VERS UNE POLITIQUE DES MONDES ?
DU MERCREDI 1er JUIN (19 H) AU MARDI 7 JUIN (14 H) 2022
[ colloque de 6 jours ]
DIRECTION :
Haud GUÉGUEN, Laurent JEANPIERRE, Pierre SAUVÊTRE
Avec la participation de Pierre DARDOT et Christian LAVAL
ARGUMENT :
Où en est le projet cosmopolitique, l'horizon d'une politique mondiale ? La question engage aujourd'hui des réponses différentes de celles qui ont jalonné les discours sur la mondialisation. À l'heure où se généralise le nationalisme concurrentiel des États, avec des tendances néo-fascisantes dans de nombreux pays, et où le capitalisme néolibéral triomphe des crises qu'il provoque, où le dérèglement climatique et le dépassement des limites planétaires poursuivent leur marche menaçante, peut-on repenser les conditions d'une politique planétaire d'autonomie et de justice ? Comment imaginer, sur de telles bases, ses contenus et ses formes ? La reconnaissance, par l'anthropologie notamment, de la diversité de cosmologies, des ontologies sociales et des manières de faire, ne commande-elle pas de nouvelles modalités de se relier, de faire de la politique ?
Quels concepts, quelles pratiques peuvent énoncer l'articulation entre l'unité de la planète et la pluralité des mondes ? Comment penser une "politique des mondes" dès lors que celle-ci implique la mise en relation d'univers aux histoires, traditions et actualités différentes ? Avec quelles places et quelles significations éventuellement nouvelles accordées à l'écologie, à la justice sociale, à la démocratie ? Les luttes de paysans, de femmes, les combats antiracistes et décoloniaux, d'indigènes, les nouvelles expérimentations du travail et de la production, dessinent-elles, parmi d'autres, le schéma des forces qui pourraient animer ce projet ? Les héritages de l'internationalisme, de l'altermondialisme, de la construction européenne seront aussi examinés dans ce colloque, qui se propose de dessiner des stratégies et de penser des institutions ou contre-institutions capables de porter une "politique des mondes". Cette rencontre réunira des intervenants de diverses disciplines et de différents points de vue pour un débat constructif largement ouvert à toutes celles et ceux que ces questions intéressent.
MOTS-CLÉS :
Autonomie, Cosmopolitique, Émancipation, Internationalisme, Justice, Mondialisation, Non humain, Planète, Politique
CALENDRIER DÉFINITIF :
Mercredi 1er juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS
Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants
Jeudi 2 juin
COSMOPOLITIQUE(S) OU POLITIQUE DES MONDES ?
Matin
Laurent JEANPIERRE & Pierre SAUVÊTRE : Introduction
Étienne BALIBAR : Qui est le sujet de la cosmopolitique ? Quels en sont les agents ? Dans quel monde et pour quel monde ?
Pierre DARDOT : La cosmopolitique comme politique des mondes
Après-midi
Quentin DELUERMOZ : Les internationalismes et leurs héritages
Ateliers en parallèle
Luttes sociales et indigènes en Amérique latine, animé par Esteban RADISZCZ
Vers une Université du partage des savoirs de tous, par tous et pour tous, animé par Patricia POL
Vendredi 3 juin
COSMOLOGIES ET PLURALITÉ DES MONDES
Matin
Léna BALAUD : S'allier avec des mondes sauvages dans la crise généralisée du logement
Geneviève AZAM : Autonomie et interdépendance. Réanimer nos mondes terrestres
Jérôme BASCHET : Multiplicité des mondes et conditions planétaires : un monde où il y a de la place pour de nombreux mondes
Après-midi
Arnaud MACÉ : Agir parmi les pluralités. Perspectives anciennes sur notre avenir
Ateliers en parallèle
Affirmations antiracistes et décoloniales, animé par Mohamed AMER MEZIANE [visioconférence]
Quelles formes politiques pour la reconnaissance des mondes ?, animé par Olivier VOIROL
Soirée
Atelier
De l'héritage de l'altermondialisme aux soulèvements des corps, des peuples et des mondes contemporains : pistes pour un renouveau de l'internationalisme, animé par Pierre BONNEAU (Fondation Danielle Mitterrand), Elena MEJIAS, Juliette MARIN RIOS et Théo STOEFFLER (La Cantine Syrienne de Montreuil)
Samedi 4 juin
FORCES EN PRÉSENCE POUR UNE POLITIQUE DES MONDES
Matin
Florence ROCHEFORT : Les défis épistémologiques d'une approche mondialisée de l'histoire des féminismes
Fanny GALLOT : Enjeux féministes contemporains
Geneviève PRUVOST : Écoféminisme de subsistance et matière-monde [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Après-midi
Maxime GABORIT : Les horizons (cosmo)politiques du mouvement de lutte contre le réchauffement climatique [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Dimanche 5 juin
TRANSFORMATIONS ÉCONOMIQUES ET DYNAMIQUES INTERNATIONALES
Matin
Marie-Anne DUJARIER : Ce que nous faisons au monde : quelles institutions du "travail" ?
Frédérique DEBOUT : Cause écologique et organisation du travail
Bruno FRÈRE & Jean-Louis LAVILLE : Économie solidaire, théorie critique et épistémologie des suds
Après-midi
Marieke LOUIS : Pourquoi les organisations internationales détestent-elles la politique ?
Ateliers en parallèle
Sur les conditions de possibilité d'une politique démocratique transnationale dans le cadre contraint de l'Union européenne, animé par Antoine VAUCHEZ
Le soin des vivants, animé par Mathieu BELLHASSEN
Soirée
Leslie KAPLAN : Lecture du texte "L'aplatissement de la Terre" et introduction du film Un ennemi invisible de Guy Girard. Animée par Évelyne MEZIANI-LAVAL
Lundi 6 juin
ÉCHELLES ET ARCHITECTURES POUR LA POLITIQUE DES MONDES
Matin
Christian LAVAL : États-nations et cosmopolitique
Franck POUPEAU : Les recompositions de l'État, au cœur des alternatives politiques
Pierre SAUVÊTRE : "Lives that Matter" : éléments pour la révolution cosmopolitique
Après-midi
Laurent JEANPIERRE : Une repolitisation du local à grande échelle est-elle possible ?
Ateliers en parallèle
Figures mondiales de l'approfondissement démocratique à l'heure de la gouvernance globale, animé par Yves SINTOMER
Quelle forme d'organisation politique pour les gauches ?, animé par Frédéric SAWICKI, avec la participation de Juan Manuel ARAGÜÉS
Mardi 7 juin
Matin
Rapport d'étonnement, par les doctorants et docteurs : Yasmine AMEDEO, Léna BALAUD, Emma BARETTONI, Matilde CIOLLI, Maxime GABORIT, Benjamin GIZARD, David HAMOU, Lucile MARION, Elena MEJIAS, Valentina SANTORO et Félix-Giovanni ZAPATA GALEANO
Après-midi
DÉPARTS
RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :
Pierre SAUVÊTRE : "Lives that Matter" : éléments pour la révolution cosmopolitique
Notre contribution s'appuiera sur l'œuvre du penseur écologiste américain Murray Bookchin pour s'interroger sur les conditions cognitives, éthiques et politiques suivant lesquelles les sociétés du monde actuel pourraient vivre de manière conciliatrice avec la nature. Cela suppose de repenser de fond en comble ce qu'est la vie organique comme mouvement du monde et relations de toutes les formes-de-vie, ainsi que la place de l'humanité et de la société dans ce mouvement. À partir de là, on peut redéfinir radicalement le progrès en termes de progrès écologique pour d'une part critiquer la manière dont l'évolution sociale s'est produite contre la vie — en fait contre certaines vies au profit d'autres, ce qui nous amènera à redéfinir le biopouvoir au-delà de Foucault et d'Agamben — et d'autre part analyser comment les sociétés pourraient se transformer radicalement afin d'évoluer dans le sens d'une réalisation des possibilités de toutes les formes-de-vie.
Pierre Sauvêtre est Maître de conférences en sociologie à l'université Paris Nanterre.
Publications
Foucault, Paris, Ellipses, 2017.
Le choix de la guerre civile, Montréal, Lux, 2019 (avec P. Dardot, H. Guéguen et C. Laval).
A co-dirigé L'alternative du commun, Colloque de Cerisy, Paris, Hermann, 2019 (avec C. Laval et F. Taylan).
Geneviève AZAM : Autonomie et interdépendance. Réanimer nos mondes terrestres
Le "monde" de la mondialisation est démembré. Il est celui de fins de mondes, de non-mondes, d'un vide empli de marchandises, d'un récit fantasmagorique d'arrachement des affaires humaines à la matérialité, de détachement et d'immersion dans un tissu connectif global. Face à ce principe brutal d'unification du monde mené contre les mondes vécus, humains et autres qu'humains, l'altermondialisme a réveillé les consciences. Il fut cependant trop souvent arrimé au récit global d'un altermonde unifié, loin des scènes terrestres et de la matérialité irréductible du réel. En ces temps de chaos écologique, faire monde commun et habiter la Terre sont indissociables. Des résistances ancrées dans des histoires, des milieux de vie et des cultures singulières, échappent au global et le débordent ; elles assument pleinement une condition terrestre et cherchent, au-delà de leur singularité, à conjuguer interdépendance, attachements, autonomie matérielle et autonomie politique.
Geneviève Azam est économiste-essayiste, enseignante-chercheuse honoraire à l'université Toulouse Jean Jaurès. Représentante d'ATTAC au Conseil International du Forum Social Mondial (2005-2015). Comité de rédaction de la revue Terrestres et membre du CA de la Fondation Danielle Mitterand.
Publications
Lettre à la Terre, Seuil, 2019.
Avec F. Valon, Simone Weil, l'expérience de la nécessité, Passager Clandestin, 2017.
Socialter n° spécial : Libérer le temps, 2021.
Léna BALAUD : S'allier avec des mondes sauvages dans la crise généralisée du logement
La crise écologique et sociale peut-elle être re-décrite comme une "crise généralisée du logement" ? Nous entendons par là capturer une certaine condition terrestre transversale, commune aux habitants et habitats humains et non-humains. À partir de la présentation de quelques situations terrestres, nous tenterons de mettre à jour ce que pourraient être des stratégies politiques multispécifiques. Parmi celles-ci, il y a la défense et la prise en charge de communs multispécifiques qui sont autant de voies d'articulation entre les enjeux d'habitabilité humaine et non-humaine d'un territoire situé (rural ou urbain). Mais au-delà d'un territoire particulier, il nous semble que cette conception plus qu'humaine de ce qu'est un lieu habité permet de construire des voies d'alliances politiques avec d'autres situations cosmologiquement différentes. Nous construirons cette hypothèse en articulant des travaux d'écologie et d'ethnographie multispécifique (Van Dooren), d'anthropologie ontologique (Blaser, De la Cadena), et de philosophie (Rancière, Feltham).
Léna Balaud est titulaire d'un diplôme d'ingénieur agronome. Elle pratique l'agriculture et la recherche indépendante en philosophie. Elle est membre du comité de rédaction de la revue en ligne Terrestres.
Jérôme BASCHET : Multiplicité des mondes et conditions planétaires : un monde où il y a de la place pour de nombreux mondes
En s'inspirant de l'invitation zapatiste à construire "un monde où il y ait place pour de nombreux mondes", on se demandera comment tenir ensemble la perspective d'une efflorescence des mondes communaux, ancrés dans l'auto-détermination de formes de vie singulières comme dans une pluralité des régimes de mondiation, et la reconnaissance effective d'une appartenance à la communauté planétaire de tous les Terrestres. On suggérera qu'un tel communalisme planétaire suppose une cosmopolitique des multiplicités, affrontant conjointement trois enjeux : l'amorce d'un basculement ontologique qui, en défaisant le grand partage naturaliste, permet d'expérimenter une cosmopolitique associant humains et non-humains ; une mutation anthropologique qui rompt avec la constitution du moi comme isolat pour expérimenter une conception de la personne comme relationalité ; un abandon de l'universalisme de l'Un au profit d'un universalisme des multiplicités, étroitement lié à une capacité à construire le commun dans l'hétérogénéité.
Jérôme Baschet est historien. Longtemps enseignant-chercheur à l'EHESS (Paris), il vit depuis plus de vingt ans à San Cristobal de Las Casas (Mexique), où il côtoie l'expérience zapatiste. Il est l'auteur de nombreux ouvrages d'histoire médiévale.
Publications
Adieux au capitalisme. Autonomie, société du bien vivre et multiplicité des mondes, La Découverte, réédition, 2016.
La rébellion zapatiste. Insurrection indienne et résistance planétaire, Champs-Flammarion, nouvelle édition, 2019.
Basculements. Mondes émergents, possibles désirables, La Découverte, 2021.
Pierre DARDOT : La cosmopolitique comme politique des mondes
Le cosmopolitisme renvoie à l'idée du monde comme cité et, corrélativement, à celle de l'homme comme citoyen du monde. Mais le monde est-il une cité et l'homme comme homme un citoyen ? La cosmopolitique se distingue du cosmopolitisme par l'affirmation d'une politique qui prend le monde pour objet, soit d'une "politique du monde". Cette définition appelle elle-même une problématisation. En effet, la politique "du" monde ne peut présupposer le monde comme déjà donné. Elle vise plutôt à instituer le monde comme commun. On soutiendra ici que la reconnaissance pratique de la pluralité des mondes est essentielle à cette institution et qu'il n'y a pas de monde commun sans pluralité des mondes. En ce sens, la cosmopolitique devra s'entendre non comme une politique mondiale, ni même comme une politique "du" monde, au sens d'un monde unique dont il faudrait partir, mais comme une politique des mondes.
Pierre Dardot est Philosophe, co-auteur avec Christian Laval de Commun. Essai sur la révolution au XXIe siècle (La Découverte, 2014), et de Dominer. Enquête sur la souveraineté de l'État en Occident (La Découverte, 2020).
Frédérique DEBOUT : Cause écologique et organisation du travail
Pour aborder la crise écologique, un certain nombre de travaux actuels s'appuient sur des critiques écologiques — notamment la collapsologie — et sur des critiques du modèle productiviste mis en cause dans la crise écologique, de manière étonnante, ils ne s'accompagnent pas d'une pensée sur ce que sont le travail, la santé et les rapports entre les deux. À partir d'une observation participante et de la référence à la psychodynamique du travail, nous interrogerons la manière dont l'organisation du travail est (im)pensée dans les Oasis et quelles conséquences cela a sur la santé des membres les composant. Cela nous permettra d'aborder la pertinence de la notion de centralité politique du travail pour penser des mondes plus habitables pour tous. À quelles conditions la proposition des Oasis constitue-t-elle un horizon politique souhaitable ?
Frédérique Debout a eu une première formation en philosophie avant de devenir psychologue clinicienne, psychothérapeute et psychodynamicienne du travail. Elle a travaillé pendant une quinzaine d'année dans le secteur du soin en psychiatrie. En 2007, elle a intégré l'équipe de recherche de Christophe Dejours, laboratoire "psychanalyse, santé et travail" au CNAM. Elle y a soutenu sa thèse de doctorat en psychologie, sous la direction de Christophe Dejours. Celle-ci portait sur le travail de soin en psychiatrie. Maîtresse de conférences en psychopathologie et psychodynamique du travail elle est membre de l'association internationale des spécialistes en psychodynamique du travail, de l'association française des spécialistes en psychopathologie et psychodynamique du travail ainsi que de l'institut de psychodynamique du travail. Ses recherches portent essentiellement sur le corps, le soin, le genre et le travail mais aussi sur les rapports entre environnement, soin et politique.
Quentin DELUERMOZ
Quentin Deluermoz est professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris Cité. Ses recherches portent sur l'histoire sociale et anthropologique des ordres et des désordres au XIXe siècle (France, Europe, empires) ainsi que sur l'épistémologie des sciences sociales. Il est également co-fondateur et membre du comité de rédaction de la revue Sensibilités, Histoire, Sciences sociales et critique.
Publications
Commune(s), 1870-1871. Une traversée des mondes au XIXe siècle, Paris, Seuil, 2020.
Avec P. Singaravelou, Pour une histoire des possibles. Approches contrefactuelles et futurs non advenus, Paris, Seuil, 2016.
Direction de collectifs
D'ici et d'ailleurs. Histoires globales de la France contemporaine, XIXe-XXe siècle, Paris, La Découverte, 2021.
Avec F. Bensimon & J. Moisand, "Arise Ye Wretched of the Earth". The First International in a global perspective, Leiden/Boston, Studies in global social History, Brill, 2018.
Norbert Elias, Paris, Tempus, 2012.
Marie-Anne DUJARIER : Ce que nous faisons au monde : quelles institutions du "travail" ?
L'institution du "travail" est au centre de la question politique, tant empiriquement que conceptuellement. Elle charrie des enjeux écologiques, sociaux et existentiels aigus, dans un rapport de forces multiformes, du local au global. Puisque cette catégorie de pensée polysémique et incertaine est plus que jamais troublée, nous proposons de la déplier afin de considérer ses principales significations. Il s'agira alors de penser les notions d'utilité, d'emploi et d'activité et leurs articulations, afin d'envisager les possibles qu'elles recèlent, dans une visée instituante.
Marie-Anne Dujarier est sociologue, professeure à l'université de Paris Cité, membre du LCSP, et associée au LISE (UMR CNAM / CNRS). Ses recherches s'inscrivent dans une épistémologie clinique attentive à l'activité. Elles portent sur les principales institutions contemporaines que sont le travail, la consommation et le management.
Publication récente
Troubles dans le travail. Sociologie d'une catégorie de pensée, Puf, 2021.
Maxime GABORIT : Les horizons (cosmo)politiques du mouvement de lutte contre le réchauffement climatique
Le sens politique du mouvement qui émerge en septembre 2018 autour des marches pour le climat reste à élucider. Que signifie politiquement un engagement qui invite les gouvernements à écouter les scientifiques et à réduire les émissions de gaz à effet de serre ? Quels imaginaires et quelles traditions politiques sont (ré)activés dans une telle mobilisation ? Cette alliance composite de différentes organisations (anciennes ou nouvellement créées) et d'acteurs qui luttent pour le climat doit se lire comme un agencement de formes de lutte aux histoires contrastées. À partir de matériaux quantitatifs et qualitatifs, collectés en partie dans le cadre du collectif Quantité Critique, nous nous proposons de saisir les ancrages socio-politiques qui conditionnent ces engagements, en montrant comment ceux-ci s'articulent à des conceptions particulières d'une possible catastrophe. Il devient possible, à partir de là, de penser les mobilisations contre le réchauffement climatique et les dynamiques de transversalisation des luttes comme une politisation de l'enjeu de la "survie", où cohabitent la commune mortalité des formes de vie et la diversité des formes de mort qui pèsent sur elles.
Maxime Gaborit est doctorant en cotutelle au Centre d'études européennes et de politique comparée (CEE) de Sciences Po et au Centre de Recherche en Science Politique (CReSPo) de l'université Saint-Louis – Bruxelles. Il mène actuellement une thèse sur les formes de contestation des militants pour le climat et leurs horizons démocratiques, en France et en Belgique. Il s'intéresse particulièrement aux usages et aux sens multiples de la désobéissance pratiquée par les écologistes.
Fanny GALLOT : Enjeux féministes contemporains
À la faveur de la stratégie de la grève féministe appropriée dans les années 2010 par des féministes de plusieurs pays, le concept de travail reproductif, comprenant l'ensemble des tâches rémunérées ou non, favorisant la reproduction de la force de travail et de la vie permet d'interroger à nouveaux frais l'implication des femmes dans les luttes depuis 1945, en France et ailleurs. Il articule dans un même mouvement, les mobilisations du travail domestiques, celles du travail professionnel contre la déqualification et la "division sexuée du travail militant" à l'œuvre dans les mouvements sociaux.
Fanny Gallot, historienne, est membre du Centre de recherche en histoire européenne comparée (CRHEC), elle enseigne à l'INSPE de Créteil. Ses recherches portent sur l'histoire du travail qu'elle tente d'envisager dans une perspective intersectionnelle, l'histoire du syndicalisme, des mouvements sociaux et des féminismes.
Publications
En découdre. Comment les ouvrières ont révolutionné le travail et la société, La Découverte, 2015.
Coordination de "Prolétaires de tous les pays, qui lave vos chaussettes !", Le genre de l'engagement dans les années 1968, avec Ludivine Bantigny et Fanny Bugnon, PUR, 2017.
Coordination de Féminismes dans le monde : 23 récits d'une révolution planétaire, avec Pauline Delage, Textuel, 2020.
Christian LAVAL : États-nations et cosmopolitique
Le "monde" tel que nous le connaissons et qui nous est imposé par l'histoire est fait d'États-nations. Il rencontre aujourd'hui ses limites, il est à la fois dangereux (les guerres inter-étatiques en témoignent toujours), et impuissant face aux grands enjeux du siècle à venir. Cette consistance étatique du "monde" constitue le principal problème stratégique aujourd'hui comme hier pour toute cosmopolitique d'émancipation. On ne peut le contourner par quelque évocation abstraite d'une "société sans État", on ne peut non plus s'y résigner. Le socialisme du XIXe et du XXe siècle a échoué à le surmonter en se nationalisant, l'altermondialisme, demeuré au stade des intentions et des dénonciations, n'est pas parvenu à définir une stratégie de dépassement de "l'inter-étatique". Comment penser à partir des luttes transnationales une cosmopolitique qui ne serait pas du semblant ?
Christian Laval est professeur émérite de sociologie à l'université Paris Nanterre (Sophiapol).
Publications
Co-auteur avec Pierre Dardot, Commun, Essai sur la révolution au XXIe siècle, La Découverte, 2014.
Co-auteur avec Pierre Sauvêtre et F. Taylan, L'alternative du commun, Colloque de Cerisy, Paris, Hermann, 2019.
Co-auteur avec Pierre Dardot, Dominer, Essai sur l'histoire de la souveraineté en Occident, La Découverte, 2020.
Co-auteur avec P. Dardot, H. Guéguen et P. Sauvêtre, Le choix de la guerre civile, Montréal, Lux, 2021.
Marieke LOUIS : Pourquoi les organisations internationales détestent-elles la politique ?
La communication sera fondée sur l'ouvrage Why International Organizations Hate Politics. Depoliticizing the World, co-écrit avec Lucile Maertens (Université de Lausanne), et publié chez Routledge dans la collection "Global Institutions Series", en open access. Cet ouvrage s'intéresse à une revendication très répandue dans le monde des organisations internationales : celle de "ne pas faire de politique". S'appuyant sur le concept de dépolitisation, il propose une première analyse systématique des revendications apolitiques des organisations internationales. Il montre comment les activités quotidiennes des organisations internationales participent à "dépolitiser le monde" tout en leur permettant de rester engagées dans la politique, même lorsqu'elles prétendent ne pas l'être. En se penchant sur les dynamiques internes de la gouvernance mondiale, ce livre développe un cadre analytique sur les raisons pour lesquelles les organisations internationales "détestent" la politique décryptant les pratiques et les logiques de dépolitisation dans une grande variété de contextes historiques, géographiques et organisationnels.
Marieke Louis est maîtresse de conférences en science politique à Sciences Po Grenoble rattachée au laboratoire PACTE. Elle est également membre du Groupe de recherche sur l'action multilatérale du CNRS. Spécialisée sur les organisations internationales et notamment l'Organisation internationale du travail, ses recherches actuelles portent plus particulièrement sur le rôle des organisations patronales internationales (Organisation internationale des employeurs et Chambre de Commerce internationale notamment) dans la régulation de la mondialisation et le façonnement d'une diplomatie économique et sociale aux XXe-XXIe siècles.
Arnaud MACÉ : Agir parmi les pluralités. Perspectives anciennes sur notre avenir
Le recours aux Anciens pour déchiffrer l'énigme du présent était déjà le geste du savant coutançais, Louis Le Roy, dit Regius, lorsqu'il cherchait une orientation dans la "vicissitude des choses" (1576). C'était encore celui de Friedrich Engels, ou plus près de nous, de Gilbert Simondon, lorsqu'ils cherchaient l'un comme l'autre chez les philosophes ioniens la clef d'une pensée des sciences capable d'éclairer à nouveau l'action collective. Nous nous demanderons si notre époque peut encore trouver appui sur les pensées anciennes qui offrent l'exemple d'une autre manière de penser l'unité des choses que celles que nous appelons "nature" ou "monde" ; d'une autre manière de penser la façon dont la diversité des savoirs doit prendre en charge la pluralité d'objets qui constituent notre réalité ; d'une autre manière d'appuyer l'action sur ces savoirs si l'on veut que la pluralité des formes humaines d'existence trouve son lieu parmi la pluralité des existants.
Arnaud Macé est professeur d'histoire de la philosophie ancienne à l'université de Franche-Comté. Ses recherches portent sur Platon et les présocratiques, et plus particulièrement sur la pensée de la nature et celle du commun en Grèce ancienne. Il a récemment fait paraître, en collaboration avec Luc Brisson et Jean-François Pradeau, Les Éléates. Fragments des œuvres de Parménide, Zénon et Mélissos, Paris, Les Belles Lettres, 2022.
Geneviève PRUVOST : Écoféminisme de subsistance et matière-monde
Comment voulons-nous boire, manger, dormir, habiter, être vêtu, être soigné, renouveler les matières, de sorte que le spectre de la pluralité des mondes possibles reste ouvert et non drastiquement réduit ? Comment faire pour que ces activités vitales ne soient ni appropriées, ni parcellisées en autant de tâches réservées à des populations subalternisées tandis que d'autre auraient le loisir de s'en abstraire ? Ce questionnement est une préoccupation typiquement féministe : il n'y a pas de petites ou grande arènes, de grandes et basses tâches. Le privé est politique. C'est aussi une préoccupation typiquement écologiste : la possibilité d'un renouvellement des matières qui permette l'abondance est politique. L'écoféminisme, né dans les années 1970-1990, ajoute une strate : le mouvement qui conduit un certain nombre d'être humains à exploiter la terre au-delà de ses capacités de régénération et de redistribution au plus grand nombre n'est pas séparable du mouvement qui conduit à la surexploitation des femmes, en tant qu'être reproductif de la matière humaine et de la charge de la reproduction de la vie. Cette communication ne va pas détailler ici tous les écoféminismes et toutes les déclinaisons variées de cette proposition, pour se concentrer sur une seule que j'ai qualifié de féminisme de la subsistance. Nous aborderons le contre-récit des naissances du capitalisme, le renouvellement de la conceptualisation du travail domestique que ce déplacement opère et les lignes d'horizon utopiques qui s'ouvrent.
Geneviève Pruvost est chargée de recherche-HDR au CNRS au Centre d'Études des Mouvements sociaux (Paris-EHESS). Sociologue du travail, du genre, du mode de vie écologique, elle co-dirige un master interdisciplinaire avec un parcours en études environnementales. Après avoir travaillé sur l'accès des femmes à la violence légale (De la sergote à la femme flic. Une autre histoire de l'institution policière, La Découverte, 2008) et illégale (avec C. Cardi, Penser la violence des femmes, La Découverte, 2012), elle enquête depuis dix ans sur les alternatives écologiques en zone rurale, l'écoconstruction, la néo-paysannerie, la naissance alternative, les luttes environnementales et la politisation du moindre geste. Son dernier livre porte sur l'écoféminisme et une autre histoire du progrès à partir de la marchandisation de la quotidienneté (Quotidien politique. Féminisme, écologie et subsistance, La Découverte, 2021).
Florence ROCHEFORT : Les défis épistémologiques d'une approche mondialisée de l'histoire des féminismes
À partir de l'expérience d'un essai d'approche mondialisée de l'histoire des féminismes sont apparus plusieurs paradoxes pour concilier les exigences des théoriques féministes du point de vue situé, les demandes d'histoires spécifiques et de nouvelles approches intersectionnelles et postcoloniales. Comment contribuer à construire de nouveaux récits "monde" à partir de matériaux établis à l'échelle nationale ? Comment affronter les froissements entre histoire et mémoire, les tensions Sud/Nord et prendre en compte les attentes de reconnaissance ? Comment ces récits sont encore à construire malgré les défis épistémologiques et méthodologiques.
Florence Rochefort est chargée de recherche au CNRS (GSRL).
Publications
Histoire mondiale des féminisme, Paris, PUF, "Que Sais-Je", 2022 (2ed).
Avec Bibia Pavard et Michelle Zancarini-Fournel, Ne nous libérez pas on s'en charge. Une histoire des féminismes de 1789 à nos jours, Paris, La découverte, 2020.
Avec Laurie Laufer (dir.), Qu'est-ce-que le Genre ?, Paris, Payot, 2013.
PRÉSENTATION DES ATELIERS :
Luttes sociales et indigènes en Amérique latine, animé par Esteban RADISZCZ
Psychanalyste à Santiago du Chili et Docteur en Psychanalyse et Psychopathologie (Univ. Paris 7 - Denis Diderot), Esteban Radiszcz est professeur à la Faculté de Sciences Sociales de la Universidad de Chile où il dirige le Laboratoire Transdisciplinaire en Pratiques Sociales et Subjectivité (LaPSoS). Il travaille également au sein du Laboratoire Interdisciplinaire d'Études en Controverses Constituantes et du Programme d'Études Psychanalytiques Clinique et Culture. Sa recherche s'intéresse au croisement entre la psychanalyse et la politique, et particulièrement aux incidences des processus sociaux sur la subjectivité et les modalités d'individuation, notamment sur le plan des affects comme à propos des souffrances psychiques et des injustices sociales.
Vers une Université du partage des savoirs de tous, par tous et pour tous, animé par Patricia POL
Afin d'imaginer l'avenir et dépasser la mondialisation capitaliste de la connaissance, cet atelier se propose de définir ce que doit être une Université cosmopolite du partage des savoirs de tous, par tous et pour tous. Ni soumise à l'héritage des féodalismes et de l'entre-soi, ni vendue à la bureaucratie des appels d'offre et de l'entreprenariat universitaire, une autre université au-delà des pouvoirs de l'État et du marché est possible. Quelles sont les valeurs qui doivent fonder cette université ? Nous lancerons la discussion autour des principes suivants : briser les murs dans et hors l'université, penser et décider des limites du Progrès, incarner la liberté, la gratuité, l'autogestion, etc. Cette liste, évidemment non exhaustive, sera complétée lors de la présentation de cet atelier et dans le débat qui s'ensuivra.
Enseignante-chercheuse à l'université Paris-Est Créteil, Patricia Pol a suivi de près depuis plus de 30 ans le processus d'internationalisation des universités. Militante engagée, elle a co-fondé, en 2018, l'Internationale des Savoirs pour Tous (IDST).
Publication
"L'Europe de l’enseignement supérieur : de l'expression des politiques néolibérales à la montée des résistances", dans Éducation et intérêt général, p. 615-636, PURH, 2018.
Affirmations antiracistes et décoloniales, animé par Mohamed AMER MEZIANE
L'intervention aura pour fonction de présenter les hypothèses principales du livre intitulé Des empires sous la terre et qui sous-tendent le projet d'une histoire écologique et raciale de la sécularisation. Il s'agira ensuite de saisir les implications de ces hypothèses vis-à-vis du marxisme et de la théorie décoloniale, et de déterminer ce qui, dans le langage des luttes, change dès lors que l'on court-circuite un dispositif classique de la tradition révolutionnaire : la réalisation du ciel sur la terre à travers l'émancipation du sujet messianique, prolétariat ou damnés de la terre. Loin de toute réhabilitation de la théologie politique ou de la théologie de la libération mais en rupture avec les présupposés de ce que Marx nommait l'athéisme pratique, la contribution aura pour fonction d'ouvrir des pistes de réflexion et de discussion en prenant acte de la situation de crise politique et environnementale actuelle.
Mohamed Amer Meziane est philosophe et historien des idées. Son travail se situe au croisement de la philosophie contemporaine, des théories dé-coloniales et post-coloniales ainsi que de l'anthropologie des religions. Actuellement enseignant-chercheur à l'université Columbia de New York, il sera chercheur visiteur à la Freie Universität avant de rejoindre un poste d'Assistant Professor à l'université de Brown, aux États-Unis. Membre du comité de rédaction de la Revue Multitudes, son premier livre, Des empires sous la terre, a été publié en 2021 aux Éditions de la Découverte.
Sur les conditions de possibilité d'une politique démocratique transnationale dans le cadre contraint de l'Union européenne, animé par Antoine VAUCHEZ
Au fil des décennies, l'Union européenne a construit autour de son Parlement, de son élection comme de la vie partisane qui s'organise à sa périphérie, un ensemble de points d'appui (juridiques, financiers et institutionnels) pour le déploiement d'une politique représentative transnationale. À ce titre, l'UE fait figure d'observatoire privilégié des conditions pratiques du travail partisan à l'échelle internationale. Mais elle permet aussi de voir tout ce qui contribue à en cantonner et à en minorer la prise sur les différents sites où se construit la décision politique "à l'international". Comme écrasée par le poids des "impératifs" diplomatiques, juridiques, économiques et bureaucratiques qui dominent historiquement le gouvernement du Marché et de la monnaie uniques, la politique représentative des partis et des élus fait en effet figure d'éternel junior partner de l'Union européenne, intégrant le plus souvent leur illégitimité à interférer sur le cours des crises européennes (financières, pandémiques, géopolitiques, etc.). En repartant de cette archive européenne de la politique transnationale, l'atelier devra permettre de s'interroger sur les défis auxquels doit faire face toute entreprise de (re-)démocratisation de la "politique des mondes". Il pourra ouvrir sur une réflexion sociologiquement informée sur l'ingénierie de la démocratie transnationale, en réfléchissant par exemple au potentiel démocratique d'une assemblée parlementaire transnationale (c'est-à-dire élue dans le cadre des élections parlementaires nationales et composée de délégations de députés nationaux) jetant un pont entre les deux rives nationales et européennes de nos démocraties.
Antoine Vauchez est politiste et directeur de recherche au Cnrs au Centre européen de sociologie et science politique (Université Paris 1-Sorbonne - Ehess). Ses travaux portent sur la formation d'un centre de pouvoir européen, l'émergence de corps de connaissance juridique et économique du projet européen et la consolidation d'un "pouvoir d'indépendance" autour des cours de justice, banques centrales et des agences de régulation européennes. Sur le thème sur l'atelier, il a publié notamment Démocratiser l'Europe (Seuil, coll. "La République des idées", 2014), Pour un traité de démocratisation de l'Europe (avec S. Hennette, T. Piketty, G. Sacriste, Seuil, 2017) et, plus récemment, "Un peuple européenne introuvable ? Sur les logiques sociales de confinement du vote dans la politique européenne", in C. Herrera et N. Grangé (dir.), Possibilités et obstacles d'une Europe politique. Autour de l'œuvre d'Étienne Balibar, Kimé, 2022 [en ligne].
Figures mondiales de l'approfondissement démocratique à l'heure de la gouvernance globale, animé par Yves SINTOMER
Il est commun d'opposer démocratie ancienne et démocratie moderne, la première s'étant épanouie dans le cadre de petites communautés politiques, la seconde dans l'État-nation. Au XXIe siècle, la gouvernance globale relativise fortement le poids des États nationaux. Des défis comme la justice climatique et sociale globale, la déstabilisation de l'écosphère ou les pandémies appellent des réponses coordonnées à une échelle mondiale bien au-delà des conceptions classiques de la souveraineté populaire. Or, la gouvernance globale actuelle semble aux antipodes de la démocratie. Quelles sont les expériences et les imaginaires qui dessinent la voie d'un approfondissement démocratique mondial ? Faut-il privilégier la déconnection de communautés autogérées ? L'établissement d'une fédération mondiale ? Une autre gouvernance en réseau qui donnerait du poids aux acteurs subalternes ? Et comment avancer dans une voie qui implique à n'en pas douter des transformations d'une ampleur révolutionnaire ?
Quelle forme d'organisation politique pour les gauches ?, animé par Frédéric SAWICKI, avec la participation de Juan Manuel ARAGÜÉS
Professeur de science politique à l'université de Lille puis à l'université Paris 1-Panthéon-Sorbonne depuis 2009, Frédéric Sawicki a développé une analyse des partis, des pratiques politiques et des engagements militants attentive à leurs formes d'ancrage dans la société. Cette approche l'a conduit à forger la notion de milieu partisan et à s'attacher à l'objectivation des réseaux socio-politiques, pensés non seulement comme des réseaux entre individus, mais comme des réseaux stabilisés de relations qui leur pré-existent. Elle l'a mené à développer et à promouvoir une approche localisée sans exclusive. Ses terrains d'investigation privilégiés ont été le milieu socialiste français, la CFDT, le monde enseignant, les associations locales de défense de l'environnement et du cadre de vie, mais aussi les élites politico-administratives centrales. Il travaille actuellement à un ouvrage de synthèse sur la sociologie des partis.
Publications
Les réseaux du parti socialiste. Sociologie d'un milieu partisan, Belin, nouvelle édition révisée, 2017.
La société des socialistes (avec Rémi Lefebvre), Éd. du Croquant, 2007.
La fin des partis ? (avec Igor Martinache), La vie des idées, 2020.
La plupart de ses publications en français, en anglais et en espagnol sont consultables sur cette page : researchgate.net/profile/Frederic-Sawicki.
Juan Manuel ARAGÜÉS
En prenant appui sur l'expérience espagnole du 15-M, nous nous proposons de réfléchir aux fondements d'une politique nouvelle capable de se porter au-delà et des formes traditionnelles d'organisation et des pratiques sectaires qui ont jalonné l'histoire de la gauche. Au cours de la dernière décennie, l'Espagne a connu une certaine effervescence politique, dont a découlée la naissance de Podemos et d'autres organisations (mareas, comunes) qui affichaient l'ambition d'incarner de nouveaux espoirs politiques. Néanmoins, le retour à la forme-parti traditionnelle, parfois surenchérie, n'a pas manqué de s'imposer comme une triste réalité. C'est pourquoi il nous revient la tâche d'analyser le processus et de mettre en exergue les possibles stratégies capables de contribuer, en ces temps de débâcle sociale, à la promotion de nouvelles pratiques et formes d'organisation.
Juan Manuel Aragüés est professeur de philosophie à l'université de Saragosse et chercheur en charge du projet "Racionalidad económica, ecología política y globalización : hacia una nueva racionalidad cosmopolit". Ont paru en français Désir de multitude. Différence, antagonisme et politique matérialiste (Una éditions) et Marx (RBA). En espagnol, El viaje del Argos. Derivas en los escritos póstumos de J.P. Sartre, 1995 ; Sartre en la encrucijada, 2004 ; Deleuze, 1998 ; El dispositivo K. Marx, 2018 ; De la vanguardia al cyborg, 2020 ; De idiotas a koinotas, 2020 ; Ochenta sombras de Marx, Nietzsche y Freud, 2021.
youtube.com/channel/UC2Ug1k_b5aJeFDinyZ7kZLw
unizar.academia.edu/JuanManuelArag%C3%BC%C3%A9s
SOUTIENS :
• Université Paris Nanterre
• Unité de recherche en sociologie, philosophie et anthropologie politiques (SOPHIAPOL, EA 3932)
• Conservatoire national des arts et métiers (Cnam)
• Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP)
• Fondation Danielle Mitterrand
• Fondation Gabriel Péri