Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


JACQUES PRÉVERT, DÉTONATIONS POÉTIQUES


DU VENDREDI 11 AOÛT (19 H) AU VENDREDI 18 AOÛT (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Carole AUROUET, Marianne SIMON-OIKAWA


ARGUMENT :

En tête des classements des poètes préférés des Français, en tête des traductions et des ventes avec son recueil de poèmes Paroles, en tête des scénaristes qui ont marqué le cinéma français, et dans la tête des enfants qui apprennent ses textes dès les petites classes, la poésie de Jacques Prévert est familière aujourd'hui comme hier aux petits et aux grands.

Cependant, malgré son immense popularité, il reste méconnu. Un profond décalage existe entre son œuvre réelle et l'image que la postérité en garde. La diversité de ses créations n’est présentée que de manière partielle. La perception actuelle qu'en a le public est également erronée. À côté de textes doux et rêveurs figure en effet, et même majoritairement, une poésie-action. Mais trop atypiques et trop dérangeantes, les productions prévertiennes ont été édulcorées.

Fidèle toute sa vie à ses convictions, l'artiste a créé une œuvre rebelle et virulente, anticléricale et antimilitariste, crue et corrosive, vivante et roborative, d'une actualité encore étonnamment criante. Elle résonne fortement dans le monde qui est à présent le nôtre, et contribue à l'éclairer.

Quarante ans après sa disparition, ce colloque sera enfin l'occasion de redécouvrir Prévert, de le donner à lire autrement, d'une manière plus complète et plus juste qui permette d'en réévaluer la portée.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 11 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Samedi 12 août
Matin
"Jacques Prévert vu par…", par Carole AUROUET & Marianne SIMON-OIKAWA

Après-midi
Akira ISE : Réception de Jacques Prévert au pays du Soleil Levant. Autour du théâtre et du film d'animation japonais
Roland CARRÉE : Prévert et le cinéma d'animation : inspirations, poétiques et prolongements


Dimanche 13 août
Matin
Carole AUROUET : Textes engagés de Jacques Prévert
Béatrice de PASTRE : Ce que la pomme de terre veut dire — Pour un manuel illustré d'économie politique

Après-midi
Marianne SIMON-OIKAWA : Prévert collagiste : des mots et des images

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Psychanalyse et cinéma : du visible et du dicible
Projection du film Un Oiseau rare de Richard Pottier, écrit par Prévert en 1935


Lundi 14 août
"HORS LES MURS" — ESCAPADE À OMONVILLE-LA-PETITE
La maison Jacques Prévert, Port Racine, le Jardin Jacques Prévert, etc.


Mardi 15 août
Matin
Noël HERPE : Les vies cinématographiques de Prévert
Carole AUROUET : Le cinéma invisible de Jacques Prévert se dévoile : nouvelles découvertes de scénarios détournés

Après-midi
Laurent VÉRAY : Y a-t-il un style documentaire Prévert ?

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Psychanalyse et cinéma : du visible et du dicible
"Jacques Prévert !", spectacle musical par Philippe MÜLLER & Vincent VERNILLAT [Compagnie PMVV le grain de sable], avec le concours du Centre régional des Lettres de Basse-Normandie (CRL)


Mercredi 16 août
Matin
Laurence PERRIGAULT : "Lorsque l'on fait un pas de côté" : penser Prévert à partir des œuvres de Lou Tchimoukow et de Fabien Loris
Francis MARCOIN : Prévert, crosse en l'air, crossover [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
Serge MARTIN : Engagement du racontage : le poème de Jacques Prévert toujours à contre-écriture saintes
"Les films d'animation", par Roland CARRÉE

Soirée
Autour de Pierre Prévert (partie 1)


Jeudi 17 août
Matin
Alain KEIT : Une histoire de feuilles mortes
Autour du film Les Portes de la nuit

Après-midi
Christian LEBRAT : Jacques Prévert et le livre d'art
"Le cinéma dessiné", par Carole AUROUET

Soirée
Autour de Pierre Prévert (partie 2)


Vendredi 18 août
Matin
Conclusions

Après-midi
DÉPARTS


SPECTACLE :

"Jacques Prévert !", spectacle musical par Philippe MÜLLER & Vincent VERNILLAT [Compagnie PMVV le grain de sable], avec le concours du Centre régional des Lettres de Basse-Normandie (CRL)

Textes et chansons de Jacques Prévert.

Textes, images, chansons et musique se répondent dans ce spectacle sensible, léger et profond. Vie en rage, douleur infinie, immense tendresse, irréversible inquiétude, enfantine rassurance... autant de facettes d'un Jacques Prévert d'hier, aujourd'hui et demain. Le poète révolté, radical, le poète partisan de la vie et de la liberté, toujours du côté des faibles. Du rire au sourire, de l'émotion à la satire cinglante, laissez battre votre cœur au rythme du grand Jacques !

Avec Valentine COHEN, Philippe MÜLLER, Vincent VERNILLAT.
Piano : Claude CLIN.
Réalisation : Philippe MÜLLER.


BIBLIOGRAPHIE :

• Aurouet Carole, Compère Daniel, Gasiglia-Laster Danièle et Laster Arnaud, textes rassemblés et présentés par, Jacques Prévert "Frontières effacées", Actes du colloque organisé en décembre 2000 à Paris III/Sorbonne Nouvelle pour le centenaire de la naissance de Jacques Prévert, L'Âge d'homme, Paris, 2003, 216 p.
• Aurouet Carole, Les Scénarios détournés de Jacques Prévert, Paris, Dreamland, 2003, 256 p.
• Aurouet Carole, Prévert, l'humour de l'art, Paris, Naïve, 2007, 218 p.
• Aurouet Carole, Jacques Prévert, portrait d'une vie, Paris, Ramsay, 2007, 239 p.
• Aurouet Carole, Le Cinéma dessiné de Jacques Prévert, Paris, Textuel, 2012, 192 p.
• Aurouet Carole, L'Amitié selon Prévert, Paris, Textuel, 2012 [1ère édition], 2016 [réédition], 119 p.
• Aurouet Carole, Prévert et le cinéma, Paris, Les Nouvelles éditions Jean-Michel Place, Coll. "Le cinéma des poètes", 2017, 128 p.
• Aurouet Carole, Jacques Prévert. Une vie, Paris, Les Nouvelles Éditions Jean-Michel Place, 2017.
• Aurouet Carole, Prévert et Paris, Paris, Parigramme, 2017.
• Chardère Bernard, Jacques Prévert, inventaire d'une vie, Gallimard, Coll. "Découvertes", 1997, 128 p.
• Chardère Bernard, Le Cinéma de Jacques Prévert, Bordeaux, Le Castor Astral, 2001, 395 p.
• Courrière Yves, Jacques Prévert, Paris, Gallimard, 2000, 720 p.
• Collectif, Europe, 1991, n°748-749, numéro spécial Jacques Prévert.
• Guillot Gérard, Les Prévert, Sehers, Coll. "Cinéma d'aujourd'hui", 1966, 188p.
• Marcoin Francis, Martin Serge & Thumerel Fabrice (dir.), À l'école Prévert, Actes du colloque de l'université d'Artois, Cahiers Robinson, n°26, 212 p.
• Perrigault Laurence, "Une écriture populaire influencée par les hommes des pays loin : altérité et esthétique dans l'œuvre de Jacques Prévert, 1928-1936", Actes du colloque Du Moi au Monde et retour : identité, altérité et ailleurs dans les années 1920 et 1930, organisé par Dominique Lanni, Université de Malte, 27 mars 2012, Éditions Passage(s), Coll. "Regards croisés", 2013.


SOUTIENS :

• Centre régional des Lettres de Basse-Normandie (CRL)
• Direction régionale des Affaires culturelles Normandie (DRAC)

Programme 2017 : un séminaire

Programme complet


LA TEXTIQUE, POUR QUOI FAIRE ?


DU MARDI 1er AOÛT (19 H) AU MARDI 8 AOÛT (14 H) 2017

[ séminaire de 7 jours ]



DIRECTION :

Collectif Textique


AVERTISSEMENT :

Le présent Séminaire, qui se tient tous les ans à Cerisy depuis 1989, accueille toute personne qui, ayant une suffisante maîtrise de la langue française, s'estime requise par le sujet traité.

En effet la textique est une discipline qui se développe avec sa technicité propre, mais l'usage de son vocabulaire spécial se trouve élucidé chaque fois que l'un des participants en manifeste le souhait.

À cela, il convient d'ajouter que les deux premières séances, tenues à partir de la contribution appelée Un apercu de la textique, permettent aux nouveaux une rapide mise au clair, tandis que, un jour sur deux, l'après-midi, des séances supplétives sont consacrées à l'explication des concepts majeurs en textique.


ARGUMENT :

La textique ? Une discipline nouvelle, inaugurée en 1985 au Collège International de Philosophie, visant à établir par niveaux une théorie unifiante de l'écrit accompagnée d'une théorie unifiante de l'écriture.

Sa méthode ? Explorer la totalité postulée selon des ensembles conceptuels d'exhaustion échelonnée, réfutables à mesure, le cas échéant, par tout contre-exemple établi comme tel.

Ses avantages ? Pour la théorie : une coordination conceptuelle de mécanismes jadis et naguère plus ou moins bien pensés, une reformulation critique de certaines notions trop admises, ainsi qu'une réévaluation concertée de phénomènes négligés, voire méconnus, et une classification réfléchie de la plupart des erreurs possibles. Pour les conséquences sur l'analyse : avec, pour base, la cardinale notion de lieu scriptuel, une attention inédite portée, notamment, sur les prétendues "broutilles". Pour les conséquences sur l'écriture : la possibilité de programmes et métaprogrammes raisonnés permettant la correction et la récriture à plusieurs. En général : une clarté et une rigueur neuves dans l'ordre des concepts.

Le thème 2017 ? À la suite de la disparition, en 2016, de Jean Ricardou, initiateur de la textique et animateur du Séminaire, il a paru opportun, lors de cette rencontre qui amorce une phase nouvelle, de vouer la réflexion à revenir, selon diverses manières, sur les enjeux majeurs de la discipline.

Le travail ? Les contributions étant expédiées environ un mois à l'avance, chaque séance sera intégralement consacrée à leur discussion méthodique.

Les participants ? Toutes celles et tous ceux qui, répondant au critère formulé plus haut ("Avertissement"), sont intrigués par le domaine ainsi balisé comme le travail dès lors permis, et qui, sachant que l'abondant vocabulaire technique se trouve en séance aussi réduit que possible, voire, s'il le faut, éclairci à mesure, désirent venir à titre de contributeurs actifs, soit chevronnés, soit nouveaux, ou d'auditeurs curieux.

Les séances ? En guise d'initiation ou de révision, un retour, pendant quatre demi-journées, sur la méthode et les enjeux, prolongé par de supplémentaires séances destinées à une explication des concepts majeurs. Puis le traitement des questions annoncées à partir des observations que chacune et chacun aura eu le temps de préparer.

L'inscription ? Il est souhaitable de l'accomplir au plus tôt à partir du 15 mars, et si possible avant le 15 mai (pour bénéficier du précoce envoi des écrits préparatoires).

••••••

À l'intention de celles et ceux qui souhaitent, d'ores et déjà, en savoir davantage, il est loisible d'ajouter les précisions suivantes.

Sitôt, d'une part, que la textique vise à établir une théorie unifiante de l'écrit dans ses divers modes (dits phanique, grammique, iconique, symbolique), et, conjointement, une théorie unifiante de l'écriture, ce qui l'oblige à une exhaustivité contrôlée sur un domaine immense, et sitôt, d'autre part, que ses premiers efforts, comme tels, datent du milieu des années 1980, nul doute que, à l'orée du prochain séminaire, comme pour les années précédentes, se posent, quant à la mise à niveau, l'un étant celui de l'initiation et l'autre celui de la révision, deux problèmes distincts.

Le problème de l'initiation concerne les participants nouveaux qu'une curiosité intellectuelle aura porté à venir pour la première fois, car il est nécessaire, pour bien saisir la pensée textique, voire pour y concourir, d'être mis en possession, aussi soigneusement que possible, de la méthode et des enjeux.

Le problème de la révision concerne les participants habitués, voire chevronnés, car il est opportun, avant ces journées de réflexion intense, de se remettre en tête, soigneusement, les grandes perspectives du travail.

Cette initiation et cette révision se feront à partir du livre : Un aperçu de la textique par Gilles Tronchet.

Quant à la préparation : les volumes étant expédiés, avec d'autres écrits, un mois environ avant le début du séminaire, les participants auront toute la durée qu'ils s'accorderont pour en prendre, à leur guise, ce qu'on appelle habituellement connaissance.

Quant à la discussion : les deux premières journées étant réservées à de libres échanges oraux sur ces ouvrages, les participants auront tout le loisir permis par les séances pour solliciter les éclaircissements éventuellement nécessaires, voire pour énoncer, très librement, d'éventuelles objections.


BIBLIOGRAPHIE :

Il est possible, d'ores et déjà, de prendre une vue sommaire de la textique en consultant, chacun paru aux éditions Les Impressions nouvelles dans la série TEXTICA, les trois ouvrages suivants :

• Jean Ricardou, Intelligibilité structurale du trait
• Jean Ricardou, Grivèlerie
• Gilles Tronchet, Un aperçu de la textique


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mardi 1er août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque en parallèle, du séminaire et des participants


Mercredi 2 août
Matin
Gilles TRONCHET : Un aperçu de la textique | Initiation

Après-midi
Jean-Christophe TOURNIÈRE : Pour une intellection textique du collectif | Investigation


Jeudi 3 août
Matin
Laurent LIENART : Frontières de l'abyme | Investigation

Après-midi
Marc AVELOT : Situation de la textique en 2017 | Invitation


Vendredi 4 août
Matin
Jean-Claude RAILLON : Indexation | Investigation

Après-midi
Daniel BILOUS : Un exemple de la capacité analytique de la textique : le mécanomatisme | Investigation


Samedi 5 août
Matin
Johanna GOSSART : Penser la marge | Investigation

Après-midi
Sandra SIMMONS : Lecturabilité et notation du "mouvement" | Invitation


Dimanche 6 août
Matin
Gilles TRONCHET : La portée de la conceptualisation textique : les exemples de la palinodation et du dialampo(épi)chorisme | Investigation

Après-midi
Michel SIRVENT : Lecture d'un logotype publicitaire | Investigation


Lundi 7 août
Matin
Retour sur certaines contributions

Après-midi
Perspectives : Collectif Textique, Cercle Ouvert de Recherche en TEXTique (17-18), SEMinaire de TEXTique (2018)


Mardi 8août
Matin
Perspectives : Collectif Textique, Cercle Ouvert de Recherche en TEXTique (17-18), SEMinaire de TEXTique (2018)

Après-midi
DÉPARTS


En première partie d'après-midi, un jour sur deux : Gilles TRONCHET & Amandine CYPRÈS : Concepts majeurs (Explication)

En fin d'après-midi, chaque jour : ATELIER D'ÉCRITURE (Renouvellement)


INITIATION :

Gilles TRONCHET : Un aperçu de la textique

Proposant une simple présentation de la textique, ce volume a été publié en 2012. Il a une double visée : d'abord, fournir un historique succinct, pour montrer dans quelles conditions et selon quelles étapes la textique est apparue et s'est constituée en une discipline nouvelle ; puis, offrir un exposé des principaux concepts et outils d'analyse élaborés jusqu'à présent.

Tout d'abord, comme la textique s'efforce d'établir une théorie unifiante des structures de l'écrit, il est indispensable d'expliquer la très large portée qu'elle donne à son objet, puis de préciser comment il trouve à se spécifier selon différents modes, permettant d'envisager, notamment, les particularités des caractères alphabétiques, des images et des symboles.

Ensuite, est retenu un domaine plus restreint et sans nul doute familier à tout lecteur, l'écrit représentatif relevant du mode grammique : cela correspond, quitte à simplifier un peu, aux écrits basés sur des séries de lettres, associables aux sonorités d'une langue et susceptibles, par équivalence avec d'autres séries, de faire surgir certaines idées (ainsi lorsqu'un terme s'échange avec sa définition). Il s'agit d'inventorier et d'expliciter les grandes catégories capables d'appréhender exhaustivement les structures possibles dans un écrit grammique : la textique prétend y parvenir, en l'attente d'une éventuelle démonstration contraire, susceptible de relancer la recherche.

Enfin, il a semblé utile de signaler quelques-uns des instruments analytiques servant à explorer en détail les dispositifs repérables dans un écrit représentatif, sachant que l'un des acquis majeurs de la textique consiste à distinguer, par rapport aux structures qui sont au service de la représentation, celles qui outrepassent un tel régime, en imposant leurs contraintes propres à la représentation, alors forcée de s'adapter. C'est le cas par exemple avec les rimes classiques, mais aussi avec beaucoup d'autres agencements irréductibles à la logique représentative, qui relèvent dès lors d'un régime métareprésentatif.

Il faut observer toutefois qu'un simple aperçu comme celui-ci ne saurait dispenser à propos de la textique davantage qu'une information initiale : une approche théorique plus fouillée, débouchant sur une pratique effective de la discipline, exige de bien plus amples développements.


INVESTIGATION :

Daniel BILOUS : Un exemple de la capacité analytique de la textique : le mécanomatisme

La textique se conçoit comme une discipline capable d'analyser toutes sortes d'objets. L'on se propose de vérifier cette aptitude autour d'une production particulière : un certain mécanomate inédit (ou si l'on préfère, mais un peu improprement, un "automate") intitulé "Engrenages en abyme".


Johanna GOSSART : Penser la marge

Il s'agira de conduire plus avant le questionnement, initié jadis, sur les rapports qu'entretient l'écrit pris en masse, et débarrassé dès lors de ses éventuels effets représentatifs, avec la marge alentour, rapports qui semblent eux-mêmes contraints, d'un côté, par les dimensions de la surface paginale et, de l'autre, par ce qu'il est loisible de nommer "le confort du lecteur".


Laurent LIENART : Frontières de l'abyme

La contribution s'assigne l'objectif de préciser les frontières (ou les contours) textiques de ce que l'on appelle communément la "mise en abyme".

La réflexion prendra appui sur une nouvelle de Christian Gailly, intitulée Les Fleurs coupées, qui trouve place dans le recueil La roue paru aux Éditions de Minuit.


Jean-Claude RAILLON : Indexation

La présente contribution se propose d'examiner diverses occurrences d'ortho(hyper(autothémo))textures associées au confinement qu'impose, sous l'apparence d'un cadre, l'espace assigné aux compositions en mode iconique. La textique nomme ortho(hyper(autothémo))texture la structure par laquelle ce qui est représenté se trouve désigner spécialement, et de façon correcte, tel aspect du jeu représentatif lui-même.


Michel SIRVENT : Lecture d'un logotype publicitaire

Après diverses délimitations qui en détailleront l'établissement, voici l'écrit, de variété communément nommée "logotype", qui fera l'objet d'un examen textique :

L'analyse se déroulera en trois phases.

La première portera sur l'ensemble de l'écrit, pris globalement, qui comporte la particularité de relever d'au moins deux modes distincts : le grammique et l'iconique.

La deuxième portera sur un seul élément de l'écrit : sa partie iconique, à savoir, pour le dire au plus simple, la stricte "figure" géométrique dite "triangle équilatéral".

La troisième portera sur l'ensemble de l'écrit, pris relationnellement, et analysera le rapport qu'entretient cette part iconique avec la série des lettres (la part grammique) qui l'intègre.

Ce qui permettra, en fin de parcours, de réviser la notion de "mise en abyme" à la lumière de précis concepts textiques.


Jean-Christophe TOURNIÈRE : Pour une intellection textique du collectif

C'est pour au moins trois raisons que, lors de ce Séminaire de textique 2017, il semble important d'engager une réflexion sur le problème du collectif.

La première vient de ce que, dans la mesure où il conduit à interroger, ou réinterroger, les principes censés être suivis par les membres d'une certaine communauté (notamment dite "intellectuelle"), tel problème, en ce qu'il touche à ce qui structure des… comportements, ne paraît aucunement mineur.

La deuxième raison est que, depuis la disparition de Jean Ricardou (charismatique fondateur de la textique, et coordonnateur des travaux de cette discipline jusqu'en 2016), le problème du collectif se pose, pour celles et ceux qui entendent essayer de poursuivre et organiser au mieux le travail autour de la textique, d'une manière à la fois inédite (sous l'angle de la disparition dudit fondateur) et impérieuse (sous l'angle du nécessaire effort de reconstruction généré par cette disparition).

La troisième est que, dans le cadre spécifique de la théorie textique, si Jean Ricardou a prodigué un grand nombre de réflexions consacrées à ce problème, ces réflexions se présentent néanmoins davantage selon un ensemble de fragments épars (essentiellement dans les quelques… milliers de pages qu'il a mis en circulation dans le Cercle Ouvert de Recherche en TEXTique) que sous les espèces d'un corps théorique unifié.

Par conséquent, ce que le travail plus haut intitulé présentera, et soumettra à la discussion… collective, c'est un commencement de théorie unificatrice portant sur l'objet nommé collectif.


Gilles TRONCHET : La portée de la conceptualisation textique : les exemples de la palinodation et du dialampo(épi)chorisme

Il y a, dans l'élaboration d'un appareil conceptuel effectué pour la textique par Jean Ricardou, de très nombreux concepts analytiques, permettant une spécification poussée des phénomènes, ainsi qu'une quantité plus restreinte de concepts synthétiques, fournissant une généralisation qui ouvre sur des perspectives de pensée inédites. Ces concepts synthétiques possèdent une efficacité d'autant plus notable que leur application concerne souvent une foule de domaines.

En particulier, la recherche portera sur l'émergence dans la théorie de l'écrit et le rôle qu'ils y jouent, de deux concepts dont les implications se trouvent liées, la palinodation, c'est-à-dire le basculement éventuel au fil d'une analyse d'un résultat dans un autre registre, et le dialampo(épi)chorisme, c'est-à-dire la superposition de plusieurs structures ou éléments à une place apparemment unique.

L'enjeu de leur venue, qui n'est rien moins qu'un bouleversement de l'approche coutumière dans l'appréhension de l'écrit, linéaire et fixiste, semble à même de procurer un gain majeur dans la compréhension de ses fonctionnements, avec un accès à la plasticité de ses mécanismes et à la possible tabularité de ses structures.


INVITATION :

Marc AVELOT : Situation de la textique en 2017

Avec la disparition de son fondateur, Jean Ricardou, la textique se trouve à un carrefour.

Cette contribution s'efforcera de situer quelques-unes des questions qui conditionnent le futur développement de la discipline.


Sandra SIMMONS : Lecturabilité et notation du "mouvement"

Il est possible, dans certains écrits, de percevoir ou d'imaginer quelque chose comme une bousculade structurale qui ressemble à du "mouvement". Pour d'autres écrits, le mouvement est effectif, voire constitutif, qu'il soit programmé à partir de l'écrit lui-même ou bien par rapport à son environnement. La présente étude fera une mise à plat des différentiels en question afin de prendre en compte les effets communément acceptés, ou non, en tant que mouvement perceptible. Une série de réflexions sur les paramètres en jeu, ainsi que des exemples illustrant certains principes, seront accompagnés par un tableau qui résumera les grands axes de ce qui pourrait, éventuellement, former l'esquisse de la lecturabilité de ces notations spécifiques du "mouvement".

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


SIMONE WEIL, RÉCEPTION ET TRANSPOSITION


DU MARDI 1er AOÛT (19 H) AU MARDI 8 AOÛT (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Robert CHENAVIER, Thomas PAVEL


ARGUMENT :

Selon Simone Weil, la vie de la pensée consiste en l'expression nouvelle d'idées éternelles dans les conditions d'une époque. Le présent colloque voudrait définir cet "art" de la transposition que la philosophe applique méthodiquement dans maints domaines.

Dans cette perspective, on s'interrogera pour commencer sur ce qu'il en est de la condition humaine à l'ère de l'"obsolescence" programmée de l'homme. Il s'agit de comprendre comment une philosophie conçue comme "chose exclusivement en acte et pratique" permet de surmonter la difficulté de vivre, d'agir, d'écrire, en orientant l'attention sur les différents niveaux de la réalité. Le surnaturel étant affecté chez Simone Weil d'un coefficient supérieur de réalité, on abordera sa réflexion spirituelle comme une "théorie des religions" centrée à la fois sur ce qui fait l'unicité du sentiment religieux et sur la diversité des "voies d'unification". Puisque la recherche de Simone Weil développe une méthode visant à imprégner de spiritualité la vie humaine ici-bas, l'on prêtera une attention toute particulière à cette région supérieure du Bien d'où procède, selon la philosophe, le sentiment de la justice et de l'injustice. Il s'agit, en résumé, de faire percevoir que Simone Weil a toujours cherché l'équilibre entre l'idéal et les conditions concrètes de notre existence en ce monde.

Au-delà des contributeurs d'horizons et de disciplines variés, ce colloque s'adresse à tous les auditeurs intéressés par les questions traitées et qui, selon la formule de Cerisy, pourront participer aux débats.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mardi 1er août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque, du séminaire en parallèle et des participants


Mercredi 2 août
L'ART DE LA TRANSPOSITION
Matin
Robert CHENAVIER & Thomas PAVEL : Ouvertures
Adrienne JANUS : À l'écoute de Simone Weil, la transposition du sens

Après-midi
Fernando REY PUENTE : La transposition comme critère de vérité
Federica NEGRI : Simone Weil et Emmanuel Levinas. L'impersonnel et l'altérité, le même défi ?

Soirée
Alejandro DEL RÍO HERRMANN : Simone Weil et le problème d'une politique de la culture


Jeudi 3 août
LA CONDITION HUMAINE À L'ÈRE DE L'"OBSOLESCENCE DE L'HOMME"
Matin
Cristina BASILI & Emilia BEA : Vers une civilisation du travail. Action et contemplation dans la pensée de Simone Weil
Christina VOGEL : Penser l'expérience du temps dans la société postindustrielle à la lumière des écrits de Simone Weil

Après-midi
Olivier REY : Simone Weil et Günther Anders
Martine LEIBOVICI : La vulnérabilité de l'humain. Simone Weil et la philosophie morale contemporaine

Soirée
"Biographie musicale de Simone Weil", concert organisé par les "Amis de la cathédrale" et interprété par le luthiste Thomas DUNFORD dans la chapelle nouvellement restaurée de l'hôpital de Coutances [œuvres de Jean-Sébastien Bach, complétées par quelques œuvres anglaises liées aux poètes mystiques qu'admirait Simone Weil]


Vendredi 4 août
VIVRE ET AGIR SELON LA JUSTICE
Matin
Rita FULCO : "Seul ce qui est juste est légitime" : la limite de la politique et le commandement de la justice
Christine Ann EVANS : Simone Weil et la justice d'après-guerre

Après-midi
Luigi A. MANFREDA : Simone Weil, l'impossible et le nécessaire
Emmanuel GABELLIERI : Simone Weil : du renouvellement de la métaphysique (metaxologie) à l'élargissement du christianisme


Samedi 5 août
VÉRITÉ ET EXPÉRIENCE DANS LA RELIGION ET LA CULTURE
Matin
Ghislain WATERLOT : Renouveler la notion de "vérité religieuse". Le legs de Simone Weil
François MARXER : Philosophie de la religion, philosophie de l'expérience religieuse : le surnaturel à l'épreuve

Après-midi
DÉTENTE


Dimanche 6 août
DÉPLACEMENTS, PASSAGES, SEUILS
Matin
Pascale DEVETTE : La condition humaine comme travail de perception [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Robert CHENAVIER : Se mettre dans la troisième dimension

Après-midi
Thomas PAVEL : L'enracinement, Simone Weil et Gabriel Marcel
Maria VILLELA-PETIT : Convergences spirituelles (et l'actualité du sens universaliste de Simone Weil)


Lundi 7 août
RELIGION(S) ET PHILOSOPHIE
Matin
Laurent MATTIUSSI : Unicité des religions, unité de la religion ? Simone Weil et Mircea Eliade
Pascal DAVID : Une vie philosophique ? Simone Weil, éthique et écriture

Après-midi
Frédéric WORMS : Elle me gouverne mais ne me convertit pas
Françoise MELTZER : Simone Weil, le travail et la main


Mardi 8 août
CONVERGENCE DES "VOIES"
Matin
Table ronde avec les participants et conclusions

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

ŒUVRES COMPLÈTES DE SIMONE WEIL (Paris, Gallimard)

O.C. I - Premiers écrits philosophiques, 1988.
O.C. II 1 - Écrits historiques et politiques. 1. L'Engagement syndical, 1988.
O.C. II 2 - Écrits historiques et politiques. 2. L'expérience ouvrière et l'adieu à la révolution, 1991.
O.C. II 3 - Écrits historiques et politiques. 3. Vers la guerre, 1989.
O.C. IV 1 - Écrits de Marseille (1940-1942). 1. Philosophie, science, religion, questions politiques et sociales, 2008.
O.C. IV 2 - Écrits de Marseille (1941-1942). 2. Grèce, Inde, Occitanie, 2009.
O.C. V 2 - Écrits de New York et de Londres. 2. L'Enracinement (1943), 2013.
O.C. VI 1 - Cahiers (1933-septembre 1941), 1994.
O.C. VI 2 - Cahiers (septembre 1941-février 1942), 1997.
O.C. VI 3 - Cahiers (février-juin 1942), 2002.
O.C. VI 4 - Cahiers (juillet 1942-juillet 1943), 2006.
O.C. VII 1 - Correspondance. 1. Correspondance familiale, 2012.

QUELQUES ÉTUDES CONSACRÉES À SIMONE WEIL

Ouvrages
• BALLANFAT Marc, Simone Weil ou le combat de l'Ange contre la Force, Paris, Hermann, 2011.
• CANCIANI Domenico, Simone Weil. Le courage de penser, Paris, Éd. Beauchesne.
• CHENAVIER Robert, Simone Weil. Une philosophie du travail, Paris, Éd. du Cerf, 2001.
• CHENAVIER Robert, Simone Weil. L'attention au réel, Paris, Michalon, 2009.
• GABELLIERI Emmanuel, Être et don. Simone Weil et la philosophie, Paris-Louvain, Peeters, 2003.
• PETREMENT Simone, La Vie de Simone Weil, Paris, Fayard, 1973 (2 vol.), Rééd. 1997 (un vol).
• SAINT-SERNIN Bertrand, L'Action politique selon Simone Weil, Paris, Éd. du Cerf, 1988.
• VETÖ Miklos, La Métaphysique religieuse de Simone Weil, Paris, Vrin, 1971, Rééd., Paris, L'Harmattan, 2014 (3e éd. revue).

Collectifs
• KAHN Gilbert (dir.), Simone Weil. Philosophe, historienne et mystique, Paris, Aubier Montaigne, 1978. Ce recueil regroupe les actes ou une partie des actes de plusieurs colloques, notamment ceux de la rencontre "Vigueur d'Alain, rigueur de Simone Weil", Cerisy-la-Salle, 1974.
DEVETTE Pascale et TASSIN Étienne (dir.), "Oppressions et liberté. Simone Weil ou la résistance de la pensée", Tumultes (Paris, Éd. Kimé), n°46, mai 2016.

LES CAHIERS SIMONE WEIL

L'Association pour l'étude de la pensée de Simone Weil publie, depuis juin 1978, une revue trimestrielle, les Cahiers Simone Weil (dir. de la publication : R. Chenavier). La revue publie les communications données aux colloques annuels organisés par l'Association. Signalons quatre livraisons consacrées à un des thèmes du colloque de Cerisy : "La réception des œuvres de Simone Weil" (Brésil, États-Unis, Grande Bretagne, Irlande, Italie, Japon, pays germanophones), XXVII-3 & 4, septembre & décembre 2004 ; XXVIII-1 & 2, mars & juin 2005.


SOUTIEN :

• The John U. Nef Committee on Social Thought | University of Chicago

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


SPECTRES DE POE DANS LA LITTÉRATURE ET LES ARTS


DU SAMEDI 22 JUILLET (19 H) AU SAMEDI 29 JUILLET (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Jocelyn DUPONT, Gilles MENEGALDO


ARGUMENT :

Ce colloque étudiera la persistance de l'œuvre d'Edgar Poe (1809-1849) dans la littérature et la culture occidentales du XXIe siècle. Premier poète national américain selon Nabokov, monument permanent de notre horizon culturel, Edgar Allan Poe, souvent méprisé de son vivant, est devenu en Occident une figure tutélaire du monde des lettres et des arts. Comme l'attestent les innombrables rééditions de son œuvre, des mal nommées Histoires extraordinaires à son poème philosophique Eureka, ainsi que les maintes reprises, réécritures, hommages discrets ou autres palimpsestes, l'influence de Poe est considérable.

Le phénomène n'est pas nouveau ; on sait quelle fut, en France, son influence sur les poètes symbolistes (Baudelaire et Mallarmé), combien il inspira Paul Valéry, les surréalistes, sans oublier des cinéastes (Jean Epstein). Comment ne pas songer encore aux lectures et relectures de "La lettre volée" par Lacan et Derrida ? Sujet et objet précieux de la psychanalyse qui l'a souvent malmené, le fantôme d'Edgar Poe incarne toutes nos hantises et obsessions, mais aussi constitue un réservoir de potentialités créatrices. Et si l'on ajoute à cette liste ceux qui aiment à voir en lui l'inventeur de la science-fiction, du récit policier et du gothique intériorisé, alors force est de constater que nul n'est à l'abri de l'influence poesque.

C'est pourquoi ce colloque s'interrogera sur les raisons de l'importance de l'œuvre de Poe et sur les modalités de sa persistance au XXIe siècle, à travers maints champs artistiques et culturels (musique, cinéma, BD, art contemporain…) et au-delà des frontières nationales et linguistiques. Outre les contributeurs qui présenteront des communications sur une large variété de sujets, il intéressera tous les lecteurs et amateurs d'Edgar Poe, ainsi que les étudiants qui travaillent sur son œuvre.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Samedi 22 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Dimanche 23 juillet
Matin
Jocelyn DUPONT & Gilles MENEGALDO : Introduction
Lauric GUILLAUD : Edgar Allan Poe, personnage de fiction populaire, ou une vie d'outre-tombe
Nathalie SOLOMON : Poe lu par Jules Verne. À propos de l'article du Musée des Familles, 1864

Après-midi
Camille FORT : La verve et le verbe : les textes comiques de Poe et leurs traductions


Lundi 24 juillet
Matin
Jérôme DUTEL : La Chute de la maison Usher en quelques images ? (Aubrey Beardsley, Richard Corben, Jan Svankmajer)
Isabelle LABROUILLÈRE : La Chute de la maison Usher (1928) comme manifeste esthétique : du tableau-cadre à l'image-tâche

Après-midi
Dennis TREDY : Poe adaptation ou "post adaptation" : comment évaluer le cycle actuel d'adaptations filmiques et télévisuelles dans les œuvres d'Edgar Poe ?
Christophe CHAMBOST : Usher 2000, ou comment adapter "The Fall of the House of Usher" au XXIe siècle : The Fall of the Louse of Usher (K. Russell, 2002), Descendant (K. Christman & D. Tenney, 2003), Usher (R. Leatherwood, 2004), Edgar Allan Poe's House of Usher (D. De Coteau, 2008), The House of Usher (H. Cloake, 2006), Extraordinary Tales (R. Garcia, 2015), Crimson Peak (G. Del Toro, 2015)


Mardi 25 juillet
Matin
Isabelle LIMOUSIN : Edgar Allan Poe dans l'art contemporain et son exposition
Élodie CHAZALON : Po(e)pulaire : le "phénomène Poe" dans la culture visuelle contemporaine

Après-midi
Pénélope LAURENT : Drôles de crimes en Amérique latine [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Françoise SAMMARCELLI : Crises intertextuelles et transpo(e)sitions : Poe et la littérature américaine contemporaine
Tanya TROMBLE : Edgar Allan Poe chez Joyce Carol Oates


Mercredi 26 juillet
Matin
Chloé HUVET : "Le Masque de la Mort Rouge" comme matrice compositionnelle : de la nouvelle d'Edgar A. Poe (1842), au Conte fantastique d'André Caplet (1923)
Jocelyn DUPONT : Poe entre les dents : variations odontologiques de Berenice (Poe, 1835) à Twixt (Coppola, 2011)

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Lectures d'Edgar Allan Poe


Jeudi 27 juillet
Matin
Maryse PETIT : Entrer dans l'esprit : profils de Poe [texte lu par Dominique MEYER-BOLZINGER]
Pierre JAILLOUX : Beautés de l'horreur : quand Argento rencontre Poe

Après-midi
Sophie MANTRANT : Envahissante Ligeia : "Now Unto Death Utterly by Edmond Bertrand" (Mark Samuels, 2011)
Florent CHRISTOL : Hop-Frog (Edgar Poe, 1849) : fiction matricielle du film d'horreur américain ?


Vendredi 28 juillet
Matin
Gilles MENEGALDO : Poe au prisme du cinéma hollywoodien, de Griffith à Corman
Christian CHELEBOURG : Le chat et la souris : Tim Burton ou Edgar Poe dans le disneyverse

Après-midi
Jean-Paul MEYER : L'œuvre de Poe en bande dessinée : de la transposition à l'hybridation
Guillaume LABRUDE : Batman : Nevermore. L'héritage d'Edgar Allan Poe
Éric LYSØE : "C'est triste à faire pleurer les pierres". Debussy et La Chute de la maison Usher


Samedi 29 juillet
Matin
Bilan du colloque

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

• Bloom Harold (dir.), Edgar Allan Poe, New York, Bloom's Literary Criticism, 2008.
• Chassay Jean-François (dir.), Edgar Allan Poe : une pensée de la fin, Montréal, Liber ; Saint-Laurent (Québec) ; Paris, Diffusion de l'édition québécoise, 2001.
• Ducreux-Petit Maryse, Edgar Allan Poe ou le livre des bords, Lille, Presses universitaires de Lille, 1995.
Europe (revue), "Edgar Poe", n°868-869, Août-Septembre 2001.
• Haugen Hayley Mitchell, Readings of the Short Stories of Edgar Allan Poe, San Diego, Greenhaven Press, 2001.
• Howarth William, Twentieth Century Interpretations of Poe's Tales, Englewood Cliffs, Prentice Hall, 1971.
• Jackson Christine, The Tell-Tale Art. Poe in Modern Popular Culture, Jefferson, McFarland, 2012.
• Justin Henri, Avec Poe jusqu'au bout de la prose, Paris, Gallimard, 2009.
• Justin Henri, Poe dans le champ du vertige : des "Contes" à "Eureka", Paris, Klincksieck, 1991.
• Perry Dennis R. & Sederholm Carl H. (dirs.), Adapting Poe : re-imaginings in Popular Culture, New York, Palgrave MacMillan, 2012.
• Poe Edgar Allan, Contes, essais, poèmes, Traduction de C. Baudelaire et S. Mallarmé, Édition établie par Claude Richard, Paris, Robert Laffont, 1989.
• Richard Claude (ed.), Edgar Allan Poe écrivain, Montpellier, Université Paul Valéry, 1990.
• Silverman Kenneth (ed.), New Essays on Poe's Major Tales, Cambridge, CUP, 1993.


SOUTIENS :

• CRESEM (EA 7397) | Université de Perpignan
• Laboratoire FoReLL (EA 3816) | Université de Poitiers

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


CARTE D'IDENTITÉS. L'ESPACE AU SINGULIER


DU SAMEDI 22 JUILLET (19 H) AU SAMEDI 29 JUILLET (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Yann CALBÉRAC, Olivier LAZZAROTTI, Jacques LÉVY, Michel LUSSAULT


ARGUMENT :

Ce colloque explorera les diverses représentations du vide dans la création littéraire (fiction, poésie, théâtre, essai) et artistique (peinture, dessin, sculpture, installation, livre-objet) des XXe et XXIe siècles, en particulier dans les avant-gardes. Le vide reflète avant tout un parti pris esthétique de dépouillement et d'épure des formes. Mais il débouche aussi dans de nombreux cas sur l'expression d'une crise, sinon d'une "fin de l'art" dans la culture occidentale, comme l'a suggéré le mouvement "Fluxus" dans les années 1960/1970 et comme le montre encore l'art contemporain aujourd'hui.

Au-delà de ces principes formels et de ces tensions philosophiques, le vide renvoie également à des sensibilités extra-occidentales, venues en particulier d'Asie. Dès lors il implique un processus conscient de rapprochement des cultures qui met en valeur la qualité méditative et spirituelle de l'art, en particulier dans son rapport au bouddhisme zen.

Ce colloque, à la fois interdisciplinaire et interculturel, s'adresse prioritairement à un public d'étudiants et d'enseignants-chercheurs qui travaillent dans le domaine de la critique littéraire (française ou comparée) et de l'histoire de l'art des XXe et XXIe siècles. Il devrait intéresser en particulier ceux d'entre eux qui se consacrent à l'étude des avant-gardes.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Samedi 22 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Dimanche 23 juillet
Matin
Yann CALBÉRAC, Olivier LAZZAROTTI, Jacques LÉVY & Michel LUSSAULT : Introduction [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Jacques LÉVY : Je de cartes

Après-midi
THÉORIES DU SINGULIER
Philippe VASSET : Espaces vides, spatialités pleines | Entretien avec Michel LUSSAULT


Lundi 24 juillet
Matin
Michel LUSSAULT : Approche conceptuelle de la singularité spatiale

Après-midi
Carole LANOIX : Habiter l'espace. Penser l'individu par la carte
Pauline BOIVINEAU : Les identités mises au travail en danse contemporaine : nudités et singularités en exergue dans l'espace public

Soirée
Présentation de l'exposition "Lo vivido y lo sucedido" ("Vécu et événement"), avec Jaime SERRA (Chroniques de la spatialité)


Mardi 25 juillet
Matin
QUANTITÉS DE QUALITÉ
Dominique BOULLIER : Hotel California ou habitèle ?

Après-midi
Boris BEAUDE : Sur les traces numériques de l'individu
Jessica PIDOUX : Toi et moi, une distance quantifiée

Soirée
Atelier Théâtre : Les sciences sociales se donnent en spectacle, animé par Michel LUSSAULT, avec Yann CALBÉRAC et Laurence VET


Mercredi 26 juillet
Matin
Joseph MORSEL : Le diable est dans les détails ? L'historien, l'indice et le cas singulier

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Tourisme : masse et/ou individu, table ronde avec Lauriane LÉTOCART (Le tourisme : identité spatiale, identité sociale. Le cas de la Baltique du Mecklembourg-Poméranie), Isabelle SACAREAU (La station entre généricité et singularité. Réflexions à partir de l'exemple des hill stations indiennes nées en situation coloniale) et Benjamin TAUNAY (S'engager hors de la densité. La Chine au prisme des déviances corporelles)


Jeudi 27 juillet
Matin
Lucas TIPHINE : La post-régulation de la circulation dans les espaces publics donne-t-elle plus de liberté aux usagers ? Le cas des piétons
Djemila ZENEIDI : La singularité à l'épreuve de la migration

Après-midi
HABITANS
Olivier LAZZAROTTI : "Qui es-tu Franz Schubert ?" : approches géographiques du singulier, avec la participation de Cécile GRÉVIN

Soirée
Atelier Chorégraphie : danser les théories spatiales, avec Jacques LÉVY et Mélanie PERRIER


Vendredi 28 juillet
Matin
Sylvain KAHN : Quand les Européens inventent un régime singulier de territorialité [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Hélène NOIZET : Habiter la ville médiévale : une co-construction d'espaces et de spatialités

Après-midi
Jean-Nicolas FAUCHILLE : Petits acteurs, grands enjeux : urbanité et éthique
Ana PÓVOAS : Singularité et théorie sociale de l'ethos spatial


Samedi 29 juillet
Matin
CONCLUSIONS
Débat animé par Yann CALBÉRAC et Olivier LAZZAROTTI

Après-midi
DÉPARTS


COMPTE-RENDU :

Vive les géographes kinésphero-cerisyens !, par Sylvain ALLEMAND

Du 22 au 29 juillet se déroulait le colloque "Carte d'identités. L'espace au singulier" sous la direction notamment des géographes Michel Lussault et Jacques Lévy. Le secrétaire général de l'Association des Amis de Pontigny-Cerisy, Sylvain Allemand, y a assisté. Il explique ici l'intérêt qu'il en a tiré au regard du tout premier colloque de géographie que ces derniers avaient organisé à Cerisy… en 1999.

Le colloque se proposait de rendre compte de la manière dont des singularités individuelles, collectives et spatiales pouvaient se manifester, y compris dans le double contexte de la mondialisation et de la révolution numérique que nous connaissons, non sans prendre à rebours les craintes de standardisation ou d'homogénéisation qu'on associe spontanément à celles-ci. À dominante géographique (à en juger par le nombre d'intervenants se définissant a priori comme géographe et/ou ayant fait une thèse de géographie), ce colloque nous a, personnellement, d'autant plus intéressé que nous avions assisté à celui, Logique de l'espace, esprit des lieux que deux de ses co-directeurs (Jacques Lévy et Michel Lussault) avaient organisé près de vingt ans plus tôt, en 1999, avec pour objectif, alors, de renouveler la géographie (non sans par la même occasion faire entrer cette discipline à Cerisy : ce colloque fut le premier qui y fut consacré).

Nous avons pu ainsi non pas tant mesurer le chemin parcouru par ces deux géographes dans leur effort pour la faire reconnaître pleinement comme une science sociale (d'autres occasions nous avaient été données de le faire, à travers ne serait-ce que des interviews, la lecture de plusieurs de leurs publications ou d'autres moments d'échanges à Cerisy même, où ils ont eu, depuis, le loisir de revenir à plusieurs reprises comme intervenants ou directeurs de colloque), que d'éprouver de manière sensible leur cheminement. En disant cela, nous ne songeons pas au poids des années qui auraient pu se lire sur leur visage, une photo du tout premier colloque, exposée au premier étage du Château de Cerisy, ne laissant rien paraître de leur basculement dans une tout autre tranche d'âge… (au contraire, Jacques Lévy et Michel Lussault ne paraissent pas avoir tant changé que cela, suggérant ainsi que la géographie, à moins que ce ne soit la fréquentation régulière de Cerisy, a le pouvoir de maintenir jeune !).

Non. Nous songions davantage à la manière dont ce cheminement s'est traduit par une réelle capacité à s'ouvrir à d'autres disciplines, y compris non spécifiquement académiques comme l'infographie (à travers l'intervention de l'artiste espagnol Jaime Serra, dont plusieurs dessins ont été exposés dans l'ancienne Étable), le théâtre sans oublier la danse. D'ailleurs, si une notion découverte au cours de ce colloque devait bien résumer ce qui, à notre sens, s'est joué au cours de ces dix-huit années, c'est bien celle de "kinésphère", évoquée lors d'un atelier proposé en soirée. Due à l'allemand Rudolf Von Laban — celui-là même auquel on doit la "notation du mouvement" —, elle désigne l'espace à trois dimensions qu'une personne est à même de balayer depuis une position fixe, rien qu'en se déployant au plan frontal, sagittal et vertical. En un sens métaphorique, on pourrait dire rétrospectivement que le colloque de 1999 et ses enjeux, auraient pu se résumer en un croquis représentant Jacques Lévy et Michel Lussault dans… leurs kinésphères respectives, autrement dit leur déploiement frontal, sagittal et vertical, depuis un point fixe, le tout symbolisant bien l'ambition de leur colloque : aller aux confins de leur discipline, rendre compte de sa porosité avec bien d'autres sciences sociales et humaines, sans récuser pour autant leur appartenance à la géographie (laquelle était au contraire valorisée dans sa pluralité, comme le soulignait le sous-titre des actes issus du colloque : Géographies à Cerisy).

En filant cette métaphore, on pourrait résumer le colloque de cet été en le représentant par des kinésphères plus nombreuses puisque à celles de Jacques Lévy et de Michel Lussault, se sont ajoutées celles des deux autres co-directeurs (Olivier Lazzarotti et Yann Calbérac), sans oublier celles de leurs doctorants respectifs, en suggérant au passage par-là que les deux premiers sont parvenus non pas tant à faire école, mais à convaincre d'autres personnes de participer à la démarche programmatique initiée à l'occasion du colloque de 1999 — faire reconnaître, rappelons-le, la géographie comme une science sociale. Non sans élargir le spectre des disciplines couvertes ni entendre celles-ci en un sens plus générique, puisque nos géographes se sont proposés cette fois d'entrer résolument au contact du champ de la création artistique : la danse et le théâtre, donc, mais aussi la musique (en l'occurrence celle de Franz Schubert évoquée à travers la communication d'Olivier Lazzarotti). Surtout, tout s'est passé comme si nos géographes avaient mis en mouvement leurs kinésphères. Non qu'ils aient renoncé à tout ancrage (indispensable dans la conception labanienne de cette sphère particulière). Ils ont juste voulu montrer en quoi il peut s'inscrire, tout comme l'habiter, dans le mouvement (hypothèse très largement évoquée au cours de ce colloque).

Pour autant, ce colloque n'avait pas vocation à se livrer à une défense et illustration de quelque interdisciplinarité que ce soit. Ni même d'une pluridisciplinarité ou encore d'une multidisciplinarité. Parmi les très nombreuses approches mises en avant par les intervenants, celles-ci ont été très peu évoquées. Un paradoxe et non des moindres quand on y pense de prime abord. Sauf à admettre qu'en réalité, les intervenants ont su incarner cette autre voie promue par Laurent Loty, chercheur au CNRS, à savoir l'"indisciplinarité" (consistant à se risquer à poursuivre des recherches sans objectifs préalables, d'une manière sérendipienne en somme). De fait, bien des intervenants se sont risqués à investir des terrae pas nécessairement incognitae, mais que les géographes n'avaient pas jugé utile d'explorer jusqu'ici, ou si peu, au prétexte qu'elles ne concernaient pas des disciplines académiques. Étant entendu qu'indisciplinaire ne veut pas dire indiscipliné (quoique très convivial, le programme du colloque a été tenu avec rigueur, et pas seulement grâce à l'appel impérieux des cloches du Château).

À cet égard, les ateliers sur le théâtre et la danse ont été des moments particulièrement importants. Nos géographes ne se sont pas contentés d'en appeler à un dialogue avec ces arts. Ils se sont, encore une fois, risqués à une expérimentation autour d'un dispositif scénique directement inspiré au théâtre, dans le premier cas, à des exercices chorégraphiques, dans le second, et à chaque fois pour mettre corporellement à l'épreuve des concepts spatiaux, si l'on peut dire. Kinésphériens et indisciplinaires, telles pourraient donc être les caractéristiques du géographe contemporain tel qu'il s'est manifesté au cours de ce colloque, quitte à entraîner un effacement progressif de sa discipline au profit d'une science plus générale — la science sociale — à laquelle il concourrait au même titre que les sociologues, les économistes, les anthropologues ou encore les politologues, sa valeur ajoutée résidant dans la prise en compte des logiques spatiales des enjeux sociaux. Dans cette perspective d'unification du champ des sciences sociales, l'enjeu ne serait plus d'apprécier l'apport du géographe à l'aune des concepts, des théories et méthodes qu'il serait en capacité d'exporter vers ou d'importer d'autres disciplines (une vision présente au cours du premier colloque, mais que Jacques Lévy a dit ne plus souhaiter défendre), mais par sa capacité à restituer toute leur place aux logiques spatiales qui président à notre rapport au monde et aux autres.

Si ce colloque a donc permis de caractériser une nouvelle espèce de géographe, il aura aussi permis, avec leur concours, de mieux apprécier la singularité d'un lieu comme Cerisy. Bien plus : montrer en quoi ses apparents archaïsmes (la cloche et quelques autres rites) et contraintes (des colloques de plusieurs jours, organisés au milieu de nulle part, au fin fond du Cotentin) en font en réalité la force et tout l'intérêt même, ou plutôt surtout, à l'heure de la mobilité et de la connectivité généralisées. À Cerisy, on prend le temps de l'échange formel (autour de communications) et informel (lors des repas que les participants prennent ensemble). On se risque aussi à des rencontres avec des personnes venant d'autres horizons professionnels, disciplinaires et géographiques que les siens. C'est dire si on est tout sauf déconnecté du monde. À certains moments, Cerisy prend même des airs d'"hyper-lieu", au sens où Michel Lussault les définit dans son dernier ouvrage (Hyper-Lieux. Les nouvelles géographies de la mondialisation, Seuil, 2017) : des lieux qui pour être très "locaux", n'en vivent pas moins en étant au diapason du Monde.


BIBLIOGRAPHIE :

• Anscombe G. & Elizabeth M., 2002 [1957], L'intention, Paris, Gallimard.
• Beaude Boris, 2012, Internet : Changer l'espace, changer la société, Limoges, FYP.
• Beaude Boris, 2014, Les fins d'Internet, Limoges, FYP.
• Boucheron Patrick & Delalande Nicolas, 2013, Pour une histoire-monde, Paris, PUF.
• Calbérac Yann & Volvey Anne (dir.), 2014, "J'égo-géographie…", Géographie et cultures, n°89-90.
• Corbin Alain, 1998, Le monde retrouvé de Louis-François Pinagot : sur les traces d'un inconnu, 1798-1876, Paris, Flammarion.
• Corbin Alain, Courtine Jean-Jacques & Vigarello Georges (dir.), Histoire du corps, Paris, Seuil.
EspacesTemps.net, 2006, "L'individu comme ressort théorique dans les sciences sociales", Traverse.
EspacesTemps.net, 2013, "Le futur est ailleurs : ici", Traverse.
• Foucault Michel, 2001, L'herméneutique du sujet, Gallimard/Seuil.
• Ingold Tim, 2007, Lines : A Brief History, London-New York, Routledge.
• Lahire Bernard, 2005, L'homme pluriel. Les ressorts de l'action, Paris, Armand Colin.
• Lazarotti Olivier, 2004, "Franz Schubert était-il viennois ?", Annales de Géographie, n°638-639, juillet-octobre 2004, p. 425-444.
• Lazarotti Olivier, 2006, Habiter, la condition géographique, Paris, Belin, 2006.
• Lazarotti Olivier, 2008, "Le lieu, le nom et l'homme : l'"Umlaut" d'Alfred le réfugié", in Forcade Olivier & Nivet Philippe (dir.), 2008, Les réfugiés en Europe, du XVIe au XXe siècle, Paris, Nouveau Monde, p. 203-218.
• Lazarotti Olivier, 2009, "Habiter le Monde : être ou ne pas être ?", Raison présente, 1er trimestre 2009, n°169, p. 73-81.
• Lazarotti Olivier, 2012, "Habiter : de l'un aux multiples", in Poucet Bruno (dir.), 2012, Marronnage et diversité culturelle, Matoury, Ibis Rouge, p. 243-256.
• Lazarotti Olivier, 2015, "D'ici et de là : quelques éléments pour une approche géographique de l'identité", in Nour Sckell Soraya & Ehrehardt Damien (2015), Le Soi et le Cosmos d'Alexander von Humboldt à nos jours, Berlin, Dunker & Humboldt, p. 237-251.
• Lévy Jacques (dir.), 2008, L'invention du Monde, Paris, Presses de Sciences Po.
• Lévy Jacques (dir.), 2008, Les échelles de l'habiter, Paris, PUCA.
• Lévy Jacques (éd.), 2016, A Cartographic Turn, Lausanne, PPUR/Routledge.
• Lévy Jacques, 2015, "Habiter Cheonggyecheon. L'exception ordinaire", Annales de Géographie, "Habiter, mots et regards croisés", 704 (4-2015), p. 391-405.
• Lévy Jacques, 2015, "Paris (Monde) : géographies du 13 novembre 2015", EspacesTemps.net, décembre 2015.
• Lévy Jacques, 2015, Thinking Places, 9 films, 363 min, versions française et anglaise, Lausanne, Chôros.
• Lévy Jacques & Lussault Michel (dir.), Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés, Paris, Belin, nouvelle édition, 2013.
• Lussault Michel, 2007, L'homme spatial. La construction sociale de l'espace humain, Paris, Seuil.
• Lussault Michel, 2013, L'avènement du Monde. Essai sur l'habitation humaine de la terre, Paris, Seuil.
• Martuccelli Danilo, 2010, La société singulariste, Paris, Armand Colin.
• Mendel Gérard, 1998, L'Acte est une aventure. Du sujet métaphysique au sujet de l'acte pouvoir, Paris, La Découverte.
• Regard Frédéric, 2003, Mapping the Self : Space, Identity, Discourse in British Auto/Biography, Saint-Étienne, Presses universitaires de Saint-Étienne.
• Schaeffer Jean-Marie, 2015, L'expérience esthétique, Paris, Gallimard, 2015.
• Singly François de, 2000, Libres ensemble. L'individualisme dans la vie commune, Paris, Nathan.
• Zeneidi Djemila, 2013, Femmes/Fraises. Import/Export, Paris, PUF.


SOUTIENS :

• Laboratoire Chôros | École polytechnique fédérale de Lausanne
• Unité de Recherche "Habiter le Monde" | Université de Picardie Jules Verne

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


LITTÉRATURES ET ARTS DU VIDE


DU JEUDI 13 JUILLET (19 H) AU JEUDI 20 JUILLET (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Jérôme DUWA, Pierre TAMINIAUX


ARGUMENT :

Ce colloque explorera les diverses représentations du vide dans la création littéraire (fiction, poésie, théâtre, essai) et artistique (peinture, dessin, sculpture, installation, livre-objet) des XXe et XXIe siècles, en particulier dans les avant-gardes. Le vide reflète avant tout un parti pris esthétique de dépouillement et d'épure des formes. Mais il débouche aussi dans de nombreux cas sur l'expression d'une crise, sinon d'une "fin de l'art" dans la culture occidentale, comme l'a suggéré le mouvement "Fluxus" dans les années 1960/1970 et comme le montre encore l'art contemporain aujourd'hui.

Au-delà de ces principes formels et de ces tensions philosophiques, le vide renvoie également à des sensibilités extra-occidentales, venues en particulier d'Asie. Dès lors il implique un processus conscient de rapprochement des cultures qui met en valeur la qualité méditative et spirituelle de l'art, en particulier dans son rapport au bouddhisme zen.

Ce colloque, à la fois interdisciplinaire et interculturel, s'adresse prioritairement à un public d'étudiants et d'enseignants-chercheurs qui travaillent dans le domaine de la critique littéraire (française ou comparée) et de l'histoire de l'art des XXe et XXIe siècles. Il devrait intéresser en particulier ceux d'entre eux qui se consacrent à l'étude des avant-gardes.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Jeudi 13 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Vendredi 14 juillet
THÉORIE
Matin
Jérôme DUWA & Pierre TAMINIAUX : Introduction
Vincent KAUFMANN : Le vide contre le spectacle, ou comment ne pas céder à la croyance

Après-midi
Imen BAHRI : Le vide et les "immatériaux" : une dématérialisation de l'œuvre d'art
Simone KORFF-SAUSSE : Le vide comme source de créativité dans la psychanalyse et l'art
Rodrigo FONTANARI : Progrès du vide chez Roland Barthes

Soirée
Vincent KAUFMANN : Pas de droit de regard : au fil des films de Guy Debord (extraits)


Samedi 15 juillet
POÉSIE
Matin
Colette GUEDJ : L'espace tragique du vide dans la poésie de Paul Celan et les toiles d'Anselm Kiefer [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Hervé Pierre LAMBERT : Octavio Paz : représenter la sunyata

Après-midi
Masayuki TSUDA : Le vide à partir des travaux de la Luxembourgeoise Aline Mayrisch et du Belge Henri Michaux
Jiani FAN : Le vide dans la poésie du paysage chez François Cheng et Philippe Jaccottet


Dimanche 16 juillet
ART MODERNE
Matin
Thierry DAVILA : D'un art qui ne manque pas d'air : de Duchamp à aujourd'hui, une heuristique des courants d'air
Shiyan LI : La pensée duchampienne entre nihilisme et sagesse extrême-orientale

Après-midi
Frédéric MONTÉGU : Aurélie Nemours ou l'esthétique du renoncement
Jean-François SAVANG : Robert Filliou, le vide et la création permanente

Soirée
Projection du film documentaire sur le peintre Simon Hantaï : Les Silences rétiniens, présenté par Jérôme DUWA


Lundi 17 juillet
SCÈNES ET SITES
Matin
Alice CARRÉ : Boîtes noires et boîtes blanches. Scénographies contemporaines et mythologies du vide en théâtre et en danse
Florent PERRIER : Vide à demeure : vie et mort de la statue de Charles Fourier

Après-midi
DÉTENTE


Mardi 18 juillet
RÉCIT
Matin
Christophe REIG : Écrire à l'"Ère du vide"
Charline PLUVINET : En l'absence de l'œuvre : négativité et hantise dans la création contemporaine

Après-midi
David AZOULAY : Les arts de la mémoire de Maurice Blanchot : critique, littérature et philosophie à l'épreuve du siècle
Carmina CHAUVEAU : L'architecture, la littérature et le vide : mode d'emploi et géographie d'une dépossession

Soirée
Présentation de Livres sur l'art, par Pierre TAMINIAUX


Mercredi 19 juillet
ART CONTEMPORAIN
Matin
Hyeon-Suk KIM : Le vide immatériel et le reflet dans la série Pavillon de Dan Graham
Camille PRUNET : Le vide et le public. Une interrogation sur le pouvoir de création : Yves Klein et Derek Jarman

Après-midi
Barbara BOURCHENIN : Livres et bibliothèques à l'épreuve du feu : réserve, néant et in-signifiant chez Anselm Kiefer et Claudio Parmiggiani
Andrea PITOZZI : Écrire le vide. Reading the Remove of Literature par Nick Thurston


Jeudi 20 juillet
Matin
Nathanaël WADBLED : Les formes mémorielles du vide : faire l'expérience de la disparition
Jérôme DUWA & Pierre TAMINIAUX : Conclusions

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

• BENJAMIN Walter, "L'œuvre d'art à l'ère de sa reproduction technique", in Œuvres Choisies, Traduction de Maurice de Gandillac, Paris, Julliard, 1959.
• BLANCHOT Maurice, L'Espace Littéraire, Paris, Gallimard, 1955.
• DEBORD Guy, La Société du Spectacle, Paris, Gallimard, 1992.
• DE DUVE Thierry, Nominalisme Pictural, Paris, Minuit, 1984.
• KIM Hyeon-Suk, L'art et l'Esthétique du vide, Paris, L'Harmattan, 2014.
• MICHAUX Henri, Un Barbare en Asie, Paris, Gallimard, 1967.
• MICHAUX Henri, Misérable Miracle. La mescaline, Paris, Gallimard, 1972.
• PAZ Octavio, Versant Est, Édition bilingue, Paris, Gallimard, 1970.
• PAZ Octavio, Mise au net, Paris, Gallimard, 1977.
• TAMINIAUX Pierre, Littératures modernistes et arts d'avant-garde, Paris, Honoré Champion, 2013.
• TAMINIAUX Pierre, La Faille, Paris, L'Harmattan, 2014.
• TILMAN Pierre, Robert Filliou : Nationalité Poète, Dijon, Les Presses du Réel, 2007.
• TILMAN Pierre, Voids, Catalogue de l'exposition du Centre Pompidou, Dijon, Les Presses du Réel, 2009.


SOUTIEN :

• Georgetown University

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


L'ALGÉRIE, TRAVERSÉES


DU JEUDI 13 JUILLET (19 H) AU JEUDI 20 JUILLET (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Ghyslain LÉVY, Catherine MAZAURIC, Anne ROCHE


ARGUMENT :

"Je pensais alors que "du même pays" voulait dire splendeur côtière,
immensité des paysages, couleur de terre forte, et il m'apparut que
toutes les explications des déchirements et désastres et luttes historiques
de l'Algérie avaient été grevées d'un grand oubli.
"
Nabile Farès, Un Passager de l'Occident

L'Algérie a fait l'objet, ces dernières années, de nombreuses recherches (colloques, publications) axées notamment sur la guerre d'Indépendance. Ce colloque, tout en tenant compte des avancées scientifiques dans le domaine, repose sur un point de vue différent. À partir des divers dénis de la réalité historique, politique et anthropologique, à partir de passés incompris (et voués à se répéter), il entend interroger l'histoire collective et ses entrecroisements avec les histoires individuelles : à quels silences, mutismes, blancs de la mémoire, exils hors de soi, renvoient les souffrances hors langage que chaque histoire singulière (franco-judéo-algérienne) porte en elle ?

Il s'agit de faire appel à cette force traversière de la pensée à l'œuvre dans les productions culturelles d'aujourd'hui : textes littéraires et documents historiques, ombres portées d'un présent encore non vécu. Est-ce que le passé a un futur ?

Ce colloque, au-delà des spécialistes, s'adresse à tous ceux qui s'intéressent aux multiples perspectives transhistoriques et transculturelles émergeant aujourd'hui comme de nouveaux points de passages entre la France et l'Algérie.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Jeudi 13 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Vendredi 14 juillet
Matin
Ghyslain LÉVY, Catherine MAZAURIC & Anne ROCHE : Ouverture
Catherine BRUN : Toucher l'ancien présent et le futur déjà là [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
Tristan LEPERLIER : Une littérature en état d'urgence ? Controverses autour d'une notion stratégique dans la décennie noire
Zineb ALI-BENALI : Écriture de la rupture et de la déliquescence. La littérature algérienne post-décennie noire


Samedi 15 juillet
Matin
Karima LAZALI : L'impossible en partage
Ghyslain LÉVY : Un temps suspendu

Après-midi
Charles BONN : L'écrivain algérien et sa relation au lieu d'origine
Claude de LA GENARDIÈRE : Des géographies psychiques où l'Algérie traverse la France

Soirée
Jacques FERRANDEZ : Mes deux rives | Entretien avec Anne ROCHE


Dimanche 16 juillet
Matin
Mustapha MESLEM : 1962. Un passé futur, mémoire et amnistie
Amina BEKKAT : L'image de la femme dans les romans algériens des vingt dernières années

Après-midi
Sarah KOUIDER RABAH : Espaces autobiographique et historique dans trois nouvelles de Juives d'Algérie : re-panser les drames de l'Histoire
Ghyslain LÉVY & Anne ROCHE : Hommage à Nabile Farès

Soirée
Elisabeth LEUVREY : "Alger, mise en ombre". Cinq variations autour des images absentes du film La Traversée commentées par Ghyslain Lévy


Lundi 17 juillet
Matin
Anne ROCHE : Pour une histoire contrefactuelle
Ghyslain LÉVY : Sadek Aissat ou l'émergence d'un non-événement

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Habib TENGOUR : Autour de son livre Traverser | Entretien vidéo avec Hervé SANSON


Mardi 18 juillet
Matin
Meriem ZEHARAOUI : Les dimensions mémorielles et contestataires dans l'écriture nomade de Malika Mokeddem (N'Zid, 2001 et La Désirante, 2010)
Giulia FABBIANO : "Je viens d'un pays qui n'existe plus". Détours d'appartenance postcoloniale

Après-midi
Leïla SEBBAR : "Le Ravin de la femme sauvage" | Entretien avec Sabrinelle BEDRANE
Hadj MILIANI : Traverses culturelles et pluralités créatrices

Soirée
Habiba DJAHNINE : Projection du film Lettre à ma sœur


Mercredi 19 juillet
Matin
Amina LAMGHARI : Présentation de l'œuvre de Malek Bensmaïl
Catherine MAZAURIC : L'Algérie traversée par l'Afrique subsaharienne (Maïssa Bey, Tierno Monénembo)

Après-midi
Stéphane BAQUEY : Déplacements et ancrages de la poésie (ou non-poésie) algérienne contemporaine arabophone et francophone
Hervé SANSON : L'écriture de la catastrophe dans les romans de Sarah Haïdar

Soirée
Hommage à Nabile Farès, intervention chorégraphique de Marie-Odile LANGLÈRE [extrait sur la chaîne YouTube de Cerisy]


Jeudi 20 juillet
Matin
Synthèse et conclusions

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

• Charles Bonn, Lectures nouvelles du roman algérien. Essai d'autobiographie intellectuelle, Classiques Garnier, 2016.
• Catherine Brun (dir.), Guerre d'Algérie / Les mots pour la dire, CNRS Éditions, 2014.
• Catherine Brun (dir.), Algérie, d'une guerre à l'autre, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2014.
• Giulia Fabbiano, Hériter 1962. Harkis et immigrés algériens à l'épreuve des appartenances nationales, Presses universitaires de Paris-Ouest, 2016.
• Alice Kaplan, En quête de "L'Étranger", Gallimard, 2016.
• Mondher Kilani, Pour un universalisme critique. Essai d'anthropologie contemporaine, La Découverte, 2016.
• Karima Lazali, La parole oubliée, érès, 2015.
• Catherine Mazauric, Mobilités d'Afrique en Europe. Récits et figures de l'aventure, Karthala, 2012.
• Crystel Pinçonnat, Endofiction et fable de soi. Écrire en héritier de l'immigration, Classiques Garnier, 2016.
• Benjamin Stora, Histoire de l'Algérie : XIXe et XXe siècles, La Découverte, 2012.
• Benjamin Stora, Les Clés retrouvées. Une enfance juive à Constantine, Stock, 2015.
• Lucette Valensi, Juifs et musulmans en Algérie, Tallandier, 2016.


SOUTIENS :

• Cielam (EA 4235) | Aix-Marseille Université
• Réseau mixte Langue française & Expressions francophones (Réseau-Mixte LaFEF) | Université Rennes 2 // Institut Français d'Algérie // Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche d'Algérie

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


QU'EST-CE QU'UN RÉGIME DE TRAVAIL RÉELLEMENT HUMAIN ?


DU MARDI 4 JUILLET (19 H) AU MARDI 11 JUILLET (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Pierre MUSSO, Alain SUPIOT


ARGUMENT :

La création de l'Organisation internationale du travail a été justifiée par le fait "que la non-adoption par une nation quelconque d'un régime de travail réellement humain fait obstacle aux efforts des autres nations désireuses d'améliorer le sort des travailleurs dans leurs propres pays" (Préambule de la constitution de l'OIT, alinéa 3). Il s'agissait d'instituer une police sociale de la concurrence internationale, propre à empêcher que celle-ci ne détériore au lieu d'améliorer les conditions de travail des hommes.

Ce qu'il est convenu d'appeler la "globalisation" donne à ce constat une actualité nouvelle. Avec la globalisation, il n'est plus guère de pays dans lesquels ce régime ne dépende fortement des échanges internationaux. Cette dépendance se manifeste par une extension du travail salarié, mais aussi par la déstabilisation des formes traditionnelles de travail et par la montée en puissance du chômage et d'un travail dit "informel", qui ne relève ni du travail traditionnel, ni du salariat. Dans le même temps, la révolution numérique et les nouvelles formes de "rationalisation" du travail donnent jour à des types inédits d'aliénation et de risques pour la santé, mais ouvrent sous certaines conditions des opportunités nouvelles pour une plus grande liberté dans le travail.

L'intelligibilité de ces transformations suppose une remise en perspective historique de la notion clé de "régime de travail réellement humain". Cette notion oblige à penser la dimension proprement anthropologique et culturelle du travail, c'est-à-dire à considérer aussi bien son rôle nodal dans la condition humaine, que la place spécifique qui lui est assignée dans chaque civilisation. À première approche, on peut dire qu'il doit s'agir d'un travail permettant à celui qui l'exécute de mettre une part de lui-même dans ce qu'il fait. Car tel est le propre du travail de l'homme, ce qui le distingue de celui de l'animal ou de la machine. Il prend racine dans des représentations mentales que le travailleur s'efforce d'inscrire dans l'univers des choses ou des symboles. En cela, le travail est aussi une école de la raison : mettant nos images mentales aux prises avec les réalités du monde extérieur, il nous oblige à prendre la mesure, et de ce monde, et de ces représentations.

Au plan historique, ce colloque examinera les grandes évolutions intervenues en un siècle, au regard des formes nouvelles de déshumanisation du travail. Au plan comparatif, il considérera les divers sens que la notion de "régime réellement humain du travail" peut prendre d'une civilisation à l'autre. Cette comparaison ne peut se fonder sur la projection des catégories de pensée nées de l'expérience industrielle et doit donc faire une large place au temps long et à la diversité des cultures. Elle doit porter aussi bien sur les relations de travail que sur le travail en lui-même, son sens et son contenu. D'un point de vue méthodologique, ce colloque ne se cantonnera pas aux habituelles approches socio-économiques, mais fera une large place à la signification philosophique ou religieuse, ainsi qu'aux représentations artistiques (littéraires, musicologique, cinématographiques ou picturales) du travail dans les grandes civilisations. Prendre la mesure des évolutions intervenues en ces domaines depuis un siècle suppose de les replacer dans la perspective du temps long des civilisations.

Au-delà des contributeurs très variés qui vont présenter des communications, les débats seront élargis à tous les auditeurs que les questions posées intéressent.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mardi 4 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Mercredi 5 juillet
Matin
OUVERTURE
Alain SUPIOT : La juste division du travail [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Dominique MÉDA : Simone Weil et Hannah Arendt : deux philosophies du travail inactuel

Après-midi
TOUR DU MONDE DU CONCEPT DE TRAVAIL
Cristina CIUCU : Judaïsme. Travail et asservissement
Danouta LIBERSKI BAGNOUD : Le travail vu au prisme du rituel
Charles MALAMOUD & Annie MONTAUT : L'Inde
Denis PAILLARD : URSS / RUSSIE : le travail au centre des changements

Soirée
L'image du travail, avec Jean-Paul GÉHIN (Les sciences sociales et les images du travail) et Cornélia ISLER-KERÉNYI (Le travail dans l'imaginaire grec)


Jeudi 6 juillet
Matin
SIGNIFICATIONS HUMAINES DU TRAVAIL
Gerd SPITTLER : L'anthropologie du travail : une comparaison ethnographique
Isabelle FERRERAS : Le travail à l'heure de l'économie des services, comme expérience à la potentialité démocratique

Après-midi
LE TRAVAIL ENTRE LA PERSONNE ET LA CHOSE
Augustin BERQUE : La forclusion du travail
Christophe DEJOURS : Travail vivant et accomplissement de soi

Soirée
Session doctorale (I) autour des travaux des doctorants, avec Lorédane BESNIER, Natalia DELGADO, Mamadou Abasse DIOP, Louise FAUVARQUE-GOBIN, Linxin HE, Cheikh KALING, Carine KOUADIO, Francesca MARTINELLI, Adama Lamine SY et Céline WATTECAMPS


Vendredi 7 juillet
Matin
L'HISTOIRE DU TRAVAIL A-T-ELLE UN SENS ?
Pierre MUSSO : Le travail dans l'imaginaire industriel
Sandrine KOTT : L'OIT en tension : entre conditions humaines de travail et productivisme (1919-1989)

Après-midi
LE TRAVAIL SAISI PAR LA GLOBALISATION
Janis SARRA : Le rôle et le rythme de la chanson chez la classe ouvrière dans la lutte pour la justice sociale
Babacar FALL : Émigration et quête du travail : le cas des jeunes sénégalais

L'avenir du travail entre dirigeants d'entreprise et syndicalistes (organisée dans le cadre des conversations du centenaire de l'OIT), table ronde animée par Cyril COSME (BIT), avec Olivier CARLAT (Directeur du Dialogue Social VEOLIA), Hervé GARNIER (CFDT), Claude JEANNEROT (Délégué du gouvernement français au conseil d'administration du BIT), André MILAN (Senior advisor de BPI group), Bernard THIBAULT (CA-BIT), Yves VEYRIER (FO) et des dirigeants d'entreprises de la Région Normandie

Soirée
L'avenir du travail entre dirigeants d'entreprise et syndicalistes (organisée dans le cadre des conversations du centenaire de l'OIT), table ronde animée par Cyril COSME (BIT) [suite]


Samedi 8 juillet
Matin
LES NORMES INTERNATIONALES DU TRAVAIL
Francis MAUPAIN : Quel avenir pour l'OIT et son rôle de régulation sociale de l'économie globalisée ? [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Pedro Augusto GRAVATÁ NICOLI & Supriya ROUTH : Un régime de travail réellement humain et l'approche pluraliste des capabilités pour les travailleurs informels : pistes de l'Inde et du Brésil

Après-midi
DÉTENTE


Dimanche 9 juillet
Matin
LE TRAVAIL CONCRET
Pierre-Michel MENGER : Travail instrumental et travail créateur
Philippe d'IRIBARNE : Les cultures du travail

Après-midi
TRAVAIL ET TECHNIQUE
Jean-Michel BESNIER : La robotique, alibi d'une humanité fatiguée d'elle-même
Marie-Anne DUJARIER : Tous producteurs ? Institutions du travail et anthropologie de l'activité en jeu dans les plateformes numériques
Michel LALLEMENT : Refaire travail : des pratiques alternatives à la croisée du technique et du politique

Soirée
Le temps et les rythmes de travail : les chants de travail, avec Étienne BOURS (Chanter en travaillant puis déchanter le travail) et Benoit DE CORNULIER (Rythmer l'action par la parole)


Lundi 10 juillet
Matin
LES REPRÉSENTATIONS DU TRAVAIL DANS L'ENTREPRISE
Michel VOLLE : De la main d'œuvre au cerveau d'œuvre
Thibault LE TEXIER : Management et démocratie d'entreprise

Après-midi
TRAVAIL, TERRITOIRE ET ENTREPRISE
Pierre VELTZ : Le travail dans la société hyper-industrielle
Christian DU TERTRE : L'inscription territoriale du travail

Soirée
Session doctorale (II) autour des travaux des doctorants, avec Mélanie ATINDÉHOU-LAPORTE, Germain BONNEL, Clément CAILLETEAU, Elliot COBBAUT, Olivier JÉGOU, Lisa POINSOT et Min ZHANG


Mardi 11 juillet
Matin
CONCLUSIONS
Samuel JUBÉ : L'image comptable du travail

Table ronde et synthèse du colloque avec les doctorants, animée par Corine EYRAUD & Pierre MUSSO, avec Lorédane BESNIER, Germain BONNEL, Clément CAILLETEAU, Louise FAUVARGUE-GOBIN, Linxin HE, Lisa POINSOT et Min ZHANG

Après-midi
DÉPARTS


PRESSE / MÉDIAS :

• "Ce que les hackers nous disent du travail", entretien avec Michel LALLEMENT réalisé par Sylvain ALLEMAND [en ligne sur le site de L'EPA Paris-Saclay].

• "Quel régime de travail réellement humain… pour le chercheur ?", entretien avec Étienne KLEIN réalisé par Sylvain ALLEMAND [en ligne sur le site de L'EPA Paris-Saclay | 11 septembre 2017].


SOUTIENS :

• Bureau international du Travail (BIT)
• Institut d'études avancées de Nantes (IEA)
• Fondation Gabriel Péri

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


ESPACES ET LITTÉRATURES DES AMÉRIQUES :

MUTATION, COMPLÉMENTARITÉ, PARTAGE


DU SAMEDI 24 JUIN (19 H) AU SAMEDI 1er JUILLET (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Zilá BERND, Patrick IMBERT, Rita OLIVIERI-GODET


ARGUMENT :

Ce colloque explorera les relations littéraires inter/transaméricaines en interrogeant les constructions imaginaires qui fondent et réinventent les territoires des Amériques. La perspective comparatiste entend mettre en rapport les productions romanesques actuelles du continent américain pour examiner, en fonction de ses lieux emblématiques, les figurations des rapports humains.

L'enjeu est de comparer les multiples expressions de l'espace continental en analysant les modalités de renouvellement des mythes, des narrativités et des perspectives menant à la reconfiguration de cet espace. Puisant dans un corpus de romans caractéristiques, la réflexion sera structurée autour des cinq axes suivants : la traversée de frontières mouvantes et perméables ; l'expérience d'espaces lointains, voire extrêmes ; les dynamiques des métropoles avec leurs zones d'hybridation et/ou d'exclusion ; les différentes formes de transmission de la mémoire générationnelle ; les conflits culturels, économiques, sociaux et politiques.

Faisant intervenir des universitaires, des critiques et des écrivains sensibles aux reconfigurations spatiales en rapport avec les mobilités (trans)culturelles dans les littératures des Amériques, ce colloque, en dépassant le cadre de chacune des littératures nationales, entend également apporter une contribution théorique et épistémique aux études des relations littéraires inter/transaméricaines. Au-delà des spécialistes, les lecteurs de ces littératures seront invités à élargir les débats qui vont suivre les communications, les tables rondes ou les témoignages d'écrivains.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Samedi 24 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Dimanche 25 juin
Matin
Jean-François CÔTÉ : Kerouac et Guevara : espace-temps du récit de voyage dans la redécouverte des Amériques
Bernard ANDRÈS : Québec-Amériques : une littérature, fille de l'humour

Après-midi
Ivete Lara Camargos WALTY : Langage Brésil — langage américain : de quoi s'agit-il ?
Rogério LIMA : Bernardo Carvalho et Jorge Volpi : l'espace de l'éthique et de la mémoire dans les récits brésilien et mexicain contemporains

Soirée
De l'histoire à la littérature : deux fictions romanesques, par Bernard ANDRÈS


Lundi 26 juin
Matin
Patrick IMBERT : Causalité, temporalité et hasard dans les fictions des Amériques : fragments de révoltes narratives [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Naomi FONTAINE : Le regard neuf ou "Être né Innu aujourd'hui dans une société québécoise dominante" | TÉMOIGNAGE [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
Rita OLIVIERI-GODET : Espace et relations autochtones / allochtones dans les littératures brésilienne et québécoise
Brigitte THIÉRION : Peuples autochtones en milieu urbain : du mythe à la réalité, un processus de désintégration dans Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel et Habitante irreal de Paulo Scott
Soraya LANI : Pour une lecture "hétérotemporelle" de la fiction amérindienne brésilienne et québécoise : L'ourse bleue de Virginia Pésémapéo Bordeleau et Todas as coisas são pequenas de Daniel Munduruku

Soirée
Lecture de textes, par Naomi FONTAINE


Mardi 27 juin
Matin
Bertrand WESTPHAL : Cartographies (peut-être) fictionnelles des espaces latino-américains — ou comment tracer d'autres mondes possibles
Adina BALINT : Représentations de déplacements et traversées de frontières dans la littérature canadienne francophone d'aujourd'hui

Après-midi
Alberto DA SILVA : Les représentations de la ville de Recife entre littérature et cinéma
Thierry GOATER : "I was an accumulator, a hoarder. I trespassed everywhere and thieved constantly" : politique et poétique de l'espace dans The Underpainter de Jane Urquhart

Soirée
Projection du film La Fièvre du rat (2012) de Cláudio Assis, suivie d'un débat animé par Alberto DA SILVA


Mercredi 28 juin
Matin
DÉTENTE

Après-midi
"HORS LES MURS" — À BAYEUX : LA MÉMOIRE DU MONDE MÉDIÉVALE
Visite de la cité médiévale de Bayeux et de son musée (Tapisserie de Bayeux)


Jeudi 29 juin
Matin
Zilá BERND : Les romans de l'antériorité : partage et transmission intergénérationnelle dans la fiction actuelle des Antilles et du Brésil
Euridice FIGUEIREDO : Brésil et Antilles : la littérature comme archive de l'esclavage

Après-midi
José Luís JOBIM : Espaces de la mémoire dans Silviano Santiago, Chico Buarque, Godofredo de Oliveira Neto et William Faulkner
Maria ZILDA FERREIRA CURY : Mémoires de la dictature, héritage familial et exil
Andrea Saad HOSSNE : La "mémoire-dune" : récit, histoire et déplacement dans Ainda estou aqui ("Je suis encore là") de Marcelo Rubens Paiva


Vendredi 30 juin
Matin
Françoise DUBOSQUET LAIRYS : Jordi Soler, un catalan d'outre-mer ou une écriture atlantique
Licia SOARES DE SOUZA : Figures spatiales de Montréal dans une perspective de géopoétique urbaine

Après-midi
Wilton BARROSO FILHO : Carlos Fuentes : choix esthétique et configuration de l'espace créatif
Ilana HEINEBERG : Confins, mobilité et mémoire dans le "road novel" de la Pampa Todos nós adorávamos caubóis, de Carol Bensimon

Bilan du colloque et échange avec les participants


Samedi 1er juillet
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

• AINSA, Fernando, Del topos al logos, Propuestas de geopoética, Frankfurt, Iberoamericana/Vervuert, 2006.
• ANDRES, Bernard & BERND, Zilá (dir.), L'identitaire et le littéraire dans les Amériques, Montréal, Éditions Nota Bene, 1999.
• ASSMANN, Jan, La mémoire culturelle, Paris, Flammarion, 2010 (Trad. Diane Meur).
• ASSMANN, Aleida, Espaços de recordação : formas e transformações da memória cultural, Campinas, Editora UNICAMP, 2011 (Trad. Paulo Soethe (coord.)).
• AUGÉ, Marc, Non-lieux. Introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Seuil, 1992.
• BERND, Zilá, Américanité et mobilités transculturelles, Québec, Presses de l'université Laval, Collection "Américana", 2009.
• BERND, Zilá & DEI CAS-GIRALDI, Norah, Glossaire des mobilités culturelles, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, Collection "TransAtlantico", n°8, 2014.
• BERND, Zilá, Por uma estética dos vestígios memoriais ; releitura das literaturas das Américas, Belo Horizonte, Fino traço, 2013.
• BOUCHARD, Gérard & ANDRES, Bernard, Mythes et sociétés des Amériques, Montréal, Éditions Québec Amérique, 2007.
• BOUVET, Rachel & WHITE, Kenneth (dir.), Le nouveau territoire. L'exploration géopoétique de l'espace, Montréal, Figura/UQAM, 2008.
• BOUVET, Rachel & CAMUS, Audrey, Topographies romanesques, Rennes, PUR, 2011.
• CAUQUELIN, Anne, L'invention du paysage, Paris, PUF, 2000.
• COTE, Jean-François & TREMBLAY, Emmanuelle (dir.), Les nouveaux récits des frontières des Amériques, Québec, Les Presses de l'université Laval, 2005.
• COTE, Jean-François, LESEMANN, Frédéric & CUCCIOLETA, Donald, Le grand récit des Amériques. Polyphonies et identités culturelles dans le contexte de la continentalisation, Québec, Les Presses de l'université Laval, 2001.
• COLLOT, Michel, La pensée-paysage, Arles, Actes Sud/ENSP, 2011.
• CHARTIER, Daniel, "Au Nord et au large. Représentation du Nord et formes narratives", in CHARTIER, Daniel, BOUCHARD, Joë; NADEAU, Amélie (dir.), Problématiques de l'imaginaire du Nord, Montréal, Figura/UQAM, 2004, p. 9-26.
• CURY, Maria Zilda, RAVETTI, Graciela & AVILA, Myriam (dir.), Topografias da cultura. Representação, espaço e memória, Belo Horizonte, Editora UFMG, 2011.
• DE SOUZA, Licia Soares, Utopies américaines au Québec et au Brésil, Québec, PUL, 2004.
• DUBOSQUET LARYS, Françoise (dir.), Les failles de la mémoire. Théâtre, cinéma, poésie et roman : les mots contre l'oubli, Rennes, PUR, 2016.
• FIGUEIREDO Eurídice, Representações de etnicidade : perspectivas interamericanas de literatura e cultura, Rio de Janeiro, 7Letras, 2010.
• GERVAIS, Bertrand & HORVATH, Christina (dir.), Écrire la ville, Montréal, Figura/UQAM, 2005.
• IDMHAND, Fatiha & alii, Les Amériques au fil du devenir ; écritures de l'altérité, frontières mouvantes, P.I.E. Peter Lang, 2016, Collection "TransAtlantico", n°12.
• IMBERT, Patrick (dir.), Le transculturel et les littératures des Amériques, Ottawa, Université d'Ottawa, 2012.
• IMBERT, Patrick, Les Amériques transculturelles ; les stéréotypes du jeu à somme nulle, Québec, Presses de l'université Laval, Collection "Américana", 2013.
• IMBERT, Patrick & BERND, Zilá (éds), Envisager les rencontres transculturelles Brésil-Canada, Québec, Presses de l'université Laval, Collection "Américana", 2015.
• OLIVIERI-GODET, Rita (dir.), Cartographies littéraires du Brésil actuel : espaces, acteurs et mouvements sociaux, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, 2016.
• OLIVIERI-GODET, Rita, L'altérité amérindienne dans la fiction contemporaine des Amériques, Brésil, Argentine, Québec, Québec, Presses de l'université Laval, 2015.
• OLIVIERI-GODET, Rita, "Topologie imaginaire des Amériques : les confins", in IDMHAND, Fatiha, BRAILLON-CHANTRAINE, Cécile, SAVIN, Ada & AJI, Hélène (dir), Les Amériques au fil du devenir. Écritures de l'altérité, frontières mouvantes, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, 2016, p. 107-119.
• PONCE Néstor (éd.), La représentation de l'espace dans le roman hispano-américain. Los pasos perdidos de Alejo Carpentier, La vorágine de José Eustasio Rivera, Nantes, Éditons du Temps, 2002.
• PONCE Néstor (éd. et préface), Le Discours autoritaire en Amérique latine de 1970 à nos jours, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007.
• ROBIN, Régine, Le Roman mémoriel, Montréal, le Préambule, Collection "L'Univers des discours", 1989.
• SOUZA, Márcio, História da Amazônia, Manaus, Valer, 2009.
• WESTPHAL, Bertrand, La géocritique. Réel, fiction, espace, Paris, Les Éditions de Minuit, 2007.
• WESTPHAL, Bertrand, Le monde plausible. Espace, lieu, carte, Paris, Les Éditions de Minuit, 2011.


SOUTIENS :

• ERIMIT (EA 4327) | Université Rennes 2
• Institut universitaire de France
• GIS Institut des Amériques de Rennes

Programme 2017 : un des colloques

Programme complet


QUELLES COMMUNICATIONS, QUELLES ORGANISATIONS À L'ÈRE DU NUMÉRIQUE ?

UN ÉTAT DES RECHERCHES FRANCOPHONES :
HISTOIRE, ÉPISTÉMOLOGIE, MÉTHODES, FRONTIÈRES


DU SAMEDI 24 JUIN (19 H) AU SAMEDI 1er JUILLET (14 H) 2017

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

François COOREN, Christian LE MOËNNE, Sylvie PARRINI-ALEMANNO


ARGUMENT :

La transformation numérique n'est pas seulement un phénomène technique. Elle affecte l'ensemble du monde vécu, toutes les formes sociales, les pratiques, les imaginaires, les relations aux espaces et aux temporalités, les dispositifs organisationnels et institutionnels. Ce bouleversement a donc une dimension anthropologique, globale, qui appelle un renouvellement des conceptualisations, appuyées sur des expérimentations, des observations et des recherches de longue durée. En effet, une imbrication se met en place entre des objets, des machines, des langages et les développements de logiques d'action et d'usage, qui interrogent à la fois les secteurs professionnels et scientifiques de l'information et de la communication. Et cela, non seulement par les mutations et crises que le numérique semble provoquer ou accentuer, mais encore par l'importance croissante que prennent dans le quotidien les pratiques sociales d'information et de communication.

Ce colloque international s'adresse aux chercheurs, aux professionnels et à tous ceux qui s'intéressent à ces évolutions pour soumettre au débat critique les conceptions et théories de chercheurs des différents secteurs du monde francophone (français, canadiens et belges) dans les domaines des communications organisationnelles, des systèmes d'information, des logiques d'actions en contextes numériques et, bien entendu, de la dimension épistémologique et stratégique de la transformation numérique.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Samedi 24 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Dimanche 25 juin
Matin
François COOREN, Christian LE MOËNNE & Sylvie PARRINI-ALEMANNO : Ouverture

MUTATIONS ORGANISATIONNELLES
Christian LE MOËNNE : Formes sociales et mutation anthropotechnique [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Frédérik MATTE : L'organisation (im)possible : différance, idéalité et pratique

Après-midi
SPÉCIFICITÉS DES APPROCHES COMMUNICATIONNELLES
Jean-Luc BOUILLON & Catherine LONEUX : "Approches communicationnelles" : quelles méthodes et quels cadres conceptuels pour penser communicationnellement l'organisation du social à "l'ère numérique" ?
Daniel ROBICHAUD : La pluralité des types de connexions organisantes


Lundi 26 juin
Matin
MUTATIONS HUMAINES
Valérie CARAYOL : Humanités digitales et communication organisationnelle : regards croisés
Maryse CARMES : Les fabriques numériques de l'organisation : agencements, scripts et sémio-politiques

Après-midi
ÉVOLUTIONS DES COMMUNAUTÉS
Olivier GALIBERT : Approche communicationnelle et organisationnelle de la communauté virtuelle
François SILVA : Le numérique dans les nouvelles communautés de management : nouvelle régulation, nouveaux acteurs

Soirée
ÉPITÉMÉ
Fabienne MARTIN-JUCHAT : Comment changer de siècle ? Repenser les fondements épistémologiques des approches communicationnelles pour les organisations


Mardi 27 juin
Matin
MATÉRIALITÉS ET CULTURES
Anne MAYÈRE : Agentivité du numérique
Dany BAILLARGEON : Faut-il réhabiliter le concept de culture organisationnelle ? Réflexions théoriques, méthodologiques et pratiques

Après-midi
MATÉRIALITÉS ET RELATIONS
Manuel ZACKLAD : Les approches transactionnelles entre information (artefacts) et communication (relations interpersonnelles)
Benoît CORDELIER : Dispositifs sociotechniques — Enjeux de pouvoir et stratégie

Soirée
QUESTION D'ENVIRONNEMENTS
Françoise BERNARD : Communications des organisations et tournants écologiques


Mercredi 28 juin
Matin
DEVENIRS TECHNIQUES EN ORGANISATION
Christian BOURRET & Claudie MEYER : La question du numérique au cœur des territoires et de l'intelligence économique territoriale
Valérie LÉPINE & Laurent MORILLON : Praticiens de la communication et professionnalisation face aux enjeux du numérique

Après-midi
DÉTENTE


Jeudi 29 juin
Matin
QUESTION DU TEXTE
Patrice de la BROISE : L'organisation comme texte : de la métaphore au paradigme
François LAMBOTTE : De la mémoire organisationnelle aux pratiques mémorielles en organisation : exploration des traces numériques de l'activité organisationnelle

Après-midi
MÉDIATIONS TECHNOLOGIQUES
Michel DURAMPART : Machines numériques, dislocation, recomposition : nouvelles formes d'apprentissage et d'approches organisationnelles
Pierre DELCAMBRE : Un travail de bureau à l'ère du numérique

Soirée
QUESTION DE FORMES OBJECTALES
Nicolas BENCHERKI : Les mots des choses : comment les objets communiquent et participent à la constitution des organisations ?


Vendredi 30 juin
Matin
QUESTION CRITIQUE
François COOREN : Matérialisation et idéation
Christian LE MOËNNE : Critique des concepts nord américains

Après-midi
Sylvie PARRINI-ALEMANNO : Recherches qualitatives en contexte numérique : à partir d'une Recherche Action
Thomas HELLER : Technologies info-communicationnelle, management et organisation : variations critiques

Conclusions, animées par François COOREN & Sylvie PARRINI-ALEMANNO


Samedi 1er juillet
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Dany BAILLARGEON : Faut-il réhabiliter le concept de culture organisationnelle ? Réflexions théoriques, méthodologiques et pratiques
Le titre même de cette présentation semble appeler un projet mort-né. Pourquoi tenter de réhabiliter un concept, qui n'a connu qu'une courte gloire dans les études communicationnelles des organisations de l'espace francophone, et qui a été préempté par les approches managériales dans la littérature anglo-saxonne (Massiera, 2007) ? Or le vocable a encore cours dans les organisations, et les chercheurs en SIC, souhaitant "favoriser un dialogue interdisciplinaire susceptible de fournir des réponses adaptées au monde professionnel et social" (Farchy et Froissart 2006 cités dans Morillon, 2011), sont aux prises avec ce concept zombie (Beck, 1992). Le malaise épistémologique d'une vue réifiée, fonctionnaliste, figée et homogène de la culture organisationnelle (Alvesson, 2002) peut rapidement prendre le pas sur l'intérêt d'observer les dynamiques communicationnelles à l'œuvre. Nous proposons donc une voie de réhabilitation en rapprochant le concept de culture organisationnelle avec les idées de la communication comme constitutive des organisations (Putnam & Fairhurst, 2015 ; Putnam & Nicotera, 2009 ; Schoeneborn, et al., 2014), particulièrement à partir de la métaphore de la ventriloquie (Cooren, 2010, 2013). Nous démontrons ainsi qu'il est possible d'aborder la culture d'une organisation dans ce qu'elle a de dynamique, et ce, depuis la terre ferme des interactions (Cooren, et al., 2011) en prenant en compte les différentes figures culturelles qui sont animées et animantes dans les organisations. Nous proposons un cadre d'appropriation qui identifie non plus une culture organisationnelle, mais des cultures qui dynamiquement attachent et détachent les actants et participent à ce que nous nommerons des "cultures constitutives". Une étude de cas d'organisations créatives est présentée en support à notre proposition, particulièrement dans la façon dont le numérique participe à ces cultures constitutives, de façon à relever des considérations méthodologiques.

Professeur au Département des lettres et communication de l'université de Sherbrooke, Dany Baillargeon ancre ses recherches à la confluence de trois thèmes : la créativité, les organisations et la communication publique. Plus spécifiquement, il s'intéresse, dans une perspective communicationnelle, à la façon dont la créativité se déploie dans les organisations. Cette triade s'applique tant aux organisations traditionnellement créatives — agence de design, de communication marketing, d'architecture, d'innovation technologique — mais également dans les organisations publiques et hybrides, dont les laboratoires d'innovations sociales. Dans cette foulée, il s'intéresse à la créativité en communication marketing, entre autres dans la façon dont elle se manifeste publiquement et est appropriée par différents publics. Ces projets de recherche, Dany Baillargeon les mène entre autres au sein du Réseau international sur la professionnalisation des communications (RESIPROC), du Centre de recherche sur le vieillissement du CIUSS-CHUS Estrie et de la Chaire de communication marketing et relations publiques de l'UQAM.

Nicolas BENCHERKI : Les mots des choses : comment les objets communiquent et participent à la constitution des organisations ?
La recherche en communication organisationnelle a traditionnellement réservé la parole aux êtres humains. Cependant, certains auteurs proposent que les "choses font des choses avec les mots" et critiquent la "bifurcation de la nature" en deux domaines, celui de la matérialité d'un côté, celui du langage de l'autre. Si nos méthodes de recherche continuent de donner l'impression que seuls les humains parlent, il n'en faut pas pour autant conclure qu'il s’agit là d'un fait ontologique. On montrera comment reconnaître l'accès des choses au langage, via le truchement d'autres objets, et donc mieux reconnaître leur contribution à la constitution des organisations et de nos collectifs.

Nicolas Bencherki (Ph.D., Université de Montréal et Sciences Po Paris) est professeur adjoint de communication à la University at Albany, State University of New York. Ses recherches portent sur la communication organisationnelle au sein des organisations communautaires et sans but lucratif. Ses travaux, publiés entre autres dans Journal of Communication ; Human Relations et Management Communication Quarterly, se penchent sur l'intersection de la communication et de la matérialité dans le partage de l'action entre l'organisation et ses membres potentiels, et dans la constitution de divers phénomènes organisationnels.

Françoise BERNARD : Communications des organisations et tournants écologiques
Dans cette présentation synthétique, l'on mettra l'accent sur les points suivants. Premièrement, la notion d'Anthropocène introduit un déplacement épistémique, non seulement dans le champ de la géologie où elle a été forgée, mais également dans le champ des SHS et, plus particulièrement, dans celui des Sciences de l'information et de la Communication (SIC). Deuxièmement, si l'on considère que les travaux consacrés à la communication environnementale peuvent être catégorisés en deux groupes : l'un plutôt centré sur l'analyse de récit, l'autre plutôt sur l'analyse des mobilisations et des engagements des parties prenantes. Troisièmement, l'on prendra appui sur plus de 15 ans de travaux qui ont débouché sur de nombreuses publications qui ont exploré, d'une part, les problématiques environnementales des régions méditerranéennes et, d'autre part, les apports de ces problématisations à une recherche critique. L'on examinera enfin les interrelations entre la communication et l'institutionnalisation de questions environnementales et soulignera combien il est important de prendre en compte les dynamiques organisationnelles pour comprendre l'actualité de ces questions.

Jean-Luc BOUILLON & Catherine LONEUX : "Approches communicationnelles" : quelles méthodes et quels cadres conceptuels pour penser communicationnellement l'organisation du social à "l'ère numérique" ?
Au cours de la seconde moitié des années 2000, le programme de recherche ACO (Approches Communicationnelles des Organisations) a été mis en œuvre au sein du champ de la communication organisationnelle en France (Bouillon, Bourdin, Loneux, 2005, 2007, 2008). L'objectif était de cartographier et de capitaliser les résultats des travaux effectués en la matière afin de dépasser le caractère peu lisible associé à la notion de "communication organisationnelle". Nous croiserons trois niveaux d'analyse : les situations de travail comme lieux d'échange multiples, les processus organisationnels structurant et équipant les échanges en contexte organisationnel, les discours entrepreneuriaux visant à construire symboliquement l'organisation. À ces trois niveaux, correspondent trois modalités ou "registres" communicationnels, considérant la communication au travers des interactions situées, des dispositifs sociotechniques assurant des médiations et de la mise en récit du social. Ce projet a conduit à des questionnements épistémologiques sur les spécificités des "approches communicationnelles" dans le domaine étudié, mais aussi plus largement en sciences de l'information et de la communication, en lien avec les disciplines connexes des sciences humaines et sociales. Il nous est apparu susceptible d'apporter une clef de lecture supplémentaire aux chercheurs en communication organisationnelle, la problématisation de leurs objets d'études et la construction de leurs socles théoriques. Cette communication interroge d'abord la notion même d'approches communicationnelles, prise à la fois comme concept et comme méthode. Elle pose ensuite des questions d'ordre épistémologique et de construction d'un objet de recherche. Secondairement, elle examinera l'accueil réservé à cette proposition ACO par les chercheurs. De quelles appropriations a-t-elle fait l'objet ? L'on s'arrêtera sur les travaux qui ambitionnent de mieux définir les dimensions communicationnelles inhérentes à deux domaines d'études : l'évolution des systèmes normatifs et la rationalisation des pratiques communicationnelles.

Jean-Luc Bouillon est professeur en sciences de l'information et de la communication à l'université de Rennes 2 et chercheur au PREFICS (EA 4246). Ses recherches portent sur les transformations organisationnelles associées aux processus de rationalisation organisationnelle contemporains, affectant de multiples secteurs (formation professionnelle, opérateurs de télécommunication, construction et bâtiment). Il s'intéresse à la rationalisation des formes de la communication et de la construction des collectifs (question collaborative) liées aux TNIC et aux méthodes managériales.

Catherine Loneux est professeure en sciences de l'information et de la communication à l'université Rennes 2 et chercheure au PREFICS (EA 4246). Ses travaux portent sur les évolutions des discours et des modes de mise en récit des organisations (tels qu'ils sont par exemple apparus dans la Responsabilité Sociale des Entreprises), ainsi que sur les recompositions de différents types d'organisations (entreprises marchandes, collectivités territoriales) liées aux technologies numériques d'information et de communication (TNIC).

Jean-Luc Bouillon et Catherine Loneux ont coordonné, avec Sylvie Bourdin (Université de Toulouse – CERTOP), le programme de recherches Approches Communicationnelles des Organisations.

Christian BOURRET & Claudie MEYER : La question du numérique au cœur des territoires et de l'intelligence économique territoriale
Le développement du numérique modifie fortement les rapports des différents acteurs, individuels et collectifs, avec les territoires. Se pose en particulier la question des "territoires numériques" avec l'utilisation des outils (sites internet, plateformes, réseaux, dispositifs socio-techniques, etc.) par les acteurs du territoire : organisations (collectivités territoriales, entreprises, chambres consulaires, associations, etc.) mais aussi citoyens dans leurs différentes modalités d'interactions. Nous nous situerons dans une perspective d'intelligence économique territoriale en analysant les enjeux de développement durable et de solidarité sur les territoires, en particulier à travers trois secteurs : celui de la santé et de la protection sociale (territoires de soins numériques, actions de la MSA (Mutualité Sociale Agricole) et des CAF (Caisses d'Allocations Familiales), du tourisme (smart destinations) et des tiers lieux.

Christian Bourret est professeur des Universités en Sciences de l'Information et de la Communication à l'université Paris Est Marne-la-Vallée (UPEM). Ses recherches portent sur l'Intelligence Économique Territoriale, principalement dans le secteur des services, avec des travaux sur la santé et la protection sociale, notamment l'évaluation comme aide au développement d'organisations d'interfaces, en particulier des réseaux de santé.

Patrice de la BROISE : L'organisation comme texte : de la métaphore au paradigme
La construction du champ scientifique en SIC est, depuis l'origine de la discipline, aux prises avec une série d'influences, de rapports de forces, de transfuges, de concepts nomades, de domaines partagés… qui fondent autant qu'ils le complexifient le positionnement des SIC dans le paysage universitaire et scientifique français (Lancien et al., 2001). Sans revenir aux origines littéraires de la discipline (Tétu, 2002 ; Boure, 2007), il convient néanmoins de rappeler que la littérature, la linguistique et la sociolinguistique, comme la philosophie du langage, ont contribué à l'institutionnalisation cognitive et sociale des SIC (Boure, 2007). Or les "lettres de noblesse" de cette discipline, encore récente, font paradoxalement assez peu de cas du concept de "texte" auquel les sciences de l'information préfèrent celui de "document". Il existe pourtant un lien fort entre l'organisation et le texte, lequel en constitue une métaphore possible, au même titre que l'organisme, métaphore biologique. En parlant d'organisation, on replace un peu d'intention sans y mettre totalement de l'artefact. Or le texte désigne ce système de traces qui permet de lire des intentions pour y donner du sens. En étudiant l'organisation en tant que texte, on évite précisément de l'étudier pour le texte que d'autres voudraient lui associer…

Professeur des universités en sciences de l'Information et de la Communication et chercheur au GERiiCO (EA 4073), Patrice de la Broise analyse l'organisation dans son rapport au texte. Ses recherches portent sur les processus de normalisation et l'écriture de l'activité par des acteurs "enrôlés" dans une activité d'écriture qui affecte l'accomplissement (et le sens) de leur action.
Publications
P. de la Broise (2016), "Rapports d'éducateurs : essai d'analyse d'un genre de texte argumentatif", in P. Delcambre, C. Matuszak (dir.), Écrire au magistrat, p. 177-208.
P. de la Broise (2012), "Signes d'un management public en voie d'accomplissement : une approche socio-sémiotique de l'université française en mutation", Communication & Organisation, n°39, p. 137-149.
P. de la Broise & S. Grosjean (2010), Études de communication, n°34, "Normes et écriture de l'organisation".

Valérie CARAYOL : Humanités digitales et communication organisationnelle : regards croisés
Les développements des pratiques de communication numérique dans un contexte organisationnel et de travail soulèvent pour les sciences sociales et les SIC (sciences de l'information et de la communication) en particulier, des questions d'ordre épistémologique, méthodologique et théorique, mais aussi éthique et socio-politique. Pour certains chercheurs prônant une transversalité disciplinaire autour du numérique, les questions nouvelles qui se posent aux chercheurs dessinent les contours d'une nouvelle trans-discipline, celle des Humanités Digitales ou Numériques. Ce champ qui se développe et s'institutionnalise, d'un point de vue international, depuis une dizaine d'année à travers des associations, des revues et des colloques, permettrait d'interroger globalement les transformations des pratiques sociales à l'aune du développement des pratiques numériques contemporaines. La démarche recoupe, à bien des égards, les efforts pluridisciplinaires faits pas les SIC au cours de ces trente dernières années, pour accompagner d'un regard réflexif et critique les développements sociotechniques liés aux pratiques médiatiques, informationnelles et communicationnelles. La communication s'attachera à dégager les principaux axes de réflexion des Humanités digitales et tentera d'en éclairer les contours. Ce faisant, elle argumentera pour que, collectivement, les chercheurs en communication organisationnelle et en SIC valorisent et partagent les travaux du champ qui ont ouvert la voie à des analyses originales avec les chercheurs en Humanités digitales. À bien des égards en effet, les SIC peuvent se prévaloir d'une avance certaine sur un domaine d'étude, les pratiques de communication numériques, qu'elles travaillent depuis de longues années.

Valérie Carayol, professeure des Universités à l'université Bordeaux Montaigne, est en délégation CNRS auprès de l'Institut des Sciences de la communication du CNRS pour l'année 2016-2017. De 2009 à 2012, elle a dirigé le laboratoire MICA de présidé l'Association Internationale de chercheurs en communication Euprera. Elle dirige actuellement une équipe de chercheurs au sein du laboratoire MICA (EA 4426) intitulée "Communication, organisations, sociétés". Depuis 2005, elle dirige la publication de la revue académique Communication & Organisation. Ses publications concernent la communication organisationnelle, les temporalités et les mutations numériques des environnements de travail. Elle est responsable d'un programme de recherche partenarial sur "Les incivilités numériques au travail".

Maryse CARMES : Les fabriques numériques de l'organisation : agencements, scripts et sémio-politiques
Cette communication propose une analyse de l'instauration de politiques numériques organisationnelles à partir d'une mise en résonance des perspectives offertes par le concept "d'agencement" de G. Deleuze et F. Guattari et par les approches de l'Actor-Network Theory de Bruno Latour et Michel Callon. Il s'agit d'habiter les processus d'élaboration de ces politiques, une "fabrique telle qu'elle se fait, se vit et se dit" selon une pluralité de mouvements et de dimensions techno-politiques. La fabrique numérique organisationnelle est décrite au prisme de plusieurs phénomènes et dynamiques de formatage : instauration de scripts sociotechniques pris dans des conflictualités et rapports de force divers, élaboration d'une narratique généralisée nourrissant des désirs d'innovation permanente, déplacement vers "un imperium datacentrique". Que ce soit à l'occasion de la conception d'un système d'information, des rapports de force et des épreuves qui s'expriment là, mais aussi en mettant au devant tout un ensemble de processus de performation, on montrera également combien le numérique oblige à mettre au cœur de l'analyse la question politique des interfaces et la "révolution moléculaire" qui la caractérise (Guattari, 2012/1977 ; Noyer, 2016, 2013). La sémio-politique insiste sur l'action des sémiotiques non linguistiques, sur la croissance exponentielle des traces-données numériques et des traitements automatisés de celles-ci, sur le mouvement des sémiotiques comme actants majeurs de la performation des pratiques et d'une économie politique organisationnelle.

Maryse Carmes est maître de conférences au Conservatoire National des Arts & Métiers, chercheur au laboratoire DICEN-IDF. Ses travaux portent sur les économies politiques du numérique et des données, l'instauration de processus socio-techniques, dans le cadre des transformations de l'action publique, de l'Open Data Territorial, des milieux organisationnels.

François COOREN : Matérialisation et idéation
Historiquement, les études en communication ont été marquées par un matérialisme que l'on pourrait qualifier d'implicite, matérialisme que l'on peut retrouver, sous diverses formes, dans les travaux fondateurs de Claude Shannon et Warren Weaver, dans la sémiotique et le pragmatisme de Charles Sanders Peirce, dans les études sur l'archéologie médiatique de Friedrich Kittler, mais aussi dans les écrits de Jacques Derrida sur la matérialité du signifiant. Penser les médias et l'interaction, c'est, en effet, a priori reconnaître qu'il ne peut y avoir communication ou relation sans l'établissement concret d'un lien toujours matériel/matérialisé, autrement dit, fait littéralement de quelque chose (vibration, signal électrique, encre, pixels, etc.). Malgré ses acquis précieux, les études en communication souffrent encore trop souvent d'une opposition malencontreusement entretenue entre, d'un côté, le monde du discours, des idées et de la communication, et, de l'autre, le monde dit matériel, présenté comme celui des outils, de la technologie, de l'architecture, mais aussi de la nature. Dans cette communication, je tâcherai de démontrer l'inanité de cette opposition en analysant le devenir d'un être a priori on ne peut plus abstrait, à savoir une idée dont je propose de suivre l'évolution tout au long d'un événement créatif organisé au Musée des beaux arts de Montréal.

François Cooren est professeur et ancien directeur du Département de communication de l'université de Montréal. Président de l'International Communication Association (ICA) en 2010-2011, il y a été élu Fellow en 2013. Auteur d'une dizaine d'ouvrages parus, entre autres, chez Oxford University Press, Routledge et John Benjamins, il a publié plus d'une cinquantaine d'articles dans des revues internationales, ainsi qu'une quarantaine de chapitres de livres. Il est actuellement président de l'International Association for Dialogue Analysis (IADA, 2012-2017).

Benoît CORDELIER : Dispositifs sociotechniques — Enjeux de pouvoir et stratégie
La technologie introduit, transforme et stabilise des pratiques organisationnelles. Cet aspect normatif est généralement accompagné d'un discours qui oriente l'attitude des acteurs organisationnels à son égard. La technologie est donc un actant porteur de sens pluriels qui sont stratégiquement mobilisés aussi bien en faveur qu'à l'encontre d'un projet organisationnel. Pour en rendre compte, l'on reviendra sur une théorie de l'objet socio-technique dans les processus organisationnels. On l'établira autour de deux systèmes de changement discursif et concret qui articulent les différentes fonctions de l'objet technique (objet normatif neutre, objet médiateur cognitif, dispositif normatif stabilisé, dispositif normatif dynamique, dispositif agi symbolique, dispositif agi stratégique) dans ses interactions avec les acteurs et l'organisation. Ainsi, l'objet sert à la fois à la structuration symbolique des transactions organisationnelles et à l'analyse des dynamiques de changement.

Benoît Cordelier est professeur au Département de communication sociale et publique de l'université du Québec à Montréal (UQAM), chercheur à la Chaire de relations publiques et communication marketing et au Centre de recherche sur la communication et la santé (ComSanté) ainsi que chercheur associé au MICA (EA 4426, axe Communication, organisations et société, Université de Bordeaux), directeur de Communiquer Revue de communication sociale et publique. Ses recherches portent sur les logiques de transaction dans les processus organisationnels, la pragmatique du silence organisationnel ainsi que le lien social et la consommation dans les communautés en ligne.

Pierre DELCAMBRE : Un travail de bureau à l'ère du numérique
Cette communication prendra comme terrain un "travail de métier" ("chargée de relations avec les publics") dans des établissements de diffusion culturelle en France. Elle cherchera néanmoins à confronter l'état de cette activité équipée et normée avec d'autres terrains bien décrits quant à leur équipement, notamment informatique (entreprises de production industrielles équipées d'ERP (Vinck & Penz, 2008), hôpitaux (Mayère & Bazet, 2016)... Ici les "RP" mettent en œuvre de multiples "projets culturels" prenant place dans la temporalité de la saison organisée par l'établissement culturel. L'observation s'attachera au travail et à la panoplie d'artéfacts du travail "de bureau" réalisé sur le lieu de travail. Ce travail communicationnel s'inscrit dans des espaces et emprunte de nombreuses "formes communicationnelles". Un intense "travail de l'écrit" (Denis, 2015) fait jongler d'un artéfact à un autre dans des pratiques de "report" construisant une mémoire vive articulée aux nombreux artéfacts mémoriels. L'équipement informatique dans un tel contexte semble bien être "à la main" des personnes au travail, permettant de fluidifier et assurer le travail d'organisation propre à cette activité.

Pierre Delcambre, Professeur émérite, Sciences de l'information et de la communication, à l'université de Lille 3 (Gériico/Lille3), s'attache à l'étude des communications de travail.
Publication
"Formes communicationnelles et opérations sociales : une approche par les échanges au travail (des échanges en travail)", Revue française des sciences de l'information et de la communication, 9 | 2016.

Michel DURAMPART : Machines numériques, dislocation, recomposition : nouvelles formes d'apprentissage et d'approches organisationnelles
Qu'il s'agisse du temps, des espaces, des relations, des formes du travail, les machines numériques dessinent un devenir instable et un horizon ouvrant sur des recompositions en cours. Dans les industries de la connaissance, l'évolution paraît emprunter un détour homéostatique qui voit le traitement de l'activité se modifier sans que la structure ou l'institution évolue véritablement. Dans des organisations privées, c'est l'horizon de la collaboration, de la cognition au travail, qui est nettement traversé par des évolutions plus que sensibles qui mettent en exergue la notion d'organisation apprenante. Dans le secteur de la santé, on peut assister à un véritable hiatus entre l'évolution de l'activité et le maintien d'une forme organisée. Depuis les travaux des années 1990-2000 (Zarifian, Le Moigne, Alter) jusqu'à aujourd'hui (Leplat, Conein, J.R. Taylor, D'Almeida, Durampart et tant d'autres), des constats pointent à la fois la nature instable des changements conduits avec des apories entre activité, hiérarchisation et formes de structuration du travail. Les recherches soulignent aussi des tensions entre rationalisation et bien être commun (Boltanski, 2009). L'insertion des machines numériques comme levier d'orientation fixant un devenir plus plastique et flexible d'une organisation supposée s'apparenter à une souplesse neuronale (Malabou, 2004) est autant une affaire d'incantation que de ferments constatés d'un mouvement combinant de nouvelles temporalités plus ou moins maitrisées (Rosa, 2010) en relation avec l'action, la réaction et la performance des fondements de l'organisation.

Olivier GALIBERT : Approche communicationnelle et organisationnelle de la communauté virtuelle
Qu'est-ce qu'une organisation ? Qu'est-ce qui différencie une organisation de tout autre collectif ou groupe humain ? Est-ce qu'une communauté peut prétendre au qualificatif d'organisation ? A fortiori, est-ce qu'une communauté en ligne, que d'aucuns nomment "Communautés virtuelles" (Rheingold, 2000 ; Latzko-Toth, Proulx, 2000 ; Galibert, 2005), est une organisation et mérite, de facto, l'intérêt des chercheurs en communication des organisations ? Existe-t-il une heuristique capable d'identifier l'action communautaire dans l'organisation ou, à l'inverse, d'analyser les communautés en ligne comme le fruit de processus communicationnels qui les traversent ? Nous verrons donc dans cette communication que, si l'idée de communauté virtuelle paraît antinomique au monde de l'organisation, elle pourrait agir, dans les représentations et dans les pratiques professionnelles et stratégiques propres aux sociétés numériques, comme un renouveau d'une pensée des processus organisationnels par trop rationalisante.

Professeur en Sciences de l'Information et de la Communication à l'université de Bourgogne Franche-Comté (Laboratoire CIMEOS), Olivier Galibert centre ses réflexions sur les enjeux de la socialisation électronique. Il propose une approche info-communicationnelle des communautés virtuelles étayée empiriquement sur les champs de la santé et de la transition socio-écologique.

Thomas HELLER : Technologies info-communicationnelle, management et organisation : variations critiques
À partir d'exemples relevant principalement de travaux en communication organisationnelle, il s'agit d'esquisser quelques-unes des expressions de la critique quand celle-ci porte sur les transformations managériales et organisationnelles à l'ère du numérique. Par là, j'entends d'abord ce que les technologies numériques d'information et de communication, adossées à des préoccupations managériales d'efficacité, induisent comme formes de pouvoir (mis à jour par la critique) ou encore produisent comme effets psychologiques et sociaux en rapport avec les catégories de la critique ; j'entends également ce que ces technologies, prises comme objet de discours, produisent comme réalité inacceptable (L. Boltanski). Plus largement, l'ère du numérique est envisagée comme un esprit du temps, qui renvoie au nouvel esprit du capitalisme, caractérisé par une idéologie qui fait tenir ensemble efficacité/performance et réalisation de soi, qui s'actualise dans des discours et des pratiques de management, ainsi que dans des possibilités d'actions offertes par les technologies informationnelles et communicationnelles (par exemple, les technologies de mesure de soi). Ce sont plus particulièrement les implications critiques de cette assimilation entre efficacité productive et production/réalisation de soi qui sont alors interrogées.

Thomas Heller, maître de conférences à l'université de Lille, membre du laboratoire GERIICO., fait porter ses recherches sur la communication managériale et la gouvernementalité communicationnelle.

François LAMBOTTE : De la mémoire organisationnelle aux pratiques mémorielles en organisation : exploration des traces numériques de l'activité organisationnelle
Le stockage des documents formels de toutes sortes, qui prenaient autrefois la forme de dossiers papiers occupant plusieurs étagères ou armoires (premier mode), sur l'Intranet et plus récemment sur des outils de partages de connaissances, a permis la création d'un nouveau mode d'existence de la mémoire organisationnelle (deuxième mode). Ce mode d'existence offre la possibilité à son gestionnaire ; mais également à ses utilisateurs, de tisser des liens entre les documents par le biais de catégorisation ou de label. En soi, cela n'est pas nouveau, le classement de Dewey en témoigne. Ce qui est neuf, c'est la mise en visibilité de l'activité sociale dans et autour de cette mémoire organisationnelle. La mémoire ne se limite plus aux documents mais inclut ce que les utilisateurs en font par le biais notamment de l'enregistrement de l'activité reprise sous forme de métadonnées (troisième mode). Ces métadonnées sont ensuite traitées et données à voir aux utilisateurs et aux gestionnaires de communautés. Mais avec quelles implications ?

François Lambotte est professeur en communication organisationnelle à l'École de Communication de l'UCL. Ses recherches interrogent les processus de collaboration, de coopération et de négociation dans divers contextes organisationnels. Il coordonne le centre de recherche en communication de l'UCL et est fondateur du Social Media Lab de l'UCL dont les recherches interrogent l'utilisation des médias socionumériques en contexte professionnel.

Christian LE MOËNNE : Formes sociales et mutation anthropotechnique
Cette conférence, introductive au colloque, ouvre le débat sur les formes organisationnelles comme éléments fondamentaux de processus d'information, entendu à la fois comme mise en sens et mise en forme. Qu'est-ce qu'une forme organisationnelle ? Loin d'être un état, elle fait tenir ensemble l'ensemble des éléments par la production de normes, de règles, de procédures qui produisent, de façon indissociable, des effets symboliques et matériels. Il s'agit d'une forme sociale qui, au sens de Castoriadis, structure notre capacité à instituer la société et qui, au sens où Simmel, conserve de façon "cristallisée" les conceptions, les postures anthropologiques, la mémoire des actions collectives. D'où vient cette aptitude à faire émerger des formes sociales ? Il s'agit, pour Simondon, d'une aptitude anthropologique à faire surgir des formes puisant aux aptitudes sociales profondes de l'humanité. Dans cette perspective, la capacité à faire surgir des formes organisationnelles précède vraisemblablement l'aptitude langagière. Notre espèce a été sociale avant d'être humaine, n'a pu devenir humaine que parce que d'abord sociale. L'aptitude à faire surgir des formes organisationnelles et instrumentales, des outils, des objets, comme celle qui permet de faire émerger des formes sémiotiques participent de cette aptitude anthropologique à faire surgir des formes sociales qui est au fondement du couplage "cortex - silex", dont Leroi-Gourhan souligne l'importance dans le processus d'hominisation. Les formes sociales sous cet aspect, mêlent en permanence trois formes sources organisationnelles, objectales et sémiotiques.

Christian Le Moënne, professeur émérite des Universités en Sciences de l'Information-Communication. Président d'Honneur de la Société Française des Sciences de l'information et de la communication (SFSIC), membre pendant dix ans du comité Information-communication de la Commission Nationales française de l'UNESCO, il est le fondateur d'un groupe d'études et de recherches sur les informations et communication organisationnelles (Org & Co) qui rassemble plus de 300 chercheurs au niveau international.

Valérie LÉPINE & Laurent MORILLON : Praticiens de la communication et professionnalisation face aux enjeux du numérique
Selon l'Union Des Annonceurs, le secteur de la communication emploierait 370 000 personnes. Depuis les années 1980, une logique "compétences" imprègne les institutions impliquées dans la définition et la régulation du marché de l'emploi ainsi que les instances et organisations éducatives et formatives. Outre leur potentielle capacité structurante, les référentiels et indicateurs standardisés de mesure et d'évaluation des activités de communication constituent des opérateurs sociaux de la professionnalisation des acteurs. Pourtant, le chercheur qui s'intéresse aux praticiens de la communication se confronte à une hétérogénéité et une ambiguïté de dénominations de métiers qui empêchent l'établissement de catégories et de hiérarchies professionnelles précises. En outre, depuis la fin des années 1990, le développement accéléré des médiations techniques et des usages info-communicationnels du numérique contribue à une évolution des pratiques et des conditions de construction du champ. Inscrits dans une course en avant technologique, certains acteurs de la sphère professionnelle imposent modèles et normes. Dans ce contexte, quelle peut être l'influence de cette inflation de métiers émergents et de compétences spécialisées sur les processus de professionnalisation des praticiens de la communication ?

Valérie Lépine est maître de conférences en Sciences de l'Information et de la Communication à l'université Grenoble Alpes et membre du GRESEC. Vice-présidente de la Société française des sciences de l'information et de la communication, elle est co-fondatrice du RESIPROC. Ses travaux portent sur les communications organisationnelles, leurs évolutions, enjeux, acteurs et pratiques. Elle interroge les dynamiques de professionnalisation, les ré-articulations qui s'opèrent entre compétences managériales et communicationnelles ainsi que les enjeux de reconnaissance des praticiens et des activités de la communication.

Laurent Morillon est maître de conférences habilité à diriger des recherches en Sciences de l'Information et de la Communication à l'université de Toulouse. Animateur de l'équipe Organicom du LERASS (EA 827), ses recherches portent sur les pratiques et modèles épistémologiques des acteurs en contexte organisationnel, notamment les chercheurs en communication des organisations et les communicants. Il est le directeur adjoint du LERASS et co-dirige le Laboratoire Commun RiMeC financé par l'ANR.

Fabienne MARTIN-JUCHAT : Comment changer de siècle ? Repenser les fondements épistémologiques des approches communicationnelles pour les organisations
Depuis l'apparition de la fonction communication dans les organisations, les politiques ont été pensées à partir de l'agir communicationnel habermassien et de la philosophie du langage d'Austin et de Searle : défini comme un être rationnel doté de langage et pour autant qu'il jouit des facultés de son entendement, l'individu humain se trouverait en capacité de déterminer les règles lui permettant d'agir de manière droite et juste, à partir de l'éthique de la discussion et de la force illocutoire du langage. Ces conceptions du langage, de l'action et de l'espace public, même si elles sont critiquées, font reposer les capacités actionnelles des organisations sur cette vulgate reprise par les acteurs de la communication. Ces derniers n'ont donc pas pu prévoir le rôle du capitalisme dans sa capacité à construire et à capter les affects des collectifs via les applications numériques, et à structurer la communication comme l'action individuelle et collective au sein même des organisations. L'usage intensif addictif et quotidien des outils numériques par certains salariés dans un régime de multi-activités (Dumas, Martin-Juchat, Pierre 2017) est dominé par des logiques d'ambivalence affective entre aveux de perte d'efficacité et désirs de contrôle. Si bien que les politiques de communication définies à partir des théories modernes et contemporaines, semblent inappropriées pour appréhender ces transformations de l'activité professionnelle, dans un contexte d'explosion des frontières des organisations (Linhart, 2015). Les salariés au sein de celles-ci, quant à leurs usages des applications numériques, semblent à la recherche de nouveaux modèles, pour penser le sens de leurs actions soutenues ou non par les acteurs de la communication (Charpentier, Brulois, 2014). Ce bilan critique de la situation, à partir de sa généalogie politique, nous conduira à nous interroger sur la nécessité de repenser les fondements épistémologiques des approches communicationnelles pour les organisations.

Fabienne Martin-Juchat, professeure des universités en sciences de l'information et de la communication à l'université Grenoble Alpes, est chercheuse au sein du GRESEC. Elle développe une anthropologie par la communication corporelle et affective médiée ou non par des technologies, afin de proposer un cadre théorique pour penser le corps et les émotions au sein des organisations. Elle coopère avec des chorégraphes et des praticiens du corps pour la conception de dispositifs de recherche-action innovants.

Frédérik MATTE : L'organisation (im)possible : différance, idéalité et pratique
Avec cette communication, je rendrai compte de la manière dont certaines tensions s'incarnent et s'expriment dans les activités quotidiennes de l'organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF). Pour procéder, je ferai appel à une approche dite "ventriloque" de la communication, approche qui vise à montrer que les tensions organisationnelles que vivent les intervenants humanitaires dans leur travail peuvent s'analyser à partir des figures qui animent leurs conversations et leurs activités de tous les jours. J'ai identifié puis analysé, grâce à une approche d'inspiration ethnographique, deux figures et deux tensions qui traduisent les mécanismes communicationnels à l'œuvre au cours de l'implémentation des activités humanitaires de MSF. Les figures dont nous ferons les analyses sont celles du patient et de la sécurité et puis, les tensions, celles entre la distance et la proximité et entre la coopération et l'indépendance.

Frédérik Matte est professeur adjoint au département de communication de l'université d'Ottawa (Canada). Il est titulaire d'un doctorat en communication de l'université de Montréal. Ses recherches portent sur l'aide humanitaire, les organisations internationales non gouvernementales (ONGI) ainsi que sur les situations d'urgence. Il s'intéresse aux aspects organisationnels tels que les tensions, l'adaptation, l'apprentissage ainsi qu'aux notions d'engagement, d'attachement et de bénévolat. Son approche s'inscrit dans un cadre collaboratif avec l'organisation d'aide humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF). Son travail a été publié dans Journal of Communication, Communication Monographs, Discours & Communication et Pragmatics & Society.

Anne MAYÈRE : Agentivité du numérique
Le numérique est fait d'un ensemble de techniques qui visent à équiper les productions d'information et les relations, soit ce qui contribue en bonne part à constituer les êtres humains comme êtres sociaux (Simondon, 2005). C'est dire l'importance qu'il y a à questionner ces techniques, dans le projet qui fonde leur conception et du point de vue de leur agentivité — ou capacité à faire une différence dans l'action (Cooren, 2006). Notre hypothèse centrale est que, dans le champ des organisations tant privées que publiques, ces techniques participent à former des interdépendances renouvelées entre le global et le local ; à travers leurs mises en lien, elles viennent équiper des instruments de pilotage économique (Giraud, 2012) ou d'action publique (Lascoumes & Le Galès, 2005) ; ce faisant, elles matérialisent et opérationnalisent de façon renouvelée les normes et standards, leurs emboîtements et leurs tensions, et contribuent aux transformations des processus organisants (Le Moënne, 2013). De telles transformations projetées sont confrontées à des mises en pratiques qui viennent aménager, reconfigurer, repositionner les techniques. À ce questionnement s'articule une démarche méthodologique : il s'agit non pas de décréter ces dynamiques mais d'en identifier et suivre les traces à travers ce qui est ventriloqué, ce qui est inscrit et recomposé dans les textes et les architextes (Cooren, 2013 ; Jeanneret, 2015). Ces questions seront traitées à partir d'études de cas approfondies dans le domaine des organisations de santé et du travail de santé.

Anne Mayère est professeure en sciences de l'information et de la communication à l'université Paul Sabatier Toulouse 3, chercheure au CERTOP, UMR CNRS 5044, et directrice-adjointe de l'IFERISS. Ses recherches interrogent le numérique comme équipement de la rationalisation des activités de production d'information et de communication, en particulier dans les organisations de santé et plus largement ce qui a trait au travail de santé.

Daniel ROBICHAUD : La pluralité des types de connexions organisantes
Une part importante de la recherche et de la théorisation en communication organisationnelle des 30 dernières années a insisté sur les dimensions symboliques, signifiantes, voire discursives des organisations. Ce point de vue a permis de mettre en évidence comment la communication peut être dite "organisante", précisément parce qu'elle constitue un lieu privilégié d'exercice du langage où les aspects signifiants des organisations sont créés, reproduits dans le temps et éventuellement transformés. Cette communication montrera les limites de cette perspective et surtout mettra en évidence le caractère hétérogène et pluriel des types de relations qui structurent la vie organisationnelle. À côté des relations symboliques et discursives, des relations matérielles et naturelles participent aux modes d'existence multiples des réalités dites organisationnelles. Cette pluralité appelle une conception renouvelée de la communication organisationnelle qui dépasse le cadre idéaliste qui a dominé le champ jusqu'ici.

Daniel Robichaud, professeur agrégé au département de communication de l'université de Montréal, fait porter ses recherches sur le rôle du langage et de la communication dans les processus d'organisation. Il est actuellement professeur invité à l'université de Toulouse III Paul Sabatier.
Publications
Organization and Organizing. Materiality, Agency, Discourse, avec François Cooren, New York & London, Routledge, 2013.
Numéro spécial de la revue Sciences de la société, n°88, 2013, avec Bertrand Fauré.
Divers articles dans des revues scientifiques internationales : Communication Theory, Academy of Management Review, et Organization.


SOUTIENS :

• Groupe de recherche "Langage, Organisation et Gouvernance" (LOG) | Université de Montréal
• Master CCOSII (UFR Lettres, Arts et Sciences Humaines) | Université Nice Sophia-Antipolis
• Laboratoire DICEN-IdF (EA 7339) | Conservatoire National des Arts et Métiers // Université Gustave Eiffel // Université Paris-Nanterre
• PREFICS (EA 4246) | Université Rennes 2