Témoignage

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RETOUR SUR LE FOYER DE CRÉATION ET D'ÉCHANGES (2024) - PÉRIODE II

PAR SARA MARTOUZET & LAURA MONFLEUR


Du 2 au 16 août, s'est déroulé à Cerisy la seconde période du Foyer de création et d’échanges. En voici les témoignages rédigés par deux doctorantes de l'Université de Tours : Sara Martouzet (thèse sur "Sens et valeur du soin dans l'accompagnement des fins de vie associées aux prélèvements d'organes : approche de philosophie de terrain") et Laura Monfleur (thèse sur "Faire vivre et vivre la domination étatique. Géographie de l'autoritaire dans les espaces centraux du Caire postrévolutionnaire").

Élise Simon, Nazanin Ramezanian, Sara Martouzet, Laura Monfleur


Le séjour de deux semaines au Centre Culturel International de Cerisy (CCIC) a constitué une expérience déterminante pour l'avancement de ma thèse. Le cadre exceptionnel de Cerisy, véritable havre propice à la réflexion et à la concentration, a grandement facilité mon immersion totale dans l'écriture. Propices à la réflexion et à la concentration, le château et son parc ont joué un rôle crucial dans ma capacité à me plonger pleinement dans la rédaction. La tranquillité et la beauté du lieu, alliée à une ambiance studieuse, m'ont permis de considérablement augmenter ma productivité, grâce à de longues plages de travail ininterrompues, souvent impossibles à obtenir dans le quotidien. Concrètement, j'ai pu rédiger un premier jet de mon quatrième chapitre, tout en relisant, corrigeant et améliorant la forme des chapitres deux et trois au cours de ce séjour.

Nous étions quatre doctorantes à bénéficier de cette retraite, et la dynamique de groupe s'est avérée particulièrement enrichissante. Les échanges que nous avons eus ont non seulement favorisé une entraide mutuelle, mais ont également apporté un regard neuf grâce à la diversité disciplinaire et l'absence d'enjeux hiérarchiques réels ou symboliques. Ce fut également le cas des interactions avec les membres du Foyer de création et d'échanges, ainsi qu'avec les participants aux colloques. Nos discussions ont largement dépassé le cadre de nos recherches, abordant des perspectives professionnelles, des stratégies d'écriture et de recherche, des actualités scientifiques à venir, ainsi que des contacts potentiels pour la constitution d'un jury de thèse. À titre d'exemple, mes échanges avec Mme Natalie Depraz ont été fructueux, notamment en ce qui concerne la clarification des attentes pour la qualification en section CNU 17.

En parallèle de nos sessions de rédaction, j'ai eu l'opportunité d'assister à quelques interventions de colloques, notamment celui organisé par M. Hervé Breton sur le thème Histoire de vie, récits et savoirs expérientiels en formation et santé. Ces interventions ont élargi mes perspectives méthodologiques, m'incitant à prendre du recul pour envisager le domaine de la santé et le milieu médical sous d'autres angles et à travers d'autres outils méthodologiques. Si j'utilise principalement l'entretien semi-directif, l'approche de l'entretien d'explicitation de Pierre Vermersch, présentée lors de ce colloque, m'a permis d'approfondir ma compréhension des limites et apports de ma propre méthodologie, tout en la situant et la défendant face à d'autres approches. Les échanges informels avec les chercheurs présents ont également nourri certaines pistes que je compte approfondir dans ma thèse, et m'ont permis d'en défendre d'autres ou d'envisager de nouveaux sujets de recherche pour un postdoctorat.

Un autre temps fort de ce séjour a été le projet de création "Lire avec les vivants : les oiseaux". Bien que sans lien direct avec mes travaux, il m'a offert une véritable parenthèse de ressourcement. Si l'équilibre entre la rédaction de ma thèse et la participation à ce projet a parfois été délicat à maintenir, cela a surtout favorisé une harmonie entre mon travail intellectuel et l'immersion dans la nature, propice à une sérénité mentale indispensable à la réflexion et à l'écriture. La thématique a également constitué une porte d'entrée pour la découverte du château, du parc, et plus largement de la Normandie lors des excursions commentées. La perspective d'un prochain Foyer axé sur les chants d'oiseaux et la musique m'enthousiasme, les oiseaux m'ayant sensibilisée aux lieux durant ces deux semaines, et la musique occupant une place importante à côté de mon travail de thèse.

En somme, cette retraite à Cerisy a non seulement permis une avancée significative dans l'écriture de ma thèse, objectif initial du séjour, mais elle a également été le lieu de rencontres et d'échanges formels et informels enrichissants, dont les effets se prolongent encore aujourd'hui.

Sara MARTOUZET


Actuellement dans la rédaction du manuscrit de ma thèse, j'ai eu la chance d'avoir une bourse pour me rendre au Foyer de Cerisy pour deux semaines. J'ai pu écrire une partie d'un chapitre mais aussi me replonger dans certaines lectures et surtout composer les idées de mon introduction générale. En effet, les deux semaines à Cerisy m'ont permis de prendre du recul sur ce que j'avais déjà écrit et d'avoir une vue d'ensemble de ma thèse. Dans l'ensemble, le Foyer me paraît être une bonne occasion pour tous les doctorants, même s'ils ne sont pas dans la phase de rédaction et finalisation de leur manuscrit.

Si le lieu se prête à une écriture et une réflexion intenses, c'est qu'il est une pause loin des contraintes de la vie quotidienne. On y est reçu dans les meilleures conditions : les chambres sont confortables, les repas sont délicieux et très équilibrés, les espaces de travail sont nombreux et vastes. Le parc ainsi que les chemins alentours offrent un très beau cadre pour des pauses réflexives ou contemplatives. L'équipe du secrétariat, des cuisines, des bénévoles — leur efficacité, bienveillance et joie de vivre — participe énormément à faire de ce lieu un cadre parfait. Venant à Cerisy pour la première fois, je ne connaissais pas du tout le site et son fonctionnement : j'ai pu être aiguillée et aidée dès que j'avais une question. Les visites du parc ou du château permettaient de s'approprier très vite le domaine. Il est, à mon sens, très rare dans la vie d'un doctorant — et je dirai même d'un chercheur — de pouvoir travailler dans un tel lieu.

Être avec les autres membres du Foyer était une source d'inspiration. Le fait d'être avec non seulement d'autres doctorantes, mais aussi des écrivains, chercheurs, professeurs permettait des échanges fructueux. Il me semble nécessaire de maintenir cette diversité des membres pour ne pas faire de ce Foyer uniquement une résidence doctorale. Entendre le travail respectif de chacun me permettait à la fois de penser à autre chose par rapport à la thèse, mais aussi d'y revenir avec de nouvelles idées. Un moment que j'ai particulièrement apprécié : l'atelier d'écriture sur les oiseaux organisé par l'auteure Paule Brajkovic. Le fait que nous puissions aussi nous rendre aux conférences et ateliers des colloques est également très appréciable : j'ai pu me rendre à une conférence très intéressante sur les micro-récits et la micropolitique où les idées et références étaient très proches des miennes malgré deux approches et disciplines différentes, j'ai pu assister à un atelier de micro-phénoménologie et découvrir l'entretien d'explicitation. Ces rencontres n'auraient pas été possibles ailleurs.

Je dois avouer que je n'ai pas appréhendé au début ce Foyer comme étant l'occasion de réaliser un objet de médiation culturelle, surtout avec un sujet sur les oiseaux, très éloigné de mes compétences de recherche. J'ai néanmoins pu m'investir progressivement après l'arpentage avec Monsieur Jean Collette qui nous a parlé de son territoire dans la vallée de la Sée. J'ai beaucoup appris sur les oiseaux et cela a nourri mon intérêt et mon imagination. Je pense que faire deux arpentages avec des spécialistes du thème collectif est une bonne idée : le premier dès le début pour apprivoiser le thème collectif, un deuxième éventuel au début de la deuxième semaine pour relancer le processus de création. J'ai pu ainsi contribuer à mon humble niveau au cahier collectif regroupant les textes, dessins, photographies réalisés par les membres du Foyer, en proposant une calligraphie en arabe qui représentait pour moi les idées les plus marquantes de l'arpentage. Ce cahier est une excellente idée pour créer collectivement et garder une trace de notre expérience au Foyer.

Je serai ravie de pouvoir continuer cette dynamique collective, en mettant une petite pierre à l'édifice (une carte, un dessin, un texte) si l'idée d'un objet de médiation culturelle était lancée pour le Foyer de l'année prochaine, en particulier si des spécialistes et artistes accompagnent ce projet. Je pense en effet revenir pour rédiger un article qui sera issu d'un de mes chapitres de thèse à destination d'une revue scientifique. J'aurai normalement soutenue ma thèse courant du mois de mai.

Laura MONFLEUR