Programme 2023 : un des colloques

Programme complet


VERS UNE NOUVELLE ALLIANCE SCIENCES-SOCIÉTÉS ?

REVISITER LES RAPPORTS ENTRE CONNAISSANCES ET ACTION


DU MARDI 19 SEPTEMBRE (19 H) AU LUNDI 25 SEPTEMBRE (14 H) 2023

[ colloque de 6 jours ]



ARGUMENT :

Dans les sociétés à fort développement technologique, la recherche et l'innovation sont considérées comme des moyens privilégiés capables de répondre aux grands défis auxquels ces sociétés sont confrontées. Mais de quelles recherches et de quelles innovations s'agit-il ? Les transformations profondes des façons de produire, consommer, habiter, se déplacer, se nourrir, indispensables pour faire face à ces enjeux requièrent, selon nous, un renouvellement des rapports entre connaissances et action, c'est-à-dire une recherche inclusive et partagée, une innovation élargie. Penser à nouveaux frais la production de connaissances et les processus d'innovation en renouvelant l'alliance entre sciences et sociétés, tel est l'objectif central de ce colloque.

Pour explorer le potentiel de ces approches, mais aussi identifier leurs limites, l'on croisera différentes théories (études des sciences et des techniques, études d'innovation, épistémologie, histoire, économie politique de la connaissance) et diverses expériences de recherches participatives et collaboratives. Leur mise à l'épreuve se fera par la pratique : les participants seront invités à contribuer à des ateliers de conception consacrés à l'élaboration de projets de recherche. Enfin, l'on identifiera les principaux dispositifs institutionnels nécessaires pour soutenir la montée en généralité de ces approches. Pour ce faire, à côté des intervenants, le colloque accueillera toutes celles et tous ceux que les sujets traités intéressent et qui pourront participer aux ateliers et aux discussions.


MOTS-CLÉS :

Connaissances actionnables, Coproduction, Études des sciences et techniques, Expérimentation collective, Innovation élargie, Intermédiation recherche-société, Recherche-action, Recherche participative, Tiers-Secteur de la recherche, Transition profonde


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mardi 19 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Mercredi 20 septembre
Matin
Pierre-Benoit JOLY & Laëtitia DELLA BIANCA : Introduction

QUE NOUS APPREND L'HISTOIRE DES RECHERCHES-ACTIONS PARTICIPATIVES ?
Jacques CHEVALIER : Repenser ensemble le vivre ensemble

MÉDIATION, INTERMÉDIATION, COCONCEPTION
Armand HATCHUEL : Penser l'alliance science-société comme une conception/sociation dans l'inconnu

Après-midi
Philippe TERRAL : L'enjeu d’une description fine des dynamiques socio-cognitives des "histoires de collaboration"

RECHERCHES DU TIERS SECTEUR ET TRANSITIONS | Animateur : Sylvain ALLEMAND
Baptiste BEDESSEM : Sciences et recherches participatives : quels risques, quels bénéfices pour l'objectivité scientifique ?
Cécile RENOUARD : Recherche-action sur les connaissances et compétences pour la Grande Transition : le cas du Campus de la Transition
Pierre-Benoit JOLY : Connaître et reconnaître les recherches citoyennes


Jeudi 21 septembre
Matin
LA QUESTION DE L'IMPACT
Jordi MOLAS-GALLART : Comment produire des connaissances pour des transformations souhaitables ? Comment généraliser à partir des transformations locales ?
Giulia VOLPINI : L'évaluation formative en temps réel : un moyen de repenser les associations entre science et société afin de contribuer à répondre aux défis sociétaux

Après-midi
L'EXPÉRIMENTATION COLLECTIVE COMME MODE DE RÉSOLUTION DE PROBLÈMES
Brice LAURENT : Politiques de l'expérimentation et fragilités constitutionnelles
Alix LEVAIN : Transformer les conditions de l'interlocution : expérimentation et parole radiophonique

CYCLO – Campus de la Transition, avec Florence DROUET & Cécile RENOUARD

Soirée
Présentation des Ateliers en parallèle
1. Sécurité sociale de l'alimentation (Julien COUAILLIER, Dominique PATUREL) | Présentation
2. Transitions énergétiques (Frédérick LEMARCHAND) | Présentation
3. Entre terre et mer (Alix LEVAIN) | Présentation


Vendredi 22 septembre
Matin
INTERDISCIPLINARITÉ, TRANSDISCIPLINARITÉ, CROISEMENT DES SAVOIRS
Tom DEDEURWAERDERE : Gouverner la co-production inter- et transdisciplinaire de connaissances sur les transitions sociales et écologiques
Laurent HAZARD : Au-delà de toute discipline, l'apprentissage mutuel dans l'action pour désamorcer un problème pernicieux
Geneviève DEFRAIGNE TARDIEU : Le Croisement des Savoirs : recherches participatives avec des personnes en situation de grande pauvreté

Après-midi
"HORS LES MURS" — À SAINT-CÔME-DU-MONT
Visite sur la thématique "La future Charte du Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin (2025-2040) : modalités de co-construction et démarches participatives", avec Denis LETAN (Directeur), Joëlle RIMBERT (Chargée de mission et référente de la future Charte) et Anne HEBERT (Vice-présidente de la Communauté de communes Côte Ouest Centre Manche)

Soirée
Enjeux institutionnels, table ronde avec Mina KLEICHE-DRAY (La recherche-action participative au prisme de la géopolitique des savoirs), Selim LOUAFI (Transformer les organisations par l'expérimentation — l’exemple des pratiques d'échange des ressources génétiques) et Jean-Baptiste MERILHOU-GOUDARD (Jeux d'acteurs et d'engagements dans les co-recherches : qu'avons-nous de nouveau à en dire ?)


Samedi 23 septembre
Matin
QUELLES VALEURS ? LIBERTÉ ACADÉMIQUE, JUSTICE ÉPISTÉMIQUE
Sophie LEWANDOWSKI : Approches sensibles, objectivité et équité en RAP (Usages du Théâtre forum-Communication non violente)
Cécile BARNAUD : Asymétries de pouvoir et conflits de valeurs dans les recherches transformatives : chercheurs et chercheuses face à des dilemmes éthiques
Dominique DESCLAUX : Alliance sciences-sociétés : simple bague au doigt ou arche conservant les tables de la loi ?

Après-midi
Baptiste GODRIE : Des monocultures aux écologies des savoirs et des pratiques : justice cognitive et conditions d'actualisation dans le champ de la santé

Ateliers en parallèle

Soirée
Concert de jazz (Formation années 60), avec Frédérick LEMARCHAND


Dimanche 24 septembre
Matin
SUSTAINABILITY SCIENCE ? COMMENT LES CO-RECHERCHES RÉPONDENT-ELLES À L'ENJEU DE LA DURABILITÉ ?
Pierre CORNU : Les sustainability sciences, ultime métamorphose de l'économie de la connaissance ? Essai d'approche diachronique et critique [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Olivier DANGLES : Science de la durabilité : Sisyphe était-il heureux ?

Après-midi
Ateliers en parallèle (suite)

Soirée
Restitution des travaux réalisés lors des ateliers


Lundi 25 septembre
Matin
Rapports d'étonnement des jeunes chercheures : Florence DROUET et Giulia VOLPINI | Animateur : Jacques CHEVALIER

Discussion générale et conclusion

Après-midi
DÉPARTS


TÉMOIGNAGES :

Science de la durabilité : Sisyphe était-il heureux ?. Rencontre avec Olivier DANGLES, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Pierre-Benoit JOLY : Connaître et reconnaître les recherches citoyennes
La relation sciences-sociétés est le plus souvent considérée en sens unique, de la science vers la société. Penser la nouvelle alliance sciences-sociétés, c'est d'abord rompre avec cette perspective dominante et avec le paradigme de la culture scientifique et technique qui en est l'une des formes institutionnalisées. C'est l'un des enjeux de la coproduction des savoirs qui connaît un développement très important depuis une quarantaine d'années. Néanmoins, s'agissant spécifiquement des relations avec les acteurs de ce que l'on appelle le "tiers secteur de la recherche" (TSR), l'institutionnalisation de la coproduction des savoirs butte sur un défaut de (re)connaissance de leur capacité propre de production de connaissances. L'usage assez malheureux de l'expression "science citoyenne" est l'un des symptômes d'une conceptualisation immature. Cette expression nous conduit sur une fausse piste car elle pointe vers une assimilation de la production de connaissance du TSR à la production scientifique. En proposant d'utiliser le concept de recherche citoyenne, l'enjeu est ici de construire un cadre intellectuel qui permet de saisir les caractéristiques de ce mode de production de connaissances et, partant, de mieux saisir les enjeux, les modalités et les limites de la coproduction de savoirs.

Pierre-Benoit Joly, spécialiste d'études sociales des sciences, des techniques et des innovations (STS), est ingénieur agricole (1982), docteur en économie (1987) et habilité à diriger les recherches (1995). Directeur de recherche INRAE, il a été directeur de l'IFRIS, du Laboratoire d'Excellence SITES (2009-2014) et directeur du Laboratoire Interdisciplinaire Sciences Innovations Sociétés (Lisis), UMR CNRS, INRAE, Université Gustave Eiffel (2015-2019). Depuis le 1er janvier 2020, il est Président du Centre INRAE Occitanie-Toulouse. Il est membre de l'Académie des Technologies et membre correspondant de l'Académie d'Agriculture.

Alain KAUFMANN
Alain Kaufmann a suivi une double formation en biologie et en sociologie, à l'université de Lausanne (UNIL). Après avoir été chercheur la Faculté de médecine, puis maître-assistant à la Faculté des sciences sociales et politiques de l'UNIL, il est chercheur invité à l'École des Mines de Paris, au Centre de sociologie de l'innovation. En 2002 il créé l'Interface sciences-société et en 2005 L'éprouvette, le laboratoire public de l'UNIL. En 2019 il crée Le ColLaboratoire de l'UNIL, une unité de recherche-action, collaborative et participative. Ses domaines de recherche et d'enseignement sont la sociologie des sciences et des techniques, l'approche interdisciplinaire des risques, l'éthique et la déontologie de la recherche, la recherche participative, et les aspects sociaux et anthropologiques de la médecine et de la recherche biomédicale. Il est membre des Conseils scientifiques de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail et de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Il est membre du Bureau et du Conseil d'administration de l'Alliance Sciences-Sociétés qui œuvre en France et à l'international pour la reconnaissance et le développement du Tiers-Secteur de la recherche.


Cécile BARNAUD : Asymétries de pouvoir et conflits de valeurs dans les recherches transformatives : chercheurs et chercheuses face à des dilemmes éthiques
Dans les recherches participatives, co-construire des connaissances implique des arènes souvent caractérisées par des conflits de valeur et des asymétries de pouvoir. La question du positionnement des chercheurs dans ces arènes est délicate et trop rarement abordée de front. Elle les renvoie en effet à des dilemmes éthiques difficiles à résoudre. D'un côté, s'ils adoptent un positionnement neutre, sans parti pris, ils sont accusés d'être naïvement manipulés par les acteurs les plus influents, et de participer en fait à un renforcement des asymétries initiales. D'un autre côté, s'ils assument une posture non-neutre, en renforçant les voix des acteurs les moins influents, on interroge leur légitimité. Dans cette présentation, je reviendrai sur les résultats d'un travail collectif qui nous a permis d'identifier cinq grands types de posture, qui renvoient à différentes conceptions de la légitimité de la recherche participative. Je questionnerai ensuite la façon dont les recherches dites transformatives, qui portent un impératif normatif de transformation dans un contexte d'urgence écologique, font évoluer les postures et soulèvent de nouveaux dilemmes éthiques. Je m'appuierai pour cela sur l'exemple d'un projet de recherche en cours, le projet Just-Scapes, qui vise à co-construire avec les acteurs d'un territoire de montagne des transformations justes de l'élevage dans le contexte du changement climatique.

Cécile Barnaud est chargée de recherches à l'INRAE, membre de l'UMR Dynafor à Toulouse. Ses travaux s'intéressent à la façon dont l'interface entre agriculture, biodiversité et société est socialement construite et négociée à l'échelle des territoires, entre des acteurs aux valeurs multiples, dans le cadre de relations de pouvoir souvent asymétriques. Elle a conduit, encadré et évalué de nombreux projets de recherche participative, avec un souci de réflexivité sur ces approches.

Baptiste BEDESSEM : Sciences et recherches participatives : quels risques, quels bénéfices pour l'objectivité scientifique ?
L'objectivité des sciences (comme institutions, comme processus et comme ensemble d'individus) est considérée comme l'un des fondements de leur autorité sociale, et l'un des déterminants de la confiance placée par les citoyens dans les données, résultats et expertise qu'elles produisent. La question de la nature, des fondements et des limites de cette objectivité scientifique se doit donc d'accompagner toute réflexion sur le rôle et la place des sciences, comme institution et comme pratique, dans nos démocraties. En particulier, ces questions relatives à l'objectivité se voient renouvelées par les appels contemporains à une plus grande implication des citoyens dans les processus de production de savoirs et d'expertises : en effet, si l'objectivité est traditionnellement considérée comme étant garantie par des mécanismes régulateurs internes au champ scientifique (formation et sélection des chercheurs, publications dans des revues spécialisées, contrôle par les pairs), comment l'irruption de non-professionnels joue-t-elle sur l'objectivité — et la manière dont on la pense ? Cette question est rendue complexe à la fois par la diversité des pratiques de participation dans les sciences ("sciences participatives", "recherches participatives", "recherches-action participatives"…), et la polysémie du concept d'objectivité lui-même. Cette contribution se propose de développer un cadre conceptuel qui permette d'interroger la variété des défis et des opportunités épistémiques qui accompagnent les différentes formes de participations citoyennes. Ces analyses seront ensuite mobilisées pour identifier et discuter des points d'attention et des actions à mener pour faire des sciences et recherches participatives un outil de production de savoirs collectivement considérés comme objectifs.

Baptiste Bedessem est titulaire d'une thèse en biologie cellulaire (université de Grenoble-Alpes, 2015) d'une thèse en philosophie des sciences (Université de Grenoble-Alpes/Université du Québec à Montréal, 2018). Il est actuellement chargé de recherche INRAE au sein du laboratoire interdisciplinaire sciences, innovations, sociétés (LISIS). Ses recherches ont porté jusqu'à présent sur la manière dont les sciences et recherches participatives influent sur les modes de production des savoirs et de l'expertise scientifique. Cette interrogation d'ordre épistémologique s'accompagne d'une réflexion sur les débouchés politiques des sciences et recherches participatives.

Pierre CORNU : Les sustainability sciences, ultime métamorphose de l'économie de la connaissance ? Essai d'approche diachronique et critique
Dans la foulée du Rapport Brundtland de 1987 et du Sommet de Rio en 1992, un grand nombre d'initiatives se sont développées, souvent aux marges des mondes académiques, pour intégrer l'enjeu de la "soutenabilité" à la recherche scientifique en même temps qu'au débat public. Portées par des collectifs ou par des figures fondatrices, et ayant appris à confronter leurs visions lors des grands événements internationaux touchant aux maux du "système terre" et à ses possibles remédiations, ces initiatives ont peu à peu donné naissance à une véritable "conversation" mondiale sur la soutenabilité. Celle-ci a rapidement pris une configuration interdisciplinaire, puis transdisciplinaire, dans l'idée d'en renforcer le potentiel transformateur, dessinant un paysage global aux interconnexions complexes et à la densité croissante, à la fois opportunité et défi pour la recherche. Issue d'un travail d'investigation mené au sein d'INRAE, la mise en perspective diachronique et critique de cette "conversation" sera présentée sous la forme d'une invitation à penser la possibilité d'une nouvelle alliance sciences-société dans les termes d'une histoire du temps présent ouverte à la co-élaboration narrative.

Pierre Cornu est directeur de recherche en histoire du temps présent, spécialiste des enjeux croisant sciences, agriculture et environnement aux XXe et XXIe siècles. Inscrivant sa pratique de recherche dans une double dimension interdisciplinaire et collaborative, il vise par ses travaux à informer la question du statut singulier de la temporalité dans l'anthropocène. Il a notamment publié La systémique agraire à l'Inra, histoire d'une dissidence, Quae, 2021.

Olivier DANGLES : Science de la durabilité : Sisyphe était-il heureux ?
La science de la durabilité permet une meilleure compréhension globale des grands enjeux de durabilité de nos sociétés avec l'ambition d'apporter des éléments de réponse aux objectifs de développement durable. Les problèmes de durabilité apparaissent le plus souvent pernicieux (wicked), inextricables et insolubles, si bien que le chercheur engagé peut être atteint de découragement, tel Sisyphe condamné à pousser une pierre au sommet d'une montagne, d'où elle finit toujours par retomber. En proposant d'imaginer Sisyphe heureux, Albert Camus décrit un humain qui trouve son bonheur dans l'accomplissement de la tâche qu'il entreprend et non dans sa signification. Cette pensée servira de base à une réflexion sur le positionnement du chercheur en science de la durabilité dans un monde semé d'incertitudes : le poids de la pierre, la pente de la montagne, les effets non linéaires qui font que la pierre tombe vers un autre versant ou ne revient pas à sa position d'origine.

Olivier Dangles est Directeur de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement et actuellement directeur délégué adjoint à la Science, en charge de la science de la durabilité. Il est basé au Centre d'Écologie Fonctionnelle et Évolutive de Montpellier où il codirige un Laboratoire International entre l'Équateur, la Colombie et la France qui réalise des recherches interdisciplinaires sur la préservation de la Biodiversité et l'agriculture Durable dans les Andes tropicales.

Tom DEDEURWAERDERE : Gouverner la co-production inter- et transdisciplinaire de connaissances sur les transitions sociales et écologiques
Cette contribution présente un cadre d'analyse basé sur les théories des biens communs de connaissance pour analyser la gouvernance des collaborations dans les recherches inter- et transdisciplinaires. Ce cadre est introduit par une discussion des défis d'action collective à relever dans la mise en œuvre des collaborations. Ensuite, afin de souligner l'importance de la co-production des connaissances pour affronter les défis d'action collective, la contribution passe en revue les différents mécanismes de co-conception des cadres de recherche entre chercheurs scientifiques et acteurs sociétaux et les processus d'apprentissage social sur les valeurs de soutenabilité au sens fort. Finalement, quelques pistes sont présentées pour l'institutionnalisation de ces efforts collaboratifs qui résistent à la division traditionnelle du travail entre expertise scientifique d'une part et connaissances de terrain des acteurs sociétaux sur les dynamiques de transformation d'autre part.

Tom Dedeurwaerdere est professeur en philosophie des sciences à l'université de Louvain (UCLouvain). Ses recherches portent sur l'action collective pour les transformations vers la soutenabilité, publiées en particulier dans le livre en accès libre Sustainability Science for Strong Sustainability, l"article "A pragmatist approach to transdisciplinarity in sustainability research" et un ouvrage en préparation sur la Gouvernance de la recherche transdisciplinaire en partenariat.

Geneviève DEFRAIGNE TARDIEU : Le Croisement des Savoirs : recherches participatives avec des personnes en situation de grande pauvreté
Les injustices épistémiques sont l'une des causes de la grande pauvreté. Non seulement l'injustice du non accès à l'éducation, mais l'injustice de témoignage et l'injustice d'interprétation. Lutter contre ces injustices nécessite d'avoir recours à des épistémologies radicales, comme celle du Croisement des Savoirs. Il s'agit de construire des savoirs résultant d'un travail en commun entre les personnes en situation de grande pauvreté, des praticiens et des universitaires ayant le projet de construire des savoirs émancipatoires. L'Université populaire Quart Monde est le premier où des personnes en situation de grande pauvreté prennent conscience de l'importance de leur expérience de vie et ont la possibilité de la transformer en savoir émancipatoire. La Méthodologie du Croisement des Savoirs a été récemment expérimentée et reconnue dans l'espace collaboratif ATD Quart Monde, CNAM et CNRS afin de faire reconnaitre cette méthodologie de recherche, d'en asseoir les principes et les critères de validité. C'est un outil essentiel de l'alliance sciences-sociétés.

Geneviève Defraigne Tardieu est docteure en sciences de l'éducation et volontaire permanente du Mouvement international ATD Quart Monde depuis 1983. Elle a eu différentes missions en France et aux USA auprès de personnes vivant en grande pauvreté. Elle a animé l'Université populaire Quart Monde Ile de France et a réalisé une recherche participative avec les membres de l'Université populaire pour expliciter avec eux la construction de connaissances et autres transformations afférentes. Elle est actuellement attachée au pôle Recherche du Centre Joseph Wresinski.
Publications
"Quand le colloque de Cerisy se déplace : une soirée à l'Université populaire Quart Monde de Caen", in Ce que la misère nous donne à repenser, avec Joseph Wresinski, Bruno TARDIEU, Jean TONGLET (dir.), Colloque de Cerisy, Hermann Éditeurs, 2018.
"Les universités populaires Quart Monde", in Universités populaires, hier et aujourd'hui, Gérard POULOUIN (dir.), Colloque de Cerisy, Éditions Autrement, 2012.
L'Université populaire Quart Monde. La construction du savoir émancipatoire, Presses universitaires de Nanterre, 2011.
Bibliographie
« Les pauvres sont nos maîtres ! », David JOUSSET, Bruno TARDIEU, Jean TONGLET (dir.), Hermann Éditeurs, 2019.
Les injustices liées au savoir, Revue Quart Monde, n°265 | 2023/1.

Dominique DESCLAUX : Alliance sciences-sociétés : simple bague au doigt ou arche conservant les tables de la loi ?
Comment traiter cette alliance sciences-sociétés ? Faut-il la sceller ? la conclure ? la contracter ? la rompre ? la faire ? la célébrer ? la signer ? l'offrir ? l'instituer ?
Est-elle union béate de 2 entités que seraient les sciences et les sociétés, ou bien véritable lieu de l'entre-deux où s'instaure un lien fort et durable ?
Faut-il privilégier l'origine latine alligare (attacher) ou la traduction de l'hébreu בְּרִית ("berith") dont l'origine signifie aussi couper ou du grec διαθήκη ("diathèkè") dont la racine "dia", préférée au "sun"(sunthèkè) dans la Septante pour traduire "alliance", indique la rupture, l'écart et non le rassemblement.
L'alliance, n'est donc pas fusion, mais mise en tension. L'enjeu est de créer un intervalle faisant appel à la responsabilité de chaque partenaire. Cette alliance ne contraint pas, elle ouvre un espace de liberté où chacun met en œuvre ses propres capacités, talents, compétences, savoirs-être au service d'un objectif commun, d'une relation de solidarité. Elle implique des engagements pris pour en assurer la pérennité. Parler d’alliance Sciences-Sociétés revient à postuler le pluralisme de chaque entité et l'extériorité des sciences aux sociétés. Cette non-inclusion apparente devient recherche d'interactions. Interaction, non comme l'épistasie génétique, où l'expression de certains gènes masque ou empêche celle des autres, mais pourquoi pas à l'image de l'interaction GxE, où l'adaptation du génotype G à son environnement E, modifie aussi ce dernier et ouvre l'espace de la contribution. Tout comme la compétition entre plantes peut ouvrir à la facilitation.
Finalement pourquoi ne pas comparer Sciences et Sociétés à Plantes et Environnements ? L'un est dans l'autre et chacun a un impact sur l'autre. Au moment où l'agronomie pense l'interaction non plus seulement en termes "d'adaptation des plantes à leur environnement" ou encore de "réponses du G à E" mais en termes d'"effets du G sur E", ne passe-t-on pas aujourd'hui, de manière similaire mais inversée, des "effets des sciences sur les sociétés" aux "réponses des sciences aux sociétés"? Le "sur", le "aux" pouvant être, selon les valeurs de chacun, un "vers" condescendant ou un "dans", un "chez" ou mieux : un "avec"…
Comparer les sciences à des plantes, c'est finalement autoriser leur culture aussi bien par le jardinier amateur que par l'expert en botanique. C'est choisir entre bien commun et propriété intellectuelle, entre semences paysannes et OGM, entre le oui inconditionnel à la hiérarchie et l'objection de conscience, entre mannes financières et humanité, entre carriérisme et utilité. Les valeurs sont au cœur de l'alliance, elles la forgent. Elles ajustent (dans le sens de justice) les entités l'une à l'autre.
L'alliance sciences-sociétés n'est ni bague au doigt, ni arche conservant les tables de la loi édictées dans un ailleurs, mais bien espace de rencontres, de création, d'ouverture, dans lequel les valeurs ne sont pas négociées mais débattues, affirmées et tranchées.

Dominique Desclaux passerait son temps, si elle le pouvait, à contempler la nature, dialoguer avec les oiseaux et apprendre de tous. Elle se plait aussi à assurer des travaux de recherche dans le département de Biologie et Amélioration des Plantes d'Inrae, et d'appui aux équipes au sein du pôle Science en Société de la Direction pour la Science Ouverte d'Inrae. Maître es-Biologie, Ingénieur Agronome, Titulaire d'une thèse sur les interactions Génotype x Environnement et d'un Master en Management et Économie, elle accompagne, en tant que chercheure INRAE, divers projets de recherche participative. Elle est notamment à l'initiative depuis une vingtaine d'années, avec divers agriculteurs et acteurs des filières, de programmes de sélection participative de variétés adaptées à l'agriculture biologique qui ont été lauréats de la première édition du Prix National de la Recherche Participative.

Baptiste GODRIE : Des monocultures aux écologies des savoirs et des pratiques : justice cognitive et conditions d'actualisation dans le champ de la santé
Envisager le renouvellement des rapports entre connaissances et actions appelle une réflexion sur nos imaginaires épistémiques et les épistémologies dominantes qui les nourrissent. C'est ce que nous proposons de faire à la lumière du concept de justice cognitive proposé, entre autres, par l'anthropologue indien Shiv Visvanathan. Ce projet intellectuel repose sur l'identification des monocultures des savoirs et des disciplines ayant conduit à des impasses démocratiques, sanitaires et environnementales, au profit d'écologie des savoirs et des pratiques porteuses d'une plus grande justice sociale et épistémique. Comment soutenir l'émergence de telles écologies des savoirs et des pratiques ? Comment identifier et prioriser les savoirs à privilégier dans les différents contextes d'intervention pour ne pas tomber dans le piège du relativisme ? Cette intervention reviendra sur ces questions et enjeux, à partir d'exemples empruntés au champ de la santé.

Baptiste Godrie est sociologue, professeur à l'École de travail de l'université de Sherbrooke et directeur scientifique de l'Institut universitaire de première ligne en santé et services sociaux. Ses travaux portent sur les inégalités sociales, en particulier sur les enjeux de justice et d'injustices épistémiques dans le champ de la santé et des services sociaux, sur la participation citoyenne et les recherches participatives.

Armand HATCHUEL : Penser l'alliance science-société comme une conception/sociation dans l'inconnu
Penser l'alliance entre science et société exige un modèle d'action collective adapté. L'asservissement linéaire ou marchand convient rarement : la science ne vise pas à résoudre les problèmes immédiats de la société et les acteurs sociaux créent des savoirs utiles. Le modèle partenarial est plus adapté mais ce n'est pas un accord gagnant-gagnant : i) les "gains" ne sont ni prédictibles ni commensurables ; ii) la science vise un inconnu du savoir et les acteurs sociaux cherchent à améliorer leur cadre de vie ou d'activité. Le modèle adapté à ces réalités est celui de la conception collective (dans l'inconnu). Il s'éloigne des rationalités décisionnelle et organisationnelle classiques et permet des partenariats "à double impact". Chacun poursuit sa logique en puisant dans les connaissances (et les concepts) de l'autre. Il n'y a donc pas d'échange marchand mais une "sociation" particulière. La théorie de la conception collective est largement mobilisée. Elle s'étend aux alliances entre savoir expert et savoir profane, inter-épistémiques ou inter-civilisationnelles. Ces alliances créent des mondes qui ont des structures de Topos.

Armand Hatchuel est Professeur émérite à Mines Paris PSL (CGS-I3 UMR 9217) où il a co-fondé les chaires de théorie de la conception et de théorie de l'entreprise. Il a développé avec Benoit Weil et Pascal Le Masson une théorie de la conception (dite théorie C-K) internationalement enseignée et qui a eu un impact scientifique et industriel important. Ses travaux avec Blanche Segrestin, Kevin Levillain et le Collège des Bernardins, ont aussi inspiré la réforme du code civil et la création des "sociétés à mission" (loi Pacte). Ses derniers travaux portent sur l'action collective dans l'inconnu. Fellow de la Design Society et de l'European Academy of Management, il a reçu plusieurs distinctions scientifiques. Il est membre de l'Académie des Technologies et vice-président de l'Association des Amis de Pontigny-Cerisy.

Laurent HAZARD : Au-delà de toute discipline, l'apprentissage mutuel dans l'action pour désamorcer un problème pernicieux
Ces 20 dernières années, je n'ai cessé de m'interroger sur ma pratique de chercheur engagé en recherche-action. Cet engagement trouve son origine dans la mission qui m'a été confiée lors de mon recrutement à l'INRA : concevoir des variétés pour l'agriculture. Ma recherche ne visait donc pas à comprendre le monde mais à le transformer en produisant des innovations cessées anticiper les évolutions de l'agriculture à 15 ans, temps nécessaire pour la mise en marché d'une variété… J'ai alors développé des approches de co-conception pour mobiliser les utilisateurs pour créer des innovations utiles et utilisées et les citoyens pour valider le futur qu'elles construisent. Cependant, la complexité des problèmes que ces innovations ne parviennent pas à résoudre m'a amené à déployer des enquêtes dont l'objectif premier est de produire une intelligibilité des situations problématiques dans lesquelles il m'est demandé d'intervenir. La transdisciplinarité est à mes yeux un terme pour faire le deuil des disciplines afin d'aborder ces problèmes pernicieux. L'enquête déployée mobilise des compétences éloignées les unes des autres, détenues par des experts, chercheurs et acteurs de la situation explorée, de secteurs, métiers et disciplines différentes, qui doivent composer avec cette diversité. L'enquête réserve son lot de surprises qui met à l'épreuve leur agilité et leur capacité à s'écarter de leur zone de confort. Son déploiement est inféodé à l'action qui révèle les interrelations et participe à une meilleure intelligibilité de la situation problématique. Un tel processus transformatif doit alors se doter d'une éthique et d'un contrôle démocratique pour échapper à toute dérive technocratique.
Les scientifiques sont les premiers, et souvent les seuls, à être interrogés sur leur capacité à développer ou intégrer une telle enquête transdisciplinaire. En effet, celle-ci remet en cause la logique moderniste et positiviste à laquelle beaucoup d'entre eux se conforment : celle d'une réalité objective, d'une connaissance unifiée, des dualismes qui structurent la pensée, de la neutralité des méthodes scientifiques, d'une épistémologie de la possession, de la linéarité des processus considérés… S'engager dans des approches transdisciplinaires remet en cause tout cela. Elle projette les participants dans une épistémologie constructiviste et nécessite de traiter les asymétries et les jeux de pouvoirs. C'est une véritable acculturation qui s'impose à l'ensemble des participants dont la façon de penser et d'agir est façonnée par le rationalisme. L'enjeu est alors de créer les conditions d'un apprentissage mutuel tant sur le problème qui réunit les participants que sur la manière de conduire le processus. Cette expérience constituera alors le point de départ d'une action collective ou contribuera à accroître l'agentivité des participants.
Animer un processus transdisciplinaire ne va pas de soi et donne à voir d'autres compétences que celles des courtiers en connaissances ou autres passeurs de frontière. Il s'agit de créer et accompagner une communauté apprenante dans un processus indéterminé, aux antipodes de ce que proposent les formations à l'ingénierie de projet. Produire des connaissances scientifiques dans un tel dispositif ne va pas de soi non plus : désadhérence, décontextualisation, objectivation, administration de la preuve sont autant de paliers de décompression pour refaire surface dans l'Académie.

Laurent Hazard est Directeur de Recherche chez INRAE, après une thèse en génétique au début des années 90, il se détourne de la paillasse pour déployer une recherche de plein-air sur la gestion des ressources génétiques en restauration écologique puis en sélection paysanne. La semence, fondant les espoirs de transformation des acteurs aux prises avec des situations problématiques, déçoit. Son investigation s'oriente alors sur la manière d'appréhender ces situations problématiques, d'articuler l'action collective et les projets individuels de leurs acteurs et de penser l'accompagnement au changement dans de telles situations. Depuis 2021, Laurent Hazard dirige l'UMR AGIR à Toulouse dont le projet porte sur l'accompagnement des transitions agroécologiques.

Mina KLEICHE-DRAY : La recherche-action participative au prisme de la géopolitique des savoirs
Cette intervention vise à contribuer aux réflexions sur l'institutionnalisation des recherches participatives et collaboratives. Les rapprochements science-société que ces recherches supposent, objet à la fois de travaux critiques et réflexifs dynamiques et d'incitations nombreuses, notamment dans le cadre de la LPR, posent un certain nombre de questions sur l'organisation de la recherche, son pilotage et son évaluation. En s'engageant dans une politique volontariste de constitution d'une communauté de pratiques autour des recherches participatives et partenariales menées avec les Sud, l'IRD a dû relever de nouveaux défis aussi bien épistémiques, méthodologiques, financiers et institutionnels. Sera partagé dans cette table ronde, l'exploration des expériences de recherches participatives menées par l'IRD avec ses partenaires et qui a été réalisée par l'IRD en 2022. L'analyse de ces recherches menées en dehors de l'hexagone et associées à une multiplicité de systèmes de recherche variés d'une part, et une critique de la science issue des Sud d'autre part, seront mobilisées pour montrer comment la prise en compte de la géopolitique des savoirs contribue à mieux comprendre les conditions de possibilités de rapprochement institutionnel science-recherche-société au prisme de sociétés à développement technologique différencié.

Mina Kleiche-Dray est historienne et sociologue des sciences et des savoirs, directrice de recherche à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), affiliée à l'UMR Ceped (Université Paris Cité-IRD) et directrice adjointe du Département Société et Mondialisation de l'IRD. Ses travaux portent sur les dynamiques collectives et les dispositifs institutionnels de production de la science et leurs impacts sur la subalternisation et la valorisation des "savoirs autres" hors Occident sur le temps long : gouvernance de la science, construction des disciplines scientifiques, communautés scientifiques, généalogies des critiques sociales et productions intellectuels sur les sciences et les "savoirs autres" (autochtones, afrodescendants, paysans, ordinaires), en contextes situés [Afrique (à partir du Maroc) et en Amérique Latine (à partir du Mexique)].

Brice LAURENT : Politiques de l'expérimentation et fragilités constitutionnelles
Le terme "expérimentation" est utilisé pour décrire des tentatives collectives visant à faire face aux transformations du monde, mais aussi pour caractériser de nouvelles figures de l'action publique et privée faisant de l'innovation un moyen et une fin. Cette polysémie recouvre des situations très différentes, mais qui ont en commun de valoriser l'émergence et l'exploration. Cette communication invite à analyser les fragilités constitutionnelles des expérimentations, au double sens de leur instabilité ontologique et normative. Des instruments comme le bac à sable réglementaire, qui vise à créer des zones d'exception pour expérimenter des innovations, débouchent sur une politique fondée sur l'innovation délibérément conçue pour introduire des fragilités constitutionnelles. Dans d'autres situations expérimentales comme des tentatives de mesures citoyennes de pollution, la fragilité constitutionnelle apparaît comme une conséquence subie des modes d'organisation de l'expertise publique. Plutôt que de considérer l'expérimentation collective comme un mode d'action qui serait intrinsèquement désirable, l'analyse des fragilités constitutionnelles permet d'interroger les implications démocratiques de la gestion de la tension entre stabilité des institutions et émergence.

Brice Laurent est chercheur au Centre de Sociologie de l'Innovation de Mines Paris et directeur des sciences sociales à l'ANSES. Ses travaux de recherche sont inscrits dans le domaine des études sociales des sciences et s'intéressent aux relations entre science et démocratie.

Alix LEVAIN : Transformer les conditions de l'interlocution : expérimentation et parole radiophonique
Comment travailler l’audibilité de la parole dans un débat public saturé de discours et polarisé à l'extrême, comme celui qui entoure le problème des marées vertes en Bretagne ? En s'appuyant sur les multiples possibilités formelles et situationnelles qu'offre la production radiophonique de proximité, le collectif de recherche Paroles et chemins de l'agriculture littorale s'est livré, pendant 4 ans, à une série d'expérimentations collectives impliquant radios associatives, agriculteurs, militants associatifs, habitants, élus et chercheurs. Je propose à partir d'une présentation de cette expérience de discuter avec les participant.es des propriétés transformatrices de ces expérimentations formelles situées, de la portée et de la temporalité des déplacements qu'elles opèrent chez leurs protagonistes, de la façon dont elles peuvent modifier les conditions du débat public autour des orientations de politique agricole, et des activités agricoles quotidiennes elles-mêmes.
Les recherches interdisciplinaires menées par les équipes de l'UMR Sols, Agro et hydrosystème, Spatialisation (UMR 1069 SAS) et le Laboratoire Interdisciplinaire Sciences, Innovations, Sociétés (UMR 1326 LISIS) depuis les années 2000 sur les territoires touchés par les marées vertes en Bretagne sont à l'origine de la proposition de déplacement du regard qui fonde le projet Parchemins (Fondation de France-Région Bretagne), depuis la gestion de l'eau et des impacts environnementaux de l'agriculture vers les tensions qui traversent l'activité agricole en zone littorale et ses transformations. Ce déplacement explique le choix de travailler sur et à partir d'un réseau de sites d'étude dans lesquels lesquels la problématique de gestion des pollutions diffuses d'origine agricole est plus ou moins prégnante, et dont les caractéristiques sont emblématiques de grandes transformations qui traversent l'agriculture en zone littorale dans la région : le maintien d'une forte présence agricole aux prises avec des transformations agro-industrielles qui mettent en jeu la survie d'exploitations familiales conventionnelles, en particulier en élevage ; la spécialisation dans une production légumière d'exportation ; et le double mouvement de déprise et d'orientation multifonctionnelle de l'agriculture qui caractérise les territoires connaissant un très fort développement touristique.
L'un des axes du projet visait à créer des espaces de rencontre et de dialogue informels complémentaires aux espaces plus institutionnalisés et cadrés et à expérimenter, en mobilisant la fiction et la création, des formes de publication adaptées à la mise en débat et à l'apprentissage social sur les questions de recherche du programme Parchemins. C'est dans cette perspective qu'a été mis en place un partenariat avec la Coordination des radios locales et associatives de Bretagne (CORLAB) et son réseau de 18 radios adhérentes. Le partenariat avec les radios adhérentes s'est établi à deux niveaux : le programme Par les champs et par les grèves était proposé à toutes les radios adhérentes. Un partenariat privilégié était par ailleurs mis en place entre les chercheurs de terrain et les radios émettant sur les sites d'étude.
Les actions menées ont d'abord largement participé à remettre en culture l'agriculture sur des territoires sur lesquels elle tend à être soit patrimonialisée de façon très sélective, soit ignorée, soit dénoncée. La place importante qu'ont occupée, dans le quotidien du projet, la production radiophonique et audiovisuelle, l'organisation d'événements, l'ouverture d'espaces de dialogue libres et conviviaux, ont constitué pour les participants une forme de rupture : pour l'équipe scientifique, bien sûr, mais également pour les partenaires, dans le sens où le dialogue autour des sources, la mise en tension des phénomènes, l'expression des points de vue s'effectuaient prioritairement dans des cadres qui permettaient la symétrie et évitaient les phénomènes de disqualification. L'exposition par la parole produit cependant de l'inconfort, des déplacements inattendus, des innovations formelles dont les conséquences ne se donnent pas immédiatement à lire.

Sophie LEWANDOWSKI : Approches sensibles, objectivité et équité en RAP (Usages du Théâtre forum-Communication non violente)
Les savoirs académiques sont aujourd'hui soumis à diverses incitations politiques, productivistes, marchandes, morales et militantes. Ils sont également mis en perspective avec des savoirs produits dans une multiplicité de lieux. Ce contexte enjoint à la réaffirmation de l'indépendance académique et de savoirs savants propres à se distinguer du sens commun. Mais cette posture, si elle se rigidifie, comporte le risque du monisme épistémologique. Inversement, donner voix aux différents sphères et manières de produire du savoir permet d'honorer une forme de justice épistémique : sortir d'une science monolithique et monologue, inconsciente de ses conditions de production, socio et ethnocentrique, dominante, extractiviste… Mais la démarche risque le relativisme épistémologique.
Une relecture des travaux de Donna Haraway permet sans doute de sortir de ces écueils du monisme et du relativisme pour s'acheminer vers le pluralisme épistémologique. L'auteure incite le sujet producteur de savoir à assumer sa perspective partielle : reconnaitre son incarnation sociale, corporelle et émotionnelle, ainsi que les limites de cette perspective partielle. Cette reconnaissance devient alors une condition d'objectivité et d'équité, et une prise de responsabilité éthique en recherche.
La communication examine trois programmes de recherche-action menés en Amérique latine et en Méditerranée entre 2012 et 2023 sur des conflits sociaux autour de l'eau et de l'éducation. Dans ces programmes, nous avons cherché à croiser des points de vue entre chercheurs, experts, et habitants issus de différents continents. Chaque partie a expérimenté et exprimé aux autres (au travers du théâtre forum et théâtre forum-CNV) sa perspective incarnée et partielle de la problématique, ensuite mise en débat. Mais les innovations se sont parfois plutôt faites à bas bruit dans les actions des chercheurs (et non dans leurs pensées) ; et dans les réflexions des acteurs. Quant à la légitimation sociale des savoirs, les tendances n'ont pas été véritablement rééquilibrées dans les programmes. La question reste ainsi posée de qui se rend perméable, dans quel domaine, et qui parvient à changer ses institutions.

Sophie Lewandowski est chercheure en socio-anthropologie à l'IRD (UMR LPED). Ses travaux portent sur la circulation des savoirs dans des dispositifs d'éducation, de formation et de recherche-action (Méditerranée, Afrique subsaharienne, Amérique Latine). Elle s'intéresse aux enjeux socio-politiques des savoirs en lien avec le sensible (corps, émotions, intuition). Elle utilise des écritures alternatives en recherche (théâtre forum-CNV et approches filmiques). Elle est également formatrice certifiée en CNV (CNVC, AFFCNV) spécialisée sur l'approche systémique et les questions d'équité sociale et écologique. Elle développe dans ces deux milieux des espaces de dialogue science-société.

Jean-Baptiste MERILHOU-GOUDARD : Jeux d'acteurs et d'engagements dans les co-recherches : qu'avons-nous de nouveau à en dire ?
Quels enjeux institutionnels pour les co-recherches ? Puisque l'enjeu désigne la mise, et donc le risque de perdre ou de gagner, et l'institution une organisation installée pour répondre à un besoin déterminé, on peut s'interroger, dans le champ des relations sciences-sociétés, sur les craintes et les espoirs qui animent les acteurs de co-recherches. Six ans après la signature de la charte française des sciences et recherches participatives, les résultats d'enquêtes d'opinion sur la confiance de la société dans la science méritent d'être interrogés. Ces dernières pointent à la fois une défiance croissante, notamment chez les jeunes, et un attrait pour les co-recherches. À l'heure de l'affirmation du Tiers secteur de la recherche et des politiques institutionnelles ciblant une science et une innovation ouvertes, que dire de la réalité des transitions et donc des jeux d'acteurs à l'œuvre ? Les mots ont-ils changé avant les pratiques ? La consultation menée en 2023 pour rédiger la stratégie d'INRAE pour les sciences et recherches participatives donne quelques pistes pour alimenter une réflexion plus large.

Jean-Baptiste Merilhou-Goudard, chargé de mission, conseiller puis chef de cabinet du PDG d'INRAE de 2013 à 2022, co-rédige avec François Houllier, à la demande du Ministère français chargé de l'éducation et de la recherche, le rapport "Les sciences participatives en France" sorti en 2016. Il est nommé Délégué science avec et pour la société d'INRAE et responsable du Pôle sciences en société de la Direction pour la science ouverte en 2022.

Jordi MOLAS-GALLART : Comment produire des connaissances pour des transformations souhaitables ? Comment généraliser à partir des transformations locales ?
Socio-economic transitions are complex processes. This means we encounter high uncertainty when designing and implementing policies aimed at triggering and supporting such transitions. The lack of knowledge about many potentially relevant factors, and the high variability across local contexts leads us to experimental (in the sense of exploratory) policy approaches that see implementation and evaluation as learning processes. The knowledge thus generated is locally relevant and does not aim at, neither can it offer, much in the sense of generalizable results. Instead, it is the policy principles, approaches and techniques that can arguably be of general application.

Jordi Molas-Gallart is Research Professor at the Spanish National Research Council (CSIC), Director of INGENIO (CSIC-UPV), a joint research centre of CSIC and the Polytechnic University of Valencia, and Visiting Fellow at SPRU (University of Sussex) where he obtained his PhD and worked for some 15 years as a researcher and Senior Lecturer. His research interests focus mainly on science and technology policy evaluation and impact assessment. He has led and contributed to many research projects for a wide variety of organisations, including Sweden's innovation agency (Vinnova), the Catalan regional government, the UK Medical Research Council (MRC) and the Economic and Social Research Council (ESRC), INSERM, the European Commission, and the Russell Group of British universities among others. He has led the development of a formative, real-time evaluation approach for the Transformative Innovation Policy Consortium (TIPC) and is now working on its application in different contexts. He was editor of Research Evaluation, a journal published by Oxford University Press, between 2013 and 2020, and President of the European Network of Indicator Designers (ENID) between 2015 and 2019. He is a member of the Editorial Board of the journals Research Evaluation, Research Policy and Evidence & Policy. He has contributed to many European Commission expert groups, and chaired the Science Europe working group on Research Policy and Programme Evaluation.

Cécile RENOUARD : Recherche-action sur les connaissances et compétences pour la Grande Transition : le cas du Campus de la Transition
Face à l'urgence écologique, une expérimentation relative aux savoirs et pédagogies pour la transition écologique et sociale dans et de l'enseignement supérieur est conduite depuis une trentaine d'années dans différents éco-campus ancrés dans des territoires. Le Campus de la Transition, créé en 2017 en France, s'inspire des expériences menées depuis 1991 au Schumacher College dans le Devon, et depuis les années 2000 au Sustainability Institute rattaché à l'université de Stellenbosch en Afrique du Sud. Il vise à développer une pédagogie transdisciplinaire et holistique. La présentation cherchera à montrer comment ces expérimentations s'inscrivent dans le champ des recherche-action participatives et transformatrices, et à faire apparaitre leur soubassement philosophique.

Cécile Renouard est co-fondatrice et présidente du Campus de la Transition. Elle est professeure de philosophie au Centre Sèvres, enseigne à l'École des Mines de Paris et à l'ESSEC, où elle assure la direction scientifique du programme de recherche "CODEV – Entreprise et développement".
Publications récentes
Regards indisciplinés des SHS, avec Claude Compagnone, Patrick Caron, Rémi Beau, Bernard Hubert, LLL, 2022.
Pédagogie de la Transition, avec Frédérique Brossard Børhaug, Jonathan Dawson, Alexander Federau, Ronan Le Cornec, LLL, 2022.
Manuel de la Grande Transition, avec Rémi Beau, Christophe Goupil et Christian Koenig (dir.), LLL, 2020.

Philippe TERRAL : L'enjeu d’une description fine des dynamiques socio-cognitives des "histoires de collaboration"
Depuis une enquête par observations ethnographiques et entretiens (avec des chercheurs et leurs partenaires extra-académiques), nous avons pu décrire finement les ressorts des dynamiques de plus de soixante "histoires de collaboration". Plusieurs processus, de nature à la fois cognitives (confrontation et échange de savoirs et de méthodes) et sociale (modes de relations plus ou moins fluides ou marqués par des tensions et rapports de force), opèrent. Nous relevons tout d'abord de potentiels effets d'affichages de ces collaborations, à distinguer des capacités variables à éprouver l'hybridité dans le temps. Nous montrons ensuite que le caractère durable des histoires de collaboration nécessite la mobilisation de compétences socio-cognitives telles que par exemple les capacités à intéresser, fédérer, traduire, hybrider, formaliser et diffuser les connaissances ainsi co-construites. Ce résultat interroge la notion d'intermédiation comme prise dans les compétences des protagonistes de la collaboration ou devant relever d'autres personnes, fonctions voire métiers.

Philippe Terral est sociologue des sciences et des techniques spécialisé dans l'étude des savoirs concernant les corps efficients et pathologiques [santé (éducation, prévention, soin, …), sport (performance, quantified self, loisir, éducation, …)]. Il est Professeur à l'université Toulouse 3 au sein du Laboratoire CreSco (Centre de Recherche Sciences Sociales Sports Corps), UR 7419, qu'il dirige. Il assure également les fonctions de Directeur adjoint de la Maison des Sciences de l'Homme et de la Société de Toulouse (UAR 3414) au sein de laquelle il a co-fondé, avec le Labex SMS, la plateforme d'expertise IRCOT (Initiatives pour les Recherches Collaboratives sur le périmètre de l'université de Toulouse). Au 1er Septembre 2023, il assurera les fonctions de Vice-Président de l'université de Toulouse en charge du dossier "Science Avec et Pour la Société".


ATELIERS EN PARALLÈLE :

Sécurité sociale de l'alimentation | Organisation : Julien COUAILLIER (Président Association UniAgro) et Dominique PATUREL (Collectif Démocratie Alimentaire, Collectif Pour une Sécurité Sociale de l'Alimentation – SSA, Membre de la Fondation Copernic)

Le projet de Sécurité Sociale de l'Alimentation s'inspire de celui du régime général de la Sécurité sociale, tel qu'il a été initié en 1946 : universalité de l'accès, conventionnement des professionnels réalisé par des caisses gérées démocratiquement, financement par la création d'une cotisation sociale. Il vise donc à instaurer un accès égalitaire à une alimentation de qualité. L'enjeu est aussi, par la démocratie alimentaire, de contribuer aux transformations des façons de produire, de transformer, de distribuer, de consommer et à la transition vers des systèmes agricoles et alimentaires sains et durables.

Dans le cadre du colloque, l'atelier sur la SSA aura pour objectif de concevoir un programme de recherche dont l'objectif sera de contribuer à la mobilisation, à l'expérimentation et au passage à l'échelle.


Transitions énergétiques | Organisation : Frédérick LEMARCHAND (Responsable de l'équipe CERREV [Enjeux technoscientifiques et Environnementaux (ETE)] — MRSH | Université de Caen Normandie)

La transition énergétique est une des plus complexes transformations sociotechniques que l'humanité a pu connaître. Elle repose sur plusieurs complexités systémiques qui en font l'un des défis majeurs de notre histoire. Il faut d'abord abandonner un système carboné efficient et performant (une première dans l'histoire)… mais incompatible avec la survie de l'espèce humaine. Si les solutions ne peuvent plus venir d'en haut et irriguer la société sur le mode qui a prévalu dans le second XXIe siècle, peut-on envisager un mode de développement qui partirait des territoires et de leurs acteurs, qui envisagerait de nouvelles articulation entre humains et non-humains (nature et technique) pour une production de technologies plus conviviales ? Ainsi territoires (biorégions ?), réseaux ou communautés d'acteurs, technologies "low tech" (à redéfinir) pourraient être porteurs de nouvelles utopies et de nouveaux imaginaires sociaux qui outrepassent largement le stade du bricolage DIY.

D'un point de vue conceptuel, cette démarche d'atelier recherche-action permettra de tester plusieurs hypothèses à partir de questions de recherche émergente (CERREV). Toutes les dimensions de la vie individuelle et collective seront ressaisies : santé, habitat, alimentation, etc. (Le Dôme). La question est donc de savoir quels publics, et pourquoi, envisageraient la rupture plutôt que la continuité. Nous nous demanderons ensuite à quelles conditions ces publics pourraient constituer des communautés d'action définissant leurs propres règles et leurs propres normes, soit à travers des formes usuelles (associations) ou à travers de nouvelles formes d'institution du social (collectifs, ZAD, makers, hackers…). Dans cette perspective, la question de la technique fera l'objet d'une attention particulière : face aux proposition techno-push des institutions régaliennes (smarts cities, voiture électrique, technologies connectées en tout genre) d'une part et au rejet de toute technologie d'autre part, existe-il une place pour une innovation et un développement technologique convivial (au sens d'Ivan Illich) et citoyen ? Comment définir au juste le "low-tech" (Demand Side) à partir d'une étude pragmatique inspirée de Bruno Latour de "la technologie en train de se faire" ? Ateliers participatifs et activité de living lab mises en place au Dôme permettront d'apporter des éléments factuels précieux qui constitueront autant de matériel d'enquête à analyser. Enfin, le laboratoire social proposé par la Ville de Caen (projet POPSU) pourrait permettre d'augurer une réflexion théorico-pratique sur le biorégionalisme dans la tentative de repenser le territoire et son mode d'institution au-delà des définitions politico-administratives (Les 7 vents).


Entre terre et mer | Organisation : Alix LEVAIN

Problématique générale : Comment rendre discutables des problèmes sournois (wicked problems) pour construire les conditions de l'action publique ?
Scénarisation
- Discussion sur les algues vertes à partir de l’expérience de la recherche d'Alix Levain (notamment projet Parchemin) : Comment construire les conditions du dialogue ? Rôle des chercheurs ? Réflexions sur le changement de régime : médiatisation du sujet, la mise en scandale… (Film L'expérience algues vertes : paroles d'élus | en ligne) ;
- Discussion avec la CNDP à partir de ses saisines sur les questions littorales ? Comment dépasser les formes classiques du débat public ? Quid des formes d'expérimentation collective du type living labs… ?


BIBLIOGRAPHIE :

• Barazzetti G., Kaufmann A. (2022), "Consentir, participer, gouverner : la santé personnalisée dans le miroir des biobanques", in Clarizio E., Cherici C., Dupont J.-C., Guchet X., Herpe Y.-E. [Éd.], Conserver le vivant : Les biobanques face au défi de la médecine personnalisée, Éditions Matériologiques, p. 235–54.
• Bourg D., Joly P.-B., Kaufmann A. [dir.] (2013), Du risque à la menace. Penser la catastrophe, Colloque de Cerisy, Presses universitaires de France.
• Bourg D., Kaufmann A., Méda D. [dir.] (2016), L'âge de la transition. En route pour la reconversion écologique, Colloque de Cerisy, Les Petits Matins / Insititut Veblen.
• Goulet F., Caron F., Hubert B., Joly P.-B. [dir.] (2022), Sciences, techniques et agricultures. Gouverner pour transformer, Colloque de Cerisy, Presses des Mines.
• Joly P.-B., Barbier M., Turnheim B. (2022), "Gouverner l'arrêt des grands systèmes sociotechniques", in Goulet F., Vinck D. [Éds.], Faire sans, Faire Avec Moins. Les Nouveaux Horizons de l'innovation, Presses des Mines.
• Joly P.-B., Gaunand A., Colinet L., Larédo P., Lemarié S., Matt M. (2015-), "ASIRPA - A comprehensive theory-based approach to assessing the societal impact of research organization", Research Evaluation, Volume 24, 4, p.440-453.
• Kaufmann A. (2010), "Démocratisation des choix scientifiques et techniques et refondation écologique", in Bourg D., Papaux A. [dir.], Vers une société sobre et désirable, Paris, Presses universitaires de France, Coll. 2d2i, p. 364-391.
• Moreau Y., Kaufmann A. (2018), "Habiter terrestre, hospitalité terrienne : faire mondes avec les fictions, les non-humains et les non-modernes", in Augendre M., Llored J.-P., Nussaume Y. [dir.], La mésologie, un autre paradigme pour l'Anthropocène. Autour et en présence d'Augustin Berque, Colloque de Cerisy, Hermann, p. 133-144.


SOUTIENS :

• Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAe)
• Université de Lausanne (UNIL)
• Institut de recherche pour le développement (IRD)
• Organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes (Cirad)
• Institut Francilien Recherche, Innovation et Société (IFRIS)
• Centre de recherche risques et vulnérabilités (CERREV) | Université de Caen Normandie