LES PROPAGATIONS :
UN NOUVEAU PARADIGME POUR LES SCIENCES SOCIALES ?
DU VENDREDI 25 JUILLET (19 H) AU JEUDI 31 JUILLET (14 H) 2025
[ colloque de 6 jours ]
ARGUMENT :
La compréhension des crises récentes — Covid, gilets jaunes, émeutes urbaines, fake news — résiste aux méthodes centrées sur l'étude du rôle des structures sociales existantes, ou des opinions ou préférences individuelles. Certes, ces points de vue sur le social ont acquis un statut incontournable appuyé par des dispositifs de quantification conventionnels, qu'il s'agisse des recensements ou des sondages. Les phénomènes de propagation, de contagion, de viralité et d'imitation caractéristiques de ces crises échappent aux approches traditionnelles qui les réduisent à des causes sociales classiques ou les limitent à des expressions du Web. Une autre approche consiste à considérer ces phénomènes de propagations comme un cadre conceptuel inédit qui est nourri par des outils numériques de traçabilité, qui permettent de suivre les phénomènes en détail, parfois à la seconde près. Cette approche autorise des explorations d'effets de contagion par voisinage, occasionnel ou durable, qu'il s'agisse des expositions à des flux de signaux et de messages en ligne, ou dans l'espace public. De nos jours les grandes plateformes ont le contrôle de ces traces, mais il est possible de tester des modélisations sur les données d'autres plateformes. La place d'Internet, et de son architecture dans ces propagations, doit aussi être interrogée. Pour chaque phénomène, tels les mouvements financiers, les épidémies ou les mouvements de foule, de nouveaux concepts et des méthodes spécifiques peuvent être déployés.
L'objectif du colloque est de conforter ces voies de recherche prometteuses en faisant dialoguer des disciplines et métiers différents, tous concernés par le décryptage des phénomènes complexes de propagation, rendu possible par des méthodes de traçabilité. Des spécialistes de diverses disciplines seront réunis autour de ces enjeux majeurs pour les sciences sociales, qui questionnent la gouvernance de ces situations collectives.
MOTS-CLÉS :
Big Data, Crises, Diffusion d'innovations, Épidémie, Foules, Propagation, Réseaux numériques, Théorie sociale, Traces, Viralité
CALENDRIER PROVISOIRE (13/12/2024) :
Vendredi 25 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS
Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants
Samedi 26 juillet
Matin
PRÉSENTATION DU CADRE CONCEPTUEL ET DISCUSSION GÉNÉRALE DU MODÈLE
Dominique BOULLIER : Propager les propagations dans les sciences sociales : présentation générale des enjeux du colloque
Emmanuel DIDIER : Propagation et évolution des méthodes quantitatives
Après-midi
LES TROIS POINTS DE VUE SUR LE SOCIAL : QUELLE DIPLOMATIE ?
Madeleine AKRICH : Propagations et ANT
Jacques LÉVY : Auto-mobiles
Nonna MAYER : La science politique au défi des "big data" : leur apport et leurs limites
Dimanche 27 juillet
Matin
FOULES, MOUVEMENTS SOCIAUX, AMBIANCES
Pascal AMPHOUX : Ambiance et propagations
Guy THERAULAZ : Propagation de l'information sociale et coordination des comportements collectifs : des sociétés animales aux foules humaines
Olivier FILLIEULE : Propagations en foules
Après-midi
AUX SOURCES DE L'ÉPIDÉMIOLOGIE ET COVID
Bruno CANARD : Propagations virales : de la simplification moléculaire à l'impact sociétal
Frédéric KECK : Contagion, imitation et participation : anthropologie et épidémiologie de Lucien à Daniel Lévy-Bruhl
Camille BESOMBES : Propagations : repenser les maladies infectieuses émergentes depuis les milieux et les contextes écologiques et sociaux au sein de l'Anthropocène
Lundi 28 juillet
Matin
PROPAGATION DES RUMEURS ET DES CONVERSATIONS (I)
Pascal FROISSART : Comment la théorie de la rumeur s'est-elle propagée au XXe siècle ?
Pierre LIVET : Les propagations : nouvelles focalisations, accroissement des complexités ?
Après-midi
DÉTENTE
Mardi 29 juillet
Matin
PROPAGATION DES RUMEURS ET DES CONVERSATIONS (II)
Mariannig LE BÉCHEC : Analyse sémiotique et agencement de la propagation sur les médias numériques
Limor SHIFMAN : The Value of Internet Memes
Après-midi
LE NUMÉRIQUE ET SES MÉTHODES DE TRAÇABILITÉ (I)
Michele COSCIA : Comparing and Grouping Spreading Processes on Networks
Jean-Philippe COINTET : Vers des sciences sociales génératives ?
Mercredi 30 juillet
Matin
LE NUMÉRIQUE ET SES MÉTHODES DE TRAÇABILITÉ (II)
Ksenia ERMOSHINA : Diffractions : traces numériques et plateformes décentralisées
Après-midi
FINANCE, MARKETING, INNOVATION
Michel FEHER : La vie politique du capital humain
Guilhem FOUETILLOU : Titre non communiqué [sous réserve]
Gérald GAGLIO : Diffusion des innovations et propagations : entre accointances et dissemblances
Jeudi 31 juillet
Matin
GOUVERNER LES PROPAGATIONS ?
David COLON : L'infodémiologie, une science de la gouvernance des infodémies
Michel DOBRY : Logique des situations de crises et propagations
Conclusion et discussion générale
Après-midi
DÉPARTS
RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :
Dominique BOULLIER
Dominique Boullier est Professeur des Universités émérite en sociologie, IEP Paris (Sciences Po), Centre d'Études Européennes et de Politique Comparée (CEE). Il a été directeur de plusieurs laboratoires (Costech, UTC ; Lutin, Cité des Sciences ; Lares, Rennes2 ; Médialab, Sciences Po), chef d'entreprise, adjoint au maire de Rennes. Ses travaux ont porté sur toutes les dimensions du numérique et actuellement plutôt sur les villes numériques, les technologies cognitives (dont l'IA), les modes d'habiter le numérique (habitèle) face aux propagations, nouveau point de vue pour les sciences sociales.
Jean-François LUCAS
Jean-François Lucas, docteur en sociologie, est délégué général de Renaissance Numérique, think tank indépendant et apartisan dédié à la transformation numérique de la société. Il fut par le passé directeur conseil "Territoires intelligents et numérique responsable" en cabinet de conseil, et chercheur académique dans le champ de la conception et du management de projets de recherche innovants.
Guillaume SIBOUT
Guillaume Sibout est diplômé de Sciences Po Paris en humanités numériques, de l'École des hautes études en sciences de l'information et de la communication (Celsa), et de philosophie à Sorbonne Université. Il a été responsable communication et marketing dans plusieurs grandes entreprises, et enseigne la culture numérique dans plusieurs écoles.
BIBLIOGRAPHIE :
• Akrich M., Callon M. & Latour B. (dir.) (2006), Sociologie de la traduction. Textes fondateurs, Paris, Presses des Mines de Paris.
• Boullier D. (2023), Propagations. Un nouveau paradigme pour les sciences sociales, Armand Colin.
• Cointet J.-P. & Parasie S. (2018), "Ce que le big data fait à l'analyse sociologique des textes. Un panorama critique des recherches contemporaines", Revue française de sociologie, 2018/3, vol. 59, p. 533-557.
• Colon D. (2023), La guerre de l'information. Les États à la conquête de nos esprits, Paris, Taillandier.
• Darwin C. (1859), The Origin of Species, Harvard University Press.
• Dennett D. C. (1995), Darwin's Dangerous Idea : Evolution and the Meanings of Life, London, Allen Lane.
• Desrosieres A. (1993), La politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte.
• Didier E. (2020), America By the Numbers : Quantification, Democracy, and the Birth of National Statistics, MIT Press.
• Feher M. (2017), Le temps des investis. Essai sur la nouvelle question sociale, Paris, La Découverte.
• Fillieule O. (1997), Stratégies de la rue. Les manifestations en France, Paris, Presses de Sciences Po.
• Froissart P. (2002), La rumeur. Histoire et fantasmes, Paris, Belin, coll. "Débats".
• Gaglio G. (2021), Sociologie de l'innovation, Paris, PUF, coll. "Que sais-je ?".
• Keck F. (2020), Les sentinelles des pandémies. Chasseurs de virus et observateurs d'oiseaux aux frontières de la Chine, Zones sensibles.
• Livet P. (1994), La communauté virtuelle. Action et communication, Combas, L'Éclat.
• Shifman L. (2014), Memes in Digital Culture, Cambridge, MIT Press.
• Tarde G. (2001), Les lois de l'imitation, Les empêcheurs de penser en rond.
• Theraulaz G. (2014), "Embracing the creativity of stigmergy in social insects”", Architectural Design, 84(5), p. 54-59.
• Thevenot L. (2006), L'Action au pluriel. Sociologie des régimes d'engagement, Paris, La Découverte.
SOUTIENS :
• Ubisoft
• Centre d'études européennes et de politique comparée (CEE) | Sciences Po / CNRS
BULLETIN D'INSCRIPTION
Les inscriptions à ce colloque ne seront ouvertes qu'à partir du 15 mars prochain. En attendant, nous vous invitons à consulter la page Inscription de notre site.