Publication 2025 : un des ouvrages


LIRE AVEC LES VIVANTS : LE CARNET D'OISEAUX

UNE CRÉATION COLLECTIVE DES FOYERS 2024


Collectif FOYER 2024


Ce carnet est une création du Foyer de création et d'échanges 2024 du Centre culturel international de Cerisy-la-Salle : des résidents venus réaliser un projet personnel et des doctorantes achevant leurs thèses ont engagé, avec le concours d'artistes et d'experts, une démarche de création collective sur le thème :

LIRE AVEC LES VIVANTS : LES OISEAUX,

avec pour objectifs de développer les capacités d'observation des oiseaux par des balades dans le parc et des arpentages dans le voisinage, de concevoir un dispositif créatif visant à partager cette expérience par des actions de médiation culturelle et de promouvoir des comportements en faveur de la biodiversité.


"Les oiseaux ont le pouvoir de nous rendre la beauté du monde à chaque fois qu'on pense l'avoir perdue. En ce sens, ils sont des poids plumes qui allègent le poids de nos existences."

Jean-Noël Rieffel, Cerisy, le 15 août 2024.

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : HDiffusion

Hors commerce

Nombre de pages : 78 p.

Illustrations : N & B

Année d'édition : 2025

AUTRICES ET AUTEURS

Christine BACHELEZ
Ona BALLO
Paule BRAJKOVIC
Sylvie CACHIN-LAROCHE
Laetitia CORCELLE
Sylvain DENOUX
Pierrette EPSTEIN
Edith HEURGON
Audrey IZIER
Hector JENNI
Alain KAUFMANN
Juliette KEDRANE
Sara MARTOUZET
Laura MONTFLEUR
Jacqueline PERSINI
Alice PINTIAUX
Jean-Noël RIEFFEL
Élise SIMON
Sheun VU
ainsi que Anne ROCHE et Christine COMBESCOT DE MARSAGUET.

TÉMOIGNAGES

Ressentis d'une doctorante sur sa participation au Foyer. Rencontre avec Ona BALLÓ PEDRAGOSA, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.

Retour sur le Foyer de création et d’échanges – Période 1. Rencontre avec Hector JENNI, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.

Retour sur le Foyer de création et d'échanges – Période 2. Rencontre avec Sara MARTOUZET et Laura MONFLEUR, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.

Témoignage

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"CERISY, UN LIEU QUI LIBÈRE ?"

RENCONTRE AVEC HENRI TRUBERT


Suite à nos échos au colloque Métamorphoses par le paysage qui s'est déroulé du 14 au 20 mai, à travers, cette fois, l'entretien avec Henri Trubert, cofondateur des éditions Les Liens qui Libèrent. L'occasion de lever le voile sur l'origine de ce joli nom.

Photo de groupe du colloque


Enfin, nous allons pouvoir connaître l'origine de Les liens qui Libèrent que nous tenons pour être le plus beau nom donné à une maison d'édition…

Henri Trubert : Ce nom est né en 2009, au mois de septembre précisément. Avec Sophie Marinopoulos, nous avions décidé de créer une maison d'édition. Projet dont j'ai fait part à un de mes grands amis, l'économiste et regretté Bernard Maris. Il s'en était dit alors très surpris : à l'époque, je travaillais dans une très belle maison d'édition, Fayard, qui m'avait proposé un poste prestigieux. Mais j'éprouvais une urgence : empêcher cette césure de plus en plus flagrante entre ce qu'on sait du monde, des interactions qui y sont à l'œuvre, et donc les relations, les liens, d'une part, et, d'autre part, la manière dont on gouverne, en séparant, au nom de l'individualisme, les gens plutôt que de chercher à les réunir. Dans ce contexte, je souhaitais "émanciper mes idées", c'est la formule que j'avais utilisée. Ce à quoi Bernard a réagi en s'exclamant : "Mais c'est des liens qui libèrent que tu veux créer avec ce projet de maison d'édition !". Des liens qui libèrent… C'était tout à fait ça ! J'avais le nom de ma maison d'édition ! Je lui ai demandé l'autorisation de reprendre la formule, ce à quoi il a répondu par un "Bien sûr !". Voilà comment LLL est né. Trois jours plus tard, Bernard me rappelle. À la réflexion, il ne verrait pas d'inconvénient à ce que je rappelle, si je conservais ce nom, qu'il en était à l'origine [Rire]. J'y ai vu une belle marque de confiance quant à l'avenir de ma maison d'édition !

Merci pour la réponse à cette question lancinante que je me posais depuis le jour où j'ai entrepris la lecture d'un de vos titres : Bidoche, de Fabrice Nicolino.

Henri Trubert : Le premier titre de LLL, paru en 2009 !

Je l'ignorais ! Je ne savais pas non plus qu'un jour je vous rencontrerais à Cerisy. Quelles circonstances vous y ont conduit ?

Henri Trubert : Je connais Bertrand Folléa depuis quelques années. Nous avons l'un et l'autre des attaches à Uzès où nous sommes voisins ! Il m'avait fait part de son projet de colloque à Cerisy et souhaitait que j'y évoque l'expérience du Parlement des Liens, qui se tient chaque année depuis quatre ans — le premier a eu lieu à Paris, les suivants à Uzès. Pour mémoire, ce Parlement a l'ambition d'engager la réflexion autour des grands enjeux des territoires dans des domaines aussi divers que la santé, l'économie, l'éducation, etc., avec des acteurs de la Région Occitanie — collectivités, associations, citoyens, entreprises…

Quel lien, justement, entre ce parlement et le paysage ?

Henri Trubert : Jusqu'à présent, cet enjeu du paysage n'a pas été au centre de nos débats, sauf à l'envisager en un sens métaphorique, le "paysage des idées". C'est précisément cela que Bertrand a voulu que j'explore en en décrivant ce qu'en seraient le relief, les vallées, les prairies… Au cours de la table ronde à laquelle j'ai été convié, j'ai fait part de mon sentiment d'être dans un moment particulier où le cœur des savoirs participe à des "trans-dépendances". Si nous voulons éclairer le monde et les transitions en cours, il nous faut les penser à la fois dans leur dimension environnementale et économique — ce que l'on fait bien désormais —, mais aussi dans leurs dimensions politique, au regard des ontologies, des imaginaires, du droit, à la lumière de toutes les sciences : les sciences humaines et sociales, les sciences de le Terre, du Vivant, etc. En réalité, rien n'existe sans autre chose qui le constitue dans un ensemble de relations. C'est cela que j'appelle la "trans-dépendance des idées", de quelque domaine disciplinaire qu'elles proviennent.

Cette trans-dépendance n'est-elle pas une autre manière de parler de "liens qui libèrent" ?

Henri Trubert : C'est en effet la même chose. Je n'ai pas changé d'orientation. Ces liens qui libèrent, c'est ce qui me guide depuis maintenant quarante ans. Je revendique aussi de m'inscrire en cela dans la théorie de la complexité d'Edgar Morin.

Pour en revenir au paysage, je pensais que vous alliez justifier votre présence au colloque par le soin que Bertrand Folléa met à appréhender ce paysage en termes de relations, par la capacité de la démarche paysagère à mettre en rapport les différents acteurs d'un territoire, en leur permettant de transcender des visions particulières attachées aux usages spécifiques qu'ils en font…

Henri Trubert : Le fait est, et c'est ce qui justifie chez lui cette métaphore de l'archipel, dont il souligne justement la capacité à mettre en relation, en l'occurrence des îlots et des îles. Dans cette perspective, la mer n'est pas une puissance séparatrice ; au contraire, elle fait le lien par un entre-deux. Seulement, si on considère le paysage comme on l'a fait depuis la Renaissance, à savoir comme une ressource ou un décor, on passe à côté de sa capacité invraisemblable, infinie de transformation, d'intrication, d'intra-action, serais-je tenté de dire, de sorte qu'il est appelé à évoluer, certainement pas à rester figé. En cela, il doit être mieux pris en compte dans la perspective des transitions qui, par définition, participent, elles aussi, d'un mouvement.

Au-delà des échanges intellectuels auxquels elle donne lieu, comment vivez-vous cette expérience cerisyenne avec sa sociabilité rythmée au son de la cloche, dans le cadre d'un château et ses dépendances, son parc, ses allées dans lesquelles nous cheminons d'ailleurs pour les besoins de cet entretien…

Henri Trubert : C'est la première fois que je viens à Cerisy et j'en suis très agréablement surpris. Étudiant, j'avais lu les actes du colloque de Cerisy Nietzsche aujourd'hui ? paru en 1973 aux éditions 10/18, sous la direction de Maurice de Gandillac et de Bernard Pautrat [actes réédités en 2011 aux éditions Hermann, dans la collection "Cerisy/Archives"]. Je les avais annotés au fil de ma lecture. Depuis, je m'étais fait de Cerisy l'idée d'un lieu incroyable, propice à de riches discussions sur des sujets variés avec des personnes qui viennent d'horizons différents. C'est effectivement le cas. Le cadre, avec son château, son parc, est magnifique. Quel paysage ! Nous avons eu la chance de jouir d'un beau temps. L'ambiance y a été tout aussi agréable à la nuit tombée, avec ces ciels étoilés.

Avant d'y venir une première fois, vous aviez déjà noué un lien important en publiant les actes d'un colloque…

Henri Trubert : Oui, absolument ! Les actes du colloque Vers une république des biens communs ?, parus en 2018 [sous la direction de Nicole Alix, de Jean-Louis Bancel, de Benjamin Coriat et de Frédéric Sultan].

Avant de clore cet entretien, je ne résiste pas à l'envie de vous poser cette question qui m'est venue chemin faisant : Cerisy ne suggère-t-il pas la possibilité de "Lieux qui Libèrent" quand bien même pourrait-il donner l'impression d'être perdu au milieu de nulle part ?

Henri Trubert : Il se trouve que nous réfléchissons à une nouvelle collection,"Les Luttes qui Libèrent". Pourquoi pas en effet, une autre sur "Les Lieux qui Libèrent" ? Au-delà du fait de préserver les trois L, elle rendrait justice à des lieux comme celui-ci. Car, bien évidemment, Cerisy est un lieu qui libère, à tous le moins les esprits, les idées, précisément en ceci qu'il nous incite à nous décentrer, à faire des pas de côté.

Propos recueillis par Sylvain ALLEMAND
Secrétaire général de l'AAPC

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"TRACER SA VOIE DANS LE PAYSAGE"

RENCONTRE AVEC AMÉLIE CENET


Suite de nos échos au colloque Métamorphoses par le paysage qui s'est déroulé du 14 au 20 mai, à travers, cette fois, un entretien avec Amélie Cenet qui revient sur son parcours l'ayant conduite à accompagner en paysagiste des espaces agricoles en transition.

Amélie Cenet


Après avoir été diplômée de l'École de la nature et du paysage de Blois, vous avez fait le choix de vous engager dans des études d'agronomie. Un parcours original dont j'aimerais que vous nous rappeliez pour commencer les motivations.

Amélie Cenet : Depuis toujours, j'ai été encline à suivre mon intuition, sans chercher à prédéfinir mon parcours. Avant mes études d'enseignement supérieur, j'ai commencé par un bac scientifique, tout en ayant aussi une fibre artistique. D'ailleurs, une fois mon bac en poche, j'ai fait une mise à niveau en arts appliqués. Suite à quoi j'ai fait un BTS Design d'espace avec l'idée de m'orienter vers la scénographie et la conception de décor de cinéma. Mais c'est aussi à l'occasion de ce BTS que j'ai découvert le paysage — une de mes professeurs était paysagiste de formation. Cela m'a plu au point de me rendre à l'école de Blois à l'occasion de ses portes ouvertes. Je trouvais intéressante cette recherche d'équilibre entre des approches scientifiques — la botanique, l'écologie, la pédologie… — et une approche plus artistique à travers notamment des cours de dessin. J'appréciais aussi le rapport à l'architecture, même si je voyais l'avantage du paysagisme : travailler sur le vivant avec la possibilité d'aller toujours dans le sens du mieux, là où une construction, un bâti, tend à se dégrader au fil du temps. C'est comme cela que j'en suis venue au paysage ! Je précise que, si j'intégrais l'école de Blois, c'était déjà avec l'intention de travailler sur les grands paysages, ce qui, j'en conviens, ne veut finalement pas dire grand-chose [Rire]. Disons que l'échelle du jardin m'intéressait moins que celle d'un territoire, d'une région.

Qu'est-ce qui vous a décidée à poursuivre en agronomie ?

Amélie Cenet : En 4e année (la formation en compte cinq), nous avions des cours d'initiation à cette discipline. Une visite avait été organisée dans une exploitation agricole. Je ne sais pour quelle raison, j'ai eu comme une révélation à cette occasion. Pourtant, je ne suis pas issue du milieu agricole. Mais en voyant défiler les paysages agricoles depuis le bus qui nous conduisait à cette exploitation, j'ai pris la mesure de ce qu'étaient les grands paysages, des espaces à perte de vue ; j'ai pris conscience que c'est précisément sur ces paysages à dominante agricole que j'avais envie de travailler. Comme je ne connaissais rien à l'agriculture, j'ai choisi de faire mon stage de 4e année — un stage de deux mois — en Chambre d'agriculture en déposant une candidature spontanée à celle du Loir-et-Cher. Durant ce stage, j'ai travaillé sur les enjeux du bocage, ce qui m'avait bien plu au point de me donner envie de consacrer mon projet de fin d'études (en 5e année) à un sujet en lien avec l'agriculture : en l'occurrence, les algues vertes en baie de Douarnenez, dans le Finistère, dont l'agriculture intensive est une des causes de la prolifération. Un sujet conflictuel s'il en est, au carrefour des problématiques agricoles, mais aussi de la mer et du littoral. Jusqu'alors l'agriculture était encore peu investie par les paysagistes. Il est vrai aussi que ceux-ci reçoivent peu de commandes relatives à des problématiques agricoles.

Cela ne vous a-t-il pas dissuadée de poursuivre dans cette voie ?

Amélie Cenet : Non, au contraire ! Mais je n'en étais pas moins intéressée par l'enseignement et la recherche. Pour les besoins de mon stage de fin d'études, j'ai donc déposé une demande dans un laboratoire de recherche, celui de l'INRAe de Rennes, qui travaillait justement sur la baie de Douarnenez dans le cadre d'un projet d'agriculture du littoral. L'expérience m'a convaincue de poursuivre en thèse, avec la personne qui m'avait encadrée durant ce stage d'une durée de trois mois. J'ai monté mon dossier en proposant un sujet à l'interface entre paysage et agronomie. Le temps de trouver des financements, j'ai commencé ma thèse un an et demi plus tard.

À vous entendre, on perçoit que vous n'étiez pas tant en mal de savoir ce que vous vouliez faire que dans un cheminement au cours duquel vous avez été ouverte aux opportunités, sans craindre d'emprunter des chemins de traverse ou de bifurquer, en vous fiant à votre intuition ainsi que vous l'avez indiqué au début de cet entretien. Un témoignage qu'on pourrait ériger en exemple pour tous ces élèves et étudiants qui peinent à s'orienter : finalement, toute expérience est bonne à prendre, a fortiori si elle permet d'affiner ses choix, de trouver enfin sa vocation…

Amélie Cenet : … et quitte à aller à l'encontre des avis de ses professeurs, de sciences en particulier. Les miens ont regretté que je fasse des arts appliqués après le bac — eux me poussaient à faire une classe prépa scientifique, physique-chimie. Au final, mon cheminement a été enrichissant. Il faut juste avoir des parents ouverts, qui consentent à ce que leur enfant poursuive des études non prédéfinies, fut-ce pendant plus d'une dizaine d'années comme dans mon cas, entre l'année du bac et celle de ma soutenance de thèse. Aujourd'hui, j'ai plus que jamais envie de continuer à travailler sur les paysages agricoles, en tant que paysagiste.

Est-ce à dire que vous avez renoncé à la recherche ?

Amélie Cenet : Suite à ma thèse, je pensais poursuivre avec un postdoc puis décrocher un poste de chercheuse titulaire dans un laboratoire. Finalement, ce ne sera pas le cas ! J'ai décidé de continuer à suivre mes intuitions. S'il y a plusieurs aspects du monde de la recherche qui me plaisent, pour autant je ne pense pas que le métier de chercheur me corresponde vraiment. Récemment, j'ai décidé de me lancer à mon compte dans une activité de paysagiste, toujours dans l'idée de travailler sur les espaces agricoles, notamment dans le cadre de programmes de recherche à l'image de ceux dont a parlé Olivier [Ragueneau, sociologue, directeur de recherche au CNRS], c'est-à-dire tournés vers l'accompagnement des transitions. Je ne quitte donc pas le monde du paysage ni celui de la recherche, je m'y investis juste en adoptant d'autres modalités dans la manière d'en faire.

Dans quelle mesure ce colloque vous a-t-il confortée dans cette décision ? Par quelles circonstances y êtes-vous venue d'ailleurs ?

Amélie Cenet : Cette question est l'occasion de préciser que j'ai fait une thèse Cifre avec l'Agence Folléa-Gautier. C'est à cette occasion que j'ai entendu parler du colloque alors en préparation. Quant à savoir s'il m'a confortée dans ma décision, la réponse est oui. Plusieurs interventions abondaient dans le même sens en insistant sur la nécessité pour les paysagistes de lancer des projets propices à la création de nouvelles modalités de travail avec les territoires. Il me semble que mon projet de lancer ma propre activité participe de ce renouvellement, par le fait même de souhaiter travailler au croisement des projets de paysage et de recherche.

Nous réalisons cet entretien quasiment au terme de ce colloque que vous avez suivi depuis presque le début. Que voudriez-vous partager de cette expérience particulière que constitue un colloque de Cerisy de par le fait de réunir des personnes d'horizons disciplinaires et professionnels différents, plusieurs jours durant, de surcroît dans le cadre d'un château, avec ses dépendances, son parc, etc., rythmé au son des cloches…

Amélie Cenet : J'avoue qu'au début, j'ai été un peu surprise, du fait de ce cadre, de son apparent huis clos, mais aussi de la tonalité d'interventions qui me paraissaient un peu déconnectées des expériences de terrain. Or, il me semble qu'on apprend parfois autant à discuter avec un agriculteur ou un élu que dans des colloques ! Mais une fois passé l'effet de surprise et trouvés mes repères, j'ai pu mesurer à quel point les échanges, qui font suite aux communications ou qu'on prolonge lors des repas, peuvent être enrichissants. Le fait de savoir qu'on dispose de temps pour poursuivre une discussion en off, avec un intervenant permet d'éviter de la tenir précipitamment, à l'issue de sa communication comme cela peut se passer dans un colloque scientifique. Je repars donc plus agréablement surprise que dans cet état d'étonnement initial [Rire]. Et puis, toutes déconnectées que des communications puissent paraître, elles n'en nourrissent pas moins la réflexion.

D'expérience, je constate pour ma part que ces communications et les échanges qui les prolongent permettent de prendre la mesure de la polysémie des mots, d'une discipline ou d'un métier à l'autre, de sorte que je repars souvent de Cerisy avec l'impression de m'être enrichi d'autres définitions, d'autres significations, sans oublier les mots, les concepts qu'on peut aussi découvrir à cette occasion. Cette remarque fait-elle sens pour vous qui êtes amenée à vous confronter à des personnes pratiquant des "langues" disciplinaires ou professionnelles différentes ?

Amélie Cenet : Ce que vous dites me parle en effet même si, en l'occurrence, je suis fatiguée à devoir définir le mot paysage ! [Rire]. Au cours de mes expériences de terrain, j'ai rencontré des interlocuteurs — agriculteurs, agronomes, écologues, etc. — qui en avaient une définition spécifique, ce qui pouvait créer des incompréhensions par rapport à ma propre approche du paysage. J'ai fini par prendre le parti de ne plus l'utiliser au point même d'avoir évité d'en faire usage durant ma soutenance de thèse ! Ce qui a eu pour effet de cristalliser d'autres débats, des personnes me reprochant justement de ne pas l'utiliser alors même que les interlocuteurs que j'avais interrogés au cours de ma thèse avaient, eux, partagé leur propre vision du paysage ! Pourtant, je ne fais pas de ce non-usage matière à revendication. Il s'agit juste d'une solution de facilité pour sortir de débats qui me semblent parfois stériles. En être encore à devoir définir le paysage me pèse. Ce à quoi mon parcours n'est pas étranger : comme vous l'avez compris, je ne suis venue au paysage que dans un second temps, en ne cessant de m'ouvrir à d'autres champs professionnels et disciplinaires. L'important est d'avancer dans la transition écologique que ce soit en lien direct ou pas avec le paysage. D'ailleurs, j'ai trouvé intéressantes les communications qui, tout en étant cohérentes avec la thématique du colloque, ne partaient pas d'un point de vue paysagiste — je pense notamment à celle d'Olivier Ragueneau, sociologue. Ce faisant, elles ont enrichi la compréhension du paysage sans chercher à le définir, voire sans même utiliser le mot.

Vous me remettez en mémoire le colloque Les autres noms du temps, qui se proposait justement d'aborder le temps au prisme de disciplines très différentes, en invitant cependant les intervenants à éviter d'utiliser le mot… Finalement l'expérience a échoué. Malgré cela, je me dis en vous écoutant que nous aurions pu nous livrer au même exercice, avec le mot paysage…

Amélie Cenet : Au risque de paraître me contredire, je doute que l'exercice eût été productif et, surtout, s'il eût été recommandé de le faire, car les paysagistes se sont beaucoup battus ces dernières décennies pour faire reconnaître les enjeux du paysage, l'intérêt d'une approche paysagère. Que des paysagistes organisent un colloque en se gardant de parler de paysage eût été un comble ! [Rire]. Et puis, force est de constater que l'usage du mot n'a pas stérilisé les débats, loin de là. Je faisais juste part de mes interrogations ; j'ai parfois le sentiment que, pour intéressantes qu'elles soient, ces discussions autour du sens à donner au mot paysage peut retarder le moment de passer à l'action sur le terrain, à travers des initiatives concrètes.

Propos recueillis par Sylvain ALLEMAND
Secrétaire général de l'AAPC

Publication 2025 : un des ouvrages


L'écoute des mondes

L'ÉCOUTE DES MONDES


Nicolas TIXIER (dir.)


Ouverture de Carlotta DARÒ


Postface de Jean-Paul THIBAUD


L'écoute des mondes explore la puissance du sonore à travers neuf textes issus de colloques de Cerisy et de deux autres inédits qui nous invitent à une traversée auditive en trois temps : l'écoute des paysages, l'écoute de l'autre et l'écoute audio-visuelle.
Ces approches montrent que l'écoute n'est jamais passive : elle est correspondance, enquête, empathie. Elle brouille les frontières entre sujet et objet pour faire advenir une connaissance ambulatoire du monde à la fois immédiate et profonde.
Cet ouvrage est une invitation à tendre l'oreille, à laisser le monde prendre possession de nous, et à découvrir ce qui persiste, la mémoire sonore, toujours prête à renaître.


"Les traversées de Cerisy" sont destinées à un large public intéressé par les arts, la littérature, la philosophie, les sciences et la société. À travers des recueils de textes, elles visent à favoriser les débats autour d'une thématique et à nourrir une pensée prospective sur le temps long.


Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Hermann Éditeurs

Collection : Les Traversées de Cerisy

ISBN : 979-1-0370-4300-9

Nombre de pages : 198 p.

Prix public : 23 €

Date de parution : 16/07/2025

PRESSE / MÉDIAS

• "À l'écoute du paysage sonore", note de lecture de Christian RUBY, en ligne sur Nonfiction | Publié le 17 septembre 2025.

Témoignage

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"À CERISY, LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, C'EST ENCORE DU BONHEUR !"

RENCONTRE AVEC JEAN-FRANÇOIS CARON


Cette année 2025, la saison du Centre culturel international de Cerisy a été inaugurée par le colloque Métamorphoses par le paysage. Il fut l'occasion d'y revoir notamment Jean-François Caron qui avait laissé un souvenir marquant suite à un précédent colloque intervenu vingt ans plus tôt, en 2005 : le témoignage sur le développement durable qu'il mettait alors en œuvre dans la commune de Loos-en-Gohelle dont il était maire, avait enthousiasmé le public, au point d'inspirer jusqu'au titre des actes du colloque : Le développement durable, c'est enfin du bonheur !

Jean-François Caron, Henri Trubert, Patrick Moquay,
Cyril Gomel, Jean-Yves Chapuis, Vincent Montrieux


Votre nom est spontanément associé au souvenir du colloque Entreprises, territoires : construire ensemble un développement durable ? auquel vous aviez participé en 2005 pour témoigner de ce que vous faisiez en la matière dans votre commune de Loos-en-Gohelle, dont vous étiez maire. Colloque dont les actes vous sont redevables puisque vous en aviez inspiré le titre : Le développement durable, c'est enfin du bonheur ! (Éditions de L'Aube, 2006), phrase en forme de cri du cœur que vous aviez lancée au cours de votre intervention, non sans redonner espoir aux personnes présentes ce jour-là ! Mais est-ce votre cas : avez-vous gardé souvenir de ce premier passage mémorable, sachant que vous avez eu l'occasion de revenir depuis à Cerisy.

Jean-François Caron : Complètement ! À l'époque, j'étais jeune vice-président de la Région Nord-Pas-de-Calais. Je m'affrontais à la question de savoir comment les enjeux de transition écologique et de durabilité pouvaient se traduire dans les politiques publiques, au-delà de politiques environnementales sectorielles relatives à l'eau, aux déchets, à l'énergie, etc. Ma conviction était qu'il fallait s'engager dans une approche globale tout à la fois environnementale, économique, sociale. Dans cette perspective, la question démocratique me paraissait centrale, car si on veut aller vers plus de durabilité, cela suppose une réorientation de nos modèles de développement et, donc, de le faire en conscience avec l'ensemble de la société. Pour le dire autrement, le développement durable ne peut pas être qu'une affaire de technique et de règlementation. C'est un enjeu puissamment politique, au sens noble de ce terme.
Quand, donc, je suis venu ici, à Cerisy, j'étais aux manettes d'une collectivité territoriale importante, avec toutes les difficultés que cela pouvait néanmoins poser par rapport aux représentations qu'on se faisait alors du développement, surtout dans une région comme celle du Nord-Pas-de-Calais, où ce développement a longtemps reposé sur une logique productiviste, à rebours d'un développement "durable". La région a de fait subi les effets de l'extraction industrielle du charbon, les pollutions multiples qui en ont résulté. Si la fin de cette industrie était donc une bonne chose, une autre réalité était à prendre en considération : la difficulté, en l'absence de nouveaux débouchés, de franges entières de la population à trouver un emploi. Tant et si bien que le discours écologiste n'allait pas de soi : avant toute chose, les gens avaient besoin de retrouver un emploi ou d'assurer un avenir professionnel à leurs enfants. Or jusqu'ici, c'est l'industrie charbonnière qui pourvoyait en emplois. Son déclin n'était donc pas vécu par tous comme une perspective heureuse, loin de là. D'autant moins que cette industrie faisait partie du patrimoine. Ici, on avait été mineur de père en fils et petit-fils !

Comment aviez-vous vécu la perspective d'intervenir à Cerisy ?

Jean-François Caron : Je ne connaissais pas ce lieu. Mais quand je disais que je me rendrais à Cerisy, des amis réagissaient sur le mode : "Cerisy ? Quel honneur !". Je me suis donc documenté… En découvrant tous les grands penseurs qui y étaient venus, je n'en menais pas large. Je m'imaginais au milieu d'intervenants qui seraient autrement plus savants que moi !
Une fois sur place, et à mesure du déroulement du colloque, j'ai découvert des gens passionnants. Je compris mieux ce principe d'un colloque de Cerisy consistant à y rester plusieurs jours : cela permet de poursuivre des échanges dans la durée. Je découvris aussi que ce que je racontais pouvait intéresser tout un auditoire ! Ce qui n'avait pas manqué de me frapper, car, moi, je ne me considérais pas comme un intellectuel. J'étais juste quelqu'un d'un peu besogneux qui essaie de faire de son mieux ou de son moins mal.
J'ai fait de véritables rencontres, comme la vôtre Sylvain, que j'ai eu l'occasion de revoir depuis en d'autres occasions, à Loos-en-Gohelle sinon dans le Nord-Pas-de-Calais, celle d'Edith Heurgon et d'autres encore.
C'est au cours de ce colloque que j'ai eu le sentiment d'un début de reconnaissance, la confirmation que ce j'essayais de faire à l'échelle de ma commune et de ma région allait dans le bon sens. De ce point de vue, Cerisy a été une étape pour gagner en confiance, me conforter dans l'idée qu'il me fallait tenir bon. Certes, nous étions encore loin de parvenir à un développement durable, mais nous étions sur la bonne voie.
Sans compter les traces tangibles laissées par ce colloque à travers ses actes publiés sous ce titre qui reprenait une phrase que j'avais prononcée — "Le développement durable, c'est enfin du bonheur !". Le comble quand j'y repense : non seulement, je m'étais rendu à Cerisy, mais encore je devais inspirer le titre d'un bouquin ! Encore une étape dans ma vie à marquer d'une pierre blanche ! [Rire].

Depuis, vous êtes revenu une 2e fois, en 2017, à l'occasion du colloque Villes et territoires résilients, puis une 3e fois, pour ce colloque-ci, Métamorphoses par le paysage. Qu'est-ce qui vous y a conduit ?

Jean-François Caron : J'ai été invité par Bertrand Folléa, le codirecteur de ce colloque, qui tenait à ma présence. Je dis bien "qui tenait à ma présence", pour suggérer une insistance et, de ma part, un premier mouvement d'hésitation, car cela me paraissait incompatible avec mon agenda. Pour mémoire, je préside la Fabrique des Transitions au niveau national, ce qui occasionne de nombreux déplacements à travers la France. Preuve s'il en était besoin que Loos-en-Gohelle et sa région font désormais référence au point que d'autres collectivités territoriales souhaitent s'en inspirer et bénéficier de mes conseils. Mais cela rend d'autant plus compliqué un déplacement jusqu'à Cerisy, a fortiori pour y rester durant la totalité d'un colloque. Devant l'amicale insistance de Bertrand, qui souhaitait que je présente mon expérience sur l'articulation paysage et transition écologique, je me suis organisé pour y rester quelques jours, en connaissance de cause de ce que représente par ailleurs Cerisy : un investissement en termes de temps qu'il faut consentir sans être certain du résultat. Cela dit, de manière générale, si, à Cerisy, des communications ne m'apportent pas grand-chose, je sais que d'autres en revanche "décalent", ouvrent sur de nouvelles perspectives. Ce devait être plus encore le cas de ce colloque-ci qui souhaitait éviter l'entre-soi, s'adresser au-delà des paysagistes. Il devait y être question de géochimie [à l'occasion de l'intervention du géologue Jérôme Gaillardet], d'approches philosophique, psychologique… J'ai donc dis oui et je ne le regrette pas !

Sans compter cette sociabilité faite d'échanges plus informels lors des repas qu'on partage et qui offrent le temps de dissiper d'éventuels malentendus avec des intervenants et/ou des auditeurs.

Jean-François Caron : Puisque vous évoquez les repas, j'ajoute qu'on a la possibilité de les partager à chaque fois avec des personnes différentes, ce qui décuple les opportunités de rencontres improbables. Cela a permis aussi d'atténuer la frustration que j'ai pu ressentir au sortir du format de la table ronde à laquelle j'avais été convié. Elle ne comptait pas moins de cinq intervenants… Le temps de prise de parole de chacun s'en est trouvé fortement réduit. Forcément, cela oblige à synthétiser son propos. A priori, les intervenants qui fréquentent Cerisy maîtrisent leur sujet, sont censés se comprendre. Si malentendus il y a, ils viennent davantage de cette contrainte.
De manière générale, j'observe une tendance à privilégier le casting sur les sujets à débattre. Prenez l'exemple de la participation habitante, un enjeu sur lequel je suis amené à intervenir fréquemment. Une fois qu'on a exposé deux/trois concepts, il faut entrer dans le détail, l'opérationnalité des choses : comment mettre en œuvre cette participation habitante ? Avec quel support technique, numérique ? (etc.). Autant de choses qui demandent des développements et, donc, du temps…

Revenons-en à ce colloque-ci et sa thématique paysagère. Comment y êtes-vous venu ? Dans mon souvenir, elle n'était pas encore présente dans l'approche du développement durable dont vous aviez témoigné lors de votre premier colloque cerisyen… Mais peut-être qu'à l'époque, la Région du Nord-Pas-de-Calais était encore loin de pouvoir s'enorgueillir des paysages hérités de l'ère de l'exploitation industrielle du charbon… Depuis, un chemin a été parcouru qui a rendu plus attractifs ces paysages moyennant un important effort de réhabilitation, de patrimonialisation et de renaturation…

Jean-François Caron : C'est vrai, même si je perçois un biais dans votre vision des choses : elle suggère que les paysages n'auraient pas été jugés assez beaux, qu'un jugement esthétique primait. Je pense plutôt, ainsi que je l'ai dit lors de la table ronde, que l'enjeu majeur était d'assumer notre passé industriel, d'arrêter de nous en excuser, que le temps était venu d'utiliser tous les leviers à notre disposition pour remobiliser la population, la rendre fière de ce passé pour lui permettre de mieux se projeter vers un autre développement, plus durable. C'est alors seulement que s'est imposée l'entrée par le paysage. Personnellement, quand je me suis engagé dans la reconnaissance des terrils au titre de patrimoine culturel de l'humanité, je ne mettais pas en avant des considérations paysagères. Un paysage n'a pas vocation à ne servir que de carte postale. Ce que ce colloque rappelle à juste titre. Un paysage correspond d'abord à un milieu habité, façonné par des usages, des représentations. Tant et si bien que, pour moi, l'enjeu a d'abord été de promouvoir les terrils à travers des pratiques physiques expérientielles en considérant qu'elles auraient un effet plus puissant que de grands discours. Pour cela, je me suis attaché à impliquer les habitants, à leur faire changer de posture, à les mettre eux et les autres acteurs du territoire en mouvement, en m'appuyant sur les ressources du territoire, à commencer par ces terrils qu'il ne s'agissait pas de nier, encore moins de chercher à faire disparaître. Il y avait donc bien une approche paysagère, mais qui n'était pas explicite. Depuis, j'ai pris la mesure de l'intérêt d'une telle approche. Entretemps, il y a eu l'inscription du bassin minier sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco ; je suis devenu président national de l'association des sites français qui y sont inscrits — le Pont du Gard, le Mont Saint-Michel, la Cathédrale Notre-Dame… Autant de sites qui, évidemment, sont indissociables des paysages dans lesquels ils s'inscrivent. Si d'ailleurs je devais retenir un premier enseignement de ma présidence de cette association, ce serait celui-là : la diversité de ces sites patrimonialisés : il peut s'agir aussi bien d'édifices religieux, de vestiges archéologiques que de sites industriels — des sites miniers comme dans ma région, ou d'autres encore comme la Saline Royale d'Arc-et-Senans. Une diversité qui n'a pas été aussi sans m'amener à renouveler ma vision du patrimoine, lequel peut être associé à un monument, une architecture — c'est ce à quoi on pense en premier — mais aussi à des pratiques, à un milieu naturel. C'est dire au passage les enjeux éducatifs y compris au regard de la question du paysage qu'il nous faut traiter : il y a nécessité d'apprendre à voir autrement le patrimoine comme le paysage. Ni l'un ni l'autre ne sont donnés une fois pour toute, mais sont amenés à évoluer. Ce que le colloque a été aussi l'occasion de rappeler.
Vous l'aurez compris : le paysage est plus que jamais au cœur de mes préoccupations quotidiennes au point de justifier pleinement l'effort consenti pour venir jusqu'ici. Ce colloque confirme à quel point l'approche paysagère permet de faire le lien entre une multitude de problématiques que j'ai été amenées à traiter sans toujours parvenir à les mettre en relation.

Propos recueillis par Sylvain ALLEMAND
Secrétaire général de l'AAPC

Publication 2025 : un des ouvrages


Vers des politiques des cycles de l'eau

VERS DES POLITIQUES DES CYCLES DE L'EAU


Mathias ROLLOT, Marin SCHAFFNER (dir.)


En 1964, la France se dotait de véritables institutions de bassin-versant. Alors que ces Agences de l'eau ont fêté leurs soixante ans en 2024, nous avons voulu proposer de mettre en discussion, de façon fractale et diverse, ce que pourraient être non pas seulement des "politiques de l'eau", mais des "politiques des cycles de l'eau" qui soient aptes à accompagner les vies troublées par les bouleversements écologiques et sociaux, en cours et à venir.
Les cycles de l'eau, en effet, tout comme le climat, se dérèglent. Alors que déjà nous les comprenons mal dans toute leur complexité (de surface, souterrains, atmosphériques, bleus ou encore verts), les cycles de l'eau soutiennent pourtant l'ensemble de nos modes de vie — et même plus largement, toute forme de vie. À l'heure des bouleversements écologiques, ces cycles de l'eau apparaissent de moins en moins renouvelables et de moins en moins inépuisables. Dès lors, comment donc envisager des politiques, des pratiques et des représentations collectives qui se mettent à la hauteur de l'eau, de ses sagesses et des risques qu'elle porte ?


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2024) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°690]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Le Bord de l'Eau

Collection : En Anthropocène

ISBN : 978-2-38519-130-6

Nombre de pages : 288 p.

Illustrations : N & B

Prix public : 18 €

Année d'édition : 2025

Publication 2025 : un des ouvrages


De quoi l'art brut est-il le nom ?

DE QUOI L'ART BRUT EST-IL LE NOM ?


Christian BERST, Raphaël KOENIG (dir.)


L'art brut demeure sans doute un des derniers grands impensés de l'art, suscitant interrogations, émerveillements, et remises en cause. Preuve de la capacité sans cesse renouvelée d'œuvres "hors-normes", créées par des artistes évoluant le plus souvent dans une altérité sociale ou mentale, qui chamboulent "l'horizon d'attente" de leurs spectateurs, introduisant ainsi un ferment disruptif au sein des mécanismes de création, de validation et d'exposition du monde de l'art.
Ce colloque fondamentalement interdisciplinaire a associé des intervenants issus de l'université — combinant ainsi les méthodologies respectives de l'histoire de l'art et des idées, de la philosophie, de la sociologie, et de la littérature française et comparée — mais aussi des praticiens — psychanalystes, commissaires d'exposition, critiques d'art, galeristes, collectionneurs — afin de croiser les approches et, sans concession ni complaisance pour les dogmes du passé, faire surgir de nouvelles perspectives sur un sujet encore largement inexploré.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2022) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°689]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Éditions L'Atelier Contemporain

Collection : Histoire de l'art

ISBN : 978-2-85035-182-2

Nombre de pages : 320 p.

Illustrations : Couleurs et N & B

Prix public : 25 €

Année d'édition : 2025

Publication 2025 : un des ouvrages


Faire avec le sauvage, renouer avec les vivants

FAIRE AVEC LE SAUVAGE, RENOUER AVEC LES VIVANTS

ENTRE SCIENCES ET LITTÉRATURE


Colette CAMELIN, Raphaël LARRÈRE (), Alain ROMESTAING (dir.)


Préface de Lucile SCHMID


La séparation entre l'étude scientifique de la nature et la création littéraire structure la pensée depuis le XIXe siècle. Face à l'urgence actuelle, des spécialistes de la biodiversité et de littérature proposent des perspectives nouvelles, par-delà le dualisme entre "nature" et culture. Les premiers interrogent le "renouveau du sauvage" qui libère animaux et végétaux, devenus "féraux". Comment trouver ce qui pourrait être une bonne distance entre eux et les humains ?
Quels sont les pouvoirs spécifiques de l'écriture littéraire ? Constater l'étendue des désastres ? Éveiller la conscience de la vulnérabilité des vivants ? Affronter l'altérité d'un animal ou d'un arbre ? Émerveiller ? Réenchanter ? Déplacer les certitudes ? Déployer la complexité du réel ? Scientifiques et littéraires ont échangé leurs recherches en vue d'un humanisme responsable qui ouvre un avenir à la croissance des Terrestres — feuillus, truies, cerfs, flamants roses, crocodiles, souris et poètes…


Ouvrage issu des colloques de Cerisy (2023) [Que peut la littérature pour les vivants ? & Le renouveau du sauvage]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°688]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : HDiffusion

Collection : Colloques de Cerisy - Sciences et Littérature

ISBN : 978-2-3634-5165-1

Nombre de pages : 480 p.

Illustrations : Couleurs et N & B

Prix public : 32 €

Année d'édition : 2025

TÉMOIGNAGE

Faire avec le sauvage, renouer avec les vivants. Entre sciences et littérature. Rencontre avec Colette CAMELIN, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.

Publication 2025 : un des ouvrages


FUTURS DE L'OCÉAN, DES MERS ET DES LITTORAUX


Agathe EUZEN, Antoine FRÉMONT, Denis LACROIX (dir.)


Préface d'Isabelle AUTISSIER


L'océan et ses interfaces avec la terre, l'atmosphère et les sociétés constituent un sujet vaste, rarement traité comme un tout. Cela a été l'ambition de ce colloque de Cerisy, enrichi d'une approche prospective sur les futurs de cet espace et de ses littoraux à l'horizon 2050. Coorganisé par l'Ifremer, le CNRS et le Cnam, il a accueilli 65 chercheurs, ingénieurs, enseignants et étudiants venant des multiples disciplines en lien avec la mer. C'est avec ce regard pluridisciplinaire qu'ont été traités les thèmes comme les imaginaires de la mer, l'océan moteur et réceptacle du changement climatique, les ressources vivantes, l'aménagement du littoral, l'économie et la géopolitique maritimes. Isabelle Autissier a contribué à éclairer les débats à partir de son expérience de navigatrice de course, d'écrivaine de la mer et de présidente d'une organisation de protection de la nature. Les échanges ont permis de rappeler que l'océan est généreux en services et en ressources, sous réserve d'en respecter les grands et subtils équilibres, dont beaucoup restent à comprendre.
Ce colloque foisonnant de connaissances, d'images et de pistes de réflexion, a révélé autant d'opportunités que de menaces dans les décennies à venir. Il a montré les liens multiples qui tissent le continuum entre la terre et la mer, du haut des bassins versants jusqu'aux abysses. Cette continuité montre la responsabilité des sociétés humaines dans les évolutions de cet espace maritime partagé, comme dans le temps long du changement global.


Ouvrage issu d'un colloque de Cerisy (2022) [en savoir plus]
Disponible à Cerisy aux Amis de Pontigny-Cerisy [n°687]

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : Hermann Éditeurs

Collection : Colloque de Cerisy

ISBN : 979-1-0370-3824-1

Nombre de pages : 374 p.

Illustrations : Couleurs et N & B

Prix public : 35 €

Année d'édition : 2025

Publication 2025 : un des ouvrages


Cerisy à l'écoute des Muses

CERISY À L'ÉCOUTE DES MUSES

QUE PEUVENT LA LITTÉRATURE ET LES ARTS AUJOURD'HUI POUR DEMAIN ?


Séminaire des Partenaires de Cerisy (29 septembre - 1er octobre 2024)


Que peuvent la littérature et les arts aujourd'hui pour demain ?
La question n'a cessé d'être au cœur des activités de Cerisy, où se transmet l'héritage humaniste de Paul Desjardins, fondateur à Pontigny, dès 1910, de décades littéraires, hospitalières à l'art de la conversation et à l'écoute sans préjugés.
Littérature et arts sont les révélateurs des mille et une façons d'habiter c'est-à-dire de réhumaniser le monde qui vient : d'aiguillonner les facultés d'accueil, de revigorer les énergies d'émerveillement.
Recevoir ensemble cet héritage "en temps de détresse", c'est ce qu'enseigne Cerisy dans les temps de mal-être qui sont aujourd'hui les nôtres.
C'est "concevoir un engagement de l'écriture qui, chaque fois qu'elle change un tant soit peu le rapport que par son langage l'homme entretient avec le monde, contribue dans sa modeste mesure à changer celui-ci" (Claude Simon, Discours de Stockholm).

CARACTÉRISTIQUES

Éditeur : HDiffusion

ISBN : 978-2-36345-175-0

Nombre de pages : 56 p.

Illustrations : N & B

Prix public : 12 €

Année d'édition : 2025

TABLE DES MATIÈRES

Présentation, par Edith HEURGON

Mireille CALLE-GRUBER, Professeure à la Sorbonne Nouvelle et écrivaine

Sophie NOËL, Directrice de Normandie Livre & Lecture

Laetitia CORCELLE, Musicienne et directrice de l'Ensemble Ô

Colette CAMELIN, Professeure émérite de littérature française à l'université de Poitiers

Michèle GENDREAU-MASSALOUX, Hispaniste et haute fonctionnaire française, vice-présidente du Groupe interacadémique pour le Développement

Mireille CALLE-GRUBER, Professeure à la Sorbonne Nouvelle et écrivaine