Publication 2025 : un des ouvrages


Que fait la couleur à la photographie ?

QUE FAIT LA COULEUR À LA PHOTOGRAPHIE ?

TECHNIQUES, USAGES, CONTROVERSES


Nathalie BOULOUCH, Gilles DÉSIRÉ DIT GOSSET (dir.)


Que fait la couleur à la photographie ?
C'est à cette question faussement simple qu'une quinzaine de chercheuses, chercheurs et responsables de collections ont répondu à l'occasion d'un colloque de Cerisy. En croisant des approches historiques et techniques, en abordant différentes pratiques et en évoquant les débats et controverses qu'elle a suscités, cet ouvrage dessine un point de vue sur ce que l'arrivée de la couleur en photographie — comme sur un territoire à conquérir — a provoqué.
Attendue depuis l'invention au XIXe siècle, puis accessible et démocratisée au XXe siècle, la couleur a connu un accueil mitigé, entre enthousiasme et mépris. Parler d'elle aujourd'hui, c'est questionner les effets de sa présence au sein de l'histoire du médium dans une perspective technique, matérielle, culturelle et esthétique. Cet ouvrage est enrichi par des portfolios rassemblant les travaux des photographes John Batho, Dolorès Marat et Yves Trémorin.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2020) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°686]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Lienart éditions / Médiathèque du patrimoine et de la photographie

ISBN : 978-2-35906-453-7

Nombre de pages : 288 p.

Illustrations : Couleurs et N & B

Prix public : 37 €

Année d'édition : 2025

Publication 2024 : un des ouvrages


Hélène Bessette. L'attentat poétique

HÉLÈNE BESSETTE. L'ATTENTAT POÉTIQUE


Julien DOUSSINAULT, Claudine HUNAULT, Cédric JULLION (dir.)

Avec l'aide précieuse de Renzo MEYER


Femme de pasteur en Nouvelle-Calédonie, institutrice dans le nord, préceptrice en Suisse, gouvernante en Angleterre, rêvant d'Amérique, Hélène Bessette chercha son lieu toute sa vie. Parce qu'elle lutte contre l'obéissance et l'acceptation aveugle des hiérarchies sociales, elle se situe en dehors des mouvements intellectuels et politiques tout en se prononçant sur le monde qui l'entoure. Pour s'ensauver, elle mise tout sur le personnage principal de ses romans poétiques : l'écriture.
Elle n'aura rien dit sur elle en dehors de son œuvre, migration ininterrompue du réel à l'irréel, du rêve à la réalité. Comment notre regard critique s'en trouve-t-il orienté ?
Pour le centenaire de sa naissance, Hélène Bessette a été accueillie à Cerisy : un colloque, le premier au monde, construit à partir de conférences, de performances et de lectures a croisé une semaine durant la poésie, la littérature, la psychanalyse, la philosophie, la théologie, la mathématique, la composition musicale, le jazz, le cinéma et le théâtre. En voici les actes.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2018) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°685]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Le nouvel Attila, label Othello

ISBN : 979-10-95244-37-0

Nombre de pages : 572 p.

Illustrations : N & B

Prix public : 25 €

Année d'édition : 2024

Publication 2024 : un des ouvrages


Musiques sacrées en Normandie : rites et pratiques (XIIe-XXIe siècles)

MUSIQUES SACRÉES EN NORMANDIE : RITES ET PRATIQUES (XIIe-XXIe SIÈCLES)


Jean-Baptiste AUZEL, Georges-Robert BOTTIN (dir.)

Avec la participation de Jean-François DÉTRÉE


Bien que la musique soit par nature éphémère, comme un parfum d'encens qui monte et s'évanouit, elle laisse quelques traces diffuses que l'historien cherche à saisir et rassembler pour tenter de comprendre ce qui fut joué et célébré dans les églises, les abbatiales ou les cathédrales de la Normandie et par quels musiciens.
Répertoires, cérémoniaux, partitions, livres liturgiques notés, mais aussi orgues, harmoniums et autres instruments, archives d'églises, de commanditaires de musique ou de facteurs d'orgues, témoignages d'artistes ou de chantres, images et films, sont autant de sources possibles à exploiter ou interroger.
Durant trois jours, au château de Cerisy-la-Salle (Manche), historiens, musiciens et ecclésiastiques se sont réunis pour discuter et échanger sur cette musique sacrée en Normandie, de son histoire et ses enjeux actuels, entre création et tradition, entre usage cultuel et usage culturel. Une recherche stimulante et des interprétations éclairantes : conférences et concerts alternés. Seules les conférences ont laissé des actes, réunis et publiés dans cet ouvrage, enrichis d'abondantes annexes (listes et catalogues de livres liturgiques et d'instruments dérivés de l'orgue) qui raviront les spécialistes et les amateurs.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2021) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°684]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Archives départementales, Maison de l'histoire de la Manche

Collection : Colloques du département de la Manche, n°7

ISBN : 978-2-86050-046-3

Nombre de pages : 328 p.

Illustrations : Couleurs & N & B

Prix public : 22 €

Année d'édition : 2024

Compte rendu

Tous les comptes rendus


RETOUR SUR LE COLLOQUE "DROIT ET LITTÉRATURE" (2024)

PAR CLAIRE PAULHAN


Du 19 au 25 août dernier, s'est déroulé à Cerisy le colloque Là où se déploie le monde… Droit et littérature : formes et sens à même l'histoire. En voici un compte rendu passionnant rédigé par Claire Paulhan, membre du Conseil d'administration de l'Association des Amis de Pontigny-Cerisy, qui a assisté à l'intégralité du colloque.

Photo de groupe du colloque


Ce colloque, initié, pensé et préparé de longue date par Sandra Travers de Faultrier que sont venus rejoindre Yves-Édouard Lebos, Nicolas Dissaux et Laurent Loty, s'est constamment confronté à ces questions premières : Le Droit comme la littérature peuvent-ils être définis dès lors que définitions procédurales, formelles, organiques n'en donnent pas les mêmes délimitations (Sandra Travers de Faultrier en ouvrant ces journées s'est interrogée sur l'objet de la démarche Droit et littérature dès lors que ces deux notions témoignent d'une variabilité définitionnelle) ? Faut-il savoir ce que sont le Droit et la littérature pour pouvoir en parler, alors qu'ils sont devenus, notamment le Droit, tout comme les idéaux politiques des années 60, un "objet de consommation"…

Après une très vivante communication d'Yves-Édouard Le Bos, "La Haine du Droit" (qui devait, au travers des figures haïes de la justice ou du notariat dans les romans du XIXe et XXe siècles, former le pendant à "L'Amour du Droit" que devait présenter Nicolas Dissaux, qui n'a pu venir), ce sont les rapports entre langage et loi, entre vocabulaire, style, et terminologie juridique, entre le roman et le Droit, qui ont été illustrés par trois écrivains : Jean-Paul Honoré, Gisèle Bienne, Odile Barral. Et théorisés dans les communications de Véronique Taquin, Anne-Elisabeth Crédeville et Jacques-Athanase Gilbert.

Marie-Hélène Boblet fit la synthèse entre langage, littérature et Droit et histoire du Droit. Sa communication, "La Langue du IIIe millénaire. Comment on parle ou la responsabilité en miettes" est consultable sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie.

Marco Sousa Alves, en suivant le destin de la notion d'auteur, et Nicolas Mathey ont offert des panoramas très complets des relations entre littératures romanesques (y compris romans policiers, avec Nicolas Bareït) et force de la loi, ce qui nous a entraînés vers la sociologie, l'ethnographie, la philosophie et même les droits des "éléments naturels" (avec Judith Sarfati-Lanter). Zola (Sophie Delbrel) et Michelet (Myriam Roman) nous sont apparus sous de nouveaux angles. Mais c'est bien le fait-divers qui apparaît comme le point de passage entre Droit et littérature. L'écrivain fait alors entendre une autre présence et un autre jugement que celui du juge ou du journaliste : de Mme Bovary à L'Adversaire, il y a une histoire des faits-divers travaillés par la littérature. Et aujourd'hui, les enjeux du "roman de procédure judiciaire" font émerger une autre problématique, du fait de l'introduction de la vie privée de personnages existants et d'une forme d'écriture chorale, caractérisée par une esthétique et une éthique du doute : comment saisir le réel ? Les interventions de Denis Salas, Christine Baron et Marion Mas nous ont aidé à comprendre ce qui était en jeu…

Daphné Vignon, à la faveur d'une nouvelle identification des mots "norme" et "valeur", insista sur l'usage matriciel du récit qui produit le récit. Quant à Laurent Loty, il déploya plus encore la réflexion autour de notions de droit public et de politique, telle celle de démocratie. Explorant la puissance constituante des utopies comme les contresens à leurs propos, il étudia les stratégies textuelles qui, alliant une fiction critique et des fictions "imaginantes", structurent un "dispositif invitant le lecteur à oser croire dans le possible", que Laurent Loty entend renouveler en favorisant textes et propositions "alterréalistes".

François Ost insista sur la fondation par la fiction de tout régime juridique et s'interrogea sur la capacité d'un Droit, aujourd'hui réduit à sa grammaire formelle, à générer une croyance partagée.

Enfin, Sandra Travers de Faultrier a conclu ce colloque en étudiant le "mythe" et la loi en référence au travail de Vico, faisant un lien généalogique entre Droit et poésie, Droit et littérature, insistant sur la dimension co-créatrice de la langue. Dans un dernier temps, elle a proposé que l'on parle de Ia Justesse comme modalité du juste, et cela au sens musical, de la structure de la scène judiciaire comme articulation permettant de penser l'épaisseur du réel mais aussi d'envisager la pratique et la "créance de sens de la démarche Droit et littérature" comme une "dé-coïncidence".

Les débats furent très riches : les participants — une petite trentaine, presque tous liés aux revues Droit et Littérature, Cahiers de la Justice, ou Considérant — ont rivalisé de nuances et d'informations, parfois contradictoires, se promettant de trouver un lieu commun, à constituer à travers les usages du quotidien… Deux projections de films (Le Prince de Hombourg, de Marco Bellochio d'après Kleist et Bartleby, ou les hommes au rebut, de Véronique Taquin) ont réalimenté la conversation commune, qui fut intéressante et passionnée.

Claire PAULHAN,
Membre du Conseil d'administration de l'AAPC

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LA NATURE, LEVIER DE TRANSFORMATION ÉCOLOGIQUE :
DE LA SENSIBILITÉ À L'ADAPTATION DES TERRITOIRES


DU MERCREDI 1er OCTOBRE (19 H) AU DIMANCHE 5 OCTOBRE (14 H) 2025

[ colloque de 4 jours ]



DIRECTION :

Isabelle LAUDIER, Diane de MARESCHAL

Colloque organisé par l'Institut pour la recherche | Groupe Caisse des Dépôts, dans le cadre du Cercle des partenaires


ARGUMENT :

Alors que le backlash sur les questions écologiques ne cesse de se développer, nous nous interrogerons sur les moyens de renforcer la prise de conscience du dérèglement climatique et d'accélérer les transformations à mettre en œuvre. Quels sont les leviers de la transformation écologique ? Parmi ceux-ci, le rôle de la nature dans ces bifurcations nous paraît central : la nature pour compenser nos activités, pour s'adapter au changement climatique, pour réconcilier économie et limites planétaires, pour assurer une meilleure santé… Mais au-delà, nous posons plus fondamentalement la question de la relation à la nature, du point de vue de la sensibilité, de la proximité, du bien-être qu'elle procure, car il nous semble que c'est là que la nature peut être au cœur de la transition.

Mêlant interventions, prises de paroles et partages d'expériences, ce colloque a pour ambition de mettre la nature au cœur des réflexions.


MOTS-CLÉS :

Agriculture, Aménagement, Backlash, Bien-être, Bifurcation, Biodiversité, Climat, Communs, Compensation, Comptabilité, Droits de la nature, Écologie, Économie, Écosystèmes, Finance durable, Nature, Paysages, Redirection, Renaturation, Résilience, Ressources, Risques, Ruralité, Santé globale, Sensible, Sols, Territoires, Trames vertes et bleues, Transition, Valeur de la nature, ZAN


CALENDRIER PROVISOIRE (25/03/2025) :

Mercredi 1er octobre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 2 octobre
Matin
INTRODUCTION SUR LA PLACE DE LA NATURE ET DES PAYSAGES
Lucile SCHMID : La place de la nature, sensibilité, bien-être, relation à la nature
Vincent PIVETEAU : La place des paysages et notamment des paysages naturels

Capsule
Lucie BRICE MANSENCAL : L'impact des espaces naturels sur le bien-être des Français : une approche statistique

Après-midi
DROITS DE LA NATURE ET ADAPTATION DES TERRITOIRES
Dominique BOURG : La nature et la règle
Caroline LEJEUNE : Projet de recherche autour des droits de la nature ; observations de territoires

Capsules
Thomas FABRE : La lagune de Mar Menor : une première expérience des droits de la nature en Europe
Frantz GAULT : Expérimentation Norsys, la nature représentée dans un conseil d'administration


Vendredi 3 octobre
Matin
LA NATURE POUR S'ADAPTER FACE AUX RISQUES
Nicolas IMBERT : Renaturation et réponses aux défis urbains (chaleur, biodiversité)
François BAFOIL : La nature pour lutter contre les inondations, action des CEN (réméandrer, adapter les cultures, rendre à la nature)
Un acteur local : Risque littoral en Normandie

Après-midi
OUTILS DE GOUVERNANCE DES RESSOURCES
Véra VIDAL : Gestion des ressources par les communs
Clément FEGER : La comptabilité écosystèmes centrée
Jean-Michel BEACCO : Enjeux des ressources et de la nature dans la finance

Capsule
Exemple de comptabilité écosystème centrée

Soirée
Yoan BRAZY : Ooonehealth, une seule santé, plusieurs mondes [exposition commentée]


Samedi 4 octobre
Matin
BIODIVERSITÉ, COMPENSATION, ZAN
Un représentant de CDC biodiversité : Biodiversité, renaturation pour la compensation
Un représentant de la SCET : Objectif ZAN, enjeux d'aménagement pour réintroduire la nature
Un représentant de la Banque des Territoires : Prise en compte de la compensation dans les territoires

Capsule
Un représentant de Transdev : Biodiversité et transport

Après-midi
SANTÉ ENVIRONNEMENTALE
Zoé RAIMBAULT : Restaurer les fonctions écologiques des sols
Cyrille COBERT : Continuités écologiques et ruralité
Suzanne GORGE : Transition agricole et alimentaire, l'enjeu du bio

Capsule
Un représentant d'ICADE : Prise en compte des sols dans les opérations immobilières

Fin d'après-midi et/ou soirée
Jean-Jacques TERRIN : Une appropriation sensible d'un territoire de nature : création collective in situ d'une fresque du parc


Dimanche 5 octobre
Matin
Restitution des grands témoins, avec Barbara BLIN-BARROIS, Géraud GUIBERT, Nicolas HOSSARD et Alexandre MONNIN

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Barbara BLIN-BARROIS
Barbara Blin-Barrois est chercheure indépendante en coopération territoriale (Association Couleur Forêt/La Coop des Communs). Elle s'intéresse à la mise en mouvement multi-acteurs par les communs, particulièrement aux rôles tiers dans les transformations écologiques et sociales. Elle a successivement dirigé la Scic ôkhra (Provence), puis soutenu l'émergence de méthodes multipartenariales (Avise, CG Scop&Scic, Labo de l'ESS). Elle contribue désormais à des travaux de prospective et de méthodes socio-écologiques, particulièrement en espaces naturels ou forestiers (Forêts Méditerranéennes, IRG Gustave Eiffel, projets ANR, …).
Dernières publications
"Territoires en métamorphose vers l'intérêt Commun", Revue Nationale des Territoires Forestiers, n°74, p. 5-14, Février 2025 et n°72, p.9-13, Mars 2023.

Dominique BOURG
Dominique Bourg est philosophe, professeur honoraire (Université de Lausanne) ; Professeur invité par l'EDDEC (UdM, Polytechnique et HEC Montréal, janvier-février 2017) ; titulaire de la Chaire Cardinal Mercier à l'Université Catholique de Louvain (année 2023-2024) ; Membre de l'Académie Royale du Maroc depuis novembre 2023. Il dirige aux Puf les séries : "L'écologie en questions" et "Les Classiques de l'écologie". Il a notamment participé à la CFDD, à la Commission Coppens, au CNDD, au Grenelle de l'environnement et aux conseils scientifiques de l'Ademe (2004-2006), de la FNH (1998-2018, Paris), de la Fondation Zoein (Genève, depuis 2018-2025).
Dernier ouvrage paru : Dévastation. La question du mal aujourd'hui, Puf, 2024.

Lucie BRICE MANSENCAL
Directrice d'études et de recherche au sein du Pôle "Société" du CRÉDOC, diplômée de Sciences Po Paris, Lucie Brice Mansencal s'est spécialisée dans l'évolution des modes de vie de la population française. Elle s'est notamment intéressée aux opinions et pratiques de la population en matière d'environnement. À ce titre, elle a contribué aux travaux de recherche du CRÉDOC sur l'évolution des modes de vie des ménages à la suite de leur installation dans un quartier "durable", sur les mécanismes d'adoption de pratiques alternatives à l'accumulation des objets ou encore sur les pratiques d'achat et vente d'objets d'occasion. Pour l'Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts, elle a également étudié l'impact de la présence d'espaces naturels sur les opinions de la population.

Alexandre MONNIN
Alexandre Monnin est philosophe, enseignant-chercheur. Il a travaillé sur la philosophie du Web avant de co-initier le courant de la redirection écologique. Directeur scientifique du POPSU Transition de la métropole Nice Côte d'Azur, il pilote actuellement un projet porté par l'association Imaginarium-S (réunissant plusieurs co-financements, notamment de l'Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts et Consignations). Il a co-fondé et dirigé le Master of Science "Strategy & Design for the Anthropocene", porté conjointement avec Strate École de Design à Lyon entre 2020 et 2024. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement (Éditions Divergences, 2021, avec Emmanuel Bonnet et Diego Landivar) et, seul, de Politiser le renoncement (Éditions Divergences, 2023).


BIBLIOGRAPHIE :

Les communs de proximité. Origines, caractérisation, perspectives, Nicole Alix, Benjamin Coriat & Justine Loizeau, Éditions science et bien commun, 2024.
• "L'écologie populaire circonscrite à la périphérie urbaine ? Au-delà des marges de l'environnementalisme", Caroline Lejeune, Espaces et Sociétés, 2023, n°188, p. 171-177.
• "Organisations alternatives des citoyennetés", Barbara Blin-Barrois, À bord de la Recherche Partenariale, sous la direction de Beji-Bécheur A. & Bonnemaizon A., p. 23-45, EMS Éditions/In Quarto, 2024.
Leçons des limites planétaires, Dominique Bourg, Actes Sud, septembre 2025.
Voix de la terre. Douze portraits, Dominique Bourg, PUF, 2024.
Primauté du vivant, Dominique Bourg & Sophie Swaton, PUF, 2021.
Vers une démocratie écologique, le citoyen, le savant, le politique, Dominique Bourg, Paris, PUF, 2010.
Cahier n°1 – Chaire Transition foncière - Restaurer les fonctions des sols ? Approches scientifiques et perspectives interdisciplinaires, Direction scientifique : Mathieu Delorme, Youssef Diab, Coordination : ZoéRaimbault, Claire Bach, 2024.
Facilitations stratégiques, Refonder l'action en commun dans les organisations et les territoires, Première édition, Hervé Brédif, Ambroise de Montbel, Presses universitaires du Septentrion, 2019.
Repanser la planète, Nicolas Imbert, CHUM éditions, 2024.
Les promesses du paysage, Dialoguer, bifurquer, réenchanter, Vincent Piveteau, p. 14-17, DARD/DARD, 2024.
• "Innovations comptables pour la biodiversité et les écosystèmes : une typologie axée sur l'exigence de résultat environnemental", C. Feger, L. Mermet, Accounting-Auditing-Control, 27 (1), p. 13-50, 2021.
Politiser le renoncement, Alexandre Monnin, Divergences, 2023.
Le grand malentendu climatique : on a encore le temps, il est déjà trop tard, Géraud Guibert, Éditions de l'Aube, "Monde en cours", 2023.
Onehealth, Sinonvirgule, 2024.
La redirection écologique des entreprises, Jérôme Cuny, Sinonvirgule, Jeanne Baverey, Margot Boitel, Raphaëlle Garnier, Dunod, 2025.
Proximité à la nature – une source de bien-être, CREDOC, Institut pour la recherche, 2024.


BULLETIN D'INSCRIPTION



Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LA PROXIMITÉ COMME PROJET


DU MARDI 23 SEPTEMBRE (19 H) AU DIMANCHE 28 SEPTEMBRE (14 H) 2025

[ colloque de 5 jours ]


© Céline Gaille (Forum Vies Mobiles)


ARGUMENT :

Face à la mise en cause des récits qui portent la globalisation et la métropolisation, face aux crises écologiques, face à l'essoufflement de la démocratie représentative, on observe actuellement un regain des discours en faveur de la proximité et des pratiques qui s'en réclament. Ces journées à Cerisy discuteront des expériences actuelles promouvant diverses formes de relocalisation tant des échanges (circuits courts, réindustrialisation, agriculture urbaine, mobilités lentes…) que des espaces politiques (communautés locales, municipalisme, biorégionalisme…). Ces expériences sont porteuses de valeurs et d'idéaux divers, parfois contradictoires.

L'objectif de ce colloque sera d'identifier le sens et la portée transformatrice des initiatives fondées sur la proximité, en montrant leurs apports mais aussi leurs limites. Deux tensions feront l'objet d'une attention particulière : la première entre la relocalisation des espaces de vie et l'idéal classique d'émancipation ; et la seconde entre la fragmentation des initiatives locales et le caractère global des crises.


MOTS-CLÉS :

Agriculture urbaine, Biorégionalisme, Circuits courts, Communautés locales, Mobilités lentes, Municipalisme, Proximité, Relocalisation, Rural/Urbain, Villes/Campagnes


CALENDRIER PROVISOIRE (14/03/2025) :

Mardi 23 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Mercredi 24 septembre
Matin
DISCUSSION INTRODUCTIVE
Questionnements du Forum vies mobiles, avec Tom DUBOIS et Sylvie LANDRIÈVE
La proximité en débats, avec Éric CHARMES et Max ROUSSEAU

Après-midi
ENJEUX ÉCOLOGIQUES
Métabolismes urbains et enjeux de la proximité, avec Sabine BARLES
Le métabolisme des métropoles est-il soluble dans les biorégions ? Réflexions à partir du cas de l'Ile-de-France, avec Agnès SINAÏ
La banlieue pavillonnaire comme lieu de la décroissance urbaine ?, avec Éric CHARMES et Ségolène DARLY

Soirée
Autour de l'exposition "Taking the Country's side / Prendre la clé des champs", avec Sébastien MAROT


Jeudi 25 septembre
LE VILLAGE COMME SOLUTION ?
Matin
Se libérer au village ? Émancipation et relocalisation des attaches au monde, avec Anaïs COLLET, David FRATI et Colin GIRAUD

Après-midi
"HORS LES MURS" — À SAINT-SAUVEUR-VILLAGES
Visite de Saint-Sauveur-Villages, organisée par Thibault CHABROLLE et Florence THOMAS (élue chargée de l'environnement et démarches participatives)

Balade sur la côte normande


Vendredi 26 septembre
JUSQU'OÙ LE LOCALISME ?
Matin
Se préparer au retour forcé à la vie en proximité : effondrisme et survivalisme, avec Nathan GABORIT, Madeleine SALLUSTIO, Cyprien TASSET et Jérôme TOURNADRE

Après-midi
Mobilités domicile travail : inégalités et stratifications sociales, avec Aurore FLIPO, Maxime GUINEPAIN et Arnaud LE MARCHAND

Voisinage et quartier comme ressources pour les classes populaires, avec Hélène BALAZARD, Benjamin DUBERTRAND et Gaspard LION


Samedi 27 septembre
LA POLITISATION DE LA PROXIMITÉ
Matin
Accès aux services et aux équipements publics dans les territoires en déclin, avec Maryame AMAROUCHE, Aurélie DELAGE et Nora NAFAA

Après-midi
DÉTENTE ou Visite de la fête du pain à Saint-Sauveur-Villages

Le retour de la commune ? Proximité et démocratie, avec Vincent BÉAL, Laurent JEANPIERRE et Max ROUSSEAU

Soirée
Autour d'un documentaire d'Hélène Desplanques sur les cahiers de doléance, avec Fabrice DALONGEVILLE


Dimanche 28 septembre
CLÔTURE
Matin
Synthèse, par Éric CHARMES, Tom DUBOIS, Sylvie LANDRIÈVE et Max ROUSSEAU

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Éric CHARMES
Éric Charmes est directeur de recherche à l'ENTPE (Vaulx-en-Velin) et membre de l'UMR EVS. Spécialisé dans les études urbaines, l'urbanisme et l'aménagement, il travaille sur les espaces à la fois ruraux et urbains en périphérie des villes et des métropoles. Il a notamment publié Métropoles et éloignement résidentiel (Autrement, 2021) ; La Revanche des villages (Seuil, 2019), Quitter Paris ? Les classes moyennes entre centres et périphéries (avec Stéphanie Vermeersch, Lydie Launay & Marie-Hélène Bacqué, Créaphis, 2019) ; The Middle Classes and the City. A Study of Paris and London (avec Marie-Hélène Bacqué, Gary Bridge & al., Palgrave, 2015) et La Ville émiettée. Essai sur la clubbisation de la vie urbaine (Presses universitaires de France, 2011).

Tom DUBOIS
Tom Dubois est responsable de la valorisation des recherches, de la communication et des relations publiques du Forum Vies Mobiles. Il est diplômé d'un master en urbanisme et aménagement du territoire (Institut d'urbanisme de Paris / École des Ponts Paris Tech) et également titulaire d'un master spécialisé en communication (Sciences Po Paris).
Publication
Pour en finir avec la vitesse, L'Aube, 2021.

Sylvie LANDRIÈVE
Sylvie Landriève dirige le Forum Vies Mobiles. Auparavant, elle a monté et piloté des projets immobiliers et d'aménagement urbain privés et publics (BNP Real Estate, SNCF). Avec une formation en sciences humaines (Sorbonne et Sciences-Po Paris) et en recherche en management (Mines, Nanterre et ESCP), elle s'intéresse à l'évaluation des politiques publiques et à l'implication des citoyens dans leur élaboration.
Publications
L'Immobilier. Une passion française, Demopolis, 2016.
Pour en finir avec la vitesse, L'Aube, 2021.

Max ROUSSEAU
Max Rousseau est titulaire de la Chaire de professeur junior "L'urbain hors des métropoles" à l'école de l'aménagement durable des territoires (ENTPE). Ses travaux questionnent notamment les mutations des territoires délaissés (villes en déclin, campagnes en déprise, etc.) ainsi que les contradictions de l'urbanisation planétaire.
Derniers ouvrages parus
Plus vite que le cœur d'un mortel. Désurbanisation et résistances dans l'Amérique abandonnée, Grevis, 2021 (avec V. Béal).
Déclin urbain. La France dans une perspective internationale, Éditions du Croquant, 2021 (avec V. Béal et N. Cauchi-Duval, dir.).
Gentrifications. Views from Europe, Berghahn, Oxford et New-York, 2022 (avec M. Chabrol et al.).


BIBLIOGRAPHIE :

• Balazard, H. (2015), Agir en démocratie, Éditions de l'Atelier.
• Barles, S. (2009), "Urban metabolism of Paris and its region", Journal of Industrial Ecology, 13(6).
• Béal, V., Maisetti, N., Pinson, G. & Rousseau, M. (2023), "When Bookchin faces Bourdieu : French 'weak' municipalism, legitimation crisis and zombie political parties", Urban Studies.
• Charmes, E. (2019), La revanche des villages, Seuil.
• Collet, A., Delage, A. & Rousseau, M. (2023), Mobilités résidentielles post-Covid. Dynamiques sociales et enjeux locaux dans cinq territoires ruraux (Rapport pour le PUCA et le Réseau Rural Français).
• Darly, S. (2018), "La terre pavillonnaire, un paysage fertile oublié", in J.-M. Léger & B. Mariolle (Eds.), Densifier/dédensifier. Penser les campagnes urbaines, Éditions Parenthèses.
• Dubois, T., Gay, C., Kaufmann, V. & Landriève, S. (2021), Pour en finir avec la vitesse : Plaidoyer pour la vie en proximité, L'Aube.
• Flipo, A., Ortar, N. & Sallustio, M. (2023), "Can the transition to sustainable mobility be fair in rural areas ? A stakeholder approach to mobility justice", Transport Policy, 139.
• Frati, D. (2024), Les réfractaires du désert : Rejet du travail et appropriation de l'espace dans le désert d'Arizona, Presses de l'Université de Nanterre.
• Gaborit, N. (2022), De l'effondrement aux ruptures de la normalité: Le continuum des préparations survivalistes en France, Sociétés Politiques Comparées.
• Giraud, C. (2016), La vie homosexuelle à l'écart de la visibilité urbaine : Ethnographie d'une minorité sexuelle masculine dans la Drôme, Tracés. Revue de sciences humaines, 30.
• Guinepain, M. (2024), Auto, boulot, marmots, dodo ? Une géographie sociale de l'organisation spatio-temporelle des journées de travail et des mobilités du quotidien (Thèse de doctorat, Université Paris-Cité).
• Jeanpierre, L. (2019), In Girum. Les leçons politiques des ronds-points, La Découverte.
• Le Marchand, A. (2022), "Temporary mobilities and neo-nomadism", in G. Devron & V. Kaufmann (Eds.), Mobility and Geographical Scales, ISTE Éditions.
• Lion, G. (2024), Vivre au camping. Un mal-logement des classes populaires, Éditions du Seuil.
• Marot, S. (2023), Prendre la clé des champs, WildProject.
• MacKinnon, D., Amarouche, M., Nafaa, N. & al. (2025), Policies 'for' and 'with' 'left behind places', Beyond Left Behind Places Project 04/25, Centre for Urban and Regional Development Studies (CURDS), Newcastle University, UK.
• Rousseau, M. & Béal, V. (2021), Plus vite que le cœur d'un mortel, Grevis.
• Sallustio, M. (2022), À la recherche de l'écologie temporelle. Vivre des temps libérés dans les collectifs néo-paysans autogérés, Presses Universitaires de Rennes.
• Sallustio, M. & Dubertrand, B. (2024), "Légitimer sa place en milieu rural : Dynamiques de pouvoir et identités dans les installations néo-rurales en Ariège et dans le Massif central", Ethnologie française, 54(2).
• Sinaï, A., Carton, H., Stevens, R. & Servigne, P. (2015), Petit traité de résilience locale, Charles Léopold Mayer.
• Tasset, C. (2022), "L'effondrement et ses usagers : Éclectisme et réception d'une vulgarisation hétérodoxe en écologie scientifique", Zilsel, 10.
• Tendance Floue, Nicolas Mathieu, Forum Vies Mobiles (2022), Les vies qu'on mène, Le Bec en l'air.
• Tournadre, J. (2025), "Refusal as a critique of the order of things : Bifurcations and utopian longings in contemporary rural France", European Societies.


SOUTIEN :

Forum Vies Mobiles


BULLETIN D'INSCRIPTION



Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LE RAIL DE VILLE ET LE RAIL DES CHAMPS

ATTACHEMENT POPULAIRE, AMBIVALENCES CONTEMPORAINES, URGENCE ÉCOLOGIQUE


DU LUNDI 8 SEPTEMBRE (19 H) AU DIMANCHE 14 SEPTEMBRE (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Francis BEAUCIRE, Cécile HOCHARD, Arnaud PASSALACQUA


ARGUMENT :

Dès les années 1820, le rail s'est inscrit dans nos paysages et s'est attaché à nos vies. Il a ouvert l'horizon, tissé des échanges et tenu un rôle économique central. S'est ainsi noué un lien profond entre la société et ses chemins de fer, fondé sur un imaginaire, alimenté par les arts autant que les discours politiques et horizons techniques. Au fil du temps, avec la concurrence de la voiture et la déconstruction du maillage familier de son réseau, le fossé s'est creusé entre les pratiques et les représentations du rail, suffisamment fortes pour justifier l'attention que lui porte, peut-être au-delà du raisonnable, le politique autant que l'opinion. Preuve que l'attachement reste de nature culturelle, au-delà des usages ?

En tirant le fil de l'attachement et de la crise écologique, ce colloque invitera ainsi à interroger la capacité du chemin de fer à se réinventer. Saura-t-il nous surprendre pour redevenir un mode de déplacement populaire en mesure de tenir sa promesse de plaisir, de liberté et de démocratisation du voyage, engagé à réduire les fractures territoriales tout en incarnant la valeur écologique ? Peut-il surmonter son handicap, le temps long des projets face à l'urgence écologique ? Dans ce jeu, l'attachement est-il un moteur de renouveau ou ancre-t-il définitivement le chemin de fer dans la nostalgie d'une époque révolue ?


MOTS-CLÉS :

Attachement, Chemin de fer, Crise écologique, Histoire, Innovation, Mobilité, Transports urbains


CALENDRIER PROVISOIRE (14/03/2025) :

Lundi 8 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants
Présentation de la vigie, par Jean LEBRUN
Présentation de l'exposition proposée par Georges RIBEILL : "Affiches, publicités, presse corporative… Images en miroir du monde ferroviaire" (visite libre tout au long du colloque)


Mardi 9 septembre
CE QUI ATTACHE CHEMIN DE FER ET SOCIÉTÉ
Cette première journée explore les différents liens qui attachent le chemin de fer à la société, que ce soit par des pratiques et discours explicites ou par des formes plus implicites qui révèlent la relation plus ou moins distante entre une société très automobilisée et un système ferroviaire ancien. Comment évolue l’imaginaire populaire du chemin de fer ? Quel rôle y tiennent aujourd’hui les innovations régulièrement lancées ?
Matin
Francis BEAUCIRE, Cécile HOCHARD & Arnaud PASSALACQUA : Ouverture du colloque
Francis BEAUCIRE : Le chemin de fer, un symbole d'attachement populaire : retour aux origines
Bertrand MARY : Qu'est-ce-que l'attachement populaire ?

Après-midi
La passion du rail, table ronde animée par Nancy GIRARD

Georges RIBEILL : À l'épreuve d'une mondialisation rampante des circulations, le Rail dans le système des transports français (XIXe-XXIe siècles) | Réactions de Francis BEAUCIRE

Soirée
Cabinet de curiosités ferroviaires (chacune et chacun sera invité à apporter un objet qui le relie au ferroviaire et à en parler), animé par Martine BARTOLOMEI


Mercredi 10 septembre
"HORS-LES-MURS" — TRACES ET TRAMES : SUR LE TERRAIN, LA NORMANDIE PAR LE RAIL
Une journée buissonnière dans le train touristique du Cotentin (Barneville–Carteret) avec conférences à bord et arrêt dans les points d'intérêt.
Trains touristiques et opérateurs de proximité : au croisement de l'intérêt patrimonial et de l'utilité sociale aux échelles de l'économie locale.

Matin & Après-midi
• Archéologie ferroviaire le long des voies désaffectées (patrimoine bâti, lecture de paysage…) (Véronique VESTON)
• Quelques interventions dans le train, sur des thématiques normandes :
- La ligne Le Havre – Paris (Christian CHEVANDIER, Paul SMITH)
- L'innovation ferroviaire en Normandie (l'autorail Bugatti et les hybridations, le turbotrain et la vitesse) (Francis BEAUCIRE, Arnaud PASSALACQUA)
- L'écologisation des chemins de fer touristiques (Arthur ÉMILE)


Jeudi 11 septembre
LIGNES ET LIEUX. A-T-ON ENCORE DES RAISONS DE S'ATTACHER AU RAIL ?
De même que la France, le ferroviaire présente des visages multiples, mais il investit certains territoires bien plus que d'autres et répond aux attentes de certains groupes sociaux bien plus que d'autres. Dans un pays qui vit de multiples tensions, entre les centres urbains, le périurbain et les bourgs et la campagne, mais aussi du fait des inégalités sociales qui s'accroissent, le train peut-il être un élément de la nécessaire remise en cohérence du pays ? En d'autres termes, à quelles conditions l'attachement au rail peut-il être le ferment d'un attachement plus global, entre groupes sociaux, entre territoires, etc. ?
Matin
Des lignes | Animateur : Jean LEBRUN
Peut-on faire tenir les métropoles par le train ?, table ronde avec notamment Pierre HELWIG

Petites lignes et vitalité des espaces moins denses, table ronde avec des représentantes et représentants de collectivités locales, d'associations de défense de lignes secondaires et d'exploitants ferroviaires

Après-midi
Des lieux : la gare entre patrimoine, fonctionnalité et design
Laurent COUDROY DE LILLE : La gare, lieu de mémoire

Gares et quartiers de gare, table ronde avec Adrien DUVAL, Stéphanie SAUGET et Alexandrina STRIFFLING

Design et mise en spectacle du rail urbain, table ronde animée par Anne JARRIGEON, avec Pierre-Emmanuel BÉCHERAND (SGP), Yo KAMINAGAI (RATP) et Nils LE BOT (Arep)

Soirée
Paysage, conversation et impromptus : les plaisirs ferroviaires, soirée littéraire animée par Martine BARTOLOMEI, avec Francis BEAUCIRE (Le train paysagiste)


Vendredi 12 septembre
ÉCOLOGIE : LE RAIL MIS AU DÉFI
L'urgence écologique pèse sur l'enjeu des mobilités. Les processus en cours illustrent une nouvelle bataille modale entre un train dont la victoire est annoncée et ses concurrents directs qui résistent et se renouvellent également, comme l'illustre l'automobile électrique. Rien n'est linéaire dans ce paysage, qui voit se succéder des dynamiques contraires. Comment faire tenir l'impératif d'un changement des pratiques et les coûts attendus comme élevés d'une mobilité plus vertueuse ? Loin des discours dominants, n'assiste-t-on pas à une panne de l'innovation et de l'imagination ?
Matin
Flux et infrastructures, fret et personnes : quelle condition mobile ?
Nathalie ROSEAU : Les paysages du rail : entre attachement et émancipation
Louis BALDASSERONI & Pierre ZEMBRI : Territorialisations du fret ferroviaire : potentialités économiques et nuisances écologiques

Après-midi
Nouvelles pratiques et renouveau populaire
Patricia PÉRENNES & Philippe POINSOT : Peut-on réconcilier les Françaises et les Français avec le train par le tarif ?

L'innovation ne passerait-elle pas par un décloisonnement modal ?, table ronde animée par Étienne FAUGIER

Soirée
Autour de Bob Dylan et le train (musique commentée), animée par Paul SMITH


Samedi 13 septembre
LE RAIL, UNE PASSION POLITIQUE SOUS LE REGARD DE L'OPINION
Élues et élus ont pris l'habitude de confier au chemin de fer de ville comme des champs un rôle qui dépasse bien souvent ses pourtant assez larges épaules. En jouant sur l'attachement qu'il suscite, il s'agit de fonder un projet politique et de territoire sur une infrastructure et des services réputés faire échos aux valeurs républicaines françaises. Pourtant, le rail s'inscrit dans un temps long qui dépasse bien souvent les mandats et bien des surprises surgissent des innovations annoncées. Entre débats et études de cas, cette journée interroge la place qu'occupe ou que devrait occuper la rationalité dans l'attachement collectivement porté au rail.
Matin
Rail de ville, rail des champs : quand on aime, on ne compte pas ?
Luc PICOT : Premier cas d'école : la ligne Épinal-Saint Dié et le tunnel de Vanémont
Julie PERRIN & Vincent TOURNIÉ : Deuxième cas d'école : le Grand Paris Express

Après-midi
Politiques du ferroviaire dans un monde incertain
Le ferroviaire et la décision politique : rationalité économique et écologique ou projet social et territorial ?, table ronde animée par Maxime HURÉ et Arnaud PASSALACQUA, avec des élus, politiques et des responsables d'entreprises ferroviaires

Mathieu FLONNEAU : Contrepoint. Un autre attachement mis au défi social et écologique : l'automobile

Soirée
Autour du train dans les films français des années 1930 (projections commentées), animée par Agnès D'ANGIO-BARROS


Dimanche 14 septembre
ET MAINTENANT ?
Matin
Rapport d’étonnement, dialogue entre la vigie, Jean LEBRUN et les doctorantes et doctorants
Remise du prix Rails & Histoire

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

• Baldasseroni (L.), Faugier (E.) & Pelgrims (C.) (dir.), Histoire des transports et des mobilités en France, XIXe-XXIe siècles, Paris, Armand Colin, 2022.
• Jarrigeon (A.) & Roseau (N.), Condition mobile. Ressorts de l’imaginaire, Gollion, Infolio | Édition, 2024.
• "Le chemin de fer : deux siècles d'enjeux environnementaux", Revue d'histoire des chemins de fer, 2022.
• Schievelbusch (W.), Histoire des voyages en train, Paris, Éditions Le Promeneur, 1990.


SOUTIENS :

• Association Rails & Histoire
• Association Passé-Présent-Mobilité (P2M)
• Laboratoire de l'action collective urbaine (Lab'Urba)


BULLETIN D'INSCRIPTION



Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


HARTMUT ROSA : ACCÉLÉRATION, RÉSONANCE, ÉNERGIES SOCIALES


DU SAMEDI 30 AOÛT (19 H) AU VENDREDI 5 SEPTEMBRE (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


"Berg und Luft, synthetisch" ("Montagne et air, synthétique")
© Paul Klee (1930)


DIRECTION :

Corine PELLUCHON, Dietmar WETZEL

En présence de Hartmut ROSA


ARGUMENT :

Ce colloque, qui se tient en présence de Hartmut Rosa, commence par faire le point sur les sources de sa pensée, à savoir la Théorie critique et l'œuvre de Charles Taylor. Il s'agit de souligner la manière dont H. Rosa a renouvelé les analyses de la première génération de l'École de Francfort en pensant l'aliénation comme accélération. Tout en se présentant comme un sociologue, H. Rosa s'interroge de manière originale sur l'impact des structures sociales sur le psychisme et les manières d'être, comme on le voit dans Resonanz, opérant ainsi une sorte de greffe de la phénoménologie sur la sociologie.

Ce colloque, qui rassemble des chercheurs internationaux connaissant bien son œuvre, accueille aussi des praticiens utilisant ses concepts dans des domaines comme l'éducation, le travail et l'art. Enfin, une attention particulière est portée aux recherches en cours de H. Rosa sur l'énergie sociale. Ces échanges avec et autour de Hartmut Rosa visent à souligner la fécondité de son approche, qui inspire d'autres penseurs et praticiens, mais aussi à discuter certaines positions de l'auteur en l'invitant à répondre aux interrogations que son œuvre soulève.


MOTS-CLÉS :

Accélération, Aliénation, Démocratie, Écologie, Énergie sociale, Pédagogie, Résonance, Rosa (Hartmut), Théorie critique


CALENDRIER PROVISOIRE (24/02/2025) :

Samedi 30 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Dimanche 31 août
L'ALIÉNATION COMME ACCÉLÉRATION ET LA CRITIQUE DE LA MODERNITÉ
Matin
Corine PELLUCHON & Dietmar WETZEL : Introduction

Hartmut Rosa et la Théorie Critique
Frédéric VANDENBERGHE : Le projet romantique d'une herméneutique critique de la modernité
Olivier VOIROL : Théorie critique et résonance

Après-midi
Inspirations
Simon SUSEN : La théorie critique comme sociologie des relations au monde
Maximilien PRIEBE : La subjectivité face aux apories modernes : réévaluer la théorie de l'accélération sociale via le prisme du surmenage cognitif


Lundi 1er septembre
LA RÉSONANCE COMME REMÈDE ?
Matin
Corine PELLUCHON : Résonance et démocratie
Klaas HUIZING : Heavy metal : la situation clé

Après-midi
Inspirations
Bettina HOLLSTEIN : La résonance et l'engagement bénévole pour le développement durable
Christophe FRICKER : Pouvons-nous rendre nos étudiants heureux ? Une pédagogie "résonante" entre la bureaucratie universitaire et la salle d'apprentissage

Soirée
Concert du jazz club de Normandie, par Kikala I. TRAORÉ alias Jéricho (pianiste), Frédérick LEMARCHAND (contrebasse) et Pascal VIGIER (batterie) [présentation]


Mardi 2 septembre
L'ÉNERGIE SOCIALE
Matin
Hartmut ROSA : D'où vient la force motrice ? Vers une théorie de l'énergie sociale circulante

Après-midi
DÉTENTE


Mercredi 3 septembre
HARTMUT ROSA EN DÉBAT (I)
Matin
Charles TAYLOR : La relation entre les connexions cosmiques et la résonance
Dietmar WETZEL : Énergies sociales et émotionnelles : une extension du concept de résonance

Après-midi
Inspirations
Jürgen OBERSCHMIDT : Concept - idée - métaphore - phénomène. Découvrir la résonance dans les pratiques musicales
Arthur BUENO : Résonance et révolution
Edwige CHIROUTER : La philosophie avec les enfants : un laboratoire pour la résonance
Nathanaël WALLENHORST : Résistance, résonance

Soirée
Heavy Metal, spectacle de Sophie BOUREL & Silvia LENZI [Compagnie La Minutieuse]


Jeudi 4 septembre
HARTMUT ROSA EN DÉBAT (II)
Matin
Niklaus SCHEFER : À la recherche de la résonance transculturelle
Paul D'AMBROSIO : La résonance comme retour. Discussions sur l'ancrage de la théorie de Rosa et son concept d'authenticité

Après-midi
Inspirations
Rosa Marie KELLER : Décrypter le paradoxe de la résonance en temps de crise politique
Jan SONNTAG : Résonance et démence

Applications
Accélération, résonance, énergies sociales. Quels usages opérationnels ?, table ronde animée par Sylvain ALLEMAND, avec Nicolas ESCACH, Luc GWIAZDZINSKI, Edith HEURGON et Vincent PETITET


Vendredi 5 septembre
Matin
Synthèse des doctorants, avec Thomas FABRE, Philippe MESLY et Mathieu THÉPIN

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Corine PELLUCHON : Résonance et démocratie
L'un des legs de la première génération de la Théorie critique, qui a vécu l'avènement du nazisme, est de s'interroger sur les causes qui expliquent que les individus soient perméables aux solutions autoritaires et totalitaires du politique. Mais aucun des théoriciens de l'École de Francfort ne s'est borné à établir un diagnostic. Ils ont tous cherché des remèdes à la déshumanisation de la société afin de lutter contre les risques de liquidation de la civilisation qui témoignent des contradictions de la modernité, de son incapacité à créer les conditions du projet d'émancipation individuelle et collective qu'elle promettait. Ainsi, le diagnostic établi par Hartmut Rosa dans Accélération permet d'analyser les formes nouvelles que revêt l'aliénation dans la modernité tardive. Identifiant les pathologies de la société qui s'ensuivent de la perte de sens consécutive à l'accélération (technologique, du changement social et des rythmes de vie), il imagine des contrepoids à la fragmentation de la société et à la désynchronisation entre l'économie et la politique. Ces phénomènes érodent le désir de vivre-ensemble et génèrent des frustrations liées au sentiment d'impuissance et à une colère à l'endroit des représentants politiques accusés de ne pas répondre aux problèmes sociaux (de manière suffisamment rapide et efficace). Autrement dit, le diagnostic porté par H. Rosa sur le malaise social tel qu'il est vécu de nos jours signifie que la démocratie est exposée à des risques majeurs, y compris en Europe. C'est pour remédier à cette situation que H. Rosa, opérant une greffe de la phénoménologie sur la sociologie mais travaillant toujours à l'intersection entre les structures de la subjectivité et les structures sociales et économiques, propose sa théorie de la résonance. Tout en soulignant la pertinence et la fécondité de cette théorie quand on se place à un niveau local ou qu'on l'applique au travail, à la médecine ou à la pédagogie, nous soulèverons les problèmes que suscite l'idée d'une démocratie résonante. S'il est fondamental de concevoir une énergie sociale qui rassemble les êtres, au lieu d'exacerber leurs divisions, l'objection classique faite à Hartmut Rosa, à savoir que la résonance pensée à l'échelle d'un peuple et même l'idée d'une énergie sociale ayant une vertu dynamogénique (pour parler comme Durkheim) pourraient être récupérées par les mouvements nationalistes, a du sens. Ce questionnement, qui ouvrira sur un dialogue avec Hartmut Rosa, sera l'occasion de rappeler ses sources et de mettre au jour certains aspects de la sensibilité du sociologue, en soulignant notamment le rôle que joue le romantisme dans son œuvre. Nous ferons quelques propositions attestant une sensibilité différente, marquée par la prise en compte de la destructivité humaine et par la nécessité d'offrir des ressources individuelles et collectives permettant d'éduquer à la démocratie en considérant l'ambivalence de l'humain.

Corine Pelluchon est professeure à l'université Gustave Eiffel. Spécialiste de philosophie morale et politique et d'éthique appliquée (médicale, animale et environnementale), elle est l'auteure d'une vingtaine d'ouvrages, traduits pour la plupart dans plusieurs langues. Tout en s'inscrivant dans l'héritage des Lumières et de la phénoménologie, elle développe une philosophie de la corporéité qui insiste sur notre vulnérabilité et notre dépendance à l'égard de la nature et des autres vivants et en montre les implications sur le plan éthique, juridique et politique. Elle a reçu, en Allemagne, le Prix Günther Anders de la pensée critique pour l'ensemble de ses travaux en 2020 et, en 2025, le prix Leopold Lucas, décerné par l'université de Tübingen.
Derniers ouvrages parus
Les Lumières à l'âge du vivant, Seuil, 2021, 2022.
L'espérance, ou la traversée de l'impossible, Rivages, 2023.
L'être et la mer. Pour un existentialisme écologique, PUF, 2024.
La démocratie sans emprise ou la puissance du féminin, Rivages, 2025.

Dietmar WETZEL : Énergies sociales et émotionnelles : une extension du concept de résonance
La sociologie des énergies sociales et émotionnelles examine les forces affectives et émotionnelles qui animent les relations sociales. Inspirée des travaux de Gabriel Tarde, Henri Bergson, Gilles Deleuze et Hartmut Rosa, elle met en lumière la manière dont les interactions humaines génèrent des énergies collectives. Tarde montre que l'imitation d'affects et d'émotions alimente ces dynamiques, tandis que Bergson explique leur origine en insistant sur l'élan vital, qui désigne une force créative et transformative. Deleuze souligne, quant à lui, l'intensité des affects qui circulent dans des réseaux rhizomatiques, transformant constamment les relations sociales. Rosa, enfin, relie ces processus aux défis contemporains, où la résonance devient une réponse à l'aliénation. Cette approche montre comment les affects et les émotions façonnent et transforment les sociétés modernes, ce que nous illustrerons par des exemples concrets.

Dietmar J. Wetzel est Professeur de Sciences Sociales et Directeur du Département de Pédagogie depuis 2019 à la MSH Medical School de Hambourg. Il est chargé de cours à l'université de Bâle et à la ZHAW de Winterthur.
Publications
Affektregister der Gegenwart - soziologisch-philosophische Reflexionen, Wiesbaden, Springer VS, 2025.
Handbuch Sozialwissenschaftliche Resonanzforschung (Co-éditeur), Wiesbaden, Springer VS, 2025.


Arthur BUENO : Résonance et révolution
La relation entre résonance et révolution est loin d'être évidente. La théorie de Hartmut Rosa élargit la critique marxienne du capitalisme tout en visant à transformer les conditions de la modernité par une révolution simultanée et concertée au niveau politique, économique et culturel. Cependant, sa théorie de la résonance invite également à une certaine prudence à l'égard des aspects fondamentaux des approches marxistes de l'émancipation sociale. En effet, l'accent que Rosa place sur la réceptivité et l'indisponibilité des relations résonantes au monde contraste avec l'importance accordée, dans les théories révolutionnaires, à l'action et au contrôle. De plus, la résonance démocratique, en tant que mode de stabilisation "adaptatif", s'oppose à l'antagonisme qui est associé aux relations au monde "répulsives" et qui joue un rôle crucial dans la conception marxiste du changement social. Ainsi, une lutte pour la résonance pourrait sembler contradictoire : les moyens mobilisés (action, conflictualité) risquent de compromettre les finalités poursuivies (réceptivité, indisponibilité et adaptation). Pourtant, je défendrai l'idée selon laquelle le concept de résonance est politiquement compatible avec les luttes pour une transformation de la société et même qu'il leur est intrinsèquement lié. En revisitant l'analyse de Georg Lukács sur la conscience révolutionnaire à travers le prisme de la théorie de H. Rosa, il devient possible de montrer que les relations résonantes au monde émergent des luttes collectives contre l'aliénation.

Arthur Bueno est maître de conférences à l'université de Passau, affilié à l'université Goethe de Francfort et à l'université de São Paulo. Ses recherches portent sur la théorie sociale et la théorie critique. Il examine les déterminants sociaux et les implications politiques des formes de subjectivité. Il est vice-président de la Georg Simmel Gesellschaft et président du comité RC35 de l'Association internationale de sociologie.
Publications
Bueno, A., "Doing Away with the Spectre of Regression : Adorno and the Paradox of Authoritarianism", Critical Horizons : A Journal of Philosophy and Social Theory (à paraître).
Bueno, A., "The End (and Persistence) of Subjectivity : Lukács with Adorno, Adorno with Lukács", Distinktion : Journal of Social Theory, vol. 25, n°3, 2024, p. 435-454.
Bueno, A., Teixeira, M. et Strecker, D. (éds.), De-Centering Global Sociology : The Peripheral Turn in Social Theory and Research, Londres, Routledge, 2022.
Rosa, H., Henning, C. et Bueno, A. (éds.), Critical Theory and New Materialisms, Londres, Routledge, 2021.

Edwige CHIROUTER : La philosophie avec les enfants : un laboratoire pour la résonance
Harmut Rosa est depuis 2019 le parrain de la Chaire Unesco sur la philosophie avec les enfants. La volonté de démocratiser la philosophie dès le plus jeune âge s'inscrit dans des préoccupations à la fois éthiques (reconnaissance de l'enfant comme sujet) et politiques (offrir de espaces d'émancipation, d'esprit critique et d'ouverture d'esprit pour toutes et tous sans discrimination d'âge, de sexe ou de classe sociale). H. Rosa soutient la thèse que notre modernité tardive est caractérisée par une pression constante, soumettant les individus, adultes et enfants confondus, à un rythme effréné. Ils font désormais face au monde sans pouvoir l'habiter et parvenir à se l'approprier. Ce sentiment d'avoir en permanence à se hâter ("dépêche-toi" serait la phrase la plus entendue par les enfants au quotidien), à être constamment débordé, l'intériorisation des valeurs de compétition, de performance et d'individualisme génèrent une angoisse, une culpabilité diffuse et un sentiment de perte de sens. On n'a plus prise sur son existence et sur la marche du monde, ce qui entraîne un "déficit de résonance" allant jusqu'à mettre en péril le modèle démocratique (tout va trop vite, tout se confond, se délite, s'inverse, le vrai/le faux, le juste/l'injuste). Les ateliers de philosophie avec les enfants et les adolescents — en leur offrant des oasis de pensée et de décélération qui les amènent à prendre le temps de rentrer en résonance avec eux-mêmes, avec les autres, avec les œuvres et avec le monde — sont un des leviers pour reprendre part au processus d'émancipation. Ces pratiques visent à répondre aux crises politiques contemporaines en luttant contre le relativisme des opinions et le dogmatisme des idéologies. Dans cette communication, je montrerai comment les ateliers de philosophie avec les enfants nous montrent ce que devrait être l'école et l'éducation au quotidien dans une perspective démocratique et humaniste : "une école philosophique" qui résonne avec toutes les préoccupations traversant l'œuvre et la pensée d'Hartmut Rosa.

Edwige Chirouter est professeure des Universités et chercheure en philosophie de l'éducation à l'université de Nantes (France). Ses recherches portent sur l'analyse des processus d'exclusion de la philosophie et en particulier sur les pratiques de la philosophie avec les enfants. Elle est titulaire de la Chaire UNESCO "Pratiques de la philosophie avec les enfants : une base éducative pour le dialogue interculturel et la transformation sociale".
Publications
Chirouter, E. (dir) (2022), "La philosophie avec les enfants : un paradigme pour l'émancipation, la reconnaissance, la résonance", in Raison Publique.
Chirouter E. (2025), "À quoi pense la littérature jeunesse ? Des enfants, des questions, des histoires", in L'école des lettres.

Paul D'AMBROSIO : La résonance comme retour. Discussions sur l'ancrage de la théorie de Rosa et son concept d'authenticité [Resonance as Returning : Engaging with Hartmut Rosa Beyond Authenticity]
Hartmut Rosa plaisante souvent, quand il parle en anglais, en disant qu'il aime utiliser les "trois A" dans son travail. Par exemple, il utilise les termes "available" (disponible), "attainable" (réalisable) et "accessible" (accessible) comme thèmes centraux de sa théorie de l'accélération. Ces A caractérisent la société contemporaine. Sa solution introduit un R, à savoir la résonance. Cependant, il s'appuie sur un fondement philosophique d'authenticité ("authenticity"). Ainsi, un autre mot commençant par A a envahi l'espace où les R devraient dominer. Que se passe-t-il si on met les A de côté et que l'on remplace la résonance basée sur l'authenticité ("authenticity-based resonance") par une résonance basée sur le retour ("returning-based resonance") ? Tel est l'objectif que je poursuis ici en montrant que H. Rosa a a sous-estimé l'importance des profils et qu'il s'appuie surtout sur une théorie de l'authenticité pour comprendre les individus. De même, si, dans sa théorie de la résonance, H. Rosa indique que la première étape est "l'affection", c'est-à-dire que quelque chose qui "nous touche de l'extérieur", il indique que la deuxième étape est la réponse du sujet (auto-efficacité, puis le fait qu'il fasse entendre sa "propre voix"), tandis que la troisième étape implique la transformation significative de la personne. Or cette description soulève des problèmes qui ont trait à l'authenticité. En présentant une approche inspirée de la pensée taoïste classique, je présenterai une théorie différente de la résonance, basée sur la reconnaissance de notre interconnexion avec le tout.

Paul J. D'Ambrosio enseigne la philosophie chinoise à East China Normal University à Shanghai, China, où il est aussi directeur du ECNU's English-language MA et du programme doctoral et chair du centre interculturel. Il est l'auteur avec Hans-Georg Moeller de You and Your Profile (Columbia University Press, 2021), Genuine Pretending (CUP 2017) et éditeur avec Michael Sandel de Encountering China : Michael Sandel and Chinese Philosophy (Harvard University Press, 2018).

Christophe FRICKER : Pouvons-nous rendre nos étudiants heureux ? Une pédagogie "résonante" entre la bureaucratie universitaire et la salle d'apprentissage
La pédagogie de la résonance est l'application aux salles de cours de la théorie du même nom. Elle pose que l'apprentissage est à la fois plus agréable et plus efficace dans le cadre de relations résonantes. Or, puisque la résonance ne saurait être manufacturée, ni les professeurs, ni les élèves, ni surtout les administrations d'université ne peuvent avoir la certitude que les objectifs visés seront effectivement réalisés. Dans cette intervention, je proposerai tout d'abord un tour d'horizon d'initiatives d'universités actuelles cherchant à donner l'impression, problématique, que le succès dans les études peut être garanti. J'analyserai les moyens que les pédagogues, que ce soit à l'échelle individuelle et quelle que soit leur place dans la hiérarchie, ont d'affirmer leur agentivité et d'accéder par là à l'auto-efficacité, qui est le préalable de la résonance. Dans un second temps, j'examinerai si celle-ci a davantage de chances d'advenir si l'on cesse de traiter, à l'instar de nombreuses institutions d'aujourd'hui, élèves et personnels universitaires comme deux corps disjoints. J'envisagerai les perspectives prometteuses offertes par la co-conception et prendrai l'exemple de l'évaluation, qui est un aspect de l'éducation supérieure particulièrement conflictuel et souvent démoralisant pour les personnes impliquées. Enfin, en m'appuyant sur des données empiriques et quantitatives, je défendrai l'idée selon laquelle la résonance trouve ses catalyseurs moins dans les politiques institutionnelles ou dans l'expression d'une "voix étudiante" que chez les enseignants eux-mêmes.

Christophe Fricker est professeur associé en allemand et en traduction à l'université de Bristol, Fellow de la Higher Education Academy et Associate du Bristol Institute for Learning and Teaching. Il formule des recommandations méthodologiques en pédagogie de la résonance à destination des universités. Il enseigne aux côtés d'Hartmut Rosa dans le cadre d'écoles d'été de la Deutsche SchülerAkademie depuis 2014 et il est le traducteur en anglais de certains de ses essais parmi les plus influents.

Bettina HOLLSTEIN : La résonance et l'engagement bénévole pour le développement durable
Le développement durable est une nécessité que les nations du monde ont bien compris. Le programme 2030 pour le développement durable avec ses 17 objectifs (SDG) a été signé par 193 nations en 2015 et, depuis les années 1970, les scientifiques ne cessent d'alerter sur les problèmes écologiques, sociaux et économiques qui sont directement liés à notre façon de vivre dans le monde moderne pris dans une accélération globale. Pour Hartmut Rosa, l'accélération concerne le développement technique et économique, les changements sociaux et les rythmes de vie, c'est-à-dire qu'il touche aussi le niveau individuel, ce qui génère stress et dépression. Cependant, comprendre la nécessité de changer notre façon de vivre dans le sens d'un développement durable ne suffit pas à nous motiver à agir en ce sens. La théorie de la résonance de Hartmut Rosa peut nous aider à résoudre ce problème. Je parlerai des moments de résonance que des personnes éprouvent quand elles s'engagent bénévolement pour des projets qui leur sont chers ; elles se sentent appelées à agir et répondent à cet appel. La résonance change les personnes qui en font l'expérience. Mais comme elle reste imprévisible et ne peut pas être commandée, on peut se demander quel est son impact réel sur le plan écologique. M'appuyant sur des observations empiriques, je me demanderai si une expérience de résonance peut changer les habitudes individuelles et comment. Je confronterai la théorie de H. Rosa avec celle de John Dewey pour réfléchir à la relation entre le fait d'apprendre et la transformation de soi.

Bettina Hollstein est professeure à l'université d'Erfurt et responsable du management du Max-Weber-Kolleg. Elle travaille sur l'éthique économique et s'intéresse en particulier à la théorie pragmatiste de l'action, qu'elle étudie en réfléchissant notamment au bénévolat et au développement durable.
Publications
Hollstein, B., Rosa, H., Rüpke, J. (éds.), "Weltbeziehung". The Study of our Relationship to the World, Frankfurt/New York, Campus 2023.
"Learning by Doing' in Higher Education. Empirical Insights into Education for Sustainable Development", in RIAEE, Araraquara v, 19, n. esp. 1, 2024. p. 1-26 (with João Tziminadis and Pia Schrage).

Klaas HUIZING : Heavy metal : la situation clé
La théologie s'inspire volontiers d'autres disciplines — traditionnellement de la philosophie et désormais de la psychologie, de la sociologie, de la politologie, de la littérature, des sciences de l'image, etc. — pour penser le phénomène religieux. Actuellement, le sociologue Hartmut Rosa compte parmi les auteurs les plus appréciés en théologie. Dans son opus magnum Resonanz, il place (encore) la religion primo loco sur l'axe vertical de résonance. Je voudrais plaider ici pour un changement de regard. Ce n'est pas le livre Resonanz, ni l'ouvrage Demokratie braucht Religion qui me sert ici de référence, mais l'ouvrage que Rosa a écrit avec son cœur : When Monsters roar and angels sing. Une petite sociologie du heavy metal. Dans ce livre, Rosa travaille sur les notions de sacré sans nommer explicitement Rudolf Otto. Le heavy metal devient un modèle idéal de "peak experiences" qui interrompent la réification, et fait un pied de nez à l'industrie culturelle. À partir de là, il faudra se demander quel est le rapport entre ces expériences extraordinaires et les autres expériences de résonance. Dans le monisme normatif de Rosa, n'y a-t-il pas une gradation entre les petites transformations et la grande transformation qui crée une orientation plus fondamentale propice à la vie ?

Klaas Huizing, théologien nééerlandais, romancier, professeur et docteur, occupe la chaire de théologie systématique et d'éthique à l'université de Würzburg. Il est membre, en tant qu'écrivain, du PEN Club.
Dernières publications
Scham und Ehre. Eine theologische Ethik, Gütersloh, 2022.
Lebenslehre. Eine Theologie für das 21. Jahrhundert, Gütersloh, 2025.
Das Testament der Kühe, Roman, Tübingen, 2020.

Rosa Marie KELLER : Décrypter le paradoxe de la résonance en temps de crise politique
Les démocraties du XXIe siècle sont confrontées à des contraintes croissantes alimentées par de multiples crises économiques, écologiques et géopolitiques, et elles se heurtent au désenchantement du public à l'égard de la politique et à la montée en puissance des partis nationalistes. Il importe d'examiner les réponses adéquates à ces crises et de s'interroger sur les ingrédients majeurs qui peuvent rendre les démocraties résilientes. En m'inspirant des concepts d'aliénation et de résonance propres à Hartmut Rosa, je présenterai les résultats d'une recherche empirique à méthodes multiples qui explore la démocratie allemande en s'appuyant sur les représentations sociales. Il s'agira de discuter les résultats qui soulignent le rôle que joue la polyphasie cognitive dans la résilience démocratique. La polyphasie cognitive conceptualise un état dans lequel un individu conserve et utilise plusieurs systèmes de connaissances pour donner un sens à un objet social donné. Les résultats des recherches empiriques montrent que la résilience démocratique est plus forte chez les individus qui ont simultanément des représentations aliénées et résonnantes de la démocratie sans avoir besoin de tomber dans l'un ou l'autre camp. Au contraire, les individus aliénés et indifférents dont les représentations affichent des logiques de dissonance cognitive tombent dans un certain désenchantement et se coupent de la démocratie. L'objectif est d'examiner les implications potentielles de ces résultats à la fois sur le plan pratique (éducation démocratique, activisme et valeurs) et sur le plan théorique, en remettant en question conceptuellement la dichotomie des concepts d'aliénation et de résonance de Hartmut Rosa. Il convient de prendre au sérieux les implications du "paradoxe de la résonance", où les individus les plus résonnants par rapport à la démocratie sont peut-être ceux qui ont des représentations polyphasiques, englobant simultanément la résonance et l'aliénation, ce qui fait de la capacité de polyphasie cognitive une caractéristique majeure de la résilience démocratique au XXIe siècle.

Rosa Marie Keller est Doctorante à l'université Friedrich-Schiller-Universität Jena (sous la direction de H. Rosa) et à l'Institute of Sociology & London School of Economics and Political Science, Department of Psychological and Behavioural Science.

Jürgen OBERSCHMIDT : Concept - idée - métaphore - phénomène. Découvrir la résonance dans les pratiques musicales
À la question de savoir ce qu'est en fait un chef d'orchestre, Sergiu Celibidache a répondu un jour : "Derrière tout chef d'orchestre se dissimule un dictateur qui se contente, fort heureusement, de la musique". Nous nous retrouvons face à cette dualité diriger/se laisser guider dès les premiers stades de l'apprentissage de la musique. En effet, dans les cours de violon, par exemple, on nous enseigne la tenue de l'archet et nous apprenons comment phraser un thème puis produire différents timbres : "On attend souvent de l'apprenti qu'il intériorise la leçon du maître par osmose, pour ainsi dire. Le maître montre comment réussir quelque chose et l'apprenti doit trouver où est la clé" (Richard Sennet). Ainsi, le chef d'orchestre, tel un artisan, façonne le son collectif, guidant chaque instrumentiste vers une interprétation commune. Il s'agit avant tout de créer une harmonie finale. Quelles conséquences faut-il tirer de telles conceptions de la pratique musicale pour l'enseignement de la musique ? Comme Andreas Gruschka l'a dit en parlant du topos de la "froideur bourgeoise", entraîner les enfants en les dressant reflète une éthique de l'apprentissage qui est "comme le résultat de pressions sociales reproductives" profondément ancrées dans notre système éducatif. Or, si nous voulons répondre par la musique et l'enseignement de la musique aux discours sociaux et politiques qui s'imposent à nous, nous pourrions nous inspirer de Daniel Barenboïm, pour qui la pratique et la réception de la musique sont liées à des procédés de mise en accord et à tout un ensemble de représentations individuelles : "La partition d'une grande œuvre contient de nombreuses "solutions"". Ainsi, les auditeurs et les musiciens prennent part à un événement de résonance.

Jürgen Oberschmidt est professeur de musique et de didactique à l'université pédagogique de Heidelberg. Après des études à l'université de Musique, Théâtre et Médias de Hanovre, il a travaillé comme professeur de musique et d'allemand dans une école secondaire de Rhénanie du Nord-Westphalie et comme professeur de formation à l'université de Kassel. Il est président de la Société internationale Leo Kestenberg, du New Music Network Baden-Württemberg et président de l'Association fédérale pour l'éducation musicale (BMU).
Publications
Oberschmidt, Jürgen (2024), "Plädoyer für eine Rückkehr des Staunens. Gedanken über Musikunterricht in einer verwunderungsfreien Schule", in Heiner Gembris, Bianca Maria Herbst, Sebastian Herbst & Kristin Sander-Steinert (Hg.), Musik erleben - erforschen - vermitteln. Begegnungen mit Thomas Krettenauer, Münster, LIT., p. 89-107.
Oberschmidt, Jürgen (2023), "Resonanz. Musikpädagogische Überlegungen zu einem vielstimmig-schillernden Begriff", in Georg Biegholdt, Martina Benz, Jürgen Oberschmidt (Hg.), Resonanz. Tagungsband zum 5. Bundeskongress Musikunterricht in Mannheim, Mainz, Schott, p. 6-19.
Oberschmidt, Jürgen (2022), "Musik(-unterricht) zwischen Divertimento und Etüde. Über das Spannungsverhältnis zwischen fremdgesteuertem Anpassungsdruck, musikimmanenten Steigerungsstrategien und kontemplativen Zugängen", in Andrea Ellmeier u. Doris Ingrisch (Hg.), Muße, Musen und das Müssen. Wissen und Geschlecht in Musik - Theater – Film, Wien, Köln, Böhlau Verlag, p. 103-123.

Maximilien PRIEBE : La subjectivité face aux apories modernes : réévaluer la théorie de l'accélération sociale via le prisme du surmenage cognitif
Il s'agit d'examiner la théorie de l'accélération sociale de Hartmut Rosa qui est majeure pour comprendre une aporie centrale de la modernité, à savoir la nécessité paradoxale de ne pouvoir se stabiliser que "dynamiquement", c'est-à-dire de ne pouvoir garantir l'ordre que par une logique d'augmentation continue. Dans ce contexte, une dichotomie conceptuelle sera remise en question : celle de "l'accélération" et de "l'aliénation". Pour Rosa, ces deux concepts sont complémentaires dans la mesure où chaque accélération sociale comporte des risques d'aliénation que seul un rapport résonant au monde peut surmonter. Je propose de prendre du recul par rapport à cette constellation de concepts pour m'interroger sur ce qu'il advient de l'approche explicative de Rosa quand on remplace la ligne théorique de l'aliénation — de Marx, de Weber et de Taylor — par des présupposés plus orientés vers les sciences culturelles, en éclairant, par exemple, sa sociologie par l'héritage de Georg Simmel. Ainsi, l'accent sera mis sur cette décompensation de la subjectivité — que Simmel décrit comme "tragédie de la culture" — qui consiste en un surmenage avant tout cognitif du sujet face à un débordement dû à la complexité du monde. On ne peut déduire que dans un deuxième temps que cette forme de déracinement spirituel est une aliénation généralisée. De cette manière, envisager une "sociologie du rapport au monde", non seulement à travers des relations corporelles, affectives et existentielles, mais aussi dans ses dimensions épistémiques et cognitives, pourrait permettre, par un recours critique à l'appareil conceptuel de Rosa, de trouver de nouvelles réponses aux problèmes auxquels font face les individus dans les "sociétés du savoir" contemporaines (surcharge informationnelle, difficultés d'orientation ou perte des connaissances générales).

Maximilian Priebe est doctorant à la chaire de sociologie générale et théorique de l'université d'Iéna, sous la direction de Hartmut Rosa. Il a obtenu un master en histoire et théorie politique de l'université de Cambridge ainsi qu'un master en philosophie sociale de l'EHESS, Paris. Dans ce cadre, il s'est notamment intéressé aux réactions philosophiques aux problèmes de la division du travail. Son projet de recherche porte sur le surmenage du sujet moderne.
Publications
"Edgar Morin – Kosmologe der Komplexität. Porträt eines transdisziplinären Intellektuellen", Kulturwissenschaftliche Zeitschrift (2023), 96–123.
"Lire ou voir ? Ernst Cassirer et Hans Blumenberg sur la pensée et l'image", Revue d'Allemagne et des pays de langue allemande, 56 (2024), 225-242.
"The "Science" of Political Economy – A Victory for Common Sense ?", Journal of Contextual Economics – Schmollers Jahrbuch (2024).

Hartmut ROSA : D'où vient la force motrice ? Vers une théorie de l'énergie sociale circulante
La conférence part de l'observation que la société moderne tardive souffre d'une double crise liée à l’énergie. En effet, elle a besoin de toujours plus de ressources physiques et d'énergie (fossile, solaire et nucléaire) pour maintenir sa structure institutionnelle. Ce faisant, elle épuise la planète et aggrave le réchauffement climatique. Bien plus, il semble qu'il y ait également un épuisement politique, qui réside dans le fait que, malgré une intensification des querelles politiques, un changement social véritable devient de plus en plus improbable. D'un autre côté, la société exige des individus qu'ils dépensent de plus en plus d'énergie psychique : la croissance, l'accélération et l'augmentation constante de l'innovation, qui sont structurellement indispensables, ne sont possibles que si les sujets cherchent sans cesse à augmenter leur performance. Ainsi, on assiste de plus en plus à une sorte d'épuisement psychique qui génère dépression et burn-out. Il est évident que quelque chose ne va pas dans l'équilibre énergétique de la société moderne, tant d'un point de vue structurel que culturel : elle doit en faire toujours plus pour se maintenir et semble disposer de toujours moins d'énergie. Malheureusement, il n'existe pas encore un concept d'énergie propre aux sciences sociales : lorsqu'il est question d'énergie, il s'agit soit d'énergie physique, soit d'idées ésotériques. L'objectif de cette contribution est de développer, à la suite d'Émile Durkheim et de Randall Collins, un concept d'énergie sociale circulante. Celle-ci ne doit pas être comprise comme une agrégation d'énergies motrices individuelles, mais elle naît de l'interaction et dans l'interaction. Elle se multiplie en quelque sorte elle-même : elle ne peut pas être modélisée selon le schéma input-output, mais constitue une puissance dynamique collective d'un type particulier. Ce n'est qu'en comprenant celle-ci que nous pouvons analyser les conditions dans lesquelles les acteurs sociaux, les mouvements et les sociétés peuvent déployer de l'énergie.

Hartmut Rosa (1965) est professeur de sociologie générale et théorique à l'université Friedrich-Schiller de Iéna depuis 2005 et directeur du Max-Weber-Kolleg à l'université d'Erfurt depuis 2013. Il est également directeur du domaine de recherche spécial de la DFG "Strukturwandel des Eigentums" (Changement structurel dans la propriété), qui a commencé ses travaux en 2021. Il a également été professeur invité à la New School for Social Research à New York et à la FMSH/EHESS à Paris. De plus, il était éditeur de revue Time & Society et maintenant il co-édite Berliner Journal für Soziologie. En 2023, il a reçu le prix Leibniz, le prix scientifique allemand le plus prestigieux. Il a notamment publié Accélération (2005), Résonance (2016) et Rendre le monde indisponible (2018).

Niklaus SCHEFER : À la recherche de la résonance transculturelle
Le terme "résonance" est un concept relativement moderne. Son utilisation métaphorique s'est rapidement imposée dans les sciences sociales et humaines. Hartmut Rosa a montré que les sociétés modernes avaient besoin de résonance, héritage du romantisme, pour sortir de l'aliénation. Dans ma contribution au sein des disciplines de la philosophie et de la sinologie, je m'intéresse à la façon dont ces termes sont perçus dans d'autres cultures et j'analyse les concepts chinois qui décrivent ce phénomène esthétique et social. Les caractères spécifiques pour "résonance" sont 韵 (韻) yùn ou 气韵 (氣韻) qìyùn. Issus de la théorie classique de l'art, ils signifient la résonance qu'une œuvre d'art réussie est capable de déclencher. Le terme est établi dès le Ve siècle et s'applique à toute l'histoire de l'art d'Asie de l'Est. Mon étude se concentre sur la relation entre la résonance, le romantisme et certains aspects d'un "proto-modernisme". Cela est illustré par des exemples de la peinture de paysage chinoise de la dynastie Song, qui témoigne des évolutions révélatrices d'une conception résonnante de l'art. Ces illustrations visent à montrer que, dans un contexte culturel différent, les ingrédients de ce que nous comprenons par romantisme et par réaction au rationalisme et aux Lumières (c'est-à-dire à un mouvement proto-moderne), sont apparus au moins 800 ans plus tôt et se sont imposés dans la théorie de l'esthétique. Ainsi, il me semble que la relation entre les phénomènes que Rosa décrit en analysant des sociétés des XXe et XXIe siècles dans les pays occidentaux est également valable pour d'autres cultures et d'autres époques. J'essaie d'en tirer des conclusions transculturelles.

Niklaus Schefer est professeur de philosophie, psychologie, sociologie et du chinois au lycée de Thoune (Suisse). Il est également membre de la direction de l'école et travaille sur des thèmes philosophiques, transculturels et pédagogiques.
Publications
Schefer, N. (2020), "Enlightenment and Freedom in a Confucian Way", in Reichenbach R. Kwak, D.-J., Confucian Perspectives on Learning and Self-Transformation, Springer.
Schefer, N. (2024), "Umwandlungen und Einsichten, Episoden aus der Geschichte unserer Bildungsinstitution(en) anlässlich des Jubiläums "100 Jahre Hauptgebäude Seefeld" mit drei Einsichten für die Zukunft" [en ligne].
Schefer, N. (2021), "Maturity and Modernity in East and West (The Philosophical Concept of 萬物一體 (wanwu yiti) and its Educational and Political Relevance)", published in academia.edu.

Jan SONNTAG : Résonance et démence
Au cours des dernières années, l'image publique et professionnelle de la démence s'est formée de manière complexe, discutée par de nombreuses disciplines — pas seulement la médecine. La forte incidence des phénomènes démentiels dans les populations vieillissantes des pays industrialisés est un énorme défi pour les sociétés concernées. La perte de la mémoire et de la capacité de penser est particulièrement éprouvante car l'humain est souvent associé à ces compétences : cogito ergo sum. Nous pouvons même parler à ce sujet d'une société hypercognitive. Cela conduit à une approche purement déficitaire de la démence. Pourtant, il existe d'autres approches axées sur les ressources et ces perspectives anthropologiques et phénoménologiques montrent que la cognition intacte n'est pas la condition sine qua non de la qualité de la vie. Dans ma spécialité, la musicothérapie, j'ai pu développer au cours des dernières années un traitement centré sur l'expérience et sur la création d'atmosphères. Je définis la catégorie centrale de l'atmosphère thérapeutique comme un espace de résonance qui permet de se sentir à l'aise en communauté malgré des troubles cognitifs importants. Avec Hartmut Rosa, je comprends la démence comme un rapport au monde qui devient silencieux. J'expliquerai cela est soulignerai l'importance que peut avoir la rencontre thérapeutique en tant qu'espace de réponse.

Jan Sonntag est musicothérapeute diplômé et professeur de musicothérapie à la MSH Medical School de Hambourg. Il a suivi des études de musicothérapie à la Fachhochschule de Heidelberg. Depuis 1999, il est praticien, chercheur, conseiller et enseignant spécialisé dans la démence. En 2013, il obtient un Doctorat à l'École supérieure de musique et de théâtre de Hambourg.
Publications
Sonntag, J. (2016), "Atmosphere – an Aesthetic Concept in Music Therapy with Dementia", Nordic Journal of Music Therapy, 25/3, 216-228.
Sonntag, J. (2024), Demenz und Atmosphäre. Musiktherapie als ästhetische Arbeit. 3. Auflage, Frankfurt, Mabuse.
Sonntag, J., Goditsch, M. J., Storf, M. (2023), "Soziologische Resonanztheorie und ihre Relevanz für die Musiktherapie", Musiktherapeutische Umschau 44/4, 323-335.

Simon SUSEN : La théorie critique comme sociologie des relations au monde [Critical Theory as a Sociology of World-Relations ?]
Il s'agit d'examiner le concept de résonance de Hartmut Rosa. À cette fin, l'analyse est divisée en quatre parties. La première partie élucide ce concept en insistant sur la manière dont Rosa distingue les "axes de résonance" horizontaux, diagonaux et verticaux et en montrant leur rôle dans la construction de différentes relations au monde. La deuxième partie est centrée sur l'aliénation : dans quelle mesure est-elle un élément central des formes de vie modernes et de la condition humaine ? La troisième partie aborde la dialectique de la résonance et de l'aliénation. Je défends l'hypothèse selon laquelle elles sont antithétiques et soutiens que leur étude approfondie fournit des paramètres normatifs permettant de distinguer la "bonne vie" de la "mauvaise vie". La dernière partie examine la tentative de Rosa de défendre son esquisse d'une théorie sociologique de la résonance contre les objections soulevées par ses détracteurs. Cela comprend une évaluation point par point de son plaidoyer pour une sociologie des relations au monde axée sur la résonance. Enfin, je montre qu'en dépit des problèmes qu'elle peut soulever, l'approche de Rosa représente l'un des développements les plus prometteurs de la théorie critique du XXIe siècle.

Simon Susen est professeur de sociologie à l'université de Londres depuis 2011. Il a obtenu son doctorat de l'université de Cambridge en 2007. Il est professeur associé à l'université Andrés Bello in Santiago, Chile , membre associé du Bauman Institute et, avec Bryan S. Turner, éditeur du Journal of Classical Sociology.
Publications
Humanity and Uncontrollability : Reflections on Hartmut Rosa's Critical Theory, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 324 pp. (2024).
"Twenty-Five Theses on the Task of the Translator : With, against, and beyond Walter Benjamin", Revista Portuguesa de Filosofia, 80 (1–2), pp. 197–270 (2024).
"The Interpretation of Cultures : Geertz Is Still in Town", Sociologica – International Journal for Sociological Debate, 18 (1), pp. 25–63 (2023).
"A New Structural Transformation of the Public Sphere ? With, against, and beyond Habermas", Society, 60 (6), pp. 842–867 (2023).
"Towards an Ontology of Contemporary Reality ?", Theory, Culture & Society, 40 (7–8), pp. 33–55 (2023).
"Lessons from Reckwitz and Rosa : Towards a Constructive Dialogue between Critical Analytics and Critical Theory", Social Epistemology, 37 (5), pp. 545–591 (2023).

Charles TAYLOR : La relation entre les connexions cosmiques et la résonance
Cette intervention sera une tentative pour démontrer la manière dont le concept de "résonance" que propose Hartmut Rosa est indispensable lorsque l'on essaie de décrire certaines expériences qui nous inspirent, qu'elles soient spirituelles, éthiques ou provoquées par la nature.

Publications
Taylor, C., Les sources du moi : La formation de l'identité moderne, Paris, Seuil / Boréal, 1998.
Taylor, C., Multiculturalisme : Différence et démocratie, Aubier, 1993.
Taylor, C., L'âge séculier (trad. de l'anglais), Paris, Seuil / Boréal, 2011.
Taylor, C., Cosmic Connections. Poetry in the Age of Disenchantment, Harvard University Press, 2024.

Frédéric VANDENBERGHE : Le projet romantique d'une herméneutique critique de la modernité
L'École de Francfort est désormais une tradition centenaire. Devenu célèbre grâce à ses livres sur l'accélération et la résonance, Hartmut Rosa est le représentant le plus connu de la quatrième génération de la Théorie critique. Pour bien comprendre d'où il vient et où il va, il faut toutefois resituer sa pensée dans la tradition d'une herméneutique critique de la modernité qui s'inspire, dès sa thèse de doctorat jusqu'à ses réflexions plus récentes sur l'énergie physique, sociale et cosmique, de la philosophie sociale de Charles Taylor. La question centrale qui anime son œuvre est la même que celle de Wilhelm Dilthey, Max Weber et Charles Taylor : Quel type d'humanité produit la modernité ? Peut-on imaginer une autre modernité, une autre humanité et une autre relation au monde que celles héritées des philosophes des Lumières qui cherchent à dominer et à contrôler le monde ? Le pari de Rosa est qu'une réactivation du programme philosophique du romantisme est possible et donc que nous pouvons promouvoir une relation au monde qui ne se caractérise plus par l'aliénation et la réification qui conduisent l'humanité vers des crises multiples.

Frédéric Vandenberghe est professeur de sociologie à l'université fédérale de Rio de Janeiro et collaborateur associé au centre de recherche "Zukunfte der Nachhaltigkeit" à l'université de Hambourg.
https://frederic.vdb.brainwaves.be/
Dernières publications
Caillé, A. & Vandenberghe, F. (2021), Towards a New Classic Sociology. A Proposal and a Debate, London, Routledge.
Vandenberghe, F. (2024), Teoria social reconstrutiva. Vol. 1 : A sociologia como filosofia moral, Rio de Janeiro, Ateliê de humanidades.
Vandenberghe, F. (2025), "Moral Maps, Time Structures and World-Relations", in Rosa, H., Time and World, Cambridge, Polity Press.

Olivier VOIROL : Théorie critique et résonance
Née dans la première partie XXe siècle, la théorie critique est un courant de la philosophie et de la théorie sociale dont l'histoire mouvementée a traversé celle du siècle, à ses différents moments. Elle reste active et vivante à l'heure actuelle. S'il est insuffisant de rabattre ce courant de pensée sur ses figures fondatrices telles que Max Horkheimer, Herbert Marcuse et Theodor W. Adorno, il l'est tout autant de le restreindre à ses représentants tardifs, tels que Jürgen Habermas, Axel Honneth ou encore Nancy Fraser. La théorie critique gagne à être envisagée dans sa pluralité théorique autant que dans son unité épistémologique. La question de son actualité se repose sans cesse — en particulier à l'heure actuelle.
Hartmut Rosa inscrit ses travaux dans le sillage de cette tradition de pensée, ce qu'il a explicité à plusieurs reprises à partir des discussions faisant suite à Accélération (2005), et dans son opuscule Aliénation et accélération (2011). Rosa retient de cette tradition de pensée une conception immanente de la critique, à quoi s'ajoute une sensibilité aux aspects "négatifs" du social, ainsi qu'une attention aux thèmes (adorniens) de la domination de la nature et du "non-identique", réinterprétés en termes d'"indisponibilité" au sein de la théorie de la résonance.
Grâce à son concept de "monde", la théorie de la résonance apporte une dimension manquante jusque-là dans la théorie critique — et écartée par sa version intersubjectiviste. La théorie de la résonance offre en outre des éléments de réponse à certains enjeux sociaux et politiques clés du temps présent. En reconnaissant cet apport, j'entends montrer qu'une théorie critique articulée aux concepts de résonance et de monde fait face au double enjeu de penser une approche non-dominatrice de la raison et de l'agir politique.

Enseignant en sciences sociales et politiques à l'université de Lausanne, chargé de cours à l'université de Paris-Cité, Olivier Voirol a mené pendant vingt ans ses recherches à l'Institut für Sozialforschung de Francfort sur le Main, en étudiant l'histoire et l'actualité de la théorie critique, en particulier sous l'angle des questions de l'autoritarisme et des mutations de l'espace public. Il est responsable depuis 2008 de la collection "théorie critique" aux éditions de La Découverte, qui a traduit les travaux de Rosa et les a introduits dans l'espace francophone.

Nathanaël WALLENHORST : Résistance, résonance
Comment éviter l'écueil où le néolibéralisme nous a conduits ? Pour parer aux logiques d'accélération et de croissance, qu'il identifie comme étant à l'origine de l'aliénation contemporaine, le sociologue Hartmut Rosa a dessiné une voie magistrale : un rapport au monde renouvelé. À rebours de l'instrumentalisation que nous impose la société moderne, il nous invite à une relation vivante, responsive. En un mot, à la "résonance", seule en mesure de nous sortir de l'ornière sans violence. Mais ce concept est-il assez puissant pour penser une nécessaire transformation ? La résonance est subversive, mais un renouvellement en profondeur peut-il faire l'économie de la rupture ? Comment éduquer les générations futures à un nouveau rapport au monde ? Comment se former pour transformer ? Faut-il entrer en résonance ou en résistance ?

Nathanaël Wallenhorst est docteur en sciences de l'éducation, sciences de l'environnement et science politique. Il est professeur à la faculté d'éducation de l'université catholique de l'Ouest dont il est le doyen. Il travaille sur les incidences politiques, éducatives et anthropologiques de l'entrée dans l'Anthropocène et dirige actuellement une Encyclopedia of the Anthropocene – Pluriversal Perspectives (avec Wulf, Springer Nature). Il est membre de l'Anthropocene Working Group (AWG) et dirige le réseau international de recherche "Education in the Anthropocene" pour Wera, l'association mondiale de la recherche en sciences de l'éducation.
Derniers ouvrages
Qui sauvera la planète ? Les technocrates, les démocrates ou les autocrates…, Actes Sud, 2022.
Penser l'éducation à l'époque de l'Anthropocène (avec Hétier), Le Bord de l'eau, 2023.
A critical theory for the Anthropocene, Springer-Nature, 2023.
Contenir l'emballement bioclimatique, Actes Sud, 2025.
2049. Ce que le climat peut faire à l'Europe, Le Seuil, septembre 2025.


Accélération, résonance, énergies sociales. Quels usages opérationnels ?, table ronde animée par Sylvain ALLEMAND, avec Nicolas ESCACH, Luc GWIAZDZINSKI, Edith HEURGON et Vincent PETITET

Luc GWIAZDZINSKI
L'intervention proposera une mise en dialogue des concepts d'"accélération", de "résonance", d'"énergie sociale" avec des dynamiques collectives observées sur les territoires : appropriations politiques, festives, ludiques et créatives des espaces publics (Rond-point des gilets jaunes, Zad, guérilla jardinière…), politiques temporelles territorialisées (bureau des temps, Slow Cita), urbanisme événementiel et temporel, territoires apprenants, tiers-lieux (…). Nous examinerons ce que les concepts d'accélération, de résonance et d'énergies sociales peuvent apporter à la compréhension de phénomènes observés depuis la fin des années 90 et à l'analyse des stratégies d'adaptation développées par les individus, les collectifs et les pouvoirs publics notamment à l’échelle locale.

Luc Gwiazdzinski est géographe. Professeur à l'École nationale supérieure d'architecture de Toulouse et chercheur au LRA. Ses travaux portent notamment sur les temporalités, la chronotopie, les rythmes, les appropriations créatives, festives et politiques et les dispositifs apprenants.
Dernières publications
Graff C., Gwiazdzinski L., 2024, Flux et rythmes à l'épreuve des territoires, Rhuthmos.
Gwiazdzinski L. et al., 2024, Les nouvelles proximités, FYP.
Cholat F., Gwiazdzinski L., 2020, Territoires apprenants, Elya.
Gwiazdzinski et al., 2020, Manifeste pour une politique des rythmes, EPFL Éditions.
Floris B., Gwiazdzinski L., 2019, Sur la vague jaune. L'utopie d'un rond-point, Elya.
Gwiazdzinski L., 2015 (dir.), L'hybridation des mondes, Elya.


Concert du jazz club de Normandie, par Kikala I. TRAORÉ alias Jéricho (pianiste), Frédérick LEMARCHAND (contrebasse) et Pascal VIGIER (batterie)
Dans un contexte marqué par la complexité et l'accélération, il convient de repenser nos modèles en faisant des pas de côté. L'Art a toute sa place dans cette démarche, de par sa capacité à improviser en composant avec l'incertain, l'impromptu, à amorcer un dialogue avec les chercheurs et théoriciens.
Le pianiste Frank J. Barrett en témoigne à sa façon ; également professeur de management, il érige la résonance (ou le flux) comme un élément à même de nous orienter dans le contexte chaotique dans lequel nous sommes.
À ses côtés et ceux de Frédérik Lemarchand (contrebassiste, par ailleurs sociologue), de Pascal Vigier (batteur) et de Jéricho (pianiste), proposera des K-Notes, des moments où il partagera des retours d'expérience d'organisations en situation de crise, entre des morceaux d'improvisation musicale. Une manière de faire entrer en résonance, des sciences (celles de la gestion et du management) avec une forme d'expression artistique.
En savoir plus : https://jazzclubdenormandie.fr/


BIBLIOGRAPHIE :

Ouvrages de Hartmut Rosa

• Rosa, H. (1998), Identität und kulturelle Praxis : Politische Philosophie nach Charles Taylor, Frankfurt am Main/New York, Campus (Dissertation, Humboldt-Universität zu Berlin, 1997).
• Rosa, H. (2010), Accélération : une critique sociale du temps (Traduction de l'allemand), Paris, La Découverte (Publication originale : Beschleunigung. Die Veränderung der Zeitstrukturen in der Moderne, Frankfurt am Main, Suhrkamp, 2005).
• Rosa, H. (2011), Weltbeziehungen im Zeitalter der Beschleunigung : Umrisse einer neuen Gesellschaftskritik, Berlin, Suhrkamp.
• Rosa, H. (2012), Aliénation et accélération : vers une théorie critique de la modernité tardive (Traduction de l'anglais), Paris, La Découverte (Publication originale : Alienation and Acceleration. Towards a Critical Theory of Late-Modern Temporality, Aarhus, Aarhus University Press, 2010).
• Rosa, H. (2018a), Résonance : une sociologie de la relation au monde, Mesnil-sur-l'Estrée, La Découverte - Nouvelle édition (édition de poche), Paris, La Découverte, 2021.
• Rosa, H. (2018b), Remède à l'accélération : impressions d'un voyage en Chine et autres textes sur la résonance, Paris, Philosophie magazine.
• Rosa, H. (2020), Rendre le monde indisponible, Paris, La Découverte (Publication originale : Unverfügbarkeit, Berlin, Suhrkamp, 2018).
• Rosa, H. (2022a), Pédagogie de la résonance : Entretiens avec Wolfgang Endres, Paris, Le Pommier.
• Rosa, H. (2022b), Accélérons la Résonance. Entretiens avec Nathanaël Wallenhorst, Paris, Le Pommier.
• Rosa, H. (2023), Pourquoi la démocratie a besoin de la religion : À propos d'une relation de résonance singulière, Paris, La Découverte (Publication originale : Warum unsere Demokratie die Religion braucht, Frankfurt am Main, Suhrkamp, 2022).
• Rosa, H. (2024), No fear of the dark : une sociologie du heavy metal, Paris, La Découverte (Publication originale : When Monsters Roar and Angels Sing. Eine kleine Soziologie des Heavy Metal, Stuttgart, Kohlhammer, 2023).


Autres ouvrages

• Adorno, T. W., Horkheimer M. (1974), Dialectique de la Raison (trad. Éliane Kaufholz-Messmer), Paris, Gallimard (Publication originale : Dialektik der Aufklärung, 1944).
• Adorno, T. W. (2003), Minima moralia. Réflexions sur la vie mutilée (trad. É. Kaufholz, J.-R. Ladmira), Paris, Payot (Publication originale : Minima Moralia. Reflexionen aus dem beschädigten Leben, Berlin/Frankfurt am Main, Suhrkamp, 1951).
• Adorno, T. W. et al. (2017), Études sur la personnalité autoritaire (trad. H. Frappat), Paris, Allia (Publication originale : The Authoritarian Personality, New York, Harper and Brothers, 1950).
• Adorno, T. W. (2003), Dialectique négative (groupe de trad. Du Collège de philosophie), Paris, Payot (Publication originale : Negative Dialektik, Frankfurt am Main, Suhrkamp, 1966.
• Horkheimer, M. (2009), Théorie critique. Essais (trad. Groupe de traduction du Collège de philosophie), Paris, Payot (Publication originale : Traditionelle und Kritische Theorie. Fünf Aufsätze, Frankfurt am Main, S. Fischer, 1992 [1937]).
• Habermas, J. (1978), L'espace public : Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Paris, Payot (Publication originale : Strukturwandel der Öffentlichkeit, Frankfurt am Main, Suhrkamp, 1962).
• Habermas, J. (1987), Théorie de l'agir communicationnel, 2 t., Paris, Fayard (Publication originale : Theorie des kommunikativen Handelns. Zwei Bände, Frankfurt am Main, Suhrkamp, 1981).
• Habermas, J. (1998), Le discours philosophique de la modernité (trad. C. Bouchindhomme et R. Rochlitz), Paris, Gallimard (Publication originale : Der philosophische Diskurs der Moderne. Zwölf Vorlesungen, Frankfurt am Main, Suhrkamp, 1985).
• Honneth, A. (2000), La Lutte pour la reconnaissance (trad. Pierre Rusch), Paris, Le Cerf, 2000 (Publication originale : Kampf um Anerkennung, Frankfurt/Main, Suhrkamp).
• Honneth, A. (2020), La Reconnaissance : Histoire européenne d'une idée (trad. Julia Christ et Pierre Rusch), Gallimard, coll. "NRF Essais".
• Horkheimer, M. (2013), Eclipse of reason, Londres, Bloomsbury (Publication originale : Eclipse of reason, Oxford, Oxford University Press, 1947).
• Taylor, C. (1979), Hegel and Modern Society, Cambridge University Press (Hegel et la société moderne, Paris, Le Cerf, 1998).
• Taylor, C. (1989), Sources of the Self : The Making of the Modern Identity, Harvard University Press (Les sources du moi : La formation de l'identité moderne, Paris, Seuil / Boréal, 1998).
• Taylor, C. (1992), Multiculturalism : Examining the Politics of Recognition, Princeton University Press (Multiculturalisme : Différence et démocratie, Aubier, 1993).
• Taylor, C. (2007), A Secular Age, Belknat Harvard, Récompensé par le prix Templeton, 2007 (L'âge séculier (trad. de l'anglais), Paris, Seuil / Boréal, 2011).
• Taylor, C. (2020), Reconstructing Democracy. How Citizens Are Building from the Groud Up, With Patrizia Nanz, Madeleine Beaubien Taylor, Cambridge, Massachusetts, Harvard University Press.


Littérature secondaire

• Durand-Gasselin, J.-M. (2023), La Théorie critique, Paris, La Découverte.
Les Convivialistes (2020), Résistance, résonance ; changer le monde avec Hartmut Rosa, Paris, Le Pommier.
• Revue Réseaux (2022), Résonance et communication, Numéro 235.
• Pelluchon, C. (2021), Les Lumières à l'âge du vivant, Paris, Seuil.
• Susen, S. (2024), Humanity and Uncontrollability : Reflections on Hartmut Rosa's Critical Theory, London, Palgrave Macmillan.
• Wetzel, D. J. et al. (Éds.) (2025), Handbuch Resonanz, Wiesbaden, Springer VS.


SOUTIENS :

Friedrich-Schiller-Universität Jena
• Laboratoire Interdisciplinaire d'étude du Politique Hannah Arendt (LIPHA - EA 7373) | Université Gustave Eiffel
MSH Medical School Hamburg
Veolia


BULLETIN D'INSCRIPTION



Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


JOCELYN BENOIST : RENDRE JUSTICE AU RÉEL


DU VENDREDI 22 AOÛT (19 H) AU JEUDI 28 AOÛT (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Benoît BERTHELIER, Étienne BIMBENET, Pauline NADRIGNY, David ZAPERO

En présence de Jocelyn BENOIST


ARGUMENT :

Dans le paysage intellectuel contemporain, l'œuvre de Jocelyn Benoist constitue une voix singulière et, à plusieurs égards, dissonante. Si cette œuvre se réclame du réalisme, elle ne propose pas de doctrine réaliste : elle ne tâche pas de répertorier le réel dans une ontologie. C'est un autre sens que Jocelyn Benoist a donné au motif réaliste. Dans ses travaux, le réalisme est d'abord la tentative de mettre en évidence l'enracinement de notre pensée et de notre agir dans un réel que la réflexion philosophique a eu tendance à obscurcir. Ainsi, bien qu'il soit l'un des acteurs les plus éminents du renouveau contemporain du réalisme, Jocelyn Benoist développe une position singulière, celle d'un réalisme contextuel qui entend "rendre justice au réel" — à ce réel dans lequel nous sommes inévitablement mais qui nous échappe si facilement lorsque nous tentons de le saisir conceptuellement.

À travers une œuvre généreuse, qui s'est nourrie d'un échange avec — et eu des effets importants sur — diverses disciplines (psychanalyse, sociologie, sciences juridiques, mathématiques, arts, histoire, géographie…), Jocelyn Benoist est aujourd'hui l'un des penseurs les plus influents de la scène philosophique contemporaine. Il a su inspirer de nombreux chercheurs, aussi bien en métaphysique et en philosophie du langage que dans les champs de l'éthique, de la philosophie politique, de l'épistémologie ou de l'esthétique, et hors de la philosophie. Ce colloque souhaite réunir autour de cette pensée des chercheurs et chercheuses de ces différents sites afin d'explorer les multiples faces de son œuvre, en alternant interventions, tables rondes et événements artistiques.


MOTS-CLÉS :

Benoist (Jocelyn), Contextualisme, Critique, Langage, Métaphysique, Ordinaire, Phénoménologie, Philosophie, Réalisme, Sensible


CALENDRIER PROVISOIRE (04/04/2025) :

Vendredi 22 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Samedi 23 août
Matin
Benoît BERTHELIER, Étienne BIMBENET, Pauline NADRIGNY & David ZAPERO : Introduction

DU PHÉNOMÈNE À LA RÉALITÉ
Inga RÖMER : Le "flirt" avec la métaphysique
Véronique DECAIX : Phantasia. Sur la mémoire sonore

Après-midi
Élise MARROU : La face non-intentionnelle de la vie du sujet
Pierre-Jean RENAUDIE : Les métamorphoses du sensible : l'intériorisation de la voix
Daniel RODRIGUEZ-NAVAS : Réalisme et grammaire

Soirée
Autour du livre Les limites de l'intentionnalité (Paris, Vrin, 2005), table ronde animée par Étienne BIMBENET et Mathias GIREL


Dimanche 24 août
LE RÉALISME EN CONTEXTE
Matin
Raoul MOATI : De quel goût sont les layer-cakes sardes ?
Sofia MIGUENS : Jocelyn Benoist on Varieties of Contextualism

Après-midi
Catherine LARRÈRE : "Rendre justice aux choses" : le cas de l'environnement
Yiyang BAI : Entre le réel et la fiction : une approche réaliste du problème de la fiction
Charles TRAVIS : Two Puzzles

Soirée
Autour du livre Concepts (Paris, Vrin, collection "Moments philosophiques", 2017), table ronde animée par David ZAPERO


Lundi 25 août
ÉCHOS RÉALISTES
Matin
Markus GABRIEL : L'existence précède-t-elle l'essence ?
Benoît BERTHELIER : De l'immaculée connaissance : sur l'idée d'un "réalisme nietzschéen"

Après-midi
Maurizio FERRARIS : Le réalisme de Jocelyn
Ekaterina ODÉ : Le partage du réel : médiations, machines, technologies
Matthieu CONTOU : Pensée et responsabilité

Soirée
Autour du film Spirited Away de Hayao Miyazaki, animée par Élise DOMENACH


Mardi 26 août
BRUITS DU SENSIBLE
Matin
Alexis ANNE-BRAUN : L'art embarqué
Pauline NADRIGNY : Narcisse et Écho, de l'esthétique à la poétique

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Concert au piano de Fériel KADDOUR


Mercredi 27 août
Matin
INTERDISCIPLINARITÉS
Lionel NACCACHE : Neuro-réalisme, un projet irréaliste, réaliste ou surréaliste ?
Thierry PAUL : Comment le quantique peut-il impacter la philosophie ? Quant≠Kant

Après-midi
Fabio MERLINI : Historicité et ontologie de l'histoire
Régis PONSARD : Apprendre à penser la pluralité des dimensions du réel. Sur quelques apports fondamentaux de l'œuvre de Jocelyn Benoist à une future "science du droit" digne de ce nom
Jing XIE : Après le constructivisme, quel réalisme politique ? L'ontologie sociale de Jocelyn Benoist


Jeudi 28 août
Matin
"Jocelyn Benoist à la question", avec un groupe de doctorants

Autour du dernier livre de Jocelyn Benoist : Sans anesthésie, La réalité des apparences (Vrin, collection "Moments Philosophiques", 2024), table ronde animée par Danièle COHEN-LEVINAS et Élise DOMENACH

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

Les limites de l'intentionnalité. Recherches phénoménologiques et analytiques, Vrin, collection "Problèmes & controverses", février 2005.
Sens et sensibilité. L'intentionnalité en contexte, Les éditions du Cerf, collection "Passages", février 2009.
Concepts. Introduction à l'analyse, Les éditions du Cerf, collection "Passages", septembre 2010.
Éléments de philosophie réaliste. Réflexions sur ce que l'on a, Vrin, collection "Moments philosophiques", mai 2011.
Le Bruit du sensible, Les éditions du Cerf, collection "Passages", 2013.
Logique du phénomène, Hermann, collection "Le bel aujourd'hui", 2016.
L'adresse du réel, Vrin, collection "Moments philosophiques", 2017.
• Jocelyn Benoist (éd.), Réalismes anciens et nouveaux, Vrin, collection "Problèmes & controverses", 2018.
Revue Critique, n°862, "Jocelyn Benoist : le réalisme à l'état vif", 2019.
Towards a Contextual Realism, Harvard University Press, 2021.
Von der Phänomenologie zum Realismus. Die Grenzen des Sinns, Mohr Siebeck, collection "Reality and Hermeneutics", 2022.


SOUTIENS :

• Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (ISJPS, UMR 8103) | Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
• International Research Project (IRP) | Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
• Institut universitaire de France (IUF)


BULLETIN D'INSCRIPTION



Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


AVEC HABIB TENGOUR,
PENSER LES ESPACES LITTÉRAIRES ET ANTHROPOLOGIQUES


DU MERCREDI 13 AOÛT (19 H) AU MARDI 19 AOÛT (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Farida AÏT FERROUKH, Stéphane BAQUEY, Regina KEIL-SAGAWE, Hervé SANSON

En présence de Habib TENGOUR


ARGUMENT :

En une séquence historique qui s'ouvre avec la fin des années 1960, l'œuvre et la trajectoire de Habib Tengour, né en 1947, se situent dans un espace de transferts et de traversées, entre ancrage algérien et déplacement vers la littérature mondiale. Elles s'inscrivent aussi bien dans le contexte socioculturel multilingue maghrébin que dans des espaces littéraires arabes, européens, méditerranéens… Elles associent, en partant d'une énonciation poétique, une grande variation dans l'usage des genres littéraires à une recherche anthropologique et sociologique. La multiplicité des aspects de cette œuvre est comparable à d'autres, durant la même période, qui ont, elles aussi, associé à la littérature une réflexivité étayée sur les sciences humaines et sociales ou sur l'histoire et la critique culturelles, telles celles du Marocain Abdelkébir Khatibi (1938-2009), de l'Algérien Nabile Farès (1940-2016) et du Tunisien Abdelwahab Meddeb (1946-2014). Le colloque envisagera l'exemplarité des écrits de Habib Tengour pour repenser, avec une génération d'écrivains, l'étude des littératures maghrébines dans leurs contextes anthropologiques, sociologiques, culturels, historiques, écologiques, ainsi que dans leurs modalités d'appartenance à une pluralité d'espaces littéraires. Il rassemblera des poètes et des acteurs culturels pour faire résonner aujourd'hui l'action de poésie de Habib Tengour, au Maghreb et au-delà.


MOTS-CLÉS :

Anthropologie, Espaces, Ethnopoétique, Génération post-indépendances, Littérature, Maghreb, Modernités, Poésie, Sciences humaines, Sciences sociales, Tengour (Habib), Traduction


CALENDRIER PROVISOIRE (10/03/2025) :

Mercredi 13 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants, ainsi que du Foyer de création et d'échanges


Jeudi 14 août
Matin
OUVERTURES
Naget KHADDA : Le texte tengourien : un positionnement dé-colonial
Anne ROCHE : Tengour, avec Farès et Meddeb : une convergence de recherches et d'écriture

Après-midi
L'ESPACE LITTÉRAIRE MAGHRÉBIN (I)
Wolfgang ASHOLT : Le Soufialisme d'Habib Tengour ou que reste-t-il du Surréalisme ?
Joyce SEBAG : Habib Tengour, une poésie politique ?

Poèmes en berbère, arabe, français autour de Kateb Yacine, introduction et lecture par Farida AÏT FERROUKH


Vendredi 15 août
Matin
L'ESPACE LITTÉRAIRE MAGHRÉBIN (II)
Susan SLYOMOVICS : Diwan ifrikiya, la Geste hilalienne, et l'écriture orale

La poésie mondiale depuis Alger, la collection "Poèmes du monde", table ronde animée par Hervé SANSON, avec Karim CHIKH (Éditions APIC, éditeur de la collection) et Habib TENGOUR (directeur de la collection)

Après-midi
EXTENSION DES ESPACES LITTÉRAIRES (I)
Christina OIKONOMOPOULOU : Aspects de la réception du théâtre grec antique dans l'œuvre dramatique de Habib Tengour
Juliane TAUCHNITZ : Littératures migrantes d'Octavio Paz à Habib Tengour

Soirée
Lecture en plusieurs langues de poèmes et de leur traduction parus dans la collection "Poèmes du monde", par Mia LECOMTE (italien), Issa MAKHLOUF (arabe) et Cécile OUMHANI (français)


Samedi 16 août
Matin
EXTENSION DES ESPACES LITTÉRAIRES (II)
Amina DJENANE : Penser l'espace sans frontières. Ou du nomadisme citadin postmoderne chez Habib Tengour

Traduire la poésie, table ronde animée par Regina KEIL-SAGAWE, avec Mia LECOMTE, Issa MAKHLOUF, Cécile OUMHANI et Cole SWENSEN

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Lecture, avec Habib TENGOUR


Dimanche 17 août
Matin
DEVENIR DES ESPACES ANTHROPOLOGIQUES (I)
Abderrahmane MOUSSAOUI : La question de l'appartenance. Entre le poétique et l'anthropologique. Habib Tengour le poète des "récits d'origines"
Stéphane BAQUEY : Appartenance écouménale et écritures de la déliaison : conjonctions entre recherches anthropologiques et invention poétique chez Abdelkébir Khatibi, Nabile Farès, Abdelwahab Meddeb et Habib Tengour

Après-midi
DEVENIR DES ESPACES ANTHROPOLOGIQUES (II)
Ibtissem CHACHOU : Mise en mots de la mémoire de la ville de Mostaganem à travers l'œuvre de Habib Tengour
Gaëlle DE L'ESTOILE : Habib Tengour : le mythe et la déception

ATELIER D'ÉCRITURE (I) : entre écriture de création et carnet de terrain, à l'initiative des chercheurs, poètes ou acteurs culturels et associant les doctorants présents au foyer de Cerisy

Soirée
Conversation des lointains, entretien et lectures, animée par Stéphane BAQUEY, avec Golan HAJI et Cole SWENSEN


Lundi 18 août
Matin
TRAJECTOIRES, DÉBATS (I)
Mourad YELLES : Ulysse et le Maître de l'Heure. Éléments pour une poétique du sacré dans l'œuvre de Habib Tengour
Vincent BONTEMS : L'Odyssée de Habib Tengour, le point de vue d'Orphée

Après-midi
TRAJECTOIRES, DÉBATS (II)
Khalid ZEKRI : Une lecture de Dans le soulèvement : la maghrébine condition
Khalid LYAMLAHY : Habib Tengour et les poètes marocains : dialogues, affinités et traces littéraires

ATELIER D'ÉCRITURE (II) : entre écriture de création et carnet de terrain, à l'initiative des chercheurs, poètes ou acteurs culturels et associant les doctorants présents au foyer de Cerisy

Soirée
Lectures poétiques accompagnées au piano, par Laure CAMBAU et Mia LECOMTE


Mardi 19 août
Matin
CONCLUSIONS
Retour sur les ATELIERS D'ÉCRITURES
Rapports d'étonnement des doctorants et jeunes chercheurs
Habib TENGOUR "à la question" : discussion ouverte

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Farida AÏT FERROUKH
Farida Aït Ferroukh est maître de conférences à l'INALCO (Alliance Sorbonne) où elle enseigne les "Littératures maghrébines". Rattachée au LACNAD (Langues et Cultures du Nord de l'Afrique et de la Diaspora), ses recherches portent sur l'Algérie et la diaspora en anthropologie et en littérature (Nabile Farès, Kateb Yacine, Mouloud Feraoun, Taos Amrouche) ou en ethnolittérature. Elle est notamment l'auteure de Kateb Yacine et Debza au coeur du Printemps berbère, Alger, Koukou éditions, 2023.

Stéphane BAQUEY : Appartenance écouménale et écritures de la déliaison : conjonctions entre recherches anthropologiques et invention poétique chez Abdelkébir Khatibi, Nabile Farès, Abdelwahab Meddeb et Habib Tengour
A. Khatibi, N. Farès, A. Meddeb et H. Tengour ont pris acte des critiques adressées au "roman ethnographique" maghrébin (A. Khatibi, 1968). Ils ont fondé leur écriture sur une poétique non réaliste de la déliaison, expérimentant dans l'invention littéraire, après Kateb Yacine, la transformation des liens d'appartenance tribaux, nationaux, religieux. Parallèlement, ils étudiaient ces mêmes liens dans leurs recherches anthropologiques, sociologiques ou dans leurs essais de critique culturelle. L'enjeu est celui de la brisure des écoumènes (A. Berque, 2000) ; la perspective, celle d'une anthropologie de la liminarité (M. Agier, 2013). Le propos partira d'une relecture des travaux de Jacques Berque, fondateurs pour une anthropologie de l'espace maghrébin, en particulier quand J. Berque considère les différents paliers de la pratique collective à partir de la base naturelle (J. Berque, 1978). Et l'accent sera mis sur l'essai de H. Tengour, "Rupture et transmission dans l'oralité en Algérie ou éloge du lien pendant la cassure" (Quel avenir pour l'anthropologie en Algérie ?, CRASC, 2002), où Tengour répond à un article d'A. Meddeb, dans le contexte post-"décennie noire" en Algérie. Pour les quatre auteurs, seront privilégiées des œuvres ou des séquences d'œuvres littéraires qui échappent à la représentation romanesque (Gontard, 1981 ; Chikhi, 1996 ; Bonn, 2016), voire à la diction autobiographique (Roche, 2019), et qui se fragmentent et tendent au poème (Raybaud, 1976, 1982, 1990) : La Mémoire tatouée et Lutteur de classe à la manière taoïste (1971, 1976) de A. Khatibi, la trilogie La Découverte du Nouveau Monde (1972, 1974, 1976) de N. Farès, Talismano et Phantasia (1979-1987, 1986) de A. Meddeb et les longs poèmes fragmentaires plusieurs fois réécrits par H. Tengour : L'Ancêtre cinéphile, La Sandale d'Empédocle, Traverser, Retraite — les plus anciens remontant aux années 1980.

Stéphane Baquey est maître de conférences à Aix-Marseille Université, membre CIELAM. Ses domaines de recherche sont la poésie française, les poésies des mondes arabes, la diction des lieux dans une perspective écopoétique, les constructions d'un espace littéraire méditerranéen.

Regina KEIL-SAGAWE
Regina Keil-Sagawe a enseigné les littératures maghrébines de langue française et leur traduction à l'université de Heidelberg. Ses recherches portent sur les problèmes de traduction/réception du texte maghrébin dans une perspective interculturelle. Elle a traduit nombre d'auteurs du Maghreb en allemand, parmi eux Habib Tengour, Mohammed Dib, Yasmina Khadra, Azouz Begag, Driss Chraïbi, Albert Memmi, Cécile Oumhani, Boualem Sansal. Elle a co-dirigé, avec Hervé Sanson, l'ouvrage Les portes du poème. Hommage à Habib Tengour, Alger, Apic 2022.

Hervé SANSON
Enseignant-chercheur à l'université de Mannheim, Hervé Sanson est spécialiste des littératures maghrébines de langue française, il est membre associé à Thalim (La Sorbonne nouvelle-Paris III) et à l'Item (CNRS). Il a travaillé notamment sur les œuvres d'Albert Memmi, d'Assia Djebar, de Habib Tengour, ou de Mohammed Dib, sur lequel il a soutenu une thèse de doctorat nouveau régime.


Wolfgang ASHOLT : Le Soufialisme d'Habib Tengour ou que reste-t-il du Surréalisme ?
Dans les recherches sur le surreálisme, la perspective globale devient de plus en plus importante, comme en témoignent la grande exposition "Surrealism Beyond Borders" (Metropolitan/Tate, 2021/22) ou le livre d'Andrea Gremels, Die Weltkünste des Surrealismus. Netzwerke und Perspektiven aus dem globalen Süden (2022), mais où le surréalisme maghrébin n'est pas mentionné. Cet élargissement nécessaire des recherches sur un surréalisme mondialisé pose pourtant la question de ce qu'il reste du projet initial du surréalisme. En prenant le "manifeste" d'Habib Tengour, qui ne revendique pas ce genre, "Le Surréalisme maghrébin, Le Surréalisme au Maghreb, Le Maghreb surréaliste, Les surréalistes maghrébins, Surréalité maghrébine, La Révolution surréaliste au Maghreb, Maghreb surréaliste presse service, Le Surréalisme au service, etc." (1981), les nombreuses déclinaisons du Surréalisme maghrébin indiquent déjà au moins autant de surréalismes, comme point de départ, je propose une lecture de ce "manifeste" et des œuvres de Tengour qui se situent dans ce contexte, pour voir non seulement ce qui y reste du mouvement (historique) de référence et de son manifeste fondateur mais aussi quel projet Tengour présente avec le "soufialisme" et de quelle manière, celui-ci représente un mouvement "beyond borders" qui fait (encore) partie de l'avant-garde littéraire et artistique.

Wolfgang Asholt est Professeur émérite de l'université d'Osnabrück (depuis 2011), Professeur honoraire à l'université Humboldt de Berlin (2013-2023), co-éditeur de la revue Lendemains (2000-2012), membre de comités de revues (par ex. Revue d'histoire littéraire de la France), recherches sur la littérature du XIXe, les avant-gardes, la littérature contemporaine, la littérature du Maghreb (Assia Djebar). Il est également membre du Conseil d'administration de l'Association des Amis de Pontigny-Cerisy.
Dernières publications
Alexander Kluge. Cartographie d'une œuvre plurielle, Colloque de Cerisy, Hermann, 2022 (co-éditeur).
Das lange Leben der Avantgarde. Eine Theoriegeschichte, Wallstein, 2024.

Vincent BONTEMS : L'Odyssée de Habib Tengour, le point de vue d'Orphée
L'œuvre poétique, narrative et anthropo-sociologique de Habib Tengour s'inscrit principalement dans l'espace méditerranéen, à travers le dialogue de ces deux rives, et dans la temporalité de l'exil et du retour (impossible) comme rythme profond de l'existence. Nombreux sont ceux qui ont souligné le rôle archétypal de la figure d'Ulysse pour en éclairer l'unité personnelle. En nous appuyant sur la brève définition du "complexe d'Orphée" proposée par Gaston Bachelard dans la Psychanalyse du feu, en tant que complexe positif de la psyché parvenant à convertir en beauté sa souffrance, et sur le parallèle ainsi souligné avec le "complexe de Prométhée" comme "désobéissance adroite", nous pointerons quelques aspects saillants de l'œuvre d'un ami et d'un maître, sans aucune prétention à résumer le sens de sa traversée de la langue française et de l'humaine condition.

Vincent Bontems est Philosophe des sciences et des techniques, directeur de recherche au CEA, professeur à l'université Paris-Saclay, co-directeur du master 2 "Management de la Technologie et de l'Innovation" et directeur de la collection "L'Âne d'or" aux éditions Les Belles Lettres. Spécialiste de Gaston Bachelard et de Gilbert Simondon, son dernier livre s'intitule Au nom de l'innovation. Finalités et modalités de la recherche au XXIe siècle (2023, Les Belles Lettres). Au siècle dernier, il a écrit et publié de la poésie et des nouvelles, notamment en tant qu'éditeur du fanzine Orphée et les Assassins, ayant eu l'honneur d'accueillir Habib Tengour dans ses pages.

Laure CAMBAU
Laure Cambau est poète, pianiste et auteur de contes pour enfants ainsi que de paroles de chansons. Elle a publié 10 recueils de poésie traduits dans plusieurs langues dont, en 2015, La fille peinte en bleu (Caractères/Écrits des Forges) et Ma peau ne protège que vous (Le Castor Astral) ; elle a reçu le Prix Poncetton de la SGDL pour Lettres au voyou céleste (L'Amandier, 2010), le Prix Vénus Khoury-Ghata pour Le Manteau rapiécé, un voyage au fil du souffle (Unicité, 2018), et le prix Léon Paul Fargue pour Grand Motel du Biotope (Apic, Alger, 2022). En 2023 est sorti Les yeux de la mouche (Castor Astral). Laure Cambau fait partie de la Compagnia delle Poete (Mia Lecomte) et a sorti, en tant que pianiste, un disque de musique romantique, avec hautbois (Laurent Hacquard).

Ibtissem CHACHOU : Mise en mots de la mémoire de la ville de Mostaganem à travers l'œuvre de Habib Tengour
À travers cette contribution, je souhaite mettre l'accent sur la mise en mots de Mostaganem, la ville natale de Habib Tengour, et ce par le biais des repères linguistique, toponymique, patronymique, ethnonymique et autres qui jalonnent ses écrits. Ces repères se présentent comme autant de marqueurs spatiaux dont les dimensions anthropologiques et hagiographiques sous-tendent la trame narrative des récits à l'instar des Gens de Mosta et Le Maître de l'heure. En effet, l'écriture de la mémoire et de l'histoire transite à travers le prisme de ces marqueurs qui ré/ancrent l'auteur et le lecteur dans le vieux Mostaganem de son enfance et plus précisément dans le quartier central de Tidjdit (Benchehida, 2003) mais également dans la saga des Béni Zeroual du bas Chéliff. Une "topologie de la sainteté" (Maarouf, 1997) s'y voit également traversée par la figure de l'ancêtre éponyme par qui le récit des origines arrive et se déroule, un récit où la fiction se met au service de l'Histoire mouvementée du Maghreb central du XVIe siècle. La mise en discours de soi et du lieu transite par différents registres discursifs dont les chants de la transcendance qui rythment la place du marché de Tidjditt, le quartier de l'enfance et la plage de Sidi el Medjdoub (l'illuminé) où se meuvent diseurs et troubadours. Dans l'œuvre de Tengour, la ville de Mostaganem se donne ainsi à lire comme un espace culturel (Calvet, 1994) et un espace-temps anthropologique.

Ibtissem Chachou est Professeure de sciences du langage à l'université de Mostaganem, chercheure associée au CRASC à Oran. Elle a publié des articles sur le contact des langues dans le domaine médiatique, le statut des langues en Algérie et la question des urbanités sociolangagières au Maghreb. Elle est notamment l'auteure de La Situation sociolinguistique en Algérie : pratiques plurilingues et variétés à l'œuvre (L'Harmattan, 2013), de Sociolinguistique du Maghreb (Hibr, 2018), et a édité avec M. Stambouli le collectif Pour un plurilinguisme algérien intégré (Riveneuve éditions, 2016).

Karim CHIKH
Karim Chikh est directeur des éditions Apic à Alger, qu'il a fondées en 2003 avec son épouse Samia Zennadi. La maison d'édition comporte un vaste catalogue, constitué de romans, de poésie, d'essais, et promeut l'ancrage africain de la culture algérienne, en participant par exemple en 2013 au salon du livre de Yaoundé (Cameroun). Elle accueille depuis 2018 la collection "Poèmes du Monde" dirigée par Habib Tengour.

Gaëlle DE L'ESTOILE : Habib Tengour : le mythe et la déception
Notre communication propose de considérer la place du mythe dans l'œuvre d'Habib Tengour, et de cerner sa signification. C'est sur le sens qu'il convient de donner au mot mythe dans un contexte postcolonial que débute notre analyse. Si le mythe peut être défini comme récit fondateur chez certains prédécesseurs — on pense au fondateur Keblout ou au retour des Beni Hilal chez Kateb Yacine —, chez Tengour le mythe n'est pas tant un récit fondateur qu'une mystification. À cet égard, la différence de traitement de l'épisode des Lotophages, chez Kateb Yacine et chez Habib Tengour est révélatrice d'une évolution du recours au mythe dans l'Algérie pré puis post-coloniale. Habib Tengour, écrivain de la génération post-indépendance, détourne le mythe et son rôle fondateur pour en révéler le potentiel mystificateur et déceptif, comme le révèle cette interrogation du berger au faux Ulysse dans Gens de Mosta : "Mais dis-moi, n'es-tu pas en quête d'un Abdelmoumen ?". Cette question révèle la vanité de cette quête de fondation — quête romantique qui représente une fuite de la réalité, comme l'atteste la dernière phrase de L'Épreuve de l'arc : "Suffocant, on demande asile au mythe le plus proche…". À partir de l'analyse de trois œuvres de Tengour : Tapapakitaques, la poésie-île (1976), L'Épreuve de l'arc (1990) et Gens de Mosta (1997), nous nous proposons d'étudier le travail de dégradation burlesque du mythe. En effet, dans Tapapakitaques, Ulysse devient "un romantique attardé dans Ithaque retrouvé" ; son "impotente sérénité" est critiquée dans L'Épreuve de l'arc ; le chapitre "Les Lotophages" dans Gens de Mosta consiste, selon Denise Brahimi, en une "mise en question virulente de l'univers mythique que le poète s'est donné et qui apparaît comme relevant d'une ignorance de la réalité". Ce travail de dégradation du mythe peut être comparé à celui qu'esquisse Kateb Yacine dans Le Polygone Étoilé (1966) et qu'entreprend Tahar Djaout dans l'Invention du désert (1987).

Gaëlle de L'Estoille est agrégée de Lettres Modernes et doctorante à l'université de la Sorbonne Nouvelle, Paris 3. Sa thèse, dirigée par Catherine Brun, porte sur "Les contributions de la littérature à la mobilisation et à la résurgence des imaginaires nationaux au Maghreb durant la période des indépendances (1950-1980)".

Amina DJENANE : Penser l'espace sans frontières. Ou du nomadisme citadin postmoderne chez Habib Tengour
La plupart des écrivains algériens, quand ils représentent l'espace natal, se limitent à ses frontières, et ce pour mieux exprimer ses caractéristiques et dégager son "âme" la plus profonde. À l'exemple de Mohamed Dib, qui consacre La grande maison à sa ville natale Tlemcen, ou de Mouloud Feraoun, qui décrit en profondeur, dans ses romans, sa Kabylie d'enfance sans évoquer un autre lieu en parallèle. Ou encore de Kateb Yacine, qui représente dans son chef-d'œuvre Nedjma principalement Constantine, laquelle y figure comme un espace second, qui recoupe celui de la tribu des Keblout. Chez Habib Tengour, l'espace se distingue par sa forme complexe, résultant principalement d'une reconfiguration des frontières géographiques. Cela se manifeste, par exemple, à travers le surgissement de "l'ombre portée" de la campagne jusqu'au cœur des villes, ou encore à travers l'omniprésence de l'ailleurs (et donc de l'exil) qui occupe une place très importante dans l'imaginaire de l'auteur. Notre proposition tente donc de repenser la représentation de l'espace chez Habib Tengour à la lumière des interrogations suivantes : comment Habib Tengour redessine-t-il les frontières de ses espaces littéraires ? Quelles sont les stratégies d'écriture auxquelles il fait appel ? Quelles significations peuvent-elles avoir dans l'univers intérieur de l'auteur de Tapapakitaques et Gens de Mosta ? Pour tenter de répondre à ces questions, nous ferons principalement appel à l'approche de la géocritique en centrant notre analyse sur les interactions de l'espace humain réel avec son écho littéraire dans quelques textes de Habib Tengour.

Amina Djenane est maître de conférences à l'université Frères Mentouri Constantine 1. Elle est titulaire d'un Doctorat en littérature sur "la poétique du référent chez Habib Tengour". Plusieurs publications scientifiques : un chapitre dans l'ouvrage collectif Les Portes du poème, Hommage à Habib Tengour, en plus des articles scientifiques dont le plus récent est : "La Symbolique anthroponymique des figures féminines dans l'œuvre de Habib Tengour" (publié en juin 2024, revue Multilingual).

Golan HAJI
Golan Haji est poète, essayiste et traducteur kurde-syrien, né en 1977 à Amouda. Il a étudié la médecine à Damas. Il a publié, en arabe, nombre de recueils de poésie, dont le premier, Il appela dans les ténèbres (2004), avait obtenu, en 2006, le Prix Mohammad al-Maghout, suivi par Il y a quelqu'un qui voit en toi un monstre (2008), Le pèse-douleur (2016), Les tireurs sportifs (2018), Arbre dont j'ignore le nom (2020), Le mot refusé (2023), Les lettres du fer (2023). En exil depuis 2012, il vit actuellement à Saint Denis, en région parisienne. Il a publié, aux Éditions APIC (Alger, 2024), dans la collection "Poèmes du monde", un recueil en bilingue, Avant ce silence (trad. de l'arabe par Nathalie Bontemps et Marilyn Hacker). Il a traduit, de l'anglais, Alberto Manguel, Robert-Louis Stevenson ou Mark Strand, et du français, près de 40 recueils poétiques.

Naget KHADDA : Le texte tengourien : un positionnement dé-colonial
La littérature algérienne de langue française est née, on le sait, de la conjoncture coloniale et s'est inscrite dans le vaste champ qu'on nomma "francophonie". Cette littérature peut-elle échapper à ses conditions d'émergence qui en font un sous-produit de la littérature française ? C'est le défi que l'écriture tengourienne s'est employée à relever. En fait, dès ses débuts, estampillée ethnographique par la critique, cette littérature a cherché à s'émanciper de sa matrice pour accéder à une autonomie pouvant la qualifier comme membre à part entière des différentes littératures nationales. Mais c'est surtout après l'accession à l'indépendance politique que des écrivains comme Nabile Farès, par exemple, ont ouvertement œuvré à concrétiser ce décrochement. L'écriture de Habib Tengour s'installe d'emblée dans un espace ouvert, cherchant à y occuper un point de retrait qui soit un point de départ. Dès lors, sa quête esthétique, nourrie à sa réflexion anthropologique, exhume un projet transnational de citoyen du monde. Je me propose de revisiter les étapes de la constitution de cette littérature qui ont donné naissance à un tel projet ; parcours en tant que voyage selon la métaphore de prédilection mise en œuvre par le poète pour circonscrire sa propre quête.

Naget Khadda est Professeure émérite de langue et littérature françaises (Universités d'Alger, de Paris VIII et de Montpellier III), elle est spécialiste des grands auteurs qui, dans les années 1950, ont donné ses lettres de noblesse à la littérature de langue française en Algérie, notamment de Mohammed Dib (Dib, cette intempestive voix recluse, Edisud, 2003) dont l'œuvre constitue une sorte de concentré de cette littérature et offre, de ce fait, une vision aiguë des enjeux culturels qui s'y disputent et se reflètent jusque dans les écrits de la génération suivante, dont Habib Tengour, Nabile Farès et d'autres. Elle s'intéresse aussi aux arts plastiques pour avoir accompagné la réflexion et la création de son mari, Mohammed Khadda, un des pionniers de la peinture moderne en Algérie.

Mia LECOMTE
Mia Lecomte est poétesse et écrivaine italo-française basée en Suisse. Sa production littéraire, traduite dans de nombreuses langues, a été publiée en Italie et à l'étranger dans des collections personnelles ainsi que dans nombreuses revues et anthologies. Son recueil Là où tu as ton corps (2004-2016) figure dans la collection "Poèmes du monde" (Alger, Apic 2021) dirigée par Habib Tengour. Traductrice, elle est connue comme critique et éditrice dans le domaine de la littérature transnationale, en particulier de la poésie. Elle fait partie du comité de rédaction de plusieurs revues et magazines italiens et internationaux, par ex. de la revue de poésie comparée Semicerchio. Elle est la fondatrice de l'ensemble de théâtre poétique Compagnia delle poete ainsi que, en 2017, de l'agence littéraire transnationale Linguafranca.

Khalid LYAMLAHY : Habib Tengour et les poètes marocains : dialogues, affinités et traces littéraires
Habib Tengour partage avec les poètes marocains de la génération Souffles des affinités littéraires dont les échos traversent son œuvre protéiforme. Comme Mohammed Khaïr-Eddine, dont il salue la parole fulgurante dans son "Manifeste du surréalisme maghrébin", Tengour est sensible à la capacité du langage poétique à dire l'expérience de l'errance et à traduire les pulsations du réel. Comme Abdelkébir Khatibi, qu'il reconnaît pour son travail fondamental sur le bilinguisme et son approche innovante de l'essai et de l'autobiographie, Tengour porte une attention particulière à la rencontre des cultures, au regard sociologique et au dépassement des frontières géographiques et génériques. Comme Abdellatif Laâbi, qui lui dédie un poème issu de son recueil La poésie est invincible, Tengour a pratiqué la traduction et effectué des incursions remarquables dans l'écriture théâtrale. En analysant les affinités entre Tengour et les poètes marocains ainsi que les traces d'écriture et les réseaux de transmission dans leur sillage, cette communication a pour objectif de définir les contours d'une poétique maghrébine basée sur l'appropriation d'une mémoire partagée et l'inscription d'un élan dialogique et émancipateur dans les variations de la matière littéraire.

Khalid Lyamlahy est Maître de conférences en littératures francophones à l'université de Chicago, écrivain et critique littéraire, il a codirigé l'ouvrage collectif Abdelkébir Khatibi : Postcolonialism, Transnationalism, and Culture in the Maghreb and Beyond (Liverpool University Press, 2020). Ses travaux ont été publiés dans plusieurs revues académiques dont PMLA, Research in African Literatures, The Journal of North African Studies et Expressions maghrébines. Il est également l'auteur de deux romans publiés aux éditions Présence Africaine, Un roman étranger (2017) et Évocation d'un mémorial à Venise (2023, prix Éthiophile et mention spéciale du Prix des Cinq Continents de la Francophonie).

Issa MAKHLOUF
Issa Makhlouf est écrivain et poète, né au Liban, il réside à Paris. Docteur en anthropologie sociale et culturelle (Paris IV - Sorbonne), il a publié plusieurs ouvrages en arabe et en français, et a traduit également des auteurs français et latino-américains. Il était directeur de l'Information à Radio Orient à Paris, et aussi conseiller spécial des affaires culturelles à l'ONU / New York, session 2006-2007.
Publications
Beyrouth ou la fascination de la mort, Paris, 1988.
La solitude de l'or, Beyrouth, 1992, APIC, en bilingue, traduit de l'arabe par Jamal Eddine Bencheikh et Esma Hind Tengour, 2018.
Egarements, traduit de l'arabe par Jamel Eddine Bencheikh et accompagné de six gravures d'Assadour, Paris, 1993.
Rêves d'Orient. Borges aux confins des Mille et Une Nuits, Beyrouth, 1996.
Mirages, traduit par Nabil El Azan, Paris, 2004.
Lettre aux deux sœurs, traduit par Abdellatif Laâbi, Paris, 2008.
Une ville dans le ciel, traduit par Philippe Vigreux, Paris, 2014 - Prix Max Jacob 2009.

Abderrahmane MOUSSAOUI : La question de l'appartenance. Entre le poétique et l'anthropologique. Habib Tengour le poète des "récits d'origines"
La présence récurrente de la généalogie dans l'œuvre de Habib Tengour est emblématique d'une quête renouvelée et ininterrompue de l'origine. Partant du présent, à la recherche d'un passé matriciel, l'auteur évoque/invoque l'étrange et l'onirique pour apprivoiser le familier et le réel. Il convoque le lointain pour domestiquer le proche et recourt au passé pour se réconcilier l'actuel. Il porte son regard vers les confins les plus éloignés de la mémoire pour tenter de répondre aux injonctions du présent. Fables, récits hagiographiques et autres manaqib-s l'aident à tisser le lien et établir le sens. Une sorte d'anthropologie de l'errance se profile alors à travers une ethnologie du local mise à l'épreuve de l'universel. En partant notamment de son roman Le Maître de l'heure et de quelques-uns de ses textes académiques ; et en nous appuyant sur la littérature anthropologique de manière générale, nous essaierons de "lire par-dessus l'épaule" (C. Geertz) de Habib Tengour comment se reformule le lien identitaire par l'invocation d'instances afin de cautériser les blessures de l'appartenance dans une société algérienne en mal d'identification. Dans l'esprit de l'anthropologie interprétative développée par Clifford Geertz, nous nous intéresserons au sens et au vécu de la culture par ceux qui y sont insérés et la reproduisent, quelquefois, par devers eux-même. Nous mobiliserons la catégorie "récit d'origine" chère au regretté Pierre Bonte (Récits d'origine : contribution à la connaissance du passé ouest-saharien (Mauritanie, Maroc, Sahara occidental, Algérie et Mali), Paris, Karthala, 2016) pour tenter de saisir comment, tour à tour, l'anthropologue et le poète s'évertuent, à retisser obstinément la même toile effilochée et ensevelie sous les terrains mouvants d'un présent précaire et continument menacé.

Abderrahmane Moussaoui est Professeur émérite d'anthropologie à l'université Lyon 2 et chercheur au LADEC, il a également enseigné aux universités d'Oran et de Provence.
Publications
Espace et sacré au Sahara algérien, CNRS, 2002.
De la Violence en Algérie. Les lois du Chaos, Actes Sud, 2006.
Les Oasis au fil de l'eau – De la foggara au Pivot, Éditions de l'Étrave, 2019.
J.-R. Henry et A. Moussaoui (éd), L'Église et les chrétiens d'Algérie ‎indépendante, Karthala, 2019.
Algérie, une longue marche – Hirak, mémoire(s) et histoire, Hémisphères Éditions et Maisonneuve & Larose, 2023.

Christina OIKONOMOPOULOU : Aspects de la réception du théâtre grec antique dans l'œuvre dramatique de Habib Tengour
Si on considère que l'œuvre poétique de Habib Tengour est souvent traversée par Ulysse, ce personnage célèbre de la mythologie, de l'histoire et des lettres helléniques, on repère parallèlement dans son œuvre théâtrale une réserve considérable d'éléments esthétiques, structuraux, thématiques et idéologiques qui font écho au théâtre grec antique. Nous nous proposons ainsi d'examiner le cadre et les horizons de la réception du théâtre grec antique dans l'ensemble de la production dramaturgique tengourienne. Pour donner un avant-goût de notre intervention, nous présentons ici quelques pistes de recherche :
- La question des genres : quels sont les genres du théâtre grec antique auxquels Habib Tengour a recours pour tisser ses propres pièces de théâtre ? Reste-t-il fidèle à leurs schémas de base, ou bien opte-t-il pour une actualisation de leur identité ?
- La question de structure : quelle est l'utilité de l'intégration du chœur et du coryphée chez Habib Tengour dramaturge ? S'agit-il d'un élément scénique et dramatique dont la fortune reste figée tout au long de sa production théâtrale ?
- La question des thèmes : par quels moyens et dans quel but Habib Tengour remanie-t-il dans ses pièces de théâtre la question du destin et du tragique, axes fondamentaux de l'idéologie de la dramaturgie hellénique ? Comment est-ce qu'il les met en connexion avec son système écopoétique, avec l'historicité algérienne, ainsi qu'avec la question de l'errance et du nomadisme, sujets par excellence de son art poétique ?
Dans ce cadre, nous ambitionnons de démontrer que la réception du théâtre grec antique acquiert dans l'œuvre théâtrale de Habib Tengour les dimensions d'une véritable déterritorialisation — au sens du terme établi par Deleuze et Guattari — de l'identité, de la forme et du contenu de la dramaturgie hellénique, et de leur reterritorialisation dans l'espace géographique, culturel et historique algérien, source principale, sinon unique, de l'imaginaire dramatique de l'auteur.

Christina Oikonomopoulou est Enseignante-Chercheuse au Département d'Études théâtrales de l'université du Péloponnèse (2003), spécialisée dans les écritures théâtrales-monde d'expression française (colloques, articles, contributions à des volumes collectifs).
Publications
Écritures théâtrales-monde d'expression française, Tome II : "Maghreb" (sous presse).
L'identité kaléidoscopique de l'écriture théâtrale de Habib Tengour (2025).
Écritures théâtrales-monde d'expression française, Tome I : "Europe" (2022).
Cours de Culture et de Terminologie théâtrales françaises (2022).

Cécile OUMHANI
Cécile Oumhani est poète et romancière, ex-maître de conférences à l'université Paris XII, s'intéressant aux littératures féminines et postcoloniales, elle a grandi entre l'anglais et le français. Son écriture aime à investir des lieux et des cultures autres. Les liens qu'elle a noués avec la Tunisie ont nourri plusieurs de ses livres. Parmi ses recueils de poèmes : Marcher loin sous les nuages (2018) aux éditions APIC, Mémoires inconnues (2019), La ronde des nuages (2022) chez La Tête à l'Envers. Parmi ses romans : Tunisian Yankee (2016), Les tigres ne mangent pas les étoiles (2024), chez Élyzad. Elle vient de publier un essai autobiographique, Ma mère et la peinture / Meine Mutter und die Malerei à Berlin, en bilingue (Bübül 2024, traduction allemande par Tanja Langer), et des nouvelles écrites dans l'anglais de sa mère, Like Birds in the Sky, à Delhi (Red River 2024). Elle est membre du Parlement des écrivaines francophones.

Anne ROCHE : Tengour, avec Farès et Meddeb : une convergence de recherches et d'écriture
Moins recherche d'influences que mise en évidence de communautés de trajectoires et de projets, on propose ici de mettre en relation les noms de Nabile Farès et d'Abdelwahab Meddeb avec celui de Habib Tengour. Nabile Farès, depuis ses premiers travaux d'ethnologue en accompagnement de Camille Lacoste-Dujardin, sa thèse sur l'Ogresse, jusqu'à ses dernières publications confiées à la jeune maison d'édition algérienne Koukou, basée à Tizi-Ouzou, a toujours œuvré au confluent de la recherche anthropologique, ce qui a irrigué sa production littéraire. Abdelwahab Meddeb quant à lui, descendant d'une famille de lettrés, fait converger ce qu'on peut appeler "l'orientalisme savant", les traditions poétiques arabes et occidentales, avec les chocs de la modernité. Or, les substrats anthropologiques de l'œuvre de Tengour, malgré les spécificités de chacun des trois auteurs, autorisent un rapprochement, qui tentera d'articuler leurs visées communes et la différenciation notamment scripturale.

Anne Roche est Professeur émérite à l'université d'Aix-Marseille (AMU), a publié une vingtaine d'ouvrages de théorie littéraire, critique littéraire et fiction (théâtre, romans). Ses recherches portent notamment sur les ateliers d'écriture, qu'elle a introduits à l'université d'Aix en 1968 après un séjour aux États-Unis, sur la littérature francophone, et sur les écrivains de l'extrême-contemporain. Prix de l'essai européen Walter Benjamin en 2018 pour son ouvrage Exercices sur le tracé des ombres - Walter Benjamin (Éditions chemin de ronde, 2010), Algérie, écritures de l'autre (Éditions Casbah à Alger, puis Kimé, 2019).

Joyce SEBAG : Habib Tengour, une poésie politique ?
Sous le vocable générique de poésie, nous aborderons le travail d'Habib Tengour à partir d'une approche sensible de la lecture de son œuvre. Émotion du lecteur, fluidité du style, perception de l’espace, humanité des relations, envahissement de la mémoire. Le politique qui sature son propos transparaît à travers l'évocation de personnages aux dimensions mythiques mais aussi tellement ordinaires. La mémoire des lieux est l'occasion d'évoquer une histoire qui le hante tout au long de ses écrits. Elle l'inscrit dans une culture arabo-musulmane qui se conjugue avec une interrogation sur l'universalisme. Ambivalence dont il se nourrit pour élaborer son œuvre pétrie de l'histoire présente. Sollicitation permanente d'Homère dont les mythes imprègnent son regard sur l’actualité. Il fait vivre intensément la sociologie, l'ethnologie, l'anthropologie. En cela son analyse des sociétés à travers ses personnages est une invitation à la critique de celles-ci autant qu'une interrogation sur ses points de vue… Face à l'étendue de l'œuvre d'Habib, je n'aborderai que quelques-unes d'entre elles : Le poisson de Moïse, Le vieux de la montagne, Sultan Galiev

Joyce Sebag est Professeur émérite de Sociologie à l'université Évry Paris-Saclay. Elle a séjourné à l'Île Maurice où elle s'est intéressée aux cultures et aux religions venues du continent indien, avant d'enseigner la Sociologie à Constantine et à Alger. En 1998, elle a fondé à l'université d'Évry le Master "Image et Société" et le doctorat en "Sociologie filmique" qui permettent de développer une écriture cinématographique de la sociologie. Elle a publié, avec Jean-Pierre Durand, Sociologie Filmique, Théories et Pratiques aux Éditions CNRS (2020). Cet ouvrage a été édité en anglais par Palgrave. Les traductions au Mexique, au Brésil et en Corée du Sud sont en cours.

Susan SLYOMOVICS : Diwan ifrikiya, la Geste hilalienne, et l'écriture orale
D'après Habib Tengour, la place consacrée à l'oralité dans l'anthologie Diwan ifrikiya (Joris et Tengour, 2013) s'explique par le fait qu'"écriture" et "voix" se recoupent : "c'est la voix qui porte le texte, elle le module et l'anime pour en partager le plaisir". Par ailleurs, trois sections sur les traditions orales sont insérées dans leur University of California Book of North African Literature dont deux sont tirées des traductions françaises de la Geste hilalienne versions tunisiennes. Dans cet exposé, j'examine les problèmes de la transposition de la performance orale en texte écrit illustrés par des textes transcrits et des versions imprimées de la Geste hilalienne. En m'appuyant sur les méthodes de la théorie et pratique de l'ethnopoétique (ethnopoetics), je souhaite analyser la façon dont certains facteurs linguistiques et culturels influencent la présentation d'une performance récitée et chantée.

Susan Slyomovics est Distinguished Professor dans les deux départements d'Anthropologie et de Langues et cultures du Proche-Orient à l'University of California Los Angeles.
Publications
Race, Place, Trace : Essays in Honour of Patrick Wolfe, édité avec Lorenzo Veracini (2022).
"L'inévitable prison", Année du Maghreb, édité avec Marc André (2019).
How to Accept German Reparations (2014).
The Performance of Human Rights in Morocco (2005).
The Object of Memory : Arab and Jew Narrate the Palestinian Village (1998).
The Merchant of Art : An Egyptian Hilali Oral Epic Poet in Performance (1987).

Cole SWENSEN
Cole Swensen est l'autrice de vingt recueils de poésie, dont dix ont été traduits en français. Son dernier volume, And And And (Shearsman Books, 2023), a été finaliste du prix Griffin. Ancienne boursière Guggenheim, elle a remporté l'Iowa Poetry Prize, le SF State Poetry Center Book Award et le National Poetry Series, et a été finaliste du National Book Award et du Los Angeles Times Book Award. Également traductrice, entre autres de Habib Tengour, elle a remporté le prix PEN USA de traduction, le prix national de traduction ALTA 2024 et le prix de traduction Stephen Mitchell 2025. Elle partage son temps entre Paris et San Francisco. Son prochain recueil, Art in Time, paraîtra en 2025 dans la collection "Poètes du monde", traduit par Habib Tengour lui-même.

Juliane TAUCHNITZ : Littératures migrantes d'Octavio Paz à Habib Tengour
Dans son recueil d'essais Dans le soulèvement (2012), Habib Tengour cite différents auteurs qui ont exercé une influence déterminante sur son œuvre dont, en plus des écrivains maghrébins, James Joyce, Benjamin Péret — et Octavio Paz. Bien qu'à part cette petite mention de l'auteur mexicain, l'impact du dernier sur les textes de Tengour ne paraisse pas évident dans un premier temps, il y a des ressemblances et des rencontres conceptuelles considérables qui relient les deux. C'est pourquoi je propose une lecture croisée entre les textes littéraires et essayistes d'Habib Tengour et d'Octavio Paz pour analyser non seulement comment leur pensée part des points de vue similaires, mais surtout pour rendre visible comment ils développent une poétique (littérairement et théoriquement) qui est en mouvement incessant, qui flotte et fait de leur littérature une littérature "migrante".

Juliane Tauchnitz est Professeure contractuelle à l'université de Wuppertal, elle focalise sa recherche sur les phénomènes de créolité, d'hybridité et de métissage dans les littératures francophones et hispanophones. Sa thèse portait sur La Créolité dans le contexte du discours international et postcolonial du métissage et de l'hybridité. De la mangrove au rhizome (L'Harmattan, 2014), sa thèse d'état sur Konstruktion eines werdenden Kulturraums in hispano-marokkanischer Literatur (Vervuert, sous presse). Elle était co-directrice, avec Alfonso de Toro, du centre de recherche francophone de l'université de Leipzig, ainsi que des collections "Passagen" (Olms) et "Transversalité" (L'Harmattan).

Mourad YELLES : Ulysse et le Maître de l'Heure. Éléments pour une poétique du sacré dans l'œuvre de Habib Tengour
L'un des épisodes centraux de la mythologie personnelle de Habib Tengour met en scène Ulysse de retour dans sa patrie et contraint de subir une ultime épreuve : être reconnu par les siens. Par-delà sa résonnance littéraire, voire philosophique, une fois replacée dans un contexte proprement algérien, l'épreuve homérique renvoie inévitablement aussi à un contexte politique (déjà présent chez Homère avec le thème du rétablissement de la légitimité royale). Comme c'est le cas dans Tapapakitaques ou dans L'Épreuve de l'arc, le narrateur, double algérien d'Ulysse, tente ainsi de négocier un rapport pour le moins difficile avec sa société mais également avec le Pouvoir. Par ailleurs, la notion d'épreuve renvoie à un autre volet de la mythologie tengourienne : le culte des saints et le sacré populaire maghrébin. Il est évidemment question ici des voies de l'ascèse mystique. Mais les études anthropologiques (dont celles de Habib Tengour lui-même) ont montré l'importance du lien étroit entre sacré, religion et politique dans l'histoire culturelle du Maghreb. Et ceci jusque dans ses aspects les plus tragiques (cf. la "décennie noire" algérienne). Entre mirages du pouvoir et vertiges de l'extase, à l'image d'"Ulysse chez les intégristes" (Gens de Mosta), le héros tengourien tente de résoudre une équation insoluble à travers une quête qui demeure fondamentalement poétique.

Mourad Yelles est Professeur des universités émérite en littératures maghrébines et comparées à l'Inalco et membre de l'équipe LACNAD, il a également enseigné aux universités d'Alger, de Paris VIII et de Paris III. Comparatiste et anthropologue, il travaille notamment sur les processus de métissage des formes, des pratiques et des imaginaires dans le champ littéraire maghrébin (arabophone et francophone) et des Antilles : Les Miroirs de Janus. Littératures orales et écritures postcoloniales (Alger, OPU, 2002), Habib Tengour ou l'ancre et la vague. Traverses et détours du texte maghrébin (dir., Karthala, 2003), Cultures et métissages en Algérie. La racine et la trace (L'Harmattan, 2005), Habib Tengour. L'arc et la lyre. Dialogues (1988-2004) (Casbah Éditions, 2006), Traduire la pluralité du texte littéraire (avec Patrick Maurus et Marie Vrinat-Nikolov, Paris, Éditions L'Improviste, 2015).

Khalid ZEKRI : Une lecture de Dans le soulèvement : la maghrébine condition
Dans son essai Dans le soulèvement, Algérie et retour, Habib Tengour "n'enseigne point, il raconte" comme disait Montaigne à propos de ses propres essais. Il raconte ce qu'on pourrait s'aventurer à appeler ici "l'algérienne condition". Mais pas seulement. Car il s'agit aussi de la "maghrébine condition" qu'il raccroche à une histoire et à des références beaucoup plus larges pour l'inscrire, in fine, dans l'humaine condition. J'analyserai dans ma communication les idées développées dans cet essai tout en faisant référence à d'autres ouvrages de Habib Tengour.

Khalid Zekri est Professeur des universités en littérature comparée et sciences sociales et membre de l'Équipe d'Études Culturelles et Linguistiques à la Faculté des Lettres et des Sciences humaines de Meknès. Il a également été professeur invité aux universités de Leipzig, Aix-la-Chapelle et Mannheim. Il est lauréat en 2019 du Grand Prix du Maroc (catégorie sciences sociales) pour son ouvrage : Modernités arabes : de la modernité à la globalisation.


BIBLIOGRAPHIE :

• Jacqueline Arnaud, La Littérature maghrébine de langue française, Deux tomes, Paris, Publisud, 1986.
• Jacques Berque, L'Intérieur du Maghreb. XVe-XIXe siècles, Gallimard, 1978.
• Charles Bonn, Lectures nouvelles du roman algérien. Essai d'autobiographie intellectuelle, Classiques Garnier, 2016.
• Beida Chikhi, Maghreb en textes. Écritures, histoires, savoirs et symboliques, Paris, L'Harmattan, 1996.
• James Clifford & George E. Marcus (éd.), Writing culture. The Poetics and Politics of Ethnography, University of California Press, 1986.
• Nabile Farès, Maghreb, étrangeté et amazighité, Alger, Koukou, 2016.
• Ernest Gellner, Muslim Society, Cambridge University Press, 1981.
• Marc Gontard, Violence du texte. La Littérature marocaine de langue française, Paris, L'Harmattan, 1981.
• Pierre Joris & Habib Tengour (éd.), Poems for the Millenium, Vol. Four : "The University of California Book of North African Literature", Berkeley, University of California Press, 2013.
• Abdelkébir Khatibi, Maghreb pluriel, Paris, Denoël, 1983.
• Regina Keil-Sagawe & Hervé Sanson (éd.), Les portes du poème. Hommage à Habib Tengour, Alger, APIC, 2022.
• Ghyslain Lévy, Catherine Mazauric & Anne Roche (éd.), L’Algérie, traversées, Colloque de Cerisy, Paris, Hermann, 2018.
• Abdelwahab Meddeb, L'Exil occidental, Paris, Albin Michel, 2005.
• Anne Roche, Algérie : écritures de l'autre, Alger, Casbah, 2017 (Paris, Kimé, 2019).
• Hervé Sanson, La Trace et l'écho : Une écriture en chemin. Entretiens avec Habib Tengour, Blida, Le Tell, 2012.
• Habib Tengour, Dans le soulèvement, Essais. Algérie et retours, Paris, La Différence, 2012.
• Mourad Yelles (éd.), Habib Tengour ou l'ancre et la vague. Traverses et détours du texte maghrébin, Paris, Karthala, 2003.
• Mourad Yelles, L'Arc et la lyre, Alger, Casbah, 2006.
• Mourad Yelles, Cultures et métissages en Algérie. La racine et la trace, Paris, L'Harmattan, 2006.
• Sonia Zlitni-Fitouri (éd.), "Les écritures nomades de Habib Tengour", Expressions Maghrébines, vol. 11, n°1, 2012.


SOUTIENS :

• Centre interdisciplinaire d'étude des littératures d'Aix-Marseille (CIELAM, EA 4235) | Aix Marseille Université (amU)
• THALIM (UMR 7172, CNRS) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Langues et Cultures du Nord de l'Afrique et Diasporas (LACNAD, EA 4092) | Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco)
Centre Pierre Naville | Université d'Évry
Institut français d'Algérie
Association Victor Hugo
Printemps des poètes - Luxembourg


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