SCIENCES, TECHNIQUES ET AGRICULTURES
DU LUNDI 16 SEPTEMBRE (19 H) AU DIMANCHE 22 SEPTEMBRE (14 H) 2019
[ colloque de 6 jours ]
DIRECTION :
Patrick CARON, Frédéric GOULET, Bernard HUBERT, Pierre-Benoît JOLY
Colloque organisé à l'initiative du Cercle des partenaires
ARGUMENT :
À l'heure où se reconfigurent les relations entre sciences et sociétés, entre homme, technique et nature, ce colloque vise à faire le point sur le chemin parcouru dans le domaine agricole, et à construire de nouveaux espaces de pensée pour la recherche agronomique.
Il traitera des nouveaux régimes de production des connaissances et des technologies (A) : montée des régulations marchandes et civiques et des controverses associées ; nouvelles formes de management des métiers de la recherche agronomique ; question de l'utilité sociale et de l'impact de cette dernière ; changements dans la hiérarchie des savoirs et des disciplines scientifiques. Nous discuterons également des modes de gouvernance des sciences et des technologies à l’aune des grands défis sociétaux (B) qui orientent les agendas pour définir des futurs souhaitables : les défis, les transitions et les nouveaux imaginaires qui organisent aujourd'hui les mondes technoscientifiques liés à l'agriculture. L'évolution du financement de la recherche, et la volatilité des concepts ou des paradigmes qu'elle contribue à élaborer, seront également au cœur de la réflexion. Enfin, un troisième axe abordera les nouvelles formes d’organisation de la recherche et de l’innovation dans un monde globalisé (C) : de la science globalisée à la promotion des savoirs locaux, de l'État-Nation aux acteurs privés transnationaux dans la recherche, l'enjeu sera ici de penser les nouvelles formes d'insertion sociales et géographiques des sciences et des techniques agricoles.
Le colloque alternera conférences plénières et ateliers. Des visites et débats seront organisées notamment au Lycée agricole de Saint-Lô Thère et dans plusieurs fermes avoisinantes. Au-delà des contributeurs, il est ouvert à celles et ceux, professionnels et chercheurs, qui s'intéressent aux questions soulevées et souhaitent participer aux discussions.
CALENDRIER DÉFINITIF :
Lundi 16 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS
Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants
Mardi 17 septembre
A - NOUVEAUX RÉGIMES DE PRODUCTION DES CONNAISSANCES ET DES TECHNOLOGIES (I)
Matin
Transformations de l'organisation de la recherche agronomique : enjeux épistémiques, politiques, économiques
Mireille MATT [Inra] : Transformation de l'organisation de la recherche agronomique : évolution des équilibres géopolitiques et implications
Pierre-Benoît JOLY [Inra] : Futurs de l'agriculture et économie politique des connaissances scientifiques et techniques
Alternatives, émergences, innovations. Les techniques productives en débat
Frédéric GOULET [Cirad] & Nathalie JAS [Inra] : Technologies et productions agricoles. Rétrospective et axes programmatiques
Après-midi
Table ronde 1, animée par Frédéric GOULET, avec Sara ANGELI AGUITON [CNRS] (Économie politique de la machine agricole. Incitations, pratiques et critiques de la mécanisation de l'agriculture en France [1945-2018]), Stéphane BELLON [Inra] (Un point de vue d'agronom(ad)e), Fabrice CLERC [L'Atelier Paysan] et Eve FOUILLEUX [CNRS] (Modèles, alternatives, controverses. Les politiques agricoles et alimentaires dans la tourmente)
Table ronde 2, animée par Pierre-Benoît JOLY, avec Claude COMPAGNONE [AgroSup Dijon] (Nouveaux régimes de production de connaissances et transformations des autorités épistémiques), Benoit DAVIRON [Cirad] (Qu'est-ce que la bioéconomie fait (ou plutôt pourrait faire) à la recherche agronomique ?), Jean-Paul GAUDILLIÈRE [Inserm, EHESS] (Crise de l'innovation ?) et Raphaël LARRÈRE [Inra] (L'ouverture de possibles techniques hors des sentiers battus)
Vernissage de l'exposition "Machines et bâtiments agricoles libres : des Communs en exposition" proposée par Fabrice CLERC [L'Atelier Paysan]
Soirée
Projection présentée par Lucile GARÇON : "La multifonctionnalité du pastoralisme : pour qui et pour quoi ? Croiser les regards pour élever le débat"
Mercredi 18 septembre
C - NOUVELLES FORMES D'ORGANISATION DE LA RECHERCHE ET DE L'INNOVATION DANS UN MONDE GLOBALISÉ (I)
Matin
La réponse de la recherche finalisée aux "grands défis sociétaux"
Pierre CORNU [Univ. de Lyon] & Marion GUILLOU [Agreenium] : Historiens et acteurs de l'histoire du temps présent en dialogue. Les enjeux de la refondation du triangle sciences-techniques-agricultures au miroir de la réforme de l'Inra des années 1997-2004 [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Table ronde 3, animée par Pierre-Benoît JOLY, avec Bernadette BENSAUDE-VINCENT [Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne] (Gouverner par les mots), Elisabeth CLAVERIE DE SAINT-MARTIN [Cirad] (La recherche finalisée au CIRAD : mandat de développement et modalités d'appui aux politiques publiques), Christian HUYGHE [Inra] (Comment l'écosystème de recherche agronomique peut-il s'organiser, quelles compétences sont nécessaires, pour prendre au sérieux les grands défis ?) et Sylvain PERRET [Cirad] (Face aux défis globaux, repenser performance et évaluation dans les dispositifs de recherche engagée)
Après-midi
"HORS LES MURS" — Visites de terrain en trois groupes
A - Ferme de Christian Quesnel [Saint-Denis-le-Gast] & Ferme des frères Enée (agroécologie) [Notre-Dame-de-Cenilly]
B - Ferme de Guy Bessin (vaches laitières bio, panneaux solaires, séchage du foin) [Saint-Georges-d'Elle] & Visite de l'entreprise de matériel agricole Blanchard Agriculture [Condé-sur-Vire]
C - Visite du hall technologique du Lycée de Saint-Lô Thère & Ferme de Stéphane Le Mazurier (atelier bovin lait robotisé, atelier volaille industriel chauffé par méthaniseur et tracker pour production d’électricité) [Montreuil-sur-Lozon]
Soirée
Discussion avec les personnes rencontrées dans l'après-midi
Jeudi 19 septembre
"HORS LES MURS" — AU LYCÉE SAINT-LÔ THÈRE
Matin
Rencontre avec les enseignants et les élèves sur la place des technologies, de l'agroécologie, des enjeux sociétaux, etc. dans la formation
Après-midi
SÉANCE PUBLIQUE
B - GOUVERNER LES SCIENCES ET LES TECHNOLOGIES À L'AUNE DES GRANDS DÉFIS SOCIÉTAUX (I)
Olivier de SCHUTTER [Univ. Catholique de Louvain] : Sécurité alimentaire et souveraineté alimentaire : la concurrence des paradigmes [intervention vidéo]
Patrick CARON [Cirad, Univ. de Montpellier] : Gouvernance de la sécurité alimentaire : comment l'échelle mondiale s'impose ? … ou non ?
Table ronde 4 - La sécurité alimentaire comme problème global, animée par Bernard HUBERT [Inra, EHESS], avec Antoine BERNARD DE RAYMOND [Inra] (La sécurité alimentaire comme "défi global". La mobilisation de la recherche scientifique autour de questions transversales), Allison Marie LOCONTO [Inra/Fao] (La sécurité alimentaire comme problème global vu à travers ses métriques) et Sébastien TREYER [Iddri] (La fabrique des futurs du système alimentaire mondial)
Vendredi 20 septembre
Matin
B - GOUVERNER LES SCIENCES ET LES TECHNOLOGIES À L'AUNE DES GRANDS DÉFIS SOCIÉTAUX (II)
Table ronde 5 - La question animale – La recherche agronomique face aux mobilisations sociales et nouveaux enjeux de société, animée par Benoît DEDIEU [Inra], avec Elsa DELANOUE [Idele] (Le projet ACCEPT : une analyse de la controverse autour de l'élevage), Antoine DORÉ [Inra] (L'innovation génomique comme réponse à "la question animale" : économie morale d'une biotechnologie), Pierre LE NEINDRE [Inra] ("Faire causer l'animal"), Jérôme MICHALON [CNRS] (La résistible ascension de l'éthique ? Sciences sociales et question animale) et Jocelyne PORCHER [Inra] (Cause animale, cause des animaux ?)
Démocratie technique : quelles formes de maîtrise des nouvelles technologies ?
Marie-Angèle HERMITTE [EHESS] : Les commandes : gouverner les sciences et les techniques ; formes de maîtrise des technologies ; démocratie technique
Après-midi
Thomas HEAMS [AgroParisTech] : Le vivant et ses échappées : questionner les frontières, repenser la maîtrise
Table ronde 6 - Agricultures numériques, animée par Frédérick GARCIA [Inra] (Retour d'expérience sur un dispositif de recherche en agriculture numérique), avec Guy FAURE [Cirad] (La difficile construction de services de conseil mobilisant le numérique en Afrique), Nathalie HOSTIOU [Inra] (L'élevage de précision : révolution du travail des éleveurs ?) et Jérémie WAINSTAIN [Green Data] (Accompagner les transitions agricoles)
Table ronde 7 - Édition du Génome. Maîtrise des nouvelles technologies ?, animée par Pierre-Benoît JOLY, avec Jean-Christophe GLASZMANN [Cirad] (Édition du génome… linguistique et alphabétisation), Sélim LOUAFI [Cirad] (Édition du génome — Pour une recherche impliquée et responsable) et Christine NOIVILLE [CNRS] (Génomique et démocratie technique : un bilan mitigé)
Soirée
Proposition de contre-point et invitation à la réflexivité par le groupe d'animation transversale
Samedi 21 septembre
Matin
C - NOUVELLES FORMES D'ORGANISATION DE LA RECHERCHE ET DE L'INNOVATION DANS UN MONDE GLOBALISÉ (II)
Gouvernance internationale de la recherche agricole
Étienne HAINZELIN [Cirad] : Construire une orchestration de la recherche agricole internationale par les partenariats
Bernard HUBERT : Gouverner l'incommensurable ? Un moment critique pour la recherche agricole
Table ronde 8, animée par Pierre-Benoît JOLY, avec Pierre FABRE [Cirad], Catherine MOREDDU [OCDE] (Gouvernance internationale de la recherche agricole : le rôle des pays de l'OCDE et du G20) et Michel PETIT [IAM-M] (Gouvernance internationale de la recherche agronomique : réflexions à la lumière de mon expérience)
Après-midi
B - GOUVERNER LES SCIENCES ET LES TECHNOLOGIES À L'AUNE DES GRANDS DÉFIS SOCIÉTAUX (III)
Table ronde 9 - Recherche et technologies agricoles face au changement climatique, animée par Pierre FABRE, avec Jean-Paul BILLAUD [CNRS] (Opportunités et difficultés d'une recherche, nécessairement interdisciplinaire, confrontant agriculture et changement climatique : réflexions à partir de deux expériences), Amy DAHAN [CNRS] (Revisiter la trajectoire du problème climatique depuis 25 ans : du global à la re-territorialisation et l'épaississement des solutions) et Jean-Marc TOUZARD [Inra] (Changement climatique et engagement de la recherche agronomique dans un régime médiatique et participatif)
A - NOUVEAUX RÉGIMES DE PRODUCTION DES CONNAISSANCES ET DES TECHNOLOGIES (II)
Table ronde 10 - L'agroécologie en question, animé par Xavier ARNAULD DE SARTRE [CNRS], avec Marc BARBIER [Inra] (L'agro-écologie entre syncrétisme politique et pluralité épistémique), Marianne CERF [Inra] (Régime de conception de l'agroécologie), Marion CHARBONNEAU [Univ. de Pau] (La mise en œuvre de la transition agroécologique dans les territoires : les logiques spatiales des échanges de savoirs dans les collectifs de Nouvelle-Aquitaine) et François COTE [Cirad] (Transition agroécologique des agricultures du Sud : retour d'expériences et nouveaux défis)
Dimanche 22 septembre
Matin
Conclusions, échanges et perspectives
Après-midi
DÉPARTS
PENDANT LA DURÉE DU COLLOQUE :
Animation transversale, avec la participation de Alexis AULAGNIER, Lidia CHAVINSKAIA, Lise CORNILLEAU, Lucile GARÇON, Clara JOLLY, Sergio MAGNANI, Lucile OTTOLINI, Nicolas PRIGNOT, Louis RÉNIER et Esther SANZ SANZ
RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :
Alexis AULAGNIER
Alexis Aulagnier est doctorant en sociologie au Centre de Sociologie des Organisations de SciencesPo Paris. Ses recherches portent sur les politiques publiques agricoles et s'inscrivent dans les champs de la sociologie de l'action publique, de la sociologie économique, et de la sociologie des sciences et des techniques. Ses travaux ont été valorisés dans le cadre d'un article co-signé avec Frédéric Goulet dans la revue Sociologie du travail.
Sara AGUITON
Au croisement des études sociales des sciences et des techniques, de la sociologie des risques et de l'environnement, les recherches de Sara Aguiton portent sur les risques émergents et leur régulation. Sa thèse a été consacrée à l'étude des politiques des risques de la biologie synthétique, et a donné lieu à la publication du livre La démocratie des chimères, gouverner la biologie synthétique paru en 2018 au Bord de l'eau. Ses recherches actuelles portent sur le rôle de l'assurance et de la finance dans le gouvernement des risques climatiques. Elle a récemment publié un article intitulé "Fortune de l'infortune. Financiarisation des catastrophes naturelles par l'assurance" dans la revue Zilsel. Elle est également engagée dans le projet de recherche collective et interdisciplinaire financé par l'IFRIS sur l'économie politique du machinisme agricole en France depuis 1945.
Xavier ARNAULD DE SARTRE
Xavier Arnauld de Sartre est directeur de recherches au CNRS et titulaire d'une chaire senior à l'université de Pau et des Pays de l'Adour sur "les territoires dans les transitions énergétiques et territoriales". Ses travaux portent sur les contradictions entre conservation et développement en matière agricole, notamment au niveau international (autour de la notion de services écosystémiques), et dans différents terrain : Amazonie, Pampa Argentine, France. Depuis 2015, il coordonne un projet de comparaison tri-national France-Brésil-Argentine sur l'institutionnalisation des agroécologies, qui étudie la manière dont la reconnaissance de l'agroécologie transforme les propositions de cette dernière.
Marc BARBIER : L'agro-écologie entre syncrétisme politique et pluralité épistémique
Cette communication propose une synthèse de l'étude des différents genres de discours que reçoit l'agro-écologie dans différentes arènes ainsi que les accords et désaccords formulés à l'endroit de sa définition et de la mise en œuvre d'activités de développement agricole et d'innovation fondé sur son énonciation politique. Les oppositions entre différentes conceptions de l'agro-écologie sont alors analysées comme un mode d'existence des transformations très contemporaines de l'agronomie et d'une forme de syncrétisme politique qui établit une re-sectorialisation du traitement des problèmes posés les déboires de modernisations agricoles répétées.
Marc Barbier, agro-économiste de formation et docteur en gestion est directeur de recherche à l'INRA. Il conduit des recherches sur les transformations du régime de production de connaissance et d'innovation en agriculture avec un ancrage dans les Études Sociales et Historiques des Sciences et des Techniques, qui l'a conduit à contribuer au développement de la Revue d'Anthropologie des Connaissances. Il a créé l'unité propre INRA Sciences en Société et dirigé la plateforme CorTexT. Il est actuellement Directeur de l'IFRIS.
Stéphane BELLON
Stéphane Bellon est ingénieur agronome de formation. Il est chercheur à l'Inra, et basé à Avignon dans l'unité Ecodéveloppement. Il participe à la mise en œuvre de recherches sur le développement de l'agriculture biologique et de l'agroécologie en Europe, et travaille de longue date sur des formes d'agriculture à base écologique. Il s'intéresse particulièrement à la construction et à la dynamique de systèmes complexes comportant
plusieurs strates de végétation et espèces (végétales et animales).
Lise CORNILLEAU
Lise Cornilleau a préparé une thèse de sociologie intitulée Gouverner la faim dans le monde ? Le paradigme de la sécurité alimentaire mondiale, ses instruments et ses critiques (1974-2014) en codirection à l'université Paris-Est (LISIS) et à Sciences Po (CSO). Ses recherches sur les modèles agricoles globaux ont été publiées dans la Revue d'Anthropologie des Connaissances et dans un article à paraître dans Science & Technology Studies. Avec Sara Angeli Aguiton et Lydie Cabane, elle a co-organisé grâce au soutien de l'IFRIS un séminaire intitulé "La fabrique et le gouvernement des crises" qui a donné lieu à la préparation d'un dossier à paraître dans la revue Critique Internationale. Elle engage à la rentrée 2019 un post-doctorat à l'Institut des Sciences sociales du Politique (CNRS-Paris Nanterre-ENS Paris-Saclay).
Pierre CORNU & Marion GUILLOU : Historiens et acteurs de l'histoire du temps présent en dialogue. Les enjeux de la refondation du triangle sciences-techniques-agricultures au miroir de la réforme de l'Inra des années 1997-2004
Pensée depuis la création de l'Inra en 1946 sur le modèle d'inspiration fordiste d'une diffusion descendante des résultats scientifiques produits en laboratoire et en domaines expérimentaux vers des secteurs de production bien délimités, la recherche agronomique publique française s'est heurtée à la fin du XXe siècle à une double crise, à la fois de résistance croissante des bioressources à leur saisie réductionniste, et de contestation par une fraction croissante de la société — consommateurs, citoyens, militants, y compris scientifiques — des produits de cette recherche. Plantes et animaux, intrants et effluents, procès et produits, exploitations et environnement, ne pouvaient plus être considérés par la recherche publique comme les objets distincts d'innovations renvoyant à une rationalité générale incontestable, mais s'affirmaient de manière de plus en plus forte comme les éléments de systèmes dynamiques affectés par des vulnérabilités préoccupantes et par des enjeux éthiques et sociétaux majeurs.
Survenant au terme d'un processus historique de longue haleine de libéralisation et d'internationalisation de l'économie de la connaissance, cette crise constituait une menace existentielle pour la recherche publique appliquée à l'agriculture, mise au défi de se réinventer et de se re-légitimer à la fois aux yeux de la société, des pouvoirs publics et des mondes agricoles et industriels, tout en répondant aux menaces de plus en plus fortes pesant sur les écosystèmes cultivés.
Fondée sur l'hypothèse de la fécondité heuristique d'un dialogue entre chercheurs et acteurs dans l'exploration des enjeux du temps présent, et sur l'expérience de la co-construction d'une analyse du cycle de réformes de l'Inra au tournant des années 2000, cette conférence à deux voix se veut la mise en partage d'une réflexivité historique sur l'émergence d'une économie et d'une politique de la connaissance à l'échelle globale sur les objets interconnectés de l'agriculture, de l'alimentation et de l'environnement.
Pierre Cornu est professeur d'histoire contemporaine et d'histoire des sciences à l'université Lyon 2, membre du Laboratoire d'études rurales de Lyon. Ses travaux portent sur le développement agricole et rural en France de la fin du XIXe siècle à nos jours, dans son lien avec la dynamique des sciences appliquées et l'émergence de la question environnementale.
Publication
Avec Egizio Valceschini et Odile Maeght-Bournay, L'histoire de l'Inra entre science et politiques, Quae, 2018.
Marion Guillou est présidente d'Agreenium, ancienne directrice générale de l'Alimentation au ministère de l'Agriculture (1996-2000), ancienne directrice générale (2000-2004) puis présidente directrice générale de l'Inra (2004-2012).
Publication
Avec Gérard Matheron, Neuf milliards d'hommes à nourrir, un défi pour demain, F. Bourin éditeur, 2011.
Elsa DELANOUE : Le projet ACCEPT : une analyse de la controverse autour de l'élevage
Le regard que la société française porte sur l'élevage évolue du fait des transformations sociales et de l'évolution importante des systèmes de production. Face à ces enjeux, les points de vue des acteurs, des filières et de la société ont été analysés sur l'élevage ainsi que les remises en cause dont il fait l'objet. À partir d'enquêtes qualitatives et quantitatives et d'un cadrage théorique en sociologie des controverses, nous montrons, d'une part, que les attentes des citoyens envers l'élevage sont variées mais qu'une sensibilité envers le bien-être des animaux est en passe de se généraliser, et, d'autre part que ces attentes sociétales commencent à être considérées sérieusement par le monde de l'élevage dans l'adaptation de ses pratiques. Cinq visions pour l'élevage de demain, portées par différents profils d'acteurs, coexistent au sein de la société : les abolitionnistes, les alternatifs, les progressistes, les compétiteurs et les indifférents.
Elsa Delanoue est agronome et sociologue au service des Instituts Techniques Agricoles des filières animales, spécialisée dans l'analyse des relations entre élevage et société. Elle est titulaire d'un doctorat de sociologie depuis 2018, sa thèse portant sur les débats et mobilisations autour de l'élevage (analyse d'une controverse).
Publications
Delanoue E. et al., 2018, "Regards croisés entre éleveurs et citoyens français : vision des citoyens sur l'élevage et point de vue des éleveurs sur leur perception par la société", INRA Productions Animales, 31 (1), 51-68.
Delanoue E. et al., 2018, "Livestock farming systems and society : identification and analysis of key controversies from the perspective of different stakeholders", 13th European IFSA Symposium, 1-5 July 2018, Chania (Greece), 1-14.
Antoine DORÉ : L'innovation génomique comme réponse à "la question animale" : économie morale d'une biotechnologie
L'organisation des activités d'élevage fait aujourd'hui l'objet d'une multitude de recompositions induites par un nombre croissant d'innovations qui bouleversent nos manières de gérer et de gouverner les animaux. Ce diagnostic général est particulièrement saillant dans le cadre des activités de sélection et de reproduction des animaux marquées par deux tournants intimement liés : (1) un tournant génomique (lié notamment au développement du séquençage haut-débit); (2) un tournant informationnel (lié notamment au développement des technologies numériques d'information et de communication). Partant d'un travail d'enquête sur les pratiques et l'organisation de la sélection génomique des vaches laitières en France et aux Etats-Unis, cette communication vise à décrire la manière dont les sciences animales, à travers leur contribution à l'innovation technologique, participent à la transformation des dynamiques de production, de circulation et d'accumulation des valeurs relatives à la maîtrise (productive et non productive) des animaux d'élevage.
Antoine Doré est chargé de recherche en sociologie à l'INRA. Ses travaux portent sur les modalités de gouvernement et de gestion du vivant dans les champs de l'agriculture et de l'environnement. Il s'attache notamment à analyser les modalités de construction des métriques et des standards (biologiques, techniques, informationnels) par lesquels les acteurs coordonnent leurs connaissances et leurs actions relatives à la maîtrise (productive et non productive) des vivants non-humains - en particulier des animaux.
Publication
Doré A., Michalon J. (2017), "What makes human-animal relations "organizational" ? The description of anthrozootechnical agencements", Organization, 24 (6), 761-780.
Marc DUPONCEL
Marc Duponcel est ingénieur agronome, docteur en économie. Il a travaillé à la FAO pendant cinq années avant de rejoindre la Commission européenne. Il est actuellement chef de secteur "recherche" dans l'unité "recherche et innovation" de la Direction générale de l'agriculture et du développement rural. Dans ce cadre, il coordonne la programmation stratégique ainsi que le programme de travail. Il s'occupe aussi des aspects politiques (notamment préparation d'Horizon Europe) et aussi des questions globales (participation aux réunion du G-20 des chief agricultural scientists).
Guy FAURE : La difficile construction de services de conseil mobilisant le numérique en Afrique
Les nouvelles technologies de l'information et de la communication se développent en Afrique et modifient la manière d'organiser et de faire du conseil en agriculture. Les NTIC permettent d'acquérir des données, de les stocker, les traiter et enfin de les diffuser ou partager. En Afrique, l'acquisition des données par divers capteurs est encore rare (exception, images satellites). Au Burkina les expériences de conseil avec les NTIC (15 expériences analysées) permettent de de faire du conseil technique en agriculture et élevage, de diffuser des informations sur les prix des produits agricoles et sur la météorologie, voire de délivrer un conseil plus spécifiques (conseil à l'exploitation par exemple). Souvent un bouquet de services peut être proposé. La plupart des services (11 cas) demande une connexion à internet alors que seulement 11% des personnes y accèdent facilement. Certains services (5 cas) demandent un téléphone simple (80% des personnes ont un tel téléphone). Cependant l'interaction entre l'agriculteur et le fournisseur de conseil (et donc permettant une forme de co-construction du conseil) n'est observée que dans peu de cas (4 cas). Ce sont les conseillers qui utilisent les NTIC et permettent alors une forme d'intermédiation (7 cas). Dans beaucoup de cas l'interaction est absente (5 cas), l'agriculteur recevant seulement de l'information. La valorisation des connaissances locales pour est rare (1 cas). Très peu de services cherchent à comprendre les besoins des agriculteurs en matière de conseil et peu d'études analysent l'usage de ces nouveaux services par les agriculteurs.
Les services offerts sont donc à ce jour relativement décevants. Une explication forte est la complexité de la construction d'un service qui réponde à la demande des agriculteurs. La construction d'un tel service demande la collaboration d'acteurs appartenant à des mondes différents. Bien sûr des acteurs du monde des agriculteurs et celui du conseil (ou des acteurs intervenant dans le développement rural) mais aussi des acteurs qui sont nouveaux dans le domaine du développement (les opérateurs de téléphonie, des informaticiens et gestionnaires de base de données). Les visions de ces acteurs sur ce que doit être un service de conseil et comment il doit fonctionner sont fort différentes, voire divergentes. De plus, dans le contexte actuel, la recherche d'un modèle économique et d'une volonté de partage de la valeur engendrent des tensions et des difficultés de construction du service.
Le cas d'un service "321" qui visent à fournir des informations aux agriculteurs sur les techniques agricoles et les prix des produits agricoles, via un centre d'appel téléphonique géré par Orange, montre la complexité du processus de construction (les connaissances sont fournies par la recherche et des ONG ; le ministère de l'agriculture valide ces connaissances, plusieurs ONG traitent et reformulent ces connaissances ou fournissent des éléments utiles à la construction des services, une entreprise sert "d'assemblier" et établit le call center, des entreprises informatiques sont mobilisées pour développer la plateforme, Orange diffuse et vend le service).
Le développement de services de conseil répondant à la demande des agriculteurs demande à mieux penser la conception de ses services en (i) associant des agriculteurs et des organisations de producteurs dans différentes phases de conception, (ii) valorisant aussi les connaissances locales, et (iii) en favorisant des services qui facilitent des processus d'apprentissage.
Guy Faure est directeur de l'unité mixte de recherche "Innovation et Développement" à Montpellier (France). Ses recherches en sciences de gestion portent sur les dispositifs de conseil agricole (méthodes de conseil, compétences des conseillers, financement des organisations de conseil, gouvernance des dispositifs de conseil) et sur les processus d'innovation en milieu rural (systèmes d'innovation, relation recherche-conseil, impact de la recherche, rôle des organisations paysannes). La plupart de ces travaux portent sur l'Afrique de l'Ouest et l'Amérique Latine.
Nathalie HOSTIOU : L'élevage de précision : révolution du travail des éleveurs ?
Si l'allègement de la charge de travail est mis en avant comme un des facteurs favorisant l'adoption de technologies de précision dans les élevages, ses conséquences sur le travail restent encore peu connues. Le temps parfois gagné avec ces outils est souvent réinvesti dans des tâches de production (augmentation de la taille des ateliers), de pilotage de l'exploitation (surveillance des animaux) ou dans des activités privées. Les éleveurs apprécient surtout la souplesse dont ils disposent pour organiser autrement leur journée et adapter leurs horaires de travail à leur vie familiale. Des éleveurs estiment que la relation homme-animal devient meilleure car les échanges avec leurs animaux sont moins contraints. Les données des capteurs aident à anticiper les événements de la conduite d'élevage et à prévenir les risques, même si l'œil et le ressenti de l'éleveur restent essentiels. Cependant la charge mentale pour gérer les alarmes est parfois source de stress. Si ces technologies comportent des aspects positifs susceptibles d'exercer un attrait pour le métier notamment de jeunes en quête de modernité, elles peuvent se révéler sources d'échecs si elles ne sont pas adaptées aux besoins et aux compétences des éleveurs.
Nathalie Hostiou est chercheure à l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique / UMR Territoires), ingénieure en agriculture (École Supérieure d'Agriculture d'Angers, France, 1998), et docteure en zootechnie (INA-PG, Paris, France, 2003). Elle mène des recherches sur le travail en élevage (conséquences de l'élevage de précision sur le travail des éleveurs, changements dans le travail suite à l'embauche de salariés, évaluation de l'efficience et la flexibilité du travail, rôle des conduites d'élevage pour simplifier le travail des éleveurs, production de méthodes destinées aux conseillers agricoles pour accompagner les éleveurs).
Raphaël LARRÈRE : L'ouverture de possibles techniques hors des sentiers battus
Pour porter remède aux maux dont souffre l'humanité, on ne compte plus de nos jours sur des transformations sociales et politiques, mais sur des solutions techniques. Tout se passe comme si l'imagination technique avait remplacé l'imagination sociale. Cela soulève deux problèmes. D'une part, il est aisé de constater que la plupart des maux dont souffre l'humanité n'ont pas que des solutions techniques et que toute technique ne peut se comprendre qu'inscrite dans une dynamique sociale. D'autre part, le fonctionnement actuel de la recherche technoscientifique tend à canaliser les innovations dans quelques directions au sein desquelles se sont engagés de puissants réseaux sociotechniques. Si bien que l'imagination technologique a eu tendance à s'appauvrir. Le propos sera d'argumenter que, pour se libérer des verrouillages technologiques et ouvrir de nouveaux possibles (par exemple l'agro-écologie ou la permaculture), il faut redonner toute sa place à l'imaginaire social et politique.
Pierre LE NEINDRE : "Faire causer l'animal"
Au cours des quarante dernières années, j'ai été témoin, peut-être acteur, d'évolutions significatives dans nos rapports avec les animaux. En 1970, les éleveurs et les biologistes ont cherché à optimiser l'animal en tant que "machine métabolique". Nos concitoyens devant le développement de ces systèmes ont pris conscience du fait que ces environnements portaient atteintes aux animaux. En 1970, la seule façon de procéder était de s'en tenir à la bientraitance… qui était définie par les professionnels. Les éthologistes avancent que, désormais, il est possible d'évaluer les états mentaux des animaux, et ainsi de caractériser leurs plaisirs, leurs souffrances et leurs attentes et, donc, leur bien-être. On sait en outre aujourd'hui que certains animaux sont conscients d'eux-mêmes, de leur environnement de leurs connaissances, de leur passé et peuvent anticiper l'avenir.
Bibliographie
B. Denis, 2015, Éthique des relations homme/animal, Éditions France agricole, 182pp.
INRA, 2013, Douleurs animales en élevage, Quae, 129pp.
P. Le Neindre, M. Dunier, R. Larrère, P. Prunet, 2018, La conscience des animaux, Quae, 118pp.
P. Mormède, L. Boisseau-Sowinski, J. Chiron, C. Diederich, J. Eddison, J.-L. Guichet, P. Le Neindre, M.-Ch. Meunier-Salaün, 2018, Bien-être animal : contexte, définition, évaluation, INRA prod. Anim., 31 (2), 145-162 [en ligne].
Jérôme MICHALON : La résistible ascension de l'éthique ? Sciences sociales et question animale
Dans cette intervention, je décrirai la manière dont les sciences humaines et sociales, francophones et anglo-américaines, interagissent avec les nouvelles formes de militantisme pro-animaux qui se développent depuis les années 1970. Au moins deux caractéristiques de ce militantisme sont de nature à questionner fortement la recherche en général, et la recherche agronomique en particulier : d'une part, ce militantisme a été alimenté et encouragé par des universitaires (fondateurs de l'éthique animale), et il donné lieu à une production intellectuelle conséquente; d'autre part, il a formulé et diffusé une critique radicale de la condition animale, se focalisant en premier lieu sur la consommation de viandes et de produits animaux (et par-delà, sur l'élevage, "traditionnel" ou "industriel"). Dans le même temps qu'a émergé l'éthique animale, certains chercheurs en SHS ont développé un intérêt pour l'étude des relations humains-animaux. Plusieurs d'entre eux ont, depuis, exprimé leur adhésion ou leur méfiance, partielles ou totales, vis-à-vis de la critique portée par l'éthique animale et le militantisme pro-animaux. Il sera question ici d'analyser ces prises de position, leur origine disciplinaire, leur format, leur registre normatif et la manière dont elles participent à constituer les questions éthiques en point de passage obligé des réflexions sur les rapports aux animaux.
Jérôme Michalon est sociologue, chargé de recherche CNRS à l'UMR Triangle (Université de Lyon). Ses travaux portent sur l'évolution des relations humains-animaux, dans une perspective de sociologie des sciences et de sociologie des mobilisations. Après avoir travaillé sur différents objets (parcs zoologiques, protection animale, pratiques de soin par contact animalier), il s'intéresse actuellement aux rapports entre le militantisme pro-animaux et le monde académique.
Publications récentes
Michalon, J. (2018), Cause animale et sciences sociales : de l'anthropocentrisme au zoocentrisme. La vie des idées, La Vie des Idées [en ligne].
Michalon, J. (2017), "Les Animal Studies peuvent-elles nous aider à penser l'émergence des épistémès réparatrices ?", Revue d'Anthropologie des Connaissances, 11 (3), 321-349.
Doré, A. et Michalon, J. (2016), "What makes human-animal relations "organizational" ? The De-Scription of anthrozootechnical agencements", Organization, 24 (6), 761-780.
Michalon, J., Doré, A. & Mondémé, C. (2016), "Une sociologie avec les animaux : faut-il changer de sociologie pour étudier les relations humains/animaux ?", SociologieS, "Dossiers, Sociétés en mouvement, sociologie en changement", mis en ligne le 07 mars 2016, consulté le 29 mars 2016 [en ligne].
Michalon, J. (2014), Panser avec les animaux. Sociologie du soin par le contact animalier, Paris, Presses des Mines ParisTech.
Michel PETIT : Gouvernance internationale de la recherche agronomique : réflexions à la lumière de mon expérience
Il s'agira de porter témoignage sur mon expérience à la Fondation Ford en Inde (1975-1977) et à la Banque Mondiale (1988-1998). Dans ces deux institutions, j'ai en effet été mêlé, soit comme observateur proche soit comme acteur directement impliqué, à la gestion du CGIAR (Consultative Group for International Agricultural Research) et à celle des relations entre les centres internationaux de ce groupe et les autres acteurs de la recherche agronomique internationale. Cette expérience permet de remettre en cause, ou au moins de nuancer sérieusement, des idées largement répandues sur le rôle supposé dominant de l'impérialisme américain dans la révolution verte. Je mettrai en particulier l'accent sur la nécessité d'un consensus minimum dans toute action internationale requérant une coordination entre de nombreux acteurs, tout en reconnaissant la fragilité de la notion même de consensus.
Agronome devenu économiste, Michel Petit a été successivement chercheur à l'INRA, Professeur à l'ENSSAA à Dijon, responsable du programme agriculture et développement rural de la Fondation Ford en Inde, Directeur du département "agriculture et développement rural" à la Banque Mondiale. Il est maintenant associé à l'Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier. Pendant une vingtaine d'années son principal champ de recherche a porté sur les décisions des agriculteurs, étudiées comme composante centrale de leur comportement adaptatif, et sur les conséquences de ces travaux pour la formation des agriculteurs. Il s'intéresse principalement aujourd'hui aux négociations internationales relatives à la libéralisation des échanges agricoles et aux prospectives à long terme sur les agricultures du monde. Président de l'Association Européenne des Économistes Agricoles et de l'Association Internationale des Économistes Agricoles. Il est membre de l'International Food and Agricultural Trade Policy Council (IPC) depuis 1999 et de l'Académie d'agriculture de France depuis 1997. Il préside aussi le conseil scientifique de la Fondation pour l'Agriculture et la Ruralité dans le Monde (FARM) depuis 2006.
Publications récentes
"Les négociations agricoles à l'OMC : Où en sont-elles ? Où vont-elles ?", Cahiers Agricultures, 14,4, 399-403, Juillet-Août 2005.
"Les enjeux de la libéralisation agricole dans la zone méditerranéenne" (avec C. EMLINGER et F.ACQUET), Région et Développement, n°23, 41-72 - "Libéralisation agricole et pays en développement" (coordonné par Michel Petit, Jean-Louis Rastoin et Henri Regnault), 2006.
"Are Geographical Indications a Valid Property Right ? Global Trends and Challenges", Development Rolicy Review, 37, 5, 503–528, 2009 (avec Hélène Ilbert).
"Agro-Food Trade And Policy Issues In The Mediterranean Region", QA-Rivista dell'Associazione Rossi-Doria, n°3, 2009.
"Prospectives, projections, évaluations : supputations sur l'avenir de l'agriculture mondiale", Cahiers Agricultures, 19, 1, 3-5, Janvier-Février 2010.
Pour une agriculture mondiale productive et durable, Quae, 2011, 112 p.
"Tensions et asymétries sur les marchés agricoles quelles régulations ? Perspectives d'avenir", in Regard sur la Terre, Éditions Armand Collin, 2012.
"Agricultures, alimentations et mondialisation : paradoxes et controverses", Natures, Sciences, Sociétés, 21, 56-59, 2013 (avec Bruno Dorin et Jean-Luc François).
Jocelyne PORCHER : Cause animale, cause des animaux ?
La cause animale actuellement hyper médiatisée sert-elle vraiment la cause des animaux ? Je poserai la question en revenant sur la dynamique historique de l'industrialisation de l'élevage et de notre société ainsi que sur la dynamique parallèle de construction de la "cause animale". Le soutien actuel de nombreux théoriciens et militants de la cause animale à l'agriculture cellulaire et au développement de substituts biotech aux produits d'élevage promus par les milliardaires et les multinationales confirme les divergences et tensions entre la cause animale, comme défense des intérêts des classes dominantes, et la cause des animaux comme prise en compte de l'intérêt des animaux dans ce qui nous rassemble, le travail.
Jocelyne Porcher est directrice de recherche à l'INRA. Ses recherches portent sur les relations de travail entre humains et animaux. Avant de devenir chercheure, elle a été éleveure, salariée en production porcine industrielle, technicienne en agriculture biologique. Ce sont ces diverses expériences professionnelles qui lui ont permis de proposer des hypothèses de recherche inédites.
Publications
Vivre avec les animaux, une utopie pour le XXIe siècle, La Découverte, 2014 (poche) [livre traduit en anglais, italien (espagnol début 2020)].
Cause animale, cause du capital, Éditions du Bord de l'Eau, parution septembre 2019.
Table ronde 4 - La sécurité alimentaire comme problème global, animée par Bernard HUBERT [Inra, EHESS], avec Antoine BERNARD DE RAYMOND [Inra] (La sécurité alimentaire comme "défi global". La mobilisation de la recherche scientifique autour de questions transversales), Allison LOCONTO [Inra/Fao] (La sécurité alimentaire comme problème global vu à travers ses métriques) et Sébastien TREYER [Iddri] (La fabrique des futurs du système alimentaire mondial)
Antoine Bernard De Raymond (Inra) présentera les cadres concurrents de la sécurité alimentaire qui ont émergé après la crise de 2008, en particulier l'émergence de la Global Food Security, centrée sur l'équilibre entre offre et demandes globales, et comment la critique de ce cadre a donné naissance à un cadre alternatif, la Food sustainability, qui voit la sécurité alimentaire comme le résultat du fonctionnement des systèmes alimentaires.
Allison Loconto (Inra/FAO) se focalisera sur les différents techniques d’évaluation de la sécurité alimentaire, au-delà des indicateurs et métriques en usage, et le changement de discours actuel lié aux Objectifs du Développement Durable (ODD), qui imposent d'évaluer les pays du Nord avec les mêmes critères que les pays du Sud, ainsi que les discours émergents sur les systèmes alimentaires qui proposent différentes mesures pour la sécurité alimentaire.
Sébastien Treyer (Iddri) s’exprimera sur "la fabrique mondiale" des futurs du système alimentaire : généalogie des exercices prospectifs qui structurent l'imaginaire de l'innovation en matière agricole et alimentaire, et structurations récentes des forums prospectifs à ce sujet (Foresight4 food notamment) en lien avec les initiatives politiques (climat, biodiversité, mais aussi accords de libre-échange). Il évoquera également rapidement quelques initiatives concurrentes et comment les débats sur les scénarios se structurent afin d’orienter la recherche européenne à l'ère des missions de Mariana Mazzucato
SOUTIENS :
• Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad)
• Institut francilien recherche innovation société (Ifris)
• Institut national de la recherche agronomique (Inra)
• Agence française de développement (AFD)
• Direction générale de l'enseignement et de la recherche (DGER) | Ministère de l'agriculture et de l'alimentation