Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LE HANDICAP, ENTRE ASSIGNATION ET ÉMANCIPATION
LE GRAND RETOURNEMENT ?


DU VENDREDI 30 MAI (19 H) AU JEUDI 5 JUIN (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]



ARGUMENT :

Et si la singularité existentielle était un levier d'action et d'émancipation pour l'individu et la communauté ? L'attention aux handicaps s'est renouvelée par la prise en considération de la diversité des situations et par le développement d'un mouvement social faisant évoluer la reconnaissance des droits et les manières de définir les expériences sociales de limitations et d'empêchements. En opérant un retournement des vécus d'assignation et de souffrance, ce colloque ouvrira un dialogue critique sur les processus qui régulent le champ du handicap dans le temps long (1950-2050), et sur les connaissances et actions qui ouvrent aujourd'hui des brèches et des alternatives.

Il s'appuiera sur une méthodologie inspirée des récits et histoires de vie, avec le souci permanent de l'expression des "je" au côté de celles des "nous", des "vous" et des "eux". Faire l'expérience de ce moment de recherche participative, n'est-ce pas une occasion de dessiner des voies d'émancipation, qui portent des voix humaines trop souvent ignorées ?


MOTS-CLÉS :

Assignation, Autonomie, Capacité et créativité, Contribution, Émancipation, Handicap, Histoires de vie, Laboratoire participatif, Pouvoir d'agir, Recherche collaborative, Récits de vie, Reconnaissance des droits, Savoir expérientiel, Singularité existentielle


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 30 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Samedi 31 mai
Matin
APPRÉHENSIONS DE LA SINGULARITÉ EXISTENTIELLE, HISTOIRES ET RÉCITS DE VIE
Philippe AUBERT : Préambule et introduction – Mon nom est personne
Anne-Lyse CHABERT : Changer notre manière de vivre le handicap

Présentation des thématiques et temps forts, par Sandrine AMARÉ, Mireille BATTUT, Benoît EYRAUD et présentation du GRAME

Bertrand QUENTIN : Le handicap entre singularité et normalisation

Après-midi
Mise en récit des singularités existentielles : le handicap à la première personne, table ronde avec Barbara FONTANA-LANA [À la rencontre du vécu expérientiel. Retour des étudiants du DPS de l'UNIFR sur le livre Rage d'exister de Philippe Aubert], Maria PASSEGGI [Le récit de vie pour base de la reconnaissance de la singularité existentielle] et Catherine SCHMUTZ-BRUN [Mettre en récit la capacité juridique : enjeux et perspectives !]

Discussion avec Marie-Hélène AUDIER, Antoine DURAND et Marie-Antoinette VICAIRE

Ateliers en parallèle
Ponctuations de fin d'après-midi, avec Marie-Hélène AUDIER
S'embarquer : l'en-quête et le co-apprentissage, animé par le GRAME (avec ACS Capdroits, Media’lab, PIECD…)

Soirée
Conversation autour de Marcel Nuss, avec Pierre ANCET et Jill PRÉVÔT-NUSS


Dimanche 1er juin
FAIRE FACE
Matin
Fabrice GZIL : Autonomie, participation et autodétermination : évolution, révolte ou révolution
Myriam WINANCE : L'autodétermination des personnes polyhandicapées
Amy VARELA : L'énaction
Kevin CHARRAS : Handicap et assignations, critique constructive d'une notion obsolète ?

Après-midi
La peau des autres, partage d'un récit de vie en mots et en photographies, présentation du projet artistique (avec projection) par Estelle LAGARDE

Conversations et assignations, table ronde avec Sandrine AMARÉ & la délégation Rhône-Alpes du PIECD [Conditions de la conversation], Chantal BRUNO & ACS Capdroits [Quand les assignations se croisent, Être femme et avoir un handicap : intersectionnalité et violence], Jonathan COLLIN [Actualité de la notion de stigmate pour penser le vécu des personnes en situations de handicap] et Sonia DE VREE [Sois patient le professionnel !]

Spéciale Coquelicot, exposition par Étienne et Souad CREUSEVAUT
Conversation autour d'un univers numérique "Ma ville et La Main à l'Oreille", par Enzo SCHOTT et Mireille BATTUT

Soirée
Ateliers en parallèle
Ponctuations de fin d'après-midi, avec Marie-Hélène AUDIER
S'embarquer : l'en-quête et le co-apprentissage, animé par le GRAME (avec ACS Capdroits, Media’lab, PIECD…)

Le RENDEZ-VOUS, atelier artistique nocturne par Rachel DEFAY-LIAUTARD


Lundi 2 juin
RECONNAISSANCES — TEMPS VECU ET MOUVEMENTS SOCIAUX
Matin
L'empreinte des mouvements sociaux, 1950-2050. Origines et effets des mobilisations sociales nationales et transnationales, CIDPH et modèle social du handicap
Henri-Jacques STIKER : Origine et influence du modèle social du handicap
Murielle MAUGUIN : CIDPH et loi de 2005 : quelle appropriation ? quelle compréhension ?
Benoît EYRAUD : Reconnaître la capacité juridique comme droit humain
Robin MICHALON : Les mobilisations dans le monde Alzheimer : l'exemple du Dementia Advocacy Support Network International

Après-midi
Le temps vécu
Philippe AUBERT : Introduction. Faire savoir l'expérience

De la protection à l’émancipation, un retournement controversé, table ronde avec Sonia DE VREE [Invisibilisation du vécu du patient, frein pour l'accès aux Droits en Belgique], Jean-Yves LE CAPITAINE [Le modèle social du handicap] et Anne-Sarah KERTUDO & Kim-Khanh PHAM [Inclusion : il est urgent de défendre un nouveau récit]

Ateliers en parallèle
Ponctuations de fin d'après-midi, avec Marie-Hélène AUDIER
S'embarquer : l'en-quête et le co-apprentissage, animé par le GRAME (avec ACS Capdroits, Media’lab, PIECD…)

Soirée
Conversation autour de l'évolution du concept de handicap, avec Henri-Jacques STIKER et Charles GARDOU [visioconférence]


Mardi 3 juin
ACCESSIBILISATIONS ET ANCRAGES
Matin
Mise en perspective des politiques publiques
Marie-Anne MONTCHAMP : La Loi de 2005 en perspective [vidéo]
Marine BOISSON-COHEN : Éléments de prospective. Derniers avis du Conseil scientifique du CNSA et première édition du Rapport de la branche Autonomie de la sécurité sociale
Denis PIVETEAU : Les principes actifs de la politique publique : quelques réflexions

Après-midi
Ancrages en milieux de vie et transformation de l'offre
La transformation de l'offre. Territorialisation ? Désinstitutionnalisation ? Innovations sociales ?, table ronde avec Sofiane BERRICHI & Jody SURIER [Accompagnement, travail et emploi], Julia BOIVIN [Introduction et animation], Hélène FURNON-PETRESCU [Évolution des frontières entre accessibilité et compensation, coopérations entre l'école et le médico-social, les analyses et propositions de l'IGAS] et Clarisse MÉNAGER [Les engagements de la Fondation Anne de Gaulle]

Spectacle avec les acteurs locaux

Soirée
Film EREA Toulouse Lautrec


Mercredi 4 juin
LES ANGLES MORTS OU LES IMPENSÉS DE L'ÉCONOMIE
Matin
Horizons contributifs : productions, échanges, création
Philippe AUBERT : Introduction. L'homme inutile et le vaurien
Stéphane ZYGART : Approche critique et pratique de la notion de compensation
Mireille BATTUT : L'autiste, un travailleur infatigable (qui met au défi la valeur sociale communément définie)

Territoire, santé, éthique, table ronde avec Olivier CARRÉ [De la singularité de vie de chaque personne en situation de handicap à la nécessaire conscience morale aux aguets des professionnels], Jean-Philippe COBBAUT [La santé comme espace de réappropriation pour les personnes] et Yannick UNG [Assistance à la maîtrise d'Usage (AMU) comme outil d'auto-détermination des parties prenantes pour coconstruire les modèles et les usages des ESMS de demain : l'exemple de l'appui à la transformation des EHPAD]

Après-midi
Ancrages en milieux de vie et transformation de l'offre (suite)
Les conditions relationnelles et technologiques de l'autodétermination, table ronde avec Philippe AUBERT & Sylvain VALOIS [Duo de compétences], Julia BOIVIN [Handicap, vécu du corps], Florian CHALEARD [L'alimentation comme révélateur impensé] et Jennifer FOURNIER [L'autodétermination, parlons-en !]

Autour de l’école, table ronde avec Philippe AUBERT, Frédéric DUPRE, François PARMENTIER et Jean-François GESBERT, Pierrick COURILLEAU [École et apprentissage : autour de l'EREA Toulouse Lautrec]

Ateliers en parallèle
Ponctuations de fin d'après-midi, avec Marie-Hélène AUDIER
S'embarquer : l'en-quête et le co-apprentissage, animé par le GRAME (avec ACS Capdroits, Media’lab, PIECD…)

Soirée
Libre préparation des conclusions et des retours des ateliers


Jeudi 5 juin
CONCLUSIONS
Matin
Que s'est-il passé ces six derniers jours à Cerisy ? État des discussions et des tensions. Le handicap notion, problématique, contestable, obsolète ? Imaginaires et perspectives, obsolescences et actualisations !, avec Jonathan COLLIN, Bertrand QUENTIN, le GRAME et les directeurs du colloque

Perspectives de recherche, déclaration, suites…

Après-midi
DÉPARTS


Ancrage en Cerisy

Le colloque entretiendra un dialogue continu avec les travaux historiques de Cerisy, notamment sur le plan éthique, grâce à la présence et aux contributions de Jean-Baptiste DE FOUCAULD et d'Edith HEURGON.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Sandrine AMARÉ
Sandrine Amaré est Docteure en Sciences de l'éducation, Directrice Formation Supérieure, Recherche et International Ocellia Santé Social, membre du TransLab' Azimut.

Jean-Pierre AUBERT
Jean-Pierre Aubert est contrôleur général économique et financier honoraire.

Philippe AUBERT
Philippe Aubert est une personne en situation de handicap, sociologue, animateur du réseau et ancien président du conseil des questions sémantiques, sociologiques et éthiques du CNCPH (CQSSE).

Mireille BATTUT
Mireille Battut est mère de deux enfants dont un autiste, fondatrice de La Main à l'Oreille, association dont l'objet est de promouvoir une approche qui prenne en compte le mode d'être des personnes autistes et accueille les solutions qu'ils trouvent pour se construire. Elle a co-dirigé en juillet 2023 le colloque de Cerisy Autisme(s) : l'inclusion, entre normativité et diversité. Mireille Battut a rédigé de nombreux articles tirant parti du plus singulier de l'expérience et appelant à faire société. Elle a participé aux travaux de la HAS, siège dans plusieurs instances du scolaire (CDSEI) et du sanitaire (CDU). Elle s'est engagée dans plusieurs collectifs (pour une école universelle, effective et accessible) et récemment dans "Ambition École Inclusive" afin qu'aucun enfant ou adolescent ne soit privé d'instruction.

Benoît EYRAUD
Benoît Eyraud est Maitre de conférences HDR à l'université de Lyon ; co-initiateur de la démarche Capdroits.


SOUTIENS :

• Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA)
Fondation Anne de Gaulle
Fondation Ellen Poidatz
Capdroits
Ocellia
AUVI PPR - Autonomie
Espace éthique / Ile-de-France
• Institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation inclusive (INSEI)
• Association La Main à l'Oreille

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


PHILOSOPHIES COMPTABLES, POUR RECOMPOSER UN MONDE ÉCOLOGIQUE


DU VENDREDI 23 MAI (19 H) AU MERCREDI 28 MAI (14 H) 2025

[ colloque de 5 jours ]



ARGUMENT :

La comptabilité est souvent perçue comme une pratique technique calculatoire, aux antipodes d'enjeux sociétaux. Pourtant, elle constitue le langage fondamental des organisations, ainsi que la façon dont elles se représentent le monde et dont elles sont "comptables" de leurs actions ; en cela, la comptabilité questionne le fondement des activités humaines. L'émergence des normes comptables de durabilité pour les entreprises, les débats récurrents autour de la redéfinition du PIB ou la mise à l'agenda de l'IPBES de la comptabilité des écosystèmes illustrent la prégnance actuelle de la question comptable dans les enjeux écologiques. À éviter la comptabilité, il devient impossible de prendre la mesure de son rôle réel et potentiel, et il ne peut en résulter qu'une impasse : un impensé sur le fonctionnement des organisations humaines et sur la façon de recomposer collectivement un monde écologique. Ce colloque sera ainsi l'occasion de revenir sur deux questions : "De quoi la comptabilité est-elle le nom ?" pour en déduire les modalités de problématisation de la "comptabilité" dans le cadre d'une écologisation des organisations et d'une organisation de la préservation des entités écologiques, conduisant à un débat entre histoire, philosophie et gestion. Et "De quoi la comptabilité écologique est-elle le nom ?" : quelles sont les façons de concevoir cette notion, de la mettre en œuvre et d'en juger sa performativité au service d'une ambition écologique. Ce questionnement croisera des regards de plusieurs disciplines (droit, sciences écologiques, théorie des communs, …) et de plusieurs acteurs (chercheurs, artistes, professionnels).


MOTS-CLÉS :

Capitaux naturels, Comptabilité, Dette écologique, Écologie, Écosystèmes, Gestion, Normalisation comptable de durabilité, Recomposition écologique


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 23 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Samedi 24 mai
Matin
Jennifer BARDY, Véronique BLUM, Clément FEGER & Alexandre RAMBAUD : Introduction et mise en perspectives. De quoi la comptabilité est-elle le nom ? Quel rôle pour recomposer un monde écologique ?

Après-midi
Ateliers en parallèle, animés par les doctorants associés à la Chaire Comptabilité Écologique
- Bons États Écologiques & Crédits Nature/Carbone
- Bons États Écologiques & Finance
- Bons États Écologiques & Fiscalité
- Bons États Écologiques & Planification Écologique (Collectivités)
- Bons États Écologiques & Régénération
Intervenants : Novalis AHOUANDJINOU, Elsa BISCHOFF, Clément BOYER, Victor COUNILLON, Éléonore DISSE, Louis DUMEAUX, Tiphaine GAUTIER, Morgane GONON, Pierre MUSSEAU, Élodie NGUYEN-RABOT, Soline RALITE, Caroline VIGO COGUETO, Noubon René YEO

Soirée
Comptabilité & Art, avec Nicolas ANTHEAUME et Sébastien ROCHER [La critique de la comptabilité à l'épreuve de l'art]


Dimanche 25 mai
COMPTABILITÉ CRITIQUE ET ENGAGÉE (Journée en anglais)
Matin
Shona RUSSELL : Fluid articulations : examining Earth accounting controversies [Articulations fluides : examen des controverses sur la comptabilité de la Terre]
Colin DEY : Imagining critical environmental accountability as prefigurative governmentality [Imaginer la responsabilité environnementale critique comme une gouvernementalité préfigurative]
Carol ADAMS : Sustainability reporting vs sustainable development [Rapports de développement durable vs développement durable] [visioconférence]

Après-midi
Jérôme MÉRIC & Clément CARN : Questioning engagement in Accounting Research to support a transformative project. Axiological, teleological and methodological issues [Questionner l'engagement dans la recherche en comptabilité pour soutenir un projet de transformation. Questions axiologiques, téléologiques et méthodologiques]

De la comptabilité à la finance : analyse critique engagée et écologique, table ronde animée par Véronique BLUM, avec Pierre BARET, Sarah BRACKING [The materiality of accounting in green investing : how can it be enhanced to improve outcomes ?], Charles CHO et Carlos LARRINAGA [visioconférence]

Soirée
Rencontre avec le Cercle des comptables environnementaux et sociaux (CERCES) et l'Institut de formation en comptabilité et gestion soutenables (ICGS), animée par Sylvie BÉNARD, Rabia CHIBANI-JACQUOT et Clément MORLAT


Lundi 26 mai
Matin
La profession comptable et l'écologie, table ronde animée par Véronique BLUM, avec Matthieu ASTIC [Retour d'expérience sur la mise en œuvre de C.A.R.E], Clément CARN et Hubert TONDEUR [visioconférence]

Les écologues et la comptabilité, table ronde animée par Clément FEGER, avec Maud BORIE [Partage d'un travail en cours sur l'utilisation des connaissances en écologie dans les méthodologies de crédit biodiversité], Christophe BOUNI et Denis COUVET [Comptabilité(s) biodiversité : enjeux et défis]

Après-midi
Ateliers en parallèle
- Fresque de la comptabilité | Animation : Yves PERRET (CERCES)
- Jeu comptabilité écosystème-centrée | Animation : Chaire Comptabilité Écologique & Cabinet ASca
- Jeu C.A.R.E. | Animation : Chaire Comptabilité Écologique & CERCES
- Comptabilité & Communs | Animation : Daniel LE GUILLOU (Coop des Communs & CERCES)

Normalisation comptable de durabilité, table ronde animée par Alexandre RAMBAUD, avec Fabrice BONNIFET [visioconférence], Patrick de CAMBOURG [visioconférence], Pascal DURAND [La CSRD, une passerelle entre deux mondes] et Ute MEYENBERG [Quelle utilisation pour le dialogue social ?]

Soirée
Rencontre avec Jacques RICHARD


Mardi 27 mai
Matin
Louis BAHOUGNE & Aurélien CAMUS : Droit et comptabilité : regards croisés sur les comptabilités écologiques [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Yann KERVINIO : Comptabilité et économie. Regards disciplinaires croisés sur les comptabilités écologiques
Corinne VERCHER-CHAPTAL : Ce(ux) qui compte(nt) dans les communs

Après-midi
Ateliers en parallèle
- Fresque de la comptabilité | Animation : Yves PERRET (CERCES)
- Jeu comptabilité écosystème-centrée | Animation : Chaire Comptabilité Écologique & Cabinet ASca
- Jeu C.A.R.E. | Animation : Chaire Comptabilité Écologique & CERCES
- Comptabilité & Communs | Animation : Daniel LE GUILLOU (Coop des Communs & CERCES)

Comptabilité, communs et droit, table ronde animée par Jennifer BARDY, avec Nicole ALIX et Somhack LIMPHAKDY

Soirée
Restitution artistique et sensible des échanges du colloque, intervention théâtrale de la Compagnie ENASCOR, par Julien AVRIL, Marion AMIAUD et Marianne THIÉRY
Festivités


Mercredi 28 mai
Matin
Restitution et Rapport d'étonnement des doctorants

Débat collectif

Après-midi
DÉPARTS


PRESSE / MÉDIAS :

La comptabilité écologique, qu'est-ce ?, film d'animation pédagogique réalisé pat l'agence bigbang communication dans le cadre de la Chaire Comptabilité Écologique, 2021.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Jennifer BARDY
Jennifer Bardy est maîtresse de conférences en droit privé à l'université Côte d'Azur, membre du GREDEG et responsable du Master 2 Droit économique de l'environnement. Après une thèse de doctorat consacrée au passif environnemental de l'entreprise, les travaux de Jennifer Bardy entendent démontrer la nécessité de faire évoluer le droit comptable en le rendant apte à appréhender la dette écologique de l'entreprise. Plus généralement, ses recherches s'intéressent aux interactions entre la comptabilité socio-environnementale et le système juridique dans sa globalité.
Publications
Jennifer Bardy, "Le droit comptable, clef de voûte de la transition écologique", in R. SÈVE (sous la dir.), Le Droit et les Nombres, Archives de philosophie du droit, Tome 65, éd. Lefebvre-Dalloz, octobre 2024.
Jennifer Bardy, "La prise en compte du non-comptable dans l'image fidèle de l'État", Revue du Droit Public, 2024, n°4.
Jennifer Bardy, Le passif environnemental de l'entreprise – Contribution à l'avènement d'un droit comptable de l'environnement, LGDJ, Collection "Bibliothèque de droit de l'urbanisme et de l'environnement", mars 2020.

Véronique BLUM
Maître de Conférences HDR à l'université Grenoble Alpes, Véronique Blum enseigne la comptabilité et la finance d'entreprise aux candidats au Diplôme Supérieur de Comptabilité et de Gestion et participe aux jurys de l'examen. Sa recherche, publiée dans Ecological Economics, Accounting Auditing and Accountability Journal, Critical Perspectives on Accounting, Comptabilité-Contrôle-Audit ou la Revue Française de Gestion, s'intéresse à l'information financière et extra-financière, aux risques, aux immatériels, à l'évaluation dans l'incertain et aux mesures et indicateurs de durabilité. Son début de carrière dans le conseil en contrôle interne auprès d'établissements publics à caractère administratif et des organismes délégataires, lui a permis de construire des processus d'analyse et d'évaluation explicitant l'intégration des risques. Elle dirige la chaire de recherche MAPMONDES (Secteur Financier : Mesurer Autrement Pour un MONde Durable Et Soutenable) hébergée par la Fondation du Risque, Institut Louis Bachelier, elle est membre du panel académique de l'EFRAG, du Multidisciplinary Institute in Artificial Intelligence. Elle a publié des rapports d'analyse pour l'Autorité des Normes Comptables et pour le Think Tank Digital New Deal et a participé au groupe de recherches du collège des Bernardins "Entreprises humaines : écologie et philosophies comptables". Véronique Blum a porté de nombreuses initiatives transversales liant des communautés œuvrant habituellement séparément. À Grenoble École de Management, elle a créé le premier double diplôme ingénieur-manager français. Elle a fondé AMAVI, l'Association for the Management and Valuation of Intangibles et contribué à développer une offre de formation certifiante d'évaluateur en Propriété Intellectuelle, à la frontière des connaissances techniques, juridiques et financières. Elle est membre du conseil d'administration du LES France, où elle co-préside le Comité IP Valuation, et de l'Observatoire de l'Immatériel, pour lequel elle a présidé le jury des trophées de l'Immatériel en 2021 et a créé un trophée dédié aux Start-ups en partenariat avec Skopai. Elle est aussi experte en évaluation pour l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (ONU) et fondatrice de StradiValue.
Publications
Blum V., Le N.-T. & Gumb, B. (2024), "La participation des ONG au processus de concertation sur une norme comptable relative aux conditions d'approvisionnement en ressources naturelles" [NGOs intervention in the accounting due-process on a standard relative to natural resources procurement conditions], Revue Française de Gestion Industrielle [en ligne].
Le Ravalec M., Rambaud A. & Blum V. (2022), "Taking climate change seriously : Implications for corporate climate performance communication", Ecological Economics, 200-107542.
Alexander D. & Blum V. (2016), "Ecological Economics : A Luhmannian Analysis of Integrated Reporting", Ecological Economics, 129: 241-251.
Noël C., Blum V. & Ayayi A. (2010), "International Accounting Standardization Analyzed in Terms of a Political Process : the Case of Petroleum Resources, Prospecting and Evaluation", Critical Perspectives on Accounting, 21(4): 329-341.

Clément FEGER
Titulaire d'une HDR en Sciences de gestion, il est maître de conférences à AgroParisTech et chercheur au laboratoire MRM (Université de Montpellier) et chercheur associé au CIRED. Il est également co-directeur de la Chaire Comptabilité Écologique et expert à l'IPBES, auteur principal dans le cadre du rapport "Entreprises et Biodiversité". Ses recherches portent sur le développement théorique et pratique des approches de "comptabilité écosystème-centrées", qui consistent à équiper les interventions stratégiques des organisations dans la mise en gestion collective des écosystèmes sur les territoires. Il travaille également sur les modèles d'affaires durables en matière de biodiversité et sur l'analyse de la gouvernance des outils de conservation. Il privilégie les méthodes de recherche-intervention en entreprise, auprès d'ONG environnementales ou d'acteurs publics. Il enseigne à AgroParisTech et dans d'autres établissements la comptabilité de la biodiversité et des écosystèmes, l'analyse stratégique de la gestion de l'environnement, ainsi que les sciences sociales appliquées et l'analyse sur le terrain des problèmes de protection de la biodiversité en France et à l'étranger (Guyane, Indonésie, etc.).
Publications
Feger, C., Levrel, H. & Rambaud, A. (2022), "Trois méthodes comptables pour mettre les problèmes écologiques au cœur de la chose publique", Revue Française de l'Administration Publique, 2022/3 (183), p. 815-829.
Feger, C., Gaudin, A. & Sulistyawan, S. B. (2021), "Démarche daccompagnement stratégique en comptabilité écosystème-centrée : l'exemple d'un outil d'alerte contre la déforestation à Bornéo", Revue de l'Organisation Responsable, 16 (2), p. 38-50.
Feger, C. & Mermet, L. (2021), "Innovations comptables pour la biodiversité et les écosystèmes : une typologie axée sur l'exigence de résultat environnemental", Comptabilité – Contrôle – Audit, 2021/1 (27), p. 13-50 — Article également disponible en version anglaise traduite — Prix du Meilleur Article 2021 délivré par l'Association Française de Comptabilité.
Feger, C., Mermet, L., Vira, B., Addison, P.F.E., Barker, R., Birkin, F., Burns, J., Cooper, S., Couvet, D., Cuckston, T., Daily, G.C., Dey, C., Gallagher, L., Hails, R., Jollands, S., Mace, G., Mckenzie, E., Milne, M., Quattrone, P., Rambaud, A., Russell, S., Santamaria, M. & Sutherland, W. J. (2019), "Four priorities for new links between conservation science and accounting research", Conservation Biology, 33 (4), p. 972–975.
Feger, C. & Mermet, L. (2017), "A Blueprint towards Accounting for the Management of Ecosystem", Accounting, Auditing and Accountability Journal, 30 (7), p. 1511–1536.

Alexandre RAMBAUD
Docteur en mathématiques et en sciences de gestion, Alexandre Rambaud est maître de conférences à AgroParisTech-CIRED et Academic Fellow de l'Institut Louis Bachelier. Il codirige la Chaire Comptabilité Écologique (Fondation AgroParisTech), la Chaire Double Matérialité (Fondation du Risque), et il est membre du Conseil Scientifique de la Fondation PARC (Paris Agreement Research Commons). Sa recherche porte sur la théorie de la comptabilité financière ainsi que sur la comptabilité et l'économie écologiques ; il codéveloppe dans ce cadre le modèle C.A.R.E. (Comprehensive Accounting in Respect of Ecology). Il est responsable des enseignements de comptabilité/analyse financières — après les avoir enseignés dans plusieurs institutions (ENSAE, HEC Paris, etc.) — et de la spécialisation en finance durable à AgroParisTech. Il enseigne également la comptabilité écologique dans plusieurs autres établissements (Université Paris-Dauphine, Mines, Ponts, ESSEC, HEC, etc.). Il est membre sortant des comités de durabilité de l'Autorité des Normes Comptables et de l'Autorité des Marchés Financiers. Il a par ailleurs cofondé le CERCES (Cercle des Comptables Environnementaux et Sociaux), dont il est administrateur et directeur scientifique, ainsi que l'ICGS (Institut de formation en Comptabilité et Gestion Soutenable), dont il est président du Conseil de Surveillance.
Publications
Rambaud, A. (2024), "How Can Accounting Reformulate the Debate on Natural Capital and Help Implement Its Ecological Approach ?", International Journal of Political Economy, 53(1), p. 67-95.
Le Ravalec, M., Rambaud, A., & Blum, V. (2022), "Taking climate change seriously : Time to credibly communicate on corporate climate performance", Ecological Economics, 200, 107542 [en ligne].
Rambaud, A. (2022), "CARE : Repenser la comptabilité sur des bases écologiques", L'Économie Politique, 93, p. 34–49.
Rambaud, A. & Richard, J. (2015), "The "Triple Depreciation Line" instead of the "Triple Bottom Line" : Towards a genuine integrated reporting", Critical Perspectives on Accounting, 33, p. 92–116.
Rambaud, A. & Richard, J. (2021), Philosophie d'une écologie anticapitaliste : pour un nouveau modèle de gestion écologique, Presses de l'Université Laval.
Richard, J. & Rambaud, A. (2020), Révolution comptable : Pour une entreprise écologique et sociale, Éditions de l'Atelier.


Carol ADAMS : Sustainability reporting vs sustainable development
Carol Adams will discuss the findings of the paper : "Adams, CA and Mueller, F (2022), "Academics and policy makers at odds : the case of the IFRS Foundation Trustees' Consultation Paper on Sustainability Reporting", Sustainability Accounting Management and Policy Journal, Vol. 13, N°6, pp. 1310-1333 [https://doi.org/10.1108/]", what has happened since, the GRI Standards and changing the mindset of the accounting profession.

Professor Carol Adams MSc PhD CA FAICD is an internationally recognised researcher in corporate accounting and reporting and its role in the relationships between business, society and the environment. Her research has been published in Accounting Organizations and Society, Accounting Auditing and Accountability Journal, British Accounting Review, European Accounting Review, Accounting and Business Research, Critical Perspectives on Accounting, Abacus, Sustainability Accounting Management and Policy Journal, Financial Accountability and Management, Accounting Forum, Business Strategy and Environment. Carol's work has accrued approx. 20,000 citations and her Google Scholar H Index is 52. Her 2002 and 2004 sole authored articles are the 8th and 11th most cited articles in the Accounting, Auditing and Accountability Journal where she has four of the top 40 cited papers published in the journal's 30 year history. She also has the 2nd most cited article in the British Accounting Review; the 4th most cited article in Critical Perspectives in Accounting; the 5th most cited article in Accounting Forum ; and, the 5th and 7th most cited articles in the Sustainability Accounting Management and Policy Journal. Carol has received research funding from the Australian Research Council, ESRC, UNCTAD-ISAR and several international professional accounting bodies. Carol is Founding Editor and Editor-in-Chief of the Sustainability Accounting, Management and Policy Journal which she established to promote research that addresses practice and policy issues capable of improving the relationships between accounting, organisations and sustainable development. Carol has sought to advance practice and policy with respect to integrating sustainability considerations into organisations through applied research, leadership, standard setting, advisory work and educating the next generation of business leaders for over two decades. She has authored several industry/professional reports, has made submissions to numerous public consultations and writes on her website at https://drcaroladams.net/.

Nicole ALIX
Nicole Alix, présidente de La Coop des Communs, a été engagée pendant 40 ans dans les organisations a-capitalistes de l'économie sociale. Elle a exercé des fonctions soit de conception d'outils de gestion et de plaidoyer, au plan français et européen (DGA de l'UNIOPSS, créatrice du "Comité Don en confiance", représentante auprès des pouvoirs publics) soit de direction opérationnelle (Direction du développement du Crédit Coopératif ; DG du groupe de maisons de retraite associatif Isatis). Elle s'intéresse à la comptabilité de ces organisations depuis 1980.

Nicolas ANTHEAUME
Nicolas Antheaume est Professeur en sciences de gestion à l'IAE - l'école d'Économie et de Management de Nantes Université. Il est spécialisé en comptabilité pour le développement durable et l'économie circulaire. Il contribue aussi à la création de ressources pour la formation aux business modèles de l'économie circulaire (bm3c2.fr). En 2021-2022, il a participé comme Project management officer, aux travaux européens de normalisation comptable au sein du groupe de travail de l'EFRAG sur les normes de comptabilité pour le développement durable (EFRAG Project Task Force on EU Sustainability Reporting Standards). Depuis janvier 2025, il fait partie du groupe de travail de l'ANC sur la transparence en matière de biodiversité. Il est Vice-Président de l'Association Francophone de Comptabilité.

Louis BAHOUGNE & Aurélien CAMUS : Droit et comptabilité : regards croisés sur les comptabilités écologiques
Le droit et la comptabilité entretiennent des rapports étroits, que ce soit d'un point de vue historique ou technique. Le tropisme de l'approche "continentale" de la comptabilité en droit français n'y est pas étranger. En tant que discipline normative, la comptabilité apparait comme un objet d'étude juridique à part entière. Sous cet angle, l'exploration des limites concrètes à la performativité des normes, fussent-elles comptables, permet d'envisager les limites intrinsèques au développement d'une comptabilité exclusivement financière ne tenant pas compte des contraintes physiques d'un monde fini. Ce faisant, sont envisagées les conditions d'une réception juridique des modèles de comptabilité écologique fondés sur un principe de double matérialité. De ce point de vue, la comptabilité occupe une position originale au sein de l'ordre juridique en raison de sa "fonction intégrative" à même de retranscrire comptablement les droits et obligations provenant d'autres branches du droit, notamment du droit de l'environnement. La réception juridique des comptabilités écologiques demeure toutefois délicate. Outre les difficultés associées à la question du fondement de la compétence de l'auteur de la norme comptable écologique, la question du mode d'association des modèles comptables écologiques aux systèmes existants de comptabilité financière se pose. Pour l'heure, trois systèmes comptables financiers juridiquement contraignants peuvent être recensés : comptabilité nationale, comptabilité de gestion, comptabilité budgétaire. Les modèles de comptabilités écologiques sont adossés à l'un de ces systèmes de comptabilité financière à l'instar du modèle SEEA-CF pour la comptabilité nationale ou les normes ESRD pour la comptabilité de gestion. Il n'existe toutefois pas un mais des modèles d'appariements d'une comptabilité écologique à un système de comptabilité financière. Il en résulte une "échelle d'intégration" des comptabilités écologiques. Si le système SEEA-CF se déploie au sein des comptes de la nation, les normes ESRD empruntent la technique de l'adossement par enrichissement de l'information extra-financière des comptes des entreprises privées. En ce sens, le modèle CARE® poursuit une logique notoirement plus intégrative. Aussi, s'il devait être mis en œuvre au sein de la comptabilité d'exercice des organismes publics, il pourrait produire des effets considérables sur leur gestion qui devraient être précisément mesurés. Ainsi notamment lorsque ces entités publiques sont soumises à une organisation "moniste" de leurs comptabilités budgétaire et d'exercice.

Louis Bahougne est professeur agrégé des universités à l'université de Nantes et est actuellement détaché dans les fonctions de magistrat à la chambre régionale des comptes des Pays de la Loire. Il est l'auteur d'une thèse relative au financement du service public publiée à la bibliothèque de droit public. Ses recherches recouvrent plus particulièrement le champ du droit public financier. Il est ainsi l'auteur, avec Aurélien Camus, d'un ouvrage intitulé Droit de la comptabilité publique paru aux Presses Universitaires de Frances en 2020 dans la collection "Thémis". Il dirige par ailleurs, également avec Aurélien Camus, la chronique annuelle de droit public financier à la revue Droit administratif.

Aurélien Camus est maître de conférences en droit public. Après sa thèse, il a effectué un post-doctorat au Conseil de normalisation des comptes (CNoCP) sur les spécificités du secteur public. Ses travaux portent sur le droit de la comptabilité publique, sur la spécificité du secteur public, sur les règles d'exécution des dépenses et des recettes et sur la relation entre le droit de la comptabilité publique et le droit administratif des obligations. Avec Louis Bahougne, il a écrit l'ouvrage Droit de la comptabilité publique aux PUF dans la collection "Thémi" et il codirige avec le même auteur la chronique de Droit public financier dans la revue Droit administratif.

Pierre BARET
Pierre Baret, Docteur en économie et HDR en sciences de gestion, est Professeur à EXCELIA Business School. Il est responsable de l'axe de recherche "Développement Durable et Responsabilité Sociale des Entreprises" du CERIIM et membre du laboratoire CEREGE (UR 13564). Il pilote la Chaire d'entreprise "Évaluer et rendre compte de la performance globale" de l'IRSI (Institut de la Responsabilité Sociétale par l'Innovation). Il occupe des responsabilités dans différentes associations scientifiques nationales et internationales en lien avec la RSE et le développement durable. Il intervient également, en qualité d'expert, auprès d'instances publiques. Auteur de nombreux articles et ouvrages de recherche, ses travaux portent principalement sur la mise en œuvre de démarches responsables au sein des organisations, le reporting extra-financier et la comptabilité écologique.

Elsa BISCHOFF
Elsa Bischoff est juriste, ancienne avocate en droit fiscal des affaires et ancienne co-dirigeante de TPE. Titulaire d'un Master en droit fiscal des affaires et d'un Master en développement durable des organisations, elle est actuellement doctorante en droit fiscal écologique rattachée à la faculté de droit de Nice, à AgroParisTech et à la Chaire de Comptabilité Écologique. Elle s'intéresse spécifiquement, dans ses travaux doctoraux, aux notions de justice fiscale et de connexion entre droit fiscal et droit comptable à soutenabilité forte tel qu'il pourrait être normalisé sur un modèle de type CARE.
Publication
"Quelle pertinence du recours aux quotas carbone ?", Actes du colloque du 5 avril 2024 sur le rôle de la fiscalité dans la transition agro-environnementale et la stratégie bas-carbone, Revue générale du droit on line, 2025, numéro 65550.

Fabrice BONNIFET
Fabrice Bonnifet a orchestré pendant plus de 20 ans au sein de grandes entreprises, la stratégie de durabilité et d'excellence opérationnelle (QSE), conçu et déployé des plans de transition vers des modèles d'affaires plus responsables, assuré la conformité aux normes du Green deal (CSRD, CS3D, Taxonomie) en concertation avec les parties prenantes, élaboré les stratégies et les politiques climat & biodiversité, ressources, droits humains et achats responsables. Aujourd'hui en tant que Président du C3D et de GenAct, Fabrice œuvre à faire émerger dans les entreprises des modèles économiques à visée régénérative. Il est ingénieur du Conservatoire National des Arts et Métiers, il est administrateur de The Shift Project, auteur de plusieurs ouvrages et conférencier, enseignant dans plusieurs écoles et universités.

Clément BOYER
Clément Boyer est doctorant à AgroParisTech (CIRED), à l'université Paris-Dauphine (DRM) et à la chaire "Comptabilité écologique". Ses recherches portent sur les enjeux de l'articulation des comptabilités écologiques de l'organisation (modèle C.A.R.E.) avec des comptabilités centrées sur les écosystèmes (modèle E.C.A.F.). Il s'intéresse en particulier aux questions de préservation des sols dans le contexte des transitions agroécologiques et foncières territoriales. Sa thèse s'inscrit dans un projet de recherche-intervention au sein d'exploitations agricoles et d'un projet de territoire (Sésame-Cœur d'Essonne) qui explore les liens entre comptabilités, outils de co-gestion écologique, sciences du sol et éthiques féministes du care.

Clément CARN
Clément Carn est maître de conférences en sciences de gestion à l'université Paris Dauphine - PSL, spécialisé en comptabilité et plus particulièrement en comptabilité socio-environnementale. Ses travaux l'ont amené à interroger en particulier l'intégration des enjeux sociaux dans le reporting de durabilité.

Victor COUNILLON
Après un master Politiques publiques-Poltiiques d'entreprises responsabilités sociales, Victor Counillon a démarré une thèse CIFRE concernant l'application de C.A.R.E. en comptabilité écologique dans une collectivité territoriale. Il s'intéresse aux modalités d'application de C.A.R.E. dans une collectivité, à la fois pour les activités de la mairie, mais aussi comme levier pour écologiser l'organisation territoriale, en lien avec les autres niveaux de comptabilité.

Colin DEY : Imagining critical environmental accountability as prefigurative governmentality
This study develops and extends prior Foucauldian-inspired studies of the role of accounting in translating diverse sustainability-related programs and policies in governance practices. Many prior studies use Dean's (1999) analytics of government to examine practices in national, sectoral and organizational settings. However, as far as we are aware, none have yet sought to (re)frame the governmentality of critical environmental accounting through an analytics of protest (Death, 2010). Here, we mobilise Death's framework in an attempt to map out the potential of prefiguratism to achieve regenerative sustainability governance and accountability. Prefigurative practices of an interstitial nature involve constructing imaginaries of a utopian, sustainable society, which means that required knowledge is not always available and easily accessible but needs instead either to be created or pieced together from multiple sources. It is important that such new knowledge emerges in participatory, often communitarian-grounded activities associated with social experimentation operating in interstitial spaces. The nature of this new knowledge and reflecting on the processes of emergence will illuminate potential prefigurative pedagogic practices aligned with critical environmental accountabilities. The study elaborates a series of regenerative sustainability imaginaries within which to explore critical environmental accountabilities. Emerging from this exploration are insights that could align environmental accounting and accountabilities with counter-conducts associated with regenerative system governance. This can be contrasted with counter-conducts associated with resistance in order to mitigate the negative impacts from businesses on natural systems.

Dr Colin Dey is Professor of Accounting at the University of Dundee School of Business in Scotland.

Morgane GONON
Morgane Gonon est doctorante en économie écologique à la chaire de comptabilité écologique du CIRED (Centre international de recherche sur l'environnement et le développement). Ses recherches portent sur les mécanismes et flux financiers Nord-Sud pour la biodiversité et la restauration des écosystèmes. Elle est chercheuse associée à l'Agence française de développement et membre du Nature Transition Hub du programme C3A de la Banque mondiale.

Carlos LARRINAGA
Carlos Larrinaga is Professor of Accounting at the University of Burgos, Spain. He is associated to the Centre for Social and Environmental Accounting Research, University of St Andrews. Formerly he served at the University of Seville, and at Carlos III University. His interests are the role of business in sustainable development, and particularly social, environmental and sustainability reporting. In the last years he is studying the interplay between accounting, modernity and the Anthropocene from historical, coloniality and ecological perspectives. He has published in a number of journals that include Accounting, Organizations and Society, Accounting, Auditing and Accountability Journal, Critical Perspectives on Accounting and European Accounting Review. He also serves in the editorial board of various journals and is Associate Editor of Critical Perspectives on Accounting and the European Accounting Review.

Daniel LE GUILLOU
Après avoir exercé différentes responsabilités dans le secteur public et dans le secteur privé, Daniel Le Guillou s'est engagé dans le secteur associatif : il a été délégué général de l'ONG Transparency International France ; en tant qu'allié du mouvement ATD Quart Monde, il est engagé depuis 2015 dans le projet Territoires zéro chômeur de longue durée au niveau national et au niveau local ; au sein de La Coop des Communs, il anime le groupe "Communs et comptabilité" qui a pour objectifs de sensibiliser les organisations de l'Économie sociale et solidaire à la nécessité de changer de modèle comptable, d'expérimenter le modèle "C.A.R.E." et de capitaliser les enseignements des expérimentations en lien avec le CERCES ; administrateur du CERCES, il anime le groupe en charge de l'analyse des retours d'expériences relatives à la mise en oeuvre opérationnelle du modèle "C.A.R.E.".
Publications
Defalvard H., Le Guillou D. (2024), "L'entreprise à but d'emploi, une révolution à accomplir avec les communs", in Gianfaldoni P., Richez-Battesti N., Fraisse L. (dir.), Quand l'économie sociale et solidaire fait territoire, Éditions universitaires d'Avignon.
Le Guillou D. (2023), "Territoires zéro chômeur de longue durée au prisme des communs", RECMA, n°370- 371, p. 118-128.
Le Guillou D., Prost D. (2022), Zéro chomeur, mobilisez votre territoire pour l'emploi !, Éditions de l'Atelier, Éditions Quart Monde.
Hédon C., Goubert D., Le Guillou D. (2019), Zéro chomeur, Dix territoires relèvent le défi, Éditions de l'Atelier, Éditions Quart Monde.

Somhack LIMPHAKDY
Somhack Limphakdy est philosophe du droit, pénaliste. Elle interroge les Communs et plus spécifiquement la renouvelabilité de la ressource en eau. Elle enseigne entre autres à l'université Paris 8 la philosophie comptable au sein du Master économie écologique (Master TREES). Souhaitant porter les comptabilités écologiques dans les pratiques, elle développe un programme de recherche-action contributive en Alsace, en lien avec les universités de Strasbourg et de Haute-Alsace, au sein d'un projet de Mutuelle de l'Alimentation. La Mutuelle s'inspirant des travaux du collectif pour une Sécurité sociale de l'alimentation deviendrait l'espace d'un dialogue territorial permettant aux acteurs du système alimentaire de tendre vers la résilience en s'appuyant sur une comptabilité à gestion collective.

Jérôme MÉRIC
Jérôme Méric est professeur à l'IAE de l'université de Poitiers, président de la CEFDG. Il est rédacteur en chef de la revue Entreprise & Société, rédacteur associé à European Management Review. Il préside la Société Français de Management.

Ute MEYENBERG : Quelle utilisation pour le dialogue social ?
La proposition OMNIBUS de la Commission arrive comme un choc, notamment pour la CSRD et la CSDDD. Elle traduit des problématiques géopolitiques, même si certaines "simplifications" pourraient éviter des chevauchements règlementaires. On déplore notamment la dilution des plans de transition, nerf de la guerre pour suivre la transition écologique. Heureusement, le concept de double matérialité a été sauvegardée dans le processus (au moins dans son état actuel). Rappelons que la CSRD faisait partie de la proposition pour une finance durable, effectuée dès 2018, soit un an avant le Green Deal. Si ce green Deal semble bien affaibli, il y a lieu de s'interroger comment travailler avec des normes simplifiées et d’en tirer le meilleur pari.

Ute Meyenberg est Secrétaire nationale de la CFDT Cadres, en charge de questions qui relient l'économique et le social. En tant que membre de la Commission durabilité de l'Autorité des normes comptables, elle travaille sur la mise en place de la CSRD depuis 2022. Après une carrière de 25 ans dans une banque d'investissement, elle s'occupe de régulation financière pour les syndicats depuis 2007. Elle a notamment créé une série de webinaires didactiques sur l'utilisation de la CSRD dans le dialogue social. Ute est également membre du groupe de travail sur les normes bancaires de l'EFRAG et membre de la Commission des sanctions de l'Autorité des marchés financiers depuis 2019. Elle est diplômée d'HEC et psychologue du travail (CNAM).

Jacques RICHARD
Jacques Richard est Professeur émérite de l'université Paris Dauphine ; Ancien Expert comptable (au service des Comités d'entreprises) ; Membre de l'Autorité des normes comptables (Ministère des Finance) et Lauréat de l'Académie américaine des historiens de la comptabilité.
Publications
Origines du mot comptabilité, Halshs-00465984v2, 2010.
Révolution comptable pour une entreprise écologique et sociale, Éditions de l'Atelier, 2020.
Philosophie d'une écologie anticapitaliste, Presses de l'université de Laval, 2021.
Economics, Accounting and the true nature of capitalism, Routledge, 2022.
Capital in the history of accounting and economic thought, Routledge, 2022.
Humanitarian ecological economics and accounting, Routledge, 2022.
Radical ecological economics and accounting to save the planet, Routledge, 2023.
Philosophy of Ecology and capitalism. The true new green deal, Ethics Press, 2023.
A philosophy of catastrophes or a catastrophe of philosophies, Ethics Press, 2024.
Capitalism as Megamachine. A new historical legal and political approach, Routledge, 2025 (Under press).

Sébastien ROCHER : La critique de la comptabilité à l'épreuve de l'art
Cette communication propose un regard sur le rôle des artistes dans la critique des modèles comptables. Si la comptabilité est présente, par l'entremise de la représentation de livres de comptes, dans la peinture depuis le XIIIe siècle, et si ses fonctions artistiques et l'image qu'en donnent les artistes ont changé au fil des siècles, il n'en reste pas moins que l'information comptable et les règles de la comptabilité ne sont jamais un sujet pour l'artiste dans la peinture. C'est avec l'avènement de l'art contemporain dans la deuxième partie du XXe siècle, et la présence d'artefacts comptables dans la matérialité de l'œuvre d'art, que la comptabilité est pensée depuis les pratiques artistiques, que ce soit par le regardeur ou par l'artiste lui-même, lorsqu'il interroge la nature de l'information comptable au travers de son œuvre.

Sébastien Rocher est professeur des universités en Sciences de Gestion. En poste à l'IAE de Nancy School of Management (Université de Lorraine) où il est responsable de la mention Comptabilité-Contrôle-Audit, il est membre du Centre Européen de Recherche en Économie Financière et Gestion des entreprises (CEREFIGE). Il est le secrétaire général de l'Association Francophone de Comptabilité depuis 2021. Ses publications récentes abordent les relations croisées entre productions culturelles et artistiques, et comptabilité. Son dernier ouvrage, paru en septembre 2022 et édité par l'Association des Professionnels et Directeurs Comptables (APDC), intitulé La comptabilité dans l'Art, propose un "musée de papier" d'œuvres contemporaines dans lesquelles des artistes ont représenté ou recouru à des artefacts comptables.

Shona RUSSELL : Fluid articulations : examining Earth accounting controversies
Accounting's potential to address ecological concerns and participate in the politics of nature has attracted much attention. Much of scholarship has centred on measurement, quantification and calculation yet, there are many other diverse and creative efforts to articulate ecological matters of concern. We suggest the array of efforts to articulate ecological matters of concern using literary technologies are examples of "Earth accounting". Deepening possibilities for accounting to contribute to addressing ecological matters of concern requires exploring how matters of ecological concern are being accounted for before they have settled into distinct form of expression, measurement, and control. Our study examines controversies in the use and management of the UK's rivers. While Characterised by shifting alliances and experimental accounting, we examine the fluid articulations that are mobilised. While articulation via measurement by professional and citizen communities appeared central, it was evident that Earth accounting practices sought to forge alliances, create common ground, and galvanise action towards care and connection with rivers. We suggest that following the fluid and unsettled forms of Earth accounting, creates opportunities to open up possibilities for accounting, utilising diverse literary technologies in order technologies to speak "of", "for" and "with" ecological matters of concern.

Shona Russell is a Senior Lecturer at the University of St Andrews Business School. Her qualitative research explores accounting, accountability, and governance for sustainability. Her research is situated within the Centre for Social and Environmental Accounting Research (CSEAR), of which she is a Co-Director. She has published in international journals such as Accounting, Auditing and Accountability Journal, Conservation Biology, Critical Perspectives on Accounting, Ecological Economics and Environmental Policy and Governance.

Corinne VERCHER-CHAPTAL
Corinne Vercher-Chaptal est professeure des Universités en science de gestion à Sorbonne Paris Nord, membre du laboratoire Analyses des Crises & Transitions, et co-fondatrice de la Revue EnCommuns. Elle a été responsable scientifique du rapport TAPAS (There Are Platforms as Alternative) financé par la DARES. Elle est actuellement co-leader de l'Action Cost P-Will (Platform Work Inclusion Living Lab). Ses travaux portent sur les organisations alternatives, à l'articulation entre la tradition de l'ESS et le courant des communs, et leur nouvel essor via le recours aux plateformes numériques. Ses publications les plus récentes renseignent les modes d'émergence, de gouvernance, les modèles économiques et le rapport à la technologie de plateformes dites substantives (Vercher-Chaptal et al., 2022 ; Vercher-Chaptal et al., 2024), en lien avec les enjeux de transition sociale, écologique et solidaire dont elles sont porteuses.

Caroline VIGO COGUETO
Caroline Vigo Cogueto est biologiste, titulaire d'un master en gestion de l'environnement, et actuellement doctorante en comptabilité centrée sur les écosystèmes. Son parcours académique et professionnel reflète son engagement à comprendre et à renforcer le rôle des systèmes d'information et de gestion dans l'action pour l'environnement. Au fil des années, elle a acquis une expérience professionnelle diversifiée dans les secteurs public, associatif et du conseil privé. Cette exposition multidisciplinaire a enrichi sa vision et renforcé sa conviction quant à l'importance d'approches intégrées, articulant sciences sociales et sciences de la conservation, pour faire face aux crises environnementales actuelles. À travers ses recherches doctorales, elle explore comment ces systèmes peuvent appuyer les acteurs stratégiques et les organisations collectives dans la planification, le suivi et l'évaluation de leurs actions en faveur d'impacts environnementaux et sociaux positifs.

Noubon René YEO
Titulaire d'un diplôme de Master en gestion environnementale des écosystèmes et forêts tropicales à AgroParisTech en 2018, Noubon René Yeo est doctorant à l'université de Montpellier et à AgroParisTech depuis 2021. Son projet de thèse est rattaché à la Chaire de Comptabilité écologique. Il totalise une expérience de huit ans en tant que chargé de mission dans l'action publique en faveur de la conservation des espaces naturels protégés en Côte d'Ivoire. Sa thèse s'appuie sur une approche de recherche-intervention pour tester et développer des modèles de gestion écosystèmes-centrés adaptés pour structurer et outiller des stratégies de gestion collectives et les interventions de coalitions d'acteurs motivés par la conservation de la biodiversité dans divers contextes de préservation et de restauration des milieux aquatiques et leur biodiversité en Occitanie.


Les écologues et la comptabilité, table ronde animée par Clément FEGER, avec Maud BORIE [Partage d'un travail en cours sur l'utilisation des connaissances en écologie dans les méthodologies de crédit biodiversité], Christophe BOUNI, Denis COUVET [Comptabilité(s) biodiversité : enjeux et défis] et ⁠Matthieu DELABIE
Toute comptabilité écologique appliquée à la biodiversité et aux écosystèmes doit, pour être pertinente quant aux objets qu'elle représente, s'appuyer en partie sur une construction du chiffre issue des sciences écologiques. Les comptables ont ainsi fort besoin des apports de l'écologie scientifique et des sciences de la conservation. Toutefois, lorsqu'ils sont intégrés dans des systèmes comptables (à différentes échelles), ces chiffres sortent du seul régime épistémologique et d'objectivation propre aux sciences positives. Ils deviennent des parties constitutives d'un ensemble de conventions humaines subjectives, qui orientent la décision et l'action dans un certain sens et au service d'une certaine vision du monde, du système socio-économique et de ses rapports à la nature. De ce point de vue, les écologues ont alors eux-aussi besoin des comptables pour mieux comprendre les orientations dans lesquelles les connaissances qu'ils produisent sont utilisées pour la décision et l'action de préservation de la biodiversité et des écosystèmes. Dans cette perspective comment alors penser les liens nécessaires entre les sciences écologiques et les recherches en comptabilité ? Quelles critiques peut-on formuler à partir de là quant aux dispositifs existant de gestion et de quantification de la biodiversité ? Comment cela peut-il amener à imaginer d'autres formes de comptabilités adaptées à ces défis et aptes à déboucher sur des changements de pratiques concrets de la part des professionnels de la biodiversité et autres acteurs ?

Maud BORIE
Maud Borie est maîtresse de conférences au sein du département de Géographie de King's College London. Ses recherches, qui mobilisent la sociologie des sciences, l'écologie politique et la géographie critique, portent sur les interactions entre expertise et gouvernance des changements environnementaux, avec une interrogation sur les implications socio-politiques associées à l'utilisation de différentes formes de savoirs. Sa thèse portait sur l'institutionnalisation de l'expertise sur la biodiversité à l'échelle internationale avec un travail sur la mise en place de la Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques (IPBES). Ses recherches actuelles interrogent les liens entre savoirs et processus de transformation et s'articulent autour de deux axes en résonance : Un axe portant sur les liens entre sciences de l'environnement & finance verte, avec une étude en cours sur les crédits biodiversité ; Un axe portant sur la conflictualité dans la mise en place de différentes solutions fondées sur la nature avec un travail sur la restauration écologique en collaboration avec des artistes et les humanités numériques afin de développer des méthodologies permettant de rendre compte de différentes façons de faire sens de ces "solutions". Maud est également éditrice associée à la revue Environmental Science & policy et membre du Knowledge Coordination Body d'EKLIPSE, un mécanisme d'expertise qui met en lien décideurs et réseaux d’experts sur les questions de biodiversité au niveau européen.
Publications
Borie, M. and Bracking, S., 2024, "Authorising green finance with claims to science : research avenues to move beyond sciencewashing", Finance and Space, 1(1), pp. 494-516 [open access].
Bracking, S., Borie, M, Temple, T., Sim, G., 2023, "Turning investments green in bond markets : qualification, devices and morality", Economy and Society, 52(4), pp. 626-649 [open access].
Borie, M., Mahony, M., Obermeister, N. and Hulme, M., 2021, "Knowing like a global expert organization : Comparative insights from the IPCC and IPBES", Global Environmental Change, 68, p. 102261 [Pre-print].
Borie, M. and Hulme, M., 2015, "Framing global biodiversity : IPBES between mother earth and ecosystem services", Environmental Science & Policy, 54, pp. 487-496 [Pre-print].
Busch, J., Ring, I., Akullo, M., Amarjargal, O., Borie, M., Cassola, R.S., Cruz-Trinidad, A., Droste, N., Haryanto, J.T., Kasymov, U. and Kotenko, N.V., 2021, "A global review of ecological fiscal transfers", Nature Sustainability, 4(9), pp. 756-765.
Borie, M., Mathevet, R., Letourneau, A., Ring, I., Thompson, J.D. and Marty, P., 2014, "Exploring the contribution of fiscal transfers to protected area policy", Ecology and Society, 19(1).

Christophe BOUNI
Christophe Bouni est Docteur en économie de l'environnement et analyse spatiale (Paris I Panthéon Sorbonne). Sa thèse a porté sur le thème du développement durable et des macro-systèmes d'information. Il pilote actuellement l'accompagnement de gestionnaires dans la mise en œuvre de mesures d'amélioration et d'indicateurs de suivis et d'évaluation de la gouvernance des sites Natura 2000 en mer pour l'OFB. Il développe des approches de valorisation des opérations de restauration de milieux sur le plan social et économique en expérimentant, pour l'agence de l'eau Rhône Méditerranée & Corse, l'intégration de la notion d'utilité sociale dans la conception de projets de restauration de milieux aquatiques, de préservation de la biodiversité et/ou de protection de la ressource en eau. Il a accompagné et animé également, depuis 2007 le Groupe d'Appui à la Restauration Physique de l'agence de l'eau Rhône Méditerranée & Corse qui vise à promouvoir des opérations de restauration hydromorphologique, notamment par la réalisation de notes stratégiques s'appuyant sur les aspects techniques et socio-économiques de ces projets de solutions fondées sur la nature. Il développe enfin avec AgroParisTech et la Chaire de comptabilité le modèle de comptabilité de contribution écologique, structure de comptes permettant aux acteurs de se coordonner autour de la préservation d'écosystèmes. Il exerce ses compétences dans les domaines suivants : Évaluations économiques et de politiques dans le domaine de la gestion des milieux aquatiques ; Études et recherches et formation dans le domaine de la concertation ; Élaboration de démarches de structuration de la connaissance pour la décision. Il occupe également depuis janvier 2001 les fonctions de gérant d'AScA.

Denis COUVET : Comptabilité(s) biodiversité : enjeux et défis
Le cadre écologique des comptabilités de la nature semble maintenant solidement établi, notamment avec la notion d'intégrité des écosystèmes, combinant diversité du vivant et fonctions écologiques. À l'inverse, le cadrage socio-économique reste incertain : s'agit-il de se préoccuper de conservation ou de restauration de la nature, de quelques fonctions écologiques, de parvenir à des consommations durables, de diminuer les risques humains, de réduire les pollutions, d'améliorer la pertinence des investissements ou la qualité des territoires, d'intégrer des droits humains… ? Des questions environnementales privilégiées dépendent les modes de consolidation des données environnementales, la place que ces synthèses occuperont dans les modèles macroéconomiques, la manière dont ces modèles intègrent la nature et ses dynamiques ; les choix de ces modèles déterminant en retour les questions environnementales et le type de comptabilité environnementale que les parties prenantes devraient privilégier.

Denis Couvet est professeur au Muséum, président de la FRB (Fondation pour la recherche sur la biodiversité), membre de l'académie d'Agriculture. Il est expert en écologie et biodiversité, notamment leurs relations avec les visions structures et pratiques humaines.


BIBLIOGRAPHIE :

• Bardy, J. & Rambaud, A. (2023), "Approche comptable du principe pollueur-payeur", in A.-S. Epstein & M.-A. Chardeaux (dir.), Le droit économique de l'environnement : acteurs et méthodes, Mare & Martin.
• Berland, N. & Pezet, A. (2009), "Quand la comptabilité colonise l'économie et la société", in D. Golsorkhi, I. Huault & B. Leca (Eds.), Les études critiques en management, une perspective française, Les Presses de l'Université Laval, pp. 131–162.
• Feger, C. & Mermet, L. (2021), "Innovations comptables pour la biodiversité et les écosystèmes : une typologie axée sur l'exigence de résultat environnemental", in Comptabilité – Contrôle – Audit, 2021/1 (27), pp. 13-50.
• Feger, C., Mermet, L., Vira, B., Addison, P. F. E., Barker, R., Birkin, F., Burns, J., Cooper, S., Couvet, D., Cuckston, T., Daily, G. C., Dey, C., Gallagher, L., Hails, R., Jollands, S., Mace, G., Mckenzie, E., Milne, M., Quattrone, P., … Sutherland, W. J. (2018), "Four priorities for new links between conservation science and accounting research", in Conservation Biology, 33(4), pp. 972–975.
• Feger, C., Rambaud, A. & Guillot, A. (2023, November), "La comptabilité, objet philosophique ?", Philonomist.
• HLEG. (2018), Financing a sustainable European economy, Final report 2018 by the High-Level Expert Group on Sustainable Finance (HLEG).
• Le Ravalec, M., Rambaud, A. & Blum, V. (2022), "Taking climate change seriously : Time to credibly communicate on corporate climate performance",in Ecological Economics, Vol. 200, 107542 [en ligne].
• Notat, N., & Senard, J.-D. (2018), L'entreprise, objet d'intérêt collectif, Rapport aux Ministres de la Transition écologique et solidaire, de la Justice, de l'Économie et des Finances du Travail [en ligne].
• Rambaud, A. & Feger, C. (2020), "Transformer nos systèmes comptables pour se réorganiser avec ce qui compte (vraiment)", The Conversation [en ligne].
• Schmandt-Besserat, D. (2022), La Genèse de l'écriture, Les Belles Lettres.


SOUTIENS :

Chaire Comptabilité Écologique
• Cercle des comptables environnementaux et sociaux (CERCES)
Chaire Double Matérialité
• Groupe de recherche en droit, économie et gestion (GREDEG) | Université Côte d’Azur
Chaire Mapmondes

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


MÉTAMORPHOSES PAR LE PAYSAGE

LE PAYSAGE COMME BOUSSOLE ?
NAVIGATION DANS L'ARCHIPEL DES MÉTAMORPHOSES


DU MERCREDI 14 MAI (19 H) AU MARDI 20 MAI (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Bertrand FOLLÉA, Roger GOUDIARD, Stéphanie LANGEVIN, Patrick MOQUAY

Avec le concours d'Emmanuel FAUCHET


ARGUMENT :

Pour qu'elle se concrétise, il manque à la transition écologique et énergétique une perspective du monde sobre, décarboné et résilient de l'après-pétrole. Vers quel pays nous mènent ces azimuts et comment embarquer pour prendre le cap ?

Plus la vague climatique, écologique et sociale grandit, plus la démocratie se trouve menacée, ballotée entre l'inaction populiste à tribord et l'autoritarisme technocratique à babord.

Dans L'Archipel des Métamorphoses(1), Bertrand Folléa soutient que le paysage s'offre comme méthode au service des profondes transformations sociétales. Ni tableau à contempler, ni territoire à équiper, ni carte postale à protéger, ni décor à planter : sorti de ces réductions, le paysage recouvre sa capacité à offrir du sens comme milieu de vie à façonner, constituant un bien commun.

L'archipel constitue la figure métaphorique du paysage de l'après-pétrole. Il s'oppose à la "continentalisation" mortifère des mégalopoles nées de l'ère des énergies fossiles.

Jusqu'à quel point le paysage comme projet politique peut-il constituer cet inattendu instrument de navigation dans la conduite de la transition ?

Embarqués à Cerisy, nous naviguerons dans l'Archipel des Métamorphoses pour tester le paysage comme boussole, avec pour escales : l'imaginaire, le territoire, la politique, l'économie, l'éducation, … et les îles Chausey.

(1) L'Archipel des Métamorphoses – La transition par le paysage, Bertrand Folléa, Éditions Parenthèses, 2019.


MOTS-CLÉS :

Agriculture, Agro-écologie, Anthropocène, Archipel, Architecture, Arts, Bien commun, Biodiversité, Cadre de vie, Climat, Comportement, Décarbonation, Démocratie, Écologie, Économie, Éducation, Énergie, Forêt, Imaginaire, Interdépendances, Interdisciplinarité, Métamorphose, Méthode, Mobilités, Mode de vie, Nature, Paysage, Perception, Politique, Projet, Récit, Relation, Représentation, Résilience, Risque, Ruralité, Science, Sensible, Site, Sobriété, Territoire, Transdisciplinarité, Transition, Transition écologique, Transition énergétique, Transformation, Urbanisme, Valeur, Ville, Vivant, Zones ateliers, Zone critique


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 14 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 15 mai
MÉTAMORPHOSES DES REPRÉSENTATIONS, DES PERCEPTIONS, DES IMAGINAIRES, DE L'ESTHÉTIQUE
Pour que le paysage devienne le bras armé des transitions, il faut remettre le concept à nu et faire valoir sa capacité à embarquer. La table ronde, par des approches théoriques et des illustrations pratiques, évoquera les mises en récits qui activent l'imaginaire et transforment nos représentations du paysage.
Matin
Bertrand FOLLÉA : L'Archipel des métamorphoses : la transition par le paysage
Roberto CASATI : Prolégomènes à une science du paysage marin [visioconférence]

Après-midi
Visite de Cerisy : une lecture archipélique du paysage, château-parc-campagne, sous la conduite de Anne BAS et Sylvie CACHIN-LAROCHE

Métamorphoses par le paysage, quelques cas pratiques d'illustrations concrètes, par Bertrand FOLLÉA et Claire GAUTIER

Paysages en métamorphoses : transformer nos représentations, table ronde animée par Sylvain ALLEMAND, avec Cécile CHAPON et Rachel RAJALU

Soirée
Lecture d'Édouard Glissant, par Rachel COHEN et Armelle CHITRIT


Vendredi 16 mai
"HORS LES MURS" — DE L'ARCHIPEL À LA FIGURE DE L'ARCHIPEL, EMBARQUEMENT POUR LES ÎLES CHAUSEY
La visite de l'archipel des îles Chausey permettra aux participants du colloque de prendre la mesure des défis des transitions, au-delà de la carte postale. Entre insularité et interdépendance, comment concrétise-t-on la transition par le paysage pour gérer un micro-territoire fragile ? On y parlera d'énergies, de déchets, de tourisme, de biodiversité, de climat…
"Entre autonomie et interdépendance : transitions et paysages des îles Chausey", visite de l'Archipel de Chausey animée par Emmanuel FAUCHET et Stéphanie LANGEVIN, avec la participation de Gérard DIEUDONNÉ, Gilles MÉNARD, Guillaume VALLÉE, Clémentine DRAPEAU, Philippe SURVILLE, Régis LEYMARIE et Charles POSTEL


Samedi 17 mai
MÉTAMORPHOSES DE LA "NATURE" / FORÊT, AGRICULTURE, VILLE
Après la transformation des perceptions, évoquée le premier jour puis éprouvée aux îles Chausey, le colloque aborde la transformation des territoires eux-mêmes. Il s'agit de mettre en évidence comment l'approche relationnelle du paysage peut permettre d'inscrire l'action humaine dans la conscience de la Zone critique, de ses fragilités et interactions ; et comment elle conduit à placer la transition agricole au cœur de toutes les transitions. La table ronde de l'après-midi permettra de revisiter la ville, l'agriculture, la forêt et la nature, incluant les énergies et les mobilités, au filtre du paysage comme relation.
Matin
Jérôme GAILLARDET : Le paysage au prisme de la Zone critique : faire d'une fragilité une force active des transitions
Sébastien MAROT : Agriculture et architecture : faut-il (se) préparer (à) un exode urbain ?

Après-midi
Le photographe Stéphane JANOU (Le Labomylette) présente l'exposition Portr'Haies, images et paroles des habitants sur les paysages de bocage de la vallée de la Sée, s'appuyant sur le travail d'enquête orale d'Yvon Davy (La Loure)

Arts et sciences de l'aménagement au défi de l'approche relationnelle du paysage [présentation], table ronde animée par Roger GOUDIARD, avec Pascal AMPHOUX [Le paysage n'est pas donné(e), il se construit, il s'écoute, est un rapport au monde, irrécupérable, hors marche], Laetitia CORCELLE [À l'écoute des chants de la Terre], Pierre HAGENBURG [Réseaux d'électricité et approche relationnelle du paysage], Louis HENRY [Énergie et paysage], Patrick MOQUAY et Yves POSS [Les forêts, hier, aujourd'hui et demain]

Soirée
"HORS LES MURS" — AU CINÉMA LE LONG-COURT DE COUTANCES
Autour du film Pour faire un monde, projection et débat animé par Dominique HUTIN, en présence du réalisateur Rémi MAUGER, avec Anne HÉBERT, Bruno GODET et Pascal FEREY [sous réserve]


Dimanche 18 mai
MÉTAMORPHOSES POLITIQUES, MÉTAMORPHOSES DE L'ÉCONOMIE
Dans sa dimension sociologique comme dans sa dimension écologique, la démarche transitionnelle du paysage bute sur les logiques politiques et économiques à l'œuvre dans l'aménagement du territoire. Un éclairage historique de l'économie permettra de remettre en lumière une science du commerce et une physique œconomique qui réhabilitent les territoires situés et les interdépendances du vivant. Un éclairage politique du paysage identifiera les conditions à mettre en place pour qu'un portage politique assumé de la démarche paysagère puisse s'engager au cœur des transitions. La table ronde de l'après-midi offrira le cadre pour débattre des leviers politiques et économiques à actionner en faveur de l'approche relationnelle du paysage, en prenant appui sur les expériences vécues des intervenants.
Matin
Arnaud ORAIN : Des "hectares fantômes" aux "savoirs perdus" : repenser les approches économiques des paysages
Lucile SCHMID : Politiques : s'emparer de la démarche paysagère

Après-midi
"HORS LES MURS" — PARC RURAL DE PIROU
Visite du parc : fondements politiques, économiques, sociaux et écologiques, sous la conduite de Noëlle LEFORESTIER, José CAMUS-FAFA et Christophe LETOUZÉ (jardinier du parc), en présence des paysagistes concepteurs : Thibaut GUÉZAIS et Marc VATINEL

Au-delà du militantisme : la transition par le paysage, un défi politique et économique, table ronde animée par Patrick MOQUAY, avec Jean-François CARON [Bassin minier et transition systémique : le paysage, une entrée stratégique !], Jean-Yves CHAPUIS [La ville qui vient, Marcel Hénaff], Cyril GOMEL, Vincent MONTRIEUX et Henri TRUBERT

Soirée
Première du concert Les Chants de la Terre par l'Ensemble Ô, dirigé par Laetitia CORCELLE, dans le cadre du Festival Pierres en lumières (ouvert au public, gratuit sur réservation)


Lundi 19 mai
MÉTAMORPHOSES DE L'ÉDUCATION, DES COMPORTEMENTS, DES VALEURS
La transition par le paysage suppose une toute autre culture de l'aménagement que celle qui, depuis le XXe siècle, favorise l'équipement du territoire par une prééminence de l'ingénierie technique. De nature civilisationnelle, cette rupture appelle une transformation des représentations du monde, des valeurs qui fondent les sociétés humaines et des rapports entre humains et non humains. La table ronde de l'après-midi témoignera d'une "éducation à l'attention" pour rendre possibles les métamorphoses par le paysage.
Matin
Olivier RAGUENEAU : Une unis-vers-cité pour l'accroît-sens
Sophie MARINOPOULOS : Les paysages font-ils grandir les enfants ?

Après-midi
L'éducation pour transformer nos manières de percevoir et de faire le paysage, table ronde animée par Sylvain ALLEMAND, avec Alexandra BONNET, Roger GOUDIARD, Vincent GUICHARD et Lolita VOISIN [Métamorphoses de l'éducation, des comportements - apprendre à apprendre]

Conversation animée par Dominique HUTIN, avec Clothilde LEBRETON, Marion GOBIN et Hervé GUILLE [sous réserve], les participants et étudiants, à partir du concours d'idées et de son exposition "Empreintes, habiter les paysages littoraux de 2050"

Soirée
Grande fête du paysage en musique avec Laetitia CORCELLE


Mardi 20 mai
BILAN ET PERSPECTIVES SUR L'ARCHIPEL DES MÉTAMORPHOSES
Matin
Restitution du workshop "De Cerisy à la baie des Veys : Archipel 2075"

Perspectives et débats, animés par Bertrand FOLLÉA, Roger GOUDIARD, Stéphanie LANGEVIN et Patrick MOQUAY

Après-midi
DÉPARTS


TÉMOIGNAGES :

À Cerisy, Le développement durable, c'est encore du bonheur !. Rencontre avec Jean-François CARON, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Bertrand FOLLÉA : L'Archipel des métamorphoses : la transition par le paysage
Pourquoi le paysage peut-il constituer un levier efficace pour transformer notre rapport au monde et contribuer à relever les défis du siècle : le climat, le vivant, le lien social, la démocratie ? Pour répondre à cette question, nous devons remettre le concept à l'os et faire valoir sa radicalité : le sortir des angles morts qui le cantonnent à un tableau à contempler, un territoire à équiper, une carte postale à conserver ou un décor à planter ; et révéler ses dimensions relationnelles, de nature écologique et sociale. Cette re-connaissance opère un décentrement-recentrement qui modifie profondément nos manières de percevoir, de vivre et de façonner nos milieux de vie hérités du tout-pétrole. C'est ce que nous expliquerons en prenant appui à la fois sur la théorie et la pratique. Se dessinera ainsi une figure du paysage relationnel, où la mer-matrice des espaces naturels, agricoles et forestiers accueille des îles-villes et villages, aux franges desquelles les rivages jouent un rôle majeur. Bienvenue dans l'Archipel des Métamorphoses.

Bertrand Folléa est paysagiste urbaniste concepteur (ENSP Versailles, D.E.A. "Jardins, paysages, territoires" ENSA Paris-La Villette et EHESS). Il co-dirige avec Claire Gautier l'agence Folléa-Gautier paysagistes urbanistes, créée en 1991, Grand prix national du paysage en 2016. Il publie régulièrement des articles sur l'urbanisme, l'aménagement et le paysage. Il est l'auteur de L'Archipel des Métamorphoses – la transition par le paysage (Parenthèses, 2019), un essai qui explique pourquoi la démarche de projet de paysage rend possible et concrétise efficacement la transition écologique et énergétique. Il est Paysagiste-Conseil de l'État depuis 1994 et ancien Paysagiste-Conseil du Ministère de la Culture (2004-2010). Directeur des chaires à l'École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille (ENSP), il est aussi responsable de la chaire "Paysage et énergie" depuis sa création en 2015. Il a été Professeur associé à l'INSA Centre Val de Loire (École de la nature et du paysage) de 2013 à 2023.

Roger GOUDIARD
Agro-économiste, Roger Goudiard a commencé sa vie professionnelle par une dizaine d'années de terrain aux côtés des paysans de la Vallée du Sénégal ; puis sa carrière s'est déroulée au sein de l'Agence française de développement à négocier, financer, évaluer des projets et des politiques de développement. Il a été amené à travailler, soit en résidence, soit en mission, dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, de Méditerranée, d'Asie, sur une large palette de questions de développement : rural et agricole, urbain et infrastructures, santé et éducation, finances publiques et système bancaire, environnement et mutation climatique. Il a dirigé le département Asie de l'AFD, le département des politiques et des études, le campus dédié à la formation des cadres des pays partenaires de l'AFD. Il a aussi, au tournant des années 2000, été cumulativement administrateur du Fonds français pour l'environnement mondial, remarquable outil d'apprentissage des questions globales de Climat et de Biodiversité. À la retraite depuis 2017, il met son expérience et ses outils professionnels au service de son territoire de vie en siégeant au Conseil scientifique du Parc naturel régional du Morvan depuis 2018 et au Conseil d'administration du Centre de recherche archéologique de Bibracte depuis 2019. Il a intégré en 2020 le Conseil d'administration du Réseau des Grands sites de France, dont il préside la Commission de prospective, et a été coopté en 2022 au sein du Collectif PAP, Paysage de l'après-pétrole, qui œuvre en France à la diffusion des principes de la Convention européenne du Paysage de 2000.

Patrick MOQUAY
Dans le cadre de la table ronde "Arts et sciences de l'aménagement au défi de l'approche relationnelle du paysage", Patrick Moquay propose d'évoquer les dilemmes soulevés par la question du paysage. Le paysage est à la fois le fruit de dynamiques spontanées et d'interventions humaines, de transformations matérielles et culturelles, reflet et produit du rapport à l'espace des membres d'une société. Tantôt — et même souvent — production involontaire ou fortuite, quand le paysage résulte de l'organisation de l'espace par et pour les activités humaines, selon des finalités notamment économiques, tantôt aménagement délibéré, projection réfléchie d'une intention spatiale. Considéré parfois comme trop savant, au point d'éviter le terme pour ne pas effaroucher les acteurs sociaux, ou comme trop futile, au risque de susciter l'attention des décideurs politiques ou économiques, et pourtant apprécié comme objet familier, appropriable par tous, autorisant l'expression de chacun et permettant d'initier le dialogue. Objet de passion(s) et/ou outil pour dépassionner le débat… Comment faire du paysage un vecteur de réinvention des pratiques d'aménagement, en évitant les écueils d'une approche purement conservatrice ou fixiste, tout en posant des exigences formelles de participation et de délibération, et en explicitant par ce moyen des valeurs partagées de ménagement des territoires ?

Patrick Moquay est professeur à l'École nationale supérieure de paysage de Versailles, dont il dirige le laboratoire de recherche en projet de paysage (Larep). Docteur en science politique, il a associé tout au long de son parcours les responsabilités académiques, comme enseignant et chercheur, et l'implication dans la pratique, auprès d'acteur locaux et de collectivités, puis comme élu local (maire de Saint-Pierre d'Oléron de 2008 à 2014). Ses premiers travaux s'intéressaient à la gouvernance locale (notamment les questions de coopération et de participation) et la gestion des biens environnementaux dans l'espace rural. Ils se focalisent désormais sur l'action paysagère locale et les dilemmes des politiques de préservation des patrimoines naturels et culturels face aux enjeux des changements globaux, notamment dans les espaces littoraux.


Alexandra BONNET
L'École nationale supérieure de paysage est, numériquement et historiquement, la première école française dédiée à la formation des paysagistes concepteurs. Elle a engagé une refonte complète de son cursus afin de mieux préparer les futurs professionnels à accompagner les mutations écologiques et sociétales qui redessinent les territoires. Dans un contexte de complexité croissante des savoirs associés, l'enjeu est de doter les étudiants d’outils conceptuels et techniques solides tout en préservant leur capacité à innover. Les évolutions pédagogiques réaffirment le principe fondateur d'une formation "par le projet", fondée sur la pédagogie de l'idée : penser librement ("hors du cadre") pour innover ; miser sur l'intelligence collective à travers la médiation. Mais la formation ne se limite plus aux murs de l'école. Face à un métier encore numériquement faible, relativement jeune, complexe et protéiforme, l'ENSP doit prendre sa part de l'effort d'explication et d'"évangélisation". Grâce à ses chaires de recherche appliquée et à ses ateliers pédagogiques ancrés dans les territoires, l'ENSP sensibilise un large éventail d'acteurs à la puissance transformatrice de la démarche de paysage. Cette dynamique répond aussi à un enjeu stratégique fondamental pour la profession : intervenir en amont des décisions d'aménagement, pour devenir prescripteurs plutôt qu'exécutants.

Alexandra Bonnet est Ingénieure générale des Ponts, des Eaux et des Forêts. Depuis septembre 2021, elle est Directrice de l'École nationale supérieure de paysage Versailles – Marseille. Elle a été Conseillère diplomatie, influence et enjeux océaniques internationaux au Cabinet de la ministre de la Mer Annick Girardin (2020-2021) ; Adjointe à la Directrice des affaires européennes et internationales au Ministère de la Transition écologique et solidaire – Direction des affaires européennes internationales (2018-2020) ; Adjointe au chef du service économie, évaluation et intégration du développement durable (2011-2018) et Conseillère stratégique chargée de la ville durable et de la nature en ville (2009-2011) au Ministère de l'environnement - Commissariat général au développement durable ; Conseillère technique en charge des industries agroalimentaires et de l'export au Cabinets des Ministres de l'agriculture : Dominique Bussereau, Hervé Gaymard et Nicolas Forissier (2004-2006) ; Bureau de l’Union européenne - chargée de mission "apurement" (2003-2004), Bureau des relations extérieures de l'Union européenne - chargée de mission commerce international (2003-2001) et Bureau produit "bovins et ovins" - chargée de mission (1998-2000) au Ministère de l'agriculture - Direction des politiques économique et internationale.

Jean-François CARON : Bassin minier et transition systémique : le paysage, une entrée stratégique !
Le territoire minier a été structuré pendant trois siècles par l'exploitation charbonnière : modifications profondes de l'habitat et de l'urbanisme, érection de terrils, affaissement des sols et apparition de grandes zones humides, maillage très serré d'infrastructures de transport, marqueurs autour du noir du charbon et du rouge de la brique, … Ce paysage est devenu un acteur majeur de la transition et de la transformation du territoire : terrils, cités minières, marqueurs paysagers, du Vert au noir. Paysages de l'après pétrole, paysages de l'après charbon, ces expressions prennent ici tout leur sens ! C'est cette démarche de réappropriation culturelle et identitaire appuyée sur l'approche Paysages qui a été le support de la transformation de Loos-en-Gohelle, démonstrateur national pour l'Ademe sur la transition vers la ville durable. Et c'est cette démarche qui a été reconnue par l'Unesco (inscription au patrimoine mondial) en 2012 à St-Petersburg, comme paysage culturel évolutif, sur l'ensemble du bassin (à partir de 14 ensembles miniers remarquables).

Jean-François Caron est un élu des Hauts de France, Maire de Loos-en-Gohelle (6800 habitants) depuis 2001, et ancien Vice-président du conseil régional où il avait en charge les questions de Développement Durable, d'Aménagement du territoire et d'Environnement. Au conseil régional, il a notamment conduit les travaux du Schéma Régional d'Aménagement du Territoire SRADDT. Il a porté la démarche de Transformation Écologique et Sociale Régionale visant à dépasser le stade des expérimentations en matière de transition. C'est dans la continuité de cette logique qu'il a animé la démarche de Troisième Révolution Industrielle avec Jérémy Rifkin. Il a porté et obtenu le classement du bassin minier au patrimoine mondial de l'humanité (UNESCO, 2012). Depuis, il est devenu président national de l'association des Biens Français inscrits au patrimoine mondial (ABFPM). Enfin, il a fondé et dirige au niveau national la Fabrique des Transitions qui implique plus de 400 organisations attachées à la Transition. Cette démarche fonctionne en communauté apprenante (production de connaissances, capitalisation d'expériences et mutualisation, centre ressources, …) et aide au positionnement des projets de transition des territoires. Jean-François Caron est marié et père de trois filles. Il a une passion pour l'ornithologie et les sciences de la nature, il est aussi un pratiquant assidu de sports nature de longue distance.

Roberto CASATI : Prolégomènes à une science du paysage marin
La notion de paysage sous-marin (seascape) est séduisante. À l'instar des paysagistes terrestres, les professionnels du paysage marin commencent à se faire entendre, créant par exemple des structures coralliennes artificielles pour repeupler certaines récifs. Il semblerait que de nombreux concepts terrestres puissent être transposés à l'environnement marin : jardin, forêt (de varech), désert, montagne (sous-marine), prairie (de posidonies). Mais si le concept même de paysage, qui renvoie aux pays, à l'établissement humain, nécessite une application prudente, les autres méritent également un peu d'attention philosophique. La philosophie, c'est changer de perspective. Au lieu de nous demander s'il est judicieux d'appliquer les catégories terrestres aux phénomènes sous-marins, de mesurer avec prudence les mots que nous utilisons, nous pouvons nous accorder un moment d'imagination, sans retenue, avec quelques ajustements en cours de route. Que dirait un Esprit Marin s'il devait décrire un paysage terrestre ?

Roberto Casati (DE EHESS, DRCE CNRS, Directeur de l'Institut Nicod) a travaillé sur plusieurs projets de recherche sur la perception et la cognition de l'espace, sur la navigation, et sur la représentation des espaces océaniques. Il a publié récemment Philosophie de l'océan, PUF, 2022. Il dirige le cours Global Change : Climate, Ocean and Behavior (EHESS et Biologie ENS) et participe à deux projets EU notamment sur la perception de la biodiversité en Méditerranée (Mediverseaty MSCA Training grant) et sur l'étude de la côte européenne (BiOcean5D, avec EMBL et Tara Ocean). Dans ces cadres, il a contribué à plusieurs policy briefs : Plankton Manifesto (UN Compact), Venice Declaration on Sea Literacy (Unesco), Dynamic Oceans Dynamic Solutions (Cali COP BCD).

Cécile CHAPON
Dans le cadre de la table ronde "Paysages en métamorphoses : transformer nos représentations", il s'agira d'abord de resituer certains concepts importants de la pensée d'Édouard Glissant, en particulier la Relation, la pensée de l'archipel, mais aussi le lieu-commun et le paysage bien sûr, et d'interroger la place grandissante allouée au vivant et à l'élémentaire dans son œuvre, comme des voies d'ouverture de l'imaginaire. Nous pourrons saisir dès lors comment cette pensée résonne avec celle de Bertrand Folléa dans l'Archipel des métamorphoses, et nous interroger collectivement sur les manières dont la littérature et les arts peuvent élargir nos imaginaires et sur les manières de donner corps, dans nos pratiques, nos perceptions et nos représentations, à cette pensée du paysage.

Cécile Chapon est maîtresse de conférences en littérature comparée à l'université de Tours, et co-fondatrice de l'association CARACOL-Observatoire des littératures caribéennes. Spécialiste des littératures de la Caraïbe, et en particulier d'Édouard Glissant, c'est à ce titre qu'elle revient à Cerisy après avoir participé au colloque Édouard Glissant, la relation mondiale (août 2022). Ses recherches actuelles portent sur les rapports entre langages, paysages et mémoire (voir par exemple l'article "Les déclinaisons de la "parole du paysage" dans l'œuvre d'Édouard Glissant. De la démesure à l'ancrage, du poétique au politique", Paysages littéraires. Nature, écologie, écocritique dans les littératures caribéennes, dir. Pauline Amy de la Brétèque & Natacha d'Orlando, Paris, Classiques Garnier, 2023, p. 15-32). Les perspectives écopoétiques et l'acte de traduire au sens large l'intéressent plus particulièrement pour sonder ce que peut la littérature.

Jean-Yves CHAPUIS : La ville qui vient, Marcel Hénaff
"On peut parfaitement comprendre que les certitudes fragiles et provisoires de la recherche s’ajoutent aux certitudes fragiles et provisoires de l'action publique" (Bruno Latour)
La ville comme milieu de vie à façonner (autrement dit le paysage urbain) se trouve confrontée à ce défi : elle doit intégrer des compétences multiples des sciences de la vie et des sciences sociales, à côté d'une technicité qui bouge aussi dans les matériaux et l'énergie, ainsi que d'une économie qui se doit d'être humano-centrée. Il ne suffit pas d'ouvrir le champ urbain à de nouvelles compétences qui seraient les unes à côté des autres, mais de faire ensemble et d'accepter que l'autre intervienne sur sa compétence pour produire un projet qui intègre toutes les dimensions. Cela suppose la mise en place d'une ingénierie urbaine inédite capable de socialiser toutes les compétences. Le politique, maître d'ouvrage urbain, a un rôle clé dans ce renouvellement des services de l'aménagement, de l'urbanisme et du développement durable des villes et des agglomérations. Car c'est aussi un bouleversement des autres directions : économie, culture, finances, ressources humaines, gestion. Faire la ville par le paysage ou comme le dit Alfred Peter le regard inversé et plus globalement ne pas considérer que l'urbain est le plein et la nature et la campagne le vide. Tout est plein. Cela suppose ainsi une autre organisation du travail et de la gouvernance.

Jean-Yves Chapuis est né le 14 janvier 1952 à Lyon. Il a fait des études de droit, de sociologie et d'urbanisme. Depuis 1979 il travaille dans l'urbanisme opérationnel. Il a été directeur de l'école d'architecture de Bretagne de 1997 à 2002. Il a été professeur associé à l'I.F.U (aujourd'hui école d'urbanisme de Paris) et enseignant à l'école d'architecture Paris Val de Seine. Élu, 5 mandats (1983 à 2014), à Rennes comme adjoint à l'urbanisme et vice-président des formes urbaines à la métropole. Il est consultant en stratégie urbaine. Il a une triple expérience d'élu, de praticien et d'enseignant. Il est l'auteur des ouvrages : Rennes, la ville archipel, Profession urbaniste, La ville n'est pas figée, L'élu local comme artisan du changement, Faire la Ville ? Quelle Ville ?, Accepter de vivre dans l'intranquillité et Le projet humain avant le projet urbain. Il a coordonné les deux tomes de Villes en évolution de l'Institut des villes.

Jérôme GAILLARDET : Le paysage au prisme de la Zone critique : faire d'une fragilité une force active des transitions
La notion de paysage ne va pas de soi lorsqu'elle est vue à l'aune des sciences expérimentales. Géologique, hydrologique, écologique, géomorphologique, pédologique… : de nombreuses entrées sont possibles que la spécialisation des sciences et des institutions au cours des derniers siècles a trop largement encouragées. La zone critique est une initiative venant des sciences de la Terre et destinée à les reconnecter autour de sites instrumentés — les observatoires de la zone critique — comme autant de laboratoires "in situ". Nous ferons un état des lieux de cette nouvelle "science des lieux" en montrant que même si le nom n'est jamais vraiment prononcé, il s'agit bien d'une science du paysage.

Jérôme Gaillardet est professeur de sciences de la Terre à l'Institut de Physique du Globe de Paris. Géochimiste, il s'intéresse à la manière dont les cycles biogéochimiques régulent l'habitabilité planétaire. Il est le co-fondateur du réseau des observatoires de la zone critique (OZCAR), un réseau d'observatoires pérennes et au long-terme des différentes entités du paysage. Il s'est vu décerner la médaille d'argent du CNRS en 2018 pour ses travaux.

Cyril GOMEL
Dans le cadre de la table ronde "Au-delà du militantisme : la transition par le paysage, un défi politique et économique", Cyril Gomel propose d'évoquer particulièrement la manière dont les savoir-faire, concepts, méthodes, démarches… attachés à l'approche par le paysage peuvent avoir un rôle stratégique à jouer dans la conception et la mise en œuvre de l'action collective, qu'il s'agisse de politiques publiques ou plus largement d'action sociétale. Le contexte actuel de très forte remise en cause de cadres de l'action publique jusque-là vécus comme relativement pérennes, quoiqu'insuffisamment performants, créent l'impératif de réfléchir "en dehors de la boite" et refonder largement les stratégies d'action, sans perdre de vue les fondamentaux, l'importance du temps long et la réalité territoriale, plus largement de l'action de terrain.

Agronome, géographe, ingénieur des ponts, des eaux et des forêts, ancien auditeur de l'Institut des hautes études d'aménagement des territoires, Cyril Gomel s'est précocement orienté vers l'aménagement des territoires, le développement local et l'environnement. Cadre dirigeant des ministères chargés de la cohésion des territoires et de la transition écologique, il a exercé plus de 20 ans des responsabilités de direction et d'expertise pour l'administration d'État, les établissements publics et le monde territorial (directeur de technopole, ancien élu municipal). En 2022, il a créé le cabinet de conseil Novalia Censis pour accompagner acteurs publics et privés dans les champs stratégique et opérationnel liés aux territoires, aux transitions et à l'innovation. Son investissement dans le monde du paysage commence avec sa première expérience professionnelle de maîtrise d'ouvrage au Conservatoire du littoral, en restauration et gestion d'espaces naturels protégés. Il poursuit en tant qu'élu local avec mise en place d'un plan de paysage pour sa commune, remarqué au niveau national. Il intègre en 2023 le collectif Paysages de l'après pétrole (PAP) et contribue à l'établissement d'une note pour la Fabrique écologique sur le rôle des démarches de paysage au service de la transition écologique. Il s'intéresse au lien entre les enjeux et démarches de paysage avec les autres approches de l'aménagement et avec l'action publique.

Vincent GUICHARD
Archéologue de formation, Vincent Guichard dirige le site patrimonial de Bibracte – Mont-Beuvray. Engagé dans la démarche Grand Site de France, il s'intéresse particulièrement au paysage comme levier de projets de territoire.
Publications
"Archéologie et société : quelques enjeux à l'heure de l'Anthropocène", in LEHOËRFF, Anne & GRIMAL, Nicolas (dir.), L'archéologie française en France et à l'étranger. Assises scientifiques, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2025, p. 161-175.
"Du projet de site au projet expérimental de territoire : le cheminement du Grand Site de France de Bibracte – Morvan des Sommets", Culture & Recherche, 46, printemps – été 2024, p. 92-95.
"De l'étude du passé d'un territoire à la définition de son avenir : le rôle-clé de la démarche paysagère", DARD/DARD, 11, automne 2024, p. 13-25.

Sophie MARINOPOULOS : Les paysages font-ils grandir les enfants ?
À l'heure où notre monde pollué ne cesse de modifier notre vie sensorielle, relationnelle, cognitive, affective, émotionnelle, la place de l'enfant dans nos espaces est à interroger. "Vivre c'est vivre avec", c'est entrer en relation pour comprendre le monde, l'interpréter, lui donner du sens et donner corps à son existence dans du désirable. Et le bébé humain se caractérise par cette appétence à mettre le monde en bouche pour s'y confondre puis se différencier. Très vite il réalise qu'il n'est ni un oiseau, ni un arbre, ni la pluie, mais il a la certitude que sa singularité ne l'éloigne pas du vivant mais l'y relie. En avons-nous encore conscience ?

Sophie Marinopoulos est psychologue, psychanalyste, auteure et fondatrice du concept d'accueil solidaire et d'écoute des familles "Les Pâtes au Beurre". Auteure de nombreux ouvrages dont Dites moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va ; Le corps bavard ; Écoutez-moi grandir ; Ce que les enfants nous enseignent aux éditions Les Liens qui Libèrent. En 2019, elle rédige pour le Ministère de la Culture, un rapport en faveur d'une politique culturelle à dimension sociale pour prendre soin des liens parents enfants, rappelant qu'ils sont constitutifs d'une société apaisée. Elle appelle à lutter contre ce qu'elle nomme "la malnutrition culturelle" et lance un appel aux responsables du monde entier pour que l'éveil du jeune enfant devienne un indicateur de richesse inscrit dans les droits de l'enfant et les droits humains. Sophie Marinopoulos est par ailleurs co-fondatrice de la maison d'édition Les Liens qui Libèrent.

Sébastien MAROT : Agriculture et architecture : faut-il (se) préparer (à) un exode urbain ?
On peut considérer que, depuis la "Renaissance", avec la montée en régime progressive de l'économie de marché, l'exode rural, boosté par les enclosures puis par les révolutions industrielles, a été la signature géographique de l'accumulation et de la concentration du capital, et que l'explosion, en densité comme en extension, des territoires urbains, a été la conséquence plus ou moins directe de l'extractivisme énergétique et matériel. Si c'est le cas, alors les grandes préoccupations et impasses environnementales contemporaines peuvent être lues comme les signes de plus en plus clairs qu'un renversement de perspective est aujourd'hui nécessaire, qui éloigne nos sociétés du mode d'usage des sols délétère que représente la mine, pour les rapprocher de celui, beaucoup plus soutenable en principe, que représente le jardin. Telle est l'hypothèse que nous essaierons de faire valoir en tâchant d'imaginer les mondes et les paysages d'un tel exode urbain.

Philosophe de formation, docteur en histoire et titulaire d'une HDR, Sébastien Marot est professeur d'histoire et de théorie de l'environnement à l'École d'architecture de la ville et des territoires de Paris-Est et professeur invité à l'École polytechnique fédérale de Lausanne. De 1987 à 2002 a été délégué général de la Société Française des Architectes à Paris, où il a organisé de nombreuses séries de conférences publiques sur l'histoire et l'actualité de l'architecture, de l'urbanisme et du paysage, puis fondé et dirigé une "revue de critique des situations construites", Le Visiteur, entre 1995 et 2002. Critique, éditeur et traducteur occasionnel (Thomas De Quincey, André Corboz, John Brinckerhoff Jackson, Charles Lamb, Rem Koolhaas & OM Ungers – Berlin, A Green Archipelago –, David Holmgren, …), ses écrits ont d'abord porté sur la généalogie des théories contemporaines de l'architecture, de l'urbanisme et en particulier du paysage ("L'Alternative du paysage", 1995, puis L'Art de la mémoire, le territoire et l'architecture, 1999). Membre fondateur de L'école d'architecture de la ville et des territoires en 1997, il a ensuite enseigné comme professeur invité dans plusieurs écoles d'architecture ou de paysage en Europe et en Amérique du Nord (Architectural Association à Londres, IAUG Genève, Harvard, Cornell, Upenn, ETH Zürich) où ses recherches se sont progressivement orientées vers l'histoire et la théorie de l'environnement, et vers une conception des disciplines de projet comme "arts de l'environnement". À son retour à l'Ensa Paris-Est, il y a fondé la revue Marnes : documents d'architecture, qu'il dirige depuis avec Éric Alonzo. En 2019, pour la Triennale d'Architecture de Lisbonne, il a été le commissaire d'une grosse exposition "Taking the Country's Side : Agriculture and Architecture" qui a voyagé depuis dans plusieurs autres villes d'Europe en s'enrichissant à mesure (Lausanne, Lyon, Bruxelles, Marseille, Grenoble, Nantes). La version française et enrichie du livre éponyme, Prendre la clef des champs : agriculture et architecture, a été publiée chez Wildproject en 2024. L'Académie d'architecture lui a successivement décerné, en 2004 la médaille de la critique d'architecture (pour l'aventure Le Visiteur), en 2010 le prix de la thèse en architecture (pour sa thèse "Palimpsestuous Ithaca : un manifeste relatif du sub-urbanisme"), et en 2020 la médaille de l'enseignement et de la recherche.

Vincent MONTRIEUX
Adjoint au directeur des l'habitat, de l'urbanisme et des paysages au sein de la direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature, elle-même sous l'autorité des ministères de l'aménagement du territoire et de la décentralisation et de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche, Vincent Montrieux participe, au sein de cette direction (et précédemment, de 2020 à 2024, comme sous-directeur de l'urbanisme réglementaire et des paysages) à la détermination et à l'animation de la politique du paysage, de la transition écologique et des interactions entre les deux dans le cadre de l'aménagement du territoire.

Arnaud ORAIN : Des "hectares fantômes" aux "savoirs perdus" : repenser les approches économiques des paysages
Avec l'abandon progressif d'un modèle d'accès aux minerais et à la nourriture par un marché libre supervisé par l'Organisation Mondiale du Commerce, on assiste depuis une quinzaine d'années à une nouvelle "prise de terre" (Carl Schmitt), en particulier en Amérique latine, en Asie du sud-est et en Afrique subsaharienne. Des États et des Compagnies-États ne veulent plus laisser agir les mécanismes concurrentiels pour leurs approvisionnements et cherchent désormais un accès direct à ces ressources : achats et locations de terres outremer (land grab), fourniture des intrants chimiques, des semences et de la logistique, enlèvement de la totalité des récoltes exportées vers le pays investisseur, le tout sans passer par des intermédiaires et par des prix de marché. Fondés sur la notion de "score d'efficacité du paysage" (Banque mondiale), ces nouveaux "hectares fantômes", lié à l'accroissement gigantesque du système plantationnaire, conduisent à d'importants déplacements forcés de populations humaines et non-humaines. Les interactions du vivant sont un impensé de ce phénomène, mais d'autres savoirs économiques, plus anciens ou alternatifs, devraient nous inviter à voir le paysage d'une tout autre manière.

Arnaud Orain est économiste et historien, directeur d'études à l'EHESS (Paris). Ses recherches portent sur l'histoire économique et l'histoire intellectuelle de l'économie des périodes modernes et contemporaines. Il a longtemps travaillé sur l'économie politique du XVIIIe siècle français, en particulier sur le Système de Law, l'anti-physiocratie, ou encore la question des dettes publiques, de la fiscalité et du papier-monnaie. Il s'intéresse aujourd'hui aux liens entre économie et écologie et aux rythmes du capitalisme sur le temps long, et plus précisément au capitalisme illibéral. Ses derniers ouvrages publiés sont Les savoirs perdus de l'économie. Contribution à l'équilibre du vivant (Gallimard, 2023) et Le monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude (Flammarion, 2025).

Olivier RAGUENEAU : Une unis-vers-cité pour l'accroît-sens
Face aux crises écologiques, sociales et démocratiques actuelles, l'humanité est confrontée à des choix fondamentaux qui posent in fine la question du sens, de l'échelle individuelle à celle de notre espèce. Une nouvelle grande transformation est nécessaire aujourd'hui, pour éviter l'effondrement, qui dépasserait grandement l'idée de développement durable et remettrait au cœur celle de futur désirable. L'idée centrale développée dans cette contribution est celle de l'accroît-sens, alternative à la croissance, qui propose une transformation à la fois culturelle, anthropologique et politique. Le travail y joue un rôle clé et son importance sera illustrée à travers l'Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) qui peuvent devenir des espaces d'expérimentation et de démonstration d'une transformation se faisant désirable. En s'appuyant sur les travaux du Réseau des Zones Ateliers (RZA, CNRS Écologie et Environnement) et de l'Expé-1point5 (GDR Labos 1point5) qu'il co-anime, O. Ragueneau développera l'idée clé d'expérimentation, autant pour accompagner les transformations sur les territoires que pour incarner la transformation des pratiques de recherche dans l'optique de limiter leur empreinte environnementale. Penser la question du passage à l'échelle sans monter en généralité, pour envisager une transformation, des transformations davantage systémiques, permettra de reboucler sur la question du travail et d'ouvrir des discussions sur la question de la valeur. Nous le ferons en démontrant la nécessaire recomposition du paysage de la recherche et de la formation, pour faire de l'ESR une véritable unis-vers-cité au service de l'accroit-sens.

Olivier Ragueneau est Directeur de Recherches au CNRS. Formé en biogéochimie marine, il œuvre depuis une quinzaine d'années dans le champ émergent des "sciences transformatives". Tout au long de ses travaux, il a stimulé des interactions diverses à travers plusieurs interfaces : entre disciplines des "sciences de la nature" tout d'abord, entre composantes du système terre ensuite, par exemple entre la surface et le fond des océans ou encore entre terre et mer. Il a ensuite étendu son exploration des interfaces à celle entre grands champs disciplinaires (en particulier avec les sciences humaines et sociales) ainsi qu'à l'interface entre science et société. Il anime depuis 2020 l'Infrastructure de Recherche "Réseau des Zones Ateliers" (CNRS Écologie et Environnement), qui vise à accompagner les transformations sur les territoires, ainsi que l'Expé-1point5 pour explorer différentes façons de limiter l'empreinte carbone des activités de recherche. Depuis une vingtaine d'années, il réfléchit à la question des interactions entre différentes échelles, en particulier celles du global, du local et de l'intime, autour de la dimension éthique du changement climatique. Il est très impliqué dans la mise en place du PEPR TRANSFORM sur la transformation, en particulier dans la création d'un centre national dédié à la mise en lien des expérimentations transformatives qui se déploient un peu partout, pour penser cette question du passage à l'échelle. Il est l'auteur de 72 articles de Rang A et d'une douzaine de chapitres d'ouvrage (liste complète). Il coordonne actuellement, la rédaction d'un ouvrage collectif soumis aux éditions ISTE et à paraître cette année, qui décrit le fonctionnement et l'évolution de l'infrastructure de recherches RZA qu'il coordonne. Il a soumis un manuscrit "Désirer amerrir" à plusieurs maisons d'éditions l'automne dernier, pour prolonger les réflexions de B. Latour sur l'atterrissage et relier ces différentes échelles du global à l'intime autour de cette idée d'accroît-sens.

Rachel RAJALU
Dans le cadre de la table ronde "Paysages en métamorphoses : transformer nos représentations", il s'agira d'évaluer le rôle, la valeur et les significations des pratiques de flânerie quant à nos manières de comprendre les paysages. Marche légère, insouciante, vaporeuse, rêveuse, presque dansée, ouverte aux qualités sensibles des milieux comme aux circonstances, la flânerie relève d'une expérience esthétique. En tant que telle, elle œuvre à une transformation dans nos manières de nous représenter et de pratiquer nos paysages, c'est-à-dire nos milieux de vie. Les paysages n'y sont plus conçus comme des espaces simplement façonnés par notre regard ou par nos interventions techniques mais sont traversés comme des espaces relationnels où la vie de chaque être — y compris la nôtre — dépend de celle des autres. Nous analyserons comment la flânerie concourt au développement d'une conception écologique des paysages et partant sensibilise aux différents soins que nous devons leur porter.

Rachel Rajalu est professeure de philosophie et d'esthétique à l'École supérieure d'art et de design TALM – Le Mans. Elle est docteure en esthétique et études théâtrales de l'université Rennes 2. Ses axes de recherche sont les effets expérientiels de l'art ; la poétique et l'éthique d'une "stylistique de l'existence" par l'art ; les liens entre art, care et politique ; les relations entre peinture, philosophie et scènes contemporaines. La version remaniée de sa thèse de doctorat, Le théâtre et la vie. Éthiques et scènes contemporaines, a paru aux Presses universitaires de Rennes dans la collection "Æsthetica" en octobre 2021. Elle a dirigé l'ouvrage collectif Les flâneries en paysages paru en janvier 2025 aux Presses universitaires de Rennes dans la collection "Arts contemporains". Son dernier livre, La gaieté, sera prochainement publié (janvier 2026) aux mêmes éditions, collection "Épures".

Lucile SCHMID : Politiques : s'emparer de la démarche paysagère
Paysage, un mot que chacun comprend et qui renvoie pourtant à des réalités différentes selon le contexte, les situations. Le paysage est mental autant que physique, c'est aussi un mot que l'on n'a pas besoin d'expliquer contrairement à d'autres mots considérés comme plus savants ou abstraits (par exemple écologie). C'est enfin un terme qui permet de définir et d'imaginer un projet collectif. Comment alors ne pas défendre l'idée que le paysage est aujourd'hui un terme fécond pour donner un contenu aux politiques publiques, favoriser les exercices de démocratie situés dans les territoires, envisager des transformations indispensables en associant dimension technique, économique et culturelle ? L'approche par le projet de paysage permet la confluence des approches. Mais qu'en est-il du passage à l'acte, du lien avec le monde de la décision ?

Lucile Schmid est Administratrice de l'État au Ministère de l'économie et des finances. Co-fondatrice d'un cercle de réflexions sur les enjeux écologiques, elle y est responsable des relations avec le monde universitaire. Haut-fonctionnaire de formation, elle est attachée à la vision d'institutions ouvertes sur la société, vision qu'elle a développée dans différents travaux et ouvrages. Membre du comité de rédaction de la revue Esprit depuis 1996, ses réflexions portent sur l'état de nos démocraties et elle y organise régulièrement des rencontres. Depuis l'automne 2023, elle effectue une mission au sein du mouvement Emmaüs pour y travailler à l'articulation des enjeux sociaux et écologiques.

Lolita VOISIN
Lolita Voisin, paysagiste et docteure en urbanisme, est enseignante-chercheuse à l'École de la nature et du paysage de Blois (INSA Centre-Val de Loire), dont elle a été directrice de 2018 à 2023 et au CRESSON (AAU Grenoble). Ses recherches portent sur la mise en politique du paysage depuis le début du XXe siècle et les expérimentations locales de sa décentralisation. Ses enseignements portent sur les pratiques paysagistes, l'histoire politique du paysage, le projet de paysage, et plus spécifiquement les jeux d'acteurs dans le projet spatial. Elle s'intéresse par ailleurs aux postures d'écoute et réalise plusieurs expériences sonores et radiophoniques.
Dernières publications
Voisin L. et al., "Ouvrir le champ des possibles. Comment les pratiques paysagistes entrent en agriculture ?", Projets de paysage [en ligne], 30 | 2024.
Cénet, A.; Viaud, V.; Voisin, L., "A Methodological Framework to Enhance Potential Spatial Planning to Support Agroecological Transition at the Scale of Local Territories", Land 2024, 13, 1707.
Voisin L., "Chercher les lignes de front du paysage". Entretien avec Anne Sgard, Les Cahiers de l'école de Blois, n°22, "Lignes de Front", Éditions de la Villette, 2024.
Voisin L. et al. (dir.), Les paysages de l'eau, une histoire de relations, Presses Universitaires de Tours, 2024.
Voisin L. et al., Comprendre les paysages agricoles, École de la nature et du paysage Insa Cvl, 2023.
Voisin L., "L'école du futur", Les Cahiers de l'école de Blois, n°21, "Paysages futurs", Éditions de la Villette, 2023.
Bonthoux S., Boulay A., Voisin L. et al., "City dwellers' experiences and attitudes towards wild places based on an urban river", Urban Ecosystems, 2023.
Voisin L. et Gaudin O., "Carnets de ville", série de podcasts, Métropolitiques, 2023-2025.
Voisin L. et Gaudin O., "À l'écoute des situations de travail. Expériences radiophoniques dans une formation de paysagistes", RadioMorphoses [en ligne], 8 | 2022.
L. Voisin, "Gouverner la complexité ? La mobilisation du paysage par les acteurs publics locaux", dans Nouvelles Perspectives en Sciences Sociales, Numéro thématique : "Territoire et complexité", 2015.


Arts et sciences de l'aménagement au défi de l'approche relationnelle du paysage, table ronde animée par Roger GOUDIARD, avec Pascal AMPHOUX [Le paysage n'est pas donné(e), il se construit, il s'écoute, est un rapport au monde, irrécupérable, hors marche], Laetitia CORCELLE [À l'écoute des chants de la Terre], Pierre HAGENBURG [Réseaux d'électricité et approche relationnelle du paysage], Louis HENRY [Énergie et paysage], Patrick MOQUAY et Yves POSS [Les forêts, hier, aujourd'hui et demain]
On parle beaucoup de "démarche paysagère" sans que cette notion n'ait encore été vraiment stabilisée : quelles méthodes ? quels jeux d'acteurs ? quels dispositifs ? etc. Il sera intéressant de réfléchir autour de ces questions ensemble et avec l'auditoire. Pour mémoire, les panelistes représentent un éventail de compétences riche et diversifié : ressources naturelles (Yves Poss), infrastructures (Pierre Hagenburg), métiers du paysage (Patrick Moquay), métiers de l'architecture (Louis Henry), culture artistique (Laetitia Corcelle), géographie (Pascal Amphoux).
Le paysage est le plus souvent abordé en termes d'aménagements, sous-entendus nouveaux, et beaucoup trop rarement en termes de gestion territoriale. Il sera intéressant de débattre de cette dimension, qui fait le quotidien des élus et techniciens locaux et des habitants, confrontés aux paysages ordinaires et familiers dans lesquels ils vivent et dont ils doivent anticiper les évolutions sous contraintes climatiques et écologiques.

Pascal AMPHOUX : Le paysage n'est pas donné(e), il se construit, il s'écoute, est un rapport au monde, irrécupérable, hors marche
Le propos introductif à cette table ronde sera structuré autour de deux questions : "Mais qu'est-ce donc qu'une démarche paysagère ?" ; "Existe-t-il un paysage ordinaire ?". La première sera l'occasion de rappeler que le paysage n'est pas un canton du savoir ou un type morphologique, mais un rapport au Monde, avec deux caractéristiques (parfois oubliées dans la pratique du métier) : son caractère dynamique — vivant, évolutif ; son caractère multi-sensoriel et non seulement visuel. La seconde sera l'occasion de soutenir que l'ordinaire du paysage ne saurait être opposé à l'extra-ordinaire et qu'il peut être envisagé comme un horizon, par principe inatteignable, consistant à faire basculer la pratique de projet de la logique d'aménagement au grand art du ménagement.

Pascal Amphoux est Architecte DPLG, Géographe (REG A). Il est Gérant du bureau d'études CONTREPOINT, Projets urbains, Lausanne (activité indépendante de conception architecturale, urbaine ou territoriale dans le contexte de la transition écologique) ; Chercheur associé au Centre de Recherches sur l'Espace Sonore et l'Environnement Urbain (CRESSON, École d'Architecture de Grenoble, UMR CNRS AAU) ; Professeur des écoles d'architecture (ENSA Nantes, 2003-2021) ; Expert auprès de diverses institutions suisses, françaises ou européennes. Distinctions : Médaille d'argent de l'Académie d'Architecture, Paris, 2006 ; Lapin d'or (prix de la meilleure réalisation suisse en "architecture du paysage"), Zürich, Hochparterre, 2008 ; Flâneur d'or (prix suisse des aménagements piétons), Zürich, 2008. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et publications scientifiques portant notamment sur les rapports entre la pratique du projet, l'esthétique paysagère et les méthodes des sciences sociales.
https://cv.hal.science/pascal-amphoux

Laetitia CORCELLE : À l'écoute des chants de la Terre
Réflexions sur les liens concrets entre paysage et musique, sur la dimension vivante qui les caractérise, et comment cela peut se transmettre artistiquement.
Tout comme en peinture, le paysage a largement inspiré les musiciens de tous siècles. Cela constitue un immense répertoire aux multiples facettes, passionnant à découvrir et interpréter. Un lien plus profond encore entre musique et paysage est tout simplement l'espace : le son se propage dans un espace, ce faisant, il le dessine et l'anime. Ainsi la musique, tout comme le paysage, ne peut pas se résumer à une fonction de décor inanimé. Comment faire ressentir cela à un public au cours d'un concert ? Cas pratique autour des Chants de la Terre, concert de l'ensemble Ô, où dialoguent la voix du monde sauvage, enregistrée et composée par l'audio-naturaliste Fernand Deroussen, et les voix humaines des huit chanteurs Ô.

Pierre HAGENBURG
Pierre Hagenburg est chargé d'études au sein du Département Concertation et Environnement de la direction nationale Développement et Ingénierie de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité. Au sein de ce service, il collabore avec la Chaire Paysage et Énergie, co-fondée avec l'ENSP et l'ADEME, pour faire évoluer les représentations et les imaginaires autour du réseau électrique dans le contexte de la transition énergétique et d'un recours accru à l'électricité. En parallèle, il coordonne pour RTE les recherches-actions menées avec la Chaire sur des projets de réseau et contribue à la capitalisation de leurs enseignements en vue de faire progresser les outils, les méthodes et les formations internes de RTE pour articuler la phase de conception et de concertation des projets avec une démarche de paysage.

Louis HENRY : Énergie et paysage
Tous les moyens de ce que l'on appelle production d'énergie, et qui n'est en réalité que le processus de conversion d'une autre source d'énergie, est un élément constitutif du paysage (pour rappeler les plus courants : l'énergie chimique, la combustion, la fission nucléaire, la fusion nucléaire). Pour l'énergie électrique, les centrales hydroélectriques, les usines marémotrices, les cellules solaires, les générateurs, éoliennes et moteurs, sont directement visibles dans le paysage. Il n'y a que la géothermie qui, enfouie dans le sol, soit discrète. C'est pourquoi chaque projet de "production" d'énergie suscite controverses et oppositions pour aboutir parfois aux solutions les plus dommageables. Or nous sommes tous consommateurs d'énergie. Le projet "Paysages" propose d'expérimenter sur deux territoires, piloté par l'INRAE et l'ADEME, accompagné du MNHN pour la partie sciences participatives, du Paysage de l'Après Pétrole et avec le soutien de l'Institut CDC pour la recherche, une approche de co-construction des projets qui peut se résumer en trois points, sur une collectivité locale : Quelle est la quantité d'énergie électrique dont vous avez besoin ? ; Par quel moyen voulez-vous la produire ? ; Comment et où souhaitez-vous l'inscrire dans le paysage ?

Louis Henry est architecte, urbaniste et photographe. Il a exercé une activité de maîtrise d'œuvre en produisant plusieurs écoles en bois. Il a été maître d'ouvrage pour la construction de logements et d'équipements hospitaliers. Il a été impliqué dans la production de nombreux projets de renouvellement urbain. Après avoir étudié la production des logements et de quartiers accueillants à la présence de la nature aux Pays-Bas et en Suède, il a été à l'initiative des 13 premiers écoQuartiers en France puis, dans le cadre du "programme des investissements d'avenir" il a participé au programme Ecocité. Louis Henry a suivi le cycle de l'IHEDATE avant d'intégrer l'Institut de la Caisse des dépôts pour la recherche. Il accompagne depuis 2025 plusieurs projets articulés autour de la poésie et l'image en tant que moyen d'approcher la définition du lien entre la ville et les vivants qui l'habitent. Louis Henry a intégré le collectif PAP. Son action a consisté et consiste à tisser les nombreux fils qui se présentent devant lui.

Yves POSS : Les forêts, hier, aujourd'hui et demain
Vues de dessus, de l'extérieur, ou du dessous, quand chacun pénètre sous leurs frondaisons, les forêts sont un élément des paysages actuels ; elles effacent peu à peu les marques apportées par le passé. Elles subissent, s'adaptent, et probablement de plus en plus, à l'influence des changements globaux liés au développement de l'humanité. Mais elles restent un formidable milieu de vie, où flore, fonge et faune luttent, s'entraident, se côtoient pour poursuivre et prolonger, chacune pour soi, leur existence. Ces trois dynamiques coexistent, souvent complétées par une gestion, par des actions qui veulent orienter l'avenir des peuplements. pour satisfaire les multiples exigences des humains présents, et leur vision d'un futur probable ou désirable.

Yves Poss est Ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts, retraité. Il a poursuivi sa carrière auprès de divers ministères, et avec des localisations variées, centrée, globalement, sur l'aménagement rural et la filière forêt bois et avec un dernier poste auprès de l'équipe aménagement du territoire d'AgroParisTech de Clermont-Ferrand. Il suit à présent la politique forestière, et en particulier sur le plateau de Millevaches, au sein du conseil scientifique et de prospective.
En savoir plus : www.yvesposs.com


PRÉSENTATION DU WORKSHOP :

"De Cerisy à la baie des Veys : Archipel 2075" | Programme à télécharger

À quoi ressemblera le paysage post anthropocène ?

Si l'anthropocène est la marque d'une sur-emprise humaine mortifère sur la planète, comment façonner des milieux plus favorables à la vie ?

À partir d'une situation réelle proche de Cerisy, les problèmes et les risques contemporains, intégrant le climat, la biodiversité et le lien social, seront décryptés d'entrée. Sur cette base, une approche sensible et documentée identifiera les valeurs paysagères en place ou latentes, et servira de tremplin à l'imaginaire. Le paysage comme relation sera la méthode mise en place, et la figure de l'archipel sera convoquée pour construire le récit spatialisé d'une attention renouvelée au vivant humain et non humain dans leurs interrelations et cohabitations.

Le débat final fera la part entre les métamorphoses écologique et sociales à engager : effectives et affectives, objectives et subjectives, matérielles et immatérielles, scientifiques et esthétiques, techniques et culturelles.

Le Syndicat Intercommunal d'Aménagement Touristique et Rural (SIATR) du Pays des marais réunissant les communes de Feugères, Marchésieux et Saint-Martin d'Aubigny accueille l'exploration prospective :
https://www.s-pass.org/de/portail/782/metamorphoses-par-le-paysage.html

Avec la participation des étudiants :
- de l'ENSP (Corentin BARET, Oscar BRUNET, Benjamin MANN, Claire SARTON) ;
- de l'ENSCI (Lucas GUILLEMIN, Martin GUYOT) ;
- de BTS du Campus Métiers Nature de Coutances (Enguerrand BAZIRE, Anaïs LEJUEZ).

Encadrants et organisateurs :
Simon BOUCHAUDY, Designer et vidéaste
Emmanuel FAUCHET, Directeur du C|A.U.E de la Manche
Stéphanie LANGEVIN, Paysagiste du C|A.U.E de la Manche
Clémence MATHIEU, Paysagiste et plasticienne

L'intervention des élus du SIATR du Pays des marais :
Bruno HAMEL, Maire de Saint-Martin d'Aubigny, Président du SIATR du Pays des marais
Joël BEUVE, 3ème Adjoint, Saint-Martin d'Aubigny, Délégué du SIATR du Pays des marais
Nicolas JEANSON, Maire de Feugères, Délégué du SIATR du Pays des marais
Vanessa DAUVERS, Conseillère municipale, Déléguée du SIATR du Pays des marais, suppléante aux affaires scolaires, Feugères
Anne HÉBERT, Maire de Marchésieux, Déléguée du SIATR du Pays des marais
Rolland LEPUISSANT, 1er Adjoint, Délégué du SIATR du Pays des marais

L'implication de personnes ressources :
Frédéric GRESSELIN, Chargé de mission développement de la connaissance sur les milieux - SMCAP/PETRA, DREAL Normandie
Joëlle RIMBERT, Pôle Aménagement, développement et cadre de vie, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin
Gérard TAPIN, Ancien maire du village de Marchésieux, érudit local

L'accueil et l'accompagnement d'acteurs du territoire :
Martin GOSSELIN, Technicien bocage, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin
Erwann PATTE, Responsable communication en charge de l’inventaire du bâti terre, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin
François-Marie HÉBERT, Président, ADEN – filière bois-énergie
François-Xavier RIBET, Co-président, ADAME des Marais – éducation populaire à l'environnement
Émilie et Maxence CALAIS, Agriculteurs sur la commune de Marchésieux - élevage de vaches laitières, GAEC des Normandistes
Aurélie BOURRASSIN, Entrepreneuses, Les Laines sous les pommiers

Avec la participation d'Aurélie AUGÉ (Documentaliste en charge de la médiation culturelle au C|A.U.E de la Manche) et le compagnonnage de l'équipe du C|A.U.E de la Manche : Arnaud DOLLÉ (Urbaniste conseiller), Nicolas DURAND (Thermicien), Jean-Jacques ERNAULT (Architecte conseiller), Marion GOBIN (Urbaniste conseiller), Laure GROZNYKH (Architecte conseiller), Cécile GUILLOPÉ (Paysagiste conseiller).


BIBLIOGRAPHIE :

• Aït-Touati Frédérique & Latour Bruno, Trilogie terrestre, Éditions B42, 2022.
• Ambroise Régis & Marcel Odile, Aménager les paysages de l'après-pétrole, Éditions Charles Lépolod Mayer, 2015.
• Amphoux Pascal, Ambiances en débats, Éditions À la Croisée, 2004.
• Besse Jean-Marc, La nécessité du paysage, Éditions Parenthèses, 2018.
• Casati Roberto, Philosophie de l'océan, Presses universitaires de France, 2022.
• Chapuis Jean-Yves & Viard Jean, Rennes la ville archipel, Éditions de l'Aube, 2013.
• Dufumier Marc, La transition agroécologique : qu'est-ce qu'on attend, Éditions Terre vivante, 2023.
• Folléa Bertrand, L'Archipel des Métamorphoses – La transition par le paysage, Éditions Parenthèses, 2019.
• Folléa Bertrand, Thibault Jean-Pierre & coll., "Réussir la transition écologique par l'approche paysagère", Note de La Fabrique Écologique, n°50, 2024.
• Gaillardet Jérôme, La Terre habitable ou l'épopée de la zone critique, Éditions La découverte, 2023.
• Glissant Édouard, Philosophie de la relation, Éditions Gallimard, 2009.
• Ingold Tim, Marcher avec les dragons, Éditions Points, 2018.
• Lanaspèze Baptiste, Les pensées de l'écologie, un manuel de poche, Éditions Wildproject, 2021.
• Magnaghi Alberto, Le projet local, Éditions Mardaga, 2003.
• Marinopoulos Sophie & Trubert Henri, Relions-nous – La constitution des liens, Les liens qui libèrent, 2021.
• Marinopoulos Sophie, Ce que les enfants nous enseignent, Les liens qui libèrent, 2024.
• Marot Sébastien, Prendre la clef des champs – agriculture et architecture, Éditions Wildproject, 2024.
• Moquay Partrick (dir.), Jardins en société, Hermann Éditeurs, Coll. "Les traversées de Cerisy", 2022.
• Morin Edgar, Introduction à la pensée complexe, Éditions Seuil, 2005.
• Morizot Baptiste, Manières d'être vivant, Éditions Actes Sud, 2022.
• Orain Arnaud, Les savoirs perdus de l'économie, Éditions Gallimard, 2023.
• Ragueneau Olivier, Changement clim-éthique "Agir Global, Penser Local" et autres retournements jubilatoires, Éditions Librinova, 2020.
• Rajalu Rachel (dir.), Les flâneries en paysage, Presses Universitaires de Rennes, "Art contemporain", 2024.
• Schmid Lucile, Les mondes de l'écologie, Revue Esprit, 2018.
• Thibault Jean-Pierre, Aménager les territoires du bien-être, Éditions Le Moniteur, 2023.
• Voisin Lolita, Morisseau Gregory & Servain Sylvie, Les paysages de l'eau - Une histoire de relations, Presses universitaires Francois Rabelais, 2024.


SOUTIENS :

• Chaire Paysage et énergie | École nationale supérieure de paysage (ENSP)
C|A.U.E de la Manche
Institut pour la recherche | Groupe Caisse des Dépôts

Publication 2024 : un des ouvrages


Poésie et politique dans les mondes nordiques et normands médiévaux (IXe-XIIIe siècle)

POÉSIE ET POLITIQUE DANS LES MONDES NORDIQUES ET NORMANDS MÉDIÉVAUX (IXe-XIIIe SIÈCLE)


Alban GAUTIER, Marie-Agnès LUCAS-AVENEL, Laurence MATHEY-MAILLE (dir.)


Le volume réunit les actes du colloque qui s'est tenu à Cerisy-la-Salle du 29 septembre au 3 octobre 2021. Les rapports entre poésie et politique ont été interrogés par des historiens et des spécialistes des littératures latines et vernaculaires des mondes nordiques et normands du IXe au XIIIe siècle. Les poèmes étudiés ont été composés dans différentes langues parlées sur un vaste territoire, celui des diasporas vikings et normandes, qui va de l'Islande à la Scandinavie, aux îles Britanniques, à la Normandie et jusqu'à l'Italie méridionale. Les contributions sont rassemblées autour de trois thématiques, le pouvoir et les armes, le pouvoir et les dieux, le pouvoir et les lettres. Elles étudient la manière dont la poésie s'inspire d'un contexte politique particulier ou l'éclaire, peut véhiculer des valeurs ou promouvoir une idéologie au service du pouvoir et, par un effet de réciprocité, comment les rapports du pouvoir fournissent l'occasion ou le prétexte de la composition poétique.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2021) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°683]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Presses universitaires de Caen

Collection : Symposia

ISBN : 978-2-38185-223-2

Nombre de pages : 336 p.

Prix public : 18 €

Année d'édition : 2024

Témoignage

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"CERISY, UNE MICRO-SOCIÉTÉ INTELLECTUELLE HÉRITÉE DE PONTIGNY"

RENCONTRE AVEC CATERINA ZAMBONI RUSSIA


Du 21 au 27 septembre dernier, s'est déroulé le colloque La performance comme méthode. Quand les arts vivants rencontrent les sciences sociales. En voici un écho à travers le témoignage d'une auditrice italienne, Caterina Zamboni Russia, qui a consacré son mémoire de master de philosophie… à Pontigny. Mémoire, qui a déjà donné lieu, en Italie, à une publication sous le titre de La plus petite République d'Europe (traduction du titre italien). Forcément, nous avons voulu en savoir plus sur ce mémoire ainsi que sur la manière dont elle avait vécu cette seconde expérience cerisyenne — elle avait assisté en 2022 au colloque L'historien sur le métier : conversations avec Carlo Ginzburg.

Sean Hardy, Théo Heugebaert, Catarina Zamboni Russia,
Luca Chantemerle, Alice Barbaza


Vous avez publié un mémoire de master sur Pontigny. Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à ce lieu ?

Caterina Zamboni Russia : Avant de rédiger ce mémoire, j'en avais consacré un à Rachel Bespaloff, une écrivaine et philosophe franco-américaine, qui se trouve avoir découvert l'existence des Décades de Pontigny lors de son exil aux États-Unis, dans les années 1940. C'est ce que j'ai moi-même découvert en lisant un de ses textes où une note de bas de page les mentionnait. Or, moi, à l'époque, j'ignorais tout de Pontigny et de ses Décades. Portée par la curiosité, j'ai donc voulu en savoir plus. C'est ainsi que j'ai découvert l'existence de ce lieu si important dans l'histoire intellectuelle et culturelle française, mais aussi européenne, ainsi que les entretiens qui avaient été organisés aux États-Unis, pendant la Seconde Guerre mondiale, par des intellectuels en exil qui y avaient séjourné.

Quelles ont été vos sensations en découvrant que ce qui n'était qu'une note de bas de page était une abbaye où s'étaient déroulées plusieurs Décades de 1910 à 1939, hormis quelques années d'interruption durant la Première Guerre mondiale ?

Caterina Zamboni Russia : J'ai été et suis encore très impressionnée par la richesse des échanges produits par un collectif qui était à l'avant-garde des débats intellectuels touchant aussi bien à la littérature, à la philosophie qu'à des enjeux de société. Je crois que c'est unique dans l'histoire culturelle européenne comme dans le reste du monde. Je n'ai pas manqué non plus d'être surprise en découvrant la figure de Paul Desjardins et son ambition de créer une "République des idées", ouverte à des esprits d'horizons différents. Et je trouve incroyable que cela se soit perpétué jusqu'à nos jours, dans le cadre, désormais, de Cerisy.

Avant d'en venir à Cerisy, j'aimerais savoir si vous avez poussé la curiosité jusqu'à vous rendre à l'Abbaye de Pontigny en plus de consulter des archives…

Caterina Zamboni Russia : Oui, bien sûr ! Je m'y suis rendue il y a deux ans, en 2022. J'ai été un peu peinée de découvrir que le lieu n'accueillait plus la moindre activité — j'ai appris depuis que la propriété a été acquise par un industriel qui en fera un centre dédié à la Terre. Cela dit, on peut imaginer tous ces débats, tous ces échanges, qui y eurent lieu il y a plusieurs décennies. C'était d'autant plus émouvant pour moi d'être là que jusqu'alors j'avais étudié l'histoire de Pontigny à partir d'archives, de manuscrits. Cette fois, le lieu m'apparaissait tel que Gide et tant d'autres avaient pu le percevoir, dans sa matérialité. D'autant que l'abbaye est encore en très bon état.

Depuis ce mémoire, vous avez poursuivi en thèse. Sur quel sujet ?

Caterina Zamboni Russia : Sur les micro-sociétés intellectuelles, en Italie, mais aussi en France et dans le reste de l'Europe, l'enjeu étant de voir comment se construisent des conditions favorables aux échanges, à un dialogue, à une sociabilité intellectuelle, comme cela a été le cas à Pontigny. Par micro-société intellectuelle j'entends au fond ce que Derrida disait à propos de Cerisy : une "contre-institution philosophique", au sens où elle ne s'inscrit pas dans le milieu académique, universitaire, mais en dehors de lui, et où néanmoins des universitaires, des académiques, de différentes disciplines peuvent se rencontrer, dialoguer, en dehors de toute relation hiérarchique, dans une certaine spontanéité. C'est précisément en cela que le principe des micro-sociétés intellectuelles m'intéresse et m'intrigue, car leur fonctionnement va à rebours du fonctionnement habituel, "normal", d'une société. Comment est-ce néanmoins possible, à quelles conditions ? C'est ce que je m'emploie à comprendre en comparant différents cas italiens, français et d'autres pays européens.

Qu'est-ce qui vous a motivée à venir en ce mois de septembre 2024 à Cerisy pour ce colloque ?

Caterina Zamboni Russia : Je précise que ce n'est pas la première fois que je me rendais à Cerisy. J'y étais déjà venue, en 2022, à l'occasion du colloque en forme de conversations avec Carlo Ginzburg.

Quelle fut votre impression en entrant dans le hall où on peut découvrir, juste à gauche, un grand portrait de Paul Desjardins ? En voyant comment "la plus petite République d'Europe" avait perduré d'un lieu (en Bourgogne) à un autre (en Normandie) ? Y avez-vous vu la démonstration du fait qu'une micro-société intellectuelle peut voyager dans le temps comme dans l'espace ?

Caterina Zamboni Russia : C'est une caractéristique importante que j’'avais déjà soulignée en pointant la capacité des Décades de Pontigny à se déplacer de l'autre côté de l'Atlantique, à l'initiative d'intellectuels exilés. J'aime beaucoup cette idée d'une micro-société qui puisse évoluer, y compris dans ses modalités d'organisation, tout en préservant l'esprit d'un lieu originel et ce, dans la durée. Car, faut-il le rappeler ? Pontigny-Cerisy, c'est désormais plus d'un siècle d'existence. C'est bien la preuve qu'il y a quelque chose qui nous dépasse et qu'il faut valoriser, préserver au fil des générations.

Malgré les bouleversements affectant les moyens de transport, de télécommunication…

Caterina Zamboni Russia : En effet. Mais justement, ce qui fait la force d'une micro-société intellectuelle comme Cerisy, c'est qu'elle s'incarne dans un lieu bien défini, chargé d'histoire. Et le fait que ce soit dans un milieu rural joue paradoxalement en sa faveur : quand on a fait l'effort de s'y rendre, on y reste aussi longtemps que possible. J'aime aussi cette idée que des personnes décident de s'y rendre tous, en même temps, et d'y rester tout ou partie le temps d'un colloque. Car c'est quelque chose d'assez rare de nos jours.

En revenant à Cerisy avez-vous eu la sensation de retrouver un lieu familier ?

Caterina Zamboni Russia : Oui, même si je perçois une différence d'un colloque à l'autre. Le premier avait une tonalité plus académique dans son organisation et le profil des participants : il réunissait pour l'essentiel des historiens, pour la plupart italiens. Ce colloque-ci, avec ses ateliers, la volonté des directeurs d'être plus dans le faire que dans le dire, est différent et fut une agréable surprise pour moi. Je trouve intéressant de voir comment Cerisy parvient à se renouveler tout en préservant l'essentiel, sa sociabilité, sa capacité à favoriser l'échange par-delà les disciplines.

Qu'est-ce qui vous a motivée à y revenir : la perspective de travailler sur des archives conservées à Cerisy ? La possibilité d'éprouver la sociabilité cerisyienne, d'en saisir les ressorts in situ, dans une démarche d'observation participante ?

Caterina Zamboni Russia : Les deux ! La perspective de me plonger dans les archives du Centre, mais aussi de revivre l'expérience de Cerisy.

Y avez-vous fait une découverte ?

Caterina Zamboni Russia : Oui !

Laquelle ?

Caterina Zamboni Russia : J'ai découvert un texte de Desjardins dans lequel il témoigne de sa visite de l'Abbaye de Port-Royal des Champs et de l'envie qu'elle lui a inspiré de créer un lieu d'échange… Ce que devait devenir plus tard l'Abbaye de Pontigny.

Merci pour cette révélation ! Pourquoi avoir choisi de revenir à l'occasion du colloque La performance comme méthode. Quand les arts vivants rencontrent les sciences sociales

Caterina Zamboni Russia : Il m'a paru le plus adapté pour comprendre les ressorts de la sociabilité cerisyenne. Dans la présentation qui en était faite, un mot a particulièrement retenu mon attention : celui de "coprésence". Or il me semble que c'est cette coprésence, au milieu de personnes venant de disciplines scientifiques ou artistiques différentes, qui fait la particularité du lieu, des échanges qui s'y produisent. J'ai eu la sensation d'éprouver ce qu'a pu être Pontigny du temps de Desjardins. J'ai pu échanger avec des universitaires de différentes disciplines, des chercheurs, des doctorants, ainsi qu'avec des artistes, scénographes, qui sont eux-mêmes dans une démarche de recherche. J'ai pu aussi apprécier leur envie de s'inscrire dans une démarche collective, même si les colloquants étaient invités à se répartir dans des ateliers différents — il y eut néanmoins des séances communes, sans compter les repas qu'on prend ensemble. S'il y a donc un autre mot à mettre en avant, c'est celui du "partage" — des idées, des connaissances, des expériences…

À Cerisy, on prend effectivement les repas ensemble. Est-ce quelque chose à laquelle vous reconnaissez une vertu particulière ?

Caterina Zamboni Russia : Oui, absolument, car cela est propice à des échanges informels, naturels, sans formalisme. À Cerisy, on s'attable sans connaître par avance ses voisins. On peut se retrouver devant des spécialistes de tel ou tel domaine, dans telle ou telle discipline, étrangers aux siens, mais avec lesquels on peut partager le plaisir de manger ce qu'il y a dans nos assiettes. Cela aide à entrer dans des rapports conviviaux, qui se prolongent dans les moments de communication ou dans le cadre des ateliers que j'évoquais.

Un mot encore sur votre mémoire. Quel en a été la réception en Italie ?

Caterina Zamboni Russia : Depuis sa parution à la fin de l'année 2023, j'ai eu l'occasion de le présenter en diverses occasions. Il y a quelques jours encore, j'ai participé, en Italie, à un festival, "Il rumore del lutto" (Le bruit du deuil), où j'ai évoqué le fait que l'un des fils de Paul Desjardins était enterré au cimetière de Pontigny — ce qui avait été d'ailleurs un des motifs de la création des Décades à cet endroit. J'y vois, ainsi que je l'ai souligné lors de cette intervention, la capacité de Paul Desjardins à créer quelque chose de l'ordre du partage, à partir d'une expérience dramatique comme celle, pour un père, de perdre un fils.

Propos recueillis par Sylvain ALLEMAND
Secrétaire général de l'AAPC

Témoignage

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"RESSENTIS D'UNE STAGIAIRE AU SEIN DU CCIC"

RENCONTRE AVEC THERESA BARTINGER


Autrichienne, Theresa Bartinger étudie le latin et le français qu'elle enseigne déjà en parallèle, dans un lycée privé de Graz. Elle a fait le choix de mettre à profit l'été pour faire un stage au Centre culturel international de Cerisy. À quelques jours de son départ (et de sa double rentrée "scolaire"), elle a bien voulu témoigner de son expérience.

Fabienne Peyrou, Theresa Bartinger, Edith Heurgon


Si vous deviez vous présenter ?

Theresa Bartinger : J'étudie le latin et le français dans la perspective de devenir enseignante. En parallèle, j'enseigne déjà le latin dans un lycée de Graz. La rentrée y débute d'ailleurs dès le lendemain de mon départ de Cerisy, le 6 octobre prochain — je ferai entretemps une escale à Paris.

Nous faisons l'entretien à une semaine de ce départ, et donc un mois après votre arrivée. Comment l'idée vous-est-elle venue de faire un stage à Cerisy ?

Theresa Bartinger : Je dois à la vérité de dire que je ne connaissais pas Cerisy avant de postuler pour un stage. C'est mon professeur de littérature qui m'a incitée à le faire : il connaissait le lieu pour y être déjà allé, et il avait vu l'annonce que Cerisy avait diffusée dans ses réseaux. Naturellement, j'ai été intéressée et ai donc postulé. La suite vous la connaissez !

La première fois que je vous ai vue, c'était à l’occasion du colloque Ports et portes. Je pensais que vous étiez arrivée depuis déjà plusieurs semaines, tant vous paraissiez familière avec le lieu. En réalité, vous y étiez arrivée la veille… Comment expliquez-vous le fait de ne pas avoir semblé plus impressionnée que cela ?

Theresa Bartinger : Impressionnée, je l'étais — je n'ai pas eu souvent l'occasion de vivre dans un château ! Mais en arrivant la veille du jour de démarrage du colloque, j'ai eu le temps de le découvrir en me baladant autour, de visiter aussi chacune des pièces, chacune des chambres. Tant et si bien que, dès le lendemain, le jour de l'arrivée des colloquants, le lieu m'a paru déjà un peu familier.

Qu'avez-vous fait au cours de ce stage ?

Theresa Bartinger : J'ai travaillé directement avec l'équipe du secrétariat du CCIC. Une de mes premières missions consistait, comme je l'ai dit, à accueillir les participants des colloques — en plus de répondre à leurs questions, je gérais le planning des arrivées et des départs, m'occupais du règlement de leur séjour. J'ai été aussi en charge de la gestion des publications du CCIC (les actes de colloque, pour l'essentiel). À la suite des stagiaires précédentes et avec l'aide d'autres personnes, j'ai participé au réaménagement complet du lieu de stockage des publications en vente. Enfin, à l'occasion de chaque colloque, avec le concours d'Edith (Heurgon), j'organisais les désormais fameuses "bibliothèques éphémères" à l'occasion desquelles sont exposés les actes en rapport avec la thématique du colloque en cours. De temps à autres, j'ai assisté à des communications. Une chance ! De même le fait de pouvoir partager les repas avec les colloquants.

Au-delà de cela, quels souvenirs gardez-vous de ce stage ? Des moments vous ont-ils particulièrement marquée ?

Theresa Bartinger : Deux me reviennent spontanément à l'esprit. Le premier a à voir avec le premier colloque auquel j'ai assisté : Ports et portes. Un doctorant suisse y participait. Il se trouve que mon propre compagnon a grandi en Suisse et que son frère n'était autre qu'un très bon ami de ce doctorant suisse !

"Le monde est décidément petit !"

Theresa Bartinger : C'est ce que je me suis dit, mais en trouvant que c'était particulièrement le cas à Cerisy ! La suite devait me confirmer que c'est un lieu particulier où peuvent se rencontrer des gens qui ne se connaissent pas forcément, mais qui se découvrent des liens improbables !

Et le deuxième moment vous ayant marquée, quel est-il ?

Theresa Bartinger : C'est la soirée organisée dans les caves du château, à l'issue du colloque La performance comme méthode. Quand les arts vivants rencontrent les sciences sociales (rires). Les colloquants y dansaient ou jouaient au ping-pong. C'était comme la version in du colloque off, à l'image du Festival d'Avignon. Personnellement, j'ai eu l'impression de faire plus ample connaissance avec les colloquants à ce moment-là, mais sans avoir, cette fois, besoin de recourir à la parole !

Qu'en est-il de votre impression quant au rapport de Cerisy au monde, à son actualité. Parleriez-vous d'un temps de déconnexion ou, au contraire, d'un autre mode de connexion avec eux ? Personnellement, j'ai l'impression que son actualité continue à s'inviter, ne serait-ce qu'à travers les journaux, et les commentaires qu'en font les colloquants, lors de communications ou des échanges plus informels.

Theresa Bartinger : Oui, en effet, à Cerisy, je n'ai pas eu l'impression d'avoir été coupée du reste du monde. Et cela ajoute encore au caractère paradoxal de Cerisy, car il faut rappeler que le CCIC se trouve dans un village d'à peine un millier d'habitants. D'ailleurs, des proches se sont inquiétées de savoir si je ne craignais pas de me retrouver seule, enfermée dans un château, tributaire des autres pour me déplacer — je n'ai pas de voiture. En fait, je n'ai pas eu ce sentiment. C'est même tout le contraire ! Et je crois que ça tient à la magie de Cerisy : les colloques s'enchaînent avec, à chaque fois, des groupes de personnes différentes, qui arrivent avec leur vécu, leurs questionnements, leur regard sur l'actualité, le monde. Bref, ici, nous sommes dans un changement perpétuel, dans un lieu qui, lui, reste le même. Ce qui est plutôt rassurant.

Repartez-vous avec le sentiment d'être transformée ?

Theresa Bartinger : Transformée ? Non, je ne dirai pas cela. Je n'ai pas le sentiment d'être devenue une autre personne ! En revanche, je pense avoir évolué dans ma manière d'aborder les gens, de faire connaissance avec eux en commençant déjà par apprendre à retenir leurs noms et prénoms ! Mais aussi en cherchant à établir un lien. Mieux à en découvrir un, direct ou indirect — comme avec cet étudiant suisse.

Y-a-t-il un équivalent au CCIC en Autriche ?

Theresa Bartinger : Des colloquants m'ont posé la question. La réponse est non, autant que je sache. J'ignore donc si je pourrai revivre cette expérience dans mon propre pays. Mais j'en garde l'espoir.

C'est un lieu où on peut faire l'expérience unique, dans la durée d'un colloque de plusieurs jours, de se confronter à l'altérité au travers de ces colloquants qui viennent des quatre coins de France et même de l'étranger, de différentes disciplines ou professions, de différentes générations et qui pratiquent des langues différentes, qu'elles soient maternelles, professionnelles, disciplinaires… On apprend en conséquence à y avoir des "égards ajustés" (selon la formule du philosophe Baptiste Morizot). Ces propos font-il sens pour vous ?

Theresa Bartinger : Oui, je suis tout à fait d'accord et sensible à cette idée de prendre en considération toutes les langues : étrangères, mais aussi universitaires, professionnelles et autres.

Propos recueillis par Sylvain ALLEMAND
Secrétaire général de l'AAPC

Publication 2024 : un des ouvrages


FRANCISCO VARELA

UNE PENSÉE ACTUELLE


Natalie DEPRAZ (dir.)


Francisco Varela a contribué de manière significative au développement du champ des sciences cognitives en proposant, dès les années 1970, avec son professeur Humberto Maturana, la formulation de sa théorie du vivant, l'autopoïèse, dont la résonance a été déterminante, au-delà même du champ de la biologie, dans les domaines artistiques et éducatifs. Dans les années 80-90, du sein des théories de l'émergence, il a construit une nouvelle théorie : l'énaction. Au contact de la phénoménologie, il a forgé une approche novatrice de la conscience à partir de la dynamique neuronale tout en lui étant irréductible : la neurophénoménologie. Parallèlement, il fondait le Mind and Life Institute, lieu de dialogue avec le Dalaï Lama et de réflexion sur les liens possibles entre sciences et pratiques contemplatives, notamment la méditation.
Vingt ans après sa disparition, il est essentiel de revisiter sa pensée et de mesurer son influence dans les nombreux champs et disciplines actuels qui font fructifier sa pensée. Ce colloque tenu à Cerisy en 2022 propose un dialogue entre sciences naturelles et sciences humaines, art et science, science et philosophie. Il sera aussi l'occasion, grâce à diverses performances artistiques, de réfléchir à une mise en pratique de l'interdisciplinarité.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2022) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°682]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Hermann Éditeurs

Collection : Colloque de Cerisy

ISBN : 979-1-0370-3954-5

Nombre de pages : 344 p.

Prix public : 35 €

Année d'édition : 2024

Publication 2024 : un des ouvrages


JULIA KRISTEVA

RÉVOLTE ET RELIANCE


Sarah-Anaïs CREVIER GOULET, Keren MOCK, Nicolas RABAIN, Beatriz SANTOS (dir.)


Toujours en acte, la pensée de Julia Kristeva est à l'écoute des bouleversements de l'histoire, des théories et des disciplines, tout comme des enjeux contemporains et des questions éthiques. Conçue dans les mouvements de révolte et de reliance, elle prend ancrage au cœur de ce qui relie l'intime et le social-historique : là se trouve la force créative d'une œuvre protéiforme, dont le rayonnement dépasse cultures et disciplines.
L'exigence de la vision humaniste de l'autrice oblige à suivre l'héritage des Lumières : c'est en confrontant les points de vue que, dans le vaste ensemble de leurs enchevêtrements, la complexité se dévoile. De la signifiance au récit intertextuel, de l'inscription inconsciente aux limites de la vie, de la révolte adolescente à la violence des pouvoirs de l'horreur, des portraits littéraires aux expressions esthétiques et artistiques, du besoin de croire à la pulsion de savoir, les trois volets de cet ouvrage, issu du colloque de Cerisy tenu en 2021 (humanités, littérature, psychanalyse), permettront de considérer à sa juste mesure la singularité du parcours kristévien.
Sans pour autant prétendre à l'exhaustivité, les réflexions éclairées par le débat avec de nombreux penseurs, tant français qu'étrangers, permettront d'entretenir un dialogue privilégié avec celle qui se définit comme un "monstre de carrefours" et qui est assurément non seulement une personnalité hors pair, mais aussi l'une des intellectuelles les plus importantes de notre temps.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2021) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°681]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Hermann Éditeurs

Collection : Colloque de Cerisy

ISBN : 979-1-0370-2282-0

Nombre de pages : 548 p.

Prix public : 35 €

Année d'édition : 2024

Publication 2024 : un des ouvrages


RÉÉDITION


EDGAR MORIN

LES CENT PREMIÈRES ANNÉES


Claude FISCHLER, Pascal ORY de l'Académie française (dir.)

Avec la participation d'Edgar MORIN


Le 8 juillet 2021, Edgar Morin célébrait son centième anniversaire. Quelques jours auparavant, Cerisy accueillait un colloque qui lui était consacré : pendant huit jours, avec sa participation à distance, on a débattu de sa biographie et de son œuvre, examiné la réputation et l'influence d'un chercheur-penseur prolifique, d'un intellectuel présent dans les grands remous de l'histoire et les grands débats de société des années 30 jusqu'aux années 2020. Collègues, amis et collaborateurs mais aussi lecteurs inspirés ou critiques, interprètes ou analystes ont évoqué et discuté, entre eux ou avec lui, l'itinéraire et la pensée, les événements qui les ont influencés et instruits, qu'il s'agisse du livre Autocritique, de la revue Arguments, des ouvrages sur le cinéma et la culture de masse, de Chronique d'un été et de L'Esprit du temps, des enquêtes de terrain de Plozévet et de La rumeur d'Orléans, du Paradigme perdu et de La Méthode, d'Introduction à la pensée complexe ou de Pour une politique de civilisation… Un auteur transdisciplinaire, au point d'en être inclassable.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2021) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°666bis]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Hermann Éditeurs

Collection : Colloque de Cerisy

ISBN : 979-1-0370-3952-1

Nombre de pages : 350 p.

Prix public : 35 €

Année d'édition : 2024

ÉDITION D'ORIGINE

Edgar Morin : les cent premières annéesÉditeur : Hermann Éditeurs

Collection : Colloque de Cerisy

ISBN : 979-1-0370-2931-7

Nombre de pages : 350 p.

Prix public : 35 €

Année d'édition : 2023

Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°666]


Publications associées


Rapport d'étonnement

Tous les rapports d'étonnement


"UNE EXPÉRIENCE ENRICHISSANTE ENTRE PORTS ET PORTES"

PAR LÉO CUSIN


Du 4 au 10 septembre 2024, s'est tenu à Cerisy le colloque Ports et portes, sous la direction de Sabine Chardonnet-Darmaillacq, Pauline Detavernier, Perig Pitrou et Arnaud Serry. Voici le ressenti d'une "expérience enrichissante" selon Léo Cusin, étudiant en dernière année de bachelor Arts visuels (École de design et haute école d'art du Valais, ÉDHÉA à Sierre).

Léo Cusin, Theresa Bartinger, Nils Le Bot,
Roman Solé-Pomies, Damien Chardonnet

Assister à ce colloque interdisciplinaire m'a beaucoup intéressé car cela touchait à de nombreux domaines cousins se superposant avec une expertise certaine. Il est en outre impressionnant de découvrir à quel point la thématique "Ports et portes" met en lumière les crises et tensions politiques d'aujourd'hui.

Concernant l'ordre des présentations, je me suis demandé pour qui il était important de pouvoir discuter avec qui sur ces sujets de friction-clés. Cela a entraîné en moi une réflexion sur la forme idéale pour permettre aux personnes qui le souhaiteraient de se confronter à d'autres (présentation individuelle, table-ronde, débat, …). De plus, la densité du programme ne m'a pas empêché de tenir le rythme des présentations en restant concentré. Ce rythme élevé m'a tenu en haleine sans divagations.

Il aurait toutefois été agréable de disposer de temps supplémentaire pour bénéficier des ressources offertes par les lieux, notamment les publications passées et d'éventuelles promenades d'échanges. Par exemple, faire une présentation de la bibliothèque éphémère en plénière aurait peut-être permis d'étoffer les discussions connexes. À cet égard, c'est intéressant d'avoir l'opportunité de consulter toutes les publications à l'Est@minet à tout moment du colloque.

Aussi, j'ai apprécié l'éventail des dimensions portuaires abordées. Il m'intéresserait d'en savoir davantage sur la manière dont le port est réfléchi sur les continents éloignés, étant donné sa nature mondiale. Les perspectives de l'Océanie, l'Asie et l'Amérique, ont été notamment assez peu développées durant l'événement. Il m'a également manqué de pouvoir obtenir le point de vue des personnes qui travaillent directement à la base des lieux dont nous parlions (docks, navires, …).

Autrement, à mon arrivée, faisant partie de l'auditoire libre, il m'a fallu un petit moment avant de me sentir légitime pour prendre la parole ouvertement dans le cadre des présentations. J'ai de ce fait d'autant plus apprécié les moments de convivialité qui ont permis un échange naturel et spontané ainsi que de découvrir d'autres facettes des personnalités présentes.

En conclusion, ce séjour très agréable me permet de m'informer sur un sujet éloigné de manière globale et d'en comprendre les principales implications. Cela élargit toujours plus mes horizons de connaissances et m'aide à comprendre un peu plus la manière dont le monde fonctionne.

Je remercie donc chaleureusement toute l'équipe impliquée dans la réalisation de ce colloque qui me restera en mémoire.