FUTURS DE L'OCÉAN, DES MERS ET DES LITTORAUX
DU SAMEDI 17 SEPTEMBRE (19 H) AU VENDREDI 23 SEPTEMBRE (14 H) 2022
[ colloque de 6 jours ]
ARGUMENT :
L'importance de l'océan, des mers et des littoraux n'a jamais été aussi grande qu'en ce début du XXIe siècle tant pour les activités humaines que pour l'équilibre de la planète Terre. Ils jouent un rôle essentiel pour nourrir les sociétés, les approvisionner en ressources énergétiques ou minérales mais aussi comme support du transport maritime essentiel au commerce international, comme aires de loisir, et enfin comme espaces de projection militaire pour de nombreux États. Mais ils concentrent aussi de nombreuses pressions, souvent combinées : érosion, artificialisation, pollutions, migrations… Ils jouent aussi un rôle essentiel dans la machinerie climatique du monde. Se pose alors la question des visions du monde de demain pour ces espaces. Quelle mondialisation voulons-nous ? Au profit de qui ? Quelles relations entre les activités globalisées et les sociétés locales dont les littoraux, souvent excessivement anthropisés, forment l'interface ? Quels sont les seuils d’exploitation durable pour les ressources tirées de la mer ? Quelles mesures de préservation et de restauration sont à prendre pour sauvegarder l'équilibre général de l'écosystème terre-mer et ses fonctions vitales ?
Dans un climat global de scepticisme sur le discours scientifique, d'inquiétude sur les ressources et d'incertitude sur le changement global, il apparaît sur les enjeux marins une opportunité de réflexion lucide, responsable et mobilisatrice pour tous les acteurs et notamment les jeunes générations. Il s'agit donc de construire des visions de la mer et des littoraux en s'appuyant, d'une part, sur des regards croisés d'experts de plusieurs disciplines et, d'autre part, sur les pratiques professionnelles et les expériences citoyennes des acteurs. Peut-on montrer l'existence de voies de résilience face au changement global, de choix d'adaptation et d'atténuation, de moyens d'élaboration d'une économie bleue, des chemins de prise de conscience à l'échelle mondiale que la mer est un bien commun vital et fragile ?
Ce colloque s'adresse à tous les acteurs du monde maritime, à des chercheurs issus de disciplines variées, aux artistes ayant développé leur sensibilité et leur créativité avec la mer. Son ambition est de conduire une réflexion d'intelligence collective sur les problématiques actuelles liées à la mer et au littoral. Ses objectifs seront de trois types : préciser les enjeux de long terme de la mer et des littoraux à l'échelle de la France, dans l'UE et dans le monde ; croiser les approches de multiples disciplines sur ces enjeux afin de mieux saisir la complexité des systèmes impliqués et faire émerger les thèmes majeurs de recherche, de formation, de sensibilisation permettant de comprendre et de faire comprendre les dynamiques de l'Océan à diverses échelles ; enfin, esquisser les futurs possibles de ces milieux vitaux et discerner les choix qui conditionnent leur pérennité.
MOTS-CLÉS :
Biodiversité marine, Changement climatique, Cours d'eau, Développement durable, Économie maritime, Écosystèmes marins, Fonds sous-marins, Futurs, Gouvernance, Îles, Imaginaire, Littoraux, Mer, Montée de la mer, Océan, Pêches, Perception, Ports, Prospective, Science-fiction
CALENDRIER DÉFINITIF :
Samedi 17 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS
Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants
Dimanche 18 septembre
PERCEPTIONS ET IMAGINAIRES DE LA MER
Matin
Agathe EUZEN (CNRS), Antoine FRÉMONT (Cnam) & Denis LACROIX (Ifremer / Prospective) : Introduction du colloque
Cyrille P. COUTANSAIS (CESM) : Autour du livre Les hommes et la mer (CNRS Éditions, 2017) [visioconférence]
Les perceptions de la mer et l'évolution de ses usages, table ronde animée par Agathe EUZEN (CNRS) [Mythes, monstres et figures marines. Petite introduction réflexive], avec Guigone CAMUS (Anthropologue) [Les atolls de Kiribati (Micronésie, Pacifique central) face au réchauffement climatique] et Cyrille P. COUTANSAIS (CESM) [visioconférence]
Après-midi
Représentation des îles et des nouveaux imaginaires de la mer
Nathalie BERNARDIE-TAHIR (Géographe, Univ. Limoges) : "Délivrez-nous de l'imaginaire des îles !"
Louis BRIGAND (UBO et Association des Iles du Ponant) : La mer et les îles : liens, résilience et devenir – Le cas des îles du Ponant (France)
Les nouveaux imaginaires : mer et fiction, table ronde animée par Denis LACROIX (Ifremer / Prospective) [Quels imaginaires passés du futur de la mer ?], avec François SIMARD (UICN) [Le Japon et la mer] et Emmanuelle VAGNON-CHUREAU (CNRS) [La cartographie des océans, une histoire au long cours]
Soirée
Film sur les océans
Lundi 19 septembre
CHANGEMENT CLIMATIQUE, OCÉAN, MERS ET LITTORAUX
Matin
Anny CAZENAVE (LEGOS) : Changement climatique et hausse du niveau de la mer [visioconférence]
Gonéri LE COZANNET (BRGM) : Adaptation à l'évolution du niveau de la mer : qu'apprend-on du rapport du GIEC ?
Table ronde, animée par Agathe EUZEN (CNRS), avec Stéphane COSTA (Professeur des universités, Univ. de Caen Normandie) [De l'intérêt de la réalité virtuelle pour l'appropriation de l'aléa submersion marine : le Projet REV COT], Hubert DEJEAN DE LA BÂTIE (Région Normandie) et Gonéri LE COZANNET (BRGM)
Après-midi
Catherine MEUR-FEREC (Univ. Brest) : Entre "désir de rivage" et remontée du niveau marin, quels futurs pour les littoraux urbanisés ?
Robert SLOMP (RWM - Ministère de l'eau des Pays Bas) : Les Pays-Bas face à la montée des eaux : quelle stratégie pour le long terme et comment répondre aux différents enjeux ?
Quelle adaptation des villes et des côtes littorales à la montée de la mer ?
Benoît LAIGNEL (Professeur des universités, Univ. de Rouen Normandie) : Le littoral du Sénégal face à la montée des eaux. Exemple du littoral de Saint Louis
Régis LEYMARIE (Délégué adjoint Normandie Conservatoire du littoral) : L'estuaire de l'Orne de LiCCo à Adapto, le changement d'échelle de l'adaptation
Table ronde, animée par Catherine MEUR-FEREC (Univ. Brest), avec Stéphane COSTA (Professeur des universités, Univ. de Caen Normandie), Benoît LAIGNEL (Professeur des universités, Univ. de Rouen Normandie), Régis LEYMARIE (Délégué adjoint Normandie Conservatoire du littoral) et Robert SLOMP (RWM - Ministère de l'eau des Pays Bas)
Mardi 20 septembre
ÉCOSYSTÈMES MARINS VITAUX ET LEURS SERVICES
Matin
Frédérique VIARD (CNRS-ISEM, chercheuse en écologie marine) : La biodiversité marine à l'Anthropocène : singularités, pressions et réponses [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Nathalie NIQUIL (CNRS, Univ. de Caen Normandie) : Les scénarios d'évolution possibles des grands écosystèmes marins et de leurs services à 2100
Françoise GAILL (CNRS, INEE) : L'océan dans tous ses états : quels enjeux et quelle gouvernance internationale ? [visioconférence]
Après-midi
Philippe CURY (CLORA / IRD Bruxelles) : Changements globaux et ressources vivantes marines
Pêche, biodiversité marine et sécurité alimentaire, table ronde animée par Didier GASCUEL (Agrocampus Ouest, Rennes) [Pêche durable ?], avec Philippe CURY (CLORA / IRD Bruxelles), François HOULLIER (Ifremer), François SIMARD (UICN) [Les défis de la protection du monde marin vivant] et Frédérique VIARD (CNRS-ISEM, chercheuse en écologie marine)
Soirée
Animation ludique et festive avec les étudiants de la Fondation suisse d'études
Mercredi 21 septembre
"HORS LES MURS"
10h: Arrivée sur le site de Fréval, commune de Fermanville
10h-12h30:
o Intervention d'Étienne D'ANGLEJAN (Chef de projet recomposition et résilience littorale, Dir. de l'urbanisme Coutances mer et bocage) et Louis TEYSSIER (Conseiller délégué aux questions littorales Coutances mer et bocage)
o Visite du site par Régis LEYMARIE (Délégué adjoint Normandie Conservatoire du littoral)
12h30: Transfert vers la Cité de la mer de Cherbourg
13h00-14h: Déjeuner à la Cité de la mer de Cherbourg, avec vue sur la rade de Cherbourg
14h-15h:
o Présentation d'Intechmer par Pascal BAILLY DU BOIS (Professeur du CNAM)
o Présentation de la Cité de la mer et de son intérêt pour le territoire par Bernard CAUVIN (PDG de la Cité de la mer)
15h-18h: Visite libre de la Cité de la mer
Jeudi 22 septembre
QUELLES VOIES VERS UNE ÉCONOMIE MARITIME DURABLE ?
Matin
Antoine FRÉMONT (Cnam) : La maritimisation de l’économie
Maritimisation de l'économie et développement durable : l'équation impossible ?, table ronde animée par Antoine FRÉMONT (Cnam), avec Marie BONNIN (Juriste, IRD), Patrice GUILLOTREAU (Économiste, Univ. Nantes et IRD) [Synergies et symbioses de l'économie bleue] et Cédric VIRCIGLIO (Directeur du pilotage stratégique d'Haropa Port, Le Havre-Rouen-Paris)
Après-midi
Jean-Louis LEVET (SG Mer) : Les fonds sous-marins : un nouveau territoire de conquête ?
Loïc FINAZ (Amiral sous marinier, Écrivain) : Les nouveaux enjeux géostratégiques marins
Soirée
La mer, des histoires sensibles, des moments forts…, animée par Agathe EUZEN (CNRS), avec Isabelle AUTISSIER (Navigatrice, Ancienne Présidente WWF, Écrivaine)
Vendredi 23 septembre
REGARDS VERS LES FUTURS DE L'OCÉAN ET DES LITTORAUX. QUELLE GOUVERNANCE ?
Matin
Rapports d'étonnement de doctorants, par Roman BLUM, Luna CACERES, Philippine COUTAU, Alban DUPIRE, Michele MARCHIONI et Cyril MONETTE
Visions de l'océan et des littoraux : aujourd'hui et demain ?, table ronde animée par Denis LACROIX (Ifremer / Prospective), avec Isabelle AUTISSIER (Navigatrice, Ancienne Présidente WWF, Écrivaine), Loïc FINAZ (Amiral sous marinier, Écrivain), Adélie POMADE (AMURE Brest, Juriste) et Frédérique VIARD (CNRS-ISEM, chercheuse en écologie marine)
Conclusions
Après-midi
DÉPARTS
PRESSE / MÉDIAS :
• Présentation du colloque. Entretien avec Denis LACROIX, Agathe EUZEN et Antoine FRÉMONT réalisé par Hadrien FRÉMONT (Fondation Clarens pour l'humanisme)
• Perceptions et imaginaires de la mer. Entretien avec Nathalie BERNARDIE-TAHIR, Emmanuelle VAGNON-CHUREAU et François SIMARD réalisé par Hadrien FRÉMONT (Fondation Clarens pour l'humanisme)
• Changement climatique, océan, mers et littoraux. Entretien avec Gonéri LE COZANNET, Catherine MEUR-FEREC, Robert SLOMP et Régis LEYMARIE réalisé par Hadrien FRÉMONT (Fondation Clarens pour l'humanisme)
• Écosystèmes marins vitaux et leurs services. Entretien avec Frédérique VIARD, Nathalie NIQUIL, Philippe CURY et François SIMARD réalisé par Hadrien FRÉMONT (Fondation Clarens pour l'humanisme)
• Quelles voies vers une économie maritime durable ?. Entretien avec Loïc FINAZ et Antoine FRÉMONT réalisé par Hadrien FRÉMONT (Fondation Clarens pour l'humanisme)
• Conclusion du colloque. Entretien avec Denis LACROIX, Agathe EUZEN et Antoine FRÉMONT réalisé par Hadrien FRÉMONT (Fondation Clarens pour l'humanisme)
VIDÉOS RÉALISÉES PAR FRANCE MANHES — INIT - Édition - Productions :
RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :
Antoine FRÉMONT
Antoine Frémont est professeur du Cnam (Conservatoire National des Arts et Métiers), titulaire de la chaire transports, flux et mobilités durables. Jusqu'en 2022, il était directeur de recherche à l'université Gustave Eiffel et vice-président recherche adjoint de cette université. De 2011 à 2015, il a été chargé de mission sur les questions d'aménagement du territoire à Réseau Ferré de France, devenu SNCF-réseau. Il est spécialiste du transport maritime et des ports, en particulier du lien entre la conteneurisation, la mondialisation et la métropolisation. Il s'intéresse plus largement aux questions des mobilités et de l'aménagement du territoire.
https://cv.archives-ouvertes.fr/antoine-fremont?langChosen=fr
Nathalie BERNARDIE-TAHIR : "Délivrez-nous de l'imaginaire des îles !"
Les îles charment et fascinent, et font encore et toujours la une de magazines ou documentaires qui les présentent inlassablement comme des lieux de rêves et de désirs, à forte charge onirique et symbolique. Pourtant, les îles sont des lieux de vie avant tout, des lieux habités par des hommes et des femmes qui, quotidiennement, y construisent et imaginent leur futur. L'insularité, qui est à la fois source de contraintes et d'opportunités, les conduit ainsi à adapter, voire à inventer des modes de fonctionnement innovants, tenant compte de l'exiguïté territoriale, d'un environnement parfois fragile et d'un relatif isolement. Les sociétés insulaires se font aussi lanceuses d'alerte, notamment dans le contexte du réchauffement climatique et de la remontée des eaux qui imposent de trouver rapidement des solutions concrètes à des risques qui se précisent. En paraphrasant le titre d'un article de Claire Hancock ("Délivrez-nous de l'exotisme"), lui-même inspiré d'une citation du penseur indien Salman Rushdie ("So lead us not into exotica and deliver us from nostalgia"), cette communication nous exhorte à nous délivrer de l'imaginaire des îles pour envisager au contraire ces territoires comme des lieux quintessentiels de la fabrique du monde contemporain.
Nathalie Bernardie-Tahir est agrégée et professeure de géographie à l'université de Limoges, membre de l'UMR 6042 Géolab. Ses recherches portent sur l'insularité, principalement au travers du prisme des mobilités (migrations internationales, migrations d'aménités, tourisme) qui participent de la construction territoriale des îles, que ce soit en Méditerranée (Malte, Chypre), dans l'océan Indien (Maurice, Zanzibar) ou en Polynésie française.
Publications
Bernardie-Tahir, N., Bernard, S., 2021, "(Re)venir vivre dans une île polynésienne : vers un nouveau paradigme mobilitaire ? L'exemple de Rurutu (Australes)", Les Cahiers d'Outre-mer, 284-2021/1.
Bernardie-Tahir, N., Bernard, S., 2020, "Faire voile et jeter l'ancre en Polynésie française. Quand les mobilités des plaisanciers au long cours interrogent les modes de circuler et d'habiter", Carnets de géographes, n°14 [en ligne].
Bernardie-Tahir, N., Schmoll, C., 2018, Méditerranée : frontières à la dérive, Le Passager clandestin, Paris, 130 p.
Bernardie-Tahir, N., Schmoll, C., 2015, "Îles, frontières et migrations méditerranéennes : Lampedusa et les autres, L'Espace Politique, n°25, Coordination du numéro [en ligne].
Bernardie-Tahir, N., 2011, L'usage de l'île, Paris, Éd. Petra, Coll. "Des îles", 510 p.
Marie BONNIN
Marie Bonnin est directrice de recherche en droit de l'environnement marin à l'IRD. Elle s'intéresse à la protection de l'environnement marin par le droit. Depuis 2017, elle coordonne le projet de recherche européen PADDLE "Planifier dans un monde liquide" qui analyse les opportunités et limites de la planification spatiale marine en Atlantique tropical. Ses recherches portent également sur la mise en place d'indicateurs juridiques pour évaluer l'effectivité des règles de droit protectrices de l'environnement marin. Elle est membre de plusieurs conseils scientifiques participe à l'animation de groupes de recherches interdisciplinaires sur l'environnement marin.
Louis BRIGAND : La mer et les îles : liens, résilience et devenir – Le cas des îles du Ponant (France)
Les îles constituent des territoires géographiques originaux, simples à délimiter, mais complexes à analyser pour de multiples raisons : diversité des situations géographiques, multiplicité des modèles économiques, variété des modes d'accessibilité et de vie, importance du poids de l'histoire et des héritages, originalité des paysages souvent remarquables et hautement protégés… Pour ces raisons, elles fascinent autant les médias et les touristes que les chercheurs. Les îles du Ponant n'échappent pas à cette réalité. Composées de 13 îles habitées en permanence et d'un millier d'îlots, elles dessinent un camaïeu de situations lié à des spécificités propres à l'insularité, tout en étant exposé à des évolutions sociétales contemporaines telles que peuvent les connaître des espaces reculés ou des quartiens urbains. Bien que coupées physiquement du continent, elles sont particulièrement bien représentées dans les structures politiques et administratives, affirmant ainsi leurs différences tout en mettant en œuvre des formes originales de résilience. Néanmoins, des évolutions récentes interrogent et questionnent leur avenir. Nous chercherons à travers cet exemple à analyser les îles sous un angle concret, mais critique, loin des représentations standardisées aux antipodes de la réalité des îles d'aujourd'hui. Le propos cherchera à définir les caractères de résilience des îles et à dresser une réflexion prospective en comparant avec certaines îles de Polynésie française et l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon, nouveaux terrains d'investigation et de réflexion.
Louis Brigand, géographe, professeur à l'université de Bretagne Occidentale, enseigne à l'Institut Universitaire Européen de la Mer et est rattaché au laboratoire LETG – UMR 6554 CNRS. Il consacre ses recherches à l'étude des îles et des îlots depuis plus d'une quarantaine d'années. Ses travaux portent essentiellement sur les îles du Ponant, mais il a également travaillé dans les îles de Méditerranée, dans les territoires isolés de la Patagonie chilienne et de la Russie. Sur ces différents terrains, ses recherches s'intéressent à l'isolement géographique, à la conservation et la gestion des paysages, aux dynamiques touristiques et aux modes de vie. Ses derniers travaux portent sur l'arrivée de néo-entrepreneurs, la médiation scientifique audiovisuelle et l'économie sociale et solidaire dans les îles du Ponant, mais aussi en Polynésie française et à Saint-Pierre et Miquelon. Ses recherches s'intègrent à des programmes et des actions réalisées avec les acteurs locaux et des partenaires institutionnels et associatifs des îles. Elles débouchent sur différentes restitutions collaboratives (conférences, ateliers, colloques, tables rondes, ouvrages, documentaires audiovisuels…) à destination d'un public varié.
Bibliographie
Brigand L., 1992, Les îles en Méditerranée, enjeux et perspectives. Programme des Nations Unies pour l'Environnement, Paris, Economica, Les Fascicules du Plan Bleu, vol. 5, 98 p.
Brigand L., 2002, Les Îles du Ponant, Histoires et géographie des îles de la Manche et de l'Atlantique, Préface d'Erik Orsenna de l'Académie française, Éditions Palantines, 480 p.
Brigand L., 2009, Besoin d’îles, Éditions Stock, 250 p.
Brigand L., 2017, Enez Sun, Carnet d'un géographe à l'île de Sein, Éditions Dialogues, 130 p., Grand prix du festival international du livre insulaire.
Corsi L., Brigand L., David L., 2015-2019, Id-îles Magazine, documentaires audiovisuels de 26 minutes, 19 épisodes diffusés sur les chaînes bretonnes Tébéo et Tébésud, en ligne sur ID-îles.fr.
Brigand L., 2020, "Le confinement dans les îles, une longue histoire de solidarité", Revue en ligne The Conservation.
Brigand L. (Dir), 2021, "Habiter et protéger les îles, enjeux contemporains", numéro thématique de la revue Norois, n°259-260, 258 p.
Cyrille P. COUTANSAIS : Autour du livre Les hommes et la mer (CNRS Éditions, 2017)
C'est à une autre histoire des hommes que cette intervention va convier, une histoire rendant toute leur place à des civilisations qui avaient le goût du large. Des hommes qui, sans cartes ni GPS, partaient à l'aventure, mais dont l'épopée est aujourd'hui oubliée. L'on sera emporté dans le sillage des Polynésiens à la conquête du Pacifique, sur les traces des nomades des mers de la Terre de Feu, du Japon et d’Indonésie. On explorera l'imaginaire lié à la mer : peuplée de monstres dans certaines civilisations, elle est à l'inverse un jardin d'Eden pour d'autres. Aujourd'hui, à l'heure où les hommes s'intéressent de plus en plus aux abysses, sanctuaire longtemps préservé, il est sans doute temps de réunir nos mémoires, maritime et terrestre. Réunir nos deux hémisphères, terrien et marin n'est plus une option : c'est une obligation pour que se poursuive la grande épopée des hommes et de la mer.
Cyrille P. Coutansais est Directeur de Recherches du CESM, rédacteur en chef de la revue Études Marines et auteur de nombreux ouvrages sur la mer.
https://www.cnrseditions.fr/auteur/cyrille-p-coutansais/
Françoise GAILL
Françoise Gaill est une spécialiste des milieux profonds et en particulier de l'adaptation aux milieux extrêmes. Après avoir dirigé au CNRS le département environnement et développement durable, elle a mis en place un nouvel institut l'INEE (Écologie et Environnement) et a été vice-présidente de l'alliance Allenvi. Elle a parallèlement présidé le comité opérationnel "recherche et innovation" du Grenelle de la mer, et le comité stratégique et technique de la flotte océanographique (CSTF), avant d'être nommée première vice-présidente de l'Agence Française pour la Biodiversité. Elle a également participé aux travaux des Nations Unies sur l'océan (ODD, BBNJ et WOA). Aujourd'hui conseillère scientifique à la direction du CNRS INEE, elle préside le Comité pour la recherche marine, maritime et littorale du CNML (Conseil National de la Mer et des Littoraux) ainsi que les conseils scientifiques de la Fondation de la Mer et de l'éolien en mer de la façade Sud Atlantique.
Patrice GUILLOTREAU
Patrice Guillotreau est Directeur de recherche en économie de la mer à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD), dans une unité mixte de recherche en écologie marine (MARBEC) et professeur d'économie à l'université de Nantes. Il a coordonné de nombreux projets scientifiques internationaux et est l'auteur de plus d'une centaine d'articles, études, ouvrages et chapitres d'ouvrage en économie des ressources marines et maritimes, dont Mare Economicum (Presses universitaires de Rennes, 2008), l'Atlas économique de la mer (Infomer, 2011 à 2016), Global Change in Marine Systems (Routledge, 2018), Blue Economy: an Ocean science perspective (Springer, 2022). Ses travaux traitent principalement de l'impact des changements globaux sur les socio-écosystèmes marins et sur le développement durable de l'économie bleue. Il a été vice-Président d'un des groupes de travail du Grenelle de la Mer en 2009.
François HOULLIER
Ingénieur général des Ponts, des Eaux et Forêts, membre de l'Académie des Technologies et de l'Académie d'Agriculture de France, François Houllier est président-directeur général de l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) depuis le 19 septembre 2018. Depuis mai 2020, il préside le conseil d'AllEnvi, l'alliance nationale de recherche pour l'environnement, qu'il avait déjà présidé de mars 2012 à juillet 2016. Il a été président de l'université Sorbonne Paris-Cité (09/2016-09/2018) et président-directeur général de l'Inra (07/2012-07/2016). Habilité à diriger des recherches et titulaire d'un doctorat de l'université Claude Bernard (Lyon I), ancien élève de l'École Polytechnique et de l'École nationale du Génie rural, des Eaux et Forêts (Engref, devenue AgroParisTech), ses recherches personnelles ont porté sur les inventaires forestiers puis sur l'écologie et la modélisation des forêts et des plantes. En 2015 et 2016, il a remis trois rapports au gouvernement français : sur les sciences participatives (https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02801940/) ; sur la recherche et l’innovation à l'horizon 2025 dans les domaines respectifs de l'agriculture (https://hal.inrae.fr/hal-02801878v1) et de la filière forêt-bois (https://hal.inrae.fr/hal-03183659).
Gonéri LE COZANNET : Adaptation à l'évolution du niveau de la mer : qu'apprend-on du rapport du GIEC ?
L'élévation du niveau de la mer est une conséquence du changement climatique dont les effets commencent à devenir perceptibles le long des côtes les plus vulnérables. Dans les décennies à venir, ce phénomène provoquera une submersion chronique de zones basses à marée haute, notamment dans les ports, puis une aggravation des conséquences des tempêtes et de la salinisation des sols et des estuaires. Sans atténuation du changement climatique, ses conséquences pour l'érosion du littoral et la submersion permanente des zones basses deviendront perceptibles de manière évidente dès la seconde partie du XXIe siècle. En l'absence d'adaptation, l'élévation du niveau de la mer menace non seulement les communautés côtières, mais aussi des sites historiques tels que Venise, des sites industriels ou pollués, les activités portuaires et l'existence même de certains états insulaires. L'adaptation à l'élévation du niveau de la mer nécessite une gouvernance, une planification et des interventions qui se mettent en place typiquement en plusieurs décennies. Aussi, atteindre les objectifs d'atténuation du changement climatique des accords de Paris permettrait de limiter les risques d'une accélération du niveau de la mer qui compromettrait la mise en œuvre de l'adaptation.
Gonéri Le Cozannet est ingénieur de recherche au BRGM depuis 2006. Il étudie les conséquences de l'élévation du niveau de la mer pour les risques côtiers (érosion et submersion marine). Il est coordinateur du projet européen CoCliCo, visant à mettre en place un service climatique européen pour l'adaptation côtière. Il est également coauteur du 6ème rapport du GIEC sur les impacts, la vulnérabilité et l'adaptation, à paraitre en février 2022.
Catherine MEUR-FEREC : Entre "désir de rivage" et remontée du niveau marin, quels futurs pour les littoraux urbanisés ?
À l'échelle mondiale, le GIECC et l'UICN sont formels : notre planète se réchauffe, la mer monte et les solutions fondées sur la nature sont l'avenir des littoraux. À l'échelle locale, les complexes résidentiels et touristiques se développent les pieds dans l'eau, les prix de l'immobilier côtiers n'ont jamais été aussi hauts, et vivre au plus près de la mer reste une aspiration qui fait rêver dans de nombreuses sociétés. L'urbanisation des côtes se développe à travers le monde entier, alors que le changement climatique et ses effets deviennent de plus en plus tangibles et médiatisés. Comment comprendre ce paradoxe ? Comment en sommes-nous arrivés là et vers quel futur allons-nous pour les littoraux urbanisés ? L'intégration de plusieurs échelles spatiales et temporelles, ainsi que la combinaison de toutes les composantes de la vulnérabilité systémique apportent des éclairages sur ces questionnements. Si les incertitudes sur l'avenir restent grandes, il existe aussi des certitudes qui requièrent de penser l'adaptation des territoires littoraux sur le temps long.
Catherine Meur-Ferec est professeure de géographie du littoral à l'université de Brest. Son approche, d'abord orientée vers la géomorphologie, s'est progressivement diversifiée vers des questions de gestion intégrée des zones côtières et de risques côtiers dans un contexte de changements climatiques. Elle travaille depuis une vingtaine d'années sur la vulnérabilité systémique des territoires côtiers aux risques d'érosion et de submersion, intégrant les questions d'aléas, d'enjeux, de gestion et de représentations.
Publications
Meur-Férec C., "Risques côtiers : des littoraux toujours sous pression", in Rebotier J. (coord.), Les Risques et l'Anthropocène. Regards alternatifs sur l'urgence environnementale, Éditions ISTE, 2021.
Meur-Férec C., Le Berre I., Cocquempot L., Guillou E., Henaff A, Lami T, Le Dantec N., Letortu P. & Philippe M., "Une méthode de suivi de la vulnérabilité systémique à l'érosion et la submersion marines", Développement durable et territoires, Vol. 11, n°1, 2020.
Adélie POMADE
Adélie Pomade est Enseignant-chercheur HDR à l'université de Bretagne Occidentale et chercheur à l'UMR AMURE. Elle travaille sur le rapport du droit à l'évolution des socio-écosystèmes pour reconnecter la théorie juridique et ses applications aux réalités sociétales mouvantes et évolutives. Abordant la question de la prospective mobilisée par les gestionnaires et les acteurs locaux (privés, associatifs, citoyens…) pour dessiner les trajectoires de gestion de demain, Adélie Pomade propose d'y associer la réflexion juridique en envisageant de manière originale la formulation de scénarios en droit (A. Pomade, "Conjuguer le droit du présent au futur pour réduire l'hyperfréquentation nautique", in F. Haumont, J. Sambon (dir.), Mélanges Benoit Jadot, Larcier, 2021).
Robert SLOMP : Les Pays-Bas face à la montée des eaux : quelle stratégie pour le long terme et comment répondre aux différents enjeux ?
Les Pays Bas doivent se préparer pour après 2100. Les décisions que nous prenons maintenant ne doivent pas bloquer des solutions pour des futurs problèmes. Notre programme de recherche a cinq volets : Comment déterminer quels scénarios sont à envisager pour 2100, 2200 et 2300 ? Ceci dépend des Scénario RCP (Representative Concentration Pathway) et surtout de la situation en Antarctique ; Comment élaborer une systématique pour déterminer les défis causés par des scénarios de 1, 2, 3 et 5 m de montée du niveau de la mer et de changement de débit des fleuves (qui soient cohérents avec les mêmes RCP). Est-ce que la politique choisie en 2014 est encore valable pour le futur ? ; Détecter à temps la montée du niveau de la mer pour avoir des financements pour la recherche et prendre des mesures. Par exemple après les rapports annuels de IPCC/GIEC ; Élaborer et évaluer les mesures pour le futur ; Élaborer une politique d'implantation des mesures par étapes, la gouvernance, la communication avec le grand public. C'est sur ces questions que portera cette contribution.
Robert Slomp a étudié à l'université de Wageningen aux Pays Bas de 1982-1988. Il a travaillé en Afrique francophone (le Benin et le Tchad) de 1989 à 1997 pour des ONG dans le domaine hydraulique, retenues d'eau/eau potable. Depuis 1998, il travaille pour Rijkswaterstaat, une agence du Ministère de l'Infrastructure et de Gestion d'Eau. Il est responsable pour la recherche en charge hydraulique sur les digues, dunes et ouvrages d'art et pour élaborer les logiciels consistant à vérifier et (re)construire les 3600 km d'ouvrages aux Pays Bas. Il a écrit un livre et plusieurs articles sur la Tempête Xynthia en 2010.
Emmanuelle VAGNON-CHUREAU : La cartographie des océans, une histoire au long cours
Sur les représentations du monde les plus anciennes, l'océan est souvent figuré comme un anneau encerclant les terres et figurant ainsi la limite du monde connu. L'océan, ouvert vers l'inconnu, se distingue ainsi des mers plus petites et closes, dont les noms reflètent les habitudes de navigation antiques et médiévales. Vers la fin du Moyen Âge en Europe, des cartes marines donnent à voir de manière plus précise les accidents des côtes, les hauts fonds et les bancs de sable. Élargies à la mesure des explorations du globe, elles accompagnent l'essor des grandes puissances maritimes européennes. La production manuscrite se double alors d'une diffusion imprimée, sous la forme de cartes de divers formats et d'atlas nautiques, confiés à partir de l'époque moderne à des ingénieurs hydrographes spécialisés. L'histoire des cartes marines reflète jusqu'à aujourd'hui l'évolution technologique de la cartographie et des méthodes de navigation. Mais elle nous invite encore et toujours à réfléchir sur le rapport des civilisations humaines à l'espace maritime et leur manière de le concevoir et de l'apprivoiser.
Emmanuelle Vagnon-Chureau est historienne, chargée de recherche au CNRS, rattachée au Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris (UMR 8589-Université Paris1 Panthéon-Sorbonne). Spécialiste de la cartographie et des représentations de l'espace au Moyen Âge et à la Renaissance.
Publications
L'Âge d’or des cartes marines. Quand l'Europe découvrait le monde, C. Hofmann, H. Richard & E. Vagnon (dir.), Paris, BnF, 2012.
La Fabrique de l'océan Indien. Cartes d'Orient et d'Occident, E. Vagnon & E. Vallet (dir.), Paris, Publications de la Sorbonne, 2017.
Frédérique VIARD : La biodiversité marine à l'Anthropocène : singularités, pressions et réponses
La biodiversité marine est singulière, comme en témoigne la présence de lignées évolutives qui lui sont uniques. Elle est pourtant encore largement méconnue, car pour l'essentiel cachée à nos yeux. Elle a de plus longtemps été considérée comme relativement épargnée des pressions résultant des activités humaines, par comparaison aux milieux terrestres. Pourtant, de multiples menaces et pressions d'origine anthropique s'y exercent : changement climatique, changements d'usage des mers (e.g., artificialisation des milieux marins), exploitation des ressources naturelles, pollution et invasions biologiques. Ces pressions cumulatives entrainent des transformations majeures des écosystèmes marins, à une échelle globale et sur le long terme, en altérant leur fonctionnement mais également en bouleversant les frontières biogéographiques et en influençant la trajectoire évolutive des espèces marines. Ces pressions sont ainsi à l'origine de changements avérés de la biodiversité marine, sur l'ensemble de ses composantes, qu'elles soient génétiques, taxinomiques ou fonctionnelles.
Frédérique Viard est directrice de recherche au CNRS. Ses recherches sont ancrées dans les domaines de l'écologie et de la biologie évolutive des espèces marines côtieres, avec un focus sur les processus de dispersion dus aux activités humaines (invasions biologiques). Elle est membre de groupes d'experts nationaux et internationaux, notamment concernant les espèces non indigènes et les transports maritimes (CIEM ITMO et BOSV) et a été un auteur principal pour l'évaluation régionale ECA de l'IPBES.
SOUTIENS :
• Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer)
• Institut écologie et environnement du CNRS (INEE)
• Conservatoire national des arts et métiers (Cnam)
• Fondation Clarens