Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


LA PERFORMANCE COMME MÉTHODE

QUAND LES ARTS VIVANTS RENCONTRENT LES SCIENCES SOCIALES


DU SAMEDI 21 SEPTEMBRE (19 H) AU VENDREDI 27 SEPTEMBRE (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Marion BOUDIER, Yann CALBÉRAC, Chloé DÉCHERY, Michel LUSSAULT


ARGUMENT :

Si les rencontres entre les arts et les sciences se multiplient selon des modalités diverses qui déplacent les limites entre domaines, ces rapprochements permettent de questionner les complémentarités qui opèrent entre les pratiques des artistes et des scientifiques. Ce colloque mettra en scène les rencontres qui existent déjà entre les arts vivants (théâtre, danse ou performance) et les sciences sociales, en portant l'accent sur les démarches de terrain. Et cela pour décloisonner les disciplines et langages en envisageant la circulation d'un champ à l'autre, mise en œuvre sous l'angle de la performance, afin de favoriser au cœur du colloque un travail expérimental.

Nous questionnerons ce qu'est un colloque de Cerisy, c'est-à-dire à la fois cette forme très normée (modalités et attendus) de manifestation scientifique, mais aussi le lieu qui l'accueille et qui lui confère à la fois sa spécificité et son ancrage dans une tradition intellectuelle. Les espaces du château deviendront des laboratoires d'expérimentation où étudier la spécificité d'un colloque : non plus un lieu où l'on parle entre soi, mais un lieu de création, un lieu d'hospitalité où la co-présence est essentielle à un dialogue en action. Le programme sera structuré autour d'ateliers de retours d'expérience ou d'échanges de pratiques, mais aussi de performances et de restitutions de travaux. La configuration du château, tout comme l'esprit qui y règne, invite à forger une petite communauté qui habite Cerisy pendant une semaine comme une ressource, un terrain ou un corpus commun. Plutôt que de débattre de savoirs déjà là, nous habiterons ce lieu pour douter, expérimenter, penser ensemble, faire laboratoire. Par ses espaces, son fonctionnement institutionnel, sa communauté intellectuelle, son histoire, ses matières de créer, le Centre culturel permettra d'accomplir des gestes au croisement entre arts du spectacle et sciences sociales (se situer, observer, collecter, arpenter, enquêter, documenter, intervenir, interpréter, traduire, raconter, restituer…). Un colloque en actes, avant la publication des Actes du colloque sous la forme d'un manifeste et d'un cahier d'activités.

Alors que se développent des démarches de recherche-création et du practical turn des humanités et des sciences sociales, l'on s'intéressera aux gestes artistiques comme processus de recherche, aux pratiques donnant forme à des recherches et savoirs propres à l'action ou à la performance. Nous expérimenterons ces productions de "savoirs situés" et dégagerons la spécificité des savoirs incarnés ainsi que les liens entre recherche artistique et recherche académique dans une approche dialogique (et donc hétérogène), interdisciplinaire et expérientielle.


MOTS-CLÉS :

Arts vivants, Enquête, Essai, Expérience, Hybridité, Matériaux, Méthode, Performance, Protocole, Recherche-création, Sciences sociales, Terrain, Théâtre


CALENDRIER PROVISOIRE (12/03/2024) :

Samedi 21 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Dimanche 22 septembre
Matin
En parallèle
"Atelier", animé par Guillermo PISANI, avec Caroline ARROUAS
"Atelier", animé par Emma BIGÉ

Après-midi
En parallèle
"L'usage du terrain", atelier animé par Rémy HÉRITIER
"Atelier", animé par Barbara MÉTAIS-CHASTANIER

Remue-méninges

Soirée
La dispute, avec Mathieu POTTE-BONNEVILLE


Lundi 23 septembre
Matin
En parallèle
"Atelier", animé par Emma BIGÉ
"Atelier", animé par Barbara MÉTAIS-CHASTANIER

Après-midi
En parallèle
"Mise en pratique de la géoscénographie", atelier animé par Carolina E. SANTO
"L'usage du terrain", atelier animé par Rémy HÉRITIER

Remue-méninges

Soirée
Temps d'échange, avec Frédérique AÏT-TOUATI


Mardi 24 septembre
Matin
En parallèle
"Atelier", animé par Barbara MÉTAIS-CHASTANIER
"L'usage du terrain", atelier animé par Rémy HÉRITIER

Après-midi
En parallèle
"Atelier", animé par Emma BIGÉ
"Atelier", animé par Guillermo PISANI, avec Caroline ARROUAS

Remue-méninges

Soirée
Temps d'échange, avec Patrick BOUCHERON


Mercredi 25 septembre
Matin
En parallèle
"Atelier", animé par Emma BIGÉ
"Thésée sa ville nouvelle", atelier animé par Camille DE TOLEDO

Après-midi
En parallèle
"Atelier", animé par Guillermo PISANI, avec Caroline ARROUAS
"L'usage du terrain", atelier animé par Rémy HÉRITIER

"Mise en pratique de la géoscénographie", atelier animé par Carolina E. SANTO

Soirée
Performance de Chloé DÉCHERY


Jeudi 26 septembre
"HORS LES MURS"
LE PRÉAU | CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL DE NORMANDIE (VIRE)

- Nicolas NOVA
- EAC Thésée [sous réserve]
- Répétitions de Sorcières (titre provisoire) [mise en scène de Lucie Berelowitsch et textes de Penda Diouf]

MUSÉE DE VIRE NORMANDIE
- Visite de l'exposition "Croyances" [sous réserve]
- Discussion collective


Vendredi 27 septembre
Matin
"Atelier conclusif", animé par Philippe ARTIÈRES

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

• Arlander A., Barton B., Dreyer-Lude M., Spatz B. (dir.), Performance as Research. Knowledge, Methods, Impact, Routledge, 2018.
• Bigé E., Mouvementements. Écopolitiques de la Danse, La Découverte, 2023.
• Boudier M. et Déchery C. (dir.), Artistes-chercheur·es, chercheur·es-artistes. Performer les savoirs, Les presses du réel / ArTec, 2022.
• Delacourt S., Schneller K., Théodoropoulou V. et Abonnenc M. K. (dir.), Le chercheur et ses doubles, Éditions B42, 2015.
• Grésillon B., Pour une hybridation entre arts et sciences sociales, CNRS Éditions, 2020.
• Jocqueviel-Bourjea M., Châtelet C., Pinel K., Morant A. de, et Groupierre K. (dir.), L'atelier en acte(s). Espaces de création, création d'espace, Hermann, 2023.
• Losco-Lena M., Faire théâtre sous le signe de la recherche, PUR, 2017.
• Manning, E. et Massumi, B., Pensée en acte. Vingt propositions pour la recherche-création, ArTeC / Les presses du réel, 2018.
• Nova, N., Exercices d'observation. Dans les pas des anthropologues, des écrivains, des designers et des naturalistes du quotidien, Premier Parallèle, 2022.
• Toledo C. de, Imhoff A. et Quiros, K., Les potentiels du temps. Art et politique, Manuella éditions, 2016.


SOUTIENS :

• Institut universitaire de France (IUF)
• Laboratoire "Environnement, Ville, Société" (EVS - UMR 5600) | ENS de Lyon
Performer les savoirs


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


Avant de remplir ce bulletin, consulter la page Inscription de notre site.

Tous les champs marqués d'un (*) doivent être renseignés.


Présentation personnelle


Adresse personnelle ou professionnelle
Ces renseignements figureront sur la liste des participants qui sera remise lors du colloque.


Sélectionner la mention adéquate (le statut de contributeur est défini au préalable, en accord avec le CCIC, par la direction du colloque).


Versement à effectuer

Frais de séjour : *

Total à verser :

Si différente, merci d'indiquer une adresse de facturation


[ Formats autorisés : jpg, jpeg, png, pdf, doc, docx, txt ]
Vous pouvez ajouter ici, si besoin, les documents nécessaires pour compléter votre inscription : copie de carte d'étudiant(e), justificatifs de revenus, ...


Précisions à nous communiquer pour l'agrément de votre séjour :
[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.

Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


L'ASSURANCE AU DÉFI DES RUPTURES


DU JEUDI 12 SEPTEMBRE (19 H) AU MERCREDI 18 SEPTEMBRE (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Jean-Louis BANCEL, Laurence BARRY, Pierre FRANÇOIS

Colloque organisé dans le cadre du Cercle des partenaires


ARGUMENT :

Depuis la fin du XVIIIe siècle, l'assurance s'est imposée comme un dispositif qui confère de la résilience aux activités humaines, en proposant une compensation lorsque se réalise le risque qui les pénalise. La place de cette activité s'est accrue, pour s'incarner, à la fin du XXe siècle, dans une "société du risque"(1). Elle est devenue un rouage essentiel de l'industrialisation et de l'extension d'un progrès qui se retourne, parfois, contre nous.

La notion de risque évolue et est associée à la finance dont l'assurance n'est devenue qu'une des composantes. La crise de 2008, l'accélération des risques naturels extrêmes (cyclones, sécheresses, etc…) et la pandémie de Covid ont bousculé les certitudes sur la capacité du couple assurance/finance à apporter des solutions pour faire face aux risques du monde de demain.

Le choc de plusieurs ruptures, technologiques (mobilisation des données massives), sociales et économiques (propension des parties prenantes, offreurs comme demandeurs, à faire en sorte que chacun "paie son propre risque"), invite à repenser les fondements de l'assurance, ses objectifs et les techniques mises en œuvre pour les atteindre.

Face à la montée de périls globaux (dépassement des capacités de la Terre, évolutions climatiques…) mais aussi de nouvelles opportunités (médecine personnalisée…) les ressorts traditionnels de l'assurance (aléa, mutualisation, solidarité) sont-ils encore pertinents et opératoires ?

Les participants au colloque s'interrogeront sur les limites et les perspectives d'évolution de l'assurance. Ils tenteront d'esquisser des pistes "d'atterrissage"(2) pour l'assurance.

Les échanges dans l'enceinte du château se combineront avec des visites, en Normandie, permettant d'appréhender des situations, de risques (montée des eaux marines ou confrontation entre des risques industriels et préservation de sites naturels), où l'Assurance/Finance est mise à l'épreuve.

(1) "La société du risque. Sur la voie d'une autre modernité", Ulrich Beck, Champs, n°822, Champs essais, 2008.
(2) Où atterrir ? Comment s'orienter en politique, Bruno Latour, La découverte, 2017.


MOTS-CLÉS :

Assurabilité, Catastrophes, Données massives, Financiarisation, Individualisation du risque, Intelligence artificielle, Réchauffement climatique, Solidarité


CALENDRIER PROVISOIRE (22/03/2024) :

Jeudi 12 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Vendredi 13 septembre
Matin
Ouverture du colloque, par Jean-Louis BANCEL, Laurence BARRY & Pierre FRANÇOIS

Quart d'heure de la Fabrique de l'Assurance

Le risque avant l'assurance, la naissance de l'assurance moderne
Histoire : deux éclairages, par Alberto CEVOLINI (Gambling on Claim Frequency : Loss Expectation and the Spread of Risks in Pre-Modern Insurance) et Julien CARANTON

Après-midi
L'assurance moderne ses fondements et ses limites
Comment, par la construction du marché unique européen, l'Assurance s'est-elle encastrée dans la Finance de marché, table ronde animée par Pierre FRANÇOIS, avec Jean-Louis BANCEL, Florence PICARD et Marc PORIN

Turo-Kimmo LEHTONEN

Soirée
L'assurance française, prisonnière de la finance ou en capacité à répondre aux défis de demain ?, débat animé par Jean-Louis BANCEL, avec Nicolas GOMART et Florence LUSTMAN


Samedi 14 septembre
LES RELATIONS ENTRE L'ASSURANCE ET L'ACTIVITÉ FINANCIÈRE DE MARCHÉ
Matin
Quart d'heure de la Fabrique de l'Assurance

Évolutions de la Finance contemporaine et interaction avec l'Assurance
Paul LAGNEAU-YMONET

Ce que le contrôle par la solvabilité fait à l'Assurance
Pierre FRANCOIS
Hélène NDYAYE

Après-midi
Assurance et finance stop ou encore ?, table ronde animée par Sylvestre FREZAL, avec Hubert RODARIE et Pierre VAYSSE

Mutualisme et assurance, frère siamois ou frères ennemis ? L'avenir du mutualisme : l'assurance ou la solidarité ?, table ronde animée par Laurence BARRY, avec Cyril BENOIT, Christian OYARBIDE et Séverine SALGADO

Soirée
Performance artistique


Dimanche 15 septembre
Matin
Quart d'heure de la Fabrique de l'Assurance

Le traitement des données massives une nouvelle ère pour l'assurance ?
Laurence BARRY
Arthur CHARPENTIER

Big data et santé, table ronde avec Chloé BERUT et Maud KAMAL

Après-midi
L'Intelligence artificielle générative ouvre-t-elle une nouvelle ère pour l'assurance ?
Louis ABRAHAM
Nicolas BERKOUK

Soirée
Performance artistique


Lundi 16 septembre
Matin
Quart d'heure de la Fabrique de l'Assurance

Les risques "catastrophes" un renversement du monde ? Indemniser ou rétablir la nature ? Comment les assureurs peuvent-ils répondre au défi ?
Benoit GIRY
Frédérique CHLOUS

Quand la terre ne tourne plus rond, comment peut-on encore être assureur ?, table ronde animée par Laurence BARRY, avec Patrick DEGIOVANNI (Regard d'un assureur et d'un spécialiste de la prévention des risques) et Myriam MERAD

Après-midi
"HORS LES MURS"
Visites de terrain : Surveiller, prévenir, traiter, réparer ou quelle articulation entre sciences et assurances ?
Visite du groupement de laboratoires départementaux (Manche, Orne, calvados) LABEO en charge de la sécurité alimentaire, animale, produits de la mer. Avec un axe sur épizooties et pollution et contagion dans les parcs à huitres.


Mardi 17 septembre
MAINTENANT ET DEMAIN ?
Matin
Quart d'heure de la Fabrique de l'Assurance

L'État assureur en dernier ressort ou davantage ?
Daniel BENAMOUZIG
Thierry COHIGNAC
Mireille MARTINI : Le rôle de l'État dans la régulation macroprudentielle de l'assurance face aux risques climatiques
Cyril BENOIT

La prévention, comment les assureurs embarquent-ils cette activité aux externalités positives ?, table ronde animée par Roland NUSSBAUM, avec Nicolas BAUDUCEAU et Véronique LEHIDEUX

Après-midi
Atelier de Conception

L'assurance vers de nouvelles visions du monde. Business model et enjeux éthiques, table ronde avec Martin LANDAIS et Sandrine LEMERY

Soirée
Performance artistique


Mercredi 18 septembre
Matin
SÉANCE FINALE
Quart d'heure de la Fabrique de l'Assurance

Tour de table de conclusion

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Jean-Louis BANCEL
HEC (78). ENA (82). DESS droit.
Ancien haut fonctionnaire à la Direction des Assurances. Dirigeant dans des entreprises mutualistes d'assurance de dommages et de personnes. Ancien dirigeant de banque. Fondateur du "think-tank" La Fabrique de l'Assurance.

Laurence BARRY
École Polytechnique (X87). ENSAE (92). PhD en philosophie politique. Ingénieure générale des mines.
Chercheur affiliée au CREST-ENSAE, mène de front des activités de recherche et de conseil en actuariat. Co-titulaire de la Chaire PARI (Sciences Po/ENSAE). Sa thèse, Foucault and Postmodern Conception of Reason, a été publiée en 2020.

Pierre FRANÇOIS
Diplômé Sciences Po Paris (94). ENS Cachan (97). Agrégation Sc. Sociales (96) Docteur en sociologie (EHESS 96).
A été professeur à l'École Polytechnique et directeur du département de sociologie de Sciences Po, il est depuis 2017 doyen de l'École de la recherche de Sciences Po. Co-directeur de la Chaire PARI de Sciences Po/ENSAE. Auteur, notamment, de Financiariser l'assurance et, avec Claire Lemercier, de Sociologie historique du capitalisme.


Patrick DEGIOVANNI : Regard d'un assureur et d'un spécialiste de la prévention des risques
Un assureur n'existe que parce qu'il y a du risque et donc une croissance du risque peut tout à fait apparaître comme une opportunité. Mais il y a plusieurs limites à cette vision : Capacité à quantifier un risque pour le tarifer ? Inassurabilité du risque certain ! Limites de la mutualisation et de la segmentation ? Besoin de fonds propres croissants et réassurance ! Acceptabilité des primes par le client potentiel ?

Patrick Degiovanni est statisticien économiste et actuaire de formation, assureur pendant 40 ans, spécialisé en assurance dommages et en dernier lieu directeur général adjoint de Pacifica, la compagnie d'assurance dommages du Crédit Agricole. Il est aujourd'hui président du CNPP (Protection et Prévention), du FGAO (Fonds de Garantie des Assurances Obligatoires).

Mireille MARTINI : Le rôle de l'État dans la régulation macroprudentielle de l'assurance face aux risques climatiques
Face aux risques climatiques, les régulateurs macroprudentiels européens s'orientent vers une hiérarchie des solutions où l'État n'intervient qu'en tout dernier ressort. En s'appuyant sur des exemples de pays où ce type de choix a été fait, on s'interrogera sur son bilan socio-économique et sur une option alternative qui pourrait être "davantage d'État".

Diplômée de l'ESSEC en 1985, Mireille Martini a mené une carrière bancaire en financement de projets internationaux (Calyon à Moscou, BERD à Londres, Caisse des Dépôts à Paris). En 2015, elle s'est orientée vers la finance climat passant notamment par l'OCDE. Elle est l'auteur, avec l'économiste Alain Grandjean, de l'ouvrage Financer la transition énergétique (Éditions de l'Atelier, 2016) et de l'article "Watered down ? Investigating the materiality of water related risks in the financial system" (publications de l'OCDE).

Florence PICARD
Docteur en mathématique, diplômée de Sciences Cognitives et membre de l'institut des actuaires, Florence Picard a exercé sa carrière professionnelle en tant que directeur et directeur général dans la finance et l'assurance. Elle occupe maintenant des fonctions d'administrateur et de membre de comités scientifiques, notamment : administrateur de HSBC Assurance et présidente du comité d'audit et des risques, membre du Comité des Chaires et du conseil scientifique du CNAM, membre du comité de direction de l'ILB, membre du CA de la Société Française de Statistiques. Elle anime depuis 2013 des groupes de travail sur les sujets du numérique : machine Learning, intelligence artificielle, blockchain, et plus récemment sur le thème "Anticiper en Univers Incertain" et l'assurabilité des risques . Elle intervient également dans les instances de fondations et associations de solidarité : Institut du Cerveau, Ligue contre le Cancer, Partage avec les enfants du monde.


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


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Présentation personnelle


Adresse personnelle ou professionnelle
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Total à verser :

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Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


PORTS ET PORTES


DU MERCREDI 4 SEPTEMBRE (19 H) AU MARDI 10 SEPTEMBRE (journée au Havre) 2024

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Sabine CHARDONNET-DARMAILLACQ, Perig PITROU, Arnaud SERRY

Colloque organisé dans le cadre du Cercle des partenaires


ARGUMENT :

Les portes matérialisent les passages, les seuils et les cultures. Les ports reflètent la complexité du monde qui se manifeste dans des échanges intentionnels, contrôlés, masqués ou accidentels, qui inscrit des limites construites, vivantes ou rêvées, parfois dissonantes dans nos territoires entre mer et terre. Ports & Portes interrogent les dialogues et métabolismes de ces deux milieux étroitement combinés qui, au-delà du rôle d'approvisionnement ou de relâche, renvoient à une philosophie du monde où s'entrelacent terres et mers. Entre le quai, lisière du mouvant, horizon du voyage, espace logistique, seuil d'un territoire et la ville portuaire, lieu de ce qui demeure durablement, se tissent des paysages, des usages et des destins croisés que nous allons explorer. Penser le port en coupe entre air, terre et mer, ainsi que dans la profondeur de son hinterland et que dans la coïncidence des échelles de ses réseaux locaux et mondiaux est d'autant plus urgent que planent des incertitudes concernant le fonctionnement et les contours de nos milieux de vie.

Les intervenants représentant plusieurs disciplines, cultures et champs d'action aborderont les ports dans une perspective historique et spatiale pour réfléchir à leurs développements futurs. Collectivement nous discuterons de potentiels d'action, de changement de modèles, d'utopies ou rêves abandonnés dans une perspective de co-construction de la ville et du port de demain.


MOTS-CLÉS :

Changement d'échelles et systèmes complexes, Énergies du futur, Équilibres territoriaux, Imaginaires et représentations, Liens vivant et société, Métabolismes, Métiers de la mer et logistique, Relations terre-mer, Seuils et limites, Villes portuaires


CALENDRIER PROVISOIRE (23/02/2024) :

Mercredi 4 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 5 septembre
PERCEPTIONS, RÉCITS, IMAGINAIRES, HISTOIRE ET FUTURS DES PORTS
Matin
Sabine CHARDONNET-DARMAILLACQ, Perig PITROU & Arnaud SERRY : Introduction
Sabine CHARDONNET-DARMAILLACQ : De quoi les ports sont-ils les portes ?
Carola HEIN : Ports de rêves, rêves de ports : exploration des imaginaires villes ports, passé, présent et futur

Après-midi
André TAVARES : La sardine et l'architecte. Comment les poissons construisent le paysage et les bâtiments transforment les écosystèmes marins
Yann ALIX : Ports et portes dans un monde maritime turbulent : leçons géopolitiques et pensées prospectives
Magnus MAARBJERG : Travailler avec l'eau pour créer des espaces innovants et durables (Port de Copenhague)

Présentation des deux expositions "Ports Vivants" et "PorTraits"

Soirée
Damien CHARDONNET-DARMAILLACQ : Variations littéraires, à propos des mondes maritimes et portuaires


Vendredi 6 septembre
TERRITOIRES ET DYNAMIQUES DES ESPACES PORTUAIRES
Matin
Romuald LACOSTE : La territorialisation et les dynamiques d'évolution des espaces portuaires
Sylvain DOURNEL : Géohistoire des plaines de l'estuaire de la Seine : une diversité de relations entre les ports et leur hinterland (en collaboration avec Laurence LESTEL)

Après-midi
Michel SEGAIN : Les grands ports maritimes et les ports territoriaux, une chance pour la France
Adam PRZYBYLOWSKI : Port et ville intelligente – un mythe ou un enjeu ?

Soirée
Jean-Marc ZEKRI : Les ports font leur cinéma


Samedi 7 septembre
Matin
INTERFACES VILLE-PORT
Alberto CAPPATO : Quels bateaux et quels ports pour quelle relation terre-mer ?
Bruno DELSALLE : Interfaces Villes-Ports [sous réserve]
Max YVETTOT (Agence d'urbanisme du Havre) / Jean-Denis SALESSE (Haropa) [sous réserve]

Après-midi
Discussion : "Énergie et navire marchands : Navires rouliers industriels hybrides, quel impact sur la ville portuaire ?"

DES PORTS, DES HOMMES ET DES VILLES
Vincent GUIGUENO : Des hommes et des ports, l'accueil des marins
Stéphane RAISON : Le futur des métiers portuaires [sous réserve]

Soirée
Pauline DETAVERNIER : Présentation documents INA : métiers et représentations


Dimanche 8 septembre
Matin
ÉCOSYSTÈMES PORTUAIRES ET MARINS ET LEURS SERVICES
Amelia CURD : Les ports, ces portes d'entrée d'espèces exotiques. Enjeux en écologie marine
Denis CORTHÉSY : Plongeurs portuaires, les yeux immergés de la vigie
Hervé BERNARD : Exposition "Ports Vivants"

Après-midi
TERRITOIRES ET ENVIRONNEMENTS
Nils LE BOT : Imaginaires portuaires dans une économie post-croissance, décarbonée et low-tech
Mariantonia LO PRETE : Les conflits dans les territoires portuaires
Exposition "PorTraits". Images et récits des activités portuaires et maritime du littoral en France et en Afrique


Lundi 9 septembre
REGARDS VERS LE FUTUR
Matin
Roberto CASATI : Une philosophie des ports ?

Ateliers et cas d'études portuaires : La Réunion, Cherbourg, Dunkerque [sous réserve]

Après-midi
Alberto CAPPATO : Retour sur le colloque par un grand témoin [sous réserve]

Débats collectifs sur notre imaginaire des ports du futur
Bilan et rapport d'étonnement des étudiants et présentation de la maquette conceptuelle


Mardi 10 septembre
"HORS LES MURS" — AU HAVRE
Matin
Visite en bateau du port du Havre

Après-midi
Les ports du futur vus avec l'AIVP et HAROPA
Débat collectif
Conclusion des directeurs

DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Sabine CHARDONNET-DARMAILLACQ
Sabine Chardonnet-Darmaillacq est architecte et urbaniste, chercheur au Laboratoire Architecture Culture et Société de l'ENSA Paris-Malaquais / UMR AUSser du CNRS. Elle est membre de la Chaire Ville Métabolisme / Université PSL. Son travail porte sur les dynamiques de la mobilité soutenable, le talent urbain de la marche, les formes spatiales et sociales de l'espace public et leurs problématiques contemporaines, les stratégies des villes en transition. Elle a co-dirigé les colloques de Cerisy "Le génie de la marche. Poétique, savoirs et politique des corps mobiles", et "Villes et territoires résilients", dont les actes ont été publiés en 2016 et en 2020 aux éditions Hermann.

Perig PITROU
Perig Pitrou est anthropologue, directeur de recherche au CNRS à la Maison Française d'Oxford et au Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France / Université PSL où il dirige l'équipe "Anthropologie de la vie". Un volet de ses recherches porte sur la diversité des manières de construire et d'habiter les villes. Auteur de l'ouvrage Les anthropologues et la vie (Mimésis, 2021), il a dirigé de nombreuses publications collectives sur les relations entre vie et technique, notamment Puissance du végétal et cinéma animiste. La vitalité révélée par la technique (Presses du réel, 2020) et un numéro de Techniques & culture sur les "Biomimétismes".


André TAVARES : La sardine et l'architecte. Comment les poissons construisent le paysage et les bâtiments transforment les écosystèmes marins
Cette fable se situe parmi les conserveries éparpillées sur la côte de Bretagne de la deuxième moitié du XIXe siècle et raconte les aventures croisées de la construction des paysages de la pêche et de la destruction des écosystèmes marins. Le développement de certaines technologies de transformation alimentaire, telles que la conservation ou la congélation du poisson, fait muter les typologies architecturales et pressurise les écosystèmes marins. À chaque évènement architectural répondent des bouleversements en mer, dans un continuum.

André Tavares (Porto, 1976) est architecte et, depuis 2006, coordinateur de Dafne Editora, une maison d'édition indépendante basée à Porto. Entre autres livres publiés, il est l'auteur de The Anatomy of the Architectural Book (Lars Müller/Canadian Centre for Architecture, 2016), L'Étoile Filante Charles Siclis (B2, 2016) et Vitruvius Without Text (gta Verlag, 2022). Il est actuellement chercheur à l'université de Porto, où il conduit le projet de recherche Fishing Architecture (ERC, Fish-A, 101044244).


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


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Présentation personnelle


Adresse personnelle ou professionnelle
Ces renseignements figureront sur la liste des participants qui sera remise lors du colloque.


Sélectionner la mention adéquate (le statut de contributeur est défini au préalable, en accord avec le CCIC, par la direction du colloque).


Versement à effectuer

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Total à verser :

Si différente, merci d'indiquer une adresse de facturation


[ Formats autorisés : jpg, jpeg, png, pdf, doc, docx, txt ]
Vous pouvez ajouter ici, si besoin, les documents nécessaires pour compléter votre inscription : copie de carte d'étudiant(e), justificatifs de revenus, ...


Précisions à nous communiquer pour l'agrément de votre séjour :
[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.

Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


RACONTER ET MONTRER L'INVISIBLE À LA CROISÉE DE LA LITTÉRATURE,

DES ARTS DE LA SCÈNE ET DU CINÉMA (1850-1930)


DU LUNDI 19 AOÛT (19 H) AU DIMANCHE 25 AOÛT (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



ARGUMENT :

À partir de la fin des années 1850, s'installe dans la littérature et l'art un réalisme qui tend à répudier l'imagination, la fantaisie, au profit d'un modèle d'exactitude et d'enquête scientifique. Dans cette période durant laquelle s'imposent aussi toujours davantage le rationalisme, le positivisme et le scientisme, le besoin de merveilleux s'exprime pourtant avec urgence : "Alors que le matérialisme sévit, la magie se lève", déclare Huysmans en 1891.

Ce colloque se propose d'interroger comment, des années 1860 aux années 1930, la question de l'Invisible et de sa représentation a hanté à la fois la littérature, les arts de la scène et le cinéma, ce questionnement se nourrissant des interactions et des influences croisées entre ces différents arts. Plusieurs questionnements seront soulevés :
- Quelles traditions philosophiques, ésotériques, théosophiques et religieuses sont revendiquées par les écrivains, dramaturges et cinéastes durant cette période ? Quelles nouvelles influences et références utilisent-ils dans leur propre représentation de phénomènes surréels ?
- Comment ces artistes appréhendent-ils l'Invisible et quel discours ("en actes", dans les œuvres, ou théorique) produisent-ils au sujet de ce qu'ils cherchent à faire apparaître ? Comment conçoivent-ils et conceptualisent-ils dans cette optique les fonctions de l'Art et les propriétés de la représentation ?
- Par quels procédés le mystère est-il représenté ? Quels sont les mécanismes, les rouages ou "machines" capables de faire advenir l'Invisible ? Quelles écritures spécifiques s'inventent ?
- Quels sont les enjeux idéologiques, voire politiques de cette revalorisation du surréel ? Quelles idoles les images ou histoires d'Invisible peuvent-elles vouloir déboulonner, et au profit de quels idéaux ?

Ce colloque réunira des spécialistes français et étrangers de littérature, de théâtre et de cinéma, et s'ouvrira à la création contemporaine grâce à l'invitation d'artistes et écrivains d'aujourd'hui.


MOTS-CLÉS :

Cinéma, Imaginaire, Invisible, Littérature, Merveilleux, Occultisme, Spiritisme, Théâtre


CALENDRIER PROVISOIRE (27/03/2024) :

Lundi 19 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 20 août
PENSER L'INVISIBLE ENTRE 1850 ET 1930
Matin
Éric THOUVENEL : "Une lumière qui projette toujours quelque part des ombres" : science et cinéma, une idylle matérialiste à la Belle Époque
Julie ANSELMINI : Peindre l'Invisible : spiritualisme et matière dans la critique d'art du XIXe siècle

Après-midi
Pascale AURAIX-JONCHIÈRE : Barbey d'Aurevilly et la poétique de l'invisible
Yann CALVET : Le cinéma, voilement et dévoilement
Philippe ROGER : Les trois sources de l'invisible au cinéma selon Jean Grémillon


Mercredi 21 août
SACRÉ, SCIENCES ET SOCIÉTÉS
Matin
Audrey MILET : L'étrange fatalité des Histoires désobligeantes de Léon Bloy : pour une représentation nietzschéenne du sacré ?
Nicolas GAUTHIER : Marionnettes visibles, marionnettistes invisibles : limites scientifiques et fragilité sociale chez Rosny aîné et Maurice Renard

Après-midi
Pauline PICOT : Vie, mort, vie encore : le Grand-Guignol obsédé par la visibilité des seuils
Benjamin THOMAS : Éprouver l'invisible dont se tisse le monde. Réflexions sur les formes écologiques du film (1910-1930)
Jean-Louis VINCENDEAU : La photographie, un art de l'invisible, certains objets en suspens | Présentation de son travail et exposition


Jeudi 22 août
D'UN ART L'AUTRE, D'UN ÉCRAN L'AUTRE : ESTHÉTIQUES DE L'INVISIBLE
Matin
Mathilde RÉGENT : Des atomes aux écrans : féerie, animation, incarnation chez Saint Pol-Roux et Maeterlinck
Vincent AMIEL : Un écran de fumée

Après-midi
DÉTENTE


Vendredi 23 août
L'INVISIBLE : MOI ET L'AUTRE
Matin
Samantha CARETTI : La permanence de l'invisible féminin dans l'œuvre de Théophile Gautier
Hélène FRAZIK : Hantise des doubles invisibles : de Guy de Maupassant à Marcel L'Herbier

Après-midi
Massimo OLIVERO : Tempêtes et passions : figures de l'invisible dans le cinéma scandinave muet
Jérémie ALLIET : "Je ne le verrai plus", une litote dix-neuviémiste ?
Dominique MASSONNAUD : Faire voir l'invisible. Créations dadas et surréalistes 1918-1930

Soirée
Galien SARDE : Narration et images du fantasme dans le roman contemporain : présentation de Trafic (2023) et Échec, et Mat (2022) parus aux Éditions Fables fertiles | Entretien / discussion


Samedi 24 août
MÉDIA ET VOIES/-X DE L'INVISIBLE
Matin
Philippe BAUDOUIN : Voir l'invisible. Le "corps-machine" des médiums : spiritisme, transes et expériences-limites autour de 1900
Frank KESSLER : Documenter l'invisible autour de 1900

Après-midi
José MOURE : Puissances de l'invisible dans les fictions pré-cinématographiques de la fin du XIXe siècle
Maxime SCHEINFEIGEL : L'invisible en images ?
Stéphane HIRSCHI : Proust Phonographe. Fixer des voix et leur évanescence à l'ère des enregistrements naissants

Soirée
RIEN À VOIR (#3), performance de Pauline PICOT


Dimanche 25 août
Matin
Synthèse et Bilan

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Julie ANSELMINI : Peindre l'Invisible : spiritualisme et matière dans la critique d'art du XIXe siècle
À partir des années 1850, le réalisme s'impose en peinture et de jeunes artistes suscitent autant de curiosité que de scandale : on songe à celui provoqué par l'Olympia de Manet, ou par L'Origine du monde de Courbet. La critique d'art est une arène privilégiée des débats qui font rage ; s'y orchestrent des réflexions et interrogations où s'opposent spiritualisme et matérialisme, et où se posent ces questions lancinantes : comment la matière, et la matière peinte particulièrement, peut-elle laisser transparaître et exprimer l'Invisible ? En ce XIXe siècle de plus en plus positiviste, où souffle encore l'Esprit ? Une botte de carottes, peinte avec génie, peut-elle en être le réceptacle ? Nous explorerons ces débats et questionnements chez quelques grands écrivains-critiques d'art de la période tels que Baudelaire et Gautier.

Julie Anselmini est professeure de littérature française du XIXe siècle à l'université de Caen Normandie. Elle est spécialiste de Dumas, à qui elle a consacré plusieurs ouvrages. Elle s'intéresse plus largement aux liens entre presse et littérature, aux relations entre littérature et critique ainsi qu'aux hiérarchies structurant l'univers culturel. Ses derniers ouvrages : J. Anselmini, L'Écrivain-critique au XIXe siècle. Dumas, Gautier, Barbey d'Aurevilly, Presses universitaires de Liège, 2022 ; J. Anselmini et Ch. Massol (dir.), Écritures et discours populaires. Nouveaux regards, Grenoble, UGA Éditions, 2023.

Yann CALVET : Le cinéma, voilement et dévoilement
Dans Vampyr (1932), un film sorti à l'aube du parlant, Carl Th. Dreyer et son opérateur Rudolf Maté, font une utilisation très particulière de la lumière et de l'image. Un faux jour s'étant glissé dans la caméra, à cause d'une erreur technique, au cours des premières prises de vue du film, les images, après tirage de la pellicule, étaient floues et grisâtres. Ce travail particulier sur l'image voilée crée un "lien" entre tous les points de l'espace et permet aussi d'exprimer, selon la parabole des Corinthiens (1 Co 13), dans la forme même du film, l'idée du miroir (l'écran de cinéma) dans lequel nous voyons de façon confuse. Au moment de son invention pourtant, ce qui fascine les premiers spectateurs devant la projection par exemple du Repas de bébé (Lumière, 1895), ce qui retient leur attention, ce n'est pas la scène principale à l'avant plan mais un détail insignifiant entraperçu à l'arrière-plan : "Les feuilles bougent !". Le cinématographe donne ainsi au premier spectateur un formidable sentiment de réalité, dévoilant le rapport secret entre les êtres et les choses, pour reprendre une formule de Jean Epstein. Voilement et dévoilement semblent donc être les modalités contradictoires et pourtant complémentaires du pouvoir de représentation du cinématographe. Cette communication s'interrogera, à partir des spéculations philosophiques et poétiques du XIXe sur le voile d'Isis, sur cette figure/image du voile qui permet de penser l'articulation du visible et de l'invisible dans l'herméneutique du symbole au cinéma.

Yann Calvet est MCF en études cinématographiques à l'université de Caen Normandie et directeur de l'UFR "Humanités et Sciences Sociales". Il a publié différents ouvrages : Les cinéastes du Diable (2024) ; Jean Grémillon et les quatre Éléments, Colloque de Cerisy, aux Presses universitaires du Septentrion en collaboration avec Philippe Roger (2019) ; Cinéma, imaginaire, ésotérisme : Murnau, Dreyer, Tourneur, Lewin chez L'Harmattan (2003)… Fondateur et rédacteur en chef adjoint de la revue Eclipses, il a coordonné plusieurs numéros sur F.F. Coppola, Gus Van Sant, M. Cimino, H. Miyazaki, Tim Burton, les frères Coen, David Fincher, Michael Powell, John Boorman, Wim Wenders, Christopher Nolan, M. Night Shyamalan, Abbas Kiarostami, Philippe Faucon, Bong Joon Ho, Paul-Thomas Anderson, Clint Eastwood… Il collabore aussi à de nombreuses publications (Double Jeu, CinémAction, Contrebande, Positif…) tout en continuant ses recherches sur les rapports entre le cinéma, l'imaginaire et les mythes.

José MOURE : Puissances de l'invisible dans les fictions pré-cinématographiques de la fin du XIXe siècle
À la fin XIXe siècle, avant l'avènement du Cinématographe des frères Lumière, plusieurs fictions pré-cinématographiques mettent en récit le rêve d'une extension du domaine du visible que semblent pouvoir réaliser les machines. Anticipant ou relayant les inventions en cours et les pouvoirs d'appareils capables de recréer la vie, d'abolir les distances, de vaincre l'absence, de voyager dans le temps et de conquérir l'ubiquité, elles inventent les scénarios d'un futur parfois très proche qui font de l'optique et de ses techniques l'instrument d'une littérature fantastique où se manifeste et s'affirme la toute puissance du voir. À travers l'étude de récits fantastiques ou d'anticipation mettant en scène des machines de vision, il s'agira de questionner l'imaginaire pré-cinématographiques d'un XIXe siècle finissant qui, entre messianisme scientifique et utopies fantasmagoriques, a vu se déplacer et se reconfigurer les frontières entre le visible et l'invisible.

José Moure est professeur en études cinématographiques à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il est notamment, avec Daniel Banda, l'auteur des anthologies : Charlot : histoire d'un mythe (Flammarion, 2013) ; Avant le cinéma : l'œil et l'image (Armand Colin, 2012) ; Le cinéma : l'art d'une civilisation – 1920-1960 (Flammarion, 2011) ; Le cinéma, naissance d'un art – 1895-1920 (Flammarion, 2008). Il a récemment publié : Histoire vagabonde du cinéma (avec Vincent Amiel, Vendémiaires, 2020) et Aux commencements du cinéma (collection "Épures", Presses universitaires de Rennes, 2023).


Jérémie ALLIET : "Je ne le verrai plus", une litote dix-neuviémiste ?
Cette communication porte sur l'usage dans le discours romanesque du XIXe siècle, de l'expression "je ne le/la verrai plus" et ses dérivés. On remarque en effet un usage assez rare du verbe "voir" dans son sens affectif, qui permet de présenter un corpus d'occurrences remarquable. À l'étude de ce corpus (Balzac, Hugo, Stendhal, Zola, parmi d'autres), on observe que l'expression "je ne le verrai plus" s'impose comme une réelle litote au XIXe siècle, liée à l'impossibilité non seulement de la rencontre (due à la mort ou à la rupture), mais aussi de l'expression de la relation (relation incestueuse, homosexuelle, inconvenante). Ces expressions invitent à interroger la valeur de la métaphore de la vision (est-elle un stéréotype propre à une certaine représentation clichée de la relation au XIXe siècle ? une gelstalt expérientielle renvoyant à une réalité concrète ?) ; la sémantique de la forme verbale (comment le verbe voir s'impose-t-il comme moteur d'une vision intérieure, d'une étude introspective ?) ; l'opérativité de la formule dans la diégèse (que fait le "je ne le verrai plus" au personnage invisibilisé ? Le lecteur a-t-il encore le privilège de "voir" cet invisible ?).

Docteur en littérature française, Jérémie Alliet a soutenu une thèse sur l'intériorité du personnage balzacien (1842-1848) sous la direction d'Eric Bordas. Il travaille actuellement sur les rapports entre le personnage et la narration, l'expression de l'intimité en régime romanesque et l'ontologie fictionnelle.

Pascale AURAIX-JONCHIÈRE : Barbey d'Aurevilly et la poétique de l'invisible
Convaincu qu'une transcendance double le réel, Barbey est particulièrement sensible aux traces du surnaturel dans le quotidien. La présence de l'invisible — que l'on pourrait dès lors considérer comme une catégorie esthétique à part entière, est l'une des manifestations scripturales de ce principe. Procédant d'un constat de l'illisibilité des signes tangibles, notre objectif est de questionner formes et enjeux de cet invisible dans les fictions narratives, sous la double espèce de la spectralité et de l'innommable. Notre hypothèse est que trois romans : L'Ensorcelée, Un prêtre marié et Une histoire sans nom, correspondent à trois étapes d'une poétique dont les enjeux évoluent et se précisent.

Pascale Auraix-Jonchière a consacré sa thèse à "La mythologie de Barbey d'Aurevilly", publiée chez Nizet en 1997 sous le titre L'Unité impossible. Professeure à l'université Clermont Auvergne, elle a édité les poèmes de Barbey d'Aurevilly ("Un palais dans un labyrinthe", Champion, 2000) et publié Barbey d'Aurevilly et l'écriture, formes et signes aux Lettres Modernes Minard en 2011. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages consacrés à George Sand, dont George Sand et la fabrique des contes (Garnier, 2017). Auteure de poésie (éd. Le Taillis Pré), Plein-champ. Poésie verte (2020), La Plume du peintre. Tombeau (2023).

Philippe BAUDOUIN : Voir l'invisible. Le "corps-machine" des médiums : spiritisme, transes et expériences-limites autour de 1900
À partir d'un corpus d'images rares voire inédites, il s'agira de donner à voir et comprendre les différents protocoles photographiques mis sur pied au tournant du XXe siècle par les représentants du spiritisme et de la communauté scientifique dans le cadre de séances avec des médiums. Immortalisés par l'appareil technique, ces moments singuliers d'états modifiés de conscience sont alors considérés comme de possibles vecteurs de communications avec l'au-delà. Situé aux marges de la connaissance scientifique, ce type d'expérience tend simultanément à redéfinir le statut du corps. En fonction des fins visées par les expérimentateurs — qu'il s'agisse d'amplifier, ou bien au contraire de contrôler les phénomènes escomptés — le corps médiumnique, tantôt ligoté, tantôt libéré, devient littéralement un "corps-machine", comme le fait remarquer très justement l'historienne Mireille Berton dans son étude. Décuplée par d'innombrables prothèses, l'hypersensibilité qui le caractérise lui permet — le temps de la séance — de capter et de mesurer, tel "corps-sismographe", les signaux et autres "messages" reçus. Sous certaines conditions, le corps médiumnique peut même, à son tour, donner forme d'autres corps, à l'instar des "apports", "ectoplasmes" et autres accouchements monstrueux que favorise l'état de transe.

Spécialiste de l'histoire des techniques et de l'archéologie des médias, Philippe Baudouin est maître de conférences associé à l'université Paris-Saclay et membre du Centre de recherche en Design à l'ENS-Paris-Saclay. Son ouvrage Walter Benjamin au micro a remporté le Prix Walter Benjamin 2022. Auteur de plusieurs ouvrages et articles consacrés à l'histoire de l'occultisme, il a notamment publié Surnaturelles. Une histoire visuelle des femmes médiums (Pyramyd, 2021).

Samantha CARETTI : La permanence de l'invisible féminin dans l'œuvre de Théophile Gautier
L'écrivain Théophile Gautier n'a jamais cessé d'être fasciné par les mondes de l'irréel au sein desquels se meuvent de "mystérieuse(s) et fantastique(s) créature(s)" (La Cafetière, 1831) féminines, fantasmes d'amour et de beauté des héros mélancoliques de ses récits, privilégiés par la disponibilité de leur esprit au surnaturel. Ces "apparition(s) insaisissable(s)" (Giselle ou les Wilis, 1841) envahissent sa production narrative, de ses romans et nouvelles jusqu'à ses livrets d'opéra. Le goût proprement romantique de l'auteur pour ces figures de sylphides réappropriées ne faiblit pas avec les années et cela, malgré le déclin d'intérêt pour le mouvement littéraire et artistique de sa jeunesse. S'agit-il d'une nostalgie désespérée de l'auteur ou bien d'un choix esthétique procédant d'une résistance, par le principe d’amplification de ses thèmes de prédilection, face à l'influence croissante du réalisme dans le champ littéraire et artistique depuis les années 1850 ? Cette fidélité de Théophile Gautier aux personnages de fantômes féminins nous permettra de mettre en lumière l'influence de son attrait soutenu pour les sciences occultes, d'interroger l'équivocité de son geste créateur dans la représentation du surnaturel et d'étudier sa capacité à donner accès, par l'art, à l'invisible.

Docteur en littérature française et membre associée de l'équipe de recherche du LASLAR, Samantha Caretti a consacré sa thèse à l'étude des stratégies publicitaires de promotion de la littérature romantique en France sous la Restauration et à l'analyse du régime de gloire auctoriale à l'époque romantique.

Nicolas GAUTHIER : Marionnettes visibles, marionnettistes invisibles : limites scientifiques et fragilité sociale chez Rosny aîné et Maurice Renard
À quelques mois d'intervalle, Maurice Renard, avec Le Péril bleu (1911), et Rosny aîné, avec La Force invisible (1913), mettent en fiction l'existence d'un monde invisible affectant "notre" monde. Rosny aîné avait déjà touché ce sujet avec Un autre monde (1895) et Renard y reviendra notamment avec L'Homme truqué (1921) et des nouvelles publiées à partir de 1929. La découverte de ces mondes invisibles entraîne un délitement collectif (et parfois individuel), alors que l'invisible révèle les limites des sens et de la science, laquelle ne permet qu'une compréhension partielle du phénomène et n'offre aucune protection. Nous examinerons comment la mise au jour de ces mondes invisibles, ainsi que les conséquences qui y sont associées concernant la fragilité de la civilisation et ce qui échappe au savoir, façonnent un propos qui résonne avec des préoccupations majeures en ces premières décennies du XXe siècle.

Professeur agrégé au département d'études françaises de l'université de Waterloo (Canada), Nicolas Gauthier a publié Lire la ville, dire le crime (PULIM, 2017) et a créé Le Rez-de-chaussée, un répertoire en ligne de romans-feuilletons français publiés entre 1836 et 1881. Il agit comme webmestre du site Littératures Populaires et Culture Médiatique. Il a publié dans diverses revues, dont Romantisme, Belphégor, Nineteenth-Century French Studies, Arborescences, Études littéraires, et ouvrages collectifs, dont Écritures et discours "populaires" (XIXe–XXe siècles) (2023), Le Roman des possibles (2019) et Les Téléséries : historicité des communautés imaginaires (2016).

Stéphane HIRSCHI : Proust Phonographe. Fixer des voix et leur évanescence à l'ère des enregistrements naissants
Lorsque Proust affuble le noble Palamède de Guermantes du titre de baron de Charlus, son humour se délecte sans doute d'offrir ainsi à sa créature le nom d'un chanteur contemporain, que sa frénésie d'enregistrer des chansons avait fait gratifier du sobriquet de "forçat du gramophone" (on lui prête plus de 10000 enregistrements entre 1895 et 1914!). Or l'intérêt de Proust, non seulement pour la musique et le chant, mais pour les voix dans leur matérialité évanescente et pourtant sensible, se manifeste sous de multiples formes dans La Recherche, qu'elle caractérise le timbre, le débit, le sel ou les tics d'un personnage, qu'elle permette de faire partager certains marqueurs stylistiques de la Berma ou de Rachel dans leur déclamation, ou même qu'elle éclaire de façon saisissante le passage du temps lors du Bal des têtes, lorsque le narrateur entend la voix d'un vieil ami comme émise artificiellement par un phonographe dans le corps d'un gros bonhomme grisonnant… On tentera ici, sans bien sûr viser l'exhaustivité, d'esquisser une possible typologie de ces captations d'invisible sonore à travers La Recherche du temps perdu.

Stéphane Hirschi est professeur de littérature française à l'université polytechnique Hauts-de-France (Valenciennes) depuis 1999, où il a été Doyen de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines. Il a publié ou coordonné dix-sept livres, dont Jacques Brel, Chant contre silence ; Sur Aragon - Les voyageurs de l'infini ; Aragon et le Nord ; Chanson : l'art de fixer l'air du temps ; Nord et chansons ; Paris en chansons et La chanson française depuis 1980 ; et fait paraître près de 150 articles en France et à l'étranger, dans des revues prestigieuses : NRF, RSH, ArtPress2, Europe, etc., dont "Enregistrements fin de siècle : ce que fixent les cylindres Lioret", in Romantisme, 2023/2, n°200. Inventeur de la "cantologie", étude de la chanson considérée dans sa globalité (textes, musique et interprétation), il dirige la collection "Cantologie", aux Belles Lettres/PUV, qui compte 9 ouvrages.

Frank KESSLER : Documenter l'invisible autour de 1900
Avec l'invention de certains médias au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, quelques-uns des aspects du monde inaccessible aux organes des sens humains peuvent être traduits en signaux sonores ou images : les sons de l'"éther" captés par la radio, les os à l'intérieur du corps par les rayons Roentgen, mais aussi les êtres défunts par la photographie spirite. Ma communication se concentrera tout particulièrement sur le monde microscopique, "the unseen world", comme le dit le titre d'une série de films présentés à Londres par la firme de Charles Urban en 1903. Grâce à la microphotographie et la microcinématographie, il devient possible de montrer ce monde invisible à un public et de le transformer aussi bien en un objet de recherche qui, du coup, peut être étudié collectivement par des scientifiques, qu'en une forme de spectacle pour le grand public.

Frank Kessler est professeur en histoire des médias à l'université d'Utrecht. Il est l'un des fondateurs de KINtop. Jahrbuch zur Erforschung des frühen Films et de la collection KINtop – Studies in Early Cinema. Ses recherches portent notamment sur l'émergence du cinéma en tant que média protéiforme et pratique culturelle. Actuellement, il dirige un projet sur le rôle de la lanterne de projection en tant qu'instrument de communication des savoirs de la fin du XIXe jusqu'aux premières décennies du XXe siècle.

Dominique MASSONNAUD : Faire voir l'invisible. Créations dadas et surréalistes 1918-1930
Alors que la notion de "surréel", est définie par Aragon, dans "Une vague de rêves" en octobre 1924, comme ce qui advient au terme d'un processus où voisinent ce qui est et l'irréel, il affirme ensuite : "On sait peut-être qu'une certaine recherche, une certaine façon de faire prédominer le surréel a pris dans le langage courant le nom de surréalisme" (Aragon, La Révolution surréaliste, n°1, décembre 1924, p. 23). De fait, Apollinaire dans Les Mamelles de Tirésias (1917), sous-titré "Drame surréaliste", s'opposait au "naturalisme en trompe-l'œil" à "l'imitation" et au "vraisemblable", privilégiant le fait de "faire paraître des mondes nouveaux, […] élargissant les horizons" (Apollinaire, "Préface", Les Mamelles de Tirésias, SIC, 1918, p. 11-12 et p. 18). Les innovations textuelles et plastiques que proposent les créations dadas et surréalistes entre 1918 et 1930 permettent l'accès à la "surréalité", définie par Aragon comme "horizon commun des religions, des magies, de la poésie, du rêve, de la folie, des ivresses et de la chétive vie, ce chèvrefeuille tremblant que vous croyez suffire à nous peupler le ciel". L'écriture automatique, les récits et images de rêve ou les combinaisons syntaxiques inattendues permettent ainsi de raconter et de faire voir l'invisible de manière novatrice.

Dominique Massonnaud, professeur des universités en Littérature françaises XIXe-XXIe siècles, est spécialiste des productions narratives ainsi que des rapports entre texte et image. Elle a publié en particulier : Faire vrai. Balzac et l'invention de l'œuvre-monde, Genève, Droz, 2014 ; Aragon romancier, Genèse, Modèles, Réemplois, en collaboration avec J. Piat, Classiques Garnier, 2016 ; Genèse et Génétique éditoriale des textes imagés, en collaboration avec V. Obry, textimage, n°13, Lyon, IHRIM-CNRS, 2021. Elle collabore actuellement à l'édition des Essais littéraires d'Aragon, chez Gallimard pour la "Bibliothèque de La Pléiade".

Audrey MILET : L'étrange fatalité des Histoires désobligeantes de Léon Bloy : pour une représentation nietzschéenne du sacré ?
Les Histoires désobligeantes (1894) de Léon Bloy semblent offrir au lecteur l'image d'un monde absurde et perverti, où les personnages seraient la proie stupide d'un mauvais sort insondable. Tout principe transcendant et porteur de sens y paraît à première vue absent, chose curieuse pour un écrivain catholique qui n'a cessé de faire figurer dans son œuvre le pouvoir du divin sur les individus ; ces brèves et violentes Histoires pourraient cependant permettre à Bloy d'aménager une façon nouvelle de représenter un sacré au mieux insidieux, au pire révélateur dans son absence. Le recueil coïnciderait alors avec "la mort de Dieu", au sens où Nietzsche l'entendait véritablement : l'Invisible, remis en cause par la rupture épistémologique qui ouvrit le XIXe siècle, doit chercher une reviviscence que Bloy propose justement de sentir dans la représentation d'une fatalité aussi étrange que violente.

Audrey Milet, agrégée de Lettres et doctorante contractuelle à l'université de Caen Normandie, prépare une thèse intitulée "Le ré-enchantement du monde dans les romans du premier XIXe siècle : figurations du sacré d'Atala (1801) à L'Ensorcelée (1852)" sous la direction du Professeur Julie Anselmini. Ses travaux de recherche et de vulgarisation portent sur la prose du XIXe siècle et les représentations du sacré et du religieux.

Massimo OLIVERO : Tempêtes et passions : figures de l'invisible dans le cinéma scandinave muet
Dans cette intervention, il s'agira d'étudier les principales manifestations plastiques de l'invisible dans le cinéma scandinave du muet, notamment chez les cinéastes Sjöström, Stiller et Dreyer. Des motifs naturels du paysage, par la médiation du vent et de l'eau, jusqu'aux formes filmiques comme le gros plan et la surimpression, la finalité sera celle de définir les forces de l'invisible qui traversent le cinéma scandinave d'un point de vue figuratif et thématique, en se focalisant davantage sur la visualisation de l'invisible en tant que dimension transcendantale, à la fois pathétique et destructrice, vitaliste et mortifère.

Massimo Olivero est Maître de conférences en esthétique et théorie du cinéma à l'université Panthéon-Sorbonne Paris 1. Il a fait sa thèse sur le concept eisensteinien d'extase de la représentation filmique. Ses travaux se concentrent sur différentes périodes de l'histoire du cinéma, notamment sur les avant-gardes des années Vingt et le cinéma classique hollywoodien, mais aussi sur l'esthétique des formes filmiques (montage, gros plan). Il coordonne actuellement une politique scientifique au sein de l'Institut ACTE sur l'écriture de l'histoire et de la théorie du cinéma. Il est l'auteur du livre Figures de l'extase Eisenstein et l'esthétique du pathos au cinéma aux éditions Mimésis (2017).

Pauline PICOT : Vie, mort, vie encore : le Grand-Guignol obsédé par la visibilité des seuils
Cette communication se présente comme l'étude croisée de deux drames du Grand-Guignol : L'Horrible expérience (1909) d'Alfred Binet et André de Lorde et Vers l'au-delà (1922) de Charles Hellem et Paul d'Estoc. Structurées chacune autour d'une scène fondamentale qui représente, pour l'une, le passage de la mort à la vie et, pour l'autre, celui de la vie à la mort, ces deux œuvres peuvent fonctionner comme un diptyque des seuils invisibles, que le Grand-Guignol se propose de faire apparaître à l'aide de trucs concrets qui produisent des images frappantes. Ce faisant, ces deux drames réactivent également des fantasmes liés à d'autres invisibles obsédants du XIXe siècle : la survie de l'âme humaine, le mystère du courant électrique, l'intérieur du corps et les profondeurs de l'esprit. En bref, tout ce qui a trait à l'inquiétant et passionnant remuement du vivant.

Pauline Picot est docteure en Études Théâtrales. Soutenue en décembre 2021, sa thèse a été effectuée à l'université Lumière Lyon 2 sous la direction de Mireille Losco-Lena. Son champ de recherche porte sur l'imaginaire du fluide (magnétisme, électricité, spiritisme) dans le théâtre français du XIXe siècle. Il déploie des questionnements défrichés à l'occasion de son Master 2 effectué à l'ENS de Lyon, dont le mémoire investiguait les échos entre le théâtre et l'hypnose au XIXe siècle. Elle est intervenante à l'ENSATT Lyon en dramaturgie depuis 2018, et contributrice permanente à la revue Synapsis publiée par le département d'Humanités Médicales de l'université de Columbia (New York). Pauline Picot est également performeuse et autrice ; les éditions Quartett publient ses textes théâtraux depuis 2012. Sa dernière pièce, Votre âme sœur est peut-être dans cette forêt (2022), est mise en voix au Théâtre du Rond-Point en février 2023. En 2024, elle écrit Je pourrais compter tous mes os, qui bénéficie de l'accompagnement du dispositif Texte En Cours.
https://www.ardetpaulinepicot.com/
Publications
"Quand l'électricité s'invite dans le champ domestique : le fantasme du mobilier électrique au théâtre dans la deuxième moitié du XIXe siècle", in BAREL-MOISAN Claire et GLEIZES Delphine (dir.), Merveilles électriques : invention littéraire, vulgarisation et circulation médiatique, Champs sur Marne, LISAA Éditeur [disponible en ligne sur OpenEdition Books - novembre 2024].
"Faire connivence : l'invention électrique sur scène (1859-1908)", in BAZIN Laurent et BAREL-MOISAN Claire (dir.), Itinéraires 2024-2 : Le Merveilleux scientifique en spectacle (1850-1940) (disponible en ligne sur le site de la revue - mai 2024).
"Stunning and Stirring : A Theory on the Symbolic of Spirit Ectoplasm in the Early 20th century" ["Sidérer et troubler : sur la symbolique de l'ectoplasme spirite au tournant du XXe siècle], in Synapsis : A Health Humanities Journal, mis en ligne le 9 novembre 2022.
"Corps conducteurs : l'acteur et le magnétisme au XIXe siècle", in FEUILLEBOIS Victoire et PÉZARD Émilie (dir.), Le Réel invisible. Le magnétisme dans la littérature (1780-1914), Paris, Classiques Garnier, 2022.
"Galvanism in 19th Century Fench Theater : Bringing Dead Words Back to Life" ["Le galvanisme dans le théâtre du XIXe siècle en France : ressusciter les mo(r)ts"], in Synapsis : A Health Humanities Journal, mis en ligne le 16 octobre 2019.
"Sur la spectacularité de l'hypnotisme clinique", in FARAMOND Julie de et FILIPPI Florence (dir.), Théâtre et médecine : de l'exhibition spectaculaire de la médecine à l'analyse clinique du théâtre, Actes du colloque organisé les 27 et 28 mai 2010 à l'université Paris Descartes, Épistémocritique, mis en ligne le 13 mai 2016.

Mathilde RÉGENT : Des atomes aux écrans : féerie, animation, incarnation chez Saint Pol-Roux et Maeterlinck
Saint-Pol-Roux et Maeterlinck occupent au début du XXe siècle une position distincte mais comparable : à la croisée des pratiques littéraires associées au symbolisme, d'une réflexion sur les invisibles de la science (en particulier physique) de leur temps, et d'une réflexion, théorique ou pratique, sur le cinéma. Le "féerique" est dans leur œuvre à la fois une catégorie générique ou descriptive, et l'embrayeur d'une saisie nouvelle du réel, où visible et invisible, matière et esprit, vision et croyance se rejoignent. La féerie, théâtrale ou cinématographique n'est alors pas seulement un dispositif de matérialisation de l'invisible, mais aussi un modèle théorique pour penser différents types d'incarnation ou d'agentivité de la matière. L'objet de cette communication est d'étudier les transferts entre ces trois domaines (littérature, cinéma, sciences) chez ces deux auteurs, en s'appuyant sur les sources scientifiques de leur réflexion : les catégories descriptives de la matière physique elle-même y sont porteuses d'une part métaphorique et semblent renvoyer à une forme d'agentivité non-humaine que le cinéma ou la féerie peuvent justement mettre en lumière.

Docteure en littérature française, Mathilde Régent est l'auteure d'une thèse en cours de publication sur la poétique de la Nature dans l'œuvre de Maeterlinck. Ses travaux actuels portent sur l'écriture et la pensée du vivant et de l'animé au XIXe et au XXe siècle (essai, théâtre, poésie) ; sur les transferts entre discours scientifiques, philosophiques et littéraires ; sur les liens entre symbolisme et "traductions". En 2023-2024, elle enseignait au Département de Didactique du Français Langue Étrangère à la Sorbonne Nouvelle.

Philippe ROGER : Les trois sources de l'invisible au cinéma selon Jean Grémillon
La question de l'invisible et de sa représentation se trouve au cœur de la poétique du jeune cinéaste français qu'est Jean Grémillon dans les années vingt. À sa première pratique documentaire vient alors s'adjoindre celle des fictions, tandis que le parlant commence à faire son apparition ; c'est précisément au croisement du documentaire et de la fiction, ainsi que du muet et du parlant, que s'inscrit la réflexion originale du cinéaste sur l'invisible au cinéma. Trois axes majeurs se partagent sa pensée à cet égard. Pour Grémillon, l'invisible est d'abord ce qui échappe à la vue, ce qu'on ne sait pas voir ; c'est le concept de réalisme qui est ici interrogé. Sur ce point, il faut aller chercher dans les écrits du cinéaste les fondements de sa vision paradoxale du réalisme cinématographique. Deuxième aspect, connexe en profondeur, l'invisible est aussi ce qu'on ne peut pas voir, ce qui se dérobe au regard ; c'est le vaste domaine de l'ésotérisme, que Grémillon prend au sérieux. Dernier aspect, pas le moindre et sans doute le plus novateur en ce qui regarde le langage cinématographique, l'invisible est pour le cinéaste ce qu'on est amené à percevoir autrement, à voir par un autre sens que la vue : l'ouïe, avant tout. C'est à ce titre la réalité essentielle d'un invisible qui se révèlerait dans l'audible, un audible repensé qui s'apparenterait à un inouï, que Grémillon expérimente dès ses derniers films muets (Tour au large, 1927, Maldone, 1928, Gardiens de phare, 1929) et bien sûr dans son premier parlant (La Petite Lise, 1930).

Philippe Roger enseigne depuis une vingtaine d'années l'histoire et l'esthétique du cinéma, comme maître de conférences à l'université Lumière Lyon 2. Mélomane autant que cinéphile, il a toujours été attentif à la musicalité des films, comprise comme écriture de l'image autant que du son ; rien d'étonnant à ce qu'il se soit consacré à Max Ophuls et Jean Grémillon, ces deux cinéastes-musiciens dont l'œuvre vivante demeure une source inépuisable d'inspiration. D'autres auteurs sont devenus ses compagnons de route ; de Luis Bunuel à Jaime Rosales, en passant par Jean-Claude Guiguet et Todd Haynes, il cherche à décrypter des poétiques du sensible, au croisement de l'intime et de l'extime. S'il pratique avec passion la réalisation documentaire, l'animation de ciné-club et le journalisme radiophonique, c'est à l'écriture, d'articles et de livres, que vont ses préférences. Son ouvrage le plus récent est l'Attrait du piano aux éditions Yellow now (collection "Motifs"). Il a publié chez le même éditeur Lumière d'été de Jean Grémillon (collection "Côté films"). Il a dirigé avec Yann Calvet le volume des Actes du colloque de Cerisy Jean Grémillon et les quatre Éléments, paru aux Presses universitaires du Septentrion.

Galien SARDE : Narration et images du fantasme dans le roman contemporain : présentation de Trafic (2023) et Échec, et Mat (2022) parus aux Éditions Fables fertiles
Comment le récit et le style qui l'informe peuvent-ils donner à voir des fantasmes signifiants dans l'espace d’un roman ? Comment des agencements verbaux peuvent-il visualiser les fruits des désirs qui portent ce dernier ? C'est à ces deux questions que répondra l'intervention de Galien Sarde.

Né à Blois, agrégé de lettres modernes, Galien Sarde est un romancier français. Son premier roman s'intitule Échec, et Mat (2022) et son second, Trafic (2023). Publiés par les éditions Fables fertiles, tous deux sondent, entre autres, la fiction.

Maxime SCHEINFEIGEL : L'invisible en images ?
À partir de deux textes littéraires notoires, Le Horla (Maupassant, 1887) et La Métamorphose (Kafka, 1915), seront explorés les rapports du cinéma à l'invisible à travers cette question : pourquoi La Métamorphose n'a connu sa première adaptation qu'en 1977 alors que Le Horla l'a été dès 1914 ? La réflexion sera élargie à l'approche de deux autres films liés à la représentation d'un ailleurs improbable : La Glace à trois faces (Jean Epstein, 1927) et Freaks (Tod Browning, 1932). Sur la base d'un ouvrage du philosophe Clément Rousset, L'Invisible, l'analyse de ces quatre films sera fondue dans une double réflexion visant : le lien entre l'invisible et l'apparition (Le Horla, Freaks) et l'influence de la pensée religieuse et de la pensée scientifique sur l'histoire du cinéma et de son héritage pictural. Seront mises à l'étude les œuvres suivantes : d'une part, La Création d'Adam (Michel-Ange), Moïse recevant les Tables de la Loi (Raphaël et Chagall) et L'Homme de Vitruve (De Vinci) ; d'autre part, Le Horla, Freaks, Le Voyage dans la lune (Méliès, 1902).

Maxime Scheinfeigel est professeur émérite de l'université Paul Valéry-Montpellier 3, en Esthétique et histoire du cinéma. Elle a dirigé ou co-dirigé huit ouvrages collectifs, entre autres sur Jean Rouch, René Allio, le cinéma documentaire, des théories croisées entre musique, théâtre et cinéma, l'écoute et la vision au cinéma. Elle a publié sept ouvrages personnels dont Cinéma et magie (Armand Colin, 2008) et Rêves et cauchemars au cinéma (Armand Colin, 2012), plus une centaine d'articles. Elle a organisé des rencontres filmées avec André Labarthe, Luc Moullet, Raymond Bellour, Michel Marie, Luc Vancheri, Emmanuelle André (…).

Benjamin THOMAS : Éprouver l'invisible dont se tisse le monde. Réflexions sur les formes écologiques du film (1910-1930)
Gilbert Simondon, dans Du mode d'existence des objets techniques, postule que l'apparition de la pensée technique a clivé l'appréhension originelle du monde par l'humain, la "pensée magique", qui ne distinguait pas figure et fond. La pensée technique entérine l'idée d'une figure indépendante de tout fond : elle considère que des éléments, les objets techniques, sont mobilisables et manipulables en tout contexte, donc indépendants de tout lieu. En réponse, la pensée religieuse s'affirme en prenant en charge les puissances de fond : c'est une pensée de la totalité en laquelle, idéalement, toute singularité doit se résorber voire être niée. Or, la pensée esthétique, selon Simondon, naît au point de disjonction de ces deux modes de pensée. Elle cherche à réactiver l'interdépendance de la figure et du fond. Elle opère en l'humain avant même qu'il élabore des objets esthétiques. Mais la pensée esthétique, fondamentalement analogique, façonne ses produits comme autant de composés d'affects et de percepts de corrélation. Si l'on suit Simondon, il n'est pas étonnant que les images constituent un lieu privilégié pour donner à éprouver des réalités puissamment relationnelles. Parmi ces réalités intangibles, il y a bien évidemment ce fond connectif, ce milieu d'interdépendances qu'est la condition écologique, la condition d'existence même des formes du vivant. Or il semble que le cinéma tente en fait assez tôt de donner à éprouver cet invisible, qu'il y traite de questions explicitement environnementalistes ou non. On se proposera de vérifier cette hypothèse auprès de films aussi différents que La Fin du monde (Verdens Undergang, 1916, Auguste Blom) ou L'Heure suprême (Seventh Heaven, 1927, Frank Borzage), parmi bien d'autres.

Benjamin Thomas, professeur en études cinématographiques, est spécialiste d'esthétique du cinéma. Ses dernières publications sont Sujets sensibles. Une esthétique des personnages de cinéma (La Lettre Volée, 2022), De l'insistance du monde. Le paysage en cinéma (Passage[s], 2022) et un ouvrage collectif consacré à Bruno Dumont (Warm, 2021). Dans le prolongement de son essai Faire corps avec le monde. De l'espace cinématographique comme milieu (Circé, 2019), il s'intéresse aux puissances écologiques des formes filmiques.

Éric THOUVENEL : "Une lumière qui projette toujours quelque part des ombres" : science et cinéma, une idylle matérialiste à la Belle Époque
La fin du XIXe siècle et le début du suivant ont été le théâtre de bouleversements majeurs : dans le champ des sciences et techniques, de l'organisation des sociétés, de l'économie, de la philosophie, et bien sûr, de la création artistique. L'avènement du cinéma se fait en plein cœur de cette période d'intenses transformations de notre rapport au monde, de vacillement de nos certitudes, mais aussi de redéfinition des rapports entre forme et matière, visible et invisible. En découvrant et en précisant l'ampleur des relations que la matière entretient avec le mouvement, la lumière et l'énergie, les grandes avancées scientifiques de cette époque permettent de donner corps à un vieux rêve humain : celui de voir au-delà, au travers ou au plus profond de la matière, et par là-même, de redéfinir les rapports entre le visible et l'invisible. C'est ce dont témoigneront de nombreux films de la Belle Époque, non seulement dans le registre du cinéma scientifique (Lucien Bull, Jean Comandon, Jean Painlevé...) ; mais surtout et essentiellement dans celui de la création d'avant-garde, de fiction ou documentaire, en produisant des formes de sensibilité esthétique de la matérialité, aussi bien que des formes d'intelligibilité. Ainsi voit on se multiplier, particulièrement dans les années 1920, un attrait pour les poussières, les brouillards, les nuées, les éclats ; mais également une fascination vis-à-vis de la capacité du cinéma à révéler l'invisible tel qu'il gît au plus profond de la matière du monde (chez Dimitri Kirsanoff, Alberto Cavalcanti, Jean Epstein, Germaine Dulac, Marcel L'Herbier, Jean Grémillon, Ralph Steiner, et bien d'autres). Dans le même temps, ce sont des philosophes et des scientifiques intéressés par ces questions qui se pencheront eux aussi sur le dispositif cinématographique, conçu comme un puissant outil de manifestation de l'invisible à travers des formes ou des figures de visibilité, à l'instar d'Henri Bergson ou Gaston Bachelard. C'est cette rencontre heureuse entre cinéma et science dans le premier vingtième siècle que cette communication se propose d'aborder, sous l'angle des imaginaires de la matérialité.

Éric Thouvenel est professeur en études cinématographiques à l'université Paris Nanterre. Après une thèse consacrée aux "Images de l'eau dans le cinéma français des années 20", il a notamment travaillé sur les films et les écrits théoriques de Jean Epstein, sur le cinéma expérimental, et consacré un ouvrage à l'œuvre de Gaston Bachelard, dans sa relation au cinéma. Membre de l'équipe de recherche HAR (Nanterre) et membre associé de l'équipe APP (Rennes 2), il est également codirecteur de la collection "cinéma" aux Presses universitaires de Rennes.

Jean-Louis VINCENDEAU : La photographie, un art de l'invisible, certains objets en suspens | Présentation de son travail et exposition
Petits théâtres d'objets ou théâtres de petits objets, ces petites choses abandonnées, trouvées, retrouvent un sol autre, un site, elles se déploient alors ou irradient bien au-delà d'elles-mêmes. Pour qu'une brindille ressemble à un arbre il faut qu'elle soit bien disposée, installée au bon endroit sous une bonne lumière. Au détour d'une association d'idées, selon les affrontements de hasard et du hasard, un petit éclat d’abîme arraché au néant se découvre à la première personne du singulier et embarque le récit vers de nouvelles aventures. De petites scénographies nées de rencontres d'objets et d'images, curiosités naturelles et ressorts cachés, plus ou moins domestiqués, de la nature dans ses affleurements hermétiques. Un objectif est cependant poursuivi, à savoir faire se déplacer un objet dans le lieu décor préparé spécialement pour l'animer et l'enchanter. Sur un site donné il existe parfois un endroit que l'on ne voit pas et pourtant apparaît pour certain un lieu secret, invisible. Lieu qui à son tour interagit et interfère. Il s'agit à chaque fois d'organiser "l'ichnographie", l'architecture des justes places, s'il est bien placé l'objet vient combler la distance entre le site et le sol. La brindille ramassée au sol se régénère en arbre debout, campée sur "son" nouveau sol par la magie de "l'anaktisis" (de "ana", en remontant et "ktisis", création). Des objets abandonnés, invisibles pour tout un chacun, sont recueillis, rassurés, éclairés, adoptés dans un nouveau monde, ce monde où ils redeviennent visibles et retrouvent leur dignité. Ce seul objet devenu "digne de présence" peut faire advenir un lieu, l'objet placé constitue alors un point d'articulation entre le site et le sol. Interaction, hybridation et discrètes affordances, l'espace que l'on désire explorer et d'où peut surgir l'inattendu doit se mériter. Fenêtres ouvertes sur "l'impensé", de nouveaux objets viennent se glisser encore et encore dans un territoire qui s'invente au fur et à mesure, voilà l'idée traversière de cette aventure.

Jean-Louis Vincendeau, né en 1949 à Gétigné, en pays nantais, en retraite de l'enseignement supérieur, toujours curieux, fouilleur assurément, artiste peut-être ?. Il a réalisé plusieurs expositions, notamment à la Galerie Polaris, Paris.
Ouvrages publiés
Petit traité du jardin en ville, Desclée de Brouwer éd., Paris, 1993.
Parchemins, à propos du jardin Shakespeare, ENSBA éd, Paris, 2004.
Giuseppe Penone, la salle des épines, Les éditions éoliennes, Paris, 2007.


PERFORMANCE :

RIEN À VOIR (#3), performance de Pauline PICOT

Ce sera peut-être doux, peut-être inquiétant.
Ce sera peut-être de l'hypnose, et peut-être pas.
Ce sera une traversée ; une suspension.
Il n'y aura rien à voir.
Quelque chose à vivre.

RIEN À VOIR est une performance créée en décembre 2022 à la bibliothèque Diderot de l'ENS de Lyon, en écho à l'exposition conçue par Céline Frigau Manning autour de son ouvrage Ce que la musique fait à l'hypnose. Une relation spectaculaire au XIXe siècle (Les presses du réel, 2021). Cette forme est reprise — avec toutes les fluctuations et variations que suppose l'art de la performance — à l'occasion du festival lyonnais Pop'Sciences en mai 2023. Pour ce colloque, Pauline Picot propose une troisième version de RIEN À VOIR.

Pauline Picot est docteure en Études Théâtrales. Soutenue en décembre 2021, sa thèse a été effectuée à l'université Lumière Lyon 2 sous la direction de Mireille Losco-Lena. Son champ de recherche porte sur l'imaginaire du fluide (magnétisme, électricité, spiritisme) dans le théâtre français du XIXe siècle. Il déploie des questionnements défrichés à l'occasion de son Master 2 effectué à l'ENS de Lyon, dont le mémoire investiguait les échos entre le théâtre et l'hypnose au XIXe siècle. Elle est intervenante à l'ENSATT Lyon en dramaturgie depuis 2018, et contributrice permanente à la revue Synapsis publiée par le département d'Humanités Médicales de l'université de Columbia (New York). Pauline Picot est également performeuse et autrice ; les éditions Quartett publient ses textes théâtraux depuis 2012. Sa dernière pièce, Votre âme sœur est peut-être dans cette forêt (2022), est mise en voix au Théâtre du Rond-Point en février 2023. En 2024, elle écrit Je pourrais compter tous mes os, qui bénéficie de l'accompagnement du dispositif Texte En Cours.
https://www.ardetpaulinepicot.com/
Publications
"Quand l'électricité s'invite dans le champ domestique : le fantasme du mobilier électrique au théâtre dans la deuxième moitié du XIXe siècle", in BAREL-MOISAN Claire et GLEIZES Delphine (dir.), Merveilles électriques : invention littéraire, vulgarisation et circulation médiatique, Champs sur Marne, LISAA Éditeur [disponible en ligne sur OpenEdition Books - novembre 2024].
"Faire connivence : l'invention électrique sur scène (1859-1908)", in BAZIN Laurent et BAREL-MOISAN Claire (dir.), Itinéraires 2024-2 : Le Merveilleux scientifique en spectacle (1850-1940) (disponible en ligne sur le site de la revue - mai 2024).
"Stunning and Stirring : A Theory on the Symbolic of Spirit Ectoplasm in the Early 20th century" ["Sidérer et troubler : sur la symbolique de l'ectoplasme spirite au tournant du XXe siècle], in Synapsis : A Health Humanities Journal, mis en ligne le 9 novembre 2022.
"Corps conducteurs : l'acteur et le magnétisme au XIXe siècle", in FEUILLEBOIS Victoire et PÉZARD Émilie (dir.), Le Réel invisible. Le magnétisme dans la littérature (1780-1914), Paris, Classiques Garnier, 2022.
"Galvanism in 19th Century Fench Theater : Bringing Dead Words Back to Life" ["Le galvanisme dans le théâtre du XIXe siècle en France : ressusciter les mo(r)ts"], in Synapsis : A Health Humanities Journal, mis en ligne le 16 octobre 2019.
"Sur la spectacularité de l'hypnotisme clinique", in FARAMOND Julie de et FILIPPI Florence (dir.), Théâtre et médecine : de l'exhibition spectaculaire de la médecine à l'analyse clinique du théâtre, Actes du colloque organisé les 27 et 28 mai 2010 à l'université Paris Descartes, Épistémocritique, mis en ligne le 13 mai 2016.


BIBLIOGRAPHIE :

• AMIEL Vincent, Naissances d'images : L'image dans l'image, des enluminures à la société des écrans (Esthétique t. 92), Paris, Klincksieck, 2018.
• ANSELMINI Julie et BOBLET Marie-Hélène (dir.), De l'émerveillement dans les littératures narratives et poétiques du XIXe et XXe siècles, Grenoble, ELLUG, "Ateliers de l'imaginaire", 2017.
• AUMONT Jacques, Doublures du visible. Voir et ne pas voir en cinéma, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2021.
• BANDA Daniel & MOURE José, Avant le cinéma. L'œil et l'image, Paris, Armand Colin, collection "Cinéma / Arts Visuels", 2012.
• BANDA Daniel & MOURE José (textes choisi et présentés par), Le cinéma : naissance d'un art (1895-1920), Paris, Champs Flammarion, 2008.
• BAUDOUIN Philippe, Apparitions : les archives de la France hantée, Paris, Hoëbeke, 2021.
• BERNARD-GRIFFITHS Simone et BRICAULT Cécile (dir.), Magie et magies dans la littérature et les arts du XIXe siècle français, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2012.
• BERTON Mireille, Le Corps nerveux des spectateurs : cinéma et sciences du psychisme de 1900, Lausanne, L'âge d'homme, 2015.
• CALVET Yann, Cinéma, imaginaire, ésotérisme : Murnau, Dreyer, Tourneur, Lewin, Paris, Éditions L'Harmattan, Collection "Champs Visuels", 2003.
• FEUILLEBOIS Victoire et PÉZARD Émilie, Le Réel invisible : le magnétisme dans la littérature, 1780-1914, Minard, Lettres modernes, "Écritures XIX", 2022.
• GLAUDES Pierre et PAGANI Francesca (dir.), Cahiers de littérature française, n°17, "Littérature et magnétisme", 2018.
• HOPKINS-LOFÉRON Fleur, Voir l'invisible. Histoire visuelle du mouvement merveilleux-scientifique (1909-1930), Paris, Champ Vallon, 2023.
• LEUTRAT Jean-Louis, Vie des fantômes : le fantastique au cinéma, collection "Essais", Édition de l'Étoile / Cahiers du Cinéma, 1995.
• LEDDA Sylvain (dir.), Cahiers de l'Herne : Mondes invisibles, mars 2023.
• MANNONI Laurent et CAMPAGNONI Donata Pesenti, Lanterne magique et film peint, Paris, La Martinière / Cinémathèque française, 2009.
• MILNER Max, La Fantasmagorie, Paris, PUF, 1982.
• MOURE José, Aux commencements du cinéma, Rennes, collection "Épures", Presses universitaires de Rennes, 2023.
• OLIVERO Massimo, Figures de l'extase. Eisenstein et l'esthétique du pathos au cinéma, Sesto San Giovanni – Italie, Mimésis, 2017.
• PRIEUR Jérôme, Séance de lanterne magique, Paris, Gallimard, 1985.
• SCHEINFEIGEL Maxime, Cinéma et magie, Paris, Armand Colin, 2008.
• THOMAS Benjamin, Fantômas de Louis Feuillade, Paris, Vendémiaire, 2017.
• VERNET Marc, Figures de l'absence : de l'invisible au cinéma, Paris, collection "Essais des Cahiers du cinéma", Éditions de l'étoile, 1988.


SOUTIENS :

• UFR "Humanités et Sciences Sociales" (HSS) | Université de Caen Normandie
• Laboratoire "Lettres, Arts du Spectacle, Langues Romanes" (LASLAR - UR 4256) | Université de Caen Normandie
• Institut "Arts Créations Théories Esthétique" (ACTE - UR 7539) | Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Caen la mer Normandie


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


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[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.

Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


LÀ OU SE DÉPLOIE LE MONDE…

DROIT ET LITTÉRATURE : FORMES ET SENS À MÊME L'HISTOIRE


DU LUNDI 19 AOÛT (19 H) AU DIMANCHE 25 AOÛT (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



ARGUMENT :

Là où se déploie le monde on trouve le droit, on trouve la littérature. Deux disciplines enracinées dans l'histoire et ayant pour tâche de rendre visible, de donner forme à un réel insaisissable et cependant résistant. La démarche Droit et littérature établit un dialogue entre ces "formes formantes" que sont ces langues constituantes et accompagnantes. Dialogue qui sera institué lors de ces journées à partir d'objets tantôt personnifiés tels l'auteur, le bâtard, la nature, tantôt notionnels telles la justice, la laïcité, le droit (I). Il le sera également à partir de l'étude des genres littéraires (II) que ceux-ci relèvent du roman, de la poésie ou d'une narratologie embrassant le témoignage, les essais, les récits.

Universitaires (qu'ils soient littéraires, historiens, juristes, philosophes), magistrats, écrivains (qui peuvent être universitaires, magistrats, historiens), avocats, historiens et philosophes, forts de cette pensée à la croisée de dynamiques trop souvent jugées étrangères l'une à l'autre, tenteront de répondre à "la créance de sens" d'un monde "qui va", d'un "monde qui ne va pas" comme à celle que leur pratique induit réflexivement (III). Ce n'est que superficiellement que la dimension critique semble dominer ce dialogue. La dimension créatrice de cette pratique qui permet de saisir un droit et une littérature en mouvement, émancipe valeurs, genres, normes de toute tentation de rigidification, nourrit la vie "en train de se faire".


MOTS-CLÉS :

L'Auteur, La Bâtardise, Comme si, Créance de sens, Désir de justice, Droit et littérature, Éléments naturels, Faits divers, Forme formante, Généalogie esthétique, Justice narrative, Laïcité, Matrice narrative, Mère, La norme et la valeur, Poésie et droit, Récit herméneutique, Sociologie juridique, Utopie constituante


CALENDRIER PROVISOIRE (25/03/2024) :

Lundi 19 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 20 août
POSSIBILITÉS D'UN DIALOGUE
Matin
Sandra TRAVERS DE FAULTRIER : Ouverture
Nicolas DISSAUX : L'amour du droit dans la littérature
Yves-Édouard LE BOS : La haine du droit dans la littérature

Après-midi
Jean-Paul HONORÉ : Un lieu de justice, Arléa, 2021
Gisèle BIENNE : Dans la nuit de l'écriture : aller de contre-vérités en vérités
Odile BARRAL : Être juge et vouloir écrire


Mercredi 21 août
LES PERSONNAGES DE LA PENSÉE
Matin
Marco Antônio SOUSA ALVES : L'auteur au croisement du droit et de la littérature
Anne-Elisabeth CRÉDEVILLE : La naissance illégitime ou bâtardise : de la disqualification juridique à l'injure

Après-midi
Judith SARFATI-LANTER : La figuration des éléments naturels dans le droit et dans la littérature contemporaine (France, Australie, États-Unis)
Véronique TAQUIN : Coupable ou non coupable ? Le sujet et son désir de justice. Problématisations littéraires du droit issues du XIXe siècle
Jacques GILBERT : Une généalogie de la Justice


Jeudi 22 août
LES PERSONNAGES DE LA PENSÉE (SUITE)
Matin
Sophie DELBREL : Libérer le monde de l'emprise religieuse : Zola romancier de la laïcité
Marie-Hélène BOBLET : La langue du IIIe millénaire. Comment on parle ou la responsabilité en miettes

Après-midi
DÉTENTE


Vendredi 23 août
DES FORMES À L'ŒUVRE
Matin
Nicolas MATHEY : Roman sociologique et sociologie du droit. Contribution à une sociologie juridique dans la littérature
Nicolas BAREÏT : Scénographie de l'ennui : l'enquête du coroner dans le roman policier à énigme

Après-midi
Colette CAMELIN : Là où s'est démis le droit, règne la violence la plus brutale, quelle peut être alors la part de la poésie ?
Denis SALAS : Le concept de justice narrative
Myriam ROMAN : Pour une poésie du droit ? Jules Michelet et les Origines du droit français cherchées dans les symboles et formules du droit universel (1837)


Samedi 24 août
CRÉANCE DE SENS
Matin
Christine BARON : Le fait divers comme matrice narrative
Jean-Philippe PIERRON : Des mots justes pour dire les maux

Après-midi
Marion MAS : Le récit d'instruction judiciaire : une machine herméneutique ?
Daphné VIGNON : La généalogie esthétique et ontologique de la norme et de la valeur : de la Révolution au solipsisme
Laurent LOTY : Utopie constituante


Dimanche 25 août
CRÉANCE DE SENS (SUITE)
Matin
François OST : Quel(s) récit(s) - petits ou grands - pour un monde éclaté ?
Sandra TRAVERS DE FAULTRIER : Ouvrir les mots

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Nicolas DISSAUX : L'amour du droit dans la littérature
Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout ? Les rapports que la littérature entretient avec le monde du droit peuvent-ils être envisagés sous le prisme amoureux ? Disons que certaines œuvres littéraires manifestent une espèce de passion pour la chose juridique, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur ? C'est l'avènement, par exemple, de ce que l'on a pu appeler le genre législatif au XVIIIe siècle, le temps où quelques grands écrivains se piquaient d'écrire des constitutions et de proposer des lois. Le pire ? C'est, plus près de nous, l'instrumentalisation de la littérature à des fins justicières. Quels sont donc les tenants et les aboutissants de l'amour du droit dans la littérature ? Menée à travers les siècles, cette enquête a peut-être quelque chose à nous révéler et sur le droit et sur la littérature.

Nicolas Dissaux est Agrégé des Facultés de Droit ; Professeur à l'université du Maine ; Avocat au barreau de Paris et Rédacteur en chef de la revue Droit & Littérature.

Yves-Édouard LE BOS : La haine du droit dans la littérature
Naguère, un spécialiste de littérature, désormais professeur au Collège de France, s'était intéressé à La haine de la littérature (Les Éditions de Minuit, 2015). "On nomme antilittérature, écrivait William Marx, tout discours qui s'oppose à la littérature et la définit en s'y opposant. On nomme littérature tout discours auquel s'oppose l'antilittérature. Pas de littérature sans antilittérature". Y aurait-il un discours littéraire antijuridique qui s'opposerait au droit et se définirait en s'y opposant ? La haine du droit, voilà ce qu'inspirent à certains écrivains, ses mots, son style, ses personnages, ses normes, autant de cibles bénies pour ceux qui l'ont en horreur. Haine des études de droit (Gustave Flaubert), de la loi (Charles Péguy, Philippe Muray), haine des notaires (Honoré de Balzac, Joris-Karl Huysmans, et une grande partie de la littérature du XIXe), haine de l'Union européenne et de son droit (Houellebecq, Muray), haine du Code civil (L. Bloy) sont autant d'exemples intéressants d'aversion pour les phénomènes juridiques. L'inventaire raisonné de ces haines permettra de se demander si des courants littéraires sont plus spécifiquement destinés à cette haine, si des types d'écrivains (anti-modernes, réactionnaires, progressistes) ont tout particulièrement le Droit dans le viseur de la plume ? En soumettant certaines haines à l'analyse critique, on se demandera également s'il n'y a pas parfois une défaillance dans la représentation.

Yves-Édouard Le Bos est Maître de conférences en droit privé, Université Sorbonne Nouvelle, unité de recherche Intégration et Coopération dans l'Espace Européen (ICEE).

Sandra TRAVERS DE FAULTRIER : Ouvrir les mots
Confiée au droit comme à la littérature, la faim de référentialité du réel produit des figures dynamiques chargées d'habiter l'incertitude. Que l'on introduise la langue de la généalogie ou celle du "comme si", ces figures "circonscrites et fétichisées dans l'enclos sacré des études" (Jean-Christophe Cavallin, José Corti, 2021, p. 37) conduisent à la béance des fondements comme à la fécondité du "pourquoi pas". Pensée en mouvement la lecture Droit et Littérature répond provisoirement sous forme d'interrogations productives à "la créance de sens" que semblent lui tendre ses praticiens. Car loin de déconstruire (malgré son aspect critique ou didactique) elle ouvre à même son objet les mots pour le dire.

Sandra Travers de Faultrier est Docteure en droit, docteure es lettres ; Membre associée du centre de recherche sur la justice et le règlement des conflits (Paris 2 où elle assure le cours Justice et littérature) et Membre du comité de rédaction des Cahiers de la justice.


Nicolas BAREÏT : Scénographie de l'ennui : l'enquête du coroner dans le roman policier à énigme
En Angleterre, l'enquête du coroner est une figure imposée du roman policier à énigme, alors même qu'elle peut s'avérer ennuyeuse. Comment (d)écrire cette procédure sans provoquer les bâillements du lecteur ? Les stratégies narratives sont plurielles, mais toutes se rejoignent autour d'une même critique : l'enquête du coroner n'est pas un instrument de justice.

Nicolas Bareït est Maître de conférences HDR en droit privé et sciences criminelles à l'université de Pau et des Pays de l'Adour. Depuis près de dix ans, il étudie les rapports entre le Droit et la Littérature et en particulier les représentations du Droit dans le roman policier à énigme (Agatha Christie. Le droit apprivoisé, Classiques Garnier, 2020).

Marie-Hélène BOBLET : La langue du IIIe millénaire. Comment on parle ou la responsabilité en miettes
À partir de la sensibilité à et du travail sur la langue, je proposerai une lecture comparée de récits fictionnels ou non fictionnels du XXIe siècle : La Question humaine de François Emmanuel (2000), Entre chagrin et néant (2009) et Comment on expulse. Responsabilités en miettes (2011) de Marie Cosnay, Personne ne sort les fusils de Sandra Lucbert (2020). Chacun de ces textes enregistre et adresse, avec la distance et l'apostrophe propres à tout geste littéraire, les récents déplacements, appropriations ou accommodations linguistiques perceptibles dans la langue de l'entreprise ou dans celle du prétoire, et offre à / permet de "voir en prose" (Sandra Travers de Fautrier) les errements de la société néo-libérale.

Marie-Hélène Boblet est Professeure émérite des Universités en Langue et Littérature françaises, Université de Caen-Normandie. Elle est spécialiste des XXe et XXIe siècles et des écritures dialogales.
Bibliographie
"Histoire, témoignage, montage : quelques pratiques du récit dans Comètes et Perdrix de Marie Cosnay", in FIXXION, n°26, "Littérature du procès, Procès de la littérature", L. Demanze et M. Barraband (éds.), 2023.
"Des faillites et des failles : ce que juger veut dire", in Dire et lire les vulnérabilités contemporaines, études réunies et présentées par M.-H. Boblet et Anne Gourio, ELFe XX-XXI, n°9, 2020.
"Au nom des ressources humaines", Quand la littérature fait savoir. Mutations, institutions, interactions, Contemporary French & Francophone studies, Sites, A. Rousso, J.-M. Moura, D. Viart (éd.), Connecticut, 2016.
"D'une résurgence à l'autre : de Shoah à La Question humaine", French Forum, Special Issue : Résurgence/Oubli, vol. 41, n°1-2, 2016, University of Pennsylvania, Ph. Met (éd.), p. 39-50.

Anne-Elisabeth CRÉDEVILLE : La naissance illégitime ou bâtardise : de la disqualification juridique à l'injure
La bâtardise est la conséquence de l'absence de légalité de la situation matrimoniale des parents qui rejaillit sur la naissance de l'enfant juridiquement illégitime, qu'il soit enfant naturel simple, enfant adultérin ou incestueux. L'illégitimité concerne la naissance, non l'état social. La stigmatisation et l'opprobre dus essentiellement aux religions empêchant l'enfant d'hériter et d'être citoyen, n'a pas empêché sa légitimation, son intégration et sa réhabilitation grâce à l'action et l'affirmation de sa liberté d'être ce qu'il est, telles que le démontre la littérature dans l'œuvre de Shakespeare, Gide, Sartre. À l'époque contemporaine, le terme bâtard est considéré comme une injure, succédané de la disparition de la bâtardise. Il peut qualifier une personne vivant sans l'un de ses parents, ou étant née dans des conditions socialement défavorables. Si le mot est actuellement une "insulte par ricochet", en cela qu'elle stigmatise le comportement d'un tiers, il est aussi une insulte de solidarité, ne visant pas la blessure mais la connivence, la référence au statut de la naissance semblant avoir plus ou moins disparu des usages.

Anne-Elisabeth Crédeville est conseillère doyenne honoraire à la Cour de cassation ; elle est actuellement vice-présidente du conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique. Elle a publié en septembre 2023 aux éditions Mare et Martin dans la collection "droit et littérature" : Shakespeare et l'honneur.

Sophie DELBREL : Libérer le monde de l'emprise religieuse : Zola romancier de la laïcité
Au lendemain de la défaite de Sedan, interroger le "monde qui ne va pas" pour Zola passe par la remise en cause de l'alliance traditionnelle de l'État et de l'Église ; avec Vérité, volume inspiré par l'affaire Dreyfus, cette préoccupation éclate au grand jour. Dans la dénonciation radicale de l'instrumentation religieuse que le créateur des Rougon-Macquart et de la famille Froment opère, le monde dévot est synonyme de faux-semblants, le monde clérical apparaissant comme un monde de ténèbres. En même temps, intacte est la fascination de l'auteur pour la foi sincèrement vécue, le croyant étant présenté comme une force individuelle, voire comme un modèle de comportement. La quête de l'authenticité qui anime Zola rejoint ainsi le thème de la laïcité, élément d'une philosophie par laquelle il répond à la "créance de sens".

Maître de conférences en Histoire du droit à l'université de Bordeaux, Sophie Delbrel est spécialiste d'histoire de la justice. Depuis plusieurs années elle explore l'univers littéraire de Zola et a publié Zola peintre de la justice et du droit (Dalloz, 2021). Ses derniers articles portent sur "Travailler pour le meilleur et pour le rire ? Les Repoussoirs, conte d'Émile Zola" et sur "1848 ou la Fraternité en héritage : Zola et l'imaginaire ouvrier" (Droit Social, 2023, n°1 et n°12).

Laurent LOTY : Utopie constituante
Pour améliorer une démocratie qui n'en est qu'à ses débuts, nous avons besoin d'imagination politique et juridique, ainsi que d'une éducation populaire à l'écriture de fictions utopiques et de projets législatifs. Un tel programme alterréaliste passe par la compréhension de ce qu'est une fiction utopique, et de ce que pourrait être une déprofessionnalisation de la politique, un processus collectif de Constituante, et la participation de chaque génération à une éventuelle réécriture du texte constitutionnel. Ce sont des précurseurs de l'ultralibéralisme qui ont inventé, en 1705-1710, le nom commun "utopie", avec le sens négatif de rêve impossible, acception ensuite propagée par des marxistes. Le premier texte de ce genre littéraire et politique, Utopia (1516) de More, était pourtant une stratégie littéraire qui invitait à critiquer la réalité et à délibérer sur des réformes, à partir de la présentation d'un monde meilleur, sciemment présenté comme fictif. La littérature utopique a été et pourrait être à nouveau le ferment d'une littérature juridique. Reste à choisir des formes d'écriture bénéfiques : croyance distanciée et méliorisme plutôt qu'espérance d'un Paradis, dialogisme plutôt qu'autoritarisme, et rédaction collective de textes constitutionnels.

Laurent Loty est historien des imaginaires et des idées scientifiques et politiques au CNRS, président d'honneur de la Société française pour l'histoire des sciences de l'homme. Publications sur droit et littérature : articles sur des utopies juridiques de Rétif ; "Condorcet contre l'optimisme", Condorcet mathématicien, économiste, philosophe, homme politique, 1989 ; "Vertu politique et vertu sémantique", préface à H. Drei, La Vertu politique : Machiavel et Montesquieu, 1998 ; "Pour l'indisciplinarité" [2000], The Interdisciplinary Century, 2005 ; Littérature et engagement pendant la Révolution française (codir., 2007) ; Individus et communautés, n° de Dix-huitième siècle, 41, codir., 2009 ; "L'optimisme contre l'utopie : une lutte idéologique et sémantique", Europe, 985, 2011 ; "Sérendipité et indisciplinarité", avec S. Catellin, Hermès, 67, 2013 ; "Écrire des fictions utopiques et juridiques : le programme international "Alterréalisme"", avec A.-R. Morel, dans Pratiques d'écriture littéraire à l'Université, 2013 ; "Que signifie l'entrée du bonheur dans la Constitution ?", La licorne, 115, 2015 ; Dictionnaire des anti-Lumières et des antiphilosophes, coord., 2017 ; "De la soumission aux mots de "gauche" et "droite" à une citoyenneté active", Le philosophoire, 58, 2022.

François OST : Quel(s) récit(s) - petits ou grands - pour un monde éclaté ?
S'il est vrai que l'humain est un être qui se raconte des histoires et que les sociétés sont des "communautés narratives" partageant des "romans politiques", on peut se demander quel est (quels sont) le(s) récit(s) qui s'impose(nt) aujourd'hui à l'heure de la mondialisation (elle-même contestée) et de la diversité culturelle. La question prend une acuité particulière à l'heure de la "fin des grands récits" (J.-F. Lyotard) et des ravages du storytelling. Question subsidiaire : que devient le récit républicain à la base de l'État de droit ?

Myriam ROMAN : Pour une poésie du droit ? Jules Michelet et les Origines du droit français cherchées dans les symboles et formules du droit universel (1837)
Tout en posant l'Histoire comme un progrès et une avancée vers l'abstraction, l'historien Jules Michelet propose en 1837 un curieux ouvrage, érudit et poétique, qui recherche les formes juridiques symboliques de l'ancien droit. Pour Michelet, au commencement des sociétés humaines, déjà, était le droit, vécu, joué dans des gestes et des paroles formulaires. Nous définirons ce que l'historien entend par poésie du droit, et nous expliquerons l'intérêt qu'il lui porte, d'autant plus surprenant en plein XIXe siècle des codes.

Spécialiste de Victor Hugo et du romantisme, Myriam Roman est professeur de littérature française du XIXe siècle à l'université de Lille. Elle a publié récemment Le droit du Poète. La justice dans l'œuvre de Victor Hugo, Presses universitaires de Saint-Étienne, coll. "Le XIXe siècle en représentation(s)", 2023 et co-dirigé avec Marion Mas un numéro de Romantisme, Écrire le droit, n°199, 2023.

Marco Antônio SOUSA ALVES : L'auteur au croisement du droit et de la littérature
Selon Michel Foucault, l'auteur est une figure complexe et variable, qui émerge et assume des fonctions spécifiques en raison de certaines pratiques et discours, tant littéraires que juridiques. L'objectif de cette communication consiste à examiner les contours de l'expérience moderne, au carrefour du romantisme et du droit bourgeois, qui a donné naissance à la notion d'auteur propriétaire de son œuvre.

Marco Antônio Sousa Alves est Docteur en philosophie, Professeur à la Faculté de Droit de l'université Fédérale de Minas Gerais (UFMG), Belo Horizonte, Brésil. Il est Coordinateur adjoint du Programme d'études supérieures en droit (PPGD/UFMG).
Publication
Uma genealogia do autor, Éditions UFMG, 2021.

Véronique TAQUIN : Coupable ou non coupable ? Le sujet et son désir de justice. Problématisations littéraires du droit issues du XIXe siècle
À travers quelques grands textes, j'essaierai de cerner la problématisation spécifiquement littéraire du rapport de la psyché au droit au XIXe siècle, dans le contexte d'une double gestation déterminante pour le droit : celle de l'État moderne et celle d'une pensée de l'inconscient. Dans les cas qui m'intéressent, l'œuvre littéraire mène le lecteur face à l'indécidable sur une question de droit, sans cesser de viser le jugement mais en le mettant toujours en défaut, et cela parce que le traitement littéraire de cette question de droit découvre des profondeurs problématiques inaccessibles à des réconciliations dialectiques.

Véronique Taquin est ancienne élève de l'École normale supérieure et de l'IDHEC (FEMIS), professeure honoraire de chaire supérieure en classes préparatoires littéraires, réalisatrice et écrivain (lejeudetaquin.free.fr). Réalisation et publications sur Droit et littérature : Bartleby, ou les hommes au rebut, adaptation cinématographique de la nouvelle de Melville, 1993, diffusion Doriane Films ; Antigone de Jean Anouilh, 1998 ; "Entretien sur Bartleby, A story of Wall Street", avec Sandra Travers de Fautrier, Les cahiers de la justice, 2023 ; Essai en cours de rédaction sur la captation postmarxiste des droits de l'homme.


SOUTIENS :

• Association française pour l'histoire de la Justice (AFHJ)
• Centre de recherche sur la justice et le règlement des conflits (CRJ) | Université Paris-Panthéon-Assas


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


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[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.

Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


RÉGIS JAUFFRET, LES POUVOIRS DE LA FICTION


DU SAMEDI 10 AOÛT (19 H) AU VENDREDI 16 AOÛT (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Christelle REGGIANI, Christophe REIG

En présence de Régis JAUFFRET


ARGUMENT :

Écrivain du malaise et de la cruauté, mais aussi de l'humour noir et de la lucidité sur l'âme humaine, Régis Jauffret construit depuis une quarantaine d'années une œuvre aussi abondante qu'éclectique — à ce jour une trentaine de récits et de recueils de nouvelles, qui ont reçu de nombreux prix littéraires.

Cet ensemble qui télescope les genres, désormais reconnu et apprécié par un public élargi tant en France qu'à l'étranger, a été salué par la critique. Les récits de cet observateur féroce, à l'affût d'une humanité broyée par les "machines sociales", rencontrent parfois un rai de lumière poétique quand ils ne font pas feu de tout bois, s'appuyant sur des faits divers contemporains. Dans tous les cas, ils manifestent une remarquable et inlassable inventivité formelle et stylistique, encore très peu explorée. Cette prolixité, la foi en les pouvoirs de l'imagination, la maîtrise de l'écriture et des jeux possibles sur les conventions romanesques font indéniablement de Jauffret un maître de la fiction.

Ce colloque — le premier de cette ampleur à lui être consacré — permettra de reconsidérer l'ensemble de cet itinéraire réflexif d'écrivain, d'en explorer les détours, les inflexions et les virages.


MOTS-CLÉS :

Fiction, Jauffret (Régis), Langue littéraire, Littérature française contemporaine, Microfiction, Nouvelle, Poétique, Roman contemporain, Romanesque, Stylistique, Théorie littéraire


CALENDRIER PROVISOIRE (13/03/2024) :

Samedi 10 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants, ainsi que du Foyer de création et d'échanges


Dimanche 11 août
Matin
Gaspard TURIN : Microfiction et micropolitique
Frédéric MARTIN-ACHARD : Mutations de l'ironie chez Régis Jauffret

Après-midi
Sjef HOUPPERMANS : Microfictions 2022, "inventaire d'un monde terrible et fabuleux"
Ilias YOCARIS : "Il n'aurait jamais dû me demander où était la Bastille" : éloge et blâme paradoxal dans Microfictions

Soirée
Lectures de son œuvre, par Régis JAUFFRET


Lundi 12 août
Matin
Bérengère MORICHEAU-AIRAUD : La porosité énonciative dans l'écriture de Régis Jauffret
Marinko KOSCEC : La macrofiction de Régis Jauffret

Après-midi
Timo OBERGÖKER : Écrire sur une énigme : Papa de Régis Jauffret
Teresa Manuela LUSSONE : Grande histoire et microfictions. Réflexions autour de 1889

Soirée
Écoute de la série radiophonique Les Nouveaux Maîtres du mystère (écrite par Régis Jauffret), suivie d'un échange avec l'écrivain


Mardi 13 août
Matin
Marie-Albane WATINE : Surprise et déprogrammation du sens dans Microfictions 2022
Anne ROCHE : Rue Marius Jauffret, Marseille huitième

Après-midi
DÉTENTE


Mercredi 14 août
Matin
Anne GARRIC : Quatre relations incestueuses. Du vice discursif dans "Au bois des Anges", "Capuche", "Dans les bras d'un satyre" et "Inceste et hamburgers" de Régis Jauffret
Bahia DALENS & Alice LAUMIER : Régis Jauffret : une littérature du trouble

Après-midi
Stéphane CHAUDIER & Grégoire TALLON : La scène du crime dans les Microfictions
Sylvie LOIGNON : Dans le ventre de Klara : gestation du monstre


Jeudi 15 août
Matin
Marinella TERMITE : Dans le réseau du non-humain : les pièges de Régis Jauffret
Mervi HELKKULA : Éléments du réel et traits fictionnels dans l'œuvre de Régis Jauffret

Après-midi
Sandrine VAUDREY-LUIGI : Jauffret, une langue âpre et exigeante
Christophe REIG : Régis Jauffret : l'ethos de l'écrivain

Soirée
Projection du film Loup-garou de Stéphane Lévy (où joue Régis Jauffret), suivie d'un échange avec l'écrivain


Vendredi 16 août
Matin
Conclusions, rapports d'étonnement des doctorants et jeunes chercheurs

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Anne GARRIC : Quatre relations incestueuses. Du vice discursif dans "Au bois des Anges", "Capuche", "Dans les bras d'un satyre" et "Inceste et hamburgers" de Régis Jauffret
"Au bois des Anges", "Capuche", "Dans les bras d'un satyre" et "Inceste et hamburgers" sont quatre des premières Microfictions, qui mettent en récit les violences incestueuses, à travers le discours des ascendants qui se livrent, et livrent leurs descendants, à cet ensemble de pratiques sexuelles prohibées. Unanimement condamné dans les sociétés humaines répertoriées, objet d'étude substantiel des sciences humaines qui en ont fait un tabou suprême — il a d'ailleurs connu une actualité brûlante en France ces derniers mois, faite de la révélation et, souhaitons-le, d'une prise de conscience de son omniprésence dans le tissu social : l'inceste révulse, il scandalise, et peut alimenter les discussions les plus vives quant aux questions éthiques et esthétiques associées à celle de la représentation littéraire. Nous proposons une étude de ces quatre relations incestueuses qui situera le conflit doxique qu'elles mettent en œuvre aux niveaux sémantiques, avec en particulier une forte activation de l'opération axiologique, dans la perspective analytique d'une "éthique des vertus discursives" selon les assises théoriques que Marie-Anne Paveau consacre à ce sujet (Langage et morale : une éthique des vertus discursives, Lambert-Lucas, 2013). Nous scruterons ensuite l'élaboration de ce vice discursif au prisme d'une analyse stylistique structurale, qui tentera de saisir les dynamiques combinatoires et contradictoires du discours figuré dans ces textes de Régis Jauffret.

Agrégée de lettres modernes, Anne Garric prépare actuellement une thèse de doctorat en langue française dont la perspective est stylistique, sous la direction de Christelle Reggiani (Sorbonne Université). Intitulée "Styles de la malséance", elle porte sur un corpus d'œuvres de prose narrative de Georges Bataille, Jean Genet et André Pieyre de Mandiargues.
Publications
""L'homme du parc Monceau" d’André Pieyre de Mandiargues. Dénaturation du référent humain, altération linguistique et dépravation discursive", Roman 20-50, vol. 66, n°3, 2018, p. 143-155.
"Itinéraires obscènes de Georges Bataille. Le scandale dans la langue", in Patrick Mathieu (dir.), Voyage et Scandale, Classiques Garnier, "Géographies du monde", n°34, 2022, p. 213-225.
"Par-delà le noble et l'ignoble : conflit doxique et "séduction hors-la-loi" dans les récits de Georges Bataille, Jean Genet et André Pieyre de Mandiargues" (référence à préciser).
Interventions à des colloques
"Détraquement textuel et "hachis de mots" : Le Musée noir de Mandiargues, un style de décadence", Colloque "Mandiargues : écrire entre les arts" (Cerisy, août 2021) dirigé par Alexandre CASTANT, Pierre TAMINIAUX et Iwona TOKARSKA-CASTANT. L'article recueilli dans les actes à paraître aux éditions des Presses universitaires de Rennes s'intitule "Détraquement textuel et "hachis de mots" : Mandiargues décadent".
"Linguistique du voleur : une heuristique de Jean Genet", Cinquième colloque de l'Association Internationale de Stylistique, intitulé "Styles et imaginaires de la langue", organisé par Mathieu BERMANN et Mathias VERGER à l'université de Paris 8 Vincennes - Saint-Denis (octobre 2022).
"Par-delà le noble et l'ignoble : conflit doxique et "séduction hors-la-loi" dans les récits de Georges Bataille, Jean Genet et André Pieyre de Mandiargues", Premier colloque international du Réseaux de départements de français de l'universtié d’Ain Shams (2 et 3 mai 2023).

Mervi HELKKULA : Éléments du réel et traits fictionnels dans l'œuvre de Régis Jauffret
Le romancier Régis Jauffret a été condamné, en 2016, pour diffamation à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn dans son roman La Ballade de Rikers Island (2014). Le viol raconté dans le roman n'a pas pu être prouvé, ce qui rend, selon le tribunal américain, le contenu du roman non conforme à la réalité et, par conséquent, condamnable. Ce qui est cependant plus intriguant du point de vue de la "réalité augmentée", évoquée par l'auteur lui-même, est l'association d'un récit de faits réels à l'usage de modes de narration caractéristiques d'œuvres de fiction. Dans les romans de Jauffret, le narrateur imagine les réactions, les réflexions et les sentiments des personnages, dont les modèles sont dans plusieurs cas des personnes réelles. C'est cet usage "transgressif" des procédés narratifs et des formes du discours rapporté qui sera l'objet d'étude dans cette communication.

Mervi Helkkula est Professeure émérite de langue française à l'université de Helsinki. En plus de l'œuvre de Marcel Proust, elle a publié des études sur la littérature française contemporaine, entre autres Delerm, Echenoz, Kerangal et Jauffret.
Publication
"La famille infernale. Sur la violence langagière dans Asiles de fous de Régis Jauffret", Christophe Reig (éd.), Régis Jauffret. Éclats de la fiction, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2017, 43-54.

Sjef HOUPPERMANS : Microfictions 2022, "inventaire d'un monde terrible et fabuleux"
Cette conférence sera centrée sur une sélection des Microfictions 2022 ; "le monde est une fiction terrible et fabuleuse" comme le dit la quatrième de couverture, définition à scruter d'un regard (psych)analytique me semble-t-il. Le contenu de ces Microfictions, tout en appartenant globalement à la rubrique "faits divers", peint souvent des situations extrêmes et hyperboliques où l'exagération même n'empêche pas une bonne dose d'ironie mais touche également au fantastique coloré d'inquiétante étrangeté. Pour ce qui regarde la forme, le récit court connaît une riche tradition que Jauffret reprend tout en appliquant diverses variantes. La richesse stylistique n'est pas seulement ornementale mais appuie l'âpreté des épisodes.

Sjef Houppermans est professeur émérite en littérature française moderne et contemporaine à l'université de Leyde (Pays-Bas). Ses recherches se servent des théories psychanalytiques et stylistiques. Livres publiés entre autres sur Raymond Roussel, Marcel Proust, Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet, Claude Ollier.
Dernières publications
Marcel Proust déconstructiviste, Classiques Garnier, 2024.
Samuel Beckett Today/Aujourd'hui, numéro 35/2 "En attendant Godot et L'Innommable 70 ans après", Leiden, Brill, 2023.

Marinko KOSCEC : La macrofiction de Régis Jauffret
Plus que la mécanique fine des Microfictions, nous nous proposons d'étudier leurs substrats et liens avec le contexte, autrement dit les syndromes qu'elles reflètent : le désespoir et le désemparement généralisés qui se manifestent par des dérapages individuels, la rage sans objet déterminé, la haine omniprésente de l'autre, la violence ou le désir plus ou moins refoulés d'en finir avec tout ; l'homme dépossédé de son essence et déboussolé face à l'entropie au seuil d'un devenir transhumaniste. En nous appuyant sur quelques réflexions évolutionnistes (Anders, Ellul, Harari) nous abordons les Microfictions comme des figures fractales d'une civilisation post-humaniste, marquée par la disparition de la société, la dégénérescence de toute intersubjectivité, ainsi que le décalage croissant entre l'environnement que les humains produisent et leur capacité de l'habiter. Nous lisons les Microfictions comme une représentation épique de l'obsolescence de l'homme, qui persiste pourtant à vivre son apocalypse douce, atomisée.

Marinko Koscec est écrivain, auteur notamment de 8 romans, dont certains sont traduits en anglais et en néérlandais. Professeur associé de la littérature française à la Faculté de philosophie et lettres de Zagreb, il est spécialiste de la prose contemporaine en français, auteur de deux articles sur Régis Jauffret. En travaillant dans l'édition, il a dirigé la traduction croate de trois œuvres de Jauffret.

Alice LAUMIER
Alice Laumier est docteure en Littérature française et poursuit actuellement un postdoctorat à l'université de Toronto. Ses travaux portent principalement sur la littérature contemporaine française, les rapports entre littérature et sciences humaines et les trauma studies. Elle est l'auteure de L'Après-coup. Temporalité de l'événement et approches critiques du trauma (2024) et a co-dirigé l'ouvrage collectif Explorations anthropologiques de la littérature contemporaine (2021).

Teresa Manuela LUSSONE : Grande histoire et microfictions. Réflexions autour de 1889
"Elle portait en elle le XXe siècle", a affirmé Régis Jauffret à propos de son dernier livre, car "si Hitler n'avait pas existé, le XXe siècle n'aurait pas été pareil". Dans ce roman, paru en Italie en 2023 sous le titre 1889 (Edizioni Clichy), puis, dans une version remaniée, en France en janvier 2024 sous le titre Dans le ventre de Klara (Éditions Récamier), Jauffret reconstruit la grossesse de Klara Hitler à partir des quelques bribes de renseignements dont on dispose. À travers le récit à la première personne de cette femme victime de son mari, l'auteur représente le milieu abject dans lequel est né celui qui deviendra le Führer, et, derrière les micro-événements qui scandent la vie du couple Hitler, c'est la grande Histoire qui se fait jour. L'un des aspects qui sera examiné concerne justement la mise en scène de l'Histoire, qui occupe, par rapport à l'édition italienne, une place majeure dans l'édition française, où les références à la Shoah s'avèrent beaucoup plus explicites. Puis seront analysés les enjeux stylistiques et la fonction que revêt la représentation de l'Histoire.

Teresa Manuela Lussone est enseignante-chercheuse à l'université de Bari (Italie). Spécialiste des œuvres posthumes de Némirovsky, elle a notamment été en charge, avec Olivier Philipponnat, de la nouvelle édition de Suite française (Denoël, 2020) et des Feux de l'automne (Albin Michel, 2014). Avec L. Frausin Guarino elle a traduit Tempête en juin, première partie de Suite française, pour Adelphi (2022). Elle a également travaillé sur Sophie Cottin, sur Sartre, sur la littérature française contemporaine et sur la représentation de l'histoire en littérature.

Frédéric MARTIN-ACHARD : Mutations de l'ironie chez Régis Jauffret
L'œuvre de Régis Jauffret, et en particulier les trois volumes publiés à ce jour des Microfictions, est souvent associée à une forme d'ironie cruelle, voire de cynisme. Dans cette communication, on reviendra sur les formes prises par l'ironie chez Jauffret, mais on se demandera plus particulièrement si ce qualificatif d'ironique peut être appliqué à toute l'œuvre, si l'ironie n'a pas connu des mutations à partir de la publication des premières Microfictions en 2007, notamment dans les récits écrits à partir de faits divers retentissants (Sévère, Claustria, La Ballade de Rikers Island…). On situera ces évolutions dans le cadre plus large de la prose narrative des vingt dernières années.

Frédéric Martin-Achard est maître de conférences en stylistique et littérature française des XXe-XXIe siècles à l'université Jean Monnet de Saint-Étienne. Il a publié Voix intimes, voix sociales. Usages du monologue romanesque aujourd'hui (Classiques Garnier, 2017) ; co-dirigé avec Aude Laferrière, (In)actualité de l'ironie dans la prose d’expression française (2010-2020), Carnets (n°23, 2022) ; avec Nathalie Piégay et Dominique Rabaté, Statut du personnage dans la fiction contemporaine, Fixxion (n°23, 2021) et avec Anne Favier, Carole Nosella et Jean-François Puff, Retrait, effacement, disparition dans les arts et la littérature d'aujourd'hui (PUR, 2022).

Anne ROCHE : Rue Marius Jauffret, Marseille huitième
Peut-on parler d'un "Marseille de Régis Jauffret" comme on parle du Paris de Balzac ou du Berlin d'Alfred Döblin ? A priori rien de comparable, même si l'on trouve dans l'œuvre de Jauffret un certain nombre de notations qui se réfèrent à sa ville natale, et ce d'autant plus que la rue où il a passé son enfance et son adolescence porte le nom d'un aïeul. Le relevé de certaines de ces notations fait néanmoins apparaître tout autre chose qu'une géographie réaliste de la ville, dans la mesure où, à plusieurs reprises, elles plongent dans un passé qui excède les limites chronologiques de la vie de l'auteur, mais aussi dans un réel problématique, où se déploient des hypothèses plus ou moins improbables. Dès lors, la ville réelle se révèle rongée par la fiction.

Publication
"Prêter une voix", in Christophe Reig (dir.), Régis Jauffret. Éclats de la fiction, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2017, p.33-41.
Bibliographie complète : https://www.m-e-l.fr/anne-roche,ec,219

Marinella TERMITE : Dans le réseau du non-humain : les pièges de Régis Jauffret
L'imaginaire de Régis Jauffret interroge sans cesse les liaisons humaines pour explorer les ressources et les limites des détours du sujet. En jouant avec l'anonymat et la multiplication des identités, les nombreuses postures des personnages agissent en fonction de la distinction et de l'assimilation des fragilités romanesques dont les individus sont porteurs. Dans ce cadre, le recours aux règnes naturels apparaîtrait comme un filtre ultérieur pour saisir les effets insolites de l'humain. Comment le réseau du non-humain (animal et végétal) contribue-t-il à restituer la portée scripturale des anomalies relationnelles ? Cette étude vise ainsi à dévoiler les pièges d'un vivant compromis par la cruauté problématique de l'inattendu.

Marinella Termite est maître de conférences de littérature française à l'université de Bari, où elle fait partie du Groupe de Recherche sur l'Extrême Contemporain (GREC) et co-dirige la collection "Ultracontemporanea" (Quodlibet). Elle a, entre autres, publié, avec les préfaces de Marie Thérèse Jacquet, L'écriture à la deuxième personne. La voix ataraxique de J.-M. Laclavetine (Peter Lang, 2002), Vers la dernière ligne (B.A. Graphis, "Marges critiques/Margini critici", 2006), Le sentiment végétal. Feuillages d'extrême contemporain (Quodlibet, "Ultracontemporanea", 2014) et coordonné, pour "Ultracontemporanea", Mots de faune (2020) ainsi que Le prisme des anomalies (avec Laurent Demanze, 2023).
Sur Régis Jauffret :
"Variations Niobée : sources et ressources du "tu" chez Anne Godard et Régis Jauffret", in Revue Trans-, été 2009.
"Une affaire de sous-sol : l'écriture caméléon dans Claustria de Régis Jauffret", in Intercâmbio, 2e série, Vol. 11, 2018, p. 88-99.

Ilias YOCARIS : "Il n'aurait jamais dû me demander où était la Bastille" : éloge et blâme paradoxal dans Microfictions
Microfictions (2007) s'inscrit délibérément dans un genre discursif hérité de l'antiquité, qui connaît une vogue certaine dans la littérature française contemporaine depuis une trentaine d'années (cf. Reggiani 2021) : il s'agit de l'éloge (ou du blâme) paradoxal, procédé qui consiste à projeter sur un référent fictionnel donné un point de vue inversant la "on-vérité" (cf. Berrendonner 1981) qui prévaut à son sujet au sein d'une communauté socioculturelle donnée. Les nouvelles microscopiques qui composent l'ouvrage de Jauffret donnent ainsi à voir une myriade de narrateurs non fiables à la première personne qui émettent des jugements de valeur à contre-emploi, en faisant preuve (le plus souvent) d'une mauvaise foi ostentatoire. Dans une perspective pragma-stylistique, on se propose donc d'étudier : les procédés stylistiques liés à l'inversion des "on-vérités" ciblées dans Microfictions (enchaînements argumentatifs défectueux, schématisations discursives aberrantes, tropes implicitatifs, coups de force présuppositionnels, etc.) ; ainsi que les phénomènes de feuilletage énonciatif découlant de ces procédés (fluctuations du point de vue projeté par Jauffret-auteur impliqué sur les personnages qu'il met en scène, estompement des limites entre mensonge, ironie et mauvaise foi dans leur discours).

Références bibliographiques
Bakhtine, Mikhaïl (1978), Esthétique et théorie du roman, trad. du russe par Daria Olivier, Paris, Gallimard, coll. "Tel".
Berrendonner, Alain (1981), Éléments de pragmatique linguistique, Paris, Minuit, coll. "Propositions".
Dandrey, Patrick (1997), L'Éloge paradoxal : de Gorgias à Molière, Paris, PUF, coll. "Écriture".
Durand, Thierry (2009), "Essai sur Régis Jauffret : le monde comme désir et délire", Australian Journal of French Studies, 46, 1-2, p. 45-57.
Gefen, Alexandre, ""Je est tout le monde et n'importe qui". Les Microfictions de Régis Jauffret", Revue critique de fixxion française contemporaine, 1, p. 62-66.
Grize, Jean-Blaise (1996), Logique naturelle et communications, Paris, PUF, coll. "Psychologie sociale".
Grize, Jean-Blaise (1997), Logique et langage, Paris/Gap, Ophrys.
Hamon, Philippe (1996), L'Ironie littéraire. Essai sur les formes de l'écriture oblique, Paris, Hachette, coll. "Université / Recherches littéraires".
Kerbrat-Orecchioni, Catherine (1986), L'Implicite, Paris, Armand Colin, coll. "U".
Moricheau-Aireau, Bérengère & Narjoux, Cécile dirs (2023), La Langue de Régis Jauffret : "Pirate des mots, du langage", Dijon, E.U.D.
Reggiani, Christelle (2021), "L'éloge paradoxal dans la littérature française contemporaine", Recherches & Travaux, 99, Penser le retour de l’éloquence et de son enseignement.
Reig, Christophe (dir.) (2017), Régis Jauffret — éclats de la fiction, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle.
Rubino, Gianfranco (2010), "Un monde de folie ordinaire : Régis Jauffret", in Matteo Majorano (dir.), Écrire le fiel, Bari, B.A. Graphis, p. 59-72.


BIBLIOGRAPHIE :

• BROUSSEAU, Simon, "Régis Jauffret, "un bonhomme de livres" : Représentations de l'écrivain dans Microfictions", dans L'Écrivain, un objet culturel, David Martens et Myriam Watthee-Delmotte (dir.), Dijon, E.U.D., 2012, p. 271-281.
• CHAUDIER, Stéphane, NEGREL Julian, "Le Stabat Mater de Régis Jauffret : quel tombeau pour quelle littérature ?", Fabula LHT, n°6, mai 2009, en ligne.
• DEMANZE, Laurent, "Immersions flaubertiennes. Flaubert au corps : démythologiser le grand écrivain selon Alexandre Postel et Régis Jauffret", Cahiers de littérature française, Biomythologies contemporaines d'auteur, Franca Bruera et Martine Boyer-Weinmann (dir.), Paris, Classiques Garnier, p. 69-81.
• DURAND, Thierry, "Essai sur Régis Jauffret : le monde comme désir et délire", Australian Journal of French Studies, vol. 46, n°1-2, 2009, p. 45-57.
• GEFEN, Alexandre, ""Je est tout le monde et n'importe qui". Les Microfictions de Régis Jauffret", Revue critique de fixxion française contemporaine, n°1, p. 62-66, en ligne.
• HUGLO, Marie-Pascale, "Le quotidien à distance : Fragments de la vie des gens de Régis Jauffret", dans Dominique Viart et Gianfranco Rubino (dir.), Écrire le présent, Paris, Armand Colin, 2013, p. 195-212.
• MORICHEAU-AIRAUD, Bérengère et NARJOUX, Cécile (dir.), La Langue de Régis Jauffret : "Pirate des mots, du langage", Dijon, E.U.D., 2023.
• REIG, Christophe (dir.), Régis Jauffret – éclats de la fiction, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2017.
• REIG, Christophe, "Viles Villes : les urbanités amputées de Régis Jauffret (Microfictions)", Formules, n°14 : "Formes urbaines de la création contemporaines", 2010, Paris, Noésis, p. 81-96.
• REIG, Christophe, "Écrire à l'ère du vide : Oster, Jauffret, Houellebecq", dans Littératures et arts du vide, Jérôme Duwa et Pierre Taminiaux (dir.), Colloque de Cerisy (2017), Paris, Hermann, 2018, p. 99-112.
• RUBINO, Gianfranco, "Un monde de folie ordinaire : Régis Jauffret", dans Écrire le fiel, Matteo Majorano (dir.), Bari, B.A. Graphis, 2010, p. 59-72.
• TERMITE, Marinella, "Variations Niobé : sources et ressources du "tu" chez Anne Godard et Régis Jauffret", Trans, n°8, 2009, en ligne.
• TURIN, Gaspard, ""Devenir escargot". L'hyperbole comme axiologie de la représentation familiale chez Marie NDiaye et Régis Jauffret", dans Le Roman contemporain de la famille, Sylviane Coyault, Christine Jérusalem & Gaspard Turin (dir.), Paris, Lettres Modernes Minard, 2015, p. 245-259.


SOUTIENS :

• Unité de recherche "Sens Texte Informatique Histoire" (STIH) | Sorbonne Université
• Centre de Recherches sur les Sociétés et Environnements en Méditerranées (CRESEM, UR 7397) | Université de Perpignan Via Domitia (UPVD)
THALIM (UMR 7172, CNRS) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Université Paris Cité


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


Avant de remplir ce bulletin, consulter la page Inscription de notre site.

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[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.

Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


HISTOIRE DE VIE,

RÉCITS ET SAVOIRS EXPÉRIENTIELS EN FORMATION ET SANTÉ


DU VENDREDI 2 AOÛT (19 H) AU JEUDI 8 AOÛT (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Hervé BRETON


ARGUMENT :

À l'occasion des 50 ans de ce qui constitue dorénavant un paradigme, celui des histoires de vie en formation, un travail d'historicisation et de caractérisation du réseau des concepts à partir des œuvres et ancrages disciplinaires mérite d'être réalisé. Il s'agit, selon une approche généalogique, de mettre au jour les théories constituées au sein de ce paradigme qui mobilisent le récit de soi, pour les interroger en tant que pratiques sociales : formation des adultes, formation expérientielle, reconnaissance et validation des savoirs expérientiels.

Au cours de ce colloque, les perspectives narratives et biographiques feront l'objet d'un examen approfondi en tant qu'elles participent de la mise au jour des savoirs expérientiels, dans le cours de la vie adulte, et tout spécialement dans les situations de vulnérabilité en santé. L'un des axes de cet examen concernera spécifiquement les potentielles codépendances entre les pratiques narratives et les modes d'existence des savoirs expérientiels. Il s'agit notamment d'interroger les puissances et effets du récit de soi au cours du passage de l'expérience au langage, de la formalisation des savoirs expérientiels, de la composition des récits permettant leur reconnaissance, voire leur validation.

Ce colloque examinera les récits biographiques sous plusieurs angles. L'on interrogera les modes d'existence des savoirs acquis par l'expérience à partir d'une perspective narrative, en accordant une attention particulière aux vécus de maladie. Tout en prenant en compte les enjeux théoriques, méthodologiques, politiques et éthiques associés à ce domaine de recherche interdisciplinaire, le débat sera ouvert aux auditeurs intéressés par le sujet.


MOTS-CLÉS :

Autopathographie, Démocratie en santé, Éducation des adultes, Épreuve autobiographique, Expérience patient, Formation expérientielle, Histoire de vie, Microphénoménologie, Narration du vécu, Récit de soi, Régimes narratifs, Savoirs expérientiels, Validation des savoirs expérientiels, Vulnérabilité en santé


CALENDRIER PROVISOIRE (12/02/2024) :

Vendredi 2 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants, ainsi que du Foyer de création et d'échanges


Samedi 3 août
HISTOIRE DE VIE, FORMATION ET SAVOIRS EXPÉRIENTIELS
Matin
Gaston PINEAU : Enjeux expérientiels vitaux des histoires de vie : mettre en cultures formatives et non en miettes les parcours vécus au cours des âges
Hervé PRÉVOST : Les histoires de vie en formation d'adultes : enjeux expérientiels

Après-midi
Masayoshi MORIOKA : What lies between living and life story telling ? : On the primary process in narrative

Atelier expérientiel (1)


Dimanche 4 août
THÉORIES DU RÉCIT ET RÉGIMES NARRATIFS : FORMATS, FAITS, CINÉTIQUES, REGISTRES
Matin
Jean-Michel BAUDOUIN : Épistémè du témoignage et récit de vie
Nathalie MULLER MIRZA : La quête de l'intersubjectivité dans la production et l'analyse de récits

Après-midi
Laura FORMENTI : Lire les histoires de vie dans les "convois de soins". Réflexions épistémologiques et méthodologiques
Natalie DEPRAZ : L'exploration d'un vécu schizophrénique : ressources d'une méthodologie croisée entre récit et microphénoménologie

Atelier expérientiel (2)


Lundi 5 août
RÉCITS ET RAPPORT AUX SAVOIRS : MODES D'EXISTENCE SITUÉS, MODES D'EXISTENCE NARRÉS
Matin
Table ronde, avec Carmen CAVACO (Récit de soi, rapport au savoir, formation et reconnaissance), Rodrigo MATOS-DE-SOUZA (Notes sur le savoir d'expérience post-eurocentrique) et Martine MORISSE (Mise en mots de l'expérience et construction des rapports aux savoirs)

Après-midi
DÉTENTE


Mardi 6 août
FORMES DE NARRATION EN SANTÉ : QUESTIONS ÉTHIQUES ET ÉPISTÉMOLOGIQUES
Matin
Hervé BRETON : Régimes narratifs et savoirs expérientiels en santé
Maria PASSEGGI : Agentivité et vulnérabilités : microrécits d'enfants hospitalisés

Après-midi
Emmanuelle JOUET : Perspectives socio-généalogiques de la prise en compte des savoirs expérientiels en santé mentale

Atelier expérientiel (3)


Mercredi 7 août
RÉCITS ET RAPPORT AUX SAVOIRS : PERSPECTIVES POLITIQUES ET INTERDISCIPLINAIRES
Matin
Table ronde, avec Jean-François PELLETIER (Partager le récit de son rétablissement, l'outil de travail privilégié mais à double tranchant du pair aidant), Silvia ROSSI (Enjeux éthiques et épistémologiques de la recherche narrative en santé : une réflexion à partir des récits de vie numériques des personnes atteintes du cancer) et Catherine SCHMUTZ-BRUN (Le récit de la personne âgée en institution pour redonner sa place au sujet narratif)

Après-midi
Table ronde, avec Luigi FLORA (Se former à l'Art du Soin en partenariat par et grâce à la narration), Leticia RENAULT (De la Témoignage à la Fabulation : Redéfinir le Savoir en Santé Mentale) et Emmanuel RUSCH (La difficile intégration de la reconnaissance des savoirs expérientiels des patients au sein des politiques de santé en France)


Jeudi 8 août
RETOUR SUR LES TRAVAUX
Matin
Anne-Laurence FRANZINI-HALFORD & Jérôme LAFITTE : Retour expérientiel, synthèse thématique, structuration du réseau, poursuites scientifiques

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Hervé BRETON
Hervé Breton est professeur en sciences de l'éducation et de la formation, à l'université de Tours, en France. Il est membre senior de l'Institut Universitaire de France. Ses recherches portent sur les pratiques narratives (récits de soi, entretiens narratifs, narrations collectives, descriptions microphénoménologiques) en éducation et formation des adultes. Dans le cadre du projet IUF [2023/2028] : les recherches visent l'examen des effets résultant de la variation des régimes narratifs sur les modes d'existence, les logiques de formalisation et les pratiques de validation des savoirs expérientiels en santé. Le projet comporte une dimension éthique (parité entre les savoirs expérientiels et les savoirs formels), méthodologique (mode d'existence des savoirs incorporés dans les récits), et politique (examen des systèmes de validation de ces savoirs en France et à l'international (Brésil, Canada, Japon).


Jean-Michel BAUDOUIN
Jean-Michel Baudouin est chercheur en sciences de l'éducation. Titulaire d'un Master en sciences du langage (Paris X Nanterre, 1976), puis d'un Doctorat en sciences de l'éducation (Université de Genève, 2003), il a fait toute sa carrière dans le champ de la formation des formateurs d’adultes, principalement comme Conseiller en Formation Continue (Centre Académique de Formation Continue, Paris-Sorbonne, 1981-1989) puis comme Chargé d'Enseignement et Professeur Associé à l'université de Genève (1989-2019). Ses publications concernent essentiellement l'analyse de l'action (Théories de l'action et éducation, 2001, en collaboration avec J. Friedrich) et le champ des histoires de vie en formation des adultes (De l'épreuve autobiographique, 2010). Il s'est investi dans l'animation des activités éditoriales de l'université de Genève en sciences de l'éducation, où il a créé la série scientifique Raisons Éducatives, ainsi que la collection des Carnets en sciences de l’éducation.

Carmen CAVACO : Récit de soi, rapport au savoir, formation et reconnaissance
Le récit de vie implique l'individu dans un processus intentionnel de réflexion, de (re)élaboration et de socialisation de l'expérience, déclenchant l'attribution de sens et l'appropriation du vécu. L'énonciation, qu'elle soit orale et/ou écrite, permet la formalisation des connaissances, la (re)élaboration de l'histoire de vie et la compréhension du rapport au savoir. Les dimensions épistémique, identitaire et sociale marquent l'individu dans leur rapport au savoir, ce qui devient explicite dans le récit de soi. Dans ce dernier, l'individu se révèle dans sa complexité, sa singularité et sa transformation. Ce processus, mobilisateur de l'individu, présente des potentialités de formation et de reconnaissance. La réflexion exposée résulte de la synthèse d'activités de recherche et de recherche-formation dans le domaine de la formation des adultes, affiliées au courant des histoires de vie en formation et à la recherche biographique.

Carmen Cavaco est Docteur en sciences de l'éducation, spécialisé dans la formation des adultes et Professeure-chercheuse à l'Instituto de Educação, Universidade de Lisboa |UIDEF. Ses domaines de recherche sont : formation expérientielle, politiques publiques d'éducation et de formation des adultes, adultes non scolarisés et peu scolarisés, reconnaissance et validation des acquis expérientiels, recherche-formation biographique.

Rodrigo MATOS-DE-SOUZA : Notes sur le savoir d'expérience post-eurocentrique
Partant des mouvements de rejet de la centralité européenne dans la production de la connaissance scientifique et comprenant l'eurocentrisme comme un fondamentalisme qui ne tolère ni n'accepte l'existence d'autres épistémès, cet exposé propose de développer une provocation à cet horizon épistémologique en prenant comme objet de controverse une notion d'expérience qui nous provoque poétiquement à identifier ce qui nous touche comme un élément de transformation, mais qui en même temps opère un processus de déni d'autres manières d'être au monde, en disant ce qui ne peut pas être. À partir de ce premier mouvement, je présenterai des éléments qui interrogent le concept d'expérience en l'opposant aux modes de pensée post-eurocentriques. En conclusion, je discuterai de la manière dont les limites imposées par les appropriations conceptuelles d'horizons de réception très éloignés de nous ont un effet sur notre manière de penser et sur notre formation.

Rodrigo Matos-de-Souza est professeur à la faculté d'éducation de l'université de Brasília (UnB). Il a été président de l'Association brésilienne de recherche (auto)biographique (2020-2023). Il a été professeur et chercheur invité dans des universités en Argentine, en Colombie, en Espagne et en France. Il a publié des livres, des chapitres de livres et des articles dans différents pays et différentes langues.

Maria PASSEGGI : Agentivité et vulnérabilités : microrécits d'enfants hospitalisés
Le pouvoir d'agir du sujet dans des situations de vulnérabilité (physique, psychique, émotionnelle, sociale…) est en général un impensé. Ce pouvoir devient d'autant plus improbable lorsqu'il s'agit d'enfants faisant l'expérience d'une maladie chronique. Après avoir situé la recherche dans le domaine des approches biographiques, nous focaliserons sur un format narratif : les microrécits d'enfants, recueillis dans des interactions ludiques en milieu hospitalier. L'enjeu de l'analyse est de saisir la puissance de la mise en mots du vécu, la manière dont les enfants interprètent leur pouvoir d'agir en mettant en avant des figures de soi, souffrant et agissant, dans la configuration des récits minimaux.

Maria Passeggi est professeure des universités en sciences de l'éducation au Brésil (Unicid, Ufrn). Doctorat en Linguistique (Monpellier 3). Chercheure au Conseil national de développement scientifique et technologique (CNPq-MCTI). Directrice du Laboratoire Grifars-Ufrn-Cnpq. Présidente de la BIOgraph (2012-2014). Ses recherches se focalisent sur la réflexivité narrative comme disposition humaine et s'interrogent sur le pouvoir d'agir du sujet dans des situations de vulnérabilités, en focalisant les rapports entre langage, pensée, éthique et praxis sociale. Transformations of figures of the self and the other in biographical mediation (Linhas Crí-ticas, 2023) ; Breton, H. ; Passeggi, M. (2021) Entre épreuves et enquête : recherche narratives à partir des micro-récits d´enfants. Avec Hervé Breton (Recherches Qualitatives, 2021) ; Reflexividad narrativa : "vida, experiencia vivida y ciencia (Márgenes Revista De Educación De La Universidad De Málaga, 2020).

Gaston PINEAU : Enjeux expérientiels vitaux des histoires de vie : mettre en cultures formatives et non en miettes les parcours vécus au cours des âges
Cet enjeu vital sera abordé à partir d'un modèle interactif dialogué des histoires de vie ouvrant le paradigme biographique classique. Cette ouverture s'est opérée avec d'autres chantiers de recherche-formation expérientielle qui ont nourri cette transition paradigmatique. Elle a permis de mettre en culture huit champs vitaux expérientiels et une triangulation narrative performative.

Gaston Pineau a été conseiller d'orientation d'adultes au Centre universitaire de coopération économique et sociale (CUCES) de Nancy en 1968-1969 ; Responsable de recherche à la Faculté de l'éducation permanente à l'université de Montréal de 1969 à 1985 ; Professeur-chercheur en sciences de l'Éducation et de la formation à l'université de Tours de 1985 à 2007 ; Chercheur émérite au Centre de recherche en éducation et formation relatives à l'environnement et à l'écocitoyenneté (Centr'Ère) de l'université du Québec à Montréal depuis 2014.

Hervé PRÉVOST
Hervé Prévost est docteur en sciences de l'éducation. Il a été responsable de formation des formateurs et consultant en ingénierie de formation. Depuis son entrée sur le marché du travail en 1975, il a été le bénéficiaire, le témoin et l'acteur de l'éducation et de la formation permanente en France. Le fil conducteur de ses travaux, dans une démarche de recherche-action-formation, vise à comprendre et agir pour le développement d'actions participant à l'émancipation de la personne. Son engagement avec l'ASIHVIF, comme avec l'université de Tours, contribue à la connaissance des histoires de vie en formation. Commencer à gagner sa vie sans la perdre ; Recherche sur le premier cours de la vie professionnelle, (L'Harmattan, 2000) ; Devenir sujet de sa formation ; Histoire de vie et processus de subjectivation, avec Christophe Niewiadomski (L'Harmattan, 2023).

Emmanuel RUSCH : La difficile intégration de la reconnaissance des savoirs expérientiels des patients au sein des politiques de santé en France
En santé, la reconnaissance des savoirs expérientiels s'inscrit historiquement à la jonction de différentes dynamiques portées par différentes familles d'acteurs [Las Vergnas, O. (2009), "Construction du savoir expérientiel des malades, et rapport aux savoirs des adultes non scientifiques", Recherches en communication, (32), 13-33] : du côté des malades, les mouvements associatifs visant à l'entraide, "l'empowerment" ; du côté des soignants, le développement des stratégies d'éducation thérapeutique ; du côté des formateurs, les thématiques de l'autoformation et des formations par l'expérience. En France, sur un plan politique, la reconnaissance des savoirs issus de l'expérience d'une situation de vulnérabilité, ou de l'expérience de la maladie, a justifié dans un premier temps, la représentation des personnes concernées au sein du système de santé. Puis, à cette représentation s'est rapidement ajoutée la revendication d'une réelle participation. Les débats organisés en 2022 et 2023 par la Conférence nationale de santé à la demande du Ministre en charge de la santé ont fait émerger plusieurs recommandations en ce sens.

Emmanuel Rusch est médecin de santé publique, professeur à l'université François Rabelais et praticien hospitalier au Centre Hospitalier Universitaire, de TOURS. Ses travaux portent sur les conditions de "l'agir ensemble et du prendre soin", en particulier sous l'angle de la promotion de la santé. Ses travaux menés sur les parcours de santé analysent les politiques de santé et mobilisent les outils des sciences de l'éducation, de l'épidémiologie et de l'économie.

Catherine SCHMUTZ-BRUN : Le récit de la personne âgée en institution pour redonner sa place au sujet narratif
Le placement en institution de la personne âgée qui s'avère comme une solution protectrice implique néanmoins "un enfermement pas toujours consenti" entraînant une forme de repliement sur soi. C'est ici que le recueil de récits de vie permet de redonner la parole à la personne âgée pour raconter son vécu immédiat ou lointain, retrouver sa mémoire, ses lieux, recréer du lien et reprendre place dans un espace social. C'est, par ailleurs, postuler que la personne en dépit ou grâce à son âge détient des savoirs expérientiels qui sont au cœur d'un processus dynamique émancipateur en dépit d'une situation de vulnérabilité.

Après des études en lettres et linguistique à la Sorbonne Nouvelle, Catherine Schmutz-Brun a enseigné en Suisse au collège de Lausanne puis à la Haute école de gestion de Fribourg. Dans les années 90, elle s'est intéressée à la formation des adultes et a rejoint "l'école de Genève" et les pionniers des Histoires de vie. Dès 1991, elle a rejoint l'ASIHVIF (Association des Histoires de Vie en Formation et de Recherche biographique en éducation) dont elle a été présidente et dont elle reste membre. En 2005 elle a soutenu son doctorat en Histoires de vie et a travaillé aux universités de Genève puis de Fribourg. En 2011, elle est devenu présidente de l'association de recueilleurs et recueilleuses (ARRV). Ses nombreuses publications témoignent de ses intérêts pour toutes les questions touchant à l'importance du récit de soi, au sens de la vie et au rapport au vivant. Actuellement à la retraite, elle s'enorgueillit d'être grand-maman de 4 petits enfants à qui elle chante "la vie en rose" comme le lui chantait déjà sa grand-maman Olivia !


BIBLIOGRAPHIE :

• Baudouin Jean-Michel (2010), De l'épreuve autobiographique, Peter Lang.
• Breton Hervé (2022), L'enquête narrative en sciences humaines et sociales, Armand colin.
• Bruner Jérôme-Seymour (2010), Pourquoi nous racontons-nous des histoires, Retz.
• Certeau Michel de (1990), L'invention du quotidien. 1. Arts de faire, Gallimard.
• Charon Rita (2006), Médecine narrative. Rendre hommage aux histoires de maladies, New York : Sipayat.
• Delory-Momberger Christine (2010), La condition biographique. Essais sur le récit de soi dans la modernité, Téraèdre.
• Depraz Natalie, Varela Francisco et Vermersch Pierre (2011), À l'épreuve de l'expérience, Zénith.
• Gross Olivia (2017), L'engagement des patients au service du système de santé, Doin.
• Jouet Emmanuel, Luigi Flora et Las Vergnas Olivier (2010), "Construction et reconnaissance des savoirs expérientiels des patients : Note de synthèse", Pratiques de Formation - Analyses, (58-59).
• Passeggi Maria, Rocha Simone et De Conti Luciane (2014), "Raconter pour vivre avec des maladies chroniques : l'expérience des enfants hospitalisés", Le sujet dans la cité, vol. 5, n°2, pp. 110-127.
• Pineau Gaston, Marie-Michèle (1983), Produire sa vie : autoformation et autobiographie, Éditions Saint-Martin.
• Rossi Silvia (2019), Écrire le cancer : de l'expérience de la maladie à l'autopathographie, Téraèdre.
• Varela Francisco et Shear Jonathan (1999), The view from within. First-person approaches to the study of consciousness, Imprit Academic.
• Vermersch Pierre (2000), L'entretien d'explicitation, ESF.


SOUTIENS :

• Institut Universitaire de France (IUF)
• Équipe de recherche Éducation Éthique Santé (EA 7505 - EES) | Université de Tours
• Association internationale des histoires de vie en formation (ASIHVIF)
• European Society for Research on the Education of Adults (ESREA)
• Associação Brasileira de Pesquisa (Auto)Biográfica (BIOgraph)


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


Avant de remplir ce bulletin, consulter la page Inscription de notre site.

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Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


PENSER LA LECTURE

L'HERMÉNEUTIQUE LITTÉRAIRE DANS UN HORIZON ÉLARGI


DU MERCREDI 24 JUILLET (19 H) AU MARDI 30 JUILLET (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Mandana COVINDASSAMY, Christoph KÖNIG, David E. WELLBERY


ARGUMENT :

La lecture est une des activités fondamentales de l'être humain en ce qu'elle a la capacité d'attribuer du sens aux œuvres littéraires. L'herméneutique littéraire se donne pour tâche de penser cette pratique. Telle sera la visée du colloque : examiner l'histoire, les processus et les questionnements constitutifs de la démarche interprétative. La réflexion ainsi proposée s'inscrit, à la suite des travaux de De Certeau, Ricœur, Bollack et tant d'autres, dans une tradition d'analyse, conduite à Cerisy, sur les problèmes de la lecture. Comment lire "juste" ? Comment penser la justesse de l'interprétation ? Quelle puissance d'imagination présuppose-t-elle ? Comment exercer, à tous les sens, la lecture ? Plutôt que des conférences, le colloque proposera des ateliers de lecture. Chaque contributeur expliquera les difficultés d'interprétation du texte qu'il propose à la discussion. Ce moment sera suivi d'une lecture à plusieurs voix par les participants. Elle permettra de saisir au plus près la pratique de la lecture et de répondre à cette question : "comment lit-on ?".

Ces questions feront l'objet de deux colloques conçus en dialogue. Le premier aura lieu à Cerisy, le second se tiendra à Paris en mars 2025 dans le tout nouveau "University of Chicago Center and Research Institute". Ces deux volets sont pensés en chiasme : le colloque de Cerisy part de la lecture concrète d'œuvres poétiques en français, allemand, espagnol, italien, sanskrit, persan et mandarin pour aboutir à une réflexion philosophique sur la lecture et à une théorie de la pratique philologique. Ouvert à toute personne intéressée par le sujet traité, il proposera des discussions sur des thématiques précisées dans le programme ci-dessous. Le colloque de Paris s'appuiera sur l'étude d'un certain nombre de philosophes afin d'examiner comment ils parviennent à des interprétations littéraires au sein de leur philosophie.


MOTS-CLÉS :

Aragon (Louis), Autoréflexion poétique, Borges (Jorge Luis), Breton (André), Celan (Paul), Dickinson (Emily), Goethe (Johann Wolfgang von), Herméneutique littéraire, Hölderlin (Friedrich), Lecture, Nietzsche (Friedrich), Pétrarque, Philologie critique, Poésie et interprétation, Rilke (Rainer Maria), Rûmî (Djalâl ad-Dîn), Shijing, Surréalisme, Valéry (Paul)


CALENDRIER PROVISOIRE (13/02/2024) :

Mercredi 24 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants, ainsi que du Foyer de création et d'échanges


Jeudi 25 juillet
Matin
AUTORÉFLEXION DES ŒUVRES
Efrain KRISTAL : Sur la poésie de Jorge Luis Borges et ses résonances philosophiques | Atelier de lecture 1
Winfried MENNINGHAUS : Sur Hölderlin | Atelier de lecture 2
Leili ANVAR : Sur Rûmî | Atelier de lecture 3

Après-midi
TENSIONS : LINÉARITÉ ET COMPOSITION, FORME ET FOND DES ŒUVRES (I)
Daniel CARRANZA : Les poèmes de Mignon et du harpiste dans les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister et leur lecture par Max Kommerell | Atelier de lecture 4


Vendredi 26 juillet
Matin
TENSIONS : LINÉARITÉ ET COMPOSITION, FORME ET FOND DES ŒUVRES (II)
David E. WELLBERY : Sur Goethe | Atelier de lecture 5
Simon FRIEDLAND : À propos de l'herméneutique et de la phénoménologie de la rime à partir du poème Sehnsucht de Eichendorff | Atelier de lecture 6

Après-midi
TRADITIONS LITTÉRAIRES (I)
Michael WOLL : Le cycle Les Chimères de Gérard de Nerval dans les histoires de la réception de Goethe et Hölderlin | Atelier de lecture 7
Na SCHÄDLICH : Sur Hölderlin et Nietzsche | Atelier de lecture 8

Soirée
Katia LÉGERET : Lectures savantes du poème avec le langage gestuel du bharata-natyam (théâtre dansé de l'Inde) : la dimension émotionnelle de l'expérience esthétique


Samedi 27 juillet
Matin
TRADITIONS LITTÉRAIRES (II)
Wolfgang ASHOLT : Existe-t-il un "effet retour" herméneutique de l'art sur la vie ? Les textes surréalistes d'Aragon et Breton | Atelier de lecture 9
Mandana COVINDASSAMY : Sur la réflexion herméneutique dans le Divan oriental d'occident de Goethe | Atelier de lecture 10

Après-midi
DÉTENTE


Dimanche 28 juillet
RESÉMANTISATION DES MOTS : SUR L'IDIOMATIQUE DES ŒUVRES
Matin
Christoph KÖNIG : À propos de la tradition de la resémantisation chez Nietzsche, Rilke et Celan | Atelier de lecture 11

Après-midi
Marc de LAUNAY : Sur Nietzsche | Atelier de lecture 12
Christian BENNE : Sur Nietzsche | Atelier de lecture 13

Soirée
X : L'herméneutique de la peinture


Lundi 29 juillet
INTERPRÉTATION ET HISTOIRE DE LA SCIENCE (WISSENSCHAFTSGESCHICHTE)
Matin
Matilde MANARA : Conflits herméneutiques et de traduction autour du Cimetière Marin de Paul Valéry | Atelier de lecture 14
Eli FRIEDLANDER : Sur Walter Benjamin | Atelier de lecture 15

Après-midi
Andreas KABLITZ : Pétrarque et la fin de la symbolique médiévale (sur les sonnets 5 et 6) | Atelier de lecture 16
Benoît VERMANDER : Lectures du Livre des Odes (Shijing) à travers les âges : les usages changeants d'un classique chinois à un document d'histoire globale | Atelier de lecture 17


Mardi 30 juillet
SUR L'OBJECTIVABILITÉ ET LA VALIDITÉ DES LECTURES, ET CONCLUSION SUR LA THÉORIE DE LA PRATIQUE PHILOLOGIQUE
Matin
Table ronde finale

Après-midi
DÉPARTS


Joseph BRICHET : Commentaire à propos de l'œuvre de Johann Wolfgang von Goethe
Benjamin KRUTZKY : Commentaire à propos de l'œuvre de Rainer Maria Rilke
Tim SCHÜNEMANN : Commentaire à propos de l'œuvre de Paul Celan
Jean TAIN : Commentaire à propos de l'œuvre de Walter Benjamin


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Christoph KÖNIG
Christoph König est professeur de littérature allemande moderne et contemporaine à l'université d'Osnabrück (depuis 2005). Il a été membre du Wissenschaftskolleg zu Berlin (2008-2009), professeur invité à l'ENS (Paris) 2019 ; il est membre du PEN international.
Publications récentes
"O komm und geh". Skeptische Lektüren der "Sonette an Orpheus" von Rilke (2014)
L'intelligence du texte. Rilke – Celan – Wittgenstein (2016)
Zweite Autorschaft (2021)
Kreativität. Lektüren von Rilkes "Duineser Elegien" (2023).


Efrain KRISTAL : Sur la poésie de Jorge Luis Borges et ses résonances philosophiques [On the Poetry of Jorge Luis Borges and its Philosophical Resonances]
This lecture will begin with an account of Jorge Luis Borges' formative and enduring encounter with the philosophy of Arthur Schopenhauer as a High School student in Geneva during the First World War, when he also discovered the poetry of Walt Whitman, and translated German expressionistic poetry into Spanish. It will then show how Borges developed an approach to poetry in which philosophical perplexities and conundrums can be a source of literary possibilities tinged with emotional pathos, with the caveat that philosophical speculation can also be a subterfuge to avoid engaging with life. The lecture will analyze "Amanecer" (Break of Day), a key poem of his fist collection Fervor de Buenos Aires (1923), as well as three of his poetic masterpieces : "Límites" (Limits), "El poema conjectural" (The Conjectural Poem), and "La noche cíclica" (The Cyclical Night).

Efrain Kristal est professeur distingué de littérature comparée à la UCLA. Il a publié plus de cent articles, et plusieurs livres. Parmi ses écrits sur Jorge Luis Borges on peut citer : Invisible Work. Borges and Translation (2002), Querencias. Guerra, traducción y filosofía en Jorges Luis Borges (2022) et Poems of the Night (2010), une édition de la poésie de Borges publié par Penguin Classics.

Katia LÉGERET : Lectures savantes du poème avec le langage gestuel du bharata-natyam (théâtre dansé de l'Inde) : la dimension émotionnelle de l'expérience esthétique
En Inde, depuis le Ier siècle de notre ère, le théâtre dansé classique (nâtya) est considéré comme la forme la plus accomplie de la poésie savante (kâvya) en ce qu'il la rend visible et audible. L'essence du poème se savoure (rasa) dans son pouvoir illimité de suggestion (dhvani), intensifié par un langage gestuel codifié, qui interprète en chaque mot l'éclosion subtile d'une variation du sentiment amoureux, entre séparation et union. Comprendre le processus psychophysiologique complexe de cette saveur esthétique de la résonance permet d'accéder à une forme de sagesse (buddhi). Les phases d'apprentissage purement orales d'une telle construction de l'implicite par la codification de ces gestes dansés — qui incorporent le poème pour le recréer — sont très rarement étudiées. L'étude de cas proposée sera une strophe en sanscrit de Shankaracharya apprise et mise en scène à Mysore auprès de K. Muralidhar Rao, maître de théâtre dansé bharata-natyam.

Professeure de philosophie en esthétique des arts du spectacle vivant au département théâtre de l'université Paris 8, Katia Légeret a publié plusieurs ouvrages sur les théâtres dansés de l'Inde et mené une carrière internationale en tant qu'artiste professionnelle de bharata-natyam. Depuis 2012, elle s'intéresse en particulier à la médiation culturelle et artistique dans les musées, créée par la poésie dansée et mise en scène (creons-au-musee.com).

Jean TAIN
Jean Tain, agrégé et docteur en philosophie, a soutenu à l'École Normale Supérieure (Paris) en novembre 2023 sa thèse intitulée "La médiation des textes littéraires chez Walter Benjamin et Theodor W. Adorno". Il est attaché temporaire d'enseignement et de recherche (ATER) à l'École Normale Supérieure de Lyon, sur un profil d'histoire de la philosophie, d'esthétique et de philosophie allemande.

Benoît VERMANDER : Lectures du Livre des Odes (Shijing) à travers les âges : les usages changeants d'un classique chinois à un document d'histoire globale
Le Classique [ou encore : Canon] des Odes (Shijing) est l'un des "cinq classiques" qui ont formé le socle de la sensibilité, de l'enseignement et du système mandarinal chinois pendant deux millénaires. Leur lecture, leur mémorisation et leur exégèse intervenaient très tôt dans le parcours éducatif. Cette contribution évoquera d'abord la lecture qu'en faisait Confucius, le compilateur supposé du recueil puis l'interprétation qui a prédominé à l'époque classique. Elle contrastera ces exégèses avec celles qui ont vu dans les Odes un document ethnographique irremplaçable (Marcel Granet) ou la matrice de la rhétorique structurelle chinoise (Beta Tsang). Elle se conclura en méditant sur la lecture des Odes suggérée par un texte chinois du troisième siècle avant notre ère exhumé et publié il y a un peu plus de vingt ans.

Benoît Vermander est professeur d'anthropologie religieuse dans la faculté de philosophie de l'université Fudan (Shanghai). Il a notamment publié Comment lire les classiques chinois (Les Belles Lettres, 2022) et The Encounter of Chinese and Western Philosophies. A Critique (De Gruyter, 2023).


BIBLIOGRAPHIE :

• Berner, Christian et Denis Thouard (éds.), Sens et interprétation. Pour une introduction à l'herméneutique, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2008 (Opuscules 23).
• Bollack, Jean, Sens contre sens. Comment lit-on ? Entretiens avec Patrick Llored, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2018 (Opuscules 36).
• Dällenbach, Lucien et Jean Ricardou (éds.), Problèmes actuels de la lecture, Colloque de Cerisy (1979), Paris, Hermann Éditeurs, 2012 (reprint du livre Problèmes actuels de la lecture, Éditions Clancier-Guénaud, 1982).
• Gadamer, Hans-Georg, Wahrheit und Methode. Grundzüge einer philosophischen Hermeneutik, Tübingen, J.C.B. Mohr, 1960.
• König, Christoph et Heinz Wismann (éds.), La lecture insistante. Autour de Jean Bollack, Colloque de Cerisy (2009), Paris, Albin Michel, 2011.
• König, Christoph, L'intelligence du texte. Rilke - Celan - Wittgenstein, Trad. par Isabelle Kalinowski, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2016 (Opuscules 33).
• Pollock, Sheldon, Benjamin A. Elman and Ku-ming Kevin Chang (eds.), World Philology, Cambridge, Mass. and London, Harvard University Press, 2015.
• Greisch, Jean et Richard Kearney (éds.), Paul Ricœur. Les Métamorphoses de la Raison herméneutique, Colloque de Cerisy (1988), Paris, Les éditions du Cerf, 1991.
• Schleiermacher, Friedrich, Vorlesungen zur Hermeneutik und Kritik, hg. von Wolfgang Virmond unter Mitwirkung von Hermann Patsch, Berlin, Boston: De Gruyter, 2012.
• Szondi, Peter, Hölderlin-Studien. Mit einem Traktat über philologische Erkenntnis, in ders., Schriften, mit einem Nachwort von Christoph König, hg. von Jean Bollack et al. Bd. 1., Frankfurt am Main, Suhrkamp, 2011, S. 261–412.
• Thouard, Denis, Hérmeneutiques contemporaines, Paris, Hermann Éditeurs, 2020.
• Wellbery, David E., Seiltänzer des Paradoxalen : Aufsätze zur ästhetischen Wissenschaft, München, Wien, Hanser, 2006.


BULLETIN D'INSCRIPTION


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Présentation personnelle


Adresse personnelle ou professionnelle
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Total à verser :

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Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


FIGURES DE MICHEL GUÉRIN


DU LUNDI 15 JUILLET (19 H) AU DIMANCHE 21 JUILLET (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Jean ARNAUD, Pierre BAUMANN, Amélie de BEAUFFORT, Pascal KRAJEWSKI, Pierre SAUVANET

En présence de Michel GUÉRIN


ARGUMENT :

Michel Guérin est philosophe, écrivain, membre honoraire de l'Institut Universitaire de France, Professeur émérite à Aix-Marseille Université. Il a publié plus d'une quarantaine d'ouvrages. Son travail, avant tout esthétique et philosophique — mais encore anthropologique, technique, ou politique — se veut la mise en lumière et à l'épreuve d'une pensée inédite, celle de la Figure, qui prend sa place à côté du concept et du schème kantiens. Elle propose une troisième voie, celle de la pensée affectée, celle d'un geste pensé, presque d'une danse de la pensée. Son œuvre se répartit ainsi entre deux grands massifs, celui de la Figurologie conceptualisant son approche, et celui des Figurologiques, la mettant en scène dans des œuvres romanesques, théâtrales ou de critiques d'art.

Si l'originalité de sa pensée se construit à travers ses travaux de la fin des années 1980 (Qu'est-ce qu'une œuvre ? et La Terreur et la pitié en deux tomes), cela fait maintenant plus de quarante ans que le philosophe interroge son intuition séminale, en réfléchissant sur le geste, la croyance, l'amitié, l'espace plastique, etc.

Ami des artistes et professeur ayant marqué plusieurs générations d'étudiants, d'étudiantes et de docteurs, Michel Guérin est aussi un homme du présent. Son engagement a nourri des îlots intellectuels basés sur des amitiés durables et stimulé des débats d'idées ; il a notamment collaboré étroitement à la revue La pensée de midi et son œuvre s'articule en territoires et archipels variés, de Vienne à Berlin et Athènes, de Bruxelles et Lisbonne à Aix-en-Provence, jusqu'au jardin d'Hélian à côté d'Apt…

Fruit d'une collaboration entre l'université Bordeaux-Montaigne, Aix-Marseille Université, l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles et les Beaux-Arts de Lisbonne, et bénéficiant du prêt d'œuvres du Frac Normandie ainsi que de la Maison François Méchain, ce colloque-exposition se propose d'allier conférences, discussions et expériences pratiques en présence du philosophe. Il est ouvert à un large public de chercheurs, d'étudiants et d'amateurs d'art, de littérature, de poésie, d'anthropologie et de philosophie.


MOTS-CLÉS :

Art, Art contemporain, Esthétique, Figure, Geste, Guérin (Michel), Littérature, Philosophie, Technique, Topoïétique


CALENDRIER PROVISOIRE (16/04/2024) :

Lundi 15 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants, ainsi que du Foyer de création et d'échanges


Mardi 16 juillet
Matin
MODERNITÉ
Fernando ROSA DIAS : Réflexions sur la construction de la modernité dans l'art : le "tournant subjectif" du XVIIIe siècle et le changement de paradigme dans le discours

Après-midi
ŒUVRE
Dirk DEHOUCK : L'œuvre ou le retrait du sujet en ses figures
Sabine FORERO MENDOZA : L'archaïsme des modernes


Mercredi 17 juillet
Matin
EXPÉRIENCE
Jean ARNAUD : La chasse aux figures
Pierre BAUMANN : Prendre, poser, placer : expérience et disposition pratiques de quelques outils philosophiques de Michel Guérin

Après-midi
DIALOGUES
Christian BONNEFOI : La troisième main ? [présentation de ses œuvres par la direction du colloque]

Table ronde, avec Carine KRECKÉ, Amélie de BEAUFFORT, Sylvie PIC, Dominique DE BEIR, Bruno GOOSSE et Miguel-Angel MOLINA

CRÉER / PENSER
Vernissage de l'exposition


Jeudi 18 juillet
Matin
INFLUENCES
Sami EL HAGE : Le geste de la pensée à l'œuvre
Pierre WINDECKER : De l'affectivité au "point pathique" de la pensée

Après-midi
DÉTENTE


Vendredi 19 juillet
Matin
GESTES
Pierre SAUVANET : Percussions Répercussions
Bertrand PRÉVOST : Faire un geste, avoir une posture

Après-midi
TECHNIQUE
Pascal KRAJEWSKI : L'autre du geste technique
Pierre-Damien HUYGHE : Construire un possible

Soirée
RÉPERCUSSIONS
Concert performance de Pierre SAUVANET et Stéphane ABBOUD


Samedi 20 juillet
Matin
ÉCRITURE
Renaud EGO : Ce que le poète fait au philosophe
Jean-Claude PINSON : De l'écriture comme danse

Après-midi
FIGURE
Lucien MASSAERT : L'antagonisme et la conciliation
Marco BASCHERA : Pour une pensée affective. À propos de la figure de la Figure dans l'œuvre de Michel Guérin


Dimanche 21 juillet
Matin
Rapport d'étonnement des doctorants

Échanges avec Michel GUÉRIN

Après-midi
DÉPARTS


EXPOSITION :

Depuis ses débuts littéraires, Michel Guérin a toujours entretenu une relation intime avec de nombreux artistes, peintres, sculpteurs, photographes, vidéastes, plasticiens, musiciens, poètes…, présences ininterrompues qui jalonnent son travail philosophique et littéraire. Il a également encadré un nombre significatif de thèses qui, pour beaucoup, trouvèrent un ancrage dans la recherche expérimentale et la recherche-création. Sa contribution à une pensée de l'art en action, réglée par une logique pratique, fera l'objet d'une exposition conçue comme une promenade, associée à une soirée performative. Des œuvres d'artistes qu'il a cotoyés viendront dialoguer avec des œuvres mises à disposition par le Frac Normandie.
Artistes présentés : Francis ALŸS, Jean ARNAUD, Pierre BAUMANN, Amélie de BEAUFFORT, Damien BEYROUTHY, Christian BONNEFOI, David CLAERBOUT, Dominique DE BEIR, Bruno GOOSSE, Douglas GORDON, Joan JONAS, William KENTRIDGE, Carine et Élisabeth KRECKÉ, François MÉCHAIN, Miguel-Angel MOLINA, Sylvie PIC, Bertrand PRÉVOST, Anri SALA.

L'exposition sera associée à un concert d'improvisation musicale et vidéographique proposé par Pierre SAUVANET et Stéphane ABBOUD.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Jean ARNAUD : La chasse aux figures
Pour Michel Guérin, c'est une pratique de l'écriture et la forme de l'essai qui donnent corps à la Figure pour composer une pensée du réel. Mais l'artiste, comme le philosophe, configure lui aussi, produisant du réel afin de caractériser son époque. On envisagera ici comment la plasticité de la Figure philosophique se concrétise en art, les artistes s'exprimant par des gestes, médiums et technologies plus diversifiés pour faire œuvre, déplaçant des images, transformant la matière ou faisant visuellement récit. On analysera donc quelques méthodes de chasse aux figures avec des images, liées à des expériences artistiques personnelles et à l'usage récurrent de quelques gestes (entrelacer, métamorphoser, troubler, flotter, raconter, ouvrir/fermer). À travers une réflexion sur la vie des différentes formes ainsi produites, celles-ci conservant toujours une mémoire de leur genèse, il sera principalement question de la figure biomorphique du nuage.

Jean Arnaud est artiste et professeur des universités en Arts plastiques à AMU (Laboratoire d'Études en Sciences des Arts — LESA). Il a récemment (co)dirigé plusieurs programmes de création-recherche concernant les phénomènes de déplacement des images et leurs relations actuelles au récit visuel. Ses recherches concernent également les interactions entre formes de vie et vie des formes artistiques (biomorphisme). Il a récemment publié Biomorphisme. Approches sensibles et conceptuelles des formes du vivant (Romand, Bernard, Pic et Arnaud (dir.), Naima/PUP, 2023), co-fondé la revue en ligne Turbulences (LESA) dont il a codirigé le n°1 ("Images en tr@nsit", fin 2023). Il expose régulièrement ses œuvres plastiques en France et ailleurs.
https://jeanarnaud.fr/

Pierre BAUMANN : Prendre, poser, placer : expérience et disposition pratiques de quelques outils philosophiques de Michel Guérin
L'anthropologie, plus précisément l'ethnologie et l'archéologie expérimentale représentent souvent une source d'inspiration importante pour les artistes, parce que ces approches sont chargées de savoirs pratiques élémentaires. Peut-on appréhender de même la philosophie de Michel Guérin comme on s'emparerait d'outils au service de l'expérience plastique ? Autrement dit, les grandes idées de Michel Guérin peuvent-elles porter une pensée pratique évidente, directe, sans détour ni effet rebond ? Cette pensée pratique, ductile, chère à Leroi-Gourhan, placerait les concepts battus par Guérin (comme la transparence, le geste, la courbure, la figure, le nihilisme ou la topoïétique) dans le champ anthropologique, comme une philosophie au plus près de l'humain, rabaissée délibérément à son potentiel opératoire élémentaire : prendre, poser, placer. Est-il possible, sinon d'en faire un inventaire, tout au moins de disposer concrètement quelques-uns de ces outils façonnés par le philosophe écrivain ? Quelle portée actuelle pourraient avoir ceux-ci dans et en dehors de l'art, au cœur des processus d'apprentissage ?

Pierre Baumann est professeur des Universités en Arts, membre de l'Unité de Recherche ARTES 24141 de l'université Bordeaux Montaigne, responsable du master recherche Arts plastiques. Il a créé en 2015 Le laboratoire des objets libres, qui étudie le caractère migratoire des objets artistiques dans un contexte anthropologique élargi à partir d'une approche écologique et mésologique. Il dirige depuis 2017 le programme de recherche expérimentale Moby-Dick. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, dont L'usure (codir.), 2016, PUB/ARBA, Dire Moby-Dick, PUB, 2018, Réalités de la recherche (collective) en arts, PUB, 2019, Sillage Melville, PUB, 2020.

Amélie de BEAUFFORT
Amélie de Beauffort est artiste, responsable de l'atelier de dessin, Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles.

Pascal KRAJEWSKI : L'autre du geste technique
Dans l'idée de continuer et d'interroger les derniers écrits de Michel Guérin autour de la Troisième main et de Leroi-Gourhan, nous voudrions proposer l'analyse d'un geste qui est peut-être le comble de ce que l'auteur appelle des "gestes actés" : celui de reposer. Ce terme doit résonner dans diverses directions : se reposer (pour la main qui ouvrage), laisser reposer (le fer qui refroidit), laisser en repos (la ressource qui s'amenuise). Ce geste serait alors peut-être comme le double, sage et limitatif, du geste technique, impétueux et efficace : geste qui contraint l'hybris prométhéenne de l'homme par la prise en compte de la limitation des moyens disponibles et des forces en présence, littéralement son garde-fou. Il serait ainsi le geste hyper-contemporain de notre société technicienne, devenue soudainement consciente de l'abîme qui la guette à l'heure du glas "anthropocène"…

Pascal Krajewski est docteur en sciences de l'art, chercheur associé au CIEBA de l'université de Lisbonne (FBAUL). Sa recherche porte sur les effets de la technologie dans les arts plastiques et les arts médiatiques du XXe siècle. Ses plus récents travaux s'intéressent au livre, au jeu et au jeu vidéo. Il est l'auteur de trois essais : L'art au risque de la technologie (2013), L'enquête : sur l'art de Marc-Antoine Mathieu (2016) et L'ordre technologique (2016).

Pierre SAUVANET : Percussions Répercussions
Avec son intitulé en écho, cette communication entend suivre le fil tissé par la trilogie du geste de Michel Guérin (Philosophie du geste, 1995, 2011 ; La Troisième Main, 2021 ; Le Signe et la touche, 2023). En reprenant notamment la typologie des percussions d'André Leroi-Gourhan (posée, lancée, ou posée avec percuteur ; perpendiculaire ou oblique ; linéaire longitudinale, linéaire transversale, punctiforme ou diffuse ; le tout à croiser dans un tableau à vingt-quatre entrées), il s'agira d'interroger les gestes de percussion depuis le domaine musical, par une sorte de transfert entre la technique et la musique. Quels enjeux, quels objectifs ? Quelles différences, quelles correspondances ? Logiquement, la communication devrait se faire avec un instrument de percussion entre les mains.

Né en 1966, agrégé de philosophie, ancien élève de l'ENS Fontenay-Saint-Cloud, Pierre Sauvanet est professeur d'esthétique à l'université Bordeaux Montaigne, et directeur du laboratoire ARTES (UR 24141). Ses recherches (qui s'appuient aussi sur une pratique) portent avant tout sur une approche philosophique des phénomènes rythmiques, dans des contextes aussi différents que la pensée grecque, l'histoire de l'esthétique, la survivance des images, les relations entre les arts, le jazz et les musiques improvisées. Il est l'auteur de nombreux articles et ouvrages (dont Le Rythme grec, d'Héraclite à Aristote, PUF, 1999, Le Rythme et la Raison, Kimé, 2000, Jazzs, avec Colas Duflo, MF, 2008, L'Insu. Une pensée en suspens, Arléa, 2011, Dionysos plasticien. Une lecture nietzschéenne de l'art contemporain, PUP, 2023).


Marco BASCHERA : Pour une pensée affective. À propos de la figure de la Figure dans l'œuvre de Michel Guérin
La pensée de Michel Guérin réagit d'une part à une évolution technologique qui a mené au monde digitalisé d'aujourd'hui d'où surgit la menace d’un transhumanisme. D'autre part, elle puise ses sources dans le terme présocratique de "rythmos", c'est-à-dire d'une pensée qui se garde à travers le temps proche d’un réel irreprésentable. En passant par le "réalisme" de Tertullien et ses prolongations pascaliennes autour du terme latin de "figura" et en s'appuyant sur l'emploi poétique qu'a fait Rilke de ce terme, Guérin réussit à forger une pensée affective qui, sous forme de "figurologie", servira de fil conducteur pour l'ensemble de ses œuvres. S'ajoute à cela une réflexion menée à partir du schématisme kantien qui le porte à constater "la fin des phénomènes" et de l'évidence phénoménologique. D'une part, la "figurologie" est donc une réflexion sur l'évolution technologique et les impacts qu'elle produit dans le monde contemporain et, d'autre part, elle est le résultat d'un long travail d'analyse portant sur la philosophie occidentale depuis ses origines. Dans mon intervention, je me propose de reconsidérer ces grandes lignes en me focalisant avant tout sur la figure de la Figure.

Marco Baschera est professeur émérite à l'université de Zurich pour la littérature française et la littérature comparée. Publications entre autres sur Kant, Diderot, Molière, Baudelaire, Novarina, Beckett, rapports entre théorie et théâtre et la théorie de la traduction. Auteur de Das dramatische Denken (Heidelberg 1989), Du masque au caractère : Molière et la théâtralité (Tübingen 1998), Das Zeichen und sein Double (Würzburg 2017), co-éditeur de Zwischen den Sprachen – Entre les langues (Bielefeld 2019), La République des traducteurs (Paris 2021).

Christian BONNEFOI : La troisième main ?
À l'occasion d'un essai sur la tache, je m'intéressais à une proposition de la peinture à laquelle je donnais le nom de "donné d'un coup" et dont je voyais le modèle dans les "sculptures de poing" de Moholy-Nagy. La prise de la motte d'argile fermement enserrée dans la main suivie immédiatement par un lacher-prise me fit penser à la "troisième main" de Michel Guérin : à la fonction de tenir et percuter s'ajoute celle de déposer. Je lui fis part de ces réflexions ; il me répondit "ni oui ni non". En fait c'était plutôt non, dit poliment. Car, je le cite, "la Troisième Main est une configuration de rapports, un nœud — bien au-delà de l'image première du gars qui donne un coup de main ponctuel. Dans le fait, cette Figure fait essaim de l'évolution plurifactorielle de la technologie". Je me propose de poursuivre ce dialogue en objectant que le "donné d'un coup" peut aussi, en partie, être compris, comme la figure diagrammatique faufilant l'image au concept, et vice-versa.

Principales expositions personnelles
Rétrospectives : 2008-2009, MNAM-Centre Pompidou, Paris. 2009, Musée des Beaux-Arts de Liège, Belgique. 2012, Musée Matisse, Le Cateau-Cambrésis. Centre d'Art Domaine de Kerguéhennec, Morbihan. Musée de Céret.
2016, Galerie Campoli-Presti et Westreich/Wagner, New-York. 2017, Campoli Presti, London.
Écrits personnels (livres) : Christian Bonnefoi, Écrits sur l'art (1974-1984), La Part de l'œil, Bruxelles, 1997. Situation Picturale, Obsidiane, 2003. Traité de Peinture, 2 volumes, La Part de l'œil, 2023. Le Théâtre de Peinture, Eliott, 2023. Le Secret des Anges, entretien avec Dina Besson Germanos, Eliott, 2023.

Dominique DE BEIR
Dominique De Beir vit à Paris et en baie de Somme, elle enseigne à l'école supérieure d'art et de design de Rouen. Son travail est représenté par la Galerie Jean Fournier (Paris), la Galerie Réjane Louin (Locquirec) et la Galerie Phoebus (Rotterdam). Depuis 2022, elle met en place un cycle de rétrospectives "Accroc et Caractère", galerie Jean Fournier, centre d'art Les Tanneries, Amilly, musée départemental de Saint-Riquier en partenariat avec le Frac Picardie, galerie Réjane Louin, musée des Beaux-arts de Caen, musée Fabre de Montpellier…

Dirk DEHOUCK : L'œuvre ou le retrait du sujet en ses figures
Des nombreux ouvrages qui jalonnent le parcours philosophique de Michel Guérin, seul l'un d'entre eux, dès son titre, adresse une question : "Qu'est-ce qu'une œuvre ?". Ce trait distinctif au sein du corpus n'a peut-être rien d'anodin, s'il est vrai qu'avec "l'Œuvre" se joue, pour le philosophe, la tâche même de la création. Quelle place le sujet créateur occupe-t-il dans cette élaboration ? Que reste-t-il du sujet pris dans ses Figures ?

Dirk Dehouck est plasticien et philosophe de formation, professeur à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles et éditeur.

Renaud EGO : Ce que le poète fait au philosophe
Michel Guérin ne cesse de dialoguer avec Rainer Maria Rilke, depuis 1976. C'est de lui qu'il tient le paradigme de la Figure sous le signe de laquelle il a placé son œuvre, la répartissant en deux classes, la Figurologie et les Figurologiques. Au-delà des analyses que Michel Guérin a consacrées à R.M. Rilke, on peut repérer la trace de Figures rilkéennes (l'ange, l'adieu, la danse, la paume de la main), rejouées d'une tout autre manière dans son œuvre philosophique. Mais ce que le poète a fait au philosophe c'est bien davantage encore de l'avoir ouvert à une nécessaire "affectivité de la pensée", venue de cette intelligence nouvelle que la Figure apporte dans le langage et, partant, dans le monde tel que nous le faisons en le disant. Elle a conduit Michel Guérin à assumer autant, sinon plus qu'une vérité de la connaissance, une vérité de l'imagination dans la langue propre de sa philosophie.

Renaud Ego est un écrivain et un poète, auteur d'une quinzaine de livres. Certains d'entre eux questionnent la pensée des yeux, sous la forme du poème (La réalité n'a rien à voir, 2006), du récit (Une légende des yeux, 2010) ou de l'essai, Le geste du regard (2017) qui est une méditation sur l'avènement de la figure graphique. Il poursuit par ailleurs une longue enquête consacrée à l'art rupestre de l'Afrique australe (L'animal voyant, 2015). Son dernier livre de poème, Vous êtes ici (2021) a reçu le prix Max Jacob.

Sami EL HAGE : Le geste de la pensée à l'œuvre
"Le geste est commencement", écrit Guérin. Comment l'appréhender ? Qu'est-ce qu'il augure ou inaugure ? Inchoatif, peut-il le rester s'il est le geste DE quelque chose, ici de penser ? Si la philosophie est une discipline qui s'enseigne, qui s'incarne dans un enseignement, comment alors transmettre (et l'est-il ?) le geste ? Si "Le geste est son propre écho" ("La finitude du geste"), et si "La pensée n'a pas d'extérieur" ("Philosophie du geste"), l'idée d'œuvre serait-elle une possible sortie d'une aporie, l'imposition d'une effectivité, ou d'une nécessité de la pensée, ou du retour de la question du mode du discours et du fondement de la philosophie ? Nous ferons également un détour par la danse.

Sami El Hage, Libraire à Tropismes, Bruxelles (1998-2023), lecteur.

Sabine FORERO MENDOZA : L'archaïsme des modernes
Dans un dialogue libre avec l'ouvrage de Michel Guérin Le temps de l'art – Anthropologie de la création des modernes (2018), l'intervention s'attachera à montrer comment les artistes avant-gardistes du début du XXe siècle ont associé volonté de la rupture — parfois envisagée sous la forme extrême de la table rase — et recherche d'antécédents permettant d'établir de nouvelles filiations. Qu'ils exaltent les arts populaires, réinterprètent les arts anciens ou promeuvent les arts dits "primitifs", ces artistes se sont essayés à décrire les formes de leur création et à écrire leur propre histoire, à partir de mythiques origines, liant ensemble aspirations futuristes et archaïsmes. Tel est le lien que je souhaiterais interroger en montrant qu'il est constitutif d'une pensée de l'art dominée par les thèmes de la réflexivité, de l'autonomie et de la pureté.

Ancienne élève de l'École normale supérieure de Paris et agrégée de philosophie, Sabine Forero Mendoza est professeur des universités en esthétique et histoire de l'art contemporain à l'université de Pau et des Pays de l'Adour. Elle est spécialiste de l'esthétique des ruines. Ses recherches récentes portent sur les liens entre art et mémoire, les artistes femmes et les pratiques contemporaines participatives, notamment dans le domaine de l'écologie.

Pierre-Damien HUYGHE : Construire un possible
Proposition : Que veut dire Michel Guérin quand il évoque l'idée "d'éclairer le donné depuis la construction d'un possible" ? Qu'est-ce que le possible s'il est non pas à réaliser, mais à construire ? Et qu'est-ce que cette construction elle-même ? Comment se peut-il qu'elle se produise ? Je voudrais montrer qu'il en va, avec ces questions, de ce qui "traverse" la vie humaine, de ce qui y "transparaît" ou encore de ce qui la "transit". Ce dernier verbe, Michel Guérin le préfère aux précédents. Il dit à sa façon ce qui conjugue les deux notions que toute l'œuvre n'aura cessé de travailler de façon singulière : le geste et la figure.

Pierre-Damien Huyghe est philosophe, Professeur émérite à l'université Paris 1 - Panthéon-Sorbonne.

Lucien MASSAERT : L'antagonisme et la conciliation
La figure janusique de ce titre est évidemment calquée sur le titre des deux volumes de Michel Guérin intitulés La terreur et la pitié. Nous voulons montrer, à partir de l'œuvre de Hans Memling, que ce champ sémantique en forme d'oxymore — celui de l'affrontement/pacification (ou dit encore autrement de la jonction/disjonction) — joue, parmi quelques autres, un rôle central dans l'articulation du sens. Nous voulons donner à voir que l'espace, tel que le déploie Memling, n'a rien de banal, rien de commun, qu'il s'agit de l'un des archétypes de la plasticité. Son œuvre rend sensible, par son espace, une des articulations fondamentales de la pensée en général et de la pensée des œuvres plastiques en particulier.

Lucien Massaert a étudié le dessin et la peinture murale à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles. Il a été titulaire de l'atelier de dessin dans le même établissement jusqu'en 2015. Ses recherches et publications concernent principalement une tentative d'élaboration d'une théorie structurale des arts plastiques au départ notamment des œuvres de Greimas, Jean Petitot et François Wahl. Il est cofondateur avec Luc Richir de la revue La Part de l'Œil.

Jean-Claude PINSON : De l'écriture comme danse
Au plan anthropologique, l'écriture, à la différence de la danse, n'est pas initialement la chose du monde la mieux partagée. Ce déficit d'universalité cependant n'est que "momentané". Sous l'angle de ce que Michel Guérin appelle une "gestique transcendantale", l'écriture, comprise comme geste dansé, non seulement compense cet apparent déficit d'universalité, mais, en tant que littérature déployant son régime propre d'intellectualité et d'affectivité, en accomplit la promesse. En écho à la formule fameuse de Valéry établissant une analogie entre danse et poème, on voudrait montrer que cette écriture littéraire est foncièrement poétique.

Né en 1947, Jean-Claude Pinson a longtemps enseigné la philosophie de l'art à l'université de Nantes. Il est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages. Derniers en date : Pastoral, De la poésie comme écologie, Champ Vallon, 2020, Sur Pierre Michon, Trois chemins dans l'œuvre, éditions Fario, 2020, Vita poetica, Essais d'écopoéthique, éditions Lurlure, 2023.

Bertrand PRÉVOST : Porter. Faire un geste, avoir une posture
À partir d'une relecture de La philosophie du geste et de La troisième main, on essaiera de penser le geste comme port ou gestion : façon par là de détacher le geste de toute question de forme corporelle, façon par là de garantir l'extériorité de ce qu'on porte (si tant est que ce qu'on porte ne se confond pas avec le sujet porteur). La belle notion de "troisième main" développée par MG, en tant que pensée de la dépose, ne constituera à cet égard pas la moindre des aides, puisqu'elle nous permet d'éviter l'aporie de l'opposition entre un geste transitif, qui se voudrait productif ou poïétique (technique, artisanal) et un geste intransitif, qui se voudrait artistique ou esthétique, existant en soi (danse). Du côté de l'histoire de l'art, on s'intéressera ainsi à tous ces gestes d'abandon, réputés passifs (repos, sommeil, assise, gisant…) par lesquels certains artistes ont proposé parfois de très singulières images. Une question : les dormeurs, et a fortiori les morts font-ils des gestes ? ; du côté de la philosophie, c'est la logique et la physique stoïcienne des incorporels qui nous permettra de penser à nouveaux frais une prédication — autant dire de la forme pure, infinitive du geste — dégagée de tout appareil attributif (au sens aristotélicien de l'être-à), au profit d'une conception du port réellement possessif. C'est ainsi que faire un geste devra se penser d'abord comme avoir une posture.

Bertrand Prévost est Maître de conférences HDR en histoire de l'art et esthétique à l'université Bordeaux-Montaigne. Il a notamment publié La peinture en actes (Actes Sud, 2007), Botticelli. Le manège allégorique (Ed. 1/1, 2011), Peindre sous la lumière (PUR, 2013), Hubert Duprat. Marqueterie générale (La part de l'œil, 2020), L'élégance animale (à paraître).

Fernando ROSA DIAS : Réflexions sur la construction de la modernité dans l'art : le "tournant subjectif" du XVIIIe siècle et le changement de paradigme dans le discours
Nous proposons de réfléchir au processus généalogique de la modernité dans l'art et l'autonomisation de la sphère artistique (domaine, monde ou système de l'art). Nous voudrions émettre l'hypothèse d'un tournant subjectif, au cours duquel les anciens fondements artistiques de l'œuvre (le beau) déclinent au profit de nouvelles modalités dans le rapport au sujet (le goût, le sublime, l'esthétique). Ce tournant impliquerait un changement de paradigme crucial dans le plan du discours : délaissant le discours sur la production de l'œuvre (le traité) pour élaborer un discours sur la réception et le jugement de l'œuvre une fois réalisée (la critique d'art, l'histoire de l'art).

Fernando Rosa Dias est professeur à la Faculté des Beaux-Arts de l'université de Lisbonne. Membre du Centre de Recherches et d'Études des Beaux-Arts (CIEBA), il est le coordinateur général du magazine Convocarte : CONVOCARTE | revista de ciências da arte (ulisboa.pt).

Pierre WINDECKER : De l'affectivité au "point pathique" de la pensée
"Loin, donc, que la plus haute pensée "rationnelle" — la philosophie — se constitue comme un déni péremptoire et univoque de toute modalité affective, il apparaît au contraire qu'elle est inséparable d'un pathos augural…" (L'Affectivité de la pensée, p. 65-66). Pour Michel Guérin, la philosophie n'est pas un discours, mais une psychagogie et une pédagogie. Si elle crée des "Figures", c'est parce qu'elle n'a jamais de "contenu" prédicatif qu'on puisse croire indépendant d'un "point pathique" et, partant, d'une modalité dont témoignent un geste, un tour ou un style. C'est ce que Michel Guérin met au principe de sa lecture des philosophes. Parce que c'est, avant tout, ce qu'il s'applique à mettre en œuvre, depuis La Terreur et La Pitié, dans son écriture philosophique propre.

Pierre Windecker est Professeur de philosophie en classes Terminales, associé plusieurs années à la formation des professeurs dans la discipline, honoraire depuis 2007. Il a animé deux séminaires extérieurs au Collège International de Philosophie. Auteur (ou coauteur) de quelques ouvrages parascolaires et d'articles de philosophie dont plusieurs, portant sur des œuvres de Michel Guérin, sont publiés par la revue en ligne La Cause littéraire.


BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE DE MICHEL GUÉRIN :

Philosophie (Figurologie)
Nietzsche, Socrate héroïque, Paris, Grasset, coll. "Théoriciens", 1975.
Le génie du philosophe, Paris, Seuil, coll. "L'ordre philosophique", 1979.
Qu'est-ce qu'une œuvre ?, Arles, Actes Sud, coll. "Le génie du philosophe", 1986.
La Terreur et la Pitié - t. 1 (La Terreur), Arles, Actes Sud, coll. "Le génie du philosophe", 1990.
L'Affectivité de la pensée, Arles, Actes Sud, 1993.
Philosophie du geste-Essai, Arles, Actes Sud, 1995 ; 2e édition augmentée Philosophie du geste-Essai philosophique, Arles, Actes Sud, 2011.
La Terreur et la Pitié - t. 2 (La Pitié – Apologie athée de la religion chrétienne), Arles, Actes Sud, 2000.
Le Fardeau du monde (De la consolation), Paris, Les Belles Lettres, coll. "Encre marine", 2011.
La Croyance de A à Z (Un des plus grands mystères de la philosophie), Paris, Les Belles Lettres, coll. "Encre marine", 2015.
Le temps de l'art : Anthropologie de la création des modernes : essai, Arles, Actes Sud, 2018.
André Leroi-Gourhan : l'Évolution ou la liberté contrainte, Paris, Hermann, 2019.
Expérience et intention, Aix-en-Provence, Presses universitaires de Provence, 2020.
La Troisième main (des techniques matérielles aux technologies intellectuelles), Arles, Actes Sud, octobre 2021.
Le signe et la touche, philosophie du toucher, Paris, Hermann, 2023.

Essais critiques et littérature (Figurologiques)
Lettres à Wolf ou la Répétition, Paris, Grasset, 1976.
Les Compagnons d'Hélène, roman, Paris, Hallier (et Albin Michel), 1976.
L'Homme Déo, roman, Paris, Grasset, 1978.
La Politique de Stendhal, Paris, PUF, 1982.
Jour/Goethe-ballet, Arles, Actes Sud, 1983.
L'Île Napoléon, Arles, Actes Sud, 1989.
Les Quatre Mousquetaires, Paris, Rocher, 1995 ; autre édition princeps H.C. : Quatre Mousquetaires à Vienne ou de l'Âge, Athènes, Éditions d'un jour (Patrick Penot éditeur), 1993.
Nihilisme et modernité (Essai sur la sensibilité des époques modernes de Diderot à Duchamp), Nîmes, Jacqueline Chambon, 2003.
La grande Dispute (Essai sur l'ambition, Stendhal et le XIXe siècle), Arles, Actes Sud, 2006.
L'Artiste ou la toute-puissance des idées, Aix-en-Provence, PUP, 2007.
La Deuxième Mort de Socrate, Québec, Presses de l'université Laval, 2007.
Marcel Duchamp, portrait de l'anartiste, Nîmes, Lucie Éditions, 2008.
L'Espace plastique, Bruxelles, La Part de l'Œil, 2008.
Pour saluer Rilke, Belval, Circé, 2008.
La Peinture effarée – Rembrandt et l'autoportrait, Paris, La Transparence, 2011.
Origine de la peinture (sur Rembrandt, Cézanne et l'immémorial), Paris, Les Belles Lettres, coll. "Encre marine", 2013.
Le cimetière marin au boléro, Paris, Les Belles Lettres, coll. "Encre marine", 2017.
François Méchain ou Le souci du monde, Aix-en-Provence, PUP, 2018.

Théâtre
Robert le Diable, mise en théâtre par Marcel Maréchal, Théâtre National de Marseille (1976).
Le Chien (O ΚΥΩΝ), Athènes, Hestia, 1993, trad. Takis Theodoropoulos.


SOUTIENS :

ARTES UR 24141 | Université Bordeaux Montaigne
MSH Bordeaux | Université Bordeaux Montaigne / Université de Bordeaux / CNRS
• Laboratoire d'Études en Sciences des Arts (LESA - EA 3274) | Aix-Marseille Université
• Centro de Investigação e de Estudos em Belas-Artes (CIEBA) | Universidade de Lisboa
• Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles (ArBA-EsA)
Éditions La Part de l'Œil
Frac Normandie


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


Avant de remplir ce bulletin, consulter la page Inscription de notre site.

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[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.

Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


PROSPECTIVE POUR L'ACTION ÉCOLOGIQUE :

VERS D'AUTRES RÉCITS TERRITORIAUX


DU SAMEDI 6 JUILLET (19 H) AU VENDREDI 12 JUILLET (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]


Cycle du traitement de l'eau lors du workshop "Les avenirs
des faces-arrières des métropoles post-carbone"
organisé par l'AREP le 25/04/2023 © Gaëtan Amossé (2023)


ARGUMENT :

La prospective peut-elle servir l'action écologique ? Le changement climatique nous montrant d'ores et déjà ses effets, la construction d'un monde plus résilient et plus soutenable nous invite à penser autrement et collectivement notre rapport au futur. Et les récits des territoires d'avenir peuvent se révéler être de véritables outils pour planifier nos actions tout en inspirant nos imaginaires. Comment une démarche prospective peut-elle nous aider à comprendre, explorer et anticiper, avant de décider et d'agir ? Comment participe-t-elle à éclairer les décisions et les choix sur l'avenir, sans chercher à le prédire ? Convoquer d'autres représentations, d'autres acteurs pour imaginer de "nouveaux récits territoriaux" mais aussi interroger les choix face aux options et aux incertitudes… la prospective procède par une réflexion sur ce qui est possible, probable ou désirable pour inscrire l'action de chacun, de chaque secteur dans un devenir commun (ou dans des devenirs souhaitables).

Entre héritages choisis, transitions en cours et ruptures nécessaires, ce colloque interrogera les prospectives d'hier autant que celles d'aujourd'hui au prisme de nombreuses expertises et à l'articulation entre les mondes de la connaissance et de l'action. À l'heure de la planification écologique nationale, les modalités d'observation, de projection, d'accompagnement et d'implication des acteurs dans l'exercice prospectif seront analysées et débattues à la lumière de leur contribution à l'atteinte de cet objectif national par les territoires.

Sont conviés à débattre et à échanger des sociologues, historiens, architectes, urbanistes, artistes et d'autres disciplines, ainsi que celles et ceux qui sont intéressés par le sujet et souhaitent y participer comme auditeurs. Ce colloque comprendra, par ailleurs, une journée de terrain avec pour objet d'explorer le territoire le "Entre deux havres" de la Communauté de communes Coutances mer et bocage.


MOTS-CLÉS :

Écologie, Imaginaires, Planification, Prospective, Représentation, Territoire, Urbanisme


CALENDRIER PROVISOIRE (15/04/2024) :

Samedi 6 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Dimanche 7 juillet
Matin
Hiba DEBOUK, Isabel DIAZ, Jean-Baptiste MARIE & Nicolas TIXIER : Introduction

RÉTROPROSPECTIVES
Catherine MAUMI : Comment penser une écologie du projet 1900-1950 ?
Jean-François COULAIS : Petite histoire des représentations de la prospective

Après-midi
INVENTER DES DISPOSITIFS DE PROSPECTIVE
Table ronde, animée par Jean-Louis VIOLEAU, avec Laurent DEVISME, Arnold LANDAIS et Panos MANTZIARAS

Soirée
Samah KARAKI : L'incertitude comme tremplin - repenser l'anxiété du futur comme un moteur collectif

Présentation de l'aspect psychologique du stress lié à l'incertitude avant de l'élargir à sa dimension mobilisatrice en puisant dans l'histoire humaine et le fonctionnement de la cognition sociale


Lundi 8 juillet
Matin
CE QUE FAIT LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE À LA PROSPECTIVE
Pascal AMPHOUX : L'urbanisme de l'incertitude
Franck BOUTTÉ : Projection dans le futur climatique

Après-midi
PROSPECTIVE VERSUS PLANIFICATION
Antoine PELLION : La planification écologique
Lucile SCHMID : Planifier au service de quel projet de société ?

RETOUR D'EXPÉRIENCE SUR DES EXERCICES DE PROSPECTIVE
Stephen BARRETT : Retour sur le Grand Paris, les routes du futur…

ARRIVÉE DE LA CARAVANE DES RURALITÉS EN MOUVEMENT ET VISITE DE L'EXPOSITION
Avec Achille WARNANT et Cécile GALLIEN

Soirée
Écoute libre de podcasts (l'exemple du Grand Annecy)


Mardi 9 juillet
Matin
LES OUTILS ET LES ACTEURS
Table ronde, animée par la direction scientifique, avec Jennifer BUYCK, Nicolas ESCACH, Karine HUREL et André LORTIE

Après-midi
TERRITOIRES EN TRANSITION (DIALOGUE)
Nicolas BAUQUET : Planifier à grande échelle ?
Sabine BARLES : Métabolisme de la vallée de la Seine

FUTURS & ENJEUX TERRESTRES
Arthur KELLER : Re-caractériser les grands enjeux de notre temps, re-concevoir l'espace des réponses

Soirée
Carolina ESPIRITO SANTO : Effets Mer, récit d'une marche sur cinq portions du littoral français


Mercredi 10 juillet
Matin
"HORS LES MURS" — À BLAINVILLE-SUR-MER
Transect en vélos, animé par la Communauté de communes Coutances mer et bocage
Déjeuner au marché de Blainville-sur-Mer

Après-midi
JEU PROSPECTIF, AGENCE DE VOYAGE DANS LE FUTUR
Sylvain GRISOT : Peut-on encore planifier dans l'incertitude ? Transformer les regards par des voyages dans les futurs

Soirée
Stephen BARRETT : Présentation du projet pour le Musée de la Tapisserie de Bayeux


Jeudi 11 juillet
Matin
REPRÉSENTER LA PROSPECTIVE
Table ronde, animée par la direction scientifique, avec Sébastien MAROT (Peut-on envisager un exode urbain ?), Laurent MATTHEY et Jérôme PICARD (Greymatter – Where would you like to live when you grow old ?)

Après-midi
STIMULER LES IMAGINAIRES
Louise JAMMET : Métropoles post-carbone : pour un imaginaire des faces-arrière
Mélina RAMONDENC : L'invention d'une "architecture-fiction" - Le moment prospectif dans les trajectoires des architectes Chanéac, Pascal Hausermann et Claude Costy : 1958-1978
Marion WALLER : À quoi peut ressembler un imaginaire écologique de la ville ?


Vendredi 12 juillet
Matin
Synthèse du séminaire par les témoins : Georges AMAR, Jennifer BUYCK, Arnold LANDAIS et Mélina RAMONDEC

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Hiba DEBOUK
Hiba Debouk est ingénieure et urbaniste. Directrice déléguée de l'agence AREP, elle a participé à la conduite de nombreuses études urbaines et stratégies territoriales croisant les enjeux de décarbonation et de renforcement de la résilience des villes et des territoires. Elle a notamment piloté l'étude prospective "Grand Annecy, Agglomération Archipel" dont l'objectif était d'explorer les capacités d'évolution de l'agglomération face au risque climatique. Elle a également assuré le commissariat d'une exposition sur la prospective et son déploiement au service des stratégies de transition des territoires pour le C|A.U.E de Haute-Savoie : "Réparer le futur".
Publications
Hiba Debouk, Explorer avant de planifier, la prospective stratégique au service de la transition des territoires, Revue Urbanisme, 2023.
Philippe Bihouix, Hiba Debouk, Xavier Desjardins, Bertrand Folléa, Djamel Klouche, Panos Mantziaras, Journal d'exposition "Réparer le futur", C|A.U.E de Haute-Savoie, 2023.
Kelissa Cartier, Marie Lejault, Félix Pouchain, Grégoire Robida, Hiba Debouk (dir.), Grand Annecy, prospective pour 2050, AREP Éditions, Paris, 2024.
Hiba Debouk, Réparer le futur, AREP Éditions, Paris, 2024.

Isabel DIAZ
Isabel Diaz est architecte et urbaniste, fonctionnaire de l'État français. Aujourd'hui, elle est secrétaire permanente adjointe du Plan urbanisme, construction, architecture (PUCA), organisme de recherche et d'expérimentation rattaché au ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Ses domaines d'expertise sont les politiques urbaines et leur évolution en lien avec les impératifs du développement durable et du changement climatique. À ce titre elle a piloté des démarches d'accompagnement de l'action publique locale et d'aide à la décision (l'Atelier des territoires), elle a accompagné l'élaboration des schémas de planification régionale et leur évolution dans le cadre de la loi Climat et résilience. Elle a dirigé des ouvrages, notamment : Massifs en transition (Édition parenthèses, novembre 2018) et Réinventer la ville centre (Édition parenthèses, février 2020) pour le compte du ministère.

Jean-Baptiste MARIE
Jean-Baptiste Marie est titulaire d'un diplôme d'architecte de l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles et d'un diplôme de designer de l'École Boulle, docteur en aménagement et architecture de l'université de Paris-Saclay, Jean-Baptiste Marie est directeur général de l'Europe des projets architecturaux et urbains. L'Epau opère des programmes de recherche et d’expérimentation tels que la Plateforme d'observation des projets et stratégies urbaines (POPSU), le programme de recherche-embarquée Coubertin sur les jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, mais également le concours d'architecture Europan, le programme Engagés pour la qualité du logement de demain ou encore la consultation internationale Quartier 2030. Professeur des écoles nationales supérieures d'architecture, il a enseigné de 2011 à 2024, dans les ENSA de Versailles, de Normandie, puis de Clermont-Ferrand. Aujourd'hui, il préside le Conseil d'administration de ENSA de Normandie et enseigne à l'École Polytechnique.
Publications
ALLEMAND Sylvain, APEL-MULLER Mireille, LECOINTE Olivier, MARIE Jean-Baptiste (dir.), Loger mobiles. Le logement au défi des mobilités, Colloque de Cerisy, Hermann Éditeurs, Paris, 2023.
BONNEVIDE Nathalie, MARIE Jean-Baptiste, La programmation urbaine, Paris, Éditions Le Moniteur, 2021.
MARIE Jean-Baptiste (dir.), Architecture et expérimentation, Rouen, Éditions Point de vue, 2020.
MARIE Jean-Baptiste, Architectes et ingénieurs face au projet, Paris, Éditions Le Moniteur, 2019 (réédition 2023).

Nicolas TIXIER
Nicolas Tixier est architecte, professeur à l'École nationale supérieure d'architecture de Grenoble (Université Grenoble Alpes) et professeur invité à l'École supérieure d'art Annecy Alpes. Il travaille comme chercheur au laboratoire Architectures, ambiances, urbanités (AAU) au sein de l'équipe CRESSON dont il est le directeur depuis 2018. Il mène parallèlement une activité de projet au sein du collectif BazarUrbain. Ses travaux actuels portent principalement sur le transect urbain, comme pratique de terrain, technique de représentation et posture de projet. Entre héritage et fiction, il interroge les territoires et leur fabrique par les ambiances.
Publications
Rachel Brahy, Jean-Paul Thibaud, Nicolas Tixier, Nathalie Zaccaï-Reyners (dir.), L'enchantement qui revient, Colloque de Cerisy, Hermann Éditeurs, Paris, 2023.
Didier Tallagrand, Jean-Paul Thibaud, Nicolas Tixier (dir.), L'usage des ambiances. Une épreuve sensible des situations, Colloque de Cerisy, Hermann Éditeurs, Paris, 2021.
Nicolas Tixier (dir.) et alii, Amiens 2030. Le quotidien en projets, Éditions BazarUrbain, Grenoble, 2013.


Arthur KELLER : Re-caractériser les grands enjeux de notre temps, re-concevoir l'espace des réponses
Dans un premier temps, on proposera une caractérisation systémique des principaux enjeux auxquels l'humanité doit faire face et des défis majeurs inédits qu'il nous faut relever. On explicitera la différence fondamentale qui existe entre approches multidimensionnelles et approche systémique, cette dernière permettant d'appréhender différemment les enjeux ainsi que l'espace des réponses pertinentes possibles. On soulignera les fautes méthodologiques graves qui sont commises dans la manière d’aborder ces enjeux. Dans un second temps, on s'attachera à réfuter certaines options qui sont fréquemment présentées comme des "solutions" et à pointer les limites des outils existants pour reconcevoir les marges de manœuvre qu'il nous reste pour réagir. On mettra également en lumière certaines erreurs majeures qui sont communément commises en matière de communication, de posture et de stratégie, avec des conséquences sociétales hautement préjudiciables. Enfin dans un troisième temps, on expliquera ce qu'il est (encore) possible d'entreprendre et proposera une méthode de transformation systémique. On fournira aux participants des clés pour faire évoluer les imaginaires et construire des espoirs lucides, quelques avertissements et conseils, ainsi que des leviers actionnables permettant la massification de remises en question comportementales adaptées aux enjeux.

Ingénieur et systémicien de formation, Arthur Keller est aujourd'hui un spécialiste reconnu des risques systémiques, des vulnérabilités des sociétés, des stratégies de résilience collective et des leviers de transformation. Conférencier et enseignant à CentraleSupélec, il forme des élus à la sécurité globale des territoires, conseille des collectivités et des agences publiques sur les stratégies de résilience territoriale face aux risques et délitements sociétaux en cours ou à venir. Sélectionné parmi une douzaine d'experts pour former les Services du Premier ministre et auditionné par l'Assemblée nationale dans le cadre d'une mission parlementaire sur la résilience nationale, il a élaboré une stratégie permettant de se préparer collectivement pour pouvoir affronter dans la dignité les ruptures de continuité majeures qui se profilent.

Lucile SCHMID
Lucile Schmid est Administratrice de l'État au Ministère de l'économie et des finances. Co-fondatrice d'un cercle de réflexions sur les enjeux écologiques, elle y est responsable des relations avec le monde universitaire. Haut-fonctionnaire de formation, elle est attachée à la vision d'institutions ouvertes sur la société, vision qu'elle a développée dans différents travaux et ouvrages. Membre du comité de rédaction de la revue Esprit depuis 1996, ses réflexions portent sur l'état de nos démocraties et elle y organise régulièrement des rencontres. Depuis l'automne 2023, elle effectue une mission au sein du mouvement Emmaüs pour y travailler à l'articulation des enjeux sociaux et écologiques.

Marion WALLER
Directrice générale du Pavillon de l'Arsenal, Marion Waller est urbaniste et philosophe de formation. De 2014 à 2020, alors au cabinet de Jean-Louis Missika, adjoint à la Maire de Paris chargé de l'urbanisme et de l'architecture, elle a travaillé au lancement et à la mise en œuvre de l'appel à projets urbains innovants "Réinventer Paris". En parallèle, Marion Waller enseigne l'urbanisme à Sciences Po Paris et à l'École Polytechnique. Elle a également publié un essai de philosophie environnementale, Artefacts naturels, consacré aux enjeux de la restauration écologique et a enseigné l'éthique de l'environnement à l'université Paris-Est.


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


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[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.