Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


QUELLES COMMUNICATIONS, QUELLES ORGANISATIONS À L'ÈRE DU NUMÉRIQUE ?

UN ÉTAT DES RECHERCHES FRANCOPHONES :
HISTOIRE, ÉPISTÉMOLOGIE, MÉTHODES, FRONTIÈRES


DU SAMEDI 24 JUIN (19 H) AU SAMEDI 1er JUILLET (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

François COOREN, Christian LE MOËNNE, Sylvie PARRINI-ALEMANNO


ARGUMENT :

La transformation numérique n'est pas seulement un phénomène technique. Elle affecte l'ensemble du monde vécu, toutes les formes sociales, les pratiques, les imaginaires, les relations aux espaces et aux temporalités, les dispositifs organisationnels et institutionnels. Ce bouleversement a donc une dimension anthropologique, globale, qui appelle un renouvellement des conceptualisations, appuyées sur des expérimentations, des observations et des recherches de longue durée. En effet, une imbrication se met en place entre des objets, des machines, des langages et les développements de logiques d'action et d'usage, qui interrogent à la fois les secteurs professionnels et scientifiques de l'information et de la communication. Et cela, non seulement par les mutations et crises que le numérique semble provoquer ou accentuer, mais encore par l'importance croissante que prennent dans le quotidien les pratiques sociales d'information et de communication.

Ce colloque international s'adresse aux chercheurs, aux professionnels et à tous ceux qui s'intéressent à ces évolutions pour soumettre au débat critique les conceptions et théories de chercheurs des différents secteurs du monde francophone (français, canadiens et belges) dans les domaines des communications organisationnelles, des systèmes d'information, des logiques d'actions en contextes numériques et, bien entendu, de la dimension épistémologique et stratégique de la transformation numérique.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Samedi 24 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Dimanche 25 juin
Matin
François COOREN, Christian LE MOËNNE & Sylvie PARRINI-ALEMANNO : Ouverture

MUTATIONS ORGANISATIONNELLES
Christian LE MOËNNE : Formes sociales et mutation anthropotechnique [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Frédérik MATTE : L'organisation (im)possible : différance, idéalité et pratique

Après-midi
SPÉCIFICITÉS DES APPROCHES COMMUNICATIONNELLES
Jean-Luc BOUILLON & Catherine LONEUX : "Approches communicationnelles" : quelles méthodes et quels cadres conceptuels pour penser communicationnellement l'organisation du social à "l'ère numérique" ?
Daniel ROBICHAUD : La pluralité des types de connexions organisantes


Lundi 26 juin
Matin
MUTATIONS HUMAINES
Valérie CARAYOL : Humanités digitales et communication organisationnelle : regards croisés
Maryse CARMES : Les fabriques numériques de l'organisation : agencements, scripts et sémio-politiques

Après-midi
ÉVOLUTIONS DES COMMUNAUTÉS
Olivier GALIBERT : Approche communicationnelle et organisationnelle de la communauté virtuelle
François SILVA : Le numérique dans les nouvelles communautés de management : nouvelle régulation, nouveaux acteurs

Soirée
ÉPITÉMÉ
Fabienne MARTIN-JUCHAT : Comment changer de siècle ? Repenser les fondements épistémologiques des approches communicationnelles pour les organisations


Mardi 27 juin
Matin
MATÉRIALITÉS ET CULTURES
Anne MAYÈRE : Agentivité du numérique
Dany BAILLARGEON : Faut-il réhabiliter le concept de culture organisationnelle ? Réflexions théoriques, méthodologiques et pratiques

Après-midi
MATÉRIALITÉS ET RELATIONS
Manuel ZACKLAD : Les approches transactionnelles entre information (artefacts) et communication (relations interpersonnelles)
Benoît CORDELIER : Dispositifs sociotechniques — Enjeux de pouvoir et stratégie

Soirée
QUESTION D'ENVIRONNEMENTS
Françoise BERNARD : Communications des organisations et tournants écologiques


Mercredi 28 juin
Matin
DEVENIRS TECHNIQUES EN ORGANISATION
Christian BOURRET & Claudie MEYER : La question du numérique au cœur des territoires et de l'intelligence économique territoriale
Valérie LÉPINE & Laurent MORILLON : Praticiens de la communication et professionnalisation face aux enjeux du numérique

Après-midi
DÉTENTE


Jeudi 29 juin
Matin
QUESTION DU TEXTE
Patrice de la BROISE : L'organisation comme texte : de la métaphore au paradigme
François LAMBOTTE : De la mémoire organisationnelle aux pratiques mémorielles en organisation : exploration des traces numériques de l'activité organisationnelle

Après-midi
MÉDIATIONS TECHNOLOGIQUES
Michel DURAMPART : Machines numériques, dislocation, recomposition : nouvelles formes d'apprentissage et d'approches organisationnelles
Pierre DELCAMBRE : Un travail de bureau à l'ère du numérique

Soirée
QUESTION DE FORMES OBJECTALES
Nicolas BENCHERKI : Les mots des choses : comment les objets communiquent et participent à la constitution des organisations ?


Vendredi 30 juin
Matin
QUESTION CRITIQUE
François COOREN : Matérialisation et idéation
Christian LE MOËNNE : Critique des concepts nord américains

Après-midi
Sylvie PARRINI-ALEMANNO : Recherches qualitatives en contexte numérique : à partir d'une Recherche Action
Thomas HELLER : Technologies info-communicationnelle, management et organisation : variations critiques

Conclusions, animées par François COOREN & Sylvie PARRINI-ALEMANNO


Samedi 1er juillet
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Dany BAILLARGEON : Faut-il réhabiliter le concept de culture organisationnelle ? Réflexions théoriques, méthodologiques et pratiques
Le titre même de cette présentation semble appeler un projet mort-né. Pourquoi tenter de réhabiliter un concept, qui n'a connu qu'une courte gloire dans les études communicationnelles des organisations de l'espace francophone, et qui a été préempté par les approches managériales dans la littérature anglo-saxonne (Massiera, 2007) ? Or le vocable a encore cours dans les organisations, et les chercheurs en SIC, souhaitant "favoriser un dialogue interdisciplinaire susceptible de fournir des réponses adaptées au monde professionnel et social" (Farchy et Froissart 2006 cités dans Morillon, 2011), sont aux prises avec ce concept zombie (Beck, 1992). Le malaise épistémologique d'une vue réifiée, fonctionnaliste, figée et homogène de la culture organisationnelle (Alvesson, 2002) peut rapidement prendre le pas sur l'intérêt d'observer les dynamiques communicationnelles à l'œuvre. Nous proposons donc une voie de réhabilitation en rapprochant le concept de culture organisationnelle avec les idées de la communication comme constitutive des organisations (Putnam & Fairhurst, 2015 ; Putnam & Nicotera, 2009 ; Schoeneborn, et al., 2014), particulièrement à partir de la métaphore de la ventriloquie (Cooren, 2010, 2013). Nous démontrons ainsi qu'il est possible d'aborder la culture d'une organisation dans ce qu'elle a de dynamique, et ce, depuis la terre ferme des interactions (Cooren, et al., 2011) en prenant en compte les différentes figures culturelles qui sont animées et animantes dans les organisations. Nous proposons un cadre d'appropriation qui identifie non plus une culture organisationnelle, mais des cultures qui dynamiquement attachent et détachent les actants et participent à ce que nous nommerons des "cultures constitutives". Une étude de cas d'organisations créatives est présentée en support à notre proposition, particulièrement dans la façon dont le numérique participe à ces cultures constitutives, de façon à relever des considérations méthodologiques.

Professeur au Département des lettres et communication de l'université de Sherbrooke, Dany Baillargeon ancre ses recherches à la confluence de trois thèmes : la créativité, les organisations et la communication publique. Plus spécifiquement, il s'intéresse, dans une perspective communicationnelle, à la façon dont la créativité se déploie dans les organisations. Cette triade s'applique tant aux organisations traditionnellement créatives — agence de design, de communication marketing, d'architecture, d'innovation technologique — mais également dans les organisations publiques et hybrides, dont les laboratoires d'innovations sociales. Dans cette foulée, il s'intéresse à la créativité en communication marketing, entre autres dans la façon dont elle se manifeste publiquement et est appropriée par différents publics. Ces projets de recherche, Dany Baillargeon les mène entre autres au sein du Réseau international sur la professionnalisation des communications (RESIPROC), du Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSS-CHUS Estrie et de la Chaire de communication marketing et relations publiques de l'UQAM.

Nicolas BENCHERKI : Les mots des choses : comment les objets communiquent et participent à la constitution des organisations ?
La recherche en communication organisationnelle a traditionnellement réservé la parole aux êtres humains. Cependant, certains auteurs proposent que les "choses font des choses avec les mots" et critiquent la "bifurcation de la nature" en deux domaines, celui de la matérialité d'un côté, celui du langage de l'autre. Si nos méthodes de recherche continuent de donner l'impression que seuls les humains parlent, il n'en faut pas pour autant conclure qu'il s’agit là d'un fait ontologique. On montrera comment reconnaître l'accès des choses au langage, via le truchement d'autres objets, et donc mieux reconnaître leur contribution à la constitution des organisations et de nos collectifs.

Nicolas Bencherki (Ph.D., Université de Montréal et Sciences Po Paris) est professeur adjoint de communication à la University at Albany, State University of New York. Ses recherches portent sur la communication organisationnelle au sein des organisations communautaires et sans but lucratif. Ses travaux, publiés entre autres dans Journal of Communication ; Human Relations et Management Communication Quarterly, se penchent sur l'intersection de la communication et de la matérialité dans le partage de l'action entre l'organisation et ses membres potentiels, et dans la constitution de divers phénomènes organisationnels.

Françoise BERNARD : Communications des organisations et tournants écologiques
Dans cette présentation synthétique, l'on mettra l'accent sur les points suivants. Premièrement, la notion d'Anthropocène introduit un déplacement épistémique, non seulement dans le champ de la géologie où elle a été forgée, mais également dans le champ des SHS et, plus particulièrement, dans celui des Sciences de l'information et de la Communication (SIC). Deuxièmement, si l'on considère que les travaux consacrés à la communication environnementale peuvent être catégorisés en deux groupes : l'un plutôt centré sur l'analyse de récit, l'autre plutôt sur l'analyse des mobilisations et des engagements des parties prenantes. Troisièmement, l'on prendra appui sur plus de 15 ans de travaux qui ont débouché sur de nombreuses publications qui ont exploré, d'une part, les problématiques environnementales des régions méditerranéennes et, d'autre part, les apports de ces problématisations à une recherche critique. L'on examinera enfin les interrelations entre la communication et l'institutionnalisation de questions environnementales et soulignera combien il est important de prendre en compte les dynamiques organisationnelles pour comprendre l'actualité de ces questions.

Jean-Luc BOUILLON & Catherine LONEUX : "Approches communicationnelles" : quelles méthodes et quels cadres conceptuels pour penser communicationnellement l'organisation du social à "l'ère numérique" ?
Au cours de la seconde moitié des années 2000, le programme de recherche ACO (Approches Communicationnelles des Organisations) a été mis en œuvre au sein du champ de la communication organisationnelle en France (Bouillon, Bourdin, Loneux, 2005, 2007, 2008). L'objectif était de cartographier et de capitaliser les résultats des travaux effectués en la matière afin de dépasser le caractère peu lisible associé à la notion de "communication organisationnelle". Nous croiserons trois niveaux d'analyse : les situations de travail comme lieux d'échange multiples, les processus organisationnels structurant et équipant les échanges en contexte organisationnel, les discours entrepreneuriaux visant à construire symboliquement l'organisation. À ces trois niveaux, correspondent trois modalités ou "registres" communicationnels, considérant la communication au travers des interactions situées, des dispositifs sociotechniques assurant des médiations et de la mise en récit du social. Ce projet a conduit à des questionnements épistémologiques sur les spécificités des "approches communicationnelles" dans le domaine étudié, mais aussi plus largement en sciences de l'information et de la communication, en lien avec les disciplines connexes des sciences humaines et sociales. Il nous est apparu susceptible d'apporter une clef de lecture supplémentaire aux chercheurs en communication organisationnelle, la problématisation de leurs objets d'études et la construction de leurs socles théoriques. Cette communication interroge d'abord la notion même d'approches communicationnelles, prise à la fois comme concept et comme méthode. Elle pose ensuite des questions d'ordre épistémologique et de construction d'un objet de recherche. Secondairement, elle examinera l'accueil réservé à cette proposition ACO par les chercheurs. De quelles appropriations a-t-elle fait l'objet ? L'on s'arrêtera sur les travaux qui ambitionnent de mieux définir les dimensions communicationnelles inhérentes à deux domaines d'études : l'évolution des systèmes normatifs et la rationalisation des pratiques communicationnelles.

Jean-Luc Bouillon est professeur en sciences de l'information et de la communication à l'université de Rennes 2 et chercheur au PREFICS (EA 4246). Ses recherches portent sur les transformations organisationnelles associées aux processus de rationalisation organisationnelle contemporains, affectant de multiples secteurs (formation professionnelle, opérateurs de télécommunication, construction et bâtiment). Il s'intéresse à la rationalisation des formes de la communication et de la construction des collectifs (question collaborative) liées aux TNIC et aux méthodes managériales.

Catherine Loneux est professeure en sciences de l'information et de la communication à l'université Rennes 2 et chercheure au PREFICS (EA 4246). Ses travaux portent sur les évolutions des discours et des modes de mise en récit des organisations (tels qu'ils sont par exemple apparus dans la Responsabilité Sociale des Entreprises), ainsi que sur les recompositions de différents types d'organisations (entreprises marchandes, collectivités territoriales) liées aux technologies numériques d'information et de communication (TNIC).

Jean-Luc Bouillon et Catherine Loneux ont coordonné, avec Sylvie Bourdin (Université de Toulouse – CERTOP), le programme de recherches Approches Communicationnelles des Organisations.

Christian BOURRET & Claudie MEYER : La question du numérique au cœur des territoires et de l'intelligence économique territoriale
Le développement du numérique modifie fortement les rapports des différents acteurs, individuels et collectifs, avec les territoires. Se pose en particulier la question des "territoires numériques" avec l'utilisation des outils (sites internet, plateformes, réseaux, dispositifs socio-techniques, etc.) par les acteurs du territoire : organisations (collectivités territoriales, entreprises, chambres consulaires, associations, etc.) mais aussi citoyens dans leurs différentes modalités d'interactions. Nous nous situerons dans une perspective d'intelligence économique territoriale en analysant les enjeux de développement durable et de solidarité sur les territoires, en particulier à travers trois secteurs : celui de la santé et de la protection sociale (territoires de soins numériques, actions de la MSA (Mutualité Sociale Agricole) et des CAF (Caisses d'Allocations Familiales), du tourisme (smart destinations) et des tiers lieux.

Christian Bourret est professeur des Universités en Sciences de l'Information et de la Communication à l'université Paris Est Marne-la-Vallée (UPEM). Ses recherches portent sur l'Intelligence Économique Territoriale, principalement dans le secteur des services, avec des travaux sur la santé et la protection sociale, notamment l'évaluation comme aide au développement d'organisations d'interfaces, en particulier des réseaux de santé.

Patrice de la BROISE : L'organisation comme texte : de la métaphore au paradigme
La construction du champ scientifique en SIC est, depuis l'origine de la discipline, aux prises avec une série d'influences, de rapports de forces, de transfuges, de concepts nomades, de domaines partagés… qui fondent autant qu'ils le complexifient le positionnement des SIC dans le paysage universitaire et scientifique français (Lancien et al., 2001). Sans revenir aux origines littéraires de la discipline (Tétu, 2002 ; Boure, 2007), il convient néanmoins de rappeler que la littérature, la linguistique et la sociolinguistique, comme la philosophie du langage, ont contribué à l'institutionnalisation cognitive et sociale des SIC (Boure, 2007). Or les "lettres de noblesse" de cette discipline, encore récente, font paradoxalement assez peu de cas du concept de "texte" auquel les sciences de l'information préfèrent celui de "document". Il existe pourtant un lien fort entre l'organisation et le texte, lequel en constitue une métaphore possible, au même titre que l'organisme, métaphore biologique. En parlant d'organisation, on replace un peu d'intention sans y mettre totalement de l'artefact. Or le texte désigne ce système de traces qui permet de lire des intentions pour y donner du sens. En étudiant l'organisation en tant que texte, on évite précisément de l'étudier pour le texte que d'autres voudraient lui associer…

Professeur des universités en sciences de l'Information et de la Communication et chercheur au GERiiCO (EA 4073), Patrice de la Broise analyse l'organisation dans son rapport au texte. Ses recherches portent sur les processus de normalisation et l'écriture de l'activité par des acteurs "enrôlés" dans une activité d'écriture qui affecte l'accomplissement (et le sens) de leur action.
Publications
P. de la Broise (2016), "Rapports d'éducateurs : essai d'analyse d'un genre de texte argumentatif", in P. Delcambre, C. Matuszak (dir.), Écrire au magistrat, p. 177-208.
P. de la Broise (2012), "Signes d'un management public en voie d'accomplissement : une approche socio-sémiotique de l'université française en mutation", Communication & Organisation, n°39, p. 137-149.
P. de la Broise & S. Grosjean (2010), Études de communication, n°34, "Normes et écriture de l'organisation".

Valérie CARAYOL : Humanités digitales et communication organisationnelle : regards croisés
Les développements des pratiques de communication numérique dans un contexte organisationnel et de travail soulèvent pour les sciences sociales et les SIC (sciences de l'information et de la communication) en particulier, des questions d'ordre épistémologique, méthodologique et théorique, mais aussi éthique et socio-politique. Pour certains chercheurs prônant une transversalité disciplinaire autour du numérique, les questions nouvelles qui se posent aux chercheurs dessinent les contours d'une nouvelle trans-discipline, celle des Humanités Digitales ou Numériques. Ce champ qui se développe et s'institutionnalise, d'un point de vue international, depuis une dizaine d'année à travers des associations, des revues et des colloques, permettrait d'interroger globalement les transformations des pratiques sociales à l'aune du développement des pratiques numériques contemporaines. La démarche recoupe, à bien des égards, les efforts pluridisciplinaires faits pas les SIC au cours de ces trente dernières années, pour accompagner d'un regard réflexif et critique les développements sociotechniques liés aux pratiques médiatiques, informationnelles et communicationnelles. La communication s'attachera à dégager les principaux axes de réflexion des Humanités digitales et tentera d'en éclairer les contours. Ce faisant, elle argumentera pour que, collectivement, les chercheurs en communication organisationnelle et en SIC valorisent et partagent les travaux du champ qui ont ouvert la voie à des analyses originales avec les chercheurs en Humanités digitales. À bien des égards en effet, les SIC peuvent se prévaloir d'une avance certaine sur un domaine d'étude, les pratiques de communication numériques, qu'elles travaillent depuis de longues années.

Valérie Carayol, professeure des Universités à l'université Bordeaux Montaigne, est en délégation CNRS auprès de l'Institut des Sciences de la communication du CNRS pour l'année 2016-2017. De 2009 à 2012, elle a dirigé le laboratoire MICA de présidé l'Association Internationale de chercheurs en communication Euprera. Elle dirige actuellement une équipe de chercheurs au sein du laboratoire MICA (EA 4426) intitulée "Communication, organisations, sociétés". Depuis 2005, elle dirige la publication de la revue académique Communication & Organisation. Ses publications concernent la communication organisationnelle, les temporalités et les mutations numériques des environnements de travail. Elle est responsable d'un programme de recherche partenarial sur "Les incivilités numériques au travail".

Maryse CARMES : Les fabriques numériques de l'organisation : agencements, scripts et sémio-politiques
Cette communication propose une analyse de l'instauration de politiques numériques organisationnelles à partir d'une mise en résonance des perspectives offertes par le concept "d'agencement" de G. Deleuze et F. Guattari et par les approches de l'Actor-Network Theory de Bruno Latour et Michel Callon. Il s'agit d'habiter les processus d'élaboration de ces politiques, une "fabrique telle qu'elle se fait, se vit et se dit" selon une pluralité de mouvements et de dimensions techno-politiques. La fabrique numérique organisationnelle est décrite au prisme de plusieurs phénomènes et dynamiques de formatage : instauration de scripts sociotechniques pris dans des conflictualités et rapports de force divers, élaboration d'une narratique généralisée nourrissant des désirs d'innovation permanente, déplacement vers "un imperium datacentrique". Que ce soit à l'occasion de la conception d'un système d'information, des rapports de force et des épreuves qui s'expriment là, mais aussi en mettant au devant tout un ensemble de processus de performation, on montrera également combien le numérique oblige à mettre au cœur de l'analyse la question politique des interfaces et la "révolution moléculaire" qui la caractérise (Guattari, 2012/1977 ; Noyer, 2016, 2013). La sémio-politique insiste sur l'action des sémiotiques non linguistiques, sur la croissance exponentielle des traces-données numériques et des traitements automatisés de celles-ci, sur le mouvement des sémiotiques comme actants majeurs de la performation des pratiques et d'une économie politique organisationnelle.

Maryse Carmes est maître de conférences au Conservatoire National des Arts & Métiers, chercheur au laboratoire DICEN-IDF. Ses travaux portent sur les économies politiques du numérique et des données, l'instauration de processus socio-techniques, dans le cadre des transformations de l'action publique, de l'Open Data Territorial, des milieux organisationnels.

François COOREN : Matérialisation et idéation
Historiquement, les études en communication ont été marquées par un matérialisme que l'on pourrait qualifier d'implicite, matérialisme que l'on peut retrouver, sous diverses formes, dans les travaux fondateurs de Claude Shannon et Warren Weaver, dans la sémiotique et le pragmatisme de Charles Sanders Peirce, dans les études sur l'archéologie médiatique de Friedrich Kittler, mais aussi dans les écrits de Jacques Derrida sur la matérialité du signifiant. Penser les médias et l'interaction, c'est, en effet, a priori reconnaître qu'il ne peut y avoir communication ou relation sans l'établissement concret d'un lien toujours matériel/matérialisé, autrement dit, fait littéralement de quelque chose (vibration, signal électrique, encre, pixels, etc.). Malgré ses acquis précieux, les études en communication souffrent encore trop souvent d'une opposition malencontreusement entretenue entre, d'un côté, le monde du discours, des idées et de la communication, et, de l'autre, le monde dit matériel, présenté comme celui des outils, de la technologie, de l'architecture, mais aussi de la nature. Dans cette communication, je tâcherai de démontrer l'inanité de cette opposition en analysant le devenir d'un être a priori on ne peut plus abstrait, à savoir une idée dont je propose de suivre l'évolution tout au long d'un événement créatif organisé au Musée des beaux arts de Montréal.

François Cooren est professeur et ancien directeur du Département de communication de l'université de Montréal. Président de l'International Communication Association (ICA) en 2010-2011, il y a été élu Fellow en 2013. Auteur d'une dizaine d'ouvrages parus, entre autres, chez Oxford University Press, Routledge et John Benjamins, il a publié plus d'une cinquantaine d'articles dans des revues internationales, ainsi qu'une quarantaine de chapitres de livres. Il est actuellement président de l'International Association for Dialogue Analysis (IADA, 2012-2017).

Benoît CORDELIER : Dispositifs sociotechniques — Enjeux de pouvoir et stratégie
La technologie introduit, transforme et stabilise des pratiques organisationnelles. Cet aspect normatif est généralement accompagné d'un discours qui oriente l'attitude des acteurs organisationnels à son égard. La technologie est donc un actant porteur de sens pluriels qui sont stratégiquement mobilisés aussi bien en faveur qu'à l'encontre d'un projet organisationnel. Pour en rendre compte, l'on reviendra sur une théorie de l'objet socio-technique dans les processus organisationnels. On l'établira autour de deux systèmes de changement discursif et concret qui articulent les différentes fonctions de l'objet technique (objet normatif neutre, objet médiateur cognitif, dispositif normatif stabilisé, dispositif normatif dynamique, dispositif agi symbolique, dispositif agi stratégique) dans ses interactions avec les acteurs et l'organisation. Ainsi, l'objet sert à la fois à la structuration symbolique des transactions organisationnelles et à l'analyse des dynamiques de changement.

Benoît Cordelier est professeur au Département de communication sociale et publique de l'université du Québec à Montréal (UQAM), chercheur à la Chaire de relations publiques et communication marketing et au Centre de recherche sur la communication et la santé (ComSanté) ainsi que chercheur associé au MICA (EA 4426, axe Communication, organisations et société, Université de Bordeaux), directeur de Communiquer Revue de communication sociale et publique. Ses recherches portent sur les logiques de transaction dans les processus organisationnels, la pragmatique du silence organisationnel ainsi que le lien social et la consommation dans les communautés en ligne.

Pierre DELCAMBRE : Un travail de bureau à l'ère du numérique
Cette communication prendra comme terrain un "travail de métier" ("chargée de relations avec les publics") dans des établissements de diffusion culturelle en France. Elle cherchera néanmoins à confronter l'état de cette activité équipée et normée avec d'autres terrains bien décrits quant à leur équipement, notamment informatique (entreprises de production industrielles équipées d'ERP (Vinck & Penz, 2008), hôpitaux (Mayère & Bazet, 2016)... Ici les "RP" mettent en œuvre de multiples "projets culturels" prenant place dans la temporalité de la saison organisée par l'établissement culturel. L'observation s'attachera au travail et à la panoplie d'artéfacts du travail "de bureau" réalisé sur le lieu de travail. Ce travail communicationnel s'inscrit dans des espaces et emprunte de nombreuses "formes communicationnelles". Un intense "travail de l'écrit" (Denis, 2015) fait jongler d'un artéfact à un autre dans des pratiques de "report" construisant une mémoire vive articulée aux nombreux artéfacts mémoriels. L'équipement informatique dans un tel contexte semble bien être "à la main" des personnes au travail, permettant de fluidifier et assurer le travail d'organisation propre à cette activité.

Pierre Delcambre, Professeur émérite, Sciences de l'information et de la communication, à l'université de Lille 3 (Gériico/Lille3), s'attache à l'étude des communications de travail.
Publication
"Formes communicationnelles et opérations sociales : une approche par les échanges au travail (des échanges en travail)", Revue française des sciences de l'information et de la communication, 9 | 2016.

Michel DURAMPART : Machines numériques, dislocation, recomposition : nouvelles formes d'apprentissage et d'approches organisationnelles
Qu'il s'agisse du temps, des espaces, des relations, des formes du travail, les machines numériques dessinent un devenir instable et un horizon ouvrant sur des recompositions en cours. Dans les industries de la connaissance, l'évolution paraît emprunter un détour homéostatique qui voit le traitement de l'activité se modifier sans que la structure ou l'institution évolue véritablement. Dans des organisations privées, c'est l'horizon de la collaboration, de la cognition au travail, qui est nettement traversé par des évolutions plus que sensibles qui mettent en exergue la notion d'organisation apprenante. Dans le secteur de la santé, on peut assister à un véritable hiatus entre l'évolution de l'activité et le maintien d'une forme organisée. Depuis les travaux des années 1990-2000 (Zarifian, Le Moigne, Alter) jusqu'à aujourd'hui (Leplat, Conein, J.R. Taylor, D'Almeida, Durampart et tant d'autres), des constats pointent à la fois la nature instable des changements conduits avec des apories entre activité, hiérarchisation et formes de structuration du travail. Les recherches soulignent aussi des tensions entre rationalisation et bien être commun (Boltanski, 2009). L'insertion des machines numériques comme levier d'orientation fixant un devenir plus plastique et flexible d'une organisation supposée s'apparenter à une souplesse neuronale (Malabou, 2004) est autant une affaire d'incantation que de ferments constatés d'un mouvement combinant de nouvelles temporalités plus ou moins maitrisées (Rosa, 2010) en relation avec l'action, la réaction et la performance des fondements de l'organisation.

Olivier GALIBERT : Approche communicationnelle et organisationnelle de la communauté virtuelle
Qu'est-ce qu'une organisation ? Qu'est-ce qui différencie une organisation de tout autre collectif ou groupe humain ? Est-ce qu'une communauté peut prétendre au qualificatif d'organisation ? A fortiori, est-ce qu'une communauté en ligne, que d'aucuns nomment "Communautés virtuelles" (Rheingold, 2000 ; Latzko-Toth, Proulx, 2000 ; Galibert, 2005), est une organisation et mérite, de facto, l'intérêt des chercheurs en communication des organisations ? Existe-t-il une heuristique capable d'identifier l'action communautaire dans l'organisation ou, à l'inverse, d'analyser les communautés en ligne comme le fruit de processus communicationnels qui les traversent ? Nous verrons donc dans cette communication que, si l'idée de communauté virtuelle paraît antinomique au monde de l'organisation, elle pourrait agir, dans les représentations et dans les pratiques professionnelles et stratégiques propres aux sociétés numériques, comme un renouveau d'une pensée des processus organisationnels par trop rationalisante.

Professeur en Sciences de l'Information et de la Communication à l'université de Bourgogne Franche-Comté (Laboratoire CIMEOS), Olivier Galibert centre ses réflexions sur les enjeux de la socialisation électronique. Il propose une approche info-communicationnelle des communautés virtuelles étayée empiriquement sur les champs de la santé et de la transition socio-écologique.

Thomas HELLER : Technologies info-communicationnelle, management et organisation : variations critiques
À partir d'exemples relevant principalement de travaux en communication organisationnelle, il s'agit d'esquisser quelques-unes des expressions de la critique quand celle-ci porte sur les transformations managériales et organisationnelles à l'ère du numérique. Par là, j'entends d'abord ce que les technologies numériques d'information et de communication, adossées à des préoccupations managériales d'efficacité, induisent comme formes de pouvoir (mis à jour par la critique) ou encore produisent comme effets psychologiques et sociaux en rapport avec les catégories de la critique ; j'entends également ce que ces technologies, prises comme objet de discours, produisent comme réalité inacceptable (L. Boltanski). Plus largement, l'ère du numérique est envisagée comme un esprit du temps, qui renvoie au nouvel esprit du capitalisme, caractérisé par une idéologie qui fait tenir ensemble efficacité/performance et réalisation de soi, qui s'actualise dans des discours et des pratiques de management, ainsi que dans des possibilités d'actions offertes par les technologies informationnelles et communicationnelles (par exemple, les technologies de mesure de soi). Ce sont plus particulièrement les implications critiques de cette assimilation entre efficacité productive et production/réalisation de soi qui sont alors interrogées.

Thomas Heller, maître de conférences à l'université de Lille, membre du laboratoire GERIICO., fait porter ses recherches sur la communication managériale et la gouvernementalité communicationnelle.

François LAMBOTTE : De la mémoire organisationnelle aux pratiques mémorielles en organisation : exploration des traces numériques de l'activité organisationnelle
Le stockage des documents formels de toutes sortes, qui prenaient autrefois la forme de dossiers papiers occupant plusieurs étagères ou armoires (premier mode), sur l'Intranet et plus récemment sur des outils de partages de connaissances, a permis la création d'un nouveau mode d'existence de la mémoire organisationnelle (deuxième mode). Ce mode d'existence offre la possibilité à son gestionnaire ; mais également à ses utilisateurs, de tisser des liens entre les documents par le biais de catégorisation ou de label. En soi, cela n'est pas nouveau, le classement de Dewey en témoigne. Ce qui est neuf, c'est la mise en visibilité de l'activité sociale dans et autour de cette mémoire organisationnelle. La mémoire ne se limite plus aux documents mais inclut ce que les utilisateurs en font par le biais notamment de l'enregistrement de l'activité reprise sous forme de métadonnées (troisième mode). Ces métadonnées sont ensuite traitées et données à voir aux utilisateurs et aux gestionnaires de communautés. Mais avec quelles implications ?

François Lambotte est professeur en communication organisationnelle à l'École de Communication de l'UCL. Ses recherches interrogent les processus de collaboration, de coopération et de négociation dans divers contextes organisationnels. Il coordonne le centre de recherche en communication de l'UCL et est fondateur du Social Media Lab de l'UCL dont les recherches interrogent l'utilisation des médias socionumériques en contexte professionnel.

Christian LE MOËNNE : Formes sociales et mutation anthropotechnique
Cette conférence, introductive au colloque, ouvre le débat sur les formes organisationnelles comme éléments fondamentaux de processus d'information, entendu à la fois comme mise en sens et mise en forme. Qu'est-ce qu'une forme organisationnelle ? Loin d'être un état, elle fait tenir ensemble l'ensemble des éléments par la production de normes, de règles, de procédures qui produisent, de façon indissociable, des effets symboliques et matériels. Il s'agit d'une forme sociale qui, au sens de Castoriadis, structure notre capacité à instituer la société et qui, au sens où Simmel, conserve de façon "cristallisée" les conceptions, les postures anthropologiques, la mémoire des actions collectives. D'où vient cette aptitude à faire émerger des formes sociales ? Il s'agit, pour Simondon, d'une aptitude anthropologique à faire surgir des formes puisant aux aptitudes sociales profondes de l'humanité. Dans cette perspective, la capacité à faire surgir des formes organisationnelles précède vraisemblablement l'aptitude langagière. Notre espèce a été sociale avant d'être humaine, n'a pu devenir humaine que parce que d'abord sociale. L'aptitude à faire surgir des formes organisationnelles et instrumentales, des outils, des objets, comme celle qui permet de faire émerger des formes sémiotiques participent de cette aptitude anthropologique à faire surgir des formes sociales qui est au fondement du couplage "cortex - silex", dont Leroi-Gourhan souligne l'importance dans le processus d'hominisation. Les formes sociales sous cet aspect, mêlent en permanence trois formes sources organisationnelles, objectales et sémiotiques.

Christian Le Moënne, professeur émérite des Universités en Sciences de l'Information-Communication. Président d'Honneur de la Société Française des Sciences de l'information et de la communication (SFSIC), membre pendant dix ans du comité Information-communication de la Commission Nationales française de l'UNESCO, il est le fondateur d'un groupe d'études et de recherches sur les informations et communication organisationnelles (Org & Co) qui rassemble plus de 300 chercheurs au niveau international.

Valérie LÉPINE & Laurent MORILLON : Praticiens de la communication et professionnalisation face aux enjeux du numérique
Selon l'Union Des Annonceurs, le secteur de la communication emploierait 370 000 personnes. Depuis les années 1980, une logique "compétences" imprègne les institutions impliquées dans la définition et la régulation du marché de l'emploi ainsi que les instances et organisations éducatives et formatives. Outre leur potentielle capacité structurante, les référentiels et indicateurs standardisés de mesure et d'évaluation des activités de communication constituent des opérateurs sociaux de la professionnalisation des acteurs. Pourtant, le chercheur qui s'intéresse aux praticiens de la communication se confronte à une hétérogénéité et une ambiguïté de dénominations de métiers qui empêchent l'établissement de catégories et de hiérarchies professionnelles précises. En outre, depuis la fin des années 1990, le développement accéléré des médiations techniques et des usages info-communicationnels du numérique contribue à une évolution des pratiques et des conditions de construction du champ. Inscrits dans une course en avant technologique, certains acteurs de la sphère professionnelle imposent modèles et normes. Dans ce contexte, quelle peut être l'influence de cette inflation de métiers émergents et de compétences spécialisées sur les processus de professionnalisation des praticiens de la communication ?

Valérie Lépine est maître de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication à l'université Grenoble Alpes et membre du GRESEC. Vice-présidente de la Société française des sciences de l'information et de la communication, elle est co-fondatrice du RESIPROC. Ses travaux portent sur les communications organisationnelles, leurs évolutions, enjeux, acteurs et pratiques. Elle interroge les dynamiques de professionnalisation, les ré-articulations qui s'opèrent entre compétences managériales et communicationnelles ainsi que les enjeux de reconnaissance des praticiens et des activités de la communication.

Laurent Morillon est maître de conférences habilité à diriger des recherches en Sciences de l'Information et de la Communication à l'université de Toulouse. Animateur de l'équipe Organicom du LERASS (EA 827), ses recherches portent sur les pratiques et modèles épistémologiques des acteurs en contexte organisationnel, notamment les chercheurs en communication des organisations et les communicants. Il est le directeur adjoint du LERASS et co-dirige le Laboratoire Commun RiMeC financé par l'ANR.

Fabienne MARTIN-JUCHAT : Comment changer de siècle ? Repenser les fondements épistémologiques des approches communicationnelles pour les organisations
Depuis l'apparition de la fonction communication dans les organisations, les politiques ont été pensées à partir de l'agir communicationnel habermassien et de la philosophie du langage d'Austin et de Searle : défini comme un être rationnel doté de langage et pour autant qu'il jouit des facultés de son entendement, l'individu humain se trouverait en capacité de déterminer les règles lui permettant d'agir de manière droite et juste, à partir de l'éthique de la discussion et de la force illocutoire du langage. Ces conceptions du langage, de l'action et de l'espace public, même si elles sont critiquées, font reposer les capacités actionnelles des organisations sur cette vulgate reprise par les acteurs de la communication. Ces derniers n'ont donc pas pu prévoir le rôle du capitalisme dans sa capacité à construire et à capter les affects des collectifs via les applications numériques, et à structurer la communication comme l'action individuelle et collective au sein même des organisations. L'usage intensif addictif et quotidien des outils numériques par certains salariés dans un régime de multi-activités (Dumas, Martin-Juchat, Pierre 2017) est dominé par des logiques d'ambivalence affective entre aveux de perte d'efficacité et désirs de contrôle. Si bien que les politiques de communication définies à partir des théories modernes et contemporaines, semblent inappropriées pour appréhender ces transformations de l'activité professionnelle, dans un contexte d'explosion des frontières des organisations (Linhart, 2015). Les salariés au sein de celles-ci, quant à leurs usages des applications numériques, semblent à la recherche de nouveaux modèles, pour penser le sens de leurs actions soutenues ou non par les acteurs de la communication (Charpentier, Brulois, 2014). Ce bilan critique de la situation, à partir de sa généalogie politique, nous conduira à nous interroger sur la nécessité de repenser les fondements épistémologiques des approches communicationnelles pour les organisations.

Fabienne Martin-Juchat, professeure des universités en sciences de l'information et de la communication à l'université Grenoble Alpes, est chercheuse au sein du GRESEC. Elle développe une anthropologie par la communication corporelle et affective médiée ou non par des technologies, afin de proposer un cadre théorique pour penser le corps et les émotions au sein des organisations. Elle coopère avec des chorégraphes et des praticiens du corps pour la conception de dispositifs de recherche-action innovants.

Frédérik MATTE : L'organisation (im)possible : différance, idéalité et pratique
Avec cette communication, je rendrai compte de la manière dont certaines tensions s'incarnent et s'expriment dans les activités quotidiennes de l'organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF). Pour procéder, je ferai appel à une approche dite "ventriloque" de la communication, approche qui vise à montrer que les tensions organisationnelles que vivent les intervenants humanitaires dans leur travail peuvent s'analyser à partir des figures qui animent leurs conversations et leurs activités de tous les jours. J'ai identifié puis analysé, grâce à une approche d'inspiration ethnographique, deux figures et deux tensions qui traduisent les mécanismes communicationnels à l'œuvre au cours de l'implémentation des activités humanitaires de MSF. Les figures dont nous ferons les analyses sont celles du patient et de la sécurité et puis, les tensions, celles entre la distance et la proximité et entre la coopération et l'indépendance.

Frédérik Matte est professeur adjoint au département de communication de l'université d'Ottawa (Canada). Il est titulaire d'un doctorat en communication de l'université de Montréal. Ses recherches portent sur l'aide humanitaire, les organisations internationales non gouvernementales (ONGI) ainsi que sur les situations d'urgence. Il s'intéresse aux aspects organisationnels tels que les tensions, l'adaptation, l'apprentissage ainsi qu'aux notions d'engagement, d'attachement et de bénévolat. Son approche s'inscrit dans un cadre collaboratif avec l'organisation d'aide humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF). Son travail a été publié dans Journal of Communication, Communication Monographs, Discours & Communication et Pragmatics & Society.

Anne MAYÈRE : Agentivité du numérique
Le numérique est fait d'un ensemble de techniques qui visent à équiper les productions d'information et les relations, soit ce qui contribue en bonne part à constituer les êtres humains comme êtres sociaux (Simondon, 2005). C'est dire l'importance qu'il y a à questionner ces techniques, dans le projet qui fonde leur conception et du point de vue de leur agentivité — ou capacité à faire une différence dans l'action (Cooren, 2006). Notre hypothèse centrale est que, dans le champ des organisations tant privées que publiques, ces techniques participent à former des interdépendances renouvelées entre le global et le local ; à travers leurs mises en lien, elles viennent équiper des instruments de pilotage économique (Giraud, 2012) ou d'action publique (Lascoumes & Le Galès, 2005) ; ce faisant, elles matérialisent et opérationnalisent de façon renouvelée les normes et standards, leurs emboîtements et leurs tensions, et contribuent aux transformations des processus organisants (Le Moënne, 2013). De telles transformations projetées sont confrontées à des mises en pratiques qui viennent aménager, reconfigurer, repositionner les techniques. À ce questionnement s'articule une démarche méthodologique : il s'agit non pas de décréter ces dynamiques mais d'en identifier et suivre les traces à travers ce qui est ventriloqué, ce qui est inscrit et recomposé dans les textes et les architextes (Cooren, 2013 ; Jeanneret, 2015). Ces questions seront traitées à partir d'études de cas approfondies dans le domaine des organisations de santé et du travail de santé.

Anne Mayère est professeure en sciences de l'information et de la communication à l'université Paul Sabatier Toulouse 3, chercheure au CERTOP, UMR CNRS 5044, et directrice-adjointe de l'IFERISS. Ses recherches interrogent le numérique comme équipement de la rationalisation des activités de production d'information et de communication, en particulier dans les organisations de santé et plus largement ce qui a trait au travail de santé.

Daniel ROBICHAUD : La pluralité des types de connexions organisantes
Une part importante de la recherche et de la théorisation en communication organisationnelle des 30 dernières années a insisté sur les dimensions symboliques, signifiantes, voire discursives des organisations. Ce point de vue a permis de mettre en évidence comment la communication peut être dite "organisante", précisément parce qu'elle constitue un lieu privilégié d'exercice du langage où les aspects signifiants des organisations sont créés, reproduits dans le temps et éventuellement transformés. Cette communication montrera les limites de cette perspective et surtout mettra en évidence le caractère hétérogène et pluriel des types de relations qui structurent la vie organisationnelle. À côté des relations symboliques et discursives, des relations matérielles et naturelles participent aux modes d'existence multiples des réalités dites organisationnelles. Cette pluralité appelle une conception renouvelée de la communication organisationnelle qui dépasse le cadre idéaliste qui a dominé le champ jusqu'ici.

Daniel Robichaud, professeur agrégé au département de communication de l'université de Montréal, fait porter ses recherches sur le rôle du langage et de la communication dans les processus d'organisation. Il est actuellement professeur invité à l'université de Toulouse III Paul Sabatier.
Publications
Organization and Organizing. Materiality, Agency, Discourse, avec François Cooren, New York & London, Routledge, 2013.
Numéro spécial de la revue Sciences de la société, n°88, 2013, avec Bertrand Fauré.
Divers articles dans des revues scientifiques internationales : Communication Theory, Academy of Management Review, et Organization.


SOUTIENS :

• Groupe de recherche "Langage, Organisation et Gouvernance" (LOG) | Université de Montréal
• Master CCOSII (UFR Lettres, Arts et Sciences Humaines) | Université Nice Sophia-Antipolis
• Laboratoire DICEN-IdF (EA 7339) | Conservatoire National des Arts et Métiers // Université Gustave Eiffel // Université Paris-Nanterre
• PREFICS (EA 4246) | Université Rennes 2

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


DES HUMANITÉS NUMÉRIQUES LITTÉRAIRES ?


DU JEUDI 15 JUIN (19 H) AU JEUDI 22 JUIN (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Didier ALEXANDRE, Marc DOUGUET


ARGUMENT :

Le numérique bouleverse le champ des lettres sous divers angles: la création, l'archivage et la conservation des textes, mais aussi l'enrichissement des données et leur usage. Il oblige à penser un nouvel humanisme littéraire, dont les objets, les pratiques, les conditions d'existence et les finalités sont à définir.

On peut distinguer, dans ce qui scande la démarche du numérique littéraire, trois temps bien différents : la numérisation en vue de la constitution de données et de corpus ; l'intelligence des textes, par la fouille de données et l'herméneutique assistée ; la transformation de la vie littéraire et de l'activité critique.

Les nombreuses questions soulevées par cette révolution à la fois technologique, économique et culturelle, portent sur de nombreux objets : le texte numérisé ; l'édition numérique et l'archivage des données avec les problèmes juridiques qu'ils posent ; les logiciels d'analyse et leurs effets critiques dans la génétique textuelle et la lecture contextuelle ; les réseaux de sociabilité littéraire et critique. Le design des objets numériques doit aussi faire l'objet d'une grande attention. Pour mesurer les transformations des conditions de lecture ainsi que leurs limites, cette exploration sera conduite à partir des études littéraires et des recherches en informatique.

Ce colloque, qui alternera communications suivies de débats approfondis et ateliers abordant ces différentes questions, réunira des chercheurs venus d'horizons divers (littéraires, informaticiens, spécialistes de la communication, historiens du web, anthropologues) ainsi que toute personne intéressée par les sujets traités.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Jeudi 15 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Vendredi 16 juin
Matin
Didier ALEXANDRE & Marc DOUGUET : Ouverture

PERSPECTIVES HISTORIQUES ET MÉTHODOLOGIQUES
Aurélien BERRA : Méthodes lettrées : recherches antiques et expérimentations numériques
Dominique LEGALLOIS : Pour en revenir au texte : aspects de la lecture à "bonne distance" en humanités numériques littéraires

Après-midi
LES CORPUS NUMÉRIQUES : CONSTITUTION, ÉDITION ET EXPLOITATION
Diego PELLIZZARI : Mythographie et canon littéraire
Mercedes BLANCO : Gongora et les humanités numériques : nouvelles méthodes pour une nouvelle poésie
Frédéric GLORIEUX : Archivage et diffusion pérennes des services numériques pour la littérature


Samedi 17 juin
Matin
APPROCHES FORMELLES
Valérie BEAUDOUIN : L'apport du numérique à l'analyse métrique et rythmique

L'analyse numérique du texte théâtral, table ronde avec Didier ALEXANDRE, Donatien AUBERT (La création d'environnements et d'avatars de synthèse appliquée à la scène : vers une redéfinition des partitions théâtrales traditionnelles ?), Marc DOUGUET (Les motifs dramaturgiques dans le théâtre du XVIIe siècle : évolution, spécificités auctoriales et répartition générique) et Frédéric GLORIEUX (Théâtre, réseaux d'interlocution)

Après-midi
"HORS LES MURS" — À LA MÉDIATHÈQUE DE SAINT-LÔ | Vidéos en ligne
La plateforme Apollinaire-Marie Curie : présentation de la base de donnée et de l'interface, table ronde avec Didier ALEXANDRE, Krystelle DENIS, Paule DESMOULIÈRE et Delphine VERNOZY

Paysage Fer, réouvert, lecture-performance par François BON & Dominique PIFARÉLY


Dimanche 18 juin
Matin
QUELS OUTILS POUR LA FOUILLE DE TEXTE ?
Bénédicte PINCEMIN : Apports de la textométrie à l'analyse de corpus littéraires numériques

Les vecteurs dans la boîte à outils des littéraires : quel instrument pour quels usages ?, atelier avec Olivier GALLET, Frédéric GLORIEUX et Marianne REBOUL

Après-midi
DÉTENTE


Lundi 19 juin
Matin
LES USAGES DU NUMÉRIQUE
Christophe SCHUWEY : La forme sur le fond : les enjeux de l'interface
Thomas LEBARBÉ : Des manuscrits de Stendhal au CAHIER d'Huma-Num : unité et diversité des humanités numériques textuelles

Après-midi
ARCHIVES ET BIBLIOTHÈQUES NUMÉRIQUES
Archives du Web et humanités numériques, de la collecte à l'analyse, atelier avec Géraldine CAMILE, Louise MERZEAU, Zeynep PEHLIVAN et Valérie SCHAFER

Le moteur de recherche de Gallica et le chercheur : lequel des deux apprivoise l'autre ?, atelier avec Sophie BERTRAND, Jean-Philippe MOREUX et Stéphane PILLORGET

Soirée
Le texte élusif dans la littérature numérique, table ronde organisée par Yan RUCAR, avec Annie ABRAHAMS (Une pratique du texte numérique qui dévoile), Philippe BOOTZ (Le texte absent comme indice d'une inadaptation) et le collectif RYBN (Machines d'écriture algorithmiques)


Mardi 20 juin
Matin
LES HUMANITÉS NUMÉRIQUES ET L'INTERTEXTUALITÉ
Marine RIGUET : Le sacre d'une littérature palimpseste ?

Effets d'optique textuelle à grande échelle : Les Champs du réemploi, table ronde avec Didier ALEXANDRE, Jean-Gabriel GANASCIA, Clovis GLADSTONE, Robert MORRISSEY et Glenn ROE

Après-midi
CRÉATION NUMÉRIQUE
I.A. et poétique : les RNN (Recurrent Neural Networks) appliqués au champ de la création littéraire, table ronde avec Franck SOUDAN, avec la collaboration de Anaïs GUILET

Éditorialisation et littérature, atelier avec Servanne MONJOUR et Nicolas SAURET, avec la collaboration de Marcello VITALI-ROSATI


Mercredi 21 juin
Matin
ÉTUDES DE STYLE
Rudolf MAHRER : Peut-on faire des "variantes" un observatoire pour l'histoire du style ?

Être ou ne pas être raisonneur : étude du lexique et des motifs syntaxiques dans les comédies de Molière, table ronde avec Élodie BÉNARD et Jean-Gabriel GANASCIA, avec la collaboration de Francesca FRONTINI

Après-midi
"HORS LES MURS" — À L'IMEC À CAEN
Visite des archives de l'IMEC, par Claire PAULHAN

L'exploitation scientifique d'un corpus numérique épistolaire, table ronde avec Clarisse BARTHÉLEMY, Pauline FLEPP et Camille KOSKAS


Jeudi 22 juin
Matin
L'ANALYSE DES TEXTES CRITIQUES
Motasem ALRAHABI : Analyse automatique du jugement critique du XIXe siècle : évaluation des résultats
Chiara MAINARDI : Les dessous du numérique. La transformation des approches critiques : paradigme d'une nouvelle exploration littéraire ?

Conclusions

Après-midi
DÉPARTS


SOUTIENS :

• Observatoire de la vie littéraire (Labex OBVIL)
• Observatoire des Patrimoines de Sorbonne Universités (OPUS)
• UMR CNRS Cellf 16-21 | Université Paris Sorbonne
• UMR LIP6, Équipe ACASA | Université Pierre et Marie Curie
• Fondation d'entreprise La Poste
• Bibliothèque nationale de France (BnF)
• Institut Mémoires de l’édition contemporaine (IMEC)
• Médiathèque de Saint-Lô

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


CE QUE LA MISÈRE NOUS DONNE À REPENSER

( AVEC JOSEPH WRESINSKI )


DU MARDI 6 JUIN (19 H) AU MARDI 13 JUIN (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Marc LECLERC, Bruno TARDIEU, Jean TONGLET


CONSEIL SCIENTIFIQUE :

Axelle BRODIEZ-DOLINO, Alain CAILLÉ, Louis JOIN-LAMBERT


ARGUMENT :

Joseph Wresinski, fondateur d'ATD Quart Monde, continue cent ans après sa naissance à stimuler la réflexion et l'action partout dans le monde. Sa pensée et son œuvre, orientées vers l'éradication de la misère, seront mises en lien et contraste avec celles de Hannah Arendt, Paulo Freire, Marcel Mauss, Simone Weil et d'autres ainsi qu'avec des expériences de résistance à la misère.

Il s'agira de penser la grande pauvreté, mais surtout de repenser l'humain et la société à partir d'elle et de ceux qui la vivent — afin d'en tirer les conséquences pour l'action. L'on procédera selon trois angles :
- historique : dans quel contexte et comment les plus pauvres, largement absents de l'histoire, coupés de leurs racines, ont-ils pu émerger collectivement avec Wresinski ?
- anthropologique : au-delà de l'homo economicus, l'homme a besoin d'être reconnu, de créer et de prendre des responsabilités. Comment partager ces responsabilités ensemble ?
- épistémologique : notre conception de la connaissance a conduit nombre d'humains à se considérer et à se voir considérés comme en dehors de tout savoir. Comment prendre en compte le savoir propre des plus démunis, en le mettant en rapport avec celui des praticiens et des universitaires, en vue d'élaborer une connaissance juste et mobilisatrice ?

Chercheurs, praticiens, militants en situation de grande pauvreté et artistes de cinq continents s'interrogeront ensemble sur les pistes d'avenir susceptibles de faire évoluer nos conceptions, nos recherches et nos actions.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mardi 6 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Mercredi 7 juin | Extraits vidéo de la journée
LES EXCLUS DE LA CITÉ À LA RECHERCHE DE LEUR HISTOIRE
Matin
Bruno TARDIEU & Jean TONGLET : Introduction du colloque

Introduction de la journée : genèse du thème | Jean TONGLET
Président : Patrice MEYER-BISCH | Modérateur : Jean TONGLET

COMMUNICATIONS
Marie-Rose BLUNSCHI & Nelly SCHENKER : La violence faite aux pauvres — un pays se met face à son histoire
Evelyne de MEVIUS : Les limites du statut de victime

Temps en petits groupes

Après-midi
ATELIERS THÉMATIQUES EN PARALLÈLE
• Le développement d'un pays et l'intelligence des très pauvres : René MUHINDO | Animatrice : Marie-Odile NOVERT
• Qu'est-ce qu'une action fondamentalement transformatrice dans la vie des enfants de la misère ? : Julieta PINO-AMACHI et Jude JN PIERRE | Animateur : Alberto UGARTE
• Archives et ressources documentaires du Centre Joseph Wresinski : Daniel FAYARD et James JABOURECK | Animateur : Jean TONGLET

TABLE RONDE
"Repenser l’histoire à partir des très pauvres", animée par Axelle BRODIEZ-DOLINO, avec
Philippe CHANIAL : Brève histoire critique de la bienfaisance et de la protection sociale à partir du concept de don, avec Mauss, Jaurès et Wresinski
Bonita BENNETT : They can destroy our houses, they can't destroy our stories. How is a collective story the key to liberation ?
Michèle GRENOT : La notion de Quart Monde forgée par J. Wresinski, confrontée à celle de Quatrième Ordre de L. P. Dufourny (1789) et à la vision de l'historien B. Geremek

Vernissage des expositions (peintures, objets) réalisées par Jacqueline PAGE et Christian JANUTH, avec le concours de Richard GALICIER


Jeudi 8 juin | Extraits vidéo de la journée
LE MOMENT OÙ LES PLUS PAUVRES DEVIENNENT PARTENAIRES
Matin
Un point de la veille, mot de David JOUSSET

Introduction de la journée : genèse du thème | Bruno TARDIEU
Présidente : Marie-Rose BLUNSCHI | Modérateur : Bruno TARDIEU

COMMUNICATIONS
Marie JAHRLING : "Ce que le Père Joseph a changé dans ma vie et celle de mon peuple"
Étienne FOUILLOUX : Wresinski et l'Église de son temps
Axelle BRODIEZ-DOLINO : ATD Quart Monde, avant-garde associative et politique de lutte contre la misère (1956-2016)

Temps en petits groupes

Après-midi
EN PARALLÈLE
Atelier "Pistes d'avenir", avec Julie COSTA, Ekédi MPONDO-DIKA, Alex ROY et Semyon TANGUY-ANDRÉ

Trois ateliers thématiques
• Émerger de la grande pauvreté et principes d'action : Narumol NIRATHRON dialoguant avec Patricia HEYBERGER | Animatrice : Donna HAIG FRIEDMAN
• Cheminer ensemble pour vaincre la misère : Nelly SCHENKER avec Marie-Rose BLUNSCHI
• L'éthique de la lutte contre la grande pauvreté en Haïti : dilemmes et priorités : Roseline BERNARD-DE MUYLDER et David JOUSSET | Animatrice : Marie-Odile NOVERT

Ateliers de créations plastiques, proposés par Jacqueline PAGE et Christian JANUTH

TABLE RONDE
"Le moment où les plus pauvres deviennent partenaires", animée par Nathalie SARTHOU-LAJUS, avec
Frédéric VIGUIER : Joseph Wresinski et l'espace de la cause des pauvres en France, des années 1950 aux années 1980
Stanislas Spero ADOTEVI : Du Tiers Monde au Quart Monde : comment les plus pauvres questionnent humains, communautés et peuples, et changent la nature de l'action à mener pour la justice
Antoine GUGGENHEIM : Quart-Monde, peuple de Dieu ?

Martine LE CORRE : L'université populaire Quart Monde, lieu de prise de parole et de réflexion

Soirée
Projection du film "50 ans de combat"


Vendredi 9 juin | Extraits vidéo de la journée
REPENSER LA RESPONSABILITÉ
Matin
Un point de la veille, mot de David JOUSSET

Introduction de la journée : genèse du thème | Jean TONGLET
Président : Jean TONGLET | Modératrice : Geneviève DEFRAIGNE-TARDIEU

COMMUNICATIONS
Christopher WINSHIP : The poorest of the poor (as persons and as collective) and all of us belong in the same sphere, both moral and political
Jean-Marc FERRY : Face à l'injustice du cœur comme à celle des lois, quelle éthique de responsabilité ? [enregistrement vidéo en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

TABLE RONDE
"Repenser la responsabilité citoyenne et politique", animée par Jean TONGLET, avec
Louis JOIN-LAMBERT : Responsabilité et gouvernance à l'épreuve de la misère - avec Hannah Arendt et Joseph Wresinski
Silvio CAMPANA ZEGARRA : Cómo el pensamiento Wresinski cuestionó la practica de la defensa de los derechos humanos, la comprensión de la justicia social y de la responsabilidad de las instituciones frente a la banalización de la miseria
Patrick VIVERET : De la misère comme entrave à la pleine humanité ou comment Wresinski remet en cause notre conception du bénéfice

Après-midi
Temps en petits groupes : préparation du thème de l'université populaire Quart Monde

Soirée
"HORS LES MURS" — À CAEN
Participation à l'université populaire Quart Monde de Normandie (Amphithéâtre de l'Institution Saint Paul de Caen), animée par Martine LE CORRE


Samedi 10 juin | Extraits vidéo de la journée
VIOLENCE ET DON — REPENSER LES RELATIONS
Matin
Un point de la veille, mot de David JOUSSET

Introduction de la journée : genèse du thème | Bruno TARDIEU
Président : Jean-Marc FERRY | Modérateur : Louis JOIN-LAMBERT

COMMUNICATIONS
Paul DUMOUCHEL : Au-delà du sacrifice inutile : René Girard, Thomas Hobbes et Joseph Wresinski
Alain CAILLÉ : Joseph Wresinski, anthropologue
Message vidéo de Moraene ROBERTS : La dignité de donner | Accéder à la vidéo

Temps en petits groupes

Après-midi
EN PARALLÈLE
Atelier "Pistes d'avenir", avec Julie COSTA, Ekédi MPONDO-DIKA, Alex ROY et Semyon TANGUY-ANDRÉ

Trois ateliers thématiques
• La participation des personnes en grande pauvreté dans les changements politiques, est-ce possible ? : Franck & Véronique LENFANT et Alex ROY | Animateur : James JABOURECK
• Les rôles que nous jouons : Naomi ANDERSON | Animatrice : Geneviève DEFRAIGNE-TARDIEU
• La réalité et la continuité affective pré et post-natale : Catherine DOLTO | Animatrice : Marie-Odile NOVERT

Ateliers de créations plastiques, proposés par Jacqueline PAGE et Christian JANUTH

TABLE RONDE
"Repenser les relations humaines", animée par Elena LASIDA, avec
Emmanuel GABELLIERI : Joseph Wresinksi et Simone Weil. Anthropologie relationnelle et philosophie de l'action
Message vidéo de Chen YUEGUANG : Cheminer ensemble avec Joseph Wresinski vers une nouvelle période axiale (texte en français lu par Shwushiow YANG-LAMONTAGNE) | Accéder à la vidéo
Dominique LAMBERT : La place des plus pauvres dans l'aventure humaine. Darwin et Wresinski peuvent-ils se comprendre ?

Soirée
Rencontre avec la Délégation générale du Mouvement international ATD Quart Monde


Dimanche 11 juin | Extraits vidéo de la journée
CULTURE ET GRANDE PAUVRETÉ
Matin
Un point de la veille, mot de David JOUSSET

Introduction de la journée : genèse du thème | Jean TONGLET
Président : Emmanuel GABELLIERI | Modératrices : Marie-Rose BLUNSCHI & Marie-Odile NOVERT

COMMUNICATIONS
Patrice MEYER-BISCH : Droits culturels et pauvretés. Observer la honte
François JOMINI : La pratique de la libération culturelle

Temps en petits groupes

Après-midi
EN PARALLÈLE
Atelier "Pistes d'avenir", avec Julie COSTA, Ekédi MPONDO-DIKA, Alex ROY et Semyon TANGUY-ANDRÉ

Deux ateliers thématiques
• Les veuves Luo (groupe ethnique du Kenya) le dilemme de l'exclusion : Aloys Otieno OJORE dialoguant avec Susie DEVINS
• Appel à l'action - découverte et signature : Naomi ANDERSON et Julieta PINO-AMACHI

Ateliers de créations plastiques, proposés par Jacqueline PAGE et Christian JANUTH

TABLE RONDE
"Transmission familiale et culture", animée par Marie-Rose BLUNSCHI & Marie-Odile NOVERT, avec
Jean BÉDARD : La grande quête de la joie
Shwushiow YANG-LAMONTAGNE : Wresinski sees each human being as a member of a family : a key in the struggle against extreme poverty. Pertinence for the Chinese world [communication établie avec Sun TA-CHUAN]
Catherine DOLTO : Misère effective et misère affective, carences précoces et construction de la violence

Soirée
Rencontre avec Stanislas Spero ADOTEVI


Lundi 12 juin | Extraits vidéo de la journée
CRITIQUE ÉPISTÉMOLOGIQUE ET CONNAISSANCE
Matin
Un point de la veille, mot de David JOUSSET

Introduction de la journée : genèse du thème | Bruno TARDIEU
Président : Alberto UGARTE | Modératrice : Geneviève DEFRAIGNE-TARDIEU

COMMUNICATIONS
Carlos ALDANA MENDOZA : Ante la miseria, qué pedagogía crítica ? De Paulo Freire à Wresinski
Gaston PINEAU : ATD Quart Monde : vers une révolution mondiale des savoirs et des pouvoirs en marche, avec Maria THÉRON (De l'expérience personnelle au savoir collectif) et Marie-Odile NOVERT

Temps en petits groupes

Après-midi
ATELIERS THÉMATIQUES EN PARALLÈLE
• Le croisement des savoirs, approfondissement des fondements et de la méthode : Patrick BRUN, Maria THÉRON et Lucienne SOULIER | Animatrice : Patricia HEYBERGER
• Après le décès de son fondateur, comment un mouvement, une organisation peut renaître ? : James JABOURECK | Animateur : Gaston PINEAU
• La valeur épistémologique du questionnement par rapport à la lutte contre la pauvreté : Caroline MUDEJE BUYA dialoguant avec Susie DEVINS
• La favela de Mangueira et ses histoires de vies en commun : Luzia OZORIO dialoguant avec Marie-Rose BLUNSCHI

TABLE RONDE
"Repenser la connaissance", animée par Ekédi MPONDO-DIKA & Geneviève DEFRAIGNE-TARDIEU, avec
Donna HAIG FRIEDMAN : What knowledge do we need to fight poverty ? Wresinski's approach to challenging the measurement of poverty - and the definition of knowledge
Xavier GODINOT : Mesurer la pauvreté avec les premiers intéressés et les scientifiques
Robert WALKER : The thinking of the poor in a knowledge that leads to action. Discussing pertinence of kowledge with Wresinski


Mardi 13 juin
PISTES D'ENGAGEMENT, D'ACTIONS ET DE RECHERCHES
Matin
Jean-Baptiste de FOUCAULD (Président de l'AAPC)
Groupe "Pistes d'avenir", avec Julie COSTA, Ekédi MPONDO-DIKA, Alex ROY et Semyon TANGUY-ANDRÉ
Conclusions, par Bruno TARDIEU et Jean TONGLET
Délégation générale d'ATD Quart Monde, avec Martine LE CORRE et Isabelle PYPAERT-PERRIN

Après-midi
DÉPARTS


VIDÉOS EN LIGNE :

Vous pouvez retrouver l'intégralité des enregistrements vidéo réalisés durant ce colloque, en accès libre, sur les sites Internet suivant :


PRESSE / MÉDIAS :

"Repenser la misère avec le père Wresinski", point de vue par Bruno TARDIEU et Jean TONGLET, Ouest-France, 25 mai 2017 [lire]

"Un être humain doit pouvoir donner", entretien avec Alain CAILLÉ, Ouest-France, 7 juin 2017 [lire]

Interview, de Bruno TARDIEU par Anna PIEKAREC, en ligne sur le site RFI, 19 janvier 2019 [écouter]


BIBLIOGRAPHIE :

• Stanislas Spero ADOTEVI, Négritude et négrologues, Éditions Le Castor Astral (réédité : 2006).
• Carlos ALDANA MENDOZA, Educar en un mundo sociovirtual. Pedagogia crítica en el siglo XXI, ISBN : 978-9929-556-25-6.
• Jean BEDARD, Comenius ou combattre la pauvreté par l'éducation, Éditions Montréal Liber (2005).
• Axelle BRODIEZ-DOLINO, Combattre la pauvreté : la lutte contre la précarité de 1880 à nos jours, CNRS Éditions (2013).
• Alain CAILLÉ, La sociologie malgré tout. Autres fragments d'une sociologie générale, Presses universitaires de Paris Ouest (2015).
• Philippe CHANIAL, La sociologie comme philosophie politique et réciproquement, Éditions La Découverte Bibliothèque Mauss (2011).
• Geneviève DE GAULLE ANTHONIOZ, Le Secret de l'espérance, Éditions Fayard (2001).
• Geneviève DEFRAIGNE TARDIEU, L'université populaire Quart Monde. La construction du savoir émancipatoire, Presses universitaires Paris Ouest (2012).
• Paul DUMOUCHEL, Le sacrifice inutile. Essai sur la violence politique, Éditions Flammarion (2011).
• Jean-Marc FERRY, L'Éthique reconstructive comme éthique de la responsabilité politique, Éditions M. Éditer (2012).
• Groupes de recherche Quart-Monde Université et Quart-Monde Partenaire, Le croisement des savoirs et des pratiques. Quand des personnes en situation de pauvreté, des universitaires et des professionnels pensent et se forment ensemble, Éditions de l'Atelier (2008).
• Donna HAIG FRIEDMANN, Parenting in Public Family : Shelter and Public Assistance, Columbia University Press (2000).
• Marcel MAUSS, Essai sur le don. Forme et raison de l'échange dans les sociétés archaïques (1925). Introduction de Florence Weber, Éditions Quadrige/PUF (2007).
• Bruno TARDIEU, Quand un peuple parle. ATD Quart Monde un combat radical contre la misère, Éditions La Découverte (2015).
• Robert WALKER, The Shame of Poverty : global perspectives, Oxford University Press (2014).
• Simone WEIL, L'enracinement. Prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain, Éditions Gallimard (1949, réédité : 1990).
• Joseph WRESINSKI, Les Pauvres sont l'Église, entretiens avec Gilles Anouil, Éditions Le Centurion (1983 ; 2ème édition complétée : 2011).
• Joseph WRESINSKI, Paroles pour demain, Éditions Desclée de Brouwer (1986).
Grande pauvreté et précarité économique et sociale, Journal Officiel de la République française (28 février 1987). Rapport présenté au nom du Conseil économique et social par Joseph Wresinski.
• Joseph WRESINSKI, Refuser la misère. Une pensée politique née de l'action, Éditions Le Cerf (2007).


SOUTIENS :

• ATD Quart Monde
• Fondation Joseph Wresinski | Institut de France
• CERReV (EA 3918) | Université de Caen Normandie
• Mission des Célébrations nationales du Ministère de la Culture et de la Communication
• Revue Études

Colloque sous le patronage de l'UNESCO

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


ANIMAUX AQUATIQUES ET MONSTRES DES MERS SEPTENTRIONALES

IMAGINER, CONNAÎTRE, EXPLOITER, DE L'ANTIQUITÉ À 1600


DU MERCREDI 31 MAI (19 H) AU SAMEDI 3 JUIN (18 H) 2017

[ colloque de 3 jours ]



DIRECTION :

Thierry BUQUET, Brigitte GAUVIN, Marie-Agnès LUCAS-AVENEL

Avec le concours de Benoît CLAVEL et Catherine JACQUEMARD


ARGUMENT :

Consacré à l'histoire des poissons, monstres et mammifères aquatiques des mers septentrionales (Manche, mer du Nord, mer Baltique, mer de Norvège, Atlantique Nord), de l'Antiquité à 1600, ce colloque s'inscrit dans le cycle dédié à la Normandie médiévale et s'adresse, au-delà des spécialistes qui interviendront, à toutes les personnes intéressées par les animaux marins.

Il s'agira, tout d'abord, d'étudier la construction des savoirs sur la faune marine du Nord depuis la fin de l'Antiquité, notamment à travers les encyclopédies médiévales : comment nommer, classifier et décrire des espèces rares, parfois perçues comme des montres marins ? Ces animaux étranges sont aussi convoqués dans les chroniques et la littérature, naviguant entre véracité et imaginaire, contribuant tour à tour à la construction d'une réalité embellie ou d'un merveilleux authentique. Ils sont à l'origine d'une tradition iconographique féconde, dans laquelle les monstres marins et autres chimères "inventées" ou "réinventées" au Moyen Âge vont peupler les représentations des mers septentrionales pour y incarner l'inconnu et l'altérité de ces régions lointaines.

Quant à l'exploitation des animaux marins par l'homme, elle sera notamment envisagée à travers la pêche, la consommation des poissons ou le commerce de matières liées à l'artisanat (ivoire de morse, coquillages à pourpre, etc.). En dernier lieu, une attention toute particulière sera portée à l'histoire des baleines ainsi qu'à l'évolution de leur démographie dans l'Atlantique Nord.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 31 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Jeudi 1er juin
Matin
Thierry BUQUET, Brigitte GAUVIN, Catherine JACQUEMARD & Marie-Agnès LUCAS-AVENEL : Ouverture du colloque et présentation des programmes ICHTYA et DYRIN

ENTRE FANTAISIE ET RÉALITÉ : LES CRÉATURES MARINES DANS LA LITTÉRATURE
Natalia PETROVSKAIA : Le bétail de la mer : poisson et pêche dans la littérature médiévale celtique
Cécile ROCHELOIS : Les pêches miraculeuses de Godric de Finchale : dauphins et saumons à volonté dans une vie de saint du XIIe siècle

Après-midi
"HORS LES MURS" — À L'ABBAYE DE HAMBYE
ENTRE FANTAISIE ET RÉALITÉ : LES CRÉATURES MARINES DANS LA LITTÉRATURE (suite)
Jacqueline LECLERCQ-MARX : Entre tradition classique et imaginaire germano-celtique. Les monstres anthropomorphes des mers septentrionales, au Moyen Âge et au début de l'époque moderne [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Visite de l'abbaye de Hambye

Soirée
ÉLABORATION DES SAVOIRS. NOMMER, CLASSER, IDENTIFIER
Ludovic DICKEL : Pieuvre, seiches, calmars, des mythes à la réalité


Vendredi 2 juin
Matin
ÉLABORATION DES SAVOIRS. NOMMER, CLASSER, IDENTIFIER (suite)
Olga VASSILIEVA : Un mystérieux poisson d'Alexandre Neckam et les autres proies de l'ours blanc
Grégory CLESSE : Un compilateur en eaux (in-)connues : Thomas de Cantimpré et les poissons des côtes franco-anglaises
Sophia HENDRIKX : Lungs, kidneys and testicles. Conrad Gessner's (1516-1565) discussion of fabulous sea-creatures as a distinct taxonomical group

Après-midi
BALEINES
Barbara AUGER : De Cetus à Jasconius, le discours chrétien de la baleine en Europe du Nord-Ouest, entre le VIIIe et le XIIIe siècles
Jean-Paul MOULIN : La baleine grise dans l'Atlantique européen

MORSES
Maxime DELLIAUX & Alban GAUTIER : Cheval ou baleine ? Les noms du morse dans les mondes septentrionaux, IXe-XVIe siècles
Xavier DECTOT : Quand l'ivoire venait de la mer. De quelques aspects du commerce de l'ivoire de morse brut et sculpté aux XIe et XIIe siècles


Samedi 3 juin
LES PRODUITS DE LA MER : PÊCHER, CONSOMMER, TRANSFORMER
Matin
Frédérique LAGET : Géographie du hareng à la fin du Moyen Âge : les mers du Nord, des lieux de production ? [texte lu par Thierry BUQUET]
Marie CASSET : La consommation de produits de la mer à la cour du duc de Bretagne en exil en Angleterre (1377-1378)
Christophe CLOQUIER : L'exploitation des animaux marins de la côte picarde du XIIe au XVIe siècles

Après-midi
Fabrice GUIZARD : "Delfines nec non et ballenae…" : les cétacés de l'Atlantique Nord au haut Moyen Âge. Représentation, identification et consommation

Conclusions

DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

• JACQUEMARD Catherine, GAUVIN Brigitte & LUCAS-AVENEL Marie-Agnès (éd.), Hortus sanitatis. Livre IV, Les poissons, Caen, Presses universitaires de Caen, 2013 (Fontes & Paginae).
• JAMES-RAOUL Danièle & THOMASSET Claude Alexandre (éd.), Dans l'eau, sous l'eau : le monde aquatique au Moyen Âge, Paris, Presses Paris Sorbonne, 2002 (Cultures et civilisations médiévales, 25).
• LEBECQ Stéphane, "Scènes de chasse aux mammifères marins (mers du Nord, VIe-XIIe siècles)", dans Hommes, mers et terres du nord au début du Moyen Âge : peuples, cultures, territoires, Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2011, p. 239-252.
• MAGNUS Olaus, Histoire et description des peuples du Nord, J.-M. Maillefer (éd.), Paris, Les Belles lettres, 2004 (Classiques du Nord).
• SZABO Vicki Ellen, Monstrous Fishes and the Mead-Dark Sea. Whaling in the Medieval North Atlantic, Leiden, Brill, 2008 (The Northern World : North Europe and the Baltic c. 400-1700 AD, Peoples, Economies and Cultures, 35).
• VAN DUZER Chet, Sea Monsters on Medieval and Renaissance Maps, London, British Library Publishing, 2013.
• VAUGHAN Richard, "The Arctic in the Middle Ages", Journal of Medieval History 8 (4), 1982, p. 313-342.


SOUTIENS :

• CRAHAM - OUEN - GMPC | Université de Caen Normandie
• Caen la mer
• Région Normandie
• "Archéozoologie et Archéobotanique. Sociétés, Pratiques et Environnements" (UMR 7209 - AASPE) | Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN)
• GDRI Zoomathia | CNRS

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


TAL COAT, REGARD SANS FRONTIÈRES


DU MERCREDI 31 MAI (19 H) AU DIMANCHE 4 JUIN (14 H) 2017

[ colloque de 4 jours ]



DIRECTION :

Jean-Pascal LÉGER


ARGUMENT :

Je vais dans le regard du monde
[…]
et rien n'est séparé
et rien n'est limite

Juillet 2011 : Présence d'André du Bouchet. Juillet 2014 : À l'épreuve d'exister avec Henri Maldiney. Deux colloques à Cerisy et une exposition, La Triade, au musée Quesnel-Morinière, à Coutances, ont présenté les liens qui unirent le poète et le philosophe au peintre Pierre Tal Coat.

Avec ce troisième colloque, la réflexion engage une année de publications nouvelles et de rééditions consacrées à Tal Coat, et tout un programme d'expositions et de rencontres à Aix-en-Provence, Cologne, Coutances, Kerguéhennec, Munich, Paris, Royan, Uzès…

Si prestigieuse que soit l'œuvre de Tal Coat, il semble que son destin soit d'apparaître, de disparaître et de réapparaître en incarnant la liberté farouche de peindre. Le "peintre des peintres" n'a donné aucun signe extérieur du romantisme dont on bâtirait les légendes. Aux proclamations des Écoles, il a préféré "aller dans le regard du monde". Marcher "silencieusement à l'écoute de tout", chercher l'accord intrinsèque de sa peinture avec le monde. Et n'atteindre cet accord entier que par les moyens de la seule peinture. Cette recherche profonde l'a conduit à une rupture aussi profonde

Pour aborder la genèse et la méthode de l'œuvre de Tal Coat, pour suivre l'itinéraire singulier, souvent déconcertant, d'un artiste qui fut, pour la peinture, un inventeur, comme André du Bouchet le fut pour la poésie, ce colloque réunira peintre, écrivain, poète, chorégraphe, acteur, photographe, collectionneur, conservateur de musée, critique, historien d'art… dans un regard sans frontières.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 31 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Jeudi 1er juin
Matin
Jean-Pascal LÉGER : Introduction, avec Pierrette DEMOLON-TAL COAT
Alain PAIRE : Xavière Tal Coat, Henri Maldiney, Georges Duthuit et André Masson, Le creuset du Château-Noir
Sylvie DECORNIQUET : De la violence à la fluidité : Delacroix vu par André du Bouchet et Tal Coat

Après-midi
Olivier DELAVALLADE : Regard sur une collection
Présentation et projection du film inédit Le ciel n'est pas distinct de la terre, en présence de l'auteur Illés SARKANTYU, produit par le Centre Tal Coat

Table ronde, avec Stéphane CARRAYROU, Monique CHEFDOR [Tal Coat et Guillevic : coïncidences, concordances de perceptions], Olivier DELAVALLADE et Illés SARKANTYU

Soirée
Lecture de textes d'André du Bouchet dédiés à Tal Coat, par Olivier JEHL, accompagné par le musicien Pascal BATTUS


Vendredi 2 juin
Matin
Thomas AUGAIS : Broyer les couleurs de la langue : André du Bouchet traducteur du réel à travers la peinture de Tal Coat
Anne de STAËL : Un trait de crayon maintenu hors du pinceau. Entretien avec Thomas AUGAIS [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
Stéphane CARRAYROU : Un peintre au milieu du monde. Tal Coat et la fonction haptique
Présentation et projection du film Tal Coat : "L'atelier ouvert" (1983, 25'), en présence de l'auteur Michel DIEUZAIDE

"HORS LES MURS"
Vernissage de l'exposition Tal Coat au musée Quesnel-Morinière de Coutances


Samedi 3 juin
Matin
Jean-Pascal LÉGER : L'incompréhension, avec diffusion d'entretiens avec Pierre Tal Coat (L'immobilité battante, France Culture, 1977)
Daniel DOBBELS : "On n'a pas signifié l'habitant encore" (Tal Coat)

Après-midi
Table ronde, avec Daniel DOBBELS, Jean-Pascal LÉGER et Claude RABANT

Antoni ROS BLASCO : La faille ensevelie
Antoine FRÉROT : Comment la peinture de Tal Coat me rend présent à moi-même. Entretien avec Jean-Pascal LÉGER


Dimanche 4 juin
Matin
Itzhak GOLDBERG : Le visage aveugle
Audition de l'entretien d'Edmond Quinche avec Pierre Tal Coat (France Culture, 1988)

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

André du Bouchet, Sous le linteau en forme de joug, Éditions Clivages, 1978, repris dans L'Incohérence, Fata Morgana, 1979.
• André du Bouchet, La peinture n'a jamais existé, Écrits sur l'art, édition établie et préfacée par Thomas Augais, Le Bruit du temps, 2017.
• Michel Dieuzaide, L'Atelier de Pierre Tal Coat - Vers la courbure, Clivages, 1983.
• Catalogue Hommage à Tal Coat, Musée des Beaux-arts, Quimper, 1985.
• Pierre Tal Coat, Vers ce qui fut est ma raison profonde de vivre, Bron S.A., 1985.
• Catalogue Tal Coat, gravures 1970-1984, Musée d'art et d'histoire, Genève, 1985.
• André du Bouchet, Cendre tirant sur le bleu, Éditions Clivages, 1986, suivi de Envol, Clivages, 1991, repris dans L'Emportement du muet, Mercure de France, 2000.
• Catalogue Tal Coat, Rétrospective des dessins, Musée des Beaux-arts, Rennes, 1988.
• Eddy Devolder, Conversation avec Pierre Tal Coat, Éditions Tandem, 1991.
• Pierre Tal Coat, Libre regard, Maeght éditeur, 1991.
• Catalogue Tal Coat, Lavis et aquarelles, Musée Matisse, Le Cateau-Cambrésis, 1991.
• Jean Leymarie, Tal Coat, Monographie, Éditions Skira, 1992.
• Catalogue Tal Coat, Les Années Provence, Espace 13, Aix-en-Provence, 1996.
• Henri Maldiney, Aux déserts que l'histoire accable, Éditions Deyrolle, 1996, réédition Cerf, 2013.
Portrait(s) de Pierre Tal Coat, Bibliothèque Nationale de France, 1997.
• Catalogue de l'exposition Tal Coat devant l'image, Genève, Colmar, Antibes, Winterthur, 1997.
• Catalogue de l'exposition Tal Coat, Centre d'Arts Plastiques, Royan, 2002.
• Catalogue de l'exposition La Couleur de Tal Coat, Hôtel des arts, Toulon, 2006.
L'immobilité battante, Entretiens de Jean-Pascal Léger avec Pierre Tal Coat, Éditions Clivages, 2007, nouvelle édition en préparation, Éditions L'Atelier contemporain, 2017.
• Catalogue de l'exposition Tal Coat, 1946-1985, Musée des Beaux-arts de Mons, Éditions Somogy, 2011.
• Catalogue de l'exposition L'Art en guerre, Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris, 2012.
Présence d'André du Bouchet, Colloque de Cerisy (2011), Hermann Éditeurs, 2012.
À l'épreuve d'exister avec Henri Maldiney, Colloque de Cerisy (2014), Hermann Éditeurs, 2016.
• Stéphane Carrayrou, Ce lointain proche. À la rencontre de Pierre Tal Coat, Éditions du Domaine de Kerguéhennec, 2017.
• Jean-Pascal Léger, Tal Coat, Monographie, Éditions Somogy, 2017.
• Florian Rodari, Tal Coat - Biographie commentée par les textes, Éditions du Domaine de Kerguéhennec, 2017.
• Correspondance de La Triade, André du Bouchet, Henri Maldiney, Pierre Tal Coat, Éditions L’Atelier contemporain, 2017 (en préparation).