MÉTAMORPHOSES PAR LE PAYSAGE
LE PAYSAGE COMME BOUSSOLE ?
NAVIGATION DANS L'ARCHIPEL DES MÉTAMORPHOSES
DU MERCREDI 14 MAI (19 H) AU MARDI 20 MAI (14 H) 2025
[ colloque de 6 jours ]
DIRECTION :
Bertrand FOLLÉA, Roger GOUDIARD, Stéphanie LANGEVIN, Patrick MOQUAY
Avec le concours d'Emmanuel FAUCHET
ARGUMENT :
Pour qu'elle se concrétise, il manque à la transition écologique et énergétique une perspective du monde sobre, décarboné et résilient de l'après-pétrole. Vers quel pays nous mènent ces azimuts et comment embarquer pour prendre le cap ?
Plus la vague climatique, écologique et sociale grandit, plus la démocratie se trouve menacée, ballotée entre l'inaction populiste à tribord et l'autoritarisme technocratique à babord.
Dans L'Archipel des Métamorphoses(1), Bertrand Folléa soutient que le paysage s'offre comme méthode au service des profondes transformations sociétales. Ni tableau à contempler, ni territoire à équiper, ni carte postale à protéger, ni décor à planter : sorti de ces réductions, le paysage recouvre sa capacité à offrir du sens comme milieu de vie à façonner, constituant un bien commun.
L'archipel constitue la figure métaphorique du paysage de l'après-pétrole. Il s'oppose à la "continentalisation" mortifère des mégalopoles nées de l'ère des énergies fossiles.
Jusqu'à quel point le paysage comme projet politique peut-il constituer cet inattendu instrument de navigation dans la conduite de la transition ?
Embarqués à Cerisy, nous naviguerons dans l'Archipel des Métamorphoses pour tester le paysage comme boussole, avec pour escales : l'imaginaire, le territoire, la politique, l'économie, l'éducation, … et les îles Chausey.
(1) L'Archipel des Métamorphoses – La transition par le paysage, Bertrand Folléa, Éditions Parenthèses, 2019.
MOTS-CLÉS :
Agriculture, Agro-écologie, Anthropocène, Archipel, Architecture, Arts, Bien commun, Biodiversité, Cadre de vie, Climat, Comportement, Décarbonation, Démocratie, Écologie, Économie, Éducation, Énergie, Forêt, Imaginaire, Interdépendances, Interdisciplinarité, Métamorphose, Méthode, Mobilités, Mode de vie, Nature, Paysage, Perception, Politique, Projet, Récit, Relation, Représentation, Résilience, Risque, Ruralité, Science, Sensible, Site, Sobriété, Territoire, Transdisciplinarité, Transition, Transition écologique, Transition énergétique, Transformation, Urbanisme, Valeur, Ville, Vivant, Zones ateliers, Zone critique
CALENDRIER PROVISOIRE (11/04/2025) :
Mercredi 14 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS
Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants
Jeudi 15 mai
MÉTAMORPHOSES DES REPRÉSENTATIONS, DES PERCEPTIONS, DES IMAGINAIRES, DE L'ESTHÉTIQUE
Pour que le paysage devienne le bras armé des transitions, il faut remettre le concept à nu et faire valoir sa capacité à embarquer. La table ronde, par des approches théoriques et des illustrations pratiques, évoquera les mises en récits qui activent l'imaginaire et transforment nos représentations du paysage.
Matin
Bertrand FOLLÉA : L'Archipel des métamorphoses : la transition par le paysage
Robert CASATI : Philosophie de l'archipel, inspirations pour le paysage et ses métamorphoses (visioconférence)
Après-midi
Visite de Cerisy : une lecture archipélique du paysage, château-parc-campagne, sous la conduite de Anne BAS, Sylvie CACHIN-LAROCHE et Jean COLLETTE
Paysages en métamorphoses : transformer nos représentations, table ronde animée par Sylvain ALLEMAND, avec Soline ARCHAMBAULT, Cécile CHAPON et Rachel RAJALU
Soirée
Lecture d'Édouard Glissant, par Rachel COHEN
Vendredi 16 mai
"HORS LES MURS" — DE L'ARCHIPEL À LA FIGURE DE L'ARCHIPEL, EMBARQUEMENT POUR LES ÎLES CHAUSEY
La visite de l'archipel des îles Chausey permettra aux participants du colloque de prendre la mesure des défis des transitions, au-delà de la carte postale. Entre insularité et interdépendance, comment concrétise-t-on la transition par le paysage pour gérer un micro-territoire fragile ? On y parlera d'énergies, de déchets, de tourisme, de biodiversité, de climat…
"Entre autonomie et interdépendance : transitions et paysages des îles Chausey", visite de l'Archipel de Chausey animée par Emmanuel FAUCHET et Stéphanie LANGEVIN, avec la participation de Gérard DIEUDONNÉ, Clémentine DRAPEAU, Régis LEYMARIE, Charles POSTEL et Philippe SURVILLE
Samedi 17 mai
MÉTAMORPHOSES DE LA "NATURE" / FORÊT, AGRICULTURE, VILLE
Après la transformation des perceptions, évoquée le premier jour puis éprouvée aux îles Chausey, le colloque aborde la transformation des territoires eux-mêmes. Il s'agit de mettre en évidence comment l'approche relationnelle du paysage peut permettre d'inscrire l'action humaine dans la conscience de la Zone critique, de ses fragilités et interactions ; et comment elle conduit à placer la transition agricole au cœur de toutes les transitions. La table ronde de l'après-midi permettra de revisiter la ville, l'agriculture, la forêt et la nature, incluant les énergies et les mobilités, au filtre du paysage comme relation.
Matin
Jérôme GAILLARDET : Le paysage au prisme de la Zone critique : faire d'une fragilité une force active des transitions
Sébastien MAROT : Agriculture et architecture : faut-il (se) préparer (à) un exode urbain ?
Après-midi
Portr'Haies, exposition présentée par Stéphane JANOU et Yvon DAVY
Arts et sciences de l'aménagement au défi de l'approche relationnelle du paysage, table ronde animée par Roger GOUDIARD, avec Pascal AMPHOUX [Le paysage n'est pas donné(e), il se construit, il s'écoute, est un rapport au monde, irrécupérable, hors marche], Laetitia CORCELLE [À l'écoute des chants de la Terre], Pierre HAGENBURG [Réseaux d'électricité et approche relationnelle du paysage], Louis HENRY, Patrick MOQUAY et Yves POSS [Les forêts, hier, aujourd'hui et demain]
Soirée
"HORS LES MURS" — AU CINÉMA LE LONG-COURT DE COUTANCES
Autour du film Pour faire un monde, projection et débat en présence du réalisateur Rémi MAUGER, avec Pascal FEREY [sous réserve], Bruno GODET et Anne HÉBERT
Dimanche 18 mai
MÉTAMORPHOSES POLITIQUES, MÉTAMORPHOSES DE L'ÉCONOMIE
Dans sa dimension sociologique comme dans sa dimension écologique, la démarche transitionnelle du paysage bute sur les logiques politiques et économiques à l'œuvre dans l'aménagement du territoire. Un éclairage historique de l'économie permettra de remettre en lumière une science du commerce et une physique œconomique qui réhabilitent les territoires situés et les interdépendances du vivant. Un éclairage politique du paysage identifiera les conditions à mettre en place pour qu'un portage politique assumé de la démarche paysagère puisse s'engager au cœur des transitions. La table ronde de l'après-midi offrira le cadre pour débattre des leviers politiques et économiques à actionner en faveur de l'approche relationnelle du paysage, en prenant appui sur les expériences vécues des intervenants.
Matin
Arnaud ORAIN : Des "hectares fantômes" aux "savoirs perdus" : repenser les approches économiques des paysages
Lucile SCHMID : Politiques : s'emparer de la démarche paysagère
Après-midi
"HORS LES MURS" — PARC RURAL DE PIROU
Visite du parc : fondements politiques, économiques, sociaux et écologiques, sous la conduite de Noëlle LEFORESTIER, José CAMUS-FAFA et Christophe LETOUZÉ (jardinier du parc), en présence des paysagistes concepteurs : Thibault GUÉZAIS et Marc VATINEL
Au-delà du militantisme : la transition par le paysage, un défi politique et économique, table ronde animée par Patrick MOQUAY, avec Jean-François CARON [Transition systémique du bassin minier Nord/Pas-de-Calais : l'après charbon vu par le filtre du paysage et de la mise en récit], Jean-Yves CHAPUIS [Rennes la ville archipel, l'intégration de la nature et de l'agriculture dans la conception de la ville], Cyril GOMEL, Vincent MONTRIEUX et Henri TRUBERT
Soirée
Première du concert Les Chants de la Terre par l'Ensemble Ô, dirigé par Laetitia CORCELLE, dans le cadre du Festival Pierres en lumières (ouvert au public, gratuit sur réservation)
Lundi 19 mai
MÉTAMORPHOSES DE L'ÉDUCATION, DES COMPORTEMENTS, DES VALEURS
La transition par le paysage suppose une toute autre culture de l'aménagement que celle qui, depuis le XXe siècle, favorise l'équipement du territoire par une prééminence de l'ingénierie technique. De nature civilisationnelle, cette rupture appelle une transformation des représentations du monde, des valeurs qui fondent les sociétés humaines et des rapports entre humains et non humains. La table ronde de l'après-midi témoignera d'une "éducation à l'attention" pour rendre possibles les métamorphoses par le paysage.
Matin
Olivier RAGUENEAU : Une unis-vers-cité pour l'accroît-sens : réseau des zones ateliers et sciences transformatives
Sophie MARINOPOULOS : Le paysage au prisme des sciences de l'éducation
Après-midi
Empreintes, habiter les paysages littoraux de 2050, exposition présentée par Clotilde LEBRETON et Marion GOBIN
L'éducation pour transformer nos manières de percevoir et de faire le paysage, table ronde animée par Sylvain ALLEMAND, avec Alexandra BONNET, Roger GOUDIARD, Vincent GUICHARD et Lolita VOISIN (Métamorphoses de l'éducation, des comportements - apprendre à apprendre)
Soirée
Grande fête du paysage en musique avec Laetitia CORCELLE
Mardi 20 mai
BILAN ET PERSPECTIVES SUR L'ARCHIPEL DES MÉTAMORPHOSES
Matin
Restitution du workshop "De Cerisy à la baie des Veys : archipel 2075" (titre provisoire)
Perspectives et débats, animés par Bertrand FOLLÉA, Roger GOUDIARD, Stéphanie LANGEVIN et Patrick MOQUAY
Après-midi
DÉPARTS
RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :
Bertrand FOLLÉA
Bertrand Folléa est paysagiste urbaniste concepteur (ENSP Versailles, D.E.A. "Jardins, paysages, territoires" ENSA Paris-La Villette et EHESS). Il co-dirige avec Claire Gautier l'agence Folléa-Gautier paysagistes urbanistes, créée en 1991, Grand prix national du paysage en 2016. Il publie régulièrement des articles sur l'urbanisme, l'aménagement et le paysage. Il est l'auteur de L'Archipel des Métamorphoses – la transition par le paysage (Parenthèses, 2019), un essai qui explique pourquoi la démarche de projet de paysage rend possible et concrétise efficacement la transition écologique et énergétique. Il est Paysagiste-Conseil de l'État depuis 1994 et ancien Paysagiste-Conseil du Ministère de la Culture (2004-2010). Directeur des chaires à l'École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille (ENSP), il est aussi responsable de la chaire "Paysage et énergie" depuis sa création en 2015. Il a été Professeur associé à l'INSA Centre Val de Loire (École de la nature et du paysage) de 2013 à 2023.
Roger GOUDIARD
Agro-économiste, Roger Goudiard a commencé sa vie professionnelle par une dizaine d'années de terrain aux côtés des paysans de la Vallée du Sénégal ; puis sa carrière s'est déroulée au sein de l'Agence française de développement à négocier, financer, évaluer des projets et des politiques de développement. Il a été amené à travailler, soit en résidence, soit en mission, dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, de Méditerranée, d'Asie, sur une large palette de questions de développement : rural et agricole, urbain et infrastructures, santé et éducation, finances publiques et système bancaire, environnement et mutation climatique. Il a dirigé le département Asie de l'AFD, le département des politiques et des études, le campus dédié à la formation des cadres des pays partenaires de l'AFD. Il a aussi, au tournant des années 2000, été cumulativement administrateur du Fonds français pour l'environnement mondial, remarquable outil d'apprentissage des questions globales de Climat et de Biodiversité. À la retraite depuis 2017, il met son expérience et ses outils professionnels au service de son territoire de vie en siégeant au Conseil scientifique du Parc naturel régional du Morvan depuis 2018 et au Conseil d'administration du Centre de recherche archéologique de Bibracte depuis 2019. Il a intégré en 2020 le Conseil d'administration du Réseau des Grands sites de France, dont il préside la Commission de prospective, et a été coopté en 2022 au sein du Collectif PAP, Paysage de l'après-pétrole, qui œuvre en France à la diffusion des principes de la Convention européenne du Paysage de 2000.
Patrick MOQUAY
Dans le cadre de la table ronde "Arts et sciences de l'aménagement au défi de l'approche relationnelle du paysage", Patrick Moquay propose d'évoquer les dilemmes soulevés par la question du paysage. Le paysage est à la fois le fruit de dynamiques spontanées et d'interventions humaines, de transformations matérielles et culturelles, reflet et produit du rapport à l'espace des membres d'une société. Tantôt — et même souvent — production involontaire ou fortuite, quand le paysage résulte de l'organisation de l'espace par et pour les activités humaines, selon des finalités notamment économiques, tantôt aménagement délibéré, projection réfléchie d'une intention spatiale. Considéré parfois comme trop savant, au point d'éviter le terme pour ne pas effaroucher les acteurs sociaux, ou comme trop futile, au risque de susciter l'attention des décideurs politiques ou économiques, et pourtant apprécié comme objet familier, appropriable par tous, autorisant l'expression de chacun et permettant d'initier le dialogue. Objet de passion(s) et/ou outil pour dépassionner le débat… Comment faire du paysage un vecteur de réinvention des pratiques d'aménagement, en évitant les écueils d'une approche purement conservatrice ou fixiste, tout en posant des exigences formelles de participation et de délibération, et en explicitant par ce moyen des valeurs partagées de ménagement des territoires ?
Patrick Moquay est professeur à l'École nationale supérieure de paysage de Versailles, dont il dirige le laboratoire de recherche en projet de paysage (Larep). Docteur en science politique, il a associé tout au long de son parcours les responsabilités académiques, comme enseignant et chercheur, et l'implication dans la pratique, auprès d'acteur locaux et de collectivités, puis comme élu local (maire de Saint-Pierre d'Oléron de 2008 à 2014). Ses premiers travaux s'intéressaient à la gouvernance locale (notamment les questions de coopération et de participation) et la gestion des biens environnementaux dans l'espace rural. Ils se focalisent désormais sur l'action paysagère locale et les dilemmes des politiques de préservation des patrimoines naturels et culturels face aux enjeux des changements globaux, notamment dans les espaces littoraux.
Cécile CHAPON
Dans le cadre de la table ronde "Paysages en métamorphoses : transformer nos représentations", il s'agira d'abord de resituer certains concepts importants de la pensée d'Édouard Glissant, en particulier la Relation, la pensée de l'archipel, mais aussi le lieu-commun et le paysage bien sûr, et d'interroger la place grandissante allouée au vivant et à l'élémentaire dans son œuvre, comme des voies d'ouverture de l'imaginaire. Nous pourrons saisir dès lors comment cette pensée résonne avec celle de Bertrand Folléa dans l'Archipel des métamorphoses, et nous interroger collectivement sur les manières dont la littérature et les arts peuvent élargir nos imaginaires et sur les manières de donner corps, dans nos pratiques, nos perceptions et nos représentations, à cette pensée du paysage.
Cécile Chapon est maîtresse de conférences en littérature comparée à l'université de Tours, et co-fondatrice de l'association CARACOL-Observatoire des littératures caribéennes. Spécialiste des littératures de la Caraïbe, et en particulier d'Édouard Glissant, c'est à ce titre qu'elle revient à Cerisy après avoir participé au colloque Édouard Glissant, la relation mondiale (août 2022). Ses recherches actuelles portent sur les rapports entre langages, paysages et mémoire (voir par exemple l'article "Les déclinaisons de la "parole du paysage" dans l'œuvre d'Édouard Glissant. De la démesure à l'ancrage, du poétique au politique", Paysages littéraires. Nature, écologie, écocritique dans les littératures caribéennes, dir. Pauline Amy de la Brétèque & Natacha d'Orlando, Paris, Classiques Garnier, 2023, p. 15-32). Les perspectives écopoétiques et l'acte de traduire au sens large l'intéressent plus particulièrement pour sonder ce que peut la littérature.
Jean-Yves CHAPUIS
Jean-Yves Chapuis est né le 14 janvier 1952 à Lyon. Il a fait des études de droit, de sociologie et d'urbanisme. Depuis 1979 il travaille dans l'urbanisme opérationnel. Il a été directeur de l'école d'architecture de Bretagne de 1997 à 2002. Il a été professeur associé à l'I.F.U (aujourd'hui école d'urbanisme de Paris) et enseignant à l'école d'architecture Paris Val de Seine. Élu, 5 mandats (1983 à 2014), à Rennes comme adjoint à l'urbanisme et vice-président des formes urbaines à la métropole. Il est consultant en stratégie urbaine. Il a une triple expérience d'élu, de praticien et d'enseignant. Il est l'auteur des ouvrages : Rennes, la ville archipel, Profession urbaniste, La ville n'est pas figée, L'élu local comme artisan du changement, Faire la Ville ? Quelle Ville ?, Accepter de vivre dans l'intranquillité et Le projet humain avant le projet urbain. Il a coordonné les deux tomes de Villes en évolution de l'Institut des villes.
Laetitia CORCELLE : À l'écoute des chants de la Terre
Réflexions sur les liens concrets entre paysage et musique, sur la dimension vivante qui les caractérise, et comment cela peut se transmettre artistiquement.
Tout comme en peinture, le paysage a largement inspiré les musiciens de tous siècles. Cela constitue un immense répertoire aux multiples facettes, passionnant à découvrir et interpréter. Un lien plus profond encore entre musique et paysage est tout simplement l'espace : le son se propage dans un espace, ce faisant, il le dessine et l'anime. Ainsi la musique, tout comme le paysage, ne peut pas se résumer à une fonction de décor inanimé. Comment faire ressentir cela à un public au cours d'un concert ? Cas pratique autour des Chants de la Terre, concert de l'ensemble Ô, où dialoguent la voix du monde sauvage, enregistrée et composée par l'audio-naturaliste Fernand Deroussen, et les voix humaines des huit chanteurs Ô.
Jérôme GAILLARDET : Le paysage au prisme de la Zone critique : faire d'une fragilité une force active des transitions
La notion de paysage ne va pas de soi lorsqu'elle est vue à l'aune des sciences expérimentales. Géologique, hydrologique, écologique, géomorphologique, pédologique… : de nombreuses entrées sont possibles que la spécialisation des sciences et des institutions au cours des derniers siècles a trop largement encouragées. La zone critique est une initiative venant des sciences de la Terre et destinée à les reconnecter autour de sites instrumentés — les observatoires de la zone critique — comme autant de laboratoires "in situ". Nous ferons un état des lieux de cette nouvelle "science des lieux" en montrant que même si le nom n'est jamais vraiment prononcé, il s'agit bien d'une science du paysage.
Jérôme Gaillardet est professeur de sciences de la Terre à l'Institut de Physique du Globe de Paris. Géochimiste, il s'intéresse à la manière dont les cycles biogéochimiques régulent l'habitabilité planétaire. Il est le co-fondateur du réseau des observatoires de la zone critique (OZCAR), un réseau d'observatoires pérennes et au long-terme des différentes entités du paysage. Il s'est vu décerner la médaille d'argent du CNRS en 2018 pour ses travaux.
Cyril GOMEL
Dans le cadre de la table ronde "Au-delà du militantisme : la transition par le paysage, un défi politique et économique", Cyril Gomel propose d'évoquer particulièrement la manière dont les savoir-faire, concepts, méthodes, démarches… attachés à l'approche par le paysage peuvent avoir un rôle stratégique à jouer dans la conception et la mise en œuvre de l'action collective, qu'il s'agisse de politiques publiques ou plus largement d'action sociétale. Le contexte actuel de très forte remise en cause de cadres de l'action publique jusque-là vécus comme relativement pérennes, quoiqu'insuffisamment performants, créent l'impératif de réfléchir "en dehors de la boite" et refonder largement les stratégies d'action, sans perdre de vue les fondamentaux, l'importance du temps long et la réalité territoriale, plus largement de l'action de terrain.
Agronome, géographe, ingénieur des ponts, des eaux et des forêts, ancien auditeur de l'Institut des hautes études d'aménagement des territoires, Cyril Gomel s'est précocement orienté vers l'aménagement des territoires, le développement local et l'environnement. Cadre dirigeant des ministères chargés de la cohésion des territoires et de la transition écologique, il a exercé plus de 20 ans des responsabilités de direction et d'expertise pour l'administration d'État, les établissements publics et le monde territorial (directeur de technopole, ancien élu municipal). En 2022, il a créé le cabinet de conseil Novalia Censis pour accompagner acteurs publics et privés dans les champs stratégique et opérationnel liés aux territoires, aux transitions et à l'innovation. Son investissement dans le monde du paysage commence avec sa première expérience professionnelle de maîtrise d'ouvrage au Conservatoire du littoral, en restauration et gestion d'espaces naturels protégés. Il poursuit en tant qu'élu local avec mise en place d'un plan de paysage pour sa commune, remarqué au niveau national. Il intègre en 2023 le collectif Paysages de l'après pétrole (PAP) et contribue à l'établissement d'une note pour la Fabrique écologique sur le rôle des démarches de paysage au service de la transition écologique. Il s'intéresse au lien entre les enjeux et démarches de paysage avec les autres approches de l'aménagement et avec l'action publique.
Yves POSS : Les forêts, hier, aujourd'hui et demain
Vues de dessus, de l'extérieur, ou du dessous, quand chacun pénètre sous leurs frondaisons, les forêts sont un élément des paysages actuels ; elles effacent peu à peu les marques apportées par le passé. Elles subissent, s'adaptent, et probablement de plus en plus, à l'influence des changements globaux liés au développement de l'humanité. Mais elles restent un formidable milieu de vie, où flore, fonge et faune luttent, s'entraident, se côtoient pour poursuivre et prolonger, chacune pour soi, leur existence. Ces trois dynamiques coexistent, souvent complétées par une gestion, par des actions qui veulent orienter l'avenir des peuplements. pour satisfaire les multiples exigences des humains présents, et leur vision d'un futur probable ou désirable.
Yves Poss est Ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts, retraité. Il a poursuivi sa carrière auprès de divers ministères, et avec des localisations variées, centrée, globalement, sur l'aménagement rural et la filière forêt bois et avec un dernier poste auprès de l'équipe aménagement du territoire d'AgroParisTech de Clermont-Ferrand. Il suit à présent la politique forestière, et en particulier sur le plateau de Millevaches, au sein du conseil scientifique et de prospective.
En savoir plus : www.yvesposs.com
Lucile SCHMID : Politiques : s'emparer de la démarche paysagère
Paysage, un mot que chacun comprend et qui renvoie pourtant à des réalités différentes selon le contexte, les situations. Le paysage est mental autant que physique, c'est aussi un mot que l'on n'a pas besoin d'expliquer contrairement à d'autres mots considérés comme plus savants ou abstraits (par exemple écologie). C'est enfin un terme qui permet de définir et d'imaginer un projet collectif. Comment alors ne pas défendre l'idée que le paysage est aujourd'hui un terme fécond pour donner un contenu aux politiques publiques, favoriser les exercices de démocratie situés dans les territoires, envisager des transformations indispensables en associant dimension technique, économique et culturelle ? L'approche par le projet de paysage permet la confluence des approches. Mais qu'en est-il du passage à l'acte, du lien avec le monde de la décision ?
Lucile Schmid est Administratrice de l'État au Ministère de l'économie et des finances. Co-fondatrice d'un cercle de réflexions sur les enjeux écologiques, elle y est responsable des relations avec le monde universitaire. Haut-fonctionnaire de formation, elle est attachée à la vision d'institutions ouvertes sur la société, vision qu'elle a développée dans différents travaux et ouvrages. Membre du comité de rédaction de la revue Esprit depuis 1996, ses réflexions portent sur l'état de nos démocraties et elle y organise régulièrement des rencontres. Depuis l'automne 2023, elle effectue une mission au sein du mouvement Emmaüs pour y travailler à l'articulation des enjeux sociaux et écologiques.
"De Cerisy à la baie des Veys : archipel 2075" (titre provisoire) | Programme à télécharger
À quoi ressemblera le paysage post anthropocène ?
Si l'anthropocène est la marque d'une sur-emprise humaine mortifère sur la planète, comment façonner des milieux plus favorables à la vie ?
À partir d'une situation réelle proche de Cerisy, les problèmes et les risques contemporains, intégrant le climat, la biodiversité et le lien social, seront décryptés d'entrée. Sur cette base, une approche sensible et documentée identifiera les valeurs paysagères en place ou latentes, et servira de tremplin à l'imaginaire. Le paysage comme relation sera la méthode mise en place, et la figure de l'archipel sera convoquée pour construire le récit spatialisé d'une attention renouvelée au vivant humain et non humain dans leurs interrelations et cohabitations.
Le débat final fera la part entre les métamorphoses écologique et sociales à engager : effectives et affectives, objectives et subjectives, matérielles et immatérielles, scientifiques et esthétiques, techniques et culturelles.
Avec la participation d'étudiants :
- de l'ENSP (Corentin BARET, Oscar BRUNET, Benjamin MANN, Claire SIMON) ;
- de l'ENSCI (Lucas GUILLEMIN, Martin GUYOT) ;
- de Sciences Po Rennes à Caen ;
- de BTS du Campus Métiers Nature de Coutances (Enguerrand BAZIRE).
Encadrants et organisateurs :
Simon BOUCHAUDY, Designer et vidéaste
Emmanuel FAUCHET, Directeur du C|A.U.E 50
Stéphanie LANGEVIN, Paysagiste du C|A.U.E 50
Clémence MATHIEU, Paysagiste et plasticienne
Avec la participation d'Aurélie AUGE (Documentaliste en charge de la médiation culturelle au C|A.U.E 50), et le compagnonnage de l'équipe du C|A.U.E de la Manche : Nicolas DURAND (Thermicien), Jean-Jacques ERNAULT (Architecte conseiller), Marion GOBIN (Urbaniste conseiller), Laure GROZNYKH (Architecte conseiller) et Cécile GUILLOPÉ (Paysagiste conseiller).
L'intervention des élus du SIATR du Pays des marais :
Bruno HAMEL, Maire de Saint-Martin d'Aubigny, Président du SIATR du Pays des marais
Joël BEUVE, 3ème Adjoint, Saint-Martin d'Aubigny, Délégué du SIATR du Pays des marais
Nicolas JEANSON, Maire de Feugères, Délégué du SIATR du Pays des marais
Marie-Rose LELIÈVRE, 1ère Adjointe, Déléguée aux affaires scolaires, Feugères [sous réserve]
Vanessa DAUVERS, Conseillère municipale, Déléguée du SIATR du Pays des marais, suppléante aux affaires scolaires, Feugères [sous réserve]
Anne HÉBERT, Maire de Marchésieux, Déléguée du SIATR du Pays des marais
Rolland LEPUISSANT, 1er Adjoint, Délégué du SIATR du Pays des marais
L'implication de personnes ressources :
Frédéric GRESSELIN, Chargé de mission développement de la connaissance sur les milieux - SMCAP/PETRA, DREAL Normandie [sous réserve]
Joëlle RIMBERT, Pôle Aménagement, développement et cadre de vie, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin
L'accueil et l'accompagnement d'acteurs du territoire :
Martin GOSSELIN, Technicien bocage, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin [sous réserve]
François STREIFF, Architecte conseil, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin [sous réserve]
François-Marie HÉBERT, Président, ADEN – filière bois-énergie [sous réserve]
François-Xavier RIBET, Co-président, ADAME des Marais – éducation populaire à l'environnement [sous réserve]
Émilie et/ou Maxence CALAIS, Agriculteurs sur la commune de Marchésieux - élevage de vaches laitières, GAEC des Normandistes [sous réserve]
Ludivine LECOMTE et/ou Aurélie BOURRASSIN, Entrepreneuses, La Laine sous les pommiers [sous réserve]
BIBLIOGRAPHIE :
• Aït-Touati Frédérique & Latour Bruno, Trilogie terrestre, Éditions B42, 2022.
• Ambroise Régis & Marcel Odile, Aménager les paysages de l'après-pétrole, Éditions Charles Lépolod Mayer, 2015.
• Amphoux Pascal, Ambiances en débats, Éditions À la Croisée, 2004.
• Besse Jean-Marc, La nécessité du paysage, Éditions Parenthèses, 2018.
• Casati Roberto, Philosophie de l'océan, Presses universitaires de France, 2022.
• Chapuis Jean-Yves & Viard Jean, Rennes la ville archipel, Éditions de l'Aube, 2013.
• Dufumier Marc, La transition agroécologique : qu'est-ce qu'on attend, Éditions Terre vivante, 2023.
• Folléa Bertrand, L'Archipel des Métamorphoses – La transition par le paysage, Éditions Parenthèses, 2019.
• Folléa Bertrand, Thibault Jean-Pierre & coll., "Réussir la transition écologique par l'approche paysagère", Note de La Fabrique Écologique, n°50, 2024.
• Gaillardet Jérôme, La Terre habitable ou l'épopée de la zone critique, Éditions La découverte, 2023.
• Glissant Édouard, Philosophie de la relation, Éditions Gallimard, 2009.
• Ingold Tim, Marcher avec les dragons, Éditions Points, 2018.
• Lanaspèze Baptiste, Les pensées de l'écologie, un manuel de poche, Éditions Wildproject, 2021.
• Magnaghi Alberto, Le projet local, Éditions Mardaga, 2003.
• Marinopoulos Sophie & Trubert Henri, Relions-nous – La constitution des liens, Les liens qui libèrent, 2021.
• Marinopoulos Sophie, Ce que les enfants nous enseignent, Les liens qui libèrent, 2024.
• Moquay Partrick (dir.), Jardins en société, Hermann Éditeurs, Coll. "Les traversées de Cerisy", 2022.
• Morin Edgar, Introduction à la pensée complexe, Éditions Seuil, 2005.
• Morizot Baptiste, Manières d'être vivant, Éditions Actes Sud, 2022.
• Orain Arnaud, Les savoirs perdus de l'économie, Éditions Gallimard, 2023.
• Ragueneau Olivier, Changement clim-éthique "Agir Global, Penser Local" et autres retournements jubilatoires, Éditions Librinova, 2020.
• Schmid Lucile, Les mondes de l'écologie, Revue Esprit, 2018.
• Thibault Jean-Pierre, Aménager les territoires du bien-être, Éditions Le Moniteur, 2023.
• Voisin Lolita, Morisseau Gregory & Servain Sylvie, Les paysages de l'eau - Une histoire de relations, Presses universitaires Francois Rabelais, 2024.
SOUTIENS :
• Chaire Paysage et énergie | École nationale supérieure de paysage (ENSP)
• C|A.U.E de la Manche
• Institut pour la recherche | Groupe Caisse des Dépôts