Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LES PROPAGATIONS :
UN NOUVEAU PARADIGME POUR LES SCIENCES SOCIALES ?


DU VENDREDI 25 JUILLET (19 H) AU JEUDI 31 JUILLET (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Dominique BOULLIER, Jean-François LUCAS, Guillaume SIBOUT, Françoise THIBAULT


ARGUMENT :

La compréhension des crises récentes — Covid, gilets jaunes, émeutes urbaines, fake news — résiste aux méthodes centrées sur l'étude du rôle des structures sociales existantes, ou des opinions ou préférences individuelles. Certes, ces points de vue sur le social ont acquis un statut incontournable appuyé par des dispositifs de quantification conventionnels, qu'il s'agisse des recensements ou des sondages. Les phénomènes de propagation, de contagion, de viralité et d'imitation caractéristiques de ces crises échappent aux approches traditionnelles qui les réduisent à des causes sociales classiques ou les limitent à des expressions du Web. Une autre approche consiste à considérer ces phénomènes de propagations comme un cadre conceptuel inédit qui est nourri par des outils numériques de traçabilité, qui permettent de suivre les phénomènes en détail, parfois à la seconde près. Cette approche autorise des explorations d'effets de contagion par voisinage, occasionnel ou durable, qu'il s'agisse des expositions à des flux de signaux et de messages en ligne, ou dans l'espace public. De nos jours les grandes plateformes ont le contrôle de ces traces, mais il est possible de tester des modélisations sur les données d'autres plateformes. La place d'Internet, et de son architecture dans ces propagations, doit aussi être interrogée. Pour chaque phénomène, tels les mouvements financiers, les épidémies ou les mouvements de foule, de nouveaux concepts et des méthodes spécifiques peuvent être déployés.

L'objectif du colloque est de conforter ces voies de recherche prometteuses en faisant dialoguer des disciplines et métiers différents, tous concernés par le décryptage des phénomènes complexes de propagation, rendu possible par des méthodes de traçabilité. Des spécialistes de diverses disciplines seront réunis autour de ces enjeux majeurs pour les sciences sociales, qui questionnent la gouvernance de ces situations collectives.


MOTS-CLÉS :

Big Data, Crises, Diffusion d'innovations, Épidémie, Foules, Propagation, Réseaux numériques, Théorie sociale, Traces, Viralité


CALENDRIER PROVISOIRE (02/04/2025) :

Vendredi 25 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Samedi 26 juillet
Matin
PRÉSENTATION DU CADRE CONCEPTUEL ET DISCUSSION GÉNÉRALE DU MODÈLE
Dominique BOULLIER : Propager les propagations dans les sciences sociales : présentation générale des enjeux du colloque
Emmanuel DIDIER : Propagation et évolution des méthodes quantitatives

Après-midi
LES TROIS POINTS DE VUE SUR LE SOCIAL : QUELLE DIPLOMATIE ?
Madeleine AKRICH : Propagations et ANT
Jacques LÉVY : Auto-mobiles
Nonna MAYER : La science politique au défi des "big data" : leur apport et leurs limites


Dimanche 27 juillet
Matin
PROPAGATION DES RUMEURS ET DES CONVERSATIONS (I)
Pascal FROISSART : Comment la théorie de la rumeur s'est-elle propagée au XXe siècle ?
Pierre LIVET : Les propagations : nouvelles focalisations, accroissement des complexités ?

Après-midi
PROPAGATION DES RUMEURS ET DES CONVERSATIONS (II)
Mariannig LE BÉCHEC : Analyse sémiotique et agencement de la propagation sur les médias numériques
Limor SHIFMAN : The Value of Internet Memes [visioconférence]


Lundi 28 juillet
Matin
AUX SOURCES DE L'ÉPIDÉMIOLOGIE ET COVID
Bruno CANARD : Propagations virales : de la simplification moléculaire à l'impact sociétal
Frédéric KECK : Contagion, imitation et participation : anthropologie et épidémiologie de Lucien à Daniel Lévy-Bruhl
Camille BESOMBES : Propagations : repenser les maladies infectieuses émergentes depuis les milieux et les contextes écologiques et sociaux au sein de l'Anthropocène

Après-midi
DÉTENTE


Mardi 29 juillet
Matin
FOULES, MOUVEMENTS SOCIAUX, AMBIANCES
Pascal AMPHOUX : Ambiance et propagations
Guy THERAULAZ : Propagation de l'information sociale et coordination des comportements collectifs : des sociétés animales aux foules humaines
Olivier FILLIEULE : Propagations en foules

Après-midi
LE NUMÉRIQUE ET SES MÉTHODES DE TRAÇABILITÉ (I)
Michele COSCIA : Comparing and Grouping Spreading Processes on Networks
Jean-Philippe COINTET : Agentivités artificielles, vers des sciences sociales artificielles


Mercredi 30 juillet
Matin
LE NUMÉRIQUE ET SES MÉTHODES DE TRAÇABILITÉ (II)
Ksenia ERMOSHINA : Diffractions : traces numériques et plateformes décentralisées
Michel FEHER : La vie politique du capital humain

Après-midi
FINANCE, MARKETING, INNOVATION
Guilhem FOUETILLOU : Propagations et marketing
Gérald GAGLIO : Diffusion des innovations et propagations : entre accointances et dissemblances


Jeudi 31 juillet
Matin
GOUVERNER LES PROPAGATIONS ?
David COLON : L'infodémiologie, une science de la gouvernance des infodémies

Conclusion et discussion générale

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Dominique BOULLIER
Dominique Boullier est Professeur des Universités émérite en sociologie, IEP Paris (Sciences Po), Centre d'Études Européennes et de Politique Comparée (CEE). Il a été directeur de plusieurs laboratoires (Costech, UTC ; Lutin, Cité des Sciences ; Lares, Rennes2 ; Médialab, Sciences Po), chef d'entreprise, adjoint au maire de Rennes. Ses travaux ont porté sur toutes les dimensions du numérique et actuellement plutôt sur les villes numériques, les technologies cognitives (dont l'IA), les modes d'habiter le numérique (habitèle) face aux propagations, nouveau point de vue pour les sciences sociales.

Jean-François LUCAS
Jean-François Lucas, docteur en sociologie, est délégué général de Renaissance Numérique, think tank indépendant et apartisan dédié à la transformation numérique de la société. Il fut par le passé directeur conseil "Territoires intelligents et numérique responsable" en cabinet de conseil, et chercheur académique dans le champ de la conception et du management de projets de recherche innovants.

Guillaume SIBOUT
Guillaume Sibout est diplômé de Sciences Po Paris en humanités numériques, de l'École des hautes études en sciences de l'information et de la communication (Celsa), et de philosophie à Sorbonne Université. Il a été responsable communication et marketing dans plusieurs grandes entreprises, et enseigne la culture numérique dans plusieurs écoles.


Pascal AMPHOUX : Ambiance et propagations
Une ambiance se propage, elle est contagieuse, elle procède par voisinages. Elle est virale, parfois même virulente, toujours et infiniment variante. Effets d'amplification, d'estompage ou d'effondrement… Elle s'auto-organise ou s'auto-détruit. Elle échappe à la seule volonté de ceux qui la créent, n'est pas pour autant structurellement déterminée par ses conditions initiales. C'est à explorer quelques liens, théoriques ou pragmatiques, entre des phénomènes de propagation et des situations d'ambiance que cet exposé sera consacré.

Bruno CANARD : Propagations virales : de la simplification moléculaire à l'impact sociétal
Les ancêtres des virus sont les premières entités à avoir programmé leur propagation grâce à du matériel génétique, dans la soupe prébiotique originelle. Les virus sont actuellement les entités les plus nombreuses représentées sur la planète, celles dont la propagation a été la plus réussie. Leurs mécanismes mis en jeu ont été sélectionnés au cours de l'évolution, ou le sont parfois en temps réel. Ils sont divers et spécialisés, rendant caduque la définition d'une unité pertinente de description universelle. L'exemple du taux de reproduction R0, dont chacun s'est emparé pendant la pandémie, illustre les difficultés de décomposition en variables et descripteurs moléculaires, propres à chaque virus et chaque population touchée, aptes à rendre compte de la dynamique d'une épidémie, et à y adapter une réponse sociétale.

Jean-Philippe COINTET : Agentivités artificielles, vers des sciences sociales artificielles
Dans cette présentation, nous examinerons la nature des recherches de sciences sociales menées à partir des grands modèles de langue. De façon croissante, les IA génératives sont perçues comme un nouvel instrument et une nouvelle source pour enquêter sur les dynamiques sociales, politiques et culturelles. En plus de proposer un panorama de ces recherches, nous nous interrogerons sur le changement de focale que nous invite à prendre ce nouveau matériau. Comment les anciennes formes de représentations du social sont-elles digérées par les prompts de ces modèles d'apprentissage automatique, et de quelles formes d'agentivités permettent-elles de rendre compte ?

David COLON : L'infodémiologie, une science de la gouvernance des infodémies
La pandémie de Covid-19 s'est accompagnée d'une "infodémie", définie par l'OMS comme "une surabondance d'informations, certaines fiables et d'autres non, qui rend difficile pour les gens de prendre des décisions pour leur santé". Le vaccinoscepticisme, le climatoscepticisme ou les théories du complot sont autant de "virus informationnels" dont la propagation pose des défis majeurs. Cette contribution dessinera les contours de l'"infodémiologie", la science de la gouvernance des infodémies, un nouveau domaine de recherche global, transdisciplinaire et orienté vers l'innovation sociale.

Michele COSCIA : Comparing and Grouping Spreading Processes on Networks
When studying a spreading process one key task is to determine whether other spreading processes might favor it (such as related rumors in conspiracy theory) or impede it (such as spreading condom usage should block HIV from spreading). To do so, we need a way to estimate the distance between two different spreading configurations. In this work, I show how a generalization of the Euclidean distance on a graph is useful in this regard. By systematically analyzing pairs of spreading configurations, we can group them in meaningful clusters.

Camille BESOMBES : Propagations : repenser les maladies infectieuses émergentes depuis les milieux et les contextes écologiques et sociaux au sein de l'Anthropocène
Les maladies infectieuses émergentes se multiplient, illustrations de l'Anthropocène. Malgré d'importantes recherches, certaines d'entre elles restent des énigmes épidémiologiques : leurs émergences et réémergences ou leur cycle de transmission et réservoir épidémiologique restant incomplètement compris. Le paradigme biomédical moderne pense ces maladies depuis les agents infectieux considérés comme pathogènes, en les déterritorialisant. Il s'agira ici de penser ces agents infectieux depuis leurs propagations à la fois spatiales et temporelles, grâce à de nouveaux modes de traçabilité. Il s'agira de faire une étude des espaces et des rythmes : d'une part à travers la phylogénie et la phylogéographie des agents infectieux, comme une archéologie des circulations virales reconstruisant les propagations ou les accélérations évolutives détectables depuis les génomes viraux, en naviguant entre temporalités de crises et temporalités longues évolutives. Et d'autre part, à travers la récente généralisation de l'épidémiologie des eaux usées, approche permettant l'étude de flux agrégés depuis les environnements en essayant de caractériser les circulations des entités depuis les environnements et les circulations interspécifiques.

Emmanuel DIDIER : Propagation et évolution des méthodes quantitatives
Dans cette intervention, Emmanuel Didier reviendra sur l'histoire des méthodes quantitatives et de leurs évolutions et confrontera en particulier l'apparition des méthodes de sondage aléatoires pendant les années 1930 puis des méthodes de benchmarking néo-libérales pendant les années 2000 à la théorie de la propagation.

Ksenia ERMOSHINA : Diffractions : traces numériques et plateformes décentralisées
Notre présentation portera sur les aspects méthodologiques d'une enquête sur les migrations numériques, pour proposer d'analyser l'exode vers les outils décentralisés et chiffrés comme un processus de diffraction des traces numériques. Tandis que sur les plateformes centralisées comme Facebook ou X les utilisateurs sont confrontés à des demandes d'authentification et vérification (données personnelles réelles, scans des pièces d'identité, numéros de téléphone, etc.), et beaucoup de travail se fait autour de la construction du soi numérique (on va parler des réseaux "égo-centrés"), les alternatives décentralisées proposent des possibilités de pseudonymisation, de multiplication d'identités numériques et le choix de ne plus laisser de traces numériques ou au moins de brouiller les pistes.

Michel FEHER : La vie politique du capital humain
Envisager une personne comme un capital ouvert à la spéculation revient à assumer que sa valeur dépend du cours des actifs qui composent son portefeuille. Parce qu'un tel système de notation n'offre rien moins qu'une manière de mesurer l'importance relative de chacun, sa mise en œuvre fait du discrédit la malédiction qui hante les assujettis au capitalisme financiarisé. Cependant, plutôt qu'à opposer une simple fin de non-recevoir à la condition qui leur est assignée, d'aucuns n'hésitent pas à jouer le jeu de la valorisation pour leur compte : l'indexation de leur dignité sur l'appréciation de leur capital humain leur apparaît moins comme un mal à conjurer que comme un défi à relever.

Olivier FILLIEULE : Propagations en foules
Cette communication reviendra sur l'écologie des foules, à partir d'une typologie des types de foules. On montrera que les modes de communication en foule, propices à déclencher des formes de propagation et donc de comportements collectifs aux apparences coordonnées, peuvent être étudiés au moyen d'instruments théoriques et techniques que nous présenterons. Nous nous appuierons sur des exemples pour mettre en valeur comment les foules protestataires, sportives, festives mais aussi les foules prises de panique sont marquées par des formes complexes et diversifiées de propagation, générant parfois des expériences émotionnelles communes et des objectifs partagés qui consolident le groupe dans son environnement.

Guilhem FOUETILLOU : Propagations et marketing
À partir du milieu des années 2000, les acteurs du marketing et de la communication ont adopté les méthodes d'analyse des réseaux sociaux afin de les mettre au service des entreprises et des institutions. Toutefois, malgré deux décennies d'innovations et l'essor de nombreuses startups traquant les phénomènes de propagations, ces approches n'ont pas réussi à s'imposer durablement au sein de ces organisations. Paradoxalement, l'exploitation à l'échelle de ces traces numériques et de leurs réplications a été pleinement réalisée par les grandes plateformes numériques — Google et Facebook en tête — qui s'en sont saisies pour structurer l'espace informationnel du web social, en optimiser la monétisation mais aussi en altérer la transparence. Cette intervention analysera au travers de l'expérience singulière de l'un de ses acteurs, les raisons de cet échec relatif et les conséquences qu'elles ont eu en termes de dépendance aux géants du numérique.

Pascal FROISSART : Comment la théorie de la rumeur s'est-elle propagée au XXe siècle ?
Si la rumeur est un concept né dans les tréfonds du XIXe siècle, elle n'a connu sa première théorisation qu'en 1902, sous la plume d'un expert allemand en psychologie du témoignage, et sa popularisation en 1947 quand un psychologue américain fait paraitre en 1947 une "Psychology of Rumor", qui devient instantanément un classique. La popularité du concept n'est pourtant pas attribuable à de seuls phénomènes d'édition académique. Une intense campagne de promotion involontaire a pris place dans les médias américains pendant la Seconde Guerre mondiale, sous le nom de "clinique des rumeurs", d'abord dans un journal de Boston, puis dans de très nombreuses répliques partout aux États-Unis.

Gérald GAGLIO : Diffusion des innovations et propagations : entre accointances et dissemblances
Dans cette communication, le thème de la "diffusion des innovations", en rappelant sa critique et ses dépassements, sera mis en tension avec le modèle des propagations. Il s'agira d'abord de mettre en évidence ce qui rapproche les propagations d'un thème classique en anthropologie, popularisé par E. Rogers, mais aussi de relever ce qui les distingue. Cela permettra ensuite de revenir, à l'aide d'exemples, sur le concept d'innovation et sur son intérêt heuristique dans nos sociétés.

Frédéric KECK : Contagion, imitation et participation : anthropologie et épidémiologie de Lucien à Daniel Lévy-Bruhl
Le débat sur la contagion était au centre des débats sociologiques en France au début du vingtième siècle, entre la doctrine de Tarde fondée sur l'imitation des individus créateurs et celle de Durkheim fondée sur la participation à la conscience collective. Je montrerai que Lucien Lévy-Bruhl a trouvé une position intermédiaire dans ce débat en partant de la figure de la sentinelle dans l'affaire Dreyfus. Une sentinelle peut être définie comme un vivant à la frontière du collectif qui porte des signaux d'alerte d'un mal qui peut affecter l'ensemble du collectif et dont la rencontre est l'occasion d'inventer de nouvelles formes de justice. Je retracerai la transmission de cette figure de Lucien Lévy-Bruhl à son arrière petit-fils Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste à l'Institut National de Veille Sanitaire.

Mariannig LE BÉCHEC : Analyse sémiotique et agencement de la propagation sur les médias numériques
Des éléments visuels, des émojis, des GIFs, des mèmes se sont popularités sur les plateformes du web pour identifier des marques, des territoires, des émotions. Nous étudions les pratiques, encouragées par les plateformes, de propagation de certains éléments visuels parfois détournés. Nous reviendrons sur cet agencement par les plateformes et sur les médiations mises en place ainsi que les pratiques mobilisées pour détourner et instrumentaliser ces signes.

Jacques LÉVY : Auto-mobiles
Prendre le "point de vue" de la propagation ne conduit pas forcément à en faire un "paradigme" s'appliquant à l'ensemble du monde social. Cependant, ce point de départ peut aider les chercheurs à comprendre que le monde des humains comprend, dans sa réalité, deux faces indissociables. Il est tout autant fixe parce que mobile que mobile parce que fixe. Il est fait d'auto-mobiles pour lesquels l'identité se déploie avec et par le mouvement, ce qui veut dire aussi avec et par le changement.

Pierre LIVET : Les propagations : nouvelles focalisations, accroissement des complexités ?
La distinction focalisation/défocalisation est simple : dans notre perception et nos actions, nous nous focalisons — par exemple sur une forme saillante, sur un mouvement brusque — mais si nous restions focalisés sur cet élément, nous risquerions de rater d'autres signaux (des mouvements plus lents, des formes moins déterminées). Il nous faut donc pouvoir nous défocaliser d'une focalisation. Cela vaut pour toute notre cognition (perceptive, intellectuelle) et pour nos actions et émotions. Les propagations vont nous défocaliser de nos représentations déjà en cours pour nous refocaliser sur un autre élément.

Nonna MAYER : La science politique au défi des "big data" : leur apport et leurs limites
Que font les "big data" aux sciences sociales ? La théorie des propagations est-elle le nouveau paradigme, rend-elle obsolète les approches par les structures sociales ou par les préférences individuelles, inutile la démarche hypothético déductive ? Partant de la science politique je montrerai la portée heuristique de ces nouvelles données, tout en soulignant leurs angles morts et leurs biais, et je plaiderai pour la complémentarité des approches, une data science sans exclusive.

Limor SHIFMAN : The Value of Internet Memes
In this talk, I will explore memes' role in political participation and cultural globalization, arguing that their power lies in a unique ability to bridge individuals and collectives. Furthermore, I will examine the relationship between memes and values, proposing that internet memes construct two types of values : general values conveyed through their content and communicative values rooted in ideals of interaction.

Guy THERAULAZ : Propagation de l'information sociale et coordination des comportements collectifs : des sociétés animales aux foules humaines
Dans cet exposé, je présenterai les principaux mécanismes impliqués dans la coordination des comportements et la propagation de l'information dans les sociétés animales (insectes sociaux et certaines espèces vivant en groupe chez les poissons et les ongulés). J'aborderai également des phénomènes collectifs similaires observés chez l'homme au cours des déplacements de foules. Je présenterai enfin certains modèles de comportements collectifs établis à partir de l'analyse des interactions sociales.


BIBLIOGRAPHIE :

• Akrich M., Callon M. & Latour B. (dir.) (2006), Sociologie de la traduction. Textes fondateurs, Paris, Presses des Mines de Paris.
• Boullier D. (2023), Propagations. Un nouveau paradigme pour les sciences sociales, Armand Colin.
• Cointet J.-P. & Parasie S. (2018), "Ce que le big data fait à l'analyse sociologique des textes. Un panorama critique des recherches contemporaines", Revue française de sociologie, 2018/3, vol. 59, p. 533-557.
• Colon D. (2023), La guerre de l'information. Les États à la conquête de nos esprits, Paris, Taillandier.
• Darwin C. (1859), The Origin of Species, Harvard University Press.
• Dennett D. C. (1995), Darwin's Dangerous Idea : Evolution and the Meanings of Life, London, Allen Lane.
• Desrosieres A. (1993), La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte.
• Didier E. (2020), America By the Numbers : Quantification, Democracy, and the Birth of National Statistics, MIT Press.
• Dulac [collectif] (2022), Pour une théorie du social, Éditions du CNRS.
• Feher M. (2017), Le temps des investis. Essai sur la nouvelle question sociale, Paris, La Découverte.
• Fillieule O. (1997), Stratégies de la rue. Les manifestations en France, Paris, Presses de Sciences Po.
• Froissart P. (2002), La rumeur. Histoire et fantasmes, Paris, Belin, coll. "Débats".
• Gaglio G. (2021), Sociologie de l'innovation, Paris, PUF, coll. "Que sais-je ?".
• Keck F. (2020), Les sentinelles des pandémies. Chasseurs de virus et observateurs d'oiseaux aux frontières de la Chine, Zones sensibles.
• Livet P. (1994), La communauté virtuelle. Action et communication, Combas, L'Éclat.
• Shifman L. (2014), Memes in Digital Culture, Cambridge, MIT Press.
• Tarde G. (2001), Les lois de l'imitation, Les empêcheurs de penser en rond.
• Theraulaz G. (2014), "Embracing the creativity of stigmergy in social insects”", Architectural Design, 84(5), p. 54-59.
• Thevenot L. (2006), L'Action au pluriel. Sociologie des régimes d'engagement, Paris, La Découverte.


SOUTIENS :

• Centre d'études européennes et de politique comparée (CEE) | Sciences Po / CNRS
• Institut des Hautes Études sur la Justice (IHEJ)
Veolia


BULLETIN D'INSCRIPTION