Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


LA MER, NOUVEL HORIZON DES ÉNERGIES


DU MERCREDI 29 JUIN (19 H) AU DIMANCHE 3 JUILLET (14 H) 2022

[ colloque de 4 jours ]


"Il est […] lui seul la lumière de cette mer", Jules Michelet
© Arseni Mourzenko


DIRECTION :

Martine BARTOLOMEI, Francis BEAUCIRE, Arnaud PASSALACQUA


ARGUMENT :

Cinquante ans après la publication du rapport Meadows, on assiste à une démultiplication de facteurs indiquant que l'espèce humaine atteint les limites du monde qui l'accueille. Longtemps considérée comme mystérieuse et menaçante, la mer réapparaît dans le jeu de la globalisation, amorcé dès la Renaissance, grâce aux échanges transocéaniques. Depuis, elle accompagne les mouvements de l'économie, des relations internationales et de l'industrialisation, jusqu'à devenir le support essentiel des échanges commerciaux d'une société où porte-conteneurs et câbles sous-marins figurent dans la pénombre du tableau. Le tournant écologique projette sur la mer une lumière nouvelle en l'érigeant comme un front pionnier appelé à s'ouvrir grâce aux énergies marines. Si la plupart des centrales marines demeurent expérimentales et méconnues, les éoliennes en mer focalisent l'attention et deviennent, bien au-delà des cercles experts, un thème de débat familier. Cette position particulière peut s'expliquer par leur lien avec les éoliennes terrestres, objets courants et toujours plus contestés, mais aussi par leur taille gigantesque. En outre, ces solutions énergétiques peuvent se heurter à d'autres dynamiques sociales comme les enjeux liés à la biodiversité, aux ressources en matériaux ou au caractère recyclable des dispositifs.

Pour envisager l'extension à la mer de la production électrique, il faut admettre que le milieu marin, loin d'être un espace vide, est investi, habité, imaginé et projeté. Sans parler des pratiques, de la pêche aux plaisanciers, nombre des regards construits sur la mer s'ancrent dans les imaginaires du monde industriel, si l'on pense par exemple au rôle du chemin de fer dans la découverte des littoraux et dans l'avènement des loisirs et l'installation d'une population nombreuse à proximité des côtes. L'émergence des énergies marines vient donc renouveler les relations que l'on entretient avec cet espace et pose la question de l'avenir de nos rapports avec la mer. C'est donc aussi un enjeu de démocratie qui se joue. Il suppose la recherche d'innovations des formes et modalités de décision, comme beaucoup de problèmes soulevés par les défis énergétiques et climatiques. C'est dans ce contexte et sur la base d'une confrontation d'expériences que ce colloque, réunissant des intervenants de divers horizons disciplinaires et professionnels, proposera un débat de société, ouvert à des auditeurs intéressés par le sujet.


MOTS-CLÉS :

Climat, Débat public, Démocratie, Écologie, Énergie renouvelable, Éoliennes, Industrie, Limites, Mer


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 29 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 30 juin
QUAND L'ÉNERGIE (RE)DEVIENT PALPABLE
Matin
Le retour de l'énergie sur nos territoires et dans nos imaginaires ?
Retour historique sur les processus de mise à distance, de concentration et d’invisibilisation des lieux de production d’énergie, notamment par l’électrification, table ronde avec Sylvain ALLEMAND (Journaliste), Francis BEAUCIRE (Géographe, Univ. Paris I Panthéon-Sorbonne) et Arnaud PASSALACQUA (Historien, Univ. Paris-Est Créteil) [La mer, l'énergie et l'action publique : quelques perspectives historiques — enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Nouveaux imaginaires, nouvelles matérialités et nouveaux territoires de l'énergie, table ronde animée par Annaïg OIRY (Géographe, Univ. Gustave Eiffel), avec Alain NADAÏ (Socio-économiste, Cired) et Grégoire WALLENBORN (Physicien et philosophe, Univ. libre de Bruxelles)

Après-midi
De la terre à la mer : ce que change la maritimité aux enjeux énergétiques
Sylvain ALLEMAND : Autour de Paysages et énergies
Paul NEAU (Ingénieur écologue, négaWatt) : La mer, nouvel horizon des énergies renouvelables

Éolien terrestre, éolien en mer : quels liens ?, entretien entre Arnaud PASSALACQUA et Sylvain ROCHE (Économiste, Sciences Po-Bordeaux)

Soirée
Retour sur les débats publics éoliens en mer
Projection du documentaire Des voix dans le vent – Épisode 1 (ANEKDOTA Productions)
Retour sur le débat normand, avec Francis BEAUCIRE
Retour sur le débat EOS, avec Martine BARTOLOMEI
Discussion et commentaires, avec Annaïg OIRY (Géographe, Univ. Gustave Eiffel) et Patrick MOQUAY (ENSP Versailles)


Vendredi 1er juillet
"HORS LES MURS" — VISITES DE TERRAIN
Matin
Phare de Gatteville
Objet technique et paysage marin : du phare à l'éolienne ?, avec Vincent GUIGUENO (Historien, Musée du Quai Branly)

Après-midi
Saint-Vaast-la-Hougue
Enjeux de paysage : projets de parc éolien, avec Auréline DOREAU (CLER), Emmanuel FAUCHET (Directeur CAUE 50), Stéphanie LANGEVIN (Paysagiste, CAUE 50) et Damien LEVALLOIS (Dreal de Normandie)

Soirée
L'éolien flottant nous porte-t-il toujours plus loin ? Le grand large et les abysses, dialogue animé par Martine BARTOLOMEI (Journaliste), entre Alexis DARQUIN (Chef de projet énergies renouvelables – éolien offshore, Equinor) et Jean-Claude DAUVIN (Océanographe, Univ. de Caen)


Samedi 2 juillet
MER ET ÉNERGIE, INSTALLER LE DÉBAT DE SOCIÉTÉ DANS LE TEMPS LONG
Matin
Un débat oui, mais avec qui ?
Jean-Eudes BEURET (Économiste, Agrocampus-Ouest) : Itinéraire d'un projet gâté en Baie de Saint-Brieuc : la confiance, comment la construire, comment l'anéantir ?

Quels horizons pour le débat ?
Nicolas BOILLET (Juriste, Univ. de Bretagne occidentale) : Les instruments juridiques du développement de l'éolien en mer : programmation, planification, participation

Après-midi
Olivier LABUSSIÈRE (Géographe, CNRS) & Alain NADAÏ (Socio-économiste, Cired) : Le montage en cours d'un observatoire socio-économique de l'arrivée des éoliennes en mer
Denis LACROIX (Prospectiviste, Ifremer) : De l'énergie à l'écosystème : vues prospectives sur les énergies marines renouvelables

Soirée
Jeux "sérieux" autour de l'énergie et du climat, animés par Arnaud PASSALACQUA & Luc PICOT (CNDP), avec Hugo CORDIER (Politiste)


Dimanche 3 juillet
AU-DELÀ DE L'ÉNERGIE, LES NOUVEAUX HORIZONS DE LA MER
Matin
Synthèse et ouverture
Gilles DEBIZET (Urbaniste, Univ. Grenoble Alpes) : Comment un territoire absorbe un grand parc éolien en mer ? [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Quelles pistes pour la participation citoyenne au débat de société sur les énergies et pour l'action publique ?, table ronde animée par Francis BEAUCIRE, avec Yves ASSELINE (Maire de Réville), Catherine KERSUAL (CESER Normandie) et Manuela MAHIER (Maire de La Hague)

Denis LACROIX (Prospectiviste, Ifremer) : Perspectives pour le colloque "Futurs de l'océan, des mers et des littoraux" (Cerisy, du 17 au 23 septembre 2022)

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Arnaud PASSALACQUA : La mer, l'énergie et l'action publique : quelques perspectives historiques
La mer s'impose aujourd'hui comme un nouvel horizon des énergies, d'abord par les projets éoliens, puis, peut-être, par les perspectives d'autres énergies marines : hydroliennes, algocarburants… Ce déplacement des lieux de production énergétique vers la mer rappelle les relations anciennes tissées entre le déploiement des convertisseurs énergétiques de l'époque industrielle, les espaces qu'ils occupent et l'image de puissance et de souveraineté qu'ils portent. L'industrialisation a mis à distance les convertisseurs, jusqu'à les réduire en un nombre assez faible de centrales nucléaires en France, reliées par le réseau électrique aux lieux de consommation. De même, le pétrole est venu de loin, voire de la mer, sans que nous nous interrogions sur son ancrage dans nos territoires. L'énergie a ainsi disparu du paysage contemporain en même temps que sa consommation s'est accrue.
Que se joue-t-il donc lorsque les énergies renouvelables viennent perturber cette configuration territoriale, en se déployant en de petits objets, atomisés et de faible puissance ? La tentation n'apparaît-elle pas, pour les industriels comme pour l'État, de reprendre la main en poussant au déploiement d'objets toujours plus gros et puissants, dont l'icône est l'éolienne en mer ? Dès lors, ce sont les lignes historiques des liens entre l'action publique d'État et la mer qui se dessinent au loin : recherche de la puissance par l'extension au-delà du continent et imaginaire d'un territoire vide, susceptible d'être investi pour les usages réputés légitimes car au service de la puissance.
Cette intervention, en guise d'introduction au colloque, propose une première approche de ces éléments en les mettant en tension sur un long terme historique.

Arnaud Passalacqua est historien, professeur en aménagement de l'espace et urbanisme à l'École d'urbanisme de Paris (Lab'urba/LIED). Ses travaux portent sur les transports et les mobilités dans la longue durée. Ils utilisent des perspectives transversales pour proposer une compréhension des enjeux contemporains fondés sur le temps long : espace public, circulation transnationale, innovation... Il travaille également sur des questions énergétiques, en lien avec les mobilités, notamment l'enjeu du rationnement fondé sur le carbone. Il a été membre de la commission particulière du débat public chargé du débat sur les parcs éoliens en mer au large de la Nouvelle Aquitaine.


Jean-Eudes BEURET : Itinéraire d'un projet gâté en Baie de Saint-Brieuc : la confiance, comment la construire, comment l'anéantir ?
Initié en 2011, le Parc éolien de Saint-Brieuc fut un projet gâté, marqué notamment par une coopération exemplaire entre le développeur et la pêche professionnelle, source de nombreux ajustements et d'une co-appropriation du projet. Dépassant une simple négociation, la concertation permet alors de produire des proximités et une confiance qui portent l'acceptation. Dès 2017, cette patiente construction est mise à l'épreuve d'innovation technologiques qui redessinent le projet, puis de controverses scientifiques, d'engagements jugés non tenus par les uns et non tenables par les autres, de difficultés créés par une co-appropriation qui se révèle ne pas être l'horizon rêvé de l'acceptation. Si les parties prenantes puisent dans les proximités construites par le processus pour surmonter les premières épreuves, la perte de confiance les engage ensuite dans un conflit marqué une montée en échelle qui, que le projet soit mis en œuvre ou non, en fera un projet "gâté". Cas d'étude de la construction d'un intérêt général territorialisé de 2011 à 2015, le processus a ensuite été analysé en 2018 puis en 2022 : cette recherche en longue période nous permet d'identifier les déterminants de l'évolution de l'acceptation, les effets des dynamiques concertatives et conflictuelles, puis d'en tirer des enseignements opérationnels. Nous identifierons notamment quelques conditions sine qua non sans lesquelles l'horizon des énergies, en mer, pourrait rester singulièrement bouché.

Jean-Eudes Beuret est économiste, professeur à l'Institut AGRO, à Rennes (Agrocampus-Ouest), au département "Économie Gestion Société" et au pôle halieutique. Rattaché à l'UMR CNRS "Espaces et Sociétés" 6590, ses recherches portent sur la conduite de la concertation pour la gestion des ressources naturelles, de l'environnement et des territoires. Il travaille notamment sur les processus de construction de l'acceptabilité d'infrastructures liées aux Énergies Marines Renouvelables ou d'Aires Marines Protégées.
Publications
Beuret J.-E., Cadoret A., "Aires protégées, éoliennes, transport : comment concilier enjeux locaux et globaux sur le littoral ?", VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Vol. 17, n°3, décembre 2017 [en ligne].
Beuret J.-E., Cadoret A., Rey-Valette H., "Développement durable en zones côtières : comment territorialiser l'intérêt général environnemental ? Un cadre d'analyse", Développement Durable et Territoires, Vol. 7, n°3, 2016.
Beuret J.-E., "La confiance est-elle négociable ? La construction d'un intérêt général territorialisé pour l'acceptation des parcs éoliens offshore de Saint-Brieuc et Saint-Nazaire", Géographie Économie et Société, Vol. 18, n°3, 2016.

Nicolas BOILLET : Les instruments juridiques du développement de l'éolien en mer : programmation, planification, participation
Les objectifs actuels de la transition énergétique font du développement de l'éolien en mer une source d'énergie indispensable au mix énergétique d'ici 2050. Face à un cadre juridique éclaté, mobilisant le droit de l'énergie, le droit de l'environnement et le droit de la mer et du littoral, les pouvoirs publics ont progressivement simplifié et adapté les régimes juridiques applicables aux énergies renouvelables en mer. La loi ESSOC du 10 août 2018 a notamment constitué une avancée importante en permettant d'apprécier la localisation et la pertinence des projets lors de débats publics. Néanmoins, la planification de l'éolien en mer et l'appropriation des projets par le public représentent deux écueils potentiels pour la transition énergétique. Alors que le gouvernement envisage une planification écologique, le cas de l'éolien en mer démontre la nécessité d'améliorer l'articulation entre la programmation énergétique, la prise en compte de l'environnement marin et la planification de l'espace maritime.

Nicolas Boillet est juriste, maître de conférences en droit public, HDR, à l'université de Bretagne occidentale. Il est membre de l'UMR 6308 AMURE. Ses recherches portent principalement sur le patrimoine naturel et culturel, la planification de l'espace maritime et les énergies renouvelables en mer. Il dirige le master Droit des activités maritimes de l'Institut universitaire européen de la mer et de la faculté DEGAES (UBO).
Publications
N. Boillet, "Le droit de l'exploitation de l'énergie et de l'eau", titre 76, in Droits maritimes, coll. "Dalloz Action", Dalloz, 2021, p. 1696-1715.
N. Boillet, "Quelles avancées pour la planification des énergies marines renouvelables en mer ?", Énergie, Environnement, Infrastructures, LexisNexis, n°2, février 2019, p. 20-26.
N. Boillet, "L'avis conforme relatif aux parcs naturels marins et les projets d'énergies marines renouvelables. Autour du cas du parc éolien en mer Dieppe-Le Tréport", Droit maritime français, n°803, juin 2018, p. 565-576.

Gilles DEBIZET : Comment un territoire absorbe un grand parc éolien en mer ?
Synthèse conclusive et orientée du colloque
La mer constitue le dernier espace de la conquête énergétique. L'État planifie d'immenses parcs éoliens au large des côtes : il décide de leur taille et de leur localisation avant d'en confier la construction et l'exploitation à des entreprises européennes censées minimiser le prix de l'électricité au bénéfice conjoint d'une transition écologique et des consommateurs français. Il renouvelle aussi le mythe d'eldorado énergétique que le charbon puis le pétrole et, plus récemment, le nucléaire ont incarné. Cette synthèse relit les 3 journées du colloque au prisme de notion de territoire. Entrelacs de ressources et d'acteurs, le territoire côtier s'efforce d'ajuster les caractéristiques du parc éolien à ses propres dynamiques (résidentielles, touristiques, halieutiques, industrielles…) ; les écarts d'éloignement de la côte entre les différents parcs éoliens l'illustrent. Caisse de résonnance des contestations, le débat public travaille — a fortiori lorsqu'il est houleux — opère cet ajustement. Scène d'émergence et de confrontation d'idées, le débat public amorce des récits territoriaux plus ou moins partagés qui faciliteront — ou pas — la construction ultérieure de projets de territoire dont le parc éolien serait un composant et non plus le reflet d'une intrusion et d'une impuissance (face à l'État). Ainsi, la planification étatique des grandes infrastructures de production énergétique est à considérer comme une phase d'un long et délicat processus par lequel les territoires absorbent ces infrastructures.

Gilles Debizet est enseignant-chercheur en urbanisme à l'université Grenoble Alpes (UGA). Au sein du laboratoire PACTE, ses travaux portent sur l'intégration des enjeux environnementaux dans la fabrique de la ville et des territoires. Depuis quelques années, il analyse la territorialisation de l'énergie et l'assemblage des systèmes reliant la production d'énergie renouvelable et sa consommation. Il participe à la programmation et à l'évaluation de la recherche française sur l'énergie auprès de l'ADEME, de l'ANR et du CNRS. Il a coordonné les ouvrages Scénarios de transition énergétique en ville (Documentation Française) et Local Energy communities (Routledge).

Denis LACROIX : De l'énergie à l'écosystème : vues prospectives sur les énergies marines renouvelables
Les technologies d'énergies marines renouvelables sont devenues depuis deux décennies des composantes d'importance croissante de la sécurité énergétique des pays maritimes. Au départ, il s'agissait de transposer la technologie des parcs éoliens terrestres à des sites favorables en mer. Dès les premières installations de parcs marins, il est apparu une double interaction. D'abord, avec le milieu naturel, car l'espace marin est à trois dimensions avec un milieu riche au plan biologique et en évolution permanente. Ensuite, avec les usagers de la mer et les riverains, souvent peu pris en compte dans les décisions d'aménagement des parcs. L'expérience acquise sur le terrain en Europe et les dispositifs d'information et de débat ont permis une meilleure concertation autour des projets en cours ou à venir. L'approche prospective permet d'éclairer les choix d'aménagement et d'esquisser des trajectoires d'évolution.

Ingénieur agronome spécialisé en aquaculture et docteur en sciences animales, Denis Lacroix est chercheur à l'IFREMER, en charge depuis 2006 de la fonction de veille et de prospective auprès de la direction générale de cet institut. Il a participé à de nombreuses études de prospective portant sur les énergies marines renouvelables (2008), l'environnement à 2100, les ressources marines minérales profondes, la montée du niveau de la mer… Il est membre de plusieurs réseaux de prospectivistes, français et européens.

Alain NADAÏ
Alain Nadaï est socio-économiste, directeur de recherche (DR2 CNRS) au Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement (CIRED - CNRS). Ses recherches ont porté sur les controverses environnementales (taxation carbone énergie, écolabels de produits) ainsi que sur les politiques de l'environnement, de l'énergie et du paysage. Elles se concentrent aujourd'hui sur les enjeux sociaux, institutionnels et territoriaux de la transition énergétique, sujet sur lequel il a contribué à la rédaction du rapport du GIEC sur les énergies renouvelables (SRREN, 2011) et coordonné plusieurs projets de recherche et ouvrages, dont récemment Energy transitions : a Socio-technical Inquiry (Palgrave McMillan, 2018).

Paul NEAU : La mer, nouvel horizon des énergies renouvelables
En 1991, le premier parc éolien en mer (et le premier parc éolien terrestre en France) entrait en fonctionnement au Danemark. Aujourd'hui une douzaine de pays européens accueillent environ 120 parcs d'éoliennes en mer, la plupart sous la forme d'éoliennes posées au fond de la mer, quelques-uns avec des éoliennes flottantes. Nous avons ainsi des retours d'expériences significatifs. La France a été pionnière mondiale dans l'exploitation de l'énergie marémotrice, avec l'usine de la Rance (Ille-et-Vilaine). Les sites propices sont rares et les impacts environnementaux majeurs. Les autres énergies renouvelables marines incluent les hydroliennes (exploitation des courants marins), l'énergie des vagues et l'énergie thermique des mers. L'énergie éolienne est aujourd'hui, avec le solaire, un moyen de production d'électricité moins couteux que les énergies fossiles et fissiles. Les mers constituent des horizons privilégiés pour l'exploitation des énergies renouvelables, éolien en tête, pour une planète peu émettrice de gaz à effet de serre.

Paul Neau est ingénieur en énergie et environnement et membre de la compagnie des négaWatts ; l'association négaWatt promeut une transition énergétique (pas qu'électrique) basée sur la trilogie : sobriété, efficacité énergétique et développement du mix des énergies renouvelables, permettant une France 100% renouvelables en 2050 : negawatt.org/Scenario-negaWatt-2022.

Sylvain ROCHE
Docteur en sciences économiques de l'université de Bordeaux, Sylvain Roche est ingénieur de recherche à la chaire TRENT (Transitions Énergétiques Territoriales) de Sciences-Po Bordeaux. Enseignant-chercheur associé au centre Émile-Durkheim, il mène des recherches sur la décarbonation du secteur maritime et la marinisation des systèmes énergétiques. Il coordonne le futur cahier énergie du Comité scientifique régional sur le changement climatique AcclimaTerra, dont la publication est attendue pour début 2023.

Grégoire WALLENBORN
Grégoire Wallenborn a une formation diversifiée et interdisciplinaire comprenant la physique, la philosophie, l'histoire des sciences, les STS, la sociologie, les études politiques et les sciences de l'environnement. Depuis une vingtaine d'années, il s'intéresse notamment à la demande d'énergie, et plus récemment aux questions sociotechniques de l'énergie. Il est chercheur-enseignant à l'Institut de gestion de l'environnement et d'aménagement du territoire à l'université libre de Bruxelles.


BIBLIOGRAPHIE :

• Allemand (S.), Paysages et énergies, une mise en perspective historique, Paris, Hermann, 2021.
• Balaud (L.) & Chopot (A.), Nous ne sommes pas seuls. Politique des soulèvements terrestres, Paris, Le seuil, 2021.
• Beuret (J.-E.) & Cadoret (A.), "Aires protégées, éoliennes, transport : comment concilier enjeux locaux et globaux sur le littoral ?", VertigO, vol. 17, n°3, 2017.
• Bouvet (Y.) & Page-Jones (K.) [dir.], Discours sur la mer. Résistances des pratiques et des représentations, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020.
• Evrard (A.) & Pasquier (R.), "Territorialiser la politique de l'éolien maritime en France. Entre injonctions étatiques et logiques d'appropriation", Gouvernement et action publique, vol. 7, n°4, 2018, p. 63-91.
• Grimault (J.), "Spatialisation et territorialisation du grand éolien en France : le gigantisme contre l'utopie ?", Bulletin de l'association des géographes français, vol. 97, n°4, 2020, p. 529-546.
• Guigueno (V.) & Goven (F.), Phares. Monuments historiques des côtes de France, Paris, Éditions du patrimoine, 2013.
• Labussière (O.) & Nadaï (A.), "Recomposer la mer pour devenir offshore : le projet éolien de Veulettes-sur-Mer", Natures Sciences Sociétés, vol. 22, n°3, 2014, p. 204-218.
• Lacroix (D.), "Le rôle de la prospective dans le lancement d'une politique de développement des énergies marines renouvelables en France de 2000 à 2015", Sciences Eaux & Territoires, n°22, 2017, p. 50-55.
• Monaco (A.) & Prouzet (P.) [dir.], Governance of Seas and Oceans, Londres, ISTE-Wiley, 2015.
• Nadaï (A.) & Labussière (O.), Politiques éoliennes et paysages, Rapport de recherche, Cired, 2010.
• Nadaï (A.) & Wallenborn (G.), "Transformations énergétiques sous contrainte écologique forte", Multitudes, vol. 2019/4, n°77, 2019, p. 43-53.
• Oiry (A.), "Conflits et stratégies d'acceptabilité sociale autour des énergies marines renouvelables sur le littoral français", VertigO, vol. 15, n°3, 2015.
• Oiry (A.), "Les littoraux", Documentation photographique, Paris, CNRS Éditions, 2021.
• Roche (S.), Réenchanter le maritime par la promesse énergétique: technologies, trajectoires, discours, Thèse de doctorat en sciences économiques, sous la direction de Claude Dupuy et Sylvie Ferrari, Université de Bordeaux, 2019.


SOUTIEN :

• Commission nationale du débat public (Cndp)