Témoignage

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"QUELQUES ÉCHOS D'UNE DIXIÈME SAISON À CERISY"

RENCONTRE AVEC VIVIANE HAMON


Cette année fut celle de sa seizième venue à Cerisy, lors du colloque La Nature, levier de transformation écologique : de la sensibilité à l’adaptation des territoires qui a clôturé la saison 2025. Les directrices, Isabelle Laudier et Diane de Mareschal (Institut pour la recherche | Groupe Caisse des Dépôts), l'ayant invitée à être l'un de cinq grands témoins de ce colloque, Viviane Hamon a choisi de répondre à cette mission en portant un regard réflexif sur dix années consécutives de fidélité à Cerisy (2020/Covid exclue), et d'en comprendre les ressorts…

Géraud Guibert, Isabelle Laudier, Barbara Blin-Barrois,
Edith Heurgon, Viviane Hamon, Nicolas Hossard,
Alexandre Monnin, Diane de Mareschal


Cette invitation fut donc l'occasion d'établir des liens avec les quatre autres colloques auquel j'ai assisté pendant l'été 2025 (Métamorphoses par le paysage ; Philosophies comptables, pour recomposer un monde écologique ; Hartmut Rosa : accélération, résonance, énergies sociales ; La proximité comme projet), mais aussi de remonter dans le temps en incluant dans le corpus trois autres colloques particulièrement marquants à mes yeux : Quelles transitions écologiques ? (2015) ; Le renouveau du sauvage (2023) ; Vers des politiques des cycles de l'eau (2024).
Nota : La mise en forme qui suit comporte des références aux communications et activités du colloque d'octobre 2025 sur la nature, sans autre précision ; pour le cas contraire, les colloques de référence sont cités.

Résonance et énergies sociales, la magie du lieu

Au premier rang des motivations qui me conduisent chaque année à Cerisy, il y a sans nul doute le plaisir des nouvelles rencontres, mais aussi — peut-être surtout — celui des retrouvailles, des complicités qui parfois se transforment en amitiés solides, des engagements communs, comme autant de précieuses ressources qui permettent de se sentir moins seule face aux enjeux environnementaux et aux combats écologiques.

Comme l'a si bien exprimé Thomas Fabre à l'issue du colloque Hartmut Rosa, Cerisy est un lieu particulièrement propice à la résonance et à l'émergence d'énergies sociales, grâce à la magie du château et au sentiment d'y être bienvenue, mais aussi grâce à la nature qui l'entoure. Reviendrais-je si souvent à Cerisy si Cerisy n'offrait pas ces potentielles résonances propices à la rencontre ?

La construction collective d'une cartographie sensible des limites du parc de Cerisy, sous la houlette de Jean-Jacques Terrin et Émilie Gascon, a permis à chacun d'explorer son propre rapport au lieu et à ce qu'il engendre.

Par-delà les frontières disciplinaires, le croisement des savoirs

Cerisy offre un espace irremplaçable de mise en commun des savoirs, de dialogue entre sciences de la nature et sciences humaines et sociales, philosophie, littérature, expression artistique… Loin des visions partielles, superficielles ou biaisées, cela permet d'éviter bien des pièges du prêt-à-penser, d'éclairer les controverses, de penser la complexité, de nourrir sa propre pensée. Mon "premier" Cerisy en 2015 — une décade consacrée aux transitions écologiques — avait donné le la, pour le meilleur et pour le pire de mes angoisses éco-anxieuses. De l'exégèse de l'encyclique Laudate Si' par Gaël Giraud aux travaux de Philippe Bihouix sur les mirages de la croissance verte, des considérations de Mathilde Szuba sur les quotas individuels carbone à la discussion autour des travaux de Raphaël et Catherine Larrère, les débats furent toujours passionnés.

Plus récemment, les travaux du géochimiste Jérôme Gaillardet m'ont entraînée vers l'insoupçonné à deux reprises. En 2024, son introduction remarquable du colloque Vers des politiques des cycles de l'eau a fait voler en éclat mes connaissances scolaires basiques : des cycles de l'eau au pluriel, des temporalités et des distances d'une longueur insoupçonnée, des profondeurs inconnues. Cette année, des échos en étaient perceptibles dans la communication de Dominique Bourg, évoquant les rivières volantes de la canopée amazonienne si bien photographiées par Salgado.

En mai 2025 (Métamorphoses du paysage), le concept de zone critique présenté par le même Jerôme Gaillardet m'a fait percevoir l'incommensurabilité de ce qu'il reste à découvrir sous nos pieds. C'est ainsi que quelques intervenants ont fini de lever les doutes et interrogations que pouvait susciter une lecture littérale du titre "La nature comme levier", en insistant à plusieurs reprises sur le fait que planter des arbres et protéger la biodiversité n'est que la face émergée de l'iceberg des nécessaires transformations.

Ces doutes quant au titre du colloque avaient d'ailleurs été bien entamés par les propos d'introduction de Vincent Piveteau et Lucile Schmid, confirmant ainsi que la première matinée d'un colloque cerisyen — toujours déterminante — ne doit faire l'impasse ni sur un cadrage précis, ni sur les définitions à partager.

Lors de ce colloque, plusieurs intervenants se sont attachés à poser ces définitions et à décrire leur cadre conceptuel, en particulier lors des capsules de retours d'expérience. Ainsi Damien Lejas a pris le temps de définir ce qu'il faut entendre par "restauration écologique" ou "renaturation", tandis que Zoé Raimbault présentait en détail les fonctionnalités écologiques de sols avant de revenir sur quelques expérimentations.

À mes yeux, ces temps de cadrage et de définitions sont pleinement caractéristiques d'un colloque de Cerisy réussi qui, loin de s'adresser uniquement à une coterie de spécialistes, cherche au contraire à jeter des ponts vers une diversité d'auditeurs et de sensibilités. Une vigilance que tous les directeurs de colloques devraient garder à l'esprit.

Où atterrir ? Le contact avec le terrain et les savoirs ordinaires

L'une des autres caractéristiques des colloques de Cerisy est la place habituellement donnée aux témoignages et aux visites de terrain (intitulés "HORS LES MURS"), comme autant d'occasions de mise à l'épreuve des savoirs académiques. Cela offre des moments souvent privilégiés comme l'arpentage dans l'archipel des îles Chausey, suivie d'un retour vers Granville en compagnie des dauphins (Métamorphoses du paysage).

Donner du temps aux savoirs vernaculaires, au modeste, à l'expérience située, voire à ce qui peut être considéré comme insignifiant, me semble essentiel. En effet, cela apporte une autre compréhension des choses, sensible, souvent inspirante quand la question "Où atterrir ?", telle que posée par Bruno Latour, reste entière en particulier sur les sujets écologiques et démocratiques.

Les jardins privés ont été brièvement évoqués par Gwenaël Boidin, en relation avec les errements de la loi ZAN, rejoignant une présentation détaillée des potagers pavillonnaires de Caen par Maxime Marie, lors du colloque La proximité comme projet. La question de la (non)-transmission des savoirs ordinaires — cuisiner, jardiner — a été discutée lors de la présentation de Lucie Brice Mansencal, réveillant un souvenir, lié au colloque Quelles transitions écologiques ? : j'en étais repartie rassurée et fière d'avoir transmis ces savoirs à mes enfants.

Il est donc toujours dommage que certains retours de terrain n'aient pas tout le temps nécessaire pour un complet développement. J'aurais ainsi aimé passer plus de temps sur les questions d'aménagement face au recul du trait de côte, exposées par Régis Leymarie (Conservatoire du littoral), questions qui avaient déjà été présentes à travers une exposition prospective de l'avenir du bourg des Genêts, dans la baie du Mont-Saint-Michel, commanditée par le C|A.U.E de la Manche (Métamorphoses du paysage).

La vertu de ces visites et témoignages est également de mettre en valeur les énergies sociales, telles que conceptualisées par Hartmut Rosa. Celles qui permettent de se retrousser les manches dans les territoires. Une démocratie du faire avec peu, qui agit avec l'expertise des élus locaux et des habitants, comme en a témoigné Jean-François Caron (Métamorphoses du paysage), un fidèle de Cerisy.

Faire ensemble, faire avec, ne pas faire à la place mais encourager à faire et accompagner. Peut-être y trouver des pistes pour contrer le sentiment d'impuissance qui habite aujourd'hui massivement les maires. À cet égard, la visite de Saint-Sauveur-Villages (La proximité comme projet), en compagnie de sa maire, Aurélie Gigan, n'a pas manqué de surprendre les chercheurs : de la pratique du crochet et du tricot dans les locaux de la médiathèque créée avec les moyens du bord et avec des habitants bénévoles, à la plantation d'une vigne dans le parc municipal avec un agriculteur s'imaginant en viticulteur normand !

La tension urbain/rural : un éléphant dans la pièce quand il est question de nature

"Et si le rural n'était pas l'arrière-pays de l'urbain ? Si plutôt c'était l'urbain qui était l'arrière-pays du rural". Ce cri du cœur de Somhack Limphakdi, lors du colloque Philosophies comptables, pour recomposer un monde écologique, met au jour de manière saisissante une aporie qui, me semble-t-il, traverse nombre de colloques de Cerisy.

Il y a pour moi, issue du monde rural et vivant depuis toujours dans le rural, l'évidence d'un gouffre entre les représentations du monde spécifiques aux urbains, et celles qui existent dans la ruralité. Comme si nos attachements au monde n'étaient pas les mêmes, et nos renoncements acceptables non plus. Il s'ensuit le constat d'un profond problème démocratique, tout particulièrement s'il est question de nos engagements et responsabilités vis-à-vis de l'environnement, surtout quand les injonctions au changement semblent fort éloignées des réalités rurales.

Peut-on se satisfaire de l'angle de la sécession, et réfléchir à "Prendre la clé des champs", comme nous y a invité Sébastien Marot à deux reprises cet été (Métamorphoses du paysage & Philosophies comptables, pour recomposer un monde écologique) ? La notion de biorégionalisme, apporte-t-elle un début de réponse pour réduire cette tension ? Elle court de colloque en colloque depuis quelques années, et a sans doute été abordée trop brièvement lors du dernier en date.

Au fil des colloques 2025, à ma grande surprise, la notion de cosmogonie est venue s'installer de manière insistante dans mon esprit sans doute en quête d'un renouveau des approches et des discours inspirants. Le colloque Hartmut Rosa ne m'a pas apporté les réponses simples dont je rêvais, l'aurait-il pu ? Mais il m'a permis de comprendre qu'il reste possible de ménager des lieux et des circonstances où la résonance peut advenir, lieux qui laissent évidemment de la place à la nature me semble-t-il.

Habiter le monde en changeant de regard : vers une nouvelle cosmogonie accueillante pour les non-vivants

Roberto Casati, en introduction au colloque Métamorphoses du paysage, nous a conduit dans les fonds marins pour nous inviter à nous décentrer, en regardant le monde comme le ferait une raie manta, un mollusque ou un dauphin.

Au fil des colloques de Cerisy, s'installe une question insistante, celle de la place que nous accordons aux non-humains. C'était ainsi toute la puissance du colloque Le renouveau du sauvage qui, loin d'être uniquement focalisé sur le réensauvagement, posait des questions essentielles sur les droits des animaux et de la nature en général. Ainsi, les interrogations éthiques liées au droit à la vie privée des animaux, pucés ou captés par des pièges photographiques, ont largement occupé les chercheurs.

La puissance du droit — autre découverte cerysienne — peut également contribuer à ce changement de regard. Ainsi, quand il a été question du droit de l'humain à un environnement sain à propos de la lagune de Mar Menor, je me suis demandé quels seraient les bases, et l'intérêt pour la nature, d'un droit à une espèce humaine non prédatrice.

Si ces pistes semblent aujourd'hui incompatibles avec notre ethos occidental, et sans doute encore plus avec celui de la technostructure et de bon nombre de nos décideurs politiques, c'est peut-être par ce biais que la nécessaire révolution des représentations pourrait advenir et nous guider vers les renoncements nécessaires.

C'est en tout cas, ce que je continuerai de venir explorer à Cerisy dès 2026 et son premier colloque Quelles sciences de la Terre à l'heure de l'anthropocène ? (programme de la saison 2026). En attendant un jour peut-être un colloque autour des travaux du Pacte civique pour une transition juste, en compagnie de quelques sociologues centrés sur la débrouille en milieu rural.

Publication 2025 : un des ouvrages


Du Droit à la Littérature

DU DROIT À LA LITTÉRATURE

REVUE DROIT ET LITTÉRATURE, N°9


Sandra TRAVERS DE FAULTRIER (dir.)


Avec le concours de Nicolas DISSAUX, Yves-Édouard LE BOS et Laurent LOTY


Là où se déploie le monde on trouve le droit, on trouve la littérature. Deux disciplines enracinées dans l'histoire et ayant pour tâche de rendre visible, de donner forme à un réel insaisissable et cependant résistant. La démarche Droit et littérature établit un dialogue entre ces "formes formantes" que sont ces langues constituantes et accompagnantes. Dialogue qui a été institué lors du colloque de Cerisy à partir d'objets tantôt personnifiés tels l'auteur, le bâtard, la nature, tantôt notionnels telles la justice, la laïcité, le droit. Il l'a été également à partir de l'étude des genres littéraires que ceux-ci relèvent du roman, de la poésie ou d'une narratologie embrassant le témoignage, les essais, les récits.
Universitaires (qu'ils soient littéraires, historiens, juristes, philosophes), magistrats, écrivains (qui peuvent être universitaires, magistrats, historiens), avocats, historiens et philosophes, forts de cette pensée à la croisée de dynamiques trop souvent jugées étrangères l'une à l'autre, ont tenté de répondre à "la créance de sens" d'un monde "qui va", d'un "monde qui ne va pas" comme à celle que leur pratique induit réflexivement. Ce n'est que superficiellement que la dimension critique semble dominer ce dialogue. La dimension créatrice de cette pratique qui permet de saisir un droit et une littérature en mouvement, émancipe valeurs, genres, normes de toute tentation de rigidification, nourrit la vie "en train de se faire".


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2024) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°701]


Articles à l'unité disponibles sur CAIRN.INFO

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : LGDJ-éditions | Lextenso

Collection : Revue Droit et Littérature, n°9

ISBN : 978-2-275-15878-5

Nombre de pages : 472 p.

Prix public : 25 €

Année d'édition : 2025

Publication 2025 : un des ouvrages


Comprendre la route. Imaginaires, Sens, Innovations

COMPRENDRE LA ROUTE

IMAGINAIRES, SENS, INNOVATIONS


Mathieu FLONNEAU, Frédéric MONLOUIS-FÉLICITÉ (dir.)


Venu à Cerisy par la route, un groupe réunissant des experts, des spécialistes du monde académique, des professionnels et des artistes a abordé la route comme vecteur commun et universel de mobilité et d'échanges. Ses imaginaires, ses sens, ses innovations et ses appropriations ont été analysés, discutés.
Avec empathie et réflexion, dans un contexte de contestation, à l'heure de la transition écologique et dans un temps d'urgence au cours duquel la route doit se réinventer, ses perceptions et ses réalités ont été explorées. Représentée au cinéma, en photographie ou en littérature, la route a été également posée comme un lieu de conflits politiques et sociaux. Sous les regards de deux grands témoins éclairés, l'historienne-médiologue Catherine Lavenir et l'écrivain Aurélien Bellanger, les travaux restitués dans cet ouvrage permettent d'éclairer un enjeu peu exploré mais essentiel.
Ce colloque entendait prendre date dans l'actualité : la reconnaissance de l'intelligence et de la permanence des routes (et des rues), d'hier à aujourd'hui et demain, est un point de départ de la réflexion contemporaine sur les mobilités.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2023) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°699]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Éditions Loubatières

ISBN : 978-2-86266-834-5

Nombre de pages : 296 p.

Illustrations : N & B

Prix public : 25 €

Année d'édition : 2025

PRESSE / MÉDIAS

Jean-Marc OFFNER : Tenir la route ? Un impensé urbanistique contemporain [enregistrement audio, de l'intervention présentée lors du colloque, en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Publication 2025 : un des ouvrages


La pensée de Marc Richir. Une phénoménologie du réel

LA PENSÉE DE MARC RICHIR

UNE PHÉNOMÉNOLOGIE DU RÉEL


Patrick LANG, Joëlle MESNIL, Jean-François PERRIER (dir.)


Lors de ce colloque de Cerisy (24-30 juillet 2022), les auteurs ont multiplié les points d'entrée dans une œuvre réputée difficile d'accès, s'efforçant d'articuler sa présentation à d'autres approches passées ou contemporaines, relevant de divers champs disciplinaires abordés par Marc Richir. Les intervenants ont mis en évidence la nature de l'apport du phénoménologue à la phénoménologie, mais aussi différents questionnements relevant d'approches aussi diverses que l'esthétique, la psychopathologie, l'épistémologie et le politique.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2022) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°698]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Éditions Jérôme Millon

Collection : Krisis

ISBN : 978-2-84137-440-3

Nombre de pages : 320 p.

Prix public : 30,00 €

Année d'édition : 2025

Publication 2025 : un des ouvrages


L'Oulipo. Générations

L'OULIPO

GÉNÉRATIONS


Marc LAPPRAND, Dominique RAYMOND, Christophe REIG, Alain SCHAFFNER (dir.)


C'est sur le lieu même de la naissance de l'Oulipo que s'est tenu le colloque "L'Oulipo : générations", à Cerisy-la-Salle, en juillet 2023. Cette rencontre internationale a permis de mettre en évidence la vitalité du groupe, que le grand âge ne semble en rien entamer. Parallèlement aux contributions théoriques, passage obligé de la critique oulipienne, s'est dégagée une thématique commune "au fil des générations", but premier de ce colloque. Toujours bien vivant, l'Oulipo continue de susciter l'intérêt et la curiosité d'un lectorat qui lui aussi s'est renouvelé au fil du temps. La critique oulipienne lui a emboîté le pas : les débats qui ont animé ce colloque, dont les actes ici présents témoignent, se renouvellent sans relâche.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2023) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°697]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Éditions Classiques Garnier

Collection : Colloques de Cerisy - Littérature, n°13

ISBN : 978-2-406-18867-4

Nombre de pages : 390 p.

Prix public : 32,00 €

Année d'édition : 2025

Publication 2025 : un des ouvrages


Claude Cahun. L'unique en son genre

CLAUDE CAHUN. L'UNIQUE EN SON GENRE


François LEPERLIER, Françoise PY, Georges SEBBAG (dir.)


Les écrits et les photographies de Claude Cahun (1894-1954) ont un étrange pouvoir de séduction et de révélation. Y sont exaltés notre part d'inconnu, notre goût de la liberté et toute une alchimie de nos inclinations féminines et masculines. Claude Cahun affiche sa volonté d'être unique en son genre quand elle déclare : "J'ai la manie de l'exception" et "Je veux changer de peau". Comment la nièce de Marcel Schwob et la fan d'Oscar Wilde a-t-elle façonné son moi unique, ses changements de peau et ses travestissements ? Comment, avec sa compagne Suzanne Malherbe, s'est-elle improvisée croqueuse de mode ? Elle qui aurait aimé être comédienne ou danseuse, comment s'est-elle muée en photographe ? Comment, sous l'occupation allemande, cette surréaliste off a-t-elle risqué sa vie dans l'île de Jersey sans se prendre pour une héroïne ? Bien qu'on l'élève aujourd'hui au rang d'icône féministe et lesbienne, Claude Cahun demeure absolument inclassable, ainsi que le montre et l'illustre l'ouvrage collectif Claude Cahun. L'unique en son genre.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2022) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°696]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Jean-Michel Place éditeur

Collection : Surréalisme années 2020

ISBN : 978-2-38358-018-8

Nombre de pages : 232 p.

Illustrations : N & B

Prix public : 27 €

Année d'édition : 2025

Publication 2025 : un des ouvrages


Balzac et les disciplines du savoir. Sciences et représentation

BALZAC ET LES DISCIPLINES DU SAVOIR

SCIENCES ET REPRÉSENTATION


Éric BORDAS, Andrea DEL LUNGO, Pierre GLAUDES (dir.)


Balzac a conçu une forme littéraire inédite, qui intègre dans la fiction les savoirs de son temps. Ces savoirs multiples ne sont pas uniquement traités comme des sources d'inspiration ou des éléments purement référentiels, mais ils constituent aussi des paradigmes d'analyse scientifique qui fondent la création littéraire. Le roman devient ainsi, pour la première fois dans son histoire, une forme de connaissance du réel, connaissance complémentaire mais aussi autre par rapport aux disciplines scientifiques. Cet ouvrage propose d'observer la relation de la littérature au savoir à travers un vaste spectre disciplinaire, visant à placer l'œuvre dans son contexte culturel et scientifique et à en analyser les actualisations possibles.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2022) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°695]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Éditions Classiques Garnier

Collection : Colloques de Cerisy - Littérature, n°12

ISBN : 978-2-406-18735-6

Nombre de pages : 492 p.

Prix public : 48,00 €

Année d'édition : 2025

Rapport d'étonnement

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"UN COLLOQUE AUTOUR DU RAIL : UNE VUE PERSONNELLE DE L'EXTÉRIEUR"

PAR JULIAN DIEPOLDER


Du 8 au 14 septembre 2025, s'est tenu à Cerisy le colloque Le rail de ville et le rail des champs, sous la direction de Francis Beaucire, Cécile Hochard et Arnaud Passalacqua. Voici le ressenti d'une "vue personnelle de l’extérieur" selon Julian Diepolder, étudiant de Rhétorique (HMDK Stuttgart, Allemagne).

Julian Diepolder, Edith Heurgon

Pourquoi un étudiant de Rhétorique décide-t-il de participer à un colloque qui s'appelle Le rail de ville et le rail des champs ? Bonne question : un centre culturel qui traite des sujets actuels et sociaux est un endroit qui montre que la communication, l'échange et le contact entre personnes passionnées font naître de nouvelles idées pour enrichir notre société. Comme je savais par L. H. (participante en 2023) que Cerisy était un endroit merveilleux de rencontre et de pensées partagées, je voulais faire connaissance avec ce lieu unique et profiter de la coopération entre le CCIC et la Fondation suisse d'études.

Pendant toute la semaine, on a parlé intensivement du développement du chemin de fer et de l'attachement à ce sujet. Il s'agit d'un thème qui m'intéresse beaucoup depuis mon enfance, et, aujourd'hui, je trouve facilement des liens avec mon domaine d'études (communication, rhétorique appliquée) : tous les sujets abordés dans le cadre d'un séminaire donnent des réponses à des questions (posées consciemment ou inconsciemment), par exemple : comment parle-t-on du contenu ? quel est le focus ? qui est adressé ? qu'est-ce qu'on veut susciter ?

Après cette semaine, je peux résumer ce que j'ai appris et remarqué en trois catégories.

Premièrement, l'élargissement de mon horizon sur un sujet concret que je ne connaissais pas. On a discuté des différentes étapes de l'histoire ferroviaire en France et en Europe, on a reçu plusieurs points de vue sur l'attachement à travers le temps, et on a approfondi nos connaissances sur des projets et problèmes actuels, par exemple le transport de fret dangereux ou le Grand Paris Express.

Deuxièmement, j'ai reçu des idées concrètes qui changent la vie quotidienne : une intervenante nous a montré le développement du paysage autour d'une ligne de train, un paysage qui a changé avec le temps mais qui s'est aussi orienté vers cette ligne. Cela peut changer notre regard sur le paysage qu'on traverse en train et aider à comprendre certaines décisions qui forment l'image de notre environnement. En plus, nous avons profité d'une table ronde avec des passionnés du rail. Ils nous ont montré comment ils partagent leur passion : des livres illustrés (par exemple sur le viaduc de Garabit) pour toute la famille, des vidéos sur YouTube qui veulent intéresser des personnes qui ne connaissent pas le sujet, des histoires et rapports qui mettent en scène le fait que déjà le trajet en train est un voyage en soi.

Finalement, j’ai tiré de la semaine la rencontre personnelle liée au sujet. Avec une soirée littéraire et un "cabinet de curiosité ferroviaire", chacun des participants a montré son attachement personnel et s'est présenté d'une manière ouverte et sans statut professionnel. Cela faisait qu'on pouvait entrer plus facilement dans des conversations pendant les repas et mieux comprendre pourquoi les individus avaient choisi leur profession ou leur chemin personnel.

D'un point de vue méta, cette semaine m'a montré comment la France et la Suisse se distinguent dans leurs systèmes ferroviaires, et cela me rend reconnaissant, car je peux choisir librement si je préfère le transport par train ou en voiture. Cette possibilité de choisir est un luxe dont nous n'avons pas toujours conscience. J'ai pu enrichir notre groupe en tant que personne qui n'a pas d'expérience directe dans ce domaine, mais qui peut apporter un regard neutre de l'extérieur, lorsque les discussions entraient trop dans des détails insignifiants. Tout cela, je l'ai vécu dans un château magnifique qui m'a fait réaliser un rêve de mon enfance : pouvoir vivre dans une autre époque, comme un roi dans les romans de mon enfance.

Rapport d'étonnement

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"L'ÉCHAPPÉE DE DEUX SŒURS JUMELLES À CERISY,
AU CŒUR DU RÉEL ET HORS DU TEMPS"

PAR CÉLINE ET INÈS WALLART


Du 22 au 28 aoûtt 2025, s'est tenu à Cerisy le colloque Jocelyn Benoist : rendre justice au réel, sous la direction de Benoît Berthelier, Étienne Bimbenet, Pauline Nadrigny et David Zapero, en présence de Jocelyn Benoist. Voici le ressenti d'une "expérience hors du temps" selon Céline Wallart, étudiante en master de physique (ETH Zürich, Suisse) et Inès Wallart, étudiante en économie (Universität St.Gallen, Suisse).

Céline Wallart, Edith Heurgon, Inès Wallart

En tant que bénéficiaire de la Fondation suisse d'études, j'ai eu le privilège de participer au colloque d'une semaine intitulée Jocelyn Benoist : rendre justice au réel, au château de Cerisy-La-Salle.

En effet, la Fondation suisse d'études invite ses bénéficiaires, étudiants en Suisse dans des disciplines très variées, à participer aux divers colloques organisés par Cerisy chaque année. C'est donc dans ce cadre que l'étudiante en master de physique que je suis se retrouva à rencontrer les plus brillants philosophes contemporains du nouveau réalisme.

Ce colloque, réparti entre conférences, débats, et activités récréatives, me fascina. Ayant toujours eu un grand intérêt pour la philosophie, je suivis avec une grande curiosité toutes les conférences et discussions. Les présentations tournèrent autour des pensées que Jocelyn Benoist, récompensé en 2025 par le Grand Prix de Philosophie de l'Académie française, aborda dans ses nombreuses œuvres. Sans Anesthésie, Éléments de Philosophie Réaliste, et nombre d'autres livres, essais et articles présentent une réflexion approfondie sur la nature du réel, l'intentionnalité et la place du sensible.

Une série de conférences en particulier m'inspira. Le sujet du mercredi porta sur l'interdisciplinarité : entre neurosciences et philosophie de la perception, introduction à la mécanique quantique, et coup d'œil en philosophie du droit public, cette journée fut riche en découvertes, impressions durables et débats. Cependant, la conférence que j'ai préférée porta sur la philosophie de l'environnement. Les questions soulevées alors, telles que la valeur intrinsèque des entités naturelles, et la place de l'homme parmi la nature, me marquèrent et me fascinèrent.

En dehors des conférences et discussions en plénière, j'éprouvai un grand plaisir à approfondir maints sujets abordés lors des repas et promenades, autour d'un chocolat chaud ou d'un café à la pause. Ces discussions furent parfaitement complétées par le visionnage du film d'animation japonais Le voyage de Chihiro et le concert de la pianiste Fériel Kaddour. Celles et ceux qui ont participé au colloque étaient très engagés. J'ai notamment appris à mieux les connaître lors des repas, autour d'une table de ping-pong, la raquette à la main, ou lors d'une partie de baby-foot.

Pour conclure, je rajouterai que j'ai beaucoup apprécié la convivialité, l'ouverture d'esprit, et les traditions qui entouraient Cerisy. En apprendre davantage sur le nouveau réalisme et faire toutes ces belles rencontres dans ce si beau château du XVIIe siècle fut un privilège. J'en garderai un excellent souvenir et le grand plaisir d'y avoir noué de nouvelles amitiés.

Céline Wallart


Grâce au programme d'encouragement de la Fondation suisse d'études, j'ai eu l'opportunité de participer à un colloque consacré à la philosophie du nouveau réalisme de Jocelyn Benoist, lauréat du grand prix de Philosophie de l'Académie française. Accueillie dans le cadre idyllique du château de Cerisy, cette rencontre intellectuelle, qui avait pour but de "rendre justice au réel", m'a permis de prendre conscience de la multitude de façons dont nous sommes amenés à interagir quotidiennement avec notre environnement : à travers l'écoute d'une fausse note dans un prélude de Debussy, la contemplation d'une œuvre d'art en trompe-l'œil, ou en fin de soirée lors d'un match de baby-foot endiablé dans les caves du château.

Le colloque s'est distingué par un rythme particulièrement soutenu, représentant pour moi un vrai défi intellectuel quant à la compréhension d'une philosophie dense et complexe, qui, bien que trouvant son origine dans la phénoménologie, s'est imposée aujourd'hui sur la scène philosophique avec un langage et des concepts qui lui sont propres. Pourtant, cela n'a en rien empêché les intervenants de faire habilement résonner ces idées à travers divers courants philosophiques contemporains, tel que l'existentialisme.

En ce qui me concerne, les séminaires interdisciplinaires ont été les plus enrichissants. En abordant leurs disciplines respectives sous le prisme du nouveau réalisme de Jocelyn Benoist, les intervenants m'ont invitée à réfléchir aux applications morales de la philosophie et à leurs implications pour la responsabilité individuelle, la question environnementale et la numérisation. Ainsi, la conférence du philosophe italien Maurizio Ferraris sur la "technosophie", qui constitue la réponse du nouveau réalisme à un monde numérique, a soulevé des questions éthiques concernant l'accès aux données et leur redistribution, qui m'ont particulièrement intéressée. Par ailleurs, étant étudiante en économie, j'ai été sensible à l'analyse de la valeur intrinsèque de la nature à travers la théorie de l'anthropocentrisme décentré ; ce thème a retenu mon attention, l'économie étant par essence une science anthropocentrique.

En un certain sens, participer à ce colloque m'a permis d'exercer pleinement mon esprit critique et m'a amenée à repenser mon rapport aux autres et au langage. Ce fut également une excellente opportunité de découvrir l'univers académique de la Sorbonne, représenté lors de ce colloque par plusieurs de ses professeurs et doctorants.

J'ai pu également constater avec plaisir que les conversations informelles lors des repas s'apparentaient aux débats et discussions qui animent habituellement les séminaires de la Fondation suisse d'études. Alors que la tartine du matin se dégustait autour d'une discussion sur l'animisme dans l'œuvre de Miyazaki, "Le Voyage de Chihiro" ayant été visionné la veille, le déjeuner se prêtait inopinément à une démonstration de physique quantique.

À mon arrivée au château, j'ai été particulièrement marquée lorsque Edith Heurgon, la directrice du centre culturel, a annoncé à l'assemblée réunie au grenier que l'on s'y sentait chez soi après trois colloques. Pour ma part, je peux affirmer que l'hospitalité d'Edith, la gentillesse du personnel et la sérénité des lieux d'emblée m'ont enchantée. J'y ai passé un séjour remarquable et noué des liens qui, je l'espère, perdureront.

Inès Wallart

Rapport d'étonnement

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"UNE EXPÉRIENCE AUSSI RICHE QU'INSTRUCTIVE"

PAR SARAH GAVIN


Du 25 au 31 juillet 2025, s'est tenu à Cerisy le colloque Les propagations : un nouveau paradigme pour les sciences sociales ?, sous la direction de Dominique Boullier, Jean-François Lucas, Guillaume Sibout et Françoise Thibault. Voici le ressenti d'une "expérience aussi riche qu'instructive" selon Sarah Gavin, bachelor en économie et management (Universität Genf, Suisse).

Sarah Gavin

Le colloque Les propagations : un nouveau paradigme pour les sciences sociales ? dirigé par Dominique Boullier auteur d'un livre du même nom a été une expérience aussi riche qu'instructive. Toutes les réflexions de la semaine ont porté sur les différentes propagations présentes dans une variété de domaines.

En arrivant à ce colloque, je n'avais pas d'attentes précises si ce n'est celle le plaisir de la découverte. D'abord ce lieu : un magnifique château donnant naissance à la déconnexion du quotidien. Ensuite, l'expérience en elle-même d'un colloque : ce fut mon premier colloque. Je peux dire a posteriori que cette aventure a largement dépassé mes espérances.

La richesse de ce colloque était visible dans les intervenants issus d'horizons disciplinaires et professionnels très variés. Cette pluralité a permis d'aborder la notion de propagation sous des angles multiples, en passant des rumeurs aux virus, puis des holàs aux réseaux sociaux. Chaque intervention permettait d'éclairer la précédente tout en apportant sa nuance, mais en gardant une logique d'ensemble cohérente. Tout cela enrichissait les échanges dans le respect et le partage.

Un élément que j'ai beaucoup apprécié est la manière dont les présentations s'articulaient entre elles : une véritable gradation et complémentarité des notions, où chaque exposé permettait de mieux appréhender le suivant. Le véritable soin dans l'agencement du programme était perceptible et nous a accompagné dans la construction de notre réflexion durant toute la semaine.

Certaines interventions m'ont particulièrement marquée, notamment celle sur les rumeurs, qui m'a permis de mieux appréhender les mécanismes historiques et sociaux, en particulier au XXe siècle, tout en me captivant tout du long. Dans l'ensemble, j'ai apprécié les formats variés des présentations ainsi que des ateliers innovants comme celui autour de Snapchat, la complexité du sujet sans en exclure des aspects plus contemporains et inattendus.

Les moments d'échange ont été l'occasion de belles rencontres. J'ai eu la chance de discuter avec des personnes passionnantes et passionnées venant de disciplines très variées comme l'ethnologie, le droit ou encore le secteur privé.

Le seul bémol que je retiens concerne l'enchaînement à un moment de plusieurs présentations en visioconférence. Si la visio a ses avantages comme avoir accès à des intervenants éloignés géographiquement, elle diminue l'intensité de l'interaction et a entraîné mon manque d'attention par moments.

Enfin, je ne peux conclure sans évoquer à nouveau l'importance de ce lieu. Le château n'est pas seulement un cadre magnifique, il participe activement à l'expérience et à la réflexion qui naît en nous. Il favorise la concentration, la déconnexion et donne une temporalité différente où l'on apprend à prendre le temps.

Je ressors de cette semaine remplie de beaux souvenirs, de nouvelles connaissances, ainsi que de nombreuses lectures à effectuer. Un grand merci à toute l'équipe organisatrice, notamment Edith Heurgon et Fabienne Peyrou qui permettent la réalisation d'événements comme celui-là nécessaires pour le partage de savoir. Merci également à la Fondation suisse d'études qui m'a permis de découvrir et d'assister à ce colloque.

À mon tour de faire la propagation de ces colloques et n'hésitez pas à y aller si vous en avez la chance et l'opportunité.

Merci !


POUR FAIRE SUITE :

Témoignage d'une boursière de la Fondation suisse d'études. Rencontre avec Sarah GAVIN, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.