Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


ATTENTION FICTION !

MONDES IMAGINAIRES, POSSIBLES NARRATIFS ET FICTIONS PENSANTES
DE L'ÂGE CLASSIQUE AUX INTELLIGENCES ARTIFICIELLES


DU JEUDI 19 JUIN (19 H) AU MERCREDI 25 JUIN (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


D'après Orson Welles, Don Quijote, 1955-1972,
inachevé, sortie posthume en 1992


DIRECTION :

Françoise LAVOCAT, Franck SALAÜN


COMITÉ D'ORGANISATION :

Nathalie KREMER, Anthony MANGEON, Pascal NOUVEL


ARGUMENT :

Longtemps considérée comme contraire au savoir et à l'utile, trompeuse, corruptrice, la fiction a largement pris sa revanche. On lui prête aujourd'hui d'innombrables vertus (pour l'éducation de l'enfant à la sociabilité, pour le développement de l'empathie chez l'individu, pour le soin et même pour la préservation de l'espèce), tant et si bien que la frontière entre le fictif et le réel peut parfois sembler disparaître. Elle dirait aussi bien ou mieux la réalité que le récit historique, elle permettrait au lecteur de développer son sens moral ou d'accéder à la complexité du réel en le plongeant dans des expériences de pensée ou des études de cas.

Ce colloque réunira des écrivains, des universitaires et des comédiens dans le but de dresser un état des lieux des théories et des usages de la fiction, en explorant notamment les oppositions traditionnelles ou plus récentes, les frontières et les intersections. On s'interrogera collectivement sur ce retour en grâce et les éventuels malentendus qu'il pourrait cacher, mais surtout sur la nature de la fiction, ses présupposés anthropologiques et ses multiples potentialités. Les conférences, tables rondes, ateliers et spectacles permettront en particulier d'explorer les mondes imaginaires, les possibles narratifs et les fictions pensantes.


MOTS-CLÉS :

Éducation, Fake news, Fiction, Fictionnalité, Imagination, Intelligence artificielle, Philosophie, Réalité, Récit, Référentialité, Roman, Story-telling, Théâtre, Théorie littéraire


CALENDRIER PROVISOIRE (24/02/2025) :

Jeudi 19 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Vendredi 20 juin
USAGES ET FRONTIÈRES DE LA FICTION DU XVIe SIÈCLE À AUJOURD'HUI
Matin
Françoise LAVOCAT & Franck SALAÜN : Introduction

Présentation de la SIRFF

Après-midi
Charlotte KRAUSS : Les Cités obscures de Schuiten et Peeters comme fictions pensantes

Les dangers de la fiction, atelier autour de textes du XVIe-XXIe siècles


Samedi 21 juin
Matin
TÉMOIGNAGE ET FICTION
Dinah RIBARD : Écrire le passé
Dominique MEMMI : Vers une vengeance des femmes ? Fictions et sciences sociales
Aude DÉRUELLE : Le désir de roman des historiens

Après-midi
L'UNIVERS DU ROMAN SANS FICTION. AUTOUR DU TRAVAIL DE PATRICK DEVILLE
Table ronde et lectures, avec Patrick DEVILLE, Linda GIL, Françoise LAVOCAT et Franck SALAÜN

Soirée
Linda GIL : Cunégonde ou Voltaire contre ses interprètes


Dimanche 22 juin
Matin
PENSER DANS ET PAR LA FICTION
Ridha BOULAÂBI : Mise en fiction des enjeux postcoloniaux
Anthony MANGEON : L'Afrique au futur

Après-midi
DE LA CULTURE DU XVIIe SIÈCLE À LA SCÈNE
À propos de La Blessure et la Soif, avec Fanny ARDANT, Pascal NOUVEL, Laurence PLAZENET et Catherine SCHAUB

Soirée
La Blessure et la Soif, lecture par Fanny ARDANT et Laurence PLAZENET


Lundi 23 juin
Matin
ARBITRAIRE DU TEXTE ET VÉRITÉ DE LA FICTION
Franc SCHUEREWEGEN : Sur Racine
Sjef HOUPPERMANS : Impressions d'Afrique de Raymond Roussel

Après-midi
DÉTENTE


Mardi 24 juin
Matin
LES ENJEUX DU RÉCIT
Ivan JABLONKA : Et l'Histoire dans tout cela ?
Pascal NOUVEL : Narration et identité
Colas DUFLO : Le roman "politique" au XVIIIe siècle

Après-midi
FIGURER : DU TEXTE À LA REPRÉSENTATION SCÉNIQUE
Franck SALÄUN : Figurer la grande pantomime du Neveu de Rameau
Nathalie KREMER & le Zufallkollektiv : Mettre en scène le Pygmalion de Rousseau

Soirée
Pygmalion de Rousseau, spectacle par le Zufallkollektiv (Suisse)


Mercredi 25 juin
Matin
MYSTIFICATIONS ET SAVOIRS : L'AVENIR DE LA FICTION
Table ronde et Rapports d'étonnement des doctorants

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Sjef HOUPPERMANS : Impressions d'Afrique de Raymond Roussel
Dans sa publication posthume Comment j'ai écrit certains de mes livres (1935) Raymond Roussel souligne le fait que "chez moi l'imagination est tout". Cette affirmation constitue l'aboutissement d'une sorte de manifeste où il explique et illustre son "procédé". Celui-ci consiste à explorer la langue notamment dans le domaine de l'homonymie. Ses récits courts et ensuite ses grands romans tels Impressions d'Afrique (1910) et Locus Solus (1914) se fondent sur des couples d'homonymes qu'il s'agit de réunir par le moyen de la fiction. On a donc affaire à des sortes d'"équations" selon l'auteur. L'imagination surgit dans le pli de ces exercices stylistiques. Pourtant Roussel ne donne que peu d'exemples et d'autre part avoue qu'il prend beaucoup de liberté dans la pratique. La fiction roussellienne se nourrit également à partir de tout un ensemble de sources différentes. On peut ainsi faire remarquer l'influence de la tradition littéraire, du contexte de la société contemporaine, des apports des dictionnaires, des échos de la biographie et surtout aussi des créations de l'inconscient. Dans ce sens sera proposée une lecture d'Impressions d'Afrique.

Sjef Houppermans est professeur émérite de l'université de Leiden (Pays-Bas). Il a publié des livres sur Proust, Beckett, Roussel, Robbe-Grillet, Ollier entre autres. Il a régulièrement contribué aux Cahiers Raymond Roussel (Classiques Garnier). Pour ses recherches il combine des approches stylistiques et psychanalytiques.

Charlotte KRAUSS : Les Cités obscures de Schuiten et Peeters comme fictions pensantes
Publiées entre 1983 et le début des années 2000, Les Cités obscures de François Schuiten et Benoît Peeters n'ont été pensées comme un univers fictionnel qu'au fur et à mesure que la publication des albums avançait. S'il existe aujourd'hui un Guide des Cités (2011), une grande carte complète et même un site internet très fourni (altaplana.be), le monde obscur reste incertain, labyrinthique et inachevé — un enchevêtrement de différentes projections. Cette communication s'intéressera aux cartes des cités obscures pour déplier ce labyrinthe fictionnel vertigineux. Je m'appuierai surtout sur La Frontière invisible (2002-2004), qui met en scène un jeune cartographe en Sodrovno-Voldachie, au nord-ouest du monde obscur. L'action est située à une époque où la gloire des anciennes cités s'est déjà estompée et où un gouvernement autocratique cherche à réécrire les données géographiques. Or il s'avère que la véritable carte du pays est mystérieusement inscrite dans le corps de l'un des personnages, un fait qui permet de comprendre les Cités obscures comme un organisme vivant et intelligent, comme une fiction donnant l'illusion de se penser elle-même.

Charlotte Krauss est professeure de littérature comparée à l'université de Poitiers et directrice de l'unité de recherches FoReLLIS (UR15076). Elle travaille entre autres sur la bande dessinée et les relations entre texte et image. La communication sur les Cités obscures s'inscrit dans un projet en cours qui s'intéresse aux atlas et aux cartes de mondes fictionnels.

Dominique MEMMI : Vers une vengeance des femmes ? Fictions et sciences sociales
À partir des années 60, la relation de domesticité s'assombrit au cinéma : tuer les employeurs devient la solution aux souffrances ancillaires. À partir des années 80, le forçage sexuel des femmes trouve une nouvelle issue au cinéma : les femmes s'en vengent désormais elles-mêmes, sauvagement. Bref, "On les baise (au sens propre ou figuré) mais ils/elles nous tuent" : tel est le nouveau récit en honneur ici. Or, après dépouillement d'environ 800 décisions judicaires, guère de traces de cette violence dans le monde social "réel" ! Quelles sont donc les fonctions sociales de la fiction — et de cette fiction-là ? Voilà qui oblige à découvrir et à prendre au sérieux l'énergie sociétale considérable mise à produire des "solutions" que les fictions, de manière fort homogène, inventent sans relâche comme autant de dispositifs permettant de s'adapter aux évolutions terriblement menaçantes du réel… tout en s'en protégeant et s'en consolant.

Séduite par la capacité de la production cinématographique à "penser" les problèmes sociaux, Dominique Memmi s'en est souvent servie pour repérer les solutions mentales trouvées à un certain nombre de difficultés sociales : au premier rang desquelles les angoisses et souffrances engendrées par une domination sociale particulière, conceptualisée comme une "domination rapprochée" : celle exercée dans le privé, entre hommes et femmes, maîtres et serviteurs, parents et enfants. D'où son ouvrage à paraître au PUF en octobre 2025 : Vers une vengeance des femmes au XXIème siècle ? Cinéma et domination sociale (Cf aussi : Dominique Memmi, "Corps à corps et domination rapprochée : comment le cinéma "réfléchit" le monde social", Revue Culture et musées, vol. n°7,‎ année 2006, p. 81-97 [lire en ligne].


SOUTIENS :

• Institut universitaire de France (IUF)
• Institut de recherche sur la Renaissance, l'Âge classique et les Lumières (IRCL, UMR 5186) | CNRS / Université Paul-Valéry Montpellier 3
Éducation Éthique Santé (EA 7505) | Université de Tours
• Formes et idées de la Renaissance aux Lumières (FIRL, EA 174) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Centre d'études et de recherches comparatistes (CERC, EA 172) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Laboratoire Configurations littéraires (EA 1337) | Université de Strasbourg (Unistra)
Universiteit Antwerpen (Anvers, Belgique)
Normandie Livre & Lecture
Société Diderot
• Société internationale des recherches sur la fiction et la fictionnalité (SIRFF)


BULLETIN D'INSCRIPTION