Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


ÉDOUARD GLISSANT, LA RELATION MONDIALE


DU MARDI 2 AOÛT (19 H) AU JEUDI 11 AOÛT (14 H) 2022

[ colloque de 9 jours ]



DIRECTION :

Sam COOMBES, Tiphaine SAMOYAULT, Christian UWE

Avec le concours de Sylvie et Mathieu GLISSANT


ARGUMENT :

Fidèle à l'idée que les lieux nous constituent, Édouard Glissant a fait de la Caraïbe le site d'une expérience permettant de penser simultanément la spécificité de l'histoire antillaise et les liens souterrains qui la relient au monde. Avec les concepts de créolisation, de trace, ou de pensée archipélique, l'expérience et l'imaginaire caribéens déjouent le piège d'une pensée "aveugle au jeu du monde" pour inscrire précisément la possibilité d'une histoire-monde. Poétique, romanesque, théâtrale, critique, mais aussi philosophique, politique et très transversale dans les espaces et les questions qu'elle aborde, l'œuvre se trouve convoquée, par-delà l'espace littéraire, dans une pluralité de champs. Si celle-ci intéresse depuis plusieurs années les sciences humaines, de nombreux échos se font entendre hors du champ académique : dans les arts, l'écologie, le droit des minorités… Du Japon au Mexique, comme en attestent de récentes traductions, une extension planétaire de ses idées s'opère. C'est que l'œuvre d'Édouard Glissant s'emploie bien à penser le monde, ou plutôt ce qu'il appelle, dès 1981 et Le Discours antillais, "la Relation mondiale".

Souhaitant constituer un lieu de débat critique ouvert à toutes les disciplines, ce colloque consacré au poète et penseur de la Relation entend offrir, dix ans après sa mort, l'occasion de lire patiemment son œuvre et d'interroger d'un œil nouveau les principes et les horizons de sa poétique afin de dessiner les perspectives qu'ouvre cet imaginaire dans un monde inconnu. De longue durée (presqu'une décade), cette rencontre, ouverte à celles et ceux que ces questions intéressent, invite à une aventure de pensée qui sera sans doute mémorable, dans la mesure où Glissant peut nous aider à comprendre les troubles contemporains et à faire face aux défis posés à la communauté, à ses liens, à l'écologie et aux nouvelles façons de dire l'histoire. À côté des conférences et des tables rondes suivies de débats, seront mis en place des ateliers de traduction ainsi que des représentations ou mises en voix de textes (de Glissant, mais aussi d'autres écrivains présents).


MOTS-CLÉS :

Avenir, Glissant (Édouard), Monde, Mondialité, Pensée, Relation, Traduction, Transversalité


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mardi 2 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants, ainsi que du Foyer de création et d'échanges


Mercredi 3 août
Matin
ÉCRIRE EN PRÉSENCE DES LANGUES DU MONDE
Tiphaine SAMOYAULT : Ouverture

Glissant en traduction, table ronde animée par Tiphaine SAMOYAULT, avec Giuseppe SOFO et Beate THILL

Après-midi
GÉO ET ÉCO-POÉTIQUE
Cécile CHAPON : Le vivant comme relais pour un imaginaire du monde
Christina KULLBERG : Écopoétique et résonance chez Glissant [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Romuald FONKOUA : Poétique et esthétique [visioconférence]


Jeudi 4 août
Matin
ÉDOUARD GLISSANT ET LES SCIENCES HUMAINES
Loïc CÉRY : Édouard Glissant, des savoirs à la création [visioconférence]

Glissant dans les sciences humaines, table ronde animée par Christian UWE, avec Christine CHIVALLON et Sonia DAYAN-HERZBRUN

Après-midi
LE DIALOGUE DES ARTS ; LE MUSÉE D'ÉDOUARD GLISSANT
Géraldine BANARÉ : Édouard Glissant et les plasticiens : Vivre la matière inextricable du monde ! [visioconférence]
Zahia RAHMANI : Quand le sensible donne forme à la voix : faire advenir un art sans théorie

Glissant et les arts, table ronde animée par Zahia RAHMANI, avec Sylvie GLISSANT

Soirée
Carthage. Avec Édouard Glissant, en présence du réalisateur Jean-Denis BONAN
Extrait de l'Abécédaire Glissant (Patrick Chamoiseau), par Mathieu GLISSANT


Vendredi 5 août
Matin
GLISSANT AU QUOTIDIEN
Jacques LEENHARDT : Dans l'enchevêtrement des disciplines et des écritures : parcours avec Édouard Glissant

Conversation entre Jacques LEENHARDT et Tiphaine SAMOYAULT

Après-midi
Promenade dans le Havre de Régneville composé de bancs de sable, de 870 hectares de vasières à marée basse


Samedi 6 août
Matin
L'ATLANTIQUE NOIR
Manthia DIAWARA : Présentation du film-documentaire A Letter from Yene

Glissant et l'atlantique noir, table ronde animée par Sam COOMBES, avec Mary GALLAGHER et Cyril VETTORATO

Après-midi
POÉTIQUES DE LA LITTÉRATURE-MONDE
Cyril VETTORATO : La terre le feu l'eau et les vents, geste anthologique et poème-monde
Caroline SOUKAÏ : Écrire en Relation : enrhizomer le monde

Soirée
Théâtre Chaos opéra : une lecture d'Histoire de nègre d'Édouard Glissant : une aventure théâtrale inédite, à l’initiative de Greg Germain, avec le musicien Thierry ROUSTAN et les comédiennes Sophie BOUREL et Lolita MONGA, et la participation de Maurice THÉRON


Dimanche 7 août
Matin
CRÉOLISATION ET MONDIALISATION
Serge BOURJEA : "Écrire en relation" : Place de René Depestre — "Nègre racine d'arc-en-ciel" — dans Le Discours antillais
Ana KIFFER : Le temps des coupures : Édouard Glissant et le Brésil

Après-midi
ÉCRIRE EN RELATION
Valérie OZOUF : Édouard Glissant et les batoutos
Charles FORSDICK : Du Tout-Monde à la littérature-monde

Soirée
"Littérature, musique, arbres", lectures dans le parc du château, en commun avec le Foyer de création et d'échanges : "Que peut la littérature pour les arbres ?", avec Colette CAMELIN, Cécile CHAPON et Edith HEURGON


Lundi 8 août
Matin
DÉTENTE

Après-midi
Ateliers de traductions : exercices pratiques en compagnie de traducteurs, avec Charles FORSDICK (anglais), Giuseppe SOFO (italien) et Beate THILL (allemand)

Soirée
Musique et poésie, animée par Sylvie GLISSANT, avec le concours de la comédienne Sophie BOUREL et du musicien Thierry ROUSTAN, avec des lectures de Sara AGGAZIO, Cécile CHAPON, Rachel COHEN, Ava GLISSANT, Marie-Lise LORTHIOIS, Takayuki NAKAMURA, Christian UWE, Sebald VAN DER WAAL et Paul VOIGT


Mardi 9 août
Matin
MÉMOIRE ET HISTOIRE I
Lise GAUVIN : Édouard Glissant et la pratique/poétique du balan
Célestin LEBA : La paratopie créatrice dans la relation mondiale chez Glissant
Christian UWE : La catégorie de la Relation et ses enjeux politiques

Après-midi
MÉMOIRE ET HISTOIRE II
Sam COOMBES : La Créolisation glissantienne à l'ère des nationalismes résurgents
Mary GALLAGHER : La pensée de la créolisation à l'épreuve des résurgences totalitaires


Mercredi 10 août
Matin
RELIER LES LIEUX DU MONDE
Amanda MURPHY : Le multilinguisme : poétiques de l'ailleurs
Sonya POSMENTIER : La relation mondiale dans les archives de l'ethnopoétique
Takayuki NAKAMURA : Poétiques de Glissant contre la pensée du système

Après-midi
Marie JOQUEVIEL-BOURJEA : Le "Tableau de la diaspora" : une carte à (dé)jouer la Relation
Dénètem TOUAM BONA : Une approche spectrale des cosmologies

Soirée
Dans l'entre-rives, animée par Dénètem TOUAM BONA


Jeudi 11 août
Matin
Synthèse des jeunes chercheurs, par Sara AGGAZIO, Camille BRASSEUR, Coralie CUSTOS QUATREVILLE, Allan DENEUVILLE, Annette HUG, Clément LAURELLI, Sebald VAN DER WAAL, Paul VOIGT et Guillaume WAVELET

Discussion générale

Extrait de l’Abécédaire Glissant (Patrick Chamoiseau), par Mathieu GLISSANT

Après-midi
DÉPARTS


TÉMOIGNAGES :

Cerisy – Glissant, une histoire de famille. Rencontre avec Mathieu GLISSANT, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.

Premiers enseignements du colloque Glissant. Rencontre avec Tiphaine SAMOYAULT, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.

Cerisy : première étape d’un voyage de noce !. Rencontre avec Giuseppe SOFO & Mariagrazia TOCCACELI, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.


PRESSE / MÉDIAS :

• "À Cerisy, plongée dans l'œuvre d'Édouard Glissant lors d'un colloque de dix jours", interview réalisé par Cécile BAQUEY (France Télévisions) — Mis en ligne le 3 août 2022 sur le site Outre-mer la 1ère, le portail des Outre-mer.

• "Quand le pouls du monde bat à Cerisy", article publié par Valérie MARIN LA MESLÉE (Le Point) — Mis en ligne le 7 août 2022 sur le site lepoint.fr.

• Reportage vidéo réalisé par Cécile BAQUEY (France Télévisions) — Mis en ligne le 7 août 2022 :


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Sam COOMBES
Sam Coombes est Maître de conférences à l'université d'Edimbourg. Il est l'auteur de The Early Sartre and Marxism (Lang, 2008), Edouard Glissant A Poetics of Resistance (Bloomsbury, 2018), et Diasporic Trajectories. Charting new critical perspectives (Taylor&Francis, 2019, co-édité) ainsi que de nombreux articles dans les domaines des études postcoloniales et de la pensée politique. Il co-dirige le réseau de recherche Diaspolinks consacré à l'étude des cultures diasporiques.

Tiphaine SAMOYAULT
Tiphaine Samoyault vit à Paris où elle enseigne la Littérature comparée à l'EHESS après avoir été professeure à la Sorbonne nouvelle et à Paris 8. Ses thématiques de recherches sont la littérature mondiale, la traductologie, les relations entre littérature et autorité. Elle est l'autrice d'essais, de récits et de traductions littéraires. Elle collabore à de nombreuses revues littéraires (membre du comité de rédaction de la revue Po&sie) et dirige le journal en ligne En attendant Nadeau.
Publications récentes
Bête de Cirque, Seuil, 2013.
Roland Barthes, Seuil, 2015.
Traduction et violence, Seuil, 2020.

Christian UWE
Christian Uwe est Maître de conférences en études culturelles et littérature comparée à l'université du Minnesota, États-Unis. Ses recherches se situent au croisement de l'esthétique et du politique, particulièrement dans les littératures caribéennes, subsahariennes et françaises. Il est l'auteur d'une monographie intitulée Le Discours choral : essai sur l'œuvre romanesque d'Édouard Glissant (Peter Lang, 2017), ainsi que d'une étude à paraître aux Presses de l'université de Montréal intitulée L'Archive paradoxale : penser l'existence avec le roman francophone subsaharien.


Serge BOURJEA
Spécialiste de l'œuvre de Paul Valéry à laquelle il a consacré de très nombreux ouvrages et articles, Serge Bourjea est Professeur émérite à l'université Paul-Valéry (Montpellier 3). Enseignement à l'étranger : E.E.S.L., Antanarivo, Madagascar ; Université Fédérale et Université de l’État, Rio de Janeiro, Brésil ; Université de Dakar, Sénégal ; Rice University, Huston, Texas, USA ; U.C.L.A, Californie, USA ; I.F.C. de Suzhou et Université de Hangzhou, Chine. Collaborateur de nombreuses revues littéraires en France comme à l'étranger, il consacre aujourd'hui l'essentiel d'une critique génétique qu'il nomme "ichnographique", aux "écritures" de la modernité, qu'elles soient françaises ou francophones, verbales ou picturales.
Bibliographie
2020. René Depestre, Cahier d'un art de vivre – Cuba (1964-1978), Édition établie, préfacée et annotée par Serge et Marie Bourjea (en collaboration avec l'ITEM/CNRS – axe "Manuscrits francophones" et le fonds francophone de la Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges), Actes Sud, coll. "Archives privées".
Serge Bourjea, "Un Arc-en-ciel pour l'Occident chrétien : l'avenir d'un spectre", in revue Siècle 21 – Littérature & Société, n°33, pages 141-156. Paris, Automne-hiver 2018.
Serge Bourjea, "Jorge Amado et René Depestre : une amitié dans l'Histoire", in René Depestre, Le Soleil devant, (M. Joqueviel-Bourjea éd.), p.353-396, Hermann, coll. "Vertige de la langue", Paris, 2015.
Serge Bourjea, "Le "cri atone" d'Édouard Glissant", in L'Écriture et le sacré (J.-F. Durand éd.), p. 247-267, P.U.L.M., Montpellier, 2002.

Loïc CÉRY : Édouard Glissant, des savoirs à la création
Pister les liens denses de l'œuvre d'Édouard Glissant avec les sciences sociales nécessite avant tout d'envisager la question dans le sens d'une réciprocité active, celle qui a innervé à la fois la continuelle immersion de l'écrivain dans les savoirs de son temps, mais aussi l'approche et souvent l'usage de sa pensée qui n'a cessé de s'amplifier, par les praticiens des sciences humaines en général. Un double mouvement d'innutrition réciproque dont il est aisé de retracer l'itinéraire, au seuil d'une investigation qui doit nécessairement interroger les rapports complexes de Glissant aux savoirs, depuis sa méfiance avouée envers les "catégories héritées" dans Le Discours antillais, aux avancées les plus inattendues d'une forge notionnelle qui s'est étendue jusqu'à ses derniers essais. Pour autant, le renouvellement continuel de cette pensée pose aussi et peut-être avant tout des problématiques de corpus, et la nécessité de considérer l'ensemble de sa production comme un tout insécable (justement bien au-delà des essais), dépassant volontairement la si commode et pourtant si hasardeuse dichotomie entre pensée spéculative et création littéraire qui, dans le cas d'Édouard Glissant, s'avère pleinement inopérante. Le pari pour les critiques comme pour les lecteurs, de considérer cette œuvre comme une entité unitaire et étendue, ne doit plus intimider mais au contraire stimuler l'accès au propos ambitieux d'un auteur qu'on a tôt fait de réduire outrageusement à la sphère postcoloniale. Quitte à relire ses nombreux ouvrages comme les moments d'un immense "texte-recherche" édifié face au réel, selon l'expression stimulante d'Ivan Jablonka.

Loïc Céry dirige le CIEEG (Centre international d'études Édouard Glissant) au sein de l'Institut du Tout-Monde fondé par Édouard Glissant en 2006. Spécialiste de Saint-John Perse et d'Édouard Glissant, il a fondé les revues La nouvelle anabase et Les Cahiers du Tout-Monde. En 2020, il a publié une étude critique en deux volumes intitulée Édouard Glissant, une traversée de l'esclavage (Éditions de l'Institut du Tout-Monde, coll. "Idées").

Cécile CHAPON : Le vivant comme relais pour un imaginaire du monde
À une époque où il n'a jamais autant été question de liens — liens francs ou insidieux qui entravent, "liens qui libèrent", liens furtifs qui renouent avec d'anciennes formes de résistance —, il s'agira de revenir sur la notion de "relais", développée par Édouard Glissant au cœur de sa définition de la Relation qui "relie (relaie), relate" (Poétique de la Relation, Paris, Gallimard, 1990, p. 187). J'envisagerai la manière dont l'auteur construit des images-relais et des personnages-relais qui étayent concrètement l'imaginaire du monde et la critique de la mondialisation, en me concentrant plus particulièrement sur les images végétales et élémentaires. Arbres, herbes, fleurs, roches, volcans prennent au fil des romans la consistance de pigments ou de signes reconnaissables mais toujours en mouvement, instables dans leur combinaison et dans leur manière d'ancrer le texte et d'engager la mémoire, la perception et l'agir des personnages. À partir d'une ébauche de cartographie du vivant dans l'œuvre romanesque plus particulièrement, j'analyserai comment cette attention à la texture vivante se fait relais de l'imaginaire pour penser et convoquer le monde contemporain, sur un mode qui va au-delà d'un rapport symbolique, métaphorique ou anthropomorphique aux formes du vivant, et qui nuance les paradigmes du rhizome et de l'archipel le plus souvent convoqués pour illustrer la pensée de la Relation chez Glissant.

Cécile Chapon est maîtresse de conférences en littérature comparée à l'université de Tours. Elle a soutenu en 2019 une thèse intitulée "Le Figuier d'or : intertextualités classiques et représentations de l'oralité dans l'espace caribéen (Alejo Carpentier, Édouard Glissant, Derek Walcott)", et parmi ses publications figurent plusieurs articles consacrés aux romans d'Édouard Glissant. Ses recherches actuelles portent sur les notions de traditions et de lieux dans les littératures des Amériques, et sur le rapport entre langages et paysages en contexte caribéen.

Christine CHIVALLON
Christine Chivallon est anthropologue et géographe, directrice de recherche 1ère classe au CNRS. Ses recherches portent sur les questions de cultures, mémoires et matérialité et s'intéressent au pouvoir des médiations matérielles dans les représentations sociales. Elles sont principalement consacrées aux univers caribéens et aux sociétés à fondement esclavagiste des Amériques, notamment au travers des mémoires de l'esclavage. Elles comportent également un important volet théorique et épistémologique engagé dans une démarche réflexive sur les outils d'analyse du chercheur. Voir le lien : http://www.passages.cnrs.fr/spip.php?article98.
Publications
L'esclavage. Du souvenir à la mémoire, Paris, Karthala, 2012.
"L'humain-l'inhumain : l'impensé des nouveaux matérialismes", École de l’anthropocène de Lyon, 2021.

Sonia DAYAN-HERZBRUN
Sonia Dayan-Herzbrun est Professeur émérite en sociologie politique et en études féministes à l'université de Paris. Auteure de nombreux ouvrages et articles, elle dirige la revue Tumultes et collabore régulièrement au journal en ligne En attendant Nadeau dont elle est membre du comité de rédaction. Elle est également membre de l'Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF) et de la Caribbean Philosophical Association qui lui a décerné en 2016 le Prix Frantz Fanon pour l'ensemble de son œuvre et de sa carrière. Ses premiers travaux ont porté sur le rapport entre mythe et mémoire à propos de l'histoire du mouvement ouvrier. Ses recherches portent maintenant d'une part sur l'agir politique des femmes au Moyen-Orient, de l'autre sur l'introduction du paradigme décolonial dans les sciences sociales.

Charles FORSDICK : Du Tout-Monde à la littérature-monde
Édouard Glissant a figuré parmi les signataires du manifeste, publié dans Le Monde en mars 2007, qui prônait un décloisonnement de la production littéraire, une mise en relation des différentes littératures d'expression française et la naissance d'une "littérature-monde en français". Glissant a également contribué à un chapitre — sous la forme d'un entretien — au volume Pour une littérature-monde paru chez Gallimard dans la même année. Cette intervention a pour but d'explorer le rôle de l'écrivain martiniquais dans cette nouvelle tendance littéraire qui se voulait post-nationale, voire mondiale. Honorant régulièrement le festival Étonnants voyageurs à Saint-Malo de sa présence, Glissant a contribué à la transformation de la "littérature voyageuse" en "littérature-monde". Son influence se montre en particulier dans ce trait d'union (césure ou forme de relation ?) qui crée le nouveau mot composé, et fait partie intégrante de la production néologique de Glissant lui-même (Chaos-monde, Tout-monde, Totalité-monde, Pensée-monde…). Mais cette influence reste-t-elle plutôt superficielle chez une tendance littéraire qui s'est avérée en fin de compte médiatique et sans conscience multilingue ? Comment y intégrer activement la pensée glissantienne pour dépasser un monolinguisme francophone et imaginer une littérature écrite, traduite et enfin lue "en présence de toutes les langues du monde" ?

Charles Forsdick est professeur de littérature française à l'université de Liverpool et spécialiste de la littérature de voyage, de l'exotisme, et de la littérature postcoloniale et exophone.
Publications
Victor Segalen and the Aesthetics of Diversity : Journeys between Cultures, Oxford, 2000.
Travel in Twentieth-Century French and Francophone Cultures : The Persistence of Diversity, Oxford, 2005.
Co-auteur de Toussaint Louverture : A Black Jacobin in the Age of Revolutions, Pluto, 2017.

Lise GAUVIN
Écrivaine et professeure émérite à l'université de Montréal, Lise Gauvin est Membre de l’Académie des lettres du Québec, dont elle fut la présidente en 2008 et 2009, et du Parlement des écrivaines francophones. Elle a reçu en 2020 la Grande Médaille de la Francophonie de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre.
Publications
La Fabrique de la langue. De François Rabelais à Réjean Ducharme, "Points", Seuil, 2004.
Chez Riopelle. Visites d'atelier, L'Hexagone, 2005.
Lettres d'une autre, "Typo", Gallimard, 2007.
L'imaginaire des langues - Entretiens avec Édouard Glissant, Gallimard, 2010.
Le roman comme atelier, Karthala, 2019.
Et toi, comment vas-tu ? - Roman, Leméac, 2021.

Marie JOQUEVIEL-BOURJEA
Marie Joqueviel-Bourjea est Professeure en littérature française contemporaine à l'université Paul-Valéry (Montpellier 3), responsable au RIRRA 21 du programme de recherche transversal "Recherche en création – Recherches transdisciplinaires en poïétique : méthodologies, enjeux & savoirs inhérents aux processus créatifs". Spécialiste de poésie, elle interroge plus largement les écritures d'aujourd'hui dans une perspective à la fois poétique et poïétique. Sa recherche s'intéresse également aux arts plastiques et aux relations intermédiales entre poésie et peinture à la Modernité — notamment dans l'espace du livre de dialogue. Elle est également animatrice d'ateliers d'écriture depuis 25 ans à l'université et responsable depuis 2009 du Diplôme Universitaire d'Animateur d'Ateliers d'Écriture de l'UPVM.
Travaux en lien avec le colloque
2020. René Depestre, Cahier d'un art de vivre – Cuba (1964-1978), Édition établie, préfacée et annotée par Serge et Marie Bourjea (en collaboration avec l'ITEM/CNRS – axe "Manuscrits francophones" et le fonds francophone de la Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges), Actes Sud, coll. "Archives privées".
2015. René Depestre, le soleil devant (Marie Joqueviel-Bourjea éd.), volume issu du colloque de mai 2014 à la Bibliothèque Francophone Multimédia de Limoges (sld MJB & Serge Bourjea), Paris, Hermann, coll. "Vertige de la langue", 418 p.
2018. "Alléluia pour un homme-banian", dossier "René Depestre" sld Tirthankar Chanda, in revue Siècle 21, Littérature & Société, n°33, automne 2018, p. 112-130.
2015. "Un "devenir-tendre"", in René Depestre, le soleil devant, sld MJB, Paris, Hermann, p. 43-74.
2014. ""Encore une mer à traverser" : René Depestre, étonnant voyageur de la "mondialité"" [texte issu d’une communication donnée au congrès annuel du Conseil International des Études Francophones à Montréal (Canada) en juin 2010], in L'Érotisme solaire de René Depestre. Éloge du réel merveilleux féminin, sld Michèle Aquien, Paris, L'Harmattan, coll. "Espaces littéraires", p. 63-95.

Ana KIFFER
Ana Kiffer est professeure au Programme de Pós-Graduação en Literatura, Cultura e Contemporaneidade de la PUC-Rio et au Programme d'Études Contemporains de l'Art à l'université Fédéral Fluminense (UFF). Elle a été Directrice de Programme au Collège International de Philosophie de 2006-2012 et a coordonné, entre 2007 et 2012, l'Accord de coopération CAPES-COFECUB entre la PUC-Rio et Paris VII. Ses recherches actuelles portent sur l'effort de relecture de la notion poétique et conceptuelle de la Relation chez Édouard Glissant, en ciblant l'importance de cette notion pour penser les nouvelles affections politiques. Depuis 2021, elle coordonne la collection "Édouard Glissant" pour la maison d'Édition Bazar do Tempo, Rio de Janeiro, Brasil, dont le premier livre publié, en 2021, a été Poétique de la Relation, traduit par Eduardo Jorge et Marcela Levi, et préfacé par Ana Kiffer et Edimilson Pereira de Almeida. À sortir : une sélection du Discours Antillais faite par Sylvie Glissant, Jacques Leenhardt et Ana Kiffer, traduit par Thiago Florêncio et préfacé par Jacques Leenhardt et Tiganá Santana en 2022, en 2023 Les entretiens de Bâton Rouge et La Philosophie de la Relation.

Christina KULLBERG : Écopoétique et résonance chez Glissant
Cette communication s'interroge sur l'écopoétique dans l'œuvre de Glissant à partir du concept de la résonance. Glissant propose une écopoétique ancrée dans la matérialité concrète du paysage, menant à une épistémologie intuitive de l'ailleurs et de l'avenir pourtant imprévisible. Le but sera ici d'explorer la fonction de la sonorité pour entretenir la relation entre pensée et paysage afin de comprendre comment l'écopoétique de Glissant s'articule en partie comme une pratique d'écoute. D'une part, on verra comment le son devient vecteur pour faire résonner présent et passé. D'autre part, on analysera la manière dont l'écriture glissantienne s'engage dans un procédé paradoxal, voire contradictoire, qui consiste à faire de la dénomination locale du lieu, une poétique de l'extension et de la profusion qui résonne ailleurs.

Christina Kullberg est professeure de littératures françaises à l'université d'Uppsala, spécialiste de littérature caribéenne et de récit de voyage. Parmi ses publications on retrouve de nombreux articles sur la littérature antillaise contemporaine (Glissant, Condé, Chamoiseau, Ina Césaire, Fanon, etc.) et sur la relation de voyage au XVIIe siècle, ainsi que deux monographies, The Poetics of Ethnography in Martinican Narratives : Exploring the Self and the Environment (2013) et Lire l'Histoire générale des Antilles de J.-B. Du Tertre : exotisme et établissement aux îles (2020).

Célestin LEBA : La paratopie créatrice dans la relation mondiale chez Glissant
L'essai glissantien présente selon l'approche littéraire de Dominique Maingueneau une paratopie créatrice, c'est-à-dire une pensée mondiale "entre l'écrivain et la société, l'écrivain et son œuvre, l'œuvre et la société". Autrement dit il s'agit d'une "manière [pour Glissant] de "s'insérer" dans l'espace littéraire et la société (…) [en construisant] en effet les conditions de sa propre création". Cela semble s'expliquer par le développement de certaines binarités que Glissant examine tantôt sous la forme d'une relation, tantôt sous la forme d'une opposition ou d'une consécution. Il revient dès lors à expliquer comment cela se manifeste concrètement dans Poétique de la Relation, Traité du Tout-monde et Philosophie de la Relation.

Bibliographie
Glissant, Édouard, Poétique de la Relation, Poétique III, Paris, Gallimard, 1990.
Glissant, Édouard, Traité du Tout-monde, Poétique IV, Paris, Gallimard, 1997.
Glissant, Édouard, Philosophie de la Relation, Poésie en étendue, Paris, Gallimard, 2009.
Langlet, Irène, L'Abeille et la Balance. Penser l'essai, Paris, Garnier, 2016.
Maingueneau, Dominique, Le discours littéraire. Paratopie et scène d'énonciation, Paris, Armand Colin, 2004.
Née, Patrick, Le Quatrième genre : l'essai, Rennes, PU Rennes, coll. "Interférences", 2018.

Amanda MURPHY
Amanda Murphy est Maîtresse de conférences en anglais et traduction à l'université Sorbonne Nouvelle. Elle est l'auteure d'une thèse en littérature comparée qui s'inscrit sous le signe de la pensée de la Relation : "Écrire, lire, traduire entre les langues: défis et pratiques de la poétique multilingue". Ses articles incluent "The Border Poetics of Theresa Hak Kyung Cha" paru dans l'ouvrage collectif Reading(s) Across Borders (2020) et "Poétiques hétérolingues : le queering des langues" paru dans la revue de genere (2020).

Takayuki NAKAMURA
Takayuki Nakamura est maître de conférences à l'université Waseda (Tokyo). Il est l'auteur d'un livre en japonais intitulé Édouard Glissant : zen-sekai no bijonÉdouard Glissant : la vision du Tout-Monde)aux Éditions Iwanami (2016) et le traducteur d'une version japonaise de Faulkner, Mississippi (Inscript, 2012).

Giuseppe SOFO
Une pensée archipélique ne peut se construire qu'à travers la lecture plurielle d'un discours. La pensée de Glissant ne peut ainsi être appréhendée véritablement qu'à travers une lecture plurilingue, c'est-à-dire "en présence de toutes les langues" (Glissant, 2005 : 37) et de tous les imaginaires. Glissant a écrit que : "La traduction s'exerce comme une mise en rapports" dans laquelle "nous n'enjambons pas seulement la distance d'une langue à une autre, nous entrons dans le mystère d'une multi relation où toutes les langues du monde (…) trament pour nous des chemins démultipliés qui sont en réalité les échos de la multiplicité" (s.d.), et sa pensée est l'espace idéal d'expression de ces "échos de la multiplicité". Ce que je propose, c'est d'aller explorer cette "inimaginable réserve que procurent les langues du monde" (Glissant, 1990 : 234) pour étudier ce qui se passe à l'intérieur de l'écriture de Glissant, une fois que son œuvre est traduite et déplacée, en me focalisant surtout sur les traductions de Soleil de la Conscience et Introduction à une poétique du Divers en anglais, espagnol et italien. Plutôt qu'essayer de définir et limiter ces échos, je vais alors essayer de tracer cette multiplicité, pour entrer dans ce "mystère d'une multi relation" qui peut nous en dire beaucoup sur l'œuvre de Glissant, ainsi que sur une possible méthode de lecture des textes entre les langues de toute littérature caribéenne.

Bibliographie
Édouard Glissant, Poétique de la relation : Poétique III, Paris, Gallimard, 1990.
Édouard Glissant, La Cohée du lamentin : Poétique V, Paris, Gallimard, 2005.
Édouard Glissant, "Traduction et relation", Feuillet volant manuscrit, Carnet bleu, Boîte 13 (Ormerod), NAF 28894 Fonds Édouard Glissant, Bibliothèque nationale de France, s.d.

Caroline SOUKAÏ : Écrire en Relation : enrhizomer le monde
Le poète travaille à "enrhizomer" le monde selon Édouard Glissant dans le Traité du Tout-Monde (Poétique IV, Paris, Gallimard, 1997). Le rhizome glissantien, qui s'oppose à la racine unique qui fige, cherche l'incertain du devenir-autre, ainsi que l'entendaient Gilles Deleuze et Félix Guattari dans Mille Plateaux (Paris, Éditions de Minuit, 1980). Artisan et voix de l'imprévisible tant les rhizomes qu'il génère rencontrent l'écho — opaque mais ouvert — de l'ailleurs, l'écrivain, selon Glissant, fait dès lors émerger un dire-archipel qui ancre autant dans le lieu primordial de l'écriture qu'il en expulse. L'enjeu est donc d'entendre comment les Poétiques glissantiennes, à la suite du Discours antillais, s'avèrent poélitiques, en cela qu'elles proposent d'accéder aux mouvements du monde, d'entrer en Relation.

Caroline Soukaï est docteure en littérature comparée de Sorbonne Université et a rédigé une thèse intitulée "De l'insularité en tant que mode de décryptage : Patrick Chamoiseau, Ananda Devi, V. S. Naipaul", Paris IV - Sorbonne, 2017. Ses recherches portent sur les concepts poétiques forgés par Édouard Glissant, en tant qu'instruments d'exégèse comparatiste.

Beate THILL
Beate Thill est née dans une famille franco-allemande. Depuis 1983 elle est traductrice littéraire vers l'allemand, avec une spécialisation dans la littérature francophone de la Caraïbe et de l'Afrique. C'est elle qui introduit la pensée et la littérature de Glissant en Allemagne, en collaboration intensive avec l'auteur, à partir de La case du commandeur jusqu'à la Philosophie de la Relation.
Publications
Traductions de Glissant : La case du commandeur, Die Hütte des Aufsehers (1983), Le discours antillais, Zersplitterte Welten – Der Diskurs der Antillen (1986), Le quatrième siècle, Die Entdecker der Nacht (1991), Mahagony, Mahagony (1989), Faulkner Mississippi, Faulkner Mississippi (1997), Traîté du Tout-Monde, Traktat über die Welt (1999), Introduction à une Poétique du Divers (extraits), Kultur und Identität (2005), La terre magnétique, Das magnetische Land (2010), Philosophie de la Relation, Philosophie der Weltbeziehung (2021).
Une petite anthologie de poésies, prise de la Poésie complète, sous le titre de Schwarzes Salz.
Ainsi que les textes publiés avec Patrick Chamoiseau : Quand les murs tombent et L'intraitable beauté du monde.
Toutes les traductions ont été publiées par Verlag Das Wunderhorn, Heidelberg.

Cyril VETTORATO : La terre le feu l'eau et les vents, geste anthologique et poème-monde
En caractérisant ce qui devait devenir l'ultime ouvrage paru de son vivant, La terre le feu l'eau et les vents, comme une anthologie de poésie, Édouard Glissant tendait un piège malicieux aux lecteurs à venir de cet objet tout en écarts et en débordements. Puisque "Rien n'est vrai, tout est vivant" — titre d'une conférence de 2010 placé ici en exergue — alors ni les ratios qui président habituellement au geste anthologique, ni même la poésie elle-même, ne se présenteront avec le visage escompté. Aucun ordre chronologique ici, ni aucun classement par pays ou par continent ; des poèmes, oui, tels que nous l'entendons, mais aussi bien d'autres objets verbaux qui déjouent les cartographies génériques. C'est que le poème, s'il y en a un, est à chercher à l'échelle du livre lui-même, véritable forme-sens à traverser contre le courant de nos habitudes de lecture, fruit forcément étrange d'une dispositio d'un genre nouveau.

Cyril Vettorato est maître de conférences en littératures comparées à l'université de Paris. Ses recherches portent sur les poésies contemporaines de la diaspora africaine aux États-Unis, au Brésil et dans la Caraïbe, et plus particulièrement sur la relation qu'elles établissent entre l'écriture, l'oralité et à la performance. Il est l'auteur de Poésie moderne et oralité dans les Amériques noires (2018) et de nombreux articles sur ces mêmes thématiques.


BIBLIOGRAPHIE :

Poésie

Glissant É., Poèmes complets, Gallimard, Paris, 1994.
Glissant É., La terre, le feu, l'eau et les vents. Une anthologie de la poésie du Tout-monde, Galaade/Institut du Tout-monde/Maison de l'Amérique latine, Paris, 2010.

Œuvre romanesque

Glissant É., La Lézarde, Seuil, Paris, 1958.
Glissant É., Le Quatrième Siècle, Seuil, Paris, 1964.
Glissant É., Malemort, Seuil, Paris, 1975.
Glissant É., La Case du commandeur, Seuil, Paris, 1981.
Glissant É., Mahagony, Seuil, Paris, 1987.
Glissant É., Tout-monde, Gallimard, Paris, 1993.
Glissant É., Sartorius. Le Roman des Batoutos, Gallimard, Paris, 1999.
Glissant É., Ormerod, Gallimard, Paris, 2003.

Œuvre dramatique

Glissant É., Monsieur Toussaint, Seuil, Paris, 1961.
Glissant É., Le Monde incréé, Gallimard, Paris, 2000.

Essais choisis

Glissant É., Soleil de la conscience, Seuil, Paris, 1956.
Glissant É., L'Intention poétique, Seuil, Paris, 1969.
Glissant É., Le Discours antillais, Seuil, Paris, 1981.
Glissant É., Poétique de la Relation, Gallimard, Paris, 1990.
Glissant É., Faulkner, Mississippi, Stock, Paris, 1996.
Glissant É., Introduction à une poétique du divers, Gallimard, Paris, 1996.
Glissant É., Traité du Tout-monde, Gallimard, Paris, 1997.
Glissant É., La Cohée du Lamantin, Gallimard, Paris, 2005.
Glissant É., Une nouvelle région du monde, Gallimard, Paris, 2006.
Glissant É., Mémoire des esclavages. La fondation d'un Centre national pour la mémoire des esclavages et de leurs abolitions, Gallimard/La Documentation française, Paris, 2007.
Glissant É. & Séma S., La Terre magnétique. Les errances de Rapa Nui, l'île de Pâques, Seuil, Paris, 2007.
Glissant É. & Leupin A., Les Entretiens de Bâton Rouge, Gallimard, Paris, 2008.
Glissant É., Philosophie de la Relation, Gallimard, Paris, 2009.
Glissant É. & Gauvin L., L'Imaginaire des langues, Gallimard, Paris, 2010.


SOUTIENS :

• Centre de recherches sur les arts et le langage (CRAL - UMR 8566) | EHESS / CNRS
Institut du Tout-Monde

Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


SÉRIES TÉLÉ PAR-DELÀ LES FRONTIÈRES :
APPROCHES TRANSNATIONALES ET TRANSCULTURELLES


DU DIMANCHE 24 JUILLET (19 H) AU SAMEDI 30 JUILLET (14 H) 2022

[ colloque de 6 jours ]



PRÉSENTATION VIDÉO :


DIRECTION :

Ariane HUDELET, Sébastien LÉFAIT, Sarah SEPULCHRE, Dennis TREDY


ARGUMENT :

Vingt ans après le colloque de Cerisy (*) qui fut fondateur pour l'étude des séries télévisées en France, ce colloque rassemblera universitaires et créateurs pour réfléchir à la mondialisation du phénomène des séries en lien avec l'avènement du streaming et du binge-watching (visionnage marathon). Les intervenants interrogeront la manière dont les séries prennent en charge et éclairent les problématiques transculturelles aujourd'hui. La complexité et l'ampleur narrative, ainsi que le nombre potentiellement élevé de personnages permettent notamment aux séries de représenter les échanges entre différents pays et cultures, de modéliser, esthétiquement et narrativement, la complexité des enjeux transnationaux aujourd'hui. L'évolution des modes de production et de diffusion éclaire aussi notre rapport aux produits culturels, notamment la mondialisation du marché des biens culturels, avec notamment l'affirmation de nouvelles zones de création influentes comme la Corée par exemple. D'un point de vue méthodologique, la conversation transnationale sur les séries sera aussi reliée à une réflexion sur les nouvelles pratiques de recherche sur les images en mouvement, en particulier les essais vidéo. Ce colloque est ouvert à celles et ceux que les séries télé passionnent.

(*) Les séries télévisées, colloque dirigé par Anne Roche et Martin Winckler, du 14 au 21 août 2002.


MOTS-CLÉS :

Culture, Diffusion, Essais vidéo, Frontière, Globalisation, Médias, Mondialisation, Multiculturalisme, Production, Séries télévisées, Télévision, Transnational


CALENDRIER DÉFINITIF :

Dimanche 24 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Lundi 25 juillet
Matin
Tristan MATTELART : Penser les enjeux de l'internationalisation des séries télévisées : 50 ans de controverses théoriques
Marta BONI : Le principe d'incertitude dans les séries : une tendance transnationale ? [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Après-midi
Dominique MEMMI : Les Séries entre inquiétudes transnationales et traitement "local"
Dennis TREDY : Des algorithmes sans frontières, ou comment Netflix tente de "transnationaliser" les séries nationales et leurs publics

Soirée
Ariane HUDELET : Essai vidéo et enjeux transnationaux — projection et discussion


Mardi 26 juillet
Matin
Maryse PETIT : Le brouillage des frontières dans les séries Bron / The Bridge et Tunnel
Stéphane BENASSI : Bron, The Bridge, Tunnel : migration d'une matrice sérielle

Après-midi
Gilles MENEGALDO : Utopia (série britannique, Channel 4, 2013-2014) et sa reprise américaine (Amazon Prime Video, 2020) : les raisons du remake raté d'une série culte
Hélène BREDA : S'initier à la sexualité dans et par les séries télévisées. Regards croisés sur Sex Education (UK) et Sexify (Pologne)


Mercredi 27 juillet
Matin
Pierre BEYLOT : Que refait le remake sériel ? Broadchurch et ses déclinaisons transnationales : Malaterra et Gracepoint
Marjolaine BOUTET : La réception transnationale de Holocaust (NBC, 1978) : l'américanisation de la Shoah en questions

Après-midi
DÉTENTE


Jeudi 28 juillet
Matin
Fabienne DARLING-WOLF : Imaginaires 2.0 : nostalgie, connexions, et nouveaux publics à l'ère du numérique
Florent FAVARD : The Shape of Things to Come : quelle(s) structure(s) narrative(s) pour les séries de SVoD ?

Après-midi
Hülya UĞUR TANRIÖVER : Des "ghettos roses" aux marchés internationaux : la popularité des séries turques
Ludivica TUA : Masculinité(s) et pouvoir dans les séries nationalistes turques


Vendredi 29 juillet
Matin
Florence CABARET : De Criminal Justice (BBC, 2008), à The Night Of (HBO, 2016), à Une si longue nuit : changements ethniques et changements de perspectives
Céline MASONI : Imaginaire(s) mafieux en circulation

Après-midi
Isabelle LABROUILLÈRE : La représentation des espaces frontaliers et du corps migrant dans la mini-série Eden réalisée par Dominik Moll
Dimitra Laurence LAROCHELLE : Décoder l’Autre : la réception des fictions sérielles turques par les Grecs


Samedi 30 juillet
Matin
Table ronde des scénaristes, animée par Sarah SEPULCHRE, avec Sylvie COQUART-MOREL (Des soucis et des hommes), Vania LETURCQ (Pandora) et Vincent POYMIRO (En Thérapie)

Ariane HUDELET, Sarah SEPULCHRE & Dennis TREDY : Compte-rendu du colloque

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Ariane HUDELET : Essai vidéo et enjeux transnationaux — projection et discussion
Succession (HBO, 2018-) nous offre le spectacle de la déliquescence morale et familiale des 1% les plus riches, incarnés par la famille Roy, propriétaire d'une multinationale de médias et divertissements. Avec brio, la série exhibe les luttes intestines en vue de la succession du patriarche Logan Roy, à la santé déclinante. Si l'essentiel de la série se déroule aux États-Unis, principalement à New York où se trouve le siège de l'entreprise Waystar-Royco, la série nous dépeint plus largement un capitalisme mondialisé qui abolit les frontières et les distances. Cette communication s'attachera à la manière dont la série représente cette internationalisation de la richesse, et dépeint l'éradication des distances ou des différences culturelles pour les ultra riches. Loin de proposer une forme de "pornographie de la richesse" ("wealth porn") à la manière d'autres séries récentes (Big Little Lies, The Morning Show, The Undoing), Succession nous propose des voyages toujours similaires, des sites de pouvoir et de richesse dont la diversité s'estompe sous les effets du luxe mondialisé, à l'arrière-plan des tourments familiaux qui occupent toujours le devant de la scène. L'exemple de Succession et sa représentation d'une richesse internationalisée seront replacés dans un contexte plus vaste : l'histoire de la production de la série elle-même, et celui d'une histoire plus longue de la mondialisation et du capitalisme.

Ariane Hudelet est professeure en études anglophones, spécialiste de culture visuelle, notamment des séries télévisées américaines (XXIe siècle), et de l'adaptation cinématographique et télévisuelle d'œuvres littéraires. Elle co-dirige la revue TV/Series et a publié de nombreux articles sur les séries américaines (Treme, Masters of Sex, The Good Wife, Mad Men, The Knick, Fargo).
Publications
La Sérialité à l'écran (co-dir.), PUFR, 2020.
Exploring Seriality on Screen (co-dir.), Routledge, 2021.
The Wire. Les règles du jeu, PUF, 2016.

Dennis TREDY : Des algorithmes sans frontières, ou comment Netflix tente de "transnationaliser" les séries nationales et leurs publics
C'est en janvier 2016 que Reed Hastings, PDG et co-fondateur de Netflix, a choqué le public présent au Las Vegas Consumer Electronic Show en annonçant que son service de streaming serait désormais disponible dans 130 pays du monde — la plupart lançant même le service pendant son discours — faisant ainsi de Netflix "la première chaîne de télévision globale". Sur le moment, Hastings semblait imaginer que leur offre de séries américaines et britanniques de qualité et l'arrivée de grands acteurs et réalisateurs du cinéma anglophone sur leur service séduiraient aussi les nouveaux publics internationaux. Cela dit, les choses se sont passées autrement, et bien que Netflix semble avoir toujours su s'adapter aux effets et aux entraves inattendus de leur grand projet transnational, leur notion même d'une "télévision globale" s'est fortement modifiée depuis ce grand lancement. Quel aura été alors l'impact de tous ces changements et corrections de tir sur l'offre actuelle de productions internationales sur Netflix ? Le service a-t-il réussi son pari de créer une "télévision globale" et a-t-il vraiment "transnationalisé" les séries nationales du monde ? La suprématie des productions américaines sur Netflix est-elle toujours d'actualité, et le public américain se nourrit-il désormais et de manière inédite d'un régime de séries internationales ? Surtout, cet effort de plaire, algorithmes à l'appui, au plus grand nombre à l'échelle planétaire a-t-il changé la définition même d'une "bonne série" selon Netflix, s'adressant alors au "plus petit dénominateur commun", au détriment des ambitions "prestige TV" soulignées par Reed en 2016 ?

Dennis Tredy est maître de conférences en littérature américaine à l'université de la Sorbonne Nouvelle et enseignant d'adaptation filmique à Sciences Po Paris. Il est également co-fondateur de la Société Européenne des Études Jamesiennes (ESJS). Il a publié de nombreux articles sur James et d'autres auteurs américains, bon nombre de ses publications traitant l'adaptation filmique ou télévisuelle des auteurs américains et britanniques, tels que James, Poe, Forster, Austen, Orwell, Burgess et Nabokov, entre autres. Il publie également des études sur la série télévisée américaine, notamment sur la sitcom, sur l'adaptation des émissions radio au milieu du vingtième siècle, et sur la représentation des femmes, des minorités et de la contreculture dans les années 1950, 1960 et 1970.
Publications
Reading Henry James in the Twenty-First Century (2019).
Henry James and the Poetics of Duplicity (2013).
Henry James's Europe : Heritage and Transfer (2011).


Pierre BEYLOT : Que refait le remake sériel ? Broadchurch et ses déclinaisons transnationales : Malaterra et Gracepoint
Saluée par la critique et le public, la série britannique Broadchurch créée par Chris Chibnall (ITV, 2013-17) a connu deux déclinaisons transnationales le temps d'une seule saison : aux États-Unis avec Gracepoint (Fox, 2014) et en France, avec Malaterra réalisée par Jean-Xavier de Lestrade (France 2, 2015). Au-delà des similitudes et des différences de scénario, de lieux et de distribution, ce cas de figure nous amène à nous interroger sur ce que "refait" le remake sériel. Le terme de remake est-il lui-même approprié pour une production sérielle ? Sur quoi porte la transposition : développement de l’intrigue et des personnages ? Rôle des décors et des paysages ? Incarnation par des acteurs différents (ou au contraire, identiques, dans le cas de David Tennant qui reprend dans la version américaine le rôle qu'il tenait dans la version originale) ? Spécificités nationales liées aux comportements sociaux ou aux règles de procédure policières et judiciaires ? Des falaises du Dorset aux rivages de la Corse ou de la Californie, on analysera les effets de cette transposition d'une matrice sérielle : on examinera en particulier la façon dont elle affecte l'agencement narratif de la série et la construction des identités nationales à laquelle elle participe.

Pierre Beylot est professeur en Études cinématographiques et audiovisuelles à l'université Bordeaux Montaigne où il est responsable du Master "Approches historiques et socioculturelles du cinéma et de l'audiovisuel". Il a participé au premier colloque de Cerisy, Les séries télévisées en 2002, et les a analysées dans plusieurs articles et ouvrages, notamment Les Séries policières (co-dir., 2002) ; Le Récit audiovisuel (2005) ; "Homeland / Hatufim : intertextualité sérielle et transfert culturel", in Mise au Point (2015) et "Comment définir l'identité d’une série ? Le cas de Homeland", in Troubles en séries (2020).

Marta BONI : Le principe d'incertitude dans les séries : une tendance transnationale ?
De plus en plus, les séries télé présentent des personnages marginaux : des femmes, des adolescent(e)s, des queers. Ainsi, par la création d'expériences de doute, de désorientation ou d'échec, de nouvelles manières de concourir à la "structure de sentiment" de crise de l'ère contemporaine apparaissent. Cette contribution portera sur les lieux et les modes de circulation transnationaux de cette tendance. Aux États-Unis — notamment avec Netflix ou Amazon Prime Video — l'incertitude est devenue une importante stratégie de marché, à lire dans le cadre d'un "humanisme libéral" des plateformes. Nous pouvons donc nous demander comment celle-ci s'inscrit suivant ou s'écartant des logiques de "proximité culturelle" dans les pays européens, sur le plan de la production et de la réception ?

Marta Boni est professeure agrégée au Département d'histoire de l'art et d'études cinématographiques de l'université de Montréal, où elle enseigne et dirige des recherches sur le cinéma et la télévision. En 2015 elle a fondé le Labo Télé qui prône une approche pragmatique et intersectionnelle des séries, avec une attention particulière pour les liens entre les formes et les technologies de la télévision à l'ère du numérique.

Hélène BREDA : S'initier à la sexualité dans et par les séries télévisées. Regards croisés sur Sex Education (UK) et Sexify (Pologne)
Cette communication propose de comparer deux séries diffusées sur la plateforme Netflix, dont le thème commun est la découverte de la sexualité par de jeunes gens en contexte scolaire ou estudiantin. La première, Sex Education (UK, 3 saisons), se caractérise par une représentation diverse et inclusive d'identités de genre comme d'orientations sexuelles. La seconde, Sexify (Pologne), se saisit de la question du plaisir féminin dans un contexte relativement conservateur. Il s'agira ici de comprendre comment, dans l'un et l'autre cas, une approche progressiste dotée d'une portée pédagogique permet d'aborder une variété de situations individuelles encore rarement prises en compte dans les médias. L'articulation entre des analyses de contenu et une étude de réception mettra en lumière l'importance des enjeux sociaux sous-tendus par ces représentations, autour de la notion philosophique de "lutte pour la reconnaissance".

Hélène Breda est Maîtresse de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication au LabSIC (Université Sorbonne Paris Nord) et chercheuse associée à l'IRCAV. Elle est l'autrice d'une thèse consacrée à la notion de "tissage narratif" dans les séries télévisées étatsuniennes (2015). Ses recherches actuelles portent sur la représentation des identités culturelles dans la fiction et les médias ainsi que sur la réception d'œuvres (pop-)culturelles, notamment dans sa dimension genrée.

Florence CABARET : De Criminal Justice (BBC, 2008), à The Night Of (HBO, 2016), à Une si longue nuit : changements ethniques et changements de perspectives
Entre la minisérie britannique Criminal Justice (BBC, 2008) et son adaptation étatsunienne The Night Of (HBO, 2016), plusieurs changements d'identités ethniques sont intervenus dans la réécriture des personnages de cette enquête policière et judiciaire. Le jeune Ben Coulter (Ben Whishaw) est devenu Nasir Khan (Riz Ahmed) tandis que d'autres personnages autour de lui se sont vus attribuer une filiation ethnique différente de celle des personnages d'origine (les parents de l'accusé, la jeune femme rencontrée dans le taxi, les avocat(e)s qui le défendent, le détenu qui devient son mentor). Ces modifications seront l'occasion d'interroger la mise en fiction de deux univers nationaux où la "minorité modèle" indo-pakistanaise découvre que son statut est remis en cause dans un monde où la crainte du terrorisme islamiste ébranle différemment les relations inter-ethniques que les deux scénarios redessinent également.

Florence Cabaret est Maître de conférences à l'université de Rouen et membre du laboratoire ERIAC. Elle travaille sur les romans et films de la diaspora indienne de langue anglaise, et sur la représentation des personnages qui incarnent cette diaspora dans les séries télévisées britanniques et étatsuniennes. Elle a co-édité plusieurs numéros de la revue en ligne TV/Series avec Sylvaine Bataille, Claire Cornillon et Virginie Douglas. Elle traduit également les romans et essais d'Hanif Kureishi (chez Christian Bourgois).

Fabienne DARLING-WOLF : Imaginaires 2.0 : nostalgie, connexions, et nouveaux publics à l'ère du numérique
Si le tournant numérique accentue la mondialisation des publics et facilite la création de nouveaux imaginaires construits grâce à un accès plus rapide et varié aux productions internationales, il est aussi fondé sur des relations de pouvoir ayant influencé, en amont des développements technologiques, les échanges culturels transnationaux. Toute analyse de la reconfiguration de la télévision à l'heure du numérique doit donc nécessairement prendre en compte l'impact de ces relations historiques et (trans)culturelles sur les publics et sur leurs modes d'engagement avec la culture populaire "mondiale". Cette communication propose une réflexion sur ces thèmes : quel effet ont ces relations sur les modalités d'inclusion (ou d'exclusion) de différentes zones de création dans l'imaginaire de publics divers ? Pour quels publics ces nouvelles problématiques transnationales sont-elles le plus profondément perturbatrices ?

Fabienne Darling-Wolf enseigne l'étude des médias à Temple University (Philadelphie, États-Unis). Ses recherches portent sur les problématiques d'influence transculturelle et leur négociation "locale" dans différents contextes, notamment au Japon, en Europe et aux États-Unis.
Publication
Imagining the global : Transnational media and popular culture beyond East and West, University of Michigan Press, 2015.

Florent FAVARD : The Shape of Things to Come : quelle(s) structure(s) narrative(s) pour les séries de SVoD ?
Les séries des plateformes de SVoD augurent d'une nouvelle ère de la "télévision", ou plutôt, des "petits écrans", où la fiction audiovisuelle ne cesse de se réinventer. La question qui sera posée ici porte sur la forme même de ces fictions, à l'heure de leur livraison en blocs saisonniers (sur Netflix), du mélange des modèles économiques et culturels dans un cadre transnational, et de l'articulation de grandes franchises transmédiatiques (notamment sur Disney+). Quelles sont les conséquences pour ces objets dont la sérialité se trouve reformatée, reformulée, recadrée, au gré d'un calendrier qui dépasserait les frontières et les grilles de programmes locales ? Il s'agira notamment de s'interroger sur la structure narrative de ces séries, sur la façon dont elles déploient leur monde fictionnel, et sur leur capacité à générer une nouvelle expérience sérielle qui se voudrait, peut-être, "universelle".

Maître de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication à l'IECA de Nancy, Florent Favard se spécialise dans la complexité narrative des séries télévisées et des franchises cinématographiques contemporaines. Ses recherches se focalisent actuellement sur la narration sérielle des services de streaming, et sur les liens entre sérialité et worldbuilding.
Publications
Écrire une série TV, PUFR, 2019
Le récit dans les séries de science-fiction, Armand Colin, 2018.

Isabelle LABROUILLÈRE : La représentation des espaces frontaliers et du corps migrant dans la mini-série Eden réalisée par Dominik Moll
Cette intervention se proposera d'analyser la dimension esthétique et narrative de la représentation du corps migrant et des espaces frontaliers dans Lampedusa de Marco Pontecorvo, et Eden de Dominik Moll, deux mini séries européennes respectivement produites par la Rai et Arte, mais aussi dans Stateless d'Emma Freeman et Jocelyn Moorehouse, série australienne co-produite par Cate Blanchett que la diffusion sur Netflix a promue sur le plan international. Nous nous demanderons notamment si l'approche chorale adoptée dans ces œuvres, en diffractant la réalité par le prisme de lieux et de personnages singuliers, permet de les envisager "non pas comme un miroir de la société, mais comme un dispositif qui reflète des manières de voir et qui peut donc bouleverser les stéréotypes" (Olivier Estève, Sébastien Lefait, La question raciale dans les séries américaines). Nous chercherons ainsi à interroger la façon dont ces séries tentent d'embrasser une réalité plurielle et labile, et d'ainsi questionner notre regard en opposant à la stérilité du stéréotype la possibilité d'un nomadisme de la pensée.

Isabelle Labrouillère est maître de conférences à l'École Nationale Supérieure d'AudioVisuel, école interne à l'université Toulouse Jean Jaurès. Ses travaux de recherche portent notamment sur la représentation de l'identité et de l'altérité ("La défiguration comme geste de re/création : figures en miroir et trouble des formes dans Stolen Face, Four-Sided Triangle et Curse of Frankenstein de Terence Fisher") et ses derniers articles interrogent de façon plus précise la question du corps à l'écran chez Christopher Nolan ("L'écriture de la peau dans Memento (Christopher Nolan, 2000) : du mutisme du corps tatoué à son devenir image") ou chez des réalisatrices telles que Su Friedrich ou Barbara Loden ("Barbara Loden's Recovered Voice : from Wanda's Mutism to the Piece's "Pensiveness"" (Wanda, Barbara Loden, 1970)).

Dimitra Laurence LAROCHELLE : Décoder l’Autre : la réception des fictions sérielles turques par les Grecs
Depuis le début des années 2000, la production et l'exportation des feuilletons télévisés turcs vers l'étranger est en constante expansion, accordant ainsi à l'industrie sérielle turque un rôle de leader sur la scène médiatique internationale. Les feuilletons télévisés turcs proposent un monde imaginaire de consommation mondialisée et d'amour romantique qui défie les frontières nationales. Toutefois, ce qui différencie les feuilletons turcs des biens culturels similaires produits ailleurs, c'est qu'ils proposent une modernité alternative caractérisée non seulement par des rôles de genre et des structures sociales traditionnelles, mais aussi par le conservatisme social. À travers cette présentation, je souhaite discuter une partie des résultats de ma recherche empirique concernant la représentation des identités genrées et des structures conjugales et amoureuses projetées par les feuilletons turcs ainsi que leur réception par les publics féminins grecs. Plus précisément, mon objectif est de mettre en évidence les modes de résistance des femmes grecques face aux hiérarchies dominantes imposées par le système patriarcal à travers leur lecture de ces textes médiatiques particuliers. Comment la résistance aux hiérarchies dominantes se produit-elle à travers la lecture de ces textes proposant une modernité alternative et qu'est-ce que cela nous apprend sur la condition des femmes qui consomment des feuilletons turcs en Grèce ?

Dimitra Laurence Larochelle est chercheuse postdoctorale à l'université Polytechnique Hauts-de-France. Après trois masters en sociologie (Université de Paris), en anthropologie (Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis) et en communication (Université Panthéon Assas), elle a effectué sa thèse sur la réception des fictions sérielles turques par les publics féminins grecs à l'université Sorbonne Nouvelle - Paris 3. Elle est Youth Representative de l'Association Internationale de Sociologie (AIS) aux Nations Unies, membre du bureau du CR 14 (Sociologie de la Communication, de la Connaissance et de la Culture) de l'AIS et éditrice associée des revues internationales Art Style | Art & Culture International Magazine et THESIS. Ses publications portent sur les fictions sérielles, l'interculturalité, le genre, les rapports entre culture populaire et politique, le numérique et l'étude des fans.

Céline MASONI : Imaginaire(s) mafieux en circulation
Dans un environnement pluri-sémiotisé, où circulent de multiples images et récits du crime organisé, issus de multiples cultures, comment les productions sérielles participent-elles de la fabrication ou de la composition de nos représentations et façonnent-elles nos imaginaires ? À partir de quelles associations d'éléments visuels et audiovisuels, langagiers, narratifs et discursifs ? Vers la production de quel(s) invariant(s) ou de quelles variations ? Sur la base des approches anthropologiques et structurales des représentations sociales, nous revisiterons le lien entre culture(s) et représentation(s), en vue d'interroger les reconfigurations symboliques et sémantiques que les objets sériels offrent ou imposent à nos systèmes culturels d'interprétation.

Céline Masoni, Maître de conférences en sciences de la communication est membre du LIRCES (Laboratoire Interdisciplinaire Récits, Cultures et Sociétés) de l'université Côte d'Azur. Croisant analyses du récit et du discours, esthétique et études visuelles, elle interroge les pratiques créatives irriguées par la circulation de textes et d'images dans un environnement médiatique multi-sémiotisé. Elle a co-fondé, avec Manuela Bertone, l'ORC, Observatoire du Récit Criminel : orc.hypotheses.org.

Tristan MATTELART : Penser les enjeux de l'internationalisation des séries télévisées : 50 ans de controverses théoriques
La circulation des séries par-delà les frontières nationales a suscité, depuis la fin des années 1960, de vives controverses. Les séries américaines exportées aux quatre coins du monde constituent-elles les agents d'une hégémonie culturelle ou des sources d'inspiration pour les producteurs des autres pays ? Comment sont-elles réappropriées par leurs téléspectateurs à l'étranger ? L'apparition de nouveaux centres d'exportation télévisuels contribue-t-elle à un monde culturellement multipolaire ? Dans quelle mesure l'avènement du web a-t-il transformé les rapports de pouvoir régissant la circulation transnationale des séries ? C'est à l'examen de ces questions que se consacrent plusieurs courants théoriques, souvent antagonistes. Cette communication reviendra sur ces différentes façons de penser l'internationalisation des séries, en s'appuyant sur quelques-uns des textes les plus représentatifs de chacun de ces courants.

Tristan Mattelart est professeur à l'Institut français de presse de l'université Paris 2 Panthéon-Assas et chercheur au Centre d'analyse et de recherche interdisciplinaires sur les médias (Carism). Après avoir, depuis les années 1990, travaillé sur les enjeux attachés aux processus de transnationalisation des médias, de l'information et des produits culturels, il explore aujourd'hui la façon dont ces processus sont reconfigurés par l'avènement de plateformes numériques aux ambitions globales.

Dominique MEMMI : Les Séries entre inquiétudes transnationales et traitement "local"
On dit communément que le cinéma est un art "populaire" par l'ampleur quantitative et sociale de la réception dont il est capable de bénéficier. La chose paraît encore plus évident pour les Séries, a fortiori depuis le début des années 2000 : quand on a vu leur horizon de réception s'élargir considérablement et s'internationaliser. L'hypothèse qu'on voudrait tester ici, c'est que ce produit culturel spécifique tire les conditions de félicité de sa réception du fait d'être pris dans une tension entre la participation à des questionnements et "air du temps" internationaux, et une surenchère — que la longueur de la série permet de nourrir — sur les caractères nationaux de ses récits et personnages, ce qui confère à la série à la fois une sorte de "marque" de fabrique et un séduisant exotisme. Le meilleur exemple en serait sans doute les déclinaisons israélienne, américaine, québécoise et française respectivement de Betipoul (2005-2008), In Treatment (2008-2010), En thérapie (2012-2014) et En analyse (février-mars 2021). Mais nous voudrions tester cette hypothèse avant tout sur la Série Killing Eve (2018-2021) qui à la fois participe fortement de l'ère post MeToo (elle-même jalonnée par plusieurs films allant dans le même sens) tout en en américanisant les traits. C'est alors que les Séries se confirment comme un formidable matériau pour le sociologue et l'historien, à condition d'accepter qu'elles ne sont pas un reflet du réel… mais qu'elles constituent une manière (nationale, ou prétendue telle) de le penser.

Dominique Memmi est directrice de recherche au CNRS, en sciences sociales, et auteur d'une dizaine d'ouvrages et de nombreux articles. Une réflexion ininterrompue sur l'évolution du statut du corps, au cœur de la société mais aussi des sciences sociales, lui a permis de mettre en valeur la succession depuis le milieu du XXe siècle des modes d'exercice de la domination sociale, à partir notamment de ce qu'en réfracte la production cinématographique sur laquelle elle a publié aussi bien dans des revues ou des ouvrages de cinéma (Vertigo, Cinémaction, Le corps filmé) que de sciences sociales (Le Mouvement social, Politix, Politique La Revue, Culture et musées).
Publications sur la production cinématographique
"Corps à corps et domination rapprochée : ou comment le cinéma 'réfléchit' le monde social", Culture et musées, n°7, 2006, pp. 81-95.
"'S'en sortir' ou pas : contes cinématographiques et impatience sociale", in Carole Aurouet (dir.), Contes et Légendes à l'écran, Cinémaction, n°116, Paris, Corlet Éditions, 2005, pp. 42-50.
Domination de classes
"Une situation sans issue ? Maîtres et domestiques dans le cinéma anglais et français", Cahiers du genre, n°35, 2003, pp. 209-236.
"La recomposition du masculin dans les classes populaires : une issue à la domination sociale ? À propos de Billy Eliot, de Full Mounty et de quelques autres dans le cinéma réaliste anglais depuis 40 ans", Le Mouvement social, n°198, janvier-mars 2002, pp. 151-154.
"L'introuvable 'peuple' dans le cinéma français", CinémAction, n°110, 2004, pp. 46-51.
"Alien ou les dents de l'Autre", Vertigo, n°16, 1997, pp. 183-188.
"Journal intime de Nanni Moretti ou le miroir aux intellectuels", Politix, n°30, vol. 8, 1995, pp. 178-182.
"Reprise de Hervé le Roux ou : ce monde que nous avons perdu", Politique La Revue, n°7, janvier-février-mars 1998, pp. 83-86.
Domination de sexes
"Entre domination physique et domination symbolique : La Leçon de piano", in CURAPP, La gouvernabilité, Paris, Puf, 1996, pp. 45-62.
"Naturaliser la domination masculine ou comment ne pas en sortir", Cahiers du genre, n°29, 2000, pp. 128-135.
"Nommer le sexuel à l'écran depuis le milieu des années 1970" (avec Nathalie Nikolic), in Andrea Grunert (dir.), Le corps filmé, Paris, Corlet Éditions, 2006.
"La leçon de piano", Politique La Revue, n°1, juillet-août-septembre 1997, pp. 95-97.

Gilles MENEGALDO : Utopia (série britannique, Channel 4, 2013-2014) et sa reprise américaine (Amazon Prime Video, 2020): les raisons du remake raté d'une série culte
Utopia (2014, Channel 4), scénarisé par Dennis Kelly et mis en scène par Mark Mundsen est une série britannique qui comporte deux saisons de 6 épisodes d'une heure. C'est un thriller paranoïaque et conspirationniste qui dénonce, entre autres, la collusion entre le pouvoir politique, certains trusts industriels et une mystérieuse organisation, le "Network", qui vise à stériliser une bonne partie de l'humanité pour sauver l'autre. La dimension apocalyptique est présente et apparaît graduellement mais il s'agit plutôt d'une apocalypse annoncée et temporairement évitée. Malgré les éloges critiques, l'attribution d'un prix et l'enthousiasme des fans, la série n'est pas reconduite pour une troisième saison, en raison de la trop faible audience. Le projet d'un remake pour HBO avec David Fincher n'aboutit pas, mais Amazon Prime confie un nouveau projet à Gillian Flynn qui scénarise 8 épisodes (au lieu de 10 initialement prévus). De nouveau la série n'est pas reconduite pour une deuxième saison. La série de Channel 4 est très ancrée dans le contexte anglais, mais comporte aussi une dimension transnationale, d'abord dans l'univers diégétique qu'elle met en scène (la dimension mondiale de l'épidémie, les contextes historiques et politiques, les références à plusieurs cultures, plusieurs langues), ensuite dans sa dimension intertextuelle, enfin au niveau des publics de nombreux pays qui ont contribué à faire d'Utopia une série culte par le biais en particulier des réseaux sociaux. Le remake produit par Amazon est interrompu avant de pouvoir développer son univers fictionnel qui de ce fait est nettement moins transnational (en dehors de quelques références ponctuelles). Ce qui frappe, c'est l'américanisation de la série diffusée en pleine pandémie et qui s'exprime de différentes manières, en particulier par le choix des lieux, les références politiques, sociales et culturelles, mais aussi par l'ajout de personnages. La dimension transnationale s'exprime cependant autrement, dans les collaborations d'artistes, en particulier par l'apport de l'artiste brésilien João Ruas, créateur des romans graphiques Dystopia et Utopia qui sont au cœur de l'intrigue. La réflexion portera enfin sur l'arrêt prématuré des deux séries et tentera aussi d'analyser les raisons de l'échec de la reprise américaine, pâle reflet de la série anglaise originelle.

Gilles Menegaldo est Professeur émérite de littérature et cinéma à l'université de Poitiers. Fondateur et ancien directeur du département "Arts du spectacle". Éditeur ou co-éditeur de 35 ouvrages collectifs et auteur de 140 articles dont trois publiés sur les séries TV: Deadwood, The Frankenstein Chronicles, The Prisoner et d'un sur la sérialité.
Dernières publications
Tim Burton, a Cinema of Transformations, PULM, février 2018.
Spectres de Poe dans la littérature et dans les arts (avec Jocelyn Dupont), Colloque de Cerisy, Le Visage vert, décembre 2020.
Le goût du noir dans la fiction policière contemporaine (avec Maryse Petit), Colloque de Cerisy, PU Rennes, juillet 2021.
Dark Recesses in the House of Hammer (avec Mélanie Boissonneau et Anne-Marie Paquet-Deyris), Peter Lang, janvier 2022.

Maryse PETIT : Le brouillage des frontières dans les séries Bron / The Bridge et Tunnel
La série policière suédo-danoise Bron / The Bridge, comme sa reprise (pour la première saison) franco-britannique Tunnel, commence par la mise en évidence de la radicalité de la frontière, coupure géographique qui s'applique aux corps des victimes. La collaboration sera nécessaire, de chaque côté de cette frontière, pour des enquêteurs que tout oppose. Chacun devra la traverser quotidiennement, et ainsi mettre en cause cette radicalité. Bientôt, c'est la frontière elle-même qui va se déplacer : distance dans les rapports sociaux des personnages, failles dans leurs comportements, ruptures dans leurs environnements, qu'il leur faudra à chaque fois, surmonter d'une manière ou d'une autre pour que la recherche de la vérité puisse progresser. Au fil des saisons, les intrigues des deux séries se différencient, explorant néanmoins ces limites géographiques et politiques imposées par l'Histoire, mais que les histoires humaines ne cessent de transgresser.

Ludivica TUA
Doctorante en Science de l'information et de la communication à l'université Toulouse Jean Jaurès (LERASS), en co-direction avec l'université Aix-Marseille, Ludovica Tua travaille sur les séries télévisées turques à sujet historique, et notamment sur celles diffusées par la chaîne étatique TRT. Ces dernières sont étudiées sous le prisme du nationalisme et du genre, afin de saisir les enjeux identitaires et politiques qu'elles véhiculent et leur affinité avec le gouvernement turc actuel.

Hülya UĞUR TANRIÖVER : Des "ghettos roses" aux marchés internationaux : la popularité des séries turques
Malgré l'arrivée tardive de la télévision, on observe une adaptation rapide des producteurs et des publics à la culture télévisuelle en Turquie. Sur l'exemple des grands succès américains comme Dallas puis des telenovelas brésiliens, les séries nationales commencent à conquérir les écrans. Considérées au départ comme des genres destinés aux femmes, pour mieux les enfermer dans des "ghettos roses", ces séries acquièrent en peu de temps une popularité non seulement nationale mais aussi internationale. Nous partagerons, dans le cadre de ce colloque, les résultats de plusieurs recherches que nous avons réalisées depuis vingt-cinq ans sur la production (et l'exportation) des séries turques d'une part et sur les discours qu'elles véhiculent ainsi que leur réception, de l'autre, afin de mieux comprendre leur popularité et le rapport de cette popularité avec les orientations politiques au sens général.

Hülya Ugur Tanriöver, est professeure émérite en radio, télévision et cinéma (Université Galatasaray d'Istanbul et Université Giresun), elle travaille dans le domaine de la sociologie du cinéma et de la télévision ainsi que celui des études de genre. Elle est aussi conseillère de différentes organisations de femmes et de cinéma et participe en activiste à leurs travaux et actions.


BIBLIOGRAPHIE :

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• Appadurai, Arjun (ed.), Globalization, Durham, Duke University Press, 2001.
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• Léfait, Sébastien, Surveillance on Screen. Monitoring Contemporary Film and Television, Lanham, MD, Scarecrow Press, 2012.
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• Mittell, Jason, Complex TV : the Poetics of Contemporary Television Storytelling, New York, New York University Press, 2015.
• Sepulchre, Sarah (dir.), Décoder les séries télévisées, 2e édition, Louvain, DeBoeck, 2017.
• Soulez, Guillaume, Quand le film nous parle. Rhétorique, cinéma, télévision, Paris, PUF, 2011.
• Thompson, Ethan & Mittell, Jason (eds.), How to Watch Television, New York, New York University Press, 2013.
• Wells-Lassagne, Shannon, Television and Serial Adaptation, New York, Routledge, 2017.


SOUTIENS :

• Laboratoire de recherche sur les cultures anglophones (LARCA, CNRS UMR 8225) | Université Paris Cité
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Aix-Marseille Université
• Université catholique de Louvain (UCLouvain)

Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


LA PENSÉE DE MARC RICHIR : UNE PHÉNOMÉNOLOGIE DU RÉEL ?


DU DIMANCHE 24 JUILLET (19 H) AU SAMEDI 30 JUILLET (14 H) 2022

[ colloque de 6 jours ]


Gérard Bordé, Ronald Bruzina, Jean-Marc Mouillie,
Natalie Depraz, Marc Richir et Guy Van Kerckhoven
Colloque de Cerisy sur Eugen Fink (1994)


PRÉSENTATION VIDÉO :


ARGUMENT :

Cette rencontre interdisciplinaire se donne pour objectif d'approfondir la pensée du phénoménologue belge Marc Richir (1943-2015), en travaillant deux axes majeurs de son œuvre. D'une part, il est l'un des très rares phénoménologues à ne pas avoir rejeté définitivement l'apport structuraliste, tout en en limitant le champ où celui-ci peut légitimement être mobilisé. Il a ainsi conçu une "architectonique" organisée autour des deux pôles entre lesquels sa réflexion n'a cessé de se déployer : le symbolique et le phénoménologique. D'autre part, contre toute une tendance post-moderne et hyper-nominaliste de la pensée contemporaine, il n'a cessé de chercher à comprendre comment un langage peut dire un réel qui se tienne véritablement hors langage. C'est ainsi que László Tengelyi a pu dire au sujet de la phénoménologie richirienne qu'elle s'ancre dans le réel, sans jamais pour autant succomber à une conception naïve ou dogmatique qui se résumerait à un pur idéalisme ou à un pur réalisme.

C'est en réfléchissant à cette tension entre un "réalisme auquel aucun idéalisme […] ne s'oppose" (L. Tengelyi) et un idéalisme transcendantal compris comme "phénoménologie du réel" (A. Schnell) que peut se comprendre l'apport de Richir dans différents champs disciplinaires : phénoménologique, esthétique, épistémologique et politique.


MOTS-CLÉS :

Esthétique, Langage, Phénoménologie, Politique, Richir (Marc), Réel, Schnell (Alexander), Structuralisme, Symbolisme, Tengelyi (László), Transcendantal


CALENDRIER DÉFINITIF :

Dimanche 24 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Lundi 25 juillet
Matin
Sacha CARLSON, Patrick LANG, Joëlle MESNIL, Jean-François PERRIER & Alexander SCHNELL : Introduction
Sacha CARLSON : Richir et la musique

Après-midi
Alexander SCHNELL : La question de l'affectivité chez Marc Richir [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
István FAZAKAS : De l'excès du vécu aux pulsations de l'affectivité. De l'infigurable dans l'apparaître


Mardi 26 juillet
Matin
ANIMALITÉS
Jean-Sébastien PHILIPPART : La phénoménologie richirienne à l'épreuve des animalités
Jean-François PERRIER : Marc Richir est-il un penseur de l'anthropocène ? Humanité et animalité du second degré

Après-midi
VARIA
Joëlle MESNIL : Marc Richir et Jean Laplanche, une convergence singulière
Patrick LANG : La relation mère-nourrisson selon Scheler, Sartre et Richir


Mercredi 27 juillet
Matin
ESTHÉTIQUE PHÉNOMÉNOLOGIQUE
Anna YAMPOLSKAYA : Lucian Freud et la phantasia richirienne
Ricardo SÁNCHEZ ORTIZ DE URBINA : Expérience réelle artistique et expérience réelle esthétique chez Marc Richir [texte lu par Sacha CARLSON]

Après-midi
DÉTENTE


Jeudi 28 juillet
Matin
ANTHROPOLOGIE ET PHÉNOMÉNOLOGIE
Paula ANGELOVA : Paysages affectifs : figures d'une anthropologie phénoménologique de Marc Richir
Florian FORESTIER : Comment trahir Richir ?

Après-midi
POÉSIE
Serge MEITINGER : L'énigme du monde à l'œuvre : Melville, Richir et quelques autres
Antonino MAZZÙ : "L'explication orphique de la Terre". Marc Richir interprète de Mallarmé


Vendredi 29 juillet
Matin
ÉPISTÉMOLOGIE
Carlos LOBO : Schématisme, modalités et institution de l'idéalité
Aurélien ALAVI : La décohérence quantique au regard du Malin Génie

Après-midi
ART ET SCIENCES
Guy VAN KERCKHOVEN : Au sein du "laboratoire phénoménologique". Recueillements et promesses

Marc Richir : à la croisée des sciences et des arts, table ronde animée par Sacha CARLSON


Samedi 30 juillet
Matin
Table ronde : Marc Richir et sa postérité

Discussion générale

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Sacha CARLSON : Richir et la musique
Aux dires mêmes de Richir, la musique a toujours été un élément important dans ses propres réflexions, même s'il regrettait également de ne pas pouvoir y accéder de manière technique. On explorera ici le rapport de la pensée de M. Richir à la musique selon deux versants complémentaires : d'une part, en approfondissant les quelques ébauches de phénoménologie de la musique que l'on trouve dans les textes de Richir. D'autre part, en examinant la musicalité qui affleure dans la pensée même de Richir : ce qui nous conduira à formuler l'hypothèse d'une homologie entre l'architectonique richirienne et la "pensée" musicale.

Sacha Carlson est musicien et philosophe. Spécialiste de phénoménologie, d'esthétique et de philosophie classique allemande, il enseigne actuellement à l'université Côte d'Azur.
Publications
M. Richir, L'écart et le rien. Conversations avec Sacha Carlson, 2015.
Genèse et phénoménalisation. La question de la phénoménologie chez le jeune Richir, Mémoires des Annales de phénoménologie, 2020.
Signes, sons et sens. Essai de poétique phénoménologique, Mémoires des Annales de phénoménologie, 2022.

Patrick LANG : La relation mère-nourrisson selon Scheler, Sartre et Richir
La contribution se concentrera sur un sujet précis de l'anthropologie philosophique, à savoir le moment de l'humanisation du nourrisson par l'échange des regards avec la mère. Ce motif a été étudié selon des perspectives différentes, mais complémentaires, par Scheler dans Nature et formes de la sympathie, par Sartre dans le premier tome de L'Idiot de la famille, et par Marc Richir dans de nombreux écrits à partir de 2004. Il s'agira donc de confronter ces approches.

Patrick Lang est chercheur au Centre atlantique de philosophie (EA7463 CAPhi), maître de conférences, directeur du département de philosophie de l'université de Nantes (2018-2021), secrétaire de l'Association internationale de phénoménologie. Diplômé de la faculté d'économie politique (Diplom-Volkswirt) de la Ludwig-Maximilians-Universität de Munich (Allemagne), docteur de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, agrégé de philosophie, agrégé d'allemand.
Publications récentes
"Judaïsme et christianisme chez Max Scheler", in D.-E. Levinas & Ph. Capelle-Dumont (dir.), Judaïsme et christianisme dans la philosophie contemporaine, Paris, Éditions du Cerf, 2021, p. 83-93.
"Cultivating the Sense of Emotional Identity with the Living Universe", in C. Gutland, X. Yang & W. Zhang (dir.), Scheler und das asiatische Denken im Weltalter des Ausgleichs, Scheleriana vol. 6, Nordhausen, Bautz, 2019, p. 200-213.
"Réalité et réalisme dans la pensée de Max Scheler", Annales de Phénoménologie - Nouvelle série, n°17, 2018, p. 32-56.
Max Scheler, Trois essais sur l'esprit du capitalisme, Traduction et notes, précédé de P. Lang, Sauvés par le travail ? Max Scheler et la critique de la déraison économique (p. 7-127), Nantes, Cécile Defaut, 2016, 300 p.

Joëlle MESNIL : Marc Richir et Jean Laplanche, une convergence singulière
À première vue, rien ne laissait supposer que le psychanalyste Jean Laplanche qui a presque toujours opposé son approche de l'inconscient freudien à une compréhension phénoménologique puisse s'accorder avec la pensée de Marc Richir. Pourtant, une longue étude, dont j'exposerai ici l'essentiel, met clairement en évidence une convergence exceptionnelle entre la façon dont le psychanalyste et le phénoménologue mènent à bien leur lecture critique de Freud tout en déplaçant selon les mêmes lignes de partage les frontières conceptuelles les plus communément admises par le père de la psychanalyse lui-même.

Joëlle Mesnil est Pychologue clinicienne dans la fonction publique hospitalière, désormais retraitée. Membre de l'Association internationale de phénoménologie. Diplômée en philosophie de la faculté de Nanterre (1971). Docteur de l'université Paris 7 en psychopathologie (1988).
Publications récentes
2018, L'être sauvage et le signifiant. Marc Richir et la psychanalyse, MJW Fédition.
2017, "La notion d'existential symbolique chez Marc Richir : vers un nouveau réalisme phénoménologique en psychopathologie", in Annales de Phénoménologie - Nouvelle série, n°16, 2017 [en ligne].

Jean-François PERRIER : Marc Richir est-il un penseur de l'anthropocène ? Humanité et animalité du second degré
Dans L'écart et le rien, Richir défend l'idée que notre époque est celle de l'homogénéisation et de l'auto-domestication intégrale des êtres humains. Cet "enfer d'un monde sans dehors", intimement lié au développement du capitalisme planétaire, prend l'allure d'une "terrible utopie négative" où ni le sens ni le langage ne parviennent à se spatialiser et à se temporaliser. Aux yeux de Richir, il en va de la mort "de cette civilisation qui est née de [la] révolution néolithique", où la barbarie détruit tant les êtres humains que notre écosystème. Derrière l'apparente proximité de la pensée richirienne avec le récit de l'anthropocène se cachent néanmoins plusieurs différences fondamentales. Afin d'éclairer ces différences, il nous semble d'abord nécessaire de revenir sur la conception richirienne de l'animalité et de l'humanité : l'institution symbolique peut agir en l'humain comme une animalité de second degré. Nous défendrons ensuite l'idée selon laquelle le capitalisme procède selon Richir à une complète animalisation des êtres humains en ne laissant plus aucune place à la liberté humaine. Nous insisterons pour conclure sur le lien qu'entretient cette liberté avec la question du politique.

Jean-François Perrier est professeur de philosophie au Cégep François-Xavier Garneau et docteur en philosophie (dir. Sophie-Jan Arrien et Alexander Schnell). Ses domaines de recherche sont la phénoménologie, la philosophie politique et l'éthique animale. Après avoir consacré son mémoire de maîtrise à la pensée de Jacques Derrida, il a soutenu une thèse intitulée "Entre rencontre et malencontre. Esquisse d'une phénoménologie du politique chez Marc Richir". Il est rédacteur des comptes rendus en français pour la revue Symposium de la Société canadienne de philosophie continentale et membre de l'Association internationale de phénoménologie et du Laboratoire de philosophie continentale.
Publication récente
S.-J. Arrien, J.-S. Hardy & J.-F. Perrier (éds.), Aux marges de la phénoménologie. Lectures et percées dans l'œuvre de Marc Richir, Hermann, Paris, 2019.


Aurélien ALAVI
Aurélien Alavi est étudiant à Paris I Sorbonne. Détenteur d'un Master en philosophie contemporaine (portant sur Richir, l'affect et la réminiscence), il est membre de l'Association internationale de phénoménologie.
Publications récentes
"Institution philosophique et institution mythique ; quel régime de pensée pour l'aventure du sens ?", dans Annales de Phénoménologie, nº18, 2019, pp. 151-227.
"Le réalisme spéculatif et la phénoménologie : comment donner sens, avec Husserl et par-delà Husserl, à ce qui passe toute évidence représentationnelle ?", dans Eikasia, nº95, 2020, pp. 147-192.
""Cachez ce Zeit que je ne saurais voir !" Ce qu'il y a encore de présent sous le flux perceptif (Husserl, Levinas, Richir)", dans Annales de Phénoménologie, nº19, 2020, pp. 143-222.

Paula ANGELOVA : Paysages affectifs : figures d'une anthropologie phénoménologique de Marc Richir
Dans les divers axes de l'anthropologie phénoménologique élaborés par Sartre, Merleau-Ponty, Levinas et Blumenberg, la réflexion phénoménologique selon Richir touche bien à des "structures" de la facticité humaine et des "tréfonds" de l'humain débordant le champ de l'expérience effectuable. Partant des Fragments phénoménologiques sur le temps et l'espace et des autres textes de Richir, on explorera ici le terrain d'une géologie transcendantale de la spatialité existentiale concernant les questions de l'intériorité et de l'extériorité. En zigzag, on poursuivra le déploiement du paysage archaïque de l'espace interne enfoui dans les profondeurs de nos expériences jusqu'à la constitution d'un terrain historique de la vie commune comme une inscription quasi géographique de l'histoire dans un sol terrestre [Erdboden].

Paula Angelova est docteur en philosophie (dir. Dimitri Ginev) et co-éditrice de la revue internationale DIVINATIO. Entre 2018 et 2019, elle a activement pris part à la mise en place de l'Archive Marc Richir à Wuppertal. Elle est membre de l'Association internationale de phénoménologie, Institut für Transzendentalphilosophie und Phänomenologie, AUC Interpretationes.
Publication récente
P. Angelova, J. Andreev & E. Lensky (éds.), Das interpretative Universum, Verlag Königshausen & Neumann, Würzburg, 2017.

István FAZAKAS : De l'excès du vécu aux pulsations de l'affectivité. De l'infigurable dans l'apparaître
Depuis ses premières fondations par Husserl, la phénoménologie se donne la tâche d'analyser le vécu comme le lieu de l'apparaître. Or, comme on le sait — et ce fut précisément le coup d'envoi de la phénoménologie husserlienne — le vécu en question doit être pensé comme déjà dirigé vers son objet, l'apparaissant. Mais peut-on accéder au vécu avant qu'il soit travaillé par l'intentionnalité objectivante, voire par l'intentionnalité en général ? Comment décrire le lieu de l'apparaître avant même qu'il soit téléologiquement orienté vers tel ou tel (type d') apparaissant ? Et quel genre d'apparaître correspond-t-il à ce niveau ? La phénoménologie nova methodo de Marc Richir permet précisément de répondre à ces questions en libérant — par une épochè spécifique — l'affectivité pulsative en deçà de l'intentionnalité instituée et un clignotement phénoménologique de la phantasía habitée par ses pulsations.

István Fazakas, docteur en philosophie (co-tutelle entre la Bergische Universität Wuppertal et l'université Charles de Prague), est membre des Archives Marc Richir à l'université de Wuppertal, de l'Association internationale de phénoménologie et de l'Institut für Transzendentalphilosophie und Phänomenologie.
Publications récentes
Le clignotement du soi. Genèse et institution de l'ipséité, Association internationale de phénoménologie, coll. "Mémoires des Annales de phénoménologie", Wuppertal, 2020.
"Das archaische Selbst und seine Stiftungen", Phänomenologische Forschungen, 2021/1, pp. 47-70.
"En deçà de l'horizon – la part affective du monde", in Karel Novotný & Cathrin Nielsen (Hg./eds./éd.), Die Welt und das Reale/The World and the Real/Le monde et le réel, Nordhausen, Bautz, 2020, pp. 31-50.
"Le labyrinthe d'air. La structure des fantasmes dans l'anthropologie phénoménologique de Marc Richir", in Bodea C., Popa D. (eds.), Describing the Unconscious. Phenomenological Perspectives on the Subject of Psychoanalysis, Zeta Books, Bucharest, 2020, pp. 177-200.

Florian FORESTIER : Comment trahir Richir ?
Est-il possible de produire un discours phénoménologique dont le statut soit pleinement légitimé ? Le phénoménologue peut-il se prémunir de prendre l'accident pour l'essence, ou de manquer ce qu'il y a sans doute toujours d'accidentel dans l'essence, d'être le jouet de toutes formes de précompréhensions, que celle-ci soit symbolique, herméneutique, epochale ? Pour Heidegger, ou d'une autre façon Derrida, il s'agissait plutôt en effet de traverser la phénoménologie pour trouver en elle le secret de son impossibilité et finalement ne garder d'elle qu'un écho plus ou moins spectral. Avec le parti-pris d'une réduction hyperbolique et d'une stratégie d'élucidation en zigzag, appuyée sur la mise à jouer de registres architectoniques, Marc Richir entend poursuivre la phénoménologie à même son infondation. Mais pour ce faire, il met en œuvre un attirail conceptuel lourd qui menace toujours de recouvrir les concrétudes qu'il cherche à dégager. L'objet de cette intervention est d'interroger la possibilité de poursuivre le mouvement de pensée de Richir sans s'inscrire dans sa langue et sa conceptualité. Quelle langue la phénoménologique peut-elle mettre en œuvre pour capter quelque chose de cette épaisseur que je ne veux pas plus appeler fondement qu'infondation, mais par laquelle se réverbère malgré tout un écho de la fondation ? Quel discours peut "performer" le phénoménologique après la légitimation — mais pas tout à fait hors de — la légitimation ? Que serait une phénoménologie-fiction ?

Florian Forestier est conservateur à la Bibliothèque nationale et docteur en philosophie. Spécialiste de la phénoménologie contemporaine, il a consacré des travaux à la question de la singularité dans la philosophie française contemporaine (et aux fondements spéculatifs de la phénoménologie, et consacré plusieurs ouvrages à mesurer et discuter la portée de la refonte de la phénoménologie transcendantale proposée par Marc Richir (La phénoménologie génétique de Marc Richir, phaenomenologica, 2014, Le réel et le transcendantal, Jérôme Millon, 2015, Le grain du sens, Zetabooks, 2016). L'objet de ses travaux actuels est le statut et le type de discours philosophique susceptible de venir après la philosophie première. Il est également écrivain, auteur de recueils de nouvelles et de poèmes en prose (La boite, et Paysage, Éditions Hervé Roth, 2008, préfacé par Jean-Luc Nancy) et du roman Basculer (Belfond, 2021). Enfin, il a consacré un essai (Désubériser. Reprendre le contrôle, Éditions du Faubourg, 2020) aux effets de la transformation numérique sur le travail.

Carlos LOBO : Schématisme, modalités et institution de l'idéalité
Sous le titre de "phénoménologie de l'institution de l'idéalité", Marc Richir cherche à prolonger les tentatives husserliennes de fondation phénoménologique de la logique. L'analyse critique de la variation eidétique le conduit ainsi à distinguer deux registres de modalités, en particulier deux registres du possible : celui des purs possibles imaginaires garnissant l'extension eidétique, correspondant peu ou prou à une extension de concept selon la logique fregéenne, et celui de possibles relevant d'un niveau plus instable et plus fondamental. Nous nous engageons alors dans un feuilletage de modalités buissonnantes dont l'opérateur phénoménologique réside dans ce que Richir nomme "schématisme phénoménologique".

Carlos Lobo est ancien Directeur de programme au Collège international de philosophie, associé à plusieurs laboratoires, dont les Archives Husserl et le Centre Gilles-Gaston Granger. Il dirige la revue Intentio.
Publications
J. Bernard & C. Lobo (dir.), Weyl and the Problem of Space, Springer, 2019.
F. Jedrzejewski, C. Lobo & A. Soulez (dir.), Écrire comme composer, Le rôle des diagrammes en musique, Delatour, 2021.
L. Boi & C. Lobo (dir.), When Form becomes Substance. Power of Gestures, Diagrammatical Intuition and Phenomenology of Space, Springer, 2022.

Antonino MAZZÙ : "L'explication orphique de la Terre". Marc Richir interprète de Mallarmé
Les lecteurs de M. Richir savent que sa longue méditation philosophique a manifesté un intérêt constant pour ce qui était à ses yeux l'énigme de la langue poétique, un intérêt, voire une fascination telle qu'il lui arrivait de considérer que la langue qui serait la plus apte à exprimer la phénoménologie nova methodo serait précisément celle de la poésie. Dans ses derniers textes — en pensant ici à ses Propositions buissonnières (2016) —, la pensée d'une phénoménologie de la poésie recroisée avec celle d'une poétique de la phénoménologie cristallise dans l'interprétation de quelques textes brefs, eux-mêmes énigmatiques, célèbres cependant, dans lesquels Mallarmé livre ou, du moins laisse entrevoir, quelques éléments de sa poétique. Ces textes — tantôt issus de la Correspondance, tantôt de proses réflexives — ont fait l'objet de toutes les attentions depuis quelque cent-cinquante ans. Nous nous proposons de méditer à notre tour la pensée poétologique du dernier Richir considérée toutefois sur la toile de fond de quelques autres interprétations majeures de Mallarmé (R. Barthes, H. Friedrich, Y. Bonnefoy notamment). Nous entendons dégager certains des enjeux proprement philosophiques portés par l'écriture poétique.

Antonino Mazzù est professeur de philosophie à l'université libre de Bruxelles. Élève de M. Richir, sa thèse de doctorat portait sur l'œuvre de Husserl.
Publications récentes
Littéralité du pas. André du Bouchet, La Crypte, Hagetmau, 2020.
Traduction des premières œuvres poétiques de Franco Fortini, à paraître à Bruxelles en 2022 sous le titre de Feuille de route - Poésie et erreur.

Serge MEITINGER : L'énigme du monde à l'œuvre : Melville, Richir et quelques autres
Partant de quelques lectures d'œuvres littéraires faites par Richir et que je dirais "allégoriques", celles de Conrad, de Melville et de Dostoïevski (à travers Hannah Arendt pour ce dernier), qui interrogent à égalité le substrat de l'œuvre et celui du monde à l'œuvre, je suivrai la démarche têtue et persévérante du philosophe vers la mise en lumière du phénomène de langage (qui est aussi phénomène en langage) jusqu'à l'observation particulière du "cas Mallarmé" (dans les Propositions buissonnières) où le poète autant que le penseur (le poète en tant que penseur, le penseur mimant le poète) redécouvrent l'énigme du monde dans la souveraine tessiture du hasard, du sublime et du soi.

Serge Meitinger est Professeur des universités retraité (Université de la Réunion), il a travaillé sur la poésie française et francophone moderne et contemporaine et les rapports de la poésie avec la philosophie. Il a participé à une vingtaine de colloques de Cerisy entre 1985 et 2016, dont la décade Paul Ricœur (1988), Eugen Fink (1994, dirigé par Marc Richir) et Henri Maldiney (2014).

Jean-Sébastien PHILIPPART : La phénoménologie richirienne à l'épreuve des animalités
La question de l'animalité (ou plutôt des animalités) n'occupe pas, en termes de déploiement, une place importante dans l'œuvre de Marc Richir. L'étude la plus fouillée se retrouve dans Phénoménologie et institution symbolique, publiée en 1988. Mais la discrétion de l'énigme animale ne la réduit pas au négligeable. Au contraire, l'animalité, subissant des déplacements dans l'œuvre se faisant, finira, au cours de la maturité richirienne, par permettre de saisir le passage à l'humanisation, c'est-à-dire d'analyser le "moment" du sublime, dont on connaît toute la portée chez notre phénoménologue. Notre contribution se propose de mieux comprendre cette place discrète réservée aux animaux, mais également d'interroger cette proposition à laquelle le conduiront ses travaux, contrastant d'une certaine manière avec 1988, et que la suite des années 2000 sanctionnera : "pour l'essentiel, les comportements animaux sont quasi-machiniques" (L'écart et le rien, 2015). Aussi, nous verrons que cette perspective qui semble condamner, sur le sujet, la phénoménologie au silence, pose des problèmes qui en appellent à leur reprise. Or il se pourrait bien que cela soit le jeune Richir (1975) qui nous aide à approcher ce qui échappe au travail de la maturité: non pas la poussée vitale, mais l'instinct.

Jean-Sébastien Philippart est titulaire d'un DEA en philosophie et enseigne la philosophie à l'École Supérieure des Arts Saint-Luc de Bruxelles. Il a publié en 2013, dans la revue en ligne Implications Philosophiques, son premier travail sur l'animalité chez Marc Richir.

Ricardo SÁNCHEZ ORTIZ DE URBINA : Expérience réelle artistique et expérience réelle esthétique chez Marc Richir
La réflexion de Marc Richir sur l'esthétique et l'art se déploie à partir de son commentaire du célèbre texte de Husserl, Phénoménologie de la conscience esthétique, dans la "Revue d'esthétique" de J. M. Place, de 1999, et jusqu'à son dernier livre, Propositions buissonnières, où il parle de Mallarmé. Dans ses Fragments phénoménologiques sur le langage, de 2008, il traite du mythe et la poésie ; et dans Sur le sublime et le soi II, de 2011, on trouve une profonde analyse de l'infigurable en peinture. La conscience esthétique (et le plaisir esthétique qui en découle) est du non présent, et, par conséquent, il ne s'agît pas d'une "modification" de l'intentionnalité objective, mais du mode d'apparition dans la phantasia. Mais alors il n'y a plus de conscience parce que ce niveau originaire est le territoire de l'Inconscient Phénoménologique. Pour M. Richir, on commence par l'expérience du réel (esthétique), au niveau originaire inconscient de la formation des sens, et on descend, par transposition, jusqu'à l'expérience des phantaisies perceptives (expérience du réel artistique), car des telles phantaisies perceptives avec identité sont à la base de la construction d'une œuvre d'art. Il ne reste qu'une objection. Comment comprendre alors la des-objectivation de l'œuvre d'art, qui se déroule dans le parcours inverse du champ intentionnel (et non dans le parcours de haut en bas, comme le fait le langage), puisque l'art est une connaissance impropre ?

Ricardo Sánchez Ortiz De Urbina est Professeur Émérite de l'université de Valladolid (Espagne).
Publications
2009, Safo y sus discípulas, Madrid, Ediciones del Oriente y del Mediterráneo.
2011, L'obscurité de l'expérience esthétique, "Annales de phénoménologie".
2014, Estromatología : teoría de los niveles fenomenológicos, Madrid, Éd. Brumaria-Eikasía.
2021, Orden oculto : ensayo de una epistemología fenomenológica, Oviedo, Éd. Eikasía.

Alexander SCHNELL : La question de l'affectivité chez Marc Richir
L'objectif de cette intervention est de présenter — dans ses grandes lignes — la "phénoménologie de l'affectivité" de Marc Richir. Son idée de base est que nous vivons en permanence, dans les possibilités imprévisibles de notre existence, un "surplus affectif" qui renvoie à un "moment" du sublime. Ce "moment" peut être "négatif" ou "positif". Dans le "moment positivement sublime", il y a la possibilité de la "rencontre", dans le "moment négativement sublime", il y a "malencontre". En arrière-plan se trouve la conception kantienne selon laquelle l'entendement échoue à maîtriser ce surplus, tandis que la raison est capable d'y résister et de s'en édifier. La conception richirienne de l'affectivité sera d'abord reconstituée eu égard à ses différentes sources dans l'histoire de la phénoménologie avant que ne soit présenté son rôle dans tout sens se faisant (Sinnbildung).

Alexander Schnell est actuellement professeur de philosophie à l'université à Wuppertal après avoir été enseignant-chercheur en France pendant plus de 15 ans. Il est le fondateur et le directeur des Archives Marc Richir à Wuppertal. Il dirige (ou a dirigé) jusqu'à présent dix thèses de doctorat consacrées à l'œuvre et la pensée de Marc Richir. Ses travaux portent sur la phénoménologie transcendantale et la philosophie classique allemande.
Publications sélectionnées
Der frühe Derrida und die Phänomenologie, Frankfurt am Main, Klostermann, "Rote Reihe", 2021.
Le clignotement de l'être, Paris, Hermann, "Le Bel Aujourd'hui", 2021.
Die phänomenologische Metaphysik Marc Richirs, Frankfurt am Main, Klostermann, "Rote Reihe", 2020.
Phénoménalisation et transcendance. La métaphysique phénoménologique de Marc Richir, Mémoires des Annales de Phénoménologie (vol. XVI), Dixmont, Association Internationale de Phénoménologie, 2020.
Qu'est-ce que la phénoménologie transcendantale ? Fondements d'un idéalisme spéculatif phénoménologique, "Krisis", Grenoble, J. Millon, 2020.
Le sens se faisant. Marc Richir et la refondation de la phénoménologie transcendantale, avec une préface de Guy van Kerckhoven, Bruxelles, Ousia, 2011.

Guy VAN KERCKHOVEN : Au sein du "laboratoire phénoménologique". Recueillements et promesses
Habitant au Contadour, village côtoyant La Rochegiron, où M. Richir se réfugiait pendant les mois d'été, je suis devenu un témoin priviligié du "laboratoire phénoménologique", combien vivant, duquel a jailli son œuvre. Lors de nos promenades aux "Fraches", que M. Richir aimait tant, un dialogue phénoménologique très vif s'est noué. L'enjeu de nos échanges fut sans exception l'apport de la phénoménologie finkienne à une "refondation" de la phénoménologie, et notamment sa remise "en jeu" des présuppositions ontologiques "opératoires" au sein de l'héritage husserlien. Le but de cette communication est de renouer avec ce dialogue et de le prolonger en mettant à profit les travaux plus récents sur la Phänomenologische Werkstatt de Fink.

Guy van Kerckhoven est professeur émérite à l'université de Louvain. Ancien collaborateur des Archives-Husserl à Louvain et chercheur de la A. von Humboldt Stiftung (Bonn) à la Dilthey-Forschungsstelle de Bochum, il a édité la VI. Méditation cartésienne de E. Fink et de E. Husserl, les volumes sur Psychologie als Erfahrungswissenschaft de W. Dilthey, les volumes de Fink sur Epilegomena zu I. Kants Kritik der reinen Vernunft et Textentwürfe zur Phänomenologie 1930-32, ainsi que deux monographies portant sur "la vie et l'œuvre de W. Dilthey" et sur "le développement de la phénoménologie fribourgeoise" par Fink. Ces recherches et publications se situent au point d'intersection entre la phénoménologie husserlienne et le mouvement herméneutique, issu du "cercle de Göttingen" (G. Misch, H. Lipps). Plus récemment, il a publié une série de contributions à une "phénoménologie de la rencontre". Avec la collaboration de F. Alfieri et de J. Giubilato, il prépare la publication — imminente — des deux derniers volumes de la Phänomenologische Werkstatt de Fink.
Publications récentes
Epiphanie. Reine Erscheinung und Ethos ohne Kategorie, Transkript Verlag Bielefeld, 2009.
H. Lipps : Fragilität der Existenz. Phänomenologische Studien zur Natur des Menschen, Alber Verlag, Freiburg/München, 2011.
L'attachement au réel. Rencontres phénoménologiques avec W. Dilthey et le cercle de Göttingen (G. Misch, H. Lipps), Mémoires des Annales de phénoménologie, 2007 et Wuppertal, 2020.
De la rencontre. La face détournée, Hermann, Paris, 2012.
Le présent de la rencontre. Essais phénoménologiques, Hermann, Paris, 2014.
"Einander zu ereignen". Rilkes diskrete Phänomenologie der Begegnung, Alber Verlag, Freiburg/München, 2020.

Anna YAMPOLSKAYA : Lucian Freud et la phantasia richirienne
Comment la peinture peut prétendre "fonctionner comme la chair" ? N'y a-t-il pas de différence insurmontable entre la matière picturale et la chair vivante ? La phénoménologie richirienne de la phantasia perceptive nous offre l'instrument conceptuel qui permet d'approcher cette singulière prétention qui est celle du peintre Lucian Freud. Ces "naked portraits" me font entrer en contact avec la chair grâce à la phantasia infigurable, fugace et protéiforme du peintre affecté par l'altérité irréductible de cette chair. Cette phantasia ne peut être "perçue" que par une autre phantasia, éveillée par le tableau. Je me trouve impliqué dans la rencontre interfacticielle entre le peintre et son modèle. C'est grâce à cette rencontre triangulaire que je me ressens en tant que charnel, vivant et donc vulnérable et mortel.

Anna Yampolskaya est directrice de recherche au sein du Centre de la sociologie fondamentale à l'université nationale de recherche "École des hautes études en sciences économiques", Moscou, Russie. Parmi les autres sujets son dernier livre explore les liens entre l’esthétique phénoménologique et le formalisme russe. En collaboration avec Sacha Carson elle a traduit en russe la première Méditation de Richir.
Publication
Iskusstvo fenomenologii [L'art de la phénoménologie, en russe], Ripol-Klassik, Moscou, 2018.


BIBLIOGRAPHIE :

Livres de Marc Richir (sélection)

Phénomènes, temps et êtres. Ontologie et phénoménologie, J. Millon, coll. "Krisis", Grenoble, 1987.
Phénoménologie et institution symbolique. Phénomènes, temps et êtres II, J. Millon, coll. "Krisis", Grenoble, 1988.
La crise du sens et la phénoménologie. Autour de la Krisis de Husserl, suivi d'un "Commentaire de l'Origine de la géométrie", J. Millon, coll. "Krisis", Grenoble, 1990.
Phénoménologie en esquisses. Nouvelles fondations, J. Millon, coll. "Krisis", Grenoble, 2000.
Fragments phénoménologiques sur le temps et l'espace, J. Millon, coll. "Krisis", Grenoble, 2006.
Fragments phénoménologiques sur le langage, J. Millon, coll. "Krisis", Grenoble, 2008.
L'écart et le rien. Conversations avec Sacha Carlson, J. Millon, Grenoble, 2015.

Littérature secondaire sur Marc Richir

• A. Schnell, Le sens se faisant. Marc Richir et la refondation de la phénoménologie transcendantale, Ousia, Bruxelles, 2011.
• A. Schnell, Phénoménalisation et transcendance. La métaphysique phénoménologique de Marc Richir, Mémoires des Annales de Phénoménologie (vol. XVI), Dixmont, Association Internationale de Phénoménologie, 2020.
• R. Alexander, Phénoménologie de l'espace-temps chez Marc Richir, J. Millon, Grenoble, 2013.
• F. Forestier, La phénoménologie génétique de Marc Richir, Springer, coll. "Phaenomenologica", 2014.
• H.-D. Gondek & L. Tengelyi, Neue Phänomenologie in Frankreich, Suhrkamp, Frankfurt am Main, 2011.
• S. Carlson, Genèse et phénoménalisation. La question de la phénoménologie chez le jeune Richir, Mémoires des Annales de Phénoménologie (vol. XVI), Dixmont, Association Internationale de Phénoménologie, 2020.
• J. Mesnil, L'être sauvage et le signifiant. Marc Richir et la psychanalyse, MJW Fédition, Paris, 2018.
• S.-J. Arrien, J.-S. Hardy & J.-F. Perrier (éds.), Aux marges de la phénoménologie. Lectures et percées dans l'œuvre de Marc Richir, Hermann, Paris, 2019.
• István Fazakas, Le clignotement du soi. Genèse et institutions de l'ipséité, Mémoires des Annales de Phénoménologie (vol. XIII), Dixmont, Association Internationale de Phénoménologie, 2020.

Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


BEAUTÉS VITALES

POUR UNE APPROCHE CONTEMPORAINE DE LA BEAUTÉ


DU VENDREDI 15 JUILLET (19 H) AU JEUDI 21 JUILLET (14 H) 2022

[ colloque de 6 jours ]


HygroScope : Meteorosensitive Morphology
Achim Menges in collaboration with Steffen Reichert
Institute for Computational Design
Transsolar Climate Engineering


PRÉSENTATION VIDÉO :


DIRECTION :

Anne-Lise WORMS, Clélia ZERNIK

SECRÉTAIRE :

Justin JARICOT


ARGUMENT :

Il pourrait paraître incongru, voire intempestif ou inactuel, de réfléchir à la notion de beauté : celle-ci serait en effet poussiéreuse, intimidante, aliénante, voire parfaitement relative et, pour toutes ces raisons, impraticable. L'hypothèse dont l'on propose de débattre réaffirme à l'inverse les enjeux d'universalité, d'humanisme, de plaisirs et d'émotions qui sont spécifiques à la beauté. En prenant appui sur une réinterprétation de la notion de beauté, l'objectif est de retrouver dans ce concept une vitalité, une valeur, un pouvoir de transformation et d'orientation capable de nous interroger sur la manière de nous confronter aux enjeux d'aujourd'hui.

Le colloque, initié par la Chaire Beauté·s de l'université PSL et organisé en partenariat avec l'université de Rouen Normandie, cherchera à articuler beauté et vie, et se déclinera selon quatre orientations : la beauté au cœur de la vie et du vivant ; la beauté comme forme vivante ; vitalité de la beauté : la beauté comme patrimoine d'innovation ; la beauté vitale.

Loin d'être mortifère, la beauté est l'opérateur d'un futur commun, d'un monde habitable. Sans restriction en termes de discipline ou de méthodologie, ce colloque ouvert à un large public réunira des personnalités académiques et artistiques de premier plan qui proposeront des communications et tables rondes suivies de débats, ainsi que de propositions artistiques.


MOTS-CLÉS :

Beauté, Diversité, Esthétique, Image, Innovation, Musique, Peinture, Universalité, Vitalité


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 15 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et de participants


Samedi 16 juillet
BEAUTÉS DANS LA VIE
Pour Platon, la beauté est à chercher dans un monde d'Idées, ce qui transforme de ce fait la notion en une norme extérieure, coupée du vivant et de la vie. À l'inverse, il serait possible de penser la beauté dans son émergence au sein du vivant, de sa multiplicité et de sa temporalité. Cette journée aura pour objectif de proposer une conception alternative de la beauté étroitement conçue dans ses rapports avec la vie.
Matin
Anne-Lise WORMS : Plotin contre Platon : chercher la beauté dans le vivant et dans la vie
Rémi MERMET : Le style, la forme, la vie : sur l'actualité de l'esthétique
Claudine SAGAERT : "L'herbe et la bête". Philosophie de la "mauvaise" graine à la bestiole

Après-midi
Sophie COHEN-BODÉNÈS : Déchiffrer les signaux symboliques de la seiche avec l'IA
Norberto M. GRZYWACZ : L'expérience de la beauté dans le cerveau
Natacha GIAFFERI-DOMBRE : Circulations des canons esthétiques et mondialisation


Dimanche 17 juillet
LA BEAUTÉ COMME FORME VIVANTE
Une fois émancipée du canon, la beauté peut se penser comme forme plastique et mouvante. La forme est dès lors à concevoir comme accueillante et plurielle, et non plus comme figée, atemporelle et contraignante. Dans cette journée, il s'agira d'envisager la beauté dans sa dimension évolutive et vivante.
Matin
Claudine COHEN : Morphologie, diversité, beauté du vivant. De Richard Owen à Stephen Jay Gould
Chiara VECCHIARELLI : L'image vitale, une tension de surface

Après-midi
Elie DURING : Sublime formel et beauté survitale
Bertrand PRÉVOST : Beautés animales : ordre ou expression ?
Carole MAIGNÉ : La beauté comme forme vivante en photographie

Soirée
Présentation du film L'Île invisible par sa réalisatrice Keiko COURDY


Lundi 18 juillet
UN PARADIGME MUSICAL ?
En suivant l'idée selon laquelle la beauté peut être comprise comme forme vivante, nous pourrions concevoir à présent la beauté à partir d'un paradigme musical et sortir ainsi du primat de l'image et du pictural. Cette troisième journée sera donc consacrée aux pensées de la musique qui renouvellent l'élaboration du concept de beauté.
Matin
Pierre SAUVANET : Beautés jazz(s)
Catherine GUESDE : L'écoute de la noise : une éducation à la beauté du sonore ?
Guilhem MARION : Structures dans la musique, structures dans le cerveau : vers une nouvelle définition de la culture musicale ?

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
La ligne et le cercle, soirée musicale proposée par Nicolas WORMS (Compositeur à l'Opéra National de Paris), en compagnie d'Umadevi NAGESWARA RAO


Mardi 19 juillet
BEAUTÉS VITALES
Si la beauté est aussi essentielle à la vie, c'est qu'elle nous permet de surmonter les catastrophes, de faire société et de traverser les épreuves intimes. La beauté est vitale en tant qu'elle est nécessaire à la vie et, réciproquement, elle nous éclaire sur ce qu'est véritablement la vie. Pourrait-on, dès lors, soutenir qu'aujourd'hui la beauté "sauvera le monde" ? Cette journée explorera l'idée d'une thérapie par la beauté, et se prolongera dans l'écoute de l'intimité de récits d'expériences.
Matin
Gisèle DAMBUYANT : Beauté et vulnérabilité [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Sylviane BALUSTRE-D'ERNEVILLE : La beauté inclusive, pour la reconstruction d'une vie meilleure
Catherine BAROIN : Vieux et laid, mais sage : éloges romains de la laideur

Après-midi
Clélia ZERNIK : La Beauté après la catastrophe
Frédéric WORMS : La beauté au cœur des relations. La beauté réellement vitale [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Soirée
"HORS LES MURS" — HEURES MUSICALES DE L'ABBAYE DE LESSAY (abbatial de Lessay)
Stabat Mater | Scarlatti - Dvorak, concert sous la direction de Simon-Pierre Bestion, avec l'ensemble La Tempête


Mercredi 20 juillet
VITALITÉ DE LA BEAUTÉ : LA BEAUTÉ COMME PATRIMOINE D'INNOVATION
Une fois la beauté soustraite à la rigidité qu'on lui attribue traditionnellement, elle peut être appréhendée non plus comme une valeur incontestable et incontestée, mais comme un levier et un partenaire de création et d'innovation. Hériter de la beauté des temps qui nous précèdent ne suppose pas seulement déférence et vénération, mais nous engage, par son exemplarité, à inventer les nouvelles voies de son expression. Cette quatrième journée sera l'occasion d'articuler beautés et futurs, en évoquant les potentiels différents champs d'innovation de la beauté.
Matin
Camille COUVRY : Beautés vitales (extra)ordinaires : appropriations intimes et sociales des pratiques esthétiques dans trois enquêtes [visioconférence]
Philippe BONNIN : Poétique du jardin japonais : la villa et les jardins de Katsura
Samuel BIANCHINI : Beautés oscillantes. La recherche de mouvements comportementaux expressifs pour les objets d'arts robotisés

Après-midi
Didier NECTOUX : Beauté minérale. Source d'inspiration, de création
Daniel CARVAJAL PEREZ : Gérer et concevoir le Patrimoine de création Dom Pérignon


Jeudi 21 juillet
CLÔTURE
Matin
Rapports d'étonnement, par Célia BOUTILIER, Éva CARPIGO, Mathias DAMBUYANT, Pablo FONTOURA, Guilhem MARION et Léna OSSEYRAN
Conclusion des directrices
Débat général et perspectives

Après-midi
DÉPARTS


PRESSE / MÉDIAS :

Le goût de la beauté | "Teaser" du film documentaire de Keïko COURDY
Montage : Giuliano Papacchioli, 34 min, couleur, HD, France, 2022
Une co-production PIKA PIKA FILMS - LES FILMS D’ICI - UNIVERSITÉ PSL
Avec le soutien de La CHAIRE BEAUTÉ.S, L'Oréal, LA FEMIS, Dimitri Veret, Jean Pourchier


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Anne-Lise WORMS : Plotin contre Platon : chercher la beauté dans le vivant et dans la vie
Lorsque nous nous référons à la "beauté grecque", nous pensons généralement à ce qu'elle pouvait avoir de "normé" : symétrie, proportions, mesure, harmonie. De fait, nombreux sont les textes, philosophiques ou non, mais aussi les œuvres d'art de l'antiquité grecque ou romaine — et leurs multiples réceptions jusqu'à nos jours — dans lesquels ces notions constituent les seuls et uniques critères de beauté. Il est pourtant nécessaire d'interroger cette représentation, elle-même normée, de "la" beauté grecque. En prenant appui sur la critique, par Plotin, de conceptions du beau présentes chez Platon comme chez d'autres philosophes, notamment les Stoïciens, nous nous demanderons pourquoi il faut aussi, et peut-être même avant tout, chercher la beauté dans le vivant et dans la vie.

Anne-Lise Worms est Maître de conférences (HDR) en langue et littérature grecques anciennes à l'université de Rouen Normandie (ÉRIAC, Équipe de Recherche Interdisciplinaire sur les Aires Culturelles). Directrice-adjointe de l'école doctorale HMPL, elle est responsable du programme doctoral recherche-création en art (programme RADIAN). Ses recherches portent sur les conceptions de la beauté dans l'art, la littérature et la philosophie anciennes ainsi que sur les relations entre philosophie et écriture dans l'Antiquité.
Publications
Plotin, Traité 1 [I, 6], Du Beau. Introduction, traduction, commentaire, notes et index, par A.-L. Darras-Worms, Éditions du Cerf, collection "Les Écrits de Plotin", Paris, 2007.
"La beauté d'Hélène ou la médiation du beau dans les Traités 31 (V, 8) et 48 (III, 3) de Plotin", Revue Methodos, Savoirs et textes, 2010 [Revue de l'UMR 8163 (CNRS/Univ. Lille III) "Savoirs, Textes, Langages"].
Contribution à la revue Mouvement-Transition sur le thème de la beauté : "Les Grecs, la beauté, la vie", juillet 2012.
Plotin, Traité 31 [V, 8], De la Beauté intelligible. Introduction, traduction, commentaire, notes et index, par A.-L. Darras-Worms, Éditions Vrin, collection "Les Écrits de Plotin", Paris, 2018.

Clélia ZERNIK : La Beauté après la catastrophe
Décrivant les photographies que Naoya Hatakeyama a réalisées sur les décombres du tsunami de 2011 dans sa région natale de Rikuzentakata, Philippe Forrest écrit : "Il y a une beauté dans l'horreur. C'est ainsi. (…) Le pur ravage que le monde inflige aux hommes fait éclore une sorte de sidérante splendeur parmi un paysage de pleurs" (Retour à Tokyo). Par-delà l'obscénité de cette beauté dans l'horreur, la beauté n'est-elle pas le signe, l'indice que nous pouvons être sauvés malgré l'horreur, qu'il y a possibilité de revivre après l'horreur ? En nous appuyant sur différentes propositions d'artistes japonais, nous étudierons en quoi la beauté peut aider à surmonter une catastrophe, retisser les liens d'une communauté ravagée et réinscrire le futur au cœur de nos vies.

Normalienne, agrégée et docteur en philosophie de l'art, Clélia Zernik est professeur d'esthétique aux Beaux-arts de Paris. Ses recherches portent sur le cinéma et l'art contemporain japonais. Elle est Présidente de la chaire Beauté.s de l'université PSL.
Publications
Zernik Clélia, Akira Kurosawa. Les Sept Samouraïs, Yellow Now, avril 2013, 113 pages.
Zernik Clélia, L'œil et l'objectif, La psychologie de la perception à l'épreuve du style cinématographique, Vrin, juin 2012, 344 pages.
Zernik Clélia, Perception-cinéma : les enjeux stylistiques d'un dispositif, Vrin, septembre 2010, 128 pages.
Zernik Clélia & Zernik Eric, L'attrait des fantômes, Yellow Now, octobre 2019, 112 pages.
Zernik Clélia & Zernik Eric, L'attrait des cafés, Yellow Now, juin 2017, 112 pages.
Sous la direction de Ferrier Michaël, Créer avec Fukushima, entretien avec des artistes japonais, Thierry Marchaisse Éditions, mars 2021.


Sylviane BALUSTRE-D'ERNEVILLE : La beauté inclusive, pour la reconstruction d'une vie meilleure
Parce que la beauté aide à se sentir mieux et à s'en sortir mieux, la Fondation L'Oréal soutient aussi, grâce au programme "Beauty For a Better Life", la mise en place de soins de beauté et de bien-être gratuits en milieu médical et social, prodigués par des socio-esthéticien(ne)s spécialement formé(e)s. Les soins de beauté et de bien-être permettent aux personnes vulnérables de reprendre confiance en elles, d'améliorer leur estime, leur combativité, leur relation aux autres, à être actrices de leur mieux-être et ainsi de se réinsérer dans la société et se projeter dans un avenir meilleur. Ces moments privilégiés associent aux soins de beauté (soins du visage, soins des mains et des pieds, modelage, maquillage) des conseils techniques, une écoute et un moment de détente.

Sylviane Balustre-d'Erneville est Directrice du Fonds L'Oréal pour les Femmes et du Programme Beauté Inclusive de la Fondation L'Oréal.

Catherine BAROIN : Vieux et laid, mais sage : éloges romains de la laideur
La figure de Socrate comme modèle du sage laid a été bien étudiée, en particulier par Paul Zanker (dans son ouvrage paru simultanément en allemand, Die Maske des Sokrates : Das Bild des Intellektuellen in der antiken Kunst, Münich, 1995), et en anglais. Mais il existe aussi des figures romaines de philosophe et de sage vieux et laid, notamment celle du stoïcien Claranus, qui apparaît dans les Lettres à Lucilius de Sénèque. Nous essaierons de voir en quoi une telle figure est paradoxale et se distingue à la fois de l'allure (skhêma) attribuée traditionnellement au philosophe dans les traditions grecque et romaine, de l'aspect et du comportement des Cyniques, mais aussi de l'apparence attendue de l'homme de bien dans la morale romaine commune.

Catherine Baroin est Maître de conférences HDR en langue et littérature latines à l'université de Rouen Normandie. Elle est membre de l'ERIAC (Équipe de Recherche Interdisciplinaire sur les Aires Culturelles) et membre associé d'ANHIMA (Anthropologie et Histoire des Mondes Antiques, UMR 8210). Ses travaux, menés dans une perspective anthropologique, portent sur la mémoire, le rapport des Romains au monde grec, les vêtements et le corps.
Publications
"La beauté du corps masculin dans le monde romain : état de la recherche récente et pistes de réflexion", dans L'histoire du corps dans l'Antiquité : bilan historiographique (journée de la SOPHAU), DHA, Supp. 14, F. Gherchanoc (éd.), 2015, p. 31-51.
"Boiterie et boiteux dans le monde romain à l'époque classique", dans Handicaps, malformations et infirmités dans l'Antiquité, Pallas, 106, 2018, p. 257-274.
Avec Florence Gherchanoc, "Composer, dire et représenter le corps de la plus belle des femmes. Hélène et quelques autres : de la fragmentation à l'unité d'un corps parfait en Grèce et à Rome", dans Corps en morceaux. Démembrer et recomposer les corps dans l'Antiquité classique, F. Gherchanoc et S. Wyler (dir.), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020, p. 117-132.

Samuel BIANCHINI : Beautés oscillantes. La recherche de mouvements comportementaux expressifs pour les objets d'arts robotisés
Le geste parfait. Rien de plus simple pour un robot ? C'est dans sa nature même, si ce n'est qu'il s'agira alors plus d'une action optimale que d'un geste. En effet, un geste exprime aussi une manière de faire ou d'être, une personnalité. Pourtant, on peut apprécier la beauté d'un geste à sa capacité d'ajustement lui permettant de tirer le meilleur parti d'une situation, comme dans le sport. Force est de constater cette tension entre optimisation et expressivité à l'endroit du geste voire du mouvement. Et nous ne parlons même pas de "la beauté du geste" qui comporte également une dimension désintéressée, souvent symbolique voire morale… Les robots peuvent revêtir bien des apparences mais, au regard de l'ensemble des artefacts, leur spécificité tient au fait qu'ils bougent, qu'ils agissent. Comment qualifier ce qui pourrait être de l'ordre de la beauté pour de tels objets en prenant fondamentalement en compte la manière dont ils s'activent ? Alors que la vectorisation par la tâche et l'optimisation règnent dans le champ de la robotique industrielle, comment, au contraire, envisager des qualités expressives, par le mouvement, pour des objets artistiques robotisés non-anthropomorphes ? Entre efficacité et expressivité, l'esthétique de ces "objets à comportements" est bien sous tension, elle oscille, peut-être est-ce là même la perspective incertaine à explorer.

Samuel Bianchini est artiste et enseignant-chercheur (PhD-HDR) à l'École nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD) - Université Paris Sciences et Lettres (PSL), où il dirige le groupe de recherche Reflective Interaction d'EnsadLab (laboratoire de l'EnsAD) sur les dispositifs interactifs et où il est également co-responsable de la Chaire arts et sciences mise en place en 2017 avec l'École polytechnique et la Fondation Daniel et Nina Carasso.
Publications
En co-direction avec Erik Verhagen, l'ouvrage collectif Practicable. From Participation to Interaction in Contemporary Art, Éd. MIT Press, 2016.
En co-direction avec Emanuele Quinz, l'ouvrage collectif Behavioral Objects 1 - A Case Study : Céleste Boursier Mougenot, Sternberg Press, 2016.
Sites web
reflectiveinteraction.ensadlab.fr
dispotheque.org
mitpress.mit.edu/books/practicable
mitpress.mit.edu/books/behavioral-objects-i

Philippe BONNIN : Poétique du jardin japonais : la villa et les jardins de Katsura
Dépoussiérer l'idée de beauté, qu'elle soit académique ou qu'elle impose une tyrannie contemporaine tout aussi réductrice et excluante, nécessite de prendre du champ. Il nous faut faire l'effort d'interroger d'autres univers esthétiques, de ceux qui nous sont totalement étrangers, dans l'espace ou dans le temps. Il nous faut explorer leur système symbolique propre. Le jardin japonais en est un exemple puissant, dès lors qu'on fait l'effort de dépasser les clichés occidentaux qui le réduisent au jardin sec, et qu'on s'intéresse alors à la panoplie de concepts et de procédés dont il dispose.

Philippe Bonnin est Directeur de recherches émérite au CNRS. Architecte et anthropologue, il a créé le réseau de recherche franco-japonais JAPARCHI.
Publications récentes
Vocabulaire de la spatialité japonaise 日本の生活空間, CNRS Éditions, 2014.
Katsura et ses jardins, un mythe de l'architecture japonaise, Éditions Arléa, 2019.
La beauté du seuil : esthétique japonaise de la limite, CNRS Éditions, 2021.

Daniel CARVAJAL PEREZ : Gérer et concevoir le Patrimoine de création Dom Pérignon
Comment la transmission de connaissances peut aider les concepteurs du secteur du luxe à réinventer les objets et l'expérience des marques tout en restant ancrés dans son patrimoine ? Cette question ouverte dans les sciences de gestion et de la conception intéresse le domaine du luxe, tout particulièrement la Maison Dom Pérignon en constante quête de renouvellement. En effet, innover sans trahir les traditions est à l'origine de plusieurs tensions. Dans cette présentation, nous montrons comment la transmission d'un "patrimoine de création" peut aider les concepteurs du secteur du luxe à surmonter ces tensions. En étudiant celui de la Maison Dom Pérignon et ceux contenus dans divers livres de la haute cuisine, nous mettons en évidence trois caractéristiques de ce patrimoine de création qui constituent autant d'axes de recherche. Premièrement, nous décrivons les effets positifs sur l'originalité et l'efficacité opérationnelle que la transmission d'un patrimoine de création peut avoir sur les collectifs de concepteurs conduisant des projets d'innovation. Deuxièmement, en faisant appel aux théories de la conception, nous construisons un modèle formel mettant en relation les structures de connaissance et les types de générativité qu'un patrimoine de création peut provoquer. Nous montrons qu'un même domaine peut en contenir plusieurs, qu'un même patrimoine de création peut favoriser plusieurs types de générativité qui pourraient sembler en principe incompatibles, et que ces différents types de générativité peuvent évoluer à travers le temps. Finalement, nous montrons que la conception d'un patrimoine de création exige des interactions entre concepteurs expérimentés et concepteurs récepteurs afin de formaliser, réorganiser et partager un langage du connu et un langage de l'inconnu. Ce dernier est composé des éléments du premier.

Daniel Carvajal Perez est responsable du patrimoine œnologie de la Maison Dom Pérignon où il pilote des projets de conception d'objets et d'expériences qui mettent le patrimoine au service de la création et de l'innovation. Il est titulaire d'un diplôme en ingénierie de bioprocédés (Universidad Nacional de Colombia), d'un master en sciences de la vigne et du vin (Université de Reims Champagne-Ardenne), et d'un doctorat en sciences de gestion mené en partenariat avec la Maison Dom Pérignon et la chaire Théorie et Méthodes de Mines ParisTech (Mines ParisTech, PSL Sciences et Lettre).

Claudine COHEN : Morphologie, diversité, beauté du vivant. De Richard Owen à Stephen Jay Gould
La morphologie transcendantale, qui émerge en Allemagne à la fin du XVIIIe siècle de manière conjointe dans les milieux scientifiques et artistiques, a ouvert une importante réflexion sur la structure, la diversité et la beauté des formes vivantes : des naturalistes et paléontologues tels que Richard Owen, D'Arcy Wentworth Thompson et Stephen Jay Gould, en sont à différents titres les héritiers. Nous montrerons comment ces auteurs ont conjugué, chacun dans le contexte intellectuel et scientifique qui lui est propre, une approche de la forme et du mouvement et une réflexion sur la reconstitution paléontologique avec le devenir et la diversité des formes vivantes. Nous nous intéresserons d’autre part à la manière dont leurs œuvres scientifiques ont pu s'inspirer d'œuvres artistiques, mobiliser l'intérêt des artistes de leurs temps, et parfois susciter leurs collaborations. Nous nous attacherons notamment à l'œuvre théorique et artistique du sculpteur anglais Benjamin Waterhouse Hawkins, pour la mise en scène des principes anatomiques de Richard Owen non seulement dans la grande exposition des reconstitutions d'animaux fossiles à Crystal Palace (1854) mais aussi dans son traité d'anatomie comparée du squelette des animaux vertébrés et de l'Homme, destiné aux élèves des écoles des Beaux arts (1859).

Claudine Cohen est Directrice d'Études à l'EHESS et Directrice d'Études cumulante à l'EPHE / PSL Université, 3e section SVT Laboratoire Biogéosciences.

Sophie COHEN-BODÉNÈS : Déchiffrer les signaux symboliques de la seiche avec l'IA
Les beaux motifs que nous percevons dans la nature sont une fenêtre pour comprendre le code interne du système visuel. Selon l'hypothèse du codage efficient, un motif est attractif car il correspond à la structure géométrique du système visuel et qu'il est traité de façon plus efficiente. Dans notre projet réunissant Cognition Animale, Neurosciences Computationnelles et Intelligence Artificielle, nous utilisons un nouvel animal modèle prometteur : la seiche, Sepia officinalis dont la peau est un "réseau de neurones visible à l'œil nu". Elle possède la capacité de reproduire sur sa peau avec mimétisme les motifs qu'elle perçoit dans son environnement, les cellules pigmentaires de sa peau étant sous contrôle des neurones moteurs. Nous menons une série de trois expériences pour déchiffrer ses représentations mentales et leur réflexion en motifs analogiques sur la peau. Grâce à la Vision Artificielle et au Deep learning nous analysons les images extraites de films capturant la réponse pigmentaire de 5 seiches se camouflant sur des fonds visuels en lien avec le concept de Beauté (la récursion, les fractales, les Patterns de Turing et les illusions). Le but ultime serait de modéliser son algorithme de vision biologique pour le transcrire en algorithme de vision artificielle.

Sophie Cohen-Bodénès est doctorante au Laboratoire des systèmes perceptifs (LSP) de l'École Normale Supérieure (ENS - PSL) dans le cadre d'un contrat doctoral financé par la Chaire Beauté.s PSL-L'Oréal de l'université PSL. Elle est diplômée du "Cogmaster", Master recherche en Sciences Cognitives (ENS-EHESS-Université Paris Descartes) et d'un Master recherche en Histoire de l'Art (Université Paris I-Panthéon Sorbonne). L'objectif de sa thèse est de proposer une explication sur l'origine cognitive de la perception esthétique dans une perspective en psychologie évolutionniste. Elle étudie la vision des motifs et des couleurs et la communication visuelle chez les animaux (céphalopodes et poissons) grâce à des expériences comportementales.
Publications
Cohen-Bodénès S., Perception of Animal and Turing Patterns, Abécédaire de la Beauté, Chaire Beauté.s, PSL-L'Oréal, 2021.
Cohen-Bodénès S. & Neri P., La perception humaine et animale des Pattern de Turing : vers une quête des universaux esthétiques, Chaire Beauté.s, PSL-L'Oréal, 2021.
Cohen-Bodénès S. & Neri P., Apprendre à déchiffrer les tableaux illusionnistes que la seiche, maîtresse dans l'art du camouflage, arbore sur sa peau, Chaire Beauté.s, PSL-L'Oréal.

Camille COUVRY : Beautés vitales (extra)ordinaires : appropriations intimes et sociales des pratiques esthétiques dans trois enquêtes
Des élections de Miss à la socio-esthétique en passant par les trajectoires esthétiques durant le confinement du printemps 2020, trois enquêtes sociologiques offrent des focales distinctes pour appréhender les significations concrètes pour les individus des pratiques de beauté (extra)ordinaires et ce qu'elles recèlent de "vital". Nous expliciterons à partir de ces enquêtes comment certaines personnes se saisissent des pratiques esthétiques et du travail de l'apparence dans leur construction (ou reconstruction) identitaire, intime et sociale. Les différents résultats révèlent des dynamiques d'appropriation corporelle et identitaire, voire d'empowerment par la beauté et montrent comment les pratiques d'embellissement sont souvent mobilisées en lien avec des préoccupations de santé dans une recherche dite de bien-être, d'estime de soi ou encore de lien social.

Camille Couvry est post-doctorante en sociologie à l'université de Rouen Normandie (Dysolab) où elle travaille actuellement sur les trajectoires sportives et alimentaires de pratiquant(e)s de fitness. Précédemment, elle a été responsable scientifique à l'IDEFHI d'un projet portant sur la socio-esthétique dans le champ du handicap. Ces travaux prolongent ses recherches doctorales portant sur le corps et les pratiques esthétiques dans les concours de beauté.
Publications
2020, "Le travail corporel dans le contexte des élections de Miss : vers un travail esthétique rémunéré", Recherches sociologiques et anthropologiques, 51, 2 : 11-35 (en ligne).
Couvry C. et Braizaz M., 2019, "Optimiser sa beauté, s'approprier esthétiquement son corps : succès et échecs au sein des élections de Miss", Ethnologie française, 4/176 : 689-702 (en ligne).

Gisèle DAMBUYANT : Beauté et vulnérabilité
Quelle place peut prendre la beauté en situation de vulnérabilité ? Si on peut présupposer que le rapport à la beauté est secondaire en situation de fragilité, de précarité ou d'exclusion, elle s'avère paradoxalement encore plus fondamentale. En effet, ressource centrale de tout individu, elle devient vitale pour la personne vulnérable en participant à sa construction, sa continuité, sa recomposition voire sa reconstruction identitaire. De quoi mettre au débat un "parcours de soins thérapeutiques par la beauté".

Maître de conférences HRS, habilitée à diriger des recherches en sociologie à l'université de Paris 13 - Sorbonne, Gisèle Dambuyant s'intéresse à trois champs distincts dans cette discipline. La sociologie du corps et de la précarité, en examinant les conditions d'existence des publics vulnérables. La sociologie des professions, en analysant le secteur du travail et de l'intervention sociale. La sociologie des formations, en questionnant la place de l'université française dans ce secteur.
Publications
Quand on n'a plus que son corps, Paris, A. Colin, 2006.
"Réalités et projets de vie des sans-abri : lorsque le corps devient l'ultime ressource", Bulletin de l'Académie Nationale de Médecine, n°197, 2, p. 259-270, 2013.
"L'intervention sociale auprès des plus démunis : prendre en charge le corps vulnérable et le sentiment de honte", Pensée plurielle, n°44, p. 85-95, 2017.
"Les cent ans de professionnalisation du travail social à l'épreuve du corps vulnérable : réponses pratiques et enjeux de formation", Les 100 ans de professionnalisation du travail social. Enjeux situés et défis, Revue Politiques Sociales, 1 et 2, 2019.
"Bouleversements des prises en charge, adaptation des pratiques et complexité des mesures de protections", Empan, 2019/4, n°116, p. 66-73, 2019.

Elie DURING : Sublime formel et beauté survitale
Le sublime nous écrase et nous élève en même temps ; on peut chuter et même s'effondrer vers le haut. La simultanéité de ces mouvements contraires s'accompagne d'un sentiment d'apesanteur caractéristique de ce qu'on pourrait appeler le sublime formel — un sublime non pathétique, délivré des entraînements vitaux du ravissement et de l'effroi. Les constructions axonométriques et les figures "multistables" en offrent une sorte d'équivalent visuel. Et lorsqu'une ambivalence affective se trouve concentrée dans l'éclat d'une image poétique comme celle du "regret souriant" de Baudelaire, le sens se met à osciller sur place, le sentiment s'intensifie en même temps qu'il s'allège, révélant la "beauté formelle du malheur" (Bachelard). En suivant cette suggestion, nous tâcherons de cerner l'expérience d'une beauté sensible et survitale, accordée à la condition "excentrique" de l'humain (Plessner).

Elie During est maître de conférences en philosophie à l'université Paris Nanterre. Il enseigne également à l'École des Beaux-arts de Paris. Ses recherches portent sur le thème de la simultanéité au croisement de la métaphysique, de l'art et de la science.
Publications
Faux raccords : la coexistence des images, Actes Sud, 2010.
Le Futur n'existe pas, B42, 2014.
Glenn Gould, Éditions de la Philharmonie, 2021.
Éditions critiques de Bergson : Durée et simultanéité, PUF, 2009 et Le souvenir du présent, PUF, 2012.
Édition critique de Bachelard : La dialectique de la durée, PUF, 2022.
Avec E. Alloa, il a dirigé le volume Choses en soi : métaphysique du réalisme, PUF, 2018.

Natacha GIAFFERI-DOMBRE : Circulations des canons esthétiques et mondialisation
L'usage de l'esthétique comme outil d'affirmation culturelle est une démarche commune à l'ensemble des populations humaines à travers l'histoire. La valorisation du corps comme proprement humain, entre nature et surnature, passe par des procédures techniques et symboliques qui visent, par des marquages divers, à la distinction comme à l'inscription au sein d’un groupe. Dans les sociétés les plus stratifiées, la coexistence de cultures légitimes et de cultures populaires ou de contrecultures, permet de lire comme un palimpseste le feuilletage complexe des positionnements de chacun dans une "toile" qui est aujourd'hui numérique. Loin d'être cantonnée à des aires d'expression culturelle closes sur elles-mêmes, la beauté est l'objet d'intenses circulations, d'emprunts et d'échanges. Il nous faudra analyser comment se déploient ces trajectoires et dans quels cadres, entre identité et appartenance, transcendance et matérialisme, goût de l'ailleurs et risque d'appropriation culturelle.

Anthropologue spécialisée du corps, de la race et des univers postcoloniaux (Amériques noires, Haïti), Natacha Giafferi-Dombre a également dirigé de 2008 à 2016 une galerie d'art populaire, naïf et singulier, la Galerie Marassa Trois. Dans les années 1990, elle prit part aux performances interactives du groupe Plexi-Girls, présentées notamment à la Galerie Patricia Dorfmann accompagnées de vidéos et d'un environnement sonore, et à propos desquelles le critique Paul Ardenne notait combien "le travail de regard est le vecteur de ces infimes sensations échangées avec le public" (L'image corps, p. 370).

Norberto M. GRZYWACZ : The experience of beauty in the brain
After the Enlightenment, beauty was seen as subjective. However, recent cognitive-neuroscience research on the way that the brain processes aesthetic values and thus, beauty, suggests that the individualized expression of taste arises objectively. Four areas of the brain form a network that processes aesthetic values. An important area for individuality is the Basal Ganglia, which contributes to the learning of values, aesthetic or otherwise. This form of learning allows people to adapt to their environments, families, societies, and cultures. The learning also helps each person adapt the aesthetic values to the needs of their own body. The relevant signals that come from the body reach the brain through the Anterior Insula, another of the four areas of the brain that work to process aesthetic values. These signals influence the learning of values with information on the individual's motivation to act. Therefore, the learning process allows the optimization of values for the unique context of each person. Far from being arbitrary and subjective, aesthetic values may be objectively ideal from an evolutionary perspective.

Norberto M. GRZYWACZ : L'expérience de la beauté dans le cerveau
Après la période des Lumières, la beauté a été considérée comme subjective. Pourtant, le développement des recherches cognitives récentes sur la façon dont le cerveau traite les valeurs esthétiques suggère que l'expression individualisée du goût surgit objectivement. Quatre zones du cerveau travaillent au traitement des valeurs esthétiques. Une zone importante pour l'individualité est celle des ganglions de la base. Cette zone contribue à l'apprentissage des valeurs esthétiques. Cet apprentissage permet aux personnes de s'adapter à leur environnements, familles, sociétés et cultures. L'apprentissage aide à l'adaptation des valeurs esthétiques aux nécessités des corps de chaque personne. Les signaux qui proviennent du corps arrivent au cerveau par l'insula antérieure, une autre des quatre zones du cerveau qui travaille au traitement des valeurs esthétiques. Ces signaux influencent l'apprentissage des valeurs avec l'information sur la motivation individuelle à agir. Ce processus d'apprentissage fait émerger des valeurs optimales pour le contexte unique de chaque personne. Ainsi, loin d'être arbitraire, l'individualité des goûts esthétiques est adaptée au contexte multiple dans lequel la personne vit. Les valeurs esthétiques sont objectivement adaptées d'un point de vue évolutif (traduction : Norberto M. Grzywacz).

Norberto Grzywacz est un chercheur scientifique et un dirigeant universitaire travaillant aux États-Unis. Il enseigne actuellement à la Loyola University Chicago. En 2022, il est invité à l'École Normale Supérieure, dans le Laboratoire des Systèmes Perceptifs. Sa formation universitaire est interdisciplinaire en physique, mathématiques, neurosciences et intelligence artificielle. Jusqu'à il y a dix ans, ses recherches portaient sur la neuroingénierie, les neurosciences computationnelles, la perception et la physiologie du système visuel du cerveau. Plus récemment, il a étudié le système de valeurs du cerveau, en se concentrant particulièrement sur les valeurs esthétiques. Son équipe de recherche, hautement interdisciplinaire, comprend des scientifiques, des ingénieurs, des mathématiciens, des psychologues, des sociologues, des artistes visuels, des musiciens et des architectes.
Publications
Aleem, H, and N.M. Grzywacz (2022), "The Temporal Instability of Aesthetic Preferences", Psychology of Aesthetics Creativity and Arts, In Press.
Miles, S.A., D.S. Rosen, and N.M. Grzywacz (2022), "Behavioral Evidence of a Harmonic Surprise Effect on Preference in Popular Music", Current Research in Behavioral Sciences, In Press.
Pombo, M, H. Aleem, and N.M. Grzywacz (2022), "Multiple Axes of Visual Symmetry : Detection and Aesthetic Preference", Journal of Experimental Psychology : Human Perception and Performance, In Press.
Grzywacz, N.M., and H. Aleem (2022), "Does Amount of Information Support Aesthetic Values ?", Frontiers in Neuroscience, 16.
Miles, S.A., D.S. Rosen, S. Barry, D. Grunberg, and N. Grzywacz (2021), "What to Expect When the Unexpected Becomes Expected : Harmonic Surprise and Preference Over Time in Popular Music", Frontiers in Human Neuroscience, 15, 201-210.
Grzywacz, N.M. (2021), "Stochasticity, Nonlinear Value Functions, and Update Rules in Learning Aesthetic Biases", Frontiers in Human Neuroscience, 15, 210-236.
Aleem, H., I. Correa-Herran, and N.M. Grzywacz (2020), "A Theoretical Framework for How We Learn Aesthetic Values", Frontiers in Human Neuroscience, 14, 345-362.
Correa-Herran, I., H. Aleem, and N.M. Grzywacz (2020), "Evolution of Neuroaesthetic Variables in Portraits Paintings throughout the Renaissance", Entropy, 22, 146-167.
Aleem, H., M. Pombo, I. Correa-Herran, and N.M. Grzywacz (2019), "Is Beauty in the Eye of the Beholder or an Objective Truth ? A Neuroscientific Answer", Mobile Brain-Body Imaging and the Neuroscience of Art, Innovation and Creativity, Volume 10 of Springer Series on Bioand Neurosystems, J. Contreras-Vidal, D. Robleto, J.G. Cruz-Garza, J.M. Azorin, and C.S. Nam (Eds.), 101-110, Springer International Publishing.
Miles, S.A., D.S. Rosen, and N.M. Grzywacz (2017), "A Statistical Analysis of the Relationship Between Harmonic Surprise and Preference in Popular Music", Frontiers in Human Neuroscience, 11, 263-276.

Catherine GUESDE : L'écoute de la noise : une éducation à la beauté du sonore ?
L'historien d'art John Ruskin envisageait la pratique du dessin comme un exercice permettant d'aiguiser l'œil à la beauté de la nature. Peut-on, sur un mode similaire, envisager l'écoute de certains genres musicaux comme une propédeutique à une écoute plus attentive des sons naturels ? La noise, genre bruitiste expérimental et volontiers abrasif, né des suites de la révolution industrielle et faisant écho aux fracas des sons urbains, semble a priori à l'opposé d'un tel projet. Pourtant, ce genre musical qui travaille à rebours de nos horizons d'attente — qu'ils concernent la forme que doit prendre la musique comme art, ou l'évolution d'une pièce donnée — invite à une éducation de l'écoute et un affinement de l'ouïe, dont les enjeux pourraient excéder le cadre de l'écoute des œuvres-mêmes. En articulant une enquête auprès de performers noise à des questions d'esthétique environnementale, cette présentation s'attachera à dessiner les contours de l'écoute de la noise, avec pour horizon son élargissement à l'écoute des sons naturels.

Catherine Guesde est docteure en philosophie, chercheuse associée à HiPhiMo (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Ses recherches portent sur des formes marginales de musiques populaires, notamment le metal extrême et la noise. Membre du comité de rédaction de La Vie des idées et de Volume, la revue des musiques populaires, elle est également critique musical et musicienne.
Publications
Catherine Guesde & Pauline Nadrigny, The Most Beautiful Ugly Sound in the World. À l'écoute de la noise, Éd. Musica Falsa, 2018.
Catherine Guesde (dir.), L'Esthétique, Éd. Lambert-Lucas, 2021.
Catherine Guesde (dir.), Penser avec le punk, Puf, 2022.

Carole MAIGNÉ : La beauté comme forme vivante en photographie
La vitalité en photographie semble dès l'abord faire problème : enregistrer, fixer, sont des gestes sans lesquels la photographie n'est pas, mais semblent aller contre la vitalité, interrompant le flux de la vie, figeant son mouvement. La dimension morbide et mortifère de la beauté en photographie, son association intime avec l'embaumement sont des topoï répandus. Contre eux, on ne se réfugiera pourtant pas dans l'extrême diffusion de l'image photographique, comme si l'usage ou le marché des images garantissaient de facto la vitalité de ce medium. On cherchera plutôt dans la texture même de l'image photographique une beauté vitale et ceci dans une double direction : celle de la lumière sculptée et celle de la mémoire vive qu'engage une image photographique face à une autre. Pour ouvrir cette voie, il faudra cesser de circonscrire la photographie à la saisie d'un objet, à une "prise" de vue, et y voir le travail d'une forme inventive parce qu'imaginative, qui dans l'enregistrement même ouvre au-delà de l'objet. Dans le cas de la photographie, questionner la beauté comme forme vivante, c'est discuter son supposé réalisme : l'image photographique n'est pas belle parce que l'objet pris est beau, ni bien cadré, elle est une forme vivante car elle ne s'est jamais réellement soumise au régime naturaliste de l'empreinte qu'on lui a prêté.

Carole Maigné est professeure ordinaire de philosophie générale et systématique à l'université de Lausanne. Ses recherches portent sur les philosophies allemande et autrichienne des XIXe et XXe siècles. Elle s'intéresse tout particulièrement à la philosophie de la culture (Warburg, Kracauer, Cassirer), à l'esthétique de la photographie et à la philosophie de l'art (formalisme esthétique, école viennoise d'histoire de l'art, Wölfflin, Klein).
Publications
Philosophie de la culture. Textes clés, avec Matthieu Amat, Vrin, 2022.
A dirigé les dossiers "Austrian Herbartism", Meinong Studien / Studies (2021) et "Philosophie de la photographie", Archives de Philosophie (2022).
A co-dirigé, avec Enno Rudolph et Magnus Schlette, le dossier "Logos", Zeitschrift für Kulturphilosophie (2020).

Guilhem MARION : Structures dans la musique, structures dans le cerveau : vers une nouvelle définition de la culture musicale ?
Les œuvres composées au sein de différentes époques, lieux, ou groupes sociaux reposent sur différentes structures grammaticales. La théorie musicale s'est donnée la tâche de définir ces structures et a donné lieu à un certain nombre de traités. Comme pour les langues, ces structures changent entre les styles musicaux et de récentes découvertes en sciences cognitives ont permis de démontrer que les structures musicales présentes dans certains corpus sont aussi présentes dans le cerveau de leurs auditeurs. Cette présentation s'attardera à poser un cadre théorique clair pour expliquer comment de telles découvertes ont pu être faites, préciser comment le cerveau peut extraire et mémoriser les structures de la musique, questionner les conséquences cognitives que cela engendre et penser le lien entre ces idées et la notion de culture musicale.

Guilhem Marion a une formation musicale du Conservatoire à rayonnement régional de Lyon en composition, écriture et guitare Jazz. Il possède aussi une maîtrise de musicologie de l'université Lyon 2 Lumière ainsi qu'un master d'informatique musicale de l'Institut de recherche et coordination acoustique/musique (IRCAM). Il est aujourd'hui doctorant au Laboratoire des Systèmes Perceptifs au sein de l'École normale supérieure de Paris. Son travail, entre sciences cognitives, informatique et musicologie, consiste à comprendre les mécanismes cognitifs culturels supportant la perception musicale, comment ils sont construits, encodés dans le cerveau et évoluent au cours de la vie.

Rémi MERMET : Le style, la forme, la vie : sur l'actualité de l'esthétique
On a beaucoup glosé, ces vingt dernières années, sur le soi-disant "malaise" qui se serait emparé de l'esthétique philosophique, telle qu'on la pratique depuis la fin du XVIIIe siècle. La discipline est en effet prise sous le feu croisé des cultural studies et des approches biologisantes de la beauté (que ce soit sous la figure de l'esthétique évolutionniste ou de la neuro-esthétique), les unes lui reprochant sa cécité idéologique, les autres son manque d'objectivité. Pourtant, au regard de son dynamisme actuel, rien ne paraît accréditer l'idée d'un adieu irrévocable qu'il faudrait prononcer à l'endroit de cet héritage fondamental des Lumières. Au contraire, une triple conjonction au sein de la pensée contemporaine — celle de la renaissance du concept de style dans les sciences humaines, du foisonnement de la critique philosophique des "formes de vie", et d'un intérêt renouvelé pour la question de la perception et des affects — revivifie le projet de l'esthétique. Plus exactement, en opérant un retour à son sens originaire d'étude de notre expérience sensible, l'esthétique semble aujourd'hui se poser comme l'un des lieux les plus adéquats pour penser nos manières d'habiter le monde, redonnant ainsi — telle est du moins mon hypothèse — toute sa puissance critique au problème de la beauté.

Rémi Mermet est docteur en philosophie et en histoire de l'art, et chercheur associé au Centre d'histoire des philosophies modernes de la Sorbonne (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Ancien post-doctorant auprès de la Chaire Beauté.s PSL-L'Oréal, ses recherches portent essentiellement sur l'esthétique et la "science de l'art" germaniques, la philosophie d'Ernst Cassirer ainsi que sur le renouveau du concept de "style" dans la pensée contemporaine.
Publications
Avec Danièle Cohn (dir.), L'Histoire de l'art et ses concepts. Autour de Heinrich Wölfflin, Paris, Éditions Rue d'Ulm, 2020.
"Cassirer et Panofsky : un malentendu philosophique", Labyrinth : An International Journal for Philosophy, Value Theory and Sociocultural Hermeneutics, 22/1, 2020, pp. 56-78.
"L'objet de l'art : Cassirer et Fiedler", Recherches germaniques, 51, 2021, pp. 137-156.
Bibliographie
Gernot Böhme, Aisthétique : pour une esthétique de l'expérience sensible, Dijon, Les presses du réel, 2020.
Danièle Cohn & Giuseppe Di Liberti (dir.), Esthétique : connaissance, art, expérience, Paris, Vrin, 2012.
Estelle Ferrarese & Sandra Laugier, Formes de vie, Paris, CNRS Éditions, 2018.
Marielle Macé, Styles : critique de nos formes de vie, Paris, Gallimard, 2016.
Jacques Rancière, Malaise dans l'esthétique, Paris, Galilée, 2004.
Jean-Marie Schaeffer, Adieu à l'esthétique, Paris, Mimésis, 2016 (éd. révisée et augmentée).

Didier NECTOUX : Beauté minérale. Source d'inspiration, de création
Aujourd'hui, associer le minéral à la beauté nous entraîne immanquablement vers les mondes de la joaillerie ou de la "lithothérapie". Et pourtant les ressources minérales sont nécessaires à toutes les activités humaines. L'étude de leurs compositions et de leurs propriétés permet d'envisager des fonctions, des applications nouvelles dans tous les domaines de l'industrie, de l'art et de l'artisanat. Leurs couleurs, formes et textures sont une source inépuisable d'inspiration pour les créateurs. Les références sont partout, mais seul l'œil du minéralogiste arrive à bien les identifier.

Depuis 10 ans, Didier Nectoux est conservateur du Musée de Minéralogie de l'École des Mines de Paris. Docteur en géologie de l'ingénieur, il débute sa carrière comme ingénieur de recherche dans l'industrie, la poursuit en tant qu'enseignant chercheur durant 20 ans à l'école des Mines d'Alès. Pendant les dernières années, Il y exerce deux fonctions : l'une en tant que responsable du Musée, l'autre en tant que créateur et responsable de formation d'ingénieurs par apprentissage dans le domaine de l'éco-construction. Passionné de vulgarisation des sciences de la Terre, Didier Nectoux s'emploie, aujourd'hui, à faire connaître le musée de minéralogie de l'École des Mines de Paris et ses collections qui constituent l'un des plus beaux ensembles au monde. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de vulgarisation, d'un MOOC sur les minéraux et dispense de nombreuses conférences à travers la France.
Publications récentes
Curiosités Minérales, Éditions Omniscience, 2015.
Le système poétique des éléments, Éditions Invenit, 2017.
Passion Minéraux, Éditions Nathan, 2021.
Monde minéral (titre provisoire), Éditions Gallimard, à paraître.

Bertrand PRÉVOST : Beautés animales : ordre ou expression ?
À partir d'une relecture de l'œuvre du zoologiste suisse Aldolf Portmann (1897-1982), on tentera d'éclairer d'une lumière nouvelle la question des beautés animales pour la détacher doublement et de toute question d'ordre (symétrie, régularités, géométrie… : l'animal architecte) et de toute question intentionnelle (projection, plan… : l'animal ingénieur). Tel est sans doute le cadeau que nous offre Portmann : celui de donner pleine consistance au statut profondément subtil de la beauté animale, qui perd en objectivité ce qu'elle gagne en expressivité — ce que le zoologiste nommait une "apparence authentique" ; soit une "fonction vitale" qui ne se laisse réduire ni à une forme organique ni à un vêtement extérieur, mais qui n'en jouit pas moins d'une existence autonome.

Bertrand Prévost est historien de l'art et philosophe, maître de conférences HDR à l'université Bordeaux Montaigne (Dépt. d'Arts plastiques).
Publications
La peinture en actes. Gestes et manières dans l'Italie de la Renaissance (2007).
Botticelli. Le manège allégorique (2011).
Peindre sous la lumière. Leon Battista Alberti et le moment humaniste de l'évidence (2013).
Marqueterie générale. Hubert Duprat (2020).
Au cœur des pierres (avec le photographe Raphaël Salzedo) (2020).
Ses travaux autour de Portmann sortiront prochainement sous le titre L'élégance animale (Fage, 2022).

Claudine SAGAERT : "L'herbe et la bête". Philosophie de la "mauvaise" graine à la bestiole
À distance extrême de la lumière platonicienne ou plotinienne, "l'absolue laideur" de la matière (Plotin) donne à penser d'obscurs "plurivers", des mondes hétérogènes évocateurs de l'enfer. Au ras des sols et dans les sous-sols, herbacées et "petites bêtes" se développent, se propagent et pullulent. Perçues disgracieuses, affreuses et difformes, elles sont considérées comme inutiles et nocives. Ainsi de la "mauvaise" graine à la "mauvaise" herbe, des plantes rudérales aux plantes adventices, de l'insecte répugnant au nuisible grouillant, de la bestiole à la vermine, ces vivants, qui dit-on, souillent, détruisent et contaminent, sont résumés, selon l'expression de François Dagognet, à des "moins-êtres". L'énonciation de leurs dites qualités négatives est déjà en elle-même une arme pour justifier le mépris qu'on leur porte. En conséquence, ces "envahisseurs" et "destructeurs" sont à des fins hygiénistes, économiques ou esthétiques, la cible d'une "extermination" sans état d'âme (Thierry Hoquet, Catherine Chalmers). Pourtant à bien y regarder, l'importance de leur rôle dans la biodiversité n'est-elle pas sans conteste (Jean-Marc Drouin) ? Quant à leur présumée laideur, ne relève-t-elle pas d'une projection relative à notre peur de l'immaîtrisable ? De même, "mauvaises" herbes et bestioles ne font-elles pas œuvres d'artiste et ne sont-elles pas par là même des modèles pour les créateurs que nous sommes (Vinciane Despret, Lois Weinberger) ? Mais alors, ne peut-on pas défendre que "rien n'est beau" si ce n'est leurs tiges souterraines, leurs racines aériennes (Deleuze), leurs brillants hiéroglyphes, leurs dessins bizarres ou leurs coquetteries étranges (Jules Michelet) ? À l'image du pyrophore (Antón Arrufat), insecte de la famille des termites et des cafards, ne faut-il pas reconnaître de ce fait que la lumière immanente de ce microcosme qui éclaire la matière, l'embellit ?

Claudine Sagaert enseigne la philosophie en D.N.M.A.D.E. (diplôme des métiers d'art et du design). Ses recherches au sein du Laboratoire Babel de l'université de Toulon portent sur les représentations du corps dans une approche pluridisciplinaire : philosophie, esthétique et anthropologie.
Publications
Histoire de la laideur féminine, Paris, Éditions Imago, Préfacé par David Le Breton et Postfacé par Georges Vigarello.
La Nymphoplastie, une chirurgie de l'intime, Paris, Édition Le murmure (2022).
A co-dirigé avec Emmeline Gros, Normes et transgressions, "Traverses", 2017.
A collaboré à de nombreux ouvrages dont La Fabrique la laideur, Florence Bancaud (dir.), PUP, 2021 ; La Psychologie des beaux et des moches, Jean-François Marmion (dir.), Paris, Éd. Sciences Humaines, 2020 ; L'humiliation, Christophe Regina, Lucien Faggion, Alexandra Roger (dir.), Éditions Garnier, 2019 ; Tous Malades, Florence Fix (dir), Paris, Orizons, 2018.

Pierre SAUVANET : Beautés jazz(s)
On fait d'abord le choix d'une beauté non visuelle, mais sonore. La beauté est le plus souvent associée à la vue, dans l'espace, mais qu'en est-il de l'ouïe, dans le temps ? On fait ensuite le choix d'une musique qui n'est pas toujours associée à la beauté. La notion de beauté dans le jazz du second XXe siècle est pourtant vitale — beauté paradoxale qui se nourrit historiquement de toutes les tensions et déchirures. Entre autres, Thelonious Monk (Ugly Beauty, 1967) fait le pari que l'oxymore soit pertinente, tandis qu'Ornette Coleman (Beauty Is A Rare Thing, 1960) nous rappelle que le beau n'est pas le joli ni l'agréable. L'improvisation serait-elle cette beauté libre (au sens plus ou moins kantien du § 16 de la troisième Critique) ? On fait enfin le choix d'ouvrir le sens musical, de l'esthétique à l'éthique : la beauté jazz en tant que beauté vitale, c'est aussi celle d'un style de vie, d'une exigence de l'existence.

Agrégé de philosophie, ancien élève de l'ENS Fontenay-Saint-Cloud, Pierre Sauvanet est professeur d'esthétique à l'université Bordeaux Montaigne, où il dirige l'UR ARTES (24141). Ses recherches (qui s'appuient aussi sur une pratique) portent sur une approche philosophique des phénomènes rythmiques.
Publications
Le Rythme et la Raison, Kimé, 2000.
Jazzs, avec Colas Duflo, MF, 2008.
L'Insu. Une pensée en suspens, Arléa, 2011.

Chiara VECCHIARELLI : L'image vitale, une tension de surface
Comment penser la surface de l'image et avec celle-ci la beauté, à l'heure où l'œuvre d'art devient un organisme vivant qui se crée à travers un tissu de relations ? Dans notre communication, nous proposerons de travailler cette question à la lumière du concept de tension superficielle en laquelle se rejoignent les notions de surface et de relation. En mobilisant l'ontologie relationnelle de Gilbert Simondon pour penser l'œuvre qui se donne dans la relation au vivant, nous allons suggérer de situer le discours autour de la beauté sur la limite tendue de l'être, là où il en va d'un potentiel qui porte pour nous, dans l'image, la réalité de la relation.

Frédéric WORMS : La beauté au cœur des relations. La beauté réellement vitale
La beauté est vitale parce que la vie est relationnelle, telle est la thèse défendue dans cette conférence. C'est parce que la vie est relationnelle que les vivants s'apparaissent les uns aux autres sans que cette apparition pourtant cesse d'être vitale c'est-à-dire active et polarisée, attirante ou repoussante, car tout ce qui est vital est aussi mortel. Ainsi, la beauté est la norme de cette apparition des vivants entre eux et avec leur milieu, à la fois détachée du contact immédiat et ouverte à la contemplation, mais aussi valorisée au point que la beauté et la laideur traversent toutes les dimensions de la vie s'apparaissant à elle-même, jusqu'aux actions et au savoir. Les vivants humains poussent au plus loin ces deux directions de la beauté, au point d'oublier leur origine vitale, mais y revenir est nécessaire et fournit une boussole dans les philosophies de la beauté mais aussi de la vie.

Frédéric Worms, professeur de philosophie à l'École normale supérieure-PSL a été nommé directeur de cet établissement en mars 2022. Il travaille sur les relations entre les vivants, ainsi que sur l'histoire de la philosophie française contemporaine, de Bergson à aujourd'hui, et défend un "vitalisme critique". Il est l'auteur de nombreux ouvrages dont récemment Vivre en temps réel et Le vivable et l'invivable avec Judith Butler. Il a été membre du CCNE pendant huit ans et codirige la collection "Questions de soin" aux PUF, et produit sur France culture l'émission "Le pourquoi du comment : philosophie". Il a participé à de nombreuses rencontres à Cerisy et a notamment co-dirigé Le moment du vivant avec Arnaud François en 2012 (publié aux PUF, coll. "Philosophie française contemporaine", 2016).


BIBLIOGRAPHIE :

La beauté du seuil. Esthétique japonaise de la limite, Itō Teiji, traduit et documenté sous la direction de Philippe Bonnin, CNRS Éditions, 2021.
Le cinéma est mort, vive le cinéma !, Antoine De Baecque, Gallimard, 2021.
La beauté d'une ville, controverses esthétiques et transition écologique à Paris, Collectif, Pavillon de l'Arsenal et Wildproject, 2021.
Dans l'œil du désastre. Créer avec Fukushima, Michaël Ferrier, avec la participation de Hervé Couchot, Amandine Davre, Élise Domenach, Bénédicte Gorrillot et Clélia Zernik, Éditions Marchaisse, 2021.
Pour un humanisme vital, Frédéric Worms, Odile Jacob, 2019.
Sur le régime de création sur-contemporain, Vincent Bontems & Armand Hatchuel, Rapport du projet-pilote : Étudier les régimes de création. Théories, terrains, similitudes et convergences, Programme PSL : Création, Cognition et Société (CCS), 2019.
Lost in Maths, Sabine Hossenfelder, Les Belles Lettres, 2019.
Plotin, Traité 31 [V,8], De la Beauté intelligible, Anne-Lise Worms, Éditions Vrin, 2018.
Histoire de la laideur féminine, Claudine Sagaert, Préface de David Le Breton, Postface de Georges Vigarello, Imago, 2015.
• "Beauté, classe sociale et empowerment. Les jeunes femmes de classes populaires dans les élections de Miss en Normandie", Camille Couvry, Thèse de doctorat, 2015, Université de Rouen Normandie.
Vocabulaire de la spatialité japonaise, Philippe Bonnin, Nishida M. & Inaga S. (dir.), Paris, Éditions du CNRS, 2015.
Éléments d'esthétique, Pierre Sauvanet, Ellipses, 2014.
Le Futur n'existe pas : rétrotypes (avec Alain Bublex), Élie During, Éditions B42, 2014.
• "Cosmique cosmétique. Pour une cosmologie de la parure", Bertrand Prévost, Images Re-vues [En ligne], 10 | 2012.
Beauté fatale, Mona Chollet, La Découverte, 2012.
100 000 ans de beauté, Collectif, sous les directions scientifiques de Pascal Picq, Georges Vigarello, Marc Nouschi et Françoise Gaillard, Éditions Gallimard, 2009.
Quand on n'a plus que son corps : soin et non-soin de soi en situation de précarité, Gisèle Dambuyant, Armand Colin, 2006.


PARTENARIAT :

Université de Rouen Normandie


SOUTIEN :

Chaire Beauté·s | PSL

Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


LEVINAS ET MERLEAU-PONTY : LE CORPS ET LE MONDE


DU MERCREDI 6 JUILLET (19 H) AU MARDI 12 JUILLET (14 H) 2022

[ colloque de 6 jours ]


"Chemin de philosophie" à Kyōto en automne
[© Université Rikkyo — Photolibrary]


ARGUMENT :

Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) et Emmanuel Levinas (1906-1995) reprennent l'héritage de Husserl et de Heidegger en opérant une réhabilitation du corps et du monde sensible dont les conséquences en philosophie et en éthique sont considérables. Il y a des différences notables entre la phénoménologie de la perception de Merleau-Ponty ou sa description de la structure ontologique du monde et la pensée de Levinas qui fait de la rencontre d'autrui le point de départ de l'éthique. Toutefois, en insistant sur la corporéité du sujet et en l'inscrivant dans un tissu social, ils renouvellent l'un et l'autre la conception de la condition humaine, qui n'est plus pensée seulement à la lumière de la liberté.

Ce colloque franco-japonais accueillera plusieurs traducteurs de l'œuvre de Levinas et de Merleau-Ponty et permettra de faire le point sur la réception de ces phénoménologues au Japon. Nous accorderons une attention particulière à la manière dont ils contribuent à renouveler la réflexion sur le soin, l'habitation de la Terre et la philosophie de l'animalité, ainsi que l'esthétique.


MOTS-CLÉS :

Altérité, Animalité, Corporéité, Écophénoménologie, Imagination, Milieu, Monde, Nature, Phénoménologie, Traduction


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 6 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 7 juillet
I. LE RÉVEIL DU MONDE SENSIBLE
Matin
Corine PELLUCHON & Yotetsu TONAKI : Introduction
Annabelle DUFOURCQ : Les corps fantastiques de la phénoménologie [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Après-midi
Masumi NAGASAKA : Levinas et sa transformation du concept de l'expérience [vidéo]
Yasuhiko SUGIMURA : Descente en deçà de l'être : Levinas et Nishida entrecroisés


Vendredi 8 juillet
II. L'HABITATION DE LA TERRE
Matin
Corine PELLUCHON : De l'habitation de la Terre de Levinas à l'ontologie de la chair de Merleau-Ponty : perspectives éco-phénoménologiques
Tetsuya KONO : Le "corps-météo-monde" : le translucide et le tournant chez Merleau-Ponty

Après-midi
"HORS LES MURS" — À L'IMEC (abbaye d'Ardenne de Caen)
Visite de l'abbaye

La traduction et les traductions, table ronde avec Yotetsu TONAKI (Société japonaise des études lévinassiennes et les Cahiers des études lévinassiennes), et les traducteurs de Derrida en anglais : Peggy KAMUF, Michael NAAS et Pascale-Anne BRAULT

Nao SAWADA : L'écologie et l'existence : l'héritage phénoménologique chez André Gorz

Soirée
"Les grands soirs" : La philosophie de l'habitation de la Terre, table ronde présentée par François BORDES, avec Tetsuya KONO et Corine PELLUCHON [en savoir plus]


Samedi 9 juillet
III. CORPORÉITÉ, SOIN ET VULNÉRABILITÉ
Matin
Yasuhiko MURAKAMI : Levinas et le monde sans failles : le soutien aux enfants des quartiers pauvres [visioconférence]
Tetsuo SAWADA : Folie de la vision : la question du narcissisme dans la pensée phénoménologique de Merleau-Ponty

Après-midi
Emmanuel de SAINT AUBERT : La portance chez Merleau-Ponty
Dorothée LEGRAND : Les corps parlants de Levinas et Merleau-Ponty — lecture psychanalytique
François-David SEBBAH : Levinas et Butler

Soirée
Augustin BERQUE : De la nature chez Merleau-Ponty et chez Imanishi [lecture de textes]


Dimanche 10 juillet
Matin
IV. ÉCONOMIE ET POLITIQUE
Toshihiro FUJIOKA : Levinas et la pensée économique
Claire DODEMAN : Penser l'engagement politique avec Merleau-Ponty
Gilles HANUS : L'inactualité du politique chez Levinas

Après-midi
V. LES HUMAINS ET LES AUTRES QU'HUMAINS
Yotetsu TONAKI : De l'"infime différence entre l'homme et le non-homme" chez Levinas
Orietta OMBROSI : Le face-à-face de Levinas avec l'"animal" et la critique de Derrida


Lundi 11 juillet
VI. LANGAGE, VÉRITÉ ET ESTHÉTIQUE
Matin
Alexis CADORET : Lecture d'un texte personnel

Après-midi
Masato GODA : Terre, Au-dessus des eaux, Arche naufragée… Merleau-Ponty et Levinas lecteurs de Proust
Jocelyn BENOIST : Rompre le silence de la phénoménologie


Mardi 12 juillet
CONCLUSION DU COLLOQUE
Matin
Synthèse par les doctorants et les étudiants, avec Thierry BILLETTE DE VILLEMEUR, Alexis CADORET, Alice GIAROLO, Moe MIYAKE, Hengkang MO, Élisabeth PELLENQ, Dominique PENSO-ASSATHIANY, Maiko SAKAI, Yasuyuki SANO et Antonia SCHIRGI

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Corine PELLUCHON : De l'habitation de la Terre de Levinas à l'ontologie de la chair de Merleau-Ponty : perspectives éco-phénoménologiques
La description phénoménologique de notre immersion dans le monde sensible que l'on trouve, avec des différences importantes, chez Levinas et chez Merleau-Ponty offre des perspectives très riches pour penser notre habitation de la Terre en dépassant le dualisme nature/culture propre aux philosophies de la liberté qui ont eu tendance à concevoir l'humain comme un empire dans un empire, radicalement séparé des autres vivants. Leur phénoménologie évite également les difficultés liées aux notions classiques de l'éthique environnementale, à savoir la notion de valeur intrinsèque de la nature et celle d'éco-centrisme. En effet, ces deux notions reconduisent le dualisme nature/culture, objet/sujet, moi/monde, et n'intègrent pas l'écologie à une réflexion sur notre condition humaine, contrairement à la phénoménologie de la corporéité de Levinas dont nous étudierons le concept de "nourritures" qui désigne les choses à la fois naturelles et culturelles dont nous vivons. Bien que Levinas estime que le point de départ de l'éthique soit le rapport à autrui et qu'il sépare le monde des nourritures de l'éthique et de la justice, sa compréhension de l'existant implique d'interroger notre usage de la nature et des autres vivants et d'assigner des limites à notre droit d'en user comme bon nous semble. Enfin, l'approche phénoménologique, qui est une approche à la première personne, et non une description extérieure et en troisième personne, permet de penser la valeur attribuée aux autres vivants comme étant le fruit d'une rencontre entre moi et le monde. Il s'agira d'apprécier la fécondité de l'éco-phénoménologie, à laquelle l'ontologie de la chair de Merleau-Ponty ouvre la voie, renouvelant en profondeur les humanités environnementales.

Corine Pelluchon est professeur de philosophie à l'université Gustave Eiffel et Fellow au The New Institute à Hambourg. Spécialiste de philosophie morale et politique et d'éthique appliquée (médicale, environnementale et animale), elle a publié une douzaine de livres qui sont pour la plupart traduits dans d'autres langues.
Dernières publications
Manifeste animaliste. Politiser la cause animale, Alma, 2017, Rivages, 2021.
Éthique de la considération, Seuil, 2018, 2021.
Pour comprendre Levinas. Un philosophe pour notre temps, Seuil, 2020.
Réparons le monde. Humains, animaux, nature, Rivages, 2020.
Humains, animaux, nature. Quelle éthique des vertus pour le monde qui vient ?, avec G. Hess et J.-P. Pierron (dir.), Colloque de Cerisy, Hermann, 2020.
Les Lumières à l'âge du vivant, Seuil, 2021.

Yotetsu TONAKI : De l'"infime différence entre l'homme et le non-homme" chez Levinas
Comment approcher des questions sur les "autres qu'humains" dans la perspective de l'"humanisme de l'autre homme" de Levinas ? On se demande souvent, en effet : les animaux ont-ils le visage auquel nous devons répondre ? Qu'en est-il des robots qui semblent pouvoir établir un dialogue avec les hommes ? Avant de répondre directement à ce type de questions, il faut repérer le terrain permettant d'orienter les réflexions du point de vue lévinassien. À ce sujet, l'expression "infime différence entre l'homme et le non-homme", que Levinas utilise dans un passage de Totalité et infini est fortement importante. Le "non-homme" se trouve déjà au cœur de l'œuvre lévinassienne. On peut même dire que les analyses phénoménologiques qu'il développe dans ce livre majeur s'accompagnent toujours d'un effort de mesurer cette "infime différence". Notre communication tentera de dégager certains lieux, ou certains seuils pour ainsi dire, pour examiner les questions des autres qu'humains.

Yotetsu Tonaki est Maître de conférence à l'université Rikkyo, Japon, où il enseigne la philosophie européenne.
Publications
Projet lévinassien. Totalité et infini et la plurivocité de l'humain [japonais], Keiso Shobo, Japon, 2021.
Éditeur, Le singulier et l'universel. Nouvelles perspectives de la philosophie d'Emmanuel Levinas [japonais], Hosei University Press, 2022.
Collectif, Arrachement et évasion : Levinas et Arendt face à l'histoire, Vrin, 2013.
A traduit en japonais les trois volumes d'Œuvres d'Emmanuel Levinas.


Jocelyn BENOIST : Rompre le silence de la phénoménologie
La phénoménologie a poursuivi l'idéal d'une parole du sensible, transformé par là-même en phénomène, c'est-à-dire apparition de quelque chose. Pour un tel point de vue, l'être du sensible, à la limite, s'épuise dans le sens de ce qui serait censé y apparaître. Si cette opération réussit, elle conduit à une forme d'insonorisation du matériau sensible qui, pour ainsi dire assourdi au profit de son sens, ne s'y entend plus. Dès lors, une entreprise d'abord placée sous le signe de la restitution d'une voix au phénomène s'achève systématiquement dans une valorisation du silence : un silence plein de sens à défaut d'être plein de bruit. On relira suivant ce prisme le projet merleau-pontyen d'une "sigétique" et verra comment Levinas s'y oppose à travers son traitement très original de la question du son. L'enjeu sera de cerner la possibilité d'une philosophie réaliste du sensible, au-delà de (et contre) la phénoménologie.

Jocelyn Benoist est Professeur de philosophie contemporaine et de la connaissance à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Publications
Le Bruit du sensible, Éd. du Cerf, 2013.
Logique du Phénomène, Éd. Hermann, 2016.
L'Adresse du Réel, Éd. Vrin, 2017.

Augustin BERQUE : De la nature chez Merleau-Ponty et chez Imanishi
Merleau-Ponty et Imanishi ont en commun une approche de la nature qui évoque fortement la mésologie (l'Umweltlehre selon Uexküll, le fûdogaku 風土学 selon Watsuji), sans toutefois que ni l'un ni l'autre ne s'en réclame dans sa propre conception de la nature. Si Merleau-Ponty a bien consacré une partie de son cours de 1957-1958 aux thèses d'Uexküll (qualifiées de "descriptions"), Imanishi pour sa part ne mentionne ni celles-ci ni celles de Watsuji dans aucun de ses écrits majeurs, bien que son propre concept central, l'écospécie (sumiwake 棲み分け), ait beaucoup à voir avec le contre-assemblage (Gegengefüge) uexküllien et la médiance (fûdosei 風土性) watsujienne. On examine ici dans quelle mesure les propres thèses de chacun des quatre auteurs répondent au principe de la mésologie : l'être se crée en créant son milieu (δημιουργοῦν τὰ περιέχοντα, ἑαυτὸ δημιουργεῖ τὸ ὄν).

Augustin Berque, géographe et orientaliste, est directeur d'études en retraite à l'EHESS. Membre de l'Academia europaea, il a été en 2009 le premier Occidental à recevoir le Grand Prix de Fukuoka pour les cultures d'Asie, et en 2018 le lauréat du Prix Cosmos international.
Publications
Recouvrance. Retour à la terre et cosmicité en Asie orientale (2022).
Dryades et ptérodactyles de la Haute Lande. Dessins et légendes (2022).

Claire DODEMAN : Penser l'engagement politique avec Merleau-Ponty
Penser l'engagement politique avec Merleau-Ponty (Pourquoi s'engage-t-on ? Que met-on en gage lorsqu'on le fait ?) exige de confronter les textes politiques de ce dernier aux fondements phénoménologiques explorés en d'autres lieux par le philosophe. De fait, il n'est d'engagement ordinaire qu'en vertu d'une dimension corporelle plus originaire de l'existence, sol permanent de mes actions. L'essence double de l'engagement ("être pris par" et "prendre part à") donne à voir une liberté concrète contre l'alternative entre une appartenance objective à un monde et la liberté d'un pouvoir-être d'où s'absente toute passivité. L'engagement ainsi conçu structure en conséquence l'existence elle-même, et c'est depuis ce socle philosophique qu'il devient possible d'appréhender les engagements particuliers dans l'action historique.

Agrégée de philosophie, docteure en philosophie de Normandie Université, accueillie précédemment par l'équipe de recherche "Identité et Subjectivité" pour la rédaction de sa thèse de doctorat sous la direction d'Emmanuel Housset, Claire Dodeman enseigne actuellement au lycée Lavoisier de Mayenne. Elle est désormais membre associée de l'équipe de recherche.
Publications
"L'individu et l'histoire : l'engagement politique selon Colette Audry et Maurice Merleau-Ponty", in L'intervalle du pouvoir, postérité politique de Maurice Merleau-Ponty, sous la direction de Jérôme Mélançon, Éd. Kimé, pp. 25-41 (à paraître, 2022).
"Le dilemme du cynique et du coquin. Merleau-Ponty face au réalisme politique en 1945-1946", Revue Tumultes, 2021/1, n°56, juin 2021, pp. 13-32.
"Claude Lefort lecteur de Merleau-Ponty : de "l'expérience prolétarienne" à la "chair du social"", Rue Descartes, 2019/2, n°96, pp. 108-116.
"Qu'est-ce qu'une philosophie militante ? Phénoménologie et engagement dans la pensée de Merleau-Ponty", Les Études phénoménologiques - Phenomenological Studies, n°3, Centre d'études phénoménologiques / Université catholique de Louvain, Éditions Peeters, janvier 2019, pp. 71-84.

Annabelle DUFOURCQ : Les corps fantastiques de la phénoménologie
La question de la relation entre les sujets, leur incarnation et l'imaginaire sera au cœur de cette conférence. On peut contester l'idée que toute la phénoménologie repose sur le primat de la perception et de la présence. Elle se définit plutôt comme la philosophie qui a voulu tenir ensemble les idées et le sensible sans sacrifier les ambitions des premières et la richesse, l'opacité, la chair et les relativités du second. Ce projet a constitué un des ressorts décisifs des différents visages et évolutions de la phénoménologie husserlienne et de ses nouveaux avatars chez les héritiers-dissidents de Husserl. Il y a dès le départ une incarnation fantastique et en droit multiple de la phénoménologie du fait même du rôle clef qu'elle doit accorder aux variations et à l'aura imaginaire des sensations. Nous examinerons comment ce thème du corps et des corps imaginaires (fantômes, mythes, Weltbilder, chair du monde, réalité et son ombre, chimère et animot) se déploie comme l'une des clefs du projet phénoménologique même de Husserl. Il sera aussi question de la manière dont la phénoménologie s'est inventée et fantasmée et des chemins qui s'ouvrent à elle aujourd'hui : je plaiderai pour un usage plus conscient et assumé de cette pluralité des corps fantastiques dans le champ phénoménologique.

Annabelle Dufourcq est Maîtresse de conférences HDR et Associate Professor à l'université Radboud, Pays-Bas, département de métaphysique et anthropologie philosophique.
Publications
La dimension imaginaire du réel dans la philosophie de Husserl, Springer, Phaenomenologica, 2010.
Merleau-Ponty : une ontologie de l’imaginaire, Springer, Phaenomenologica, 2012.
The Imaginary of Animals, Routledge, 2021.

Toshihiro FUJIOKA : Levinas et la pensée économique
Y a-t-il une relation entre la philosophie de Levinas et la science économique au sens strict ? Rien n'est moins sûr. S'il est vrai qu'il ne mentionne presque jamais d'économistes (une exception importante est évidemment Marx), sa pensée contient toutefois beaucoup d'éléments qui trouvent tout naturellement leur place dans cette discipline. Dans son article "Le Moi et la Totalité" (1954), Levinas souligne en effet l'importance de l'argent et de la "justice économique" qu'il rend possible. Ce point de vue qu'il gardera même jusqu'aux années 1980 est d'autant plus remarquable que cette justice, fondée sur la quantification et la comparaison, tranche avec l'éthique de la responsabilité envers autrui. Notre intervention essaiera de faire le point sur la "pensée économique" chez Levinas, en construisant ses dialogues possibles avec des auteurs socio-économiques (Marx, Mauss, Simiand, etc.).

Toshihiro Fujioka est Maître de conférence à la Faculté des arts et des lettres de l'université de Tokyo. Parallèlement aux recherches sur Levinas et aux traductions de ses textes, il traduit également des auteurs comme Alain Caillé et Marc Augé.
Publications
"Lévinas et Rosenzweig face au paganisme", Cahiers d'Études Lévinassiennes, n°8, Institut d'Études Lévinassiennes, 2009, pp. 53-77.
Levinas et l'éthique du lieu (japonais), Presse universitaire de Tokyo, 2014.

Masato GODA : Terre, Au-dessus des eaux, Arche naufragée… Merleau-Ponty et Levinas lecteurs de Proust
Dans l'Autrement qu'être ou au-delà de l'essence (1974), Emmanuel Levinas mentionne Merleau-Ponty quatre fois ; toutes les fois qu'il le mentionne, il s'agit toujours de l'"historicité fondamentale" de Merleau-Ponty : "le regard questionnant n'est que l'impossible synchronisation de l'inassemblable, l'historicité fondamentale de Merleau-Ponty, à laquelle la diachronie de la proximité a déjà échappé" (AQE, p. 76). Si tel était le cas, on pourrait y centrer la problématique "Levinas vs Merleau-Ponty". Or, qu'est-ce que l'"historicité fondamentale" dont parle Merleau-Ponty ? D'abord je m'efforce d'y répondre en lisant le texte de Merleau-Ponty sur Husserl : "Le philosophe et son ombre" dans les Signes (1960). L'"historicité fondamentale" y est liée avec la "Terre" qui est "la matrice de notre temps comme de notre espace" (S., p. 294). Comme on le sait bien, Husserl lui-même l'appelle "Ur-Arche". Celle-ci n'est pas absente chez Levinas selon qui "Il n'est pas interdit à l'"extra-ordinaire" de la responsabilité pour autrui, de flotter au-dessus des eaux de l'ontologie" (AQE, p. 221). Dans ces conditions, je voudrais en deuxième temps me demander ce que signifierait l'"au-dessus des eaux de l'ontologie" par rapport à la "Terre" de Merleau-Ponty.

Masato Goda est Professeur de la section philosophie à l'université Meiji.
Publications
La pensée de Levinas. Berceau de l'espérance (1988).
Lire Levinas (2000).
Jankélévitch. Aux confins de la rhapsodie (2004).
A traduit Totalité et infini, Autrement qu'être ou au-delà de l'essence de Levinas, Humanisme et terreur de Merleau-Ponty.

Gilles HANUS
Gilles Hanus dirige les Cahiers d'études lévinassiennes et enseigne la philosophie dans le secondaire. Il est l'auteur de nombreux articles et de neuf livres.
Publications
Relief de la mémoire, Liber 2021/22.
Quelques usages de la parole, Hermann, 2019.
L'épreuve du collectif, Verdier, 2016.
Échapper à la philosophie ? Lecture de Lévinas, Verdier, 2012.
L'un et l'universel. Lire Lévinas avec Benny Lévy, Verdier, 2007.

Tetsuya KONO : Le "corps-météo-monde" : le translucide et le tournant chez Merleau-Ponty
La philosophie de Merleau-Ponty ne semble pas avoir de théorie du désir. Pourquoi a-t-il négligé le problème du désir ? Ma réponse est que le but ultime de la philosophie de Merleau-Ponty est d'ouvrir "les portes de la perception" qui limitent notre accès au monde et de vivre dans le monde sans rien désirer. C'est le monde de l'éternel recommencement sans aucune mémoire ni histoire. C'est le monde dans lequel rien ne se répète jamais, et dans lequel ni le but ni le sens ne sont encore nés, mais restent potentiels à tout moment. Dans ce monde, personne ne peut avoir de désir parce qu'un désir prend place par une comparaison de plus de trois choses. Une comparaison a besoin de mémoire et d'histoire. La philosophie de Merleau-Ponty sert à percevoir et à célébrer ce monde de l'éternel recommencement.

Tetsuya Kono est Ph.D (Philosophie). Professeur au département de l'éducation, Collège of Arts de l'université Rikkyo, Japon. Ses principaux intérêts de recherche sont la phénoménologie, la philosophie de l'esprit et la psychologie philosophique. Il s'intéresse également à la philosophie de l'environnement et à l'éthique environnementale.
Publications
Phénoménologie de l'environnement (2016)
Phénoménologie des frontières (2014)

Dorothée LEGRAND : Les corps parlants de Levinas et Merleau-Ponty — lecture psychanalytique
Alors que les linguistes auront détaillé la distinction entre le langage, la langue et la parole, Maurice Merleau-Ponty aura préféré, sur fond de silence, la parole parlante à la parole parlée, et Emmanuel Levinas aura lui insisté sur l'irréductibilité du Dire au Dit. Chaque fois est en jeu un rapport du parlant non seulement à lui-même et au monde, mais aussi, inextricablement, à l'autre — chaque fois est en jeu une éthique, donc. Orientées par la psychanalyse qui pose l'hypothèse d'un inconscient structuré comme un langage et fonde sa pratique sur la parole et l'écoute, psychanalyse qui conçoit le langage comme structure et la parole comme adresse, nos lectures nous amèneront à considérer cette (ou ces) éthique(s) d'un point de vue temporel : parlant, à quelle histoire (à venir) sommes-nous assujettis, de quelle histoire (à venir) sommes-nous les sujets, à quelle histoire (à venir) pouvons-nous répondre, de quelle histoire (à venir) pouvons-nous assumer la responsabilité ?

Dorothée Legrand est chercheur en philosophie (CNRS, Archives Husserl, École Normale Supérieure, Université Sciences et Lettres de Paris). Elle est aussi psychologue clinicienne et psychanalyste (IHEP - Institut des Hautes Études en Psychanalyse), et pratique en libéral et auprès des personnes exilées, avec les associations MigrENS et Le Chêne et l'Hibiscus. Depuis 2014, elle anime le séminaire "Articulations philosophiques et psychanalytiques" à l'École Normale Supérieure de Paris. En 2019, elle a publié une monographie Écrire l'absence - Au bord de la nuit chez Hermann.

Masumi NAGASAKA : Levinas et sa transformation du concept de l'expérience
Dans son manuscrit relatant son cours sur Heidegger conduit de 1964 à 1965, Heidegger – la question de l'Être et l'Histoire, Derrida présente brièvement une esquisse de la transformation de la notion d'expérience chez Hegel, Heidegger et Levinas. Cet exposé tentera d'éclaircir l'enjeu de cette ébauche en faisant apparaître son arrière-plan, notamment en se référant à "Hegel et son concept de l'expérience" de Heidegger. Derrida y suggère la possibilité de localiser la notion lévinassienne d'"expérience" au-delà de celles de Hegel et de Heidegger, en la liant à la notion du "passé" qui ne devient jamais le présent. La question consiste à comprendre en quel sens Levinas est désigné comme un déconstructeur de la philosophie de la présence et comment cette déconstruction ouvre la notion nouvelle d'expérience.

Masumi Nagasaka, docteur en philosophie et maître de conférences à l'université de Waseda, étudie la phénoménologie française en tant qu'héritière de la philosophie transcendantale et de la phénoménologie allemandes. Sa thèse de doctorat porte sur La foi dans la méfiance — "la possibilité de l'impossibilité" chez Derrida, à travers sa lecture de Husserl, Heidegger et Levinas (2013).

Orietta OMBROSI : Le face-à-face de Levinas avec l'"animal" et la critique de Derrida
Cette communication portera sur la question hyperbolique du visage de l'animal. Il s'agira de souligner les défis qu'elle représente, en insistant aussi tout particulièrement sur l'urgence de l'interrogation de Jacques Derrida à propos de Levinas : "le fait que le penseur juif qui passe, sans doute à juste titre, pour le plus soucieux d'éthique et de sainteté en ce siècle, Emmanuel Levinas, n'a pas fait de l'animal au moins une grande interrogation au cœur de son œuvre" est, aux yeux de Derrida, une énigme. Il a du mal à comprendre que le philosophe de l'altérité et de l'éthique ne se soit pas réellement interrogé sur "l'animal". Cela le préoccupe plus que la constatation des défaillances et des dénégations des autres philosophes abordés et questionnés dans L'animal que donc je suis. Il conviendra de se demander pourquoi. Enfin, nous nous attarderons sur la réponse donnée par Levinas, où le serpent devient le centre, voire l'exemple, de son argumentation ainsi que de la critique serrée de Derrida vis-à-vis de l'énigmatique et problématique aveu levinassien : "je ne sais pas si le serpent a un visage".

Orietta Ombrosi est Maître de Conférences au Département de Philosophie, Sapienza Université de Rome, où elle enseigne Philosophie Morale. Elle a obtenu son Ph.d à l'université Paris X-Nanterre, a enseigné aux Départements de Philosophie de l'université de la Méditerranée, de l'université de Bologne et à Divinity School, The University of Chicago.
Dernières publications
Avec R. Zagury Orly, Derrida-Levinas. An Alliance awaiting the political, fran./angl., Mimesis International, 2018.
Le collectif Nuclear Power. A scientific and philosophical issue from 1945 to today, ita./angl., Mimesis, 2020.
Le bestiaire philosophique de J. Derrida, PUF, 2022, à paraître.

Emmanuel de SAINT AUBERT : La portance chez Merleau-Ponty
Merleau-Ponty caractérise l'être humain comme "une autre manière d'être corps". Ce style qui fait notre chair est marqué par la relation et l'ouverture : la relation au monde et à autrui, elle-même plongée dans (et rendue possible par) notre ouverture, dans le désir et la foi perceptive, à une indétermination polymorphe — l'espace et le temps, la profondeur, l'horizon, le silence, et plus largement toutes les figures de ce que Meleau-Ponty en vient à nommer "l'être". L'être n'est ni monde ni chair mais en "porte" la manifestation et les relations, l'existence et la coexistence. C'est cette "portance" qui sera ici interrogée, ainsi que son absence ou son contraire, selon une approche dialectique et critique. Car si l'être ouvre notre chair et la travaille, c'est aussi en la déstabilisant, dans une contingence et une adversité où la bascule entre sens et non-sens, profondeur et abîme, verticalité et vertige, est toujours possible, sinon imminente.

Emmanuel de Saint Aubert est directeur de recherche au CNRS, à l'École Normale Supérieure. Parallèlement à ses travaux sur Merleau-Ponty, il développe une anthropologie de la portance attentive à ses enjeux ontologiques, éthiques et cliniques.
Publications
Être et chair II. L'épreuve perceptive de l'être : avancées ultimes de la phénoménologie de Merleau-Ponty, Paris, Vrin, 2021.
"Introduction à la notion de portance", in Archives de philosophie, Tome 79, 2016, n°2, pp. 317-343 [en ligne].
"La chair ouverte à la portance de l'être", in Alter, n°23, "Anthropologies philosophiques", 2015, pp. 168-185 [en ligne].
Être et chair I. Du corps au désir : l'habilitation ontologique de la chair, Paris, Vrin, 2013.

Nao SAWADA : L'écologie et l'existence : l'héritage phénoménologique chez André Gorz
Préoccupés par la destruction de l'environnement, la plupart des penseurs écologiques critiquent l'anthropocentrisme. Or, pour André Gorz, l'écologie ne s'oppose pas seulement à l'humanisme, mais sollicite même l'humanisme dans la mesure où elle envisage avant tout l'émancipation humaine liée à nos modalités de vie et de travail. Il s'agit, en effet, d'une discipline anticapitaliste et subversive. Ainsi, la question de l'autonomie existentielle joue un rôle prépondérant dans l'écologie politique et socialiste, qui nous semble s'enraciner dans l'existentialisme sartrien dont la question du sujet (sa liberté, son aliénation et sa générosité) est inséparable de celle de l'éthique. On peut repérer également l'influence de Husserl et Merleau-Ponty chez Gorz. Nous nous proposons de relever l'héritage phénoménologique et existentialiste dans la pensée écologique gorzienne.

Nao Sawada est Professeur à l'université Rikkyo (Tokyo) et Docteur en philosophie à l'université de Paris I, Panthéon-Sorbonne. Sa thèse s'intitule "Écriture et morale: Question éthique chez Sartre". Ses domaines de recherche concernent la littérature et la philosophie.
Publications
Jean-Luc Nancy : étude de partage (en japonais, 2013).
L'Appel à l'aventure : lecture éthique de Sartre (en japonais, 2002).
A traduit Les Mots, Les Chemins de la liberté de Jean-Paul Sartre, Sarinagara de Philippe Forest ainsi que Le livre de l'intranquillité de Fernando Pessoa.

Tetsuo SAWADA : Folie de la vision : la question du narcissisme dans la pensée phénoménologique de Merleau-Ponty
Il va sans dire que la notion centrale de la phénoménologie de Merleau-Ponty est le "corps" : le "corps phénoménal" (Phénoménologie de la perception) et la "chair" (Le visible et l'invisible). La spécificité de sa discussion consiste en ceci que, dans ses Cours de Sorbonne et Le visible et l'invisible, il introduit la notion freudienne (et aussi piagétienne) de "narcissisme" au moment de la constitution phénoménologique de ce "corps". La question qui se pose dans cette perspective est de savoir dans quelle mesure et pour quelle raison il se réfère à cette notion qui apparemment s'éloigne de la phénoménologie au sens général. En vue d'éclaircir cette question, cet exposé examinera tout d'abord l'approche merleau-pontienne du "narcissisme" et ensuite précisa son statut dans la théorie merleau-pontienne du "corps".

Tetsuo Sawada est Docteur (Philosophie à l'université Paris XII sous la direction de Marc Richir) et Maître de conférences au Département de l'éducation de Tohoku University. Il travaille sur la phénoménologie et l'anthropologie de Maurice Merleau-Ponty et de Marc Richir. Il est également traducteur des textes de Richir.
Publications
Merleau-Ponty. Phénoménologie et pathologie (en japonais, 2012).
Aux marges de la phénoménologie. Lectures de Marc Richir (éd. S.-J. Arrien, J.-S. Hardy et J.-F. Perrier, Hermann, 2019).
Phénoménologie de l'enfance. Merleau-Ponty à la Sorbonne (en japonais, 2020).

Yasuhiko SUGIMURA : Descente en deçà de l'être : Levinas et Nishida entrecroisés
Si l'on comprend "l'être" au sens heideggérien, l'orientation majeure de la pensée de Lévinas est caractérisée, bien évidemment, par la formule d'"au-delà de l'être". Il ne faut pas pourtant oublier que cette pensée a frayé en même temps une voie tout à fait singulière qui nous mène à la descente "en deçà de l'être", dont le témoignage le plus insolite se trouve dans sa réduction de toutes les choses au fait brut qu'"il y a", existence sans existant, où seul le "poids" de l'être s'impose. La démarche des philosophes de l'École de Kyoto, tels que Nishida et Tanabe, paraît, à première vue, diamétralement opposée à cette descente vers le fond absolument hylétique de la réalité, dans la mesure où elle semble consister dans le dépassement de l'être par ce qu'ils appellent le "néant absolu". Cependant, par le fait qu'ils ont élaboré cette conception à travers la relecture singulière de la khôra platonicienne, nous pouvons attendre de leur philosophie du néant absolu une contribution originale à la thématique de l'hylétique primordiale. Notre conférence a pour objectif de le montrer par différents biais.

Yasuhiko Sugimura est professeur de philosophie de la religion à l'université de Kyoto. L'intérêt principal de ses recherches est de concevoir une possible "philosophie de la religion" à l'ère postmoderne sous la double inspiration de la philosophie contemporaine française (Ricœur, Lévinas, Derrida, Henry, etc.) et de la philosophie de l'École de Kyoto (Nishida, Tanabe, Nishitani).
Publication
A co-édité La philosophie japonaise. Le néant, le monde et le corps, J. Vrin, 2013.


BIBLIOGRAPHIE :

Emmanuel LEVINAS

Œuvres complètes, Paris, IMEC/Grasset, T. 1. Carnets de Captivité et Autres Inédits, 2008 ; T. 2, Parole et Silence et Autres Conférences inédites, 2011 ; T. 3, Éros, littérature et philosophie, 2013 ; T. 4 à paraître incluant Totalité et Infini.
Quelques réflexions sur la philosophie de l'hitlérisme (1934), Paris, Payot-Poche, 1997.
De l'évasion (1935), Paris, Le Livre de Poche, "Biblio-Essais", 1998.
De l'existence à l'existant (1947), Paris, Vrin, 2002.
En découvrant l'existence avec Husserl et Heidegger (1949), Paris, Vrin, 1998.
Totalité et Infini. Essai sur l'extériorité (1961), Paris, Le Livre de Poche, "Biblio Essais", 1994.
Difficile liberté (1963), Paris, Le Livre de Poche, "Biblio-Essais", 2003.
Humanisme de l'autre homme (1972), Paris, Le Livre de Poche, "Biblio-Essais", 1987.
Autrement qu'être ou au-delà de l'essence (1974), Paris, Le Livre de Poche, "Biblio-Essais", 1996.
Noms propres (1976), Paris, Le Livre de Poche, "Biblio Essais", 1987.
Le Temps et l'Autre (1979), Paris, PUF, "Quadrige", 1983.
De Dieu qui vient à l'idée (1982), Paris, Vrin, 2004.
Entre nous. Essais sur le penser à l'autre (1991), Paris, Le Livre de Poche, "Biblio-Essais", 1993.
Dieu, la mort et le temps (1993), Paris, Le Livre de Poche, "Biblio-Essais", 1995.
Hors sujet, Paris, Le Livre de Poche, "Biblio-Essais", 1997.
Les Imprévus de l'histoire, Paris, Le Livre de Poche, "Biblio-Essais", 2000.

Cahiers d'études lévinassiennes : https://levinas.fr/cahiers-detudes-levinassiennes/

• Yasuhiko Murakami & Mao Naka, "Dans une culture sans Dieu. Levinas au Japon", Cahiers d'études lévinassiennes, "Messianisme", 2005, n°4, p. 409-438.

Maurice MERLEAU-PONTY

Œuvres, Sous la direction de Claude Lefort, Paris, Quarto/Gallimard, 2010.
Structure du comportement (1942), Paris, PUF/Quadrige, 2018.
La Phénoménologie de la perception, Paris, NRF, Gallimard, 1945.
Éloge de la philosophie, Leçon inaugurale faite au Collège de France, le jeudi 15 janvier 1953, NRF, Gallimard, 1953.
Signes, NRF, Gallimard, 1960.
Le Visible et l’invisible, Publié par Cl. Lefort, Paris, Gallimard, 1964, 1998.
L'Œil et l'esprit, Gallimard, 1960.
La Prose du monde, Paris, Gallimard, 1969.
La Nature. Notes. Cours du Collège de France, Établi et annoté par D. Séglard, Paris, Seuil, 1995.
Causeries 1948, S. Ménasé, Paris, Seuil, 2002.
Merleau-Ponty. Avec un texte inédit de Merleau-Ponty, La nature ou le monde du silence, Sous la dir. d'E. de Saint Aubert, Paris, Hermann, 2008.

PHILOSOPHIE JAPONAISE

• Bernard Stevens, Topologie du néant. Une approche de l'école de Kyōto, Peeters, 2000.
• Bernard Stevens, Invitation à la philosophie japonaise : autour de Nishida, Paris, CNRS Éditions, 2005.
• "Phénoménologie japonaise", Philosophie, 2003, n°79.
Aufnahme und Antwort. Phaenomenologie in Japan I, Hrsg. Y. Nitta / T. Tani, Koenigshausen & Neumann, 2011.
• "Philosopher au Japon aujourd'hui", Revue philosophique de la France et de l'étranger, 2011/3, Tome 136.


PARTENARIAT :

• Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMEC)


SOUTIENS :

Rikkyo University
• Société japonaise des études lévinassiennes
• Laboratoire interdisciplinaire d'étude du politique - Hannah Arendt (LIPHA)

Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


LA MER, NOUVEL HORIZON DES ÉNERGIES


DU MERCREDI 29 JUIN (19 H) AU DIMANCHE 3 JUILLET (14 H) 2022

[ colloque de 4 jours ]


"Il est […] lui seul la lumière de cette mer", Jules Michelet
© Arseni Mourzenko


DIRECTION :

Martine BARTOLOMEI, Francis BEAUCIRE, Arnaud PASSALACQUA


ARGUMENT :

Cinquante ans après la publication du rapport Meadows, on assiste à une démultiplication de facteurs indiquant que l'espèce humaine atteint les limites du monde qui l'accueille. Longtemps considérée comme mystérieuse et menaçante, la mer réapparaît dans le jeu de la globalisation, amorcé dès la Renaissance, grâce aux échanges transocéaniques. Depuis, elle accompagne les mouvements de l'économie, des relations internationales et de l'industrialisation, jusqu'à devenir le support essentiel des échanges commerciaux d'une société où porte-conteneurs et câbles sous-marins figurent dans la pénombre du tableau. Le tournant écologique projette sur la mer une lumière nouvelle en l'érigeant comme un front pionnier appelé à s'ouvrir grâce aux énergies marines. Si la plupart des centrales marines demeurent expérimentales et méconnues, les éoliennes en mer focalisent l'attention et deviennent, bien au-delà des cercles experts, un thème de débat familier. Cette position particulière peut s'expliquer par leur lien avec les éoliennes terrestres, objets courants et toujours plus contestés, mais aussi par leur taille gigantesque. En outre, ces solutions énergétiques peuvent se heurter à d'autres dynamiques sociales comme les enjeux liés à la biodiversité, aux ressources en matériaux ou au caractère recyclable des dispositifs.

Pour envisager l'extension à la mer de la production électrique, il faut admettre que le milieu marin, loin d'être un espace vide, est investi, habité, imaginé et projeté. Sans parler des pratiques, de la pêche aux plaisanciers, nombre des regards construits sur la mer s'ancrent dans les imaginaires du monde industriel, si l'on pense par exemple au rôle du chemin de fer dans la découverte des littoraux et dans l'avènement des loisirs et l'installation d'une population nombreuse à proximité des côtes. L'émergence des énergies marines vient donc renouveler les relations que l'on entretient avec cet espace et pose la question de l'avenir de nos rapports avec la mer. C'est donc aussi un enjeu de démocratie qui se joue. Il suppose la recherche d'innovations des formes et modalités de décision, comme beaucoup de problèmes soulevés par les défis énergétiques et climatiques. C'est dans ce contexte et sur la base d'une confrontation d'expériences que ce colloque, réunissant des intervenants de divers horizons disciplinaires et professionnels, proposera un débat de société, ouvert à des auditeurs intéressés par le sujet.


MOTS-CLÉS :

Climat, Débat public, Démocratie, Écologie, Énergie renouvelable, Éoliennes, Industrie, Limites, Mer


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 29 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 30 juin
QUAND L'ÉNERGIE (RE)DEVIENT PALPABLE
Matin
Le retour de l'énergie sur nos territoires et dans nos imaginaires ?
Retour historique sur les processus de mise à distance, de concentration et d’invisibilisation des lieux de production d’énergie, notamment par l’électrification, table ronde avec Sylvain ALLEMAND (Journaliste), Francis BEAUCIRE (Géographe, Univ. Paris I Panthéon-Sorbonne) et Arnaud PASSALACQUA (Historien, Univ. Paris-Est Créteil) [La mer, l'énergie et l'action publique : quelques perspectives historiques — enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Nouveaux imaginaires, nouvelles matérialités et nouveaux territoires de l'énergie, table ronde animée par Annaïg OIRY (Géographe, Univ. Gustave Eiffel), avec Alain NADAÏ (Socio-économiste, Cired) et Grégoire WALLENBORN (Physicien et philosophe, Univ. libre de Bruxelles)

Après-midi
De la terre à la mer : ce que change la maritimité aux enjeux énergétiques
Sylvain ALLEMAND : Autour de Paysages et énergies
Paul NEAU (Ingénieur écologue, négaWatt) : La mer, nouvel horizon des énergies renouvelables

Éolien terrestre, éolien en mer : quels liens ?, entretien entre Arnaud PASSALACQUA et Sylvain ROCHE (Économiste, Sciences Po-Bordeaux)

Soirée
Retour sur les débats publics éoliens en mer
Projection du documentaire Des voix dans le vent – Épisode 1 (ANEKDOTA Productions)
Retour sur le débat normand, avec Francis BEAUCIRE
Retour sur le débat EOS, avec Martine BARTOLOMEI
Discussion et commentaires, avec Annaïg OIRY (Géographe, Univ. Gustave Eiffel) et Patrick MOQUAY (ENSP Versailles)


Vendredi 1er juillet
"HORS LES MURS" — VISITES DE TERRAIN
Matin
Phare de Gatteville
Objet technique et paysage marin : du phare à l'éolienne ?, avec Vincent GUIGUENO (Historien, Musée du Quai Branly)

Après-midi
Saint-Vaast-la-Hougue
Enjeux de paysage : projets de parc éolien, avec Auréline DOREAU (CLER), Emmanuel FAUCHET (Directeur CAUE 50), Stéphanie LANGEVIN (Paysagiste, CAUE 50) et Damien LEVALLOIS (Dreal de Normandie)

Soirée
L'éolien flottant nous porte-t-il toujours plus loin ? Le grand large et les abysses, dialogue animé par Martine BARTOLOMEI (Journaliste), entre Alexis DARQUIN (Chef de projet énergies renouvelables – éolien offshore, Equinor) et Jean-Claude DAUVIN (Océanographe, Univ. de Caen)


Samedi 2 juillet
MER ET ÉNERGIE, INSTALLER LE DÉBAT DE SOCIÉTÉ DANS LE TEMPS LONG
Matin
Un débat oui, mais avec qui ?
Jean-Eudes BEURET (Économiste, Agrocampus-Ouest) : Itinéraire d'un projet gâté en Baie de Saint-Brieuc : la confiance, comment la construire, comment l'anéantir ?

Quels horizons pour le débat ?
Nicolas BOILLET (Juriste, Univ. de Bretagne occidentale) : Les instruments juridiques du développement de l'éolien en mer : programmation, planification, participation

Après-midi
Olivier LABUSSIÈRE (Géographe, CNRS) & Alain NADAÏ (Socio-économiste, Cired) : Le montage en cours d'un observatoire socio-économique de l'arrivée des éoliennes en mer
Denis LACROIX (Prospectiviste, Ifremer) : De l'énergie à l'écosystème : vues prospectives sur les énergies marines renouvelables

Soirée
Jeux "sérieux" autour de l'énergie et du climat, animés par Arnaud PASSALACQUA & Luc PICOT (CNDP), avec Hugo CORDIER (Politiste)


Dimanche 3 juillet
AU-DELÀ DE L'ÉNERGIE, LES NOUVEAUX HORIZONS DE LA MER
Matin
Synthèse et ouverture
Gilles DEBIZET (Urbaniste, Univ. Grenoble Alpes) : Comment un territoire absorbe un grand parc éolien en mer ? [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Quelles pistes pour la participation citoyenne au débat de société sur les énergies et pour l'action publique ?, table ronde animée par Francis BEAUCIRE, avec Yves ASSELINE (Maire de Réville), Catherine KERSUAL (CESER Normandie) et Manuela MAHIER (Maire de La Hague)

Denis LACROIX (Prospectiviste, Ifremer) : Perspectives pour le colloque "Futurs de l'océan, des mers et des littoraux" (Cerisy, du 17 au 23 septembre 2022)

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Arnaud PASSALACQUA : La mer, l'énergie et l'action publique : quelques perspectives historiques
La mer s'impose aujourd'hui comme un nouvel horizon des énergies, d'abord par les projets éoliens, puis, peut-être, par les perspectives d'autres énergies marines : hydroliennes, algocarburants… Ce déplacement des lieux de production énergétique vers la mer rappelle les relations anciennes tissées entre le déploiement des convertisseurs énergétiques de l'époque industrielle, les espaces qu'ils occupent et l'image de puissance et de souveraineté qu'ils portent. L'industrialisation a mis à distance les convertisseurs, jusqu'à les réduire en un nombre assez faible de centrales nucléaires en France, reliées par le réseau électrique aux lieux de consommation. De même, le pétrole est venu de loin, voire de la mer, sans que nous nous interrogions sur son ancrage dans nos territoires. L'énergie a ainsi disparu du paysage contemporain en même temps que sa consommation s'est accrue.
Que se joue-t-il donc lorsque les énergies renouvelables viennent perturber cette configuration territoriale, en se déployant en de petits objets, atomisés et de faible puissance ? La tentation n'apparaît-elle pas, pour les industriels comme pour l'État, de reprendre la main en poussant au déploiement d'objets toujours plus gros et puissants, dont l'icône est l'éolienne en mer ? Dès lors, ce sont les lignes historiques des liens entre l'action publique d'État et la mer qui se dessinent au loin : recherche de la puissance par l'extension au-delà du continent et imaginaire d'un territoire vide, susceptible d'être investi pour les usages réputés légitimes car au service de la puissance.
Cette intervention, en guise d'introduction au colloque, propose une première approche de ces éléments en les mettant en tension sur un long terme historique.

Arnaud Passalacqua est historien, professeur en aménagement de l'espace et urbanisme à l'École d'urbanisme de Paris (Lab'urba/LIED). Ses travaux portent sur les transports et les mobilités dans la longue durée. Ils utilisent des perspectives transversales pour proposer une compréhension des enjeux contemporains fondés sur le temps long : espace public, circulation transnationale, innovation... Il travaille également sur des questions énergétiques, en lien avec les mobilités, notamment l'enjeu du rationnement fondé sur le carbone. Il a été membre de la commission particulière du débat public chargé du débat sur les parcs éoliens en mer au large de la Nouvelle Aquitaine.


Jean-Eudes BEURET : Itinéraire d'un projet gâté en Baie de Saint-Brieuc : la confiance, comment la construire, comment l'anéantir ?
Initié en 2011, le Parc éolien de Saint-Brieuc fut un projet gâté, marqué notamment par une coopération exemplaire entre le développeur et la pêche professionnelle, source de nombreux ajustements et d'une co-appropriation du projet. Dépassant une simple négociation, la concertation permet alors de produire des proximités et une confiance qui portent l'acceptation. Dès 2017, cette patiente construction est mise à l'épreuve d'innovation technologiques qui redessinent le projet, puis de controverses scientifiques, d'engagements jugés non tenus par les uns et non tenables par les autres, de difficultés créés par une co-appropriation qui se révèle ne pas être l'horizon rêvé de l'acceptation. Si les parties prenantes puisent dans les proximités construites par le processus pour surmonter les premières épreuves, la perte de confiance les engage ensuite dans un conflit marqué une montée en échelle qui, que le projet soit mis en œuvre ou non, en fera un projet "gâté". Cas d'étude de la construction d'un intérêt général territorialisé de 2011 à 2015, le processus a ensuite été analysé en 2018 puis en 2022 : cette recherche en longue période nous permet d'identifier les déterminants de l'évolution de l'acceptation, les effets des dynamiques concertatives et conflictuelles, puis d'en tirer des enseignements opérationnels. Nous identifierons notamment quelques conditions sine qua non sans lesquelles l'horizon des énergies, en mer, pourrait rester singulièrement bouché.

Jean-Eudes Beuret est économiste, professeur à l'Institut AGRO, à Rennes (Agrocampus-Ouest), au département "Économie Gestion Société" et au pôle halieutique. Rattaché à l'UMR CNRS "Espaces et Sociétés" 6590, ses recherches portent sur la conduite de la concertation pour la gestion des ressources naturelles, de l'environnement et des territoires. Il travaille notamment sur les processus de construction de l'acceptabilité d'infrastructures liées aux Énergies Marines Renouvelables ou d'Aires Marines Protégées.
Publications
Beuret J.-E., Cadoret A., "Aires protégées, éoliennes, transport : comment concilier enjeux locaux et globaux sur le littoral ?", VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Vol. 17, n°3, décembre 2017 [en ligne].
Beuret J.-E., Cadoret A., Rey-Valette H., "Développement durable en zones côtières : comment territorialiser l'intérêt général environnemental ? Un cadre d'analyse", Développement Durable et Territoires, Vol. 7, n°3, 2016.
Beuret J.-E., "La confiance est-elle négociable ? La construction d'un intérêt général territorialisé pour l'acceptation des parcs éoliens offshore de Saint-Brieuc et Saint-Nazaire", Géographie Économie et Société, Vol. 18, n°3, 2016.

Nicolas BOILLET : Les instruments juridiques du développement de l'éolien en mer : programmation, planification, participation
Les objectifs actuels de la transition énergétique font du développement de l'éolien en mer une source d'énergie indispensable au mix énergétique d'ici 2050. Face à un cadre juridique éclaté, mobilisant le droit de l'énergie, le droit de l'environnement et le droit de la mer et du littoral, les pouvoirs publics ont progressivement simplifié et adapté les régimes juridiques applicables aux énergies renouvelables en mer. La loi ESSOC du 10 août 2018 a notamment constitué une avancée importante en permettant d'apprécier la localisation et la pertinence des projets lors de débats publics. Néanmoins, la planification de l'éolien en mer et l'appropriation des projets par le public représentent deux écueils potentiels pour la transition énergétique. Alors que le gouvernement envisage une planification écologique, le cas de l'éolien en mer démontre la nécessité d'améliorer l'articulation entre la programmation énergétique, la prise en compte de l'environnement marin et la planification de l'espace maritime.

Nicolas Boillet est juriste, maître de conférences en droit public, HDR, à l'université de Bretagne occidentale. Il est membre de l'UMR 6308 AMURE. Ses recherches portent principalement sur le patrimoine naturel et culturel, la planification de l'espace maritime et les énergies renouvelables en mer. Il dirige le master Droit des activités maritimes de l'Institut universitaire européen de la mer et de la faculté DEGAES (UBO).
Publications
N. Boillet, "Le droit de l'exploitation de l'énergie et de l'eau", titre 76, in Droits maritimes, coll. "Dalloz Action", Dalloz, 2021, p. 1696-1715.
N. Boillet, "Quelles avancées pour la planification des énergies marines renouvelables en mer ?", Énergie, Environnement, Infrastructures, LexisNexis, n°2, février 2019, p. 20-26.
N. Boillet, "L'avis conforme relatif aux parcs naturels marins et les projets d'énergies marines renouvelables. Autour du cas du parc éolien en mer Dieppe-Le Tréport", Droit maritime français, n°803, juin 2018, p. 565-576.

Gilles DEBIZET : Comment un territoire absorbe un grand parc éolien en mer ?
Synthèse conclusive et orientée du colloque
La mer constitue le dernier espace de la conquête énergétique. L'État planifie d'immenses parcs éoliens au large des côtes : il décide de leur taille et de leur localisation avant d'en confier la construction et l'exploitation à des entreprises européennes censées minimiser le prix de l'électricité au bénéfice conjoint d'une transition écologique et des consommateurs français. Il renouvelle aussi le mythe d'eldorado énergétique que le charbon puis le pétrole et, plus récemment, le nucléaire ont incarné. Cette synthèse relit les 3 journées du colloque au prisme de notion de territoire. Entrelacs de ressources et d'acteurs, le territoire côtier s'efforce d'ajuster les caractéristiques du parc éolien à ses propres dynamiques (résidentielles, touristiques, halieutiques, industrielles…) ; les écarts d'éloignement de la côte entre les différents parcs éoliens l'illustrent. Caisse de résonnance des contestations, le débat public travaille — a fortiori lorsqu'il est houleux — opère cet ajustement. Scène d'émergence et de confrontation d'idées, le débat public amorce des récits territoriaux plus ou moins partagés qui faciliteront — ou pas — la construction ultérieure de projets de territoire dont le parc éolien serait un composant et non plus le reflet d'une intrusion et d'une impuissance (face à l'État). Ainsi, la planification étatique des grandes infrastructures de production énergétique est à considérer comme une phase d'un long et délicat processus par lequel les territoires absorbent ces infrastructures.

Gilles Debizet est enseignant-chercheur en urbanisme à l'université Grenoble Alpes (UGA). Au sein du laboratoire PACTE, ses travaux portent sur l'intégration des enjeux environnementaux dans la fabrique de la ville et des territoires. Depuis quelques années, il analyse la territorialisation de l'énergie et l'assemblage des systèmes reliant la production d'énergie renouvelable et sa consommation. Il participe à la programmation et à l'évaluation de la recherche française sur l'énergie auprès de l'ADEME, de l'ANR et du CNRS. Il a coordonné les ouvrages Scénarios de transition énergétique en ville (Documentation Française) et Local Energy communities (Routledge).

Denis LACROIX : De l'énergie à l'écosystème : vues prospectives sur les énergies marines renouvelables
Les technologies d'énergies marines renouvelables sont devenues depuis deux décennies des composantes d'importance croissante de la sécurité énergétique des pays maritimes. Au départ, il s'agissait de transposer la technologie des parcs éoliens terrestres à des sites favorables en mer. Dès les premières installations de parcs marins, il est apparu une double interaction. D'abord, avec le milieu naturel, car l'espace marin est à trois dimensions avec un milieu riche au plan biologique et en évolution permanente. Ensuite, avec les usagers de la mer et les riverains, souvent peu pris en compte dans les décisions d'aménagement des parcs. L'expérience acquise sur le terrain en Europe et les dispositifs d'information et de débat ont permis une meilleure concertation autour des projets en cours ou à venir. L'approche prospective permet d'éclairer les choix d'aménagement et d'esquisser des trajectoires d'évolution.

Ingénieur agronome spécialisé en aquaculture et docteur en sciences animales, Denis Lacroix est chercheur à l'IFREMER, en charge depuis 2006 de la fonction de veille et de prospective auprès de la direction générale de cet institut. Il a participé à de nombreuses études de prospective portant sur les énergies marines renouvelables (2008), l'environnement à 2100, les ressources marines minérales profondes, la montée du niveau de la mer… Il est membre de plusieurs réseaux de prospectivistes, français et européens.

Alain NADAÏ
Alain Nadaï est socio-économiste, directeur de recherche (DR2 CNRS) au Centre International de Recherche sur l'Environnement et le Développement (CIRED - CNRS). Ses recherches ont porté sur les controverses environnementales (taxation carbone énergie, écolabels de produits) ainsi que sur les politiques de l'environnement, de l'énergie et du paysage. Elles se concentrent aujourd'hui sur les enjeux sociaux, institutionnels et territoriaux de la transition énergétique, sujet sur lequel il a contribué à la rédaction du rapport du GIEC sur les énergies renouvelables (SRREN, 2011) et coordonné plusieurs projets de recherche et ouvrages, dont récemment Energy transitions : a Socio-technical Inquiry (Palgrave McMillan, 2018).

Paul NEAU : La mer, nouvel horizon des énergies renouvelables
En 1991, le premier parc éolien en mer (et le premier parc éolien terrestre en France) entrait en fonctionnement au Danemark. Aujourd'hui une douzaine de pays européens accueillent environ 120 parcs d'éoliennes en mer, la plupart sous la forme d'éoliennes posées au fond de la mer, quelques-uns avec des éoliennes flottantes. Nous avons ainsi des retours d'expériences significatifs. La France a été pionnière mondiale dans l'exploitation de l'énergie marémotrice, avec l'usine de la Rance (Ille-et-Vilaine). Les sites propices sont rares et les impacts environnementaux majeurs. Les autres énergies renouvelables marines incluent les hydroliennes (exploitation des courants marins), l'énergie des vagues et l'énergie thermique des mers. L'énergie éolienne est aujourd'hui, avec le solaire, un moyen de production d'électricité moins couteux que les énergies fossiles et fissiles. Les mers constituent des horizons privilégiés pour l'exploitation des énergies renouvelables, éolien en tête, pour une planète peu émettrice de gaz à effet de serre.

Paul Neau est ingénieur en énergie et environnement et membre de la compagnie des négaWatts ; l'association négaWatt promeut une transition énergétique (pas qu'électrique) basée sur la trilogie : sobriété, efficacité énergétique et développement du mix des énergies renouvelables, permettant une France 100% renouvelables en 2050 : negawatt.org/Scenario-negaWatt-2022.

Sylvain ROCHE
Docteur en sciences économiques de l'université de Bordeaux, Sylvain Roche est ingénieur de recherche à la chaire TRENT (Transitions Énergétiques Territoriales) de Sciences-Po Bordeaux. Enseignant-chercheur associé au centre Émile-Durkheim, il mène des recherches sur la décarbonation du secteur maritime et la marinisation des systèmes énergétiques. Il coordonne le futur cahier énergie du Comité scientifique régional sur le changement climatique AcclimaTerra, dont la publication est attendue pour début 2023.

Grégoire WALLENBORN
Grégoire Wallenborn a une formation diversifiée et interdisciplinaire comprenant la physique, la philosophie, l'histoire des sciences, les STS, la sociologie, les études politiques et les sciences de l'environnement. Depuis une vingtaine d'années, il s'intéresse notamment à la demande d'énergie, et plus récemment aux questions sociotechniques de l'énergie. Il est chercheur-enseignant à l'Institut de gestion de l'environnement et d'aménagement du territoire à l'université libre de Bruxelles.


BIBLIOGRAPHIE :

• Allemand (S.), Paysages et énergies, une mise en perspective historique, Paris, Hermann, 2021.
• Balaud (L.) & Chopot (A.), Nous ne sommes pas seuls. Politique des soulèvements terrestres, Paris, Le seuil, 2021.
• Beuret (J.-E.) & Cadoret (A.), "Aires protégées, éoliennes, transport : comment concilier enjeux locaux et globaux sur le littoral ?", VertigO, vol. 17, n°3, 2017.
• Bouvet (Y.) & Page-Jones (K.) [dir.], Discours sur la mer. Résistances des pratiques et des représentations, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020.
• Evrard (A.) & Pasquier (R.), "Territorialiser la politique de l'éolien maritime en France. Entre injonctions étatiques et logiques d'appropriation", Gouvernement et action publique, vol. 7, n°4, 2018, p. 63-91.
• Grimault (J.), "Spatialisation et territorialisation du grand éolien en France : le gigantisme contre l'utopie ?", Bulletin de l'association des géographes français, vol. 97, n°4, 2020, p. 529-546.
• Guigueno (V.) & Goven (F.), Phares. Monuments historiques des côtes de France, Paris, Éditions du patrimoine, 2013.
• Labussière (O.) & Nadaï (A.), "Recomposer la mer pour devenir offshore : le projet éolien de Veulettes-sur-Mer", Natures Sciences Sociétés, vol. 22, n°3, 2014, p. 204-218.
• Lacroix (D.), "Le rôle de la prospective dans le lancement d'une politique de développement des énergies marines renouvelables en France de 2000 à 2015", Sciences Eaux & Territoires, n°22, 2017, p. 50-55.
• Monaco (A.) & Prouzet (P.) [dir.], Governance of Seas and Oceans, Londres, ISTE-Wiley, 2015.
• Nadaï (A.) & Labussière (O.), Politiques éoliennes et paysages, Rapport de recherche, Cired, 2010.
• Nadaï (A.) & Wallenborn (G.), "Transformations énergétiques sous contrainte écologique forte", Multitudes, vol. 2019/4, n°77, 2019, p. 43-53.
• Oiry (A.), "Conflits et stratégies d'acceptabilité sociale autour des énergies marines renouvelables sur le littoral français", VertigO, vol. 15, n°3, 2015.
• Oiry (A.), "Les littoraux", Documentation photographique, Paris, CNRS Éditions, 2021.
• Roche (S.), Réenchanter le maritime par la promesse énergétique: technologies, trajectoires, discours, Thèse de doctorat en sciences économiques, sous la direction de Claude Dupuy et Sylvie Ferrari, Université de Bordeaux, 2019.


SOUTIEN :

• Commission nationale du débat public (Cndp)

Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


LES LITTÉRATURES EXPOSÉES, QUELLE HISTOIRE ?

DES PREMIÈRES MAISONS D'ÉCRIVAINS AUX EXPOSITIONS NUMÉRIQUES


DU LUNDI 20 JUIN (19 H) AU DIMANCHE 26 JUIN (14 H) 2022

[ colloque de 6 jours ]



PRÉSENTATION VIDÉO :


ARGUMENT :

De nos jours, la littérature et son histoire font fréquemment l'objet d'expositions. De façon à mieux connaître ce mode de circulation particulier de la littérature, ce colloque se propose de brosser l'histoire, qui demeure largement méconnue, des expositions relatives à la littérature, du début du XIXe siècles à nos jours. Selon quelles modalités particulières les expositions ont-elles contribué à la diffusion de la culture littéraire ? Qui sont les concepteurs de ces expositions ? Quelle a été la place de ces expositions dans la programmation des institutions qui les accueillent ? Quels ont été les écrivains, les œuvres ou les courants littéraires qui ont bénéficié du plus de faveur ? Qu'expose-t-on de façon privilégiée (auteur, style, texte, œuvre, courant, pensée, esprit) ? Quelles sont les évolutions notables dans les catalogues ? Réunissant des universitaires issus de différentes disciplines et des responsables et des concepteurs d'exposition (commissaires, scénographes, médiateurs…) à travers des exposés, des retours d'expérience et des tables rondes, le colloque se clôturera sur un atelier commun destiné à rêver sur la base de matériaux concrets réunis par les participants une exposition sur l'histoire de ces expositions.

Faisant appel à des spécialistes de littérature, de muséologie, d'histoire culturelle et des sciences de l'information et de la communication, les contributions s'interrogeront sur les différentes formes d'exposition qui ont pris la littérature pour objet, en fonction d'angles d'approches répartis de manière à couvrir l'ensemble des enjeux soulevés par cette forme culturelle. Il fera une place importante aux concepteurs d'expositions (muséographes, commissaires, conservateurs, etc.). Le colloque se concentrera sur le domaine francophone : d'une part, les expositions organisées dans des pays de langue française ; d'autre part, les expositions organisées à l'étranger sur la littérature française ; enfin, les expositions à sujets non littéraires mais intégrant des éléments ou des rapports à la littérature. Une communication vers des publics potentiels sera effective, notamment vers les maisons d'écrivains de Normandie, dont plusieurs représentants seront invités lors d'une table ronde.

Ce colloque s'inscrit dans le cadre des travaux des RIMELL (Recherches interdisciplinaires sur la muséographie et l'exposition de la littérature et du livre). Le réseau conduit pour la période 2020-2023 un programme de recherche visant à cartographier les modes d'exposition de la littérature. La plateforme litteraturesmodesdemploi.org constitue l'interface fédérant ces recherches.


MOTS-CLÉS :

Archives, Auteurs, Bibliothèque, Catalogue, Commissaire, Conservateur, Exposition, Histoire, Institutions culturelles, Littérature, Maisons d'écrivains, Médiateurs, Médiathèques, Muséographe, Numérique, Œuvres, Patrimoine, Programmation, Scénographes


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 20 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 21 juin
EXPOSITIONS LITTÉRAIRES ? [présentation]
Matin
David MARTENS (KU Leuven) et Isabelle ROUSSEL-GILLET (Université d'Artois) : Introduction. Une historiographie de l'exposition de la littérature ?
Camille VAN VYVE : Exposer le patrimoine littéraire : l'hier et l'aujourd'hui

Après-midi
Rencontre : Jérôme GAME (Poète), avec Anne-Christine ROYÈRE (Université de Reims)

Table ronde, animée par Serge CHAUMIER (Université d'Artois), avec Virginie SASSIER-LACOUR (Centre des monuments nationaux) et Marcela SCIBIORSKA (Bibliotheca Wittockiana, Bruxelles)


Mercredi 22 juin
QUELLES INSTITUTIONS ? [présentation]
Matin
Jean DAVALLON : Institution muséale & institution littéraire [vidéo]

Rencontre : Sonia DERZYPOLSKI et Alice LESCANNE (Artistes), avec Bertrand BOURGEOIS (Université de Melbourne) [Imaginer la maison-musée de Michel Houellebecq : Alice Lescanne et Sonia Derzypolski entre pastiche et parodie]

Après-midi
Retours d'expériences : Stéphanie CUDRÉ-MAUROUX (Bibliothèque nationale suisse, Berne) [L’exposition virtuelle Jean Starobinski. Relations critiques]

Table ronde, animée par Julie BAWIN (Université de Liège), avec Laurence BOUDART (Archives et Musée de la Littérature, Bruxelles) [Exposer la littérature en tant que centre d'archives : une histoire et des défis] et Stéphanie CUDRÉ-MAUROUX (Bibliothèque nationale suisse, Berne)

Soirée
Table ronde autour des Maisons d'écrivains, animée par Bertrand BOURGEOIS (Université de Melbourne), avec Bénédicte DUTHION (Normandie littéraire), Yves GAGNEUX (Maison Balzac) et Anne SUDRE (Maison de Chateaubriand, La Vallée-aux-Loups)


Jeudi 23 juin
CONCEPTIONS COLLECTIVES DES EXPOSITIONS [présentation]
Matin
Marie-Sylvie POLI (Université d'Avignon) : Le dispositif du texte expographique dans les expositions sur des sujets littéraires [texte lu par Isabelle ROUSSEL-GILLET]

Table ronde, animée par Isabelle ROUSSEL-GILLET, avec Jean-Pierre MONTIER et Aurélie MOUTON-REZZOUK (Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3) [Exposer la marionnette : engagement et responsabilités]

Après-midi
Échanges autour de l'exposition de textes, réalisée par des élèves du Collège Anne Heurgon-Desjardins de Cerisy, en leur présence

Retour d'expérience : Anne-Hélène RIGOGNE (Bnf)

Table ronde, animée par Martine THOMAS-BOURGNEUF (Muséographe), avec Monique PAUZAT (Scénographe) et Jean-Michel PONTY (Scénographe)

Soirée
Table ronde MEDIATION, animée par Carole BISENIUS-PENIN (Université de Lorraine), avec Marlène BERTRAND (IMEC) et Delphine DUPENLOUP (Archipel Butor - Lucinges) [Les actions de médiation culturelle menées autour du livre d'artiste]


Vendredi 24 juin
FORMES DE MÉDIATIONS ET D'ACTIONS CULTURELLES [présentation]
Matin
Carole BISENIUS-PENIN (Université de Lorraine) : Littérature en régime expositionnel et institutions culturelles : un art des médiations ?

Table ronde, animée par Jessica de BIDERAN (Université de Bordeaux), avec Sophie BERTRAND (BnF), Séverine BOMPAYS (Musée Hèbre & Maison de Pierre Loti), Isabelle DEGRANGE (BnF) et Inga WALC-BEZOMBES (Maison Victor Hugo)

Après-midi
Visite libre de la Maison Barbey d'Aurevilly


Samedi 25 juin
CATALOGUES ET AUTRES PUBLICATIONS [présentation]
Matin
David MARTENS (KU Leuven) & Marcela SCIBIORSKA (Bibliotheca Wittockiana, Bruxelles) : Les catalogues d'expositions littéraires. De la liste au beau livre (résumé) [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Corentin LAHOUSTE (UCLouvain) : Quand l'écrivain(e) s'empare du catalogue : Yannick Haenel et ses troubles dans le genre

Après-midi
Entretien, animé par Marcela SCIBIORSKA (Bibliotheca Wittockiana, Bruxelles), avec Nathalie LÉGER (IMEC)

Atelier collectif de préparation d'une exposition sur l'histoire des expositions littéraires [présentation]


Dimanche 26 juin
Matin
Atelier collectif de préparation d'une exposition sur l'histoire des expositions littéraires (suite) [présentation]

Discussion générale et Clôture

Après-midi
DÉPARTS


PRÉSENTATION DES JOURNÉES :

Journée 1 — Expositions littéraires ?
Les expositions relatives à la littérature peuvent adopter différents sujets et angles d'approches, de la perspective monographique centrée sur un écrivain à une exposition portant sur une œuvre particulière, un courant ou un fait de l'histoire de la littérature. À ces approches qui recoupent peu ou prou les formes de l'histoire littéraire s'adjoignent les utilisations de la littérature et des écrivains dans des expositions portant sur d'autres réalités, de la peinture aux sciences. Quelles ont été les évolutions des pratiques en la matière au cours de l'histoire, ainsi que celles des expôts privilégiés ou écartés (objets, documents, manuscrits, livres, images…) pour leur donner corps ?


Journée 2 — Quelles institutions ?
Certains lieux sont plus spontanément dévolus à l'organisation d'expositions concernant la littérature, tout particulièrement les bibliothèques. Mais les lieux accueillant de telles expositions sont éminemment variés, qu'il s'agisse de maisons d'écrivains, de médiathèques, de bibliothèques locales, régionales ou nationales, ou encore de musées d'art et d'histoire ou de galeries. Chacune de ces institutions est régie par ses propres contraintes et priorités, ainsi que par ses traditions, et un rapport particulier à tel ou tel auteur ou à la littérature de façon plus générale. Quelles sont les spécificités de ces différentes institutions, et comment et pourquoi les types d’exposition qu'elles accueillent ont-elles évolué au cours de leur histoire ?


Journée 3 — Conceptions collectives des expositions
La réalisation d'une exposition est un travail résolument collectif, qui ne se réduit nullement à l'intervention d'un commissaire ou d'un artiste. Pour aboutir, même lorsqu'elle est d'envergure modeste, une exposition fait appel à de multiples compétences et corps de métier, des conservateurs aux conseillers scientifiques qui les secondent éventuellement en passant par les graphistes, les scénographes ainsi que par un corps de métier moins visible en corps, celui des muséographes, souvent indépendants. S'agissant spécifiquement de l'écosystème des expositions touchant à la littérature, quelles sont les spécificités des types d'interventions de chacun(e) ? Comment interagissent entre eux ces différents acteurs, selon les types d'expositions et les institutions qui les accueillent ? Enfin comment ces partages de tâches se sont-ils transformés au cours de l'histoire de ces expositions ?


Journée 4 — Formes de médiations et d'actions culturelles
Les expositions s'inscrivent de façon générale au sein de programmations globales, dont elles constituent une pièce, le plus souvent un fleuron. Ces programmations s'accordent le plus souvent aux expositions, de façon à les accompagner et à en assurer, de diverses manières, la médiation vers les publics. Qu'en est-il s'agissant d'une matière telle que la littérature ? Quelles sont les formes et les spécificités de la médiation dès lors qu'il s'agit d'exposition relatives à la littérature ? Qu'en est-il de la part dévolue au numérique, et notamment aux déclinaisons numériques de ces expositions ? Quelles procédures sont mises en place à l'intention des publics spécifiques (scolaires, en situation de handicap, etc.) ? Quelles actions culturelles dans ou hors les murs ? Enfin, comment la part prise par cette médiation a-t-elle évolué, notamment par rapport à l'histoire de la médiation dans les musées ?


Journée 5 — Catalogues et autres publications
Le catalogue d'exposition présente, s'agissant de littérature, une spécificité particulière en ce qu'il constitue un retour à la forme livresque, qui continue d'être considérée comme le médium central de la diffusion de la littérature. Dans quelle mesure les catalogues d'exposition du littéraire présentent-ils des spécificités par rapport aux catalogues d'autres types d'exposition (d'art, d'histoire, de sciences…) ? Comment le terme et la forme du catalogue sont-ils questionnés ? Dans quelle mesure émanent-ils des institutions muséales ou d'éditeurs ? Quels sont ces éditeurs et contributeurs ? Quels sont les circuits de diffusion de ces ouvrages, en dehors des boutiques de musées ?


Journée 6 — Atelier collectif de préparation d'une exposition portant sur l'histoire des expositions littéraires
Plutôt qu'une synthèse de colloque, il s'agit de réinvestir autrement les documents échangés, questionnés lors des 5 jours, documents mis à disposition en amont sur une interface ainsi que tout au long du colloque. Chacun choisira un des 5 ateliers proposés et la restitution des ateliers clôturera le colloque.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

David MARTENS
David Martens enseigne la littérature française à l'université de Louvain (KULeuven). Il s'intéresse notamment aux formes de patrimonialisation de la littérature, notamment sous la forme de l'exposition. Il a fondé le site litteraturesmodesdemploi.org et le réseau des RIMELL (Recherches interdisciplinaires sur la muséalisation et l'exposition de la littérature et du livre), qui fédèrent les recherches sur ces questions. Il a récemment assuré la co-direction d'un numéro de Culture et musées sur la patrimonialisation de la littérature (en ligne​), et d'un numéro de la revue Captures consacré à la façon dont la littérature inspire certaines expositions (en ligne). Il a en outre fondé et dirigé la revue Interférences littéraires et est actuellement membre de la rédaction de la revue Histoires littéraires. Il a organisé à Cerisy les colloques L'écrivain vu par la photographie (2014) ainsi que Portraits de Pays. Textes, images, sons (2019).

Isabelle ROUSSEL-GILLET
Lectrice assidue de Michel Butor, Annie Ernaux et JMG Le Clézio, auxquels elle a consacré plusieurs essais, Isabelle Roussel-Gillet accompagne depuis 2010 la création d'expositions et conduit des ateliers d'écriture au sein du Master Expographie-Muséographie d'Artois, master professionnel co-dirigé avec Serge Chaumier à Arras. Avec le Master MEM ont été conçus une trentaine des dispositifs et programmes muséographiques dont certains valorisant la littérature. Commissaire de quatre expositions pour le Musée des manuscrits du Mont St Michel Scriptorial d'Avranches (2008-2013), co-commissaire de l'exposition Signé Jean-Philippe Toussaint au musée des Beaux-arts d'Arras (2020), elle a par ailleurs conçu le catalogue sur le fonds de livres d'artistes de Michel Butor pour la Fondation Martin Bodmer (Genève, 2016). Les liens entre littérature et musée l'ont conduite à penser une petite anthologie de textes que les écrivains ont situé dans un musée. Après deux colloques dirigés à Cerisy (Dali. Sur les traces d'Eros et Penser et agir pour l'interculurel), ce troisième colloque à Cerisy avec David Martens réunit ses deux cœurs de métiers : la littérature et la muséographie.
Bibliographie sélective en lien avec la muséographie, l'exposition du livre d'artistes ou la médiation muséale
Ouvrages
Le goût des musées, avec Serge Chaumier, Gallimard, Mercure de France, 2020 [Voir l'article "Le (dé)goût des musées" mis en ligne dans l'Atelier de théorie littéraire de Fabula en 2021 et l'entretien sur fabula.org/actualites/article97728.php].
Pratiques de commissariat d'exposition, avec Serge Chaumier (dir.), Éditions Complicités/OCIM, 2017.
Les Livres partagés de Mylène Besson, Michel Butor et Colette Deblé, Échos et intimité, Université Dijon, 2017.
Articles
Préface pour Mylène Besson, en complicités, Catalogue consacré aux livres d'artistes de cette même peintre, L’archipel Michel Butor, Lucinges, 2022.
"De l'autonomie à l'émancipation en master expographie-muséographie ?", avec C. Couturier, J. Masclet, Colloque de Brest 2019, p. 19-21, juin 2018, (Faire) coopérer pour (faire) apprendre ?, Xème colloque QPES - Questions de Pédagogies dans l’Enseignement Supérieur [en ligne].
"Pour une visitaction, des élèves de CAP à la terminale filment au musée", La visite scolaire au musée, dirigé par Cora Cohen-Azria. Version numérique de l’ouvrage suite à une journée d'études au musée d'art moderne le LAM, Université Lille 3 et OCIM OCIM, Office de Coopération Muséales, 2019, p. 53-64.
"Du musée au roman de Jessie Burton, une maison miniature comme dispositif esthétique actif", Colloque "La miniature", Université d'Artois, 2017, La miniature, dispositif artistique et modèle épistémologique, Rodopi/Brill, 2018.
"Des visiteurs émancipés, des lycéens et étudiants filment au musée", La Lettre de l'OCIM, février- janvier 2018, pp. 12-15.
"Parcours et expositions de livres d'artiste avec Michel Butor", Dix-huit Lustres, Hommages à Michel Butor, sous la direction d'Amir Biglari et Henri Desoubeaux, Classiques Garnier, 2017, pp. 161-176.
"Gestione, valorizzazione e promozione dei Beni Culturali", A cura di Nicoletta Bonacasa e Cristina Costanzo, sul sito OADI. Segue link per il download dell'Ebook.
"Récits brefs en mouvement, du métro au musée", Le Format court. Récits d’aujourd’hui, Sabrinelle Bedrane, Claire Colin, Christine Lorre-Johnston (dir.), Colloque Cerisy 2015 [conférence en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site France Culture].
"Le Clézio invité du Louvre, Subtils décalages au montage", La Quinzaine littéraire, n°1051, décembre 2011, p. 4 [Dossier complet dans les Cahiers Jean-Marie Le Clézio].
Bibliographie complète
textesetcultures.univ-artois.fr/annuaire-des-membres/professeurs-et-mcf-habilites/isabelle-roussel-gillet


Julie BAWIN
Julie Bawin est professeure d'histoire de l'art contemporain à l'université de Liège où elle dirige l'ensemble des enseignements et de la recherche dans le domaine (http://web.philo.ulg.ac.be/shaec/). Spécialisée dans l'étude des collections et des expositions d'artistes, elle a publié, en 2014, un ouvrage de référence sur L'artiste commissaire (Paris, Éditions des archives contemporaines). Membre de nombreux groupes de recherche et de société savantes, elle est présidente-fondatrice du groupe de recherche FNRS "Musées et art contemporain" et elle dirige, depuis 2017, le Musée en Plein Air du Sart Tilman à Liège. À la croisée de l'histoire de l'art et de la muséologie, nombreux de ses travaux portent sur les expositions d'auteur. À ce titre, elle collabore, avec David Martens, sur un projet portant sur la figure de l'écrivain commissaire.

Sophie BERTRAND
De formation littéraire académique à la Sorbonne (DESS Lettres modernes option "édition" de la Faculté de Lettres), Sophie Bertrand a réalisé un mémoire de 3e cycle portant sur "Rachilde ou le féminisme à rebours" dirigé par Jacques Noiray. Depuis 2001, Sophie Bertrand travaille dans le secteur du livre : en lien direct avec les acteurs de l'édition française sur des projets internationaux (Chef de projet, Bureau international de l'édition française) et au sein du monde des bibliothèques au niveau national dans le domaine du patrimoine numérisé à la Bibliothèque nationale de France (Chef du service "Coopération numérique et Gallica", Bibliothèque nationale de France). Depuis 2019, Elle assure aussi les fonctions de maître de conférences associé à la Sorbonne. Elle codirige avec Hélène Védrine les Masters 1 et 2 "Création éditoriale multi-supports" de la Faculté de Lettres.
https://experts.bnf.fr/page_personnelle/sophie-bertrand

Jessica de BIDERAN
Maîtresse de conférence à l'université Bordeaux Montaigne, Jessica de Bideran est en charge de plusieurs programmes de recherche qui interrogent, par la mise en réseau de professionnels et la mise en pratique de programmes de numérisation, l'impact du numérique sur la diffusion et la réception des objets patrimoniaux. Après une thèse consacrée aux restitutions infographiques de sites historiques, ses recherches en sciences de l'information et de la communication se consacrent à l'étude des pratiques numériques au sein des institutions culturelles comme au processus de médiation numérique.
Publications
"Quand le numérique fait musée", Revue française des sciences de l'information et de la communication, n°16.
"Numérisation et extension du patrimoine littéraire. Réflexions à propos de "Mauriac en ligne"", La Fabrique du patrimoine écrit, Chapitre 6, Fabienne Henryot (dir.), Presses de l'Enssib.
Scénographies numériques du patrimoine, Ouvrage collectif codirigé avec Patrick Fraysse et Julie Deramond, Éditions universitaire d'Avignon.

Carole BISENIUS-PENIN
Carole Bisenius-Penin est Maître de conférences HDR de littérature contemporaine à l'université de Lorraine, membre du Centre de recherche sur les médiations (CREM) et de l'OMEC (Observatoire des médiations culturelles, Montréal), ses travaux portent sur la résidence d'auteurs et les dispositifs de médiation culturelle. Elle est également responsable scientifique de divers contrats de recherche (Résidence d'auteurs, création littéraire et médiations culturelles en Grande Région, Observatoire du milieu littéraire franco-luxembourgeois…), tout en gérant un laboratoire hors les murs (Crem) incluant une résidence d'écrivain au sein d'un musée en Moselle (Récit'Chazelles, Maison Robert Schuman, 2016) et au sein d'une institution culturelle au Canada (Maison de la littérature, Québec, 2017). Elle a fondé deux sites consacrés aux formes de médiation de la littérature (lalorrainedesecrivains.univ-lorraine.fr et obslit.huma-num.fr) et dirigé un dossier de la revue Culture & Musées portant sur les résidences d'écrivains et d'artistes. Elle intervient en tant qu'experte scientifique au niveau national pour diverses institutions françaises (Direction de la Culture, du Patrimoine et de la Mémoire, Région Grand Est, Nouvelle-Aquitaine…) et au niveau international (Le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture-FRSC), tout en enseignant la création littéraire à l'université. Depuis 2020, elle co-dirige le Prix littéraire Frontières-Léonora Miano crée par l'université de Lorraine et l'université de la Grande Région.

Séverine BOMPAYS
Séverine Bompays occupe des postes de direction de musées depuis plus de 16 ans et seconde actuellement le conservateur des musées municipaux de la Ville de Rochefort dans la gestion du musée Hèbre et la restauration de la maison de Pierre Loti. Ce fleuron du patrimoine rochefortais fermé au public depuis 2012 bénéficie en effet d'une réhabilitation complète pour une ouverture prévue en 2023, année du centenaire de la mort de l'écrivain. Dans le cadre de ce projet, Séverine Bompays est notamment chargée d'organiser le fonctionnement futur et concevoir, avec l'équipe chargée des publics, les outils de communication et de médiation à venir.

Laurence BOUDART
Laurence Boudart est traductrice et docteure en lettres modernes. Elle dirige les Archives & Musée de la Littérature (Bruxelles) et est l'autrice d'une soixantaine d'articles et de communications scientifiques portant principalement sur les lettres belges et les questions liées à la conservation et la valorisation du patrimoine littéraire. Elle a publié récemment l'essai Martine, une aventurière du quotidien (Les Impressions nouvelles, "La Fabrique des héros") et est co-autrice de plusieurs ouvrages critiques, anthologiques et monographiques portant sur la littérature belge francophone. Elle est directrice de la collection scientifique "Archives du Futur", membre du comité de lecture de la collection patrimoniale "Espace Nord" et du comité scientifique de la revue Textyles, consacrée aux lettres belges.

Bertrand BOURGEOIS
Bertrand Bourgeois est Maître de conférences HDR en littérature et langue françaises à l'université de Melbourne, ses recherches portent sur les liens entre littérature et arts visuels, ainsi que sur les pratiques de réécritures modernes et contemporaines d’écrivains du XIXe siècle. Il a co-fondé et co-dirige le carnet de recherches Maisons de Poètes / Homes of Poets.

Stéphanie CUDRÉ-MAUROUX
Stéphanie Cudré-Mauroux est cheffe suppléante des Archives littéraires suisses (Bibliothèque nationale suisse, Berne). Elle a publié avec Michaël Comte Les Approches du sens (Dogana), les essais sur la critique de Starobinski. Elle a créé le Cercle d'études Jean Starobinski et son Bulletin annuel. Elle est également éditrice à La Dogana où elle a publié des textes d'Yves Bonnefoy, Pierre Chappuis, Sylviane Dupuis, Jacques Réda, Jean Roudaut ou Frédéric Wandelère.

Isabelle DEGRANGE
Isabelle Degrange est chargée de collections en Gastronomie, Chimie et Physique à la Bibliothèque nationale de France. Diplômée de Sciences Po Paris en 2002, elle a d'abord travaillé en librairie et dans l'édition. Elle a rejoint la BnF en 2010 comme chargée de mission pour la direction de la Diffusion culturelle puis comme adjointe au chef de service des Éditions. Elle a coordonné la médiation numérique Gallica de 2016 à 2021.

Delphine DUPENLOUP
Delphine Dupenloup est Chargée des publics et de la communication à l'Archipel Butor - Manoir des livres. L’Archipel Butor est une bibliothèque patrimoniale composée de trois îlots tous basés à Lucinges (Haute-Savoie) : le Manoir des livres, la maison d'écrivain Michel Butor et la bibliothèque de lecture publique. Dédié à l'héritage de Michel Butor et aux livres d'artiste, l'Archipel Butor se consacre au fonds dont il est dépositaire et en assure la conservation et la valorisation à travers ses collections et les actions de médiation culturelle menées. Le Manoir des livres accueille ainsi trois expositions temporaires par an et propose une programmation culturelle permettant à l'ensemble des publics de découvrir et de s'approprier les lieux et le livre d'artiste.

Bénédicte DUTHION
Bénédicte Duthion est Docteur ès lettres modernes, Membre associé du laboratoire CÉRÉdI de l'université de Rouen Normandie et Présidente du réseau des maisons d'écrivain et des patrimoines littéraires en Normandie. Ses thèmes de recherche sont l'Épistolaire, journaux intimes et écrits personnels (XIXe siècle) et Patrimoines et littérature (XIXe-XXe siècles).
Publications
Jardin & littérature (dir.), Actes de colloque, Région Normandie, Institut Européen des Jardins et Paysages, Éditions des Falaises, Paris & Rouen, 2020.
Héloïse et Abélard, entre passion, raison et religion, Catalogue d'exposition, Éditions du Centre des Monuments nationaux, Paris, 2001.
"L'atelier photographique de Jersey (1852-1855)", dans Florence Naugrette & Françoise Simonet-Tenant (dir.), Juliette Drouet épistolière, Paris, Eurédit, 2019, p.129-139.
Site Internet
Contribution à l'enrichissement du site dédié à la correspondance de Juliette Drouet, www.juliettedrouet.org, par l'apport du corpus de lettres transcrites pour sa thèse "Édition critique de la correspondance de Juliette Drouet à Victor Hugo durant les premières années de l'exil (décembre 1851 - février 1854)".

Jérôme GAME
Jérôme Game est un écrivain, poète et essayiste français auteur d'une vingtaine d'ouvrages. Également présenté sous forme de performances, conférences ou installations sonores et visuelles (créations radiophoniques, spatialisations, expositions de vidéo- ou photopoèmes), son travail explore les formes de l'expérience contemporaine rapportées à celles des énoncés comme des récits, à l'intersection des mots, des sons, et des images. La liste de ses ouvrages et de ses créations est disponible sur le site jeromegame.com.

Corentin LAHOUSTE
Corentin Lahouste, docteur en langues et lettres de l'UCLouvain (Belgique), est chercheur postdoctoral au sein du Centre de Recherche sur l'Imaginaire (CRI) de cette même université. Sa thèse, soutenue en mars 2019, a donné lieu à l'ouvrage Écritures du déchainement. Esthétique anarchique chez Marcel Moreau, Yannick Haenel et Philippe De Jonckheere (Classiques Garnier, 2021). Ses travaux, qui portent sur la littérature contemporaine de langue française, ont tout particulièrement trait aux liens entre littérature et politique de même qu'à la complexité et diversification médiatiques de l'acte poétique. Il est actuellement associé au programme de recherches HANDLING (ERC) porté par la professeure Anne Reverseau et est aussi un membre actif de l'équipe du projet Littératures modes d'emploi, réseau de recherches appliquées international, pionnier en matière d'étude des expositions de la littérature et du livre. Il a par ailleurs codirigé, avec Myriam Watthee-Delmotte, le premier volume critique consacré à l'œuvre de l'écrivain français Yannick Haenel, paru chez Hermann, en 2020, sous le titre Yannick Haenel, la littérature pour absolu.

David MARTENS & Marcela SCIBIORSKA : Les catalogues d'expositions littéraires. De la liste au beau livre
La place du catalogue dans l'économie de l'exposition et de l'offre culturelle proposée par les espaces muséaux et autres lieux d'exposition est le fruit d'une histoire qui se situe à la croisée de celle des expositions, des traditions qui s'y sont déployées et ont bien évidemment évolué, ainsi que de l'histoire du livre et de ses transformations, notamment en matière de traitement des illustrations, mais pas uniquement. Une manifestation sensible de ces évolutions dans l'histoire des catalogues d'exposition réside dans le recours, précisément, au terme même de "catalogue", auquel sont préférés des termes tels que "vrai livre" ou "ouvrage accompagnant l'exposition". Cette mutation est le fruit de l'histoire du catalogue, qui passe d'une liste de pièces éventuellement commentées, et dotées d'une préface, présentant peu d'illustrations, à des ouvrages de plus en plus richement illustrés, de plus en plus proches du beau livre. De nos jours, les catalogues deviennent de plus en plus souvent des livres pensés et conçus comme relativement autonomes de l'exposition que leur parution accompagne éventuellement, jusqu'à, dans certains cas, devenir des livres d'artistes à part entière. Si la liste des pièces, colonne vertébrale de cette forme d'ouvrages, demeure, ce qui fut le catalogue s'est transformé et a multiplié aujourd'hui ses déclinaisons et a diversifié son rapport à l'exposition.

Aurélie MOUTON-REZZOUK
Aurélie Mouton-Rezzouk est maître de conférences en Études Théâtrales à l'Institut d'Études Théâtrales de l'université Sorbonne-Nouvelle Paris 3, membre de l'Institut de Recherches en Études Théâtrales IRET (EA 3959) et du groupe de recherche Topologiques qui se consacre aux lieux du spectacle vivant. Elle est également membre du Comité exécutif de la SIBMAS (Société Internationale des Bibliothèques et Musées des Arts du Spectacle). Ses recherches croisent muséologie et théâtrologie. Elle est co-commissaire, avec Joël Huthwohl (BnF), de l’exposition "objectif marionnettes" à la Chartreuse de Villeneuve les Avignon (mars-septembre 2022) et prépare, pour 2023, une exposition consacrée à la marionnette de création pour le Centre National du Costume de Scène et de la Scénographie.
Dernières publications
"Les arts de la marionnette au musée, Collections marionnettiques et politiques du spectacle vivant", Culture et musée, n°39, 2020.
"Un musée de la marionnette, pour quoi faire?", avec Xavier de la Selle, dans La marionnette, objet de musée et patrimoine vivant, Éditions de la Province de Liège, 2019.
Des lieux pour penser, musées, théâtres, bibliothèques, avec François Mairesse et Flore Garcin-Marrou, ICOFOM, 2018.
Le musée par la scène, avec Pauline Chevalier et Daniel Urrutiaguer, Éditions Deuxième Époque, 2018.

Monique PAUZAT
Enseignante et commissaire d'exposition, Monique Pauzat signe avec Jean-Michel Ponty de très nombreuses scénographies d'expositions dans des lieux muséaux ou des bibliothèques en France et à l'étranger. Particulièrement sollicitée pour des événements liées au livre et à l'édition, elle intervient régulièrement pour des journées d'étude et de formation et a participé à l'ouvrage collectif Exposer la littérature, Éditions du Cercle de la librairie.

Marie-Sylvie POLI : Le dispositif du texte expographique dans les expositions sur des sujets littéraires
Mon approche de la notion de "texte expographique" dans les expositions sur des sujets littéraires se situe dans l'interdisciplinarité des sciences de l'information et de la communication, plus particulièrement en muséologie de terrain. J'identifie cette notion comme l'ensemble des énoncés texte/image ou des supports graphiques, numériques, conçus par les concepteurs de l'exposition pour communiquer avec les visiteurs et perçus comme tels par ces derniers. Pour la discuter ici je me baserai sur un corpus de quatre expositions qui se sont tenues dans des contextes institutionnels variés, en organisant leurs discours expographiques sur des objets de littérature distincts : un poète incontesté, un roman emblématique, le fonds muséographique d'un écrivain de renom, une rencontre littérature-peinture à caractère pédagogique. En partant du postulat que dans l'exposition telle que pensée depuis les années 1980 comme un média, le texte expographique s'inscrit dans un flux mouvant de conventions sociolinguistiques, éditoriales et culturelles, je propose d'analyser comment, dans le champ des littératures exposées, ce dispositif peut autant se soumettre à une grammaire héritée des usages que s'en libérer. Car le texte expographique s'inspire de la littérature et de ses acteurs que les expositions sur des sujets littéraires valorisent inéluctablement. Dès lors, chaque dispositif de "texte expographique" influence l'expérience culturelle et intime du visiteur lecteur.

Marie-Sylvie Poli est professeure de sciences de l'information et de la communication émérite à l'Université d'Avignon, LCC - Laboratoire Culture & Communication EA 7542. Ses travaux de recherche portent notamment sur les dispositifs des écritures de transmission des savoirs dans les musées ou dans les expositions ainsi que sur la pragmatique de l'expérience de visite au musée. Elle est membre du comité de rédaction de la revue Culture et Musées. Elle a codirigé le Programme international de doctorat "Muséologie, médiations, patrimoine" Avignon Université / Université du Québec à Montréal.

Jean-Michel PONTY
Professeur à l'École nationale d'art de Bourges, éditeur et musicien, Jean-Michel Ponty conçoit avec Monique Pauzat de très nombreuses scénographies d'expositions liées au livre et à l'édition dans des lieux muséaux ou des bibliothèques en France et à l'étranger. Responsable d'un Post-diplôme "Arts et création sonore", il intègre création et dispositifs sonores dans sa pratique de scénographe.

Anne-Hélène RIGOGNE
Anne-Hélène Rigogne est conservateur général des bibliothèques honoraire. Chef du service des expositions de la Bibliothèque nationale de France de 2013 à 2018, elle a conduit en tant que chargée de production, la réalisation d'une trentaine d'expositions temporaires et permanentes au sein de cet établissement patrimonial. Certaines d'entre elles ont été marquantes dans l'histoire des expositions littéraires "Brouillons d'écrivains" (2001), "L'Enfer de la bibliothèque" (2007). Elle a participé à l'ouvrage Exposer la littérature, Éd. du Cercle de la Librairie, 2015.

Anne-Christine ROYÈRE
Anne-Christine Royère est maîtresse de conférences en littérature des XXe et XXIe siècles à l'université de Reims Champagne-Ardenne. Ses travaux portent sur les poésies interartiales et intermédiales (poésie et arts visuels, poésie et arts sonores, poésie performance, poésie exposée), sur l'exposition comme pratique artistique et littéraire et sur l'histoire et les matérialités du livre de création du XIXe au XXIe siècle (pratiques bibliophiliques et livre d'artiste).

Marcela SCIBIORSKA
Marcela Scibiorska est médiatrice à la Wittockiana, musée des arts du livre et de la littérature à Bruxelles. Après avoir achevé sa thèse, intitulée "Les Albums de la Pléiade. Histoire et analyse discursive d'une collection patrimoniale" à la KU Leuven et Sorbonne Université, elle a travaillé sur les portraits de pays illustrés à la Guilde du Livre à l'université de Lausanne, ainsi que sur le maniement des images concrètes par les écrivains d'avant-garde dans le cadre de l'ERC Handling à l'UCLouvain. Elle s'intéresse plus largement aux modes de patrimonialisation de la littérature, aux liens entre textes et images dans la construction de l'image d'auteur, aux rapports entre littérature et publicité, ainsi qu'aux collections éditoriales.

Martine THOMAS-BOURGNEUF
Conceptrice d'expositions pour ce qui est de leurs contenus — ce que, dans le jargon, on appelle muséographe ou commissaire d'exposition — Martine Thomas-Bourgneuf a plusieurs fois exposé littérature et littérateurs (Apollinaire, Proust, Guéhenno), sans pour autant en être spécialiste. Ses références se trouvent là : https://www.interflou.net.

Camille VAN VYVE : Exposer le patrimoine littéraire : l'hier et l'aujourd'hui
Les institutions culturelles ont une marge de manœuvre réelle, mais étroite, dans la quantité d'expositions qu'elles peuvent présenter au public. Les présupposés culturels qui sous-tendent leur politique d'exposition varient selon les temps et les lieux et font qu'une exposition n'est jamais un geste neutre. Cette communication entend esquisser la politique d'exposition de huit institutions francophones qui placent l'exposition de la littérature, de l'écriture et du livre au centre de leurs activités (plus précisément les Archives et Musée de la Littérature, la Wittockiana, la Bibliothèque nationale de France, l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine, la Bibliothèque publique d'information, les Archives littéraires suisses, la Fondation Martin Bodmer, la Fondation Jan Michalski). Une analyse historique et transversale des thématiques, des mises en scène et des modes de communication privilégiés nous permettra de dégager quelques tendances récentes dans le monde muséal et littéraire.

Camille Van Vyve est aspirante F.R.S.-FNRS à l'université libre de Bruxelles, à la Faculté de Lettres, Traduction et Communication. Son sujet de thèse porte sur la patrimonialisation de la littérature à travers des expositions temporaires dans le monde francophone, sous la direction de Prof. Laurence Brogniez (ULB) et Prof. David Martens (KU Leuven). Membre du réseau RIMELL (Recherches Interdisciplinaires sur la Muséographie et l'Exposition de la Littérature et du Livre), et des groupes de recherches PatrimoniaLitté et Philixte.


SOUTIENS :

• Direction régionale des Affaires culturelles Normandie (DRAC)
• Recherches interdisciplinaires sur la muséographie et l'exposition de la littérature et du livre (RIMELL)
• Unité de Recherche Textes et Cultures (UR 4028) | Université d'Artois
KU Leuven

Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


MOLIÈRE EN HÉRITAGE : USAGES D'UN MYTHE (XVIIe-XXIe SIÈCLES)


DU LUNDI 20 JUIN (19 H) AU DIMANCHE 26 JUIN (14 H) 2022

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Joël HUTHWOHL, Tiphaine KARSENTI, Guillaume PEUREUX, Martial POIRSON


ARGUMENT :

Dans le cadre des célébrations du quadri-centenaire de la naissance de Molière en 2022, ce colloque invite à réfléchir sur les enjeux des appropriations variées inspirées par cette figure mythique du patrimoine culturel français.

Dans une perspective internationale, interdisciplinaire et ouverte sur les expérimentations en recherche-création, ce colloque a pour ambition d'examiner les usages — bibliophiliques, patrimoniaux, politiques, artistiques, scientifiques, commerciaux — de Molière, envisagés à partir des dispositifs esthétiques et idéologiques, pédagogiques, voire industriels, qu'il inspire depuis sa mort jusqu'à aujourd'hui.

Trois axes de réflexion seront privilégiés :

Usages mémoriels de Molière : émanant d’institutions patrimoniales, de sociétés savantes, d'amateurs érudits, etc. ; associés à des circonstances commémoratives ou non ; relevant d'une mémoire officielle ou d'initiatives individuelles ; répondant à une vocation culturelle ou marchande.
Médiations moliéresques : élaboration de dispositifs pédagogiques, muséographiques, numériques, ou créations scéniques, filmiques, plastiques prenant Molière et son œuvre pour objets.
Transferts culturels d'une "gloire nationale" : soit dans le cadre d'une politique de diffusion internationale du patrimoine théâtral français (traductions, tournées, résidences d’artistes français à l'étranger, accueil dans le réseau des instituts culturels français ou de la francophonie), soit dans le cadre d'appropriations de l'œuvre moliéresque à l'étranger (mises en scène, traductions, réécritures).


MOTS-CLÉS :

Acteur, Adaptations, Appropriations, Auteur, Colonies, Commémoration, Culture populaire, Exposition, Humanités numériques, Identité culturelle, Médiation culturelle, Mémoire, Molière, Moliérisme, Mythe, Patrimoine, Spectacle, Théâtre, Tournées, Transferts culturels, XVIIe siècle


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 20 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 21 juin
POLITIQUES DU PATRIMOINE : COMMÉMORER, EXPOSER, JOUER
Matin
Introduction générale au colloque, avec Joël HUTHWOHL, Tiphaine KARSENTI, Guillaume PEUREUX et Martial POIRSON, suivie d’un dialogue avec Georges FORESTIER [visioconférence], "2022. Année Molière"
Joël HUTHWOHL : Molière. Un portrait, des portraits
Anne JÉRÔME : Les fêtes du Tricentenaire de Molière, une entreprise pédagogique à la Comédie-Française

Après-midi
Humanités numériques
Litte_bot : dialoguer avec Dom Juan, table ronde avec Rocio BERENGUER, Joël HUTHWOHL et Julien SCHUH

Data-Molière. Ce que nous apprennent les Registres de la Comédie-Française, Atelier Registres de la Comédie-Française, interface Molière, avec Annick CHEKROUN-STEILER, Charline GRANGER, Sarah HARVEY [visioconférence], Tiphaine KARSENTI et Agathe SANJUAN


Mercredi 22 juin
LIEUX DE MÉMOIRES
Matin
Molière en BD, entretien avec Catherine MORY [visioconférence], Martial POIRSON et Clotilde THOURET

"Le petit clystère" : un fanzine étudiant autour de Molière, table ronde avec Annick CHEKROUN-STEILER, Charline GRANGER, Tiphaine KARSENTI et Guillaume PEUREUX

Catherine CESSAC : L'expodcast Les Musiques de Molière

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Projection du docu-fiction Brûler Molière ? (J. Malaterre, 2018)


Jeudi 23 juin
MÉDIATIONS ET APPROPRIATIONS CULTURELLES
Matin
Jacqueline RAZGONNIKOFF : Le Paris de Molière
Charline GRANGER : Érudition, manie, passion : la construction de l'ethos du moliériste à la fin du XIXe siècle [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Alexandra IVARS : "Instruire et plaire" : Molière personnage de littérature jeunesse
David SCHWAEGER : Un exemple précis et heuristique de mythologie moliéresque : le dessin animé Molierissimo [Canal + et France 3 (1989-1990)]

Après-midi
Échanges autour de l'exposition de textes, réalisée par des élèves du Collège Anne Heurgon-Desjardins de Cerisy, en leur présence

Clotilde THOURET : Héritages de Molière : usages numériques, usages polémiques
Anna ROLLAND : Parler de Molière, parler pour Molière : présences du dramaturge sur Twitter (2020-2021)
Benjamin DANG : Ahmed le subtil, Scapin des temps modernes

Soirée
Dénouer (ou ne pas dénouer) Tartuffe : le texte à l'épreuve de la scène, projection-débat avec Armelle TALBOT


Vendredi 24 juin
MOLIÈRE À TRAVERS LE MONDE : TOURNÉES, TRADUCTIONS, ADAPTATIONS, RÉAPPROPRIATIONS
Matin
Clément HERVIEU-LÉGER : Le Saint Patron en sa Maison et en tournées [visioconférence]

Après-midi
Molière dans le Monde (1)
Corinne FLICKER : Molière aux colonies : réception, traductions, adaptations et mises en scène de Molière en Indochine (1920-1958)
Lujiao ZHANG : Les tribulations d'un Molière en Chine


Samedi 25 juin
MOLIÈRE À TRAVERS LE MONDE : TOURNÉES, TRADUCTIONS, ADAPTATIONS, RÉAPPROPRIATIONS
Matin
Molière dans le Monde (2)
Ons TRABELSI : Personnages moliéresques arabes : le dédoublement comme modèle de transposition
Rezvan ZANDIEH : Molière et son double iranien

Après-midi
DÉTENTE


Dimanche 26 juin
Matin
Synthèse conclusive

Après-midi
DÉPARTS


"HORS LES MURS" — À L'INSTITUT NATIONAL D'HISTOIRE DE L'ART (INHA)

Jeudi 13 octobre 2022

EXPOSER ET FAIRE REVIVRE MOLIÈRE

14 h. Exposer Molière, table ronde avec les commissaires des expositions Molière 2022 : Véronique MEUNIER [Molière en costumes (Moulins, CNCS)], Agathe SANJUAN [Molière, le jeu du vrai et du faux (BnF-Richelieu)], Laurence DECOBERT [Molière en musiques (Bibliothèque-Musée de l'Opéra)] et Martial POIRSON [Molière, la fabrique d'une gloire nationale (Versailles, Espace Richaud)]

16 h. Mettre en scène Molière comme au XVIIe siècle, dialogue avec Antoine FONTAINE (Scénographe) et Michael BOUFFARD (Historien et metteur en scène)


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Catherine CESSAC
Directrice de recherche émérite au CNRS (CESR-CMBV), Catherine Cessac est spécialiste de la musique française des XVIIe et XVIIIe siècles, et s'intéresse plus particulièrement au compositeur Marc-Antoine Charpentier. Elle a publié l'édition critique Marc-Antoine Charpentier, Musiques pour les comédies de Molière aux Éditions du Centre de Musique Baroque de Versailles en 2019 et a été conseillère scientifique de l'expodcast Les Musiques de Molière (CMBV, France-Musique, Comédie-Française, Château de Versailles) mise en ligne en 2021.

Annick CHEKROUN-STEILER
Agrégée de Lettres Modernes, Annick Chekroun-Steiler enseigne le français au lycée franco-allemand de Buc dans les Yvelines où elle est également en charge d'un atelier théâtre. Elle poursuit actuellement un master 2 à l'Institut d'Études Théâtrales de Paris 3. Elle a suivi le séminaire d'histoire du théâtre "Molière 17/21, Fabriques d'un mythe" qui a donné lieu à la création d'un fanzine sur Molière.

Benjamin DANG : Ahmed le subtil, Scapin des temps modernes
En 1984, Alain Badiou écrit Ahmed le subtil, sous-titré Scapin 84. Cette pièce est née des évènements qui ont marqué l'été 1984 : des mesures et des exactions dirigées contre les immigrés, des faits divers sordides concernant des jeunes Arabes ou des jeunes gens de banlieue. La pièce est donc une réaction, et même une révolte, une contestation. L'engagement politique de l'auteur transparaît dans le sous-titre, car Scapin incarne un archétype qui l'a profondément marqué. Dans une interview à Chantal Boiron, Alain Badiou proclame son envie de proposer un type théâtral moderne issu de la lignée des Sganarelle, des Arlequins et des esclaves de Plaute ou d'Aristophane, capables de débrouiller les affaires, de se faire moteurs des intrigues et même à devenir les maîtres de leur maître. C'est de là qu'est né Ahmed, ce Scapin des temps modernes, archétype moliéresque taillé pour s’emparer des problèmes sociaux et politiques de chaque époque.

Enseignant exerçant dans le secondaire et docteur ès littérature et langue françaises, Benjamin Dang consacre sa thèse aux figures de bouffons dans le théâtre du XXe siècle. Sa recherche porte plus précisément sur le théâtre et plus généralement sur les formes du grotesque moderne et de l'humour. Sa recherche articule l'histoire du spectacle avec l'anthropologie de l'imaginaire.

Corinne FLICKER
Agrégée de lettres modernes et maitresse de conférence HDR en Littérature française du XX-XXIe siècle, théâtre, à Aix-Marseille Université, Professeure associée à l'université Nationale du Vietnam à Hanoi, membre du CIELAM (Centre Interdisciplinaire d'Étude des Littératures d'Aix-Marseille), fondatrice et directrice de la Maison du Théâtre d'Aix-Marseille Université, Corinne Flicker est spécialiste de théâtre moderne et contemporain et des transferts d'esthétiques théâtrales de 1860 à l'extrême contemporain. Elle est l'auteure de nombreuses publications sur le théâtre français et francophone en Indochine.
Publications
Théâtres français et vietnamien : un siècle d'échanges (1900-2008). Réception, adaptation, métissage, Aix-en-Provence, PUP, coll. "Textuelles", 2014.
Le Théâtre français et l'Indochine, Revue d'Histoire du Théâtre, n°264, oct.-déc. 2014.
Le Théâtre français et francophone en Indochine, Revue La Francophonie en Asie-Pacifique, n°3, Université Nationale du Vietnam à Hanoi et PUP, 2019.

Charline GRANGER : Érudition, manie, passion : la construction de l'ethos du moliériste à la fin du XIXe siècle
Moliéromanes, moliérophiles et moliérolâtres : qui sont ces "moliéristes", dont le discours mêle l'érudition à des déclarations d'amour passionnées pour Molière ? À quelles stratégies, sociales et éditoriales, la détermination d'une identité moliériste obéit-elle et pourquoi ? À partir des années 1820, une forme nouvelle du culte rendu au dramaturge se développe progressivement, grâce à l'essor de politiques culturelles visant à valoriser et à centraliser les archives disséminées en France. La revue Le Moliériste, créée par Georges Monval en 1879, apporte aux érudits qui y contribuent une notoriété inédite, qui excède pourtant leur statut de "savants". Appartenant à la fois à l'élite intellectuelle, à la notabilité administrative et aux cercles mondains parisiens, ces moliéristes tirent parti de la figure du collectionneur monomane, alors en vogue, pour prendre l'ethos de véritables personnages : le moliériste devient un type. Cet ethos est le gage de leur succès, direct ou indirect, par l'intermédiaire de satires parfois virulentes qui leur permettent paradoxalement d'acquérir une grande popularité.

Ancienne élève de l'ENS de Lyon, agrégée de lettres modernes, Charline Granger est actuellement post-doctorante à l'université Paris Nanterre sur le programme des Registres de la Comédie-Française. Elle est l'auteure d'une monographie parue en 2021 aux Classiques Garnier, L'Ennui du spectateur. Thermique du théâtre (1716-1788). Ses recherches portent principalement sur le théâtre des XVIIe et XVIIIe siècles et sa réception ; les contextes scientifiques du discours sur la scène ; l'histoire de la Comédie-Française.

Alexandra IVARS : "Instruire et plaire" : Molière personnage de littérature jeunesse
Cette communication analyse, à partir d'un corpus varié, la représentation de Molière en littérature jeunesse. Il s'agit de comprendre la manière dont le dramaturge, par le biais de la fiction, passe du statut d'auteur classique, dans tous les sens du terme, à celui de personnage propre à susciter l'intérêt d'un jeune lectorat. Notre étude vise à montrer l'alliance entre dimension didactique et dimension poétique, qui est au cœur des textes étudiés. En effet, tout en manifestant une exigence de rigueur historique, ces ouvrages témoignent de la créativité et de la pertinence de la réappropriation moderne, qui permettent d'entretenir la mémoire de Molière sans figer son image.

Alexandra Ivars est professeur du second degré, doctorante en Littérature Générale et Comparée à Aix Marseille Université sous la direction de Crystel Pinçonnat, sa thèse s'intitule : "Théoriser le meilleur, imaginer : la dystopie comme machine à penser".
Champs de recherche : littératures de l’imaginaire (SFFF), littérature jeunesse, valeur de l'œuvre littéraire, littérature et politique.

Anne JÉRÔME : Les fêtes du Tricentenaire de Molière, une entreprise pédagogique à la Comédie-Française
En janvier 1922, Émile Fabre organise les fêtes du Tricentenaire de Molière à la Comédie-Française. Les notes de travail de cet administrateur présentent la commémoration de Molière sous un angle privilégié puisqu'il nous plonge à la fois dans la préparation et dans le déroulement du Tricentenaire, et témoigne de son excellente réception. Il s'agit ici d'en étudier la dimension pédagogique significative. La grande exposition iconographique et bibliographique mise en place par le bibliothécaire Jules Coüet, la représentation du 16 janvier offerte à l'Université et aux grandes écoles de Paris, de même que le défi artistique de faire jouer en un mois 28 des pièces de Molière, participent entre autres de l'intention d'éclairer le plus large public possible sur l'histoire et l'œuvre de Molière.

Élève de troisième année de l'École nationale des chartes, Anne Jérôme prépare une thèse d'établissement consacrée à l'édition des mémoires d'Émile Fabre, administrateur-général de la Comédie-Française (1915-1922). Elle termine cette année un master 2 à l'université Paris 1, sous la direction de Pascale Goetschel, en soutenant un mémoire sur l'administration d'Émile Fabre à la Comédie-Française (1915-1936).

Jacqueline RAZGONNIKOFF : Le Paris de Molière
Jean-Baptiste Poquelin, contrairement à ce que certains pensent, est un véritable enfant de Paris. Né et élevé dans le centre commercial et culturel de la capitale, il en a absorbé tous les apports (des charlatans du Pont-Neuf aux pittoresques marchands des Halles), il a fréquenté le Marais de la famille Béjart, et, malgré ses treize années de province, pendant lesquelles il est devenu Molière, son retour à Paris le mène dans les meilleurs endroits (Louvre, théâtres et hôtels particuliers) et son œuvre reflète son attachement à la grande ville, tandis qu'il fait rire le public parisien, dont il est si proche, tout autant que les courtisans, aux dépens des provinciaux, une recette qui fait toujours mouche. Il s'agit donc de parcourir en imagination, dans un Paris qui a bien changé, les lieux fréquentés et évoqués par Molière, d'y retrouver sa trace, et, comme le dit si bien Mascarille, dans Les Précieuses ridicules, "Pour moi, je tiens que hors de Paris, il n'y a point de salut pour les honnêtes gens".

Jacqueline Razgonnikoff est historienne du théâtre et plus particulièrement de la Comédie-Française. Études de Lettres classiques à l'université de Liège (Belgique). Bibliothécaire-archiviste à la Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française (1976-2007). Ouvrages, articles et contributions à des colloques sur Molière, la Comédie-Française, la pratique théâtrale, le théâtre de l'Époque révolutionnaire, le Théâtre romantique. Participation à la publication de textes de théâtre (Théâtre de Dufresny, Théâtre de Chamfort, d'Alexandre Dumas, pièces d'Olympe de Gouges, de Ducis, …). Commissaire d'expositions.
Dernières publications
La Comédie-Française, histoire de la salle Richelieu de 1790 à nos jours, Paris, Artlys, 2014.
Le Paris de Molière, Paris, Éditions Alexandrines, 2017.
François-René Molé, biographie, Paris, Classiques Garnier, 2022.

Anna ROLLAND : Parler de Molière, parler pour Molière : présences du dramaturge sur Twitter (2020-2021)
Molière est omniprésent sur la plateforme Twitter : les références au dramaturge y sont, chaque jour, extrêmement nombreuses, et cette omniprésence ne saurait s'expliquer uniquement par le fréquent recours à la périphrase "langue de Molière". L'auteur est souvent placé au cœur de discussions, parfois houleuses, relatives à la culture française et à son rayonnement, au niveau scolaire et à son abaissement présumé, ou encore à la langue française et à son supposé déclin. Qu'il soit convoqué comme objet de débat, exemple, ou argument d'autorité, Molière est l'instrument d'une nouvelle querelle des Anciens et des Modernes qui se joue sur le réseau social et implique des particuliers, des universitaires, des éditorialistes, ou encore des institutions comme la Comédie-Française. J'analyserai dans cette communication, en appliquant les méthodes de l'analyse de discours, quelques-uns des débats moliéresques ayant connu une grande audience en 2020 et 2021, soit avant "l'année Molière", mais au cœur d'une pandémie marquée par un usage massif de Twitter.

Agrégée de Lettres modernes, rattachée à l'école doctorale Arts, Lettres, Langues et à l'unité de recherche du CELLAM, Anna Rolland mène depuis septembre 2020 un doctorat consacré à la notion de "complaisance" dans la littérature du XVIIe siècle, sous la direction de François Trémolières (Université Rennes 2) et d'Anne Régent-Susini (Université Paris III - Sorbonne Nouvelle). Son travail se propose d'analyser, à travers une observation des usages de cette notion, les oppositions, porosités et transferts esthétiques et axiologiques qui se jouent entre plusieurs champs littéraires et sociaux du siècle (en portant notamment dans son étude une attention particulière au champ mondain et à la comédie de Molière). Anna Rolland a proposé en novembre 2020, lors de la Journée des doctorants du CELLAM organisée par l'association AdHoc, une communication intitulée "Les ambiguïtés d'Alceste : complaire et se complaire dans Le Misanthrope de Molière (1666)". Elle participera en juin 2022 au séminaire international "Corps et sociabilités — apparences et sociabilités dans un long XVIIIe siècle", et y proposera une réflexion portant sur les relations entre "complaisance", apparences et sociabilité dans la comédie de Molière.

Julien SCHUH
Julien Schuh est maître de conférences à l'université Paris Nanterre. Il dirige plusieurs projets en humanités numériques, en particulier dans le domaine de l'application de l'intelligence artificielle aux textes littéraires (Modèles et Outils d'Apprentissage Profond & Boîte à Outils d'Intelligence Artificielle).

David SCHWAEGER : Un exemple précis et heuristique de mythologie moliéresque : le dessin animé Molierissimo [Canal + et France 3 (1989-1990)]
Le premier contact des "millennials" de la génération des années 80 et suivantes avec Molière s'est, sans nul doute, effectué grâce à une petite production animée du nom de Molierissimo diffusée dans les années 90. Celle-ci narre les aventures de Quentin, un jeune magicien ayant rejoint la troupe de Poquelin. Au premier abord, il pourrait prêter à sourire de vouloir méditer sur un dessin animé dans le cadre d'un colloque sur les usages du mythe de Molière. Cette petite médiation pour enfant, destinée à populariser le plus célèbre des dramaturges français auprès du jeune public, peut paraître simpliste. Il nous semble, au contraire, qu'elle est un outil heuristique remarquable pour comprendre les mécanismes qu'emploie l'inconscient collectif pour construire le mythe national qui s'est tissé autour de Molière.

David Schwaeger conduit, à l'université de Paris 3 - Sorbonne Nouvelle, sous la direction de Gilles Declercq, un doctorat sur une lecture psychanalytique de l'œuvre de Molière. Il a enseigné au sein de l'Institut d'Études Théâtrales en tant que doctorant contractuel, ATER et y enseigne actuellement en tant que chargé de cours. Il s'est formé à la mise en scène et à la pratique théâtrale au Cours Simon (Paris) puis au Théâtre-école du Parvis des Arts (Marseille). Également journaliste à Fréquence Protestante et chroniqueur littéraire et théâtral pour le journal Réforme, il suit parallèlement à ses activités une formation à la psychanalyse pratique. Il est membre participant du groupe Espace Analytique.

Ons TRABELSI : Personnages moliéresques arabes : le dédoublement comme modèle de transposition
Molière est considéré comme un auteur classique du répertoire arabe moderne et comme l'auteur le plus joué depuis l'importation du théâtre occidental. Son intégration à ce répertoire se fait à partir de différents procédés de réécriture et de transposition. Le procédé du "dédoublement des personnages", récurrent dans la littérature classique arabe et dans le théâtre d'ombres, représente un exemple de cette démarche d'appropriation consistant essentiellement à emprunter des procédés à la comédie moliéresque et aux formes héritées du théâtre traditionnel. Le théâtre de Molière devient alors une source permettant de s'adresser au public avec son langage et ses références mais aussi à travers un dispositif scénique moderne.

Ons Trabelsi est docteure en arts du spectacle. Elle a soutenu une thèse sur les adaptations et les traductions de Molière en arabe (Liban, Égypte, Tunisie, 1847-1967) sous la direction de Christian Biet à l'université Paris Nanterre. Elle enseigne actuellement à l'université de Lorraine.

Rezvan ZANDIEH : Molière et son double iranien
À la seconde moitié du XIXe siècle, le théâtre moderne est introduit en Iran au travers de Molière, et cela, tant par le biais de la dramaturgie que de la mise en scène. Pourquoi cette introduction est-elle réalisée par le genre de la comédie et particulièrement celle de Molière ? Le fait que le premier dramaturge de l'histoire du théâtre moderne iranien soit surnommé "Molière oriental" n'est-il pas significatif, voire emblématique ? Ainsi, dans cette intervention, nous chercherons à savoir dans quel contexte la traduction et l'adaptation des pièces de Molière ont influencé l'émergence de la littérature dramaturgique. Ainsi nous verrons comment et pourquoi le théâtre moliéresque a inspiré le théâtre de deux précurseurs de la dramaturgie moderne iranienne : Mirzâ Fathali Âkhund zâde et Mirzâ Âqâ Tabrizi. Jouant un rôle décisif, à la fois dans la formation de la littérature dramaturgique mais aussi dans sa propagation, ces deux figures sont à l'origine de cette littérature dans l'histoire du théâtre moderne iranien.

Rezvan Zandieh est docteure et chargée de cours en études théâtrales à l'université Paris III Sorbonne Nouvelle. Ses recherches portent sur la relation entre le corps et le pouvoir dans le domaine de la performance ainsi que celui du théâtre. Elle travaille notamment sur le théâtre et la performance en Iran. Parallèlement à ses recherches, Rezvan poursuit ses pratiques artistiques en tant qu'actrice et vidéo- artiste.
Dernière publication
"Molière en Iran", dans Molière hors de l'hexagone, Brigitte Prost (dir.), Édition DOMENS, juin 2022.

Lujiao ZHANG : Les tribulations d'un Molière en Chine
Si quelques lettrés découvrent Molière à la fin du XIXe siècle en Chine, ce n'est qu'avec le Mouvement de la Nouvelle culture en 1919 que son théâtre se diffuse, car il prend un rôle important dans le renouvellement culturel et littéraire de cette période cruciale. Ce transfert culturel se fait sous deux aspects : la traduction au niveau microstructural ; la réécriture au niveau macrostructural et l'adaptation des comédies moliéresques dans le contexte chinois du premier XXe siècle. Molière est alors transformé et adapté en modèle correspondant à l'imaginaire collectif des Chinois. Cette étude de la réception de Molière en Chine permettra de comprendre la popularité actuelle de Molière en Chine.

Lujiao Zhang est doctorante au Laboratoire ÉCRITURES de l'université de Lorraine. Sous l'encadrement du Professeur Anne-Élisabeth Spica, elle prépare une thèse portant sur des éléments tragiques et l'innovation dramaturgique dans les comédies de Molière.


SOIRÉE :

Dénouer (ou ne pas dénouer) Tartuffe : le texte à l'épreuve de la scène, projection-débat avec Armelle TALBOT
Garantie d'allégeance au pouvoir royal et à ses capacités de discernement, le dénouement du Tartuffe est directement tributaire de l'histoire tumultueuse de la pièce, de son interdiction à sa réécriture. Parce que le texte y porte l'empreinte très directe du contexte, la fin de la pièce constitue un véritable défi pour la mise en scène. Que faire, plusieurs siècles après sa rédaction, de ce happy end de complaisance ? Doit-on le croire ou y faire croire ? Doit-on prêter foi à la gloire immortelle du Souverain représenté par l'Exempt ou la mettre en perspective de l'absolutisme monarchique ou de la convention théâtrale ? Doit-on se féliciter de l'unité familiale qu'a permis de restaurer in extremis le rex ex machina ou ne s'agirait-il encore que d'un faux-semblant, d'une ruse hypocrite ? Ce sont toutes ces questions que nous voudrions explorer à travers quelques exemples de mise en scène du Tartuffe empruntés à la scène européenne des XXe et XXIe siècles.

Armelle Talbot est maîtresse de conférences en arts du spectacle à l'université Paris Cité, membre du laboratoire CERILAC et directrice de la revue électronique thaêtre. Ses derniers travaux portent sur l'œuvre de Rainer Werner Fassbinder, sur les représentations du travail au théâtre et au cinéma ainsi que sur les rapports entre théâtre et Histoire. Depuis la rentrée 2020, elle tient avec ses étudiants un carnet de recherche collaboratif intitulé "La servante" qui porte notamment sur les effets de la crise sanitaire sur le spectacle vivant.


BIBLIOGRAPHIE :

• Forestier, Georges, Molière, Paris, NRF Gallimard, "Biographies", 2018.
• Poirson Martial (dir.), Ombres de Molière. Naissance d’un mythe littéraire à travers ses avatars du XVIIe siècle à nos jours, Armand Colin, "Recherches", 2012.
• Poirson, Martial, Molière. La Fabrique d'une gloire nationale, Seuil, Beaux livres, 2022.
• Zékian, Stéphane, L'Invention des classiques. Le "siècle de Louis XIV" existe-t-il ?, Paris, CNRS, 2012.


SOUTIENS :

Université Paris Nanterre
• Unité de recherche "Histoire des arts et des représentations" (HAR) | Université Paris Nanterre
• Centre des Sciences des littératures en langue française (CSLF, EA 1586) | Université Paris Nanterre
Université Paris 8 | Vincennes - Saint-Denis

Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


LOGER MOBILES, LE LOGEMENT AU DÉFI DES MOBILITÉS


DU VENDREDI 10 JUIN (19 H) AU JEUDI 16 JUIN (14 H) 2022

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Sylvain ALLEMAND, Mireille APEL-MULLER, Olivier LECOINTE, Jean-Baptiste MARIE

Colloque organisé à l'initiative du Cercle des partenaires


ARGUMENT :

La mobilité généralisée (des personnes, des biens, des services, de l'information…) a modifié notre rapport au logement. Elle contribue désormais à modifier nos logements eux-mêmes en brouillant la frontière entre les espaces domestique, public, professionnel et ce à tous les âges de la vie. C'est dire si elle est un facteur déterminant à prendre en compte dans la conception ou transformation des logements, aujourd'hui plus que jamais face aux effets du changement climatique, mais aussi aux crises sociale et sanitaire.

Déjà, de nouvelles pratiques, de nouveaux usages et de nouveaux imaginaires se manifestent non sans puiser dans des réalités anciennes : bi, voire tri-résidentialité, nomadisme, habitat mobile, télétravail, télé-enseignement, télé-santé, hyperlieux-mobiles… Il reste que les logements neufs sont encore majoritairement le fait de la promotion privée (promoteurs et particuliers) et les que cadres réglementaires trouvent leurs limites.

L'urgence de la situation oblige à réfléchir à une "alliance inédite" entre les acteurs historiques, mais aussi de nouvelles parties prenantes apparues à la faveur des transitions écologique, numérique, énergétique. Comment ? Selon quelles modalités ? Pour quel "Loger mobiles" ? C'est ce que propose d'examiner ce colloque avec des intervenants de différents horizons disciplinaires, professionnels, géographiques, en prenant en compte la diversité des situations selon les catégories de population et les territoires métropolitains, périurbains et ruraux.


MOTS-CLÉS :

Alliances, Architecture, Campagnes urbaines, Citoyenneté, Conception, Covid 19, Démocratie, Habitants, Habitat précaire, Hybridations, Imaginaires, Inégalités d'accès, Logement, Métropole, Mobilité, Numérique, Pratiques, Territoires Tiers-lieux, Transitions, Urbanisation, Usages, Ville durable


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 10 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Samedi 11 juin
Matin
Sylvain ALLEMAND, Mireille APEL-MULLER, Olivier LECOINTE & Jean-Baptiste MARIE : Introduction

LOGER MOBILES AUJOURD'HUI : HISTOIRE ET RÉCITS D'UNE HYBRIDATION — Animation : Jean-Baptiste MARIE
Jean-Baptiste MARIE : Introduction
Antoine PICON : Imaginaires du logement et de la mobilité du XIXe siècle à l'ère du numérique

Le logement au défi des mobilités : questions des "Grands Témoins", avec Jean-Claude DRIANT (Urbaniste, spécialiste des politiques d'habitat et de logement), Marjan HESSAMFAR (Vice-Présidente du Conseil national de l'Ordre des architectes), Vincent LE ROUZIC (Fabrique de la cité) et Jean-Pierre ORFEUIL (Économiste des transports)

Après-midi
NOUVEAUX USAGES, NOUVELLES PRATIQUES, NOUVEAUX IMAGINAIRES — Animation : Sylvain ALLEMAND
Lecture critique des rapports sur le logement : et la mobilité dans tout ça ?, avec François LECLERCQ et Catherine SABBAH [Loger Mobile. Sans tourner en rond]

Alain BOURDIN : Comment mieux saisir les préférences des futurs propriétaires ?

Témoignages : initiatives, émergences, signaux faibles, avec Andrés BORTHAGARAY (Fondation Furban) [Logement et mobilité, facteurs clé de l'inclusion en Amérique latine] [visioconférence], Pascal DREYER (Leroy Merlin Source) [Habiter la mobilité, penser de nouveaux ancrages avec les habitants] et Sylvie LANDRIÈVE (Forum Vies Mobiles)


Dimanche 12 juin
Matin
EST-CE QUE LA COVID 19 A FAIT BOUGER LE LOGEMENT : SES PRATIQUES ET SA CONCEPTION ? — Animation : Mireille APEL-MULLER
Présentation d'études réalisées par la Plateforme d'observation des projets et stratégies urbaines (POPSU), avec Marie BREUILLÉ (INRAE) [En pleine crise sanitaire, observer les envies de mobilité et leurs concrétisations, grâce à la digitalisation de l'immobilier et à la réexpédition de courrier] et Aurélie DELAGE (Univ. de Perpignan, Art-Dev) & Max ROUSSEAU (CIRAD) [De camions en châteaux ambulants : ce que la crise sanitaire change (ou pas) aux mobilités résidentielles]
Intervention d'Olivier BOUBA-OLGA (Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine) [visioconférence]

Paul LANDAUER : À propos du stockage dans l'architecture du logement
Lucie JOUANNARD (Syvil Architectures) : Transition écologique : les impacts de la reconfiguration des flux de matières sur nos logements

Après-midi
DÉMOCRATIE, CITOYENNETÉ À L'HEURE DU "LOGER MOBILE" ? — Animation : Sylvain ALLEMAND
Sabri BENDIMÉRAD : Le garage, une nouvelle pièce à vivre ?
Stéphane JUGUET : Le CH'VAL robomobile. Science f(r)iction
Sylvie LANDRIÈVE (Forum Vies Mobiles) : Retour sur un Forum Citoyen

Soirée
Carte blanche à Aglaée DEGROS (Architecte) : Les contrats de mobilité


Lundi 13 juin
Matin
TERRITOIRES : QUELLES NOUVELLES ALLIANCES POUR FAIRE BOUGER LES LIGNES ? — Animation : Isabelle LAUDIER (IR CDC)
Ce que ça vous dit de territorialiser logement et mobilité ?, avec Daniel BEHAR [Vivre en archipels, quel défi pour l'action publique ?] et Jean-Claude DRIANT

Les outils pour y répondre : l'exemple de l'Atelier des territoires, avec Florian MUZARD (DGALN), Denis LABIGNE (DDTM du Calvados) et Thomas BUHLER (Univ. de Franche-Comté) [Planifier le logement et les mobilités. "On remet une pièce dans la machine ?"]

Réactions, témoignages d'un élu et d'un acteur territorial, avec Nicolas ESCACH (Caen, Ville durable) et Fabrice JEANNE [Retour d'expériences sur des initiatives portées ou accompagnées par un acteur territorial dans une collectivité]

Après-midi
"HORS LES MURS" — Animation : Christine BACHELEZ & Nada ESSID
Visites et rencontres avec des acteurs normands du "Loger mobiles" : "Rencontre des habitants d'une zone littorale fragilisée" à Montmartin-sur-Mer

Soirée
Podcasts "Campagnes Urbaines" réalisés par Camille Juza (site internet PUCA), présentation par Jean-Baptiste MARIE


Mardi 14 juin
Matin
ENGAGÉS POUR LA QUALITÉ DU LOGEMENT DE DEMAIN AU PRISME DES MOBILITÉS — Animation : Mireille APEL-MULLER
Remettre au premier plan la qualité d'usage et la qualité architecturale avec un coût abordable, tout en répondant aux impératifs de la transition écologique, a été l'ambition d'Engagés pour la qualité du logement de demain. Dans le cadre de cette expérimentation nationale, quelle place est faite aux mobilités ? Cette séquence examine, parmi les 97 équipes lauréates de ce programme, la place donnée par les concepteurs aux enjeux de la mobilité dans le logement. À l'image du projet
Velhome à Strasbourg, qui place au centre le développement d'un réseau cyclable vertical, qui transforme l'usage des espaces communs, depuis le rez-de-ville jusqu'au seuil du logement par le vélo, d'autres projets interrogent en creux les mobilités, comme le projet Démarche Toits Temporaires Urbains, à Stains, ou encore le projet Résidence du Lac, à Bordeaux, d'autres projets enfin, nombreux, oublient cette dimension. Nous ausculterons les raisons qui ont motivé certains de ces concepteurs à placer résolument le défi de la mobilité au cœur de la conception des logements, tandis que d’autres ont privilégié d'autres priorités.
Marjan HESSAMFAR & Jean-Baptiste MARIE : Les enjeux de l'AMI (appel à manifestation d'intérêt engagés pour la qualité du logement de demain)

Regards croisés entre les lauréats de deux projets de l'AMI sur la qualité du logement : et la mobilité ?, avec Charlotte GIRERD (Directrice Transition, RSE et Innovation de SNCF Immobilier) [Projet "Démarche Toits Temporaires Urbains", à Stains] et Bruno ROLLET (Architecte) [Projet "Résidence du lac", à Bordeaux]

Table ronde, avec Paul LANDAUER, Vincent LE ROUZIC (Fabrique de la cité) et Nicolas TIXIER

Après-midi
ENJEUX SOCIOÉCONOMIQUES — Animation : Sylvain ALLEMAND
Eric CHARMES : Métropole et éloignement résidentiel
Christian de PERTHUIS : Loger mobiles et climat : rentes, fiscalité, sobriété [visioconférence]
Jean-Pierre NICOLAS : Le coût résidentiel : entre ce qu'il nous dit et ce qu'il pourrait nous apprendre
Arnaud LE MARCHAND : Inégalités d'accès au logement et habitat précaire
Discutant : Jean-Claude DRIANT

Soirée
Viviane HAMON : Ré-enchanter le pavillon des années 50-70 : vers un mode de vie durable ?


Mercredi 15 juin
Matin
LOGER MOBILES FACE AUX TRANSITIONS NUMÉRIQUES, ÉNERGÉTIQUES, ÉCOLOGIQUES — Animation : Olivier LECOINTE
Dominique BOULLIER : Loger mobile ? ou Habiter dans le mouvement. Enveloppes ou propagations. Habitèle ou réseaux [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Hugo POIRIER : L'habitat en 2040. Une étude pluridisciplinaire, pour une smart home consciente des modes de vie de demain
Rémi BABUT : "Habiter dans une société bas carbone", un rapport du Shift Project
Hélène PESKINE : Quelle feuille de route pour les transitions ?

Après-midi
CE QUE LES MOBILITÉS FONT AU LOGEMENT / CE QUE LE LOGEMENT FAIT AUX MOBILITÉS : QUELLES CONCEPTIONS ? AVEC QUI ? COMMENT ? — Maîtrise d'œuvre : Jean-Baptiste MARIE
Workshop des étudiants — Loger mobiles dans les territoires
Atelier de conception d'un prototype mobilier de logement mobile
Animé par Misia FORLEN, Pierre FRIEDRICH, Lorette KLEPPER & Victoria MURE-RAVAUD (Doctorants des Écoles nationales supérieures d'architecture) et Sabine CHARDONNET DARMAILLACQ [ENSA Paris-Malaquais], et restitution d'une enquête réalisée auprès des étudiants de Licence 3 de l'École nationale supérieure d'architecture de Clermont-Ferrand
Discutante : Fionna MEADOWS


Jeudi 16 juin
Matin
QUELLES LIGNES DE FORCE ?
Le logement aux défis des mobilités ? Éléments de réponse des "Grands Témoins", avec Jean-Claude DRIANT, Vincent LE ROUZIC et Jean-Pierre ORFEUIL

Conclusions des directeurs & Débat général

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Mireille APEL-MULLER
Mireille Apel-Muller est co-fondatrice de l'Institut pour la ville en mouvement. Après avoir participé à la création des concours européens d'architecture EUROPAN, Mireille Apel-Muller a co-fondé (avec François Ascher en 2000) l'Institut pour la ville en mouvement (IVM). Elle a animé un réseau international de chercheurs de toutes disciplines, de professionnels et acteurs de la ville, de représentants du monde de l'entreprise dans une dynamique d'innovation sociale, spatiale, scientifique, technologique. Les projets développés visaient à contribuer à l'émergence d'une culture de la mobilité, condition de base de l'urbanité contemporaine. Elle a notamment co-réalisé les expositions "Architecture et mobilité", "La rue est à nous… tous !", "Passages, espaces de transition pour la ville du XXIe siècle" ; elle a codirigé les colloques internationaux "Le Génie de la marche", "La Fabrique du mouvement", "Les Taxis du futur", "Les mobilités pour l'insertion", "Cleantech et mobilités" ainsi qu'une quinzaine d'ouvrages. Elle a constitué une plateforme internationale de chercheurs et d'experts pour analyser les activités en mouvement et leur mutation sous le nom d'"Hyperlieux mobiles" : des véhicules connectés apportant des services de toute nature dans les territoires délaissés ou de faible densité.
Publications
Ascher F. & Apel-Muller M. (dir.), La rue est à nous… tous !, Au diable vauvert (2007).
Institut pour la ville en mouvement, Bouge l'architecture ! Villes et mobilités, Actar Publishers (2003).
Chardonnet-Darmaillacq S. (dir.), Le génie de la marche. Poétique, savoirs et politique des corps mobiles, Colloque de Cerisy, Hermann (2016).
Mireille Apel-Muller (dir), Passages, espaces de transition pour la ville du XXIe siècle, Actar Publishers (2017).

Olivier LECOINTE
Olivier Lecointe, retraité, a effectué sa carrière professionnelle dans le secteur de l'énergie, au sein d'EDF, de Gaz de France et d'ENGIE, où il a occupé des fonctions opérationnelles (directeur de centrale de production, gestionnaire d'énergie, développement) et fonctionnelles (stratégie, études économiques, achats…). Il est spécialiste en économie de l'énergie. Délégué du Cercle des Partenaires de Cerisy, il est chargé d'animer ce cercle, de l'étendre et de développer sa capacité à travailler collectivement pour proposer des sujets de colloques et contribuer à leur préparation. À ce titre, il a récemment codirigé les colloques Angles morts du numérique et Imaginaires et pratiques de l'économie circulaire.

Jean-Baptiste MARIE
Architecte, docteur en aménagement et architecture, diplômé de l'École nationale supérieure d'architecture de Versailles et de l'École Boulle. Il est directeur général de l'Europe des projets architecturaux et urbains, organisme de recherche et d'expérimentation sous tutelle du Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires et du Ministère de la Culture. À ce titre, il pilote le programme Engagés pour la qualité du logement de demain, la Plateforme d'observation des projets et stratégies urbaines (POPSU), le programme de recherche-embarquée Coubertin sur les jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 et le concours EUROPAN. Il est par ailleurs Professeur des Écoles nationales supérieures d'architecture (Ensa) où il enseigne dans le champ Théories et pratiques de la conception architecturale et urbaine (TPCAU) à l'Ensa de Clermont-Ferrand et dirige l'Unité mixte de recherche Ressources. Il est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages sur l'architecture et les villes au XXe siècle et a récemment publié Architectes et ingénieurs face au projet aux Éditions du Moniteur, Architecture et expérimentations aux Éditions Méandres.
Publications récentes
GUILLERM Élise, MARIE Jean-Baptiste, Les villas modernes du Bassin d'Arcachon, Paris, Éditions Norma, 2022.
BONNEVIDE Nathalie, MARIE Jean-Baptiste, La programmation urbaine, Paris, Éditions Le Moniteur, 2021.
MARIE Jean-Baptiste (dir.), Architecture et expérimentation, Rouen, Éditions Point de vue, 2020.
MARIE Jean-Baptiste, Architectes et ingénieurs face au projet, Paris, Éditions Le Moniteur, 2019.


Rémi BABUT : "Habiter dans une société bas carbone", un rapport du Shift Project
Né dans le sillage de la crise sanitaire, le PTEF vise à proposer des voies pragmatiques pour transformer l'économie en la rendant moins carbonée et plus résiliente. Il s'agit d'une tentative de conception "à grande échelle" d'un programme systémique de mesures opérationnelles (réglementaires, économiques, fiscales, sociales) destinées à rendre différents secteurs de notre économie — dont en l'occurrence le logement — compatible avec la neutralité carbone. Les effets des mesures envisagées sont quantifiés sur les flux de matière et d'énergie, ainsi que sur l'emploi, point nodal de la transition bas carbone. Afin de permettre à l'ensemble de la population française d'être correctement logée dans les prochaines décennies, a fortiori compte tenu des chocs énergétiques et climatiques à venir, la France doit planifier dès aujourd’hui la décarbonation progressive du secteur du logement. La décarbonation du logement ne pourra émerger que d'une combinaison de quatre axes d'action :
- Faire preuve de sobriété dans les constructions neuves ;
- Massifier la rénovation énergétique globale et performante ;
- Décarboner la chaleur ;
- Mobiliser le bâtiment comme puits de carbone.

Rémi Babut est chef de projet au sein de The Shift Project, think tank qui œuvre en faveur d'une économie libérée de la contrainte carbone. Ingénieur et urbaniste diplômé de l'École des Ponts ParisTech, il a 5 ans d'expérience en ingénierie environnementale et énergétique des projets urbains. Il a co-piloté l'association Expérience P2E qui porte le Passeport Efficacité Énergétique. Il conseille aujourd'hui les acteurs de l'immobilier, de l'aménagement et des territoires chez Elioth, tout en menant les travaux sur le secteur Logement du Plan de transformation de l'économie française.
Publications
The Metamatrix of Thermal Comfort: A compendious graphical methodology for appropriate selection of outdoor thermal comfort indices and thermo-physiological models for human-biometeorology research and urban plannin, Co-auteur [en ligne].
"Habiter dans une société bas carbone", Contribution au Plan de transformation de l'économie française de The Shift Project, 2021, Auteur principal [en ligne].
MESH : Morphology, Environment, Sustainability, Human comfort, Conception, évaluation et optimisation des formes urbaines au prisme de la qualité environnementale, 2019, Co-auteur [en ligne].
"Reparamétrer l'urbanisme", in Territoires Durables, de la recherche à la conception, sous la direction de Solène Marry, Édition Parenthèses / ADEME, 2018.
Paris Haussmann, modèle de ville, Catalogue d'exposition au Pavillon de l'Arsenal, sous la direction de Umberto Napolitano et Franck Boutté, 2017, Études urbaines.

Daniel BEHAR
Daniel Behar, géographe, est professeur à l'École d'Urbanisme de Paris. Il y anime la chaire "aménager le Grand Paris". Il a récemment codirigé l'Atlas du Grand Paris (Autrement, 2020), Faire région, faire France : quand la région planifie (Berger-Levrault, 2021) ainsi que la note "Après la décentralisation" pour Terra Nova.

Andrés BORTHAGARAY
Andrés Borthagaray est architecte urbaniste, chercheur invité de la Fondation France Japon à l'EHESS (chaire Michelin sur la mobilité urbaine) et président de la fondation Furban. Il a été directeur section Amérique Latine à l'Institut pour la ville en mouvement depuis 2008. Dans le cadre de ses missions, il anime des ateliers dans plusieurs villes de la région sur les thèmes de la gouvernance des mobilités, des espaces publics du mouvement et de la Ville Lisible. En 2009, il dirige la publication ¡ Ganar la calle ! Compartir sin dividir. En 2013, il est co-éditeur, avec Jean-Pierre Orfeuil, de La fábrica del movimiento et en 2020, avec Yency Contreras, de Hiperlugares Móviles, actividades conectadas más allá del transporte. Il a été directeur du conseil de planification stratégique pour la ville de Buenos Aires, où il a été sous-secrétaire à la décentralisation et aux transports.

Dominique BOULLIER : Loger mobile ? ou Habiter dans le mouvement. Enveloppes ou propagations. Habitèle ou réseaux
Habiter, c'est approprier et se coupler à une enveloppe. Les enveloppes que sont l'habit et l'habitat se sont étendues au XXe siècle en habitacle et au XXIe en habitèle. Nous devons pouvoir habiter le numérique, condition d'un monde connecté vivable. L'ancrage du domicile traditionnel se transforme en lestage, ce qui nous tient debout sur la terre mais en mobilité. Or, les réseaux ne lestent pas plus qu'ils ne filtrent ni qu'ils ne nous permettent de créer le climat et l'ambiance qui nous conviennent. Nous devons pouvoir nous coupler à notre téléphone portable et à nos réseaux sans être happés par la tyrannie de la réactivité à haute fréquence et du réchauffement médiatique. Les catastrophes engendrées par la faible régulation des automobiles devenues habitacles captivants, nous attendent pour les réseaux numériques s'ils demeurent en régime de développement incontrôlé.

Dominique Boullier est Professeur des universités en sociologie à Sciences Po (IEP Paris, CEE). Il est anthropologue de l'urbain puis du numérique, créateur d'entreprise (systèmes d'information et d'aides humains-machine), créateur de laboratoires des usages (sciences cognitives, Cité des Sciences), professeur en école d'ingénieurs (UTC, EPFL) et à Sciences Po Paris, ancien adjoint au maire de grande ville.
Publications
L'urbanité numérique (1999).
Sociologie du numérique (2019, 2e éd).
Comment sortir de l'emprise des réseaux sociaux (2020).
Puissance des plateformes numériques, territoires et souverainetés (2021).

Alain BOURDIN
Professeur des universités, sociologue et urbaniste Alain Bourdin a dirigé l'Institut Français d'Urbanisme. Il enseigne au Centre Raymond Lemaire de l'université de Louvain (Flandres), à l'Académie Libanaise des Beaux Arts (Beyrouth), et intervient à l'ESSEC (chaire d'économie urbaine). Il est membre du Lab'urba (Université de Paris-Est). Directeur de la Revue Internationale d'urbanisme, il conduit le programme de recherche Coubertin sur la production des équipements olympiques de Paris 2024. Au cours des années récentes, il a réalisé des enquêtes sur les préférences des propriétaires, les territoires de vie des urbains (et "périurbains"), les attitudes par rapport au vélo dans l'ouest francilien, l'impact du confinement et du télétravail sur les comportements professionnels (mobiles et immobiles).
Publications récentes
Faire centre, Éditions de l'Aube, 2019.
L'action publique urbaine face aux mutations sociétales, avec Joël Idt et Michel Casteigts, Éditions de l'Aube, volume 1, 2020 - volume 2, 2022.
Du logement à la ville : ce que préfèrent les habitants, avec Pauline Silvestre, Éditions de l'Aube, 2021.

Marie BREUILLÉ
Marie Breuillé est chercheuse en économie à l'INRAE, et membre du CESAER. Elle coordonne avec Julie Le Gallo un des deux volets quantitatifs du programme de recherche "Exode urbain : impact de la pandémie de Covid 19 sur les mobilités résidentielles" (Financement PUCA). Ses travaux portent principalement sur les finances publiques locales (impact de la coopération intercommunale, performance de la péréquation, efficacité de la dépense publique) et sur les marchés immobiliers (méthodologie de la carte des loyers développée avec Camille Grivault et Julie Le Gallo, ratios loyer sur prix, encadrement des loyers, location touristique meublée).

Thomas BUHLER
Thomas Buhler est maître de conférences HDR en aménagement et urbanisme à l'université de Franche-Comté. Ses recherches portent à la fois : sur les modes de vie urbains, en lien avec les mobilités quotidiennes (essentiellement automobiles et cyclistes) ; sur les modalités d'action et les stratégies d'acteurs en urbanisme (à travers la planification urbaine) ; et sur le développement d'expérimentations visant à intégrer une diversité d'acteurs (habitants, acteurs publics, associatifs et privés) dans le développement de projets et plans urbains et territoriaux.
Dernières publications
Buhler T., Comby E., Vaudor L., von Pape T., 2021, "Beyond 'good' and 'bad' cyclists. On compensation effects between risk taking, safety equipment and secondary tasks", Journal of Transport & Health (en ligne).
Buhler T., Stephenson R., 2021, "Is Local Planning Really 'Local' ? National Planning Context as a Determining Factor for Local Discourse", Planning Theory and Practice (en ligne).
Buhler T., 2021, "When vagueness is a strategic resource for planning actors", Planning Theory (en ligne).

Eric CHARMES : Métropole et éloignement résidentiel
Les métropoles rayonnent sur des territoires de plus en plus vastes. Cette dynamique, ancienne, n'a fait que croitre ces dernières décennies. Elle est ambivalente. D'un côté, elle favorise le développement des petites villes et campagnes proches des métropoles, au travers de ce qu'on appelle la périurbanisation. D'un autre, pour beaucoup de ménages, l'extension des aires métropolitaines s'accompagne d'un éloignement entre lieu d'emploi et résidence. Les dépenses énergétiques qui résultent des déplacements ainsi imposés précarisent les familles jusqu'aux classes moyennes. Le mouvement des Gilets jaunes a trouvé là l'un de ses principaux moteurs. Que faire face à cette situation, pour répondre aux enjeux sociaux, mais aussi écologiques, de l'éloignement résidentiel ?

Eric Charmes est directeur de recherche à l'ENTPE (Vaulx-en-Velin). Il est spécialisé dans les études urbaines, l'aménagement et l'urbanisme. Il est membre du laboratoire Recherches interdisciplinaires ville, espace société (RIVES), composante de l'UMR CNRS EVS de l'université de Lyon. Il est le référent scientifique de la plate-forme lyonnaise du programme POPSU Métropoles. Une part importante de ses recherches a porté sur les territoires périurbains.
Publications
La ville émiettée, PUF, 2011.
La revanche des villages, Seuil, 2019.

Aglaée DEGROS : Les contrats de mobilité
Les contrats ou fonds de mobilité sont des instruments légaux permettant de réduire les coûts pour les habitants et de faire évoluer la mobilité d'un quartier vers un partage modal durable. Le principe des contrats de mobilité comme par exemple ceux mis en place par la ville de Vienne en Autriche vise à l'amélioration de l'offre en matière de mobilité, sans nécessairement se baser sur la possession privée d'une voiture. Ces contrats permettent non seulement de construire et habiter à meilleur marché car ne nécessitent pas la construction de parking mais sont également essentiels dans la lutte contre les changements climatiques en réduisant les émissions de gaz liées à la mobilité automobile. Un contrat de mobilité permet au promoteur du projet de déroger à la norme en matière de stationnement automobile, mais en contrepartie oriente l'investissement de l'argent ainsi économisé vers une offre de mobilité durable pour le bâtiment de logement et/ou un fonds destiné à améliorer la mobilité de proximité dans le quartier où le projet est implanté.

Aglaée Degros est architecte/urbaniste et directrice du bureau Artgineering, basé à Bruxelles. Avec Artgineering, elle conçoit et met en œuvre des stratégies de conception pour des conditions (inter)urbaines complexes, elle réinterprète la relation entre la mobilité, le paysage et le développement urbain. Elle est également professeur d'université et directrice de l'Institut d'urbanisme de l'université de technologie de Graz. Dans le passé, elle a été professeur invité et conférencière dans plusieurs institutions d'architecture en Europe. Elle a été aussi professeur de culture urbaine et d'espace public à l'université de technologie de Vienne et à l'Académie des beaux-arts de Vienne, professeur invitée de l'université Polytechnique de Milan et est en 2022 professeur invitée de l'université de Harvard. Elle est Fellow d'honneur de la Vrije Universiteit de Bruxelles. Aglaée Degros est notamment co-auteur de la publication de Routledge "Public Space and the Challenges of Urban Transformation in Europe", "Brussels, [re]discovering its spaces" et plus récemment "Traffic space is public space". Elle est régulièrement membre du jury de concours internationaux d'urbanisme et de design. Elle une des quatre experts conseillant le maitre architecte de la région Flamande.

Aurélie DELAGE
Aurélie Delage est enseignante-chercheuse en aménagement et urbanisme à l'université de Perpignan Via Domitia (UMR Art-Dev). Elle coordonne avec Anaïs Collet et Max Rousseau le volet qualitatif du programme de recherche "Exode urbain: impact de la pandémie de Covid 19 sur les mobilités résidentielles" (Financement PUCA - Réseau Rural). L'atelier discutera une partie des résultats de l'enquête, notamment les diverses modalités d'habiter polytopique observées sur le terrain. Du multirésidentialisme des plus aisés au nomadisme des populations marginales, les profils sont divers, les modalités d'intégration et le développement local induit le sont tout autant. Dans quelle mesure cet habiter mobile sélectif n'est-il pas révélateur et/ou générateur de nouvelles formes d'inégalités sociales et territoriales, voire de relégation et d'exclusion ?

Pascal DREYER : Habiter la mobilité, penser de nouveaux ancrages avec les habitants
La mobilité s'est imposée depuis plusieurs décennies comme une exigence qui concerne toutes les étapes de la vie (de l'enfance à la retraite) et tous les domaines de l'existence (études, formation, travail, loisirs et vacances, etc.). Elle s'est même progressivement invitée au cœur des logements, mobilisant des espaces, des technologies et activant des systèmes relationnels spécifiques. Plusieurs recherches menées depuis 2013 au sein de Leroy Merlin Source dessinent la manière dont les individus font face à cette exigence, tantôt choisie, tantôt subie, quelles attentes ils formulent à l'égard du logement et plus largement de l'habitat, comment ils intègrent la mobilité au cœur de la stabilité qu'est le logement mais aussi comment ils se prémunissent de ses effets négatifs.

Pascal Dreyer est coordinateur scientifique de Leroy Merlin Source, réseau de recherche sur l'habitat de Leroy Merlin France depuis 2005, réseau de soixante chercheurs réalisant dix recherches par an. Il a été directeur adjoint de Handicap international, responsable du programme France et membre fondateur et directeur de la publication délégué de Déclic, le magazine de la famille et du handicap ; rédacteur en chef de Gérontologie et Société. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et ses sujets de recherche portent notamment sur la dépendance, l'habitat, le deuil, les situations de handicap quel que soit l'âge. Recherches en cours : "Vécu corporel de l'habiter entre 65 et 100 ans" avec Florence Vernay (artiste) et "Objets de l'ailleurs et chez-soi" avec Elsa Ramos, sociologue (Cerlis).
Publications
"Habiter. Réparer. Résister", Cultures et sociétés, n°27, Collection "Cultures et sociétés, sciences de l'homme", Paris, Téraèdre, 2013.
Avec Ennuyer B., Le chez-soi à l'épreuve des pratiques professionnelles, Lyon, Éditions de la Chronique sociale, 2017.
Dreyer, P. (coord.), "Habiter chez soi jusqu'au bout de sa vie", Gérontologie et société, n°152, vol. 39/2017, Paris, CNAV.

Jean-Claude DRIANT
Je jouerai, aux côtés de Jean-Pierre Orfeuil, le rôle de grand témoin tout au long du colloque. Cela se traduira par un participation attentive et active à l'ensemble des sessions du colloque. Mon regard sera celui d'un chercheur spécialisé dans le champ des politiques et des marchés du logement. Le premier jour du colloque, nous participerons, avec les organisateurs, à une table ronde inaugurale pendant laquelle je poserai les termes des grands enjeux du lien entre logement et mobilités, tant résidentielles que quotidiennes. La notion de parcours résidentiel sera centrale pour comprendre la grille de questionnement que j'appliquerai à mon écoute des conférences et tables rondes du colloque. Lors de la table ronde finale, le 16 juin, je tenterai d'énoncer ce qui me sera apparu comme les grandes lignes de force de ce riche programme.

Professeur à l'École d'urbanisme de Paris (Université Paris-Est Créteil), Jean-Claude Driant est spécialiste de l'habitat. Il consacre l'essentiel de ses recherches et enseignements à la socio-économie du logement, aux politiques nationales et locales de l'habitat, au parc locatif social et au fonctionnement des marchés immobiliers. Ses travaux portent principalement sur les articulations entre le fonctionnement des marchés locaux du logement et la mise en œuvre des politiques territoriales impliquant l'habitat.
Publications
DRIANT J.-C., Les politiques du logement en France, Deuxième édition, Les Études, 2015, Paris, La Documentation française, 197 p.
DRIANT J.-C. et LELIEVRE M. (dir.), Mal logement, mal logés, Rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes), 2018, 324 p.
DRIANT J.-C. et MADEC P., Les crises du logement, La Vie des Idées, PUF, 2018, 100 p.
DRIANT J.-C., "Loi ELAN, rupture ou simple accélérateur de la transformation du modèle français du logement social ?", Grief, revue sur les mondes du droit, Dalloz/EHESS, n°6/2, octobre 2019, pp. 31-43.
DRIANT J.-C. et LEVY-VROELANT C., "In search of equity. French housing policy and "Grand Paris"", in Pohlan J. et Wehrahn R., Housing and Housing Politics in European Metropolises, Springer VS, 2019, pp. 21-44.

Viviane HAMON
Viviane Hamon est anthropologue et consultante. Ses travaux portent sur la transition écologique des territoires et plus particulièrement sur la rénovation énergétique de l'habitat privé. Elle accompagne les politiques publiques sur le sujet à l'échelle territoriale et nationale.
Recherches/publications en lien avec le colloque
"Ré-enchanter les pavillons des années 50-70", en collaboration avec Lionel Rougé et Hortense Soichet, ADEME/Leroy Merlin Source.
"Explorer le temps du chantier", ADEME/Leroy Merlin Source (en ligne).
"Rénover et densifier les quartiers d'habitat pavillonnaire", recherche collective, PROFEEL (en ligne).
"L'approche environnementale, un moyen de réconcilier la maison individuelle et la ville ?", recherche collective, Programme PUCA "Maison individuelle, architecture, urbanité".

Lucie JOUANNARD : Transition écologique : les impacts de la reconfiguration des flux de matières sur nos logements
Le fonctionnement de nos villes repose sur des flux de matière : énergie, matières premières, produits manufacturés, déchets, etc... Face aux dérèglements écologiques, aux enjeux sociaux et économiques auxquels nous devons faire face, ces derniers sont aujourd'hui largement remis en question. Les impacts des reconfigurations qui doivent advenir nécessitent d’être accompagnés par un renouvellement de la conception de nos architectures, de nos villes et notamment de nos logements. L'exploration des thématiques de la cuisine et du stockage dans les logements collectifs à l'aune des enjeux de gestion des déchets, des nouvelles pratiques de l'économie circulaire, de l'explosion des livraisons à domicile et de croissance des circuits courts, illustre le potentiel d'une approche fonctionnelle renouvelée.

Lucie Jouannard est architecte et chargée de recherche au sein de l’atelier Syvil architectures. Syvil est un atelier d'architecture et d'urbanisme parisien qui porte un regard singulier sur la ville contemporaine en choisissant, face aux enjeux écologiques, sociaux et économiques, de s'intéresser à ses coulisses, à ses arrières-cours et aux filières matérielles qui lui permettent de fonctionner. Pour mieux accompagner les opérateurs et préparer un passage à l'action, Syvil a mis en place une dynamique de recherche visant la création de connaissances originales et la montée en compétence collective sur des sujets spécifiques autour de l'idée de ville productive.
Publications
"Réinvestir la cuisine", édito Syvil architectures.
"Raisonner le stockage", édito Syvil architectures.

Stéphane JUGUET : Le CH'VAL robomobile. Science f(r)iction
Dans le cadre d'une étude prospective commandée par IFSTTAR, nous avons animé des ateliers (ré)créatifs avec des artistes, des scénaristes et des experts des enjeux de la mobilité pour imaginer la "vie Robomobile" à l'horizon 2050. Ces visions posent la question de cette articulation entre "logement" et "mobilité".
Nombreux récits d'anticipation font la promotion de la robomobilité. Dans la smart city, elle permettrait d'optimiser les flux, de réduire notre empreinte carbone, de faciliter notre quotidien ; (télé)mobilité et (télé)habitat sont intimement liés. À l'inverse, d'autres imaginaires dénoncent ces tendances qui réduisent nos manières d'être au monde à une équation algorithmique. La robomobilité vire alors au cauchemar mettant "sous contrôle" le (télé)voyageur qui perd progressivement sa liberté… de circulation. Nous proposons un détour par ces imaginaires prospectifs qui nous interrogent sur cette corrélation entre habitat et mobilité. Nous sommes en 2050. Dans les villes, les GAFA ont transformé nos routes en réseau numérique sur lequel circule des "Ch'V.A.L." en libre-service, sorte de véhicule hybride entre une monture animale et le Véhicule Automatique Léger (VAL). Le Ch'V.A.L. est une "globule car" montée sur 4 pattes qui transforme son cavalier en "road-tubeur". Lorsqu'il chevauche sa monture, le "road-tuber" accède à des contenus sponsorisés. L'attention du conducteur traduite en audimat est une source de profit essentielle pour amortir les coûts d'infrastructure. Mais les campagnes, dont la densité de population est trop faible, deviennent un angle mort de la mobilité. Faute d'audience, les infrastructures sont laissées à l'abandon et les campagnes se dévitalisent. Ceux qui habitent aux marges des mégapoles sont qualifiés de "S.D.F." c'est-à-dire de "Sans Déplacement Fixe". L'errance devient la règle. Face à ce phénomène, la résistance s'organise. À l'image des ZAD, des collectifs de RAD (Route à défendre) dénoncent la mainmise de l'I.A. sur le quotidien et la liberté́ de circulation des citoyens. Leur combat : lutter contre l'algorithme pour reprendre le pouvoir sur la machine.
En résumé, loger mobile, c'est habiter Le Monde, d'où l'importance de défendre notre Liberté de circulation mais aussi de garantir l'Égalité de traitement entre les territoires afin de préserver les liens entre ces lieux et ces univers de pratiques qui sont source de Fraternité entre ces mondes. Au final, la mobilité est une manière d'habiter le Monde car c'est le "mobile" de nos échanges !

Stéphane Juguet est anthropologue et directeur de l'agence What Time Is I.T. Ancien chercheur au Laboratoire des Usages et des Technologies d'Informations Numériques (LUTIN‐UserLab) situé à la Cité des Sciences et de l'industrie à Paris, il a mené pendant plusieurs années des réflexions prospectives sur les usages, la mobilité (évènementielle, touristique, quotidienne…), les pratiques urbaines et les objets télécommunicants. En 2004 il créé la société What Time Is I.T. pour mener des réflexions prospectives et anthropologiques centrées user experience. Spécialisé sur le design de services innovants, sa spécificité repose sur sa capacité à mobiliser la compétence d'artistes (photographes, vidéastes, designers, musiciens,…) pour rendre compte du sensible et des émotions dans le domaine de l'innovation.

Denis LABIGNE
Denis Labigne est responsable de la Délégation Territoriale de la Direction départementale des Territoires et de la Mer du Calvados dans l'arrondissement du Pays d'Auge (Lisieux). Ce territoire est composé de 160 communes et de 5 EPCI. Son service est mis à disposition de l'ANCT avec une mutation des missions "régaliennes (au siège)" vers "l'accompagnement des territoires par l'État (en délégations)". L'activité principale de celui-ci consiste en l'accompagnement des dispositifs de l'État, tels que "Action Cœur de Ville" ou "Petites Villes de Demain", où le logement et les parcours résidentiels sont la thématique principale. Concernant un retour d'expérience sur la méthode Atelier des Territoires, son service propose des animations de réflexion locale pour faire émerger des projets de territoire : ACAD des Marais de la Dives (Atelier conseil en aménagement durable), Atelier des Territoires sur la transition écologique avec CdC Normandie-CabourgPA, Atelier des Territoires sur les sols vivants avec la CA Lisieux-Normandie.

Paul LANDAUER : À propos du stockage dans l'architecture du logement
Dans le domaine du logement, comme dans la plupart des secteurs d'activités du monde occidental contemporain, la part dédiée au stock s'est réduite. Partout la performance du flux tendu l'emporte. Mais le stock résiste : il rejaillit, tel le retour du refoulé, sur les façades des immeubles ; se déplace massivement dans les sites de self-stockage ; s'invite dans toutes les démarches qui prônent aujourd'hui le recyclage et la résilience ; devient un enjeu de pouvoir pour reconquérir une autonomie de production ; et s'impose de manière inattendue dans une des fonctionnalités les plus aigües des réseaux contemporains : les data-centers. Comment assumer architecturalement la part utile et anthropologique du stockage dans et autour du logement ? Telle est la question centrale à laquelle cette intervention tentera d'esquisser une réponse.

Paul Landauer est architecte, professeur à l'École d'architecture de la ville et des territoires Paris-Est et directeur de l'OCS-AUSser. Ses recherches portent actuellement sur la ruine, la réparation et le stockage.
Publications
L'architecture, la ville et la sécurité, PUF, 2009.
L'invention du grand ensemble, Picard, 2010.
Émile Aillaud, portrait d'architecte, Infolio/éditions du Patrimoine, 2011.
"Esthétique du flux, esthétique du stock", in La beauté d'une ville, Wildproject/Pavillon de l'Arsenal, 2021.
"Le sacre du stock", in Les Cahiers de la recherche architecturale urbaine et paysagère, n°11-21, 2021.

Sylvie LANDRIÈVE
Sylvie Landriève codirige le Forum Vies Mobiles. Auparavant, elle a monté et piloté des projets immobiliers et d'aménagement urbain privés et publics (BNP Real Estate, SNCF). Avec une formation en sciences humaines (Sorbonne et Sciences-Po Paris) et en recherche en management (Mines, Nanterre et ESCP), elle s'intéresse à l'évaluation des politiques publiques et à l'implication des citoyens dans leur élaboration.
Publications
L'Immobilier. Une passion française, Demopolis, 2016.
Pour en finir avec la vitesse, L'Aube, 2021.

Arnaud LE MARCHAND
Arnaud Le Marchand a réalisé ses premiers travaux dans le cadre des relations industrielles, au carrefour de l'économie et de la sociologie, dans les ports. La question des travailleurs en déplacements, terrestres et maritimes, utilisant parfois ou systématiquement l'habitat mobile, a été un prolongement de ces enquêtes. Elle menait aussi à celle des travailleurs pauvres ou précaires, dont les migrants Roms.

Florian MUZARD
Florian Muzard est chef de projet à la Direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature (DGALN). Tout au long de son parcours au sein des services de l'État en accompagnement des collectivités locales, il développe une approche faisant appel à la prospective, au mode projet et aux interactions entre la recherche et l'action publique. Au sein de la DGALN, il participe à la coordination de L'Atelier des territoires et a piloté tour à tour les sessions nationales "Mieux vivre ensemble dans le périurbain" et "Amplifier la transition écologique avec les territoires" mobilisant à chaque fois 5-6 groupements de collectivités lauréats. Les thématiques du logement et de la mobilité sont au cœur de cette démarche innovante et de plusieurs publications dédiées à l'aménagement durable auxquelles il a contribué, notamment Le périurbain, espace à vivre, codirigé avec Sylvain Allemand (Parenthèses, 2018).

Jean-Pierre NICOLAS
Jean-Pierre Nicolas est directeur de recherche à la section "Espaces, territoires, sociétés" du CNRS. Il travaille au Laboratoire "Aménagement Économie Transports" à Lyon, et s'intéresse principalement aux interactions entre mobilité quotidienne et territoires et aux enjeux environnementaux, économiques et sociaux qu'elles entraînent.

Jean-Pierre ORFEUIL
Je serai, aux côtés de Jean-Claude Driant, à l'écoute des propos tenus et des débats et controverses que la rencontre suscitera. En tant que spécialiste des comportements de mobilité, notamment en lien avec les choix d'habitat, je serai particulièrement attentif aux propos sur les conditions dans lesquelles les individus de tous niveaux de vie opèrent leurs arbitrages, et à la fécondité potentielle du concept de "Loger mobile" : pour renouveler les approches analytiques, et notamment mieux intégrer l'explosion de l'ubiquité, pour échapper à la fatalité des logiques de silo des politiques publiques, pour imaginer des collaborations inédites entre acteurs établis et nouveaux de ces domaines…
Lors de la table ronde d'introduction à laquelle j'ai l'honneur de participer, je poserai ces questionnements et interrogerai les nécessaires destructions créatrices qu'implique la perspective des transitions multiples dans lesquelles nous sommes engagés. De quels présupposés, croyances ancrées, façons de penser, manières de faire, ces transitions nous invitent elles à nous désencastrer ? C'est cette prospective des renoncements que j'espère pouvoir nourrir au cours de ce colloque. C'est d'elle dont je tenterai de rendre compte, aux côtés des points saillants qui seront apparus dans les communications et les échanges, lors de la table ronde finale.

Directeur de recherche dans un institut spécialisé dans les transports puis professeur à l'École d'urbanisme de Paris, Jean-Pierre Orfeuil a consacré ses recherches à la compréhension des comportements de mobilité et aux enjeux économiques, sociaux, environnementaux et urbains associés aux politiques de mobilité.
Publications
Orfeuil J.-P. et Leriche Y., Piloter le véhicule autonome au service de la ville, Descartes & Cie, 2019.
Flonneau M. et Orfeuil J.-P., Vive la route, vive la république, L'Aube, 2016.
Orfeuil J.-P. et Ripoll F., Accès et mobilité, les nouvelles inégalités, Infolio, 2015.
Korsu E., Massot M.-H. et Orfeuil J.-P., La ville cohérente, La Documentation française, 2012.
Orfeuil J.-P. et Wiel M., Grand Paris : sortir des illusions, approfondir les ambitions, Scrineo, 2012.
Orfeuil J.-P., Une approche laïque de la mobilité, Descartes & Cie, 2008.
Orfeuil J.-P., Mobilités urbaines : l'âge des possibles, Les carnets de l’info, 2008.

Antoine PICON : Imaginaires du logement et de la mobilité du XIXe siècle à l'ère du numérique
La question du logement et celle du déplacement des personnes ont partie liées depuis la première révolution industrielle au moins. Logement et mobilité : la conférence abordera leurs relations sur la longue durée en s'attachant plus particulièrement à certains épisodes comme la modernité urbanistique et architecturale ainsi qu'à la façon dont les imaginaires ont conduit à des transformations concrètes de l'espace bâti et vécu. De l'électricité au numérique, l'information, ses modalités de production, de transmission et de réception jouent également un rôle dans cette évolution.

Antoine Picon est chercheur à l'École nationale des Ponts et Chaussées et professeur à la Harvard Graduate School of Design. Ses recherches portent sur les relations entre techniques, ville et architecture.
Publications
Architectes et ingénieurs au siècle des Lumières, Parenthèses Éditions, 1988.
La ville territoire des cyborgs, Éditions de l'Imprimeur, 1998.
Culture numérique et architecture, Birkhauser, 2010.
Smart cities. Theorie et critique d'un idéal auto-réalisateur, Éditions B2, 2013.

Hugo POIRIER : L'habitat en 2040. Une étude pluridisciplinaire, pour une smart home consciente des modes de vie de demain
En 2020, EDF Pulse Design — bureau de design intégré à la Direction de l'Innovation du groupe EDF — a mené une réflexion sur la question de la Smart Home, et de manière plus large, sur le futur de l'habitat. Partant du constat que la thématique "Smart Home" au sein du groupe EDF était majoritairement traitée via une approche technique, le but de cette étude prospective a été de diversifier les imaginaires de l'habitat du futur, et de proposer de nouvelles perspectives pour la Smart Home. Axée sur le territoire français, sur une perspective à 20 ans, en prenant pour objet central les aspirations utilisateurs et les grandes tendances sociétales à venir, l'étude "L'habitat en 2040" propose 5 scénarios alternatifs du futur de l'habitat.

Hugo Poirier est designer. Formé au design de produits à l'école Boulle puis au design industriel à l'ENSCI-Les-ateliers, il travaille au sein d'EDF Pulse Design, entité de design intégré à la Direction de l'Innovation du groupe EDF, depuis 2020. Ayant pour but premier d'explorer par le design les usages futurs et émergents, les activités d'EDF Pulse Design se structurent autour de 3 missions principales :
- Innover : au contact des usagers et connecté à un contexte global, concevoir des solutions concrètes accessibles au plus grand nombre ;
- Explorer : À l'écoute des phénomènes émergents, imaginer et projeter les usages à venir pour être acteurs et déclencheurs de leur réalisation ;
- Inspirer : En éclaireur de sujets marginaux, ouvrir et esquisser des positionnements, volontairement en rupture avec les postures actuelles afin d'ouvrir les futurs.

Bruno ROLLET
L'agence Bruno Rollet Architecte construit des immeubles de logements, des équipements publics, des lieux de travail et réfléchit au devenir de certains quartiers. Son architecture est intimement liée au "paysage" qui l'entoure et l'anime. Les projets évoluent avec le temps sans se ressembler forcément. Ils se nourrissent des différents contextes, des évolutions techniques et des usages. Ils dépassent souvent l'emprise du lieu pour dialoguer plus loin avec les paysages urbains, ou les paysages tout court. Son architecture s'attache à dépasser son territoire géographique : être architecte et voyageur.
L'agence a remporté le concours d'Architecture Bas Carbone 2010 lancé par EDF pour le projet de 29 logements sociaux "Le Candide" dans le quartier Balzac à Vitry sur Seine, livré en novembre 2012. Pour ce projet, l'agence a également obtenu le prix AMO spécial Saint Gobain 2013 et, en 2014, le Prix européen d'architecture Philippe Rotthier pour la meilleure intervention dans un paysage social. Ce projet a également été retenu parmi les 50 finalistes du Fibra Award 2019, premier prix mondial des architectures contemporaines en fibres végétales.
Le projet "Résidence du Lac" de 156 logements à Bordeaux, lauréat de l'appel à projet "50 000 logements accessibles par nature" initié par la Fabrique de Bordeaux Métropole, a été nominé au prix de la typologie la plus créative au Prix AMO en 2018. Le projet a été désigné lauréat de l'AMI Engagés pour la qualité du logement de demain lancé par le ministère de la Culture, le ministère du Logement et l'Europe des Projets Architecturaux et Urbains (EPAU).


"HORS LES MURS" — Animation : Christine BACHELEZ & Nada ESSID

Visites et rencontres avec des acteurs normands du "Loger mobiles"

MONTMARTIN-SUR-MER

À la rencontre des habitants d'une zone littorale fragilisée
Le maire de Montmartin-sur-Mer a choisi l'inscription de sa commune comme vulnérable au titre de la loi climat et résilience (risque de submersion marine). Située en bordure du havre de la Sienne et traversée par le canal du Passevin, elle subit à la fois le recul du trait de côte et les effets de la sédimentation du havre. Sur cet espace littoral, cohabitent des résidences principales (une quarantaine), plusieurs parcs résidentiels et de loisirs (environ 600 places, essentiellement des mobil home) et une exploitation agricole (élevage bovins, ovins, camping à la ferme et chambres d'hôtes). Par ailleurs, le site accueille depuis trente ans un festival de musique actuelles (15 000 festivaliers sur trois jours à la mi-juillet).
Nous proposons une balade à pied le long de ce littoral (du marais du sud au marais du nord, environ 7kms aller-retour, adaptable selon les choix de chacun et chacune), ponctuée de rencontres avec celles et ceux qui "habitent" ces différents espaces : Responsable du parc résidentiel "Les Dauphins", Coordinateur du festival "Chauffer dans la Noirceur", Exploitant agricole… Le maire de la commune, Bruno QUESNEL (ou son adjoint M. CREVEL) devrait nous accompagner en partie, ainsi que le SYMEL (syndicat mixte qui gère les espaces sensibles, Said EL MANKOUCH) lequel recherche en lien avec le conservatoire du littoral une solution de repli pour l'exploitant agricole.
Baignade possible au terme de cette balade.


SOUTIENS :

• Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA)
• Plateforme d'observation des projets et stratégies urbaines (POPSU)
• École nationale supérieure d'architecture de Clermont-Ferrand (ENSACF)

Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


VERS UNE POLITIQUE DES MONDES ?


DU MERCREDI 1er JUIN (19 H) AU MARDI 7 JUIN (14 H) 2022

[ colloque de 6 jours ]


Cattle Decapitation, "Post-Anthropocene Map", Death Atlas, 2019.


DIRECTION :

Haud GUÉGUEN, Laurent JEANPIERRE, Pierre SAUVÊTRE

Avec la participation de Pierre DARDOT et Christian LAVAL


ARGUMENT :

Où en est le projet cosmopolitique, l'horizon d'une politique mondiale ? La question engage aujourd'hui des réponses différentes de celles qui ont jalonné les discours sur la mondialisation. À l'heure où se généralise le nationalisme concurrentiel des États, avec des tendances néo-fascisantes dans de nombreux pays, et où le capitalisme néolibéral triomphe des crises qu'il provoque, où le dérèglement climatique et le dépassement des limites planétaires poursuivent leur marche menaçante, peut-on repenser les conditions d'une politique planétaire d'autonomie et de justice ? Comment imaginer, sur de telles bases, ses contenus et ses formes ? La reconnaissance, par l'anthropologie notamment, de la diversité de cosmologies, des ontologies sociales et des manières de faire, ne commande-elle pas de nouvelles modalités de se relier, de faire de la politique ?

Quels concepts, quelles pratiques peuvent énoncer l'articulation entre l'unité de la planète et la pluralité des mondes ? Comment penser une "politique des mondes" dès lors que celle-ci implique la mise en relation d'univers aux histoires, traditions et actualités différentes ? Avec quelles places et quelles significations éventuellement nouvelles accordées à l'écologie, à la justice sociale, à la démocratie ? Les luttes de paysans, de femmes, les combats antiracistes et décoloniaux, d'indigènes, les nouvelles expérimentations du travail et de la production, dessinent-elles, parmi d'autres, le schéma des forces qui pourraient animer ce projet ? Les héritages de l'internationalisme, de l'altermondialisme, de la construction européenne seront aussi examinés dans ce colloque, qui se propose de dessiner des stratégies et de penser des institutions ou contre-institutions capables de porter une "politique des mondes". Cette rencontre réunira des intervenants de diverses disciplines et de différents points de vue pour un débat constructif largement ouvert à toutes celles et ceux que ces questions intéressent.


MOTS-CLÉS :

Autonomie, Cosmopolitique, Émancipation, Internationalisme, Justice, Mondialisation, Non humain, Planète, Politique


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 1er juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 2 juin
COSMOPOLITIQUE(S) OU POLITIQUE DES MONDES ?
Matin
Laurent JEANPIERRE & Pierre SAUVÊTRE : Introduction
Étienne BALIBAR : Qui est le sujet de la cosmopolitique ? Quels en sont les agents ? Dans quel monde et pour quel monde ?
Pierre DARDOT : La cosmopolitique comme politique des mondes

Après-midi
Quentin DELUERMOZ : Les internationalismes et leurs héritages

Ateliers en parallèle
Luttes sociales et indigènes en Amérique latine, animé par Esteban RADISZCZ
Vers une Université du partage des savoirs de tous, par tous et pour tous, animé par Patricia POL


Vendredi 3 juin
COSMOLOGIES ET PLURALITÉ DES MONDES
Matin
Léna BALAUD : S'allier avec des mondes sauvages dans la crise généralisée du logement
Geneviève AZAM : Autonomie et interdépendance. Réanimer nos mondes terrestres
Jérôme BASCHET : Multiplicité des mondes et conditions planétaires : un monde où il y a de la place pour de nombreux mondes

Après-midi
Arnaud MACÉ : Agir parmi les pluralités. Perspectives anciennes sur notre avenir

Ateliers en parallèle
Affirmations antiracistes et décoloniales, animé par Mohamed AMER MEZIANE [visioconférence]
Quelles formes politiques pour la reconnaissance des mondes ?, animé par Olivier VOIROL

Soirée
Atelier
De l'héritage de l'altermondialisme aux soulèvements des corps, des peuples et des mondes contemporains : pistes pour un renouveau de l'internationalisme, animé par Pierre BONNEAU (Fondation Danielle Mitterrand), Elena MEJIAS, Juliette MARIN RIOS et Théo STOEFFLER (La Cantine Syrienne de Montreuil)


Samedi 4 juin
FORCES EN PRÉSENCE POUR UNE POLITIQUE DES MONDES
Matin
Florence ROCHEFORT : Les défis épistémologiques d'une approche mondialisée de l'histoire des féminismes
Fanny GALLOT : Enjeux féministes contemporains
Geneviève PRUVOST : Écoféminisme de subsistance et matière-monde [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Après-midi
Maxime GABORIT : Les horizons (cosmo)politiques du mouvement de lutte contre le réchauffement climatique [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]


Dimanche 5 juin
TRANSFORMATIONS ÉCONOMIQUES ET DYNAMIQUES INTERNATIONALES
Matin
Marie-Anne DUJARIER : Ce que nous faisons au monde : quelles institutions du "travail" ?
Frédérique DEBOUT : Cause écologique et organisation du travail
Bruno FRÈRE & Jean-Louis LAVILLE : Économie solidaire, théorie critique et épistémologie des suds

Après-midi
Marieke LOUIS : Pourquoi les organisations internationales détestent-elles la politique ?

Ateliers en parallèle
Sur les conditions de possibilité d'une politique démocratique transnationale dans le cadre contraint de l'Union européenne, animé par Antoine VAUCHEZ
Le soin des vivants, animé par Mathieu BELLHASSEN

Soirée
Leslie KAPLAN : Lecture du texte "L'aplatissement de la Terre" et introduction du film Un ennemi invisible de Guy Girard. Animée par Évelyne MEZIANI-LAVAL


Lundi 6 juin
ÉCHELLES ET ARCHITECTURES POUR LA POLITIQUE DES MONDES
Matin
Christian LAVAL : États-nations et cosmopolitique
Franck POUPEAU : Les recompositions de l'État, au cœur des alternatives politiques
Pierre SAUVÊTRE : "Lives that Matter" : éléments pour la révolution cosmopolitique

Après-midi
Laurent JEANPIERRE : Une repolitisation du local à grande échelle est-elle possible ?

Ateliers en parallèle
Figures mondiales de l'approfondissement démocratique à l'heure de la gouvernance globale, animé par Yves SINTOMER
Quelle forme d'organisation politique pour les gauches ?, animé par Frédéric SAWICKI, avec la participation de Juan Manuel ARAGÜÉS


Mardi 7 juin
Matin
Rapport d'étonnement, par les doctorants et docteurs : Yasmine AMEDEO, Léna BALAUD, Emma BARETTONI, Matilde CIOLLI, Maxime GABORIT, Benjamin GIZARD, David HAMOU, Lucile MARION, Elena MEJIAS, Valentina SANTORO et Félix-Giovanni ZAPATA GALEANO

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Pierre SAUVÊTRE : "Lives that Matter" : éléments pour la révolution cosmopolitique
Notre contribution s'appuiera sur l'œuvre du penseur écologiste américain Murray Bookchin pour s'interroger sur les conditions cognitives, éthiques et politiques suivant lesquelles les sociétés du monde actuel pourraient vivre de manière conciliatrice avec la nature. Cela suppose de repenser de fond en comble ce qu'est la vie organique comme mouvement du monde et relations de toutes les formes-de-vie, ainsi que la place de l'humanité et de la société dans ce mouvement. À partir de là, on peut redéfinir radicalement le progrès en termes de progrès écologique pour d'une part critiquer la manière dont l'évolution sociale s'est produite contre la vie — en fait contre certaines vies au profit d'autres, ce qui nous amènera à redéfinir le biopouvoir au-delà de Foucault et d'Agamben — et d'autre part analyser comment les sociétés pourraient se transformer radicalement afin d'évoluer dans le sens d'une réalisation des possibilités de toutes les formes-de-vie.

Pierre Sauvêtre est Maître de conférences en sociologie à l'université Paris Nanterre.
Publications
Foucault, Paris, Ellipses, 2017.
Le choix de la guerre civile, Montréal, Lux, 2019 (avec P. Dardot, H. Guéguen et C. Laval).
A co-dirigé L'alternative du commun, Colloque de Cerisy, Paris, Hermann, 2019 (avec C. Laval et F. Taylan).


Geneviève AZAM : Autonomie et interdépendance. Réanimer nos mondes terrestres
Le "monde" de la mondialisation est démembré. Il est celui de fins de mondes, de non-mondes, d'un vide empli de marchandises, d'un récit fantasmagorique d'arrachement des affaires humaines à la matérialité, de détachement et d'immersion dans un tissu connectif global. Face à ce principe brutal d'unification du monde mené contre les mondes vécus, humains et autres qu'humains, l'altermondialisme a réveillé les consciences. Il fut cependant trop souvent arrimé au récit global d'un altermonde unifié, loin des scènes terrestres et de la matérialité irréductible du réel. En ces temps de chaos écologique, faire monde commun et habiter la Terre sont indissociables. Des résistances ancrées dans des histoires, des milieux de vie et des cultures singulières, échappent au global et le débordent ; elles assument pleinement une condition terrestre et cherchent, au-delà de leur singularité, à conjuguer interdépendance, attachements, autonomie matérielle et autonomie politique.

Geneviève Azam est économiste-essayiste, enseignante-chercheuse honoraire à l'université Toulouse Jean Jaurès. Représentante d'ATTAC au Conseil International du Forum Social Mondial (2005-2015). Comité de rédaction de la revue Terrestres et membre du CA de la Fondation Danielle Mitterand.
Publications
Lettre à la Terre, Seuil, 2019.
Avec F. Valon, Simone Weil, l'expérience de la nécessité, Passager Clandestin, 2017.
Socialter n° spécial : Libérer le temps, 2021.

Léna BALAUD : S'allier avec des mondes sauvages dans la crise généralisée du logement
La crise écologique et sociale peut-elle être re-décrite comme une "crise généralisée du logement" ? Nous entendons par là capturer une certaine condition terrestre transversale, commune aux habitants et habitats humains et non-humains. À partir de la présentation de quelques situations terrestres, nous tenterons de mettre à jour ce que pourraient être des stratégies politiques multispécifiques. Parmi celles-ci, il y a la défense et la prise en charge de communs multispécifiques qui sont autant de voies d'articulation entre les enjeux d'habitabilité humaine et non-humaine d'un territoire situé (rural ou urbain). Mais au-delà d'un territoire particulier, il nous semble que cette conception plus qu'humaine de ce qu'est un lieu habité permet de construire des voies d'alliances politiques avec d'autres situations cosmologiquement différentes. Nous construirons cette hypothèse en articulant des travaux d'écologie et d'ethnographie multispécifique (Van Dooren), d'anthropologie ontologique (Blaser, De la Cadena), et de philosophie (Rancière, Feltham).

Léna Balaud est titulaire d'un diplôme d'ingénieur agronome. Elle pratique l'agriculture et la recherche indépendante en philosophie. Elle est membre du comité de rédaction de la revue en ligne Terrestres.

Jérôme BASCHET : Multiplicité des mondes et conditions planétaires : un monde où il y a de la place pour de nombreux mondes
En s'inspirant de l'invitation zapatiste à construire "un monde où il y ait place pour de nombreux mondes", on se demandera comment tenir ensemble la perspective d'une efflorescence des mondes communaux, ancrés dans l'auto-détermination de formes de vie singulières comme dans une pluralité des régimes de mondiation, et la reconnaissance effective d'une appartenance à la communauté planétaire de tous les Terrestres. On suggérera qu'un tel communalisme planétaire suppose une cosmopolitique des multiplicités, affrontant conjointement trois enjeux : l'amorce d'un basculement ontologique qui, en défaisant le grand partage naturaliste, permet d'expérimenter une cosmopolitique associant humains et non-humains ; une mutation anthropologique qui rompt avec la constitution du moi comme isolat pour expérimenter une conception de la personne comme relationalité ; un abandon de l'universalisme de l'Un au profit d'un universalisme des multiplicités, étroitement lié à une capacité à construire le commun dans l'hétérogénéité.

Jérôme Baschet est historien. Longtemps enseignant-chercheur à l'EHESS (Paris), il vit depuis plus de vingt ans à San Cristobal de Las Casas (Mexique), où il côtoie l'expérience zapatiste. Il est l'auteur de nombreux ouvrages d'histoire médiévale.
Publications
Adieux au capitalisme. Autonomie, société du bien vivre et multiplicité des mondes, La Découverte, réédition, 2016.
La rébellion zapatiste. Insurrection indienne et résistance planétaire, Champs-Flammarion, nouvelle édition, 2019.
Basculements. Mondes émergents, possibles désirables, La Découverte, 2021.

Pierre DARDOT : La cosmopolitique comme politique des mondes
Le cosmopolitisme renvoie à l'idée du monde comme cité et, corrélativement, à celle de l'homme comme citoyen du monde. Mais le monde est-il une cité et l'homme comme homme un citoyen ? La cosmopolitique se distingue du cosmopolitisme par l'affirmation d'une politique qui prend le monde pour objet, soit d'une "politique du monde". Cette définition appelle elle-même une problématisation. En effet, la politique "du" monde ne peut présupposer le monde comme déjà donné. Elle vise plutôt à instituer le monde comme commun. On soutiendra ici que la reconnaissance pratique de la pluralité des mondes est essentielle à cette institution et qu'il n'y a pas de monde commun sans pluralité des mondes. En ce sens, la cosmopolitique devra s'entendre non comme une politique mondiale, ni même comme une politique "du" monde, au sens d'un monde unique dont il faudrait partir, mais comme une politique des mondes.

Pierre Dardot est Philosophe, co-auteur avec Christian Laval de Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle (La Découverte, 2014), et de Dominer. Enquête sur la souveraineté de l'État en Occident (La Découverte, 2020).

Frédérique DEBOUT : Cause écologique et organisation du travail
Pour aborder la crise écologique, un certain nombre de travaux actuels s'appuient sur des critiques écologiques — notamment la collapsologie — et sur des critiques du modèle productiviste mis en cause dans la crise écologique, de manière étonnante, ils ne s'accompagnent pas d'une pensée sur ce que sont le travail, la santé et les rapports entre les deux. À partir d'une observation participante et de la référence à la psychodynamique du travail, nous interrogerons la manière dont l'organisation du travail est (im)pensée dans les Oasis et quelles conséquences cela a sur la santé des membres les composant. Cela nous permettra d'aborder la pertinence de la notion de centralité politique du travail pour penser des mondes plus habitables pour tous. À quelles conditions la proposition des Oasis constitue-t-elle un horizon politique souhaitable ?

Frédérique Debout a eu une première formation en philosophie avant de devenir psychologue clinicienne, psychothérapeute et psychodynamicienne du travail. Elle a travaillé pendant une quinzaine d'année dans le secteur du soin en psychiatrie. En 2007, elle a intégré l'équipe de recherche de Christophe Dejours, laboratoire "psychanalyse, santé et travail" au CNAM. Elle y a soutenu sa thèse de doctorat en psychologie, sous la direction de Christophe Dejours. Celle-ci portait sur le travail de soin en psychiatrie. Maîtresse de conférences en psychopathologie et psychodynamique du travail elle est membre de l'association internationale des spécialistes en psychodynamique du travail, de l'association française des spécialistes en psychopathologie et psychodynamique du travail ainsi que de l'institut de psychodynamique du travail. Ses recherches portent essentiellement sur le corps, le soin, le genre et le travail mais aussi sur les rapports entre environnement, soin et politique.

Quentin DELUERMOZ
Quentin Deluermoz est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris Cité. Ses recherches portent sur l'histoire sociale et anthropologique des ordres et des désordres au XIXe siècle (France, Europe, empires) ainsi que sur l'épistémologie des sciences sociales. Il est également co-fondateur et membre du comité de rédaction de la revue Sensibilités, Histoire, Sciences sociales et critique.
Publications
Commune(s), 1870-1871. Une traversée des mondes au XIXe siècle, Paris, Seuil, 2020.
Avec P. Singaravelou, Pour une histoire des possibles. Approches contrefactuelles et futurs non advenus, Paris, Seuil, 2016.
Direction de collectifs
D'ici et d'ailleurs. Histoires globales de la France contemporaine, XIXe-XXe siècle, Paris, La Découverte, 2021.
Avec F. Bensimon & J. Moisand, "Arise Ye Wretched of the Earth". The First International in a global perspective, Leiden/Boston, Studies in global social History, Brill, 2018.
Norbert Elias, Paris, Tempus, 2012.

Marie-Anne DUJARIER : Ce que nous faisons au monde : quelles institutions du "travail" ?
L'institution du "travail" est au centre de la question politique, tant empiriquement que conceptuellement. Elle charrie des enjeux écologiques, sociaux et existentiels aigus, dans un rapport de forces multiformes, du local au global. Puisque cette catégorie de pensée polysémique et incertaine est plus que jamais troublée, nous proposons de la déplier afin de considérer ses principales significations. Il s'agira alors de penser les notions d'utilité, d'emploi et d'activité et leurs articulations, afin d'envisager les possibles qu'elles recèlent, dans une visée instituante.

Marie-Anne Dujarier est sociologue, professeure à l'université de Paris Cité, membre du LCSP, et associée au LISE (UMR CNAM / CNRS). Ses recherches s'inscrivent dans une épistémologie clinique attentive à l'activité. Elles portent sur les principales institutions contemporaines que sont le travail, la consommation et le management.
Publication récente
Troubles dans le travail. Sociologie d'une catégorie de pensée, Puf, 2021.

Maxime GABORIT : Les horizons (cosmo)politiques du mouvement de lutte contre le réchauffement climatique
Le sens politique du mouvement qui émerge en septembre 2018 autour des marches pour le climat reste à élucider. Que signifie politiquement un engagement qui invite les gouvernements à écouter les scientifiques et à réduire les émissions de gaz à effet de serre ? Quels imaginaires et quelles traditions politiques sont (ré)activés dans une telle mobilisation ? Cette alliance composite de différentes organisations (anciennes ou nouvellement créées) et d'acteurs qui luttent pour le climat doit se lire comme un agencement de formes de lutte aux histoires contrastées. À partir de matériaux quantitatifs et qualitatifs, collectés en partie dans le cadre du collectif Quantité Critique, nous nous proposons de saisir les ancrages socio-politiques qui conditionnent ces engagements, en montrant comment ceux-ci s'articulent à des conceptions particulières d'une possible catastrophe. Il devient possible, à partir de là, de penser les mobilisations contre le réchauffement climatique et les dynamiques de transversalisation des luttes comme une politisation de l'enjeu de la "survie", où cohabitent la commune mortalité des formes de vie et la diversité des formes de mort qui pèsent sur elles.

Maxime Gaborit est doctorant en cotutelle au Centre d'études européennes et de politique comparée (CEE) de Sciences Po et au Centre de Recherche en Science Politique (CReSPo) de l'université Saint-Louis – Bruxelles. Il mène actuellement une thèse sur les formes de contestation des militants pour le climat et leurs horizons démocratiques, en France et en Belgique. Il s'intéresse particulièrement aux usages et aux sens multiples de la désobéissance pratiquée par les écologistes.

Fanny GALLOT : Enjeux féministes contemporains
À la faveur de la stratégie de la grève féministe appropriée dans les années 2010 par des féministes de plusieurs pays, le concept de travail reproductif, comprenant l'ensemble des tâches rémunérées ou non, favorisant la reproduction de la force de travail et de la vie permet d'interroger à nouveaux frais l'implication des femmes dans les luttes depuis 1945, en France et ailleurs. Il articule dans un même mouvement, les mobilisations du travail domestiques, celles du travail professionnel contre la déqualification et la "division sexuée du travail militant" à l'œuvre dans les mouvements sociaux.

Fanny Gallot, historienne, est membre du Centre de recherche en histoire européenne comparée (CRHEC), elle enseigne à l'INSPE de Créteil. Ses recherches portent sur l'histoire du travail qu'elle tente d'envisager dans une perspective intersectionnelle, l'histoire du syndicalisme, des mouvements sociaux et des féminismes.
Publications
En découdre. Comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société, La Découverte, 2015.
Coordination de "Prolétaires de tous les pays, qui lave vos chaussettes !", Le genre de l'engagement dans les années 1968, avec Ludivine Bantigny et Fanny Bugnon, PUR, 2017.
Coordination de Féminismes dans le monde : 23 récits d'une révolution planétaire, avec Pauline Delage, Textuel, 2020.

Christian LAVAL : États-nations et cosmopolitique
Le "monde" tel que nous le connaissons et qui nous est imposé par l'histoire est fait d'États-nations. Il rencontre aujourd'hui ses limites, il est à la fois dangereux (les guerres inter-étatiques en témoignent toujours), et impuissant face aux grands enjeux du siècle à venir. Cette consistance étatique du "monde" constitue le principal problème stratégique aujourd'hui comme hier pour toute cosmopolitique d'émancipation. On ne peut le contourner par quelque évocation abstraite d'une "société sans État", on ne peut non plus s'y résigner. Le socialisme du XIXe et du XXe siècle a échoué à le surmonter en se nationalisant, l'altermondialisme, demeuré au stade des intentions et des dénonciations, n'est pas parvenu à définir une stratégie de dépassement de "l'inter-étatique". Comment penser à partir des luttes transnationales une cosmopolitique qui ne serait pas du semblant ?

Christian Laval est professeur émérite de sociologie à l'université Paris Nanterre (Sophiapol).
Publications
Co-auteur avec Pierre Dardot, Commun, Essai sur la révolution au XXIe siècle, La Découverte, 2014.
Co-auteur avec Pierre Sauvêtre et F. Taylan, L'alternative du commun, Colloque de Cerisy, Paris, Hermann, 2019.
Co-auteur avec Pierre Dardot, Dominer, Essai sur l'histoire de la souveraineté en Occident, La Découverte, 2020.
Co-auteur avec P. Dardot, H. Guéguen et P. Sauvêtre, Le choix de la guerre civile, Montréal, Lux, 2021.

Marieke LOUIS : Pourquoi les organisations internationales détestent-elles la politique ?
La communication sera fondée sur l'ouvrage Why International Organizations Hate Politics. Depoliticizing the World, co-écrit avec Lucile Maertens (Université de Lausanne), et publié chez Routledge dans la collection "Global Institutions Series", en open access. Cet ouvrage s'intéresse à une revendication très répandue dans le monde des organisations internationales : celle de "ne pas faire de politique". S'appuyant sur le concept de dépolitisation, il propose une première analyse systématique des revendications apolitiques des organisations internationales. Il montre comment les activités quotidiennes des organisations internationales participent à "dépolitiser le monde" tout en leur permettant de rester engagées dans la politique, même lorsqu'elles prétendent ne pas l'être. En se penchant sur les dynamiques internes de la gouvernance mondiale, ce livre développe un cadre analytique sur les raisons pour lesquelles les organisations internationales "détestent" la politique décryptant les pratiques et les logiques de dépolitisation dans une grande variété de contextes historiques, géographiques et organisationnels.

Marieke Louis est maîtresse de conférences en science politique à Sciences Po Grenoble rattachée au laboratoire PACTE. Elle est également membre du Groupe de recherche sur l'action multilatérale du CNRS. Spécialisée sur les organisations internationales et notamment l'Organisation internationale du travail, ses recherches actuelles portent plus particulièrement sur le rôle des organisations patronales internationales (Organisation internationale des employeurs et Chambre de Commerce internationale notamment) dans la régulation de la mondialisation et le façonnement d'une diplomatie économique et sociale aux XXe-XXIe siècles.

Arnaud MACÉ : Agir parmi les pluralités. Perspectives anciennes sur notre avenir
Le recours aux Anciens pour déchiffrer l'énigme du présent était déjà le geste du savant coutançais, Louis Le Roy, dit Regius, lorsqu'il cherchait une orientation dans la "vicissitude des choses" (1576). C'était encore celui de Friedrich Engels, ou plus près de nous, de Gilbert Simondon, lorsqu'ils cherchaient l'un comme l'autre chez les philosophes ioniens la clef d'une pensée des sciences capable d'éclairer à nouveau l'action collective. Nous nous demanderons si notre époque peut encore trouver appui sur les pensées anciennes qui offrent l'exemple d'une autre manière de penser l'unité des choses que celles que nous appelons "nature" ou "monde" ; d'une autre manière de penser la façon dont la diversité des savoirs doit prendre en charge la pluralité d'objets qui constituent notre réalité ; d'une autre manière d'appuyer l'action sur ces savoirs si l'on veut que la pluralité des formes humaines d'existence trouve son lieu parmi la pluralité des existants.

Arnaud Macé est professeur d'histoire de la philosophie ancienne à l'université de Franche-Comté. Ses recherches portent sur Platon et les présocratiques, et plus particulièrement sur la pensée de la nature et celle du commun en Grèce ancienne. Il a récemment fait paraître, en collaboration avec Luc Brisson et Jean-François Pradeau, Les Éléates. Fragments des œuvres de Parménide, Zénon et Mélissos, Paris, Les Belles Lettres, 2022.

Geneviève PRUVOST : Écoféminisme de subsistance et matière-monde
Comment voulons-nous boire, manger, dormir, habiter, être vêtu, être soigné, renouveler les matières, de sorte que le spectre de la pluralité des mondes possibles reste ouvert et non drastiquement réduit ? Comment faire pour que ces activités vitales ne soient ni appropriées, ni parcellisées en autant de tâches réservées à des populations subalternisées tandis que d'autre auraient le loisir de s'en abstraire ? Ce questionnement est une préoccupation typiquement féministe : il n'y a pas de petites ou grande arènes, de grandes et basses tâches. Le privé est politique. C'est aussi une préoccupation typiquement écologiste : la possibilité d'un renouvellement des matières qui permette l'abondance est politique. L'écoféminisme, né dans les années 1970-1990, ajoute une strate : le mouvement qui conduit un certain nombre d'être humains à exploiter la terre au-delà de ses capacités de régénération et de redistribution au plus grand nombre n'est pas séparable du mouvement qui conduit à la surexploitation des femmes, en tant qu'être reproductif de la matière humaine et de la charge de la reproduction de la vie. Cette communication ne va pas détailler ici tous les écoféminismes et toutes les déclinaisons variées de cette proposition, pour se concentrer sur une seule que j'ai qualifié de féminisme de la subsistance. Nous aborderons le contre-récit des naissances du capitalisme, le renouvellement de la conceptualisation du travail domestique que ce déplacement opère et les lignes d'horizon utopiques qui s'ouvrent.

Geneviève Pruvost est chargée de recherche-HDR au CNRS au Centre d'Études des Mouvements sociaux (Paris-EHESS). Sociologue du travail, du genre, du mode de vie écologique, elle co-dirige un master interdisciplinaire avec un parcours en études environnementales. Après avoir travaillé sur l'accès des femmes à la violence légale (De la sergote à la femme flic. Une autre histoire de l'institution policière, La Découverte, 2008) et illégale (avec C. Cardi, Penser la violence des femmes, La Découverte, 2012), elle enquête depuis dix ans sur les alternatives écologiques en zone rurale, l'écoconstruction, la néo-paysannerie, la naissance alternative, les luttes environnementales et la politisation du moindre geste. Son dernier livre porte sur l'écoféminisme et une autre histoire du progrès à partir de la marchandisation de la quotidienneté (Quotidien politique. Féminisme, écologie et subsistance, La Découverte, 2021).

Florence ROCHEFORT : Les défis épistémologiques d'une approche mondialisée de l'histoire des féminismes
À partir de l'expérience d'un essai d'approche mondialisée de l'histoire des féminismes sont apparus plusieurs paradoxes pour concilier les exigences des théoriques féministes du point de vue situé, les demandes d'histoires spécifiques et de nouvelles approches intersectionnelles et postcoloniales. Comment contribuer à construire de nouveaux récits "monde" à partir de matériaux établis à l'échelle nationale ? Comment affronter les froissements entre histoire et mémoire, les tensions Sud/Nord et prendre en compte les attentes de reconnaissance ? Comment ces récits sont encore à construire malgré les défis épistémologiques et méthodologiques.

Florence Rochefort est chargée de recherche au CNRS (GSRL).
Publications
Histoire mondiale des féminisme, Paris, PUF, "Que Sais-Je", 2022 (2ed).
Avec Bibia Pavard et Michelle Zancarini-Fournel, Ne nous libérez pas on s'en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, Paris, La découverte, 2020.
Avec Laurie Laufer (dir.), Qu'est-ce-que le Genre ?, Paris, Payot, 2013.


PRÉSENTATION DES ATELIERS :

Luttes sociales et indigènes en Amérique latine, animé par Esteban RADISZCZ
Psychanalyste à Santiago du Chili et Docteur en Psychanalyse et Psychopathologie (Univ. Paris 7 - Denis Diderot), Esteban Radiszcz est professeur à la Faculté de Sciences Sociales de la Universidad de Chile où il dirige le Laboratoire Transdisciplinaire en Pratiques Sociales et Subjectivité (LaPSoS). Il travaille également au sein du Laboratoire Interdisciplinaire d'Études en Controverses Constituantes et du Programme d'Études Psychanalytiques Clinique et Culture. Sa recherche s'intéresse au croisement entre la psychanalyse et la politique, et particulièrement aux incidences des processus sociaux sur la subjectivité et les modalités d'individuation, notamment sur le plan des affects comme à propos des souffrances psychiques et des injustices sociales.

Vers une Université du partage des savoirs de tous, par tous et pour tous, animé par Patricia POL
Afin d'imaginer l'avenir et dépasser la mondialisation capitaliste de la connaissance, cet atelier se propose de définir ce que doit être une Université cosmopolite du partage des savoirs de tous, par tous et pour tous. Ni soumise à l'héritage des féodalismes et de l'entre-soi, ni vendue à la bureaucratie des appels d'offre et de l'entreprenariat universitaire, une autre université au-delà des pouvoirs de l'État et du marché est possible. Quelles sont les valeurs qui doivent fonder cette université ? Nous lancerons la discussion autour des principes suivants : briser les murs dans et hors l'université, penser et décider des limites du Progrès, incarner la liberté, la gratuité, l'autogestion, etc. Cette liste, évidemment non exhaustive, sera complétée lors de la présentation de cet atelier et dans le débat qui s'ensuivra.

Enseignante-chercheuse à l'université Paris-Est Créteil, Patricia Pol a suivi de près depuis plus de 30 ans le processus d'internationalisation des universités. Militante engagée, elle a co-fondé, en 2018, l'Internationale des Savoirs pour Tous (IDST).
Publication
"L'Europe de l’enseignement supérieur : de l'expression des politiques néolibérales à la montée des résistances", dans Éducation et intérêt général, p. 615-636, PURH, 2018.

Affirmations antiracistes et décoloniales, animé par Mohamed AMER MEZIANE
L'intervention aura pour fonction de présenter les hypothèses principales du livre intitulé Des empires sous la terre et qui sous-tendent le projet d'une histoire écologique et raciale de la sécularisation. Il s'agira ensuite de saisir les implications de ces hypothèses vis-à-vis du marxisme et de la théorie décoloniale, et de déterminer ce qui, dans le langage des luttes, change dès lors que l'on court-circuite un dispositif classique de la tradition révolutionnaire : la réalisation du ciel sur la terre à travers l'émancipation du sujet messianique, prolétariat ou damnés de la terre. Loin de toute réhabilitation de la théologie politique ou de la théologie de la libération mais en rupture avec les présupposés de ce que Marx nommait l'athéisme pratique, la contribution aura pour fonction d'ouvrir des pistes de réflexion et de discussion en prenant acte de la situation de crise politique et environnementale actuelle.

Mohamed Amer Meziane est philosophe et historien des idées. Son travail se situe au croisement de la philosophie contemporaine, des théories dé-coloniales et post-coloniales ainsi que de l'anthropologie des religions. Actuellement enseignant-chercheur à l'université Columbia de New York, il sera chercheur visiteur à la Freie Universität avant de rejoindre un poste d'Assistant Professor à l'université de Brown, aux États-Unis. Membre du comité de rédaction de la Revue Multitudes, son premier livre, Des empires sous la terre, a été publié en 2021 aux Éditions de la Découverte.

Sur les conditions de possibilité d'une politique démocratique transnationale dans le cadre contraint de l'Union européenne, animé par Antoine VAUCHEZ
Au fil des décennies, l'Union européenne a construit autour de son Parlement, de son élection comme de la vie partisane qui s'organise à sa périphérie, un ensemble de points d'appui (juridiques, financiers et institutionnels) pour le déploiement d'une politique représentative transnationale. À ce titre, l'UE fait figure d'observatoire privilégié des conditions pratiques du travail partisan à l'échelle internationale. Mais elle permet aussi de voir tout ce qui contribue à en cantonner et à en minorer la prise sur les différents sites où se construit la décision politique "à l'international". Comme écrasée par le poids des "impératifs" diplomatiques, juridiques, économiques et bureaucratiques qui dominent historiquement le gouvernement du Marché et de la monnaie uniques, la politique représentative des partis et des élus fait en effet figure d'éternel junior partner de l'Union européenne, intégrant le plus souvent leur illégitimité à interférer sur le cours des crises européennes (financières, pandémiques, géopolitiques, etc.). En repartant de cette archive européenne de la politique transnationale, l'atelier devra permettre de s'interroger sur les défis auxquels doit faire face toute entreprise de (re-)démocratisation de la "politique des mondes". Il pourra ouvrir sur une réflexion sociologiquement informée sur l'ingénierie de la démocratie transnationale, en réfléchissant par exemple au potentiel démocratique d'une assemblée parlementaire transnationale (c'est-à-dire élue dans le cadre des élections parlementaires nationales et composée de délégations de députés nationaux) jetant un pont entre les deux rives nationales et européennes de nos démocraties.

Antoine Vauchez est politiste et directeur de recherche au Cnrs au Centre européen de sociologie et science politique (Université Paris 1-Sorbonne - Ehess). Ses travaux portent sur la formation d'un centre de pouvoir européen, l'émergence de corps de connaissance juridique et économique du projet européen et la consolidation d'un "pouvoir d'indépendance" autour des cours de justice, banques centrales et des agences de régulation européennes. Sur le thème sur l'atelier, il a publié notamment Démocratiser l'Europe (Seuil, coll. "La République des idées", 2014), Pour un traité de démocratisation de l'Europe (avec S. Hennette, T. Piketty, G. Sacriste, Seuil, 2017) et, plus récemment, "Un peuple européenne introuvable ? Sur les logiques sociales de confinement du vote dans la politique européenne", in C. Herrera et N. Grangé (dir.), Possibilités et obstacles d'une Europe politique. Autour de l'œuvre d'Étienne Balibar, Kimé, 2022 [en ligne].

Figures mondiales de l'approfondissement démocratique à l'heure de la gouvernance globale, animé par Yves SINTOMER
Il est commun d'opposer démocratie ancienne et démocratie moderne, la première s'étant épanouie dans le cadre de petites communautés politiques, la seconde dans l'État-nation. Au XXIe siècle, la gouvernance globale relativise fortement le poids des États nationaux. Des défis comme la justice climatique et sociale globale, la déstabilisation de l'écosphère ou les pandémies appellent des réponses coordonnées à une échelle mondiale bien au-delà des conceptions classiques de la souveraineté populaire. Or, la gouvernance globale actuelle semble aux antipodes de la démocratie. Quelles sont les expériences et les imaginaires qui dessinent la voie d'un approfondissement démocratique mondial ? Faut-il privilégier la déconnection de communautés autogérées ? L'établissement d'une fédération mondiale ? Une autre gouvernance en réseau qui donnerait du poids aux acteurs subalternes ? Et comment avancer dans une voie qui implique à n'en pas douter des transformations d'une ampleur révolutionnaire ?

Quelle forme d'organisation politique pour les gauches ?, animé par Frédéric SAWICKI, avec la participation de Juan Manuel ARAGÜÉS
Professeur de science politique à l'université de Lille puis à l'université Paris 1-Panthéon-Sorbonne depuis 2009, Frédéric Sawicki a développé une analyse des partis, des pratiques politiques et des engagements militants attentive à leurs formes d'ancrage dans la société. Cette approche l'a conduit à forger la notion de milieu partisan et à s'attacher à l'objectivation des réseaux socio-politiques, pensés non seulement comme des réseaux entre individus, mais comme des réseaux stabilisés de relations qui leur pré-existent. Elle l'a mené à développer et à promouvoir une approche localisée sans exclusive. Ses terrains d'investigation privilégiés ont été le milieu socialiste français, la CFDT, le monde enseignant, les associations locales de défense de l'environnement et du cadre de vie, mais aussi les élites politico-administratives centrales. Il travaille actuellement à un ouvrage de synthèse sur la sociologie des partis.
Publications
Les réseaux du parti socialiste. Sociologie d'un milieu partisan, Belin, nouvelle édition révisée, 2017.
La société des socialistes (avec Rémi Lefebvre), Éd. du Croquant, 2007.
La fin des partis ? (avec Igor Martinache), La vie des idées, 2020.
La plupart de ses publications en français, en anglais et en espagnol sont consultables sur cette page : researchgate.net/profile/Frederic-Sawicki.

Juan Manuel ARAGÜÉS
En prenant appui sur l'expérience espagnole du 15-M, nous nous proposons de réfléchir aux fondements d'une politique nouvelle capable de se porter au-delà et des formes traditionnelles d'organisation et des pratiques sectaires qui ont jalonné l'histoire de la gauche. Au cours de la dernière décennie, l'Espagne a connu une certaine effervescence politique, dont a découlée la naissance de Podemos et d'autres organisations (mareas, comunes) qui affichaient l'ambition d'incarner de nouveaux espoirs politiques. Néanmoins, le retour à la forme-parti traditionnelle, parfois surenchérie, n'a pas manqué de s'imposer comme une triste réalité. C'est pourquoi il nous revient la tâche d'analyser le processus et de mettre en exergue les possibles stratégies capables de contribuer, en ces temps de débâcle sociale, à la promotion de nouvelles pratiques et formes d'organisation.

Juan Manuel Aragüés est professeur de philosophie à l'université de Saragosse et chercheur en charge du projet "Racionalidad económica, ecología política y globalización : hacia una nueva racionalidad cosmopolit". Ont paru en français Désir de multitude. Différence, antagonisme et politique matérialiste (Una éditions) et Marx (RBA). En espagnol, El viaje del Argos. Derivas en los escritos póstumos de J.P. Sartre, 1995 ; Sartre en la encrucijada, 2004 ; Deleuze, 1998 ; El dispositivo K. Marx, 2018 ; De la vanguardia al cyborg, 2020 ; De idiotas a koinotas, 2020 ; Ochenta sombras de Marx, Nietzsche y Freud, 2021.
youtube.com/channel/UC2Ug1k_b5aJeFDinyZ7kZLw
unizar.academia.edu/JuanManuelArag%C3%BC%C3%A9s


SOUTIENS :

Université Paris Nanterre
• Unité de recherche en sociologie, philosophie et anthropologie politiques (SOPHIAPOL, EA 3932)
• Conservatoire national des arts et métiers (Cnam)
• Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP)
Fondation Danielle Mitterrand
Fondation Gabriel Péri