Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


LÀ OU SE DÉPLOIE LE MONDE…

DROIT ET LITTÉRATURE : FORMES ET SENS À MÊME L'HISTOIRE


DU LUNDI 19 AOÛT (19 H) AU DIMANCHE 25 AOÛT (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



ARGUMENT :

Là où se déploie le monde on trouve le droit, on trouve la littérature. Deux disciplines enracinées dans l'histoire et ayant pour tâche de rendre visible, de donner forme à un réel insaisissable et cependant résistant. La démarche Droit et littérature établit un dialogue entre ces "formes formantes" que sont ces langues constituantes et accompagnantes. Dialogue qui sera institué lors de ces journées à partir d'objets tantôt personnifiés tels l'auteur, le bâtard, la nature, tantôt notionnels telles la justice, la laïcité, le droit (I). Il le sera également à partir de l'étude des genres littéraires (II) que ceux-ci relèvent du roman, de la poésie ou d'une narratologie embrassant le témoignage, les essais, les récits.

Universitaires (qu'ils soient littéraires, historiens, juristes, philosophes), magistrats, écrivains (qui peuvent être universitaires, magistrats, historiens), avocats, historiens et philosophes, forts de cette pensée à la croisée de dynamiques trop souvent jugées étrangères l'une à l'autre, tenteront de répondre à "la créance de sens" d'un monde "qui va", d'un "monde qui ne va pas" comme à celle que leur pratique induit réflexivement (III). Ce n'est que superficiellement que la dimension critique semble dominer ce dialogue. La dimension créatrice de cette pratique qui permet de saisir un droit et une littérature en mouvement, émancipe valeurs, genres, normes de toute tentation de rigidification, nourrit la vie "en train de se faire".


MOTS-CLÉS :

L'Auteur, La Bâtardise, Comme si, Créance de sens, Désir de justice, Droit et littérature, Éléments naturels, Faits divers, Forme formante, Généalogie esthétique, Justice narrative, Laïcité, Matrice narrative, Mère, La norme et la valeur, Poésie et droit, Récit herméneutique, Sociologie juridique, Utopie constituante


CALENDRIER PROVISOIRE (29/04/2024) :

Lundi 19 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 20 août
POSSIBILITÉS D'UN DIALOGUE
Matin
Sandra TRAVERS DE FAULTRIER : Ouverture
Nicolas DISSAUX : L'amour du droit dans la littérature
Yves-Édouard LE BOS : La haine du droit dans la littérature

Après-midi
Jean-Paul HONORÉ : Un lieu de justice, Arléa, 2021
Gisèle BIENNE : Dans la nuit de l'écriture : aller de contre-vérités en vérités
Odile BARRAL : Être juge et vouloir écrire


Mercredi 21 août
LES PERSONNAGES DE LA PENSÉE
Matin
Marco Antônio SOUSA ALVES : L'auteur au croisement du droit et de la littérature
Anne-Elisabeth CRÉDEVILLE : La naissance illégitime ou bâtardise : de la disqualification juridique à l'injure

Après-midi
Judith SARFATI-LANTER : La figuration des éléments naturels dans le droit et dans la littérature contemporaine (France, Australie, États-Unis)
Véronique TAQUIN : Coupable ou non coupable ? Le sujet et son désir de justice. Problématisations littéraires du droit issues du XIXe siècle
Jacques GILBERT : Une généalogie de la Justice


Jeudi 22 août
LES PERSONNAGES DE LA PENSÉE (SUITE)
Matin
Sophie DELBREL : Libérer le monde de l'emprise religieuse : Zola romancier de la laïcité
Marie-Hélène BOBLET : La langue du IIIe millénaire. Comment on parle ou la responsabilité en miettes

Après-midi
DÉTENTE


Vendredi 23 août
DES FORMES À L'ŒUVRE
Matin
Nicolas MATHEY : Roman sociologique et sociologie du droit. Contribution à une sociologie juridique dans la littérature
Nicolas BAREÏT : Scénographie de l'ennui : l'enquête du coroner dans le roman policier à énigme

Après-midi
Colette CAMELIN : Là où s'est démis le droit, règne la violence la plus brutale, quelle peut être alors la part de la poésie ?
Denis SALAS : Le concept de justice narrative
Myriam ROMAN : Pour une poésie du droit ? Jules Michelet et les Origines du droit français cherchées dans les symboles et formules du droit universel (1837)


Samedi 24 août
CRÉANCE DE SENS
Matin
Christine BARON : Le fait divers comme matrice narrative
Jean-Philippe PIERRON : Des mots justes pour dire les maux

Après-midi
Marion MAS : Le récit d'instruction judiciaire : une machine herméneutique ?
Daphné VIGNON : La généalogie esthétique et ontologique de la norme et de la valeur : de la Révolution au solipsisme
Laurent LOTY : Utopie constituante


Dimanche 25 août
CRÉANCE DE SENS (SUITE)
Matin
François OST : Quel(s) récit(s) - petits ou grands - pour un monde éclaté ?
Sandra TRAVERS DE FAULTRIER : Ouvrir les mots

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Nicolas DISSAUX : L'amour du droit dans la littérature
Un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, pas du tout ? Les rapports que la littérature entretient avec le monde du droit peuvent-ils être envisagés sous le prisme amoureux ? Disons que certaines œuvres littéraires manifestent une espèce de passion pour la chose juridique, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur ? C'est l'avènement, par exemple, de ce que l'on a pu appeler le genre législatif au XVIIIe siècle, le temps où quelques grands écrivains se piquaient d'écrire des constitutions et de proposer des lois. Le pire ? C'est, plus près de nous, l'instrumentalisation de la littérature à des fins justicières. Quels sont donc les tenants et les aboutissants de l'amour du droit dans la littérature ? Menée à travers les siècles, cette enquête a peut-être quelque chose à nous révéler et sur le droit et sur la littérature.

Nicolas Dissaux est Agrégé des Facultés de Droit ; Professeur à l'université du Maine ; Avocat au barreau de Paris et Rédacteur en chef de la revue Droit & Littérature.

Yves-Édouard LE BOS : La haine du droit dans la littérature
Naguère, un spécialiste de littérature, désormais professeur au Collège de France, s'était intéressé à La haine de la littérature (Les Éditions de Minuit, 2015). "On nomme antilittérature, écrivait William Marx, tout discours qui s'oppose à la littérature et la définit en s'y opposant. On nomme littérature tout discours auquel s'oppose l'antilittérature. Pas de littérature sans antilittérature". Y aurait-il un discours littéraire antijuridique qui s'opposerait au droit et se définirait en s'y opposant ? La haine du droit, voilà ce qu'inspirent à certains écrivains, ses mots, son style, ses personnages, ses normes, autant de cibles bénies pour ceux qui l'ont en horreur. Haine des études de droit (Gustave Flaubert), de la loi (Charles Péguy, Philippe Muray), haine des notaires (Honoré de Balzac, Joris-Karl Huysmans, et une grande partie de la littérature du XIXe), haine de l'Union européenne et de son droit (Houellebecq, Muray), haine du Code civil (L. Bloy) sont autant d'exemples intéressants d'aversion pour les phénomènes juridiques. L'inventaire raisonné de ces haines permettra de se demander si des courants littéraires sont plus spécifiquement destinés à cette haine, si des types d'écrivains (anti-modernes, réactionnaires, progressistes) ont tout particulièrement le Droit dans le viseur de la plume ? En soumettant certaines haines à l'analyse critique, on se demandera également s'il n'y a pas parfois une défaillance dans la représentation.

Yves-Édouard Le Bos est Maître de conférences en droit privé, Université Sorbonne Nouvelle, unité de recherche Intégration et Coopération dans l'Espace Européen (ICEE).

Sandra TRAVERS DE FAULTRIER : Ouvrir les mots
Confiée au droit comme à la littérature, la faim de référentialité du réel produit des figures dynamiques chargées d'habiter l'incertitude. Que l'on introduise la langue de la généalogie ou celle du "comme si", ces figures "circonscrites et fétichisées dans l'enclos sacré des études" (Jean-Christophe Cavallin, José Corti, 2021, p. 37) conduisent à la béance des fondements comme à la fécondité du "pourquoi pas". Pensée en mouvement la lecture Droit et Littérature répond provisoirement sous forme d'interrogations productives à "la créance de sens" que semblent lui tendre ses praticiens. Car loin de déconstruire (malgré son aspect critique ou didactique) elle ouvre à même son objet les mots pour le dire.

Sandra Travers de Faultrier est Docteure en droit, docteure es lettres ; Membre associée du centre de recherche sur la justice et le règlement des conflits (Paris 2 où elle assure le cours Justice et littérature) et Membre du comité de rédaction des Cahiers de la justice.


Nicolas BAREÏT : Scénographie de l'ennui : l'enquête du coroner dans le roman policier à énigme
En Angleterre, l'enquête du coroner est une figure imposée du roman policier à énigme, alors même qu'elle peut s'avérer ennuyeuse. Comment (d)écrire cette procédure sans provoquer les bâillements du lecteur ? Les stratégies narratives sont plurielles, mais toutes se rejoignent autour d'une même critique : l'enquête du coroner n'est pas un instrument de justice.

Nicolas Bareït est Maître de conférences HDR en droit privé et sciences criminelles à l'université de Pau et des Pays de l'Adour. Depuis près de dix ans, il étudie les rapports entre le Droit et la Littérature et en particulier les représentations du Droit dans le roman policier à énigme (Agatha Christie. Le droit apprivoisé, Classiques Garnier, 2020).

Marie-Hélène BOBLET : La langue du IIIe millénaire. Comment on parle ou la responsabilité en miettes
À partir de la sensibilité à et du travail sur la langue, je proposerai une lecture comparée de récits fictionnels ou non fictionnels du XXIe siècle : La Question humaine de François Emmanuel (2000), Entre chagrin et néant (2009) et Comment on expulse. Responsabilités en miettes (2011) de Marie Cosnay, Personne ne sort les fusils de Sandra Lucbert (2020). Chacun de ces textes enregistre et adresse, avec la distance et l'apostrophe propres à tout geste littéraire, les récents déplacements, appropriations ou accommodations linguistiques perceptibles dans la langue de l'entreprise ou dans celle du prétoire, et offre à / permet de "voir en prose" (Sandra Travers de Fautrier) les errements de la société néo-libérale.

Marie-Hélène Boblet est Professeure émérite des Universités en Langue et Littérature françaises, Université de Caen-Normandie. Elle est spécialiste des XXe et XXIe siècles et des écritures dialogales.
Bibliographie
"Histoire, témoignage, montage : quelques pratiques du récit dans Comètes et Perdrix de Marie Cosnay", in FIXXION, n°26, "Littérature du procès, Procès de la littérature", L. Demanze et M. Barraband (éds.), 2023.
"Des faillites et des failles : ce que juger veut dire", in Dire et lire les vulnérabilités contemporaines, études réunies et présentées par M.-H. Boblet et Anne Gourio, ELFe XX-XXI, n°9, 2020.
"Au nom des ressources humaines", Quand la littérature fait savoir. Mutations, institutions, interactions, Contemporary French & Francophone studies, Sites, A. Rousso, J.-M. Moura, D. Viart (éd.), Connecticut, 2016.
"D'une résurgence à l'autre : de Shoah à La Question humaine", French Forum, Special Issue : Résurgence/Oubli, vol. 41, n°1-2, 2016, University of Pennsylvania, Ph. Met (éd.), p. 39-50.

Anne-Elisabeth CRÉDEVILLE : La naissance illégitime ou bâtardise : de la disqualification juridique à l'injure
La bâtardise est la conséquence de l'absence de légalité de la situation matrimoniale des parents qui rejaillit sur la naissance de l'enfant juridiquement illégitime, qu'il soit enfant naturel simple, enfant adultérin ou incestueux. L'illégitimité concerne la naissance, non l'état social. La stigmatisation et l'opprobre dus essentiellement aux religions empêchant l'enfant d'hériter et d'être citoyen, n'a pas empêché sa légitimation, son intégration et sa réhabilitation grâce à l'action et l'affirmation de sa liberté d'être ce qu'il est, telles que le démontre la littérature dans l'œuvre de Shakespeare, Gide, Sartre. À l'époque contemporaine, le terme bâtard est considéré comme une injure, succédané de la disparition de la bâtardise. Il peut qualifier une personne vivant sans l'un de ses parents, ou étant née dans des conditions socialement défavorables. Si le mot est actuellement une "insulte par ricochet", en cela qu'elle stigmatise le comportement d'un tiers, il est aussi une insulte de solidarité, ne visant pas la blessure mais la connivence, la référence au statut de la naissance semblant avoir plus ou moins disparu des usages.

Anne-Elisabeth Crédeville est conseillère doyenne honoraire à la Cour de cassation ; elle est actuellement vice-présidente du conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique. Elle a publié en septembre 2023 aux éditions Mare et Martin dans la collection "droit et littérature" : Shakespeare et l'honneur.

Sophie DELBREL : Libérer le monde de l'emprise religieuse : Zola romancier de la laïcité
Au lendemain de la défaite de Sedan, interroger le "monde qui ne va pas" pour Zola passe par la remise en cause de l'alliance traditionnelle de l'État et de l'Église ; avec Vérité, volume inspiré par l'affaire Dreyfus, cette préoccupation éclate au grand jour. Dans la dénonciation radicale de l'instrumentation religieuse que le créateur des Rougon-Macquart et de la famille Froment opère, le monde dévot est synonyme de faux-semblants, le monde clérical apparaissant comme un monde de ténèbres. En même temps, intacte est la fascination de l'auteur pour la foi sincèrement vécue, le croyant étant présenté comme une force individuelle, voire comme un modèle de comportement. La quête de l'authenticité qui anime Zola rejoint ainsi le thème de la laïcité, élément d'une philosophie par laquelle il répond à la "créance de sens".

Maître de conférences en Histoire du droit à l'université de Bordeaux, Sophie Delbrel est spécialiste d'histoire de la justice. Depuis plusieurs années elle explore l'univers littéraire de Zola et a publié Zola peintre de la justice et du droit (Dalloz, 2021). Ses derniers articles portent sur "Travailler pour le meilleur et pour le rire ? Les Repoussoirs, conte d'Émile Zola" et sur "1848 ou la Fraternité en héritage : Zola et l'imaginaire ouvrier" (Droit Social, 2023, n°1 et n°12).

Laurent LOTY : Utopie constituante
Pour améliorer une démocratie qui n'en est qu'à ses débuts, nous avons besoin d'imagination politique et juridique, ainsi que d'une éducation populaire à l'écriture de fictions utopiques et de projets législatifs. Un tel programme alterréaliste passe par la compréhension de ce qu'est une fiction utopique, et de ce que pourrait être une déprofessionnalisation de la politique, un processus collectif de Constituante, et la participation de chaque génération à une éventuelle réécriture du texte constitutionnel. Ce sont des précurseurs de l'ultralibéralisme qui ont inventé, en 1705-1710, le nom commun "utopie", avec le sens négatif de rêve impossible, acception ensuite propagée par des marxistes. Le premier texte de ce genre littéraire et politique, Utopia (1516) de More, était pourtant une stratégie littéraire qui invitait à critiquer la réalité et à délibérer sur des réformes, à partir de la présentation d'un monde meilleur, sciemment présenté comme fictif. La littérature utopique a été et pourrait être à nouveau le ferment d'une littérature juridique. Reste à choisir des formes d'écriture bénéfiques : croyance distanciée et méliorisme plutôt qu'espérance d'un Paradis, dialogisme plutôt qu'autoritarisme, et rédaction collective de textes constitutionnels.

Laurent Loty est historien des imaginaires et des idées scientifiques et politiques au CNRS, président d'honneur de la Société française pour l'histoire des sciences de l'homme. Publications sur droit et littérature : articles sur des utopies juridiques de Rétif ; "Condorcet contre l'optimisme", Condorcet mathématicien, économiste, philosophe, homme politique, 1989 ; "Vertu politique et vertu sémantique", préface à H. Drei, La Vertu politique : Machiavel et Montesquieu, 1998 ; "Pour l'indisciplinarité" [2000], The Interdisciplinary Century, 2005 ; Littérature et engagement pendant la Révolution française (codir., 2007) ; Individus et communautés, n° de Dix-huitième siècle, 41, codir., 2009 ; "L'optimisme contre l'utopie : une lutte idéologique et sémantique", Europe, 985, 2011 ; "Sérendipité et indisciplinarité", avec S. Catellin, Hermès, 67, 2013 ; "Écrire des fictions utopiques et juridiques : le programme international "Alterréalisme"", avec A.-R. Morel, dans Pratiques d'écriture littéraire à l'Université, 2013 ; "Que signifie l'entrée du bonheur dans la Constitution ?", La licorne, 115, 2015 ; Dictionnaire des anti-Lumières et des antiphilosophes, coord., 2017 ; "De la soumission aux mots de "gauche" et "droite" à une citoyenneté active", Le philosophoire, 58, 2022.

Marion MAS : Le récit d'instruction judiciaire : une machine herméneutique ?
Dans le vaste ensemble des "legal novels", il en est qui, depuis Le Colonel Chabert, se concentrent sur les étapes de l'instruction judiciaire. Cette forme, qui a une longue histoire au cinéma, a été (ré)investie de manière assez remarquable par le roman contemporain (Tanguy Viel, Karine Tuil, Marie Ndiaye, Antoine Bréa, Laure Heinich…). Nous supposons que ces récits obéissent à une structure et à des effets pragmatiques spécifiques, établissant une communication particulière avec le lecteur, qui les distinguent notamment des "récits de procédure" tels que les définit Richard Weisberg. Il s'agira donc de questionner les mécanismes précis suscitant l'activité interprétative du lecteur dans ces récits d'instruction et leurs enjeux, au regard des normes et des "horizons du droit" (Christine Baron) en vigueur lors de l'écriture et de la diégèse. L'étude portera sur un corpus de récits d'instruction parus entre 2017 et 2022.

Agrégée de lettres modernes, docteure en littérature française, Marion Mas est maîtresse de conférences à l'INSPE de Lyon (Université Lyon 1) et membre de l'IHRIM (UMR 5317). Autrice d'une thèse sur Balzac (parue chez Classiques Garnier en 2015 sous le titre Le Père Balzac. Représentations de la paternité dans La Comédie humaine), ses travaux actuels portent, d'une part, sur la didactique de la littérature, et d'autre part, sur les mises en fiction du droit dans le roman du XIXe et du XXIe siècles.
Publications
"L'interprétation en question dans La vengeance m'appartient de Marie NDiaye et La décision de Karine Tuil", Revue critique de fixxion française contemporaine, 26 | 2023, mis en ligne le 15 juin 2023.
"Écrire le droit. Un enjeu pour les études dix-neuviémistes", avec Myriam Roman, dans Marion Mas et Myriam Roman (dir.), Romantisme, n°199, 2023, p. 5-15.
"Questionner en classe le texte littéraire du point de vue du droit : une motivation pour la lecture littéraire ?", Varia, revue Repères, 2023 [en ligne].
"Article 353 du Code pénal, de Tanguy Viel : un vrai-faux roman de procédure ?", Revue Droit&Littérature, n°5, 2021, p. 285-292.
Le Code en toutes lettres. Écritures et réécritures du Code civil au XIXe siècle (sous la direction de Marion Mas et François Kerlouégan), Classiques Garnier, 2020.
"Raconter le Code civil aux femmes : le jeu du récit et de la norme dans Le Code des femmes, récits et entretiens sur leurs droits, privilèges, devoirs et obligations, d'Auguste-Charles Guichard", dans Marion Mas et François Kerlouégan (dir.), Le Code en toutes lettres. Écriture et réécritures du Code civil au XIXe siècle, Classiques Garnier, 2020, p. 131-147.
"Formes et enjeux de l'écriture du droit dans Le Cousin Pons", dans Pierre Glaudes et Eléonore Reverzy (dir.), Relire Le Cousin Pons, Classiques Garnier, 2018, p. 275-290.
"Entre la lettre et l'Esprit des Lois : discours et représentations du droit dans La Comédie humaine, dans Balzac et les disciplines du savoir, Colloque de Cerisy (2022), organisé par Éric Bordas, Andrea Del Lungo et Pierre Glaudes (à paraître).

François OST : Quel(s) récit(s) - petits ou grands - pour un monde éclaté ?
S'il est vrai que l'humain est un être qui se raconte des histoires et que les sociétés sont des "communautés narratives" partageant des "romans politiques", on peut se demander quel est (quels sont) le(s) récit(s) qui s'impose(nt) aujourd'hui à l'heure de la mondialisation (elle-même contestée) et de la diversité culturelle. La question prend une acuité particulière à l'heure de la "fin des grands récits" (J.-F. Lyotard) et des ravages du storytelling. Question subsidiaire : que devient le récit républicain à la base de l'État de droit ?

Myriam ROMAN : Pour une poésie du droit ? Jules Michelet et les Origines du droit français cherchées dans les symboles et formules du droit universel (1837)
Tout en posant l'Histoire comme un progrès et une avancée vers l'abstraction, l'historien Jules Michelet propose en 1837 un curieux ouvrage, érudit et poétique, qui recherche les formes juridiques symboliques de l'ancien droit. Pour Michelet, au commencement des sociétés humaines, déjà, était le droit, vécu, joué dans des gestes et des paroles formulaires. Nous définirons ce que l'historien entend par poésie du droit, et nous expliquerons l'intérêt qu'il lui porte, d'autant plus surprenant en plein XIXe siècle des codes.

Spécialiste de Victor Hugo et du romantisme, Myriam Roman est professeur de littérature française du XIXe siècle à l'université de Lille. Elle a publié récemment Le droit du Poète. La justice dans l'œuvre de Victor Hugo, Presses universitaires de Saint-Étienne, coll. "Le XIXe siècle en représentation(s)", 2023 et co-dirigé avec Marion Mas un numéro de Romantisme, Écrire le droit, n°199, 2023.

Marco Antônio SOUSA ALVES : L'auteur au croisement du droit et de la littérature
Selon Michel Foucault, l'auteur est une figure complexe et variable, qui émerge et assume des fonctions spécifiques en raison de certaines pratiques et discours, tant littéraires que juridiques. L'objectif de cette communication consiste à examiner les contours de l'expérience moderne, au carrefour du romantisme et du droit bourgeois, qui a donné naissance à la notion d'auteur propriétaire de son œuvre.

Marco Antônio Sousa Alves est Docteur en philosophie, Professeur à la Faculté de Droit de l'université Fédérale de Minas Gerais (UFMG), Belo Horizonte, Brésil. Il est Coordinateur adjoint du Programme d'études supérieures en droit (PPGD/UFMG).
Publication
Uma genealogia do autor, Éditions UFMG, 2021.

Véronique TAQUIN : Coupable ou non coupable ? Le sujet et son désir de justice. Problématisations littéraires du droit issues du XIXe siècle
À travers quelques grands textes, j'essaierai de cerner la problématisation spécifiquement littéraire du rapport de la psyché au droit au XIXe siècle, dans le contexte d'une double gestation déterminante pour le droit : celle de l'État moderne et celle d'une pensée de l'inconscient. Dans les cas qui m'intéressent, l'œuvre littéraire mène le lecteur face à l'indécidable sur une question de droit, sans cesser de viser le jugement mais en le mettant toujours en défaut, et cela parce que le traitement littéraire de cette question de droit découvre des profondeurs problématiques inaccessibles à des réconciliations dialectiques.

Véronique Taquin est ancienne élève de l'École normale supérieure et de l'IDHEC (FEMIS), professeure honoraire de chaire supérieure en classes préparatoires littéraires, réalisatrice et écrivain (lejeudetaquin.free.fr). Réalisation et publications sur Droit et littérature : Bartleby, ou les hommes au rebut, adaptation cinématographique de la nouvelle de Melville, 1993, diffusion Doriane Films ; Antigone de Jean Anouilh, 1998 ; "Entretien sur Bartleby, A story of Wall Street", avec Sandra Travers de Fautrier, Les cahiers de la justice, 2023 ; Essai en cours de rédaction sur la captation postmarxiste des droits de l'homme.


SOUTIENS :

• Association française pour l'histoire de la Justice (AFHJ)
• Centre de recherche sur la justice et le règlement des conflits (CRJ) | Université Paris-Panthéon-Assas


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


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Précisions à nous communiquer pour l'agrément de votre séjour :
[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.