Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LES CHEMINS CRÉATIFS DE LA CRITIQUE : LITTÉRATURE, CRÉATION, ACTION !


DU LUNDI 7 JUILLET (19 H) AU DIMANCHE 13 JUILLET (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


Fragments du plan en marbre de la Rome antique (1754-1756),
Giovanni Battista Piranesi © Yves Bresson / Musée d'art moderne
et contemporain de Saint-Étienne Métropole


ARGUMENT :

Près de soixante ans après la décade fondatrice de Cerisy, le temps semble de nouveau venu de se rassembler autour des "chemins actuels de la critique", pour rendre compte d'une tendance profonde du contemporain. Depuis le début du XXIe siècle en effet, concomitamment à l'entrée de la création littéraire dans les programmes universitaires français, les discours théoriques et critiques sur la littérature sont le lieu d'expérimentations qui contestent les partages traditionnels entre œuvre et commentaire, pratique et théorie, expérimentation et transmission ou encore écriture et réception.

De ces formes créatives de la critique littéraire, on esquissera la carte et le répertoire. On interrogera leurs dynamiques, entre et par-delà les disciplines, ainsi que leurs généalogies croisées où se mêlent la rhétorique, la théorie littéraire, la tradition de l'essai, du poème critique, la fiction théorique mais aussi la recherche-création et la recherche-action. Et l'on se demandera ce que, au juste, cette création critique fabrique. Où et comment s'écrit-elle, s'enseigne-t-elle, se publie-t-elle ? Comment travaille-t-elle à la convergence de l'université, de la littérature et des autres espaces sociaux ? Comment s'articule-t-elle aux débats théoriques, aux luttes et aux urgences actuelles ?

Enquête sur les territoires et les terrains des critiques créatives, ce colloque en sera aussi bien le laboratoire vivant, l'occasion d'en discuter collectivement le projet et d'en essayer les possibles.


MOTS-CLÉS :

Cartographie, Conférence-performance, Création critique, Expérimentations pédagogiques, Nouvelles formes d'édition en SHS, Recherche-action, Recherche-création, Théorie littéraire


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 7 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 8 juillet
Matin
Introduction et présentation des ateliers, par Adrien CHASSAIN, Jérôme DAVID, Nancy MURZILLI & Myriam SUCHET

Atelier Archives 66, ouverture par Charles COUSTILLE et Mathieu MESSAGER

Après-midi
Atelier Atlas, ouverture par Adrien CHASSAIN, Yves CITTON et Gabriele STERA

En parallèle :
• Atelier Bolo'bolo, animé par Pauline NOBLECOURT et Anne-Frédérique SCHLÄPFER
• Atelier Interpolation, animé par Pierre BAYARD, ChatGpt, Sophie RABAU et Myriam SUCHET

Ateliers Jeu de rôle "L'université d'après", ouverture par Yves CITTON, Charles COUSTILLE, Raphaëlle GUIDÉE, Jacob JEAN-JACQUES, Nancy MURZILLI et Sophie PRINSSEN

En parallèle :
• Atelier Wandering books, animé par Sophie RABAU
• Atelier de fabrication du Fanzine, animé par Benjamin ROUX, Myriam SUCHET et Yann TRIVIDIC, avec Pauline NOBLECOURT et Sophie PRINSSEN


Mercredi 9 juillet
Matin
En parallèle :
Pour une pensée mouvementée : séance d'échauffement inspirée par le travail chorégraphique de Loïc Touzé, Rémi Héritier et Alice Chauchat, par Axelle DELAGORCE et Laureline RICHARD
• Atelier Bolo'bolo, animé par Pauline NOBLECOURT et Anne-Frédérique SCHLÄPFER

Temps du matin, animé par Jacob JEAN-JACQUES

En parallèle :
• Ateliers Jeu de rôle "L'université d'après", animés par Yves CITTON, Charles COUSTILLE, Raphaëlle GUIDÉE, Jacob JEAN-JACQUES, Nancy MURZILLI et Sophie PRINSSEN
• Atelier Interpolation, animé par Pierre BAYARD, ChatGpt, Sophie RABAU et Mireille SÉGUY

Après-midi
En parallèle :
• Atelier Autothéorie, animé par Jérôme DAVID, Maryline HECK, Alice LECLERCQ, Nancy MURZILLI, Olivia ROSENTHAL, Laurane TRAVAGLI-CHANAL et Marie-Jeanne ZENETTI
• Atelier Écrire avec les pieds, animé par Madeleine AKTYPI et Magali NACHTERGAEL

En parallèle :
• Atelier Wandering books, animé par Sophie RABAU
• Atelier de fabrication du Fanzine, animé par Benjamin ROUX, Myriam SUCHET et Yann TRIVIDIC, avec Pauline NOBLECOURT et Sophie PRINSSEN

Soirée
Performance Spectres de Cerisy, par Alexandra SAEMMER
Performance Work in progress, par Eryck ABECASSIS et Olivia ROSENTHAL


Jeudi 10 juillet
Matin
En parallèle :
Pour une pensée mouvementée : séance d'échauffement inspirée par le travail chorégraphique de Loïc Touzé, Rémi Héritier et Alice Chauchat, par Axelle DELAGORCE et Laureline RICHARD
• Atelier Bolo'bolo, animé par Pauline NOBLECOURT et Anne-Frédérique SCHLÄPFER

Temps du matin, animé par Cyril PUERTOLAS

En parallèle :
• Atelier Autothéorie, animé par Jérôme DAVID, Maryline HECK, Alice LECLERCQ, Nancy MURZILLI, Olivia ROSENTHAL, Laurane TRAVAGLI-CHANAL et Marie-Jeanne ZENETTI
• Atelier Atlas, animé par Adrien CHASSAIN, Yves CITTON et Gabriele STERA

Après-midi
DÉTENTE


Vendredi 11 juillet
Matin
En parallèle :
Pour une pensée mouvementée : séance d'échauffement inspirée par le travail chorégraphique de Loïc Touzé, Rémi Héritier et Alice Chauchat, par Axelle DELAGORCE et Laureline RICHARD
• Atelier Bolo'bolo, animé par Pauline NOBLECOURT et Anne-Frédérique SCHLÄPFER

Temps du matin, animé par Salomé FAUVINET, Éléonore GAUDRY et Marion OLIVEIRA

Outroduction de l'atelier Autothéorie, animée par Jérôme DAVID, Maryline HECK, Alice LECLERCQ, Nancy MURZILLI, Olivia ROSENTHAL, Laurane TRAVAGLI-CHANAL et Marie-Jeanne ZENETTI

Après-midi
En parallèle :
• Atelier Atlas, animé par Adrien CHASSAIN, Yves CITTON et Gabriele STERA
• Ateliers Jeu de rôle "L'université d'après", animés par Yves CITTON, Charles COUSTILLE, Raphaëlle GUIDÉE, Jacob JEAN-JACQUES, Nancy MURZILLI et Sophie PRINSSEN

Outroduction de l'atelier Atlas, animée par Adrien CHASSAIN, Yves CITTON et Gabriele STERA

En parallèle :
• Atelier Wandering books, animé par Sophie RABAU
• Atelier de fabrication du Fanzine, animé par Benjamin ROUX, Myriam SUCHET et Yann TRIVIDIC, avec Pauline NOBLECOURT et Sophie PRINSSEN

Soirée
Performance de Charles COUSTILLE
Bibliomancie, avec Marie-Jeanne ZENETTI


Samedi 12 juillet
Matin
Temps du matin, animé par Yves CITTON, Arilys JIA, Mathieu PICQUENOT et Gabriele STERA

Théâtre invisible, avec la Compagnie Kiroul (incluant un "déjeuner sur l'herbe") : Émilie CANNIAUX, Mariette DELINIÈRE, Marion DUPOUY MASON, Léa ORIOL, Cyril PUERTOLAS, François SINAGRA, Valérie TACHON, Dimitri VOTANO et Martin VOTANO

Après-midi
Éditions d'espace, par Benjamin ROUX

Outroduction des ateliers Jeu de rôle "L'université d'après", animée par Yves CITTON, Charles COUSTILLE, Raphaëlle GUIDÉE, Jacob JEAN-JACQUES, Nancy MURZILLI et Sophie PRINSSEN

Atelier de fabrication du Fanzine, animé par Benjamin ROUX, Myriam SUCHET et Yann TRIVIDIC, avec Pauline NOBLECOURT et Sophie PRINSSEN


Dimanche 13 juillet
Matin
Assemblage et distribution du Fanzine

Outroduction d'ensemble et discussion générale, animée par Adrien CHASSAIN, Jérôme DAVID, Nancy MURZILLI & Myriam SUCHET

Après-midi
DÉPARTS


MODULES THÉMATIQUES / RUBRIQUES :

Archives 66
L'intitulé de ce colloque fait écho à une rencontre qui s'est tenue à Cerisy en 1966 : Les chemins actuels de la critique. Désormais célèbre dans les études littéraires, ce colloque a aussi laissé des traces sur place et dans les alentours. Les archives en sont déposées à l'IMEC ; il existe des photographies prises à cette occasion, à l'intérieur du Château ou dans le parc ; des volumes de la bibliothèque de Cerisy, parfois dédicacés, en portent encore témoignage. Le module se mettra en quête de ces empreintes — et de leurs échos, qu'on espère inattendus.


Atlas
Peut-on cartographier la création critique menée à l'horizon de la littérature en situant les uns par rapport aux autres ses territoires, ses points névralgiques, ses ponts, ses chemins de traverse ? Faut-il envisager une multitude de cartes réunies en atlas pour mieux appréhender cette création, selon qu'on y retient des formats, des dates, des noms propres, des pratiques ou des gestes ? Comment dessinerons-nous de telles cartes ?


Autothéorie
Élaborée par les mouvements féministes et queer, l'autothéorie investit et questionne les articulations possibles entre une expérience singulière et des processus sociaux, souvent oppressifs, dont les répercussions ordinaires sont parfois ténues mais presque toujours implacables. Ce module se demandera si l'une de ces articulations décisives ne tiendrait pas à certains usages du langage lui-même dans les médias, sur les réseaux sociaux, sur le marché du travail, dans le droit ou dans les espaces privés et domestiques. Comment investir à Cerisy ces "je" à l'intersection du genre, de la classe, de la race et de la phrase ? L'enquête sera "littéraire" du fait de ce surcroît d'inquiétude et de vigilance langagières.


Bolo'bolo — dialogue collectif avec la mémoire des utopies
Cet atelier propose de transmettre aux participants des méthodes pour développer l'écriture collective, et spécifiquement l'écriture de fictions, entendue comme ouverture de possibles. Nous pensons que le détour par la fiction et particulièrement la fiction imaginée collectivement, est un détour utile pour trouver d'autres façons d'être et de penser ensemble. Le but de l'atelier est d'élaborer, dans un temps restreint, l'esquisse d'une fiction dramatique, qui sera ensuite restituée sous la forme de lecture. Comme point de départ de ce travail, nous proposons un retour sur le texte de P.M., écrivain suisse-allemand, Bolo'bolo. Là où l'auteur imaginait, en 1983, une utopie à venir, nous proposons de réfléchir, en 2025, à un regard rétrospectif sur cette utopie, en supposant qu'elle soit réellement advenue. Prenant au sérieux le "calendrier" imaginé par l'auteur, nous pourrons par exemple proposer un regard critique sur les nombreux textes littéraires auquel un bouleversement social si massif n'a pas manqué de donner naissance. Nous pourrons également faire le bilan de presque quarante ans de société utopique, en auscultant ses réussites et ses échecs.


Bibliomancie
Lire le passé, le présent, l'avenir dans les livres ; éprouver nos modes de croyance dans la fiction ; fournir à l'interprétation ainsi qu'à l'écriture des textes autant de motifs à décentrement qu'il y a de séances et de tirages : la bibliomancie et le tarot déplacent, interrogent et enrichissent la création critique.


Écrire avec les pieds
C'est en marchant que nous avons eu cette idée, écrire avec les pieds. Nous parlions de Pauline Oliveros, sa performance où les plantes de pied deviennent oreilles qui écoutent. Et si ces oreilles déplacées se mettaient à écrire ? Et si nous en faisions un atelier pour voir si et, si oui, comment, les pieds peuvent devenir écrivains ?


Pour une pensée mouvementée
Ce module est à la fois superflu et nécessaire. Il ponctuera les explorations intellectuelles de sessions où les corps seront mis à contribution. Qui souhaiterait par exemple nous faire découvrir l'enlacement des arbres, la méthode du fractionné, son yoga préféré, les bains de boue, la cohérence cardiaque, la tarantelle, les joies de la chorale… ? Dans un second temps peut-être, nous nous demanderons comment tout cela accompagne et nourrit nos réflexions : en interrogeant les effets d'une "somaesthétique" (Richard Shusterman) sur la création critique, en inventant des dispositifs de recherche-création à partir de pratiques somatiques collectives (Boris Nordmann), en éprouvant avec les écologies somatiques la force insurrectionnelle de nos "mouvementements" (Emma Bigé) ?


Fanzine
Nos échanges seront scandés par la parution régulière, durant la semaine, d'un fanzine produit à Cerisy même. À la fois archive, foutraquothèque, pense-bête et matériau de relance, il sera le témoin fidèle de nos dispersions. Nous pourrons nous y référer et nous en inspirer.

TÉLÉCHARGER LA VERSION FINALE


Interpolation
La pratique de l'interpolation est aussi vieille que le monde. C'est en effet dès l'âge des cavernes que l'être humain n'a pu s'empêcher d'intervenir sur les œuvres de ses semblables. Or l'intelligence artificielle multiplie à l'infini les possibilités d'intervention dans le monde littéraire et artistique.


Jeu de rôle "L'université d'après"
Dans quelles configurations institutionnelles la recherche-création trouverait-elle son déploiement le plus adéquat ? Quelles transformations de nos universités actuelles seraient indispensables ? Il ne faudra pas moins, pour pousser nos imaginations à leurs limites, qu'un jeu de rôle ad hoc comme instrument de création critique révolutionnant, si ce n'est révolutionnaire !


Temps du matin
Ce module quotidien, placé en début de journée, nous plongera en douceur dans des considérations déliées : réminiscences de la veille, gloses du fanzine, remarques d'après-coup, épiphanies spontanées… Il s'agira d'un espace de parole plus ou moins improvisée, au gré des envies et des débats.


Théâtre invisible
À la recherche est un projet artistique à destination de l'espace public, une sorte de work in progress permanent, à la lisière des genres, des lieux, du temps… Une immersion spectaculaire et non-spectaculaire dans le processus créatif, parsemée de rencontres, et ponctuée de rendez-vous publics. Tout au long du colloque, la compagnie Kiroul sera avec nous sur le mode immersif d'un compagnonnage. Ses interventions décaleront nos scénographies habituelles et joueront de la répétition et de la reprise. En fin de semaine, un temps d'Expérience, conclu par un déjeuner sur l’herbe, réunira l'ensemble des participants pour jouer, présenter, improviser, proposer, faire et défaire, peut-être.


Wandering books
Cela se passerait dans une des bibliothèques de Cerisy. Chacune et chacun choisirait un livre (dans la bibliothèque ou un livre apporté) qui aurait une place initiale dans les rayons. On appellerait livrées les personnes qui ont choisi un livre. Chaque jour des lutins (volontaires lutin acceptés, troll bienvenus) déplaceraient discrètement les livres dans la bibliothèque selon une contrainte de déplacement tenue secrète et décidée entre lutins. Chaque jour, un peu plus tard, les livrées viendraient découvrir et retrouver leurs livres dans leur nouvel environnement : autre place, autre livres voisins, autres rayons et noteraient les changements qui en découlent, les persistances qui n'en découlent pas, en feraient part peut-être ou en prendraient note, sinon, à moins qu'ils n'écrivent pour le fanzine le voyage de leur livre. À la fin, les livrées raconteraient l'errance de leur livre, ses métamorphoses et la métamorphoses de leur lecture. Les livres reviendraient à leur place mais on ne revient jamais comme on est parti. On saurait enfin (ou pas) ce que l'espace fait aux livres, peut-être rien d'ailleurs, mais on aura au moins on aurait essayé.


BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Adrien CHASSAIN
Adrien Chassain est maître de conférences en création critique à l'université Paris 8-Vincennes-Saint-Denis, et coresponsable éditorial de la revue Littérature. Depuis une thèse consacrée aux discours de l'œuvre à faire (XVIe et XXe siècles), ses travaux développent une poétique sociale des formes et des discours de la publication, interrogent les pratiques et les imaginaires du projet créateur, s'attachent à décrire la socialité du volontaire dans l'espace des lettres. Principalement consacrée à la littérature française des XXe et XXIe siècles, cette recherche investit les chevauchements et les hybridations entre création et recherche contemporaines, et donne lieu à des enquêtes sur la commande, la prépublication, la littérature grise et ses modes de textualisation ou encore les régimes contemporains du posthume.

Jérôme DAVID
Jérôme David est professeur de littérature et de didactique des littératures à l'université de Genève. Co-directeur du Bodmer Lab entre 2015 et 2023, il a également publié Balzac. Une éthique de la description (2010), Spectres de Goethe (2011), Faire la fête avec un seul confetti (2016), Martin Bodmer et les promesses de la littérature mondiale (2018), et co-dirigé avec Hélène Merlin-Kajman le volume collectif Transitions. Une aventure critique (2011-2022), Paris, Ithaque, 2024.

Alice LECLERCQ
Alice Leclercq est doctorante et collaboratrice de la recherche au Département de langue et littérature françaises modernes de l'université de Genève. Sa thèse s'intéresse aux ontologies relationnelles dans l'œuvre de l'écrivain suisse romand Jean-Marc Lovay, qu'elle analyse selon une approche écopoétique inspirée de l'anthropologie perspectiviste brésilienne, approfondie lors de ses mobilités à l'université de São Paulo. Elle interroge également les articulations théoriques possibles entre l'intime, les émotions et la recherche académique — une dimension qu'elle explore dans sa thèse ainsi que dans la direction du prochain numéro de la revue Mosaïque, intitulé "D'où parlent les chercheur·euses ? Le rôle des émotions dans la production du savoir", à paraître fin 2025.

Nancy MURZILLI
Nancy Murzilli est professeure de littérature et arts des XXe et XXIe siècles à l'université Paris 8. Elle codirige l'équipe Fabrique du littéraire et le Master de recherche-création ArTeC. Elle est coresponsable des collections "L'imaginaire du texte" et "Recherche-création" aux Presses universitaires de Vincennes. Ses travaux de recherche portent sur les relations entre la littérature et les arts, la théorie de la fiction, l'agentivité des pratiques artistiques, la recherche-création. Autour de la recherche-création et de la création critique, elle a récemment publié "L'écriture poétique en recherche-création : construire des publics, expérimenter des agirs", dans Le Tournant créatif de la recherche, V. Houdart-Merot (dir.), PUV, 2024 ; Changer la vie par nos fictions ordinaires, Premier Parallèle, 2023 ; et codirigé Nouvelles formes de l'écriture scientifique, Publif@rum, n°36, 2022.

Myriam SUCHET
Myriam Suchet cherche, et se perd beaucoup. Son parcours littéraire s'est indiscipliné chemin faisant, quelque part entre la France et le Québec. Maître de conférences en littératures francophones à la Sorbonne Nouvelle, elle dirige le Centre d'études en études québécoises depuis sa création en 2012. Elle est membre de l'Institut Universitaire de France et travaille dans les interstices où les institutions rencontrent d'autres espaces de recherche-action-création. Son travail consiste essentiellement à traduire du français aux français au pluriel dans une perspective de recherche-action-création qui se trame avec, davantage qu'à propos de qu(o)i que ce soit. Elle a publié notamment trois ouvrages : L'Imaginaire hétérolingue. Ce que nous apprennent les textes à la croisée des langues (Paris, Classiques Garnier, 2014), Indiscipline ! Tentatives d'UniverCité à l'usage des littégraphistes, artistechniciens et autres philopraticiens (Montréal, Nota Bene, 2016) et L'Horizon est ici. Pour une prolifération des modes de relations (Rennes, Éditions du commun, 2019).


BIBLIOGRAPHIE :

• Antoine, Jean-Philippe, "Un art exemplaire : la conférence-performance", Catalogue du Nouveau Festival, Paris, Centre Pompidou, 2009, p. 28-33.
• Athanassopoulos, Evangelos (dir.), Quand le discours se fait geste, Regards croisés sur la conférence-performance, Les Presses du réel, Dijon, 2018.
• Bayard, Pierre, Comment améliorer les œuvres ratées ?, Minuit, 2000.
• Citton, Yves, "Ce que la recherche-création fait aux thèses universitaires", AOC, 18 mars 2024.
• Cavallin, Jean-Christophe, Valer noir, Corti, Paris, 2021.
• Coste, Florent, Explore. Investigations littéraires, Questions théoriques, Paris, 2017.
• David, Jérôme & Merlin-Kajman, Hélène (dir.), Transitions. Une aventure critique (2011-2022), Paris, Ithaque, coll. "Theoria incognita", 2024.
• Dechery, Chloé & Boudier, Marion (dir.), Artist.e.s-Chercheur·e.s, Performer les savoirs, Presses du réel, 2022.
• Dossier de la revue Démeter, n#5, 2020, "La conférence comme performance : formes et actes du discours (XIXe-XXe siècles).
• Houdart-Mérot, Violaine (dir.), Le Tournant créatif de la recherche, Presses universitaires de Vincennes, coll. "Recherche-création", 2024.
• Houdart-Mérot, Violaine, La création littéraire à l'université, Presses Universitaires Vincennes, 2018.
• Macé, Marielle, Le Temps de l'essai. Histoire d’un genre au XXe siècle, Belin, 2006.
• Manning, Erin & Massumi, Brian, Pensée en acte, Vingt propositions pour la recherche-création, Presses du réel, 2014.
• Murzilli, Nancy & Hanna, Christophe, Travaux d'expérimentation sur la question de l'évaluation : https://evalge.hypotheses.org/.
• Murzilli, Nancy, Changer la vie par nos fictions ordinaires, Premier parallèle, Paris, 2023.
• Novat, Lucille, De grandes dents. Enquête sur un petit malentendu. Suivi de Barbie-bleue, le conte dont vous êtes le Perrault, La Découverte, 2024.
• Paquin, Louis-Claude & Noury, Cynthia, "Définir la recherche-création ou cartographier ses pratiques ?", Enjeux de la recherche, Magazine ACFAS [en ligne], 2018.
• PetitJean, Anne-Marie (éd.), La recherche-création littéraire à l'université, Peter Lang, 2021.
• Rabau, Sophie & Escola, Marc, "Inventer la pratique : pour une théorie des textes possibles", dans Escola, Marc & Rabau, Sophie (dir.), La Case blanche : théorie littéraire et possibles d'écritures, Lecture Littéraire, Janvier 2006, p. 9-28.
• Suchet, Myriam, L'Horizon est ici, Éditions du commun, 2019.
• Suchet, Myriam, Indiscipline !, Éditions Nota Bene, 2016.


SOUTIENS :

Université Paris 8 | Vincennes - Saint-Denis
• UR Fabrique du littéraire (FABLITT)
• Institut Universitaire de France (IUF)
Université de Genève
ArTeC et Investissements d’avenir | "Ce travail a bénéficié d'une aide de l'État gérée par l'Agence Nationale de la Recherche au titre du programme d'Investissements d'avenir portant la référence ANR-17-EURE-0008"
• THALIM (UMR 7172, CNRS) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Centre d'études québécoises (CEQ) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LE PRÉSENTISME EN ESPAGNE


DU LUNDI 7 JUILLET (19 H) AU DIMANCHE 13 JUILLET (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


© Œuvre d'Olivia Funes Lastra, tirée d'un ensemble
intitulé "Archives", créé pour
Carta a Cadaqués d'Elena Quiroga,
Casa de Velázquez, 2024


ARGUMENT :

"Que les choses continuent à aller ainsi, voilà la catastrophe", écrivait Charles Baudelaire. Catastrophe, inanité, mélancolie, nostalgie, désenchantement, dépression, autant de maux d'une subjectivité collective catastrophée figés dans les constellations du "présentisme", qui appellent une démarche réflexive sur les montages institutionnels du rapport au temps. C'est celle que se propose de mener l'équipe internationale hispaniste rassemblée autour du projet EXPEDIAS (Expériences du présentisme en Espagne : Dispositifs, Arts et Savoirs), réunie à Cerisy. À rebours d'une exploration d'un repli du présent sur lui-même dans laquelle culminerait une histoire linéaire et globalisée de l'Occident, le colloque fera un pari linguistique et poéticien simple : quand un concept voyage d'une langue à l'autre, il voyage d'un espace institutionnel, philosophique et linguistique, à un autre. Le colloque se propose d'interroger ce que fait à une catégorie sur le temps historique sa circulation vers un espace érigé en l'une des principales scènes de la résurgence de l'histoire et de la contestation politique mondiale dans le sillage de la crise de 2008, qui déjoue à la fois la croyance dans un présent qui ne passe pas et l'attente de la catastrophe à venir.

Cinquante ans après la mort du dictateur Franco et dans le contexte mémoriel actuel marqué par la Loi de Mémoire Démocratique de 2022, qualifier la singularité des textures espagnoles d'un présent fabriqué permet de dresser un état des lieux des savoirs et de la critique sur les expériences démocratiques dans l'Espagne post-dictatoriale et actuelle, et d'en expliciter la facture et la scénographie institutionnelle. Si le temps se prête facilement à son essentialisation, les échanges que suscitera le colloque apprécieront la facture conceptuelle, sémiotique et esthétique d'une topologie énonciative de la parole sur le temps, pris dans les enjeux mémoriels d'un espace post-dictatorial. Cette exploration critique se déploiera à partir des sciences humaines et sociales et des arts, sous la forme de conférences, de tables rondes et de débats.


MOTS-CLÉS :

Enjeux démocratiques, Espagne contemporaine, Mémoires, Post-dictature, Présentisme


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 7 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 8 juillet
1975-2025 : L'ESPAGNE EN CONTEXTE. MÉMOIRES DE L'APRÈS
Matin
Modération : Brice CHAMOULEAU
Antolín SÁNCHEZ CUERVO : De la memoria republicana a la memoria democrática [De la mémoire républicaine à la mémoire démocratique]
Sophie BABY : Amnistie et historicités [Amnistía e historicidades] [visioconférence]
Mercedes YUSTA RODRIGO : "La Pastora" y yo. Guerrilla antifranquista, disidencia sexual y presentismo ["La Pastora" et moi. Guérilla antifranquiste, dissidence sexuelle et présentisme]

Après-midi
Modération : Mari Paz BALIBREA
La fin des utopies en récit, table ronde avec Vicent BELLVER (¿El fin de las utopías? Mutaciones y reterritorializaciones de los horizontes de posibilidad y deseos a finales del siglo XX [La fin des utopies ? Mutations et reterritorialisations des horizons de possibilité et de désirs à la fin du XXe siècle]) et Virginie GAUTIER N'DAH-SÉKOU (De las utopías a las ecotopías : 50 años de discursos e imágenes ecologistas en España [Des utopies aux écotopies : 50 ans de discours et d'images de l'écologie en Espagne])


Mercredi 9 juillet
Matin
LES PRÉSENTS DU PRÉSENTISME : ENJEUX DESCRIPTIFS D'UNE CATÉGORIE SUR LE TEMPS HISTORIQUE
Modération : Mercedes YUSTA RODRIGO
Henry ROUSSO : L'actualité du présentisme [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Brice CHAMOULEAU : Scénographie institutionnelle du temps. Le montage trinitaire d'un présentisme post-franquiste

Après-midi
GENRE ET FÉMINISMES
Modération : Carla BEZANILLA
Carla BEZANILLA REBOLLO : Formas de volver al pasado desde las genealogías feministas : la cuarta ola interpretando [Les voies de retour vers le passé à partir des généalogies féministes : l'interprétation de la quatrième vague]
María BEAS MARÍN : Formas de vida en la España posfranquista : poéticas y biopolíticas [Modes de vie dans l'Espagne post-franquiste : poétique et biopolitique]
Kevin RAMIER : Los espacios ontológico-políticos del posimperio español [Les espaces ontologico-politiques du post-empire espagnol : linéaments et limites de la configuration baroque]

Soirée
Autour du film Lúa Vermella de Lois Patiño, présentation et débat animé par Pascale THIBAUDEAU


Jeudi 10 juillet
Matin
FUTUROLOGIES
Modération : Roberto GIL HERNÁNDEZ
Mari Paz BALIBREA : Futuros sin pasado, pasados sin futuro : dinámicas políticas de la temporalidad en la cultura de la transición [Futurs sans passé, passés sans futur : dynamiques politiques de la temporalité dans la culture de la transition]
Michel MARTÍNEZ PÉREZ : Catalanismo federalista o soberanista : ¿utopías disponibles a futuro? [Catalanisme fédéraliste ou souverainiste : des utopies possibles pour l'avenir ?]

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Dialogues littéraires. Écrire et traduire les mémoires d'un présent désenchanté, avec Lara MORENO (écrivaine) et Carole FILLIÈRE (traductrice) | Présentation


Vendredi 11 juillet
Matin
DÉCOÏNCIDENCES DU PRÉSENT
Modération : Mónica ALONSO RIVEIRO
Roberto GIL HERNÁNDEZ : Fantasmas que luchan. Hacia una semiosis descolonial de la protesta social contemporánea en Canarias [Fantômes en lutte. Vers une sémiosis décoloniale de la protestation sociale contemporaine dans les îles Canaries]
Béatrice RODRIGUEZ : Poéticas de las ruinas. Poéticas del presentismo en Rafael Chirbes [Poétiques des ruines. Poétiques du présentisme chez Rafael Chirbes]
Pascale THIBAUDEAU : Del descarte al rescate : pensar el archivo fílmico [Du rebut au réemploi : penser l'archive filmique]

Après-midi
LES PRÉSENTS DE LA VOIX POÉTIQUE
Modération : María Ángeles NAVAL
Zoraida CARANDELL : "En mi pasado y en su porvenir" : le présent et ses modalités dans la poésie espagnole de la pré transition ["En mi pasado y en su porvenir" : modalidades del presente en Las personas del verbo de Jaime Gil de Biedma]
Arturo SANCHEZ MERCADÉ : "Los fantasmas pasan las paredes" : voces hauntológicas del rap español actual ["Les fantômes traversent les murs" : voix hantologiques du rap espagnol actuel]

MARÍA ZAMBRANO : UNE POÉTIQUE DE L'ÉTERNITÉ
Modération : Antolín SÁNCHEZ CUERVO
Écrire le temps, entre poésie et philosophie. Réflexions autour de la traduction collective d'une anthologie de María Zambrano, table ronde avec Lou FREDA, Marta NOGUERA et Anna ROJAS | Présentation

Olivia FUNES LASTRA : Tras las huellas de la filósofa española María Zambrano [Sur les traces de la philosophe espagnole María Zambrano] [visioconférence]


Samedi 12 juillet
Matin
PERFORMATIVITÉ DES OBJETS DE MÉMOIRE
Modération : Pascale THIBAUDEAU
Mónica ALONSO RIVEIRO : Tiempos evocados, tiempos posibles. Performatividad e imaginación en los procesos de remembranza [Temps évoqués, temps possibles. Performativité et imagination dans les processus de mémoire]
María ROSÓN : Fragilidad y memoria del papel [Fragilité et mémoire du papier]
Marina RUIZ CANO : Los objetos en la dramaturgia de Eusebio Calonge : del simulacro a la performatividad [Les objets dans la dramaturgie d'Eusebio Calonge : du simulacre à la performativité]

Après-midi
DU TEMPS ET DES CORPS
Modération : Zoraida CARANDELL
María Ángeles NAVAL : Nostalgia y melancolía en los relatos transicionales [Nostalgie et mélancolie dans les récits transitionnels]
Mercedes ARBAIZA : El peligro de pensar con el cuerpo : la experiencia de lo inédito, lo impensable, lo singular en los grupos subalternos de la España Contemporánea [Le danger de penser avec le corps : expérience de l'inédit, de l'impensable et du singulier dans les groupes subalternes de l'Espagne contemporaine] [visioconférence]

Atelier de collage appropriationniste, animé par Pascale THIBAUDEAU


Dimanche 13 juillet
Matin
Synthèse et clôture du colloque

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Zoraida CARANDELL : "En mi pasado y en su porvenir" : le présent et ses modalités dans la poésie espagnole de la pré transition
Cette communication abordera à travers des exemples de Jaime Gil de Biedma et Carlos Barral la poésie comme réminiscence du passé familial et de l'histoire collective, que Biedma appelait "l'histoire pour tous". Dans des poèmes comme "Barcelona ja no es bona. Mi pasado solitario en primavera" ou "Parque de Montjuich", l'émotion lyrique se conjugue au présent, au passé et au futur, au singulier et au pluriel, à l'indicatif et au subjonctif.

Professeure de littérature espagnole contemporaine à l'université Paris Nanterre depuis 2012, elle est codirectrice du Centre de recherches ibériques et ibéro-américaines (CRIIA) et présidente du CERMI (Centre de recherches sur les migrations ibériques). Spécialiste de poésie espagnole du XXe siècle, elle a fait paraître de nombreux travaux consacrés aux œuvres d'Alberti et García Lorca. Ses publications portent sur la littérature et l'histoire culturelle de l'Espagne de l'âge d'argent, du franquisme, de la transition et de l'exil espagnol républicain. Elle est co-porteuse du projet EXPEDIAS (Expériences du présentisme en Espagne : dispositifs, arts et savoirs).
En savoir plus

Zoraida CARANDELL : "En mi pasado y en su porvenir" : modalidades del presente en Las personas del verbo de Jaime Gil de Biedma
Esta comunicación, centrada en textos de Jaime Gil de Biedma y Carlos Barral, tratará de la poesía como reminescencia del pasado familiar y de la historia colectiva, o por decirlo en términos del propio Biedma, de la "historia para todos". En "Barcelona ja no es bona. Mi pasado solitario en primavera" o en "Parque de Montjuich", la emoción lírica se conjuga en presente, pasado y futuro, en singular y en plural, en indicativo y en subjuntivo.

Brice CHAMOULEAU
Maître de conférences habilité à diriger des recherches, son domaine de spécialité est l'histoire de la citoyenneté contemporaine espagnole : ses recherches portent sur les modes de composition des individualités dans la construction de l'ordre civil de la modernité hispanique et son anthropologie de la grâce, et font dialoguer histoire du droit et psychanalyse. Actuellement directeur de l'UFR Langues et cultures étrangères de l'université Paris 8, il est co-porteur du projet EXPEDIAS (Expériences du présentisme en Espagne : dispositifs, arts et savoirs).
En savoir plus

Pascale THIBAUDEAU : Del descarte al rescate : pensar el archivo fílmico
Con motivo de los centenarios del nacimiento de Berlanga en 2021 y de Bardem en 2022, Filmoteca Española exhumó los materiales de su práctica de fin de curso de 2° año, en el Instituto de Investigaciones e Industria Cinematográfica, en el año académico 1948-1949. La película, filmada en la Ciudad Universitaria de Madrid aún parcialmente en ruinas, se titulaba Paseo por una guerra antigua y se perdió. Solo se conservaron el guion y nueve minutos de descartes que han sido entregados, 70 años más tarde, a cuatro cineastas (Nuria Giménez Lorang, Fernando Franco, Carolina Astudillo y Elías León Siminiani) para que los reutilizasen en Cuatro variaciones sobre los materiales de Paseo por una guerra antigua. Si las estrategias y los dispositivos ideados por los cineastas para dialogar con las "imágenes supervivientes" son muy distintos, los cuatro cortos plantean una serie de preguntas sobre el estatuto del archivo, las prácticas contemporáneas de reapropiación, su gesto político y estético, las modalidades de aproximación al pasado. En una cultura visual donde las imágenes de archivo están omnipresentes y proliferan sus usos artísticos, nos interesaremos especialmente por lo que estos filmes hacen con el archivo y lo que le hacen al archivo, cómo construyen una nueva narrativa a partir de los fragmentos originales y lo que esto dice de la relación al tiempo.

Pascale THIBAUDEAU : Du rebut au réemploi : penser l'archive filmique
À l'occasion du centenaire de la naissance de Berlanga en 2021 et de Bardem en 2022, la Cinémathèque de Madrid a exhumé des rushs de leur film de fin de 2ème année à l'Instituto de Investigaciones e Industria Cinematográfica, en 1948-1949. Tourné à la Cité Universitaire de Madrid encore partiellement détruite, il s'intitulait Paseo por una guerra antigua et a disparu. Seul le scénario et neuf minutes de plans non utilisés ont été conservés. 70 ans plus tard, ils ont été confiés à quatre cinéastes (Nuria Giménez Lorang, Fernando Franco, Carolina Astudillo y Elías León Siminiani) afin qu'ils soient réutilisés dans Cuatro variaciones sobre los materiales de Paseo por una guerra antigua. Si les stratégies et dispositifs imaginés par les cinéastes pour dialoguer avec les "images survivantes" sont très différents, les quatre courts métrages posent une série de questions sur le statut de l'archive, les pratiques contemporaines de réappropriation, leur geste politique et esthétique, les modes d'approche du passé. Dans une culture visuelle où les images d'archive sont omniprésentes et où leurs usages artistiques prolifèrent, nous nous intéresserons plus particulièrement à ce que ces films font de l'archive et ce qu'ils font à l'archive, comment ils construisent un nouveau récit à partir des fragments originaux, et ce que cela dit de la relation au temps.

Professeure à l'université Paris 8 et agrégée d'espagnol, son domaine de spécialité est le cinéma hispanique sur lequel elle a publié de nombreux travaux en France et à l'étranger. Ses recherches actuelles portent sur les rapports entre cinéma, histoire et mémoire, la resignification des images d'archives et leur spectralité. Elle est actuellement responsable du Laboratoire d'études romanes de l'université Paris 8, et co-porteuse du projet EXPEDIAS (Expériences du présentisme en Espagne : dispositifs, arts et savoirs).
En savoir plus


Mónica ALONSO RIVEIRO : Tiempos evocados, tiempos posibles. Performatividad e imaginación en los procesos de remembranza
La intervención se focalizará en el papel de la imaginación (y el deseo) en la resemantización de materiales y archivos íntimos en diversas prácticas de remembranza. Para ello se trabajará con un corpus de álbumes realizados en los últimos años del franquismo en que, a partir de fotografías realizadas en los años anteriores y otros materiales, se elaboran experiencias que dan sentido a lo vivido desde la guerra. Se incidirá en cómo lo imaginado interviene en el presente desde el que se rememora y permite proyectar el futuro, pero también se interrogará qué podemos recuperar desde/para nuestro presente político de modos de rememoración alternativos a los actuales, tan determinados por los presentes marcos memoriales.

Mónica Alonso Riveiro es periodista, licenciada y doctora en Historia del Arte y docente en la Universidad Nacional de Educación a Distancia (UNED). Sus principales áreas de interés son la teoría de la fotografía, la cultura visual y material y los estudios de memoria. Sus investigaciones analizan la relación entre imagen, experiencia y memoria, con especial atención a las fotografías domésticas de la comunidad republicana, a las que ha dedicado la monografía Habitar la imagen. Fotografía doméstica y poéticas de la resistencia en la posguerra (CENDEAC, 2022). Sus últimas investigaciones trabajan, desde el giro afectivo y el material, y, temáticamente, sus intereses se amplían hacia las formas de memorialización en el presente a través de la remediación de materiales y archivos, al estatuto de víctima y a la representación de colectivos minorizados. Destaca su labor de edición de libros colectivos, como Culturas de la memoria en España. Genealogías, evocaciones y contratiempos (Catarata, 2024) y Políticas de la experiencia. Visualidad y memoria del franquismo (Abada, 2025) y sus trabajos se han publicado en revistas como el Journal of Spanish Cutural Studies o Kamchatka. Revista de análisis cultural.

Mónica ALONSO RIVEIRO : Temps évoqués, temps possibles. Performativité et imagination dans les processus de mémoire
L'intervention sera centrée sur le rôle de l'imagination (et du désir) dans la resémantisation de matériaux intimes et d'archives dans diverses pratiques de mémoire. À cette fin, nous travaillerons sur un corpus d'albums réalisés dans les dernières années du régime franquiste dans lesquels, à partir de photographies prises les années précédentes et d'autres matériaux, sont élaborées des expériences visant à donner un sens à ce qui a été vécu depuis la guerre. L'accent sera mis sur la manière dont l'imaginaire intervient dans le présent à partir duquel le souvenir a lieu et permet de projeter l'avenir, mais on interrogera également ce qui peut être récupéré de/pour notre présent politique dans les modes de remémoration alternatifs à ceux de notre époque, fortement déterminée par les cadres mémoriaux actuels.

Mónica Alonso Riveiro est journaliste, titulaire d'une licence et d'un doctorat en Histoire de l'Art, et enseignante à la Universidad Nacional de Educación a Distancia (UNED). Ses principaux domaines d'intérêt sont la théorie de la photographie, la culture visuelle et matérielle et les études sur la mémoire. Ses recherches analysent la relation entre l'image, l'expérience et la mémoire, avec une attention particulière portée aux photographies domestiques de la communauté républicaine, auxquelles elle a consacré la monographie Habitar la imagen. Fotografía doméstica y poéticas de la resistencia en la posguerra (CENDEAC, 2022). Ses dernières recherches s'inscrivent dans le tournant affectif et matériel et, d'un point de vue thématique, ses intérêts s'étendent aux formes de mémorialisation dans le présent à travers la remédiation des matériaux et des archives, ainsi qu'au statut de victime et à la représentation des groupes minorisés. De son travail en tant qu'éditrice de livres collectifs se détachent, par exemple, Culturas de la memoria en España. Genealogías, evocaciones y contratiempos (Catarata, 2024), Políticas de la experiencia. Visualidad y memoria del franquismo (Abada, 2025) ; ses travaux ont été publiés dans des revues comme Journal of Spanish Cutural Studies ou Kamchatka. Revista de análisis cultural.

Mercedes ARBAIZA : El peligro de pensar con el cuerpo : la experiencia de lo inédito, lo impensable, lo singular en los grupos subalternos de la España Contemporánea
Pensar con el cuerpo es la forma propia de los grupos subalternos, es decir, quienes no tienen autoridad epistémica porque habitan los bordes del sistema y experimentan, por lo tanto, una gran dificultad para hablar dentro del saber experto (Logos). La tesis es que el carácter emocional (corporal) de las subjetividades políticas posibilita la participación del débil en la historia, como acto de emancipación. Parto de dos premisas. Una, pensar con el cuerpo es herético porque le confiere a la afección y a la emoción una cualidad cognitiva, intuitiva, que irrumpe de forma prerreflexiva. Alude a la paradoja de que lo emocional constituye una instancia de certezas (ETHOS) que atraviesan el LOGOS. Una segunda premisa es que pensar con el cuerpo abre los vínculos sociales a lo imperceptible, a lo inédito y a lo singular. La propuesta de "pensar desde el afuera" tomando la expresión deleuziana, se nutre, en mi tesis, de la idea de que la emoción contiene una experiencia del tiempo de naturaleza acontecimental, en cuanto que liminal, y significa una interrupción del tiempo cronológico, provocando un tiempo de apertura a algún nuevo e inédito. Así, la tesis es que la conformación de las identidades en la modernidad en España (de clase, de género, de nación, de orientación sexual, de pueblo) sería la cristalización de experiencias de interrupción del cronos, de nuevos presentes que irrumpen de forma autónoma, sobre los que se van a construir las nuevas narrativas políticas. Constituye un motor del cambio social. Este es el carácter herético de pensar con el cuerpo.

Mercedes Arbaiza, Profesora Titular del Departamento de Historia Contemporánea de la Universidad del País Vasco (UPV/EHU). Investigadora principal del Grupo de Investigación "Experiencia Moderna". Mis últimas publicaciones abordan la emergencia histórica de las subjetividades políticas en forma de movimientos sociales a la luz de la episteme de "lo emocional es político". En este sentido me interesan los movimientos de separación o escisión del cuerpo social en un momento histórico determinado. El desafío epistémico de las emociones se convierte en un desafío político atendiendo a la capacidad que tienen de producir la diferencia social. Al desplazar el campo de conocimiento y de producción de significado hacia el cuerpo, las dinámicas y los tiempos del cambio social se modifican debido a la incorporación de lo sensorial como vector de alteración social.
Algunos artículos más reseñables son
"Conversaciones feministas desde el sepulcro. La autoridad epistémica de las mujeres y el kerigma pascual", Verbo Divino, 2024.
"Las paradojas del feminismo de la segunda ola. Lo personal es político", Comares, 2023.
"Dones en Transició. El feminismo como acontecimiento emocional", Cátedra, 2019.
"Perder el miedo a Dios. Masculinidad moderna y emoción liberal en España (1900-1931) a través de los relatos", Revista Historia Social, num. 100, 2021.
"Volviendo a los orígenes. El cristianismo como acontecimiento emocional", Revista Estudio Agustiniano, 2019.
"Cuerpo, emoción y política en los orígenes de la clase obrera en España (1884- 1890)", Revista Ayer, 98, 2015.

Mercedes ARBAIZA : Le danger de penser avec le corps : expérience de l'inédit, de l'impensable et du singulier dans les groupes subalternes de l'Espagne contemporaine
Penser avec le corps est le propre des groupes subalternes, c'est-à-dire de ceux qui ne jouissent d'aucune autorité épistémique parce qu'ils habitent les marges du système et, partant, éprouvent de grandes difficultés à s'exprimer dans le cadre d'un savoir expert (Logos). La thèse soutenue est que le caractère émotionnel (corporel) des subjectivités politiques permet la participation des subjectivités faibles à l'histoire, en tant qu'acte d'émancipation. Je pars de deux prémisses. D'abord, penser avec le corps est hérétique parce que cela confère à l'affection et à l'émotion une qualité cognitive, intuitive, qui éclate de manière préréflexive. Cela fait allusion au paradoxe selon lequel l'émotionnel constitue une instance de certitudes (ETHOS) qui traverse le LOGOS. Un deuxième postulat est que penser avec le corps ouvre des liens sociaux à l'imperceptible, à l'inédit et au singulier. La proposition de "penser du dehors", pour reprendre l'expression deleuzienne, se nourrit, dans la thèse que je soutiens, de l'idée que l'émotion contient une expérience du temps de nature événementielle, en tant qu'elle est liminale, et signifie une interruption du temps chronologique, provoquant un temps d'ouverture au nouveau et à l'inédit. Ainsi, je soutiendrai que la construction des identités dans la modernité en Espagne (de classe, de genre, de nation, d'orientation sexuelle, de peuple) pourrait consister dans la cristallisation d'expériences d'interruption du chronos, de nouveaux présents qui éclatent de manière autonome, sur lesquels de nouveaux récits politiques s'édifient. Elle constitue un moteur du changement social. Là réside le caractère hérétique de penser avec le corps.

Mercedes Arbaiza est maîtresse de conférences au département d'histoire contemporaine de l'université du Pays basque (UPV/EHU) et responsable du groupe de recherche "Experiencia Moderna". Ses dernières publications portent sur l'émergence historique de subjectivités politiques sous la forme de mouvements sociaux à la lumière de l'épistème selon laquelle "l'émotionnel est politique". En ce sens, elle s'intéresse aux mouvements de séparation ou de scission du corps social à un moment historique donné. Le défi épistémique des émotions devient un défi politique en tenant compte de leur capacité à produire la différence sociale. En déplaçant le champ de la connaissance et de la production de sens vers le corps, la dynamique et les temporalités du changement social sont modifiées en raison de l'incorporation du sensoriel comme vecteur de transformation sociale.
Publications
"Conversaciones feministas desde el sepulcro. La autoridad epistémica de las mujeres y el kerigma pascual", Verbo Divino, 2024.
"Las paradojas del feminismo de la segunda ola. Lo personal es político", Comares, 2023.
"Dones en Transició. El feminismo como acontecimiento emocional", Cátedra, 2019.
"Perder el miedo a Dios. Masculinidad moderna y emoción liberal en España (1900-1931) a través de los relatos", Revue Historia Social, num. 100, 2021.
"Volviendo a los orígenes. El cristianismo como acontecimiento emocional", Revista Estudio Agustiniano, 2019.
"Cuerpo, emoción y política en los orígenes de la clase obrera en España (1884- 1890)", Revue Ayer, 98, 2015.

Sophie BABY : Amnistie et historicités
Il s'agira de réfléchir aux perceptions des temporalités portées par les projets d'amnistie énoncés depuis la guerre civile jusqu’au récent processus d'indépendance de la Catalogne, entre volonté de faire table rase du passé pour construire l'avenir et prise en compte tant des menaces du moment présent que des revendications pour la justice et la réparation. Des calendriers échelonnés des seuils de tolérance à la violence, jusqu'à sa radicale délégitimation, rythment ainsi la formulation de narrations historiques changeantes au gré des intérêts du moment.

Maîtresse de conférences HDR en histoire contemporaine à l'université de Bourgogne, Sophie Baby réfléchit aux enjeux portés par les violences de masse et leur mémoire dans nos sociétés contemporaines et plus particulièrement, dans l'espace ibéro-américain des XXe-XXIe siècles. Elle vient de publier aux éditions La Découverte Juger Franco ? Impunité, réconciliation, mémoire (2024). Elle est aussi l'autrice de Le mythe de la transition pacifique. Violence et politique en Espagne (1975-1982) (2012, traduit en espagnol en 2018), et a notamment codirigé un livre numérique enrichi, Condamner le passé ? Mémoires des passés autoritaires en Europe et en Amérique latine, Presses Universitaires de Nanterre, 2019.

Sophie BABY : Amnistía e historicidades
La conferencia explorará las percepciones de las temporalidades propias de los proyectos de amnistía formulados desde la guerra civil hasta el reciente proceso de independencia de Cataluña, alternando entre deseo de hacer del pasado borrón y cuenta nueva para construir el porvenir y consideración tanto de las amenazas del presente como de las demandas de justicia y reparación. Agendas que varían desde umbrales de tolerancia a la violencia hasta su radical deslegitimación acompasan la formulación de narraciones históricas cambiantes al calor de los intereses del momento.

Sophie Baby es maîtresse de conférences HDR en historia contemporánea en la Universidad de Borgoña y su investigación versa sobre las violencias de masa y sus memorias en las sociedades contemporáneas, en particular en el espacio iberoamericano de los siglos XX y XXI. De reciente publicación en la editorial La Découverte es su libro Juger Franco ? Impunité, réconciliation, mémoire (2024). También es autora de El mito de la transición pacífica. Violencia y política en España (1975-1982) (publicado por primera vez en 2012 en la Casa de Velázquez y en español por la editorial Akal en 2018), y a codirigido un libro digital, Condamner le passé ? Mémoires des passés autoritaires en Europe et en Amérique latine, Presses Universitaires de Nanterre, 2019.

Mari Paz BALIBREA : Futuros sin pasado, pasados sin futuro : dinámicas políticas de la temporalidad en la cultura de la transición
En esta intervención exploraré el periodo de la Transición como un momento particularmente fructífero de confluencia y enfrentamiento entre temporalidades políticas en disputa. Utilizando la literatura como ámbito privilegiado en el que se materializa y representa la experiencia del tiempo, leeremos la Transición como un nodo de vectores temporales pugnando por emerger, sustraerse a escrutinio o hegemonizarse política y estéticamente. De estas manifestaciones culturales en particular nos interesarán sus proyecciones a futuro y en qué medida se sirven de construcciones del pasado para inventarlo. En este recorrido y a modo ilustrativo nos acompañarán, entre otras, las obras transicionales de Agustín García Calvo, José Bergamín, Montserrat Roig, Carmen Martin Gaite, Manuel Vázquez Montalbán y Biel Mesquida.

Mari Paz Balibrea es catedrática de Estudios Culturales de la España contemporánea en Birkbeck, Universidad de Londres. Su trabajo estudia la dimensión política de la cultura, centrándose particularmente en la España del siglo XX. En esta línea, ha publicado extensamente sobre el rol de los intelectuales de izquierdas, sobre los legados del exilio republicano y sobre la construcción de la idea de ciudadanía en la ciudad creativa. Es autora de los libros En la tierra baldía : Manuel Vázquez Montalbán y la izquierda española en la postmodernidad (El Viejo Topo, 1999) ; Tiempo de exilio. Una mirada critica a la modernidad española desde el pensamiento republicano en el exilio (Montesinos, 2007) y The Global Cultural Capital. Addressing the Citizen and Producing the City in Barcelona (Palgrave, 2017). Fue coordinadora del volumen colectivo Líneas de fuga. Hacia otra historiografía cultural del exilio republicano español (Siglo XXI, 2017) y co-editora con Antolín Sánchez Cuervo y Frank Lough del número especial de la revista History of European Ideas dedicado a María Zambrano amongst the philosophers (2018). Está en prensa su contribución sobre exilio republicano en el volumen Routledge Companion to 20th and 21st Century Spain (2025). Ha escrito numerosos artículos sobre diferentes intelectuales y artistas del exilio como Max Aub, Carlos Blanco Aguinaga, Rosa Chacel, Roberto Gerhard, Manuel Altolaguirre, María Zambrano y Marta Palau. Actualmente está investigando y ha publicado varios artículos sobre la obra del psiquiatra catalán Josep Solanes y durante el año académico 2022-2023 fue becada para realizar una estancia de investigación sobre este autor en el Institut d’Études Avancées de Nantes (Francia). Está en prensa "'Pour quoi pas Solanes?' Retracing genealogies of radical psychiatry through the emergence of exile and displacement as a mental pathology" (History of Psychiatry, 2025). Ha sido consultora en la reciente remodelación de la colección permanente del Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía en materia de arte y cultura del exilio republicano.

Mari Paz BALIBREA : Futurs sans passé, passés sans futur : dynamiques politiques de la temporalité dans la culture de la transition
La présente communication abordera la période de la Transition comme un moment particulièrement fructueux de confluences et d'affrontements entre les temporalités politiques en conflit. En interprétant la littérature comme un espace privilégié qui matérialiste et représente l'expérience du temps, nous lirons la Transition comme le nœud de vecteurs temporels qui cherchent à émerger, à se soustraire à l'analyse ou à devenir hégémoniques d'un point de vue politique et esthétique. De ces manifestations culturelles, nous retiendrons notamment les projections d'avenir, et la manière dont celles-ci se nourrissent de constructions du passés susceptibles de le réinventer. Nous ferons ce parcours accompagné des œuvres écrites durant la transition par Agustín García Calvo, José Bergamín, Montserrat Roig, Carmen Martín Gaite, Manuel Vázquez Montalbán et Biel Mesquida.

Mari Paz Balibrea est professeure d'études culturelles de l'Espagne contemporaine à l'Université de Londres, Birbeck. Ses travaux portent sur la dimension politique de la culture et plus particulièrement sur l'Espagne du XXe siècle. Elle a publié de nombreux ouvrages sur le rôle des intellectuels de gauche, sur l'héritage de l'exil républicain et sur la construction de l'idée de citoyenneté dans la ville créative. Elle est l'auteur de En la tierra baldía : Manuel Vázquez Montalbán y la izquierda española en la postmodernidad (El Viejo Topo, 1999) ; Tiempo de exilio. Una mirada critica a la modernidad española desde el pensamiento republicano en el exilio (Montesinos, 2007) et The Global Cultural Capital. Addressing the Citizen and Producing the City in Barcelona (Palgrave, 2017). Elle a coordonné l'ouvrage collectif Líneas de fuga. Hacia otra historiografía cultural del exilio republicano español (Siglo XXI, 2017) et coéditrice avec Antolín Sánchez Cuervo et Frank Lough du numéro spécial de la revue History of European Ideas consacré à María Zambrano amongst the philophers (2018). Sa contribution sur l'exil républicain dans le Routledge Companion to 20th and 21st Century Spain (2025) est sous presse. Elle a écrit de nombreux articles sur différents intellectuels et artistes en exil tels que Max Aub, Carlos Blanco Aguinaga, Rosa Chacel, Roberto Gerhard, Manuel Altolaguirre, María Zambrano et Marta Palau. Ses travaux récents portent sur le psychiatre catalan Josep Solanes, et durant l'année 2022-2023, elle a effectué un séjour d'un an à l'Institut d'Études Avancées de Nantes. Son ouvrage "'Pour quoi pas Solanes ?' Retracing genealogies of radical psychiatry through the emergence of exile and displacement as a mental pathology" est sous presse (History of Psychiatry, 2025). Elle a été conseillère du Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía dans le domaine de l'art et de la culture de l'exil républicain.

María BEAS MARÍN : Formas de vida en la España posfranquista : poéticas y biopolíticas
La intervención tiene como objetivo analizar las interacciones entre vida, política y lenguaje a través de la noción de formas de vida, centrándose en las experiencias de las personas afectadas por el VIH/sida y sus producciones artísticas en la España postfranquista. En lugar de trazar la genealogía del concepto, se busca cuestionar las nociones de "calidad del decir" y "calidad de la vida" analizando los lenguajes de politización de la vida a través de una relectura crítica de la biopolítica foucaultiana. En este contexto postfranquista, la aplicación del concepto de biopolítica al marco postfranquista resulta incompleta en la medida en que no considera la dimensión metafísica que adquiere la noción de vida en el contexto jurídico español. El Estado se erige como instancia garante, instituyendo, regulando la vida y estableciendo sus límites. A partir de estas cuestiones, la comunicación plantea la hipótesis de que la poesía puede ofrecer una forma de resistencia a esta institución de la vida. Ante la crisis del VIH/sida en los años 90 y sus efectos, la poesía propone temporalidades alternativas a la del orden postdictatorial, revelando temporalidades que funcionan como un punto de dislocación que interpelan al orden cerrado del tiempo y evidencian las de-coincidencias entre el tiempo cronológico, biológico y el tiempo del despliegue del yo en poesía.

María Beas Marín es doctoranda en Estudios hispánicos y Estudios de género en la Universidad Paris 8 Vincennes Saint-Denis, su tesis titulada Dire le temps dans les poétiques du VIH/sida dans l'Espagne postfranquiste versa sobre las relaciones entre temporalidades, biopolítica y literatura durante los veinte primeros años de la epidemia de VIH/sida (1978-2004). Sus temas de investigación se centran en cuestiones sobre poéticas, memorias y archivos, abordados a través de la teoría cultural, la teoría literaria, los estudios de género y el psicoanálisis. Alrededor de estas cuestiones ha publicado los siguientes artículos en revistas y capítulos de libro : Cuerpos vivos y muertos, caricias de algo oscuro - Poéticas del cuerpo monstruoso durante la crisis del VIH/Sida en España (Prensas de Extremadura, 2023) ; Bajar al metro - cartografías subterráneas en la obra del poeta madrileño Eduardo Haro Ibars (Revista Pasavento, 2024) ; Temps et VIH dans la poésie de Lois Pereiro : conjurer une sortie du présentisme à travers la poésie (Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, 2025) ; Quelles mémoires et quelles archives pour les voix du VIH/sida ? (HAL-Octaviana, 2025). Es además miembro del comité de redacción de la revista de estudios literarios Impossibilia de la Universidad de Granada.

María BEAS MARÍN : Modes de vie dans l'Espagne post-franquiste : poétique et biopolitique
L'intervention a pour objectif d'analyser les interactions entre la vie, la politique et le langage à travers la notion de formes de vie, en se concentrant sur les expériences des personnes affectées par le VIH/sida et leurs productions artistiques dans l'Espagne post-franquiste. Plutôt que de retracer la généalogie du concept, l'objectif est de repenser les notions de "qualité du dire" et de "qualité de vie" en analysant les langages de politisation de la vie à travers une relecture critique de la biopolitique foucaldienne. Dans ce contexte post-franquiste, l'application du concept de biopolitique au cadre post-franquiste s'avère incomplète dans la mesure où elle ne tient pas compte de la dimension métaphysique que prend la notion de vie dans le contexte juridique espagnol. L'État s'érige en instance garante, instituant et régulant la vie, en fixant ses limites. À l'aune de ces questions, la communication avance l'hypothèse que la poésie peut offrir une forme de résistance à cette institutionnalisation rigide de l'existence. Face à la crise du VIH/sida dans les années 90 et à ses effets, la poésie propose des temporalités alternatives à celles imposées par l'ordre post-dictatorial, révélant des temporalités qui fonctionnent comme un point de dislocation qui interroge l'ordre clos du temps et met en évidence les dé-coïncidences entre le temps chronologique, biologique et le temps du déploiement du soi dans la poésie.

María Beas Marín est doctorante en Études hispaniques et Études de genre à l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis. Sa thèse intitulée Dire le temps dans les poétiques du VIH/sida dans l'Espagne postfranquiste traite des relations entre temporalités, biopolitique et littérature au cours des vingt premières années de l'épidémie de VIH/sida (1978-2004). Ses thèmes de recherche portent sur les questions de poétique, de mémoire et d'archives, abordées à partir de la théorie culturelle, de la théorie littéraire, des études de genre et de la psychanalyse. Autour de ces questions, elle a publié : Cuerpos vivos y muertos, caricias de algo oscuro - Poéticas del cuerpo monstruoso durante la crisis del VIH/Sida en España (Prensas de Extremadura, 2023) ; Bajar al metro - cartografías subterráneas en la obra del poeta madrileño Eduardo Haro Ibars (Revista Pasavento, 2024) ; Temps et VIH dans la poésie de Lois Pereiro : conjurer une sortie du présentisme à travers la poésie (Cahiers de civilisation espagnole contemporaine, 2025) et Quelles mémoires et quelles archives pour les voix du VIH/sida ? (HAL-Octaviana, 2025). Elle est également membre du comité de rédaction de la revue d'études littéraires Impossibilia de l'université de Grenade.

Vicent BELLVER : ¿El fin de las utopías? Mutaciones y reterritorializaciones de los horizontes de posibilidad y deseos a finales del siglo XX
La intervención pretende discutir y matizar la tesis que ha ido asentándose en la historiografía de que la caída del muro de Berlín y el desmantelamiento del "socialismo realmente existente" supusiera el fin de las utopías. Se defenderá que el propio contexto del "pos 68" supuso una mutación en las formas de entender la revolución y el cambio, así como el propio activismo. Si bien la "contrarrevolución" de final de siglo tuvo un importante impacto, el "sujeto melancólico" que se ha lamentado de ese fin de las utopías supone también un tipo de subjetividad concreta que no puede extenderse a la presente en otros movimientos sociales.

Vicent Bellver Loizaga (València, 1989) es doctor en Historia Contemporánea con mención internacional (2019) por la Universitat de Valéncia y, en la actualidad, está formándose como sexólogo en la Universidad de Alcalá de Henares. Su tesis doctoral, publicada como libro en el año 2021, se centró en la experiencia y la memoria de la militancia anarquista y anarcosindicalista durante las décadas de 1970 y 1980. También ha investigado sobre las "vidas posteriores" de la memoria revolucionaria y sobre los movimientos radicales de finales del siglo XX. En la actualidad disfruta de un contrato posdoctoral que se desarrolla en la Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis.

Vicent BELLVER : La fin des utopies ? Mutations et reterritorialisations des horizons de possibilité et de désirs à la fin du XXe siècle
L'intervention vise à discuter et à nuancer la thèse qui s'est installée dans l'historiographie, selon laquelle la chute du mur de Berlin et le démantèlement du "socialisme réellement existant" ont signifié la fin des utopies. Je soutiendrai que le contexte même de "l'après-68" a entraîné une mutation dans la manière de comprendre la révolution et le changement, ainsi que l'activisme lui-même. Si la "contre-révolution" de la fin du siècle a eu un impact important, le "sujet mélancolique" qui a déploré la fin des utopies est également un type de subjectivité spécifique qui ne peut être étendu à la subjectivité actuelle qui se déploie dans d'autres mouvements sociaux.

Vicent Bellver Loizaga (València, 1989) est docteur en Histoire contemporaine mention internationale (2019) de l'université de València (Espagne) ; actuellement, il suit une formation à la sexologie à l'université de Alcalá de Henares. Sa thèse doctorale, publiée en 2021, s'est centrée sur l'expérience et la mémoire de l'engagement anarchiste et anarco-syndicaliste dans les années 1970-1980. Il s'est également intéressé aux "vies d'après" de la mémoire révolutionnaire et aux mouvements radicaux de la fin du XXe siècle. Actuellement, il est chercheur post-doctorant à l'université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis.

Carla BEZANILLA REBOLLO : Formas de volver al pasado desde las genealogías feministas : la cuarta ola interpretando
Esta comunicación analiza las formas en que los feminismos contemporáneos se reapropian del pasado, particularmente en el contexto de lo que se denomina la "cuarta ola" feminista. Caracterizada por un activismo transnacional y digital, esta nueva fase del feminismo recupera figuras históricas femeninas olvidadas y construye genealogías alternativas frente a una historiografía androcéntrica. A partir del análisis de obras literarias (como Lo que yo iba escribiendo de Carmen Estirado), artículos de prensa y producciones culturales (documentales, películas), esta intervención explora la relectura actual del feminismo considerado "histórico" y los efectos de un presentismo militante en la construcción de una memoria feminista. Se propone así reflexionar, desde una perspectiva crítica, sobre cómo las subjetividades del presente seleccionan, interpretan y reescriben el pasado a la luz de las luchas actuales.

Carla Bezanilla Rebollo es doctora en estudios hispánico por la Universidad Paris 8 Vincennes Saint Denis y doctora en Historia Contemporánea por la Universitat de València. Especializada en estudios de género, su investigación doctoral rastrea los usos del pensamiento racial en los princiapales discursos feminsitas, desde la crisis de finales del siglo XIX hasta las primeras décadas del siglo XX. Algunas de las reflexiones de su investigación han sido publicados en artículos y obras colectivas entre los que podemos destacar "Las mujeres rurales y los discursos feministas de los años 1920", Historia Social, nº99 (2021) y "El lastre colonial : feminismo y ciudadanía en la España contemporánea", en El imperio en casa: género, raza y nación en la España Contemporánea, Silex (2023). Actualmente imparte clases en el departamento de la Universidad Paris 8 Vincennes Saint Denis, donde trabaja desde 2020, primero como doctoranda contratada y posteriormente como Maître de Langue.

Carla BEZANILLA REBOLLO : Les voies de retour vers le passé à partir des généalogies féministes : l'interprétation de la quatrième vague
Cette communication s'interroge sur les modes de réappropriation du passé par les féminismes contemporains, en particulier dans le cadre de ce que l'on désigne comme la "quatrième vague". Marquée par un activisme transnational et numérique, cette nouvelle phase du féminisme remet en lumière des figures historiques féminines oubliées et crée des généalogies alternatives face à une historiographie androcentrique. À partir de l'analyse d'œuvres littéraires (notamment Lo que yo iba escribiendo de Carmen Estirado), d'articles de presse et de productions culturelles (documentaires, films), cette intervention explore la relecture présente du féminisme dit "historique" et les effets d'un présentisme militant dans la constitution d'une mémoire féministe. Il s'agira ainsi de réfléchir, dans une perspective critique, à la manière dont les subjectivités contemporaines sélectionnent, interprètent et réécrivent le passé au prisme des luttes actuelles.

Carla Bezanilla Rebollo est docteure en études hispaniques de l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis et docteure en Histoire contemporaine de l'université de Valence. Spécialiste des études de genre, sa recherche doctorale porte sur les usages de la pensée raciale en Espagne dans les principaux discours féministes, depuis la crise de fin de siècle jusqu'aux premières décennies du XXe siècle. Certaines des réflexions issues de ses travaux ont été publiées dans des articles et des ouvrages collectifs, parmi lesquels on peut citer : "Las mujeres rurales y los discursos feministas de los años 1920", Historia Social, nº99 (2021) et "El lastre colonial : feminismo y ciudadanía en la España contemporánea", dans El imperio en casa : género, raza y nación en la España Contemporánea, Silex (2023). Elle enseigne actuellement au département d'espagnol de l'université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, où elle a d'abord travaillé en tant que doctorante contractuelle, puis en tant que Maître de Langue.

Olivia FUNES LASTRA : Tras las huellas de la filósofa española María Zambrano
Durante su residencia en la Casa de Velázquez de la Académie de France en Madrid, Olivia Funes Lastra ha emprendido un viaje tras las huellas de la filósofa española María Zambrano. Tomando como punto de partida una obra particular, Claros del Bosque, la artista ha realizado una serie de pinturas textiles y textos que corresponden a la vida, la voz y el pensamiento de María Zambrano. Un pensamiento que aborda la cuestión de la percepción, que dialoga "con la pintura", pero que es también una herramienta de resistencia frente a los regímenes fascistas. Un pensamiento y una vida como un espejo desplazado: una española que emigró a América Latina a finales de los años treinta y una artista de Buenos Aires que ahora vive en París. Entre las dos, una misma pregunta : con casi cien años de diferencia, ¿cómo contribuye una vida de vagabundeo entre lenguas a la creación de una obra poética viva?

Artista visual de Buenos Aires, Olivia Funes Lastra se graduó en la École Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy en 2020. Continuó su formación inicial con un Post-Master del Programa de Artistas en la Universidad Torcuato Di Tella en 2021. Su trabajo es transdisciplinar, combinando instalación, vídeo, texto y performance. Crea espacios de transición utilizando colores y tejidos, en los que explora posibles analogías entre lenguaje, memoria y arquitectura en la experiencia del desplazamiento lingüístico y geográfico. Su obra se ha mostrado en exposiciones y eventos internacionales como Lago Film Fest (2021), UTDT (2022), FRAC Picardie (2022), DOC! (2023), Institut Français de Madrid (2023), Casa de Velázquez (2024), 17ª Bienal de Lyon (2024), Centro Cultural Las Cigarreras (2025).

Olivia FUNES LASTRA : Sur les traces de la philosophe espagnole María Zambrano
Durant sa résidence à la Casa de Velázquez, Académie de France à Madrid, Olivia Funes Lastra est partie sur les traces de la philosophe espagnole María Zambrano. Prenant comme point de départ une œuvre en particulier, Claros del Bosque, l'artiste a produit une série de peintures textiles et de textes en correspondance avec la vie, la voix et à la pensée de María Zambrano. Une pensée qui touche à la question de la perception, qui parle "à la peinture", mais qui est aussi un outil de résistance face aux régimes fascistes. Une pensée et une vie comme un miroir décalé : une femme espagnole qui émigre vers l'Amérique latine à la fin des années 30 face à une artiste de Buenos Aires qui vit aujourd'hui à Paris. Entre les deux, une même question : à presque cent ans d'écart, comment une vie d'errance et entre les langues contribue-t-elle à constituer une œuvre poétique vivante ?

Artiste visuelle de Buenos Aires, Olivia Funes Lastra sort diplômée de l'École Nationale Supérieure d'Arts de Paris-Cergy en 2020. Elle poursuit sa formation initiale avec le post-master Programa de Artistas de l'Universidad Torcuato Di Tella en 2021. Ses œuvres sont transdisciplinaires, mêlant l'installation, la vidéo, le texte et la performance. Elle crée des espaces transitoires à l'aide de la couleur et du textile, dans lesquels elle recherche des analogies possibles entre langage, mémoire et architecture dans l'expérience du déplacement linguistique et géographique. Son travail s'est déployé dans des expositions et manifestations internationales tels que Lago Film Fest (2021), UTDT (2022), FRAC Picardie (2022), DOC! (2023), l'Institut Français de Madrid (2023), Casa de Velázquez (2024), la 17ème Biennale de Lyon (2024), Centro Cultural Las Cigarreras (2025).

Virginie GAUTIER N'DAH-SÉKOU : De las utopías a las ecotopías : 50 años de discursos e imágenes ecologistas en España
Los años setenta trajeron consigo el fin de las utopías asociadas a la modernidad, y la aparición de conceptos como "cambio climático" y "límites al crecimiento" (Informe del Club de Roma, 1972). En España, el final de la década — marcada por profundos cambios políticos y sociales — presenció, por un lado, la emergencia de un ecologismo político impulsado por una pléyade de colectivos y, por otro, la aparición de comunidades intencionales constituidas en utopías ecológicas que se apartaban del progreso tecnológico y del capitalismo triunfante para imaginar "otros futuros posibles". Estos imaginarios, entre utopías de alternativas energéticas y justicia social y distopías de un mundo militarizado y nuclearizado, han configurado el movimiento ecologista español, desde finales del siglo XX, hasta las recientes "ecotopías" que imaginan un futuro post tecnológico o incluso post apocalíptico. Partiendo de las nociones de utopía, distopía y ecotopía, examinaremos en nuestra ponencia la relación entre las representaciones discursivas e iconográficas, por un lado, y por otro lado las experiencias concretas (o "utopías reales", Erik Colin Wright, 2010) del ecologismo político español, así como la relación con los tiempos — pasado, presente y futuro — que se entreteje en estos imaginarios y prácticas, entre sueños de un "mundo feliz" y colapsismo.

Virginie Gautier N'Dah-Sékou es MCF (profesora titular) en Civilización de España Contemporánea en la Universidad Paris-Est Créteil y miembro del laboratorio IMAGER. Es doctora en Estudios Hispánicos de la Universidad de Nantes, y autora del libro La résistance armée au franquisme (1936-1952). Représentations, espaces, mémoires, publicado en 2019 en las Prensas Universitarias de Rennes. Sus investigaciones actuales se centran en los movimientos sociales desde los años de la transición a la democracia, en particular el ecologismo político. Recientemente ha coordinado, con Baptiste Lavat (Universidad Paul-Valéry Montpellier), el dossier "Images et populismes dans les aires romanes contemporaines" para la revista Atlante ; y, con Alejandro Román Antequera (UPEC), un número especial de la revista Historia Actual Online titulado "Protestas en red: de lo local a lo internacional".

Virginie GAUTIER N'DAH-SÉKOU : Des utopies aux écotopies : 50 ans de discours et d'images de l'écologie en Espagne
Les années 1970 marquent la fin des utopies liées à la modernité, et l'avènement de notions telles que "changement climatique" et "limites de la croissance" (rapport du Club de Rome, 1972). En Espagne, la fin de la décennie — marquée par de profonds changements politiques et sociaux — voit d'une part l'éclosion d'un mouvement d'écologie politique porté par une multitude de collectifs, et d'autre part l'apparition de communautés intentionnelles qui se constituent comme des utopies écologistes et tournent le dos au progrès technologique et au capitalisme triomphant pour imaginer "d'autres futurs possibles". Ces imaginaires, qui oscillent entre utopies des alternatives énergétiques et de la justice sociale et dystopies d'un monde militarisé et nucléarisé, façonnent le mouvement écologiste espagnol de la fin du XXe siècle, jusqu'aux récentes "écotopies" qui imaginent un futur post-technologique voire post-apocalyptique. Cette intervention s'attachera à examiner, à travers les notions d'utopie, de dystopie et d'écotopie, l'articulation entre représentations discursives et iconographiques d'une part, expériences concrètes (ou "utopies réelles", Erik Colin Wright, 2010) de l'écologie politique espagnole d'autre part, ainsi que le rapport au(x) temps — passé, présent et futur — qui se tisse dans ces imaginaires et dans ces pratiques, entre rêves d'un "monde meilleur" et théories de l'effondrement.

Virginie Gautier N'Dah-Sékou est maîtresse de conférences en Civilisation de l'Espagne contemporaine à l'université Paris-Est Créteil et membre du laboratoire IMAGER. Elle est l'auteur de la monographie (tirée de sa thèse de doctorat préparée à l'université de Nantes) La résistance armée au franquisme (1936-1952). Représentations, espaces, mémoires, publiée en 2019 aux PUR. Ses recherches actuelles portent sur les mouvements sociaux depuis les années de transition à la démocratie, en particulier l'écologisme politique. Elle a récemment coordonné avec Baptiste Lavat (Université Paul-Valéry Montpellier) le dossier "Images et populismes dans les aires romanes contemporaines" pour la revue Atlante ; et avec Alejandro Román Antequera (UPEC) un numéro spécial de la revue Historia Actual Online intitulé "Protestas en red : de lo local a lo internacional".

Roberto GIL HERNÁNDEZ : Fantasmas que luchan. Hacia una semiosis descolonial de la protesta social contemporánea en Canarias
En los últimos años el antagonismo social no ha dejado de aumentar en Canarias. A las luchas que han protagonizado ciertos sectores de su población para reducir la pobreza o defender la naturaleza, hay que sumarle el malestar generado por la gentrificación y la turistificación. Para hallar soluciones a estas problemáticas, una parte sensible de la sociedad insular participó en las manifestaciones convocadas por todo el Archipiélago el 20 de abril de 2024 bajo el lema 'Canarias tiene un límite'. Las instantáneas tomadas durante las marchas muestran la presencia importante de símbolos indígenas. A través de un análisis semiótico, se pretende evaluar tales significantes desde una perspectiva que combina planteamientos del giro afectivo, el giro espectral y el pensamiento descolonial. Se concluye afirmando la importancia de la movilización política de los fantasmas del pasado para la protesta social contemporánea.

Roberto Gil Hernández es Doctor por la Universidad de La Laguna en Filosofía, Cultura y Sociedad, donde se desempeña como docente e investigador. Autor afín a ramas de conocimiento como la sociología histórica y de la cultura, trabaja, desde una perspectiva que combina la teoría crítica, el psicoanálisis y el pensamiento descolonial, los procesos de construcción de identidades políticas y su relación con la ciencia, la ideología, el Estado-nación y el patrimonio cultural.

Roberto GIL HERNÁNDEZ : Fantômes en lutte. Vers une sémiosis décoloniale de la protestation sociale contemporaine dans les îles Canaries
Ces dernières années, les antagonismes sociaux se sont multipliés dans les îles Canaries. Aux luttes de certains secteurs de la population pour réduire la pauvreté et défendre la nature, s'agrège le malaise généré par la gentrification et le tourisme. Afin de trouver des solutions à ces problèmes, une part importante de la société insulaire a participé aux manifestations organisées dans tout l'archipel le 20 avril 2024, sous le slogan "Les Canaries ont une limite". Les photos prises lors des marches montrent la présence significative de symboles indigènes. À travers une analyse sémiotique, nous voulons évaluer ces signifiants dans une perspective qui combine les approches du tournant affectif, du tournant spectral et de la pensée décoloniale, pour conclure en affirmant l'importance de la mobilisation politique des fantômes du passé pour la contestation sociale contemporaine.

Roberto Gil Hernández est titulaire d'un doctorat en philosophie, culture et société de l'université de La Laguna, où il est enseignant et chercheur. Il est l'auteur d'ouvrages de sociologie historique et culturelle, où il étudie les processus de construction des identités politiques et leur relation avec la science, l'idéologie, l'État-nation et l'héritage culturel, depuis une perspective qui combine la théorie critique, la psychanalyse et la pensée décoloniale.

Michel MARTÍNEZ PÉREZ : Catalanismo federalista o soberanista : ¿utopías disponibles a futuro?
A partir de la "única utopía disponible" (Subirats, 2014) que habría supuesto el proceso soberanista catalán (2012-2017), se tratará de reflexionar y discutir de la paradoja que supone un proyecto político "emancipador", permanentemente aplazado, que provocaría profundas divisiones (y frustraciones) entre los diferentes sectores del catalanismo. Así lo mostraría, por ejemplo, la declaración de independencia de Carles Puigdemont del 10 de octubre de 2017, con la suspensión de sus efectos para negociar el "divorcio" con el gobierno central español. Más allá de aquel suceso, en el seno de este conflicto político-territorial de la España posfranquista, las diferentes corrientes del catalanismo político (federalista o soberanista) se topan con un Estado autonómico, ciertamente descentralizado, pero que ha sacralizado la soberanía nacional de un único pueblo español, lo cual impide que la autonomía política de las nacionalidades periféricas implique soberanía, ni siquiera compartida. Hoy, como en 1978, una evolución hacia espacios de soberanía compartida con las CC.AA., o sea una reforma constitucional, parece harto improbable a medio (o incluso largo) plazo ; la autonomía ha ido ampliándose, claramente, pero tan solo en el ámbito competencial. Así, el blindaje institucional que supone una Constitución "intocable" está asumido por parte de las fuerzas catalanistas. Por lo tanto, todos los proyectos políticos de carácter federalista, confederal o soberanista solo son, a día de hoy, utopías disponibles a largo (incluso muy largo) plazo : a futuro.

Michel Martínez Pérez es Catedrático de "Lengua y cultura catalanas" en Sorbonne Université (Facultad de Letras – Departamento de Estudios ibéricos y latinoamericanos). Director del Centre d'études catalanes de Sorbonne Université. Director del eje "Estudios catalanes" del Centre de recherches interdisciplinaires sur les mondes ibéro-américains contemporains (CRIMIC). Secretario adjunto de la Association française des catalanistes (AFC). Miembro de la Société française des hispanistes et ibéro-américanistes (SoFHIA). Especialista de los nacionalismos en la España contemporánea, defendió su tesis doctoral sobre el partido político Chunta Aragonesista (CHA) desde su fundación (1986) hasta 2012. Es autor de varios artículos sobre el Aragón catalanoparlante, el nacionalismo aragonés progresista, así como la España plural y la paradiplomacia de Cataluña. En diciembre de 2023, se habilitó para dirigir investigaciones (HDR, en francés) con un dossier titulado L'Espagne plurinationale et plurilingue : impossible entente fédérale ou seule unité nationale possible ? Su trabajo inédito se titula Diplomaties, paradiplomaties et protodiplomatie en Espagne : de l'internationalisation des communautés autonomes au processus indépendantiste catalan (1977-2022). La garante de su trabajo es Mònica Güell (Sorbonne Université).

Michel MARTÍNEZ PÉREZ : Catalanisme fédéraliste ou souverainiste : des utopies possibles pour l'avenir ?
À partir de la "seule utopie disponible" (Subirats, 2014) qu'aurait représenté le processus souverainiste catalan (2012-2017), il sera question de réfléchir et de discuter du paradoxe que présente un projet politique "émancipateur", sans cesse repoussé, provoquant de profondes divisions (et frustrations) entre les différents secteurs catalanistes. En cela, la déclaration d'indépendance de Carles Puigdemont du 10 octobre 2017 (dont il fut question de différer les effets le temps de négocier les contours du "divorce" avec le gouvernement central espagnol) est un événement très évocateur. Plus globalement, dans ce conflit politico-territorial de l'Espagne post-franquiste, les catalanismes (fédéralistes ou souverainistes) sont confrontés à un État démocratique décentralisé, certes, mais qui a sanctuarisé la souveraineté nationale du peuple espagnol dans son ensemble, empêchant que l'autonomie politique n'implique de souveraineté, même partagée, avec les peuples des nationalités périphériques les plus différenciées. Aujourd'hui, comme en 1978, une évolution vers plus de souveraineté des communautés autonomes est peu probable à moyen (voire à long) terme ; l'autonomie s'est élargie, certes, mais uniquement en termes de compétences. Ainsi, le verrouillage institutionnel que suppose une Constitution "intouchable" est donc assumé par les forces catalanistes et toutes les promesses politiques allant vers un projet fédéral, confédéral ou souverainiste ne sont en réalité que des utopies disponibles à long (voire très long) terme : a futuro.

Michel Martínez Pérez est Professeur des universités en "Langue et culture catalanes" à Sorbonne Université (Faculté des Lettres – UFR d'Études ibériques et latino-américaines), Directeur du Centre d'études catalanes de Sorbonne Université et Directeur de l'axe "Études catalanes" du Centre de recherches interdisciplinaires sur les mondes ibéro-américains contemporains (CRIMIC) - UR 2561. Il est également secrétaire-adjoint de l'Association française des catalanistes (AFC) et membre de la Société française des hispanistes et ibéro-américanistes (SoFHIA). Spécialiste des nationalismes au sein de l'Espagne contemporaine, il a réalisé une thèse sur le parti politique Chunta Aragonesista (1986-2004). Il est l'auteur d'articles sur l'Aragon catalanophone, le nationalisme aragonais progressiste ainsi que sur l'Espagne plurinationale et la paradiplomatie de la Catalogne. En décembre 2023, il a soutenu une Habilitation à diriger des recherches (HDR) intitulée L'Espagne plurinationale et plurilingue : impossible entente fédérale ou seule unité nationale possible ? Son inédit a quant à lui pour titre : Diplomaties, paradiplomaties et protodiplomatie en Espagne : de l'internationalisation des communautés autonomes au processus indépendantiste catalan (1977-2022). Sa garante est Mònica Güell (Sorbonne Université).
Publications
Michel Martínez Pérez, "Gastronacionalisme i gastrodiplomàcia als països i territoris de llengua catalana", in Aleix Guijarro Pineda et Mònica Güell (coord.), Entaulats : cuina, festins, gastronomia, Perpignan, Trabucaire, Sous presse.
Michel Martínez Pérez, "La política cultural española en Europa. Del Instituto Cervantes a los organismos autonómicos (1980-2020)", in Ferran Archilés i Cardona, Democracia sin diversidad. La presencia de la diversidad cultural en España (1975-2024), Madrid, Silex, Sous presse.
Michel Martínez Pérez, "El colegio menor San Pablo de Teruel : resistencia cultural y política al franquismo en los años 1960", in Adeline Chainais et Maria Llombart (coord.), Las artes visuales y escénicas, espacios de resistencia al franquismo y a su legado, Lausanne, Novos, En cours de publication.
Michel Martínez Pérez, "Aragón ye nazión ! La nacionalización de Aragón desde los márgenes (1972-1982)", in Jordi Roca, Maitane Ostolaza et Joaquim Puigbert (coord.), La nacionalización desde abajo, Grenade, Comares, Sous presse.
Bruno Vargas et Michel Martínez Pérez (dir.), De l'exil républicain à la Transition démocratique. Bilan et perspectives historiographiques, Toulouse, Presses universitaires du Midi (PUM), Collection "Méridiennes", 2025.
Michel Martínez Pérez et Lluís Medir Tejado, "Catalunya, el preu de la independencia", Revue d'études catalanes (REC), Sous presse.
Michel Martínez Pérez, "La diversidad lingüística de España : ¿clave de bóveda de los regionalismos/nacionalismos en pugna?", in Las crisis nacionales y territoriales en España, La Maleta de Portbou, n°66, Barcelone, 2024.

María Ángeles NAVAL : Nostalgia y melancolía en los relatos transicionales
En esta intervención se estudiarán algunos relatos transicionales fundamentalmente novelescos en los que se analizará la construcción de un relato de las transiciones políticas del último tercio del siglo XX en relación con las categorizaciones de S. Boym y E. Traverso aludidas en el título. Se planteará la operatividad de analizar bajo un enfoque diacrónico generacional las categorías de melancolía, derrota, utopía, historia y memoria de las transiciones que elabora la narrativa literaria.

María Angeles Naval es catedrática de Literatura Española (Universidad de Zaragoza) y miembro del Instituto de Patrimonio y Humanidades. Responsable del Grupo de Investigación de Referencia del Gobierno de Aragón Transficción y del proyecto MINECO La Literatura de la transición democrática española y las narrativas transicionales europeas II (PID2019-107821GB-I00). Ha sido Directora del Salón de Industrias Culturales y Creativas de Aragón. Ha dirigido el Máster propio en gestión de políticas y proyectos culturales en la Universidad de Zaragoza y la revista Poesía en el Campus. Participa en proyectos y redes de investigación europeas relacionadas con la cultura de la transición democrática española y otras transiciones. Dirige la colección "Letra Última" de la Institución Fernando el Católico (CSIC). Publicaciones suyas relacionadas con este congreso pueden verse en : La Transición sentimental. Literatura y cultura en España desde 1970 (2016) ; Narrativas disidentes (1968-2018). Historia, novela, memoria (2020). "Tradiciones y vías de institucionalización de la poesía escrita por mujeres desde 1980", Romance Notes, 60 (2020) ; Edición y estudio del libro de Marta Sanz Enciclopedia secreta. Lecturas en el espejo feminista (2022) ; Las transiciones políticas en Europa y su relato literario (2024).

María Ángeles NAVAL : Nostalgie et mélancolie dans les récits transitionnels
Cette communication étudiera quelques récits transitionnels, principalement des romans, pour analyser la construction d'un récit des transitions politiques du dernier tiers du XXe siècle à l'aune des catégories conçues par S. Boym et E. Traverso, auxquelles le titre ci-dessus fait référence. On abordera le bien-fondé d'une lecture diachonique et générationnelle des catégories de mélancolie, défaite, utopie, histoire et mémoire des transitions éloborées par le récit littéraire.

María Ángeles Naval est professeure de Littérature espagnole à l'Université de Saragosse et membre de l'Institut de Patrimoines et Humanités. Responsable du groupe de recherche Transficcion et du projet MINECO La Literatura de la transición democrática española y las narrativas transicionales europeas II (PID2019-107821GB-I00). Elle a notamment dirigé le Salon des industries culturelles et créatives d'Aragon, le Master de gestion de politiques et de projets culturels de l'Université de Saragosse, et la revue Poesía en el Campus. Elle participe à de nombreux projets et réseaux de recherches européens sur la culture de la transition démocratique espagnole et d'autres transitions. Elle dirige la collection "Letra Ultima" de la Institución Fernando el Católico. Parmi ses travaux récents figurent La Transición sentimental. Literatura y cultura en España desde 1970 (2016) ; Narrativas disidentes (1968-2018). Historia, novela, memoria (2020). "Tradiciones y vías de institucionalización de la poesía escrita por mujeres desde 1980", Romance Notes, 60 (2020) ; l'édition et la préface du livre de Marta Sanz, Enciclopedia secreta. Lecturas en el espejo feminista (2022) ; Las transiciones políticas en Europa y su relato literario (2024).

Kevin RAMIER : Los espacios ontológico-políticos del posimperio español
La intervención partirá del concepto de ethos barroco de Bolívar Echeverría y del de posimperio de Joseba Gabilondo para analizar cómo el Estado español organiza los espacios de ese imperio bajo una lógica heredada de un ethos barroco. Así, el Estado español recurre a un ethos barroco para gestionar la contradicción posimperial : su condición de periferización histórica dentro de Europa en el siglo XIX frente a otros imperios europeos, particularmente protestantes, como el Reino Unido y Alemania. Lo hace reivindicando elementos asociados (por las potencias europeas emergentes) a su decadencia, como la catolicidad, cierta exoticidad e incluso una "africanidad" que intelectuales franquistas retoman para elaborar teorías sobre una continuidad racial con el norte de África, presentándola como garantía de una buena gestíon (colonial) de esos territorios. Por ello, propongo explorar los límites del ethos barroco en la configuración contemporánea del espacio político de España, es decir, cómo la condición posimperial de la metrópoli, vinculada al espacio imperial, debe también reconsiderarse desde los límites nebulosos de ese espacio, en particular desde Guinea Ecuatorial, donde el ethos barroco que caracteriza los discursos sobre la singularidad del imperio español se ve perturbado.

Kevin Ramier es doctorando en Estudios Hispánicos en la Universidad Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Su tesis, titulada "Les voix littéraires équato-guinéennes face à l'histoire palimpsestique du (post)franquisme depuis les années 1950", aborda los relatos de las violencias coloniales del franquismo mediante el estudio de novelas ecuatoguineanas. Sus áreas de interés incluyen los estudios poscoloniales, decoloniales y la literatura ecuatoguineana. Próximas publicaciones relacionadas : Complicité subversive avec la bibliothèque coloniale dans cuando a guinea se iba por mar de Juan Tomás Ávila Laurel et La república fantástica de annobón de Francisco Zamora Loboch (Société des Langues Néo-Latines, en prensa) ; Dorado, rojo y negro : exploración de patologías del presentismo mediante relatos de la Transición española (1990-2000) (Pandora, en prensa).

Kevin RAMIER : Les espaces ontologico-politiques du post-empire espagnol : linéaments et limites de la configuration baroque
L'intervention partira du concept d'ethos baroque de Bolívar Echeverría et de celui de posimperio de Joseba Gabilondo pour étudier comment l'état espagnol organise les espaces de cet empire dans une logique hérité d'un ethos baroque. L'État espagnol a ainsi recours à un ethos baroque pour vivre la contradiction post-impériale, la condition de périphérisation historique au sein de l'Europe au XIXe siècle face à d'autres empires européens, notamment protestants, comme le Royaume-Uni et l'Allemagne, en revendiquant les éléments associés (par les puissances européennes émergentes) à sa décadence, comme la catholicité, une certaine exoticité et voire africanité que des intellectuels franquistes exaltent dans des théories de continuité raciale avec l'Afrique du nord comme garantie d'une expertise (coloniale) sur ces territoires nord-africains. Cette présentation entend alors explorer les implications des limites de l'ethos baroque dans la configuration contemporaine de l'espace politique de la métropole, ou comment la condition post-impériale de la métropole, référée à l'espace impérial, doit également être reconsidérée depuis les limites nébuleuses de cet espace, notamment depuis la Guinée équatoriale, où l'ethos baroque qui caractérise les discours sur la particularité de l'empire espagnol est troublé.

Kevin Ramier est doctorant contractuel en Études hispaniques à l'université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis. Son projet de thèse, provisoirement intitulé "Les voix littéraires équato-guinéennes face à l'histoire palimpsestique du (post)franquisme depuis les années 1950", porte sur les récits des violences coloniales du franquisme à l'épreuve des romans équatoguinéens. Ses domaines d'intérêt incluent les études postcoloniales, décoloniales, et la littérature équatoguinénne. Prochaines publications en lien à paraître cette année : Complicité subversive avec la bibliothèque coloniale dans cuando a guinea se iba por mar de Juan Tomás Ávila Laurel et La república fantástica de annobón de Francisco Zamora Loboch (société des langues néo-latines, à venir) ; Dorado, rojo y negro : exploración de patologías del presentismo mediante relatos de la Transición española (1990-2000) (Pandora, à venir).

Béatrice RODRIGUEZ : Poéticas de las ruinas. Poéticas del presentismo en Rafael Chirbes
En esta ponencia se trata de estudiar el concepto de la Historia que emerge en la narrativa de Chirbes, en particular en La caída de Madrid. Partiendo de la imagen del "ángel de la historia" de Walter Benjamin en su obra Iluminaciones y de la crítica de Chirbes (Lucas Merlo), se analizarán las estrategias narrativas utilizadas por el escritor para traer al pasado en el presente — en particular el flujo de conciencia de los personajes y la figura de la analepsis. ¿ Qué efectos producen en la escritura ? ¿ Qué alcance político tienen estas estrategias narrativas ? ¿ Cómo cambiar el discurso del consenso histórico a través de la ficción ? Los ejemplos aportados intentaran esclarecer la "estrategia del boomerang" de la que se reclama Chirbes : "El salto atrás en la historia sólo nos sirve si funciona como boomerang que nos ayuda a descifrar los materiales con que se está construyendo el presente".

Béatrice Rodriguez ha sido alumna en l'École Normale Supérieure y es actualmente Profesora titular en la UPEC (Université Paris-Est Créteil). Sus investigaciones versan sobre literatura española contemporánea — novelas y poesía escritas por mujeres de los siglos XX y XXI.
Publicaciones
Les mots pour le vivre, Paris, L'Harmattan, 2019 (relato-poema).
"Lo real en penumbras", in Zoraida Carandell (dir.), Hacia un oscuro dominio, en prensa.
"La generación femenina del 27 : Madres en duelo", in Monográfico Verbia : Journal of English and Spanish Studies. Revista de Estudios Filológicos. El legado de las escritoras, n°6, 2022, pp. 57-68.

Béatrice RODRIGUEZ : Poétiques des ruines. Poétiques du présentisme chez Rafael Chirbes
Cette communication prétend étudier le concept d'Histoire qui émerge dans les romans de Chirbes, en particulier dans La caída de Madrid. À partir de l'image de "l'ange de l'histoire" de Walter Benjamin dans son ouvrage Illuminations et de la critique de Chirbes (Lucas Merlo), nous analyserons les stratégies narratives utilisées par l'auteur pour ramener le passé dans le présent — en particulier le flux de conscience des personnages et la figure de l'analepse. Quels effets produisent-ils dans l'écriture ? Quelle portée politique ont ces stratégies narratives ? Comment changer le discours du consensus politique à travers la fiction ? Les exemples fournis essaieront d'éclaircir la "stratégie du boomerang" dont Chirbes se réclame : "Le saut en arrière dans l'histoire n'est utile que s'il fonctionne comme boomerang qui nous aide à déchiffrer les matériaux avec lesquels nous construisons le présent".

Béatrice Rodriguez est ancienne élève de l'École Normale Supérieure et actuellement Maître de Conférences à l'UPEC (Université Paris-Est Créteil). Ses recherches portent sur la littérature espagnole contemporaine — romans et poésie des femmes du XXe et XXIe en particulier.
Publications
Les mots pour le vivre, Paris, L'Harmattan, 2019 (Récit-poème).
"Lo real en penumbras", in Hacia un oscuro dominio, sous la direction de Zoraida Carandell, à paraître.
"La generación femenina del 27 : Madres en duelo", in Monográfico Verbia : Journal of English and Spanish Studies. Revista de Estudios Filológicos. El legado de las escritoras, n°6, 2022, pp. 57-68.

María ROSÓN : Fragilidad y memoria del papel
Revistas, libros, cartas, diarios, cuadernos, álbumes son las cosas que interrogan mi investigación sobre la memoria cultural de la España de los años treinta y cuarenta. Son legados de papel, un material popular y que alcanzó a conectar con gran parte de la sociedad antes, durante y después de la guerra civil. Un material posicionado, que sostiene palabras, fotografías o dibujos que se inscriben en su fisicidad. Un material ácido, escaso en periodos de escasez, con poco valor económico, que pesa y ocupa espacio, una memoria muy frágil. La pregunta que detona esta intervención tiene que ver con las vidas sociales de algunos de estos artefactos ¿cómo han llegado hasta hoy? ¿qué inscripciones nos traen a nuestro presente y de qué forma?

Historiadora de álbumes fotográficos de madres y recolectora de secretos, María Rosón es profesora de historia del arte contemporáneo en la Universidad Complutense de Madrid. Interesada por lo popular, lo feo, lo cursi, lo excesivo, sus investigaciones conectan la cultura visual y material del siglo XX español con perspectivas de los feminismos intersecciones, las memorias y archivos disidentes. Ha trabajado en la Universidad Autónoma de Madrid, donde se doctoró, en el Museo Reina Sofía (Departamento de Colecciones) y en la Universidad de Valencia.

María ROSÓN : Fragilité et mémoire du papier
Magazines, livres, lettres, journaux, cahiers, albums sont les objets qui interrogent ma recherche sur la mémoire culturelle de l'Espagne des années 1930 et 1940. Ce sont des héritages de papier, un matériau populaire au contact d'une grande partie de la société avant, pendant et après la guerre civile. Un matériau situé, qui contient des mots, des photographies ou des dessins inscrits dans sa matérialité. Un matériau acide, rare en période de pénurie, ayant peu de valeur économique, qui a un poids et prend de la place, une mémoire très fragile. La question à l'origine de cette intervention concerne la vie sociale de certains de ces artefacts, comment sont-ils parvenus jusqu'à nous, quelles inscriptions portent-ils dans notre présent et sous quelle forme ?

Historienne des albums photographiques des mères et collectionneuse de secrets, María Rosón est professeure d'histoire de l'art contemporain à l'Universidad Complutense de Madrid. Intéressée par le populaire, le laid, le ringard, l'excessif, ses recherches articulent la culture visuelle et matérielle de l'Espagne du XXe siècle aux perspectives des féminismes intersectionnels, des mémoires et des archives dissidentes. Elle a travaillé à l'Universidad Autónoma de Madrid, où elle a obtenu son doctorat, au musée Reina Sofía (département des collections) et à l'université de Valence.

Henry ROUSSO : L'actualité du présentisme
La notion de "présentisme" est apparue bien avant l'usage qui s'est répandu dans les années 2000, à la suite des travaux de François Hartog. En esquissant une généalogie, on peut la voir comme l'expression d'une philosophie et d'une conception du temps qui remontent à une longue tradition, celle d'un rejet de l'histoire comme charge sur les vivants et d'une glorification du présent comme source créatrice. Cette notion peut-elle encore caractériser le régime d'historicité contemporain alors que le futur est à nouveau une composante essentielle de notre conception du temps, que ce soit à cause de la catastrophe climatique annoncée ou de la dystopie que nous promettent les nouvelles idéologies réactionnaires, en Europe ou aux États-Unis ?

Henry Rousso est historien, directeur de recherche émérite au CNRS. Il a publié plusieurs ouvrages sur l'Occupation et l'histoire de la mémoire collective : Le Syndrome de Vichy (1987), Vichy, un passé qui ne passe pas (avec Éric Conan, 1994), La Dernière Catastrophe. L'histoire, le présent, le contemporain (2012), Face au Passé. Essais sur la mémoire contemporaine (2016), Le régime de Vichy (2023). Il préside depuis 2019 la mission de préfiguration du Musée-mémorial du terrorisme.

Marina RUIZ CANO : Los objetos en la dramaturgia de Eusebio Calonge : del simulacro a la performatividad
Este trabajo se centrará en tres obras de Eusebio Calonge, todas ellas publicadas, a partir de las puestas en escena de la compañía La Zaranda : Homenaje a los malditos (2005), Los que ríen los últimos (2007) y La patria de los espectros (2011). Nos proponemos extraer la poética que se conforma por el uso metafórico o desviado de los objetos escénicos, con el objetivo de subrayar su performatividad. Partiendo del concepto de "simulacro" de Jean Baudrillard (Simulacres et simulation, 1981) que refuerza la frontera entre lo real y lo imaginario, con todas las potencialidades de este último, la atmósfera ritual creada por La Zaranda se asemeja a la estética de la performatividad teorizada por Erika Fischer-Lichte (La estética de lo performativo, 2004). Según esta, la representación teatral contemporánea se convierte en acontecimiento, lo que imbrica la experiencia estética y la vida. Así, demostraremos que la dramaturgia de Eugenio Calonge — por el uso de los gotesco, las alusiones a las ruinas y las construcciones de un pasado que oscila entre lo real y lo ficticio — permite suspender el tiempo para provocar una reflexión política sobre y en el presente.

Doctora en Literatura comparada por la Universidad del País Vasco y en Estudios Románicos por la Universidad de Nanterre, Marina Ruiz Cano es profesora titular (PRAG) en los departamentos de hispánicas y lenguas modernas de la Universidad de Le Mans. Su investigación se centra en el teatro político y las escrituras relativas a la identidad y a la memoria. Ha publicado varios trabajos recientemente sobre estas cuestiones : "Dignificar a la marginal en la dramaturgia española contemporánea : los casos de Juana Escabias, Elena Cánovas y Carolina África", en Françoise Richet (coord.), Les représentations des minorités dans les mondes hispaniques : actions, interactions, réactions (Orbis Tertius, 2025), "Encarnar la prostitución en el teatro español : de la trata al maltrato, de la sumisión a la insumisión", en Claudia Pena (coord.), Misoginia en las artes y su deconstrucción en el aula (Dykinson, 2024), "Teatro y comunidad en Euskadi desde 1979 : motivaciones, estrategias y conflictos" (Cahiers d’études romanes, n°49, 2024) o "La memoria de los abusos político-jurídico-policiales en la obra Sisiforen paperak/Los papeles de Sísifo", en Béatrice Bottin (ed.), Las artes escénicas como patrimonio del ámbito hispánico. Siglo XXI (Peter Lang, 2023). Es miembro de la junta directiva de la Asociación Internacional de Teatro Siglo XXI (AITS 21) y responsable de la colección Hors-série de la revista HispanismeS de la Société Française d’Hispanistes et Ibéro-Américanistes. Colaboradora del proyecto de traducción "El Quijote Transnacional" de la Universidad de Salamanca, también se interesa por los intercambios culturales entre Francia y España, como muestran dos trabajos recientes : "Esto no es un cuento, sino un cortometraje : Diderot en la pantalla española" (Quaderns de filologia, estudis literaris, n°29, 2024) y "Le théâtre d'Albert Camus et l'Espagne : créations et recréations" (Lettres Modernes Minard, Série Camus, Classiques Garnier, n°26, 2024). Su investigación sobre las representaciones artísticas de la memoria de la España contemporánea se enmarcan en el proyecto CIGE/2023/74 "Subjetividades en crisis en la literatura española contemporánea (1914-1975)" de la Universitat de València (España). En 2025 van a publicarse dos trabajos suyos sobre cuestión de la memoria en la dramaturgia de Borja Ortiz de Gondra ("Sonotopes et mémoire dans l'œuvre théâtrale de Borja Ortiz de Gondra", en Beat Föllmi et Isabelle Reck (eds.), Trous de mémoires. Traces et fisures y ""Borra las huellas, pero di nuestra herida" : huellas crepusculares en la Trilogía de los Gondra", en Aliénor Asselot et Lisa García (eds.), La Trace, Casa de Velázquez), así como un monográfico codirigido con Béatrice Bottin para la revista Acotaciones de la RESAD sobre los vínculos entre feminismo y teatro iberoamericano del siglo XXI.

Marina RUIZ CANO : Les objets dans la dramaturgie d'Eusebio Calonge : du simulacre à la performativité
Ce travail prendra comme objets d'étude trois pièces d'Eusebio Calonge, toutes publiées, qui seront analysées à partir des mises en scènes de la compagnie La Zaranda : Homenaje a los malditos (2005), Los que ríen los últimos (2007) et La patria de los espectros (2011). Il s'agira d'en dégager la poétique résultante à la suite du détournement des objets scéniques, et ce en vue de souligner leur performativité. Partant du concept de "simulacre" de Jean Baudrillard (Simulacres et simulation, 1981) qui renforce la frontière entre le réel et l'imaginaire, avec toutes les potentialités de ce dernier, l'atmosphère rituelle créée par La Zaranda se rapproche de l'esthétique de la performativité théorisée par Erika Fischer-Lichte (Ästhetik des Performativen, 2004). Selon cette théorie, la représentation théâtrale contemporaine devient un événement à part entière, reliant ainsi l'expérience esthétique à la vie. Nous verrons ainsi comment la dramaturgie d'Eugenio Calonge — par son recours au grotesque, ses allusions aux ruines et ses constructions d'un passé à la charnière entre le réel et le fictif — permet de suspendre le temps et de ramener la réflexion politique au moment présent.

Docteure en Littérature comparée par l'université du Pays basque et en Études romanes par l'université de Nanterre, Marina Ruiz Cano est PRAG d'espagnol aux départements de LLCER et LEA de l'université du Mans. Ses recherches portent sur le théâtre politique et les écritures relatives à l'identité et à la mémoire. Dans ce sens, elle a récemment publié "Dignificar a la marginal en la dramaturgia española contemporánea : los casos de Juana Escabias, Elena Cánovas y Carolina África", dans Françoise Richet (coord.), Les représentations des minorités dans les mondes hispaniques : actions, interactions, réactions (Orbis Tertius, 2025), "Encarnar la prostitución en el teatro español : de la trata al maltrato, de la sumisión a la insumisión", dans Claudia Pena (coord.), Misoginia en las artes y su deconstrucción en el aula (Dykinson, 2024), "Teatro y comunidad en Euskadi desde 1979 : motivaciones, estrategias y conflictos" (Cahiers d'études romanes, n°49, 2024) ou "La memoria de los abusos político-jurídico-policiales en la obra Sisiforen paperak/Los papeles de Sísifo", dans Béatrice Bottin (éd.), Las artes escénicas como patrimonio del ámbito hispánico. Siglo XXI (Peter Lang, 2023). Elle est membre du Conseil d'administration de l'Asociación Internacional de Teatro Siglo XXI (AITS 21) et responsable des numéros Hors-série de la revue HispanismeS, portée par la Société Française d'Hispanistes et Ibéro-Américanistes. Collaboratrice du projet de traduction "El Quijote Transnacional" de l'université de Salamanca, elle s'intéresse également aux transferts cultures entre la France et l'Espagne, comme en témoignent deux travaux récents : "Esto no es un cuento, sino un cortometraje : Diderot en la pantalla española" (Quaderns de filologia, estudis literaris, n°29, 2024) et "Le théâtre d'Albert Camus et l'Espagne : créations et recréations" (Lettres Modernes Minard, Série Camus, Classiques Garnier, n°26, 2024). Ses recherches sur les représentations artistiques de la mémoire de l'Espagne contemporaine s'inscrivent dans le cadre du projet CIGE/2023/74 "Subjetividades en crisis en la literatura española contemporánea (1914-1975)" de l'Universitat de València (Espagne). En 2025 deux de ses travaux sur les enjeux mémoriels dans la dramaturgie de Borja Ortiz de Gondra vont paraître ("Sonotopes et mémoire dans l'œuvre théâtrale de Borja Ortiz de Gondra", dans Beat Föllmi et Isabelle Reck (éds.), Trous de mémoires. Traces et fissures et ""Borra las huellas, pero di nuestra herida" : huellas crepusculares en la Trilogía de los Gondra", dans Aliénor Asselot et Lisa García (éds.), La Trace, Collection Casa de Velázquez), ainsi qu'un numéro codirigé avec Béatrice Bottin pour la revue Acotaciones de la RESAD portant sur les liens entre le féminisme et le théâtre ibéroaméricain du XXIe siècle.

Antolín SÁNCHEZ CUERVO : De la memoria republicana a la memoria democrática
¿Son lo mismo "memoria republicana" y "memoria democrática"? La presente ponencia plantea algunas hipótesis a manera de respuesta, teniendo en cuenta la evolución de la memoria crítica en España durante el último medio siglo. Si en las dos décadas posteriores a la dictadura el exilio republicano supuso un referente primordial, habida cuenta de la supervivencia de sus voces aun en medio de un escenario adverso, en el horizonte del siglo XXI el panorama se vuelve más complejo. Las iniciativas de la sociedad civil en torno a las exhumaciones, los debates en el ámbito político-jurídico y su concreción en las leyes de 2007 y 2022, y el auge global, en los últimos años, de los nuevos nacional-populismos y ultra-nacionalismos, ligados a la cultura hiper-digitalizada de la aceleración y la desinformación, obligan a nuevos análisis.

Antolín Sánchez Cuervo es Doctor en Filosofía e investigador científico del Instituto de Filosofía del Consejo Superior de Investigaciones Científicas de España, en donde dirige el Departamento de "Filosofía, Cultura y Sociedad". También es "Mercator fellow" de la Deutsche Forschungsgemeinschaft e Investigador Principal del proyecto La filosofía iberoamericana del siglo XX y el desarrollo de una razón plural, financiado por el Gobierno de España. Ha sido Investigador Principal de varios proyectos, nacionales e internacionales, sobre los legados del exilio republicano español de 1939. También ha sido Investigador Visitante en diversas universidades de Europa y América, y en 2019 obtuvo el "Reconocimiento Escuela Nacional de Altos Estudios", otorgado por la Universidad Nacional Autónoma de México. Es autor de numerosas publicaciones dedicadas a la memoria exiliada y su significación crítica. Entre otras, cabe mencionar el monográfico "Voces del exilio. Comunidad filosófica y deber de memoria", editado por la revista Endoxa (2022), del que es coeditor y coautor.

Antolín SÁNCHEZ CUERVO : De la mémoire républicaine à la mémoire démocratique
La mémoire républicaine et la mémoire démocratique sont-elles une seule et même chose ? La présente conférence examine quelques hypothèses susceptibles de donner des éléments de réponse, eu égard à l'évolution de la mémoire critique en Espagne durant les cinquante dernières années. Si durant les deux décennies qui suivirent la transition démocratique, l'exil républicain fut une référence primordiale, compte tenu de la résilience de ses voix, même dans un scénario qui leur était hostile, à l'aube du XXIe siècle le panorama devient plus complexe. Les initiatives de la société civile autour des exhumations, les débats dans la sphère politico juridique et leur incidence dans les lois de 2007 et 2022, tout comme l'expansion, ces dernières années, de nouveaux national populismes et ultra nationalismes, liés à une culture hyper numérisée et à la désinformation, nous contraignent à renouveler nos analyses.

Antolín Sánchez Cuervo est docteur en Philosophie et chercheur à l'Institut de Philosophie du Conseil Supérieur de Recherches scientifiques espagnol. Il est directeur du département de Philosophie, culture et société. Il est "Mecator fellow" de la Deutsche Forschungsgemeinschaft et il dirige le projet de recherche La filosofía iberoamericana del siglo XX y el desarrollo de una razón plural, financé par le ministère de la recherche espagnol. Il a porté plusieurs projets en Espagne et à l'étranger sur l'héritage de l'exil républicain espagnol de 1939. Il a été invité dans de nombreuses universités en Europe et en Amérique et a été distingué par le "Reconocimiento Escuela Nacional de Altos Estudios", de l'Université Nacional Autónoma de México. Parmi ses nombreux travaux consacrés à la mémoire de l'exil et à sa portée critique on peut mentionner l'ouvrage coécrit et édité par ses soins "Voces del exilio. Comunidad filosófica y deber de memoria", paru dans la revue Endoxa (2022).

Arturo SANCHEZ MERCADÉ : "Los fantasmas pasan las paredes" : voces hauntológicas del rap español actual
Las voces poéticas de nuestro tiempo se articulan y desarrollan a menudo más allá de los límites del objeto textual comúnmente denominado como "poema". El rap se apropia de recursos poéticos tradicionales como la rima, la métrica y el ritmo, insuflándoles nueva vida. Sin embargo, aunque hereda estrategias plenamente poéticas, también transgrede sus normas en un intento de renovación. En España, los fenómenos de nueva poeticidad que encontramos en el rap nos hablan además de un presentismo fundado esencialmente en la acechanza. El mundo que construyen estas poéticas es un mundo acechado, por un lado, por la nostalgia del pasado, pero de un pasado que nunca existió, o que quienes lo lamentan nunca vivieron. Y acechado, por otra parte, por el futuro de ese pasado, es decir, los futuros posibles que imaginamos en la última década del siglo XX y la primera del XXI, y que nunca se materializaron. Se tratará pues de entender este fenómeno, que tanto puede decirnos sobre nuestra contemporaneidad, a través del prisma de la hauntología, neologismo propuesto por primera vez por Derrida en Spectres de Marx, pero explorado en el mundo de la música y la cultura popular por Mark Fisher en Los fantasmas de mi vida : "La hauntología puede ser construida entonces como un duelo fallido. Se trata de negarse a dejar ir al fantasma o — lo que a veces es lo mismo — de la negación del fantasma a abandonarnos" (Fisher, 2013).

Arturo Sánchez Mercadé es doctor en estudios hispánicos por la Universidad de París VIII y profesor de español en el Lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen. En 2022, defendió su tesis titulada Descifrar el mundo cantándolo : pensamiento y conocimiento poéticos en Espacio y Tiempo de Juan Ramón Jiménez. Su investigación explora, a menudo desde una perspectiva comparatista, el fenómeno poético en la España contemporánea así como los vínculos entre poesía, filosofía y mitología. Sus últimas investigaciones le llevan a interesarse por los fenómenos de poeticidad que se articulan en el rap español actual desde una perspectiva hauntológica. Es también el autor de tres poemarios y el creador del canal de divulgación En el reflejo en YouTube.

Arturo SANCHEZ MERCADÉ : "Les fantômes traversent les murs" : voix hantologiques du rap espagnol actuel
Les voix poétiques de notre présent s'articulent et se développent souvent au-delà des frontières de l'objet textuel auquel on se réfère communément comme "poème". Le rap s'approprie des recours traditionnellement poétiques, tels que la rime, la métrique, le rythme, et leur insuffle une nouvelle vie. Cependant, s'il hérite des stratégies pleinement poétiques, il en transgresse aussi les normes dans une ambition de renouveau. En Espagne, les phénomènes de nouvelle poéticité que l'on retrouve dans le rap nous renseignent par ailleurs sur un présentisme fondé essentiellement sur la hantise. Le monde que construisent ces poétiques particulières est un monde hanté, d'une part, par la nostalgie du passé, mais d'un passé qui n'a jamais vraiment existé, ou que ceux qui le regrettent n'ont jamais vécu. Et hanté, d'autre part, par le futur de ce passé, à savoir, les futurs possibles que l'on imaginait dans la dernière décennie du XXe siècle et la première du XXIe, et qui ne se sont jamais matérialisés. Il s'agira donc de chercher à comprendre ce phénomène, qui peut tellement nous renseigner sur notre époque contemporaine, à travers le prisme de l'hantologie, ce néologisme proposé d'abord par Derrida dans Spectres de Marx, mais exploré surtout dans le monde de la musique et la culture populaire par Mark Fisher dans Spectres de ma vie : "La hantise, donc, peut se construire comme un deuil raté. Cela tient au refus de laisser tomber le fantôme, de ne pas rendre l'âme — et cela peut parfois revenir au même — au refus du fantôme de nous laisser tomber" (Fisher, 2013).

Arturo Sánchez Mercadé est docteur en études hispaniques de l'université de Paris VIII et professeur agrégé d'espagnol au Lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen. En 2022, il a soutenu sa thèse intitulée Déchiffrer le monde par le chant : pensée et connaissance poétiques dans Espacio et Tiempo de Juan Ramón Jiménez, dirigée par les professeures Annick Allaigre et Zoraida Carandell. Sa recherche explore, souvent depuis une perspective comparatiste, le phénomène poétique dans l'Espagne contemporaine, ainsi que le rapport entre poésie, philosophie et mythologie. Ses dernières recherches le portent à s'intéresser aux phénomènes de poéticité qui s'articulent dans le rap espagnol actuel dans une perspective hantologique. Il est également l'auteur de trois recueils de poésie, et le créateur de la chaîne de vulgarisation En el reflejo sur YouTube.
Publications
Arturo Sánchez Mercadé, "Espacio de Juan Ramón Jiménez : herencia y transgresión del arquetipo del héroe solar", Revue l'Entre-deux, n°8(3), décembre 2020, Université d'Artois.
Arturo Sánchez Mercadé, "Valente contre Valente : une lecture croisée de Las palabras de la tribu à travers Juan Ramón Jiménez", HAL / Laboratoire d'études romanes de l'université de Paris 8, mai 2020.
Arturo Sánchez Mercadé, ""Esto lo puedo contar, pero no cantar" : el tiempo y la posibilidad de la palabra en el Diario de un poeta recién casado de Juan Ramón Jiménez", Revue l'Entre-deux, n°4(2), décembre 2018, Université d'Artois.
Zoraida Carandell, Lina Iglesias, Daniel Lecler, Arturo Sánchez Mercadé (dir.), Hacia un oscuro dominio. Lo extraño en la poesía española contemporánea, Athenaica Ediciones (Séville, Espagne), publication prévue en 2025 [sous presse].
Daniel Lecler, Arturo Sánchez Mercadé (dir.), Transgresión de la norma en Juan Ramón Jiménez, Actes de la journée d'étude internationale du même nom tenue au Colegio de España de Paris le 18 avril 2019, Revue l'Entre-deux, n°8(3), décembre 2020, Université d'Artois.
Daniel Lecler, Arturo Sánchez Mercadé (dir.), "Diario de un poeta recién casado de Juan Ramón Jiménez : un poemario entre dos aguas", Actes de la journée d’étude internationale "Amor y poesía cada día : Diario de un poeta recién casado, nuevas lecturas", tenue au Colegio de España de Paris le 8 décembre 2017, Revue l'Entre-deux, n°4(2), décembre 2018, Université d'Artois.

Mercedes YUSTA RODRIGO : "La Pastora" y yo. Guerrilla antifranquista, disidencia sexual y presentismo
"Una mujer lesbiana de instintos criminales". Así describía en 1975 el coronel de la guardia civil Francisco Aguado Sanchez a uno de los guerrilleros, o guerrilleras, que más perturbaron a las autoridades franquistas durante la posguerra española, y que más duraderamente han impregnado la memoria colectiva de este fenómeno en las montañas del Maestrazgo de Teruel, de donde era originaria y donde actuó Teresa Pla Meseguer, o Florencio Pla Meseguer, o Durruti, o La Pastora, que por todos estos nombres ha sido conocido o conocida en algún momento. Más allá de la existencia del personaje, bien documentada, La Pastora ha sido objeto de numerosas interpretaciones, reapropiaciones y representaciones culturales. De símbolo de la "barbarie roja" durante la lucha antiguerrillera llevada a cabo por la dictadura franquista en los años cuarenta a héroe y pionero intersexual en los años 2020, cada período histórico ha hecho de Teresa/Florencio un símbolo de las luchas del presente y, sobre todo, de los artefactos discursivos a través de los cuales era posible pensarlas. Asumiendo un punto de vista resueltamente personal, esta comunicación tratará de dialogar con el personaje de La Pastora, reflexionando sobre cómo el presente puede ser una pantalla de humo que dificulta la comprensión de las subjetividades del pasado.

Mercedes Yusta Rodrigo es catedrática de Historia de España Contemporánea en la Universidad Paris 8 y miembro honorario del Institut Universitaire de France. Ha enseñado en las Universidades de Zaragoza, Cergy y Paris 8 y en los Institutos de Estudios Políticos de Paris y Poitiers. De 2020 a 2022 codirigió el Nouveau Collège d'Études Politiques (Universidades de Paris 8 y Nanterre). Sus investigaciones se centran principalmente en la resistencia contra el franquismo y en las organizaciones femeninas antifascistas. También se interesa por los fenómenos memoriales en la España contemporánea. Es autora de tres monografías, ha publicado más de 70 artículos y colaboraciones en libros colectivos y coordinado 16 libros colectivos y dossiers de revistas, entre ellos Rethinking Antifascism. History, memory and Politics (con Hugo Garcia, Xavier Tabet y Cristina Climaco, Berghahn Books, 2016) ; Queridas camaradas. Historias iberoamericanas de mujeres comunistas (con Adriana Valobra, Miño & Davila, 2017), y La Résistance à l'épreuve du genre (con Laurent Douzou, Presses Universitaires de Rennes, 2018). Actualmente dirige el Laboratoire d'Études Romanes de la Universidad Paris 8.

Mercedes YUSTA RODRIGO : "La Pastora" et moi. Guérilla antifranquiste, dissidence sexuelle et présentisme
"Une femme lesbienne aux instincts criminels". C'est ainsi que le colonel de la garde civile Francisco Aguado Sanchez décrivait en 1975 l'un des guérilleros, ou guérilleras, qui ont le plus perturbé les autorités franquistes pendant l'après-guerre espagnole, et qui ont le plus durablement imprégné la mémoire collective de ce phénomène dans les montagnes du Maestrazgo de Teruel, dont était originaire et où a agi Teresa Pla Meseguer, ou Florencio Pla Meseguer, ou Durruti, ou La Pastora, noms sous lesquels elle a été connue à un moment ou à un autre. Au-delà de l'existence bien documentée du personnage, La Pastora a fait l'objet de nombreuses interprétations, réappropriations et représentations culturelles. Symbole de la "barbarie rouge" pendant la lutte anti-guérilla menée par la dictature de Franco dans les années 1940, héros et pionnier intersexué dans les années 2020, chaque période historique a fait de Teresa/Florencio un symbole des luttes du présent et, surtout, des artefacts discursifs à travers lesquels il était possible de les penser. En assumant un point de vue résolument personnel, cette communication tentera de dialoguer avec le personnage de La Pastora, en réfléchissant à la manière dont le présent peut être un écran de fumée qui empêche de comprendre les subjectivités du passé.

Mercedes Yusta Rodrigo est professeure d'histoire de l'Espagne contemporaine à l'université Paris 8 et membre honoraire de l'Institut universitaire de France. Elle a enseigné aux universités de Saragosse, Cergy et Paris 8, ainsi qu'aux Instituts d'Études Politiques de Paris et Poitiers. De 2020 à 2022, elle a codirigé le Nouveau Collège d'Études Politiques (Universités Paris 8 et Nanterre). Ses recherches portent principalement sur la résistance contre le franquisme et les organisations féminines antifascistes. Elle s'intéresse également aux phénomènes mémoriels dans l'Espagne contemporaine. Elle est l'auteure de trois monographies, a publié plus de 70 articles et contributions dans des ouvrages collectifs et a coordonné 16 ouvrages collectifs et dossiers de revues, dont Rethinking Antifascism. History, memory and Politics (avec Hugo Garcia, Xavier Tabet et Cristina Climaco, Berghahn Books, 2016) ; Queridas camaradas. Historias iberoamericanas de mujeres comunistas (avec Adriana Valobra, Miño & Davila, 2017) et La Résistance à l'épreuve du genre (avec Laurent Douzou, Presses Universitaires de Rennes, 2018). Elle dirige actuellement le Laboratoire d'études romanes de l'université Paris 8.


Écrire le temps, entre poésie et philosophie. Réflexions autour de la traduction collective d'une anthologie de María Zambrano, table ronde avec Lou FREDA, Marta NOGUERA et Anna ROJAS
Cette table ronde vise à présenter le travail de traduction collective d'une anthologie d'écrits de María Zambrano sur le temps, dont certains inédits en français ; un projet qui a été mené à bien par plusieurs membres du projet EXPEDIAS. Le temps a occupé une place fondamentale dans la réflexion philosophique de María Zambrano depuis ses premiers ouvrages, mais c'est surtout à partir de son autobiographie romancée, Délire et destin, qu'elle entreprend une recherche approfondie sur le temps dans la vie humaine. Elle s'intéresse notamment aux expériences multiples du temps chez l'être humain, y compris dans sa dimension transcendante. De ce point de vue, la pensée de María Zambrano, qui a connu une importante réception depuis la transition espagnole, offre un contrepoint à la pensée dominante du présentisme au tournant du XXIe siècle. Cette table ronde évoquera les lignes fortes de cette pensée sur le temps et proposera, ensuite, une réflexion autour de la construction de l'anthologie de textes et de leur traduction en français. Toujours entre philosophie et poésie, l'originalité de la langue de Zambrano pose d'importants défis aux traducteurs, qui sont l'occasion d'approfondir la réflexion sur sa pensée.

Escribir el tiempo, entre poesía y filosofía. Reflexiones sobre la traducción colectiva de una antología de María Zambrano, mesa redonda con Lou FREDA, Marta NOGUERA y Anna ROJAS
Esta mesa redonda presenta la traducción colectiva de una antología de textos de María Zambrano sobre el tiempo, algunos de los cuales son inéditos en francés; este proyecto es llevado a cabo por varios miembros de EXPEDIAS. El tiempo desempeña un papel fundamental en la reflexión filosófica de María Zambrano desde sus primeras obras, pero es sobre todo a raíz de su autobiografía novelada, Delirio y destino, cuando comienza a indagar en profundidad sobre el tiempo en la vida humana. Explora sobre todo las experiencias múltiples del tiempo en el ser humano, tomando en cuenta su dimensión trascendente. En ese sentido, el pensamiento de María Zambrano, que tuvo una importante recepción desde la transición española, ofrece un contrapunto a la concepción presentista vigente en el umbral del siglo XXI. Esta mesa redonda evocará los grandes rasgos de su pensamiento sobre el tiempo y reflexionará acerca de la construcción de la antología de textos y de su traducción al francés. En la encrucijada de filosofía y poesía, la orignalidad de la lengua de Zambrano supone un reto para los traductores, y les brinda la oportunidad de reflexionar en profundidad sobre su pensamiento.

Lou FREDA
Lou Freda est agrégée d'espagnol et docteure en littérature espagnole contemporaine de l'Université Paris Nanterre où elle a effectué sa thèse sous la direction de la professeure Zoraida Carandell. Elle est, cette année, membre de l'EHEHI à la Casa de Velázquez où elle effectue un post-doctorat sur la question de la réception d'Elena Quiroga, autrice espagnole du XXe siècle aujourd'hui oubliée. Ses recherches se centrent sur la littérature des femmes espagnoles au cours du XIXe et du XXe siècles et en particulier sur les intellectuelles galiciennes qui ont marqué leur temps sans parvenir à s'inscrire dans l'histoire littéraire postérieure. Elle a été co-fondatrice du laboratoire junior ¡Silencio! en activité entre 2020 et 2023 pour lequel elle a participé à l'organisation de plusieurs événements scientifiques et à la publication de la traduction du roman de María Josefa Canellada, Penal de Ocaña, paru aux éditions Orbis Tertius en janvier 2024. Parmi ses derniers textes publiés, on peut citer l'article "Sororidad y ejemplaridad en la prosa de Sofía Casanova" dans la revue Crisol (2024) ou la traduction du poème Carta a Cadaqués d'Elena Quiroga par les publications de la Casa de Velázquez (2024).

Lou Freda es docente de lengua española y doctora en Literatura Española Contemporánea por la Universidad de París Nanterre, donde realizó su tesis bajo la dirección de la profesora Zoraida Carandell. Este año es miembro del EHEHI en la Casa de Velázquez, donde realiza un postdoctorado sobre la recepción de Elena Quiroga, autora española olvidada del siglo XX. Sus investigaciones se centran en la literatura femenina española de los siglos XIX y XX y, en particular, en las intelectuales gallegas que marcaron su tiempo sin lograr inscribirse en la historia literaria posterior. Fue cofundadora del laboratorio para jóvenes investigadores ¡Silencio!, que se organizó de 2020 a 2023, para el que colaboró en la organización de diversos acontecimientos científicos, y publicó una traducción de la novela de María Josefa Canellada, Penal de Ocaña, publicada por Orbis Tertius en enero de 2024. Entre sus últimos trabajos publicados podemos citar el artículo "Sororidad y ejemplaridad en la prosa de Sofía Casanova" en la revista Crisol (2024) o la traducción del poema Carta a Cadaqués de Elena Quiroga por las publicaciones de la Casa de Velázquez (2024).

Marta NOGUERA
Marta Noguera est agrégée d'espagnol et docteure en Études Romanes (Univ. Paris-Nanterre et Univ. Pompeu Fabra). Elle a été doctorante contractuelle à l'Université Paris Nanterre et membre de l'EHEHI-Casa de Velázquez (2021-2023). Sa thèse de doctorat, "Le carnet, marge et seuil de l'écriture, chez María Zambrano, Carmen Martín Gaite, José Ángel Valente y Joan Margarit" (2024), propose une réflexion sur le carnet comme pratique d'écriture et outil de création. L'étude, fondée sur l'analyse des carnets manuscrits originaux de ces écrivains, combine l'approche de la génétique des textes avec celle de la poétique des genres littéraires. Ses recherches s'intéressent plus largement aux relations entre les écritures du moi et la création littéraire.

Marta Noguera es licenciada en Filología Hispánica en la universidad Pompeu Fabra, agrégée de español y doctora en Filología Románica (U. París-Nanterre y U. Pompeu Fabra). Tras desempeñar un contrato doctoral de tres años en la Universidad de París Nanterre fue miembro científico del EHEHI-Casa de Velázquez (2021-2023). Su tesis doctoral, "Margen y umbral. La práctica del cuaderno en María Zambrano, Carmen Martín Gaite, José Ángel Valente y Joan Margarit" (2024), propone una reflexión sobre el cuaderno como práctica de escritura y herramienta creativa. El estudio, basado en el análisis de los cuadernos manuscritos originales de estos escritores, combina el enfoque de la genética textual con el de la poética de los géneros literarios. Su investigación se centra más ampliamente en la relación entre la escritura del yo y la creación literaria.

Anna ROJAS
Anna Rojas est docteure de l'Université Paris Nanterre et maîtresse de conférences à l'Université Savoie Mont Blanc. Sa thèse, soutenue en 2021, est consacrée aux Éditions Losada, maison d'édition de l'exil républicain en Argentine. Ses travaux de recherche abordent notamment les questions d'identité dans l'exil, de résistance éditoriale et de circulation des livres. Elle coordonne le séminaire "Exils" avec ses collègues de l'unité de recherche LLSETI (Langages, Littératures, Sociétés : Études Transfrontalières et Internationales) et a également co-encadré le projet de traduction VOCES (Valorisation d'une Œuvre Censurée en Espagne) du laboratoire junior ¡Silencio! (ENS de Lyon). Ce projet a donné lieu à la publication du roman Le pénitencier d'Ocaña, traduction de l'autobiographie romancée de María josefa Canellada, aux Éditions Orbis Tertius en 2024.

Anna Rojas es doctora por la Universidad de París Nanterre y profesora titular en la Universidad de Savoie Mont Blanc. Ha defendido en 2021 una tesis doctoral dedicada a la Editorial Losada, editorial del exilio republicano en Argentina. Sus investigaciones se centran en cuestiones de identidad en el exilio, resistencia editorial y circulación de libros. Es coordinadora del seminario "Exilios", junto con otros miembros del LLSETI (Lenguajes, Literaturas, Sociedades: Estudios Transfronterizos e Internacionales), y también ha codirigido el proyecto de traducción VOCES (Valorización de una Obra Censurada en España) del grupo de investigación de doctorandos ¡Silencio! (Escuela Normal Superior de Lyon). El proyecto dio lugar a la publicación de la traducción de la novela Penal de Ocaña, de María Josefa Canellada (editorial Orbis Tertius, 2024).


Dialogues littéraires. Écrire et traduire les mémoires d'un présent désenchanté, avec Lara MORENO (écrivaine) et Carole FILLIÈRE (traductrice)
Le dialogue littéraire entre Carole Fillière et Lara Moreno, "Écrire et traduire les mémoires d'un présent désenchanté" sera l'occasion d'explorer le présent de l'Espagne et ses désenchantements selon les voies de la prose poétique et du roman tels que conçus par Lara Moreno. Il s'accompagnera de lectures performées et bilingues de certains poèmes et extraits narratifs.

El diálogo literario entre Lara Moreno y Carole Fillière, "Escribir y traducir las memorias de un presente desencantado" dará la ocasión de exploar el presente de España y sus desencantos por las vías de la prosa poética y de la novela tal y como las concibe Lara Moreno. Estará acompañado de lecturas performadas y bilingues de poemas y fragmentos narrativos.

Lara MORENO
Lara Moreno est née à Séville en 1978 et a grandi à Huelva. Elle vit à Madrid. Outre des nouvelles réunies dans différentes anthologies, elle a publié les récits Casi todas las tijeras (2004) et Cuatro veces fuego (2008), ainsi que les recueils de poésie La herida costumbre (2008), Después de la apnea (2013) et Tuve una jaula (2019). Ceux-ci sont réunis avec ses poèmes inédits dans le volume Tempestad en víspera de viernes (Lumen, 2020). En 2013, elle a reçu le prix Cosecha Eñe pour son récit "Toda una vida" et Lumen a publié son premier roman, Por si se va la luz, qui eut un accueil enthousiaste de la critique et des lecteurs. FNAC la considéra comme une des révélations de l'année. Elle publia ensuite Piel de lobo (Lumen, 2016). Son essai Deshabitar. Un recorrido por las habitaciones de la crisis inmobiliaria est paru aux éditions Destino en 2020. La ciudad, publiée chez Lumen en 2022, fut considéré par El cultural comme un des livres de l'année. En 2023 paru La Menuda, illustré par Ilu Ros, chez Páginas de Espuma. Son dernier livre, Ningún amor está vivo en el recuerdo, est un choix de récits (Lumen, 2025).

Lara Moreno nació en Sevilla en 1978 y creció en Huelva. Vive en Madrid. Además de sus cuentos recogidos en numerosas antologías, ha publicado los libros de relatos Casi todas las tijeras (2004) y Cuatro veces fuego (2008), así como los poemarios La herida costumbre (2008), Después de la apnea (2013) y Tuve una jaula (2019), que, junto con sus poemas inéditos, conforman el volumen Tempestad en víspera de viernes (Lumen, 2020). En 2013 recibió el Premio Cosecha Eñe por su relato "Toda una vida", y Lumen publicó su primera novela, Por si se va la luz, que obtuvo un importante reconocimiento por parte de la crítica y de los lectores. FNAC la incluyó entonces entre los autores revelación del año. Le siguió Piel de lobo (Lumen, 2016). En 2020, publicó en Destino el ensayo Deshabitar. Un recorrido por las habitaciones de la crisis inmobiliaria. La ciudad, publicada por Lumen en 2022, fue considerada uno de los libros del año según El Cultural. En 2023 publicó La Menuda, ilustrada por Ilu Ros, en Páginas de Espuma. Su último libro es Ningún amor está vivo en el recuerdo, una selección de relatos (Lumen, 2025).

Carole FILLIÈRE
Traductrice de romans et de poésie, Carole Fillière est MCF à Toulouse (D-TIM, UT2J). Ancienne élève de l'ENS-LSH et membre de l'EHEHI de Madrid, spécialiste de littérature espagnole et de traduction (XIXe-XXIe s.), elle dirige la revue de traductologie La Main de Thôt. Ses recherches portent sur l'esthétique ironique, les médiations culturelles, la (re)traduction, les proses poétiques. Ses derniers travaux en recherche-traduction-création s’ancrent dans une pratique réflexive de retraduction des œuvres de Federico García Lorca qui interroge les processus créatifs individuels et collaboratifs. Membre de l'ATLF et de la SFT, elle a récemment publié Une colombe si cruelle, édition bilingue d'une sélection de poèmes en prose et proses poétiques de Federico García Lorca (R. Laffont, 2024 – précédemment publié aux éditions Bruno Doucey, unilingue, en 2020) ; Poète à New York (R. Laffont, 2023), traduction avec Z. Carandell à partir de l'édition définitive du manuscrit ; Federico García Lorca, d'Ilu Ros (R. Laffont, 2023) ; ainsi que des romans traduits du catalan (Tout ce que tu devrais savoir sur moi avant de m'aimer, de G. Guix, Aux Forges de Vulcain, 2022) et du chilien (Zona Cero, de G. Villarroel, Aux Forges de Vulcain, 2024). Lauréate d'une bourse de création en 2022 de la région Occitanie, elle a traduit le recueil de poèmes en prose Tuve una jaula / J'avais une cage et le dernier roman de Lara Moreno, La ciudad / La ville.

Carole Fillière es traductora de novela y de poesía y profesora titular de la universidad de Toulouse. Antigua alumna de la Escuela Normal Superior y antiguo miembro de la Casa de Velázquez, es especialista de literatura y de traducción de los siglo XIX y XX. Dirige la revista de traductología La Main de Thôt. Sus investigqciones versan sobre la estética irónica, las mediaciones culturales, la (re)traducción, las prosas poéticas. Sus últimas investiga-tradu-creaciones se centran en una práctica reflexiva de la retraducción de las obras de Federico García Lorca, que cuestiona los procesos creativos individuales y colaborativos. Miembro de la ATLF y de la SFT, ha publicado recientemente Une colombe si cruelle, edición bilingüe de unq selección de poemas en prosa y prosas poéticas de Lorca (R. Laffont, 2024, reedición de la versión unilingüe publicada por Bruno Doucey en 2020) ; Poète à New York (R. Laffont, 2023); traducido con Zoraida Carandell a partir de la edición del manuscrito original ; Federico García Lorca, de Ilu Ros (R. Laffont, 2023) ; y dos novelas traducidas del catalán (Tout ce que tu devrais savoir sur moi avant de m'aimer, G. Guix, Aux Forges de Vulcain, 2022) y del chileno (Zona Cero, G. Villarroel, Aux Forges de Vulcain, 2024). Ganadora de una beca de creación de la región de Occitania en 2022, tradujo los poemas en prosa Tuve una jaula / J'avais une cage y la última novela de Lara Moreno, La ciudad / La ville.


BIBLIOGRAPHIE :

• ASSOUN, Paul-Laurent, Psychanalyse de la catastrophe. Enjeux anthropologiques et cliniques, Paris, PUF, 2023.
• BAUMAN, Zygmunt, Retrotopia, Cambridge/Malden, Polity Press, 2017.
• BEORLEGUI ZARRANZ, David, Transición y melancolía : la experiencia del desencanto en el País vasco (1976-1986), Madrid, Postmetropolis, 2017.
• BOYM, Svetlana, The future of nostalgia, New York, Basic Books, 2016 [2001].
• BROWN, Wendy, "Resisting Left Melancholia", dans Loss. The Politics of Mourning, David L. Eng, David Kazanjian (coord.), University of California Press, 2003, pp. 458-465.
• CADENAS CAÑÓN, Isabel, Poética de la ausencia. Formas subversivas de la memoria en la cultura visual contemporánea, Madrid, Cátedra, 2019.
• CASSIN, Barbara, Vocabulaire européen des philosophies. Dictionnaire des intraduisibles, París, Seuil/Le Robert, 2004.
• CLAVERO, Bartolomé, España, 1978. La amnesia constituyente, Madrid, Marcial Pons, 2014.
• CHAMOULEAU, Brice, "Colonialité intérieure : la temporalité messianique de la traslatio imperi franquiste", Cahiers de Civilisation Espagnole Contemporaine, 27/2021.
• CHAMOULEAU, Brice (éd.), De colonialidad. Sujetos y género en la historia contemporánea, Madrid, Postmetropolis Editorial, 2017.
• CHAMOULEAU, Brice, "Derechos humanos para el posfranquismo : lo político y la ciudadanía civil", Kamchatka. Revista de análisis cultural, Universitat de València, 15/2020, pp. 445-469.
• DELUERMOZ, Quentin, SINGARAVELOU, Pierre, Pour une histoire des possibles, Paris, Seuil, 2016.
• GUMBRECHT, Hans Ulrich, Lento presente. Sintomatología del nuevo tiempo histórico, Madrid, Escolar y Mayo, 2010.
• HARTOG, François, Régimes d'historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Seuil, 2012 [2003].
• KRISTEVA, Julia, Soleil noir : dépression et mélancolie, Paris, Gallimard, 1989.
• LEGENDRE, Pierre, Dieu au miroir. Étude sur l'institution des images, Paris, Fayard, 1994.
• LEGENDRE, Pierre (dir.), Tour du monde des concepts, Paris, Fayard/Institut des Études Avancées de Nantes, 2013.
• MEDINA, Alberto, Exorcismos de la memoria : política y poética de la melancolía en la España de la Transición, Madrid, Libertarias, 2001.
• NARDIN, Patrick, PERRET, Catherine, PHAY, Soko, SEIDERER, Anna (dir.), Archives au présent, Presses Universitaires de Vincennes, 2017.
• ROSA, Hartmut, Accélération. Une critique sociale du temps, Paris, La Découverte, 2010.
• ROUSSO, Henry, Face au passé, Paris, Belin, 2016.
• ROUSSO, Henry, La dernière catastrophe : l'histoire, le présent, le contemporain, Paris, Gallimard, 2012.
• SÁNCHEZ LEÓN, Pablo, IZQUIERDO MARTÍN, Jesús (coord.), El fin de los historiadores. Pensar históricamente en el siglo XXI, Madrid, Siglo XXI de España, 2008.
• SCAVINO Dardo, "Colonialidad del poder : una invención jurídica de la conquista", Intersticios de la política y la cultura, Universidad Nacional de Córdoba, 2016, 5 (10), p.141-178.
• TRAVERSO, Enzo, Mélancolie de gauche : la force d'une tradition cachée (XIXe-XXIe siècle), Paris, La Découverte, 2016.
• VILARÓS, Teresa, El mono del desencanto. Una crítica cultural a la transición española (1973-1993), Madrid, Siglo XXI, 2018 (1998).

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


DE LA DÉ-COÏNCIDENCE À LA "VRAIE VIE"
ROUVRIR DES POSSIBLES AVEC FRANÇOIS JULLIEN


DU SAMEDI 28 JUIN (19 H) AU VENDREDI 4 JUILLET (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


Danseurs, Kam, Zin Choon (1931-), artiste peintre singapourien
Peinture à l'encre réalisée à Paris, dans les années 1950
© Musée Cernuschi


DIRECTION :

Linda BRANCO, Esther LIN, François L'YVONNET, Nicolas SCHWALBE

En présence de François JULLIEN


ARGUMENT :

Après un premier colloque de Cerisy dédié à la pensée interculturelle de François Jullien en 2013*, ce second colloque explorera comment le concept de "dé-coïncidence" développé par le philosophe, helléniste et sinologue dans le second temps de son travail permet de rouvrir des possibles à travers une grande diversité de champs d'expérience ; dans la pensée comme dans l'existence.

Au cours de cinq journées de réflexions et d'échanges, un groupe international (France, Taïwan, Corée, États-Unis, Brésil, Maroc, Mexique) de chercheurs, de penseurs et de praticiens de différentes disciplines (philosophie, littérature, arts plastiques, cinéma, géopolitique, psychanalyse) examineront comment le concept de dé-coïncidence nous permet de repenser notre rapport à "l'inouï" de la "vraie vie", à l'écart des fausses promesses du marché du bonheur et des impasses existentielles de la "vit qui ne vit plus". Dans cette réflexion, une place centrale sera accordée aux arts, à la littérature, à la musique et au cinéma.

Le colloque abordera également la dé-coïncidence en tant que levier de transformation dans la gestion et la gouvernance institutionnelle, offrant des alternatives aux modèles établis dans le contexte managérial et éducatif. Seront aussi discutées les stratégies de résistance culturelle face à la standardisation médiatique et à l'affaiblissement des productions intellectuelles, afin de proposer un diagnostic du contemporain susceptible de "raviver de l'esprit" dans la société.

* Des possibles de la pensée. L'itinéraire philosophique de François Jullien. Colloque dirigé par Françoise Gaillard et Philippe Ratte, en présence de François Jullien, du 14 au 21 septembre (Publié par Hermann Editeurs, 2015).


MOTS-CLÉS :

Arts, Cinéma, Dé-coïncidence, Édition, Enseignement supérieur, Géopolitique, Gestion, Jullien (François), Littérature, Philosophie, Psychanalyse


CALENDRIER DÉFINITIF :

Samedi 28 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Dimanche 29 juin
DE L'ÉCART À LA DÉ-COÏNCIDENCE
Matin
Ouverture et introductions. De l'écart à la dé-coïncidence, table ronde animée par Jean-Pierre BOMPIED, Patrick HOCHART et François L'YVONNET

François JULLIEN : D'un nouveau moment de la philosophie

Après-midi
Arts, dé-coïncidence(s) et cartographies de l'extrême, table ronde animée par Laetitia PETIT [L'impératif de la "vraie" mort. À propos de l'opéra Der Kaiser von Atlantis. Oder die Tod-Verweigerung de Viktor Ullmann et Petr Kien], avec Martin MOLINA [À propos de Fernand Deligny] [visioconférence] et Nicolas SCHWALBE [Marie Depussé. Écrire (de) l'inouï, dans les marges du littoral lacanien]


Lundi 30 juin
DES CONCEPTS À VIVRE, ENFIN
Matin
Peut-on penser des concepts "de vivre" / "à vivre" ? | Animateur : Marcello GHILARDI
Pascal DAVID : Accéder à la vraie vie. Usages des concepts, ressources de la littérature

Dé-coïncidence, nature et art
Étienne KLEIN : La physique moderne ou l'art de dé-coïncider d'avec le monde

Après-midi
De l'écart à l'inouï
Françoise GAILLARD : Rupture, écart et dé-coïncidence

Inouï, littérature et arts, table ronde animée par Nicolas SCHWALBE, avec Maria Luiza BERWANGER DA SILVA [Littérature et inouï dans la production littéraire au Brésil], Chi-Ming LIN [Dé-coïncidence : d'où viennent l'art et l'existence] et McNeil TAYLOR [Les paysages inouï d’Apichatpong Weerasethakul]


Mardi 1er juillet
"DE L'ESPRIT", CONCEPT DE COMBAT
Matin
Raviver "de l'esprit" dans ce monde, ou la relève de la philosophie | Animateur : François JULLIEN
Patrick HOCHART : Une logique d'existence
Keunse LEE : Dé-coïncidence, infini, et action : François Jullien et Blondel

Après-midi
Vers une clinique "de l'esprit" ? Du concept philosophique comme outil diagnostic | Animateurs : Laetitia PETIT et Nicolas SCHWALBE
Table ronde, avec Chi-Ming LIN [Non-coïncidence et dé-coïncidence : entre Michel Foucault et François Jullien], Nathalie PLET [Les techniques corps esprits : ouverture d'un nouveau champ de recherche. Approche interculturelle du sevrage des addictions] et Francis ROUAM [Le diagnostic comme dé-coïncidence]

L'incommensurabilité de l'Esprit ou la formation de la subjectivité, dialogue entre Bernard BOURDIN et François JULLIEN | Présentation

Soirée
Cyril DESCLÉS : Théâtre et dé-coïncidence


Mercredi 2 juillet
DE-COÏNCIDER D'AVEC LES INSTITUTIONS
Matin
Dé-coïncidences, gouvernances et institutions | Animatrice : Linda BRANCO
Laurence LEMOUZY : Interroger l'éclipse du désir public pour rouvrir les possibles
Marcello GHILARDI : Inciter de l'interférence : dé-coïncider des pratiques managériales de l'éducation

Viabiliser les entreprises et dé-coïncider en management, table ronde avec Dinah LOUDA, Vincent MASCRÉ et Sybille PERSSON

Après-midi
"HORS LES MURS" — À L'IMEC (Abbaye d'Ardenne, Saint-Germain-la-Blanche-Herbe)
Visite de l'Institut Mémoires de l'édition contemporaine (IMEC) et de l'exposition "Fragments du rêve" de Claire Paulhan, avec Albert DICHY

L'édition, un terrain d'engagement pour demain ?, atelier avec François L'YVONNET et Thomas BOUT


Jeudi 3 juillet
LA DE-COÏNCIDENCE ET LES NOUVELLES FORMES D'ENGAGEMENT
Matin
Dé-coïncidences et géopolitique, table ronde animée par François JULLIEN, avec Keunse LEE, Esther LIN et Moncef MENOUNI

Maxence BRISCHOUX : Un politique peut-il être sans programme ? Les démocraties face à la crise de l'avenir

Après-midi
Intelligence artificielle et dé-coïncidence(s), table ronde avec Patrick ALBERT [Intelligence artificielle, ascenseur… : dé-coïncider du machinal], Jean-Pierre BRIOT [IA et dé-coïncidence créative] et Michèle SEBAG [Comment l'IA pourrait-elle mesurer la coïncidence ?]

Crises environnementales, blocages institutionnels et dé-coïncidence, table ronde avec Maxence BRISCHOUX, Dinah LOUDA et Stephan MARETTE

Soirée
Musique avec Nicolas SCHWALBE


Vendredi 4 juillet
REPRISE, DISCUSSION GÉNÉRALE, OUVERTURE ET PROJETS
Matin
Modérateurs : Linda BRANCO, François JULLIEN, Esther LIN et Nicolas SCHWALBE

Après-midi
DÉPARTS


PRESSE / MÉDIAS :

À propos du colloque sur François Jullien. Entretiens avec François JULLIEN, Nicolas SCHWALBE, François L'YVONNET, Pascal DAVID, Étienne KLEIN, Patrick HOCHART, Bernard BOURDIN, Marcello GHILARDI, Dinah LOUDA, Maxence BRISCHOUX, Michèle SEBAG et quelques auditeurs, réalisés par Hadrien FRÉMONT (Fondation Clarens pour l'humanisme)


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Linda BRANCO
Linda Branco est une artiste plasticienne et écrivaine. Son travail multimédia explore les thèmes du décalage et de l'inattendu, souvent dans des contextes immersifs ou conceptuels. Elle est coordinatrice de l'Association Dé-coïncidences depuis 2020.

Esther LIN
Esther Lin est chercheuse associée au Collège de France et traductrice spécialisée en littérature chinoise et interculturelle. Elle a également mené des travaux importants sur l'œuvre de Victor Segalen, avec un intérêt marqué pour les échanges littéraires entre Taiwan et la France.

François L'YVONNET
François L'Yvonnet est un philosophe et éditeur français. Il dirige la collection "Via Latina" aux éditions Albin Michel et codirige les Carnets de L'Herne. Il est le président de l'Association Dé-coïncidences depuis 2020.

Nicolas SCHWALBE
Nicolas Schwalbe, docteur en psychologie, musicien et co-coordinateur de l'Association Dé-coïncidences, vit à Paris, où il exerce en tant que psychanalyste, travaille en tant qu'enseignant, et se produit en tant que guitariste et chanteur avec le groupe de rock Happy Sundaze.


Maria Luiza BERWANGER DA SILVA : Littérature et inouï dans la production littéraire au Brésil
Tout en considérant la pensée de François Jullien articulée sous l'égide de "l'inouï", cette étude examine la fertilité de littérature et philosophie entrelacées, mettant en évidence la réouverture des possibles résultantes de cet entrelacement effectué par un champ artistique et un autre non artistique approchés. Pour ce faire, cet étude sera ancrée sur la lecture textuelle et symbolique de production littéraire très représentative de la littérature brésilienne : le livre de contes intitulé Premières Histoires du romancier João Guimarães Rosa et un ensemble de poèmes. Bien qu'ils appartiennent à des genres différents, ils convergent dans la configuration de "l'inouï" comme archive du "vivre" toujours à compléter par les effets poétiques de l'inouï tissés avec le sublime. La présente étude configurera ce processus comme efficace médiation aux réenchantements du sujet contemporain.

Maria Luiza Berwanger da Silva est professeure de Littérature Comparée au Programme de Pós-Graduação em Letras da Universidade Federal do Rio Grande do Sul où elle assure des séminaires et dirige des thèses de Maîtrise et de Doctorat. Elle est également chercheuse associée au CREPAL (Littératures Portugaise et Brésilienne) à Paris 3 – Sorbonne Nouvelle. Elle a publié plusieurs articles dans des Actes des congrès nationaux et internationaux. Elle a traduit en langue portugaise les œuvres suivantes de François Jullien : Do ser ao viver (léxico euro-chinês do pensamento) (Londrina, EDUEL, 2021) et As Transformações Silenciosas (Londrina, EDUEL, 2018).
Publications
Paisagem, entre Literatura e Filosofia, Londrina, EDUEL, 2020.
Nouvelle Cartographie Poétique du Brésil (l'ici appel de l'ailleurs), Paris, PETRA, 2017.
Poésie Brésilienne et résonances françaises, Paris, PETRA, 2015.

Pascal DAVID
Philosophe, docteur en philosophie, Pascal David enseigne à l'université catholique de Lyon (UCLy). Il est l'auteur d'une centaine d'articles, chapitres d'ouvrages collectifs et recensions consacrés à la philosophie française contemporaine et en particulier aux œuvres de Simone Weil, Michel Foucault et François Jullien. Il a publié notamment Penser la Chine, interroger la philosophie avec François Jullien (Hermann, 2016), Simone Weil, Un art de vivre par temps de catastrophe (Peuple Libre, 2020) et Ressources conceptuelles. À travers le chantier philosophique de François Jullien (avec Jean-Pierre Bompied, L'Observatoire, 2025). Il est le secrétaire de l'Association Dé-coïncidences.

Chi-Ming LIN : Non-coïncidence et dé-coïncidence : entre Michel Foucault et François Jullien
Cette étude examine la notion de "non-coïncidence" chez Michel Foucault et la met en dialogue avec le concept de "dé-coïncidence" développé par François Jullien. Dans L'Usage des plaisirs, Foucault explore la culture homosexuelle grecque antique, en particulier la tension entre le jeune garçon (éromène) et son rôle d'objet du désir, en conflit avec son futur statut d'homme libre. Cette contradiction constitue une problématique éthique centrale dans la morale grecque. Pour y répondre, Foucault analyse plusieurs solutions proposées par la culture grecque : la dénégation du plaisir, les stratégies de résistance, ou encore la transformation de l'amour en amitié vertueuse (philia). Il approfondit ensuite cette réflexion à travers les dialogues platoniciens, Le Banquet et Phèdre, où Platon opère plusieurs déplacements conceptuels permettant de dépasser la dissymétrie entre les partenaires. En substituant à l'objet du désir la quête du "beau dans sa pureté", Platon ouvre un rapport nouveau à la vérité et à soi-même, détachant ainsi la problématique de l'amour de son contexte discursif traditionnel. Enfin, l'étude interroge le lien entre la "non-coïncidence" chez Foucault et la "dé-coïncidence" chez Jullien. Tandis que Foucault met l'accent sur la discontinuité et le détachement au sein de la pensée occidentale, Jullien va plus loin en cherchant à fissurer l'héritage grec pour ouvrir de nouvelles perspectives philosophiques. Cette réflexion fait apparaître une convergence entre les deux penseurs dans leur manière d'explorer les écarts conceptuels et de remettre en question les cadres établis.

Sybille PERSSON
Le management se déploie dans toutes sortes d'organisations sur un registre de plus en plus coïncident, dans un mouvement que le philosophe du management Baptiste Rappin qualifie de cybernétique. En outre les discours s'uniformisent sous l'égide de la "bien-pensance" et les formations au management se déploient dans une même résonance aux termes de savoir, savoir faire et savoir être (softs skills) désormais colorés de "numératie" pour tous les types d'organisation. La compétence aurait-elle chassé la connaissance ? La tentation est grande alors de contre-coïncider sur un registre critique lui-même volontiers incantatoire. Alors comment dé-coïncider, sans recette, sans mode d'emploi, sans modèle, si ce n'est en investissant les situations elles-mêmes pour rouvrir des possibles comme y invite François Jullien ? L'enjeu est d'ouvrir des voies à une lecture lucide qui accepte de regarder d'où vient ce vaste mouvement pan-organisationnel initié avec la révolution industrielle, puis systématisé sous dominance anglo-saxonne, principalement aux couleurs des sciences de l'information et du comportement. Il sera alors possible d'envisager localement, spécifiquement, là où on œuvre, des leviers de dé-coïncidence comme autant d'espaces de viabilité inédits dans les entreprises.

Sybille Persson, Docteur en sciences de gestion (Université de Lorraine), habilitée à diriger des recherches (Université de Nanterre) est trésorière de l'Association Dé-coïncidences. Au cours de sa carrière en Business School, elle a publié de nombreux articles dans des revues académiques ou professionnelles pour déployer les concepts proposés par François Jullien dans le monde du management. Elle est membre associé du laboratoire CEREFIGE de l'Université de Lorraine et elle co-dirige le Groupe de recherches thématique sur l'accompagnement des managers au sein de l'AGRH.

Laetitia PETIT : L'impératif de la "vraie" mort. À propos de l'opéra Der Kaiser von Atlantis. Oder die Tod-Verweigerung de Viktor Ullmann et Petr Kien
C'est à partir du symptôme ou de ce qui résiste, autrement dit de ce qui ne "va" pas ou ne "marche" pas, que le psychanalyste s'oriente pour écouter le sujet en perte ou en panne de repères. Suivant cette même logique, c'est à partir des limites de la sublimation que l'on repèrera les coordonnées de la vie dans l'art. Ce travail s'enracine ici dans l'expérience de répression extrême au camp de Terezin, camp alibi au service de la propagande nazie et qui réunit de très nombreux artistes. L'intervention se centrera sur les musiciens qui priorisent dans leur travail de compositeur non pas un re-couvrement partiel du réel de la mort, mais un dé-couvrement à l'extrême de sa possibilité. Ce travail de la mort qui oriente leur écriture traduit une représentation possible au plus près de ce que fut cette condition extrême de survie. La sublimation atteint ici ses limites et touche au plus près la vérité de sa fonction. Dans ce contexte extrême de survie des déportés soumis au meurtre de masse, la mort a en effet disparu et il s'agit de lui redonner son pouvoir.

Laetitia Petit est maître de conférences HDR à l'université d'Aix-Marseille et membre du Laboratoire de Psychologie Clinique, de Psychopathologie et de Psychanalyse. Par ailleurs musicienne, une partie de ses travaux portent sur une critique de la sublimation en articulation avec les processus de ségrégation et de censure, dans le champ de la musique écrite. Elle se centre en particulier sur le travail de la mort à partir du répertoire composé dans les camps de concentration et de la pratique musicale dans le camp d'extermination d'Auschwitz Birkenau.

Nathalie PLET : Les techniques corps esprits : ouverture d'un nouveau champ de recherche. Approche interculturelle du sevrage des addictions
Poursuivant sa mise en regard des deux concepts fondamentaux (titre de sa thèse "Pulsion et Qi) des deux champs, psychanalyse et qigong, Nathalie Plet discutera de l'ouvert proposé par François Jullien notamment de ce qu'il perçoit dans la pensée chinoise, la polarité, a valeur de concept opératoire selon elle dans le traitement des addictions. L'auteure appuiera sa démonstration en montrant en quoi ces techniques du corps, constituent des technologies de soi, opérant un possible travail intérieur. Cette possibilité au sens de Jullien intéresse alors le processus de dés-addiction.

D'un double cursus, psychanalyse et qigong (litt.travail du souffle), Nathalie Plet, psychanalyste, docteure en psychopathologie, chercheuse (membre de l'équipe du Pr Alain Dervaux, Université Paris Saclay) introduit ces deux outils en institution. Elle est actuellement directrice scientifique du programme QICA, QIgong Craving Addiction initié à l'hôpital Pitié - Salpêtrière, soutenu par le ministère de la Santé. Auteure de plusieurs articles parus dans des revues internationales (Psychotropes 01/2020, vol.26, L'Information psychiatrique 02/2020, Empan, 2020/4 Vol.120), l'auteure montre la fonction d'auto-étayage de la pulsion par ces techniques corps esprit soit la possibilité pour les personnes "addictes" de reprendre le contrôle sur l'usage de la substance psychoactive par une prise en charge non médicamenteuse.

McNeil TAYLOR
McNeil Taylor est titulaire d'une bourse Leverhulme de début de carrière à l'université de Cambridge. Il étudie les intersections entre le cinéma français et la philosophie, avec un intérêt particulier pour les questions d'écologie, de sexualité, d'incarnation et d'affect, et de temps cinématographique. Son projet de thèse et de livre, "The Freudian Animal", examine un corpus de cinéastes du cinéma lent qui nous permettent de voir les limites fluctuantes de la figure humaine dans l'Anthropocène comme une question de sexualité. Le livre réunit la théorie non-anthropocentrique et la psychanalyse, via la lecture de Freud par Maurice Merleau-Ponty, pour proposer une nouvelle compréhension de la manière dont le cinéma engage la subjectivité désirante à une époque de remise en question sans précédent de la figure humaine. Ses recherches ont été publiées dans des revues telles que French Studies, Paragraph et Humanities, et il écrit également des critiques pour des publications telles que Notebook, Hyperallergic et Another Gaze.


L'incommensurabilité de l'Esprit ou la formation de la subjectivité, dialogue entre Bernard BOURDIN et François JULLIEN
L'Europe est historiquement et philosophiquement indissociable du déploiement de l'idée de Dieu. Ce déploiement, semble-t-il, a atteint sa fin. Soit que Dieu laisse indifférent la plupart des Européens, soit qu'il serve d'instrument de revanche d'un ordre politico-religieux. Pourtant, les deux concepts d'incommensurable et de dé-coïncidence, développés par François Jullien, ne constituent-ils -pas une autre voie pour redéployer l'idée de Dieu comme condition de possibilité d'une autre philosophie de la subjectivité? C'est sur cette question qu'il faudra s'interroger.

Bernard BOURDIN
Bernard Bourdin est Professeur de philosophie politique à l'Institut catholique de Paris ; Directeur des études doctorales et de la recherche de la Faculté des sciences sociales de l'Instityt catholique de Paris.
Derniers ouvrages parus
Le Chrétien peut-il aussi être citoyen ?, Éditions du Cerf, 2023.
Dieu et dé-coïncidence, 2025.


BIBLIOGRAPHIE :

Vivre enfin, François Jullien, Plon, 2025.
Ressources conceptuelles. À travers le chantier philosophique de François Jullien, Jean-Pierre Bompied et Pascal David, Éditions de l'Observatoire, 2025.
Rouvrir des possibles, dé-coïncidence, un art d'opérer, François Jullien, Éditions de l'Observatoire, 2023.
Raviver de l'esprit, un diagnostic du contemporain, François Jullien, Éditions de l'Observatoire, 2023.
Living wayside(s) : the Unheard Intercultural Philosophy of François Jullien, Nicolas Schwalbe, De-coincidence Press, 2023.
L'Incommensurable, l'inouï et la vraie vie, dialogue avec François Jullien (2), (coll.), Éditions Descartes et Cie, 2023.
• Pratiques de la dé-coïncidence, (coll.), sous la direction de François L'Yvonnet et Marc Guillaume, Éditions de l'Observatoire, 2023.
François Jullien, une aventure qui a dérangé la philosophie, François L'Yvonnet, Grasset, 2020.
Vivre à hauteur d'inouï, Dialogues avec François Jullien (1), (coll.), Éditions Descartes et Cie, 2020.
Penser la Chine, interroger la philosophie avec François Jullien, Pascal David, Hermann, 2016.
Des possibles de la pensée. L'itinéraire philosophique de François Jullien, (coll.), sous la direction de Françoise Gaillard et Philippe Ratte, Colloque de Cerisy (2013), Hermann Éditeurs, 2015.

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


L'ÉQUIPE DE FILM À L'ÉPREUVE DU TERRITOIRE


DU JEUDI 19 JUIN (19 H) AU MERCREDI 25 JUIN (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


Droits réservés Walter Limot. Collection Cinémathèque Française


ARGUMENT :

Qu'il s'agisse d'une fiction ou d'un documentaire, que le film soit tourné en studio ou en décors naturels, la création audiovisuelle s'inscrit toujours dans un territoire précis. Elle en exploite les ressources (économiques, techniques, humaines, environnementales) et contribue en retour à modeler son identité, voire à influencer sur son développement. En variant les échelles d'analyse, les zones géographiques et les époques, et en faisant dialoguer chercheurs et professionnels du cinéma, l'objectif de ce colloque est d'interroger la variété des interactions entre la production d'image audiovisuelles et les territoires dans lesquels elle s'inscrit.

L'objectif est d'analyser la manière dont les professionnels investissent les espaces de production à toutes les étapes du processus de création (repérages, tournage, post-production), s'adaptent aux conditions spécifiques des lieux (paysages, météo) ou mobilisent les ressources et la population locale, en portant une attention particulière au territoire normand. Il s'agira également de réfléchir à la manière dont les contraintes réglementaires, mais aussi les cultures professionnelles propres à chaque territoire, modèlent la composition et le fonctionnement de l'équipe de film. On s'intéressera enfin aux relations paradoxales entre création mondialisée et territoire : à l'heure où de plus en plus d'équipes de films se répartissent dans divers pays et continents, comment appréhender l'articulation entre territoire et création ?


MOTS-CLÉS :

Cinéma, Coopération cinématographique, Création collective, Film, Interactions créatives, Professionnels et métiers du cinéma, Territoires, Topographies


CALENDRIER DÉFINITIF :

Jeudi 19 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Vendredi 20 juin
Matin
LE TRAVAIL DU SON
Camille PIERRE : Entre territoire sonore réel, fantastique et fantasmé : étude du Règne animal (Thomas Cailley, 2023)
Stéphane TRALONGO : Les voix de l'expédition. L'enregistreur à bande magnétique en situation de mission ethnographique (Niger, 1953)

Après-midi
RÉGIONS TRANSNATIONALES
Claire ALLOUCHE : De Historias Extraordinarias (2008) à Trenque Lauquen (2022) : la provincia de Buenos Aires topofictionalisée par El Pampero Cine
Daddy DIBINGA : Tourner en extérieur : une appropriation multiscalaire des territoires par les équipes de production des Afronovelas
Eugénie ZVONKINE : Le Kirghizstan soviétique comme cas d'étude : lieu de tensions entre centre soviétique et identité nationale

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Attention fiction ! Mondes imaginaires, possibles narratifs et fictions pensantes de l’âge classique aux intelligences artificielles


Samedi 21 juin
Matin
LOCALISATION / DÉCENTRALISATION DES STUDIOS (APPROCHES HISTORIQUES)
Morgan LEFEUVRE : Marcel Pagnol : "Marseille deviendra le Hollywood français", le rêve inabouti d'un enfant d'Aubagne [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Léa CHEVALIER : S'approprier un territoire. Les architectes-décorateurs, acteurs des studios français (1944-1967)

Après-midi
PLANTER LE DÉCOR
"Des lieux qui deviennent des décors", regards croisés de Valérie NOVEL (1ère assistante en charge des repérages) et François EMMANUELLI (chef décorateur), animés par Gwenaële ROT

Olivier CAUWET : Le superviseur des effets visuels, à l'épreuve de l'équipe de film et des territoires ? | Discussion animée par Caroline RENOUARD

Soirée
"Les plateaux de tournage de Ouarzazate", animée par Gwenaële ROT


Dimanche 22 juin
Matin
CINÉMA DE POCHE
Mathieu MALLARD : Organiser, regrouper, polariser. Tracer l'impossible frontière du "genba" dans l'industrie de l'animation japonaise (1956-1973)
Bérénice BONHOMME : Micro-histoire d'un territoire : le studio "Perseprod" à la loupe
Marie PRUVOST-DELASPRE : Cartographie du studio de poche : le travail à domicile dans la production animée française des années 1970

Après-midi
INTERNATIONAL
Réjane HAMUS-VALLÉE : L'Europe, un territoire pour les effets visuels ? Étude de la répartition territoriale des studios VFX européens
Katalin PÓR : Des regroupements périphériques : le salon de Salon Viertel et les projets de films antinazis
Nedjma MOUSSAOUI : Anatole Litvak (1902-1974), cinéaste caméléon ?

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Attention fiction ! Mondes imaginaires, possibles narratifs et fictions pensantes de l’âge classique aux intelligences artificielles


Lundi 23 juin
"HORS LES MURS" — JOURNÉE AUTOUR DE CHERBOURG-EN-COTENTIN
- 10h : Visite du Hangar à Dirigeables (Écausseville)
- 11h30 : Visite de L'Autre Lieu - Espace René Le Bas (Cherbourg-en-Cotentin), puis déjeuner
- 14h : Visite de la ville de Cherbourg-en-Cotentin avec Léa CHEVALIER, autour de Bernard Evein et Jacques Demy
- 16h : Visite de La Cité de la Mer (Cherbourg-en-Cotentin)

Soirée
Yves BOURGEOIS : Quand le territoire du tournage devient une menace !


Mardi 24 juin
Matin
DÉCOR NATUREL
Camille GENDRAULT : Le cinéma français à la rencontre des petites villes : fictions et réel local en Fumélois
Nathalie SEVERIN-FEBVRE : Que font les séries quotidiennes aux territoires ? L'Occitanie "studio à ciel ouvert". Du décor à l'espace de négociation

Après-midi
NORMANDIE
Gwenaële ROT : Le Havre ville-décor pour La fée (2011)

Tourner en Normandie, table ronde avec avec Cécile JODLOWSKI-PERRA (Normandie Images) et de Steven JOUANNE (repéreur)

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : Attention fiction ! Mondes imaginaires, possibles narratifs et fictions pensantes de l’âge classique aux intelligences artificielles


Mercredi 25 juin
Matin
Yves BOURGEOIS : Les grands défis du territoire : François Bel ou la nature filmée sans compromis

Conclusions du colloque

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Bérénice BONHOMME : Micro-histoire d'un territoire : le studio "Perseprod" à la loupe
Une des conditions de Marjane Satrapi, pour coréaliser le film d'animation Persepolis et accepter l'adaptation au cinéma de sa bande dessinée, était que l'ensemble du film soit fabriqué à Paris. Cette contrainte spatiale a eu de nombreuses conséquences tout au long de la production, en particulier l'installation d'un studio d'animation 51 rue du Faubourg Saint Denis qui rassemblait plus de 80 personnes. À partir des archives de fabrication du film et des entretiens réalisés avec les membres de l'équipe, je tenterai de mettre en évidence les dynamiques spatiales à l'œuvre dans un studio d'animation, et leur lien avec le processus de création comme avec le travail en équipe. Cette communication proposera également une approche réflexive, afin montrer comment il est possible d'interroger un fonds documentaire autour de la question du territoire.

Bérénice Bonhomme est professeure en études cinématographiques à l'université Bordeaux Montaigne. Elle est membre junior de l'Institut universitaire de France et fait partie du laboratoire de recherche Artes. Elle travaille sur les thématiques suivantes : image et imaginaire ; la technique cinématographique dans son rapport à la création ; la question de l'équipe de film. Elle coordonne avec Katalin Pór un programme de recherche sur l'équipe de film intitulé "Création Collective au Cinéma".

Morgan LEFEUVRE : Marcel Pagnol : "Marseille deviendra le Hollywood français", le rêve inabouti d'un enfant d'Aubagne
Marcel Pagnol est sans aucun doute l'un des cinéastes français les plus étroitement associés dans notre imaginaire collectif à un territoire précis : Marseille et la Provence. Si à la fin des années 1910 le jeune Marcel ne rêve que de Paris où il fera ses débuts au cinéma en 1931, c'est finalement en implantant sa production à Marseille à partir de 1934 et en s'entourant d'acteurs et de collaborateurs originaires de la région, qu'il accède au rang de réalisateur mondialement connu. Dans un secteur aussi centralisé que l'industrie cinématographique française des années 1930 et 1940, comment Pagnol est-il parvenu à implanter et faire perdurer une activité de production dans une région si éloignée de Paris et sans tradition cinématographique préexistante ? En s'appuyant notamment sur les archives personnelles de Pagnol, on s'interrogera sur les difficultés et les contradictions d'un réalisateur qui oscille entre désir d'indépendance et rêves de grandeur.

Morgan Lefeuvre est chercheuse indépendante. Elle a récemment publié Les Manufactures de nos rêves. Histoire des studios de cinéma français des années 1930 (PUR, 2021) ainsi que divers articles sur les coopérations franco-italiennes des années 1930-1960. Membre du projet STUDIOTEC à la Queen Mary University, elle enseigne également au sein du master Réseau cinéma de l'université de Lausanne. Ses travaux actuels portent notamment sur la carrière cinématographique de Marcel Pagnol.

Katalin PÓR : Des regroupements périphériques : le salon de Salon Viertel et les projets de films antinazis
Salons mondains, associations diverses, cantines ou restaurants… Entre remobilisation de sociabilités préexistantes et avènement de nouvelles solidarités, les espaces périphériques aux studios offrent aux émigrés européens des lieux de rencontres qui débordent les simples regroupements par nationalités, et recoupent bien souvent des affinités politiques. Quels rôles jouent les interactions qui s'y déroulent dans la constitution de liens professionnels ? Dans quelle mesure ces espaces, qui articulent interactions professionnelles, amicales et politiques, sont-ils susceptibles de favoriser l'émergence de projets reflétant les préoccupations spécifiques de ces populations ? À travers quelques études de cas, on essaiera de montrer comment ces espaces informels participent aux dynamiques créatives, inscrivant la genèse des projets dans une géographie sud-californienne qui déborde les seuls espaces formalisés des studios.

Katalin Pór est professeure en études cinématographiques à l'université Paris 8 et membre de l'Institut universitaire de France. Elle a récemment publié Lubitsch à Hollywood. L'exercice du pouvoir créatif dans les studios (2021) et codirigé, avec Caroline Renouard, L'équipe de film au travail. Coopérations artistiques et cadres industriels (2023). Elle coordonne, avec Bérénice Bonhomme, le réseau de recherche Création Collective au Cinéma, et est également présidente de l'Association Française de Recherche sur l'Histoire du Cinéma. Ses travaux actuels portent sur la place des réseaux transnationaux dans la politisation du champ hollywoodien dans les années 1930 et 1940.

Caroline RENOUARD
Caroline Renouard est MCF à l'université de Lorraine, au sein du CREAT – Centre de Recherche sur les Expertises, les Arts et les Transitions. Avec Réjane Hamus-Vallée, elle a codirigé le n°155 de CinémAction "Les métiers du cinéma à l'ère du numérique" (mai 2015), publié Superviseur des effets visuels pour le cinéma (Eyrolles, 2015) et Les Effets spéciaux au cinéma, 120 ans de création en France et dans le monde (Armand Colin, 2018) et, avec la codirection de Giusy Pisano, Truquer, Créer, Innover. Les effets spéciaux en France (PUS, 2024). Avec Katalin Pór, elle a codirigé l'ouvrage L'Équipe de film au travail. Créations artistiques et cadres industriels (éd. AFRHC, 2022).

Gwenaële ROT : Le Havre ville-décor pour La fée (2011)
Le Havre, ville de la reconstruction, labellisée "Unesco" est un personnage à part entière du film La fée tourné par un trio de cinéastes. Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy y ont trouvé une palette de décors inspirants pour nourrir leur scénario et tourner leur film. À partir d'une enquête menée auprès des principaux membres de l'équipe du film et l'exploitation des archives confiées par le chef décorateur Nicolas Girault, nous examinerons comment une équipe de film s'est appropriée Le Havre. Alors qu'il est courant d'opposer tournages en décors naturels et tournages en studio, comme deux modalités de production antithétiques, le choix et la fabrique des décors de La fée montre à quel point cette distinction est peu opérante pour rendre justice à la manière dont des cinéastes et leur équipe de décoration et de lumière s'emparent d'une ville comme matériau de mise en scène.

Gwenaële Rot est professeure des universités à l'nstitut d'études politiques de Paris, chercheuse au Centre de sociologie des organisations (CSO/CNRS). Sociologue du travail des mondes industriels et artistique, elle publié notamment Planter le décor. Une sociologie des tournages, Paris, Presses de Sciences Po, 2019 ; Travailler aux chantiers (dir.) Paris, Hermann, 2023 ; Le poème mécanique de Raymond Gosselin. L'art en mouvement dans le second XXe siècle (avec François Vatin), Trouville, Illustria, 2024 (sous presse).


Claire ALLOUCHE : De Historias Extraordinarias (2008) à Trenque Lauquen (2022) : la provincia de Buenos Aires topofictionalisée par El Pampero Cine
El Pampero Cine, quatuor de cinéastes argentins qui travaille sur le modèle d'une coopérative artistique, a tourné une dizaine de fictions dans la provincia de Buenos Aires depuis le début des années 2000. Nous nous proposons d'étudier ici la méthode de "topofictionalisation" propre à El Pampero Cine, c'est-à-dire le processus de création cinématographique de la fiction ancré en un territoire spécifique. Nous privilégierons une approche géocritique et comparative en nous focalisant sur l'articulation entre forme de production et forme filmique dans deux très longs métrages significatifs, Historias Extraordinarias (2008) réalisé par Mariano Llinás et Trenque Lauquen (2022) réalisé par Laura Citarella.

Yves BOURGEOIS : Quand le territoire du tournage devient une menace !
Comment capter l'essence et les réalités d'une population au sein d'environnements extrêmes ? Deux aventures documentaires témoignent des nombreux défis qu'engendre parfois le territoire du tournage, susceptible entre autres de fragiliser l'accès à l'authenticité des acteurs, ou de mettre en péril la qualité de l'image. Deux univers opposés, l'un nous immerge dans les coursives du Porte-avions Charles de Gaulle où vivent à huis clos 2500 personnes durant l'une des missions de combat réel de l'OTAN, au large de l'océan Indien. L'autre nous embarque dans le sillage de la tragique Expédition Lapérouse disparue mystérieusement en 1788 dans les récifs d'une île perdue du pacifique Sud. L'enjeu de cette communication est de questionner les problématiques des processus créatifs et les tours de force de la mise en scène pour s'adapter aux limites physiques et humaines du tournage. En analysant les choix opérés parmi les différentes configurations techniques et narratives, il s'agit de comprendre comment chaque lieu impose ses propres lois à l'équipe de film, mais aussi ses secrets et ses coins obscurs, parfois difficiles à "mettre au jour", au propre comme au figuré.

Yves BOURGEOIS : Les grands défis du territoire : François Bel ou la nature filmée sans compromis
François Bel et Gérard Vienne resteront à jamais deux noms que le monde du cinéma animalier ne peut oublier. Au-delà d'avoir surmonté pour la première fois les nombreux défis techniques les plus difficiles et les plus périlleux pour filmer le monde animal et ses secrets, ils ont aussi bouleversé les règles du scénario de ce genre documentaire. Une écriture visuelle radicale en 35mm full frame, une prise de son en stéréo utilisant des micros conçus pour les bruits de la nature et capables d'emporter le spectateur au cœur de la réalité, une musique électro-acoustique écrite et composée à partir des sons capturés et aucun commentaire. Contre tout anthropomorphisme, François Bel défend une esthétique prônant la pureté des images et des sons, au service de la complexité de la nature sauvage et sa faune non domestiquée. Sept ans de tournage pour Le Territoire des autres ; deux ans, notamment de nuit, pour La Griffe et la Dent ; cinq ans pour L'Arche et les Déluges, exploitant des espaces souvent inaccessibles, tout en confrontant l'équipe du tournage aux limites imposées par le territoire lui-même. Avec des caméras et des optiques modifiés, des accessoires de tournages inventés pour répondre aux exigences de sa vision, François Bel a ainsi repoussé les frontières techniques, artistiques et narratives du cinéma animalier, interrogeant sans cesse les multiples dimensions de la nature, et traitant les paysages et le monde animal, sous tous les plans, comme des acteurs sans compromis.

Olivier CAUWET : Le superviseur des effets visuels, à l'épreuve de l'équipe de film et des territoires ?
À travers cette discussion, Olivier Cauwet, superviseur des effets visuels, explorera comment les VFX transforment des lieux de tournage et redéfinissent les rapports au[x] territoire[s] et à l'équipe de film. Il reviendra sur les procédés par lesquels les artistes VFX participent à créer des espaces et des décors à la fois authentiques et fictionnels, adaptés aux besoins scénaristiques et aux contraintes topographiques et météorologiques. Par ailleurs, comment la dimension mondialisée des VFX, dont le recours généralisé façonne de nouvelles géographies, contribue-t-elle à l'interaction créative et symbolique entre territoire et cinéma ? Olivier Cauwet abordera aussi la place du superviseur VFX au sein de l'équipe de film et des différents lieux de fabrication d'un film (préproduction, plateau de tournage et postproduction). Comment mobiliser pour chacun de ces cadres des collaborations techniques et artistiques étroites et des modalités de communication spécifiques (en présence et à distance), sans empiéter sur le "territoire" (symbolique) des autres membres de l'équipe ?

Léa CHEVALIER : S'approprier un territoire. Les architectes-décorateurs, acteurs des studios français (1944-1967)
Je souhaiterais observer la place et le rôle des architectes-décorateurs français au sein des studios entre les années 1940 et 1960. Intimement liés à ces espaces de tournage dans lesquels ils sont formés et où leur pratique s'affirme, les architectes-décorateurs sont perçus par l'industrie du cinéma comme les garants du bon entretien et développement de ces lieux. Au regard des missions de la Commission Studio-Décors, dont les comptes rendus des réunions sont préservés à la Cinémathèque française dans le fonds Lucien Aguettand, il s'agira de questionner l'appropriation matérielle, décisionnelle et affective de ces lieux d'identité et de mémoire collective par les architectes-décorateurs. Dans quelle mesure pourrions-nous considérer ces derniers comme les principaux acteurs des studios français ?

Daddy DIBINGA : Tourner en extérieur : une appropriation multiscalaire des territoires par les équipes de production des Afronovelas
Depuis une dizaine d'années, les Afronovelas, soaps ivoiriennes et sénégalaises, sont en plein essor. Faute d'infrastructures de tournage, notamment de studios de production, les tournages ont lieu en décors naturels. Sur la base d'une enquête ethnographique, réalisée à Dakar et Abidjan entre 2022-2024, nous avons analysé la relation des équipes de film aux territoires en suivant au plus près repéreurs, décorateurs, réalisateurs et producteurs. Pour faire face aux contingences en termes de lumière, de bruits, d'accessibilité et de vacances légales, la comparaison de plusieurs boîtes de production, aux budgets et rythmes de production différenciés, révèle des stratégies se déployant à diverses échelles : des tournages concentrés au niveau d'un quartier pour une réplication mimétique du territoire ; des tournages distribués au niveau de la ville, reliant ponctuellement des lieux emblématiques ; ou encore des tournages déployés au niveau de la région, construisant des villes imaginaires par la mise en relation translocale de contrées séparées et lointaines.

Camille GENDRAULT : Le cinéma français à la rencontre des petites villes : fictions et réel local en Fumélois
Cartographier les lieux de tournage des longs-métrages de fiction en Nouvelle-Aquitaine amène à constater combien les villes petites et moyennes sont peu filmées, et d'autant plus invisibilisées que le contexte du récit est alors souvent celui d'une ville "de province" présentée de façon générique. Dans quelques cas interviennent toutefois des traits plus spécifiquement locaux. Cette communication vise à analyser, à partir de deux d'entre eux — Mercenaire (Sacha Wolff, 2016), En Guerre (Stéphane Brizé, 2018) — et des données du bureau d'accueil des tournages du Lot-et-Garonne, les modalités et temporalités, dans l'économie d'un tournage, de cet apprentissage d'un territoire dont certains films témoignent. Elle cherchera de plus à en estimer les effets sur un temps plus long : observe-t-on un retour sur les lieux dans les filmographies des réalisateurs et/ou d'une partie des équipes ?

Réjane HAMUS-VALLÉE : L'Europe, un territoire pour les effets visuels ? Étude de la répartition territoriale des studios VFX européens
Depuis les années 1980, les effets visuels se déploient au sein de studios dédiés, à travers quelques pionniers épars, bientôt rejoints par de nombreux concurrents encouragés par la multiplication des outils numériques. Cette communication se demandera donc comment ces studios VFX se sont implantés en Europe, dans quels territoires, avec quelles configurations. Quels modèles se sont développés, entre le cluster centralisé, type Londres et Paris, et une forte décentralisation, comme par exemple en Allemagne ? En quoi ces implantations dépendent-elles d'aides politiques / économiques, d'enjeux techniques (comment les outils post covid ont-ils modifié en profondeur les conditions de travail, les possibilités et les envies de délocalisation) et de questionnements esthétiques (ces territoires géographiques recouvrent-ils des territoires symboliques, avec des effets spécifiques, pour une cinématographie spécifique) ?

Mathieu MALLARD : Organiser, regrouper, polariser. Tracer l'impossible frontière du "genba" dans l'industrie de l'animation japonaise (1956-1973)
Sur la base d'une étude de discours et de mémoires d'employés de l'industrie de l'animation japonaise, nous aurons pour objectif d'interroger la notion de "genba" (現場), à partir de l'analyse de deux studios cibles (Tôei Dôga, 1956-1972, et Mushi Pro, 1962-1973). Traduisible comme "lieu", "site", cette notion est employée par les anciens employés de l'industrie pour désigner le site de production de l'animation, où le travail d'animation s'effectue avec ses pairs. Pourtant, les contours de ce "genba" sont plus que flous : s'agit-il du studio compris comme entreprise ? Du bâtiment où s'organise la production ? Il s'agira d'interroger les modalités de constitution de cet espace social imaginaire — et donc, d'explorer les dynamiques de pouvoir qui façonnent cette frontière entre la communauté de ceux qui sont au cœur de la production, et ceux qui en sont exclus.

Nedjma MOUSSAOUI : Anatole Litvak (1902-1974), cinéaste caméléon ?
Ses facultés d'adaptation exceptionnelles, liées à ses capacités linguistiques, ont vraisemblablement permis à Litvak de se fondre dans les différents pays et milieux cinématographiques qu'il a traversés en qualité de double exilé russo-germanique, mais ont sans doute participé à le maintenir dans l'ombre malgré ses succès. Revenir sur sa trajectoire conduit à s'interroger sur les raisons et les modalités de son intégration plus rapide et plus précoce que d'autres à de nouveaux espaces professionnels. L'articulation entre les dimensions biographiques et professionnelle mérite d'être explorée. Sa carrière internationale révèle un rapport différencié aux divers territoires investis. Un attachement durable à la France, et sans doute plus particulièrement à Paris et à la côte d'Azur, se dessine à travers son œuvre et dans sa vie.

Camille PIERRE : Entre territoire sonore réel, fantastique et fantasmé : étude du Règne animal (Thomas Cailley, 2023)
Le second long-métrage de Thomas Cailley, Le Règne animal (2023) est un film de science-fiction qui raconte, dans un futur proche, la vague de mutations qui transforme les humains en créatures animales. Étudier cette œuvre à travers le prisme du son nous permettra d'investiguer le lien entre le choix d'un territoire particulier et le rendu sonore de ce lieu au sein de la fiction. Michel Chion emploie le terme "son-territoire" pour décrire une ambiance identifiant un espace. Le film prend place en Nouvelle Aquitaine, majoritairement dans le parc naturel régional des Landes de Gascogne et en vallée du Lot. Pour son premier film, Les Combattants (2014), le réalisateur exprimait déjà son attachement à la région. Nous nous demanderons comment le territoire sonore s'est transformé au fil de ses passages entre le tournage et la post-production ? Comment cela s'est-il organisé ? La fabrication du film ayant été marqué par des incendies de grande envergure, nous interrogerons également la réaction de l'équipe face à ces imprévus.

Marie PRUVOST-DELASPRE : Cartographie du studio de poche : le travail à domicile dans la production animée française des années 1970
Le travail à domicile représente une modalité d'exercice professionnel de l'animation si prégnante en France dans les années 1970 qu'elle devient un sujet de débat au sein de la section animation du Syndicat des Techniciens de la Production de Cinéma et de Télévision. À partir des archives du syndicat et d'entretiens, nous tenterons de mettre en valeur les principaux enjeux de cette pratique, pour dessiner une forme de cartographie de ces studios de poche dans leur matérialité et leurs relations avec les espaces de production institués. L'hypothèse centrale renvoie à la circulation des travailleurs et des objets propres à leur activité, déplacements géographiques dont on cherchera à montrer qu'ils tracent une dynamique de rapports de force entre l'espace légitime du studio et des contextes plus instables ou précaires d'activité salariée, mais aussi entre les professionnels de l'animation eux-mêmes.

Nathalie SEVERIN-FEBVRE : Que font les séries quotidiennes aux territoires ? L'Occitanie "studio à ciel ouvert". Du décor à l'espace de négociation
Les séries quotidiennes transforment les territoires en plateaux de tournage avec une organisation industrielle et un rythme soutenu. En s'appuyant sur deux exemples concrets et d'échelle différente, Un Si Grand Soleil à Montpellier et Ici Tout Commence à Saint-Laurent d'Aigouze, cette étude analyse comment ces productions reconstruisent les espaces qu'elles investissent. Les tournages en décors naturels, bien qu'exigeants en termes de logistique et de négociation avec les acteurs locaux, offrent de multiples avantages. Notamment, ils valorisent les territoires, développent le tourisme et l'emploi. Cependant, ces interactions complexes nécessitent une gestion fine afin d'éviter les frictions et de garantir une cohabitation harmonieuse entre les équipes de production, les habitants et les institutions. Les séries quotidiennes apparaissent ainsi comme de véritables acteurs du développement territorial, à condition de mettre en place des dispositifs de médiation et de concertation adaptés.

Nathalie Severin-Febvre est doctorante en Sciences de l'Information et de la Communication à l'université Montpellier Paul-Valéry et rattachée au laboratoire LERASS. Elle a démarré en octobre 2022 une thèse cofinancée par la Région Occitanie "Une Si Belle Région : la mise en fiction et la mise en tourisme des territoires d'Occitanie par les séries audiovisuelles". Son objet de recherche concerne le rapport entre l'implantation de productions de séries télévisées et la construction des territoires dans une approche communicationnelle. Il s'agit d'étudier les relations et interactions qui favorisent le développement d'une filière audiovisuelle, notamment les relations entre les productions des séries télévisées et les collectivités.

Stéphane TRALONGO : Les voix de l'expédition. L'enregistreur à bande magnétique en situation de mission ethnographique (Niger, 1953)
Lorsque le cinéaste suisse Henry Brandt se rend au Niger pour y tourner un film ethnographique en 1953, il entend être le premier à ramener des images de ce territoire et des Wodaabe qui l'habitent, mais aussi le premier à collecter les sons associés à ces images. Emblématique du cinéma expéditionnel de cette période, le film auquel il aboutit, Les Nomades du soleil (1954), est pris dans une double mythologie : s'il déploie la figure fantasmatique du cinéaste-explorateur œuvrant en solitaire dans une lutte contre les éléments, il participe aussi de la mythologie technique d'une machine, celle du magnétophone autonome Nagra fonctionnant dans toutes les conditions climatiques. Grâce à la redécouverte récente des bandes magnétiques réalisées in situ par Brandt, cette recherche propose de repartir de la matière sonore pour interroger le geste de captation du cinéaste sur ce territoire colonisé, mais aussi son pendant, le geste de restitution des sons, central au dispositif de tournage qu'il met en place.

Eugénie ZVONKINE : Le Kirghizstan soviétique comme cas d'étude : lieu de tensions entre centre soviétique et identité nationale
Durant les années 1950 et 1960, il est fréquent que des cinéastes venus de Russie soviétique ou bien tout juste diplômés du VGIK viennent travailler en Asie centrale. Deux cas sont particulièrement intéressants à envisager dans notre étude : Chaleur torride (Znoï, 1963) de Larissa Chepitko, ukrainienne, et Premier maître (Pervyi outchitel, 1965) d'Andreï Kontchalovski, russe, sont deux films de fin d'étude du VGIK tournés à Kirghizfilm. Tous deux sont des adaptations par des cinéastes venus d'ailleurs du grand écrivain kirghize, Tchinguiz Aïtmatov. L'étude des sténogrammes des discussions dans le studio, ainsi que des témoignages de collaboration, et des systèmes esthétiques des films, nous permettront d'envisager la manière dont se jouent les relations interprofessionnelles au sein de ces équipes multinationales et la manière dont on perçoit ces œuvres au Kirghizstan.


BIBLIOGRAPHIE :

• Bérénice Bonhomme, Simon Daniellou & Priska Morrissey (dir.), Penser la photographie, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2025.
• Patricia Caillé, Olivier Thévenin & Benjamin Thomas (dir.), "Le cinéma européen", Mise au point, n°13, 2020.
• Réjane Hamus-Vallée (dir.), Parcours "Les métiers du décors", Technès, encyclopédie raisonnée des techniques du cinéma, 2022.
• Réjane Hamus-Vallée, Giusy Pisano & Caroline Renouard (dir.), Truquer, créer, innover : les effets spéciaux français, Le Septentrion, Lille, 2024.
• Morgan Lefeuvre, Les manufactures de nos rêves. Les studios de cinéma français des années 30, Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2021.
• Katalin Pór & Caroline Renouard (dir.), avec la collaboration de Mélisande Leventopoulos, L'Équipe de film au travail : créations artistiques et cadres industriels, AFRHC, Paris, 2023.
• Gwénaële Rot & Laure de Verdalle (dir.), Le cinéma : travail et organisation, La Dispute, Paris, 2013.
• Gwénaële Rot, Planter le décor. Une sociologie des tournages, Presses de Sciences Po, Paris, 2019.


PARTENARIATS :

Normandie Images
Région Normandie


SOUTIENS :

• Institut universitaire de France (IUF)
ARTES (UR 24141) | Université Bordeaux Montaigne
• Laboratoire de recherche "Esthétique, sciences et technologies du cinéma et de l'audiovisuel" (ESTCA, EA 2302) | Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis
• Centre de sociologie des organisations (CSO, UMR 7116) | CNRS / Sciences Po
• Centre de recherche sur les expertises, les arts et les transitions (CREAT) | Université de Lorraine

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


ATTENTION FICTION !

MONDES IMAGINAIRES, POSSIBLES NARRATIFS ET FICTIONS PENSANTES
DE L'ÂGE CLASSIQUE AUX INTELLIGENCES ARTIFICIELLES


DU JEUDI 19 JUIN (19 H) AU MERCREDI 25 JUIN (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


D'après Orson Welles, Don Quijote, 1955-1972,
inachevé, sortie posthume en 1992


DIRECTION :

Françoise LAVOCAT, Franck SALAÜN


COMITÉ D'ORGANISATION :

Nathalie KREMER, Anthony MANGEON, Pascal NOUVEL


ARGUMENT :

Longtemps considérée comme contraire au savoir et à l'utile, trompeuse, corruptrice, la fiction a largement pris sa revanche. On lui prête aujourd'hui d'innombrables vertus (pour l'éducation de l'enfant à la sociabilité, pour le développement de l'empathie chez l'individu, pour le soin et même pour la préservation de l'espèce), tant et si bien que la frontière entre le fictif et le réel peut parfois sembler disparaître. Elle dirait aussi bien ou mieux la réalité que le récit historique, elle permettrait au lecteur de développer son sens moral ou d'accéder à la complexité du réel en le plongeant dans des expériences de pensée ou des études de cas.

Ce colloque réunira des écrivains, des universitaires et des comédiens dans le but de dresser un état des lieux des théories et des usages de la fiction, en explorant notamment les oppositions traditionnelles ou plus récentes, les frontières et les intersections. On s'interrogera collectivement sur ce retour en grâce et les éventuels malentendus qu'il pourrait cacher, mais surtout sur la nature de la fiction, ses présupposés anthropologiques et ses multiples potentialités. Les conférences, tables rondes, ateliers et spectacles permettront en particulier d'explorer les mondes imaginaires, les possibles narratifs et les fictions pensantes.


MOTS-CLÉS :

Éducation, Fake news, Fiction, Fictionnalité, Imagination, Intelligence artificielle, Philosophie, Réalité, Récit, Référentialité, Roman, Story-telling, Théâtre, Théorie littéraire


CALENDRIER DÉFINITIF :

Jeudi 19 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Vendredi 20 juin
USAGES ET FRONTIÈRES DE LA FICTION DU XVIe SIÈCLE À AUJOURD'HUI
Matin
Françoise LAVOCAT, Pascal NOUVEL & Franck SALAÜN : Introduction

Franck SALÄUN : Usages et frontières de la fiction du XVIe siècle à aujourd'hui

Après-midi
Présentation de la Société internationale des recherches sur la fiction et la fictionnalité (SIRFF)

Charlotte KRAUSS : Les Cités obscures de Schuiten et Peeters comme fictions pensantes

Les dangers de la fiction, atelier animé par Luca PENGE

Soirée
Linda GIL : Cunégonde ou Voltaire contre ses interprètes [conférence interactive]


Samedi 21 juin
Matin
TÉMOIGNAGE ET FICTION
Dominique MEMMI : Vers une vengeance des femmes ? Fictions et sciences sociales
Aude DÉRUELLE : Le désir de roman des historiens [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Après-midi
L'UNIVERS DU ROMAN SANS FICTION. AUTOUR DU TRAVAIL DE PATRICK DEVILLE
Table ronde et lectures, avec Patrick DEVILLE, Linda GIL, Françoise LAVOCAT et Franck SALAÜN

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : L'équipe de film à l'épreuve du territoire


Dimanche 22 juin
Matin
PENSER DANS ET PAR LA FICTION
Anthony MANGEON : Fictions primates : quand les singes parlent [visioconférence]
Ridha BOULAÂBI : Mise en fiction des enjeux postcoloniaux

Après-midi
ESPACES FICTIONNELS
Franck SALÄUN : À propos de Diderot, avec Michel TOMAN

À propos de La Blessure et la Soif, avec Pascal NOUVEL, Laurence PLAZENET et Catherine SCHAUB

Soirée
La Blessure et la Soif, lecture par Cassandre VITTU DE KERRAOUL


Lundi 23 juin
Matin
ARBITRAIRE DU TEXTE ET VÉRITÉ DE LA FICTION
Franc SCHUEREWEGEN : Attention fiction d'auteur (à propos d'un problème qui n'est pas réglé)
Sjef HOUPPERMANS : Impressions d'Afrique de Raymond Roussel
Répondante : Camille BORTIER

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
En commun avec le colloque en parallèle : L'équipe de film à l'épreuve du territoire


Mardi 24 juin
Matin
LES ENJEUX DU RÉCIT
Colas DUFLO : Le "roman politique" au XVIIIe siècle ou la philosophie politique par fiction
Pascal NOUVEL : Histoire, politique et puissance du narratif

Après-midi
Présentation de mise en voix de contes, écrits par les élèves de 6ème du collège Anne Heurgon-Desjardins de Cerisy-la-Salle

FAÇONS DE REPRÉSENTER
Ivan JABLONKA : Représenter le féminicide avec des fictions
Nathalie KREMER & le ZufallKollektiv : Mettre en scène le Pygmalion de Rousseau

Soirée
Pygmalion de Rousseau, spectacle par le ZufallKollektiv (Suisse) : Dominique BOURQUIN, Joséphine DE WECK, Simon LAMBELET, Nicolas MÜLLER et Michel TOMAN


Mercredi 25 juin
Matin
MYSTIFICATIONS, SAVOIRS, DROITS : L'AVENIR DE LA FICTION
Franck SALAÜN : Conclusions

Rapports d'étonnement des doctorants, par Julia DE IPOLA, Vittoria DELL'AIRA, Mathilde MAUDET, Salomé PASTOR et Luca PENGE

Après-midi
DÉPARTS


VIDÉOS RÉALISÉES PAR FRANCE MANHES — INIT - Éditions - Productions :


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Ridha BOULAÂBI : Mise en fiction des enjeux postcoloniaux
À partir de la littérature francophone maghrébine du XXIe siècle, cette communication s'attache à retracer les contours d'un discours postcolonial romanesque, narratif et fictionnel. Il s'agit de montrer comment les formes littéraires mettent à l'épreuve le canon culturel aussi bien occidental qu'oriental et les théories postcoloniales elles-mêmes. Paradoxalement, cette appropriation littéraire des savoirs contemporains se caractérise par un retour à la fois critique et bienveillant des différents orientalismes. On prendra comme exemple de fiction pensante Le Silence de Mahomet, roman de Salim Bachi (Gallimard, 2008) qui met le récit au service d'une confrontation du discours religieux et du discours littéraire.

Ridha Boulaâbi est professeur de littératures francophones à l'université de Paris Nanterre. Il est co-directeur de l'équipe de l'Observatoire des Écritures Contemporaines (laboratoire CSLF). Ses recherches traitent des transferts linguistiques et culturels entre l'Orient et l'Occident dans les littératures contemporaines du monde arabe. Il est notamment l'auteur de : L'Orient des langues au XXe siècle : Aragon, Ollier, Barthes, Macé (Éditions Geuthner, 2011), Nedjma de Kateb Yacine (Champion, coll. "Entre les lignes/littératures Sud", 2015) et Orientalism Writes Back. Quand la littérature francophone du Maghreb met en fiction la pensée postcoloniale (Éditions Geuthner, 2024). Il a par ailleurs dirigé aux Éditions Geuthner les collectifs : Les Orientaux face aux orientalismes (2013) et Voix d'Orient – Mélanges offerts à Daniel Lançon (2019).

Aude DÉRUELLE : Le désir de roman des historiens
Un désir de roman s'observe chez les historiens et historiennes actuels : il se manifeste à la fois par l'envie de lire, critiquer, utiliser les romans, et par la tentation de s'adonner à ce genre comme expérience littéraire proprement dite — avec des glissements de la critique à la pratique. On se propose ici d'en dégager le contexte et d'en explorer les modalités.

Aude Déruelle est professeure de littérature française du XIXe siècle à l'université d'Orléans. Elle travaille sur la représentation de l'histoire dans le roman et l'historiographie, a par exemple codirigé avec Jean-Marie Roulin Les Romans de la Révolution (1790-1912) (Armand Colin), et a édité les œuvres d'Augustin Thierry (Bouquins, 2025).

Colas DUFLO : Le "roman politique" au XVIIIe siècle ou la philosophie politique par fiction
Des Aventures de Télémaque de Fénelon (1699) jusqu'à Aline et Valcour de Sade (1795) un vaste corpus romanesque entreprend d'aborder des questions de philosophie politique dans des textes fictionnels. On partira ici de ces "romans politiques" pour s'interroger sur ce que signifie faire de la philosophie politique par fiction, et sur les questions que ces textes posent aujourd'hui à nos approches de la fiction. On s'interrogera en particulier sur le statut des énoncés formulés par des personnages fictionnels dans un cadre fictionnel et qui pourtant ont une ambition de vérité extra fictionnelle et on se demandera pourquoi ce corpus, pourtant très riche, et bien compris par les contemporains comme un des lieux possibles et vivants de discussion critique sur les idées politiques et religieuses et sur les politiques alternatives, est manifestement une source d'embarras pour les historiens des idées politiques ou les historiens de la philosophie, qui se gardent bien d'en parler. Attention, fictions !

Colas Duflo est professeur de Littérature française du XVIIIe siècle à l'université Paris Nanterre et membre senior de l'Institut Universitaire de France. Ses travaux actuels portent sur les relations entre roman et philosophie au XVIIIe siècle. Il a notamment publié Les Aventures de Sophie, la philosophie dans le roman au XVIIIe siècle, CNRS édition, "Biblis", 2013 ; Philosophie des pornographes, les ambitions philosophiques du roman libertin, Seuil, "L'ordre philosophique", 2019 ; Les Aventures de Télémaque de Fénelon ou Le roman politique, Champion, "Commentaires", 2023.

Sjef HOUPPERMANS : Impressions d'Afrique de Raymond Roussel
Dans sa publication posthume Comment j'ai écrit certains de mes livres (1935) Raymond Roussel souligne le fait que "chez moi l'imagination est tout". Cette affirmation constitue l'aboutissement d'une sorte de manifeste où il explique et illustre son "procédé". Celui-ci consiste à explorer la langue notamment dans le domaine de l'homonymie. Ses récits courts et ensuite ses grands romans tels Impressions d'Afrique (1910) et Locus Solus (1914) se fondent sur des couples d'homonymes qu'il s'agit de réunir par le moyen de la fiction. On a donc affaire à des sortes d'"équations" selon l'auteur. L'imagination surgit dans le pli de ces exercices stylistiques. Pourtant Roussel ne donne que peu d'exemples et d'autre part avoue qu'il prend beaucoup de liberté dans la pratique. La fiction roussellienne se nourrit également à partir de tout un ensemble de sources différentes. On peut ainsi faire remarquer l'influence de la tradition littéraire, du contexte de la société contemporaine, des apports des dictionnaires, des échos de la biographie et surtout aussi des créations de l'inconscient. Dans ce sens sera proposée une lecture d'Impressions d'Afrique.

Sjef Houppermans est professeur émérite de l'université de Leiden (Pays-Bas). Il a publié des livres sur Proust, Beckett, Roussel, Robbe-Grillet, Ollier entre autres. Il a régulièrement contribué aux Cahiers Raymond Roussel (Classiques Garnier). Pour ses recherches il combine des approches stylistiques et psychanalytiques.

Charlotte KRAUSS : Les Cités obscures de Schuiten et Peeters comme fictions pensantes
Publiées entre 1983 et le début des années 2000, Les Cités obscures de François Schuiten et Benoît Peeters n'ont été pensées comme un univers fictionnel qu'au fur et à mesure que la publication des albums avançait. S'il existe aujourd'hui un Guide des Cités (2011), une grande carte complète et même un site internet très fourni (altaplana.be), le monde obscur reste incertain, labyrinthique et inachevé — un enchevêtrement de différentes projections. Cette communication s'intéressera aux cartes des cités obscures pour déplier ce labyrinthe fictionnel vertigineux. Je m'appuierai surtout sur La Frontière invisible (2002-2004), qui met en scène un jeune cartographe en Sodrovno-Voldachie, au nord-ouest du monde obscur. L'action est située à une époque où la gloire des anciennes cités s'est déjà estompée et où un gouvernement autocratique cherche à réécrire les données géographiques. Or il s'avère que la véritable carte du pays est mystérieusement inscrite dans le corps de l'un des personnages, un fait qui permet de comprendre les Cités obscures comme un organisme vivant et intelligent, comme une fiction donnant l'illusion de se penser elle-même.

Charlotte Krauss est professeure de littérature comparée à l'université de Poitiers et directrice de l'unité de recherches FoReLLIS (UR15076). Elle travaille entre autres sur la bande dessinée et les relations entre texte et image. La communication sur les Cités obscures s'inscrit dans un projet en cours qui s'intéresse aux atlas et aux cartes de mondes fictionnels.

Anthony MANGEON : Fictions primates : quand les singes parlent
Depuis le milieu du XVIIIe siècle, et l'étude comparative des humains et des anthropoïdes, notre espèce s'est inscrite dans une histoire naturelle où, tout en appartenant aux grands primates, elle n'a cessé de chercher à s'en distinguer. Les recherches biologiques, anthropologiques et primatologiques ont néanmoins mis en évidence, au fil du temps, un certain nombre d'aptitudes et de fonctions que nous aurions en partage avec nos cousins éloignés que sont les bonobos, chimpanzés, gorilles et orangs-outans, comme par exemple la bipédie, la fabrication d'outils, la capacité de développer des pratiques culturelles et celle de maîtriser divers langages. Une faculté fait cependant exception : définie comme une aptitude à la feintise partagée, la fiction a joué un rôle déterminant et unique dans l'évolution de l'espèce humaine, constituant ainsi un "propre de l'homme".
Par "fiction primate", je désignerai d'abord cette aptitude et cette propension des primates humains à concevoir, partager et transmettre des fictions. Parmi ces dernières, force est cependant de constater que depuis le milieu du XVIIIe siècle, une fois encore, se sont aussi multipliées, en Occident, des fictions consacrées à des primates non humains qui s'approprient des comportements humains, et qui notamment parlent et écrivent. Les "fictions primates" désigneraient ainsi, dans un second temps, toutes les histoires imaginaires où de grands singes parlants s'humanisent.
Dans cette conférence, je voudrais étudier comment les fictions primates, en tant que corpus littéraire, sont une manifestation éclatante de la fiction primate en tant qu'aptitude. Je montrerai notamment comment, dans leurs variations thématiques et poétiques, les fictions primates participent d'un usage métaphorique voire métaleptique de la fiction qui se fait ainsi "pensante" de plusieurs manières. Les fictions primates réfléchissent, d'une part, aux rapports entre les primates humains et les primates non humains ou, plus largement, au sein du monde vivant ; elles figurent souvent, d'autre part, les relations entre les Occidentaux et les peuples qu'ils ont colonisés, exploités et dominés.

Anthony Mangeon est professeur à l'université de Strasbourg, où il dirige l'unité de recherches Configurations littéraires et l'institut thématique interdisciplinaire Lethica (littératures, éthique et arts). Il est l'auteur ou le codirecteur de plusieurs ouvrages parus dans la collection "Fictions pensantes", dirigée par Franck Salaün aux éditions Hermann, dont Crimes d'auteur (2016), Fictions pansantes (2023) et L'Afrique au futur (tome 1 en 2022, tome 2 en 2025).

Dominique MEMMI : Vers une vengeance des femmes ? Fictions et sciences sociales
À partir des années 60, la relation de domesticité s'assombrit au cinéma : tuer les employeurs devient la solution aux souffrances ancillaires. À partir des années 80, le forçage sexuel des femmes trouve une nouvelle issue au cinéma : les femmes s'en vengent désormais elles-mêmes, sauvagement. Bref, "On les baise (au sens propre ou figuré) mais ils/elles nous tuent" : tel est le nouveau récit en honneur ici. Or, après dépouillement d'environ 800 décisions judicaires, guère de traces de cette violence dans le monde social "réel" ! Quelles sont donc les fonctions sociales de la fiction — et de cette fiction-là ? Voilà qui oblige à découvrir et à prendre au sérieux l'énergie sociétale considérable mise à produire des "solutions" que les fictions, de manière fort homogène, inventent sans relâche comme autant de dispositifs permettant de s'adapter aux évolutions terriblement menaçantes du réel… tout en s'en protégeant et s'en consolant.

Séduite par la capacité de la production cinématographique à "penser" les problèmes sociaux, Dominique Memmi s'en est souvent servie pour repérer les solutions mentales trouvées à un certain nombre de difficultés sociales : au premier rang desquelles les angoisses et souffrances engendrées par une domination sociale particulière, conceptualisée comme une "domination rapprochée" : celle exercée dans le privé, entre hommes et femmes, maîtres et serviteurs, parents et enfants. D'où son ouvrage à paraître au PUF en octobre 2025 : Vers une vengeance des femmes au XXIème siècle ? Cinéma et domination sociale (Cf aussi : Dominique Memmi, "Corps à corps et domination rapprochée : comment le cinéma "réfléchit" le monde social", Revue Culture et musées, vol. n°7,‎ année 2006, p. 81-97 [lire en ligne].


SOUTIENS :

• Institut universitaire de France (IUF)
• Institut de recherche sur la Renaissance, l'Âge classique et les Lumières (IRCL, UMR 5186) | CNRS / Université Paul-Valéry Montpellier 3
Éducation Éthique Santé (EA 7505) | Université de Tours
• Formes et idées de la Renaissance aux Lumières (FIRL, EA 174) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Centre d'études et de recherches comparatistes (CERC, EA 172) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Laboratoire Configurations littéraires (EA 1337) | Université de Strasbourg (Unistra)
University of Antwerp
Normandie Livre & Lecture
Société Diderot
• Société internationale des recherches sur la fiction et la fictionnalité (SIRFF)
Fondation Clarens pour l'humanisme | Fondation de France

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LA GASTRONOMIE, DEUX SIÈCLES APRÈS BRILLAT-SAVARIN


DU MARDI 10 JUIN (19 H) AU LUNDI 16 JUIN (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]



ARGUMENT :

Si le mot "gastronomie" apparaît pour la première fois en langue française en 1801 sous la plume de Joseph Berchoux, c'est Brillat-Savarin qui, dans son célèbre ouvrage La physiologie du goût ou méditations de gastronomie transcendante (1825), en propose une première définition comme "connaissance raisonnée de tout ce qui a rapport à l'homme, en tant qu'il se nourrit", profitant de l'occasion pour définir également la cuisine comme "art d'apprêter les mets et de les rendre agréables au goût". Ainsi, entre connaissance et plaisir, discours et pratiques, chimie et alchimie, science et art, nature et culture, matières et manières, excès et frugalité, la gastronomie convoque dès ses origines tous les champs de la connaissance et tous les sens pour nous emmener toujours plus loin dans la compréhension et l'appréciation de ce que nous mangeons et buvons.

Ce colloque est l'occasion, deux cents ans après la parution de l'ouvrage séminal de Brillat-Savarin, de porter un regard interdisciplinaire sur ce vaste domaine qui, de la terre et de la mer à l'assiette, nous rappelle qu'offrir quotidiennement une alimentation goûteuse, saine, durable, éthique et économiquement accessible à tous constitue un des plus grands défis de nos sociétés, dont la destinée "dépend de la manière dont elle se nourrissent", pour reprendre encore les mots de cet auteur décidément bien contemporain.


MOTS-CLÉS :

Alimentation, Cuisine, Gastronomie, Nourriture


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mardi 10 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Mercredi 11 juin
Matin
Gilles FUMEY, Fanny GIANSETTO, Agnès GIBOREAU & Christophe LAVELLE : Ouverture du colloque

MANGER À TRAVERS LE TEMPS : HISTOIRE ET PRÉHISTOIRE DE L'ALIMENTATION
Roland NESPOULET : Et si la Préhistoire de l'alimentation était déjà gastronomique ?
Patrick RAMBOURG : La naissance de la gastronomie : l'avènement de la littérature gourmande

Après-midi
De l'invention du feu à l'agroindustrie : 1 million d'années de transformations culinaires, table ronde animée par Gilles FUMEY et Christophe LAVELLE

MANGER À TRAVERS L'ESPACE : PRODUITS, RECETTES, PATRIMOINES
Gilles FUMEY : Nourritures nomades

Cultures culinaires du monde et fermentations, table ronde animée par Gilles FUMEY, avec Marie-Claire FRÉDÉRIC

Vernissage de l'exposition "Je Mange Donc Je Suis en Normandie" et présentation de l'agriculture et des terroirs normands, par Jacques BRULHET et Christophe LAVELLE, suivie de lectures par Armelle CHITRIT


Jeudi 12 juin
Matin
SE NOURRIR : BESOINS NUTRITIONNELS, MÉTABOLISME, SANTÉ
Jean-Michel LECERF : Déterminants des maladies et prévention
Fabienne DELESTRE : L'impulsivité alimentaire : cible de nouvelles thérapies de l'obésité

Manger pour être en bonne santé… le plus longtemps possible, table ronde animée par Agnès GIBOREAU, avec Virginie DELANNOY-VAN WYMELBEKE

Après-midi
S'APPROVISIONNER : CHOIX ET CONTRAINTES ALIMENTAIRES
Stéphanie VERFAY & Nicolas BRICAS : Accès à l'alimentation [visioconférence]

Précarité, sécurité sociale alimentaire : quand manger est un défi, table ronde animée par Agnès GIBOREAU

Soirée
Demain, tous végétaliens ?, débat animé par Laure MARDOC


Vendredi 13 juin
Matin & Après-midi
"HORS LES MURS"
- Visite du Campus Métiers Nature de Coutances
- Déjeuner au Lycée hôtelier Maurice Marland de Granville
- Visite libre de la ville de Granville

Soirée
Anne-Laure VINCENT : Rassembler les cuisiniers et les mangeurs, physiquement, virtuellement


Samedi 14 juin
Matin
SE RÉJOUIR : MANGER PAR PLAISIR, GOÛT ET SENSORIALITÉ, ART CULINAIRE
Loïc BRIAND : Neurophysiologie du goût
Agnès GIBOREAU : Sensorialité et plaisir de manger en contexte

La cuisine est-elle un art ?, table ronde animée par Christophe LAVELLE

Après-midi
CÉLÉBRER : FÊTES & FESTIVALS, GUIDES, ASSOCIATIONS
Esterelle PAYANY : La médiatisation des chefs
Julia CSERGO : Patrimonialiser la cuisine

Célébrer les nourritures avec les chefs et les producteurs, table ronde animée par Christophe LAVELLE, avec Célia TUNC


Dimanche 15 juin
Matin
PROTÉGER : LES ALIMENTS, LES SAVOIRS, LES PRATIQUES, LES TRAVAILLEURS, LES CONSOMMATEURS
Fanny GIANSETTO : L'alimentation : un droit comme un autre ?
Pierre-Étienne BOUILLOT : Les sciences réglementaires au service de la protection des mangeurs ?

Protéger celles et ceux qui travaillent pour nous nourrir, table ronde animée par Fanny GIANSETTO, avec Nathalie FERRÉ

Après-midi
ÉDUQUER, FORMER : LES CONSOMMATEURS, LES PROFESSIONNELS
Diane DUPRÉ LA TOUR : Des cantines de quartier pour restaurer la confiance
Bruno CARDINALE : "Dis-moi ce que tu scrolles, je te dirai ce que tu ignores". À quoi servent les livres de cuisine à l'ère du numérique ?

Quels défis pour les restaurateurs de demain ?, table ronde animée par Christophe LAVELLE et Fanny GIANSETTO


Lundi 16 juin
Matin
ÉVOLUER, S'ADAPTER, INNOVER : ENTRE CONTRAINTES ET DÉSIRS
Catherine DACREMONT : L'évolution des comportements et les freins au changement à l'épreuve des sens [visioconférence]

Manger, un droit pour tous ?, table ronde animée par Fanny GIANSETTO, avec Magali RAMEL [visioconférence]

Laure VERDEAU : Agriculture bio : pourquoi ? pour qui ?

Gilles FUMEY, Fanny GIANSETTO & Christophe LAVELLE : Conclusion du colloque

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Gilles FUMEY
Gilles Fumey est enseignant-chercheur en géographie de l'alimentation et professeur à l'Inspé de Sorbonne Université. Il est membre du laboratoire SIRICE, co-responsable de l'axe Alimentation du laboratoire. Il a créé, puis dirigé le master Alimentation et cultures alimentaires à Paris-Sorbonne en 2005. Il collabore régulièrement à des magazines professionnels et intervient régulièrement dans les médias, et notamment sur Médiapart où il co-anime le blog Géographies en mouvement. Auteur d'une quinzaine d'ouvrages sur l'alimentation et ses cultures, traduits en une dizaine de langues, il a publié récemment Histoire de l'alimentation (coll. "Que-sais-je ?", PUF) avec J.-P. Williot, Atlas de l'alimentation et Manger local, manger global (CNRS-Éditions). En 2023, les éditions Sciences humaines ont publié la 3e édition refondue d'une Géopolitique de l'alimentation.

Fanny GIANSETTO
Fanny Giansetto est maîtresse de conférences en droit privé (Université Paris Sorbonne Nord). Ses recherches portent sur la transition écologique des entreprises, les contentieux climatiques ainsi que le droit de l'alimentation durable. Elle a également cofondé Écotable, une structure qui accompagne le secteur de la restauration (restauration commerciale, collective et événementielle) dans sa transition écologique. Écotable analyse l'impact des établissements et propose des plans d'action pour le réduire, forme les restaurateurs (ou futurs restaurateurs) sur l'ensemble des enjeux de restauration durable, les aide à mieux s'entourer via un annuaire de fournisseurs dédiés. Écotable a également créé un label pour permettre aux consommateurs d'identifier les restaurants écoresponsables dans toute la France. Fanny Giansetto est également animatrice du podcast "Sur le grill d'Écotable" qui décrypte les enjeux environnementaux, sanitaires et sociaux de notre alimentation.

Agnès GIBOREAU
Agnès Giboreau est directrice du Centre de recherche de l'Institut LYFE (ex. Institut Paul Bocuse), lieu dédié aux interactions Science et Gastronomie au service de la connaissance, de la formation doctorale et de l'innovation. Le programme de l'équipe vise à mieux comprendre les mécanismes d'une alimentation goûteuse, saine et durable et repose sur des équipes en Sciences sociales, en Sciences cognitives et en Sciences de la nutrition et des aliments, en partenariat avec des universités locales, nationales et internationales. Son pôle Innovation contribue à développer, tester et déployer des solutions pour tous, quels que soient l'âge et le contexte de repas, en France et à l'international, en particulier grâce au programme ISPAR, Innovation et Science pour l'Alimentation et la restauration (PIA3). Chercheure associée à l'université Claude Bernard Lyon 1 (Équipe P2S Parcours Santé Systémique), elle enseigne au sein du Master NAS Neurosciences et Analyse Sensorielle (UCBL). Ses travaux de recherche portent sur le rôle des sens dans les préférences et comportements alimentaires de populations cibles en intégrant des approches multidisciplinaires (psychophysiologie, sciences des aliments, nutrition). Elle pilote le projet et consortium CANUT, Cancer, nutrition & goût qui étudie les altérations sensorielles chez les patients sous chimiothérapie et conçoit des solutions adaptées aux différents profils de patients (recommandations sensorielles, nutritionnelles et culinaires). Son livre Quand la recherche se met à table (EDP Science, Paris) partage les résultats de travaux menés auprès de divers publics et illustre les leviers à disposition côté cuisine et côté salle pour que les repas soient toujours un plaisir.

Christophe LAVELLE
Christophe Lavelle est chercheur au CNRS et au Muséum National d'Histoire Naturelle, à Paris. Spécialiste de l'alimentation, il enseigne la physico-chimie culinaire au sein de nombreuses universités et donne régulièrement des conférences auprès du grand public et des professionnels (chefs, formateurs, ingénieurs), en France comme à l'étranger. Il est également co-responsable du réseau PALIM (Patrimoines Alimentaires) de l'Alliance Sorbonne Université et formateur à l'INSPE pour les professeurs de cuisine. Auteur d'une cinquantaine d'articles de recherche, il collabore avec différents magazines professionnels et intervient régulièrement dans les médias (presse, radio, TV). Il a publié une quinzaine d'ouvrages liés à l'alimentation, dont Je mange donc je suis. Petit dictionnaire curieux de l'alimentation (Éditions du MNHN, 2019), Molécules. La science dans l'assiette (Ateliers d'Argol, 2021), De l'assiette au cerveau. La cuisine neurogastronomique (Les ateliers d'argol, 2023) et, dernièrement, À la découverte des vins géorgiens (Éditions Apogée, 2023). Il est en outre membre de nombreuses sociétés savantes scientifiques et gastronomiques (dont l'American Biophysical Society et l'association des Disciples d'Escoffier) et commissaire scientifique de l'exposition "Je Mange Donc Je Suis" (Musée de l'Homme, octobre 2019 – août 2020 ; en itinérance sous différentes formes depuis).


Pierre-Étienne BOUILLOT : Les sciences réglementaires au service de la protection des mangeurs ?
L'évaluation scientifique est devenue une composante majeure du droit de l'alimentation à travers la mise en œuvre du principe de l'analyse des risques. Dans ce mouvement, les sciences réglementaires sont venues imprégner la législation alimentaire européenne. Elles s'intéressent aux techniques et à l'innovation (organismes génétiquement modifiés, produits phytosanitaires, additifs…). Ces sciences réglementaires viennent aussi légitimer l'organisation des rapports économiques entre professionnels et consommateurs (sécurité sanitaire, information du consommateur) qui tendent à uniformiser les produits et les pratiques alimentaires. La place prise par ces sciences dans la gouvernance des systèmes alimentaires peut être critiquée notamment parce qu'elle invisibilise une large partie de nos rapports à l'alimentation en particulier dans sa dimension sociale. En s'appuyant sur le cadre offert par le droit à l'alimentation et les principes qui lui sont sous-jacents (participation, responsabilité et autonomisation), des évolutions positives du droit de l'alimentation peuvent être identifiées et envisagées.

Formé à la faculté de Droit de Nantes (France) et à celle de Mayence (Allemagne), Pierre-Étienne Bouillot a soutenu sa thèse de doctorat intitulée "Les évolutions du droit rural et le développement durable" dans le cadre du programme de recherche européen Lascaux sur le droit et la sécurité alimentaire (Univ. Nantes). Il est maître de conférences à AgroParisTech (Univ. Paris-Saclay) et chercheur sein de l'Institut de Recherche Juridique de la Sorbonne (Univ. Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Ses activités de recherche portent sur le droit applicable au secteur agroalimentaire, c'est-à-dire du droit rural jusqu'au droit de la consommation en passant par le droit spécial de l'alimentation. Dans ce domaine, ses projets s'articulent autour de deux axes : le premier sur la sécurité sanitaire des denrées alimentaires, le second sur les transitions écologiques des systèmes alimentaires.
Activités scientifiques : https://cv.hal.science/pierre-etienne-bouillot

Loïc BRIAND : Neurophysiologie du goût
Le sens de la saveur (le goût au sens strict) est dédié à l'évaluation du contenu nutritif des aliments et constitue un déterminant important pour orienter nos choix alimentaires. Les principaux détecteurs impliqués dans la gustation ont été identifiés au début des années 2000. Pour percevoir les molécules sucrées et les acides aminés (saveur umami), nous sommes équipés de deux récepteurs alors que nous possédons 25 types différents de récepteurs à l'amertume pour détecter l'extrême variété chimique des molécules amères. Les 2 récepteurs de la saveur salée et acide ont aussi été identifiés. La découverte de ces récepteurs gustatifs permet de mieux comprendre la perception des molécules sapides et a ouvert la voie à de nouvelles approches biotechnologiques permettant d'identifier de nouvelles molécules sapides ou au contraire des composés capables de masquer l'amertume.

Loïc Briand dirige le Centre des Sciences du Goût et de l'Alimentation (CSGA) à Dijon. Ses activités de recherche portent principalement sur l'étude des récepteurs gustatifs et de leurs mécanismes d'activation par les molécules sapides dans une perspective de recherches à la fois fondamentale et appliquée. Loïc Briand est président de l'European Chemoreception Research Organization (ECRO) et membre correspondant de l'Académie d'Agriculture de France. Il est l'auteur de plus de 100 articles scientifiques publiés dans des journaux internationaux, plusieurs brevets et un livre destiné au grand public. Loïc Briand effectue des enseignements pour l'université Bourgogne-Europe, l'Institut Agro Dijon et Sorbonne Université.

Bruno CARDINALE : "Dis-moi ce que tu scrolles, je te dirai ce que tu ignores". À quoi servent les livres de cuisine à l'ère du numérique ?
À l'heure où les réseaux sociaux façonnent les pratiques culinaires quotidiennes, où TikTok, Instagram ou YouTube deviennent des sources d'inspiration majeures pour les apprenants pâtissiers et cuisiniers, une question se pose : à quoi servent encore les livres de cuisine ? Pourquoi continuer à enseigner à partir de ce support figé, à l'apparence parfois austère, quand l'image animée, immersive et virale semble avoir pris le relais dans l'apprentissage du geste culinaire et de la démarche créative ? L'évolution des pratiques éditoriales, y compris dans l'enseignement professionnel, accentue la dynamique d'abandon du livre. De nombreuses régions optent désormais pour le tout numérique, reléguant l'ouvrage imprimé au rang d'archive. Cette communication propose de réinterroger la place du livre de cuisine imprimé, à la lumière du contenu de La physiologie du goût, œuvre de Brillat-Savarin.

Bruno Cardinale est compagnon cuisinier du Tour de France et maître de conférences à l'université Le Havre Normandie (NIMEC), spécialiste du marketing alimentaire, des pratiques culinaires et de la gastronomie. Auteur d'une vingtaine d'ouvrages pédagogiques primés sur la cuisine et les sciences et technologies culinaires, il a enseigné la cuisine avant de diriger le master MEEF à l'Institut National Supérieur du Professorat et de l'Éducation (INSPE) d'Antony. Il collabore actuellement à plusieurs projets de recherche et de développement en lien avec des établissements gastronomiques et de l'industrie agroalimentaire.

Julia CSERGO : Patrimonialiser la cuisine
Longtemps ignorée par les sphères culturelles et patrimoniales, la cuisine, comme somme de savoirs, de gestes et d'expériences à la fois techniques et sensibles, a été parmi les derniers objets à être inscrits dans les processus institutionnels de la patrimonialisation, notamment comme patrimoine culturel immatériel. À partir d'initiatives menées en France et à l'international, nous proposerons une approche critique de la diversité d'objectifs liés à l'édification des mémoires culinaires collectives, mais aussi des enjeux qui sont les leurs dans un monde globalisé.

Professeure à l'université du Québec à Montréal (Ca), Julia Csergo travaille sur les patrimoines immatériels, les cultures alimentaires et leurs valorisations culturelles et touristiques.
Derniers ouvrages
La gastronomie est-elle une marchandise culturelle comme une autre ? (2016).
Avec F. Desbuissons, Le cuisinier et l'art (2018).
Avec O. Etcheverria, Imaginaires de la gastronomie (2020).
Avec J. Roda, "Patrimoines culturels immatériels en tensions", Sociétés et Représentations, n°60 (sept. 2025).
Avec F. Desbuissons, La critique gastronomique (oct. 2025).

Virginie DELANNOY-VAN-WYMELBEKE
Nous mangeons pour vivre et aussi parce que cela nous procure du plaisir. Brillat-Savarin écrivait "Le Créateur, en obligeant l'homme à manger pour vivre, l'y invite par appétit et l'en récompense par plaisir". L'envie de manger est conditionnée par la prise d'aliments qui sont adaptés à nos choix et nos préférences, nos capacités chimiosensorielles, notre appétit et aux quantités que nous pouvons ingérer. Avec l'avancée en âge, les modifications liées au vieillissement, les pathologies, les médicaments, la dépendance et les idées reçues bouleversent parfois l'acte alimentaire. Adapter l'alimentation aux besoins et aux capacités restantes doit alors être une nécessité pour continuer à prendre du plaisir en mangeant.

Virginie Delannoy-Van Wymelbeke est docteure en sciences avec une spécialité en nutrition, occupant un poste de chercheuse Hospitalière au CHU Dijon Bourgogne et chercheuse associée à l'INRAE - Centre des Sciences du goût et de l'alimentation (CSGA) de Dijon. Depuis 24 ans, elle a une activité de recherche en nutrition de la personne âgée quel que soit son lieu de vie (hospitalisée, domicile et EHPAD). Depuis 15 ans, elle a initié des travaux sur les stratégies alimentaires et nutritionnelles afin d'améliorer le plaisir de manger et la prise alimentaire chez cette population tout en prenant en compte les contraintes terrain des professionnels. Ses travaux ont pour objectifs de lutter contre la dénutrition et la perte d'autonomie.

Fabienne DELESTRE : L'impulsivité alimentaire : cible de nouvelles thérapies de l'obésité
En 2020, 17% des Français étaient en situation d'obésité. Elle résulte d'un ensemble de facteurs biologiques, environnementaux, psychologiques et sociaux. La nutrition thérapeutique joue un rôle central dans la prévention et la prise en charge, notamment via une approche individualisée centrée sur les sensations alimentaires. Les analogues du GLP-1 permettent une perte de poids importante, mais leur efficacité dépend du maintien des changements comportementaux. En parallèle, l'hypnose thérapeutique apparaît comme une piste prometteuse pour agir sur l'impulsivité alimentaire, notamment la désinhibition. L'étude HYPNODIET a montré une amélioration significative de ce comportement, accompagnée d'une réduction de la faim et d'une alimentation de meilleure qualité. Ces résultats suggèrent un rôle complémentaire de l'hypnose dans le traitement de l'obésité. La prise en charge efficace de l'obésité nécessite une stratégie globale, combinant thérapies médicamenteuses, nutritionnelles et psychocomportementales.

Patrick RAMBOURG
Patrick Rambourg est historien, enseignant, et auteur. Il est chercheur associé au laboratoire Échelles de l'université Paris Cité et donne un enseignement à Sciences Po Lille. Il consacre ses recherches aux pratiques culinaires et alimentaires, à la gastronomie, aux représentations de la table et de la cuisine, aux métiers de bouche et au Paris gastronomique. Il présente des conférences, intervient dans des colloques et des tables rondes. Il est aussi conseiller historique culinaire, notamment pour le film La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung, qui reçoit le prix de la mise en scène au festival de Cannes 2023. Il collabore à des revues d'histoire et a publié un grand nombre d'écrits (articles et livres), dont Histoire du Paris gastronomique, du Moyen Âge à nos jours (Perrin), qui sort en 2023. La même année, paraît la seconde édition de L'Art et la table (Citadelles & Mazenod), la première édition datant de 2016. Son Histoire de la cuisine et de la gastronomie françaises (Perrin/Tempus), plusieurs fois traduite, vient de paraître en chinois (avril 2025).


BIBLIOGRAPHIE :

• Bricas N., Walser M. et Conaré D., Une écologie de l'alimentation, Quae, 2021.
• Brillat-Savarin J.-A., Physiologie du goût, ou méditations de gastronomie transcendante, Sautelet, 1825.
• Giansetto F., La prise en compte par le droit des enjeux de l'alimentation durable, Mare et Martin, 2023.
• Giboreau A. et Dworczak F., Quand la recherche se met à table, EDP Science, 2021.
• Institut Paul Bocuse, L'art de recevoir à la française : tables, recettes, savoir-faire, Flammarion, 2011.
• Lavelle C. et Merlin M. (Ed.), Je mange donc je suis. Petit dictionnaire curieux de l'alimentation, Muséum National d'Histoire Naturelle, 2019.
• Lavelle C. et Salesse R., De l'assiette au cerveau. La cuisine neurogastronomique, Les Ateliers d'Argol, 2023.
• Lecerf J.-M., La joie de manger, Édition du Cerf, 2022.
• Robuchon J. & coll., Le Grand Larousse Gastronomique, Larousse, 2012.


SOUTIENS :

• Sorbonne, Identités, relations internationales et civilisations de l'Europe (SIRICE, UMR 8138) | Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / Sorbonne Université / CNRS
• Initiative Alimentation | Alliance Sorbonne Université
UFR Droit, Sciences Politiques et Sociales | Université Sorbonne Paris Nord
• Institut de recherche pour un droit attractif (IRDA, EA 3970) | Université Sorbonne Paris Nord
Institut Lyfe
Région Normandie

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


LE HANDICAP, ENTRE ASSIGNATION ET ÉMANCIPATION
LE GRAND RETOURNEMENT ?


DU VENDREDI 30 MAI (19 H) AU JEUDI 5 JUIN (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]



ARGUMENT :

Et si la singularité existentielle était un levier d'action et d'émancipation pour l'individu et la communauté ? L'attention aux handicaps s'est renouvelée par la prise en considération de la diversité des situations et par le développement d'un mouvement social faisant évoluer la reconnaissance des droits et les manières de définir les expériences sociales de limitations et d'empêchements. En opérant un retournement des vécus d'assignation et de souffrance, ce colloque ouvrira un dialogue critique sur les processus qui régulent le champ du handicap dans le temps long (1950-2050), et sur les connaissances et actions qui ouvrent aujourd'hui des brèches et des alternatives.

Il s'appuiera sur une méthodologie inspirée des récits et histoires de vie, avec le souci permanent de l'expression des "je" au côté de celles des "nous", des "vous" et des "eux". Faire l'expérience de ce moment de recherche participative, n'est-ce pas une occasion de dessiner des voies d'émancipation, qui portent des voix humaines trop souvent ignorées ?


MOTS-CLÉS :

Assignation, Autonomie, Capacité et créativité, Contribution, Émancipation, Handicap, Histoires de vie, Laboratoire participatif, Pouvoir d'agir, Recherche collaborative, Récits de vie, Reconnaissance des droits, Savoir expérientiel, Singularité existentielle


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 30 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Samedi 31 mai
Matin
APPRÉHENSIONS DE LA SINGULARITÉ EXISTENTIELLE, HISTOIRES ET RÉCITS DE VIE
Philippe AUBERT : Préambule et introduction – Mon nom est personne
Anne-Lyse CHABERT : Changer notre manière de vivre le handicap

Présentation des thématiques et temps forts, par Sandrine AMARÉ, Mireille BATTUT, Benoît EYRAUD et présentation du GRAME

Bertrand QUENTIN : Le handicap entre singularité et normalisation

Après-midi
Mise en récit des singularités existentielles : le handicap à la première personne, table ronde avec Barbara FONTANA-LANA [À la rencontre du vécu expérientiel. Retour des étudiants du DPS de l'UNIFR sur le livre Rage d'exister de Philippe Aubert], Maria PASSEGGI [Le récit de vie pour base de la reconnaissance de la singularité existentielle] et Catherine SCHMUTZ-BRUN [Mettre en récit la capacité juridique : enjeux et perspectives !]

Discussion avec Marie-Hélène AUDIER, Antoine DURAND et Marie-Antoinette VICAIRE

Ateliers en parallèle
Ponctuations de fin d'après-midi, avec Marie-Hélène AUDIER
S'embarquer : l'en-quête et le co-apprentissage, animé par le GRAME (avec ACS Capdroits, Media’lab, PIECD…)

Soirée
Conversation autour de Marcel Nuss, avec Pierre ANCET et Jill PRÉVÔT-NUSS


Dimanche 1er juin
FAIRE FACE
Matin
Fabrice GZIL : Autonomie, participation et autodétermination : évolution, révolte ou révolution
Myriam WINANCE : L'autodétermination des personnes polyhandicapées
Amy VARELA : L'énaction
Kevin CHARRAS : Handicap et assignations, critique constructive d'une notion obsolète ?

Après-midi
La peau des autres, partage d'un récit de vie en mots et en photographies, présentation du projet artistique (avec projection) par Estelle LAGARDE

Conversations et assignations, table ronde avec Sandrine AMARÉ & la délégation Rhône-Alpes du PIECD [Conditions de la conversation], Chantal BRUNO & ACS Capdroits [Quand les assignations se croisent, Être femme et avoir un handicap : intersectionnalité et violence], Jonathan COLLIN [Actualité de la notion de stigmate pour penser le vécu des personnes en situations de handicap] et Sonia DE VREE [Sois patient le professionnel !]

Spéciale Coquelicot, exposition par Étienne et Souad CREUSEVAUT
Conversation autour d'un univers numérique "Ma ville et La Main à l'Oreille", par Enzo SCHOTT et Mireille BATTUT

Soirée
Ateliers en parallèle
Ponctuations de fin d'après-midi, avec Marie-Hélène AUDIER
S'embarquer : l'en-quête et le co-apprentissage, animé par le GRAME (avec ACS Capdroits, Media’lab, PIECD…)

Le RENDEZ-VOUS, atelier artistique nocturne par Rachel DEFAY-LIAUTARD


Lundi 2 juin
RECONNAISSANCES — TEMPS VECU ET MOUVEMENTS SOCIAUX
Matin
L'empreinte des mouvements sociaux, 1950-2050. Origines et effets des mobilisations sociales nationales et transnationales, CIDPH et modèle social du handicap
Henri-Jacques STIKER : Origine et influence du modèle social du handicap
Murielle MAUGUIN : CIDPH et loi de 2005 : quelle appropriation ? quelle compréhension ?
Benoît EYRAUD : Reconnaître la capacité juridique comme droit humain
Robin MICHALON : Les mobilisations dans le monde Alzheimer : l'exemple du Dementia Advocacy Support Network International

Après-midi
Le temps vécu
Philippe AUBERT : Introduction. Faire savoir l'expérience

De la protection à l’émancipation, un retournement controversé, table ronde avec Sonia DE VREE [Invisibilisation du vécu du patient, frein pour l'accès aux Droits en Belgique], Jean-Yves LE CAPITAINE [Le modèle social du handicap] et Anne-Sarah KERTUDO & Kim-Khanh PHAM [Inclusion : il est urgent de défendre un nouveau récit]

Ateliers en parallèle
Ponctuations de fin d'après-midi, avec Marie-Hélène AUDIER
S'embarquer : l'en-quête et le co-apprentissage, animé par le GRAME (avec ACS Capdroits, Media’lab, PIECD…)

Soirée
Conversation autour de l'évolution du concept de handicap, avec Henri-Jacques STIKER et Charles GARDOU [visioconférence]


Mardi 3 juin
ACCESSIBILISATIONS ET ANCRAGES
Matin
Mise en perspective des politiques publiques
Marie-Anne MONTCHAMP : La Loi de 2005 en perspective [vidéo]
Marine BOISSON-COHEN : Éléments de prospective. Derniers avis du Conseil scientifique du CNSA et première édition du Rapport de la branche Autonomie de la sécurité sociale
Denis PIVETEAU : Les principes actifs de la politique publique : quelques réflexions

Après-midi
Ancrages en milieux de vie et transformation de l'offre
La transformation de l'offre. Territorialisation ? Désinstitutionnalisation ? Innovations sociales ?, table ronde avec Sofiane BERRICHI & Jody SURIER [Accompagnement, travail et emploi], Julia BOIVIN [Introduction et animation], Hélène FURNON-PETRESCU [Évolution des frontières entre accessibilité et compensation, coopérations entre l'école et le médico-social, les analyses et propositions de l'IGAS] et Clarisse MÉNAGER [Les engagements de la Fondation Anne de Gaulle]

Spectacle avec les acteurs locaux

Soirée
Film EREA Toulouse Lautrec


Mercredi 4 juin
LES ANGLES MORTS OU LES IMPENSÉS DE L'ÉCONOMIE
Matin
Horizons contributifs : productions, échanges, création
Philippe AUBERT : Introduction. L'homme inutile et le vaurien
Stéphane ZYGART : Approche critique et pratique de la notion de compensation
Mireille BATTUT : L'autiste, un travailleur infatigable (qui met au défi la valeur sociale communément définie)

Territoire, santé, éthique, table ronde avec Olivier CARRÉ [De la singularité de vie de chaque personne en situation de handicap à la nécessaire conscience morale aux aguets des professionnels], Jean-Philippe COBBAUT [La santé comme espace de réappropriation pour les personnes] et Yannick UNG [Assistance à la maîtrise d'Usage (AMU) comme outil d'auto-détermination des parties prenantes pour coconstruire les modèles et les usages des ESMS de demain : l'exemple de l'appui à la transformation des EHPAD]

Après-midi
Ancrages en milieux de vie et transformation de l'offre (suite)
Les conditions relationnelles et technologiques de l'autodétermination, table ronde avec Philippe AUBERT & Sylvain VALOIS [Duo de compétences], Julia BOIVIN [Handicap, vécu du corps], Florian CHALEARD [L'alimentation comme révélateur impensé] et Jennifer FOURNIER [L'autodétermination, parlons-en !]

Autour de l’école, table ronde avec Philippe AUBERT, Frédéric DUPRE, François PARMENTIER et Jean-François GESBERT, Pierrick COURILLEAU [École et apprentissage : autour de l'EREA Toulouse Lautrec]

Ateliers en parallèle
Ponctuations de fin d'après-midi, avec Marie-Hélène AUDIER
S'embarquer : l'en-quête et le co-apprentissage, animé par le GRAME (avec ACS Capdroits, Media’lab, PIECD…)

Soirée
Libre préparation des conclusions et des retours des ateliers


Jeudi 5 juin
CONCLUSIONS
Matin
Que s'est-il passé ces six derniers jours à Cerisy ? État des discussions et des tensions. Le handicap notion, problématique, contestable, obsolète ? Imaginaires et perspectives, obsolescences et actualisations !, avec Jonathan COLLIN, Bertrand QUENTIN, le GRAME et les directeurs du colloque

Perspectives de recherche, déclaration, suites…

Après-midi
DÉPARTS


Ancrage en Cerisy

Le colloque entretiendra un dialogue continu avec les travaux historiques de Cerisy, notamment sur le plan éthique, grâce à la présence et aux contributions de Jean-Baptiste DE FOUCAULD et d'Edith HEURGON.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Sandrine AMARÉ
Sandrine Amaré est Docteure en Sciences de l'éducation, Directrice Formation Supérieure, Recherche et International Ocellia Santé Social, membre du TransLab' Azimut.

Jean-Pierre AUBERT
Jean-Pierre Aubert est contrôleur général économique et financier honoraire.

Philippe AUBERT
Philippe Aubert est une personne en situation de handicap, sociologue, animateur du réseau et ancien président du conseil des questions sémantiques, sociologiques et éthiques du CNCPH (CQSSE).

Mireille BATTUT
Mireille Battut est mère de deux enfants dont un autiste, fondatrice de La Main à l'Oreille, association dont l'objet est de promouvoir une approche qui prenne en compte le mode d'être des personnes autistes et accueille les solutions qu'ils trouvent pour se construire. Elle a co-dirigé en juillet 2023 le colloque de Cerisy Autisme(s) : l'inclusion, entre normativité et diversité. Mireille Battut a rédigé de nombreux articles tirant parti du plus singulier de l'expérience et appelant à faire société. Elle a participé aux travaux de la HAS, siège dans plusieurs instances du scolaire (CDSEI) et du sanitaire (CDU). Elle s'est engagée dans plusieurs collectifs (pour une école universelle, effective et accessible) et récemment dans "Ambition École Inclusive" afin qu'aucun enfant ou adolescent ne soit privé d'instruction.

Benoît EYRAUD
Benoît Eyraud est Maitre de conférences HDR à l'université de Lyon ; co-initiateur de la démarche Capdroits.


SOUTIENS :

• Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA)
Fondation Anne de Gaulle
Fondation Ellen Poidatz
Capdroits
Ocellia
AUVI PPR - Autonomie
Espace éthique / Ile-de-France
• Institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation inclusive (INSEI)
• Association La Main à l'Oreille

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


PHILOSOPHIES COMPTABLES, POUR RECOMPOSER UN MONDE ÉCOLOGIQUE


DU VENDREDI 23 MAI (19 H) AU MERCREDI 28 MAI (14 H) 2025

[ colloque de 5 jours ]



ARGUMENT :

La comptabilité est souvent perçue comme une pratique technique calculatoire, aux antipodes d'enjeux sociétaux. Pourtant, elle constitue le langage fondamental des organisations, ainsi que la façon dont elles se représentent le monde et dont elles sont "comptables" de leurs actions ; en cela, la comptabilité questionne le fondement des activités humaines. L'émergence des normes comptables de durabilité pour les entreprises, les débats récurrents autour de la redéfinition du PIB ou la mise à l'agenda de l'IPBES de la comptabilité des écosystèmes illustrent la prégnance actuelle de la question comptable dans les enjeux écologiques. À éviter la comptabilité, il devient impossible de prendre la mesure de son rôle réel et potentiel, et il ne peut en résulter qu'une impasse : un impensé sur le fonctionnement des organisations humaines et sur la façon de recomposer collectivement un monde écologique. Ce colloque sera ainsi l'occasion de revenir sur deux questions : "De quoi la comptabilité est-elle le nom ?" pour en déduire les modalités de problématisation de la "comptabilité" dans le cadre d'une écologisation des organisations et d'une organisation de la préservation des entités écologiques, conduisant à un débat entre histoire, philosophie et gestion. Et "De quoi la comptabilité écologique est-elle le nom ?" : quelles sont les façons de concevoir cette notion, de la mettre en œuvre et d'en juger sa performativité au service d'une ambition écologique. Ce questionnement croisera des regards de plusieurs disciplines (droit, sciences écologiques, théorie des communs, …) et de plusieurs acteurs (chercheurs, artistes, professionnels).


MOTS-CLÉS :

Capitaux naturels, Comptabilité, Dette écologique, Écologie, Écosystèmes, Gestion, Normalisation comptable de durabilité, Recomposition écologique


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 23 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Samedi 24 mai
Matin
Jennifer BARDY, Véronique BLUM, Clément FEGER & Alexandre RAMBAUD : Introduction et mise en perspectives. De quoi la comptabilité est-elle le nom ? Quel rôle pour recomposer un monde écologique ?

Après-midi
Ateliers en parallèle, animés par les doctorants associés à la Chaire Comptabilité Écologique
- Bons États Écologiques & Crédits Nature/Carbone
- Bons États Écologiques & Finance
- Bons États Écologiques & Fiscalité
- Bons États Écologiques & Planification Écologique (Collectivités)
- Bons États Écologiques & Régénération
Intervenants : Novalis AHOUANDJINOU, Elsa BISCHOFF, Clément BOYER, Victor COUNILLON, Éléonore DISSE, Louis DUMEAUX, Tiphaine GAUTIER, Morgane GONON, Pierre MUSSEAU, Élodie NGUYEN-RABOT, Soline RALITE, Caroline VIGO COGUETO, Noubon René YEO

Soirée
Comptabilité & Art, avec Nicolas ANTHEAUME et Sébastien ROCHER [La critique de la comptabilité à l'épreuve de l'art]


Dimanche 25 mai
COMPTABILITÉ CRITIQUE ET ENGAGÉE (Journée en anglais)
Matin
Shona RUSSELL : Fluid articulations : examining Earth accounting controversies [Articulations fluides : examen des controverses sur la comptabilité de la Terre]
Colin DEY : Imagining critical environmental accountability as prefigurative governmentality [Imaginer la responsabilité environnementale critique comme une gouvernementalité préfigurative]
Carol ADAMS : Sustainability reporting vs sustainable development [Rapports de développement durable vs développement durable] [visioconférence]

Après-midi
Jérôme MÉRIC & Clément CARN : Questioning engagement in Accounting Research to support a transformative project. Axiological, teleological and methodological issues [Questionner l'engagement dans la recherche en comptabilité pour soutenir un projet de transformation. Questions axiologiques, téléologiques et méthodologiques]

De la comptabilité à la finance : analyse critique engagée et écologique, table ronde animée par Véronique BLUM, avec Pierre BARET, Sarah BRACKING [The materiality of accounting in green investing : how can it be enhanced to improve outcomes ?], Charles CHO et Carlos LARRINAGA [visioconférence]

Soirée
Rencontre avec le Cercle des comptables environnementaux et sociaux (CERCES) et l'Institut de formation en comptabilité et gestion soutenables (ICGS), animée par Sylvie BÉNARD, Rabia CHIBANI-JACQUOT et Clément MORLAT


Lundi 26 mai
Matin
La profession comptable et l'écologie, table ronde animée par Véronique BLUM, avec Matthieu ASTIC [Retour d'expérience sur la mise en œuvre de C.A.R.E], Clément CARN et Hubert TONDEUR [visioconférence]

Les écologues et la comptabilité, table ronde animée par Clément FEGER, avec Maud BORIE [Partage d'un travail en cours sur l'utilisation des connaissances en écologie dans les méthodologies de crédit biodiversité], Christophe BOUNI et Denis COUVET [Comptabilité(s) biodiversité : enjeux et défis]

Après-midi
Ateliers en parallèle
- Fresque de la comptabilité | Animation : Yves PERRET (CERCES)
- Jeu comptabilité écosystème-centrée | Animation : Chaire Comptabilité Écologique & Cabinet ASca
- Jeu C.A.R.E. | Animation : Chaire Comptabilité Écologique & CERCES
- Comptabilité & Communs | Animation : Daniel LE GUILLOU (Coop des Communs & CERCES)

Normalisation comptable de durabilité, table ronde animée par Alexandre RAMBAUD, avec Fabrice BONNIFET [visioconférence], Patrick de CAMBOURG [visioconférence], Pascal DURAND [La CSRD, une passerelle entre deux mondes] et Ute MEYENBERG [Quelle utilisation pour le dialogue social ?]

Soirée
Rencontre avec Jacques RICHARD


Mardi 27 mai
Matin
Louis BAHOUGNE & Aurélien CAMUS : Droit et comptabilité : regards croisés sur les comptabilités écologiques [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Yann KERVINIO : Comptabilité et économie. Regards disciplinaires croisés sur les comptabilités écologiques
Corinne VERCHER-CHAPTAL : Ce(ux) qui compte(nt) dans les communs

Après-midi
Ateliers en parallèle
- Fresque de la comptabilité | Animation : Yves PERRET (CERCES)
- Jeu comptabilité écosystème-centrée | Animation : Chaire Comptabilité Écologique & Cabinet ASca
- Jeu C.A.R.E. | Animation : Chaire Comptabilité Écologique & CERCES
- Comptabilité & Communs | Animation : Daniel LE GUILLOU (Coop des Communs & CERCES)

Comptabilité, communs et droit, table ronde animée par Jennifer BARDY, avec Nicole ALIX et Somhack LIMPHAKDY

Soirée
Restitution artistique et sensible des échanges du colloque, intervention théâtrale de la Compagnie ENASCOR, par Julien AVRIL, Marion AMIAUD et Marianne THIÉRY
Festivités


Mercredi 28 mai
Matin
Restitution et Rapport d'étonnement des doctorants

Débat collectif

Après-midi
DÉPARTS


PRESSE / MÉDIAS :

La comptabilité écologique, qu'est-ce ?, film d'animation pédagogique réalisé pat l'agence bigbang communication dans le cadre de la Chaire Comptabilité Écologique, 2021.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Jennifer BARDY
Jennifer Bardy est maîtresse de conférences en droit privé à l'université Côte d'Azur, membre du GREDEG et responsable du Master 2 Droit économique de l'environnement. Après une thèse de doctorat consacrée au passif environnemental de l'entreprise, les travaux de Jennifer Bardy entendent démontrer la nécessité de faire évoluer le droit comptable en le rendant apte à appréhender la dette écologique de l'entreprise. Plus généralement, ses recherches s'intéressent aux interactions entre la comptabilité socio-environnementale et le système juridique dans sa globalité.
Publications
Jennifer Bardy, "Le droit comptable, clef de voûte de la transition écologique", in R. SÈVE (sous la dir.), Le Droit et les Nombres, Archives de philosophie du droit, Tome 65, éd. Lefebvre-Dalloz, octobre 2024.
Jennifer Bardy, "La prise en compte du non-comptable dans l'image fidèle de l'État", Revue du Droit Public, 2024, n°4.
Jennifer Bardy, Le passif environnemental de l'entreprise – Contribution à l'avènement d'un droit comptable de l'environnement, LGDJ, Collection "Bibliothèque de droit de l'urbanisme et de l'environnement", mars 2020.

Véronique BLUM
Maître de Conférences HDR à l'université Grenoble Alpes, Véronique Blum enseigne la comptabilité et la finance d'entreprise aux candidats au Diplôme Supérieur de Comptabilité et de Gestion et participe aux jurys de l'examen. Sa recherche, publiée dans Ecological Economics, Accounting Auditing and Accountability Journal, Critical Perspectives on Accounting, Comptabilité-Contrôle-Audit ou la Revue Française de Gestion, s'intéresse à l'information financière et extra-financière, aux risques, aux immatériels, à l'évaluation dans l'incertain et aux mesures et indicateurs de durabilité. Son début de carrière dans le conseil en contrôle interne auprès d'établissements publics à caractère administratif et des organismes délégataires, lui a permis de construire des processus d'analyse et d'évaluation explicitant l'intégration des risques. Elle dirige la chaire de recherche MAPMONDES (Secteur Financier : Mesurer Autrement Pour un MONde Durable Et Soutenable) hébergée par la Fondation du Risque, Institut Louis Bachelier, elle est membre du panel académique de l'EFRAG, du Multidisciplinary Institute in Artificial Intelligence. Elle a publié des rapports d'analyse pour l'Autorité des Normes Comptables et pour le Think Tank Digital New Deal et a participé au groupe de recherches du collège des Bernardins "Entreprises humaines : écologie et philosophies comptables". Véronique Blum a porté de nombreuses initiatives transversales liant des communautés œuvrant habituellement séparément. À Grenoble École de Management, elle a créé le premier double diplôme ingénieur-manager français. Elle a fondé AMAVI, l'Association for the Management and Valuation of Intangibles et contribué à développer une offre de formation certifiante d'évaluateur en Propriété Intellectuelle, à la frontière des connaissances techniques, juridiques et financières. Elle est membre du conseil d'administration du LES France, où elle co-préside le Comité IP Valuation, et de l'Observatoire de l'Immatériel, pour lequel elle a présidé le jury des trophées de l'Immatériel en 2021 et a créé un trophée dédié aux Start-ups en partenariat avec Skopai. Elle est aussi experte en évaluation pour l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (ONU) et fondatrice de StradiValue.
Publications
Blum V., Le N.-T. & Gumb, B. (2024), "La participation des ONG au processus de concertation sur une norme comptable relative aux conditions d'approvisionnement en ressources naturelles" [NGOs intervention in the accounting due-process on a standard relative to natural resources procurement conditions], Revue Française de Gestion Industrielle [en ligne].
Le Ravalec M., Rambaud A. & Blum V. (2022), "Taking climate change seriously : Implications for corporate climate performance communication", Ecological Economics, 200-107542.
Alexander D. & Blum V. (2016), "Ecological Economics : A Luhmannian Analysis of Integrated Reporting", Ecological Economics, 129: 241-251.
Noël C., Blum V. & Ayayi A. (2010), "International Accounting Standardization Analyzed in Terms of a Political Process : the Case of Petroleum Resources, Prospecting and Evaluation", Critical Perspectives on Accounting, 21(4): 329-341.

Clément FEGER
Titulaire d'une HDR en Sciences de gestion, il est maître de conférences à AgroParisTech et chercheur au laboratoire MRM (Université de Montpellier) et chercheur associé au CIRED. Il est également co-directeur de la Chaire Comptabilité Écologique et expert à l'IPBES, auteur principal dans le cadre du rapport "Entreprises et Biodiversité". Ses recherches portent sur le développement théorique et pratique des approches de "comptabilité écosystème-centrées", qui consistent à équiper les interventions stratégiques des organisations dans la mise en gestion collective des écosystèmes sur les territoires. Il travaille également sur les modèles d'affaires durables en matière de biodiversité et sur l'analyse de la gouvernance des outils de conservation. Il privilégie les méthodes de recherche-intervention en entreprise, auprès d'ONG environnementales ou d'acteurs publics. Il enseigne à AgroParisTech et dans d'autres établissements la comptabilité de la biodiversité et des écosystèmes, l'analyse stratégique de la gestion de l'environnement, ainsi que les sciences sociales appliquées et l'analyse sur le terrain des problèmes de protection de la biodiversité en France et à l'étranger (Guyane, Indonésie, etc.).
Publications
Feger, C., Levrel, H. & Rambaud, A. (2022), "Trois méthodes comptables pour mettre les problèmes écologiques au cœur de la chose publique", Revue Française de l'Administration Publique, 2022/3 (183), p. 815-829.
Feger, C., Gaudin, A. & Sulistyawan, S. B. (2021), "Démarche daccompagnement stratégique en comptabilité écosystème-centrée : l'exemple d'un outil d'alerte contre la déforestation à Bornéo", Revue de l'Organisation Responsable, 16 (2), p. 38-50.
Feger, C. & Mermet, L. (2021), "Innovations comptables pour la biodiversité et les écosystèmes : une typologie axée sur l'exigence de résultat environnemental", Comptabilité – Contrôle – Audit, 2021/1 (27), p. 13-50 — Article également disponible en version anglaise traduite — Prix du Meilleur Article 2021 délivré par l'Association Française de Comptabilité.
Feger, C., Mermet, L., Vira, B., Addison, P.F.E., Barker, R., Birkin, F., Burns, J., Cooper, S., Couvet, D., Cuckston, T., Daily, G.C., Dey, C., Gallagher, L., Hails, R., Jollands, S., Mace, G., Mckenzie, E., Milne, M., Quattrone, P., Rambaud, A., Russell, S., Santamaria, M. & Sutherland, W. J. (2019), "Four priorities for new links between conservation science and accounting research", Conservation Biology, 33 (4), p. 972–975.
Feger, C. & Mermet, L. (2017), "A Blueprint towards Accounting for the Management of Ecosystem", Accounting, Auditing and Accountability Journal, 30 (7), p. 1511–1536.

Alexandre RAMBAUD
Docteur en mathématiques et en sciences de gestion, Alexandre Rambaud est maître de conférences à AgroParisTech-CIRED et Academic Fellow de l'Institut Louis Bachelier. Il codirige la Chaire Comptabilité Écologique (Fondation AgroParisTech), la Chaire Double Matérialité (Fondation du Risque), et il est membre du Conseil Scientifique de la Fondation PARC (Paris Agreement Research Commons). Sa recherche porte sur la théorie de la comptabilité financière ainsi que sur la comptabilité et l'économie écologiques ; il codéveloppe dans ce cadre le modèle C.A.R.E. (Comprehensive Accounting in Respect of Ecology). Il est responsable des enseignements de comptabilité/analyse financières — après les avoir enseignés dans plusieurs institutions (ENSAE, HEC Paris, etc.) — et de la spécialisation en finance durable à AgroParisTech. Il enseigne également la comptabilité écologique dans plusieurs autres établissements (Université Paris-Dauphine, Mines, Ponts, ESSEC, HEC, etc.). Il est membre sortant des comités de durabilité de l'Autorité des Normes Comptables et de l'Autorité des Marchés Financiers. Il a par ailleurs cofondé le CERCES (Cercle des Comptables Environnementaux et Sociaux), dont il est administrateur et directeur scientifique, ainsi que l'ICGS (Institut de formation en Comptabilité et Gestion Soutenable), dont il est président du Conseil de Surveillance.
Publications
Rambaud, A. (2024), "How Can Accounting Reformulate the Debate on Natural Capital and Help Implement Its Ecological Approach ?", International Journal of Political Economy, 53(1), p. 67-95.
Le Ravalec, M., Rambaud, A., & Blum, V. (2022), "Taking climate change seriously : Time to credibly communicate on corporate climate performance", Ecological Economics, 200, 107542 [en ligne].
Rambaud, A. (2022), "CARE : Repenser la comptabilité sur des bases écologiques", L'Économie Politique, 93, p. 34–49.
Rambaud, A. & Richard, J. (2015), "The "Triple Depreciation Line" instead of the "Triple Bottom Line" : Towards a genuine integrated reporting", Critical Perspectives on Accounting, 33, p. 92–116.
Rambaud, A. & Richard, J. (2021), Philosophie d'une écologie anticapitaliste : pour un nouveau modèle de gestion écologique, Presses de l'Université Laval.
Richard, J. & Rambaud, A. (2020), Révolution comptable : Pour une entreprise écologique et sociale, Éditions de l'Atelier.


Carol ADAMS : Sustainability reporting vs sustainable development
Carol Adams will discuss the findings of the paper : "Adams, CA and Mueller, F (2022), "Academics and policy makers at odds : the case of the IFRS Foundation Trustees' Consultation Paper on Sustainability Reporting", Sustainability Accounting Management and Policy Journal, Vol. 13, N°6, pp. 1310-1333 [https://doi.org/10.1108/]", what has happened since, the GRI Standards and changing the mindset of the accounting profession.

Professor Carol Adams MSc PhD CA FAICD is an internationally recognised researcher in corporate accounting and reporting and its role in the relationships between business, society and the environment. Her research has been published in Accounting Organizations and Society, Accounting Auditing and Accountability Journal, British Accounting Review, European Accounting Review, Accounting and Business Research, Critical Perspectives on Accounting, Abacus, Sustainability Accounting Management and Policy Journal, Financial Accountability and Management, Accounting Forum, Business Strategy and Environment. Carol's work has accrued approx. 20,000 citations and her Google Scholar H Index is 52. Her 2002 and 2004 sole authored articles are the 8th and 11th most cited articles in the Accounting, Auditing and Accountability Journal where she has four of the top 40 cited papers published in the journal's 30 year history. She also has the 2nd most cited article in the British Accounting Review; the 4th most cited article in Critical Perspectives in Accounting; the 5th most cited article in Accounting Forum ; and, the 5th and 7th most cited articles in the Sustainability Accounting Management and Policy Journal. Carol has received research funding from the Australian Research Council, ESRC, UNCTAD-ISAR and several international professional accounting bodies. Carol is Founding Editor and Editor-in-Chief of the Sustainability Accounting, Management and Policy Journal which she established to promote research that addresses practice and policy issues capable of improving the relationships between accounting, organisations and sustainable development. Carol has sought to advance practice and policy with respect to integrating sustainability considerations into organisations through applied research, leadership, standard setting, advisory work and educating the next generation of business leaders for over two decades. She has authored several industry/professional reports, has made submissions to numerous public consultations and writes on her website at https://drcaroladams.net/.

Nicole ALIX
Nicole Alix, présidente de La Coop des Communs, a été engagée pendant 40 ans dans les organisations a-capitalistes de l'économie sociale. Elle a exercé des fonctions soit de conception d'outils de gestion et de plaidoyer, au plan français et européen (DGA de l'UNIOPSS, créatrice du "Comité Don en confiance", représentante auprès des pouvoirs publics) soit de direction opérationnelle (Direction du développement du Crédit Coopératif ; DG du groupe de maisons de retraite associatif Isatis). Elle s'intéresse à la comptabilité de ces organisations depuis 1980.

Nicolas ANTHEAUME
Nicolas Antheaume est Professeur en sciences de gestion à l'IAE - l'école d'Économie et de Management de Nantes Université. Il est spécialisé en comptabilité pour le développement durable et l'économie circulaire. Il contribue aussi à la création de ressources pour la formation aux business modèles de l'économie circulaire (bm3c2.fr). En 2021-2022, il a participé comme Project management officer, aux travaux européens de normalisation comptable au sein du groupe de travail de l'EFRAG sur les normes de comptabilité pour le développement durable (EFRAG Project Task Force on EU Sustainability Reporting Standards). Depuis janvier 2025, il fait partie du groupe de travail de l'ANC sur la transparence en matière de biodiversité. Il est Vice-Président de l'Association Francophone de Comptabilité.

Louis BAHOUGNE & Aurélien CAMUS : Droit et comptabilité : regards croisés sur les comptabilités écologiques
Le droit et la comptabilité entretiennent des rapports étroits, que ce soit d'un point de vue historique ou technique. Le tropisme de l'approche "continentale" de la comptabilité en droit français n'y est pas étranger. En tant que discipline normative, la comptabilité apparait comme un objet d'étude juridique à part entière. Sous cet angle, l'exploration des limites concrètes à la performativité des normes, fussent-elles comptables, permet d'envisager les limites intrinsèques au développement d'une comptabilité exclusivement financière ne tenant pas compte des contraintes physiques d'un monde fini. Ce faisant, sont envisagées les conditions d'une réception juridique des modèles de comptabilité écologique fondés sur un principe de double matérialité. De ce point de vue, la comptabilité occupe une position originale au sein de l'ordre juridique en raison de sa "fonction intégrative" à même de retranscrire comptablement les droits et obligations provenant d'autres branches du droit, notamment du droit de l'environnement. La réception juridique des comptabilités écologiques demeure toutefois délicate. Outre les difficultés associées à la question du fondement de la compétence de l'auteur de la norme comptable écologique, la question du mode d'association des modèles comptables écologiques aux systèmes existants de comptabilité financière se pose. Pour l'heure, trois systèmes comptables financiers juridiquement contraignants peuvent être recensés : comptabilité nationale, comptabilité de gestion, comptabilité budgétaire. Les modèles de comptabilités écologiques sont adossés à l'un de ces systèmes de comptabilité financière à l'instar du modèle SEEA-CF pour la comptabilité nationale ou les normes ESRD pour la comptabilité de gestion. Il n'existe toutefois pas un mais des modèles d'appariements d'une comptabilité écologique à un système de comptabilité financière. Il en résulte une "échelle d'intégration" des comptabilités écologiques. Si le système SEEA-CF se déploie au sein des comptes de la nation, les normes ESRD empruntent la technique de l'adossement par enrichissement de l'information extra-financière des comptes des entreprises privées. En ce sens, le modèle CARE® poursuit une logique notoirement plus intégrative. Aussi, s'il devait être mis en œuvre au sein de la comptabilité d'exercice des organismes publics, il pourrait produire des effets considérables sur leur gestion qui devraient être précisément mesurés. Ainsi notamment lorsque ces entités publiques sont soumises à une organisation "moniste" de leurs comptabilités budgétaire et d'exercice.

Louis Bahougne est professeur agrégé des universités à l'université de Nantes et est actuellement détaché dans les fonctions de magistrat à la chambre régionale des comptes des Pays de la Loire. Il est l'auteur d'une thèse relative au financement du service public publiée à la bibliothèque de droit public. Ses recherches recouvrent plus particulièrement le champ du droit public financier. Il est ainsi l'auteur, avec Aurélien Camus, d'un ouvrage intitulé Droit de la comptabilité publique paru aux Presses Universitaires de Frances en 2020 dans la collection "Thémis". Il dirige par ailleurs, également avec Aurélien Camus, la chronique annuelle de droit public financier à la revue Droit administratif.

Aurélien Camus est maître de conférences en droit public. Après sa thèse, il a effectué un post-doctorat au Conseil de normalisation des comptes (CNoCP) sur les spécificités du secteur public. Ses travaux portent sur le droit de la comptabilité publique, sur la spécificité du secteur public, sur les règles d'exécution des dépenses et des recettes et sur la relation entre le droit de la comptabilité publique et le droit administratif des obligations. Avec Louis Bahougne, il a écrit l'ouvrage Droit de la comptabilité publique aux PUF dans la collection "Thémi" et il codirige avec le même auteur la chronique de Droit public financier dans la revue Droit administratif.

Pierre BARET
Pierre Baret, Docteur en économie et HDR en sciences de gestion, est Professeur à EXCELIA Business School. Il est responsable de l'axe de recherche "Développement Durable et Responsabilité Sociale des Entreprises" du CERIIM et membre du laboratoire CEREGE (UR 13564). Il pilote la Chaire d'entreprise "Évaluer et rendre compte de la performance globale" de l'IRSI (Institut de la Responsabilité Sociétale par l'Innovation). Il occupe des responsabilités dans différentes associations scientifiques nationales et internationales en lien avec la RSE et le développement durable. Il intervient également, en qualité d'expert, auprès d'instances publiques. Auteur de nombreux articles et ouvrages de recherche, ses travaux portent principalement sur la mise en œuvre de démarches responsables au sein des organisations, le reporting extra-financier et la comptabilité écologique.

Elsa BISCHOFF
Elsa Bischoff est juriste, ancienne avocate en droit fiscal des affaires et ancienne co-dirigeante de TPE. Titulaire d'un Master en droit fiscal des affaires et d'un Master en développement durable des organisations, elle est actuellement doctorante en droit fiscal écologique rattachée à la faculté de droit de Nice, à AgroParisTech et à la Chaire de Comptabilité Écologique. Elle s'intéresse spécifiquement, dans ses travaux doctoraux, aux notions de justice fiscale et de connexion entre droit fiscal et droit comptable à soutenabilité forte tel qu'il pourrait être normalisé sur un modèle de type CARE.
Publication
"Quelle pertinence du recours aux quotas carbone ?", Actes du colloque du 5 avril 2024 sur le rôle de la fiscalité dans la transition agro-environnementale et la stratégie bas-carbone, Revue générale du droit on line, 2025, numéro 65550.

Fabrice BONNIFET
Fabrice Bonnifet a orchestré pendant plus de 20 ans au sein de grandes entreprises, la stratégie de durabilité et d'excellence opérationnelle (QSE), conçu et déployé des plans de transition vers des modèles d'affaires plus responsables, assuré la conformité aux normes du Green deal (CSRD, CS3D, Taxonomie) en concertation avec les parties prenantes, élaboré les stratégies et les politiques climat & biodiversité, ressources, droits humains et achats responsables. Aujourd'hui en tant que Président du C3D et de GenAct, Fabrice œuvre à faire émerger dans les entreprises des modèles économiques à visée régénérative. Il est ingénieur du Conservatoire National des Arts et Métiers, il est administrateur de The Shift Project, auteur de plusieurs ouvrages et conférencier, enseignant dans plusieurs écoles et universités.

Clément BOYER
Clément Boyer est doctorant à AgroParisTech (CIRED), à l'université Paris-Dauphine (DRM) et à la chaire "Comptabilité écologique". Ses recherches portent sur les enjeux de l'articulation des comptabilités écologiques de l'organisation (modèle C.A.R.E.) avec des comptabilités centrées sur les écosystèmes (modèle E.C.A.F.). Il s'intéresse en particulier aux questions de préservation des sols dans le contexte des transitions agroécologiques et foncières territoriales. Sa thèse s'inscrit dans un projet de recherche-intervention au sein d'exploitations agricoles et d'un projet de territoire (Sésame-Cœur d'Essonne) qui explore les liens entre comptabilités, outils de co-gestion écologique, sciences du sol et éthiques féministes du care.

Clément CARN
Clément Carn est maître de conférences en sciences de gestion à l'université Paris Dauphine - PSL, spécialisé en comptabilité et plus particulièrement en comptabilité socio-environnementale. Ses travaux l'ont amené à interroger en particulier l'intégration des enjeux sociaux dans le reporting de durabilité.

Victor COUNILLON
Après un master Politiques publiques-Poltiiques d'entreprises responsabilités sociales, Victor Counillon a démarré une thèse CIFRE concernant l'application de C.A.R.E. en comptabilité écologique dans une collectivité territoriale. Il s'intéresse aux modalités d'application de C.A.R.E. dans une collectivité, à la fois pour les activités de la mairie, mais aussi comme levier pour écologiser l'organisation territoriale, en lien avec les autres niveaux de comptabilité.

Colin DEY : Imagining critical environmental accountability as prefigurative governmentality
This study develops and extends prior Foucauldian-inspired studies of the role of accounting in translating diverse sustainability-related programs and policies in governance practices. Many prior studies use Dean's (1999) analytics of government to examine practices in national, sectoral and organizational settings. However, as far as we are aware, none have yet sought to (re)frame the governmentality of critical environmental accounting through an analytics of protest (Death, 2010). Here, we mobilise Death's framework in an attempt to map out the potential of prefiguratism to achieve regenerative sustainability governance and accountability. Prefigurative practices of an interstitial nature involve constructing imaginaries of a utopian, sustainable society, which means that required knowledge is not always available and easily accessible but needs instead either to be created or pieced together from multiple sources. It is important that such new knowledge emerges in participatory, often communitarian-grounded activities associated with social experimentation operating in interstitial spaces. The nature of this new knowledge and reflecting on the processes of emergence will illuminate potential prefigurative pedagogic practices aligned with critical environmental accountabilities. The study elaborates a series of regenerative sustainability imaginaries within which to explore critical environmental accountabilities. Emerging from this exploration are insights that could align environmental accounting and accountabilities with counter-conducts associated with regenerative system governance. This can be contrasted with counter-conducts associated with resistance in order to mitigate the negative impacts from businesses on natural systems.

Dr Colin Dey is Professor of Accounting at the University of Dundee School of Business in Scotland.

Morgane GONON
Morgane Gonon est doctorante en économie écologique à la chaire de comptabilité écologique du CIRED (Centre international de recherche sur l'environnement et le développement). Ses recherches portent sur les mécanismes et flux financiers Nord-Sud pour la biodiversité et la restauration des écosystèmes. Elle est chercheuse associée à l'Agence française de développement et membre du Nature Transition Hub du programme C3A de la Banque mondiale.

Carlos LARRINAGA
Carlos Larrinaga is Professor of Accounting at the University of Burgos, Spain. He is associated to the Centre for Social and Environmental Accounting Research, University of St Andrews. Formerly he served at the University of Seville, and at Carlos III University. His interests are the role of business in sustainable development, and particularly social, environmental and sustainability reporting. In the last years he is studying the interplay between accounting, modernity and the Anthropocene from historical, coloniality and ecological perspectives. He has published in a number of journals that include Accounting, Organizations and Society, Accounting, Auditing and Accountability Journal, Critical Perspectives on Accounting and European Accounting Review. He also serves in the editorial board of various journals and is Associate Editor of Critical Perspectives on Accounting and the European Accounting Review.

Daniel LE GUILLOU
Après avoir exercé différentes responsabilités dans le secteur public et dans le secteur privé, Daniel Le Guillou s'est engagé dans le secteur associatif : il a été délégué général de l'ONG Transparency International France ; en tant qu'allié du mouvement ATD Quart Monde, il est engagé depuis 2015 dans le projet Territoires zéro chômeur de longue durée au niveau national et au niveau local ; au sein de La Coop des Communs, il anime le groupe "Communs et comptabilité" qui a pour objectifs de sensibiliser les organisations de l'Économie sociale et solidaire à la nécessité de changer de modèle comptable, d'expérimenter le modèle "C.A.R.E." et de capitaliser les enseignements des expérimentations en lien avec le CERCES ; administrateur du CERCES, il anime le groupe en charge de l'analyse des retours d'expériences relatives à la mise en oeuvre opérationnelle du modèle "C.A.R.E.".
Publications
Defalvard H., Le Guillou D. (2024), "L'entreprise à but d'emploi, une révolution à accomplir avec les communs", in Gianfaldoni P., Richez-Battesti N., Fraisse L. (dir.), Quand l'économie sociale et solidaire fait territoire, Éditions universitaires d'Avignon.
Le Guillou D. (2023), "Territoires zéro chômeur de longue durée au prisme des communs", RECMA, n°370- 371, p. 118-128.
Le Guillou D., Prost D. (2022), Zéro chomeur, mobilisez votre territoire pour l'emploi !, Éditions de l'Atelier, Éditions Quart Monde.
Hédon C., Goubert D., Le Guillou D. (2019), Zéro chomeur, Dix territoires relèvent le défi, Éditions de l'Atelier, Éditions Quart Monde.

Somhack LIMPHAKDY
Somhack Limphakdy est philosophe du droit, pénaliste. Elle interroge les Communs et plus spécifiquement la renouvelabilité de la ressource en eau. Elle enseigne entre autres à l'université Paris 8 la philosophie comptable au sein du Master économie écologique (Master TREES). Souhaitant porter les comptabilités écologiques dans les pratiques, elle développe un programme de recherche-action contributive en Alsace, en lien avec les universités de Strasbourg et de Haute-Alsace, au sein d'un projet de Mutuelle de l'Alimentation. La Mutuelle s'inspirant des travaux du collectif pour une Sécurité sociale de l'alimentation deviendrait l'espace d'un dialogue territorial permettant aux acteurs du système alimentaire de tendre vers la résilience en s'appuyant sur une comptabilité à gestion collective.

Jérôme MÉRIC
Jérôme Méric est professeur à l'IAE de l'université de Poitiers, président de la CEFDG. Il est rédacteur en chef de la revue Entreprise & Société, rédacteur associé à European Management Review. Il préside la Société Français de Management.

Ute MEYENBERG : Quelle utilisation pour le dialogue social ?
La proposition OMNIBUS de la Commission arrive comme un choc, notamment pour la CSRD et la CSDDD. Elle traduit des problématiques géopolitiques, même si certaines "simplifications" pourraient éviter des chevauchements règlementaires. On déplore notamment la dilution des plans de transition, nerf de la guerre pour suivre la transition écologique. Heureusement, le concept de double matérialité a été sauvegardée dans le processus (au moins dans son état actuel). Rappelons que la CSRD faisait partie de la proposition pour une finance durable, effectuée dès 2018, soit un an avant le Green Deal. Si ce green Deal semble bien affaibli, il y a lieu de s'interroger comment travailler avec des normes simplifiées et d’en tirer le meilleur pari.

Ute Meyenberg est Secrétaire nationale de la CFDT Cadres, en charge de questions qui relient l'économique et le social. En tant que membre de la Commission durabilité de l'Autorité des normes comptables, elle travaille sur la mise en place de la CSRD depuis 2022. Après une carrière de 25 ans dans une banque d'investissement, elle s'occupe de régulation financière pour les syndicats depuis 2007. Elle a notamment créé une série de webinaires didactiques sur l'utilisation de la CSRD dans le dialogue social. Ute est également membre du groupe de travail sur les normes bancaires de l'EFRAG et membre de la Commission des sanctions de l'Autorité des marchés financiers depuis 2019. Elle est diplômée d'HEC et psychologue du travail (CNAM).

Jacques RICHARD
Jacques Richard est Professeur émérite de l'université Paris Dauphine ; Ancien Expert comptable (au service des Comités d'entreprises) ; Membre de l'Autorité des normes comptables (Ministère des Finance) et Lauréat de l'Académie américaine des historiens de la comptabilité.
Publications
Origines du mot comptabilité, Halshs-00465984v2, 2010.
Révolution comptable pour une entreprise écologique et sociale, Éditions de l'Atelier, 2020.
Philosophie d'une écologie anticapitaliste, Presses de l'université de Laval, 2021.
Economics, Accounting and the true nature of capitalism, Routledge, 2022.
Capital in the history of accounting and economic thought, Routledge, 2022.
Humanitarian ecological economics and accounting, Routledge, 2022.
Radical ecological economics and accounting to save the planet, Routledge, 2023.
Philosophy of Ecology and capitalism. The true new green deal, Ethics Press, 2023.
A philosophy of catastrophes or a catastrophe of philosophies, Ethics Press, 2024.
Capitalism as Megamachine. A new historical legal and political approach, Routledge, 2025 (Under press).

Sébastien ROCHER : La critique de la comptabilité à l'épreuve de l'art
Cette communication propose un regard sur le rôle des artistes dans la critique des modèles comptables. Si la comptabilité est présente, par l'entremise de la représentation de livres de comptes, dans la peinture depuis le XIIIe siècle, et si ses fonctions artistiques et l'image qu'en donnent les artistes ont changé au fil des siècles, il n'en reste pas moins que l'information comptable et les règles de la comptabilité ne sont jamais un sujet pour l'artiste dans la peinture. C'est avec l'avènement de l'art contemporain dans la deuxième partie du XXe siècle, et la présence d'artefacts comptables dans la matérialité de l'œuvre d'art, que la comptabilité est pensée depuis les pratiques artistiques, que ce soit par le regardeur ou par l'artiste lui-même, lorsqu'il interroge la nature de l'information comptable au travers de son œuvre.

Sébastien Rocher est professeur des universités en Sciences de Gestion. En poste à l'IAE de Nancy School of Management (Université de Lorraine) où il est responsable de la mention Comptabilité-Contrôle-Audit, il est membre du Centre Européen de Recherche en Économie Financière et Gestion des entreprises (CEREFIGE). Il est le secrétaire général de l'Association Francophone de Comptabilité depuis 2021. Ses publications récentes abordent les relations croisées entre productions culturelles et artistiques, et comptabilité. Son dernier ouvrage, paru en septembre 2022 et édité par l'Association des Professionnels et Directeurs Comptables (APDC), intitulé La comptabilité dans l'Art, propose un "musée de papier" d'œuvres contemporaines dans lesquelles des artistes ont représenté ou recouru à des artefacts comptables.

Shona RUSSELL : Fluid articulations : examining Earth accounting controversies
Accounting's potential to address ecological concerns and participate in the politics of nature has attracted much attention. Much of scholarship has centred on measurement, quantification and calculation yet, there are many other diverse and creative efforts to articulate ecological matters of concern. We suggest the array of efforts to articulate ecological matters of concern using literary technologies are examples of "Earth accounting". Deepening possibilities for accounting to contribute to addressing ecological matters of concern requires exploring how matters of ecological concern are being accounted for before they have settled into distinct form of expression, measurement, and control. Our study examines controversies in the use and management of the UK's rivers. While Characterised by shifting alliances and experimental accounting, we examine the fluid articulations that are mobilised. While articulation via measurement by professional and citizen communities appeared central, it was evident that Earth accounting practices sought to forge alliances, create common ground, and galvanise action towards care and connection with rivers. We suggest that following the fluid and unsettled forms of Earth accounting, creates opportunities to open up possibilities for accounting, utilising diverse literary technologies in order technologies to speak "of", "for" and "with" ecological matters of concern.

Shona Russell is a Senior Lecturer at the University of St Andrews Business School. Her qualitative research explores accounting, accountability, and governance for sustainability. Her research is situated within the Centre for Social and Environmental Accounting Research (CSEAR), of which she is a Co-Director. She has published in international journals such as Accounting, Auditing and Accountability Journal, Conservation Biology, Critical Perspectives on Accounting, Ecological Economics and Environmental Policy and Governance.

Corinne VERCHER-CHAPTAL
Corinne Vercher-Chaptal est professeure des Universités en science de gestion à Sorbonne Paris Nord, membre du laboratoire Analyses des Crises & Transitions, et co-fondatrice de la Revue EnCommuns. Elle a été responsable scientifique du rapport TAPAS (There Are Platforms as Alternative) financé par la DARES. Elle est actuellement co-leader de l'Action Cost P-Will (Platform Work Inclusion Living Lab). Ses travaux portent sur les organisations alternatives, à l'articulation entre la tradition de l'ESS et le courant des communs, et leur nouvel essor via le recours aux plateformes numériques. Ses publications les plus récentes renseignent les modes d'émergence, de gouvernance, les modèles économiques et le rapport à la technologie de plateformes dites substantives (Vercher-Chaptal et al., 2022 ; Vercher-Chaptal et al., 2024), en lien avec les enjeux de transition sociale, écologique et solidaire dont elles sont porteuses.

Caroline VIGO COGUETO
Caroline Vigo Cogueto est biologiste, titulaire d'un master en gestion de l'environnement, et actuellement doctorante en comptabilité centrée sur les écosystèmes. Son parcours académique et professionnel reflète son engagement à comprendre et à renforcer le rôle des systèmes d'information et de gestion dans l'action pour l'environnement. Au fil des années, elle a acquis une expérience professionnelle diversifiée dans les secteurs public, associatif et du conseil privé. Cette exposition multidisciplinaire a enrichi sa vision et renforcé sa conviction quant à l'importance d'approches intégrées, articulant sciences sociales et sciences de la conservation, pour faire face aux crises environnementales actuelles. À travers ses recherches doctorales, elle explore comment ces systèmes peuvent appuyer les acteurs stratégiques et les organisations collectives dans la planification, le suivi et l'évaluation de leurs actions en faveur d'impacts environnementaux et sociaux positifs.

Noubon René YEO
Titulaire d'un diplôme de Master en gestion environnementale des écosystèmes et forêts tropicales à AgroParisTech en 2018, Noubon René Yeo est doctorant à l'université de Montpellier et à AgroParisTech depuis 2021. Son projet de thèse est rattaché à la Chaire de Comptabilité écologique. Il totalise une expérience de huit ans en tant que chargé de mission dans l'action publique en faveur de la conservation des espaces naturels protégés en Côte d'Ivoire. Sa thèse s'appuie sur une approche de recherche-intervention pour tester et développer des modèles de gestion écosystèmes-centrés adaptés pour structurer et outiller des stratégies de gestion collectives et les interventions de coalitions d'acteurs motivés par la conservation de la biodiversité dans divers contextes de préservation et de restauration des milieux aquatiques et leur biodiversité en Occitanie.


Les écologues et la comptabilité, table ronde animée par Clément FEGER, avec Maud BORIE [Partage d'un travail en cours sur l'utilisation des connaissances en écologie dans les méthodologies de crédit biodiversité], Christophe BOUNI, Denis COUVET [Comptabilité(s) biodiversité : enjeux et défis] et ⁠Matthieu DELABIE
Toute comptabilité écologique appliquée à la biodiversité et aux écosystèmes doit, pour être pertinente quant aux objets qu'elle représente, s'appuyer en partie sur une construction du chiffre issue des sciences écologiques. Les comptables ont ainsi fort besoin des apports de l'écologie scientifique et des sciences de la conservation. Toutefois, lorsqu'ils sont intégrés dans des systèmes comptables (à différentes échelles), ces chiffres sortent du seul régime épistémologique et d'objectivation propre aux sciences positives. Ils deviennent des parties constitutives d'un ensemble de conventions humaines subjectives, qui orientent la décision et l'action dans un certain sens et au service d'une certaine vision du monde, du système socio-économique et de ses rapports à la nature. De ce point de vue, les écologues ont alors eux-aussi besoin des comptables pour mieux comprendre les orientations dans lesquelles les connaissances qu'ils produisent sont utilisées pour la décision et l'action de préservation de la biodiversité et des écosystèmes. Dans cette perspective comment alors penser les liens nécessaires entre les sciences écologiques et les recherches en comptabilité ? Quelles critiques peut-on formuler à partir de là quant aux dispositifs existant de gestion et de quantification de la biodiversité ? Comment cela peut-il amener à imaginer d'autres formes de comptabilités adaptées à ces défis et aptes à déboucher sur des changements de pratiques concrets de la part des professionnels de la biodiversité et autres acteurs ?

Maud BORIE
Maud Borie est maîtresse de conférences au sein du département de Géographie de King's College London. Ses recherches, qui mobilisent la sociologie des sciences, l'écologie politique et la géographie critique, portent sur les interactions entre expertise et gouvernance des changements environnementaux, avec une interrogation sur les implications socio-politiques associées à l'utilisation de différentes formes de savoirs. Sa thèse portait sur l'institutionnalisation de l'expertise sur la biodiversité à l'échelle internationale avec un travail sur la mise en place de la Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques (IPBES). Ses recherches actuelles interrogent les liens entre savoirs et processus de transformation et s'articulent autour de deux axes en résonance : Un axe portant sur les liens entre sciences de l'environnement & finance verte, avec une étude en cours sur les crédits biodiversité ; Un axe portant sur la conflictualité dans la mise en place de différentes solutions fondées sur la nature avec un travail sur la restauration écologique en collaboration avec des artistes et les humanités numériques afin de développer des méthodologies permettant de rendre compte de différentes façons de faire sens de ces "solutions". Maud est également éditrice associée à la revue Environmental Science & policy et membre du Knowledge Coordination Body d'EKLIPSE, un mécanisme d'expertise qui met en lien décideurs et réseaux d’experts sur les questions de biodiversité au niveau européen.
Publications
Borie, M. and Bracking, S., 2024, "Authorising green finance with claims to science : research avenues to move beyond sciencewashing", Finance and Space, 1(1), pp. 494-516 [open access].
Bracking, S., Borie, M, Temple, T., Sim, G., 2023, "Turning investments green in bond markets : qualification, devices and morality", Economy and Society, 52(4), pp. 626-649 [open access].
Borie, M., Mahony, M., Obermeister, N. and Hulme, M., 2021, "Knowing like a global expert organization : Comparative insights from the IPCC and IPBES", Global Environmental Change, 68, p. 102261 [Pre-print].
Borie, M. and Hulme, M., 2015, "Framing global biodiversity : IPBES between mother earth and ecosystem services", Environmental Science & Policy, 54, pp. 487-496 [Pre-print].
Busch, J., Ring, I., Akullo, M., Amarjargal, O., Borie, M., Cassola, R.S., Cruz-Trinidad, A., Droste, N., Haryanto, J.T., Kasymov, U. and Kotenko, N.V., 2021, "A global review of ecological fiscal transfers", Nature Sustainability, 4(9), pp. 756-765.
Borie, M., Mathevet, R., Letourneau, A., Ring, I., Thompson, J.D. and Marty, P., 2014, "Exploring the contribution of fiscal transfers to protected area policy", Ecology and Society, 19(1).

Christophe BOUNI
Christophe Bouni est Docteur en économie de l'environnement et analyse spatiale (Paris I Panthéon Sorbonne). Sa thèse a porté sur le thème du développement durable et des macro-systèmes d'information. Il pilote actuellement l'accompagnement de gestionnaires dans la mise en œuvre de mesures d'amélioration et d'indicateurs de suivis et d'évaluation de la gouvernance des sites Natura 2000 en mer pour l'OFB. Il développe des approches de valorisation des opérations de restauration de milieux sur le plan social et économique en expérimentant, pour l'agence de l'eau Rhône Méditerranée & Corse, l'intégration de la notion d'utilité sociale dans la conception de projets de restauration de milieux aquatiques, de préservation de la biodiversité et/ou de protection de la ressource en eau. Il a accompagné et animé également, depuis 2007 le Groupe d'Appui à la Restauration Physique de l'agence de l'eau Rhône Méditerranée & Corse qui vise à promouvoir des opérations de restauration hydromorphologique, notamment par la réalisation de notes stratégiques s'appuyant sur les aspects techniques et socio-économiques de ces projets de solutions fondées sur la nature. Il développe enfin avec AgroParisTech et la Chaire de comptabilité le modèle de comptabilité de contribution écologique, structure de comptes permettant aux acteurs de se coordonner autour de la préservation d'écosystèmes. Il exerce ses compétences dans les domaines suivants : Évaluations économiques et de politiques dans le domaine de la gestion des milieux aquatiques ; Études et recherches et formation dans le domaine de la concertation ; Élaboration de démarches de structuration de la connaissance pour la décision. Il occupe également depuis janvier 2001 les fonctions de gérant d'AScA.

Denis COUVET : Comptabilité(s) biodiversité : enjeux et défis
Le cadre écologique des comptabilités de la nature semble maintenant solidement établi, notamment avec la notion d'intégrité des écosystèmes, combinant diversité du vivant et fonctions écologiques. À l'inverse, le cadrage socio-économique reste incertain : s'agit-il de se préoccuper de conservation ou de restauration de la nature, de quelques fonctions écologiques, de parvenir à des consommations durables, de diminuer les risques humains, de réduire les pollutions, d'améliorer la pertinence des investissements ou la qualité des territoires, d'intégrer des droits humains… ? Des questions environnementales privilégiées dépendent les modes de consolidation des données environnementales, la place que ces synthèses occuperont dans les modèles macroéconomiques, la manière dont ces modèles intègrent la nature et ses dynamiques ; les choix de ces modèles déterminant en retour les questions environnementales et le type de comptabilité environnementale que les parties prenantes devraient privilégier.

Denis Couvet est professeur au Muséum, président de la FRB (Fondation pour la recherche sur la biodiversité), membre de l'académie d'Agriculture. Il est expert en écologie et biodiversité, notamment leurs relations avec les visions structures et pratiques humaines.


BIBLIOGRAPHIE :

• Bardy, J. & Rambaud, A. (2023), "Approche comptable du principe pollueur-payeur", in A.-S. Epstein & M.-A. Chardeaux (dir.), Le droit économique de l'environnement : acteurs et méthodes, Mare & Martin.
• Berland, N. & Pezet, A. (2009), "Quand la comptabilité colonise l'économie et la société", in D. Golsorkhi, I. Huault & B. Leca (Eds.), Les études critiques en management, une perspective française, Les Presses de l'Université Laval, pp. 131–162.
• Feger, C. & Mermet, L. (2021), "Innovations comptables pour la biodiversité et les écosystèmes : une typologie axée sur l'exigence de résultat environnemental", in Comptabilité – Contrôle – Audit, 2021/1 (27), pp. 13-50.
• Feger, C., Mermet, L., Vira, B., Addison, P. F. E., Barker, R., Birkin, F., Burns, J., Cooper, S., Couvet, D., Cuckston, T., Daily, G. C., Dey, C., Gallagher, L., Hails, R., Jollands, S., Mace, G., Mckenzie, E., Milne, M., Quattrone, P., … Sutherland, W. J. (2018), "Four priorities for new links between conservation science and accounting research", in Conservation Biology, 33(4), pp. 972–975.
• Feger, C., Rambaud, A. & Guillot, A. (2023, November), "La comptabilité, objet philosophique ?", Philonomist.
• HLEG. (2018), Financing a sustainable European economy, Final report 2018 by the High-Level Expert Group on Sustainable Finance (HLEG).
• Le Ravalec, M., Rambaud, A. & Blum, V. (2022), "Taking climate change seriously : Time to credibly communicate on corporate climate performance",in Ecological Economics, Vol. 200, 107542 [en ligne].
• Notat, N., & Senard, J.-D. (2018), L'entreprise, objet d'intérêt collectif, Rapport aux Ministres de la Transition écologique et solidaire, de la Justice, de l'Économie et des Finances du Travail [en ligne].
• Rambaud, A. & Feger, C. (2020), "Transformer nos systèmes comptables pour se réorganiser avec ce qui compte (vraiment)", The Conversation [en ligne].
• Schmandt-Besserat, D. (2022), La Genèse de l'écriture, Les Belles Lettres.


SOUTIENS :

Chaire Comptabilité Écologique
• Cercle des comptables environnementaux et sociaux (CERCES)
Chaire Double Matérialité
• Groupe de recherche en droit, économie et gestion (GREDEG) | Université Côte d’Azur
Chaire Mapmondes

Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


MÉTAMORPHOSES PAR LE PAYSAGE

LE PAYSAGE COMME BOUSSOLE ?
NAVIGATION DANS L'ARCHIPEL DES MÉTAMORPHOSES


DU MERCREDI 14 MAI (19 H) AU MARDI 20 MAI (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Bertrand FOLLÉA, Roger GOUDIARD, Stéphanie LANGEVIN, Patrick MOQUAY

Avec le concours d'Emmanuel FAUCHET


ARGUMENT :

Pour qu'elle se concrétise, il manque à la transition écologique et énergétique une perspective du monde sobre, décarboné et résilient de l'après-pétrole. Vers quel pays nous mènent ces azimuts et comment embarquer pour prendre le cap ?

Plus la vague climatique, écologique et sociale grandit, plus la démocratie se trouve menacée, ballotée entre l'inaction populiste à tribord et l'autoritarisme technocratique à babord.

Dans L'Archipel des Métamorphoses(1), Bertrand Folléa soutient que le paysage s'offre comme méthode au service des profondes transformations sociétales. Ni tableau à contempler, ni territoire à équiper, ni carte postale à protéger, ni décor à planter : sorti de ces réductions, le paysage recouvre sa capacité à offrir du sens comme milieu de vie à façonner, constituant un bien commun.

L'archipel constitue la figure métaphorique du paysage de l'après-pétrole. Il s'oppose à la "continentalisation" mortifère des mégalopoles nées de l'ère des énergies fossiles.

Jusqu'à quel point le paysage comme projet politique peut-il constituer cet inattendu instrument de navigation dans la conduite de la transition ?

Embarqués à Cerisy, nous naviguerons dans l'Archipel des Métamorphoses pour tester le paysage comme boussole, avec pour escales : l'imaginaire, le territoire, la politique, l'économie, l'éducation, … et les îles Chausey.

(1) L'Archipel des Métamorphoses – La transition par le paysage, Bertrand Folléa, Éditions Parenthèses, 2019.


MOTS-CLÉS :

Agriculture, Agro-écologie, Anthropocène, Archipel, Architecture, Arts, Bien commun, Biodiversité, Cadre de vie, Climat, Comportement, Décarbonation, Démocratie, Écologie, Économie, Éducation, Énergie, Forêt, Imaginaire, Interdépendances, Interdisciplinarité, Métamorphose, Méthode, Mobilités, Mode de vie, Nature, Paysage, Perception, Politique, Projet, Récit, Relation, Représentation, Résilience, Risque, Ruralité, Science, Sensible, Site, Sobriété, Territoire, Transdisciplinarité, Transition, Transition écologique, Transition énergétique, Transformation, Urbanisme, Valeur, Ville, Vivant, Zones ateliers, Zone critique


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 14 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 15 mai
MÉTAMORPHOSES DES REPRÉSENTATIONS, DES PERCEPTIONS, DES IMAGINAIRES, DE L'ESTHÉTIQUE
Pour que le paysage devienne le bras armé des transitions, il faut remettre le concept à nu et faire valoir sa capacité à embarquer. La table ronde, par des approches théoriques et des illustrations pratiques, évoquera les mises en récits qui activent l'imaginaire et transforment nos représentations du paysage.
Matin
Bertrand FOLLÉA : L'Archipel des métamorphoses : la transition par le paysage
Roberto CASATI : Prolégomènes à une science du paysage marin [visioconférence]

Après-midi
Visite de Cerisy : une lecture archipélique du paysage, château-parc-campagne, sous la conduite de Anne BAS et Sylvie CACHIN-LAROCHE

Métamorphoses par le paysage, quelques cas pratiques d'illustrations concrètes, par Bertrand FOLLÉA et Claire GAUTIER

Paysages en métamorphoses : transformer nos représentations, table ronde animée par Sylvain ALLEMAND, avec Cécile CHAPON et Rachel RAJALU

Soirée
Lecture d'Édouard Glissant, par Rachel COHEN et Armelle CHITRIT


Vendredi 16 mai
"HORS LES MURS" — DE L'ARCHIPEL À LA FIGURE DE L'ARCHIPEL, EMBARQUEMENT POUR LES ÎLES CHAUSEY
La visite de l'archipel des îles Chausey permettra aux participants du colloque de prendre la mesure des défis des transitions, au-delà de la carte postale. Entre insularité et interdépendance, comment concrétise-t-on la transition par le paysage pour gérer un micro-territoire fragile ? On y parlera d'énergies, de déchets, de tourisme, de biodiversité, de climat…
"Entre autonomie et interdépendance : transitions et paysages des îles Chausey", visite de l'Archipel de Chausey animée par Emmanuel FAUCHET et Stéphanie LANGEVIN, avec la participation de Gérard DIEUDONNÉ, Gilles MÉNARD, Guillaume VALLÉE, Clémentine DRAPEAU, Philippe SURVILLE, Régis LEYMARIE et Charles POSTEL


Samedi 17 mai
MÉTAMORPHOSES DE LA "NATURE" / FORÊT, AGRICULTURE, VILLE
Après la transformation des perceptions, évoquée le premier jour puis éprouvée aux îles Chausey, le colloque aborde la transformation des territoires eux-mêmes. Il s'agit de mettre en évidence comment l'approche relationnelle du paysage peut permettre d'inscrire l'action humaine dans la conscience de la Zone critique, de ses fragilités et interactions ; et comment elle conduit à placer la transition agricole au cœur de toutes les transitions. La table ronde de l'après-midi permettra de revisiter la ville, l'agriculture, la forêt et la nature, incluant les énergies et les mobilités, au filtre du paysage comme relation.
Matin
Jérôme GAILLARDET : Le paysage au prisme de la Zone critique : faire d'une fragilité une force active des transitions
Sébastien MAROT : Agriculture et architecture : faut-il (se) préparer (à) un exode urbain ?

Après-midi
Le photographe Stéphane JANOU (Le Labomylette) présente l'exposition Portr'Haies, images et paroles des habitants sur les paysages de bocage de la vallée de la Sée, s'appuyant sur le travail d'enquête orale d'Yvon Davy (La Loure)

Arts et sciences de l'aménagement au défi de l'approche relationnelle du paysage [présentation], table ronde animée par Roger GOUDIARD, avec Pascal AMPHOUX [Le paysage n'est pas donné(e), il se construit, il s'écoute, est un rapport au monde, irrécupérable, hors marche], Laetitia CORCELLE [À l'écoute des chants de la Terre], Pierre HAGENBURG [Réseaux d'électricité et approche relationnelle du paysage], Louis HENRY [Énergie et paysage], Patrick MOQUAY et Yves POSS [Les forêts, hier, aujourd'hui et demain]

Soirée
"HORS LES MURS" — AU CINÉMA LE LONG-COURT DE COUTANCES
Autour du film Pour faire un monde, projection et débat animé par Dominique HUTIN, en présence du réalisateur Rémi MAUGER, avec Anne HÉBERT, Bruno GODET et Pascal FEREY [sous réserve]


Dimanche 18 mai
MÉTAMORPHOSES POLITIQUES, MÉTAMORPHOSES DE L'ÉCONOMIE
Dans sa dimension sociologique comme dans sa dimension écologique, la démarche transitionnelle du paysage bute sur les logiques politiques et économiques à l'œuvre dans l'aménagement du territoire. Un éclairage historique de l'économie permettra de remettre en lumière une science du commerce et une physique œconomique qui réhabilitent les territoires situés et les interdépendances du vivant. Un éclairage politique du paysage identifiera les conditions à mettre en place pour qu'un portage politique assumé de la démarche paysagère puisse s'engager au cœur des transitions. La table ronde de l'après-midi offrira le cadre pour débattre des leviers politiques et économiques à actionner en faveur de l'approche relationnelle du paysage, en prenant appui sur les expériences vécues des intervenants.
Matin
Arnaud ORAIN : Des "hectares fantômes" aux "savoirs perdus" : repenser les approches économiques des paysages
Lucile SCHMID : Politiques : s'emparer de la démarche paysagère

Après-midi
"HORS LES MURS" — PARC RURAL DE PIROU
Visite du parc : fondements politiques, économiques, sociaux et écologiques, sous la conduite de Noëlle LEFORESTIER, José CAMUS-FAFA et Christophe LETOUZÉ (jardinier du parc), en présence des paysagistes concepteurs : Thibaut GUÉZAIS et Marc VATINEL

Au-delà du militantisme : la transition par le paysage, un défi politique et économique, table ronde animée par Patrick MOQUAY, avec Jean-François CARON [Bassin minier et transition systémique : le paysage, une entrée stratégique !], Jean-Yves CHAPUIS [La ville qui vient, Marcel Hénaff], Cyril GOMEL, Vincent MONTRIEUX et Henri TRUBERT

Soirée
Première du concert Les Chants de la Terre par l'Ensemble Ô, dirigé par Laetitia CORCELLE, dans le cadre du Festival Pierres en lumières (ouvert au public, gratuit sur réservation)


Lundi 19 mai
MÉTAMORPHOSES DE L'ÉDUCATION, DES COMPORTEMENTS, DES VALEURS
La transition par le paysage suppose une toute autre culture de l'aménagement que celle qui, depuis le XXe siècle, favorise l'équipement du territoire par une prééminence de l'ingénierie technique. De nature civilisationnelle, cette rupture appelle une transformation des représentations du monde, des valeurs qui fondent les sociétés humaines et des rapports entre humains et non humains. La table ronde de l'après-midi témoignera d'une "éducation à l'attention" pour rendre possibles les métamorphoses par le paysage.
Matin
Olivier RAGUENEAU : Une unis-vers-cité pour l'accroît-sens
Sophie MARINOPOULOS : Les paysages font-ils grandir les enfants ?

Après-midi
L'éducation pour transformer nos manières de percevoir et de faire le paysage, table ronde animée par Sylvain ALLEMAND, avec Alexandra BONNET, Roger GOUDIARD, Vincent GUICHARD et Lolita VOISIN [Métamorphoses de l'éducation, des comportements - apprendre à apprendre]

Conversation animée par Dominique HUTIN, avec Clothilde LEBRETON, Marion GOBIN et Hervé GUILLE [sous réserve], les participants et étudiants, à partir du concours d'idées et de son exposition "Empreintes, habiter les paysages littoraux de 2050"

Soirée
Grande fête du paysage en musique avec Laetitia CORCELLE


Mardi 20 mai
BILAN ET PERSPECTIVES SUR L'ARCHIPEL DES MÉTAMORPHOSES
Matin
Restitution du workshop "De Cerisy à la baie des Veys : Archipel 2075"

Perspectives et débats, animés par Bertrand FOLLÉA, Roger GOUDIARD, Stéphanie LANGEVIN et Patrick MOQUAY

Après-midi
DÉPARTS


TÉMOIGNAGES :

À Cerisy, Le développement durable, c'est encore du bonheur !. Rencontre avec Jean-François CARON, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Bertrand FOLLÉA : L'Archipel des métamorphoses : la transition par le paysage
Pourquoi le paysage peut-il constituer un levier efficace pour transformer notre rapport au monde et contribuer à relever les défis du siècle : le climat, le vivant, le lien social, la démocratie ? Pour répondre à cette question, nous devons remettre le concept à l'os et faire valoir sa radicalité : le sortir des angles morts qui le cantonnent à un tableau à contempler, un territoire à équiper, une carte postale à conserver ou un décor à planter ; et révéler ses dimensions relationnelles, de nature écologique et sociale. Cette re-connaissance opère un décentrement-recentrement qui modifie profondément nos manières de percevoir, de vivre et de façonner nos milieux de vie hérités du tout-pétrole. C'est ce que nous expliquerons en prenant appui à la fois sur la théorie et la pratique. Se dessinera ainsi une figure du paysage relationnel, où la mer-matrice des espaces naturels, agricoles et forestiers accueille des îles-villes et villages, aux franges desquelles les rivages jouent un rôle majeur. Bienvenue dans l'Archipel des Métamorphoses.

Bertrand Folléa est paysagiste urbaniste concepteur (ENSP Versailles, D.E.A. "Jardins, paysages, territoires" ENSA Paris-La Villette et EHESS). Il co-dirige avec Claire Gautier l'agence Folléa-Gautier paysagistes urbanistes, créée en 1991, Grand prix national du paysage en 2016. Il publie régulièrement des articles sur l'urbanisme, l'aménagement et le paysage. Il est l'auteur de L'Archipel des Métamorphoses – la transition par le paysage (Parenthèses, 2019), un essai qui explique pourquoi la démarche de projet de paysage rend possible et concrétise efficacement la transition écologique et énergétique. Il est Paysagiste-Conseil de l'État depuis 1994 et ancien Paysagiste-Conseil du Ministère de la Culture (2004-2010). Directeur des chaires à l'École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille (ENSP), il est aussi responsable de la chaire "Paysage et énergie" depuis sa création en 2015. Il a été Professeur associé à l'INSA Centre Val de Loire (École de la nature et du paysage) de 2013 à 2023.

Roger GOUDIARD
Agro-économiste, Roger Goudiard a commencé sa vie professionnelle par une dizaine d'années de terrain aux côtés des paysans de la Vallée du Sénégal ; puis sa carrière s'est déroulée au sein de l'Agence française de développement à négocier, financer, évaluer des projets et des politiques de développement. Il a été amené à travailler, soit en résidence, soit en mission, dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, de Méditerranée, d'Asie, sur une large palette de questions de développement : rural et agricole, urbain et infrastructures, santé et éducation, finances publiques et système bancaire, environnement et mutation climatique. Il a dirigé le département Asie de l'AFD, le département des politiques et des études, le campus dédié à la formation des cadres des pays partenaires de l'AFD. Il a aussi, au tournant des années 2000, été cumulativement administrateur du Fonds français pour l'environnement mondial, remarquable outil d'apprentissage des questions globales de Climat et de Biodiversité. À la retraite depuis 2017, il met son expérience et ses outils professionnels au service de son territoire de vie en siégeant au Conseil scientifique du Parc naturel régional du Morvan depuis 2018 et au Conseil d'administration du Centre de recherche archéologique de Bibracte depuis 2019. Il a intégré en 2020 le Conseil d'administration du Réseau des Grands sites de France, dont il préside la Commission de prospective, et a été coopté en 2022 au sein du Collectif PAP, Paysage de l'après-pétrole, qui œuvre en France à la diffusion des principes de la Convention européenne du Paysage de 2000.

Patrick MOQUAY
Dans le cadre de la table ronde "Arts et sciences de l'aménagement au défi de l'approche relationnelle du paysage", Patrick Moquay propose d'évoquer les dilemmes soulevés par la question du paysage. Le paysage est à la fois le fruit de dynamiques spontanées et d'interventions humaines, de transformations matérielles et culturelles, reflet et produit du rapport à l'espace des membres d'une société. Tantôt — et même souvent — production involontaire ou fortuite, quand le paysage résulte de l'organisation de l'espace par et pour les activités humaines, selon des finalités notamment économiques, tantôt aménagement délibéré, projection réfléchie d'une intention spatiale. Considéré parfois comme trop savant, au point d'éviter le terme pour ne pas effaroucher les acteurs sociaux, ou comme trop futile, au risque de susciter l'attention des décideurs politiques ou économiques, et pourtant apprécié comme objet familier, appropriable par tous, autorisant l'expression de chacun et permettant d'initier le dialogue. Objet de passion(s) et/ou outil pour dépassionner le débat… Comment faire du paysage un vecteur de réinvention des pratiques d'aménagement, en évitant les écueils d'une approche purement conservatrice ou fixiste, tout en posant des exigences formelles de participation et de délibération, et en explicitant par ce moyen des valeurs partagées de ménagement des territoires ?

Patrick Moquay est professeur à l'École nationale supérieure de paysage de Versailles, dont il dirige le laboratoire de recherche en projet de paysage (Larep). Docteur en science politique, il a associé tout au long de son parcours les responsabilités académiques, comme enseignant et chercheur, et l'implication dans la pratique, auprès d'acteur locaux et de collectivités, puis comme élu local (maire de Saint-Pierre d'Oléron de 2008 à 2014). Ses premiers travaux s'intéressaient à la gouvernance locale (notamment les questions de coopération et de participation) et la gestion des biens environnementaux dans l'espace rural. Ils se focalisent désormais sur l'action paysagère locale et les dilemmes des politiques de préservation des patrimoines naturels et culturels face aux enjeux des changements globaux, notamment dans les espaces littoraux.


Alexandra BONNET
L'École nationale supérieure de paysage est, numériquement et historiquement, la première école française dédiée à la formation des paysagistes concepteurs. Elle a engagé une refonte complète de son cursus afin de mieux préparer les futurs professionnels à accompagner les mutations écologiques et sociétales qui redessinent les territoires. Dans un contexte de complexité croissante des savoirs associés, l'enjeu est de doter les étudiants d’outils conceptuels et techniques solides tout en préservant leur capacité à innover. Les évolutions pédagogiques réaffirment le principe fondateur d'une formation "par le projet", fondée sur la pédagogie de l'idée : penser librement ("hors du cadre") pour innover ; miser sur l'intelligence collective à travers la médiation. Mais la formation ne se limite plus aux murs de l'école. Face à un métier encore numériquement faible, relativement jeune, complexe et protéiforme, l'ENSP doit prendre sa part de l'effort d'explication et d'"évangélisation". Grâce à ses chaires de recherche appliquée et à ses ateliers pédagogiques ancrés dans les territoires, l'ENSP sensibilise un large éventail d'acteurs à la puissance transformatrice de la démarche de paysage. Cette dynamique répond aussi à un enjeu stratégique fondamental pour la profession : intervenir en amont des décisions d'aménagement, pour devenir prescripteurs plutôt qu'exécutants.

Alexandra Bonnet est Ingénieure générale des Ponts, des Eaux et des Forêts. Depuis septembre 2021, elle est Directrice de l'École nationale supérieure de paysage Versailles – Marseille. Elle a été Conseillère diplomatie, influence et enjeux océaniques internationaux au Cabinet de la ministre de la Mer Annick Girardin (2020-2021) ; Adjointe à la Directrice des affaires européennes et internationales au Ministère de la Transition écologique et solidaire – Direction des affaires européennes internationales (2018-2020) ; Adjointe au chef du service économie, évaluation et intégration du développement durable (2011-2018) et Conseillère stratégique chargée de la ville durable et de la nature en ville (2009-2011) au Ministère de l'environnement - Commissariat général au développement durable ; Conseillère technique en charge des industries agroalimentaires et de l'export au Cabinets des Ministres de l'agriculture : Dominique Bussereau, Hervé Gaymard et Nicolas Forissier (2004-2006) ; Bureau de l’Union européenne - chargée de mission "apurement" (2003-2004), Bureau des relations extérieures de l'Union européenne - chargée de mission commerce international (2003-2001) et Bureau produit "bovins et ovins" - chargée de mission (1998-2000) au Ministère de l'agriculture - Direction des politiques économique et internationale.

Jean-François CARON : Bassin minier et transition systémique : le paysage, une entrée stratégique !
Le territoire minier a été structuré pendant trois siècles par l'exploitation charbonnière : modifications profondes de l'habitat et de l'urbanisme, érection de terrils, affaissement des sols et apparition de grandes zones humides, maillage très serré d'infrastructures de transport, marqueurs autour du noir du charbon et du rouge de la brique, … Ce paysage est devenu un acteur majeur de la transition et de la transformation du territoire : terrils, cités minières, marqueurs paysagers, du Vert au noir. Paysages de l'après pétrole, paysages de l'après charbon, ces expressions prennent ici tout leur sens ! C'est cette démarche de réappropriation culturelle et identitaire appuyée sur l'approche Paysages qui a été le support de la transformation de Loos-en-Gohelle, démonstrateur national pour l'Ademe sur la transition vers la ville durable. Et c'est cette démarche qui a été reconnue par l'Unesco (inscription au patrimoine mondial) en 2012 à St-Petersburg, comme paysage culturel évolutif, sur l'ensemble du bassin (à partir de 14 ensembles miniers remarquables).

Jean-François Caron est un élu des Hauts de France, Maire de Loos-en-Gohelle (6800 habitants) depuis 2001, et ancien Vice-président du conseil régional où il avait en charge les questions de Développement Durable, d'Aménagement du territoire et d'Environnement. Au conseil régional, il a notamment conduit les travaux du Schéma Régional d'Aménagement du Territoire SRADDT. Il a porté la démarche de Transformation Écologique et Sociale Régionale visant à dépasser le stade des expérimentations en matière de transition. C'est dans la continuité de cette logique qu'il a animé la démarche de Troisième Révolution Industrielle avec Jérémy Rifkin. Il a porté et obtenu le classement du bassin minier au patrimoine mondial de l'humanité (UNESCO, 2012). Depuis, il est devenu président national de l'association des Biens Français inscrits au patrimoine mondial (ABFPM). Enfin, il a fondé et dirige au niveau national la Fabrique des Transitions qui implique plus de 400 organisations attachées à la Transition. Cette démarche fonctionne en communauté apprenante (production de connaissances, capitalisation d'expériences et mutualisation, centre ressources, …) et aide au positionnement des projets de transition des territoires. Jean-François Caron est marié et père de trois filles. Il a une passion pour l'ornithologie et les sciences de la nature, il est aussi un pratiquant assidu de sports nature de longue distance.

Roberto CASATI : Prolégomènes à une science du paysage marin
La notion de paysage sous-marin (seascape) est séduisante. À l'instar des paysagistes terrestres, les professionnels du paysage marin commencent à se faire entendre, créant par exemple des structures coralliennes artificielles pour repeupler certaines récifs. Il semblerait que de nombreux concepts terrestres puissent être transposés à l'environnement marin : jardin, forêt (de varech), désert, montagne (sous-marine), prairie (de posidonies). Mais si le concept même de paysage, qui renvoie aux pays, à l'établissement humain, nécessite une application prudente, les autres méritent également un peu d'attention philosophique. La philosophie, c'est changer de perspective. Au lieu de nous demander s'il est judicieux d'appliquer les catégories terrestres aux phénomènes sous-marins, de mesurer avec prudence les mots que nous utilisons, nous pouvons nous accorder un moment d'imagination, sans retenue, avec quelques ajustements en cours de route. Que dirait un Esprit Marin s'il devait décrire un paysage terrestre ?

Roberto Casati (DE EHESS, DRCE CNRS, Directeur de l'Institut Nicod) a travaillé sur plusieurs projets de recherche sur la perception et la cognition de l'espace, sur la navigation, et sur la représentation des espaces océaniques. Il a publié récemment Philosophie de l'océan, PUF, 2022. Il dirige le cours Global Change : Climate, Ocean and Behavior (EHESS et Biologie ENS) et participe à deux projets EU notamment sur la perception de la biodiversité en Méditerranée (Mediverseaty MSCA Training grant) et sur l'étude de la côte européenne (BiOcean5D, avec EMBL et Tara Ocean). Dans ces cadres, il a contribué à plusieurs policy briefs : Plankton Manifesto (UN Compact), Venice Declaration on Sea Literacy (Unesco), Dynamic Oceans Dynamic Solutions (Cali COP BCD).

Cécile CHAPON
Dans le cadre de la table ronde "Paysages en métamorphoses : transformer nos représentations", il s'agira d'abord de resituer certains concepts importants de la pensée d'Édouard Glissant, en particulier la Relation, la pensée de l'archipel, mais aussi le lieu-commun et le paysage bien sûr, et d'interroger la place grandissante allouée au vivant et à l'élémentaire dans son œuvre, comme des voies d'ouverture de l'imaginaire. Nous pourrons saisir dès lors comment cette pensée résonne avec celle de Bertrand Folléa dans l'Archipel des métamorphoses, et nous interroger collectivement sur les manières dont la littérature et les arts peuvent élargir nos imaginaires et sur les manières de donner corps, dans nos pratiques, nos perceptions et nos représentations, à cette pensée du paysage.

Cécile Chapon est maîtresse de conférences en littérature comparée à l'université de Tours, et co-fondatrice de l'association CARACOL-Observatoire des littératures caribéennes. Spécialiste des littératures de la Caraïbe, et en particulier d'Édouard Glissant, c'est à ce titre qu'elle revient à Cerisy après avoir participé au colloque Édouard Glissant, la relation mondiale (août 2022). Ses recherches actuelles portent sur les rapports entre langages, paysages et mémoire (voir par exemple l'article "Les déclinaisons de la "parole du paysage" dans l'œuvre d'Édouard Glissant. De la démesure à l'ancrage, du poétique au politique", Paysages littéraires. Nature, écologie, écocritique dans les littératures caribéennes, dir. Pauline Amy de la Brétèque & Natacha d'Orlando, Paris, Classiques Garnier, 2023, p. 15-32). Les perspectives écopoétiques et l'acte de traduire au sens large l'intéressent plus particulièrement pour sonder ce que peut la littérature.

Jean-Yves CHAPUIS : La ville qui vient, Marcel Hénaff
"On peut parfaitement comprendre que les certitudes fragiles et provisoires de la recherche s’ajoutent aux certitudes fragiles et provisoires de l'action publique" (Bruno Latour)
La ville comme milieu de vie à façonner (autrement dit le paysage urbain) se trouve confrontée à ce défi : elle doit intégrer des compétences multiples des sciences de la vie et des sciences sociales, à côté d'une technicité qui bouge aussi dans les matériaux et l'énergie, ainsi que d'une économie qui se doit d'être humano-centrée. Il ne suffit pas d'ouvrir le champ urbain à de nouvelles compétences qui seraient les unes à côté des autres, mais de faire ensemble et d'accepter que l'autre intervienne sur sa compétence pour produire un projet qui intègre toutes les dimensions. Cela suppose la mise en place d'une ingénierie urbaine inédite capable de socialiser toutes les compétences. Le politique, maître d'ouvrage urbain, a un rôle clé dans ce renouvellement des services de l'aménagement, de l'urbanisme et du développement durable des villes et des agglomérations. Car c'est aussi un bouleversement des autres directions : économie, culture, finances, ressources humaines, gestion. Faire la ville par le paysage ou comme le dit Alfred Peter le regard inversé et plus globalement ne pas considérer que l'urbain est le plein et la nature et la campagne le vide. Tout est plein. Cela suppose ainsi une autre organisation du travail et de la gouvernance.

Jean-Yves Chapuis est né le 14 janvier 1952 à Lyon. Il a fait des études de droit, de sociologie et d'urbanisme. Depuis 1979 il travaille dans l'urbanisme opérationnel. Il a été directeur de l'école d'architecture de Bretagne de 1997 à 2002. Il a été professeur associé à l'I.F.U (aujourd'hui école d'urbanisme de Paris) et enseignant à l'école d'architecture Paris Val de Seine. Élu, 5 mandats (1983 à 2014), à Rennes comme adjoint à l'urbanisme et vice-président des formes urbaines à la métropole. Il est consultant en stratégie urbaine. Il a une triple expérience d'élu, de praticien et d'enseignant. Il est l'auteur des ouvrages : Rennes, la ville archipel, Profession urbaniste, La ville n'est pas figée, L'élu local comme artisan du changement, Faire la Ville ? Quelle Ville ?, Accepter de vivre dans l'intranquillité et Le projet humain avant le projet urbain. Il a coordonné les deux tomes de Villes en évolution de l'Institut des villes.

Jérôme GAILLARDET : Le paysage au prisme de la Zone critique : faire d'une fragilité une force active des transitions
La notion de paysage ne va pas de soi lorsqu'elle est vue à l'aune des sciences expérimentales. Géologique, hydrologique, écologique, géomorphologique, pédologique… : de nombreuses entrées sont possibles que la spécialisation des sciences et des institutions au cours des derniers siècles a trop largement encouragées. La zone critique est une initiative venant des sciences de la Terre et destinée à les reconnecter autour de sites instrumentés — les observatoires de la zone critique — comme autant de laboratoires "in situ". Nous ferons un état des lieux de cette nouvelle "science des lieux" en montrant que même si le nom n'est jamais vraiment prononcé, il s'agit bien d'une science du paysage.

Jérôme Gaillardet est professeur de sciences de la Terre à l'Institut de Physique du Globe de Paris. Géochimiste, il s'intéresse à la manière dont les cycles biogéochimiques régulent l'habitabilité planétaire. Il est le co-fondateur du réseau des observatoires de la zone critique (OZCAR), un réseau d'observatoires pérennes et au long-terme des différentes entités du paysage. Il s'est vu décerner la médaille d'argent du CNRS en 2018 pour ses travaux.

Cyril GOMEL
Dans le cadre de la table ronde "Au-delà du militantisme : la transition par le paysage, un défi politique et économique", Cyril Gomel propose d'évoquer particulièrement la manière dont les savoir-faire, concepts, méthodes, démarches… attachés à l'approche par le paysage peuvent avoir un rôle stratégique à jouer dans la conception et la mise en œuvre de l'action collective, qu'il s'agisse de politiques publiques ou plus largement d'action sociétale. Le contexte actuel de très forte remise en cause de cadres de l'action publique jusque-là vécus comme relativement pérennes, quoiqu'insuffisamment performants, créent l'impératif de réfléchir "en dehors de la boite" et refonder largement les stratégies d'action, sans perdre de vue les fondamentaux, l'importance du temps long et la réalité territoriale, plus largement de l'action de terrain.

Agronome, géographe, ingénieur des ponts, des eaux et des forêts, ancien auditeur de l'Institut des hautes études d'aménagement des territoires, Cyril Gomel s'est précocement orienté vers l'aménagement des territoires, le développement local et l'environnement. Cadre dirigeant des ministères chargés de la cohésion des territoires et de la transition écologique, il a exercé plus de 20 ans des responsabilités de direction et d'expertise pour l'administration d'État, les établissements publics et le monde territorial (directeur de technopole, ancien élu municipal). En 2022, il a créé le cabinet de conseil Novalia Censis pour accompagner acteurs publics et privés dans les champs stratégique et opérationnel liés aux territoires, aux transitions et à l'innovation. Son investissement dans le monde du paysage commence avec sa première expérience professionnelle de maîtrise d'ouvrage au Conservatoire du littoral, en restauration et gestion d'espaces naturels protégés. Il poursuit en tant qu'élu local avec mise en place d'un plan de paysage pour sa commune, remarqué au niveau national. Il intègre en 2023 le collectif Paysages de l'après pétrole (PAP) et contribue à l'établissement d'une note pour la Fabrique écologique sur le rôle des démarches de paysage au service de la transition écologique. Il s'intéresse au lien entre les enjeux et démarches de paysage avec les autres approches de l'aménagement et avec l'action publique.

Vincent GUICHARD
Archéologue de formation, Vincent Guichard dirige le site patrimonial de Bibracte – Mont-Beuvray. Engagé dans la démarche Grand Site de France, il s'intéresse particulièrement au paysage comme levier de projets de territoire.
Publications
"Archéologie et société : quelques enjeux à l'heure de l'Anthropocène", in LEHOËRFF, Anne & GRIMAL, Nicolas (dir.), L'archéologie française en France et à l'étranger. Assises scientifiques, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2025, p. 161-175.
"Du projet de site au projet expérimental de territoire : le cheminement du Grand Site de France de Bibracte – Morvan des Sommets", Culture & Recherche, 46, printemps – été 2024, p. 92-95.
"De l'étude du passé d'un territoire à la définition de son avenir : le rôle-clé de la démarche paysagère", DARD/DARD, 11, automne 2024, p. 13-25.

Sophie MARINOPOULOS : Les paysages font-ils grandir les enfants ?
À l'heure où notre monde pollué ne cesse de modifier notre vie sensorielle, relationnelle, cognitive, affective, émotionnelle, la place de l'enfant dans nos espaces est à interroger. "Vivre c'est vivre avec", c'est entrer en relation pour comprendre le monde, l'interpréter, lui donner du sens et donner corps à son existence dans du désirable. Et le bébé humain se caractérise par cette appétence à mettre le monde en bouche pour s'y confondre puis se différencier. Très vite il réalise qu'il n'est ni un oiseau, ni un arbre, ni la pluie, mais il a la certitude que sa singularité ne l'éloigne pas du vivant mais l'y relie. En avons-nous encore conscience ?

Sophie Marinopoulos est psychologue, psychanalyste, auteure et fondatrice du concept d'accueil solidaire et d'écoute des familles "Les Pâtes au Beurre". Auteure de nombreux ouvrages dont Dites moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va ; Le corps bavard ; Écoutez-moi grandir ; Ce que les enfants nous enseignent aux éditions Les Liens qui Libèrent. En 2019, elle rédige pour le Ministère de la Culture, un rapport en faveur d'une politique culturelle à dimension sociale pour prendre soin des liens parents enfants, rappelant qu'ils sont constitutifs d'une société apaisée. Elle appelle à lutter contre ce qu'elle nomme "la malnutrition culturelle" et lance un appel aux responsables du monde entier pour que l'éveil du jeune enfant devienne un indicateur de richesse inscrit dans les droits de l'enfant et les droits humains. Sophie Marinopoulos est par ailleurs co-fondatrice de la maison d'édition Les Liens qui Libèrent.

Sébastien MAROT : Agriculture et architecture : faut-il (se) préparer (à) un exode urbain ?
On peut considérer que, depuis la "Renaissance", avec la montée en régime progressive de l'économie de marché, l'exode rural, boosté par les enclosures puis par les révolutions industrielles, a été la signature géographique de l'accumulation et de la concentration du capital, et que l'explosion, en densité comme en extension, des territoires urbains, a été la conséquence plus ou moins directe de l'extractivisme énergétique et matériel. Si c'est le cas, alors les grandes préoccupations et impasses environnementales contemporaines peuvent être lues comme les signes de plus en plus clairs qu'un renversement de perspective est aujourd'hui nécessaire, qui éloigne nos sociétés du mode d'usage des sols délétère que représente la mine, pour les rapprocher de celui, beaucoup plus soutenable en principe, que représente le jardin. Telle est l'hypothèse que nous essaierons de faire valoir en tâchant d'imaginer les mondes et les paysages d'un tel exode urbain.

Philosophe de formation, docteur en histoire et titulaire d'une HDR, Sébastien Marot est professeur d'histoire et de théorie de l'environnement à l'École d'architecture de la ville et des territoires de Paris-Est et professeur invité à l'École polytechnique fédérale de Lausanne. De 1987 à 2002 a été délégué général de la Société Française des Architectes à Paris, où il a organisé de nombreuses séries de conférences publiques sur l'histoire et l'actualité de l'architecture, de l'urbanisme et du paysage, puis fondé et dirigé une "revue de critique des situations construites", Le Visiteur, entre 1995 et 2002. Critique, éditeur et traducteur occasionnel (Thomas De Quincey, André Corboz, John Brinckerhoff Jackson, Charles Lamb, Rem Koolhaas & OM Ungers – Berlin, A Green Archipelago –, David Holmgren, …), ses écrits ont d'abord porté sur la généalogie des théories contemporaines de l'architecture, de l'urbanisme et en particulier du paysage ("L'Alternative du paysage", 1995, puis L'Art de la mémoire, le territoire et l'architecture, 1999). Membre fondateur de L'école d'architecture de la ville et des territoires en 1997, il a ensuite enseigné comme professeur invité dans plusieurs écoles d'architecture ou de paysage en Europe et en Amérique du Nord (Architectural Association à Londres, IAUG Genève, Harvard, Cornell, Upenn, ETH Zürich) où ses recherches se sont progressivement orientées vers l'histoire et la théorie de l'environnement, et vers une conception des disciplines de projet comme "arts de l'environnement". À son retour à l'Ensa Paris-Est, il y a fondé la revue Marnes : documents d'architecture, qu'il dirige depuis avec Éric Alonzo. En 2019, pour la Triennale d'Architecture de Lisbonne, il a été le commissaire d'une grosse exposition "Taking the Country's Side : Agriculture and Architecture" qui a voyagé depuis dans plusieurs autres villes d'Europe en s'enrichissant à mesure (Lausanne, Lyon, Bruxelles, Marseille, Grenoble, Nantes). La version française et enrichie du livre éponyme, Prendre la clef des champs : agriculture et architecture, a été publiée chez Wildproject en 2024. L'Académie d'architecture lui a successivement décerné, en 2004 la médaille de la critique d'architecture (pour l'aventure Le Visiteur), en 2010 le prix de la thèse en architecture (pour sa thèse "Palimpsestuous Ithaca : un manifeste relatif du sub-urbanisme"), et en 2020 la médaille de l'enseignement et de la recherche.

Vincent MONTRIEUX
Adjoint au directeur des l'habitat, de l'urbanisme et des paysages au sein de la direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature, elle-même sous l'autorité des ministères de l'aménagement du territoire et de la décentralisation et de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche, Vincent Montrieux participe, au sein de cette direction (et précédemment, de 2020 à 2024, comme sous-directeur de l'urbanisme réglementaire et des paysages) à la détermination et à l'animation de la politique du paysage, de la transition écologique et des interactions entre les deux dans le cadre de l'aménagement du territoire.

Arnaud ORAIN : Des "hectares fantômes" aux "savoirs perdus" : repenser les approches économiques des paysages
Avec l'abandon progressif d'un modèle d'accès aux minerais et à la nourriture par un marché libre supervisé par l'Organisation Mondiale du Commerce, on assiste depuis une quinzaine d'années à une nouvelle "prise de terre" (Carl Schmitt), en particulier en Amérique latine, en Asie du sud-est et en Afrique subsaharienne. Des États et des Compagnies-États ne veulent plus laisser agir les mécanismes concurrentiels pour leurs approvisionnements et cherchent désormais un accès direct à ces ressources : achats et locations de terres outremer (land grab), fourniture des intrants chimiques, des semences et de la logistique, enlèvement de la totalité des récoltes exportées vers le pays investisseur, le tout sans passer par des intermédiaires et par des prix de marché. Fondés sur la notion de "score d'efficacité du paysage" (Banque mondiale), ces nouveaux "hectares fantômes", lié à l'accroissement gigantesque du système plantationnaire, conduisent à d'importants déplacements forcés de populations humaines et non-humaines. Les interactions du vivant sont un impensé de ce phénomène, mais d'autres savoirs économiques, plus anciens ou alternatifs, devraient nous inviter à voir le paysage d'une tout autre manière.

Arnaud Orain est économiste et historien, directeur d'études à l'EHESS (Paris). Ses recherches portent sur l'histoire économique et l'histoire intellectuelle de l'économie des périodes modernes et contemporaines. Il a longtemps travaillé sur l'économie politique du XVIIIe siècle français, en particulier sur le Système de Law, l'anti-physiocratie, ou encore la question des dettes publiques, de la fiscalité et du papier-monnaie. Il s'intéresse aujourd'hui aux liens entre économie et écologie et aux rythmes du capitalisme sur le temps long, et plus précisément au capitalisme illibéral. Ses derniers ouvrages publiés sont Les savoirs perdus de l'économie. Contribution à l'équilibre du vivant (Gallimard, 2023) et Le monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude (Flammarion, 2025).

Olivier RAGUENEAU : Une unis-vers-cité pour l'accroît-sens
Face aux crises écologiques, sociales et démocratiques actuelles, l'humanité est confrontée à des choix fondamentaux qui posent in fine la question du sens, de l'échelle individuelle à celle de notre espèce. Une nouvelle grande transformation est nécessaire aujourd'hui, pour éviter l'effondrement, qui dépasserait grandement l'idée de développement durable et remettrait au cœur celle de futur désirable. L'idée centrale développée dans cette contribution est celle de l'accroît-sens, alternative à la croissance, qui propose une transformation à la fois culturelle, anthropologique et politique. Le travail y joue un rôle clé et son importance sera illustrée à travers l'Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) qui peuvent devenir des espaces d'expérimentation et de démonstration d'une transformation se faisant désirable. En s'appuyant sur les travaux du Réseau des Zones Ateliers (RZA, CNRS Écologie et Environnement) et de l'Expé-1point5 (GDR Labos 1point5) qu'il co-anime, O. Ragueneau développera l'idée clé d'expérimentation, autant pour accompagner les transformations sur les territoires que pour incarner la transformation des pratiques de recherche dans l'optique de limiter leur empreinte environnementale. Penser la question du passage à l'échelle sans monter en généralité, pour envisager une transformation, des transformations davantage systémiques, permettra de reboucler sur la question du travail et d'ouvrir des discussions sur la question de la valeur. Nous le ferons en démontrant la nécessaire recomposition du paysage de la recherche et de la formation, pour faire de l'ESR une véritable unis-vers-cité au service de l'accroit-sens.

Olivier Ragueneau est Directeur de Recherches au CNRS. Formé en biogéochimie marine, il œuvre depuis une quinzaine d'années dans le champ émergent des "sciences transformatives". Tout au long de ses travaux, il a stimulé des interactions diverses à travers plusieurs interfaces : entre disciplines des "sciences de la nature" tout d'abord, entre composantes du système terre ensuite, par exemple entre la surface et le fond des océans ou encore entre terre et mer. Il a ensuite étendu son exploration des interfaces à celle entre grands champs disciplinaires (en particulier avec les sciences humaines et sociales) ainsi qu'à l'interface entre science et société. Il anime depuis 2020 l'Infrastructure de Recherche "Réseau des Zones Ateliers" (CNRS Écologie et Environnement), qui vise à accompagner les transformations sur les territoires, ainsi que l'Expé-1point5 pour explorer différentes façons de limiter l'empreinte carbone des activités de recherche. Depuis une vingtaine d'années, il réfléchit à la question des interactions entre différentes échelles, en particulier celles du global, du local et de l'intime, autour de la dimension éthique du changement climatique. Il est très impliqué dans la mise en place du PEPR TRANSFORM sur la transformation, en particulier dans la création d'un centre national dédié à la mise en lien des expérimentations transformatives qui se déploient un peu partout, pour penser cette question du passage à l'échelle. Il est l'auteur de 72 articles de Rang A et d'une douzaine de chapitres d'ouvrage (liste complète). Il coordonne actuellement, la rédaction d'un ouvrage collectif soumis aux éditions ISTE et à paraître cette année, qui décrit le fonctionnement et l'évolution de l'infrastructure de recherches RZA qu'il coordonne. Il a soumis un manuscrit "Désirer amerrir" à plusieurs maisons d'éditions l'automne dernier, pour prolonger les réflexions de B. Latour sur l'atterrissage et relier ces différentes échelles du global à l'intime autour de cette idée d'accroît-sens.

Rachel RAJALU
Dans le cadre de la table ronde "Paysages en métamorphoses : transformer nos représentations", il s'agira d'évaluer le rôle, la valeur et les significations des pratiques de flânerie quant à nos manières de comprendre les paysages. Marche légère, insouciante, vaporeuse, rêveuse, presque dansée, ouverte aux qualités sensibles des milieux comme aux circonstances, la flânerie relève d'une expérience esthétique. En tant que telle, elle œuvre à une transformation dans nos manières de nous représenter et de pratiquer nos paysages, c'est-à-dire nos milieux de vie. Les paysages n'y sont plus conçus comme des espaces simplement façonnés par notre regard ou par nos interventions techniques mais sont traversés comme des espaces relationnels où la vie de chaque être — y compris la nôtre — dépend de celle des autres. Nous analyserons comment la flânerie concourt au développement d'une conception écologique des paysages et partant sensibilise aux différents soins que nous devons leur porter.

Rachel Rajalu est professeure de philosophie et d'esthétique à l'École supérieure d'art et de design TALM – Le Mans. Elle est docteure en esthétique et études théâtrales de l'université Rennes 2. Ses axes de recherche sont les effets expérientiels de l'art ; la poétique et l'éthique d'une "stylistique de l'existence" par l'art ; les liens entre art, care et politique ; les relations entre peinture, philosophie et scènes contemporaines. La version remaniée de sa thèse de doctorat, Le théâtre et la vie. Éthiques et scènes contemporaines, a paru aux Presses universitaires de Rennes dans la collection "Æsthetica" en octobre 2021. Elle a dirigé l'ouvrage collectif Les flâneries en paysages paru en janvier 2025 aux Presses universitaires de Rennes dans la collection "Arts contemporains". Son dernier livre, La gaieté, sera prochainement publié (janvier 2026) aux mêmes éditions, collection "Épures".

Lucile SCHMID : Politiques : s'emparer de la démarche paysagère
Paysage, un mot que chacun comprend et qui renvoie pourtant à des réalités différentes selon le contexte, les situations. Le paysage est mental autant que physique, c'est aussi un mot que l'on n'a pas besoin d'expliquer contrairement à d'autres mots considérés comme plus savants ou abstraits (par exemple écologie). C'est enfin un terme qui permet de définir et d'imaginer un projet collectif. Comment alors ne pas défendre l'idée que le paysage est aujourd'hui un terme fécond pour donner un contenu aux politiques publiques, favoriser les exercices de démocratie situés dans les territoires, envisager des transformations indispensables en associant dimension technique, économique et culturelle ? L'approche par le projet de paysage permet la confluence des approches. Mais qu'en est-il du passage à l'acte, du lien avec le monde de la décision ?

Lucile Schmid est Administratrice de l'État au Ministère de l'économie et des finances. Co-fondatrice d'un cercle de réflexions sur les enjeux écologiques, elle y est responsable des relations avec le monde universitaire. Haut-fonctionnaire de formation, elle est attachée à la vision d'institutions ouvertes sur la société, vision qu'elle a développée dans différents travaux et ouvrages. Membre du comité de rédaction de la revue Esprit depuis 1996, ses réflexions portent sur l'état de nos démocraties et elle y organise régulièrement des rencontres. Depuis l'automne 2023, elle effectue une mission au sein du mouvement Emmaüs pour y travailler à l'articulation des enjeux sociaux et écologiques.

Lolita VOISIN
Lolita Voisin, paysagiste et docteure en urbanisme, est enseignante-chercheuse à l'École de la nature et du paysage de Blois (INSA Centre-Val de Loire), dont elle a été directrice de 2018 à 2023 et au CRESSON (AAU Grenoble). Ses recherches portent sur la mise en politique du paysage depuis le début du XXe siècle et les expérimentations locales de sa décentralisation. Ses enseignements portent sur les pratiques paysagistes, l'histoire politique du paysage, le projet de paysage, et plus spécifiquement les jeux d'acteurs dans le projet spatial. Elle s'intéresse par ailleurs aux postures d'écoute et réalise plusieurs expériences sonores et radiophoniques.
Dernières publications
Voisin L. et al., "Ouvrir le champ des possibles. Comment les pratiques paysagistes entrent en agriculture ?", Projets de paysage [en ligne], 30 | 2024.
Cénet, A.; Viaud, V.; Voisin, L., "A Methodological Framework to Enhance Potential Spatial Planning to Support Agroecological Transition at the Scale of Local Territories", Land 2024, 13, 1707.
Voisin L., "Chercher les lignes de front du paysage". Entretien avec Anne Sgard, Les Cahiers de l'école de Blois, n°22, "Lignes de Front", Éditions de la Villette, 2024.
Voisin L. et al. (dir.), Les paysages de l'eau, une histoire de relations, Presses Universitaires de Tours, 2024.
Voisin L. et al., Comprendre les paysages agricoles, École de la nature et du paysage Insa Cvl, 2023.
Voisin L., "L'école du futur", Les Cahiers de l'école de Blois, n°21, "Paysages futurs", Éditions de la Villette, 2023.
Bonthoux S., Boulay A., Voisin L. et al., "City dwellers' experiences and attitudes towards wild places based on an urban river", Urban Ecosystems, 2023.
Voisin L. et Gaudin O., "Carnets de ville", série de podcasts, Métropolitiques, 2023-2025.
Voisin L. et Gaudin O., "À l'écoute des situations de travail. Expériences radiophoniques dans une formation de paysagistes", RadioMorphoses [en ligne], 8 | 2022.
L. Voisin, "Gouverner la complexité ? La mobilisation du paysage par les acteurs publics locaux", dans Nouvelles Perspectives en Sciences Sociales, Numéro thématique : "Territoire et complexité", 2015.


Arts et sciences de l'aménagement au défi de l'approche relationnelle du paysage, table ronde animée par Roger GOUDIARD, avec Pascal AMPHOUX [Le paysage n'est pas donné(e), il se construit, il s'écoute, est un rapport au monde, irrécupérable, hors marche], Laetitia CORCELLE [À l'écoute des chants de la Terre], Pierre HAGENBURG [Réseaux d'électricité et approche relationnelle du paysage], Louis HENRY [Énergie et paysage], Patrick MOQUAY et Yves POSS [Les forêts, hier, aujourd'hui et demain]
On parle beaucoup de "démarche paysagère" sans que cette notion n'ait encore été vraiment stabilisée : quelles méthodes ? quels jeux d'acteurs ? quels dispositifs ? etc. Il sera intéressant de réfléchir autour de ces questions ensemble et avec l'auditoire. Pour mémoire, les panelistes représentent un éventail de compétences riche et diversifié : ressources naturelles (Yves Poss), infrastructures (Pierre Hagenburg), métiers du paysage (Patrick Moquay), métiers de l'architecture (Louis Henry), culture artistique (Laetitia Corcelle), géographie (Pascal Amphoux).
Le paysage est le plus souvent abordé en termes d'aménagements, sous-entendus nouveaux, et beaucoup trop rarement en termes de gestion territoriale. Il sera intéressant de débattre de cette dimension, qui fait le quotidien des élus et techniciens locaux et des habitants, confrontés aux paysages ordinaires et familiers dans lesquels ils vivent et dont ils doivent anticiper les évolutions sous contraintes climatiques et écologiques.

Pascal AMPHOUX : Le paysage n'est pas donné(e), il se construit, il s'écoute, est un rapport au monde, irrécupérable, hors marche
Le propos introductif à cette table ronde sera structuré autour de deux questions : "Mais qu'est-ce donc qu'une démarche paysagère ?" ; "Existe-t-il un paysage ordinaire ?". La première sera l'occasion de rappeler que le paysage n'est pas un canton du savoir ou un type morphologique, mais un rapport au Monde, avec deux caractéristiques (parfois oubliées dans la pratique du métier) : son caractère dynamique — vivant, évolutif ; son caractère multi-sensoriel et non seulement visuel. La seconde sera l'occasion de soutenir que l'ordinaire du paysage ne saurait être opposé à l'extra-ordinaire et qu'il peut être envisagé comme un horizon, par principe inatteignable, consistant à faire basculer la pratique de projet de la logique d'aménagement au grand art du ménagement.

Pascal Amphoux est Architecte DPLG, Géographe (REG A). Il est Gérant du bureau d'études CONTREPOINT, Projets urbains, Lausanne (activité indépendante de conception architecturale, urbaine ou territoriale dans le contexte de la transition écologique) ; Chercheur associé au Centre de Recherches sur l'Espace Sonore et l'Environnement Urbain (CRESSON, École d'Architecture de Grenoble, UMR CNRS AAU) ; Professeur des écoles d'architecture (ENSA Nantes, 2003-2021) ; Expert auprès de diverses institutions suisses, françaises ou européennes. Distinctions : Médaille d'argent de l'Académie d'Architecture, Paris, 2006 ; Lapin d'or (prix de la meilleure réalisation suisse en "architecture du paysage"), Zürich, Hochparterre, 2008 ; Flâneur d'or (prix suisse des aménagements piétons), Zürich, 2008. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et publications scientifiques portant notamment sur les rapports entre la pratique du projet, l'esthétique paysagère et les méthodes des sciences sociales.
https://cv.hal.science/pascal-amphoux

Laetitia CORCELLE : À l'écoute des chants de la Terre
Réflexions sur les liens concrets entre paysage et musique, sur la dimension vivante qui les caractérise, et comment cela peut se transmettre artistiquement.
Tout comme en peinture, le paysage a largement inspiré les musiciens de tous siècles. Cela constitue un immense répertoire aux multiples facettes, passionnant à découvrir et interpréter. Un lien plus profond encore entre musique et paysage est tout simplement l'espace : le son se propage dans un espace, ce faisant, il le dessine et l'anime. Ainsi la musique, tout comme le paysage, ne peut pas se résumer à une fonction de décor inanimé. Comment faire ressentir cela à un public au cours d'un concert ? Cas pratique autour des Chants de la Terre, concert de l'ensemble Ô, où dialoguent la voix du monde sauvage, enregistrée et composée par l'audio-naturaliste Fernand Deroussen, et les voix humaines des huit chanteurs Ô.

Pierre HAGENBURG
Pierre Hagenburg est chargé d'études au sein du Département Concertation et Environnement de la direction nationale Développement et Ingénierie de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité. Au sein de ce service, il collabore avec la Chaire Paysage et Énergie, co-fondée avec l'ENSP et l'ADEME, pour faire évoluer les représentations et les imaginaires autour du réseau électrique dans le contexte de la transition énergétique et d'un recours accru à l'électricité. En parallèle, il coordonne pour RTE les recherches-actions menées avec la Chaire sur des projets de réseau et contribue à la capitalisation de leurs enseignements en vue de faire progresser les outils, les méthodes et les formations internes de RTE pour articuler la phase de conception et de concertation des projets avec une démarche de paysage.

Louis HENRY : Énergie et paysage
Tous les moyens de ce que l'on appelle production d'énergie, et qui n'est en réalité que le processus de conversion d'une autre source d'énergie, est un élément constitutif du paysage (pour rappeler les plus courants : l'énergie chimique, la combustion, la fission nucléaire, la fusion nucléaire). Pour l'énergie électrique, les centrales hydroélectriques, les usines marémotrices, les cellules solaires, les générateurs, éoliennes et moteurs, sont directement visibles dans le paysage. Il n'y a que la géothermie qui, enfouie dans le sol, soit discrète. C'est pourquoi chaque projet de "production" d'énergie suscite controverses et oppositions pour aboutir parfois aux solutions les plus dommageables. Or nous sommes tous consommateurs d'énergie. Le projet "Paysages" propose d'expérimenter sur deux territoires, piloté par l'INRAE et l'ADEME, accompagné du MNHN pour la partie sciences participatives, du Paysage de l'Après Pétrole et avec le soutien de l'Institut CDC pour la recherche, une approche de co-construction des projets qui peut se résumer en trois points, sur une collectivité locale : Quelle est la quantité d'énergie électrique dont vous avez besoin ? ; Par quel moyen voulez-vous la produire ? ; Comment et où souhaitez-vous l'inscrire dans le paysage ?

Louis Henry est architecte, urbaniste et photographe. Il a exercé une activité de maîtrise d'œuvre en produisant plusieurs écoles en bois. Il a été maître d'ouvrage pour la construction de logements et d'équipements hospitaliers. Il a été impliqué dans la production de nombreux projets de renouvellement urbain. Après avoir étudié la production des logements et de quartiers accueillants à la présence de la nature aux Pays-Bas et en Suède, il a été à l'initiative des 13 premiers écoQuartiers en France puis, dans le cadre du "programme des investissements d'avenir" il a participé au programme Ecocité. Louis Henry a suivi le cycle de l'IHEDATE avant d'intégrer l'Institut de la Caisse des dépôts pour la recherche. Il accompagne depuis 2025 plusieurs projets articulés autour de la poésie et l'image en tant que moyen d'approcher la définition du lien entre la ville et les vivants qui l'habitent. Louis Henry a intégré le collectif PAP. Son action a consisté et consiste à tisser les nombreux fils qui se présentent devant lui.

Yves POSS : Les forêts, hier, aujourd'hui et demain
Vues de dessus, de l'extérieur, ou du dessous, quand chacun pénètre sous leurs frondaisons, les forêts sont un élément des paysages actuels ; elles effacent peu à peu les marques apportées par le passé. Elles subissent, s'adaptent, et probablement de plus en plus, à l'influence des changements globaux liés au développement de l'humanité. Mais elles restent un formidable milieu de vie, où flore, fonge et faune luttent, s'entraident, se côtoient pour poursuivre et prolonger, chacune pour soi, leur existence. Ces trois dynamiques coexistent, souvent complétées par une gestion, par des actions qui veulent orienter l'avenir des peuplements. pour satisfaire les multiples exigences des humains présents, et leur vision d'un futur probable ou désirable.

Yves Poss est Ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts, retraité. Il a poursuivi sa carrière auprès de divers ministères, et avec des localisations variées, centrée, globalement, sur l'aménagement rural et la filière forêt bois et avec un dernier poste auprès de l'équipe aménagement du territoire d'AgroParisTech de Clermont-Ferrand. Il suit à présent la politique forestière, et en particulier sur le plateau de Millevaches, au sein du conseil scientifique et de prospective.
En savoir plus : www.yvesposs.com


PRÉSENTATION DU WORKSHOP :

"De Cerisy à la baie des Veys : Archipel 2075" | Programme à télécharger

À quoi ressemblera le paysage post anthropocène ?

Si l'anthropocène est la marque d'une sur-emprise humaine mortifère sur la planète, comment façonner des milieux plus favorables à la vie ?

À partir d'une situation réelle proche de Cerisy, les problèmes et les risques contemporains, intégrant le climat, la biodiversité et le lien social, seront décryptés d'entrée. Sur cette base, une approche sensible et documentée identifiera les valeurs paysagères en place ou latentes, et servira de tremplin à l'imaginaire. Le paysage comme relation sera la méthode mise en place, et la figure de l'archipel sera convoquée pour construire le récit spatialisé d'une attention renouvelée au vivant humain et non humain dans leurs interrelations et cohabitations.

Le débat final fera la part entre les métamorphoses écologique et sociales à engager : effectives et affectives, objectives et subjectives, matérielles et immatérielles, scientifiques et esthétiques, techniques et culturelles.

Le Syndicat Intercommunal d'Aménagement Touristique et Rural (SIATR) du Pays des marais réunissant les communes de Feugères, Marchésieux et Saint-Martin d'Aubigny accueille l'exploration prospective :
https://www.s-pass.org/de/portail/782/metamorphoses-par-le-paysage.html

Avec la participation des étudiants :
- de l'ENSP (Corentin BARET, Oscar BRUNET, Benjamin MANN, Claire SARTON) ;
- de l'ENSCI (Lucas GUILLEMIN, Martin GUYOT) ;
- de BTS du Campus Métiers Nature de Coutances (Enguerrand BAZIRE, Anaïs LEJUEZ).

Encadrants et organisateurs :
Simon BOUCHAUDY, Designer et vidéaste
Emmanuel FAUCHET, Directeur du C|A.U.E de la Manche
Stéphanie LANGEVIN, Paysagiste du C|A.U.E de la Manche
Clémence MATHIEU, Paysagiste et plasticienne

L'intervention des élus du SIATR du Pays des marais :
Bruno HAMEL, Maire de Saint-Martin d'Aubigny, Président du SIATR du Pays des marais
Joël BEUVE, 3ème Adjoint, Saint-Martin d'Aubigny, Délégué du SIATR du Pays des marais
Nicolas JEANSON, Maire de Feugères, Délégué du SIATR du Pays des marais
Vanessa DAUVERS, Conseillère municipale, Déléguée du SIATR du Pays des marais, suppléante aux affaires scolaires, Feugères
Anne HÉBERT, Maire de Marchésieux, Déléguée du SIATR du Pays des marais
Rolland LEPUISSANT, 1er Adjoint, Délégué du SIATR du Pays des marais

L'implication de personnes ressources :
Frédéric GRESSELIN, Chargé de mission développement de la connaissance sur les milieux - SMCAP/PETRA, DREAL Normandie
Joëlle RIMBERT, Pôle Aménagement, développement et cadre de vie, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin
Gérard TAPIN, Ancien maire du village de Marchésieux, érudit local

L'accueil et l'accompagnement d'acteurs du territoire :
Martin GOSSELIN, Technicien bocage, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin
Erwann PATTE, Responsable communication en charge de l’inventaire du bâti terre, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin
François-Marie HÉBERT, Président, ADEN – filière bois-énergie
François-Xavier RIBET, Co-président, ADAME des Marais – éducation populaire à l'environnement
Émilie et Maxence CALAIS, Agriculteurs sur la commune de Marchésieux - élevage de vaches laitières, GAEC des Normandistes
Aurélie BOURRASSIN, Entrepreneuses, Les Laines sous les pommiers

Avec la participation d'Aurélie AUGÉ (Documentaliste en charge de la médiation culturelle au C|A.U.E de la Manche) et le compagnonnage de l'équipe du C|A.U.E de la Manche : Arnaud DOLLÉ (Urbaniste conseiller), Nicolas DURAND (Thermicien), Jean-Jacques ERNAULT (Architecte conseiller), Marion GOBIN (Urbaniste conseiller), Laure GROZNYKH (Architecte conseiller), Cécile GUILLOPÉ (Paysagiste conseiller).


BIBLIOGRAPHIE :

• Aït-Touati Frédérique & Latour Bruno, Trilogie terrestre, Éditions B42, 2022.
• Ambroise Régis & Marcel Odile, Aménager les paysages de l'après-pétrole, Éditions Charles Lépolod Mayer, 2015.
• Amphoux Pascal, Ambiances en débats, Éditions À la Croisée, 2004.
• Besse Jean-Marc, La nécessité du paysage, Éditions Parenthèses, 2018.
• Casati Roberto, Philosophie de l'océan, Presses universitaires de France, 2022.
• Chapuis Jean-Yves & Viard Jean, Rennes la ville archipel, Éditions de l'Aube, 2013.
• Dufumier Marc, La transition agroécologique : qu'est-ce qu'on attend, Éditions Terre vivante, 2023.
• Folléa Bertrand, L'Archipel des Métamorphoses – La transition par le paysage, Éditions Parenthèses, 2019.
• Folléa Bertrand, Thibault Jean-Pierre & coll., "Réussir la transition écologique par l'approche paysagère", Note de La Fabrique Écologique, n°50, 2024.
• Gaillardet Jérôme, La Terre habitable ou l'épopée de la zone critique, Éditions La découverte, 2023.
• Glissant Édouard, Philosophie de la relation, Éditions Gallimard, 2009.
• Ingold Tim, Marcher avec les dragons, Éditions Points, 2018.
• Lanaspèze Baptiste, Les pensées de l'écologie, un manuel de poche, Éditions Wildproject, 2021.
• Magnaghi Alberto, Le projet local, Éditions Mardaga, 2003.
• Marinopoulos Sophie & Trubert Henri, Relions-nous – La constitution des liens, Les liens qui libèrent, 2021.
• Marinopoulos Sophie, Ce que les enfants nous enseignent, Les liens qui libèrent, 2024.
• Marot Sébastien, Prendre la clef des champs – agriculture et architecture, Éditions Wildproject, 2024.
• Moquay Partrick (dir.), Jardins en société, Hermann Éditeurs, Coll. "Les traversées de Cerisy", 2022.
• Morin Edgar, Introduction à la pensée complexe, Éditions Seuil, 2005.
• Morizot Baptiste, Manières d'être vivant, Éditions Actes Sud, 2022.
• Orain Arnaud, Les savoirs perdus de l'économie, Éditions Gallimard, 2023.
• Ragueneau Olivier, Changement clim-éthique "Agir Global, Penser Local" et autres retournements jubilatoires, Éditions Librinova, 2020.
• Rajalu Rachel (dir.), Les flâneries en paysage, Presses Universitaires de Rennes, "Art contemporain", 2024.
• Schmid Lucile, Les mondes de l'écologie, Revue Esprit, 2018.
• Thibault Jean-Pierre, Aménager les territoires du bien-être, Éditions Le Moniteur, 2023.
• Voisin Lolita, Morisseau Gregory & Servain Sylvie, Les paysages de l'eau - Une histoire de relations, Presses universitaires Francois Rabelais, 2024.


SOUTIENS :

• Chaire Paysage et énergie | École nationale supérieure de paysage (ENSP)
C|A.U.E de la Manche
Institut pour la recherche | Groupe Caisse des Dépôts