Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


LE POUVOIR DES LIENS FAIBLES


DU JEUDI 28 SEPTEMBRE (19 H) AU LUNDI 2 OCTOBRE (14 H) 2017

[ colloque de 4 jours ]



DIRECTION :

Alexandre GEFEN, Sandra LAUGIER


ARGUMENT :

La thèse centrale de l'article désormais classique de M. Granovetter, "La force des liens faibles" (1973), oppose des "liens forts" (amitié, famille, mariage, etc.) et des liens sociaux, à faible charge affective ou officielle, quoique essentiels dans le fonctionnement des structures relationnelles.

Écartés de la théorie de l'art, de l'éthique comme des philosophies traditionnelles du sujet, ces liens faibles sont pourtant au cœur de nos formes contemporaines d'attachement et d'attention : dans l'espace démocratique du commun réouvert par le champ numérique des réseaux sociaux, dans la sphère de notre vie culturelle, mais aussi dans l'espace de nos formes de présence à l'autre. Visages, objets, musiques, personnages, improvisations "d'un soir", lieux et situations ordinaires mais irremplaçables dans leurs singularités déterminent notre relation aux autres, nos engagements quotidiens comme le flux de nos identités et les inflexions de nos vies — et ce, tout autant que les passions de l'âme, les situations de longue durée, les identifications directes et les affects massifs.

Le concept est opératoire du côté de l'anthropologie (Victor W. Turner suggérait de repenser ce qu'il nommait le "pouvoir des faibles") comme de la politique lorsqu'elle s'intéresse aux liens sociaux dans l'espace public ou au souci des autres lointains ; du côté de l'écologie si l'on essaie de penser notre lien à l'environnement ou aux animaux ; du côté des arts et de la fiction si l'on pense à l'attachement aux objets et personnages. S'il offre des outils nouveaux pour analyser notre relation de projection ou d'affection pour des modèles originaux, il convient aussi à merveille pour décrire bien des aspects et rapports de notre vie numérique contemporaine. Poursuivant l'exploration initiée depuis deux ans dans le séminaire "Liens faibles", ce colloque décrira et analysera la richesse et l'importance de ce tissu sensible, de ces échos et de ces reconnaissances puissantes autant qu'inattendues.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Jeudi 28 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Vendredi 29 septembre
Matin
L'ORDINAIRE. GESTES, OBJETS, SITUATIONS (animatrice : Catherine LARRÈRE)
Barbara FORMIS : Manger et converser. De la douceur obstinée des gestes ordinaires
Martine de GAUDEMAR : Doudous d'adultes. Une aire commune d'illusion
Alexandra BIDET : S'engager en passant auprès d'inconnus

Après-midi
L'ENQUÊTE SUR LES LIENS (animateur : Alexandre GEFEN)
Mathieu SIMONET : Comment mettre en place des dispositifs créatifs en entreprise pour révéler la force des liens faibles ?
Yaël KREPLAK : Une enquête sur les formes d'attention ordinaires aux œuvres d'art
Christine DÉTREZ : Enquêter sur l'intime : le recours aux liens faibles

Soirée
"Bal du silence", atelier animé par Mathieu SIMONET


Samedi 30 septembre
Matin
ATTACHEMENT ET CULTURES POPULAIRES, DES LIENS FAIBLES DE PLUS EN PLUS FORT (animatrice : Sandra LAUGIER)
Pauline BLISTÈNE : Séries télévisées et formes de vie démocratiques
Thibaut de SAINT MAURICE : Portrait du sériephile en philosophe : attachement et transformation de soi
Catherine GUESDE : "Our Band Could Be Your Life" : attachement à la musique et éducation de l'écoute dans les contre-cultures

Après-midi
LA FAIBLESSE DES RELATIONS (animatrice : Martine de GAUDEMAR)
Sophie POIROT-DELPECH : Les liens éphémères sont-ils des liens faibles ?
Joëlle ZASK : Les relations face-à-face : "un fait social pur" (Simmel) [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Nathalie HEINICH : Axiologie de la conjugalité (entre force des liens faibles et faiblesse des liens forts)

Soirée
Camille LAURENS : Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère


Dimanche 1er octobre
Matin
LE LIEN À LA NATURE (animatrice : Barbara FORMIS)
Catherine LARRÈRE : Protection de la nature et pouvoir des liens faibles : l'exemple du parc de la Courneuve
Rémi BEAU : Fantastic Mr Thoreau, les liens environnementaux

Après-midi
LES LIENS FAIBLES ET L'AVENIR DE LA DÉMOCRATIE (animatrice : Joëlle ZASK)
Françoise CAHEN : Faire société avec les liens faibles (Autour du Monde de Laurent Mauvignier / Vernon Subutex de Virginie Despentes / Féérie générale d'Emmanuelle Pireyre)
Sandra LAUGIER : Liens faibles, care et démocratie
Anthony PECQUEUX : "Une fois par mois" : un pouvoir de la participation ?

Soirée
Projection suivie d'une discussion


Lundi 2 octobre
Matin
Alexandre GEFEN & Sandra LAUGIER : Discussion générale et perspectives

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Alexandra BIDET : S'engager en passant auprès d'inconnus
Les liens entre inconnus dans l'espace public sont l'archétype de liens faibles. Évitement, inattention civile, routine et stéréotypes semblent faire l'ordinaire des relations entre passants, qui ne se connaissent pas par ailleurs. Mais ces liens faibles sont aussi l'occasion et l'objet d'engagements. On se demandera par quoi nous sommes concernés quand nous nous engageons en passant auprès d'inconnus, dans le cours de nos activités, que ce soit à travers un geste, un regard, un sourire, une moue, une réorientation de son activité, une intervention plus directe, ou en y songeant après coup. Des institutions dédiées, comme le 115, entretiennent et cristallisent cette attention portée aux liens faibles, qui fait ainsi courir en pointillés, d'une situation en public à l'autre, une interrogation sur ce que nous pouvons faire avec les inconnus et notre responsabilité à leur égard. À partir d'enquêtes, menées par auto-ethnographies, observations et entretiens, sur ces engagements en passant, on interrogera l'expérience, les intérêts et les visées d'éducation qui s'y élaborent au quotidien.

Alexandra Bidet est chargée de recherche en sociologie au CNRS, Centre Maurice Halbwachs. Elle coordonne avec C. Gayet-Viaud dans le cadre du Labex Tepsis des recherches sur L'expérience citoyenne au prisme de la coexistence urbaine et sur Nuit debout. Ses recherches portent aussi sur les formes et l'expérience du travail contemporain, sur la pratique du bénévolat et sur les enquêtes menées au quotidien sur ce qui vaut.
Publications en lien avec le colloque
2015, "Publicité, sollicitation, intervention. Pistes pour une étude pragmatiste de l'expérience citoyenne", SociologieS, avec M. Boutet, F. Chave, C. Gayet-Viaud, E. Le Méner.
2014, "Les ressorts collectifs des signalements de sans-abri au 115. Appel politisé, voisinage troublé et geste citoyen en milieu urbain démocratique", in M. Carrel et C. Neveu (Eds.), Citoyennetés ordinaires. Pour une approche renouvelée des pratiques citoyennes, avec E. Le Méner, Paris, Karthala, p. 101-130.
2013, "Au-delà de l'intelligibilité mutuelle : l'activité collective comme transaction. Un apport du pragmatisme illustré par trois cas", Activités.org, 10 (1), p. 172-191, avec M. Boutet et F. Chave.
2011, L'engagement dans le travail. Qu'est-ce que le vrai boulot ?, Paris, PUF, Le lien social.
2011, La formation des valeurs, Paris, La Découverte, Les empêcheurs de penser en rond (traduction et présentation avec L. Quéré et G. Truc).

Pauline BLISTÈNE : Séries télévisées et formes de vie démocratiques
La spécificité de l'expérience des séries télévisées est souvent avancée pour faire état de notre attachement à ces fictions. Toutefois, l'on peine encore à distinguer les contours d'une telle proposition. Partant de l'œuvre de Stanley Cavell et de ses écrits sur la télévision, cet exposé entend faire valoir l'importance du format (la sérialisation) dans l'appréciation des liens qui nous unissent aux séries télévisées. Tels des compagnons de vie qui nous montreraient ce qui importe, les séries télévisées participent à notre éducation morale et politique, en opérant une ré-articulation du privé et du public. Plus que de simples divertissements, elles permettent en somme d'interroger le lien individu-communauté dans un contexte politique en constante recomposition.

Pauline Blistène est doctorante en philosophie à l'Institut des Sciences Juridiques et Philosophiques de la Sorbonne (ISJPS/Paris 1) sous la direction de Sandra Laugier. Ses recherches portent sur l'importance politique des fictions d'espionnage en démocratie (séries télévisées et cinéma) et mêlent perspectives philosophiques et entretiens, réalisés avec l'industrie du divertissement — scénaristes, showrunner, etc. — et services de renseignement aux États-Unis et en France. Elle dirige depuis mars 2016 le projet TESDEM (Terrorisme et Séries TV en Démocratie) financé par le CNRS dans le cadre de l'appel à projets "Attentats-Recherche".
Publication
"Homeland : l'ennemi, la menace et la guerre contre la Terreur", TV/Series, n°9, avec Olivier Chopin.

Françoise CAHEN : Faire société avec les liens faibles (Autour du Monde de Laurent Mauvignier / Vernon Subutex de Virginie Despentes / Féérie générale d'Emmanuelle Pireyre)
Comment Laurent Mauvignier, Virginie Despentes et Emmanuelle Pireyre décrivent-ils dans ces trois œuvres récentes la genèse d'une société ? Les histoires multiples qu'ils rassemblent dessinent à leur manière la cohérence réticulaire d'un monde solidaire. Vernon Subutex (I et II) est un roman qui montre le passage progressif des liens faibles à des liens forts entre des personnages, jusqu'à former une communauté utopique. Autour du Monde dessine la globalisation du monde à partir d'histoires apparemment isolées, reliées par le Tsunami qui va "transformer la planète en un immense corps conducteur". Dans Féérie générale d'Emmanuelle Pireyre, les liens faibles entre les personnages créent par sérendipité des rapprochements improbables mais riches, des ricochets se propageant entre les fragments narratifs distincts, un "small world phenomenon" assez malicieux et convivial. Les liens faibles entre des individus isolés et fragiles se transforment et font naître une société authentique. La fiction contemporaine serait-elle l'espace privilégié où a lieu cette métamorphose ?

Françoise Cahen, agrégée de lettres modernes et doctorante (Paris 3, Thalim), travaille sous la direction de B. Blanckeman sur "les réseaux romanesques à l'ère des réseaux sociaux numériques" après un Master 2 portant sur E. Reinhardt. Enseignante en lycée, formatrice académique, elle a publié des articles sur l'œuvre de J.-C. Massera, d'E. Reinhardt, sur la pédagogie et le numérique, et elle est l'auteure de la pétition sur la place des femmes dans les programmes de littérature.

Christine DÉTREZ : Enquêter sur l'intime : le recours aux liens faibles
Quoi de plus fort apparemment que le lien de filiation, que ce qui unit parents et enfants ? Quand ce lien disparaît, par "accident", et que la mémoire familiale réinvente une histoire, comment partir à la recherche de l'absente, de l'effacée des albums ? Cette communication vise à retracer les méandres d'une enquête, autour de la figure très intime de ma mère, tuée dans un accident de voiture en 1971 et exclue des récits familiaux. Paradoxalement, parce que la parole est interdite, c'est le recours aux liens faibles qui permet d'en retrouver la trace, et de pouvoir, enfin, poser les questions aux personnes les plus directement concernées : si la métaphore entre texte, tissu et linceul est certes déjà usée (jusqu'à la trame), c'est bien le fil de ces liens faibles qui permet de raccommoder les trous de la mémoire : qu'il s'agisse de l'éclairage par les archives d'une autre femme qui lui était contemporaine, de "complices" inattendues trouvées au gré de divers sites (Trombi, Copains d'avant…), de conseils et d'associations d'idées, ou de pistes laissées par la littérature… Le but, à partir d'un cas très précis, étant de révéler comment se construit, finalement, toute enquête.

Barbara FORMIS : Manger et converser. De la douceur obstinée des gestes ordinaires
La table est un espace de rencontre où les paroles se mélangent aux gestes, où les convives échangent des idées et partagent des aliments. De la même façon que tous les autres êtres vivants, en tant qu'êtres mangeurs et entièrement dépendants de la nourriture, nous sommes vulnérables et fragiles, La nourriture est donc ce qui nous relie à l'écosystème dans lequel nous vivons. À l'aide de problématiques propres au pragmatisme, tout particulièrement en suivant les pistes ouvertes par John Dewey et Jane Addams, il s'agira d'explorer les manières de co-existence entre le discours et l'alimentation afin de comprendre le repas comme un moment propice à la conversation et à l'expérience esthétique.

Barbara Formis, docteure en philosophie, est maître de conférences en esthétique et philosophie de l'art à l'université Paris I, Panthéon-Sorbonne et directrice de l'équipe EsPAS (Esthétique de la Performance et des Arts de la Scène) au sein de l'UMR ACTE, CNRS. Elle est co-fondatrice et co-directrice avec Mélanie Perrier du Laboratoire du Geste.
Publications
Gestes à l'œuvre, De L'Incidence, 2015.
Esthétique de la vie ordinaire, P.U.F., 2010.
Penser en Corps, L’Harmattan, 2009.

Martine de GAUDEMAR : Doudous d'adultes. Une aire commune d'illusion
Il s'agira d'éclairer comment notre rapport à des personnages partagés crée des liens entre ceux qui les partagent, comment cela contribue à produire un "nous", à nous faire sentir que nous partageons un même monde ou une même culture. À cette fin, je relierai ces "nous" à des pratiques et des interactions caractéristiques de la zone transitionnelle, intermédiaire entre monde interne et monde externe selon Winnicott. Les rapports aux personnages partagés sont inséparables d'une activité de "playing" qui nous permet de partager des émotions protégées de la dureté du monde purement externe, d'expérimenter des styles d'existence ou des formes de vie, d'alléger le tragique de l'existence et la brutalité de la vie actuelle. Ils nous font entrer dans ce que Winnicott appelait une "aire commune d'illusion". Grâce aux personnages qui peuplent cette aire commune d'illusion, nous prenons soin de nous en entretenant la dimension rêveuse de l'existence. L'espace transitionnel de la culture partagée, aire commune d'illusion, est l'espace d'un jeu et d'un rêve en commun. Ce pourquoi j'ai parlé à propos de ces personnages de "doudous d’adultes".

Ancienne élève de l'ENS Paris, agrégée de Philosophie et docteure d'état, diplômée de psychopathologie, Martine de Gaudemar est professeure émérite à l'université de Paris-Nanterre et membre honoraire de l'IUF. Connue pour ses travaux sur l'expression, les formes de vie et les mondes possibles emblématisés par des personnages (Leibniz, Cavell), elle travaille à une philosophie de la culture enracinée dans les gestes et pratiques élémentaires (une philosophie de l'embodyment) qui donne un rôle crucial à l'expressivité et aux formes, entre langage et corps.
Ouvrages et articles pertinents
La voix des Personnages, Les éditions du Seuil, 2011.
Les plis de la voix, Martine de Gaudemar (éd.), Lambert-Lucas, 2013.
"Opéra et Philosophie", in Implications philosophiques, 2013.
"Le souffle et le chant à l'opéra : un cogito sans personne", in Les plis de la voix, 2013.
"Le personnage de la femme inconnue : un nouveau Cogito", Revue Internationale de Philosophie, 2011.
"Personnages et formes de vie, ou Les filles de Médée", in Une éthique pour la vie, 2007.

Catherine GUESDE : "Our Band Could Be Your Life" : attachement à la musique et éducation de l'écoute dans les contre-cultures
Une contre-culture telle que le metal extrême donne à voir une forme particulière d'attachement à la musique, qui joue d'une part un rôle structurant, organisant autour d'elle les valeurs et pratiques des individus qui y participent, mais qui suppose, d'autre part, un goût particulier, défini par une opposition affichée au bon goût ou au mainstream. Si la question de l'appartenance à une contre-culture a bien été étudiée par les cultural studies (notamment dans l'ouvrage fondateur de Dick Hebdige, Sous-culture, le Sens du style) et par les sciences sociales, la part esthétique de cette intégration demande encore à être développée. Comment l'engagement dans ces contre-cultures s'articule-t-il à une éducation de la sensibilité ? Nous nous interrogerons sur la manière dont la formation du goût de l'amateur de musiques extrêmes permet de renforcer ces liens faibles à la musique.

Catherine Guesde, doctorante en esthétique et chargée de cours à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est membre du comité de rédaction de Volume ! la revue des musiques populaires et critique pour les revues New Noise magazine et Magic, revue pop moderne. Elle rédige une thèse sous la direction de Danièle Cohn sur les modes d'écoute spécifiques à la noise et au metal extrême.
Publications
"Création musicale et inconfort d'écoute : au-delà du principe de plaisir", pour WikiCréation, l'encyclopédie de la création et de ses usages.
"L'écoute de la harsh noise, de la physiologie à l'esthétique" (avec Pauline Nadrigny), in Perspectives philosophiques sur les musiques actuelles (dir. Clément Canonne), Éd. Delatour, Sampzon, 2017.

Nathalie HEINICH : Axiologie de la conjugalité (entre force des liens faibles et faiblesse des liens forts)
Un parallèle sera établi entre les types de liens de couples (tels que décrits dans mon livre États de femme) et les différents "registres de valeurs" mobilisés (tels que caractérisés dans mon livre Des valeurs). Du plaisir comme lien faible à l'institution comme lien fort, l'on verra de quelle façon se déploient, entre états de "première", de "seconde" et de "tierce", les registres aesthésique, affectif, économique, juridique et réputationnel. La question de la faiblesse ou de la force des liens conjugaux pourra être ainsi repensée dans sa dimension axiologique, en fonction du nombre et de la nature des valeurs concernées.

Nathalie Heinich est sociologue, directeur de recherches au CNRS. Elle a consacré de nombreux articles et plusieurs ouvrages au statut d'artiste et à l'art contemporain, à l'identité féminine, à la question des valeurs et à l'histoire des sciences sociales.
Publications
États de femme. L'identité féminine dans la fiction occidentale, Gallimard, 1996.
Les Ambivalences de l'émancipation féminine, Albin Michel, 2003.
Être écrivain. Création et identité, La Découverte, 2000.
Des Valeurs. Une approche sociologique, Gallimard, 2017.

Yaël KREPLAK : Une enquête sur les formes d'attention ordinaires aux œuvres d'art
Qu'est-ce que voir une œuvre ? Ou plutôt, comment rendre compte des modalités de réalisation particulière d'une pratique qui consiste à voir une œuvre (esthétiquement, techniquement, scientifiquement) ? Voir, décrire, manipuler, installer, nettoyer, sont autant de pratiques ordinaires par lesquelles s'accomplissent la plupart des activités avec les œuvres dans l'environnement muséal — qu'il s'agisse de travailler à un accrochage pour une exposition, d'emballer une œuvre ou de rédiger un constat de restauration. En m'appuyant sur des données d'enquête ethnographiques, c'est à l'examen des modalités concrètes de réalisation de ces pratiques que je consacrerai cette intervention. En montrant ce à quoi tiennent les différentes personnes qui participent de la vie des œuvres, en examinant la nature de la familiarité de leurs rapports distincts à elles, il s'agira de réfléchir à la dimension politique et morale des œuvres, au sens où elles organisent les relations entre les acteurs, et de poser les jalons d'une approche sensible à la diversité de nos formes d'attention ordinaires aux œuvres, susceptible de les intégrer à notre compréhension du fait artistique.

Yaël Kreplak est actuellement postdoctorante (Labex Patrima) et membre associée au CEMS-IMM (EHESS). Ses recherches, d'inspiration interactionniste et pragmatique (ethnométhodologie et analyse conversationnelle), visent à élaborer une approche praxéologique de l'art contemporain, fondée sur la description des pratiques ordinaires de mise en exposition, de conservation et de restauration observées dans les institutions muséales.
Publications
"Voir une œuvre en action. Une approche praxéologique de l'étude des œuvres", Cahiers du CAP, 2017, n°5, p. 189-213.
Des récits ordinaires, avec Grégory Castéra et Franck Leibovici, 2014, Dijon, Les presses du réel (coll. "Villa Arson").

Catherine LARRÈRE : Protection de la nature et pouvoir des liens faibles : l'exemple du parc de la Courneuve
Pour parler des problèmes environnementaux, il faut abandonner le langage des causes et des effets, qui suppose l'extériorité entre les hommes et la nature, et adopter celui de la sociabilité, de la façon dont se rencontrent humains et non humains dans un monde commun. Cependant les liens que nous entretenons ainsi avec des êtres (vivants et non vivants) de notre environnement ne doivent-ils pas être caractérisés, par opposition aux liens des humains entre eux, comme des liens faibles, d'intensité moindre et de plus grande fragilité ? Cela ne leur interdit pas, pour autant, de jouer un rôle aussi inattendu qu'important dans la recomposition des rapports sociaux qu'étudie la pensée écologique. C'est ce pouvoir des liens faibles dans les questions environnementales que nous voudrions montrer à partir de l'exemple du parc de la Courneuve et du rôle qu'y a joué le crapaud calamite.

Catherine Larrère est professeure émérite à l'université Paris 1-Panthéon-Sorbonne. Spécialiste de philosophie morale et politique, elle a contribué à introduire en France les grands thèmes de l'éthique environnementale d'expression anglaise et à développer la philosophie environnementale, autour des questions de protection de la nature et de prévention des risques, aux niveaux local et global.
Publications récentes
Penser et agir avec la nature, une enquête philosophique, avec Raphaël Larrère, Paris, La Découverte, 2015.
Bulles technologiques, Marseille, Éditions Wildproject, 2017.

Anthony PECQUEUX : "Une fois par mois" : un pouvoir de la participation ?
La problématique des liens faibles est particulièrement appareillée à l'analyse des relations quotidiennes dans l'espace urbain : il suffit de penser aux développements de G. Simmel sur la réserve, à laquelle s'opposeraient les émotions issues d'événements (selon le paradigme de la fête). Entre ces deux extrêmes, il peut être heuristique de se pencher sur des formes intermédiaires, à même de mettre en évidence une diversité de sentiments et de relations, et de seuils entre ceux-ci. Parmi ces formes intermédiaires, les dispositifs de participation non-institutionnels offrent un terrain privilégié, dans la mesure où ils réunissent des individus qui ne partagent pas des relations forcément régulières (sans même parler de quotidiennes), ni des convictions communes précises. En somme, de tels dispositifs cherchent à faire émerger du commun sans faire fond sur la moindre communauté.

Anthony Pecqueux, docteur en sociologie de l'EHESS, est chargé de recherche au CNRS et directeur de l'équipe CRESSON de l'UMR Ambiances, Architectures, Urbanités (ENSAG). Ses recherches portent de manière générale sur l'ethnographie des expériences urbaines, et plus spécifiquement sur l'ethnographie de la perception.
Publications
2017, direction du dossier "La sensibilité urbaine des images filmiques", Multitudes, n°65.
2015, direction avec Olivier Roueff du dossier "Écouter de la musique ensemble", Culture et Musées, n°25, Actes Sud.
2012, direction du dossier "Les bruits de la ville", Communications, n°90, Éd. du Seuil.
2009, Le rap, Paris, Le cavalier bleu ("Idées reçues").
2009, dir. avec Olivier Roueff, Écologie sociale de l'oreille. Enquêtes sur l'expérience musicale, Paris, Éd. de l'EHESS.
2007, Voix du rap. Essai de sociologie de l'action musicale, Paris, L'Harmattan.

Sophie POIROT-DELPECH : Les liens éphémères sont-ils des liens faibles ?
Comme la force ou la faiblesse, la durée est un caractère essentiel des liens sociaux. On associée communément la durabilité aux liens forts. Pour autant, les liens qui se nouent de façon éphémères sont-ils nécessairement des liens faibles ? Et ne s'opposent-ils pas plus au continu qu'au durable ? En m'appuyant sur les contributions, réunies, le temps d'un numéro de la Revue Socio-Anthropologie, de chercheurs venus de différentes disciplines, autour de la question des collectifs éphémères, il s'agira de montrer la puissance que peuvent recéler les liens éphémères.

Sophie Poirot-Delpech est sociologue, maître de conférences à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Spécialiste des techniques aéronautiques, elle a en particulier étudié différents types de collectifs qui composent ce monde (contrôleurs aériens, équipage des avions, réglementateurs, pratiquants de la petite aviation ou de l'ULM).
Publication
Sophie Poirot-Delpech (dir), "Des collectifs éphémères", Revue Socio-Anthropologie, n°33, Publications de la Sorbonne, Paris, 2016.

Thibaut de SAINT MAURICE : Portrait du sériephile en philosophe : attachement et transformation de soi
Regarder une série, ce n'est pas seulement regarder plusieurs épisodes d'un même récit continu à la suite. On dit d'ailleurs que l'on "suit" une série, comme si l'on "suivait" quelqu'un. Et comme tout suivi, être spectateur d'une série signifie en fait une certaine forme d'engagement : cela prend du temps, cela suppose des capacités de remémoration régulière de la narration passée ou une attention particulière aux variations qui apparaissent dans le cadre général de la répétition d'un format ou d'un univers narratif. Suivre une série, c'est enfin se découvrir attaché à des personnages que l'on prend l'habitude de retrouver et qui deviennent peu à peu la raison principale de notre engrangement dans la fiction. Les séries sont des fictions qui nous attachent et qui, finalement, nous délivrent après nous avoir transformés. Le sériephile en fait l'expérience, à charge pour le philosophe de penser cette expérience et de renouveler la compréhension de la place que peut prendre la fiction dans nos vies.

Thibaut de Saint Maurice, professeur de philosophie dans un lycée d'Ile-de-France, fait porter sa réflexion sur la culture de masse et ses enjeux. Il travaille plus précisément sur les séries télévisées, le cinéma d'animation et les comédies romantiques. Deux fois par semaine, il propose sa chronique "La Petite Philo" sur les ondes de France Inter. En 2009 et 2010, il publie aux Éditions Ellipses, Philosophie en séries et Philosophie en séries saison 2. De 2011 à 2015, il est le directeur de la collection "Culture pop" toujours aux Éditions Ellipses.

Mathieu SIMONET : Comment mettre en place des dispositifs créatifs en entreprise pour révéler la force des liens faibles ?
Depuis plusieurs années, Mathieu Simonet met en place des dispositifs artistiques pour créer du lien. Il a par exemple organisé des échanges de secrets entre deux établissements scolaires, proposé à des détenus d'écrire les rêves qu'ils faisaient la nuit pour qu'ils soient lus à l'extérieur, orchestré une visite dans un musée où chacun devait tenir la main à un inconnu, invité 1000 patients de 37 hôpitaux à écrire leur adolescence sur un carnet pour analyser l'impact de l'écriture sur le bien-être. Depuis 2016, il utilise son expérience pour mettre en place des ateliers créatifs en entreprise qui répondent à des enjeux de ressources humaines (le "Bal du silence" pour développer un réseau interne, le "Dîner de l'échec" pour valoriser l'innovation, les "Déambulations en entreprise" pour intégrer les jeunes salariés, etc.). Dans quelle mesure ces dispositifs, qui favorisent les liens faibles, peuvent-ils améliorer la performance des entreprises ?

Mathieu Simonet est avocat et écrivain. Vice-président aux affaires juridiques de la Société des Gens de Lettres (SGDL) qu'il représente au sein de l'Observatoire de la Liberté de Création, il est actuellement artiste-chercheur associé aux Ateliers Médicis. Auteur notamment de trois romans publiés au Seuil, il vient de réaliser son premier documentaire. Il est par ailleurs co-fondateur de l'agence Gibraltar qui utilise la créativité pour accompagner les entreprises dans leur conduite du changement.

Joëlle ZASK : Les relations face-à-face : "un fait social pur" (Simmel)
Les relations face-à-face, largement sous-estimées, seraient elles pourtant déterminantes ? À partir d'une lecture de Simmel et de Tarde, elles s'imposent comme "un fait social pur" : autosuffisantes, libres, "flottantes", égalitaires, ce sont elles qui font le charme de la conversation, les plaisirs de la compagnie d'autrui, les formes les plus élémentaires comme les plus complexes de la sociabilité. Liens "faibles" par excellence, elles n'en laissent pas moins de transformer l'association humaine autrement mécanique ou contrainte en une "bonne société".

Joëlle Zask enseigne au département de philosophie de l'université Aix-Marseille. Spécialiste de philosophie politique et de la philosophie pragmatiste américaine, notamment celle de John Dewey, elle étudie les enjeux politiques des théories de l'art et de la culture. Outre des articles dont certains sont présents sur son site (joelle.zask.over-blog.com), elle est l'auteur de divers ouvrages dont John Dewey, philosophe du public (L'Harmattan, 2000), Art et démocratie ; Peuples de l'art (PUF, 2003), Participer ; Essais sur les formes démocratiques de la participation (Le bord de l'eau Éditions, 2011) et Outdoor Art. La sculpture et ses lieux (Éditions la Découverte, coll "Les empêcheurs de penser en rond", 2013). Son dernier ouvrage s'intitule La démocratie aux champs (Éditions la Découverte, 2016).


SOUTIEN :

• Équipe de recherche THALIM | Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


VILLES ET TERRITOIRES RÉSILIENTS


DU MARDI 19 SEPTEMBRE (19 H) AU MARDI 26 SEPTEMBRE (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Sabine CHARDONNET DARMAILLACQ, Éric LESUEUR, Dinah LOUDA, Cécile MAISONNEUVE, Chloë VOISIN-BORMUTH


ARGUMENT :

Confrontés à la mondialisation (dont l'un des aspects majeurs est l'urbanisation), les villes et les territoires s'interrogent sur leurs capacités d'adaptation face aux mutations du monde contemporain. Comment concevoir la transformation des espaces urbains, des modes de vie, des capacités d'apprentissage, des formes de gouvernance assurant des équilibres soutenables et dynamiques ? Pour aborder ces questions, la notion de résilience, utilisée dans différents domaines (biologie, psychologie ou cyndinique) et qui mobilise aujourd'hui des experts, chercheurs, citoyens et élus, paraît féconde. Il s'agit, face aux perturbations, aux chocs ou vulnérabilités qui surgissent de manière parfois imprévisible, de développer à la fois une compréhension des complexités à l'œuvre et des capacités de rebond, d'organisation, d'adaptation, d'invention.

L'ambition de ce colloque, qui s'adresse à tous ceux que l'avenir des villes et territoires intéresse, est, par le croisement de multiples regards, de dégager des pistes de réflexion et d'action susceptibles de concourir à une résilience accrue des villes et des territoires. Dans une perspective pluridisciplinaire et internationale, il considérera plusieurs situations de chocs ou de perturbations (changement climatique, défis du développement économique et social, risques et ruptures technologiques, paramètres démographiques ou migratoires, terrorisme, gestion intelligente des ressources). Il interrogera aussi le lien entre bien-être urbain et résilience au filtre du rapport affectif et culturel accordé aux lieux. Il analysera les enjeux de gouvernance et les rôles respectifs des politiques publiques, de la société civile et des individus dans une perspective d'intelligence collective. Enfin, il identifiera des leviers et des processus aptes à améliorer la résilience territoriale face aux risques naturels, socio-économiques et technologiques.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mardi 19 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Mercredi 20 septembre
Matin
LA RÉSILIENCE : QUELLES FÉCONDITÉS POUR LES VILLES ET LES TERRITOIRES ?
Serge TISSERON : Résiliences, de quoi parle-t-on ?
Philiep BOSSIER : La résilience urbaine : une perspective historique et culturelle ?
Samuel RUFAT : Résilience ou extinction… de la critique ? [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
RESSOURCES, TERRITOIRES ET RÉSILIENCE (animateur : Éric LESUEUR)
Laurent AUGUSTE : L'économie circulaire, comment ressourcer les territoires ?
Alexis DELAUNAY : L'eau, ressource essentielle à la résilience des territoires
Masatoshi FUNABASHI : La gestion alimentaire : les atouts de la synécoculture

Soirée
UN NOUVEL ÉLAN DANS LES BANLIEUES
Bertrand PÉRIER : Comment prendre la parole ?


Jeudi 21 septembre
TERRITOIRES DE MIGRATIONS (animatrice : Cécile MAISONNEUVE)
Matin
Cécile MAISONNEUVE : Résilience urbaine aux chocs démographiques : les villes européennes à l'épreuve de la crise migratoire
Fouad HAMDAN : Défis : héberger et intégrer 57.000 réfugiés à Hambourg

Atelier de design thinking (animation : Nicolas LE BERRE)

Après-midi
Atelier de design thinking (suite)

Sabine CHARDONNET DARMAILLACQ : Urbanisation illicite, déchets et migration, la superposition des vulnérabilités

Soirée
Anas ABOURA : Réfugiés syriens à Hambourg et intégration sociale. Chants d'un migrant


Vendredi 22 septembre
LA RÉSILIENCE SUR SITE : JEUX, PROMENADE ET DÉBAT
Matin & Après-midi
"HORS LES MURS" — AU MONT SAINT-MICHEL
Roland KUPERS : Apprendre la résilience avec le jeu Nexus

Traversée commentée de la baie du Mont Saint-Michel (départ du Bec d'Andaine à 13h, arrivée au Mont Saint-Michel à 16h30), par Daniel QUEREL (guide spécialisé)

Soirée
CINÉ-PHILO
Ollivier POURRIOL : La résilience urbaine vue par le cinéma


Samedi 23 septembre | Vidéos de la journée en ligne sur le site Colloque TV
RISQUES NATURELS, CHOCS CLIMATIQUES ET VULNÉRABILITÉS TERRITORIALES
Matin
Aléas et vulnérabilités territoriales (animatrice : Sabine CHARDONNET DARMAILLACQ)
Frédérick LEMARCHAND : L'anthropocène, une grande accélération pour la résilience
Clara VILLAR : La résilience : risque ou opportunité pour les territoires ?
Hidetoshi OHNO : Empowering Small Flow

Après-midi
Des facteurs de résilience à la mise en place des politiques de résilience (animateur : Antoine FRÉROT)
Antoine FRÉROT : Introduction
Sébastien MAIRE : Le réseau des 100 villes résilientes et la stratégie de résilience de Paris
Ivo MENZINGER : A Reinsurer's Perspective on Resilience
Isabelle BARAUD-SERFATY : Qui pilote la ville résiliente ?

Soirée
LA RÉSILIENCE DES SOCIÉTÉS FACE AU TERRORISME (animateur : Sylvain ALLEMAND)
Jean-Louis FIAMENGHI (Veolia, ancien patron du RAID)


Dimanche 24 septembre | Vidéos de la journée en ligne sur le site Colloque TV
Matin
RÉSILIENCE DES RÉSEAUX ET SYSTÈMES COMPLEXES CONFRONTÉS À DES SITUATIONS EXCEPTIONNELLES EN CROISSANCE (animateur : Éric LESUEUR)
Daniel FLORENTIN : Les réseaux techniques urbains face à la décroissance des consommations. Portrait d'une bifurcation en cours
Michel DERDEVET : Plan d'adaptation au changement climatique (Enedis)
Olivier DUTHUIT : Réseau de transport et résilience. Exemples RATP

Après-midi
STRATÉGIES D'ACTEURS FACE À UNE CRISE OU UNE VULNÉRABILITÉ (ÉCONOMIQUE, SOCIALE, TECHNOLOGIQUE (animateur des deux tables rondes : Sylvain ALLEMAND)
Grand Paris, avec François DECOSTER (Architecte urbaniste), Antoine FRÉROT (Veolia), Livier VENNIN (EDF, Grand Paris), Elisa YAVCHITZ (Ville de Paris)

Hauts de France, avec Emmanuel BERTIN (Directeur du CERDD), Jean-François CARON (Loos-en-Gohelle), Romaric DAURIER (Théâtre de Valenciennes) et Sébastien THIÉRY (L'Expérience de l'Autre Mairie de Calais)

Soirée
Jean HAËNTJENS : Extension du domaine de la résilience


Lundi 25 septembre
DÉFIS TERRITORIAUX ET APPROCHES COMPLEXES (animatrice : Sabine CHARDONNET DARMAILLACQ)
Matin
Les enjeux des systèmes territoriaux
Éric RIGAUD : La résilience à l'échelle sociotechnique [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Bernard HUBERT : Le triangle de l'agroécologie : politique, sociotechnique, systèmes vivants

Débat sur les interactions écosystèmes, hommes et technique, entre Bernard HUBERT et Masatoshi FUNABASHI

Après-midi
La notion de confiance et les opportunités technologiques
Antoine LE BLANC : La résilience des communautés dans un territoire industriel en difficulté. L'exemple de Dunkerque

Résultats d'un concours en lien avec les questions de résilience (animateur : Sylvain ALLEMAND)
Mobilithèse, par Sylvie LANDRIÈVE [Forum Vies Mobiles]

Échanges, animés par Sabine CHARDONNET DARMAILLACQ et Roland KUPERS, avec l'ensemble des participants. Carré sémantique à propos de la notion de Résilience après une semaine de débats


Mardi 26 septembre
Matin
SYNTHÈSE ET DÉBAT COLLECTIF
Rapport d'étonnement des jeunes chercheurs, par Ariane BACHELET, Maya COHEN, Romain GUILLOU et Laure LEPIGEON

Synthèse, par Philiep BOSSIER, avec les directeurs et les participants du colloque

Après-midi
DÉPARTS


INTERVIEWS RÉALISÉES PAR COLLOQUE TV :


SOUTIENS :

• Institut Veolia
• La Fabrique de la Cité
• Laboratoire ACS (UMR AUSser 3329 - Labex Futurs Urbains)
• Région Normandie

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


L'ALTERNATIVE DU COMMUN


DU VENDREDI 8 SEPTEMBRE (19 H) AU VENDREDI 15 SEPTEMBRE (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Christian LAVAL, Pierre SAUVÊTRE, Ferhat TAYLAN


COMITÉ SCIENTIFIQUE :

Thomas BERNS, Florence CAEYMAEX, Pierre DARDOT, Laurent JEANPIERRE


ARGUMENT :

Ces dernières années, on observe dans les pratiques comme dans les réflexions théoriques une véritable "explosion" du thème du "commun", devenu une référence centrale pour de multiples foyers de luttes et d'expérimentations politiques et économiques (mouvement altermondialistes et écologistes, défense des services publics, résistances paysannes, coopératives, expérimentations numériques collectives). Cette profusion a été accompagnée par un ensemble de travaux d'économie, de sociologie politique et de philosophie. Avec une vitesse rare pour une notion nouvelle, le commun s'est mondialement imposé en tant que grand concept politique de ce début de XXIe siècle. Il admet pourtant des acceptions fort différentes, parfois contradictoires. Si l'installation du concept est désormais bien avancée, l'on traverse une période de problématisation stratégique, au sens d'un ensemble de questionnements, de difficultés et de conceptions diverses quant à la manière de mettre en œuvre, face à l'impasse que représente la domination oligarchique néolibérale, l'alternative politique du commun.

C'est par conséquent à poser les problèmes, faire ressortir l'aspérité des débats, affronter les objections et saillir les divergences en vue d'asseoir un ensemble de positions stratégiques sur la mise en place de l'alternative du commun que sera consacré ce colloque. Au-delà des intervenants (chercheurs issus de disciplines variées et acteurs engagés), il s'adresse à tous ceux qui sont intéressés par les questions posées et souhaitent participer au débat.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 8 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Samedi 9 septembre
Matin
"COMMUN" : DE QUOI PARLE-T-ON ?
Judith REVEL : Le commun : de la gestion à la production — et retour
Pierre SAUVÊTRE : De quelles politiques le commun est-il le nom ?
Pierre DARDOT : Le commun comme principe stratégique

Après-midi
Ateliers en parallèle
1) Social, politique et commun

Franck FISCHBACH : Rendre le commun immanent au social
Marie-Hélène BACQUÉ : Penser le commun à partir des quartiers populaires ?
Hervé OULC'HEN : Dialectique du commun chez Sartre
Alexandros KIOUPKIOLIS : The Common and Post-Hegemony

2) Esthétique et commun
Emine SARIKARTAL : Performances du commun
Léa BISMUTH : "L’expérience du Commun dans la pratique de l'exposition", à partir de L'Éternité par les Astres d'Auguste Blanqui
Valérian GUILLIER : Ce que le commun fait aux industries des biens symboliques

Lecture du poème "Face aux zouaves" par Alexis PELLETIER ("Compagnie Diagonales" de Rouen)

Soirée
Théâtre — Leslie KAPLAN : Le travail du dialogue. Contre une civilisation du cliché, conférence accompagnée par Frédérique LOLIÉE et Élise VIGIER (Théâtre des Lucioles - Comédie de Caen) [vidéo de la seconde partie en ligne sur la chaîne YouTube de Cerisy]


Dimanche 10 septembre
Matin
L'HISTOIRE DU COMMUN
Haud GUÉGUEN : La délibération et le commun chez Aristote
Philippe CHANIAL : De Proudhon à Fournière, en passant brièvement par Mauss
Luca BASSO : Marx et le commun

Après-midi
Performance chorégraphique : "Compagnie Diagonales" de Rouen

Ateliers en parallèle
1) Commun, État providence et revenu de base

Davide GALLO LASSERE : La socialisation du revenu comme perspective politique
Francine MESTRUM : Le commun, la reproduction et le revenu de base
Jean François BISSONNETTE : La dette du commun

2) Mouvements coopératifs, propriété et communs
Benoît BORRITS : Des coopératives au commun
Jean-Louis BANCEL : Le corpus de l'Économie Sociale et Solidaire : des cellules souches pour les Communs ?
Pierre CRÉTOIS : Des droits partiels sur les choses plutôt que le droit de propriété

Soirée
Le mouvement des communs en Grèce, animée par Alexis CUKIER et Alexandros KIOUPKIOLIS


Lundi 11 septembre
Matin
NÉOLIBÉRALISME ET LUTTES POUR LE COMMUN
Luca PALTRINIERI : Entreprise commune ou dépassement de l'entreprise ? Platform cooperativism et néolibéralisme
Patrick CINGOLANI : Néolibéralisme et prédation du commun
Isabelle BRUNO & Grégory SALLE : Sous le sable, le commun ? Le droit à la plage contre les enclosures balnéaires

Après-midi
Ateliers en parallèle
1) Commun, démocratie, ESS (Économie sociale et solidaire)

Hervé DEFALVARD : Les communs et l'ESS : un rendez-vous à ne pas manquer
Geneviève FONTAINE : Les conditions favorables à l'émergence de communs

2) Démocratie, travail, syndicalisme
Alexis CUKIER : Démocratie des communs et travail démocratique
Francis VERGNE : Démocratie et syndicalisme aujourd'hui

Soirée
Pratiques des communs numériques, animée par Lionel MAUREL (Culture libre et communs), avec Julien LECAILLE


Mardi 12 septembre
Matin
TABLE RONDE : LES COMMUNS ET L'ÉCOLOGIE
Fabien LOCHER : Penser/agir au-delà d'Ostrom : quels nouveaux horizons pour les communs environnementaux ?
Claude LE GOUILL : Ressources communes et ressources communautaires dans les activités minières. Un cadre pour l'analyse des systèmes socio-écologiques [communication établie avec Frank POUPEAU]
Mauve LÉTANG : De quoi commun est-il le nom dans l'Himalaya ?
Ferhat TAYLAN : "Milieux communs". La stratégie d'inséparabilité des collectifs humains et des milieux naturels — le cas de la rivière Whanganui [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
DÉTENTE


Mercredi 13 septembre
Matin
DROIT ET COMMUN
Michele SPANÒ : Droit privé comme infrastructure du commun
Daniela FESTA : Les communs urbains : repenser le droit à la ville à travers le commoning
Pierre DARDOT : Les limites du juridique

Après-midi
Ateliers en parallèle
1) Éducation et commun

Christian LAVAL : De l'école commune à l'éducation en commun
Francis VERGNE : Le commun des expériences autogestionnaires en matière éducative
Anne-Marie FIXOT : Éducation et citoyenneté. L'expérience de l'Association Démosthène (Caen)
Delphine BOUDET : La petite enfance en commun et l'expérience de la communauté éducative solidaire
Corinne NAVARRO : La pensée de Mary Parker Follett

2) Ville, habitat et commun
Claire CARRIOU : Communs et espaces du privé. Réflexions sur "l'habitat participatif"
Anne D'ORAZIO : L'habitat participatif et ses voies alternatives, quelle production de commun ?
Joanna KOSZEWSKA : Le logement comme bien commun : exemples (flexibles) architecturaux

Soirée
Atelier "Brésil", animé par Heitor DE MACEDO, avec André DAL'BO DA COSTA, Nilton Ken OTA, Ana Paula PACHECO et Selma Cristina SILVA DE JESUS


Jeudi 14 septembre
Matin
POLITIQUE DU COMMUN : COMMENT LE PRINCIPE PEUT TRANSFORMER LA POLITIQUE ?
Pierre SAUVÊTRE : Quelles stratégies du commun ?
Christian LAVAL : L'État, les services publics et le commun
Lorenzo COCCOLI : Qu'est-ce qu'un internationalisme du commun ?

Après-midi
Ateliers en parallèle
1) Sociologie des mouvements sociaux et communs

Chantal DELMAS : Consensus et dissensus sur la question du Commun dans les mouvements sociaux et politiques
Frédéric SULTAN & Léa EYNAUD : La catégorie de commun(s). Enquête sur les réflexions et les débats à l'œuvre sur la liste de diffusion "echanges@bienscommuns.org"
Arnaud MÈGE : La décroissance : de la pratique militante auto-organisée vers la production d'usages communs partagés

2) Mouvements sociaux et communs
Michele SPANÒ : Les mouvement sociaux des beni comuni
Veronica PECILE : Les communs urbains en Sicile
Pauline JULIEN : La Parole démocratique de "Nuit Debout". Une expérience de subjectivation politique ?

Soirée
Pratiques politiques du commun en Espagne, introduit par David HAMOU, avec Joan SUBIRATS (Université autonome de Barcelone) et Alain AMBROSI (Glanage et grappillage en territoires de communs)


Vendredi 15 septembre
Matin
La Nouvelle Internationale du commun, table ronde avec Joan SUBIRATS (Barcelone, un commun et le réseau international), David HAMOU (Le congrès des villes sans peur), Delphine THIVET (La vie paysanne du commun Via Campesina), Michèle LECLERC-OLIVE (Commun en Afrique et limite de la coopération décentralisée) et Nilton Ken OTA (Commun de la recherche au Brésil et réseau de recherche international)

Conclusions, par Christian LAVAL, Pierre SAUVÊTRE et Ferhat TAYLAN

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

• AIGRAIN Philippe, Cause commune. L'information entre bien commun et propriété, Paris, Fayard, 2005.
• BAUWENS Michel, Sauver le monde. Vers une économie post-capitaliste avec le peer-to-peer, Paris, Les liens qui libèrent, 2015.
• BENKLER Yochai & NISSENBAUM Helen, "Commons-based Peer Production and Virtue", The Journal of Political Philosophy, Volume 14, Number 4, 2006, p. 394–419.
• BOLLIER David, La renaissance des communs : pour une société de coopération et de partage, Éditions Charles Léopold Mayer, 2014.
• BOLLIER David & HELFRICH Silke (dir.), Patterns of Commoning, Commons Strategy Group and Off the Common Press, 2015.
• BORRITS Benoît, Coopératives contre capitalisme, Paris, Syllepses, 2015.
• BOYLE James, "The Second Enclosure Movement and The Construction of the Public Domain", Law and Contemporary Problems, 2003.
• CHANIAL Philippe, La délicate essence du socialisme, Lormont, Le Bord de l'eau, 2009.
• CHARBONNIER Pierre & FESTA Daniela, "L'Italie des biens communs", Tracés, Revue de Sciences Humaines, 2016, Hors-Série "Traduire et introduire".
• COCCOLI Lorenzo (dir.), Commons/beni comuni. Il dibattito internazionale, goWare, Florence, 2013.
• COLLECTIF MAUVAISE TROUPE, Contrées. Histoires croisées de la zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No Tav dans le Val Susa, Paris, Éditions de l'Éclat, 2016.
• CORIAT Benjamin (dir.), Le retour des communs. La crise de l'idéologie propriétaire, Paris, Les liens qui libèrent, 2015.
• DANIEL Emmanuel, Rébellion et désobéissance, la Coopérative intégrale catalane, Éditions Ateliers Henry Dougier, Paris, 2016.
• DARDOT Pierre & LAVAL Christian, Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle, Paris, La Découverte, 2014 (rééd. poche 2015).
• DARDOT Pierre & LAVAL Christian, "De l'autonomie au commun. Sur Cornelius Castoriadis" (entretien avec Amador Fernández-Savater), Vacarme, juin 2016.
• DAVID Pierre-Marie & LE DÉVÉDEC Nicolas, "Des communs au commun : un nouvel horizon sociologique ?", SocologieS, octobre 2016.
• FESTA Daniela, BERNARDI Claudia, BRANCACCIO Francesco & MENNINI Bianca Maria, Fare Spazio. Pratiche del commune e diritto alla città, Milan, Mimesis, 2015.
• FISCHBACH Franck, Le sens du social. Les puissances de la coopération, Montréal, Lux, 2015.
• FORTI Steven & RUSSO SPENA Giacomo, Ada Colau, la città in comune. Da occupante di case a sindica di Barcellona, Rome, 2016.
• LOCHER Fabien, "Third World Pastures. The Historical Roots of the Commons Paradigm (1965-1990)", Quaderni Storici, 2016/1, avril 2016, p. 303-333.
• HARDT Michael & NEGRI Antonio, Commonwealth, Harvard University Press, 2009.
• LINEBAUGH Peter, The Magna Carta Manifesto. Liberties and Commons for All, Oakland, Univ. of California Press, 2009.
• LINEBAUGH Peter, Stop, Thief ! The Commons, Enclosures and Resistance, Oakland, PM Press, 2014.
• MATTEI Ugo, "Senza proprietà non c'è libertà". Falso !, Rome, Laterza, 2014.
• MATTEI Ugo, Il benicomunismo e i suoi nemici, Turin, Einaudi, 2015.
• MESTRUM Francine, The Social Commons. Rethinking Social Justice in Post-Neoliberal Societies, Gerakbudaya Digital Sdn Bhd, 2016.
• MINEO Igor, "Entre caritas et commons. De l'historicité du bien commun", in Colantonio L. et Fayolle C., Genre et utopie. Avec Michèle Riot-Sarcey, Paris, Presses universitaires de Vincennes, 2014.
• NAPOLI Paolo, "Indisponibilité, service public, usage. Trois concepts fondamentaux pour le "commun" et les "biens communs"" (tr. A. Fossier), Tracés, n°27, 2014, p. 211-233.
• OST François, La nature hors-la-loi. L'écologie à l'épreuve du droit, La Découverte, 2012.
• OSTROM Elinor, Governing the Commons : The Evolution of Institutions for Collective Action, Cambridge University Press, 1990, rééd. 2015.
• OSTROM Elinor, The future of the Commons. Beyond Market Failure and Government Regulations, Institute of Economic Affairs, 2012.
• QUARTA Alessandra & SPANO Michele, Beni comuni 2.0. Contro-egemonia e nuove istituzioni, Milan, Mimesis, 2015.
• RODOTA S. (2016), "Vers les biens communs. Souveraineté et propriété au XXIe siècle", Tracés, n°16, p. 211-232.
• SAUVÊTRE Pierre, "Les politiques du commun dans l'Europe du Sud (Grèce, Italie, Espagne). Pratiques citoyennes et restructuration du champ politique", Actuel Marx, 2016/1, n°59, p. 123-138.
• SUBIRATS Joan, Otra Sociedad, Otra Politica ? : De "no nos representan" a la democracia de lo común, Asaco, 2011.
• SUBIRATS Joan, El poder de lo proximo. Las virtudes del municipalismo, Los libros del Catarata, Madrid, 2016.
• THOMPSON Edward Palmer, La guerre des forêts. Luttes sociales dans l'Angleterre du XVIIIe siècle (1ère édition 1977), Paris, La découverte, 2014.
• THOMPSON Edward Palmer, Customs in Common. Studies in Traditional Popular Culture, Londres, Merlin Press, 1991.
• THOMÉ Pierre (avec Jean HUET), (Biens) communs, quel avenir ? : un enjeu stratégique pour l'économie sociale et solidaire, Éditions Yves Michel, Gap, 2016.


SOUTIENS :

• Crédit Coopératif
• Transform! (european network for alternative thinking and political dialogue)
• Fonds National de la Recherche Scientifique - Belgique (FNRS)
• Laboratoires Sophiapol et Lavue | Université Paris Nanterre
• Université Paris-Est Marne-la-Vallée (UPEM)
• LabTop | Université Paris VIII - Vincennes-Saint-Denis
• ANR Programme PhiCenTrav (Approches philosophiques de la centralité du travail)
• Institut de Recherches de la FSU

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


QUE VONT DEVENIR LES CIMETIÈRES EN NORMANDIE,

ET AILLEURS ?


DU MERCREDI 30 AOÛT (19 H) AU SAMEDI 2 SEPTEMBRE (14 H) 2017

[ colloque de 3 jours ]



DIRECTION :

Jacky BRIONNE, Gaëlle CLAVANDIER, François MICHAUD-NÉRARD

Avec le concours de Pierre BOUET, Claude HALBECQ et Edith HEURGON


ARGUMENT :

À la suite du colloque Que vont devenir les églises normandes ? (Cerisy, mai 2015), dont l'objectif était d'organiser un large débat entre les acteurs œuvrant au maintien et la valorisation du patrimoine matériel et immatériel des édifices religieux, cette rencontre ouvrira une discussion avec les personnes intéressées, notamment en Normandie, sur l'évolution des cimetières.

Afin de nourrir les décisions des responsables de la gestion publique, il s'agira de s'interroger sur le rôle et la place des cimetières dans les sociétés d'hier et d'aujourd'hui, d'étudier les pratiques funéraires des diverses religions, mais aussi d'imaginer leur devenir dans un contexte de sécularisation, où l'on constate une évolution du rapport à la mort. Cette évolution se traduit par de nouvelles sensibilités, notamment à l'égard du corps mort, ainsi que par de nouvelles régulations de la part des institutions. Des usages inédits sont apparus, en particulier le recours à la crémation, lesquels ont des conséquences pratiques immédiates sur les modes de recueillement et de manifestation du souvenir.

Le cimetière, sous sa forme moderne, est emblématique de ces transformations. Héritier des valeurs républicaines du XIXe siècle, il est l'un des lieux où s'expriment le plus lisiblement les principes de neutralité et de laïcité. Par ailleurs, au travers des concessions, il traduit l'attachement à la lignée, à la famille, à la dernière demeure. À ce titre, il manifeste parfaitement la tension entre une administration et une privatisation de la mort.

Le cimetière concentre les mémoires d'une commune, d'une communauté villageoise. Qu'il soit proche de l'église ou isolé, il constitue un lieu à forte identité architecturale, patrimoniale, paysagère. La préservation de cet héritage est essentielle car elle permet, certes de façon ténue, d'ancrer le cimetière dans des lieux à forte identité. Articuler cette exigence aux problèmes rencontrés par des élus confrontés à la gestion du site n'est pas évident tant il est difficile de concilier les nécessités de gestion par l'application des textes législatifs et la préservation patrimoniale pour un mieux-être des usagers.

Dans un contexte où le rapport à la mort s'intimise, quel peut être le devenir des cimetières, en Normandie et dans d'autres régions françaises ? Ce sont ces enjeux, relativement nouveaux pour certains, dont ce colloque propose de discuter. Pour ce faire, après une nécessaire mise en perspective historique et juridique, il s'attachera surtout, avec l'ensemble des acteurs intéressés par ces questions, à établir, au niveau de la région de Normandie, à l'échelle nationale, mais aussi en débordant les frontières françaises, des jalons permettant de penser, de construire et de gérer les cimetières de demain.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 30 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Jeudi 31 août
Matin
Pierre BOUET : Des églises aux cimetières

DE LA SACRALISATION À LA DÉSACRALISATION (Animation : Pierre BOUET)
Cécile TREFFORT : Le cimetière paroissial, l'Église et société au Moyen Âge
Bruno BERTHERAT : Mort et vie des cimetières contemporains en France
Anne FORNEROD : Quelle laïcité pour les cimetières ?

Après-midi
LE CIMETIÈRE AUX PRISES AVEC DE NOUVEAUX USAGES (Animation : Gaëlle CLAVANDIER)
Valérie SOUFFRON : Ici ou là ? Les cendres humaines et l'énigme d'une localisation des défunts
Marc-Antoine BERTHOD : Mort, territoire et citoyenneté

RENCONTRE AVEC DES MAIRES DE NORMANDIE (Animation : Claude HALBECQ)
Jacky BRIONNE : Présentation de l'enquête sur les cimetières en Normandie

Table ronde, animée par Claude HALBECQ, avec notamment, Gilles BEAUFILS, Pierre de CASTELLANE, Anne-Marie CORBEL, Michel COUSIN, Dominique PAIN, Michel PICOT, … et un témoignage de Paul BÉCART (Végétalisation des cimetières)

Soirée
RENCONTRE AVEC DES MAIRES DE NORMANDIE (suite)
François MICHAUD-NÉRARD : Révolution de la mort, révolution des cimetières ? [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Débat général : Les questions que se posent les maires urbains et ruraux ?, animé par Gaëlle CLAVANDIER


Vendredi 1er septembre
Matin
CONCEVOIR ET ADMINISTRER UN CIMETIÈRE EN 2016 (Animation : François MICHAUD-NÉRARD)
Gaëlle CLAVANDIER : Intégrer tous les morts, y compris les fœtus et fragments, dans l'espace du cimetière
Cécile GUILLOPÉ & Jean-Jacques ERNAULT : Le cimetière, un espace public particulier : restituer les pièces manquante en pied d'église, révéler les ambiances de recueillement
Marie-Annick LE THIEC : Les enjeux pour une ville comme Rennes

Après-midi
"HORS LES MURS" — À AVRANCHES
Visite du cimetière d'Avranches

ENJEUX PATRIMONIAUX DES CIMETIÈRES (Animation : Jacky BRIONNE)SÉANCE PUBLIQUE
David NICOLAS-MÉRY : Les enjeux patrimoniaux des cimetières
Guy PESSIOT : Les six cimetières de Rouen, un patrimoine exceptionnel en cours de mise en valeur depuis 2009
Marc-Antoine BERTHOD : La requalification des cimetières et les enjeux de patrimonialisation en Suisse
Céline EYRAUD : Valoriser le patrimoine funéraire. Un défi ? [communication présentée par Gaëlle CLAVANDIER]

Soirée
Simon CROWCROFT : Les cimetières de Jersey


Samedi 2 septembre
Matin
LES CIMETIÈRES D'HIER À DEMAIN ? (Animation : Pierre BOUET)
Table ronde de synthèse croisant les regards de représentants de :
- l'Église : Père Daniel JAMELOT (Le cimetière, une terre sainte pour l'ultime demeure des défunts)
- les collectivités territoriales : Claude HALBECQ, Dominique PAIN
- la recherche : Gaëlle CLAVANDIER
- les métiers du funéraire : François MICHAUD-NÉRARD
- le patrimoine et la prospective : Jacky BRIONNE, Edith HEURGON

Clôture

Après-midi
Visite optionnelle du cimetière dormant Saint-Pierre de Coutances, avec Jacky BRIONNE

DÉPARTS


SOUTIENS :

• DRAC Normandie
• Conseil départemental de la Manche
• Association des Maires de la Manche
• Ville d'Avranches

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


LA MÉSOLOGIE, UN AUTRE PARADIGME POUR L'ANTHROPOCÈNE ?

( AUTOUR D'AUGUSTIN BERQUE )


DU MERCREDI 30 AOÛT (19 H) AU MERCREDI 6 SEPTEMBRE (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Marie AUGENDRE, Jean-Pierre LLORED, Yann NUSSAUME

Avec la participation d'Augustin BERQUE


ARGUMENT :

L'anthropocène met en cause le paradigme qui a guidé la modernité. C'est l'occasion d'en définir un autre.

L'objet de ce colloque n'est pas de revenir sur l'anthropocène, mais de s'interroger sur le milieu où il prendrait racine ; c'est de proposer, avec la mésologie, la définition d'un autre paradigme que celui de la modernité, en rupture radicale avec le dualisme mécaniciste. En effet, pour la mésologie, l'être humain n'est pas seul à être un sujet : tous les vivants le sont à des degrés divers. Tous habitent et élaborent les milieux qui leur sont spécifiques.

Considéré à travers ce prisme, l'environnement devient l'interrelation complexe des mondes propres à tous ces sujets, pour chacun desquels la réalité n'est jamais un donné universel, mais un milieu singulier. Loin d'être un simple objet prédéterminé, ce milieu ne cesse de se construire corrélativement à ces sujets eux-mêmes.

Ce colloque sondera les perspectives ouvertes par ce paradigme, de la philosophie des sciences à l'aménagement humain de la Terre. Il est ouvert à toutes celles et tous ceux qui pensent par le milieu, se montrent critiques envers les approches strictement écologiques de l'environnement ou simplement désireux de changer leur regard sur la complexité du monde contemporain.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 30 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Jeudi 31 août
NOTIONS MÉSOLOGIQUES ET COMPLEXITÉS
Modérateurs : Augustin BERQUE, Marie AUGENDRE

Matin
Yann NUSSAUME : Introduction du colloque

Généalogie et critiques de la mésologie
Philippe PELLETIER : Mésologie, géographie, écologie : enjeux critiques
Pauline COUTEAU : Esquisse d'une généalogie de la mésologie

Après-midi
Perspectives mésologiques face aux enjeux contemporains
Table ronde, avec
Ferhat TAYLAN : Mésologie, un paradigme moderne
Inutsuka YÛ : Le "fûdo" et l'éthique de Watsuji Tetsurô : pour l'avenir de l'écoumène
Perrine MICHON : Les biens communs : une figure d'actualisation du paradigme mésologique ?


Vendredi 1er septembre
DÉPLOIEMENT DE LA MÉSOLOGIE À L'ÈRE DE L'ANTHROPOCÈNE
Modérateurs : Marie AUGENDRE, Philippe PELLETIER

Matin
Habiter la terre et transhumanisme
Catherine LARRÈRE : Une écologie en première personne pour habiter la Terre. Écologie et littérature
Ludovic DUHEM : Devenir cyborg ? Mésologie et transhumanisme [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
Quelles éthiques mésologiques ?
Table ronde, avec
Emanuele CLARIZIO : La technique : milieu entre le vivant et son milieu
Victor PETIT : La mésologie à l'épreuve du technocène

Vernissage des expositions de Ludovic DUHEM et de Didier ROUSSEAU-NAVARRE


Samedi 2 septembre
ENJEUX ET STRATÉGIES DE L'ENSEIGNEMENT DE LA MÉSOLOGIE
Modérateurs : Isabelle LEFORT, Yann NUSSAUME

Matin
La mésologie, moteur de changements des paradigmes éducatifs
Table ronde, avec
Dominique OTTAVI : Milieu, éducation, mésologie
Paul-Emmanuel LOIRET : La refonte du programme pédagogique de l'École nationale supérieure d'architecture de Grenoble. Une approche mésologique
Céline BONICCO-DONATO : Faire autrement de la philosophie politique avec la mésologie. Quels enjeux pour l'urbanisme et l'aménagement ?

Après-midi
DÉTENTE — Promenade et visite du Mont Saint-Michel


Dimanche 3 septembre
URBANISME, PAYSAGE ET MUTATION : QUELLES CONDITIONS MÉSOLOGIQUES ?
Modérateur : Yann NUSSAUME

Matin
Mésologie et territoires de l'anthropocène
Philippe MADEC : Le chemin de Phyang
Alain KAUFMANN & Yoann MOREAU : Les sujets de l'Anthropocène — Du domestique au climatique

Après-midi
Risque et mutation des écosystèmes
Table ronde, avec
Fang XIAOLING : À la recherche d'une éthique du milieu. Interventions d'architectes dans la campagne en Chine depuis les années 90
Thierry COANUS : La notion de risque : quelle place dans une perspective mésologique ?


Lundi 4 septembre
MÉSOLOGIE ET MÉDIATION TERRITORIALE
Modérateur : Jean-Pierre LLORED

Matin
Isabelle LEFORT : Environnements, milieux et médiations : attention aux jeux
Inaga SHIGEMI : Genèse et préhistoire de l'écosystème, "L'être vers la vie" géologique et "le milieu" proto-biologique

Après-midi
Ateliers de synthèse en petits groupes

Philosophie, art, lecture des territoires et politiques
Table ronde, avec
Caroline ALDER : Pour une mésologie de l'œuvre d'art : l'expérience spirituelle de l'artiste dans le paysage
Matthieu DUPERREX : Investigations artistiques en territoire disputé

Soirée
Projection du film "Milieu", de et par Damien FAURE


Mardi 5 septembre
MUTATION DES MILIEUX ET DÉVELOPPEMENT DES SCIENCES NATURELLES
Modérateurs : Catherine LARRÈRE, Jean-Pierre LLORED

Matin
Jeux des échelles et mutations des environnements paradigmes de la mésologie contemporaine
Table ronde, avec
Soraya BAÏT & Georges-Henry LAFFONT : Du jardin au monde, vers une coproduction des milieux
Leila CHAKROUN & Diane LINDER : Qu'est-ce que veut dire concrètement être mésologique, et qu'est-ce que cela implique au quotidien ?
Sarah VANUXEM : La modification génétique des moustiques à l'épreuve de la mésologie

Après-midi
Développement de la mésologie face aux nouveaux enjeux des sciences naturelles
Table ronde, avec
Catherine SZANTO : Le jardinage comme mésologie du paysage
Quentin HIERNAUX : Biologie et mésologie : une perspective végétale
Marc-Williams DEBONO : Flux d'information sensoriels et stratégies de communication "intelligentes" chez les plantes : une nouvelle perspective mésologique à l'heure de l'anthropocène


Mercredi 6 septembre
LA MÉSOLOGIE À L'ÈRE DE L'ANTHROPOCÈNE
Matin
Augustin BERQUE : Trajection et réalité

Restitution des ateliers de synthèse

Après-midi
DÉPARTS


PROGRAMME ARTISTIQUE :

"Exclamation mésologique", présentation d'une œuvre en bois réalisée et offerte à Cerisy par Didier ROUSSEAU-NAVARRE
Sur tous les territoires, dans tous les milieux, depuis la bactérie jusqu'au mammifère les êtres vivants respirent, s'échangent et partagent le même souffle. Humains, nous avons partie liée à l'existence du vivant dont nous dépendons. Mon matériau de travail c'est l'arbre. Pour réaliser cette œuvre, j'utiliserai deux arbres qui ont été coupés à Cerisy, un frêne et un tilleul. Lorsque j'utilise un morceau d'arbre pour le sculpter, je considère qu'il contient encore une partie du souffle d'air partagé avec les humains qui l'ont côtoyé. Notre souffle contient en effet du dioxyde de carbone qui est fixé dans le bois par la respiration de l'arbre que nous appelons la photosynthèse. Chaque sculpture re-présente la forme amplifiée de la graine propre à l'arbre dans lequel je l'ai sculptée. Nous connaissons la graine en tant que mémoire biologique de l'arbre. Mon geste de création poursuit cet élan mémoriel par une trajection, à la fois en tant que sculpture dans sa représentation formelle, en tant que "topos existentiel" mémoire du lieu et en tant qu'objet transitionnel, mémoire physique de la relation entre l'homme et l'arbre. Le code de géo-localisation et parfois le nom du lieu sont gravés dans la sculpture pour mémoriser l'endroit où l'arbre a poussé, là où sont ses racines, les nôtres et nos souvenirs.

Didier Rousseau-Navarre est créateur et Conservateur du jardin botanique de Marnay-sur-Seine et artiste sculpteur. Site internet : rousseau-navarre.com.
Publications
Denise le Dantec & Didier Rousseau, Sculpture, Éditions Filipacci 1997.
Didier Rousseau-Navarre, Augustin Berque & Christian Noorbergen, Les graines de l'art, Édition Le livre d'art, 2016.

Exposition de dessins et de photos, par Ludovic DUHEM


PRESSE / MÉDIAS :

• "Là, sur les bords de l'Yvette – dialogues mésologiques", entretien avec Francine ADAM réalisé par Sylvain ALLEMAND [en ligne sur le site L'EPA Paris-Saclay].

• "Là, sur les bords du Rabec", entretien avec Augustin BERQUE réalisé par Sylvain ALLEMAND [en ligne sur le site L'EPA Paris-Saclay].

• "De l’intelligence… des plantes", entretien avec Marc-Williams DEBONO réalisé par Sylvain ALLEMAND [en ligne sur le site L'EPA Paris-Saclay].

• "Et pourquoi pas une école d'arts à Paris-Saclay ?", entretien avec Paag.l réalisé par Sylvain ALLEMAND [en ligne sur le site L'EPA Paris-Saclay | 24 décembre 2017].


SITOGRAPHIE :

Consulter le site "Mésologiques, études des milieux" | Directeur de rédaction : Yoann MOREAU | Directeur scientifique : Augustin BERQUE | Adjoint à la rédaction : Romaric JANNEL


SOUTIENS :

• Ministère de la Culture et de la Communication
• Équipe de recherche "Architecture, Milieu, Paysage" (AMP) [LAVUE UMR CNRS 7218]
• École Nationale Supérieure d'Architecture de Paris La Villette (ENSAPLV)
• Université de Lyon 2
• Délégation Rhône Auvergne du CNRS
• Institut écologie et environnement (INEE)
• Laboratoire Environnement Ville Société (EVS) [UMR CNRS 5600]

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


LE KITSCH : DÉFINITIONS, POÉTIQUES, VALEURS


DU LUNDI 21 AOÛT (19 H) AU LUNDI 28 AOÛT (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Franz JOHANSSON, Mathilde VALLESPIR


ARGUMENT :

De l'essai savant à la presse à grand tirage, du musée à l'écran de cinéma ou d'ordinateur, dans des domaines aussi variés que les arts plastiques, la décoration, le cinéma, le théâtre, le clip, la décoration d'intérieur ou la mode vestimentaire, le kitsch est partout aujourd'hui. Son extension s'accompagne d'un renversement : de marginal et honni qu'il était il y a quelques décennies, le kitsch est devenu triomphant. Il s'affiche et s'affirme sans complexes, presque avec arrogance.

Ce colloque se propose de suivre les manifestations du kitsch à travers tous les langages, formes et lieux qui peuvent en être le support, aussi bien que les discours qui portent sur lui. En faisant dialoguer créateurs et chercheurs avec un public intéressé par les questions traitées, son ambition est de montrer à l'œuvre les processus de création — plastique, poétique, musicale ou cinématographique — en les confrontant à des approches théoriques ou critiques et, par la même occasion, de redéfinir les contours et réévaluer les théories d'une notion dont le succès a entraîné l'éclatement et le brouillage. Il s'agira de traquer le kitsch jusqu'aux confins de ses territoires, en s'interrogeant sur ses relations à des catégories voisines (le "camp" ou l'art "pompier") ou à des situations ou phénomènes analogues (le baroque ou le rococo) ; de comprendre l'inscription du kitsch dans la complexité de notre actualité historique, politique, esthétique, culturelle et sociétale ; de se donner, en définitive, les moyens d'engager une véritable épistémologie du kitsch.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 21 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 22 août
Matin
Franz JOHANSSON & Mathilde VALLESPIR : Ouverture

CONFÉRENCE INAUGURALE
Christophe GENIN : Le devenir kitsch : un modèle global pour nos sociétés ? [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
KITSCH ET ARTS VISUELS (CINÉMA, ARTS PLASTIQUES)
Président de séance : François PROVENZANO

Michaël BOURGATTE : Du kitsch à prendre avec des gants ? Les films amateurs suédés
Vincent OLINET : Le merveilleux (dé)fait main

Soirée
Vernissage de l'exposition des œuvres du plasticien Vincent OLINET


Mercredi 23 août
Matin
KITSCH ET PRATIQUES SOCIÉTALES
Président de séance : Christophe GENIN

Dominique PETY : Le kitsch et la pratique de la collection au XIXe siècle
Martial GUÉDRON : Nu, lisse et brillant : du héros néoclassique au mâle kitsch

Après-midi
KITSCH, DISCOURS ET PRATIQUES SOCIÉTALES
Présidente de séance : Dominique PETY

Marie SCHIELE : Le couturier-chiffonnier : quand la parure se fait parodie
François PROVENZANO : Pensées kitsch : rhétorique et politique d'un discours théorique


Jeudi 24 août
Matin
STYLISTIQUES DU KITSCH
Président de séance : Martial GUÉDRON

Vivien BESSIÈRES : Tarte et kitsch — fiches-recettes
Mathilde VALLESPIR : Faire kitsch, défaire l'œuvre : l'effet esthétique du kitsch

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Christian PRIGENT : Kitsch, avant-garde, carnaval, etc. [entretien et lecture]


Vendredi 25 août
Matin
KITSCH ET MUSIQUE
Présidente de séance : Mathilde VALLESPIR

Stéphanie ATANASIU : Des représentations du kitsch dans la musique
François-Xavier FÉRON : Citations et allusions dans la musique de John Zorn : manifestation du kitsch ou relation à l'héritage ?

Après-midi
FORMES POPULAIRES
Présidente de séance : Danielle PERROT-CORPET

Séverine BARTHES : Le kitsch, c'est chic. Rhétorique du kitsch dans les séries du basic cable américain
Romain BENINI : Kitsch et populaire : l'exemple de la chanson au XIXe siècle


Samedi 26 août
Matin
ÉCRITURE DU KITSCH
Présidente de séance : Marie-Albane WATINE

Franz JOHANSSON : Ekphraseis kitsch
Luc VIGIER : Des effets du kitsch sur le sublime chez Philippe Le Guillou

Après-midi
POLITIQUE ET HISTOIRE DU KITSCH
Président de séance : Romain BENINI

Daniel PATERSON : "Les mots dans le vent", emplois du mot "kitsch" dans Le Monde (1944-2016)
Danielle PERROT-CORPET : Elfriede Jelinek : le kitsch ou le "virus du crime"


Dimanche 27 août
Matin
KITSCH ET ÉNONCIATION
Président de séance : Franz JOHANSSON

Marie-Albane WATINE : Style kitsch et énonciation sérieuse : le cas du roman rose [entretien vidéo]
Anne-Gaëlle TOUTAIN : Kitsch et théories linguistiques : le sujet entre langue et idiome
Violeta CRUZ : Le goût : réflexe esthétique involontaire

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Concert, Œuvres de Violeta CRUZ (compositrice), avec Guy-Loup BOISNEAU


Lundi 28 août
Matin
Franz JOHANSSON & Mathilde VALLESPIR : Conclusions

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Stéphanie ATANASIU : Des représentations du kitsch dans la musique
Nous nous proposons, dans le cadre de cette communication, d'étudier les phénomènes du kitsch dans les pratiques de réappropriation des musiques dites "classiques" par la musique populaire (reprises, adaptations, réorchestrations). Nous nous attacherons plus particulièrement à l'exemple de la scène Metal qui est régulièrement amenée à reprendre l'Allegro de "La Primavera" de Vivaldi. Partant de certains critères d'analyse proposés par Christophe Génin (Kitsch dans l'Âme, Paris, Vrin, 2010, p. 24), nous étudierons les cas du Vivaldi Metal Project et du guitariste Uli Jon Roth pour illustrer comment le kitsch peut s'immiscer dans ces musiques. L'analyse sera ensuite étendue à d'autres cas de reprises et interprétations de musiques, tels que Kimera, Maxim Mrivca ou encore Klaus Nomi et Liberace (dont les deux cas sont particulièrement intéressants pour comprendre le rôle du visuel dans les musiques "kitsch").

Stéphanie Atanasiu, récemment diplômée de Paris 8 Vincennes Saint-Denis (Master Recherche en Musicologie), a effectué des recherches à l'université Humboldt de Berlin afin de rédiger son travail de Master 1 sur "Les Musiques populaires sous la République de Weimar". Le sujet de son Master 2, réalisé sous la direction de M. Frédérick Duhaupas, était : "Des Représentations du Kitsch dans la Musique". Pratiquant le piano classique, elle travaille actuellement sur une interprétation de Canto Ostinato de Simeon Ten Holt pour trois pianistes.

Romain BENINI : Kitsch et populaire : l'exemple de la chanson au XIXe siècle
La chanson du premier XIXe siècle, avant l'émergence du café-concert et de ce que certains ont appelé la "culture de masse", a pour spécificité une pratique constante du réemploi et de la réécriture, puisque les textes étaient écrits pour accompagner des airs anciens et déjà bien connus des auditeurs. La mention de l'air, donnée généralement, dans la version imprimée, sous le titre de la chanson, était appelée timbre. La notion de kitsch est généralement réservée aux arts plastiques, mais cet exposé s'interrogera sur ce qu'elle peut apporter à l'étude de la chanson ancienne. On questionnera notamment la pertinence de la notion d'auctorialité (ou de singularité auctoriale) pour ce type de productions que sont les chansons à timbre, en observant l'articulation de ce qu'on pourrait voir, après Moles, comme une "aliénation consentie", avec l'ambition populaire des œuvres : l'imitation des modèles et la reprise de clichés entraîne-t-elle la définition d'un espace de communication qu'on pourrait appeler kitsch ?

Romain Benini est maître de conférences à l'université Paris 4-Sorbonne. Il a soutenu en 2014 une thèse de stylistique et de métrique sur les "Chansons dites populaires" imprimées à Paris entre 1848 et 1851.

Vivien BESSIÈRES : Tarte et kitsch — fiches-recettes
À travers ce titre en forme de jeu de mots on ne peut plus tarte ou kitsch, je propose de faire deux choses : élaborer une carte d'identité du style kitsch en comparaison et opposition avec ce que serait un style tarte et poser la question des recettes stylistiques en art, dans la perspective du kitsch. Le premier axe de réflexion tournerait autour de la définition par F. Jameson du style postmoderne comme pastiche, "parodie blanche", de styles dépassés (dead styles). Le kitsch serait ainsi constitutif d'un tel style, et aurait toujours à voir avec le passé, contrairement au style tarte, uniquement ancré dans le présent. Le second axe de réflexion consisterait à se demander si le kitsch est toujours l'application d'une recette stylistique. Il s'agirait alors de chercher à mieux comprendre, à travers le fait du kitsch, le rapport entre l'idée de recette en art et l'idée de valeur. La valeur esthétique est-elle inversement proportionnelle à l'application d'une recette ? Le kitsch est-il ce style qui garde une valeur tout en appliquant une recette ?

Maître de conférences en langue française à l'université de Limoges, agrégé de lettres classiques, Vivien Bessières a soutenu en 2011 à Toulouse une thèse sous la direction de Jacques Dürrenmatt : "Antiquité et postmodernité — Les intertextes gréco-latins dans les arts à récit depuis les années soixante (fiction, théâtre, cinéma, série télévisée, bande dessinée)", dont une version remaniée vient de paraître (voir ci-dessous). Ses thèmes de recherche actuels sont : stylistique participative appliquée au récit — ou comprendre une œuvre narrative sans l'interpréter : niveau affectif (stylistique cognitive), niveau corporel (soma-esthétique), niveau pratique de l'imitation et de la création (ateliers et manuels d'écriture).
Publications
Le Péplum et après ? L'Antiquité gréco-romaine dans le récits contemporains, Classiques Garnier, 2016.
"Stylistique et fiction populaire", Le Pardaillan, Revue de Littératures populaires et cultures médiatiques, n°1 : "Fictions populaires", septembre 2016, p. 49-64.

Michaël BOURGATTE : Du kitsch à prendre avec des gants ? Les films amateurs suédés
Le suédage est une pratique cinématographique imaginée par le réalisateur Michel Gondry dans Be Kind Rewind (2008). Ce film raconte les aventures de deux gérants de vidéoclub qui mettent à la location des remakes de films célèbres qu'ils réalisent eux-mêmes avec une caméra amateur, quelques objets et l'aide de leurs amis. Suite à un concours de films suédés lancé après la sortie de Be Kind Rewind, la pratique de suédage a connu une carrière importante sur Internet au sein des cercles de cinéastes amateurs. Le principe reste le même : une bande d'amis, avec quelques objets de récupération, re-tournent un film le plus généralement issu de la culture commune. Ils mettent ensuite leur création en ligne afin de la faire circuler le plus largement possible. Généralement, le rendu est un film court, de quelques minutes tout au plus, dont la cohérence narrative dépend d'une connaissance préalable du film qui a été suédé. Le film est doté d'une (in)esthétique propre et affirme pleinement ses malfaçons, ce qui conduit à l'amusement et au rire. À bien des égards, la pratique de suédage entretient donc une relation avec le kitsch. Elle est d'abord un principe de reprise avec variation. C'est ensuite une réalisation qui doit à la fois rendre compte de sa médiocrité pour paraître authentiquement suédé/kitsch et, dans le même temps, montrer sa capacité à dire quelque chose d'un objet premier auquel elle se réfère. Enfin, pratique de suédage et production d'objets kitsch renvoient toutes deux à la société industrielle puisqu'elles sont à la fois création (principe d'unicité) et imitation (principe de reproductibilité).

Michaël Bourgatte est maître de Conférences à l'Institut Catholique de Paris, EA 7403. Ses travaux portent sur la circulation de la valeur dans le champs de l'audiovisuel : films de cinéma, vidéos en ligne et pratiques éducatives. Il a publié plusieurs articles et chapitres dont trois sur Michel Gondry et la pratique de suédage.
Direction d'ouvrages
Quelles Humanités numériques pour l'éducation ? (2016).
Le cinéma à l'heure du numérique. Pratiques et publics (2012).
Numéro 46 de la revue Éduquer/Former ("Innovations pédagogiques et usages de la vidéo", 2014).

Violeta CRUZ : Le goût : réflexe esthétique involontaire
À travers mon travail, sous forme de musique de concert ou d'installation sonore, je propose au spectateur une expérience où, dans un esprit qu'on pourrait qualifier de kitsch, le banal approche le sublime. Certains objets, matières et sons provoquent naturellement chez l'auditeur une jouissance presque infantile, un plaisir qui n'a pas à se justifier. Ces objets, matières et sons ont la vertu de rendre familier l'univers très abstrait et parfois mystérieux de la musique contemporaine instrumentale, musique qui se veut loin des canons habituels de la beauté, où la notion du goût semble déplacée.

Compositrice colombienne née en 1986, Violeta Cruz fait ses études à l'université Javeriana, à Bogota, et au Conservatoire de Paris. Son travail inclut pièces instrumentales, électroacoustiques et "sculptures sonores" (des machines mécaniques dont le comportement sonore est prolongé par un dispositif électronique). Une des préoccupations communes à ces trois types de pièces est le rapport entre son et matière.

François-Xavier FÉRON : Citations et allusions dans la musique de John Zorn : manifestation du kitsch ou relation à l'héritage ?
Né en 1953, le compositeur et musicien new-yorkais John Zorn s'est inspiré d'une myriade de genres musicaux — relevant aussi bien des musiques populaires que traditionnelles ou savantes — pour construire une œuvre profondément originale au regard de sa nature protéiforme et hétéroclite. Comme l'explique sans détour le compositeur : "This is something I really react strongly against, the idea of high art and low art. I mean, that distinction's a bunch of fucking bullshit. […] There's good music and great music and phoney music in every genre and all the genres are the fucking same !". Zorn ne se restreint aucunement à un genre spécifique, préférant depuis toujours s'aventurer dans différentes sphères musicales (classique, jazz, klezmer, rock, hardcore, world music…) pour mieux en abolir les frontières. Ses œuvres regorgent ainsi de citations et allusions qui se réfèrent explicitement à ces différentes esthétiques et pratiques musicales. Ce mélange des genres et cette culture de l'emprunt relèvent-ils d'une esthétique kitsch ou témoignent-ils d'une volonté de rendre hommage à son héritage culturel ? Pour tenter de répondre à cette question, nous analyserons le travail de réappropriation que Zorn opère dans sa musique, en recourant notamment à certains modèles et clichés puisés dans différents répertoires. À travers cette réflexion, qui sera étayée de nombreux extraits sonores, notre objectif est de révéler l'incroyable richesse et variété de son œuvre musicale.

Titulaire d'un master en acoustique musicale (Paris VI) et d'un doctorat en musicologie (Paris IV), François-Xavier Féron a été chercheur postdoctoral, en 2008-2009, au sein du Centre for Interdisciplinary Research in Music Media and Technology (CIRMMT, Université McGill, Montréal) puis, entre 2009 et 2013, au sein de l'Institut de Recherche et Coordination Acoustique/Musique (IRCAM, Paris). En 2013, il intègre le CNRS en tant que chargé de recherche le Laboratoire Bordelais de Recherche en Informatique (LaBRI-SCRIME, UMR 5800, Université de Bordeaux). En 2015, au sein du CIRMMT, il continue d'étudier, avec le professeur Guastavino, la manière dont les auditeurs perçoivent des trajectoires sonores dans l'espace. Ses autres recherches, le plus souvent ancrées autour de la dialectique Acoustique-Musique, se concentrent sur les pratiques musicales contemporaines (du processus de création au travail d'interprétation en passant par l'analyse des œuvres), l'histoire et l'esthétique des musiques des XXe et XXIe siècles.

Christophe GENIN : Le devenir kitsch : un modèle global pour nos sociétés ?
Le kitsch semble insaisissable. Goût, style, manière, mode d'existence, genre artistique, classes d'objets : il semble être un prédicat protéiforme applicable à tout en toutes circonstances au gré de chacun. Les caractères naguère identifiés par Greenberg ou Moles semblent laisser la place aujourd'hui à des modulations floues. Permettant naguère d'identifier le goût d'une classe bourgeoise et un type d'objets afférents, ce vocable acquiert aujourd'hui un usage universel exprimant bien souvent la réaction d'un choc culturel, péjorative ou laudative. On peut interpréter cela comme une extension de sens qui perd en acuité. Il nous semble que ces conversions, inversions et interversions des valeurs et des signes relèvent en fait d'un processus de kitschification d'objets socialement marqués. Cette kitschification s'inscrit dans une mondialisation libérale qui brasse les cultures selon les règles marchandes des industries culturelles. En cela le kitsch paraît être la pente de toute production qui verse tôt ou tard dans sa caricature. Il s'agira de voir pour nous dans le concept de kitsch une sorte d'opérateur qui permet d'en étendre le champ sémantique et le champ d'application. Par là même, il ne s'inscrit plus dans une dichotomie entre le vrai et le faux, entre l'original et le pastiche, entre le chic le toc, mais dans un monde d'économie compassionnelle qui semble ruiner les notions d'authenticité et de vérité, et même toute ontologie.

Christophe Genin, né en 1958, est agrégé de philosophie et docteur d'État ès Lettres et Sciences humaines. Professeur en philosophie de l'art et de la culture à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, il est membre de l'UMR 8218, ACTE, et dirige la ligne Études de la Culture. Il dirige le master d'études culturelles et l'École doctorale 279 Arts Plastiques, Esthétique et Sciences de l'art. Ses recherches portent sur les identités réfractaires, qu'elles s'expriment dans la culture populaire (kitsch, street art) ou dans les processus réflexifs des pratiques artistiques. Il s'interroge également sur les conditions d'interprétation des œuvres d'art et des pratiques culturelles traditionnelles ou émergentes.
Travaux sur le kitsch
2016, Co-organisateur du colloque "Kitsch et idéologies", Brest, UBO.
2015, Journée d'études "Kitsch et art contemporain ? Emmanuel Mahé", Paris, ENSAD, Communication : "La kitschification du street art".
2014, Co-organisateur de la Journée d'Études "Kitsch et Antiquité", UB0/UP1.
2014, Conférence sur "Kitsch et Baroque", Journées d'Études sur le kitsch, Brest, UBO.
2013, DAFOR de Paris, en Sorbonne, Communication : "Kitsch et imitation".
2013, Brest, UBO, Faculté Victor Segalen, Laboratoire HCTI, Journée d'Étude "Le kitsch, une affaire de goût ?", Communication : "Modélisme et kitschisation".
2010, Ouvrage personnel Kitsch dans l'âme, Paris, Vrin ; rééd. 2016.
2009, CAPC de Bordeaux / Université de Bordeaux, Communication : "Kitsch et art modeste".
2007, "Le kitsch, une histoire de parvenus" référencé dans Wikipédia et "Le guichet du savoir", site en ligne de la Bibliothèque municipale de Lyon.
2006, Colloque "Kitsch et avant-garde", Université de Limoges.

Franz JOHANSSON : Ekphraseis kitsch
L'ekphrasis implique la superposition de deux écritures : ce qui est représenté par le texte est, à son tour, une représentation possédant, en tant que telle, des codes esthétiques qui lui sont propres. Quelles formes revêt cette interférence lorsque l'œuvre décrite relève d'une esthétique kitsch — soit d'un art ayant trait, d'une manière ou d'une autre, et aussi complexe et ambivalent que soit ce rapport, au déchet, à la pacotille, au mensonge, à l'échec ? Si l'ekphrasis suppose toujours une "indexation de la valeur de culture" (G. Molinié), qu'arrive-t-il lorsque l'objet dont s'empare la figure appartient à une forme de sous-culture, fondée sur des valeurs artificielles ou truquées, sur des fausses valeurs ou des contre-valeurs ? Cette communication se propose de suivre la manière dont, de Flaubert à Éco, de D'Annunzio à Robbe-Grillet, les textes se logent dans la tension entre deux pôles : à l'un des extrêmes, la célébration ou la consécration d'une esthétique à travers une écriture qui tend à faire corps avec l'œuvre décrite ; à l'autre, le détachement et le désaveu sous diverses formes.

Franz Johansson a consacré sa thèse de doctorat au théâtre de Paul Valéry. Il enseigne à l'université Paris-Sorbonne depuis 2007 et co-dirige depuis 2014 l'équipe Valéry de l'ITEM (ENS/CNRS). Il participe à l'édition numérique de l'intégralité des Cahiers de Paul Valéry, comme il a participé à l'édition partielle, en treize volumes, des Cahiers 1894-1914 (Gallimard).
Publications de collectifs
"Du divin et des dieux". Recherches sur le Peri tôn tou theou de Paul Valéry, avec Fabienne Mérel et Benedetta Zaccarello, Peter Lang.
Puissances et possibilités d'une île : études sur L'Isle sans nom, un projet inédit de Paul Valéry, Classiques Garnier, 2017.

Vincent OLINET : Le merveilleux (dé)fait main
Mon travail s'apparente à un incessant voyage entre un imaginaire débridé et une réalité qui faillit. Fait d'espoirs et de désillusions, l'univers artistique bâti emprunte à l'image populaire et au divertissement leur puissance universelle et leur fort pouvoir métaphorique. Ainsi, les œuvres s'appréhendent dans une lecture double qui, de l'apparence au détail, fait passer le spectateur de l'admiration à un malaise léger, que viennent questionner des œuvres dont le parfait attendu est manifestement tombé dans l'approximation d'un fait-main douteux. Mélange de brutalité et de finesse, de dégoût et de plaisir, de formes connues ou réinventées, les œuvres surprennent et interpellent. L'artiste joue ainsi sur la perception, la mémoire et les souvenirs. Si le registre d'images et de formes utilisées, et leur ancrage dans l'inconscient collectif attire, c'est pour mieux souligner les mirages de la séduction des images et le déséquilibre subtil que notre société entretient avec elles.

Né en 1981, Vincent Olinet vit et travaille à Paris. Il est diplômé de l'École Nationale des Beaux Arts de Lyon en 2005. En 2006, il a été en résidence à la Rijksakademie, Amsterdam. Il est représenté par la galerie Laurent Godin. Son travail est exposé en Europe et dans le monde : à la Cité de la Céramiques de Sèvres ; au Lentos Kunstmuseum de Linz, Autriche ; au Kunstmuseum Wolfsburg, Allemagne ; à la Biennale de Shanghaï… Il a remporté plusieurs prix, récemment le prix d'Ube pendant sa participation à la Ube Biennale, Japon. Son travail est suivi par de nombreuses collections privées et publiques, parmi lesquelles le Fonds National d'Art Contemporain, le Musée d'Art Contemporain du Val de Marne Mac-Val, Diane von Fürstemberg et L'Oréal.

Daniel PATERSON : "Les mots dans le vent", emplois du mot "kitsch" dans Le Monde (1944-2016)
La presse généraliste est une fenêtre privilégiée sur l'esprit d'une société, à la fois un reflet et un moteur de son époque. Son étude, pour qui est à la recherche d'un cadre sémantique pour le terme "kitsch", peut apporter une lumière intéressante sur cet apport récent et protéiforme à la langue française. Les archives du quotidien Le Monde couvrent, sur soixante-dix ans, un large éventail de domaines, du plus populaire au plus pointu. Entre théories issues du monde germanophone et usages courants, qu'est-ce qui, au sens populaire, peut-être attesté "kitsch" ? Quelles clarifications l'inspection de la presse quotidienne peut-elle apporter à l'étude d'un terme qui se dérobe aux cadres de la définition et du classement ? Nous chercherons des éléments de réponse en confrontant la polyphonie de ses usages dans les articles du Monde à des approches lexicométriques, axiologiques et à une mise en relation de cas pratiques avec les idées développées par quelques théoriciens du kitsch.

Danielle PERROT-CORPET : Elfriede Jelinek : le kitsch ou le "virus du crime"
"L’identité de l'Autriche a été fondée sur un mensonge historique : sur l'innocence... Cela a fait de moi une sorte d'ange exterminateur", explique Elfriede Jelinek dans une interview de 2007. Représentante exemplaire de toute une lignée d'artistes autrichiens qui se vouent à dénoncer les "trous de mémoire" d'une Autriche officiellement mise au nombre des victimes du nazisme par la Conférence de Moscou en 1943, Jelinek décrit volontiers sa patrie comme un "bonbon au poivre" : la surface lisse et rose sert à masquer un cœur noir et âcre — comme le kitsch intrinsèque des mythes identitaires nationaux recouvre et protège depuis 1945 un fascisme persistant, "ce virus du crime autrichien" (selon l'expression d'Ingeborg Bachmann) toujours vivace dans les structures d'une société où prospèrent — à l'ombre des valses viennoises et des randonnées bucoliques — la haine de l'étranger et la loi du plus fort. Pour autant, l'Autriche n'a pas l'apanage du kitsch ainsi défini. Il s'agira de mettre en évidence les modalités de déconstruction par Jelinek, qui se réclame des Mythologies de Barthes, d'un kitsch — qu'il soit typiquement autrichien dans Les Amantes (1975) ou étendu à la médiasphère occidentale dans Bambiland (2004) —, toujours dénoncé comme arme idéologique au service d'une violence destructrice d'autant plus virulente qu'elle est collectivement déniée.

Ancienne élève de l'ENS de Fontenay-Saint-Cloud, agrégée de Lettres Modernes, Danielle Perrot-Corpet est maître de conférences en littérature comparée à l'université Paris-Sorbonne.
Publications
(dir.) "Fiction littéraire contre storytelling ? Formes, valeurs, pouvoirs du récit aujourd’hui", Comparatismes en Sorbonne, n°7, 2016.
(dir. en collaboration avec Lise Gauvin), La Nation nommée Roman face aux histoires nationales, Paris, Classiques Garnier, 2011.
"Deux mythologues v(i)oleurs de mots : le sexe ou/contre la Norme dans Juan sin tierra (1975) de Juan Goytisolo et Lust (1989) d'Elfriede Jelinek", Revue d'Études culturelles (Dijon), n°1 : "Érotisme et ordre moral", Printemps 2005, p. 157-166.

Dominique PETY : Le kitsch et la pratique de la collection au XIXe siècle
On cherchera à comprendre, d'une part la notion de "kitsch onirique" que Walter Benjamin propose à la fin des années 1920, d'autre part le jugement qu'il porte rétrospectivement sur la surcharge ornementale des objets et des intérieurs à la fin du XIXe siècle. Le collectionneur semble être le parangon de cette esthétique fin de siècle du kitsch. Mais Walter Benjamin propose aussi une lecture politique de ce type de rapport aux objets et préfigure les analyses d'un Jacques Rancière ou les positionnements d'artistes contemporains à l'égard des collections d'objets.

Christian PRIGENT : Kitsch, avant-garde, carnaval, etc. (entretien et lecture)
Lectures par Christian Prigent de quelques textes extraits de ses livres de poésie et de fiction, suivies d'un entretien (sur le kitsch, l'avant-gardisme, le carnavalesque…) avec les directeurs du colloque.

Christian Prigent a dirigé de 1969 à 1993 la revue d'avant-garde "carnavalesque" TXT et la collection du même nom. Il a publié, essentiellement chez P.O.L., à Paris, mais aussi chez Christian Bourgois, Al dante, Cadex, Zulma, Argol, une cinquantaine d'ouvrages (poésie, fiction, chroniques, essais sur la littérature et la peinture). Le CCIC lui a consacré un colloque en 2014, publié sous le titre Christian Prigent : trou(v)er sa langue.

François PROVENZANO : Pensées kitsch : rhétorique et politique d'un discours théorique
À partir d'un ancrage méthodologique en rhétorique et en sémiotique discursive, cette contribution interrogera la portée du kitsch comme catégorie d'analyse de pratiques discursives du savoir et, plus particulièrement, de styles théoriques. L'hypothèse de travail consistera, notamment, à envisager la manière dont les écarts épistémologiques, les incongruités conceptuelles, les flottements terminologiques participent de la figuralité du discours théorique, autant que de son impertinence culturelle et politique. Cette hypothèse sera mise à l'épreuve d'un corpus puisé aux théoriciens du kitsch eux-mêmes, Benjamin en premier lieu, dont on cherchera ainsi à éclairer l'historicité de leurs théories.

François Provenzano est enseignant-chercheur au Centre de Sémiotique & Rhétorique de l'université de Liège. Ses recherches actuelles portent sur la rhétorique du discours social, la circulation sociale du discours théorique et l'histoire des idées linguistiques. Avec d'autres collègues de l'ULg, il conduit un projet de recherche collective intitulé "Genèse et actualité des Humanités critiques. France-Allemagne (1945-1980)". Il est secrétaire de la revue Signata – Annales des sémiotiques et membre du groupe de travail "Presse magazine : source et objet d'histoire" (LCP-CNRS).
Publication
Vies et mort de la francophonie, une politique française de la langue et de la littérature, Les Impressions nouvelles, 2011.

Marie SCHIELE : Le couturier-chiffonnier: quand la parure se fait parodie
Le kitsch est intrinsèquement lié au vêtement, ou plutôt à l'apparence, à son ornementation, puisqu'il désigne couramment une collection hétéroclite d'accessoires, de couleurs, de matières saturant le regard par la combinaison dissonante, aléatoire, peut-être excentrique de l'ensemble, heurtant le bon goût, aux antipodes d'une silhouette harmonieuse. Pourtant, s'il se comprend comme un jugement, une appréciation relative sanctionnant l'adéquation ou non de la parure à une norme esthétique en vigueur, il peut également se définir comme un geste revendiqué, de l'ordre d'un assemblage improbable, qui fait appel moins à un savoir-faire issu de la couture qu'à un goût du recyclage, du ramassage, de la rencontre inattendue entre motifs, matières, formes, dans le sillage de la figure du chiffonnier chère à Walter Benjamin, qui glane les restes, les guenilles de l'histoire. Cette communication étudiera le kitsch comme un versant de l'art de la parure, son versant parodique, teinté d'ironie sourde envers un modèle classique qu'il détourne et réinvente. À partir de textes d'Adolf Loos sur l'ornement et le vêtement, de Simmel sur la coquetterie, on interrogera cette production vestimentaire, moins élaboration de formes qu'art de la composition. On s'appuiera en particulier sur les propositions de Miuccia Prada, qui fait du kitsch un creuset d'inspirations, de la logique du recyclage un remède contre l'oubli, et invite à considérer le vêtement avec une distance critique, affirmant par là-même sa nature moins d'ornement que de curiosité.

Marie Schiele est doctorante contractuelle à l'université Paris-Sorbonne, membre du centre Victor Basch (Philosophie de l'Art et Esthétique). Son sujet de thèse porte sur le drapé, du savoir-faire textile au motif artistique et à l'imaginaire qu'il véhicule, en particulier dans la modernité.

Anne-Gaëlle TOUTAIN : Kitsch et théories linguistiques : le sujet entre langue et idiome
Le discours théorique linguistique est à bon droit qualifié d'"objet paradoxal du kitsch" dans l'argumentaire du colloque. Le discours théorique, en général, exclut en effet a priori le kitsch du fait de son objet et de sa nature : si "la notion de kitsch est indissociable d'un questionnement sur la valeur esthétique", on peut se demander si ce type de jugement peut avoir quelque pertinence lorsqu'il s'agit de théorisation. La seule valeur n'est-elle pas alors la vérité, l'adéquation à la réalité ? Il importe, à cet égard, d'analyser les conditions qui rendent possible une interrogation sur le caractère kitsch d'une théorie linguistique. Le paradoxe, dans cette perspective, viendrait moins de l'objet (le discours théorique) que de la réception de ce dernier. Ce sont donc ces conditions que cette communication s'efforcera de mettre en lumière, conditions qui paraissent tenir à l'adoption d'une problématique empirique déterminant tout à la fois, du côté du récepteur, la possibilité d'un questionnement sur le kitsch, et, du côté du théoricien, celle d'une position subjective permettant le déploiement de ce dernier. Se posera ainsi, en dernière analyse, la question du rapport entre langage et pensée, d'autant plus aiguë quand il s'agit du langage que celui-ci, comme l'a montré Saussure, est double : tout à la fois langue et idiome, et, en tant que tel, et à ce double égard, tout à la fois proche et lointain.

Anne-Gaëlle Toutain est maître d'enseignement et de recherche à l'Institut de langue et de littérature françaises de l'université de Berne (Suisse). Ses recherches portent sur l'histoire et l'épistémologie de la linguistique, en particulier sur Saussure et le structuralisme ainsi que sur l'articulation entre linguistique et psychanalyse.
Publications
La rupture saussurienne. L'espace du langage, Academia, 2014.
La problématique phonologique. Du structuralisme linguistique comme idéologie scientifique, Classiques Garnier, 2015.
Entre langues et logos. Une analyse épistémologique de la linguistique benvenistienne, De Gruyter, 2016.

Mathilde VALLESPIR : Faire kitsch, défaire l'œuvre : l'effet esthétique du kitsch
Cette communication, à visée théorique et prospective, a pour fin d'aborder la question du kitsch dans la perspective de la réception de l'œuvre. Loin de souscrire au point de vue selon lequel le kitsch détermine une production artistique de second rang, elle s'intéressera précisément à la présence du kitsch dans des œuvres esthétiquement valorisées. Enfin, on envisagera le kitsch dans sa plus grande plasticité sémiotique, à travers ses formes verbale, musicale et cinématographique notamment. En nous inscrivant dans la lignée de l'esthétique de la réception (Iser), nous tenterons de saisir ce que le kitsch fait à l'œuvre d'art et à son récepteur/spectateur, i.e. en quoi il modifie la réception de cette œuvre. On montrera ainsi, en s'appuyant sur la pensée de Daniel Arasse, qu'il produit un "effet de détail" propre à modifier la réception de l'œuvre d'art et à défaire son organisation interne pour faire apparaître sa dimension sérielle et affleurer l'historicité de son matériau.

Mathilde Vallespir est maître de conférences en sémiotique littéraire comparée à l'université Paris-Sorbonne.
Publications
Lire, écouter, exorciser la guerre. Essai de sémiotique comparée (poésie-musique), Paris, Champion, 2012.
Éthique et significations, en collaboration avec L. Kurts-Woeste et M.-A. Rioux-Watine, Louvain-La-Neuve, Academia Bruylant, 2007.
La Violence du logos : entre sciences du texte, philosophie et littérature, en collaboration avec L. Kurts-Woeste, M.-A. Watine, Paris, Garnier, 2012.

Luc VIGIER : Des effets du kitsch sur le sublime chez Philippe Le Guillou
Il s'agirait d'explorer chez ce romancier et essayiste singulier (Prix Méditerranée, Prix Médicis), bien connu des lecteurs bretons et tout doucement d'un public plus large (il a publié 19 romans chez Gallimard ainsi que des dizaines d'essais chez Gallimard et au Mercure de France), l'assomption étonnante du pastiche, de la surécriture lyrique et initiatique souvent au détriment de la fluidité narrative et plutôt au profit d'insularités poétiques d'une grande intensité verbale qui oscillent entre la musicalité la plus fine et la densité kitsch du morceau de bravoure, notamment dans le domaine religieux et rituel. On étudiera en particulier les formes lyriques, le principe de la répétition, de la reprise stylistique et des emprunts allusifs, de la surcharge et de l'échappée soudaine vers la légèreté, qui feraient chez lui du kitsch la marche première et matérielle d'une spiritualité d'arrachement.

Luc Vigier est maître de conférences à l'université de Poitiers et dirige l'Équipe Aragon de l'ITEM. Il a publié récemment Aragon et le cinéma aux nouvelles Éditions Jean-Michel Place, Les Cahiers Aragon aux Éditions les Cahiers et dirigé un numéro de la revue Genesis consacré à la génétique de la bande dessinée. Il est par ailleurs responsable de la numérisation des manuscrits et carnets de Philippe Le Guillou sur la plateforme Eman.

Marie-Albane WATINE : Style kitsch et énonciation sérieuse : le cas du roman rose
Le roman rose représente à l'évidence un corpus typique du kitsch, notamment par sa thématique sentimentale, la reproductibilité de ses structures narratives, la faible variabilité de ses principales déterminations stylistiques, ainsi que les caractéristiques spécifiques de sa production et de sa diffusion commerciale. Toutefois, il reste exclu de la revalorisation esthétisante du kitsch qui apparaît dans l'ère postmoderne. C'est entre autres parce que, contrairement au kitsch contemporain de l'art plastique ou architectural, il est peu susceptible d'une lecture distanciée et ironisante : alors que les caractéristiques énonciatives des textes révèlent un usage constant de la polyphonie, notamment dans l'expression du point de vue de la troisième personne, ils excluent presque constamment la posture ironique, ce qui limite la lecture du roman rose comme un kitsch au second degré et invite à une suspension au moins temporaire de la réception critique.

Marie-Albane Watine est maître de conférence à l'université Nice Sophia Antipolis. Elle travaille sur les déterminations stylistiques de plusieurs auteurs des XXe et XXIe siècle, notamment au regard de la polyphonie énonciative, des figures de construction, et d'une approche cognitive de la phrase littéraire.
Bibliographie
Arrault Valérie, 2010, L'Empire du kitsch, Paris, Klincksieck.
Bonhomme Marc, 2005, Pragmatique des figures du discours, Paris, Champion.
Constans Ellen, 1999, Parlez-moi d'amour. Le roman sentimental : des romans grecs aux collections de l'an 2000, PULIM.
Helgorsky Françoise, 1987, "Le roman Harlequin : l'unité dans la diversité et vice-versa", Pratiques, n°54, juin, p. 5-19.
Jaubert Anna, 2013, "La figure et le dess(e)in. Les conditions de l'acte ironique", Les figures de style vues par la linguistique contemporaine (dir. M. Bonhomme), L'Information grammaticale, 137, p. 29-35.
Rabatel Alain, 2013, "Humour et sous-énonciation (vs ironie et sur-énonciation)", Les figures de style vues par la linguistique contemporaine (dir. M. Bonhomme), L'Information grammaticale, 137, p. 36-42.
Richaudeau François, 1986, "La galaxie Harlequin, des auteurs et des genres", Communication et langages, 67/1, p. 9-24.


BIBLIOGRAPHIE :

• ADORNO, Theodor Wiesengrund, Théorie Esthétique, Paris, Klincksieck, 2011.
• BENJAMIN, Walter, Œuvres, Traduit de l'allemand par Maurice de Gandillac, Rainer Rochlitz et Pierre Rusch, Présentation par Rainer Rochlitz, Paris, Gallimard, 2000.
• ARRAULT, Valérie, L'Empire du kitsch, Paris, Klincksieck, 2010.
• BELLON, Guillaume, BARBERIS, Isabelle, LUSSAC, Olivier & FIX, Florence (dir.), "Kitsch et néo-baroque sur les scènes contemporaines", Théâtre/public, n°202, oct.-déc. 2011.
• BROCH, Hermann, Quelques remarques à propos du kitsch, Traduction de l'allemand par Albert Kohn, Paris, Éd. Allia, 2001.
• GENIN, Christophe, Kitsch dans l'âme, Paris, Vrin, 2010.
• KUNDERA, Milan, L'Insoutenable légèreté de l'être, Paris, Gallimard, 1984.
• MOLES, Abraham, Le Kitsch : l'art du bonheur, Tours, Mame, 1971.
• SOUQUET, Lionel, "Kitsch, baroque, néobaroque et postmodernité : Duvignaud, d'Ors et Sarduy", Les époques du kitsch : du baroque à la postmodernité, Juin 2014, Brest, France.
• SONTAG, Susan, "Le style camp", in L'Œuvre parle, traduit par Guy Durand, Paris, Chritian Bourgois, 2010 ("Notes on Camp" [1964] in Against Interpretation and Other Essays, New York, Farrar, Straus and Giroux, 1961).


SOUTIENS :

• Université Paris Sorbonne
• Fonds d'intervention pour la recherche | École Doctorale V "Concepts et langages", EA CELLF/UMR 8599 CNRS, Labex OBVIL, EA 4509 - STIH

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


PETER HANDKE : ANALYSE DU TEMPS


DU LUNDI 21 AOÛT (19 H) AU LUNDI 28 AOÛT (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Mireille CALLE-GRUBER, Ingrid HOLTEY, Patricia OSTER-STIERLE

Avec la participation de Peter HANDKE


ARGUMENT :

Les analyses du temps, de l'ouvert du temps, éternel et quotidien, indéterminé, tout en porosité et passerelles des entre-deux, mettront en lumière la diversité de l'œuvre de Peter Handke, écrivain mais aussi poète, auteur dramatique, traducteur, scénariste et réalisateur.

Afin de rendre compte de l'ampleur d'une œuvre polymorphe, le colloque s'attachera à suivre son parcours dans le champ littéraire germanophone ainsi qu'au regard de sa réception en France depuis les années soixante. On identifiera et mettra en perspective les étapes de ce parcours, à partir des groupes d'avant-garde littéraire d'Autriche et de France qui l'attirent, mais dont, en même temps, il se distingue. On visera à restituer, dans une perspective relationnelle, la position de l'auteur dans ce champ littéraire en retraçant et en évaluant ses prises de position vis-à-vis des écrivains contemporains (Bachmann, Bernhard, Jelinek, Enzensberger, Schneider) et des précurseurs classiques (Wittgenstein, Kraus, Benjamin), ainsi que les relations entre l'auteur et son éditeur Siegfried Unseld (Suhrkamp) et les interactions que l'on peut suivre au cours des années entre l'écrivain et ses critiques littéraires.

Peter Handke s'efforce d'"intervenir dans son temps" : "eingreifen in meine Zeit" par la littérature. Que la littérature soit pour lui le lieu d'invention des formes du monde conduit à considérer à nouveau la question : Que peut la littérature ? Et plus radicalement : Comment se peut-elle ? Le colloque mettra l'accent sur les stratégies visant à renouveler l'esthétique, la poétique et la narration épique, qu'invente Handke pour transformer les schèmes de vision et de perception du monde. Par la réflexion de l'analyse du temps que développe Handke dans son œuvre, on tentera de mettre en lumière sa critique de la modernité, du capitalisme tardif, du style de vie quotidien et de la littérature contemporaine.

En cette année de ses 75 ans, Peter Handke à Cerisy sera entouré de ses amis et compagnons de route, ainsi que de chercheurs internationaux : tous venus saluer un écrivain et sa foi en l'écriture.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 21 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 22 août
L'ESPACE DES POSSIBLES. AVANT-GARDES ET EXPÉRIENCE DE LA "MÉTAMORPHOSE DANS LES ANNÉES 1960 ET 1970 (MON ANNÉE DANS LA BAIE DE PERSONNE)
Responsables : Ingrid HOLTEY, Patricia OSTER-STIERLE

Matin
Heribert TOMMEK : Temporalités. Peter Handke et le champ littéraire germanophone des années 1960
Wolfgang ASHOLT : Peter Handke, un auteur avant-gardiste ?

Après-midi
Chloé CHAUDET : Repenser l'engagement : la "nouvelle subjectivité"
Norbert Christian WOLF : Le pop, l'esthétique, et la politique : Handke 1969
Judith SARFATI-LANTER : La perception dans l'œuvre de Peter Handke

Soirée
Projection du film L'Absence de Peter Handke


Mercredi 23 août
LES CHAMPS DE LA LITTÉRATURE OU "L'ŒIL DU DÉCOUVREUR" (ESSAI SUR LE LIEU TRANQUILLE)
Responsable : Wolfgang ASHOLT

Matin
Henning MARMULLA : Qu'est-ce que la littérature et à quoi sert-elle ? Peter Handke, Hans Magnus Enzensberger, Peter Schneider et Co
Patricia OSTER-STIERLE : Penche-toi sur les choses accessoires ("Bück Dich nach Nebensachen") : Montale, Yves Bonnefoy et Peter Handke
Ralf ZSCHACHLITZ : Peter Handke et Walter Benjamin : temps, durée et durabilité

Après-midi
Responsable : Clélie MILLNER
Mireille CALLE-GRUBER : La leçon de La leçon de la Sainte-Victoire
Lore KNAPP : Les métamorphoses des formes littéraires et théologiques

Soirée
Jean-Philippe TOUSSAINT : Handke et le football. Débat autour du texte de Peter Handke : La peur du gardien de but au moment du penalty


Jeudi 24 août
THÉÂTRE, CINÉMA, CARNETS ET LETTRES : LE "REGARD-PAR-DESSUS-L'ÉPAULE" (MON ANNÉE…)
Responsable : Bernhard FETZ

Matin
Karlheinz STIERLE : Looking at the overlooked (Norman Bryson). Les lieux de Peter Handke
Nicole COLIN : "L’Anti-Brecht" : Comment Peter Handke a pu trouver sa place dans le champ théâtral français des années 1970
Ulrich VON BÜLOW : Les carnets de Peter Handke aux Archives de Marbach

Après-midi
Raimund FELLINGER : L'auteur de lettres Peter Handke

"HORS LES MURS" — À COUTANCES
Projection au cinéma Le Long-Court du film La femme gauchère de Peter Handke

Soirée
Projection du film Bin im Wald. Kann sein, dass ich mich verspäte de Corinna BELZ


Vendredi 25 août
Matin
"S'ÉTONNER, VOILÀ TOUT" (ESSAI SUR LE LIEU TRANQUILLE)
Responsable : Joachim UMLAUF

Ingrid HOLTEY : "J'écris pour ouvrir le regard" : Peter Handke, "écrivain intervenant" (1996/1999)
Christian LUCKSCHEITER : La temporalité du détail apaisant [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Pascale CASSAGNAU : Peter Handke/Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, épiphanies

Après-midi
"UNE LUMIÈRE ISSUE DE L'INTÉRIEUR DES CHOSES" (LA COURTE LETTRE POUR UN LONG ADIEU)
Responsable : Mireille CALLE-GRUBER

Lectures de textes en prose, en allemand et en français, en présence de Peter HANDKE, par Bruno GANZ, André MARCON et Sophie SEMIN [enregistrement audio en ligne sur le site de l'Association ARCS]


Samedi 26 août
AVEC PETER HANDKE "ENSEIGNER LE DEUXIÈME REGARD" (LA GRANDE CHUTE)
Responsable : Mireille CALLE-GRUBER

Matin
Entretien avec Peter HANDKE, par Pierre DESHUSSES et Mireille CALLE-GRUBER

Après-midi
"Les chemins du livre ou comment donner à lire", table ronde animée par Mireille CALLE-GRUBER, avec Antoine JACCOTTET (Le bruit du temps), Jonathan LANDGREBE (Suhrkamp Verlag) et Katharina LOIX (Gallimard), avec l'intervention de Peter HANDKE


Dimanche 27 août
"LE TEMPS NON-AIMÉ SE TRANSFORME EN ESPACE AIMÉ" (LES BEAUX JOURS D'ARANJUEZ)
Matin
Lectures de textes en prose et de théâtre, en allemand et en français, par Bruno GANZ, André MARCON et Sophie SEMIN [enregistrement audio en ligne sur le site de l'Association ARCS]

Conversation entre le metteur en scène Alain FRANÇON, Peter HANDKE et Mireille CALLE-GRUBER

Clôture du colloque

Après-midi
DÉTENTE


Lundi 28 août
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

Consulter la plateforme "Handke Online" qui publie :

• la bibliographie des œuvres de Peter Handke ;
• la bibliographie des ouvrages sur Peter Handke ;
• des sources et des photos de Peter Handke.


SOUTIENS :

• Hubert Burda-Stiftung
• Goethe-Institut Paris
• DAAD Paris
• Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Forum culturel autrichien

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


PSYCHANALYSE ET CINÉMA : DU VISIBLE ET DU DICIBLE


DU VENDREDI 11 AOÛT (19 H) AU VENDREDI 18 AOÛT (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Chantal CLOUARD, Myriam LEIBOVICI


ARGUMENT :

Longtemps perçu comme une aliénation en tant que redoublement du visible, le cinéma constitue, dans le contexte actuel de repérage politique et identitaire incertain, une ressource au service de l'imaginaire et de sa critique.

Ce colloque aimerait renouveler l'approche des relations entre le cinéma et la psychanalyse. Si les années 1970 ont innové en conceptualisant le langage cinématographique à partir du structuralisme en sémiologie et en psychanalyse, le dialogue s'est peu renouvelé depuis. Cependant, les théorisations psychanalytiques, cinématographiques et le statut des images ont subi d'importantes mutations.

Au-delà des analogies bien connues entre rêve, fantasme et film, au-delà de la défiance que suscitent les images, considérées parfois comme leurre spéculaire aliénant, nous suggérons qu'un certain art du cinéma, révélateur d'intériorité, réanime des traces mnésiques inconscientes, permettant une élaboration de traumatismes individuels ou collectifs.

Des formes inédites d'interpellation et de rencontre entre la psychanalyse et le cinéma ont récemment surgi dans la cité. Par la diversité des intervenants sollicités (cinéastes, critiques, philosophes, psychanalystes, théoriciens de l'image, universitaires) et des auditeurs souhaités, ce colloque s'inscrit dans un mouvement d'ouverture en convoquant une parole largement plurielle.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 11 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Samedi 12 août
DEUX INVENTIONS DU XIXe SIÈCLE : LA PSYCHANALYSE ET LE CINÉMA
Matin
Chantal CLOUARD & Myriam LEIBOVICI : Ouverture. Entretien avec Raymond Bellour
Chantal CLOUARD : Captifs de l'image. Cinéma et immortalité ? À propos de L'invention de Morel de Claude-Jean Bonnardot (1967)

Après-midi
Jean-Pierre KAMIENIAK : Freud et le cinéma : une séance manquée ?
Myriam LEIBOVICI : Qu'y a-t-il derrière l'écran ?
Jean-Jacques BARREAU : Fonction et champ de l'image en psychanalyse

Soirée
Freud, Fellini (documents), Les Mystères d'une âme de Georg Wilhelm Pabst


Dimanche 13 août
THÉORIES 1
Matin
Pascal LAETHIER : Cinéma et psychanalyse : quel rapport ?
Dimitri WEYL : L'analyse filmique : une histoire de rencontre entre le regard analytique et l'art cinématographique [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
Pablo BERGAMI G. BARBOSA : Éléments pour une anthropologie psychanalytique du cinéma
Francis DROSSART : Clivages et fragmentation dans Rashomon et Mulholland Drive
Maribel PEÑALVER VICEA : Comment donner la voix aux morts du fond des images ?
Autour du film de Safaa Fathy, Nom à la mer et débat vidéo avec la cinéaste

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Jacques Prévert, détonations poétiques
Projection du film Un Oiseau rare de Richard Pottier, écrit par Prévert en 1935


Lundi 14 août
THÉORIES 2
Matin
Michèle SINAPI : Miroir, écran : les ressources de la "dogmaticité" (selon P. Legendre)
Maryan BENMANSOUR : L'image cinématographique et le vide signifiant
Présentation de l'ouvrage Daech, le cinéma et la mort de Jean-Louis Comolli

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Le bannissement de Andreï Zviaguintsev


Mardi 15 août
TRAUMATISMES
Matin
Stéphanie KATZ : Le sang des bêtes de Franju. Quand la stratégie du détour donne à voir
Jean-Jacques MOSCOVITZ : Face image de la parole et invisible à dire [texte lu par Chantal CLOUARD]

Après-midi
Max KOHN : L'image du vampire au cinéma et la psychanalyse
Karine ROUQUET-BRUTIN : Face au trou noir de l'histoire : Le fils de Saul de László Nemes
David CHAOUAT : Les morts dans l'âme

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Jacques Prévert, détonations poétiques
"Jacques Prévert !", spectacle musical par Philippe MÜLLER & Vincent VERNILLAT [Compagnie PMVV le grain de sable], avec le concours du Centre régional des Lettres de Basse-Normandie (CRL)

Morgan de Karel Reisz


Mercredi 16 août
FOLIES
Matin
Marie-José MONDZAIN : L'expérience cinématographique de Deligny. La Caméra analytique de Gianikian et Ricci Lucchi [entretien vidéo]
Eithne O'NEILL : Morgan (1966) de Karel Reisz. Mise en scène d'une folie dérangeante

Après-midi
Être psy de Daniel Friedmann
Daniel FRIEDMANN : Filmer les psychanalystes : du visible et du dicible
Le cinéma documentaire de Jean-Louis Comolli : Naissance d'un hôpital

Soirée
Annonces de Nurith Aviv


Jeudi 17 août
REGARDS ET VOIX
Matin
Nurith AVIV : Autour du film Annonces | Discutante : Stéphanie KATZ
Poétique du cerveau de Nurith Aviv
Nurith AVIV : Poétique du cerveau | Discutante : Chantal CLOUARD

Après-midi
Reliance de Julia Kristeva
Ghyslain LÉVY : Les cantatrices de l'ultime ou l'art du mourant
Chantal CLOUARD : Visagéification et subjectivation dans Phoenix (2014) de Christian Petzold

Soirée
Kids et Trente trois tours… d'Alix de Chambure


Vendredi 18 août
MATIÈRES D'AILLEURS
Matin
Alix de CHAMBURE : "Ce n'est pas ton enfant…" : refoulement et répression du féminin dans Le bannissement d'Andreï Zviaguintsev

Conclusions et clôture

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

• ANGER, Kenneth, Hollywood Babylone, Édition Tristram, 2013.
• AUMONT, Jacques, L'image et la parole, Cinémathèque française, 1999.
• AUMONT, Jacques, BERGALA, Alain, MARIE Michel & VERNET Marc, Esthétique du film. 120 ans de théorie et de cinéma, 4ème édition revue et augmentée, Paris, Éditions Armand Colin, 2016.
• BARREAU, Jean-Jacques, Psychanalyse et Photographie, Paris, Éditions Campagne Première, 2016.
• BARTHES, Roland, La chambre claire : note sur la photographie, Cahiers de Cinéma, Gallimard, Seuil, 1980.
• BARTHES, Roland, "En sortant du cinéma", in Communications, 23, 1975, "Psychanalyse et cinéma", sous la direction de Raymond Bellour, Thierry Kuntzel et Christian Metz, p. 104-107.
• BAUDRY, Jean-Louis, L'effet cinéma (1978), Paris, Albatros, 1993.
• BELLOUR, Raymond, L'entre-images 2. Mots. Images, Paris, Éditions P.O.L., 1999.
• BELLOUR, Raymond, Le corps du cinéma, hypnoses, émotions, animalité, Paris, Éditions P.O.L., Coll. "Trafic", 2009.
• BENJAMIN, Walter, "L'œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique" (1939), in Œuvres III, Gallimard, Coll. "Folio", 2000.
• BERTON, Mireille, "Freud et l'intuition cinégraphique : psychanalyse, cinéma et épistémologie", in Cinémas : revue d'études cinématographiques, Volume 14, numéro 2-3, printemps 2004, p. 53-73.
• BONITZER, Pascal, Le regard et la voix. Essais sur le cinéma, Éditions 10/18, 1976.
• BONITZER, Pascal, La vision partielle. Écrits sur le cinéma, Éditions Capricci, 2016.
• CASETTI, Francesco, Les théories du cinéma depuis 1945, Paris, Armand Colin, 2012.
• CAVELL, Stanley, La projection du monde : Réflexion sur l'ontologie du cinéma, Paris, Éditions Belin, 1999.
• CHION, Michel, David Lynch, Éditions de l'Étoile / Cahiers du Cinéma, 2007.
• CHION, Michel, Un art sonore, le cinéma, Cahiers du Cinéma, Coll. "Cinéma Essais", 2003.
• CHION, Michel, La voix au cinéma, Cahiers du Cinéma, Coll. "Cinéma Essais", 1984.
• COMOLLI, Jean Louis, Corps et Cadre, Cinéma, éthique, politique, Éditions Verdier, 2012.
• COMOLLI, Jean Louis, Daesh, le cinéma et la mort, Éditions Verdier, 2016.
• COMOLLI, Jean-Louis & SORREL, Vincent, Cinéma, mode d'emploi, de l'argentique au numérique, Verdier, 2015.
• DADOUN, Roger, Cinéma, psychanalyse & politique, Éditions Séguier, "Ciné", 2000.
• DEBRAY, Régis, Vie et mort de l'image, Une histoire du regard en Occident, Paris, Gallimard, 1992.
• DELEUZE, Gilles, Cinéma 1, L'image-mouvement, Paris, Éditions de Minuit, 1983.
• DELEUZE, Gilles, Cinéma 2, L'image-temps, Paris, Éditions de Minuit, 1985.
• DERRIDA, Jacques, "Le cinéma et ses fantômes", Cahiers du Cinéma, n°556, Avril 2001.
• DIDI-HUBERMAN, Georges, Survivance des lucioles, Paris, Éditions de Minuit, 2009.
• DIDI-HUBERMAN, Georges, L'image survivante, Paris, Éditions de Minuit, 2002.
• DUPONT, Sébastien & PARIS, Hughes (sous la direction de), L'adolescente et le cinéma. De Lolita à Twilight, Éditions Érès, 2013.
• EISENSTEIN, Serguei, M., Réflexions d'un cinéaste, Éditions en langues étrangères, Moscou, 1958.
• EISENSTEIN, Serguei, M., Au-delà des étoiles, Union générale d'éditions, 1974.
• EIZYKMAN, Claudine, La jouissance-cinéma, Paris, U.G.E, 1976.
• FREUD, Sigmund, "Sur les souvenirs-écrans" (1899), in Névrose, psychose et perversion, Paris, PUF, 1973.
• FREUD, Sigmund, L'interprétation des rêves (1900), Paris, PUF, 1971.
• FREUD, Sigmund, Les délires et les rêves dans la Gradiva de Jensen (1907), Paris, Éditions Gallimard, 1990.
• GAGNEBIN, Murielle (sous la direction de), Cinéma et Inconscient, Seyssel, Éditions Champ Vallon, 2001.
• GAGNEBIN, Murielle, Du divan à l'écran, Paris, P.U.F., 1999.
• GATHIER, Patrice & LACASSIN, Francis, Louis Feuillade, maître du cinéma populaire, Découvertes Gallimard, 2006.
• GODARD, Jean-Luc, Godard par Godard, les années Cahiers (1950 à 1959), Paris, Flammarion, 1989.
• GODARD, Jean-Luc, Histoire(s) du cinéma, Paris, Gallimard, Coll. "Hors-série connaissance", 2006.
• GODARD, Jean-Luc, Les années Cahiers, Flammarion, Coll. "Champs", 2007.
• GOLIOT-LETE, Anne & VANOYE, Francis, Précis d'analyse filmique, Paris, Édition Armand Colin 2012.
• GREEN, Eugène, Poétique du cinématographe, Actes Sud, 2009.
• HEIDEGGER, Martin, "L'origine de l'œuvre d'art", in Chemins qui ne mènent nulle part, Gallimard 1962.
• ISHAGPOUR, Youssef, Le Cinéma : histoire et théorie, Éditions Farrago, 2006.
• ISHAGPOUR, Youssef, Kiarostami. II. Dans et hors les murs, Éditions Circé, 2012.
• ISHAGPOUR, Youssef, Archéologie du cinéma et mémoire du siècle, dialogue avec Jean-Luc Godard, Éditions Farrago, 2000.
• KAMIENAK, Jean-Pierre, "L'écran du rêve. Freud, les mystères d'une âme et le cinéma : une séance manquée ?", Le Coq-héron, "Cinéma et psychanalyse", 2012/4, n°211, p. 9-19.
• KYROU, Ado, Le surréalisme au cinéma, Éditions Ramsay, 1985.
• KRISTEVA, Julia, Polylogue, Paris, Seuil, 1977, 537 p. (Coll. "Tel quel"), "Ellipse sur la frayeur et la séduction spéculaire", p. 373-382.
• KRISTEVA, Julia, Visions capitales, arts et rituels de la décapitation, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, 1998.
• LACAN, Jacques, Le Séminaire, livre 11, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1973.
• LACOSTE, Patrick, L'étrange cas du Professeur M. Psychanalyse à l'écran, Paris, Gallimard, 1990, p. 89-99.
• LAVALLEE, Guy, L'enveloppe visuelle du Moi, Perception et Hallucination, Paris, Dunod, 1999.
• LEGENDRE, Pierre, Leçons III, Dieu au miroir, Étude sur l'institution des images, Paris, Fayard, 1997.
• LIPOVETSKY, Gilles & SERROY, Jean, L'écran global, Paris, Seuil, 2007.
• LOYTARD, Jean-François, Discours figures, Éditions Klincksieck, 2002.
• MALTHÊTE, Jacques & MANNONI, Laurent, L'œuvre de Georges Méliès, Paris, Éditions de la Martinière, 2008.
• MERLEAU-PONTY, Maurice, Le visible et l'invisible, Paris, Éditions Gallimard, 1964.
• MILLER, Jacques-Alain (sous la direction de), Lacan regard le cinéma : Le cinéma regarde Lacan, Paris, École de la cause freudienne, Coll. "Rue Huysmans", 2011.
• MONDZAIN, Marie-José, Le commerce des regards, Éditions du Seuil, 2003.
• MONDZAIN, Marie-José, "L'Image comme insu, autour de l'image inconsciente du corps en psychanalyse", Actes du Colloque Du Féminin, Archives Françoise Dolto.
• MONDZAIN, Marie-José, Image, icône, économie. Les Sources byzantines de l'imaginaire contemporain, Paris, Seuil, 1996.
• MONDZAIN Marie-José, L'image peut-elle tuer ?, Bayard, 2002.
• METZ, Christian, Le Signifiant imaginaire, Psychanalyse et cinéma, Éditions 10/18, 1977.
• METZ, Christian, Essai sur la signification au cinéma (II), Éditions Klincksieck, 1973.
• METZ, Christian, Communications, 23, 1975, "Psychanalyse et cinéma", sous la direction de Raymond Bellour, Thierry Kuntzel et Christian Metz, p. 3-55.
• MIJOLLA de, Alain, "Freud et la situation psychanalytique à l'écran", in TOPIQUE, revue freudienne, "Pouvoir de l'image", n°53, 1994.
• MOSCOVITZ, Jean-Jacques, Rêver de réparer l'histoire, Éditions érès, Coll. "Le regard qui bat", 2015.
• MUNSTERBERG, Hugo, Psychologie du cinématographe, De l'incidence Éditeur, 2010.
• NANCY, Jean-Luc, "Cinéfile et cinémonde", TRAFIC, n°50, P.O.L., mai 2004.
• NARBONI, Jean-Louis, La nuit sera noire et blanche. Barthes, La chambre claire, le cinéma, Les Prairies Ordinaires, 2015.
• NEMER, François, Godard (le cinéma), Découvertes Gallimard, 2006.
• PINEL, Vincent, Le cinéma muet, Larousse, 2010.
• RAMAIN, Paul, "L'influence du rêve sur le cinéma", in Cinéa-Ciné pour tous, n°40, juillet 1925.
• RAMAIN, Paul, "Le film peut traduire et créer le rêve", Cinéa-ciné pour tous, n°67, 1926, p. 10-14.
• RANCIÈRE, Jacques, Le destin des images, Paris, Édition La Fabrique, 2003.
• RANCIÈRE, Jacques, Les écarts du cinéma, Paris, Édition La Fabrique, 2011.
• RANCIÈRE, Jacques, Le spectateur émancipé, Paris, Édition La Fabrique, 2008.
• ROPARS, Marie-Claire, Écraniques. Le film du texte, Lille, PUL, 1990.
• SZENDY, Peter, L'apocalypse-cinéma ; 2012 et autres fins du monde, Éditions Capricci, 2012.
• WATTS Philip, Le cinéma de Roland Barthes, Trad. S. Quinet, De l'incendie éditeur, 2015.
• ZIZECK, Slavoj, Lacrimærerum. Essais sur Kieslowski, Hitchcock, Tarkovski et Lynch, Paris, Éditions Amsterdam, 2005 (Coll. "Amsterdam Poches").
• ZIZECK, Slavoj, Jacques Lacan à Hollywood et ailleurs, Éditions Jacqueline Chambon, 2010.

REVUES :

Art press, Cahiers du Cinéma, CinémAction, Positif, Trafic.
• "L'image de la psychanalyse au cinéma", L'esprit du temps, Topique, 2015/2, n°131.
• "Psychanalyse et cinéma", Le Coq-héron, 2012/4, n°211, érès.


SOUTIENS :

• Association "Espace analytique"
• Association "Douceur et quotidien"

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


JACQUES PRÉVERT, DÉTONATIONS POÉTIQUES


DU VENDREDI 11 AOÛT (19 H) AU VENDREDI 18 AOÛT (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Carole AUROUET, Marianne SIMON-OIKAWA


ARGUMENT :

En tête des classements des poètes préférés des Français, en tête des traductions et des ventes avec son recueil de poèmes Paroles, en tête des scénaristes qui ont marqué le cinéma français, et dans la tête des enfants qui apprennent ses textes dès les petites classes, la poésie de Jacques Prévert est familière aujourd'hui comme hier aux petits et aux grands.

Cependant, malgré son immense popularité, il reste méconnu. Un profond décalage existe entre son œuvre réelle et l'image que la postérité en garde. La diversité de ses créations n’est présentée que de manière partielle. La perception actuelle qu'en a le public est également erronée. À côté de textes doux et rêveurs figure en effet, et même majoritairement, une poésie-action. Mais trop atypiques et trop dérangeantes, les productions prévertiennes ont été édulcorées.

Fidèle toute sa vie à ses convictions, l'artiste a créé une œuvre rebelle et virulente, anticléricale et antimilitariste, crue et corrosive, vivante et roborative, d'une actualité encore étonnamment criante. Elle résonne fortement dans le monde qui est à présent le nôtre, et contribue à l'éclairer.

Quarante ans après sa disparition, ce colloque sera enfin l'occasion de redécouvrir Prévert, de le donner à lire autrement, d'une manière plus complète et plus juste qui permette d'en réévaluer la portée.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 11 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Samedi 12 août
Matin
"Jacques Prévert vu par…", par Carole AUROUET & Marianne SIMON-OIKAWA

Après-midi
Akira ISE : Réception de Jacques Prévert au pays du Soleil Levant. Autour du théâtre et du film d'animation japonais
Roland CARRÉE : Prévert et le cinéma d'animation : inspirations, poétiques et prolongements


Dimanche 13 août
Matin
Carole AUROUET : Textes engagés de Jacques Prévert
Béatrice de PASTRE : Ce que la pomme de terre veut dire — Pour un manuel illustré d'économie politique

Après-midi
Marianne SIMON-OIKAWA : Prévert collagiste : des mots et des images

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Psychanalyse et cinéma : du visible et du dicible
Projection du film Un Oiseau rare de Richard Pottier, écrit par Prévert en 1935


Lundi 14 août
"HORS LES MURS" — ESCAPADE À OMONVILLE-LA-PETITE
La maison Jacques Prévert, Port Racine, le Jardin Jacques Prévert, etc.


Mardi 15 août
Matin
Noël HERPE : Les vies cinématographiques de Prévert
Carole AUROUET : Le cinéma invisible de Jacques Prévert se dévoile : nouvelles découvertes de scénarios détournés

Après-midi
Laurent VÉRAY : Y a-t-il un style documentaire Prévert ?

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Psychanalyse et cinéma : du visible et du dicible
"Jacques Prévert !", spectacle musical par Philippe MÜLLER & Vincent VERNILLAT [Compagnie PMVV le grain de sable], avec le concours du Centre régional des Lettres de Basse-Normandie (CRL)


Mercredi 16 août
Matin
Laurence PERRIGAULT : "Lorsque l'on fait un pas de côté" : penser Prévert à partir des œuvres de Lou Tchimoukow et de Fabien Loris
Francis MARCOIN : Prévert, crosse en l'air, crossover [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
Serge MARTIN : Engagement du racontage : le poème de Jacques Prévert toujours à contre-écriture saintes
"Les films d'animation", par Roland CARRÉE

Soirée
Autour de Pierre Prévert (partie 1)


Jeudi 17 août
Matin
Alain KEIT : Une histoire de feuilles mortes
Autour du film Les Portes de la nuit

Après-midi
Christian LEBRAT : Jacques Prévert et le livre d'art
"Le cinéma dessiné", par Carole AUROUET

Soirée
Autour de Pierre Prévert (partie 2)


Vendredi 18 août
Matin
Conclusions

Après-midi
DÉPARTS


SPECTACLE :

"Jacques Prévert !", spectacle musical par Philippe MÜLLER & Vincent VERNILLAT [Compagnie PMVV le grain de sable], avec le concours du Centre régional des Lettres de Basse-Normandie (CRL)

Textes et chansons de Jacques Prévert.

Textes, images, chansons et musique se répondent dans ce spectacle sensible, léger et profond. Vie en rage, douleur infinie, immense tendresse, irréversible inquiétude, enfantine rassurance... autant de facettes d'un Jacques Prévert d'hier, aujourd'hui et demain. Le poète révolté, radical, le poète partisan de la vie et de la liberté, toujours du côté des faibles. Du rire au sourire, de l'émotion à la satire cinglante, laissez battre votre cœur au rythme du grand Jacques !

Avec Valentine COHEN, Philippe MÜLLER, Vincent VERNILLAT.
Piano : Claude CLIN.
Réalisation : Philippe MÜLLER.


BIBLIOGRAPHIE :

• Aurouet Carole, Compère Daniel, Gasiglia-Laster Danièle et Laster Arnaud, textes rassemblés et présentés par, Jacques Prévert "Frontières effacées", Actes du colloque organisé en décembre 2000 à Paris III/Sorbonne Nouvelle pour le centenaire de la naissance de Jacques Prévert, L'Âge d'homme, Paris, 2003, 216 p.
• Aurouet Carole, Les Scénarios détournés de Jacques Prévert, Paris, Dreamland, 2003, 256 p.
• Aurouet Carole, Prévert, l'humour de l'art, Paris, Naïve, 2007, 218 p.
• Aurouet Carole, Jacques Prévert, portrait d'une vie, Paris, Ramsay, 2007, 239 p.
• Aurouet Carole, Le Cinéma dessiné de Jacques Prévert, Paris, Textuel, 2012, 192 p.
• Aurouet Carole, L'Amitié selon Prévert, Paris, Textuel, 2012 [1ère édition], 2016 [réédition], 119 p.
• Aurouet Carole, Prévert et le cinéma, Paris, Les Nouvelles éditions Jean-Michel Place, Coll. "Le cinéma des poètes", 2017, 128 p.
• Aurouet Carole, Jacques Prévert. Une vie, Paris, Les Nouvelles Éditions Jean-Michel Place, 2017.
• Aurouet Carole, Prévert et Paris, Paris, Parigramme, 2017.
• Chardère Bernard, Jacques Prévert, inventaire d'une vie, Gallimard, Coll. "Découvertes", 1997, 128 p.
• Chardère Bernard, Le Cinéma de Jacques Prévert, Bordeaux, Le Castor Astral, 2001, 395 p.
• Courrière Yves, Jacques Prévert, Paris, Gallimard, 2000, 720 p.
• Collectif, Europe, 1991, n°748-749, numéro spécial Jacques Prévert.
• Guillot Gérard, Les Prévert, Sehers, Coll. "Cinéma d'aujourd'hui", 1966, 188p.
• Marcoin Francis, Martin Serge & Thumerel Fabrice (dir.), À l'école Prévert, Actes du colloque de l'université d'Artois, Cahiers Robinson, n°26, 212 p.
• Perrigault Laurence, "Une écriture populaire influencée par les hommes des pays loin : altérité et esthétique dans l'œuvre de Jacques Prévert, 1928-1936", Actes du colloque Du Moi au Monde et retour : identité, altérité et ailleurs dans les années 1920 et 1930, organisé par Dominique Lanni, Université de Malte, 27 mars 2012, Éditions Passage(s), Coll. "Regards croisés", 2013.


SOUTIENS :

• Centre régional des Lettres de Basse-Normandie (CRL)
• Direction régionale des Affaires culturelles Normandie (DRAC)

Programme 2017 : un séminaire

Programme complet


LA TEXTIQUE, POUR QUOI FAIRE ?


DU MARDI 1er AOÛT (19 H) AU MARDI 8 AOÛT (14 H) 2017

[ séminaire de 7 jours ]



DIRECTION :

Collectif Textique


AVERTISSEMENT :

Le présent Séminaire, qui se tient tous les ans à Cerisy depuis 1989, accueille toute personne qui, ayant une suffisante maîtrise de la langue française, s'estime requise par le sujet traité.

En effet la textique est une discipline qui se développe avec sa technicité propre, mais l'usage de son vocabulaire spécial se trouve élucidé chaque fois que l'un des participants en manifeste le souhait.

À cela, il convient d'ajouter que les deux premières séances, tenues à partir de la contribution appelée Un apercu de la textique, permettent aux nouveaux une rapide mise au clair, tandis que, un jour sur deux, l'après-midi, des séances supplétives sont consacrées à l'explication des concepts majeurs en textique.


ARGUMENT :

La textique ? Une discipline nouvelle, inaugurée en 1985 au Collège International de Philosophie, visant à établir par niveaux une théorie unifiante de l'écrit accompagnée d'une théorie unifiante de l'écriture.

Sa méthode ? Explorer la totalité postulée selon des ensembles conceptuels d'exhaustion échelonnée, réfutables à mesure, le cas échéant, par tout contre-exemple établi comme tel.

Ses avantages ? Pour la théorie : une coordination conceptuelle de mécanismes jadis et naguère plus ou moins bien pensés, une reformulation critique de certaines notions trop admises, ainsi qu'une réévaluation concertée de phénomènes négligés, voire méconnus, et une classification réfléchie de la plupart des erreurs possibles. Pour les conséquences sur l'analyse : avec, pour base, la cardinale notion de lieu scriptuel, une attention inédite portée, notamment, sur les prétendues "broutilles". Pour les conséquences sur l'écriture : la possibilité de programmes et métaprogrammes raisonnés permettant la correction et la récriture à plusieurs. En général : une clarté et une rigueur neuves dans l'ordre des concepts.

Le thème 2017 ? À la suite de la disparition, en 2016, de Jean Ricardou, initiateur de la textique et animateur du Séminaire, il a paru opportun, lors de cette rencontre qui amorce une phase nouvelle, de vouer la réflexion à revenir, selon diverses manières, sur les enjeux majeurs de la discipline.

Le travail ? Les contributions étant expédiées environ un mois à l'avance, chaque séance sera intégralement consacrée à leur discussion méthodique.

Les participants ? Toutes celles et tous ceux qui, répondant au critère formulé plus haut ("Avertissement"), sont intrigués par le domaine ainsi balisé comme le travail dès lors permis, et qui, sachant que l'abondant vocabulaire technique se trouve en séance aussi réduit que possible, voire, s'il le faut, éclairci à mesure, désirent venir à titre de contributeurs actifs, soit chevronnés, soit nouveaux, ou d'auditeurs curieux.

Les séances ? En guise d'initiation ou de révision, un retour, pendant quatre demi-journées, sur la méthode et les enjeux, prolongé par de supplémentaires séances destinées à une explication des concepts majeurs. Puis le traitement des questions annoncées à partir des observations que chacune et chacun aura eu le temps de préparer.

L'inscription ? Il est souhaitable de l'accomplir au plus tôt à partir du 15 mars, et si possible avant le 15 mai (pour bénéficier du précoce envoi des écrits préparatoires).

••••••

À l'intention de celles et ceux qui souhaitent, d'ores et déjà, en savoir davantage, il est loisible d'ajouter les précisions suivantes.

Sitôt, d'une part, que la textique vise à établir une théorie unifiante de l'écrit dans ses divers modes (dits phanique, grammique, iconique, symbolique), et, conjointement, une théorie unifiante de l'écriture, ce qui l'oblige à une exhaustivité contrôlée sur un domaine immense, et sitôt, d'autre part, que ses premiers efforts, comme tels, datent du milieu des années 1980, nul doute que, à l'orée du prochain séminaire, comme pour les années précédentes, se posent, quant à la mise à niveau, l'un étant celui de l'initiation et l'autre celui de la révision, deux problèmes distincts.

Le problème de l'initiation concerne les participants nouveaux qu'une curiosité intellectuelle aura porté à venir pour la première fois, car il est nécessaire, pour bien saisir la pensée textique, voire pour y concourir, d'être mis en possession, aussi soigneusement que possible, de la méthode et des enjeux.

Le problème de la révision concerne les participants habitués, voire chevronnés, car il est opportun, avant ces journées de réflexion intense, de se remettre en tête, soigneusement, les grandes perspectives du travail.

Cette initiation et cette révision se feront à partir du livre : Un aperçu de la textique par Gilles Tronchet.

Quant à la préparation : les volumes étant expédiés, avec d'autres écrits, un mois environ avant le début du séminaire, les participants auront toute la durée qu'ils s'accorderont pour en prendre, à leur guise, ce qu'on appelle habituellement connaissance.

Quant à la discussion : les deux premières journées étant réservées à de libres échanges oraux sur ces ouvrages, les participants auront tout le loisir permis par les séances pour solliciter les éclaircissements éventuellement nécessaires, voire pour énoncer, très librement, d'éventuelles objections.


BIBLIOGRAPHIE :

Il est possible, d'ores et déjà, de prendre une vue sommaire de la textique en consultant, chacun paru aux éditions Les Impressions nouvelles dans la série TEXTICA, les trois ouvrages suivants :

• Jean Ricardou, Intelligibilité structurale du trait
• Jean Ricardou, Grivèlerie
• Gilles Tronchet, Un aperçu de la textique


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mardi 1er août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque en parallèle, du séminaire et des participants


Mercredi 2 août
Matin
Gilles TRONCHET : Un aperçu de la textique | Initiation

Après-midi
Jean-Christophe TOURNIÈRE : Pour une intellection textique du collectif | Investigation


Jeudi 3 août
Matin
Laurent LIENART : Frontières de l'abyme | Investigation

Après-midi
Marc AVELOT : Situation de la textique en 2017 | Invitation


Vendredi 4 août
Matin
Jean-Claude RAILLON : Indexation | Investigation

Après-midi
Daniel BILOUS : Un exemple de la capacité analytique de la textique : le mécanomatisme | Investigation


Samedi 5 août
Matin
Johanna GOSSART : Penser la marge | Investigation

Après-midi
Sandra SIMMONS : Lecturabilité et notation du "mouvement" | Invitation


Dimanche 6 août
Matin
Gilles TRONCHET : La portée de la conceptualisation textique : les exemples de la palinodation et du dialampo(épi)chorisme | Investigation

Après-midi
Michel SIRVENT : Lecture d'un logotype publicitaire | Investigation


Lundi 7 août
Matin
Retour sur certaines contributions

Après-midi
Perspectives : Collectif Textique, Cercle Ouvert de Recherche en TEXTique (17-18), SEMinaire de TEXTique (2018)


Mardi 8août
Matin
Perspectives : Collectif Textique, Cercle Ouvert de Recherche en TEXTique (17-18), SEMinaire de TEXTique (2018)

Après-midi
DÉPARTS


En première partie d'après-midi, un jour sur deux : Gilles TRONCHET & Amandine CYPRÈS : Concepts majeurs (Explication)

En fin d'après-midi, chaque jour : ATELIER D'ÉCRITURE (Renouvellement)


INITIATION :

Gilles TRONCHET : Un aperçu de la textique

Proposant une simple présentation de la textique, ce volume a été publié en 2012. Il a une double visée : d'abord, fournir un historique succinct, pour montrer dans quelles conditions et selon quelles étapes la textique est apparue et s'est constituée en une discipline nouvelle ; puis, offrir un exposé des principaux concepts et outils d'analyse élaborés jusqu'à présent.

Tout d'abord, comme la textique s'efforce d'établir une théorie unifiante des structures de l'écrit, il est indispensable d'expliquer la très large portée qu'elle donne à son objet, puis de préciser comment il trouve à se spécifier selon différents modes, permettant d'envisager, notamment, les particularités des caractères alphabétiques, des images et des symboles.

Ensuite, est retenu un domaine plus restreint et sans nul doute familier à tout lecteur, l'écrit représentatif relevant du mode grammique : cela correspond, quitte à simplifier un peu, aux écrits basés sur des séries de lettres, associables aux sonorités d'une langue et susceptibles, par équivalence avec d'autres séries, de faire surgir certaines idées (ainsi lorsqu'un terme s'échange avec sa définition). Il s'agit d'inventorier et d'expliciter les grandes catégories capables d'appréhender exhaustivement les structures possibles dans un écrit grammique : la textique prétend y parvenir, en l'attente d'une éventuelle démonstration contraire, susceptible de relancer la recherche.

Enfin, il a semblé utile de signaler quelques-uns des instruments analytiques servant à explorer en détail les dispositifs repérables dans un écrit représentatif, sachant que l'un des acquis majeurs de la textique consiste à distinguer, par rapport aux structures qui sont au service de la représentation, celles qui outrepassent un tel régime, en imposant leurs contraintes propres à la représentation, alors forcée de s'adapter. C'est le cas par exemple avec les rimes classiques, mais aussi avec beaucoup d'autres agencements irréductibles à la logique représentative, qui relèvent dès lors d'un régime métareprésentatif.

Il faut observer toutefois qu'un simple aperçu comme celui-ci ne saurait dispenser à propos de la textique davantage qu'une information initiale : une approche théorique plus fouillée, débouchant sur une pratique effective de la discipline, exige de bien plus amples développements.


INVESTIGATION :

Daniel BILOUS : Un exemple de la capacité analytique de la textique : le mécanomatisme

La textique se conçoit comme une discipline capable d'analyser toutes sortes d'objets. L'on se propose de vérifier cette aptitude autour d'une production particulière : un certain mécanomate inédit (ou si l'on préfère, mais un peu improprement, un "automate") intitulé "Engrenages en abyme".


Johanna GOSSART : Penser la marge

Il s'agira de conduire plus avant le questionnement, initié jadis, sur les rapports qu'entretient l'écrit pris en masse, et débarrassé dès lors de ses éventuels effets représentatifs, avec la marge alentour, rapports qui semblent eux-mêmes contraints, d'un côté, par les dimensions de la surface paginale et, de l'autre, par ce qu'il est loisible de nommer "le confort du lecteur".


Laurent LIENART : Frontières de l'abyme

La contribution s'assigne l'objectif de préciser les frontières (ou les contours) textiques de ce que l'on appelle communément la "mise en abyme".

La réflexion prendra appui sur une nouvelle de Christian Gailly, intitulée Les Fleurs coupées, qui trouve place dans le recueil La roue paru aux Éditions de Minuit.


Jean-Claude RAILLON : Indexation

La présente contribution se propose d'examiner diverses occurrences d'ortho(hyper(autothémo))textures associées au confinement qu'impose, sous l'apparence d'un cadre, l'espace assigné aux compositions en mode iconique. La textique nomme ortho(hyper(autothémo))texture la structure par laquelle ce qui est représenté se trouve désigner spécialement, et de façon correcte, tel aspect du jeu représentatif lui-même.


Michel SIRVENT : Lecture d'un logotype publicitaire

Après diverses délimitations qui en détailleront l'établissement, voici l'écrit, de variété communément nommée "logotype", qui fera l'objet d'un examen textique :

L'analyse se déroulera en trois phases.

La première portera sur l'ensemble de l'écrit, pris globalement, qui comporte la particularité de relever d'au moins deux modes distincts : le grammique et l'iconique.

La deuxième portera sur un seul élément de l'écrit : sa partie iconique, à savoir, pour le dire au plus simple, la stricte "figure" géométrique dite "triangle équilatéral".

La troisième portera sur l'ensemble de l'écrit, pris relationnellement, et analysera le rapport qu'entretient cette part iconique avec la série des lettres (la part grammique) qui l'intègre.

Ce qui permettra, en fin de parcours, de réviser la notion de "mise en abyme" à la lumière de précis concepts textiques.


Jean-Christophe TOURNIÈRE : Pour une intellection textique du collectif

C'est pour au moins trois raisons que, lors de ce Séminaire de textique 2017, il semble important d'engager une réflexion sur le problème du collectif.

La première vient de ce que, dans la mesure où il conduit à interroger, ou réinterroger, les principes censés être suivis par les membres d'une certaine communauté (notamment dite "intellectuelle"), tel problème, en ce qu'il touche à ce qui structure des… comportements, ne paraît aucunement mineur.

La deuxième raison est que, depuis la disparition de Jean Ricardou (charismatique fondateur de la textique, et coordonnateur des travaux de cette discipline jusqu'en 2016), le problème du collectif se pose, pour celles et ceux qui entendent essayer de poursuivre et organiser au mieux le travail autour de la textique, d'une manière à la fois inédite (sous l'angle de la disparition dudit fondateur) et impérieuse (sous l'angle du nécessaire effort de reconstruction généré par cette disparition).

La troisième est que, dans le cadre spécifique de la théorie textique, si Jean Ricardou a prodigué un grand nombre de réflexions consacrées à ce problème, ces réflexions se présentent néanmoins davantage selon un ensemble de fragments épars (essentiellement dans les quelques… milliers de pages qu'il a mis en circulation dans le Cercle Ouvert de Recherche en TEXTique) que sous les espèces d'un corps théorique unifié.

Par conséquent, ce que le travail plus haut intitulé présentera, et soumettra à la discussion… collective, c'est un commencement de théorie unificatrice portant sur l'objet nommé collectif.


Gilles TRONCHET : La portée de la conceptualisation textique : les exemples de la palinodation et du dialampo(épi)chorisme

Il y a, dans l'élaboration d'un appareil conceptuel effectué pour la textique par Jean Ricardou, de très nombreux concepts analytiques, permettant une spécification poussée des phénomènes, ainsi qu'une quantité plus restreinte de concepts synthétiques, fournissant une généralisation qui ouvre sur des perspectives de pensée inédites. Ces concepts synthétiques possèdent une efficacité d'autant plus notable que leur application concerne souvent une foule de domaines.

En particulier, la recherche portera sur l'émergence dans la théorie de l'écrit et le rôle qu'ils y jouent, de deux concepts dont les implications se trouvent liées, la palinodation, c'est-à-dire le basculement éventuel au fil d'une analyse d'un résultat dans un autre registre, et le dialampo(épi)chorisme, c'est-à-dire la superposition de plusieurs structures ou éléments à une place apparemment unique.

L'enjeu de leur venue, qui n'est rien moins qu'un bouleversement de l'approche coutumière dans l'appréhension de l'écrit, linéaire et fixiste, semble à même de procurer un gain majeur dans la compréhension de ses fonctionnements, avec un accès à la plasticité de ses mécanismes et à la possible tabularité de ses structures.


INVITATION :

Marc AVELOT : Situation de la textique en 2017

Avec la disparition de son fondateur, Jean Ricardou, la textique se trouve à un carrefour.

Cette contribution s'efforcera de situer quelques-unes des questions qui conditionnent le futur développement de la discipline.


Sandra SIMMONS : Lecturabilité et notation du "mouvement"

Il est possible, dans certains écrits, de percevoir ou d'imaginer quelque chose comme une bousculade structurale qui ressemble à du "mouvement". Pour d'autres écrits, le mouvement est effectif, voire constitutif, qu'il soit programmé à partir de l'écrit lui-même ou bien par rapport à son environnement. La présente étude fera une mise à plat des différentiels en question afin de prendre en compte les effets communément acceptés, ou non, en tant que mouvement perceptible. Une série de réflexions sur les paramètres en jeu, ainsi que des exemples illustrant certains principes, seront accompagnés par un tableau qui résumera les grands axes de ce qui pourrait, éventuellement, former l'esquisse de la lecturabilité de ces notations spécifiques du "mouvement".