![Illustration du Foyer de création et d’échanges [2023]](https://cerisy-colloques.fr/wp-content/uploads/2023/11/foyer2023EH.jpg "Illustration du Foyer de création et d'échanges [2023]")
Sur les trois thèmes choisis deux ont fait l'objet de travaux collectifs tandis que le troisième, Découverte des oiseaux, a été reporté à l'année suivante :
1) terre-mer ou TERREMER,
2) lectures élargies à différentes productions (textes, sons, images, paysages).
Un principe d'articulation ARTS/SCIENCES/NATURE
Au croisement des arts, des sciences du vivant et de l'approche paysagère, il est proposé aux personnes intéressées par les thèmes traités, de mettre en œuvre ce principe selon un apprentissage raisonné et sensible réalisé au sein des milieux proches du CCIC.
Le Foyer, VECTEUR DE MÉDIATION CULTURELLE
Le Foyer expérimente ainsi en 2023 un objectif complémentaire de médiation culturelle, à partir de l'hypothèse suivante : grâce à la présence conjointe d'artistes, de scientifiques et de professionnels, il semble possible de concevoir une offre à l'intention d'un public élargi, laquelle sera ensuite déployée sur le territoire normand avec le concours d'un réseau d'acteurs culturels et éducatifs locaux [présentation ci-dessous].
Le Foyer, LABORATOIRE DE RÉFLEXION ET D'EXPÉRIMENTATION POUR CERISY
Le Foyer permet de nourrir la cartographie sensible du parc de Cerisy, esquissée en 2022 avec le concours du C|A.U.E de la Manche avec les arbres singuliers de la propriété, dans la perspective d'un projet paysager du site.
Il offre aussi l'opportunité aux personnes ou aux groupes qui le souhaitent d'amorcer un prochain colloque en formulant des questions à traiter (comme, par exemple en 2022, le Foyer Que peut la littérature pour les arbres ?, animé par Colette CAMELIN, qui a donné lieu au colloque Que peut la littérature pour les vivants ? en juin 2023).
En 2024, deux colloques sont en lien avec les thèmes du Foyer 2023 :
- "Vers des politiques des cycles de l'eau" (dir. M. Rollot, M. Schaffner) ;
- "Histoire de vie, récits et savoirs expérientiels en formation et santé" (dir. H. Breton).
Par Edith HEURGON
La quatrième édition du Foyer de création et d'échanges s'est tenu du 2 au 16 août, sans autres activités en parallèle. La première semaine, très pluvieuse, a réuni une vingtaine de résidents, dont un groupe d'artistes, alors que la seconde, fort ensoleillée, s'est limitée à une dizaine. Selon le même principe que les années précédentes, les résidents avaient pour objectif de réaliser un projet personnel, en bénéficiant de l'hospitalité du lieu, de la richesse de la bibliothèque, de la proximité de la mer. Toutefois, souhaitant contribuer à promouvoir la lecture (déclarée comme grande cause nationale), la formule choisie s'est distinguée des premières éditions. En effet, avant d'engager un effort de médiation culturelle auprès de nouveaux publics, le CCIC a voulu engager une phase de création.
Dans cette perspective, après quelques échanges préliminaires, une demi-douzaine d'artistes se sont retrouvés à Cerisy à l'occasion du Foyer pour travailler ensemble sur la thématique, "Lire avec les vivants", entendue au sens large. Au regard d'un principe d'articulation Arts/Sciences/Nature, la perspective choisie a été de mettre les arts et les sciences à l'épreuve du territoire, en l'occurrence le bassin versant de la Sienne. En effet, cette démarche fait suite à une résidence d'artistes réalisée par Marin Schaffner avec les photographes Jérémie Dru et Antoine Séguin sous le titre "À la recherche de Constantia, arpenter le bassin-versant de la Sienne en mots et en images". Cette résidence a débouché sur un livre et une exposition. Installée à Cerisy au mois d’août, les participants au Foyer l'ont découvert avant de se réunir pour présenter leurs projets personnels et débattre ensemble des créations à engager pour réaliser un livre-objet (proposition faite par Prisca Lobjoy), nommé TERREMER (nom suggéré par Marin Schaffner en écho à l'ouvrage d'Ursula Le Guin). Un calendrier de la première semaine a été établi, intégrant les différentes activités prévues.
Colette Camelin, animatrice du Foyer 2022 : "Que peut la littérature pour les arbres ?" et directrice du colloque : Que peut la littérature pour les vivants ? en 2023, a tiré des leçons de ces expériences précieuses. Sur la base du calendrier établi collectivement, Marin Schaffner a guidé une déambulation dans l'estuaire de la Sienne à Regnéville-sur-Mer et, deux jours plus tard, une balade de la source du Rabec à sa confluence avec la Soulles. Chemin faisant, son équipe a initié les résidents à une démarche de lecture raisonnée et sensible du paysage, faite d'arpentage, d'observation, de collecte, de travaux collectifs, d'écriture et de lecture…
Sur la base des arpentages, des matériaux recueillis et de plusieurs ateliers d'écriture/lecture (animés par Paule Brajkovic), trois après-midi/soirées de travail intense ont été consacrés à la fabrique de la boîte TERREMER avec un premier cercle actif (Prisca Lobjoy, Marin Schaffner, Alice Barbaza, Clémence Mathieu, Anna Desreaux). Son contenu regroupe des dessins pris sur le vif, des cartes et chemins à lire, des textes d'écofiction et brefs poèmes, des photographies qui deviennent autant d'images artistiques, des partitions musicales et des chansons… À partir de la tangue prélevée dans l'estuaire (sédiment marin de la Manche, formée d'une fraction sablonneuse à base de débris coquillers calcaires fins et d'une fraction vaseuse de limons et d'argiles déposés dans la zone de balancement des marées), Philippe Doutrelepont a réalisé des sculptures insérant des os de sèches ou modelant une femme-phoque.
Les autres résidents ont participé aux promenades et, selon leur disponibilité, ont apporté leur concours à cette œuvre collective, par exemple en contribuant à l'écriture d'une sorte de "cadavre exquis".
Dès le 8 août, en fin de journée, une quinzaine d'acteurs culturels de la Manche et de la Normandie nous ont rejoints pour découvrir l'avancée des travaux : la présentation des contenus du livre-objet ont nourri des échanges aussi fructueux que bienveillants. Après un buffet dinatoire, Marin Schaffner a présenté une conférence-atelier : "Lire de façon écocentrée".
Le Foyer s'est ensuite poursuivi avec un effectif réduit, mais un temps ensoleillé qui a permis de prendre de délicieux bains de mer sur les plages du voisinage. Prisca Lobjoy, seule artiste présente, a trouvé le temps de confectionner trois boîtes identiques marquant une étape importante de la création d'une œuvre dont Cerisy se réjouit d'avoir permis l'émergence. Les autres résidents ont poursuivi leurs travaux personnels et passé certaines soirées ensemble (lectures de poésie, projection de films, ultime atelier d'écriture…). Les deux personnes qui sont venus seulement la seconde semaine ont manifesté un certain regret de ne pas avoir pu accompagner les balades dans le bassin-versant et concourir à cette création collective. Toutefois, sur une proposition de Prisca Lobjoy, une promenade nocturne a été organisée sur le Chemin du monde comme il vient, et d'ailleurs la nuit.
© Prisca Lobjoy
© Prisca Lobjoy
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Avec le concours du C|A.U.E de la Manche, se sont retrouvés le 13 octobre à Cerisy une trentaine d'acteurs culturels : la présentation de la boîte, la lecture de quelques textes d'écofiction particulièrement émouvants, ont été suivies d'un débat très riche.
De manière générale, la réception de l'objet artistique a été bien accueillie et a suscité un vif intérêt d'une variété de personnes et débouché sur une discussion sur la diversité d'usages. La démarche favorise la construction de liens entre des personnes qui ne se connaissent pas encore afin qu'elles puissent vivre, penser et créer avec ensemble (caractéristique de Cerisy et sa capacité d'être un lieu créatif). Cette "boîte" surprend, peut permettre de porter un regard apaisé alors que les situations traitées peuvent susciter angoisses, voire peurs (le soulèvement de la mer).
Parmi les usages à développer, un des enjeux est de renforcer chez les différents acteurs la prise en compte des dimensions sensibles dans toutes sortes de situations : pédagogiques (dès le plus jeune âge, école du dehors, collèges, lycées, …) ; professionnelles (patrimoine, livre et lecture, arts vivants, …) avec les bibliothèques et musées ; avec les collectivités en charge d'aménager, de gérer ou d'animer les territoires, cette approche, donnant une place plus forte à la culture, peut aider à forger des représentations communes aux acteurs des territoires, à porter un regard décalé sur d'éventuels projets d'aménagement, et suggère l'idée d'un vivre-ensemble au sein d'un territoire, partagé avec les habitants.
S'agissant des médiations à engager, deux dispositifs peuvent être mis en œuvre en 2024 : d'une part, la démarche avec le collège Anne Heurgon-Desjardins de Cerisy autour du Rabec (Aline Claudeau, avec Anne Bas pour Cerisy, ainsi que Marin Schaffner), avec de la danse, une éco-fiction…, dont les résultats seront présentés au colloque de mai 2024 sur Les politiques des cycles de l'eau ; d'autre part, les usages proposés par C|A.U.E de la Manche dans ses relations avec les collectivités ou dans les balades organisées par Stéphanie Langevin dans d'autres lieux.
Par ailleurs, les travaux vont se poursuivre avec le groupe d'artistes selon trois axes : finaliser cette création, en présentant à plusieurs voix le contenu de la boîte, la démarche adoptée, les créatrices et créateurs qui l'ont fabriquée, le lieu d'émergence du projet, ainsi que ses modes opératoires ; spécifier les médiations à déployer sur le territoire en lien avec les acteurs culturels ; enfin structurer les processus de coordination entre les différents partenaires en donnant toute leur place aux artistes. Cette première expérimentation de création dans un Foyer cerisyen sera aussi documentée, de manière à pouvoir être mise en partage…