Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


PORTS ET PORTES


DU MERCREDI 4 SEPTEMBRE (19 H) AU MARDI 10 SEPTEMBRE (journée au Havre) 2024

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Sabine CHARDONNET-DARMAILLACQ, Pauline DETAVERNIER, Perig PITROU, Arnaud SERRY

Colloque organisé dans le cadre du Cercle des partenaires


ARGUMENT :

Les portes matérialisent les passages, les seuils et les cultures. Les ports reflètent la complexité du monde qui se manifeste dans des échanges intentionnels, contrôlés, masqués ou accidentels, qui inscrit des limites construites, vivantes ou rêvées, parfois dissonantes dans nos territoires entre mer et terre. Ports & Portes interrogent les dialogues et métabolismes de ces deux milieux étroitement combinés qui, au-delà du rôle d'approvisionnement ou de relâche, renvoient à une philosophie du monde où s'entrelacent terres et mers. Entre le quai, lisière du mouvant, horizon du voyage, espace logistique, seuil d'un territoire et la ville portuaire, lieu de ce qui demeure durablement, se tissent des paysages, des usages et des destins croisés que nous allons explorer. Penser le port en coupe entre air, terre et mer, ainsi que dans la profondeur de son hinterland et que dans la coïncidence des échelles de ses réseaux locaux et mondiaux est d'autant plus urgent que planent des incertitudes concernant le fonctionnement et les contours de nos milieux de vie.

Les intervenants représentant plusieurs disciplines, cultures et champs d'action aborderont les ports dans une perspective historique et spatiale pour réfléchir à leurs développements futurs. Collectivement nous discuterons de potentiels d'action, de changement de modèles, d'utopies ou rêves abandonnés dans une perspective de co-construction de la ville et du port de demain.


MOTS-CLÉS :

Changement d'échelles et systèmes complexes, Énergies du futur, Équilibres territoriaux, Imaginaires et représentations, Liens vivant et société, Métabolismes, Métiers de la mer et logistique, Relations terre-mer, Seuils et limites, Villes portuaires


CALENDRIER PROVISOIRE (27/07/2024) :

Mercredi 4 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 5 septembre
PERCEPTIONS, RÉCITS, IMAGINAIRES, HISTOIRE ET FUTURS DES PORTS
Matin
Sabine CHARDONNET-DARMAILLACQ, Pauline DETAVERNIER, Perig PITROU & Arnaud SERRY : Introduction
André TAVARES : La sardine et l'architecte. Comment les poissons construisent le paysage et les bâtiments transforment les écosystèmes marins
Carola HEIN : Ports de rêves, rêves de ports : exploration des imaginaires villes ports, passé, présent et futur [visioconférence]

Après-midi
Yann ALIX : Ports et portes dans un monde maritime turbulent : leçons géopolitiques et pensées prospectives
Marshall BLECHER : Travailler avec l'eau pour créer des espaces innovants et durables (Port de Copenhague)
Mariantonia LO PRETE : Exposition "PorTraits". Images et récits des activités portuaires et maritime du littoral en France et en Afrique

Vernissage de l'exposition "Ports Vivants"

Soirée
Damien CHARDONNET-DARMAILLACQ : Variations littéraires, à propos des mondes maritimes et portuaires


Vendredi 6 septembre
TERRITOIRES ET DYNAMIQUES DES ESPACES PORTUAIRES
Matin
Jean LECROART : Les ports face à la montée des eaux
Sylvain DOURNEL : Géohistoire des plaines de l'estuaire de la Seine : une diversité de relations entre les ports et leur hinterland (en collaboration avec Laurence LESTEL)

Après-midi
Michel SEGAIN : Les grands ports maritimes et les ports territoriaux, une chance pour la France
Adam PRZYBYLOWSKI : Port et ville intelligente – un mythe ou un enjeu ?

Soirée
Pauline DETAVERNIER & Catherine GONNARD : Présentation de documents de l'INA : métiers et représentations


Samedi 7 septembre
Matin
INTERFACES VILLE-PORT
Alberto CAPPATO : Quels bateaux et quels ports pour quelle relation terre-mer ?
Max YVETOT (Agence d'urbanisme Le Havre)
Jean-Denis SALESSE : Comment devenir une ville portuaire ?

Après-midi
Discussion : "Énergie et navire marchands : Navires rouliers industriels hybrides, quel impact sur la ville portuaire ?"

DES PORTS, DES HOMMES ET DES VILLES
Vincent GUIGUENO : Des hommes et des ports, l'accueil des marins
Stéphane RAISON : Le futur des métiers portuaires

Soirée
Jean-Marc ZEKRI : Les ports font leur cinéma


Dimanche 8 septembre
Matin
ÉCOSYSTÈMES PORTUAIRES ET MARINS ET LEURS SERVICES
Amelia CURD : Les ports, ces portes d'entrée d'espèces exotiques. Enjeux en écologie marine
Denis CORTHÉSY : Plongeurs portuaires, les yeux immergés de la vigie
Hervé BERNARD : Exposition "Ports Vivants"

Après-midi
TERRITOIRES ET ENVIRONNEMENTS
Nils LE BOT : Imaginaires portuaires dans une économie post-croissance, décarbonée et low-tech
Roman SOLÉ-POMIES : Aux ports du monstrueux. Infrastructures maritimes et multiplicité des rencontres inter-espèces dans les espaces de fiction

Soirée
Projection de "Paris Port" d'André Sauvage (1928), avec une composition sonore originale de Giuseppe GAVAZZA


Lundi 9 septembre
REGARDS VERS LE FUTUR
Matin
Roberto CASATI : La philosophie des ports
Marie-Annick LAMY-GINER : Ports et Portes des petites îles du Sud-Ouest de l'océan Indien : enjeux d'accessibilité

Ateliers et cas d'études portuaires : La Réunion, Cherbourg, Dunkerque [sous réserve]

Après-midi
Philippe DEISS : Enjeux industriels et énergétiques des ports
Alberto CAPPATO & Olivier LECOINTE : Retour sur le colloque par deux grands témoins

Débats collectifs sur notre imaginaire des ports du futur
Rapport d'étonnement des étudiants, par Flore ANDRÉ (sous réserve), Térence FOURNIÉ et Yin-YU WAN
Présentation de la maquette conceptuelle


Mardi 10 septembre
"HORS LES MURS" — AU HAVRE
Matin
Visite en bateau du port du Havre

Après-midi
Les ports du futur, avec Bruno DELSALLE (AIVP) et un représentant de HAROPA
Débat collectif
Conclusion des directeurs

DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Sabine CHARDONNET-DARMAILLACQ
Sabine Chardonnet-Darmaillacq est architecte et urbaniste, chercheur au Laboratoire Architecture Culture et Société de l'ENSA Paris-Malaquais / UMR AUSser du CNRS. Elle est membre de la Chaire Ville Métabolisme / Université PSL. Son travail porte sur les dynamiques de la mobilité soutenable, le talent urbain de la marche, les formes spatiales et sociales de l'espace public et leurs problématiques contemporaines, les stratégies des villes en transition. Elle a co-dirigé les colloques de Cerisy "Le génie de la marche. Poétique, savoirs et politique des corps mobiles", et "Villes et territoires résilients", dont les actes ont été publiés en 2016 et en 2020 aux éditions Hermann.

Pauline DETAVERNIER
Pauline Detavernier est architecte, docteure en architecture (Laboratoire Infrastructure, Architecture, Territoire [LIAT], ENSA Paris-Malaquais) et maîtresse de conférences à l'ENSA Paris-Val de Seine. Sa thèse, réalisée en contrat Cifre à l'agence AREP, portait sur la conception des cheminements piétons en gare, et plus largement sur la pratique de la marche dans les lieux de mobilité. Elle travaille aujourd'hui en tant que directrice de projet R&D chez PCA-Stream, où elle pilote notamment les actions et animations scientifiques de la Chaire Ville Métabolisme.

Perig PITROU
Perig Pitrou est anthropologue, directeur de recherche au CNRS à la Maison Française d'Oxford et au Laboratoire d'anthropologie sociale du Collège de France / Université PSL où il dirige l'équipe "Anthropologie de la vie". Un volet de ses recherches porte sur la diversité des manières de construire et d'habiter les villes. Auteur de l'ouvrage Les anthropologues et la vie (Mimésis, 2021), il a dirigé de nombreuses publications collectives sur les relations entre vie et technique, notamment Puissance du végétal et cinéma animiste. La vitalité révélée par la technique (Presses du réel, 2020) et un numéro de Techniques & culture sur les "Biomimétismes".


Yann ALIX : Ports et portes dans un monde maritime turbulent : leçons géopolitiques et pensées prospectives
Notre société contemporaine consumériste s'est construite sur une mondialisation des productions et une standardisation des consommations qui relèvent de trois révolutions. La première demeure la moins connue et pourtant la plus décisive : le conteneur maritime. Les deux suivantes s'imposent dans leur universalisme : l'internet et le smartphone. La démocratisation numérique des dernières décennies a généré un nomadisme marchand où les volumes et les valeurs ont crû de manière quasi exponentielle. Ce demi-siècle de croissance continue a montré sa première fragilité avec la crise pandémique qui a révélé au plus grand nombre notre hyper dépendance aux réseaux maritimes et aux interfaces portuaires. Les conflits militaires et les tensions géopolitiques ont mis en lumière les vulnérabilités énergétiques liées aux circulations des produits fossiles par les mers et les ports. Les déficits hydriques liés au changement climatique menacent l'efficience du Canal de Panama dans les équilibres des échanges maritimes et portuaires entre l'Atlantique et le Pacifique. Ce monde nouveau en permacrise impose des incertitudes qui exigent des anticipations géopolitiques dans l'objectif de minimiser les risques et les impacts sur des Nations (trop ?) dépendantes de leurs connectivités maritimes et portuaires. La présente contribution expose plusieurs pensées prospectives sur le réalisme des relocalisations industrialo-portuaires, l'hypothétique re-régionalisation économique et les enjeux de souveraineté vis-à-vis de territoires océaniques de plus en plus perçus comme des objets géopolitiques à défendre avec les ports comme portes géostratégiques.

Depuis 2011, Yann Alix occupe le poste de Délégué Général de la Fondation SEFACIL, laboratoire d'idées prospectives sur les stratégies maritime, portuaire et logistique. Il a fondé et dirige la collection "Les Océanides" et co-dirige la collection "Afrique Atlantique". Titulaire d'un PhD de Concordia University (1999) et d'un doctorat en géographie des transports de l'université de Caen Normandie en France, Yann Alix fut consultant chez Innovation Maritime à Rimouski au Canada (2000-2004) avant d'occuper un poste d'enseignant-chercheur à l'École de Management de Normandie au Havre où il devient en 2007 le Directeur de l'IPER (Institut Portuaire d'Enseignement et de Recherche). De 2011 à 2019, Dr. Yann Alix travaille chez SOGET au développement international du Cargo Community System avant de poursuivre entre 2019 et 2024 au sein du cabinet Abington Advisory en qualité de Senior Manager. Yann Alix travaille sur les nouveaux modèles d'affaires dans les chaînes de valeur mondiales et analyse la transformation d'une économie servicielle dans les secteurs du transport maritime et de la logistique portuaire. Il a publié et dirigé près d'une vingtaine d'ouvrages en français, anglais, espagnol et russe. Son dernier ouvrage publié en février 2024 s'intitule L'intelligence portuaire. Opération – Innovation – Projection aux Éditions EMS. En juin 2024, Yann Alix fonde et préside le cabinet de conseil en stratégie maritime et portuaire WlogU.

Roberto CASATI : La philosophie des ports
Quel est le statut philosophique de l'interface terre-mer ? Le littoral est un lieu d'échange, mais ceci est une conséquence automatique du fait qu'il y a de la terre et que la mer vient s'y frotter. Le port est certes un lieu d'échange, mais il a aussi une fonction d'échange. En cela, un port est un lieu humain, intrinsèquement et irréductiblement social. Le terme de "port naturel" est donc peut-être un oxymore, ou le résultat d'une coïncidence géomorphologique. Dans le port, l'interface terre/mer atteint une intensité extrême : des fragments de terre (les navires) se détachent de la terre et partent en mer. Pour cela, il faut que la mer entre dans les terres et devienne un fleuve ou presque un lac. Cet aspect humain a alors sa propre évolution et son histoire, qui est l'histoire des choses humaines. Si le port est considéré comme un lieu et une fonction, il faut bien reconnaître que sa nature n'est pas seulement spatiale, mais aussi temporelle, ou plutôt spatio-temporelle. Il n'est pas seulement un lieu mais un lieu-temps, une entité métaphysiquement hybride, voire chimérique.

Roberto Casati est un "philosophe-navigateur" italien. Spécialiste de la philosophie des sciences cognitives, il dirige l'Institut Jean Nicod à l'École polytechnique, directeur de recherches au CNRS et directeur d'études de l'EHESS. Il est notamment l'auteur de La Découverte de l'ombre (Albin Michel, 2002) et de Philosophie de l'océan (PUF, sciences de la cité, 2002).

Amelia CURD : Les ports, ces portes d'entrée d'espèces exotiques. Enjeux en écologie marine
Le transport maritime est un vecteur essentiel de la mondialisation. En plus des marchandises, par ce biais toute sorte d'espèces provenant du monde entier sont transportées, le plus souvent par inadvertance, à un rythme de plus en plus soutenu. Les ports forment des portes indispensables à l'acheminement des flux du commerce extérieur mais aussi à l'introduction d'espèces exotiques. Ces îlots urbanisés sont nouveaux pour les espèces marines avec des supports, des pollutions et un endiguement inédits. Sans le vouloir, les humains ont ainsi créé des écosystèmes nouveaux, relativement peu étudiés jusqu'à présent. L'écologie, de l'évolution et de l'invasion, est donc une préoccupation grandissante parmi les enjeux et opportunités en zone portuaire.

Amelia Curd est écologue en milieu marin, chercheur au Laboratoire d'Écologie Benthique Côtière de l'IFREMER. Au CIEM (Conseil International pour l'Exploration de la Mer), elle est la déléguée française de deux groupes de travail, portant sur l'introduction d'organismes marins d'une part, et sur les vecteurs d'introductions de ces organismes émanant du trafic maritime respectivement. Son travail se focalise sur le fonctionnement des écosystèmes marins des fonds rocheux côtiers. Elle est également membre du REST EEE – le Réseau d'Expertise Scientifique et Technique sur les Espèces Exotiques Envahissantes.

Marie-Annick LAMY-GINER : Ports et Portes des petites îles du Sud-Ouest de l'océan Indien : enjeux d'accessibilité
Pour les petits territoires insulaires du Sud-Ouest de l'océan Indien, l'accessibilité maritime s'avère vitale. Le port y joue le rôle de porte d'entrée ou de sortie des marchandises et plus secondairement de passagers. Ces ports, au nombre de sept, se localisent dans le canal du Mozambique (Moroni et Mutsamudu aux Comores, Longoni à Mayotte), dans l'archipel des Mascareignes (Port Est et Port Ouest, qui forment une même entité, à La Réunion, Port Louis et Port Mathurin à Maurice) et dans l'archipel des Seychelles (Port Victoria). Ils se caractérisent par le poids de leurs importations (+ de 75% de leur trafic total). Certains renferment de nombreux terminaux, d'autres sont plus rachitiques. À Moroni, les marchandises doivent être déchargées au large tandis qu'à Maurice, des porte-conteneurs de plus de 14000 evp font relâche. Comment ont évolué les ports insulaires régionaux en termes de physionomie, d'activités et de stratégies ? Ces portes sont-elles davantage concurrentes ou complémentaires ? En creux, comment se décline la hiérarchie portuaire régionale ? Cette communication se propose d'analyser le rôle et les fonctions des portes "océanes" du Sud-Ouest de l'océan Indien dont l'inscription dans les flux maritimes internationaux est, somme toute, inégale.

Nils LE BOT : Imaginaires portuaires dans une économie post-croissance, décarbonée et low-tech
Sur les 40 milliards de tonnes de CO2 que produisent les activités humaines sur terres, environ 3% sont directement issues du trafic des porte-containers, pétroliers et autres bateaux de marchandise à moteur thermique. Ce pourrait paraître peu, au regard des 97% restant, si ce trafic ne servait pas de clef de voute du libre échange et de toute une série de chaînes de valeurs mondialisées. Derrière le port de marchandise viennent se greffer le trafic routier, les zones commerciales, industrielles et logistiques, les autoroutes…, toute une typologie d'emprises urbaines carrossables et bitumées, non reliées à la ville, et fractionnant les écosystèmes paysagers. Des "propriétés de Lucifer", telles que les nommaient Paola Vigano et Bernardo Secchi dans leurs travaux du Grand Paris, qui stimulent le déménagement permanent du monde et décuplent l'aggravation du réchauffement climatique. Les imaginaires du port sont aujourd'hui enferrés dans des logiques organisationnelles, des rationalités, et des rythmes, qui ne laissent aucune place à de possibles bifurcations technico-économiques qui envisageraient ralentissement, sobriété ou décroissance des flux matériels qui les traversent. Cette recherche, basée sur les travaux réalisés dans le cadre projet de recherche financé par l'ADEME, se donne pour objectif de discuter, par l'analyse critique et une représentation argumentée, la pertinence d'une bifurcation low-tech, post-carbone et post-croissance du port de marchandise. Le devenir de ses spatialités, de leur programmation et de leur fonctionnement y est abordé par la transformation de ses marqueurs archétypaux (bâtiment, objet, organisation, matérialités…), accompagné d'une réflexion plus systémique sur la logistique.

Nils Le Bot est responsable de coordination de la recherche du groupe AREP, il est également chercheur associé à la TU Delft School of Architecture et enseignant associé à l'École d'Architecture de Paris Val-de-Seine. Architecte diplômé d'État et docteur en urbanisme, sa thèse portait sur l'hypermobilité dans les métropoles, et le devenir des grandes gares métropolitaines à l'horizon 2050. Ses recherches portent aujourd'hui sur les approches transverses et multiscalaires des mobilité métropolitaines, la cohabitation urbaine, ainsi que les démarches prospectives low-tech et l'urbanisme de discernement.

Jean LECROART : Les ports face à la montée des eaux
Les ports sont des infrastructures structurantes, voire vitales, pour les territoires qui en dépendent ; de l'échelle locale (emplois, aménagement, etc.) à l'échelle nationale voire globale. De leur bon fonctionnement peuvent ainsi dépendre de nombreux enjeux : commerciaux et économiques, mais aussi militaires, énergétiques voire alimentaires. Or, leur localisation à l'interface terre-mer les expose directement aux aléas et changement climatiques, en particulier à l'élévation du niveau marin. L'intervention consistera à présenter les initiatives engagées par plusieurs ports maritimes français pour améliorer leur résilience à cette nouvelle donne climatique ; et à en tirer les principaux enseignements.

Géographe diplômé d'un Master mêlant géographie, droit, économie, SIG et paysage (Université Panthéon-Sorbonne), Jean Lecroart accompagne depuis 13 ans les collectivités et acteurs du littoral dans la mise en œuvre de leurs politiques d'adaptation et de résilience au changement climatique ; du diagnostic territorial à la mise en œuvre de stratégies dédiées. En tant que chef de projet, il assure régulièrement l'interface entre les différentes expertises nécessaires à ces prestations (génie côtier et hydraulique, génie civil, gestion de crise, aménagement, etc.) dans un souci de facilitation et d'aide à la décision. Il dispose de nombreuses expériences d'organisation et d'animation de processus de concertation, inhérentes à ces prestations.

Jean-Denis SALESSE
Jean-Denis Salesse, Architecte DPLG diplômé de Paris La Villette, est fondateur de la société Ax'6 Architecture. Il a mis en œuvre des projets très divers, de la réalisation de PLU à celle de terminaux à conteneurs, ou bien des aménagements de places urbaines et de bâtiments publics. Il tient à définir le rôle d'architecte comme une profession de service qui permet d'être le facilitateur de l'acte de construire. Après 20 années d'entreprenariat et très inspiré par une conférence d'Antoine Grumbach sur son projet du Grand Paris, il décide de rejoindre le Grand Port Maritime du Havre en 2009. D'abord en charge des bâtiments, des routes et terres pleins, il prend ensuite la responsabilité des relations entre Villes et Port. À ce titre, il collabore à la réalisation de multiples projets, tels que "Réinventer la Seine et ses Canaux", "Réinventer Le Havre", l'aménagement du Quai de Southampton, la création du Port Center, le schéma directeur de la Citadelle ou bien encore "Un été au Havre" lancé lors du 500e anniversaire de la cité portuaire havraise. Fin 2023, Stéphane Raiosn, Président du Directoire de HAROPA PORT, lui confie à ses côtés, le rôle de Responsable de la planification de l'aménagement des espaces urbano-portuaires.

Roman SOLÉ-POMIES : Aux ports du monstrueux. Infrastructures maritimes et multiplicité des rencontres inter-espèces dans les espaces de fiction
Dans les fictions caractéristiques de l'ontologie moderne, l'océan fonctionne comme contrepoint extrême de la maison. Celle-ci donne le point de départ de toute aventure ; celui-là offre leur horizon aux grandes conquêtes civilisatrices. Les conceptions sous-jacentes de la distance entre nature et société dépendent de systèmes techniques. L'architecture des espaces domestiques travaille à écarter une multitude de créatures jugées sauvages ; mais comment la matérialité des aménagements maritimes que sont les infrastructures de la navigation organise-t-elle les rencontres entre espèces pour contribuer, elle aussi, à circonscrire le sauvage et le civilisé ? De l'épopée de Moby Dick à la fresque des Travailleurs de la mer, les romanciers occidentaux du dix-neuvième siècle ont construit des héros remarquables en les faisant affronter des animaux marins. Regardant la faune depuis les infrastructures, ports et navires, qui organisaient l'espace de leurs récits, ils ont façonné des monstres, pieuvres ou cachalots. Par contraste, certaines œuvres littéraires pour la jeunesse, également axées sur la navigation, font une place centrale à la diversité des rencontres corporelles entre créatures plus ou moins anthropomorphes. Dans ces formes narratives alternatives, les ports apparaissent comme des lieux de rencontre contrôlés entre différents mondes socio-biologiques : des portes dont l'ouverture a un coût, mais permet de passer d'une certaine expérience du normal et du monstrueux à une autre.

Roman Solé-Pomies est docteur de l'université Paris Sciences et Lettres (Mines Paris–PSL, 2023) en sociologie des sciences et des techniques. Dans le prolongement d'une thèse consacrée à la gestion patrimoniale des voiries dans les petites collectivités de France métropolitaine, ses recherches portent essentiellement sur la maintenance des infrastructures comme enjeu de politiques territoriales, et sur l'appréhension de l'environnement qui sous-tend et que perpétuent ces politiques.
Publications
Solé-Pomies, Roman (2023), Faire durer la chaussée. Le souci des voiries communales en France métropolitaine après la décentralisation, Thèse de doctorat en STS, École nationale supérieure des mines de Paris | en ligne.
Solé-Pomies, Roman (2024), "Re-Negotiating Infrastructural Boundaries in Urban Spaces: Road Maintenance as a Dualistic Mode of Infrastructuring", in Handbook of Infrastructures and Cities, édité par Olivier Coutard et Daniel Florentin, 417‑29, Londres : Edward Elgar.

André TAVARES : La sardine et l'architecte. Comment les poissons construisent le paysage et les bâtiments transforment les écosystèmes marins
Cette fable se situe parmi les conserveries éparpillées sur la côte de Bretagne de la deuxième moitié du XIXe siècle et raconte les aventures croisées de la construction des paysages de la pêche et de la destruction des écosystèmes marins. Le développement de certaines technologies de transformation alimentaire, telles que la conservation ou la congélation du poisson, fait muter les typologies architecturales et pressurise les écosystèmes marins. À chaque évènement architectural répondent des bouleversements en mer, dans un continuum.

André Tavares (Porto, 1976) est architecte et, depuis 2006, coordinateur de Dafne Editora, une maison d'édition indépendante basée à Porto. Entre autres livres publiés, il est l'auteur de The Anatomy of the Architectural Book (Lars Müller/Canadian Centre for Architecture, 2016), L'Étoile Filante Charles Siclis (B2, 2016) et Vitruvius Without Text (gta Verlag, 2022). Il est actuellement chercheur à l'université de Porto, où il conduit le projet de recherche Fishing Architecture (ERC, Fish-A, 101044244).


Projection de "Paris Port" d'André Sauvage (1928), avec une composition sonore originale de Giuseppe GAVAZZA
En 1928, André Sauvage filme cinq "Études sur Paris", dont la première des études s'intitule "Paris Port". Le réalisateur dresse un portrait de la capitale et de ses ambiances par les espaces de ses mobilités. En nous montrant des espaces connus et souvent familiers, mais — simultanément — terriblement exotiques, car très différents de ce qu'ils sont devenus aujourd'hui, le film agit presque comme un film de science-fiction montrant un Paris possible : il apparaît comme un puissant outil de mise à distance et d'étonnements. Pour le spectateur, particulièrement parisien, les espaces montrés par André Sauvage sont, en même temps, ce qu'ils ont été sur l'image et ce qu'ils sont aujourd'hui dans son esprit et sa vie. Et c'est ce décalage qui, non seulement donne à voir des situations disparues, mais révèle également toutes sortes de potentialités et questions.


PARTENARIAT :

• Institut national de l'audiovisuel (INA)


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


Avant de remplir ce bulletin, consulter la page Inscription de notre site.

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Présentation personnelle


Adresse personnelle ou professionnelle
Ces renseignements figureront sur la liste des participants qui sera remise lors du colloque.


Sélectionner la mention adéquate (le statut de contributeur est défini au préalable, en accord avec le CCIC, par la direction du colloque).


Versement à effectuer

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Total à verser :

Si différente, merci d'indiquer une adresse de facturation


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Précisions à nous communiquer pour l'agrément de votre séjour :
[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.