvelles compréhensions de la philosophie de la technologie/IA et de la philosophie de l'espace dans les villes axées sur les données.

Drina CANDILIS-HUISMAN
Drina Candilis-Huisman est psychologue, psychanalyste, maître de conférences, HDR, Université de Paris Diderot. Enseignant-chercheur à l'UFR sciences humaines cliniques, ses travaux portent sur la périnatalité et plus particulièrement des problématiques liées au désir d'enfant et à la mise au monde. Elle est aussi formatrice à l'échelle de Brazelton. Elle a travaillé pendant 10 ans à un accueil spécifique de la parentalité chez les personnes en situation de handicap (sensoriel et moteur) aux côtés d'Edith Thoueille et Martine Vermillard à l'Institut de puériculture de Paris.
Dernières publications
"La main qui voit, observation d'un bébé voyant et de sa mère aveugle", Enfance et psy, Numéro spécial sur le regard, 2008.
"Psychopathologie du travail "utérin" de l'accouchement", in Maternités traumatiques, sous la dir. de Jacques André, Paris, PUF, 2010.
Rencontre avec TB.Brazelton, Ce que nous apprennent les bébés, Toulouse, érès, 2011.

Annamaria LAMMEL : L'éco-anxiété : comment les enfants perçoivent-ils le changement climatique ?
Le monde est confronté à des transformations d'une ampleur, d'une rapidité et d'une étendue sans précédent. Cette conjoncture est marquée par une triple crise environnementale, englobant le changement climatique, la perte de biodiversité, l'épuisement des ressources naturelles et la pollution. Ces phénomènes constituent une menace réelle pour la biosphère, donc pour les êtres humains. En même temps, la domination technologique et le maintien du modèle économique conventionnel, orienté vers la croissance perpétuelle, cherchent à promouvoir des solutions prétendument miraculeuses à ces problèmes. Dans cet environnement ambigu, une nouvelle forme de détresse psychologique émerge : l'éco-anxiété. On peut considérer cela comme un syndrome culturel, qui reflète les tensions et les angoisses provoquées par les défis environnementaux actuels et l'incertitude de trouver des solutions. Les enfants, en raison de leurs limites en termes d'expérience, de compréhension du monde et de possibilités d'action, se révèlent particulièrement vulnérables à cette forme d'anxiété. Dans la présente communication, nous allons présenter les résultats d'une recherche empirique qui a été financée par un projet de l'ANR. Cette étude a été menée auprès d'enfants et d'adolescents résidant en France métropolitaine, dans la région parisienne, dans la région de Chamonix (Alpes), dans des territoires insulaires de la Nouvelle-Calédonie et la Guyane française. Nous allons analyser en particulier leur perception du changement climatique, leurs prévisions concernant les conséquences futures de ce dernier, leurs réactions émotionnelles et leurs stratégies d'adaptation en y intégrant les variables culturelles et environnementales.

Annamaria Lammel est professeure émérite à l'université Paris 8, affiliée au Laboratoire Paragraphe. Elle possède une triple formation en anthropologie, psychologie cognitive et linguistique (Université des Sciences Eötvös Lorand de Budapest, l'EHESS de Paris, l'université de Carleton à Ottawa). Ses recherches portent sur l'influence de la culture et de l'environnement bio-physique sur le développement humain, menées notamment sur le terrain auprès des Amérindiens Totonaques au Mexique, des Inuits au Canada, ainsi que dans les territoires d'outre-mer français et dans la région parisienne. Ces travaux ont permis d'identifier le passage d'une enfance "naturelle" à une enfance "technologique" et l'émergence des "cyborg-enfants". Elle a étudié la perception des changements climatiques chez les enfants, leurs capacités d'adaptation et leurs ressentis face aux menaces environnementales. Elle est auteure principale des deux derniers rapports du GIEC et experte nommée par les Nations Unies sur les perspectives de l'environnement mondial.
Publications
Lammel, A. (2021), L'esprit connecté. Connaissances culturelles et cognition, Paris, Éditions L'Harmattan.
Katz, E. Lammel, A. Hémond, A. & Goloubinoff, M. (2021), "La terre et la pluie. Cosmogonie et savoirs amérindiens sur le climat au Mexique", in Metzger A., Acclimatations. Sur le terrain des cultures climatiques, Paris, Éditions Hermann, pp. 77-97.
Gutiérrez, E. G., Lammel, A., & Meunier, J. M. (2016), "Les enfants face aux menaces environnementales : La représentation de la pollution", Enfance, (3), 299-313.
Lammel, A. (2001), "Les "cyborg-child" : les effets des cyber technologies sur le développement humain", Champ Psychosomatique, 22, pp. 51-71.


BIBLIOGRAPHIE :

Articles

• Ang, J. M. S. (2017), "Moral dilemmas and moral injury", International Journal of Applied Philosophy, 31(2), 189-205.
• Araguas, A., Guellaï, B., Gauthier, P., Richer, F., Montone, G., Chopin, A., & Derégnaucourt, S. (2022), "Design of a robotic zebra finch for experimental studies on developmental song learning", Journal of Experimental Biology, 225(3), jeb242949.
• Gratier, M. & Arikha, N. (2023), "Adrift in a sea of stories and how to come back to our senses", Tangible Territories, Issue 5.
• Derégnaucourt, S., Araguas, A., & Guellaï, B. (2023), "Technological advances for getting insight into the learning capacities of birds in the vocal domain", Interaction Studies, 24(2), 289-310.
• Esseily, R., Guellaï, B., Chopin, A., & Somogyi, E. (2017), "L'écran est-il bon ou mauvais pour le jeune enfant ? Une revue de la littérature sur la prévalence de l'écran et ses effets sur le développement cognitif précoce", Spirale, 83(3), 28-40.
• Garcia‐Pelegrin, E., Clark, F., & Miller, R. (2022), "Increasing animal cognition research in zoos", Zoo Biology, 41(4), 281-291.
• Garcia-Pelegrin, E., Schnell, A. K., Wilkins, C., & Clayton, N. S. (2021), "Exploring the perceptual inabilities of Eurasian jays (Garrulus glandarius) using magic effects", Proceedings of the National Academy of Sciences, 118(24), e2026106118.
• Grandjean, D. (2021), "Brain networks of emotional prosody processing", Emotion Review, 13(1), 34-43.
• Filippa, M., Gratier, M., Devouche, E., & Grandjean, D. (2018), "Changes in infant-directed speech and song are related to preterm infant facial expression in the neonatal intensive care unit", Interaction Studies, 19(3), 427-444.
• Schaerlaeken, S., Glowinski, D., & Grandjean, D. (2022), "Linking musical metaphors and emotions evoked by the sound of classical music", Psychology of Music, 50(1), 245-264.
• Guellaï, B., Somogyi, E., Esseily, R., & Chopin, A. (2022), "Effects of screen exposure on young children's cognitive development : A review", Frontiers in Psychology, 13, 923370.
• Lammel, A. (2001), "Les "cyborg child" : les effets des cyber technologies sur le développement humain", Champ psychosomatique, 2(22), 51-69.
• Malafouris, L., & Koukouti, M. D. (2020), "Thinging beauty. Anthropological reflections on the making of Beauty and the beauty of making", Reti, saperi, linguaggi, 7(2), 211-238.
• Price, S., Bianchi-Berthouze, N., Jewitt, C., Yiannoutsou, N., Fotopoulou, K., Dajic, S., … & Brudy, F. (2022), "The making of meaning through dyadic haptic affective touch", ACM Transactions on Computer-Human Interaction, 29(3), 1-42.
• Ciaunica, A., Constant, A., Preissl, H., & Fotopoulou, K. (2021), "The first prior : from co-embodiment to co-homeostasis in early life", Consciousness and cognition, 91, 103117.
• Zheng, C. Y., Wang, K. J., Wairagkar, M., Von Mohr, M., Lintunen, E., & Fotopoulou, K. (2021, July), "Comparing soft robotic affective touch to human and brush affective touch", in 2021 IEEE World Haptics Conference (WHC), 352-352).
• Reddy, V., & Mireault, G. (2015), "Teasing and clowning in infancy", Current Biology, 25(1), R20-R23.
• Reddy, V. (2019), "Meeting infant affect", Developmental psychology, 55(9), 2020.

Ouvrages

• Arikha, N. (2022), The Ceiling Outside : The Science and Experience of the Disrupted Mind, Hachette UK.
• Candilis-Huisman, D. & Dugnat, M. (2017), Bébé Sapiens. Du développement épigénétique aux mutations dans la fabrique des bébés, Colloque de Cerisy, érès.
• Candilis-Huisman, D. (2011), T. Berry Brazelton, ce que nous apprennent les bébés, érès.
• Dahl, S., Bevilacqua, F., & Bresin, R. (2010), Gestures in performance, In musical Gestures (pp. 48-80), Routledge.
• Gratier, M. (2007), Musicalité, style et appartenance dans l'interaction mère-bébé, Temps, geste et musicalité, L'Harmattan, Paris, 69-99.
• Gratier, M., & Lumbroso, V. (2022). L'odyssée des mille premiers jours, Éditions Hachette.
• Koukouti, M. D., & Malafouris, L. (2020), "Material imagination : An anthropological perspective", The Cambridge handbook of the imagination, 30-46.
• Lammel, A. (2021), L'esprit connecté, connaissances culturelles et cognition, L'Hharmattan.
• Malafouris, L. (2013), How things shape the mind, MIT press.
• Malafouris, L. (2004), "The cognitive basis of material engagement : where brain, body and culture conflate", Rethinking materiality : The engagement of mind with the material world (pp. 53-61), Cambridge, McDonald Institute Monographs.
• Pfeifer, R., & Pitti, A. (2012), La révolution de l'intelligence du corps, Manuella éd.
• Pitti, A. (2019), "Robotique développementale et intelligence artificielle "incorporée" : questions éthiques du point de vue du robot", La société robotisée. Enjeux éthiques et politiques, 135.
• Reddy, V. (2008), How infants know minds, Harvard University Press.
• Stehlíková, T. (2012), Tangible Territory : Inviting the Body into the Experience of Moving Image, Royal College of Art (United Kingdom).
• Tisseron S. (2022), Vivre dans les nouveaux mondes virtuels. Concilier empathie et numérique, Paris, Dunod.
• Tisseron, S., Missonnier, S., & Stora, M. (2012), L'enfant au risque du virtuel, Dunod.
• Tisseron, S. (2015), Le jour où mon robot m'aimera, vers l'empathie artificielle, Albin Michel.
• Vergone, V. (2018), Libre jardin d'enfants : vivre et pensée une culture naturelle, Ressouvenances.


SOUTIENS :

Université Paris Nanterre
Université Paris 8 | Vincennes - Saint-Denis
• Université Toulouse - Jean Jaurès (UT2J)


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


Avant de remplir ce bulletin, consulter la page Inscription de notre site.

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Présentation personnelle


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Vous pouvez ajouter ici, si besoin, les documents nécessaires pour compléter votre inscription : copie de carte d'étudiant(e), justificatifs de revenus, ...


Précisions à nous communiquer pour l'agrément de votre séjour :
[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.

Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


VULNÉRABILITÉ DU TRAVAIL DANS UN MONDE EN QUÊTE D'AVENIR


DU MARDI 11 JUIN (19 H) AU LUNDI 17 JUIN (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



ARGUMENT :

Depuis le dernier colloque de Cerisy sur le travail en 2018, les questions de numérisation, d'autonomisation croissante et du brouillage travail/hors travail ont été les principaux points de discussion. Cependant un enchaînement d'événements a posé au travail de nouvelles questions : les gilets jaunes, avec l'éclatement au grand jour des fracturations du monde du travail, la crise de l'ascenseur social, les débats sur "fin du monde vs fin du mois" ; la Covid (et l'opposition entre métiers "essentiels" et métiers "inutiles" ou, a minima, ceux dont on pourrait se passer quelque temps), puis l'expérimentation à grande échelle du télétravail ; l'accélération brutale de la prise de conscience écologique, et de notre fragilité énergétique, avec ses conséquences en termes d'éco-anxiété ; le "big quit", dans de nombreux domaines, qui repose la question du partage de la richesse et renouvelle les interrogations sur la "crise de sens", en particulier pour des jeunes générations considérées comme en rupture ; la guerre enfin, et sa perspective nucléaire, venue accentuer l'angoisse de la "fin du monde" déjà nourrie par la question écologique et le thème de l'"effondrement".

Tous ces événements font que nos certitudes et nos conceptions de l'avenir ont été sérieusement ébranlées. L'utopie d’un monde du travail qui glisserait doucement vers un labeur de plus en plus numérisé, autonome, réalisé dans des organisations de plus en plus flexibles et engagées vers le bien-être individuel (utopie en grande partie importée de la Silicon Valley), sans avoir disparu, paraît aujourd'hui presque irénique compte tenu des fragilités de nos sociétés révélées par l'enchaînement des crises. La vulnérabilité et l'avenir du travail sont les thèmes que nous mettons au cœur du troisième colloque de Cerisy sur cette thématique. Il réunira chercheurs et praticiens, avec des auditeurs intéressés par les sujets traités afin d'imaginer ensemble les transformations nécessaires et désirables du travail. L'avenir du travail à l'échelle nationale et internationale sera abordé sous trois angles complémentaires : d'une part les nouvelles attentes adressées au travail, d'autre part les critiques que font peser ces attentes sur les cadres institutionnels du travail d'aujourd'hui, enfin les nouvelles responsabilités qui pèsent sur les organisateurs du travail de demain.


MOTS-CLÉS :

Développement des sujets, Digitalisation, Enjeux écologiques, Histoire du travail, Numérisation, Organisation alternative, Quête d'avenir, Santé mentale, Solidarité, Transformation digitale, Travail, Vulnérabilité


CALENDRIER PROVISOIRE (03/04/2024) :

Mardi 11 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Mercredi 12 juin
HISTOIRE DE L'AVENIR DU TRAVAIL | Présentation
Matin
Patrick FRIDENSON : Le "moment années 1970" : une crise du travail ?
Christel FREU : Un Empire au travail : la variété des statuts de travail des populations sous la Rome ancienne

Après-midi
François VATIN : Dans quel sens travaille-t-on ?
Cyril COSME : OIT. Une perspective historique du travail
Frantz ROWE : L'intelligence artificielle au travail, en perspective et en question

Soirée
Sonia ADAM-LEDUNOIS & Sébastien DAMART : De Blade Runner à The expanse ou les figures du travail revisitées ?


Jeudi 13 juin
LES SOLIDARITÉS DU TRAVAIL | Présentation
Matin
David SANSON : Expertise, vulnérabilité et (dé-)politisation dans l'action syndicale
Henri BERGERON & Patrick CASTEL : Sociabilité, coopération et satisfaction au travail. Une hypothèse de sociologie des organisations

Après-midi
Cécile BRIEC : Travailler au sein d'une SCOP, une organisation favorable à l'émancipation ?

Syndicats / RH, table ronde avec Anne-Florence QUINTIN et Stéphane VEYER (Passé et devenir du mouvement coopératif)


Vendredi 14 juin
LE TRAVAIL FACE AU DÉFI ÉCOLOGIQUE | Présentation
Matin
Alexis CUKIER : Travail vivant et écologie politique
Haud GUÉGUEN : Travail, plaisir et nature. Retour sur l'utopie socialiste de Herbert Marcuse

Après-midi
VISITES "HORS LES MURS"

Soirée
Film sur le travail et l'écologie


Samedi 15 juin
Matin
LE TRAVAIL FACE AU DÉFI ÉCOLOGIQUE | Présentation
Stéphane LE LAY : Pourquoi est-il impossible de comprendre les transformations écologiques sans prise en compte de la centralité du travail ?
Philippe ASKENAZY : Défi climatique et démocratie au travail

Après-midi
ACCROISSEMENT SUBJECTIF ET SANTÉ AU TRAVAIL | Présentation
Frédérique DEBOUT COSME : Construction de l'avenir et engagement dans le travail au présent
Cédric DALMASSO
Frédéric GARCIAS

Invisibilité du travail, invisibilité au travail, tyrannie de la transparence, table ronde avec Dominique MASSONI et Elisabeth PÉLEGRIN-GENEL


Dimanche 16 juin
L'AVENIR DU TRAVAIL : NUMÉRISATION, DIGITALISATION ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE | Présentation
Matin
Anca BOBOC : La vulnérabilité du travail face au numérique : la capacité d'agir des acteurs
Marc-Eric BOBILLIER CHAUMON : La travail a-t-il encore un avenir avec les technologies émergentes ?
Pierre QUESSON : Travail, transformation digitale et monde industriel

Après-midi
Sophie HOOGE : Comment penser collectivement un travail productif désirable hors du cadre de performance de l'industrie X.0
Justine RAYSSAC : Transformation industrielle 4.0 : la figure de l'opérateur 4.0 face à la figure de l'artisan horloger
Marine BACONNET : Convertir des exigences RSE en pratiques industrielles (À l'origine d'un découplage entre une stratégie de réindustrialisation et son déploiement)

Soirée
Démonstration de réalité immersive


Lundi 17 juin
Matin
Synthèse et conclusions

Après-midi
DÉPARTS


PRÉSENTATIONS DES THÉMATIQUES :

HISTOIRE DE L'AVENIR DU TRAVAIL
Si l'entreprise repose sur la vision d'un avenir à construire, qu'il s'appelle "projet", "mission", ou plus classiquement "stratégie", l'engagement dans le travail ne peut exister sans une promesse d'avenir. Participer à une œuvre commune, croire en un salut (théologique chez Weber, ou révolutionnaire chez Marx), espérer une ascension sociale (dans une vision plus libérale) ont été les véhicules de cette promesse. Les tendances de ces dernières décennies avaient déjà posé la question du rapport à l'avenir dans un capitalisme de plus en plus court-termiste et financiarisé qui érodait sérieusement la notion même de projet collectif. Tout désigne une "crise de l'avenir" qui se manifeste de multiples manières : grande démission et fuite du salariat, débat fin du monde/fin du mois, éco-anxiété, incapacité des démocraties occidentales à proposer un projet mobilisateur et crédible. Le populisme et les tentations nostalgiques d'un retour en arrière s'en nourrissent. La multiplication de l'appel à des "transitions" incertaines renforce l'impression d'un enfermement collectif dans un système économique dans l'impasse. Mais quelles ont été, à différentes époques, les visions de l'avenir du travail et comment celles-ci peuvent-elles nous permettre d'envisager des imaginaires mobilisateurs ?

LES SOLIDARITÉS DU TRAVAIL
Au début des années 1980, les philosophes post-modernes parlaient de la "crise des grands récits". Ces récits semblent aujourd'hui s'être définitivement effondrés. La mobilisation autour d'une vision libérale et déverrouillée de la société (startup nation, retour de l'ascension sociale par l'entrepreneuriat, valorisation de la mobilité, etc.) se heurte au mur de la réalité. Réfléchir à l'avenir du travail, c'est questionner ce qui fonde et solidarise les communautés d'action et l'engagement des citoyens. La nature du travail, sa place dans la vie, ses modes d'organisation et de management, les principes de solidarité associés à ceux-ci renvoient à ses dimensions sociale, technique et politique du travail. Comment ont évolué les différents temps "du travail, de l'œuvre et de l'action" ? Quelles sont les nouvelles sociabilités en gestation, notamment entre générations ? Quelles réinventions des dispositifs de solidarités seraient en mesure de pérenniser ses sociabilités et d'éviter la fragmentation des collectifs de travail ?

LE TRAVAIL FACE AU DÉFI ÉCOLOGIQUE
Le récit écologique semble aujourd'hui le candidat le plus sérieux à la constitution d'un grand récit alternatif et mobilisateur, bien que potentiellement très déstabilisant. La "transition écologique" (si elle existe) conduira-t-elle à remettre du monde dans les champs pour un travail plus manuel (faute d'énergie), des secteurs entiers sont-ils appelés à s'effondrer avec la suppression de millions d'emplois (l'automobile, l'aérien…), les caisses de solidarité fondées sur le principe d'une croissance matérielle sont-elles inexorablement amenées à s'épuiser ? La "transition" pourrait tout autant mobiliser que décourager. Ce questionnement général, précipité par la confluence de plusieurs chocs brutaux, participe à la transformation du monde des affaires. Par exemple, la prise de conscience du changement climatique et la pandémie de la Covid-19 ont initié un processus de reconfiguration des chaînes de valeur à l'échelle mondiale. En parallèle, dans un contexte anxiogène, des appels répétés à l'instauration de fonctionnements plus démocratiques signalent une remise en cause de la légitimité des pouvoirs établis. Les débordements du travail contemporain, mus par la progression des sciences, des techniques et des technologies, mais aussi par le changement des mentalités, questionnent la pertinence des nomenclatures qui permettent de décrire les activités humaines et bousculent les pratiques de régulation qui les font exister.

ACCROISSEMENT SUBJECTIF ET SANTÉ AU TRAVAIL
Le monde du travail et les enjeux qui lui sont associés évoluent. L'histoire récente de la santé au travail nous offre, par exemple, l'occasion d'observer deux ruptures importantes. D'une part, nous voyons la place grandissante prise en Occident par les enjeux de santé mentale dans le déroulement de l'activité laborieuse ; d'autre part, les réflexions sur le travail, traditionnellement orientées sur le salariat de production de biens et de services, s'étendent à des activités moins étudiées comme les activités de conception, les activités libérales ou indépendantes ou encore le cumul d'activités. L'articulation entre le travail et l'activité hors emploi comme les occupations domestiques ou ludiques deviennent également une préoccupation majeure. Quelle est l'étendue de la souffrance et des problèmes de santé mentale dans le monde du travail ? Quelles sont les répercussions économiques et organisationnelles de ces situations délétères ? Comment permettre à l'entreprise et aux salariés de s'en prémunir ? Comment lutter contre la stigmatisation associée aux problèmes de santé mentale au travail ? Comment sensibiliser les employés, les employeurs et la société en général à l'importance de la santé mentale au travail ? Comment les technologies numériques et l'automatisation affectent-elles la santé mentale ? Comment peut-on s'assurer que l'utilisation de la technologie ne contribue pas à des problèmes de santé mentale, mais plutôt à des environnements de travail plus sains ?

L'AVENIR DU TRAVAIL : NUMÉRISATION, DIGITALISATION ET INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
L'évolution du travail vers un monde numérisé et digitalisé où se diffuse l'intelligence artificielle suscite des interrogations majeures. Les avancées technologiques redéfiniront-elles le travail ? Les opportunités innovantes compenseront-elles les préoccupations liées à l'automatisation du travail intellectuel et à la perte des emplois traditionnels ? La numérisation permet-elle de concilier travail et vie personnelle ? Comment les nouvelles technologies, comme la réalité immersive et l'intelligence artificielle générative, modifieront-elles le travail créatif ? Ces changements seront-ils compatibles avec un fonctionnement démocratique et inclusif dans l'entreprise ? Repenser les questions éthiques, la protection des données, la confidentialité et la responsabilité, apparaît comme crucial en vue d'assurer le respect des droits individuels. En somme, penser l'avenir du travail requiert de poser de nouveau les fondements de ce qui permet de faire société.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Cédric DALMASSO
Cédric Dalmasso est Directeur du Centre de gestion scientifique, Mines Paris - PSL. Il est président du Conseil scientifique de l'Agence national d'Amélioration des Conditions de Travail et membre élu du Conseil d'administration de l'université PSL, Président du Conseil d'orientation de l'Institut du Travail et du Développement Durable et membre du cercle de l'innovation au sein de la Fondation Paris Dauphine. Chercheur intervenant, il a mené plus d'une vingtaine de recherches collaboratives et est l'auteur de nombreux articles sur le lien entre stratégie, organisation et santé au travail.

Frédérique DEBOUT COSME : Construction de l'avenir et engagement dans le travail au présent
S'interroger de l'avenir du monde nous invite à d'une part, revenir sur ce qui constitue le monde et d'autre part, sur ce qui définit l'histoire. Parler de l'avenir inscrit nos réflexions sur le futur et le temps du côté de l'histoire, et non du côté de l'hérédité. Tout comme parler de monde inscrit le périmètre de nos réflexions du côté du côté de l'expérience du sens plutôt que du côté de l'objectivité d'un environnement physique et matériel. Inscrire nos réflexions du côté de l'avenir du monde nous contraint ainsi à penser le rapport au temps et à l'environnement naturel dans une perspective humaniste et donc fondamentalement critiquer la notion d'adaptation. Ce sera finalement l'objectif de notre propos : alimenter une critique de la notion d'adaptation pour penser le rapport de l'individu humain à la société comme à la nature. Ce point de vue se fondera sur les apports de la psychopathologie et de la psychodynamique du travail car selon nous, il n'y a pas d'avenir du monde envisageable si nos organisations du travail portent atteinte, voir déconstruisent la santé mentale.

Frédérique Debout Cosme est maîtresse de conférences en psychopathologie et psychodynamique du travail au Conservatoire National des Arts et Métiers de Paris (Centre de recherche sur le travail et le développement). Elle est membre de la chaire de psychologie du travail mais aussi de l'Institut de Psychodynamique du Travail à Paris. Après une maîtrise de philosophie et de phénoménologie à la Sorbonne sous la direction de Jean-Luc Marion, elle a entamé un cursus de psychologie clinique. Ses premiers travaux portaient sur le corps, la technique et la psychose. Elle a travaillé quatre ans en ESAT puis douze ans en psychiatrie adulte, dans une unité d'accueil familial thérapeutique pour patients adultes de psychiatrie ; clinique sur laquelle a porté sa thèse de doctorat, sous la direction de Christophe Dejours. Elle mène des interventions collectives en psychopathologie et psychodynamique du travail et elle a également une activité de psychologue, psychothérapeute. Ses domaines de recherche et ses publications concernent la psychopathologie, le corps, le travail, le genre, le soin et l'écologie. Elle est membre de diverses sociétés savantes dont les société française et internationale de psychopathologie et psychodynamique du travail.

Frédéric GARCIAS
Frédéric Garcias est maître de conférences en sciences de gestion à l'IAE Lille (Université de Lille) et chercheur au LUMEN. Ses travaux portent sur les mécanismes de constitution et de perte des capacités organisationnelles, envisagées en particulier sous l'angle cognitif. Initialement, il a étudié le phénomène de "perte de compétences" à l'œuvre au sein des organisation de la filière nucléaire, et leur impact sur le travail des ingénieurs notamment. Plus récemment, il s'est intéressé à des formes émergentes d'organisation (plateformes de travail indépendant, sociétés à mission…) en cherchant à mieux comprendre les liens entre organisation du travail et dynamiques d'apprentissage ou de désapprentissage. Il est co-rédacteur en chef de la revue Entreprises et Histoire.

Christian GUIBERT
Christian Guibert est titulaire d'un DEA de didactique des disciplines et d'un DEA de sociologie du travail à l'université Paris 7. Il a occupé le poste de développement socio-organisationnel à la Direction des Ressources Humaines de la RATP, pris la responsabilité de l'observatoire social décentralisé de France Télécom, de la Direction du management du groupe France Télécom-Orange et enfin la direction de l'Institut des métiers, instance partenariale direction-syndicats, du Groupe Orange. Aujourd'hui retraité, il est membre du CA de L'Institut du Travail et du Management Durable, du conseil scientifique de l'Observatoire des cadres de la CFDT et du Cercle des partenaires de Cerisy.


Sonia ADAM-LEDUNOIS & Sébastien DAMART : De Blade Runner à The expanse ou les figures du travail revisitées ?
La science-fiction est un genre très hétérogène. Son histoire a montré les nombreuses voies empruntées depuis la fascination pour les sciences et la technologie jusqu'aux dystopies révélant les travers de nos sociétés contemporaines. Le travail est représenté dans les œuvres de science-fiction. Essentiellement, deux grandes catégories d’objectifs pointent. D'abord, la science-fiction révèle le design dominant des formes contemporaines du travail. Ce faisant, elle met au jour des invariants et les dimensions fondamentales de la relation de travail, ce qui, au passage, a pour effet d'affaiblir le potentiel de dépaysement de l'œuvre. Ensuite, elle met en scène une éthique du travail, pensée comme alternative et visant une critique et une dénonciation.

Titulaire d'un doctorat en sciences de gestion et management, Sonia Adam-Ledunois est maîtresse de conférences habilitée à diriger des recherches et directrice de la House of entrepreneurship à l'université Paris Dauphine-PSL. Ses travaux de recherche portent sur les coopérations en contexte de diversité, les problématiques d'intégration et d'inclusion sociale. Elle a plus particulièrement développé une expertise sur le dialogue entre science-fiction, management et prospective. Elle est investie dans des projets de recherche à visée d'impact sur la société et s'appuie centralement sur des démarches de recherche intervention ou recherche collaborative, en lien étroit avec des acteurs publics ou socio-économiques.

Sébastien Damart est Professeur à l'université Paris Dauphine-PSL. Ses travaux portent sur les formes innovantes de management. Dans cette perspective, il est conduit à mener ou co-animer différentes recherches sur l'histoire des pratiques et des idées en management. Il travaille également la thématique du management innovant sous d'autres angles. Récemment, il participe à différents projets de recherche sur le lien entre management et science-fiction.

Marine BACONNET : Convertir des exigences RSE en pratiques industrielles (À l'origine d'un découplage entre une stratégie de réindustrialisation et son déploiement)
Transformer la filière textile mondiale en réindustrialisant et en invitant ses acteurs à penser des programmes de formation innovants et de haut niveau éducationnel, telle est l'ambition socio-environnementale du groupe étudié dans cet article. Cette stratégie de recomposition de la filière passe par une étape transitoire de réapprentissage des métiers de la confection. Traversé par des exigences contradictoires de nature économique, sociale et technique, le déploiement de cette stratégie industrielle est incontournable bien que difficile. Cette communication explore les origines de ces tensions, à la frontière entre le management stratégique et le management opérationnel, afin de mieux comprendre les découplages possibles entre les intentions déclarées et les réalisations effectives. Ces décalages proviendraient de la complexité à appréhender la pluralité des cibles d’apprentissage et des formes d’apprentissage. Notre recherche-intervention renseigne sur les chemins d’une réindustrialisation textile favorable au développement humain.

Marine Baconnet est doctorante en Sciences Humaines, humanités nouvelles (CNAM) et en Management (Mines Paris-PSL). Ses recherches supervisées par les Pr. Cynthia Fleury et Cédric Dalmasso, portent sur les tensions industrielles autour des métiers traditionnels et le bien être professionnel du point de vue opérationnel. Son objectif est d'accompagner la mise en place d'un nouveau dispositif de management avec toutes les parties prenantes d'un projet de réorganisation industrielle. Sa démarche, sachant que les transformations stratégiques (en l'occurrence une réindustrialisation textile) peuvent être déstabilisantes pour le bien être des personnes et la préservation du savoir-faire, est celle de ne pas déstabiliser les individus tout en développant une logique de professionnalité accrue.

Henri BERGERON & Patrick CASTEL : Sociabilité, coopération et satisfaction au travail. Une hypothèse de sociologie des organisations
Ce que certains nomment la crise du travail n'a jamais été autant médiatisée depuis la survenue de l'épidémie de Covid : problèmes d'attractivité, quête/perte de sens au travail, turn-over, absentéisme, quiet quitting, etc. Les réponses promues de manière privilégiée par les employeurs ou les pouvoirs publics sont connues et de différentes natures : symbolique (par exemple, la marque employeur) ; matérielle (augmentation des salaires, mesures liées à la QVT ou qualité de vie au travail, etc.) ; fonctionnelle (l'enrichissement des tâches, l'élargissement des responsabilités, etc.), ou encore managériale (nouveaux styles de management et de leadership). Il se peut toutefois que ces mesures ne répondent pas à une dimension essentielle, plus sociologique, du travail : le besoin de coopération. Dans cette intervention, nous défendrons l'idée que la coopération au travail est fragilisée par trois grands mouvements.

Henri Bergeron est sociologue, directeur de recherche au CNRS au Centre de sociologie des organisations et titulaire de la chaire Transformation des organisations et du travail de Sciences Po. Il codirige le domaine Travail aux Presses de Sciences Po. Il est notamment l'auteur, avec Olivier Borraz, Patrick Castel et François Dedieu, de Covid-19 : une crise organisationnelle (Presses de Sciences Po, 2020) et avec Constance Nathanson de The social production of crisis : blood politics in France and in the US (Oxford University Press, 2023).

Patrick Castel est sociologue, directeur de recherche FNSP au Centre de sociologie des organisations et coordinateur scientifique de la chaire Transformation des organisations et du travail de Sciences Po. Il codirige le domaine Travail aux Presses de Sciences Po. Il a notamment coécrit Covid-19 : une crise organisationnelle (Presses de Sciences Po, 2020) et coordonné, avec Marie-Emmanuelle Chessel, À la recherche de la décision : études cas en sciences sociales (Presses Universités du Septentrion, 2024).

Marc-Eric BOBILLIER CHAUMON : La travail a-t-il encore un avenir avec les technologies émergentes ?
Les nouvelles formes de travail (travail hybride et distanciel, algorithmisation de l'activité, flex-office…) et l'arrivée de technologies émergentes (IA, robot, technologies immersives et ubiquitaires…) bousculent profondément notre rapport au travail, à nous-mêmes ainsi qu'aux autres. Ce n'est pas seulement le contenu et la nature du travail à faire qui se reconfigurent, c'est également la manière de le faire qui se trouve remaniée. Les professionnels sont encore trop peu associés à ces projets de changements qui les touchent pourtant au premier chef. Ils sont vus, au mieux, comme une simple variable d'ajustement ; au pis, comme les exécutants dociles d'une technologie qui devient le maître de ceux qu'elle était censée servir. Ce qui est alors souvent présenté comme un vecteur de progrès et d'efficacité, impose en fait des renoncements à ce que le sujet s'efforce de construire à l'échelle de son métier : en matière de compétences et de gestes professionnels, de règles de travail et de critères de qualité, d'initiatives individuelles et collectives. Ces empêchements dégradent alors les conditions d'exercice de son activité, fragilisent son engagement subjectif et compromettent sa santé au travail. Cette intervention abordera la question des transformations digitales et des mutations du travail qui en découlent, en portant une réflexion critique sur les évolutions sociotechniques qui touchent le monde professionnel contemporain et qui le rendent plus vulnérable. Elle tâchera d'exposer aussi un cadre d'analyse et d'intervention — la clinique des usages — qui vise à accompagner la conception d'un futur du travail qui soit socialement acceptable, professionnellement responsable et humainement soutenable.

Marc-Eric Bobillier Chaumon est professeur du Conservatoire National des Arts et Métiers (Cnam) à Paris, titulaire de la Chaire de Psychologie du Travail. Il est responsable national du diplôme de psychologue du travail et préside l'Association Internationale de Psychologie du Travail de Langue Française (AIPTLF). Ses travaux portent sur les conditions d'usage des technologies et les incidences des transformations digitales sur l'activité et la santé au travail. Il s'intéresse notamment aux nouvelles modalités de travail (travail hybride, nomade, flex-office…) qui accompagnent ces mutations technologiques ainsi qu'aux conditions d'acceptation des dispositifs émergents. Il est l'auteur de 15 ouvrages et de plus de 300 publications scientifiques sur ces questions.
Publications
Bobillier Chaumon M.E. (2023), Psychologie du travail Digitalisé - Nouvelles formes du travail et Clinique des usages, Dunod.
Bobillier Chaumon M.E. (2021), Les transformations digitales à l'épreuve de l'activité et du travail : comprendre et accompagner les mutations technologiques émergentes, ISTE Éditions.
Bobillier Chaumon, M.E. & Sarnin P. (2021, seconde édition), Manuel de Psychologie du travail et des organisations : Les enjeux Psychologiques du travail, Bruxelles, DeBoeck.
Bobillier Chaumon M.E., Gangloff, B., Gilbert, P. & Vonthron A.M. (2021), Les incidences psycho-sociales et socio-organisationnelles de la crise sanitaire Covid sur le travail et la santé des salariés, Paris, L'Harmattan.
Valléry, G., Bobillier Chaumon, M.E., Brangier, E. & Dubois, M. (2019, seconde édition), Psychologie du Travail et des Organisations : 110 notions clefs, Paris, Dunod.
Bobillier Chaumon, M.E., Dubois, M., & Retour, D. (2010), Relations de service : nouveaux usages, nouveaux usagers, Bruxelles, De Boeck.

Anca BOBOC : La vulnérabilité du travail face au numérique : la capacité d'agir des acteurs
Loin des discours prophétiques et normatifs concernant les "effets du numérique" sur le travail, cette présentation insistera sur la capacité d'agir des acteurs, aussi bien dans la reconfiguration des activités et des liens sociaux autour de ces outils numériques, que dans le paramétrage de ces outils en fonction de leur activité. Elle soulignera l'importance des facteurs collectifs et organisationnels dans le développement des usages et, par conséquent, l'importance d'un accompagnement permettant un ajustement fin entre numérique et activité. En ce sens, elle pointera la nécessité des constructions sociotechniques, de plus en plus collectives et locales et de plus en plus complexes face à l'hétérogénéité des IA.

Anca Boboc est chercheure en sociologie du travail et des organisations au département de sciences sociales d'Orange Innovation (SENSE). Ses recherches portent notamment sur les transformations du travail avec les usages du numérique (télétravail, déconnexion, environnement de travail, formation professionnelle, appropriation des outils collaboratifs et de l'IA…) et leur accompagnement, notamment au niveau managérial.
Publications
Benedetto-Meyer M., Boboc A., Sociologue du numérique au travail, Éd. Armand Colin, 2021.
Boboc A., Metzger J.-L., "La formation professionnelle entre injonction à la numérisation et impératif de sobriété", Distances et Médiations des Savoirs, 2023.

Alexis CUKIER : Travail vivant et écologie politique
Cette intervention présentera un livre en cours d'écriture, Écologie politique du travail vivant, qui défend qu'il n'y aura de bifurcation écologique sans écologisation et démocratisation du travail à partir de la logique du travail vivant — redéfinie à partir de Marx et de Dejours comme l'implication corporelle et affective des travailleurs dans leur activité. Je montrerai, à partir d'une critique de l'oubli du travail dans les projets de planification écologique, que la nécessaire redirection écologique de l'économie nécessite la conquête par les travailleurs de nouveaux pouvoirs de décision, droits et outils économiques et institutionnels. J'examinerai ensuite des alliances entre travailleurs, syndicalistes, habitants et militants écologistes (Appel pour des forêts vivantes et lutte de la raffinerie Total de Grandpuits en France, reconversion écologique autogestionnaire de Vio.Me à Thessalonique et GKN à Florence) en analysant les façons dont le travail vivant permet de rediriger l'activité en la subordonnant aux besoins.

Alexis Cukier est maître de conférences en philosophie, membre du laboratoire MAPP, à l'université de Poitiers. Il est l'auteur, notamment, de Qu'est-ce que le travail ? (Vrin, 2018) et Le travail démocratique (Puf, 2018), ainsi qu'en co-direction Le sujet du travail. Théorie critique, psychanalyse et politique (avec Katia Genel et Duarte Rolo, PUR, 2022) et Travail et écologie (avec David Gaborieau et Vincent Gay, Les Mondes du travail, n°29, 2023).

Christel FREU : Un Empire au travail : la variété des statuts de travail des populations sous la Rome ancienne
À la fin de la République, "le plus savant des Romains", Varron, notait que si l'esclavage (ou le travail contraint) pour dettes avait été aboli de son temps en Italie romaine, il subsistait dans d'autres parties de l'Empire. Les Romains, en conquérant l'Orient où le contrat de travail pour dettes était courant, ont aussi développé dans leurs provinces le contrat de louage pour les embauches de court terme. L'objet de la communication est donc de présenter la variété des conditions de travail et des types de contrats d'engagement du travail et de travail forcé que les employeurs — Romains, élites indigènes ou autres — avaient à disposition sous l'Empire.

Christel Freu, professeure d'histoire romaine à l'université d'Évry-Paris Saclay, est spécialiste de l'histoire sociale et économique de l'Empire romain et s'intéresse particulièrement à l'histoire du travail et des métiers. Croisant le droit, les papyrus et la littérature d'époque impériale, elle a publié plusieurs articles sur l'apprentissage, les contrats de travail et les rapports de travail sous l'Empire, notamment en Égypte romaine. Son dernier livre, Les salariés de l'Égypte romano-byzantine. Essai d'histoire économique, Paris 2022 (StudPap 3), a reçu la médaille Diehl de l'Académie des Inscriptions et Belles lettres.

Patrick FRIDENSON : Le "moment années 1970" : une crise du travail ?
Le début des années 1970 aux États-Unis signale au monde la vulnérabilité du travail dans un univers social en quête de robots. Quel a été l'impact du blues des cols bleus en 1972 à l'usine automatisée de Lordstown (General Motors) ? Comment expliquer le succès mondial du livre de Harry Braverman, Travail et capitalisme monopoliste (1974, traduction française 1976) qui promeut l'idée de dégradation du travail ? Y a-t-il des rapports avec les compromis sur l'emploi annoncés pour la première usine automatisée de moteurs de Ford à Cleveland à la fin des années 1950 ? C'est une critique de ces critiques que l'on tentera.

Patrick Fridenson est ancien élève de l'École Normale Supérieure, historien des entreprises et du travail, directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales.
Publications
"Un tournant taylorien de la société française (1904-1918)", Annales ESC, septembre-octobre 1987, p. 1031-1060.
"Taylorism", in Guillaume Carnino, Liliane Hilaire-Pérez and Jérôme Lamy (eds.), Global History of Techniques (Nineteenth to Twenty-First Centuries), Turnhout, Brepols, 2024, p. 613-626.
"Les transformations des pratiques de subordination dans les entreprises et l'évolution du tissu productif en France", in Héloïse Petit et Nadine Thévenot (dir.), Les nouvelles frontières du travail subordonné. Approche pluridisciplinaire, Paris, La Découverte, 2006, p. 21-46.
Patrick Fridenson, François Monnier, Albert Rigaudière (dir.), Concurrence et marchés. Droit et institutions du Moyen Âge à nos jours, Paris, Comité pour l'histoire économique et financière de la France, 2023.

Haud GUÉGUEN : Travail, plaisir et nature. Retour sur l'utopie socialiste de Herbert Marcuse
Dans son ouvrage de 1955 Eros et civilisation, Marcuse se propose d'envisager l'accès à une société "non-répressive" sous l'angle d'une transformation du travail en jeu et en plaisir, dont il souligne qu'elle exige une transformation radicale du rapport à la nature où cette dernière ne soit plus perçue comme un "objet" mais comme un partenaire et une part centrale des êtres humains eux-mêmes. Procédant d'une filiation trouvant sa source chez des auteurs comme Fourier, Marx ou encore Schiller, c'est cette idée que ne cessa ensuite de développer Marcuse à travers ses réflexions sur la contre-culture et sa teneur révolutionnaire, et qui le conduisit à partir de Vers la révolution (1969) à poser la nécessité d'une "reconnaissance de la nature" entendue comme sujet/objet, allant, dans Contre-révolution et révolte (1972), jusqu'à affirmer que "La nature, elle aussi, attend la révolution !". À travers ces différents textes, se dégage ainsi une sorte d'utopie du travail, dont Marcuse perçoit très clairement que sa réalisation exige une transformation qualitative des institutions et de la technique ne passant pas seulement par un dépassement du capitalisme, mais par la création de "nouvelles valeurs" et de nouvelles "formes de vie" qu'il voyait à l'œuvre au sein des mouvements écologistes et féministes des années 1960. C'est sur cette réflexion marcusienne concernant le rapport entre travail, plaisir et nature que je me propose de revenir ici, en vue de montrer qu'elle se révèle aujourd'hui porteuse d'un très haut coefficient d'actualité à l'heure du capitalisme néolibéral et de la catastrophe écologique en cours. Ce faisant, il s'agira donc aussi de montrer l'intérêt majeur de la philosophie d'Herbert Marcuse pour la thèse de la "centralité du travail".

Haud Guéguen est maîtresse de conférences en philosophie au Conservatoire National des Arts et Métiers, membre du laboratoire CRTD et membre associée du laboratoire Sophiapol. Elle est en particulier l'autrice, avec Laurent Jeanpierre, de La perspective du possible. Comment penser ce qui peut nous arriver et ce que nous pouvons faire ? (Paris, La Découverte, 2022), et travaille sur les philosophies et sciences sociales du possible et de l'utopie, avec une attention toute particulière à la manière dont la conjoncture "capitalocénique" invite à en relire l'histoire à nouveaux frais.

Stéphane LE LAY : Pourquoi est-il impossible de comprendre les transformations écologiques sans prise en compte de la centralité du travail ?
Si, d'un point de vue social et politique, la mainmise des propriétaires des moyens de production capitalistes sur le travail et son organisation se sont révélées globalement délétères pour les travailleurs et leur santé, les conséquences en matière écologique apparaissent de plus en plus clairement comme catastrophiques. Pour bien comprendre les dynamiques entre ces différents phénomènes, la prise en compte de la "centralité du travail", c'est-à-dire la place incontournable du travail dans le déploiement de la subjectivité humaine et dans la transformation matérielle et symbolique du monde, est incontournable. Pour analyser cette question avec précision, il convient donc de spécifier les différences entre le "travail mort", le "travailler" et le "travail vivant" dans leurs impacts en matière écologique et non seulement subjectif, comme s'y est initialement attelée la clinique du travail. Ces distinctions, étayées sur plusieurs enquêtes récentes, permettent de comprendre par quoi passent concrètement les destructions écologiques et les obstacles subjectifs et sociaux qui se dressent sur le chemin d'un desserrement de l'emprise capitaliste sur la planète : renoncer à la centralité du travail revient à accepter que les actionnaires des entreprises et les membres du management supérieur qui les dirigent au quotidien continuent d'utiliser leurs moyens financiers, matériels et humains dans une optique extractiviste destructrice.

Stéphane Le Lay est sociologue du travail, spécialisé sur les questions de santé au travail, en particulier dans les activités professionnelles des membres des classes populaires. Depuis plusieurs années, il prête une attention précise aux dimensions écologiques du travail, à partir de terrains variés comme la prise en charge des déchets ou la gestion forestière. Actuellement, il mène, sous la direction d'Isabelle Gernet et Frédérique Debout, une thèse de psychologie clinique (Paris-Cité/Ademe) consacrée à la place de l'éco-anxiété dans les choix de bifurcations professionnelles vers des organisations du travail alternatives aux formes dominantes.

Justine RAYSSAC : Transformation industrielle 4.0 : la figure de l'opérateur 4.0 face à la figure de l'artisan horloger
Quels sont les impacts de l'industrie 4.0 sur le travail artisanal ? Voici la question que nous nous posons en arpentant les ateliers d'assemblage "mouvement" (le mécanisme des montres mécaniques) d'une entreprise de Haute Horlogerie Suisse. En effet, la transformation industrielle en cours au sein de ce secteur vient bouleverser les pratiques de travail, fait évoluer le métier horloger, les compétences associées et le sens de celui-ci. Comment piloter cette transformation industrielle horlogère en agissant positivement sur la qualité du travail ? Dans le cas d'une activité artisanale, telle que l'horlogerie, reposant sur des savoir-faire complexes et un patrimoine fort, le bien-être de l'horloger dépend notamment des compétences qu'ils mobilisent au quotidien et de ses perspectives d'évolution. Cela nous invite à réfléchir aux dynamiques d'apprentissages en jeu face à la transformation du travail.

Justine Rayssac est doctorante en sciences de gestion (CGS – Mines Paris). Ses recherches supervisées par Cédric Dalmasso et Sophie Hooge portent sur les impacts de la transformation industrielle sur les métiers de l'horlogerie que cela soit au niveau des savoir-faire ou au niveau de la qualité du travail. Son objectif est de réfléchir à un pilotage de la transformation industrielle 4.0 au niveau du management stratégique permettant le développement du patrimoine industriel et le bien-être des collaborateurs.

Frantz ROWE : L'intelligence artificielle au travail, en perspective et en question
L'automatisation du travail se poursuit aujourd'hui de façon accélérée avec les intelligences artificielles génératives (IAG). Pour autant le travail humain reste nécessaire pour assurer la qualité de la production et des services, de sorte que l'humain doit collaborer avec les intelligences artificielles plus qu'il ne se trouve substitué par la machine. Nous mettrons en perspective historique le développement des intelligences artificielles au travail, puis nous discuterons leurs apports pour les collaborateurs dans les entreprises, leurs limites et les risques associés au regard de la littérature scientifique et du déploiement récent des IAG que nous accompagnons dans les entreprises. Nous illustrerons comment le management algorithmique, la datafication des collaborateurs et du travail remettent en question les adaptations de l'outil à l'homme et les apprentissages dans les systèmes socio-techniques que sont les systèmes d'information et les organisations, pour le meilleur et pour le pire.

Professeur à Nantes Université (IAE de Nantes) et chercheur au LEMNA, Frantz Rowe a été Professeur à Telecom Paris, visiting professor à Bentley University, Cape Town University et Harvard University. Fellow de l'Association for Information Systems, il a dirigé 30 doctorants et actuellement responsable du Master Métiers du Conseil et de la Recherche. Il est membre de l'Institut Universitaire de France, titulaire d'une chaire fondamentale sur la dynamique de l'enfermement dans le numérique.

David SANSON : Expertise, vulnérabilité et (dé-)politisation dans l'action syndicale
Alors que les organisations syndicales au sein des grandes entreprises sollicitent régulièrement des experts externes pour soutenir les élus dans le cadre de leurs activités de représentation des salariés, l'usage de ce droit relativement récent éclaire de manière particulièrement révélatrice les transformations contemporaines du syndicalisme français. À ce titre, cette intervention appréhende la question de ce recours accru aux cabinets d'expertise comme un point d'entrée heuristique pour comprendre les transformations concrètes du travail syndical, ainsi que des registres cognitifs et revendicatifs du militantisme ouvrier d'usine. En effet, si les stratégies militantes tendent aujourd'hui à accorder une place centrale à ces expertises souvent cantonnées à des grilles de lectures économiques et financières, force est de constater la difficulté des élus à les réapproprier, à les mettre en discussion, ou bien à en faire des leviers efficaces de mobilisation des salariés. En mettant tout particulièrement en lumière la nature et la portée de ces débats (d')experts au sein desquels les équipes syndicales se trouvent aujourd'hui enfermées, cette communication invite ainsi, plus largement, à s'interroger sur les dynamiques ambiguës de (dé-)politisation de l'action militante au sein des organisations.

David Sanson, après un doctorat en sociologie à l'ENS de Lyon, est actuellement Maître de Conférences à Paris Dauphine-PSL au sein du laboratoire DRM-MOST, et chercheur associé à l'université du Québec à Montréal (UQAM). Prenant appui sur une ethnographie longitudinale réalisée au sein de collectifs ouvriers et militants, ses travaux explorent les effets politiques du management, et tout particulièrement les mécanismes d'aliénation que l'appareillage gestionnaire contemporain produit auprès des classes populaires. Attentifs aux multiples rapports de domination (re)produits en entreprise, ses travaux portent également sur les dynamiques de relations professionnelles et les pratiques de résistance des salariés, en abordant notamment la question des possibilités de formes alternatives, émancipatrices, d'organisation de la vie collective.
Publications
Chambost, I., Metzger, J-L., Nocenti, B., et Sanson, D. (dir.) (2024), Sociologie de la gestion et du management : des interactions de travail aux institutions du capitalisme et de l'État, Presses universitaires du Septentrion, Villeneuve d,Ascq.
Béroud, S. & Sanson, D. (2023), "Le compromis salarial à l'épreuve du capitalisme financier", in Giraud, B. & Signoretto, C. (eds.), La (dé)construction du compromis salarial. Quelles réalités du dialogue social en entreprise ?, Éditions du Croquant, Paris.
Sanson, D. & Courpasson, D. (2022), "Resistance as a Way of Life : How a group of workers perpetuated insubordination to neoliberal management", Organization Studies, 43(11), 1693–1717.

François VATIN : Dans quel sens travaille-t-on ?
Depuis trente ans environ maintenant, une étrange épidémie semble s'être abattue sur la conscience morale occidentale moderne. On a lancé un avis de recherche : on veut le travail, "mort ou vif". Certains ont annoncé sa "fin". D'autres scrutent sa "valeur" "en voie de disparition". On voudrait le ranimer et pour cela lui redonner du "sens", le "supplément d'âme" qui lui permettrait de reprendre vie. Mais de quoi parle-t-on et de qui parle-t-on ? Qu'est donc d'autre le travail qu'une activité productive et comment entendons-nous vivre s'il n'y a plus d'activité productive ? Ou peut-être espérons-nous que d'autres travaillent pour nous ? Le "travail social", pour employer une expression commune à Marx et à Durkheim, est aujourd'hui mondialisé. C'est à cette échelle qu'il nous faudrait penser notre rapport collectif au monde, c'est-à-dire à la planète-terre et à la population qui l'habite. Est-ce le travail qui aurait perdu son sens ou, nous, notre lucidité sur les conditions matérielles de notre existence ?

Professeur de sociologie à l'université de Paris-Nanterre, François Vatin s'est notamment consacré, depuis la fin des années 1970, à étudier le travail sous toutes ses formes et dans toutes ses dimensions, du point de vue de l'histoire des sciences et de la philosophie, comme de celui de la sociologie de terrain. Parmi ses ouvrages, on peut citer son Traité de sociologie du travail avec Thierry Pillon, Toulouse, Octares, 2003 et 2008, Le travail et ses valeurs, Paris, Albin Michel, 2008, Le travail, activité productive et ordre social, Paris, Presses universitaires de Nanterre, 2014, Au fil du flux : la fonction de surveillance-contrôle dans l'industrie chimique et nucléaire, Paris, Presses de l'École des Mines, 2017 (avec Gwenaële Rot). Il a contribué à l'organisation de plusieurs colloques à Cerisy : L'Homme, point aveugle des sciences de l'homme avec Jacqueline Carroy et Nathalie Richard (2010), Sociologie économique et économie critique : à la recherche du politique avec Alexandra Bidet et Florence Jany-Catrice (2014) et Art, industrie et société au temps de la reconstruction et de la croissance d’après-guerre avec Gwenaële Rot (2019).

Stéphane VEYER : Passé et devenir du mouvement coopératif
Le mouvement coopératif est paradoxal. Ancien, structuré, son poids est loin d'être négligeable dans l'économie mondiale. Il est pourtant très mal connu et totalement invisibilisé dans la plupart des débats. La question du travail et la prospective sur le sujet n'échappent pas à ce paradoxe : à échelles micro ou méso, les récits d'expériences coopératives affichées comme emblématiques, originales ou simplement méritant de retenir l'attention, sont pléthores. Pour autant, la variable coopérative n'entre dans aucune équation macro-économique. Comment expliquer ce paradoxe, afin de pouvoir le dépasser ? Quels liens le mouvement coopératif peut-il, doit-il nouer avec le mouvement syndical afin de contribuer à l'émergence de nouvelles approches et de nouvelles pratiques dans le champ du travail ?

Diplômé de droit et de sciences politiques, Stéphane Veyer a co-fondé Coopaname et l'a co-dirigée pendant dix ans. Coopérateur invétéré, il a mis sur pied et est sociétaire d'une dizaine d'expériences coopératives de tout poil. Il est cogérant de la Manufacture coopérative, président du Conseil de surveillance de Startin'blox et intervient régulièrement dans différents cursus universitaires (CNAM, Le Mans, Paris 8, Grenoble, Beyrouth…) sur l'histoire de l'économie sociale, les problématiques de démocratie économique et de management coopératif.


SOUTIENS :

Orange
Veolia
CFDT Cadres
• Institut du Travail et du Management Durable (ITMD)
Chaire Fit2


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


Avant de remplir ce bulletin, consulter la page Inscription de notre site.

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Précisions à nous communiquer pour l'agrément de votre séjour :
[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.

Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


LA MODE : LOIS, LOGIQUES ET FICTIONS DU PARAÎTRE


DU LUNDI 3 JUIN (19 H) AU SAMEDI 8 JUIN (14 H) 2024

[ colloque de 5 jours ]


Crédits : Photographie et stylisme, Victor Hanen
– Assistante, Manon Colin – Robe, Atelier François Tamarin – Modèle, Téo Comon, 2023.


ARGUMENT :

Après avoir parcouru les chemins d'une indiscipline de la mode en tant que territoire théorique et pratique, en 2021, nous proposons de regarder la mode sous l'angle du paraître pour ce second colloque. Lois, logiques et fictions du paraître donc, comme le désir d'étudier les régimes différenciés de nos apparitions, avec cette même pluridisciplinarité de voix que nous souhaiterions réunir pour ce nouveau volet à Cerisy, en 2024.

Qu'elles régissent les couleurs de la livrée des gens de la Maison du Roi ou qu'elles interdisent aux classes bourgeoises le port d'une étoffe précise, les lois somptuaires édictées par le pouvoir au cours de son histoire auront codifié les apparences, manifesté les hiérarchies et le faste, rappelant les fonctions primordiales de représentation du vêtement et des ennoblissements textiles.

Prises dans une acception large ou imagée, les lois somptuaires sont également régulièrement subverties. Que ce soit le phénomène glam, punk ou fluo, des communautés se dessinent depuis ces logiques d'élection. Les lois deviennent des codes qu'un groupe socio-culturel peut promulguer par lui-même, soucieux de construire pour et contre les autres un ensemble de signes d'identité, d'aura ou de puissance. Ainsi va la vie de cour, ainsi vont les cercles de sociétés plus ou moins confidentiels de la contre-culture, lorsque l'emplacement d'une mouche de velours ou le port d'un pantalon plus large qu'il ne le faudrait entrent en écho.

Il y aurait donc des logiques du paraitre, quand une silhouette s'invente à la croisée de la manifestation de soi et des parades sociales, quand cette même silhouette s'offre comme un écheveau complexe de choix et de renoncements, d'arrangements sinon de conflits ouverts avec l'époque.

Il y aurait enfin les fictions, les rôles que l'on projette, les personnages que l'on invente, dans la vie comme sur scène, en images. L'art du vêtement s'y affirme comme le support de narrations, le véhicule de métamorphoses, le motif d'un spectacle, la présence d'un costume. La mode donc, mais aussi tous les vêtements accumulés et collectionnés au-delà du programme et des cadences de production de cette industrie, peuvent alors transiter vers d'autres territoires, géographiques, créatifs, culturels, industriels, techniques… Pour creuser d'autres temporalités, anticiper d'autres perspectives, élaborant un regard second sur l'histoire et le contemporain.


MOTS-CLÉS :

Accessoire, Bal, Brevet, Cabaret, Carnaval, Cinéma, Corps, Costume, Coutume, Éditorial, Ennoblissement, Fiction, Image, Logique, Loi, Matière, Mode, Norme, Paraître, Parure, Performance, Représentation, Scène, Société, Standard, Style, Transgression, Uniforme, Us, Vêtement


CALENDRIER PROVISOIRE (03/04/2024) :

Lundi 3 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants

Performance, par Clément COURGEON


Mardi 4 juin
CORPS PARÉS, CORPS POLITIQUES, CORPS UTOPIQUES
Matin
Mathieu BUARD, Colette DEPEYRE & Céline MALLET : Ouverture
Frédérique MATONTI : Les techniques du corps des intellectuelles déportées [visioconférence]
Nicole PELLEGRIN : Le vêtement religieux comme fait social total | Historienne et anthropologue

Après-midi
Performance, par Clément COURGEON

Vincent DOROTHÉE : Charles IV de Lorraine, ou le triple corps du prince | ENSAAMA
Odile BLANC : Retour sur Parades et Parures | Bibliothèque INP
Matthieu NICOL : Iconographie d'un vêtement militaire, un style ? | Éditeur Too many pictures

Performance, par Clément COURGEON

Exposition "Meta_physics", par Anaïs SANS & Margaux SALARINO | Magazine Temple (pendant toute la durée du colloque)

Soirée
Performance, par Marvin M'TOUMO


Mercredi 5 juin
MODE ET MATIÈRES : PROJECTIONS ET DEVENIR
Matin
Géraldine BLANCHE : Propriété intellectuelle : quand le droit éclaire les fictions de la mode | Sciences Po
Eva DELACROIX : Les pénalités de pauvreté sur le marché vestimentaire | Université Paris Dauphine - PSL
Benjamin CABANES : Les défis de la mode durable : vers une prospective de l'éthique et de l'esthétique | Mines - PSL

Après-midi
Sonia ADAM-LEDUNOIS : M. Spock, Onze et Princesse Leia à la fashion week. La science-fiction, outil de prospective et d'influence | Université Paris Dauphine - PSL
Dina RASOLOFOARISON : Hairy stories | Université Paris Dauphine - PSL

Exposition & présentation
Joséphine SCHMITT : Penser les nouveaux matériaux pour l'artisanat à travers le concept de "matières à création". Le cas de l'artisanat plumassier | PSL
Victor MOLINIÉ : Les hors champs de la broderie contemporaine | Baqué Molinié textile and embroidery studio


Jeudi 6 juin
NORMES, STYLES ET TRANSGRESSIONS
Matin
Claire BRUNET : Petite anatomie du style | ENS Paris Saclay
Corinne LEGOY : Vestiaires de fête au XIXe siècle : regard sur un siècle de masques et de travestissements | Université d'Orléans

Après-midi
Judith CLARK : Staging the Vulgar — fashion redifined | Curator
Francesca GRANATA : Fashioning the Grotesque in Contemporary Fashion | Parsons school New York
Jeanne GUIEN : La mode punk : une esthétique de la saleté ? | Université Paris 1

Performance, par Victor CLAVELY et Fiasco club


Vendredi 7 juin
DÉPLACEMENTS ET MÉDIATIONS. LE VÊTEMENT EN SCÈNE : LA MODE REJOUÉE, LE COSTUME DÉPLOYÉ
Matin
Annabel POINCHEVAL : Créatures de cabaret : construction du costume, entre mode et patrimoine | Commissaire
Julien MAGALHÃES : Erratum — Pour en découdre avec les anachronismes à l'écran | Historien du costume pour le cinéma et journaliste

Le vêtement en scène, table ronde animée par Céline MALLET, avec
Bénédicte MOURET : Le costume contemporain au cinéma et dans les séries | Costumière et styliste
Salomé POLOUDENNY : Vêtement de danse, un stylisme documentaire ? | Costumière et styliste
Olivier CHÂTENET : Reconstitution autour d'Yves St Laurent et Bertrand Bonello (film de 2014) | Collectionneur et conseil

Après-midi
Mathieu BUARD : Mode, costume, vêtement : dancing on the edge | École Duperré
Raphaël BARONTINI : Déboulé, parade picturale et carnaval manifeste | Artiste

SORTIE "HORS LES MURS"

Soirée
"To Douve or not to douve"


Samedi 8 juin
Matin
Présentation des revues
Rapport d'étonnement des jeunes chercheurs
Table ronde et conclusion du colloque

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Mathieu BUARD
Mathieu Buard est professeur, commissaire, conseil. Commissaire indépendant d'art contemporain, il conçoit des expositions qui soutiennent l'émergence artistique et les pratiques croisées, notamment avec la revue Temple ou par le passé avec les cycles de l'outre avec Joël Riff. En 2022, il présente Danser l'image. Le Ballet National de Marseille direction (LA)HORDE au CNCS de Moulins, dont il assure le commissariat et la direction du catalogue. En tant que critique, il écrit pour différents supports éditoriaux : Magazine, Feu, Modes pratiques, Temple, ainsi que pour des artistes contemporains et leurs galeries (Almine Reich, Perrotin, The Pills,…). Agrégé d'arts appliqués de l'École Normale Supérieure de Cachan, il étudie et enseigne la mode, les pratiques artistiques contemporaines, les théories afférentes aux industries créatives et culturelles. En septembre 2021, il a co-dirigé à Cerisy le premier colloque sur la mode : La mode comme indiscipline. Il est responsable des diplômes de Master et Licence à l'École Duperré Paris, à l'université Gustave Eiffel et à Paris III Sorbonne Nouvelle, et intervient également à l'ENS Paris Saclay. Il exerce enfin un travail de conseil pour des maisons de luxe, et accompagne la création contemporaine, en particulier pour la Cité internationale de la tapisserie d'Aubusson où il développe une direction artistique pour le fonds contemporain.
Publications
Buard M., Mallet C. & Mosse A. (ed.), La mode comme indiscipline, Colloque de Cerisy, Éditions B42, 2024.
Buard M. (ed.), Danser l'image. Le Ballet National de Marseille direction (LA)HORDE, Éditions JBE Books, 2022.
Buard M., "Entre deux rives, la pratique solitaire d'une plasticienne", in Daniel LÉGER, VERA SZÉKELY, Éditions Norma, 2021.
Buard M., "Par delà, l'à venir. La couleur démultipliée ou les exercices cosmiques du peintre", in Raphaël BARONTINI, SOUKHOS Heng Long Leather, Éditions RVB BOOKS, 2020.

Colette DEPEYRE
Colette Depeyre est Maîtresse de conférences à l'université Paris Dauphine - PSL et membre du laboratoire Dauphine Recherches en Management (UMR CNRS 7088). Ses recherches portent sur les processus d'adaptation des capacités des organisations et les dynamiques de marché associées, dans le contexte de projets industriels complexes et dans le domaine de la mode et du luxe. Elle s'intéresse en particulier au rôle de l'innovation matière dans la transformation de la filière mode pour des pratiques plus responsables. Elle est responsable académique du Master Mode & Matière de l'université PSL et a participé au projet pédagogique Erasmus+ "Re-frame fashion". Elle coordonne également le projet de recherche ANR interdisciplinaire IDEOMM sur l'industriation de déchets organiques et minéraux pour la filière mode.
Publications
Depeyre C., "Regards croisés sur le "marché de la mode"", in Buard M., Mallet C. & Mossé A. (éd.), La mode comme indiscipline, Colloque de Cerisy, Éditions B42, 2024.
Depeyre C., Richter-Widhoff D. & Perret V., "Comment former pour transformer la mode", in Michaïlesco C., Lasri S. & Damart S. (éd.), L'état du management 2023, Repères La Découverte, Chapitre II, 2023.
Nicolas De Lamballerie E., Delacroix E. & Depeyre C., "Étude de cas : Vinted – Impact du marché de la seconde main en ligne", in Wiki AFM, Marketing pour une société responsable, Chapitre 8 - Partie 1, 2022.
Depeyre C., Richter-Widhoff D., "Le gaspillage des vêtements. Retour aux sources", in Guillard V. (éd.), Du gaspillage à la sobriété. Avoir moins et vivre mieux ?, De Boeck Supérieur, pp. 29-46, 2019.
Depeyre C., Rigaud E. & Seraidarian F., "Coopetition in the French luxury industry : five cases of brand-building by suppliers of luxury brands", Journal of Brand Management, vol. 25, n°5, pp. 463-473, 2018.
Depeyre C., Rigaud E. & Seraidarian F., "Quelles stratégies pour les sous-traitants face aux reconfigurations des chaînes de valeur ? Le cas de la joaillerie en France", Annales des Mines - Gérer et comprendre, vol. 1, n°127, pp. 3-14, 2017.
Depeyre C. & Seraidarian F., "Un luxe que la France ne peut plus se permettre ?", in Perret V. & Nogatchewsky G., L'état des entreprises 2015, Paris, La Découverte, pp. 25-34, 2015.

Céline MALLET
Formée à l'Ensad Paris aux disciplines de l'image et de la création audio-visuelle, Céline Mallet est professeur agrégé d'arts appliqués. Elle enseigne la mode et l'image, l'histoire des arts et du design à l'École Duperré Paris. Elle est auteur pour la revue Magazine dédiée à l'analyse du style, des media et des industries créatives ; elle est membre du comité de rédaction et auteur pour Modes Pratiques, Revue d'histoire du vêtement et de la mode (École Duperré, IRHiS, CNRS-INHA) ; elle a été co-directrice du colloque de Cerisy de 2021 intitulé La mode comme indiscipline, dont les actes sont à paraitre aux Éditions B42 en 2024.


Sonia ADAM-LEDUNOIS
Titulaire d'un doctorat en sciences de gestion et management, Sonia Adam-Ledunois est maîtresse de conférences habilitée à diriger des recherches et directrice de la House of entrepreneurship à l'université Paris Dauphine-PSL. Ses travaux de recherche portent sur les coopérations en contexte de diversité, les problématiques d'intégration et d'inclusion sociale. Elle a plus particulièrement développé une expertise sur le dialogue entre science-fiction, management et prospective. Elle est investie dans des projets de recherche à visée d'impact sur la société et s'appuie centralement sur des démarches de recherche intervention ou recherche collaborative, en lien étroit avec des acteurs publics ou socio-économiques.

Benjamin CABANES : Les défis de la mode durable : vers une prospective de l'éthique et de l'esthétique
Le concept de mode durable englobe une multitude de pratiques hétérogènes et de solutions parfois antagonistes : matériaux recyclés, matière biologique, économie circulaire, suppressions des soldes, diminution des collections, production à la demande, etc. Ce concept peut ainsi s'analyser sous l'angle de la contrainte ou de l'opportunité. Une contrainte car les enjeux de durabilité s'imposent à toute l'industrie textile, une opportunité car de plus en plus de marques mobilisent le concept de durabilité comme positionnement concurrentiel. Pour sortir de cette aporie, nous proposons de penser la mode durable comme une utopie ou un mythe rationnel, c'est-à-dire un futur à explorer qui combine la rigueur de la raison, le pouvoir mobilisateur du rêve collectif et qui réconcilie les enjeux d'éthique et d'esthétique.

Benjamin Cabanes est enseignant-chercheur en sciences de gestion à Mines Paris – PSL. Ses recherches portent sur le management de l'innovation, le management de la R&D, les collaborations science-industrie, le développement de nouveaux produits et l'éco-conception. Il est également chargé d'enseignement à l'École Polytechnique et co-dirige le MS Entrepreneuriat Deeptech et Innovation de Mines Paris – PSL.

Eva DELACROIX : Les pénalités de pauvreté sur le marché vestimentaire
Dans cette contribution, nous nous intéressons aux pénalités de pauvreté sur le marché vestimentaire en France. Nous questionnerons pour commencer le jugement porté par la société sur les achats vestimentaires des plus démunis, souvent jugés comme superflus, en particulier lorsqu'ils achètent du neuf ou des marques. Nous verrons ensuite que les populations défavorisées ont un rapport ambivalent à l'achat de seconde main, encore souvent considéré comme stigmatisant, et qu'elles préfèrent participer à ce marché en tant que vendeurs plutôt qu'en tant qu'acheteurs. Du côté de l'offre, nous aborderons les problématiques d'accessibilité, de justice sociale et d'adéquation de l'offre aux désirs des classes populaires.

Eva Delacroix est maitresse de conférences à Paris-Dauphine. Ses recherches portent sur les consommateurs et consommatrices défavorisés, et la manière dont le marché produit de l'exclusion au travers de son offre.

Julien MAGALHÃES : Erratum — Pour en découdre avec les anachronismes à l'écran
Gladiator, Titanic, Shakespear in love, Les Visiteurs : le vestiaire de fiction construit une image du passé pas souvent alignée avec la réalité historique. Barbes de trois jours, décolletés plongeants et cuissardes : quelle influence ces choix de costumes ont-ils sur la construction d'une imagerie historique commune ? Julien Magalhães passe au peigne fin les anachronismes qui ont bercé notre culture audiovisuelle. En épinglant les mauvais exemples d'armure, corset, chaussure, jupe, ou perruque, on revisite l'Histoire par ce qu'il y a de plus intime : l'apparence. Un double regard en aller-retour sur les mentalités d'autrefois et les obsessions de notre époque.

Julien Magalhães est auteur, et enseigne l'histoire des modes et du costume à l'ESAA Duperré. Son premier livre Erratum, édité chez Hoëbeke – Gallimard, se penche sur les costumes de fictions historiques, et il a co-écrit la série Damoiselle pour TV5 Monde. Il signe également le podcast Les Beaux Restes sur Spotify, sur l'histoire des standards de beauté, et le format parodique Visites Guindées pour Urbania. Ses articles paraissent régulièrement dans le Harper's Bazaar, et il a officié en tant que chroniqueur à l'antenne de France Inter. Julien Magalhães continue d'explorer les relations entre mode, Histoire, société et pop culture sur tous les terrains qui s'ouvrent à lui.

Dina RASOLOFOARISON : Hairy stories
Le projet "Hairy stories" part du constat que les individus ont souvent un rapport compliqué avec leurs cheveux et/ou leurs poils. Nous nous intéressons aux récits de consommateurs et consommatrices (racontés souvent très spontanément dès la mention de l'idée de cheveux) tout comme aux récits de fournisseurs de services (coiffeuses, perruquières, esthéticiennes) pour identifier la nature des tensions existantes. Pour comprendre le sens, la symbolique et le poids derrière les histoires racontées, nous adoptons une perspective multidisciplinaire : sociologique pour comprendre les normes sociales en jeu, anthropologique pour comprendre le sens des rituels de beauté, histoire de l'art pour comprendre l'influence des représentations liées aux cheveux et aux poils dans l'art et la culture, et enfin marketing pour déterminer l'influence des marques et de l'industrie de la beauté sur les tendances capillaires et sur la construction identitaire des consommateurs et consommatrices. Nous observons que la consommation de produits et de services se révèle parfois être tout aussi bien perçue comme l'origine (ex : une coupe ratée chez le coiffeur) que comme la solution (ex : défrisage, coloration) à ces problèmes. Nous investiguons en particulier la dimension de Care que de nombreux fournisseurs de service doivent assumer, sans pour autant avoir une formation pour cela.

Dina Rasolofoarison est maitresse de conférences en marketing et communication à l'université Paris Dauphine-PSL. Elle s'intéresse aux cultures visuelles. Les cheveux et les poils forment un objet d'étude qui recoupe aussi bien la communication visuelle (par son aspect esthétique mais aussi symbolique) et les pratiques culturelles (par les rituels associés, les pratiques de consommation, et les stratégies de distinction par exemple). Ses recherches portent également sur les pratiques de fans au sein des industries culturelles et créatives.

Joséphine SCHMITT : Penser les nouveaux matériaux pour l'artisanat à travers le concept de "matières à création". Le cas de l'artisanat plumassier
Comme dans l'ensemble des secteurs, on assiste aujourd'hui dans la mode et le luxe, à une multitude de développements de nouveaux matériaux, afin de résoudre des problématiques éthiques et écologiques. Ils relèvent parfois de la recherche d'alternatives à des matières existantes, qui sont, elles, expérimentées et aimées depuis longtemps par les artisans. À travers le cas du savoir-faire plumassier, j'ai expérimenté comment penser de "nouvelles matières de plumasserie" qui trouvent notamment leur point commun avec les plumes, dans ce qu'elle révèle dans son potentiel et ses réflexes créatifs avec le plumassier, résumées dans le terme de "matières à création".


BIBLIOGRAPHIE :

Livres et catalogues

• Charles Baudelaire, Critique d'art suivi de critique musicale, Éditions Folio essais, 1992.
• Heidi Bivens, Euphoria fashion - The Art of Costume Design, Édition A24, 2022.
• Odile Blanc, Parades et Parures, l'invention du corps de mode à la fin du moyen âge, Édition Gallimard, 1997.
• Odile Blanc, Vivre habillé, Éditions Klincksieck, 2009.
• Denis Bruna, Tenues correctes exigées : Quand le vêtement fait scandale, Éditions des arts décoratifs, 2016.
• Claire Brunet, Catherine Geel, Le design : histoire, concepts, combats, Édition Gallimard Folio Essais, 2023.
• Mathieu Buard, Danser l'image - le Ballet national de Marseille direction (LA)HORDE, Éditions JBE books, 2022.
• Mathieu Buard, Céline Mallet, Aurélie Mosse, La mode comme indiscipline – territoires d’expressions et de recherches, Colloque de Cerisy (2021), Éditions B42, 2024.
• Marie Charlotte Calafat, Aurélie Samuel, Fashion folklore – Costumes populaires & haute couture, Co-édition du MUCEM et des Éditions Gallimard, 2023.
• Baldassare Castiglione, Le livre du courtisan, Éditions GF Flammarion, 1991.
• Judith Clark, Adam Philipps, Jane Alison, Sinéad McCarthy, The Vulgar – Fashion Redefined, Édition Koenig Books – Barbican Art Gallery, 2016.
• Mensitieri Giulia, Le Plus Beau Métier du Monde. Dans Les Coulisses de L'Industrie de la Mode, Éditions La Découverte, 2018.
• Francesca Granata, Experimental fashion : Performance art, Carnival and the Grotesque Body, Édition Bloomsbury Visual Arts, 2021.
• Catherine Guesde, Penser avec le punk, Éditions Presses universitaires de France, 2023.
• Frédéric Godart, Sociologie de la mode, Repères La Découverte, 2016.
• Emilie Hammen, L'idée de mode : Tome 1, Une nouvelle histoire, Éditions B42, 2023.
• Dick Hebdige, Sous-culture. Le sens du style, Éditions La Découverte, Paris, 2008.
• Adolf Loos, Comment doit-on s'habiller ?, Éditions Grasset - cahiers rouges, 2014.
• Marielle Macé, STYLES. Critique de nos formes de vie, Éditions Gallimard, 2016.
• Julien Magalhães, Erratum - Pour en découdre avec les anachronismes à l'écran, Éditions Hoëbeke, 2022.
• Stéphane Mallarmé, Écrits sur l'art, Éditions GF Flammarion, 1998.
• Francesco Masci, Hors mode, Éditions Allia, 2023.
• Nicole Pellegrin, Voiles – Une histoire du Moyen-Âge à Vatican II, Éditions du CNRS, 2017.
• Nicole Pellegrin, Tabliers au masculin, tabliers au féminin, Éditions Publi Chauvinoi, 2009.
• Olivier Saillard, Claude Arnaud, Valery Steele, Alexandra Bosc, La mode retrouvée – Les robes trésors de la comtesse Greffulhe, Éditions Palais Galliera, 2015.
• Tilda Swinton, Olivier Saillard, Embodying Pasolini, Éditions Rizzoli International, 2022.
• Alexandre Samson, Back side – Dos à la mode, Éditions Palais Galliera, 2019.
• Daniel Roche, La culture des apparences. Une histoire du vêtement (XVIIe – XVIIIe siècle), Éditions Fayard, 1989.

Revues et articles

• Modes pratiques I - Revue d'histoire du vêtement et de la mode, Normes et transgressions, Édition École Duperré - Institut de Recherches Historiques du Septentrion (IRHiS) de l'université de Lille - Laboratoire InVisu (CNRS-INHA), 2015.
• Modes pratiques II - Revue d'histoire du vêtement et de la mode, Sans la mode, Édition École Duperré - Institut de Recherches Historiques du Septentrion (IRHiS) de l'université de Lille - Laboratoire InVisu (CNRS-INHA), 2017.
• Modes pratiques III - Revue d'histoire du vêtement et de la mode, Saisons, Édition École Duperré - Institut de Recherches Historiques du Septentrion (IRHiS) de l'université de Lille - Laboratoire InVisu (CNRS-INHA), 2018.
• Modes pratiques IV - Revue d'histoire du vêtement et de la mode, Affections, Édition École Duperré - Institut de Recherches Historiques du Septentrion (IRHiS) de l'université de Lille - Laboratoire InVisu (CNRS-INHA), 2020.
• Modes pratiques V - Revue d'histoire du vêtement et de la mode, Les nuits, Édition École Duperré - Institut de Recherches Historiques du Septentrion (IRHiS) de l'université de Lille - Laboratoire InVisu (CNRS-INHA), 2023.
• Revue Critique, numéro Juin-Juillet 2022, 901-902, Manuel Charpy, Gabrielle Smith Hamilton, Corinne Legoy, Porter la mode, Les éditions de Minuit, 2022.
• De Lamballerie Edith & Guillard Valérie (2023), "Vers une prise de conscience des enjeux éthiques des matières textiles par les consommateurs dans le cadre de la transition écologique", Recherche et Applications en Marketing (French Edition), 38(3), pp. 7-34.
• Blanchet Vivien (2017), ""We make markets". Le rôle du salon Ethical Fashion Show dans la catégorisation de la mode éthique", Recherche et Applications en Marketing (French Edition), 32(2), pp. 27-47.


SOUTIENS :

École Duperré Paris
• Dauphine Recherches en Management (DRM - UMR 7088) | Université Paris Dauphine - PSL
• École normale supérieure Paris-Saclay (ENS Paris-Saclay)
Campus d'excellence des métiers d'art et du design


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


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Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


GÉOPOLITIQUE DE LA NORMANDIE DANS LE MONDE,

CIRCULATIONS DES IDÉES ET DES HOMMES, UNE PERSPECTIVE LONGUE


DU SAMEDI 25 MAI (19 H) AU MERCREDI 29 MAI (16 H) 2024

[ colloque de 4 jours ]



DIRECTION :

Vincent AUBIN, Pascal BULÉON, Christophe MANEUVRIER


ARGUMENT :

Une géopolitique de la Normandie dans son rapport au monde. Une géopolitique des idées et des hommes et des femmes qui les portent, lue au prisme de moments historiques où les événements qui s'y sont produits ont été en résonance avec l'histoire de l'Europe et parfois du Monde. La Normandie, au cours des quinze derniers siècles, a été d'assez nombreuses fois un terreau propice à l'émergence d'idées, de pratiques politiques et sociales ou, parfois même, le lieu d'événements décisifs de l'histoire du monde. Dans chacune de ces situations, les interactions avec les communautés humaines des cités, des royaumes, puis des États d'Europe, ont été importantes, comme celles avec le grand foyer si proche qu'est Paris, et très souvent aussi avec l'ailleurs et le lointain. Peu de régions en Europe ont connu une telle situation sur une aussi longue durée. Sans aucune vision essentialiste, ce colloque propose une réflexion sur les agencements complexes, la circulation, l'accueil, le positionnement, le rôle d'acteurs forts d'un moment…

Au centre de la réflexion, la géopolitique des idées, les conditions de leur émergence, de leurs échanges, de leurs influences, leur diffusion à toutes les échelles jusqu'à celle du Monde ; la géopolitique de la relation de la Normandie au monde dans son extension progressive, dans ses globalisations successives. Dans cette circulation des idées et des pratiques, des processus d'accueil d'idées et de personnes ont eu lieu. Ces territoires ont joué un rôle de creuset, puis une diffusion s'est produite, en des extensions et sur des durées différentes. Accueil, creuset, diffusion, circulation seront des fils de réflexion.

Ce colloque explorera cette trajectoire géopolitique de cette partie du continent dans la longue durée, analysera chacun des moments choisis, dans son contexte, sa complexité et sa diversité. Dans le même temps, il tiendra le fil de l'analyse de la comparaison, de la transmission dans la durée, de la construction des héritages collectifs.


MOTS-CLÉS :

Accueil, Circulation, Creuset, Diffusion, Europe, France, Géopolitique des idées, Îles Britanniques, Italie du Sud, Monde, Normandie, Sicile


CALENDRIER PROVISOIRE (03/04/2024) :

Samedi 25 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Dimanche 26 mai
Matin
LE TEMPS DES ABBAYES ET DES PENSEURS, Xe-XIe
Président de séance : Fabien PAQUET

Véronique GAZEAU : Au cœur de l'Europe du XIe siècle : Lanfranc, maître, passeur, conseiller du prince

Après-midi
LE TEMPS DU DUCHÉ, DU ROYAUME ANGLO-NORMAND ET DE L'ITALIE DU SUD, XIIe
Président de séance : Pierre BOUET

Fabio LINGUANTI : L'architecture normande en Sicile. Thèmes et modèles de construction entre les XIe et XIIe siècles : une nouvelle perspective de recherche
Ahmed DJELIDA : Les influences normandes dans les institutions du royaume de Sicile (XIIe siècle)

Soirée
"Une nouvelle ère numérique pour la Tapisserie de Bayeux", par Arnaud DARET (Université de Caen Normandie)
Concert : Jericho Trio (Frédéric LEMARCHAND)


Lundi 27 mai
Matin
LE TEMPS DES BANQUIERS, DES ARMATEURS, DE LA NAVIGATION ATLANTIQUE ET DES VOYAGES VERS L'AFRIQUE ET L'AMÉRIQUE
Présidente de séance : Frédérique TURBOUT

Christophe MANEUVRIER : Le commerce normand en Afrique subsaharienne au XVIe siècle : un laboratoire de la pensée libérale ?
Mickael AUGERON : Les protestants normands et la liberté des mers dans la seconde moitié du XVIe siècle

Après-midi
LE TEMPS DE LA PRODUCTION DE L'ÉCRIT, DE L'IMPRIMERIE ET DE LA CIRCULATION DES IDÉES PAR LE LIVRE
Président de séance : Gregor BLOT-JULIENNE

Louise DAGUET
Sophie POIREY : La pensée politique des jurisconsultes normands au XVIIe et XVIIIe siècle : une vision européenne ?

Soirée
Présentation de la bibliothèque mondiale du cheval et les "premières européennes et mondiales en Normandie", par Marie-Laure PÉRETTI


Mardi 28 mai
Matin
LE TEMPS DU XVIIe FLORISSANT, LA CRÉATION DE STRUCTURES ET DE SCHÉMAS IDÉAUX
Président de séance : Nicolas BRUCKER

Pierre AGERON : Les réseaux des érudits normands au XVIIe siècle : emboîtement des échelles
Carole DORNIER : Des chemins du Cotentin aux routes de l'Europe de la paix : les réseaux de l'Abbé Castel de Saint-Pierre
Françoise MELONIO : Tocqueville passeur entre plusieurs mondes

Après-midi
LE TEMPS DE L'ÉMERGENCE DES PRATIQUES SOCIALES ET D'UNE ESTHÉTIQUE QUI ESSAIMERONT DANS LE MONDE
Président de séance : Alain TAPIÉ

Pascal BULÉON & Frédérique TURBOUT : Plaisance et station balnéaire, deux modèles de diffusion à partir d'un même bassin maritime
Benjamin FINDINIER : L'impressionnisme en Normandie, de la source aux influences

Soirée
Viviane MANASE : L'orientalisme au temps des bains de mer en Normandie


Mercredi 29 mai
Matin
LE TEMPS DE LA MÉMOIRE SECONDE GUERRE MONDIALE ; LA NORMANDIE À L'ESPRIT DU MONDE
Président de séance : Jean-Luc LELEU

Mickael DODDS : L'action du Comité Régional du Tourisme au titre du tourisme de mémoire
Denis PESCHANSKI : L'écho et l'évolution de la mémoire de la Bataille de Normandie à l'échelle internationale

Après-midi
Table ronde conclusive, animée par Sylvain ALLEMAND, avec Vincent AUBIN, Pascal BULÉON, Pierre BOUET et Christophe MANEUVRIER

DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BILIOGRAPHIES :

Carole DORNIER : Des chemins du Cotentin aux routes de l'Europe de la paix : les réseaux de l'Abbé Castel de Saint-Pierre
L'abbé Castel de Saint-Pierre (1648-1743), né à Saint-Pierre-l'Église, auteur du Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe, a fait de sa province d'origine, riche, commerçante, tournée vers la mer et terre de reconquête catholique, d'apaisement des conflits religieux, une source d'observation pour nourrir ses écrits. Un réseau de relations normandes facilite sa participation à la vie intellectuelle et mondaine de la capitale et lui ménage un poste d'observation politique. Convaincu que la circulation des idées est indispensable au progrès de l'esprit, il promeut la diffusion des expériences et des imprimés à l'échelle du continent, s'appuyant sur un réseau de relations et de correspondants, en Allemagne, en Angleterre et en Hollande. Il parvient dans sa réflexion politique et économique, à concilier l'observation attentive de sa province et une approche comparative de l'Europe de son temps.

Professeur émérite de littérature et culture françaises du XVIIIe siècle à l'université de Caen Normandie, Carole Dornier a publié des travaux et des éditions scientifiques de textes concernant les idées morales et politiques des Lumières (Crébillon, Duclos, Montesquieu, Le Maître de Claville, Vauvenargues, Rousseau). Elle dirige une édition électronique des écrits de l'abbé de Saint-Pierre en voie d'achèvement (https://www.unicaen.fr/puc/sources/castel/) et a fait paraître en 2020 : La Monarchie éclairée de l'abbé de Saint-Pierre, une science politique des Modernes (Oxford University Studies in the Enlightenment, Liverpool University Press).


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Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


VERS DES POLITIQUES DES CYCLES DE L'EAU


DU JEUDI 16 MAI (19 H) AU MARDI 21 MAI (14 H) 2024

[ colloque de 5 jours ]



ARGUMENT :

"À la suite d'Aldo Leopold, tenter collectivement de penser comme un cours d'eau.
Développer nous aussi des politiques qui, comme l'eau, font toujours avec — contourne,
serpente et creuse. Cette eau qui n'est pas sans violence, entre crues et torrents,
mais dont les cycles sur le temps long construisent bien plus qu'ils ne détruisent."

M. Schaffner, M. Rollot, F. Guerroué, "Pour une intermondiale des bassins-versants",
dans Les Veines de la Terre, Wildproject, 2021.

En 1964, la France se dotait de véritables institutions de bassin-versant, qui ont aujourd'hui été transposées à toute l'Europe. Alors que ces Agences de l'eau fêteront leurs 60 ans en 2024, nous proposons de mettre en discussion, de façon fractale et diverse, ce que pourraient être non pas seulement des "politiques de l'eau", mais des "politiques des cycles de l'eau" qui soient aptes à accompagner les vies troublées par les bouleversements écologiques et sociaux, en cours et à venir.

Les cycles de l'eau, en effet, tout comme le climat, se dérèglent. Alors que déjà nous les comprenons mal dans toute leur complexité (de surface, souterrains, atmosphériques, bleus ou encore verts), les cycles de l'eau soutiennent pourtant l'ensemble de nos modes de vie — et même plus largement, toute forme de vie. À l'heure des bouleversements écologiques, ces cycles de l'eau apparaissent de moins en moins renouvelables et de moins en moins inépuisables. Dès lors, comment donc envisager des politiques, des pratiques et des représentations collectives qui se mettent à la hauteur de l'eau, de ses sagesses et des risques traité en elle ?

Pour en débattre, des artistes avec des chercheurs et chercheuses alterneront balades, conférences, études de cas, expositions, films…, ouverts à un large public intéressé par le sujet de la rencontre.


MOTS-CLÉS :

Agences de l'eau, Bassin-versant, Biorégion, Cycles de l'eau, Hydrologie, Hydropolitique, Partage de l'eau, Politiques de l'eau


CALENDRIER PROVISOIRE (15/04/2024) :

Jeudi 16 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Vendredi 17 mai
RECONSIDÉRER L'IMPORTANCE DES CYCLES
Matin
Emma HAZIZA : Être à la hauteur des bouleversements, s'adapter à des cycles perturbés
Jérôme GAILLARDET : L'enchevêtrement des cycles de l'eau dans l'espace et dans le temps

Après-midi
Présentation des travaux sur Le Rabec (TERREMER), par les 5e du collège Anne Heurgon-Desjardins de Cerisy-la-Salle

"HORS LES MURS" — À L'ABBAYE DE HAMBYE
Visite commentée de l'exposition "À la recherche de Constantia", par Marin SCHAFFNER et GANG, ateliers territoriaux

Marin SCHAFFNER : Pour des imaginaires de bassins-versants

Promenade dans et autour du site de l'abbaye de Hambye

Soirée
Ciné-Débat
Méandres ou la rivière inventée, discussion dessinée avec le collectif Hydromondes


Samedi 18 mai
LES INSTITUTIONS ET LES INFRASTRUCTURES FACE AUX CYCLES
Matin
Ciné-Conférence
Sophie GOSSELIN & David GÉ BARTOLI : Présentation du film Le fleuve Elwha : quand la nature reprend ses droits, suivie d'un débat

Après-midi
Visite commentée de l'exposition "Nous sommes Orne : d'un diagnostic paysager à une dynamique de bassin-versant", par Elisabeth TAUDIÈRE et Maël TRÉMAUDAN (Territoires pionniers)

Patrick LAIGNEAU : Le national vu de l'international — retour sur les 60 ans des Agences de l'eau
Roberto EPPLE : 50 ans de luttes européennes pour les cycles de l'eau (SOS Loire vivante)

Groupes de travail en parallèle :
1 - L'architecture et l'urbanisme à l'épreuve de l'eau (coanimé par le POPSU)
2 - Cycles de l'eau et biens communs (coanimé par la Fondation Zoein)


Dimanche 19 mai
LES EAUX SONT VIVANTES
Matin
Plénière : point d'étape collectif

Frédéric ROSSANO : Le retour de la vulnérabilité, ou comment vivre de nouveau avec les crues

Après-midi
Charles AMBROSINO & Nicolas TIXIER : Retrouver les voi(es)x de l'eau. Le cas de la métropole grenobloise

Balade le long du ruisseau du Rabec avec focus sur les arbres et l'eau à Cerisy, avec la participation du C|A.U.E de la Manche

Atelier d'écriture optionnel, animé par Marin SCHAFFNER

Soirée
Antoine DEVILLET : Là où nous emmène la redécouverte d'un ruisseau — un conte philosophique


Lundi 20 mai
NOUVELLES LIGNES DE PARTAGE
Matin
Marine CALMET : Que peut le droit pour les bassins-versants ?
Nathalia CAPELLINI : Hydroélectricité et démocratie : penser les cycles de l'eau depuis le Sud global

Après-midi
Visite commentée de l'exposition "Diagnostic biorégional du pays d'Uzès", par Maële GIARD et Clémence MATHIEU (Hydromondes)

"Entre Loire et Rhône, sentir-penser depuis un canoë", discussion avec Julien CHAPUIS, Jean-Louis MICHELOT (Atelier des Confins, Écosphère) et Barbara RÉTHORÉ

Groupes de travail en parallèle :
1 - L'architecture et l'urbanisme à l'épreuve de l'eau (coanimé par le POPSU)
2 - Cycles de l'eau et biens communs (coanimé par la Fondation Zoein)

Soirée
"… Rivières sans fin". Une lecture théâtrale de Gary Snyder, par Anna DESREAUX


Mardi 21 mai
BOUCLER LA BOUCLE
Matin
Restitution des groupes de travail

Discussion générale et conclusions

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS ET BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Mathias ROLLOT
Architecte, Docteur et HDR en Théories et pratiques de l'architecture, Mathias Rollot est maître de conférences à l'ENSA de Grenoble. En tant que chercheur, auteur, éditeur ou traducteur, il a publié de nombreux ouvrages et articles sur l'architecture et le monde contemporain dans une perspective écologiste. Ses travaux appartiennent au champ des humanités écologiques, et ont notamment porté par le passé sur les doctrines de l'habitabilité, la théorie et l'histoire du biorégionalisme, les pratiques alternatives en architecture ou encore l'éthique et l'épistémologie architecturale. Ses recherches actuelles mettent au travail les écologies décoloniales et les philosophies éthiques, animalistes et environnementales, dans l'idée de contribuer à la production de formes de théories critiques de l'architecture pour l'époque anthropocène. Par ailleurs, il est à l'origine de la plateforme de science ouverte bioregions-bibliothèque.fr qu'il anime (occasionnellement) depuis le printemps 2020.
https://mathiasrollot.work/

Marin SCHAFFNER : Pour des imaginaires de bassins-versants
Depuis Hambye et en complément de la visite de l'exposition À la recherche de Constantia, Marin Schaffner proposera de s'immerger dans les réalités multiples des bassins-versants. À partir de la Sienne et de ses affluents — et dans une série d'allers-retours auprès d'autres rivières — cette intervention nous plongera à la confluence des sciences, des arts et des cultures habitantes pour tenter de sentir-penser comment les eaux connectent la vie à un mouvement permanent.

Originaire du Cotentin, Marin Schaffner est auteur, traducteur et éditeur aux côtés de Wildproject. Ethnologue de formation, il est membre fondateur du collectif Hydromondes et de l'Association pour l'écologie du livre. Tourné vers l'écofiction, il accompagne également plusieurs dynamiques liées à l'eau, et coopère avec Territoires pionniers I Maison de l'architecture - Normandie depuis plusieurs années. Après Un Sol commun (2019), Les Veines de la Terre (2021) et Qu'est-ce qu'une biorégion ? (2021), il vient d'écrire À la recherche de Constantia (2023) – livre sur le bassin-versant de la Sienne, sur lequel Cerisy se situe.


Nathalia CAPELLINI : Hydroélectricité et démocratie : penser les cycles de l'eau depuis le Sud global
Pendant la deuxième moitié du XXe siècle, la construction de grands barrages devient exponentielle et s'étend dans le monde entier. Toujours plus hauts et avec des réservoirs plus grands, ces travaux impliquent des interventions démesurées sur les paysages et l'hydrologie, modifiant radicalement les relations aux cours d'eau de différentes communautés. Quelles particularités dans la construction de ces infrastructures dans les pays du Sud global, où ils étaient associés à des promesses d'indépendance, de développement, de modernisation et d'essor économique ? Comment ces promesses se sont avérées souvent fausses, générant des conflits et des jeux de pouvoir, mais aussi des identités politiques nouvelles ? Comment les discours sur les barrages ont évolué jusqu'à nos jours ? Cette communication propose de discuter ces questions à partir de liens historiques entre hydroélectricité et démocratie dans le Sud global.

Nathalia Capellini est actuellement chercheuse au département d'Histoire de l'université de Genève. Elle travaille à partir d'une perspective d'histoire environnementale sur les politiques et les infrastructures énergétiques en Amérique Latine (notamment en Amazonie) ainsi que sur des conflits environnementaux qu'elles entrainent.

Jérôme GAILLARDET : L'enchevêtrement des cycles de l'eau dans l'espace et dans le temps
Le cycle de l'eau est spécifique de la planète Terre. On le croit simple, il est multiple ; il se décline en plusieurs boucles jamais parfaites. Nous proposons une vue renouvelée des rotations de l'eau sur la Terre et de leurs temporalités multiples et emboitées. Une politique des cycles de l'eau doit prendre en compte cette hétéro-temporalité. Elle doit aussi s'intéresser à la fine pellicule des terres émergées transformées par l'action de l'eau, que l'ont appelle la zone critique, un lieu particulier de l'habitabilité terrestre.

Jérôme Gaillardet est professeur à l'Institut de physique du globe de Paris et membre de l'Institut universitaire de France. Géochimiste, il mène des recherches sur les cycles biogéochimiques et la composition chimique des rivières. Il co-coordonne l'infrastructure de recherche nationale OZCAR (Observatoires de la zone critique, applications et recherche) et travaille au Centre des politiques de la Terre.

Sophie GOSSELIN & David GÉ BARTOLI : Présentation du film Le fleuve Elwha : quand la nature reprend ses droits, suivie d'une intervention sur "Vers des peuples de l'eau et des institutions-rivière : comment faire politique depuis les cycles de l'eau"
En nous appuyant sur l'exemple du processus social et politique qui a accompagné le démantèlement de deux barrages sur le fleuve Elwha (État de Washington, USA), nous nous intéresserons aux nouvelles manières de faire peuple depuis les cycles de l'eau. Nous explorerons la manière dont la prise en compte de la vie du fleuve induit une territorialisation écocentrée de l'espace social et politique, nous invitant à créer des institutions terrestres capables de prendre en charge des alliances entre humains et autres qu'humains et d'ouvrir l'horizon d'une cosmopolitique pluriverselle.

Sophie Gosselin est philosophe et enseigne dans le Master Études Environnementales de l'EHESS à Paris. Elle travaille actuellement sur les enjeux d'écologie politique, d'anthropocène, de droits et de personnifications de la nature. Elle est membre de la revue en ligne Terrestres, de l'université populaire pour la Terre (Tours) et du Parlement de Loire. Depuis 2022, elle est vice-présidente du conseil scientifique du bassin Loire-Bretagne.

David gé Bartoli, philosophe et auteur, enseigne à l'université de Tours. Il travaille sur les enjeux de reterritorialisation sensible et écologique des communautés habitantes ainsi que sur les manières de donner voix et agentivité aux autres qu'humains. Il explore ces questions dans le cadre de résidences d'auteur, sous la forme de conférences ou de performances. Il est membre de l'université populaire de la Terre (Tours) et du Parlement de Loire.

Sophie Gosselin et David gé Bartoli sont co-auteurs de deux ouvrages : La condition terrestre, habiter la Terre en communs (Éditions du Seuil, 2022), et Le toucher du monde, techniques du naturer (Éditions Dehors, 2019).

Patrick LAIGNEAU : Le national vu de l'international — retour sur les 60 ans des Agences de l'eau
Depuis les années 1990, des responsables associatifs, techniques et politiques brésiliennes et brésiliens se sont inspirés de l'expérience des agences de l'eau françaises pour construire des politiques de l'eau décentralisées et participatives dans les 26 États de leur fédération. Depuis Cerisy, Patrick Laigneau présentera une approche croisée des idées et des pratiques qu'il a observées ou auxquelles il a participé de part et d'autre de l'océan Atlantique, pour vous proposer un regard distancié sur les 60 ans d'histoire des agences. Initialement conçues comme des institutions correspondant à l'idéal des communs, nous verrons dans quelle mesure elles ont été accaparées par les logiques du marché et de l'État. Nous pourrons poursuivre ensemble ce voyage par les bassins versants vers d'autres continents ou vers des biorégions plus proches de nous, pour contribuer à l'invention de nouvelles "politiques des cycles de l'eau".

Patrick Laigneau se définit comme un hydro-anthropologue franco-brésilien. Il est consultant indépendant et chercheur "clandestin", poussé par le désir de rencontrer, connaître, comprendre, tisser des liens autour des pratiques et des politiques liées à l'eau. Il est particulièrement stimulé par les enjeux des cycles de l'eau et des défis de l'action collective de celles et ceux qui y vivent et/ou en vivent. Il a publié plusieurs articles avec Bernard Barraqué (CNRS) et Rosa Formiga (Université de Rio de Janeiro, Brésil) et travaille cette année à l'écriture d'un livre sur les 60 ans de la loi sur l'eau de 1964.
Publication
Laigneau P. ; Barraqué B ; Formiga-Johnson R.M., "Chapitre 13. Les redevances comme levier pour la gestion collective de l'eau : exemples au Brésil et en France", in Luttes pour l'eau dans les Amériques : Mésusages, arrangements et changements sociaux, Paris, Éditions de l’IHEAL, 2022.

Frédéric ROSSANO : Le retour de la vulnérabilité, ou comment vivre de nouveau avec les crues
Face aux risques de saturation et de rupture des ouvrages d'endiguement conçus aux siècles passés, une nouvelle approche de la gestion des crues se développe aujourd'hui, qui cherche à faire de la place aux rivières et aux fleuves plutôt qu'à les contenir à tout prix. Plaines et vallées sont ainsi transformées pour restaurer une cohabitation nécessaire entre installations humaines et fluctuations naturelles. Ce retour à des pratiques adaptives impose de repenser le cours d'eau en dehors des oppositions classiques : il ne s'agit plus de le "dompter", pas plus que de le "libérer" sans réserve. Entre vieux réflexes d'endiguement et rêves frustrés de renaturation se dessinent des approches combinatoires, qui concilient les fluctuations naturelles des cours d'eau et les activités humaines — loisirs, agriculture et, parfois même, extension urbaine. L'eau longtemps gérée en silos, comme ressource à capter, déchet à évacuer et flux à contrôler, échappe ainsi au domaine réservé de l'ingénierie pour redevenir un enjeu par­tagé et central. Ce recentrage politique et socio-économique pose néanmoins la question de sa territorialisation : quels enjeux, quelles structures, quels périmètres sont à même de traduire ce tournant nécessaire et de l'ancrer durablement ?

Frédéric Rossano est paysagiste-urbaniste et maître de conférences à l'école d'architecture de Strasbourg. Diplômé de l'École du Paysage de Versailles en 1998, il s'est formé au projet urbain aux Pays-Bas où il a pratiqué durant douze ans au sein de l'agence KCAP Architects and Planners, avant de rejoindre l'équipe d’enseignants et chercheurs de l'Institute of Landscape Architecture du Polytechnique de Zurich. De ses expériences de praticien et de chercheur est issu son premier livre La Part de l'Eau. Vivre avec les crues en temps de changement climatique, paru en anglais sous le titre Floodscapes (La Vilette / Nai010, 2021). La même année est paru l'ouvrage collectif De la ville-port à la Métropole fluviale - Un portulan pour Strasbourg, qui analyse et détaille le redimensionnement de la métropole alsacienne par ses espaces portuaires et son vaste réseau hydrographique. Ce travail réalisé dans le cadre du programme POPSU Métropoles se poursuit aujourd'hui avec la création d'une plateforme inter-métropolitaine, mettant en comparaison trois grandes métropoles fluviales et portuaires : Lyon, Rouen et Strasbourg.


"Entre Loire et Rhône, sentir-penser depuis un canoë", discussion avec Julien CHAPUIS, Jean-Louis MICHELOT (Atelier des Confins, Écosphère) et Barbara RÉTHORÉ
Avec le projet Loire Sentinelle, Barbara Réthoré et Julien Chapuis (biologistes) ont descendu le cours intégral du fleuve de mai à juillet 2022. En collectant des données scientifiques (microplastiques et ADN environnemental) et en proposant des résidences artistiques au fil de l'eau, ils cherchent à explorer la Loire pour mieux la comprendre et ainsi, mieux la défendre. De son côté, Jean-Louis Michelot s'intéresse au Rhône depuis plusieurs décennies, en multipliant les approches : doctorat de géographie, kayak (descente intégrale), implication dans la gestion du territoire (travail au sein du bureau d'étude Écosphère), collaboration avec des artistes, écriture (Sur le Rhône. Rouergue, 2020)… Tous trois proposent une approche singulière des rapports aux fleuves. Entre science impliquée, recherche-création, immersion longue et alignement tête-corps, cette discussion croisée, animé par Marin Schaffner, permettra de ressaisir tous les enjeux du colloque à partir d'expériences in situ.

Jean-Louis Michelot, "À quoi sert le Rhône ? Une approche sensible des services hydrosystémiques", Colloque "Mémoires du Rhône", Sion, in Le Rhône. Territoire, ressource et culture, textes réunis par Emmanuel Reynard, Alain Dubois et Muriel Borgeat-Theler, Sion, 2020 (Cahiers de Vallesia, 33), p. 93-117.
Jean-Louis Michelot, Sur le Rhône. Explorations buissonnières et autres explorations sensibles, Le Rouergue, 2022, 288 p.
Jean-Louis Michelot, "Le Rhône, anthropisation et santé écologique", in Nous, les fleuves, Orsenna E., Le Bacquier M., Michelot J.L., Coiffier C., Catalogue de l'exposition du Musée des confluences, Réunions des musées nationaux, 2022, 96 p.


EXPOSITIONS :

"Diagnostic biorégional du pays d'Uzès", par Maële GIARD et Clémence MATHIEU (Hydromondes)

Maële GIARD
Il s'agira, à partir d'une enquête collective sur l'état des eaux dans le pays d'Uzès, de questionner ce que peut être et apporter un diagnostic biorégionaliste. Nous questionnerons les méthodologies, les créations, la dimension collective, l'ouverture et les limites de cette enquête. Puis, partant de cette étude, nous interrogerons en quoi le concept de biorégion peut devenir un outil, ou du moins une clé d'entrée, dans l'analyse des territoires et les formes d'habiter associées.

Maële Giard, doctorante à l'université Grenoble Alpes, laboratoire CRESSON, travaille sur le fait de réhabiter les territoires dans une perspective biorégionaliste et écoféministe. Par l'exploration d'une méthodologie de recherche qui embarque le corps et le mouvement, son travail se concentre sur les relations qui peuvent se nouer entre les individus et les lieux. Elle s'attache à la valorisation des pratiques ordinaires et de la quotidienneté comme cœur battant de création d'une société écologique. Membre du collectif de recherche Hydromondes, elle participe à la création d'un savoir hors les murs ainsi qu'à la constitution d'imaginaires écologiques notamment par des ateliers collectifs d'écofictions.
Publication
Giard Maële, Lhomme Raphaël et Faburel Guillaume, "Biorégion. Pour une écologie politique vivante", Carnet de la décroissance #4, AderOC, 2021.

Clémence MATHIEU
La résidence du collectif Hydromondes en pays d'Uzès réalisée en 2022-2023 avait pour objectif de dresser un état de santé du territoire du point de vue des eaux — et d'en rendre compte de façon à la fois sérieuse et festive. Cette enquête se matérialise notamment par une série de cartes et de textes, qui posent un état des lieux des eaux — leur santé, leurs usages et leurs imaginaires (présents, passés et futurs), sur le territoire de la communauté de communes. De là découle une lecture transversale et singulière des interdépendances hydrologiques dans la région d'Uzès, prise en tant qu'entité d'un bassin-versant plus large. La visite commentée présentera ces documents et cette expérience, ayant été restituée en Pays d'Uzès sous la forme d'une exposition itinérante dans le cadre d'une "fête des lavoirs".
Brochure : https://hydromondes.org/wp-content/uploads/2024/01/Brochure-Uzes.pdf

Clémence Mathieu exerce une activité de paysagiste conceptrice, ainsi qu'une activité artistique, d'écriture, de recherche et de dessin, avec un intérêt marqué pour l'observation des territoires fluviaux, des milieux humides et, de façon plus générale, des paysages où les relations entre mondes humains et non-humains sont entremêlées et rendues perceptibles. Dans ses différents projets, elle s'interroge sur les représentations et la fabrique des paysages, et sur l'implication des processus fictionnels dans l'élaboration des projets de transformation des territoires. Elle tente, par le biais du récit fictionnel décliné en dessins, textes et autres médiums portant un potentiel narratif, de proposer des outils capteurs et créateurs de soin, d’attachement et de mondes communs.
Publications
Clémence Mathieu et Jean-Alfredo Albert, Almanach de l'archipel, fictions estuariennes de Gironde, Éditions PhenicusaPress, 2023.
Clémence Mathieu, "Fictions potentielles de paysage et de design, recherche d'outils et de méthodes pour un atlas relationnel de Loire", in Voix Contemporaines, De quoi la Nature est-elle le nom ?, Plateforme Prairial, 2022.


SOIRÉES :

"… Rivières sans fin". Une lecture théâtrale de Gary Snyder, par Anna DESREAUX
Cheminer avec Gary Snyder est un enchantement. Il attire notre attention sur le lièvre qui nous enseigne, les arbres qui nous écoutent, la rivière qui chante. Ce n'est pas une poésie de naturaliste même s'il nomme précisément les plantes, les animaux, les rochers, les nuages. Avec Gary, on est toujours dans le concret des choses et, en même temps, dans l'esprit, le souffle de l'âme. Quelques objets et chansons nous serviront de viatiques pour cette traversée sur les flots d'une poésie et d'une pensée joyeuse, sauvage, profonde, aiguisée, à l'image de ce vieux sage rigolard !

Artiste de la scène, Anna Desreaux a travaillé avec de nombreux metteurs en scène (Jean-Louis Hourdin, Peter Schumann, Pierre Ascaride, Fred Personne) avant de créer sa compagnie "la boite à frissons" défendant un théâtre de proximité avec de la musique et toujours des textes exigeants. À présent, elle intervient avec le collectif "Hydromondes" sur le théâtre d'opérations écologiques et politiques liés à la question de l'eau.


BIBLIOGRAPHIE :

Les Veines de la Terre : une anthologie des bassins-versants, François Guerroué, Mathias Rollot & Marin Schaffner, Wildproject, 2021.
• "La biorégion, creuset d'une démocratie directe de l'eau", collectif Hydromondes, Bascules #3, 2023.
• "Crise de l'eau, planète terre invivable ?", Emma Haziza, Thinkerview, 2022 [https://www.youtube.com/live/5ysUySSNW3M].
La Terre habitable, ou l'épopée de la zone critique, Jérôme Gaillardet, La Découverte, 2023.
La Part de l'eau : vivre avec les crues en temps de changement climatique, Frédéric Rossano, Éditions de La Villette, 2021.
• "Restaurer des rivières à l'ère de l'Anthropocène : Controverses sociotechniques des pratiques réparatrices (Durance, Vistre, Gardons, Drac)", Marie Lusson, Thèse à l'université Lyon, 2021.


SOUTIENS :

POPSU Transitions | Grenoble Alpes Métropole
Institut pour la recherche | Groupe Caisse des Dépôts
• Centre de recherche sur l'espace sonore et l'environnement urbain (CRESSON)
Fondation Zoein


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


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Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.

Témoignage

Tous les témoignages


"SCIENCE DE LA DURABILITÉ : SISYPHE ÉTAIT-IL HEUREUX ?"

RENCONTRE AVEC OLIVIER DANGLES


Directeur de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement et actuellement directeur délégué adjoint à la Science, en charge de la science de la durabilité, Olivier Dangles est basé au Centre d'Écologie Fonctionnelle et Évolutive de Montpellier où il codirige un Laboratoire International entre l'Équateur, la Colombie et la France qui réalise des recherches interdisciplinaires sur la préservation de la Biodiversité et l'agriculture durable dans les Andes tropicales. Il est intervenu au colloque Vers une nouvelle alliance sciences-sociétés ?, qui s'est déroulé du 19 au 25 septembre 2023, sous la codirection de Pierre-Benoit Joly et Alain Kaufmann pour y exposer les principes de cette "science de la durabilité" et le positionnement qu'elle implique pour le chercheur, au regard des incertitudes dont le monde est semé. Où il est question de la possibilité d'un "Sisyphe heureux", mais aussi des vivants non humains dont il a fait connaissance en arpentant le parc de Cerisy…

Photo de groupe du colloque


Vous êtes intervenu sur les enjeux de la "science de la durabilité". Que recouvre-t-elle exactement ?

Olivier Dangles : Cette science de la durabilité est née d'un constat : la science en général est confrontée à de nombreux défis et enjeux, complexes, globaux et interconnectés. À l'image de ceux de l'eau, par exemple, qu'on ne peut plus prétendre traiter indépendamment de ceux de la biodiversité, de la santé et de bien d'autres encore. S'engager dans une science de la durabilité est une manière de prendre acte de cette complexité en affichant une double ambition : croiser les disciplines et savoirs non académiques pour parvenir à une meilleure compréhension globale des grands enjeux de durabilité de nos sociétés tout en cherchant à apporter des éléments de réponse opérationnels aux objectifs de développement durable.

Au cours de votre intervention, vous avez convoqué la métaphore de Sisyphe. Une manière de suggérer que la démarche ne va pas de soi au point de pouvoir décourager le chercheur…

Olivier Dangles : En effet. Face aux enjeux du développement durable, le chercheur se sent parfois face à des défis insurmontables, tel Sisyphe qui pousse sa pierre au sommet d'une montagne, avec la fatalité qu'elle finit toujours par retomber. Et ce, de la faute des politiques, des décisionnaires plus généralement qui n'en feraient pas assez ou ne tiendraient tout simplement pas compte des connaissances scientifiques. Plutôt que de se résigner, on pourrait se dire — c'est en tout cas ce à quoi j'invite mes collègues — que le plus important n'est pas tant de savoir jusqu'où l'on va pouvoir pousser sa "pierre", mais de réfléchir aux raisons qui pourraient la faire retomber — ce que nous autres chercheurs, scientifiques, ne prenons peut-être pas toujours le temps de faire. Plutôt que de focaliser sur la pierre, ne devrions-nous pas examiner le chemin que nous lui faisons emprunter, la montagne sur laquelle on prétend la faire rouler ? Bref, ne pourrions-nous pas être plus réflexifs par rapport aux difficultés que nous rencontrons pour proposer des trajectoires plus durables ? Et ainsi être ce Sisyphe dont nous parle Camus : un Sisyphe heureux parce que justement il ne se résigne pas, mais se révolte contre l'absurdité de sa condition. La science de la durabilité peut avoir cette ambition : faire du chercheur un Sisyphe heureux !

À cette simple évocation de Camus, je ne peux m'empêcher de songer à cette célèbre citation qu'on lui doit : "Mal nommer les choses ajoute à la misère du monde"…

Olivier Dangles : Vous faites bien de rappeler cette citation tant le mot même de durabilité fait débat au sein du monde académique comme à l'extérieur. Ne faudrait-il pas parler plutôt de "soutenabilité" ? En admettant que la durabilité ait un sens, ne faudrait-il pas ensuite la qualifier de faible ou de forte comme le font les économistes ? Des questions qui sont au centre de débats intenses et rien que de plus normal : mal nommer les choses peut effectivement compromettre la possibilité d'embarquer le maximum de gens avec nous. Donc, autant être vigilant dans le choix des mots qu'on utilise. Cela étant dit, veillons aussi à ne pas différer le temps de l'action. Face à l'urgence de la situation, à la rapidité des changements en cours, face aux attentes des jeunes générations, il faut agir, être force de propositions concrètes. Et c'est aussi la vocation d'une science de la durabilité qui assume en cela un certain pragmatisme. D'accord, ce mot de durabilité fait débat, mais que cela ne nous empêche pas d'agir ! En cela, la science de la durabilité tient des sciences de l'ingénieur. C'est une science encline à l'action tout en restant réflexive et c'est en cela qu'elle m'intéresse.

Nous réalisons l'entretien au terme du colloque. En quoi vous a-t-il conforté dans votre démarche ? Quels enseignements en tirez-vous, qui soient susceptibles de conforter cette science de la durabilité ?

Olivier Dangles : J'en retiens au moins deux. Au plan de l'interdisciplinarité, d'abord. Les participants à ce colloque étaient majoritairement issus des sciences humaines et sociales, et ce qui intéresse l'écologue que je suis, a priori plus tourné vers les sciences de l'environnement, c'est de prendre la mesure de la diversité qui peut exister en leur sein, une diversité bien plus grande que l'idée que je m'en faisais. Quand on évoque l'interdisciplinarité, c'est dans le sens d'une articulation de ces sciences à d'autres sciences, dont celles de l'environnement. Or, au fil des communications, j'ai pu constater que cette interdisciplinarité gagnerait à être déjà renforcée au sein de ces seules SHS.
Second enseignement : le poids de l'histoire dans la manière dont un territoire est vécu. C'est ressorti avec évidence lors de visite au Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin où a été évoqué jusqu'au souvenir du débarquement de juin 1944 et les traces qu'il a laissées : la libération de la population, mais aussi des bombardements, des plages mutilées… Une illustration s'il en était besoin de ce qu'on gagne à connaître l'héritage du passé : il peut expliquer la complexité des rapports des habitants à leur territoire.

Je comprends mieux la complicité qui est ressorti du débat organisé entre vous et l'historien Pierre Cornu…

Olivier Dangles : Pierre a justement une façon stimulante d'éclairer le poids du passé, de redonner jusqu'à l'épaisseur historique des sciences, en faisant redécouvrir des auteurs méconnus qui ont pourtant influencé la manière d'envisager la recherche, marqué son organisation institutionnelle, comme celle de l'Inra par exemple, auquel il a consacré des ouvrages [La Systémique agraire à l'Inra, histoire d'une dissidence, 2021 ; L'Histoire de l'Inra, entre science et politique, 2018, chez Quæ éditions]. Les sciences de l'environnement gagneraient à revisiter elles aussi leur passé, ne serait-ce que pour convaincre les étudiants qu'elles n'ont pas attendu les défis actuels pour se constituer, qu'elles aussi ont une histoire et des auteurs qui gagnent à être (re)découverts.

Un mot sur le dispositif même du colloque de Cerisy que vous découvriez à cette occasion…

Olivier Dangles : Il tranche avec les colloques scientifiques auxquels j'ai l'habitude de participer. D'abord, au regard du temps : ici, on échange toute la journée, durant près d'une semaine. On n'a de cesse de s'entendre dire ou de se dire à soi-même : je n'ai pas le temps (de faire ceci ou cela). Et bien, ici, à Cerisy, on prend le temps, justement. Ce qui correspond à une exigence de la science de la durabilité : pour être dans la démarche réflexive que j'évoquais, il faut nécessairement prendre du recul et, donc, s'inscrire dans la durée. La réflexivité ne se décrète pas.
Ensuite, au regard du cadre, de l'environnement : le parc du château ! Ici, on peut se connecter à des humains, bien sûr — les colloquants —, mais aussi à des vivants non humains. À l'heure où je vous parle, j'ai pu en identifier une quarantaine !

Pouvez-vous nous en donner quelques exemples ?

Olivier Dangles : Des non humains aux noms poétiques tels que la lucilie soyeuse ou l'hélophile suspendu (des insectes), le nombril de vénus ou le polystic à soies (des plantes). Eux comme les autres sont désormais répertoriés sur une carte de l'application de science citoyenne iNaturalist (https://shorturl.at/eprGV). Le plus drôle, c'est la réaction des participants quand je leur ai fait découvrir cette diversité, au cours de mon intervention. Ils semblaient prendre conscience que, plusieurs jours durant, ils avaient cohabité avec autant d'espèces, sans le savoir. Beaucoup avaient pris le temps de se promener dans le parc, mais manifestement sans prêter attention aux autres vivants. Quelque chose d'inconcevable pour le naturaliste que je suis, dont le premier réflexe est, où que j'aille, d'aller voir de près quelles sont les espèces végétales ou animales avec lesquelles je vais être amené à cohabiter, voire à dialoguer. C'est dire le défi auquel nous faisons face, notamment dans la manière d'envisager l'objet d'étude des sciences. Pour en revenir aux sciences humaines et sociales, elles se sont constituées historiquement en portant leur attention sur nous autres les humains. En réponse aux exigences de durabilité, il leur faut maintenant porter davantage leur attention à nos rapports avec ces vivants non humains. Car ils nous apportent une ressource indispensable pour penser notre avenir : la poésie.

Propos recueillis par Sylvain ALLEMAND
Secrétaire général de l'AAPC

Publication 2023 : un des ouvrages


LEVINAS ET MERLEAU-PONTY

LE CORPS ET LE MONDE


Corine PELLUCHON, Yotetsu TONAKI (dir.)


Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) et Emmanuel Levinas (1906-1995) reprennent l'héritage de Husserl et de Heidegger en opérant une réhabilitation du corps et du monde sensible dont les conséquences en philosophie et en éthique sont considérables. Il y a des différences notables entre la phénoménologie de la perception de Merleau-Ponty ou sa description de la structure ontologique du monde et la pensée de Levinas qui fait de la rencontre d'autrui le point de départ de l'éthique. Toutefois, en insistant sur la corporéité du sujet et en l'inscrivant dans un tissu social, ils renouvellent l'un et l'autre la conception de la condition humaine, qui n'est plus pensée seulement à la lumière de la liberté.
Cet ouvrage est issu d'un colloque franco-japonais qui s'est tenu à Cerisy du 6 au 12 juillet 2022. Accueillant plusieurs traducteurs japonais de l'œuvre de Levinas et de Merleau-Ponty ainsi que des chercheurs venus de différents pays, il souligne l'actualité de ces phénoménologues ainsi que l'originalité des approches qu'ils ont pu inspirer. Une attention particulière est accordée à la manière dont ils contribuent à renouveler la réflexion sur le soin, l'habitation de la Terre et l'écophénoménologie, la philosophie de l'animalité et l'esthétique.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2022) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°670]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Hermann Éditeurs

Collection : Colloque de Cerisy

ISBN : 979-1-0370-2288-2

Nombre de pages : 320 p.

Prix public : 34 €

Année d'édition : 2023

Publication 2023 : un des ouvrages


Apposer sa marque. Le sceau et son usage autour de l’espace anglo-normand

APPOSER SA MARQUE

LE SCEAU ET SON USAGE AUTOUR DE L'ESPACE ANGLO-NORMAND


Clément BLANC-RIEHL, Jean-Luc CHASSEL, Christophe MANEUVRIER (dir.)


Le sceau, porteur d'une image personnelle, voire intime, rendue publique par la pratique, constitue un objet d'étude à la croisée des sciences humaines et sociales (histoire, histoire de l'art, archéologie, histoire du droit, sociologie, anthropologie). Des travaux récents menés à la fois sur les empreintes de cire et les matrices de sceaux, mais aussi sur les productions diplomatiques, soulèvent de nouvelles questions sur les usages du sceau, spécialement dans l'administration de la preuve, et leur diffusion jusque dans des milieux parfois très modestes. Qui dispose ou peut disposer d'un sceau ? Pour quels usages ? Où et par qui sont fabriquées les matrices, comment sont-elles conservées ou cancellées ?
L'espace normand et anglo-normand, au sein duquel les pratiques sigillographiques furent aussi originales que diversifiées durant l'époque médiévale, sera privilégié, mais on souhaite ouvrir la réflexion à d'autres espaces, européens et méditerranéens, et à d'autres périodes, notamment à l'Antiquité hellénistique et romaine.
Le colloque a été l'occasion de réfléchir au devenir des collections anciennes (matrices, empreintes, moulages), de faire le point sur l'état de la documentation disponible, sur les inventaires en cours et sur les projets de numérisation et de restauration entrepris récemment, en France et à l'étranger. La multiplication des opérations archéologiques durant ces dernières décennies et l'essor de la détection en Europe de l'Ouest ont également renouvelé l'approche traditionnelle du sceau, tant en ce qui concerne certains types d'empreintes (sur argile ou sur métal) que les matrices.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2013) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°669]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Éditions du Léopard d'Or

Collection : Revue française d'héraldique et de sigillographie

ISSN : 1158-3355

Nombre de pages : 340 p.

Illustrations : N & B

Prix public : 40,00 €

Année d'édition : 2023


Éditeur (version numérique gratuite) : Société française d'héraldique et de sigillographie

Collection : Revue française d'héraldique et de sigillographie

ISSN : 2606-3972

Nombre de pages : 340 p.

Illustrations : N & B et Couleurs

Année d'édition : 2022