Programme 2018 : un des colloques

Programme complet


BRASSAGES PLANÉTAIRES


DU MERCREDI 1er AOÛT (19 H) AU MERCREDI 8 AOÛT (14 H) 2018

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Patrick MOQUAY, Véronique MURE, Sébastien THIÉRY


ARGUMENT :

Dans le prolongement du colloque de 2016, Jardins en politique (auprès de Gilles Clément) et des enjeux du "jardin planétaire", il s'agira de se saisir de la question des "brassages planétaires". En riposte et réponse à la démultiplication contemporaine des frontières, nous travaillerons à défaire les fables de l'identité et à discuter des inquiétants projets politiques qu'elles engendrent. Sans céder à une vision du monde consistant en une fable tout aussi problématique de "l'indifférencié", l'on se posera les questions suivantes : comment l'ici et l'ailleurs, sans pour autant se confondre, peuvent être pensés en solidarité ? Comment l'habitant du "planétaire" n'en demeure pas moins un sujet toujours situé, fort d'une singularité faisant de lui un être irréductible et irremplaçable ? Notre intuition est que la notion de "brassages planétaires" forme un socle possible pour repenser et refonder notre monde. À la condition néanmoins de dépasser à son endroit la sympathie pour forger à partir d'elle une doctrine, voire un programme…

Ces échanges n'auront de portée que s'ils s'appuient précisément sur l'expérience de chacun des "êtres" envisagés" : végétaux, animaux, humains, appréhendés selon des champs linguistiques, architecturaux, musicaux, culinaires, etc. Pour ce faire, on partira de l'introduction de Éloge des vagabondes de Gilles Clément (NiL éditions, 2002), ode à tous les franchissements de frontières, sinon à leur abrogation. Ce texte sera soumis à divers contributeurs qui le liront à l'aune de leur pratique singulière. Dans tel champ spécifique, le vagabondage s'avère-t-il un état de fait, sinon de loi ? Jusqu'à quel point les migrations menacent-elles les "êtres" ou, au contraire, en assurent-elles la croissance ? Il y sera sans doute question de chemins de traverse, non sans écho avec la manière dont se mettent en place les nouvelles rencontres jardinières de Cerisy : en apprendre d'une expérience de l'autre, à travers les frontières disciplinaires et les domaines de pensée.

À côté des conférences suivies de débats, des ateliers seront proposés par des artistes-chercheurs-jardiniers, ainsi que des tables rondes confrontant les points de vue d'acteurs engagés dans différentes situations.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 1er août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque, du séminaire en parallèle et des participants


Jeudi 2 août
Matin
Gilles CLÉMENT : Lecture de l'introduction de l'Éloge des vagabondes
Patrick MOQUAY & Véronique MURE : Introduction du colloque

Actualité des brassages, table ronde animée par Sylvain ALLEMAND, avec Gilles CLÉMENT, Sylvie GLISSANT et Camille LOUIS

Après-midi
ATELIERS "JARDINS DIVERS" | Présentation
"À la rencontre des arbres de Cerisy issus du brassage planétaire", balade avec Martin BOMBAL, Mathilde CLÉMENT, Nicolas DELPORTE, Tom TROÏANOWSKI et Véronique MURE

Ruedi BAUR : Dessine moi un monde sans frontière !

Vernissage de l'exposition "Comment se concrétise spatialement le concept du brassage planétaire ?", travaux du work-shop de Ruedi BAUR avec des étudiants du BTS d'Arts Appliqués du Lycée André Malraux de Montereau (77)

Soirée
Marie José MONDZAIN : Pousser - saxifrage politica


Vendredi 3 août
Matin
Cécilia CLAEYS : Fluctuantes natures, hésitantes cultures
Olivier FILIPPI : Plantes exotiques envahissantes en Méditerranée, entre présupposés éthiques et non-dits

Après-midi
Sylvie MOMBO : Contes

ATELIERS "JARDINS DIVERS" | Présentation
"Expérience de voyage", avec Adrien SARELS

Olivier DARNÉ : Les abeilles en mouvement
Dénètem TOUAM BONA : L'esprit de la forêt : esquisse d'une cosmo-poétique du refuge

Soirée
Camille LOUIS, Dimitri ROBERT-RIMSKY, Hélène DELÉAN & Kendra Mc LAUGHLIN : Leçons de Calais. Projections


Samedi 4 août
Matin
Emanuele COCCIA : Continent théorique et tectonique des êtres : la vie comme fait planétaire
Antoine KREMER : Brassages génétiques, diversité et adaptation

Après-midi & Soirée
Traversée guidée et commentée au départ du Bec d'Andaine (plage de Genêts) pour marcher jusqu'au Mont Saint-Michel en aller-simple


Dimanche 5 août
Matin
Jacques TASSIN : Regard d'un écologue sur l'ici et l'ailleurs
Sarah CLÉMENT : Archives et migrations

Après-midi
Emmanuelle HELLIO : Les fruits de la frontière [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Sarah VANUXEM : Du commerce ou du brassage juridique des semences paysannes

ATELIERS "JARDINS DIVERS" | Présentation
"À propos du potager planétaire", avec Yann LAFOLIE

Lancement de la grainothèque planétaire : cueillette, exposition et dégustation... des légumes planétaires — Suivi d'un Buffet planétaire

Soirée
ATELIERS "JARDINS DIVERS" | Présentation
Montage vidéo, avec Bulle MEIGNAN & Camille ZÉHENNE [Collectif Les Froufrous de Lilith]


Lundi 6 août
Matin
André MICOUD : Indigènes, natifs, autochtones, endémiques : restez plantés là où vous êtes !
Serge BAHUCHET : Les jardiniers de la nature et les brassages planétaires : à propos des animaux

Après-midi
L'expérience de Démosthène à Caen : migrations, droits et citoyenneté, table ronde avec Anne-Marie FIXOT, Miguel MARTINEZ et Bénédicte VACQUEREL

Sylvie MOMBO : Contes

Soirée
Bénédicte VACQUEREL : Ceux qu'on ne voit pas. Projection


Mardi 7 août
Matin
Christian GRATALOUP : La diversialité du vivant mondial. Peuples, plantes, animaux, maladies : petite histoire des discontinuités dans le temps long du Monde
Antoine HENNION : Débattre des mondes que nous voulons : les migrations comme proposition politique [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
Maxime AUMON : Le Règne des Grands Chariots

ATELIERS "JARDINS DIVERS" | Présentation
"Balade", avec Raphaël CAILLENS
"Restitution des différents ateliers "Jardins divers"

Soirée
Sylvie MOMBO : Contes


Mercredi 8 août
Matin
ATELIERS "JARDINS DIVERS" | Présentation
"Restitution des différents ateliers "Jardins divers" (suite)

Synthèse et discussion générale

Gilles CLÉMENT : Esquisse de la préface de la nouvelle édition de l'Éloge des vagabondes [en ligne]

Après-midi
DÉPARTS


PRESSE / MÉDIAS :

• "Paris-Saclay au prisme des "brassages planétaires"", entretien avec Patrick MOQUAY (co-directeur du colloque) réalisé par Sylvain ALLEMAND [en ligne sur le site L'EPA Paris-Saclay | 31 août 2018].

• "Migrer, une condition d'existence du vivant", tribune de Gilles CLÉMENT, Emanuele COCCIA, Antoine KREMER, Jacques TASSIN et Sébastien THIÉRY [en ligne sur le site Libération | 20 septembre 2018].


ATELIERS "JARDINS DIVERS" :

Étudiants à l'ENSP et l'ENSA de Marseille, nous participons à l'organisation d'ateliers lors du colloque "Brassages planétaires". Ce thème est, et sera, au cœur de nos futurs métiers. C'est pourquoi nous voyons ce colloque comme une véritable opportunité pour participer aux débats, sous un regard, nous l'espérons, neuf.

Les ateliers "jardins divers" auront bien sûr pour thème les brassages planétaires, en abordant à la fois les notions de migrations végétales, mais aussi humaines et culturelles. Ils seront aussi l'occasion de discuter du sujet de manière moins formelle et plus détendue, que ce soit au travers de balades commentées dans le parc, de visionnages vidéo ou encore de récits d'expériences de voyage.

Nous proposons plusieurs interventions sous différentes formes :

"À la rencontre des arbres de Cerisy issus du brassage planétaire", balade avec Martin BOMBAL, Mathilde CLÉMENT, Nicolas DELPORTE, Tom TROÏANOWSKI et Véronique MURE
1h à 1h30 — Parc du domaine

Mathilde CLÉMENT
Mathilde Clément est étudiante en deuxième année à l'École Nationale Supérieure de Paysage de Marseille. De plus, avec Nicolas Delporte, lui aussi étudiant à l'ENSP, ils ont récemment remporté un concours étudiant national, organisé par l'Institut Klorane "Imaginer le jardin urbain méditerranéen de demain". Ce jardin prône le brassage planétaire en essayant d'accueillir des plantes de tout le biome méditerranéen (Afrique du Sud, Californie, Australie…) dans une seule parcelle : le Jardin des Nymphes. Ce jardin de 170 m2 a été inauguré en mai 2018 sur les plages du Prado à Marseille.

Nicolas DELPORTE
Nicolas Delporte est étudiant en dernière année à l'École Nationale Supérieure de Paysage de Marseille, ainsi qu'à l'Institut d'urbanisme d'Aix-Marseille, en Master 2 Paysage et aménagement. D'autre part, avec Mathilde Clément, elle aussi étudiante à l'ENSP, ils ont récemment remporté un concours étudiant national, organisé par l'Institut Klorane "Imaginer le jardin urbain méditerranéen de demain". Ce jardin prône le brassage planétaire en essayant d'accueillir des plantes de tout le biome méditerranéen (Afrique du Sud, Californie, Australie…) dans une seule parcelle: le Jardin des Nymphes. Ce jardin de 170 m2 a été inauguré en mai 2018 sur les plages du Prado à Marseille.

Tom TROÏANOWSKI
Tom Troïanowski est étudiant en 4ème et dernière année de l'École Nationale Supérieure de Paysage de Marseille. Il fait partie de la dernière promotion donnant accès au titre de Paysagiste DPLG (Diplômé Par Le Gouvernement).


Adrien SARELS étudie le monde arabe par le biais d'un Master à Science Po Lyon. Ce jeune voyageur solitaire nous racontera une des expériences de voyage dans le monde arabe, à travers notamment ses périples en auto-stop en Iran, Egypte, Maroc, Israël, Palestine ou Turquie. C'est au contact direct avec les habitants qu'il a pu embrasser le brassage des cultures. L'occasion pour nous de débattre autour du sujet.
30 min à 1h — Salle de projection ou en extérieur


Yann LAFOLIE est paysagiste concepteur, il aimerait proposer un travail in situ dans le potager de Cerisy. Parler des plantes comestibles directement dans le jardin, est pour lui un bon moyen de voir, goûter, sentir et toucher les brassages planétaires à l'œuvre dans les jardins vivriers du monde entier.
1h — Potager de Cerisy


Raphaël CAILLENS est paysagiste concepteur, mais ce qui l'anime avant tout c'est de raconter des histoires. Au fil d'une balade dans le parc, il nous contera une histoire de brassages planétaires.
1h à 1h30 — Parc du domaine


Collectif Les Froufous de Lilith (représenté par Bulle MEIGNAN et Camille ZÉHENNE) proposeront un montage vidéo sur le thème du brassage planétaire.
Camille Zéhenne est diplômée des beaux-arts de Cergy et doctorante. Elle est artiste-chercheuse.
Bulle Meignan travaille quant à elle à images de bibliothèque de Paris.
Toutes les deux font partie du collectif Les Froufrous de Lilith et organisent une fois par mois le Food and Film. Autour d'une thématique choisie et d'une proposition culinaire, Food and Film délivre une programmation de films de différentes natures: entre cinéma, vidéo, curiosités YouTube, clips clandestins ou archives. Elles proposent un montage d'extraits toujours critiques, politiques et décalés.
30 min à 1h — Salle de projection


SOUTIENS :

• École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles
• Val'hor (les professionnels du végétal)
• Klorane Botanical Foundation
• Veolia

Programme 2018 : un des colloques

Programme complet


QUE NOUS DISENT LES BEST-SELLERS ?


DU LUNDI 23 JUILLET (19 H) AU LUNDI 30 JUILLET (14 H) 2018

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Olivier BESSARD-BANQUY, Sylvie DUCAS, Alexandre GEFEN


ARGUMENT :

Rien n'est plus mystérieux qu'un best-seller. Car si certains semblent fabriqués à partir de recettes qui ne peuvent mener qu'au succès, combien d'autres livres issus du même moule passent complètement inaperçus tandis que des ouvrages parfois difficiles reçoivent un succès inattendu ? Quel point commun peut-on trouver au Capital de Marx, aux romans de Dickens ou aux aventures d'Harry Potter en passant par Le Petit Prince de Saint-Exupéry, Belle du seigneur d'Albert Cohen, sans oublier les œuvres de Pigault-Lebrun ou de Maurice Dekobra ? Y a-t-il des raisons objectives permettant de comprendre que ces livres aient rencontré le succès ? Et comment passer du livre qui anime une librairie à celui qui y met le feu ? Y a-t-il un élément, un secret, une technique qui permet de transformer tout volume en n°1 des ventes ? Quelle part revient à l'auteur dans cette réussite ? Et à l'éditeur ? Et aux lecteurs ? Et au-delà d'une simple recension des livres qui se sont très bien vendus depuis le XIXe siècle, que nous disent les best-sellers ? Est-ce une catégorie historique dont on peut relater l'invention ? Nous racontent-ils une histoire d'un horizon de réception, celui du "grand public", voire une histoire de la lecture ?

Le présent colloque vise à offrir un grand moment d'échange et de débat entre des spécialistes des différents aspects de la question et un large public composé d'auteurs, de professionnels du livre, d'enseignants, mais aussi d'auditeurs intéressés par les problèmes posés.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 23 juillet
Après-midi
"HORS LES MURS" — À LA MÉDIATHÈQUE DE SAINT-LÔ
EN AVANT-PREMIÈRE : SÉANCE PUBLIQUE
Accueil par Pascale NAVET, directrice de la Médiathèque de Saint-Lô
Rencontre-débat avec Michel BUSSI, auteur de best-sellers aux Presses de la cité
[vidéos en ligne sur la chaîne YouTube de Cerisy]

ACCUEIL DES PARTICIPANTS À CERISY

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 24 juillet
Matin
POURQUOI PRENDRE LES BEST-SELLERS AU SÉRIEUX ?
Olivier BESSARD-BANQUY & Sylvie DUCAS : Brève histoire des best-sellers, questions et enjeux liés aux best-sellers, d'après "l'entrée dans l'ère des cent mille" de Jean-Yves Mollier
Lecture du texte de Jean-Yves Mollier, par Olivier BESSARD-BANQUY & Sylvie DUCAS

Après-midi
LECTURES POUR TOUS
Anthony GLINOER : Les collections de classiques à bas prix [vidéoconférence]
David MARTENS : La fabrique publicitaire d'un best-sellers : que dire des lectures dans l'entre-deux-guerres ?
Alix MÉRAT : Proposer un dispositif de valorisation spécifique aux best-sellers en bibliothèque : enjeux et questionnements autour d'un rayon de best-sellers


Mercredi 25 juillet
Matin
SEXE, MONTAGES ET TOPOÏ
Matthieu LETOURNEUX : Best-sellers : consommation et idéologie [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Christelle REGGIANI : Y a-t-il une poétique du best-seller ?

Après-midi
AUTEUR À SUCCÈS, SUCCÈS DE L'AUTEUR
Martin WINCKLER : Comment (sur)vivre après un best-seller ? [vidéoconférence]
Sylvie DUCAS : Le prix Wepler, un anti-prix marchand dans une économie du prestige

Soirée
Débat, avec Marc LEVY [visioconférence]


Jeudi 26 juillet
Matin
ÉCONOMIE ET RECETTES DU SUCCÈS
Bertrand LEGENDRE : Économie du best-seller [texte lu par Olivier BESSARD-BANQUY]
Pascal DURAND : Le best-seller hors littérature
Michel MURAT : Utile dulci : le best-seller comme aide à la résilience [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Projection de Michel Bussi et le roman populaire, présenté par son réalisateur Christian CLÈRES


Vendredi 27 juillet
Matin
MONDIALISATION DU BEST-SELLER
Ofra LÉVY : Étudier les motifs générateurs de best-sellerisation en littérature Young Adult
Marie-Ève THÉRENTY : "Oui, je sais. On dirait du Storytelling…" : les incroyables histoires des auteurs de best-sellers

Après-midi
QUE FAIRE DE TOUS CES BEST-SELLERS EN LIBRAIRIE ET BIBLIOTHÈQUE ?
Table ronde avec des professionnels du livre, de l'édition, de la librairie, de la bibliothèque, avec la participation de Arnaud COIGNET [librairie Ryst, Cherbourg], de Marie-Rose GUARNIERI [libraire des Abbesses et fondatrice du prix Wepler], de François LAURENT [directeur général d'Univers Poche] et de Pascale NAVET [directrice de la Médiathèque de Saint-Lô]


Samedi 28 juillet
Matin
LE SEXE COMME INCUBATEUR DE SUCCÈS ?
Olivier BESSARD-BANQUY : De quelques succès poivrés d'avant-hier à hier
Magali BIGEY & Stéphane LAURENT : Nouveau lectorat et/ou Machine Marketing : 50 Nuances de Grey, les dessous d'un best-sellers

Après-midi
QUE NOUS DISENT LES BEST-SELLERS, DE LA LITTÉRATURE AUX SCIENCES HUMAINES
Charline PLUVINET : Spécularité des romans best-sellers : que nous disent les best-sellers de la littérature ?
Éric THIÉBAUD : Les best-sellers en sciences humaines


Dimanche 29 juillet
Matin
ALGORITHMES ET FEEL-GOOD BOOKS
Alexandre GEFEN : The Best Seller code and so on

Après-midi
BEST-SELLERS 2.0
Christine GUÉRINET : Quand les youtubeurs créent des best-sellers : entre starisation et légitimation
Oriane DESEILLIGNY : Des secrets de fabrication de best-sellers en contexte numérique ? Étude des conseils donnés aux auteurs et des pratiques éditoriales sur les plateformes numériques


Lundi 30 juillet
Matin
Synthèse et débat collectif

Après-midi
DÉPARTS


SOUTIENS :

• Université Bordeaux Montaigne
• Université de Paris Nanterre
• Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Fondation Khôra - Institut de France
• La Sofia
• Fondation d'entreprise La Poste

Programme 2018 : un des colloques

Programme complet


LES DISCOURS MEURTRIERS AUJOURD'HUI


DU LUNDI 23 JUILLET (19 H) AU LUNDI 30 JUILLET (14 H) 2018

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Laurence AUBRY, Gabriela PATIÑO-LAKATOS, Béatrice TURPIN


ARGUMENT :

Face aux phénomènes actuels de violence, une tendance manifeste porte à considérer les discours comme un épiphénomène, voire à en disqualifier la valeur. Poursuivant la démarche inaugurée avec le colloque Le langage totalitaire d'hier à aujourd'hui. En hommage à Victor Klemperer (Cerisy, 2010), l'on se proposera, à l'inverse, d'en étudier la dimension mortifère et d'interroger ce qui fonde l'efficacité des appels au meurtre. En effet le discours n'est pas un registre séparé des actes, ni des réalités historiques, sociales, politiques, économiques et subjectives.

Pour le montrer, ce nouveau colloque abordera cette dimension proprement discursive par l'exploration de différents champs de la communication. Il appréhendera les discours djihadistes contemporains en les situant dans leurs contextes géopolitiques, compte tenu de l'impact des nouveaux médias et des idéologies, mais aussi en les envisageant parmi d'autres phénomènes de violence sociale. Les discours destructeurs seront confrontés aux entreprises qui y résistent ou en fondent la critique par l'analyse anthropologique ou communicationnelle, la création littéraire et artistique, l'approche psychanalytique. Avec Victor Klemperer comme fil rouge des discussions, la rencontre suivra la trame du "religieux" sous ses différentes formes, dans un dialogue entre des intervenants venus de plusieurs horizons culturels, géographiques et disciplinaires et toutes les personnes qui se montreront intéressées par ces phénomènes sociétaux majeurs.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 23 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 24 juillet
Matin
Laurence AUBRY, Gabriela PATIÑO-LAKATOS & Béatrice TURPIN : Introduction générale
Paola PAISSA : Le "visage de la France" : que se cache-t-il derrière cette formule de l'après-janvier 2015 ?

Après-midi
Gilbert DIATKINE : Idéologie et violence
Mathieu TERRIER : Mémoire meurtrie et discours meurtrier : jihâd et apocalypse dans le shi'isme imamite


Mercredi 25 juillet
Matin
Luis Miguel CAMARGO GOMEZ : Le discours intime des institutions médicales et de secours face aux violences dans les villes colombiennes
Sophie JEHEL : Adhésion aux images meurtrières, adhésion aux discours meurtriers. Analyse de la réception par les adolescents des images violentes, sexuelles et haineuses diffusées en contexte médiatique néolibéral

Après-midi
Dominique BOURDIN : Idéalisation et diabolisation dans les discours meurtriers
Yana GRINSHPUN : Les nouveaux médias d'information et les vieux procédés de manipulation

Soirée
Sabine OLEWKOWIEZ CANN : Aller Retour. Voyages dans le temps… : autour d'un livre


Jeudi 26 juillet
Matin
Laure WESTPHAL : Le discours jihadiste et sa dialectique de vengeance et sacrifice
Laurence AUBRY : Les discours meurtriers aujourd'hui : quelle séduction ?

Après-midi
DÉTENTE


Vendredi 27 juillet
Matin
Maéva CLÉMENT & Éric SANGAR : L'engagement violent féminin : contournements discursifs sous le nazisme et sous l'État Islamique [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Karine ROUQUET-BRUTIN & Suzanne MULLER : Partir étudier ailleurs, passer une frontière, trouver une langue

Après-midi
Nolwenn LORENZI BAILLY : Discours de radicalisation : manipulation et tensions identitaires
Augustin EMANE : Les controverses autour des chants en Afrique du Sud. Entre incitation au meurtre et liberté d'expression, un passé qui ne passe pas


Samedi 28 juillet
Matin
Gabriela PATIÑO-LAKATOS : Les fonctions de l'image et du discours dans les montages mythiques des actes meurtriers

Après-midi
Béatrice TURPIN : Discours meurtriers et discours totalitaires. En en suivant la trame…
Hasna HUSSEIN : Daëch, langue du IVe Reich ?


Dimanche 29 juillet
Matin
Fred HAILON : La pensée figée ou la "comédie macabre" du discours
Ghyslain LÉVY : On tue quelque chose ou des paradoxes meurtriers

Après-midi
Ugo RUIZ : Tuer au nom de valeurs démocratiques : une étude du discours du 16 novembre 2015 du Président François Hollande
Noëlle DIEBOLD : "On a rien vu" : voir, prévoir, prévenir pour protéger


Lundi 30 juillet
Matin
Conclusion générale

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

• ANGENOT Marc, "La rhétorique de la qualification et les controverses d'étiquetage", Argumentation et Analyse du Discours, 13, 2014 [en ligne].
• ANGENOT Marc, Dialogues de sourds. Traité de rhétorique, Paris, Mille et Une Nuits, 2008.
• ARCHETTI Cristina, "Terrorism, Communication and the New Media in the Digital Age", Perspectives on Terrorism, 9/1, Universiteit Leiden, 2015.
• ARENDT Hannah, Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal, Trad. A. Guérin, Paris, Gallimard, 1966, Coll. "Folio", 1991.
• ATHENS Loonie H., The Creation of Dangerous Violent Criminals, Champaign, University of Illinois Press, 1992.
• AUBRY Laurence, "In lingua veritas. La langue comme crédo ou comme balancier", Revue française de psychanalyse, vol. 79, n°1, 2015, pp. 42-54.
• AUBRY Laurence, "D'une perversion de l'autorité dans le langage. Ces langues qui coupent la pensée", Topique, n°133, 2015, pp. 65-79.
• AUBRY Laurence, TURPIN Béatrice, Victor Klemperer. Repenser le langage totalitaire, Colloque de Cerisy, CNRS éditions, Paris, 2012.
• BALIBAR Étienne, Violence et civilité : Wellek Library Lectures et autres essais de philosophie politique, Paris, Éditions Galilée, 2010.
• BENICHOU David, KHOSROKHAVAR Farhad, MIGAUX Philippe, Le jihadisme, Plon, 2015.
• BENSLAMA Fethi, La psychanalyse à l'épreuve de l'Islam, Paris, Aubier, 2003.
• BENSLAMA Fethi, Un furieux désir de sacrifice. Le surmusulman, Paris, Le Seuil, 2016.
• BENSLAMA Fethi, KHOSROKHAVAR Farhad, Le Jihadisme des femmes. Pour-quoi ont-elles choisi Daech ?, Paris, Le Seuil, 2017.
• BERTRAND Michèle, "Le djihadisme à l'adolescence", Adolescence, n°99, 2017, pp. 135-147.
• BERTRAND Michèle, "Le théologico-politique aujourd'hui", Topique, n°133, 2015, p. 107-114.
• BLANCHET Philippe, Les mots piégés de la politique, "Petite encyclopédie critique", Éd. Textuel, Paris, 2017.
• BOUDON Raymond, Le juste et le vrai, Paris, Fayard, 1995.
• BOURDIN Dominique, "Enjeux de l'idéalisation religieuse à l'adolescence", Adolescence, n°86, 2014, pp. 835-851.
• BOURDIN Dominique, "De la rage d'exister à la rage de tuer. Quelques notations partielles", Aspasia, Psychanalyse dans la cité, 30 mai 2016.
• BOURDIN Dominique, "Le meurtre du semblable : quelques notations partielles", Le Carnet PSY, n°203, 2017, pp. 31-36.
• BRETON Philippe, La parole manipulée, Paris, La Découverte, "Poche", 2000.
• CANETTI Elias, Masse et puissance, Gallimard, 1966 [Hamburg, Claussen Verlag, 1960].
• CASTAREDE Marie-France, DOCK Samuel, Le nouveau malaise dans la civilisation, Paris, Plon, 2015.
• CHARAUDEAU Patrick, Les médias et l'information, Bruxelles, De Boeck, 2011.
• CHAUVET Évelyne, DANON BOILEAU Laurent (éd.), Psychanalyse et terrorisme : l'effroi peut-il s'élaborer ?, Paris, Presses universitaires de France, 2017.
• DANBLON Emmanuelle, La fonction persuasive, Paris, A. Colin, 2005.
• DELEPLACE M. (éd.), Les discours de la haine. Récits et figures de la passion dans la Cité, Presses universitaires du Septentrion, 2009.
• DELESTRE Antoine, LEVY Clara, L'esprit du totalitarisme, La Tour d'Aigues, L'Aube, 2016.
• DEWITTE Jacques, Le Pouvoir de la langue et la liberté de l'esprit, essai sur la résistance au langage totalitaire, Paris, Michalon, 2007.
• DIATKINE Gilbert, "La dictature de la raison", Revue française de psychanalyse, vol. 80, n°1, 2016, pp. 54-64.
• DIATKINE Gilbert, "L’énigme du sadisme", Revue française de psychanalyse, vol. 80, n°3, 2016, pp. 733-740.
• DOURY Marianne, Argumentation. Analyser textes et discours, Paris, A. Colin, 2016.
• EL DIFRAOUI Abdelasiem, Al-Qaida par l'image. La prophétie du martyre, Paris, Presses universitaires de France, 2013.
• FAIRCLOUGH Norman, Analyzing Discourse. Textual Analysis for Social Research, London, Routledge, 2003.
• FAYE Jean Pierre, Le langage meurtrier, Hermann, 1996.
• FAYE Jean Pierre, Introduction aux langages totalitaires, Hermann, 2003.
• FREUD Sigmund, Totem et tabou, Paris, Payot [1913], 2001.
• FREUD Sigmund, L'avenir d'une illusion, Paris, PUF [1927], 2004.
• FREUD Sigmund, Malaise dans la civilisation, Paris, Payot [1930], 2010.
• GAUCHET Marcel, L'avènement de la démocratie. À l'épreuve des totalitarismes, Paris, Gallimard, 2010.
• KAHN Laurence, Ce que le nazisme a fait à la psychanalyse, Presses universitaires de France, 2018.
• KHOSROKHAVAR Farhad, Les Nouveaux Martyrs d'Allah, Paris, Flammarion, 2002.
• KHOSROKHAVAR Farhad, Radicalisation, Paris, Éditions de la maison des sciences de l'Homme, 2014.
• KLEMPERER Victor, LTI, la langue du Troisième Reich. Carnets d'un philologue, Paris, Albin Michel, Coll. "Bibliothèque Idées" [1947], 1996.
• KOREN Roselyne, AMOSSY Ruth (éds.), Après Perelman : quelles politiques pour les nouvelles rhétoriques ?, L'Harmattan, 2002.
• KRISTEVA Julia, Pouvoir de l'horreur. Essai sur l'abjection, Paris, Éditions du Seuil, 1980.
• KRISTEVA Julia, Cet incroyable besoin de croire, Paris, Bayard, 2017.
• L'HEUILLET Hélène, Tu haïras ton prochain comme toi-même, Paris, Albin Michel, 2017.
• HALLDEN Philip, "What is Arab Islamic Rhetoric ? Rethinking the history of Muslim oratory art and homiletics", International Journal of Middle East Studies, 37, 2005.
• LECERCLE Jean-Jacques, La violence du langage, Paris, Presses universitaires de France, 1996.
• LEGENDRE Pierre, Jouir du pouvoir, Paris, Minuit, 1976.
• MERTON Robert K., "War and the crisis of language", in GINSBERG Robert, The Critique of War : Contemporary Phisolophical Explorations, Chicago, H. Regnery Company, 1969.
• MONDZAIN Marie-José, L'image peut-elle tuer ?, Montrouge, Bayard Culture, 2015.
• MONDZAIN Marie-José, Confiscation : des mots, des images et du temps, Paris, Les Liens qui libèrent, 2017.
• MOURAD Suleiman, La mosaïque de l'islam. Entretien sur le Coran et le djihadisme avec Perry Anderson, Paris, Fayard, Institut d'Études Avancées de Nantes, 2016.
• OLEWKOWIEZ-CANN Sabine, Aller Retour. Voyages dans le temps…, Paris, L'Harmattan, 2014.
• PANH Rithy, L'élimination, Éd. Grasset & Fasquelle, 2011.
• RICHARD François, L'actuel malaise dans la culture, Paris, Éditions de l'Olivier, 2011.
• RICHARD François, "Le surmoi perverti", Revue Française de Psychanalyse, vol. 81, n°2, 2017, pp. 338-350.
• ROGOZINSKI Jacob, Djihadisme : le retour du sacrifice, Paris, Desclée de Brouwer, 2017.
• SALAZAR Philippe-Joseph, Paroles Armées. Comprendre et combattre la propagande terroriste, Paris, Lemieux Éditeur, 2015.
• SANSAL Boualem, Gouverner au nom d'Allah, Paris, "Folio", Gallimard, 2013.
• SEMELIN Jacques, Purifier et détruire, Usages politiques des massacres et génocides, Paris, Seuil, 2005.
• STRENGER Carlo, Le Mépris civilisé, Paris, Belfond, 2016.
• TRAVERSO Enzo, Le totalitarisme, Le XXe siècle en débat, Seuil, "Points", 2001.
• TCHAKHOTINE Serge, Le viol des foules par la propagande politique, Gallimard, 1952.
• TODOROV Tzvetan, Le siècle des totalitarismes, Paris, "Bouquins", Laffont, 2010.
• WEIMANN Gabriel, New terrorism and new media, Washington D.C., Wilson Center, 2014.


SOUTIENS :

• Université de Cergy-Pontoise
• Université de Perpignan

Programme 2018 : un des colloques

Programme complet


LES SUPERHÉROS : UNE MYTHOLOGIE POUR AUJOURD'HUI


DU VENDREDI 13 JUILLET (19 H) AU VENDREDI 20 JUILLET (14 H) 2018

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Christian CHELEBOURG, Lauric GUILLAUD


ARGUMENT :

Nés entre les deux Guerres Mondiales, au carrefour des principales littératures de l'imaginaire, superhéros et superhéroïnes apparaissent comme un concentré des rêveries occidentales sur l'héroïsme et la Force. Ils réactivent alors la veine mythologique pour mieux refléter les ambivalences de la culture américaine, déchirée entre sauvagerie primitive et modernité technologique. Leur succès depuis près d'un siècle doit désormais interroger sur le sens qu'a pris leur geste dans la culture de jeunesse.

S'il convient de revenir sur leur genèse, voire sur leur définition, il est surtout important d'étudier leur fortune intermédiatique et l'étonnante malléabilité qui a favorisé tout à la fois leur prolifération et les hybridations génériques auxquelles ils se prêtent. Il faut examiner l'abondante descendance qui est la leur dans tous les registres, jusqu'à la parodie, et la manière dont ils ont renouvelé les figures de Sauveurs. Les superhéros n'étant rien sans les supervilains qu'ils affrontent, la dialectique qui les oppose mérite aussi toute l'attention, de même que les chronotopes allégoriques dans lesquels ils évoluent. Enfin les modes de production et de diffusion de ces personnages interrogent le statut de l'auteur dans le contexte de l'industrie culturelle, tout comme ils mettent en avant la part grandissante des produits dérivés sur le marché de la fiction.

Les communications devront être accessibles à un public non spécialiste. Le public sera le bienvenu et les auditeurs pourront prendre part aux débats, éclairer les discussions de leurs propres connaissances et contribuer à la réflexion collective.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 13 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Samedi 14 juillet
Matin
Lauric GUILLAUD : Généalogie des superhéros : du régime de l'écrit au régime de l'image
Xavier FOURNIER : Superhéros, défenseurs secrets de l'hexagone

Après-midi
Kévin POEZEVARA : Superman ou l'invention de l'adolescence
Dennis TREDY : Adaptation, traumédialité et kitschification : la percée des superhéros de bandes dessinées lors des âges d'or de la radio et de la télévision américaines


Dimanche 15 juillet
Matin
Dominique MEYER-BOLZINGER : Enquêteurs et superhéros, même combat ?
Marie-Hélène BAUER : Fantômette, une superhéroïne franco-française ?

Après-midi
Victor-Arthur PIÉGAY : Naissance et renaissances des Watchmen, de Charlton Comics à DC Rebirth [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Guillaume LABRUDE : Batman : Arkham, caractérisation et contre-pouvoir des supervilains dans le domaine vidéoludique


Lundi 16 juillet
Matin
Clotilde THOURET : Normalité du superhéros, ou : de l'ordinaire dans le superhéroïsme
Maryse PETIT : L'Habit fait-il le superhéros ?

Après-midi
Anne-Marie PAQUET-DEYRIS : Jessica Jones : entre privée de Film noir et anti-Superwoman ?
Mélanie BOISSONNEAU & Camille ZIMMERMANN : Wonder Woman et Jessica Jones : les féminismes des superhéroïnes
Élodie CHAZALON : Mystique et mystification de la femme engagée à l'heure du "global feminism"


Mardi 17 juillet
Matin
Christian CHELEBOURG : La cape et le pantin : Disney et les superhéros avant Marvel (1965-2009)
Sébastien BERTRAND : Les Super sentai et le triomphe du soft power japonais

Après-midi
DÉTENTE


Mercredi 18 juillet
Matin
Isabelle LABROUILLERE : Le devenir mythique d'un héros ordinaire : du prototype à l'archétype dans Darkman de Sam Raimi
Gilles MENEGALDO : Intertextualité et variations plastiques dans Batman et Batman Returns de Tim Burton

Après-midi
Stella LOUIS : Les vampires du XXIe siècle : demi-dieux et superhéros, entre héritage et transgression
Chloé QUESNEL : Les résonances gothiques dans le monde des superhéros


Jeudi 19 juillet
Matin
Jean-Paul MEYER : The Phantom : ascendances et filiations d'un super-justicier
Yann CALVET : Les superhéros sont-ils des hommes ?

Après-midi
Christophe BECKER : marXist ! De la dissémination des théories "alt left" dans les comic books anglo-saxons
Danièle ANDRÉ : Quand la guerre tue les superhéros : de Serge Lehman à Marvel Civil War


Vendredi 20 juillet
Matin
Hélène VALMARY : Les bienfaits de la colère : à propos de Hulk (comics, séries télévisées, cinéma)
Cong Minh VU : Logan (2017) ou la finitude des superhéros

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Danièle ANDRÉ : Quand la guerre tue les superhéros : de Serge Lehman à Marvel Civil War
La deuxième guerre mondiale a vu la naissance des superhéros américains et la disparition des superhéros français. La guerre semble donc étroitement liée au sort de ces figures hors du commun. Avec Marvel Civil War (2006-2007), la guerre ne leur est plus extérieure, elle les divise et les décime. Étrangement, en France, à peu près à la même époque, les superhéros réapparaissent. Nés dans des périodes d'instabilité ou de guerre, dont ils sont victimes et/ou témoins, ils reviennent parler de leur origine, de la première moitié du XXe siècle, et des guerres subies. Ce faisant, ils nous rappellent, comme les personnages de Marvel, combien leur existence et leur disparition sont symptomatiques d'une société qui semble chercher qui elle est, ou qui a peut-être déjà perdu son identité en se dépouillant de certaines valeurs fondatrices. C'est ce que cette communication s'attachera à analyser à travers Marvel Civil War et les œuvres de Serge Lehman : La Brigade Chimérique (2009-2010), Masqué (2012-2013), L'Homme Truqué (2013) et L'Œil de la nuit (2015-2016).

Danièle André est maître de conférences en civilisation et cultures populaires états-uniennes dans le département LEA Amériques de l'université de La Rochelle. Ses recherches ont pour but d'analyser et de comprendre comment la culture populaire (surtout en Amérique du Nord) et, plus particulièrement, la science-fiction, le cinéma, les séries télévisées, les jeux de rôle et les romans graphiques, traitent de l'être humain dans son environnement social. Ses travaux ont pour but de souligner que les cultures populaires non seulement reflètent le fonctionnement des sociétés, mais qu'elles aident aussi à imaginer leur évolution et à façonner leur avenir.

Marie-Hélène BAUER : Fantômette, une superhéroïne franco-française ?
Dès le premier épisode de la série, Ficelle, sa camarade, la dessine avec des ailes de chauve-souris, l'affiliant de fait à son homologue américain Batman. Pourtant, Pierre Bannier note qu'il s’agit d'"une œuvre franco-française" dans son ouvrage Les Microsociétés pour la littérature pour la jeunesse. L'Exemple de Fantômette (L'Harmattan, 2000). Il s'agira alors d'étudier la particularité de Fantômette et du chronotope dans lequel elle évolue. Dans cette perspective, nous comparerons, entre autres, les livres originaux et la série animée du début des années 2000 destinée à un public international.

Christophe BECKER : marXist ! De la dissémination des théories "alt left" dans les comic books anglo-saxons
Longtemps considérés comme s'adressant à un public adolescent, les comic books ont subi une transformation profonde avec l'apparition de l'underground comix aux États-Unis à partir de 1968 et en Angleterre à partir de 1973, mais également de la "British Invasion" dans les années 1980. La bande dessinée n'est, dés lors, plus un divertissement simple ou naïf, mais le moyen de disséminer des théories marxistes passées par le prisme des Situationnistes français, de l'Anarchisme ou de mouvements politiques baptisés — souvent de façon péjorative — "alt left" ou "hard left". Nous étudierons les stratégies employées par les scénaristes de comic books pour développer, voire questionner, ces théories, mais également leur réception au sein des sociétés américaines et britanniques peu enclines au discours collectiviste ou anticapitaliste. Nous nous pencherons autant sur les comic books indépendants, comme V for Vendetta d'Alan Moore (Vertigo, 1988) ou The Invisibles de Grant Morrison (Vertigo, 1994), que sur des titres précurseurs qui, aujourd'hui encore, sont en tête des ventes dans le monde comme les X-Men créés par Stan Lee et Jack Kirby en 1963, ou Silver Surfer créé par Jack Kirby en 1966 pour Marvel Comics.

Enseignant l'anglais dans un collège de Villejuif, Christophe Becker est professeur certifié d'anglais et Docteur de l'université Paris 8 en Langues, littératures et civilisations des pays anglophones. Après avoir soutenu en décembre 2010 une thèse intitulée : "L'Influence de William S. Burroughs dans l'œuvre de William Gibson et de Genesis P-Orridge", ses recherches portent essentiellement sur l'héritage Burroughsien dans le domaine littéraire et musical, mais également sur le corps comme sujet d'expérience artistique et sur la culture populaire. En collaboration avec l'éditeur Aurélien Gleize (Questions Théoriques) et le Victoria & Albert Museum de Londres, il coordonne actuellement la traduction et la publication en ligne du poème "Agrippa" de William Gibson, 1992.

Sébastien BERTRAND : Les Super sentai et le triomphe du soft power japonais
Depuis 1979 au Japon, les séries franchisées Super sentai mettent en scène des groupes de héros doués de superpouvoirs en lutte contre les forces du Mal qui menacent la Terre. Tournées dans un pays qui atteint un pic de croissance et de prospérité économique dans les années 1980, plébiscitées par le public, elles sont ensuite renouvelées chaque année tout en gardant des codes stricts. Les Super sentai connaissent également un grand succès à l'exportation (notamment en France, où elles sont principalement diffusées dans l'émission Club Dorothée) et la consécration mondiale en 1993 à travers son adaptation américaine Power Rangers. L'intervention posera comme problématique le lien entre les Super sentai et la puissance économique et culturelle japonaise dans les années 1980 et 1990. Elle analysera les codes et principes qui régissent ces séries, les thèmes qui y sont développés et enfin, les raisons et modalités de leur succès international, à mesure que le phénomène de mondialisation s'accélère.

Sébastien Bertrand, professeur agrégé et docteur en histoire contemporaine, enseigne en Classes Préparatoires aux Grandes Écoles aux Lycées Janson de Sailly (Paris XVIe) et Chaptal (Paris VIIIe). Ses travaux portent sur l'Asie orientale (Japon, Corée du Sud, monde chinois) et sur l'inscription des cultures de jeunesse dans l'histoire contemporaine. Il a participé à trois colloques de Cerisy : Walt Disney (2011), Littérature et culture de jeunesse : configuration des mœurs (2013) et Secrets, complots, conspirations (2016).
Dernière parution
"Adolescence et mythologie : Saint Seiya, manga et anime éducatifs", in C. Chelebourg & F. Marcoin (dir.), Civiliser la jeunesse, Colloque de Cerisy, Artois presses université, Les Cahiers Robinson, n°38, 2015.

Mélanie BOISSONNEAU & Camille ZIMMERMANN : Wonder Woman et Jessica Jones : les féminismes des superhéroïnes
Depuis quelques années, les films et séries mettant en scène des superhéros se multiplient (37 films depuis 2010, seulement pour les comics américains). Parmi ces adaptations, les quelques personnages féminins qui ont eu les honneurs du premier rôle interrogent de manière différente la notion du genre, et mettent en exergue une forme de déchirement au sein de la culture pop entre héroïsme et féminité, agentivité et hyper-sexualisation. Jessica Jones (adaptée par Melissa Rosenberg pour Netflix en 2015) et Wonder Woman (Patty Jenkins, 2017) sont deux exemples représentatifs de l'avenir possible pour les superhéroïnes. Cette communication à quatre mains permettra d'explorer, dans une perspective diachronique, ces nouvelles représentations féminines.

Mélanie Boissonneau, docteure en études cinématographiques et audiovisuelles et ATER à l'université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle, est membre de l'IRCAV.
Publications
Les pin-up au cinéma, Co-écrit avec Laurent Jullier, Armand Colin, 2010.
(co-dirigé) Tim Burton, horreurs enfantines, L'Harmattan, 2016.
Articles
"Enjeux de la superhéroïne au cinéma", Revue Théorème, n°13, Numéro spécial : "Du héros au superhéros", Dirigé par Claude Forest, 2009.
""Je mettrai une robe quand on t'enterrera". Jessica Jones et le renouvellement de la figure de la super-héroïne", Avec Laurent Jullier, Ouvrage collectif : Le superhéros à l'écran. Mutations, transformations, évolutions, Dirigé par Elie Yazbek, Orizons, Coll. "Cinématographies", 2017.

Camille Zimmermann est doctorante contractuelle à l'université de Lorraine où elle poursuit depuis octobre 2016 sous la direction de Christian Chelebourg une thèse intitulée "Belles mais pas bêtes : la rénovation de l'identité féminine dans les fictions de jeunesse à l'heure du Girl Power".

Yann CALVET : Les superhéros sont-ils des hommes ?
Les personnages des comic strips présentent la version moderne des héros mythologiques ou folkloriques en même temps qu'ils sont une incarnation d'une forme d'idéal, voire des archétypes qui se manifestent sous forme d'histoires. Parmi cet ensemble apparemment homogène et optimiste du film de superhéros, se développent pourtant, dans le cinéma indépendant comme au sein des majors, des sous-ensembles qui cherchent à déconstruire ou bien à inverser les enjeux et les valeurs du modèle initial. Incassable (M. Night Shyamalan, 2000) déconstruit par exemple les mécanismes de la fascination du public pour le "superhéros". Avec Split (2017), Shyamalan récidive en construisant cette fois son récit autour de l'évolution traumatique d'un personnage aux pouvoirs inquiétants. De même les (anti)superhéros, irrévérencieux et sans idéaux, de Hancock (Peter Berg, 2008) à Deadpool (Tim Miller, 2016) se multiplient au cinéma et un film comme American Hero (Nick Love, 2016) transforme le film de superhéros en fable sociale tragi-comique. Que nous dit cette évolution de la figure du superhéros au cinéma sur la société américaine ?

Yann Calvet est MCF en études cinématographiques à l'université de Caen Normandie. Ses recherches portent sur les rapports entre le cinéma, l'imaginaire et les mythes. Il a publié un ouvrage intitulé Cinéma, imaginaire, ésotérisme : Murnau, Dreyer, Tourneur, Lewin (L'Harmattan, 2003). Fondateur et rédacteur en chef adjoint de la revue Eclipses, il a coordonné plusieurs numéros sur F.F. Coppola, Gus Van Sant, M. Cimino, H. Miyazaki, Tim Burton, les frères Coen, David Fincher, Michael Powell, John Boorman, Wim Wenders, Christopher Nolan, M. Night Shyamalan.

Élodie CHAZALON : Mystique et mystification de la femme engagée à l'heure du "global feminism"
Depuis la "troisième vague" féministe des années 80 et l'émergence d'Internet et des nouveaux médias, l'imaginaire autour de la femme engagée l'apparie de façon presque systématique à la figure de la superhéroïne. La mystique autour de la superhéroïne des All-Stars comics des années 40 sature la culture visuelle et se déploie aujourd'hui via un panel de films, séries télévisées, livres, musiques, arts visuels et produits dérivés. La terminologie, l'esthétique et la mythographie étasunienne que l'on trouve dans ces fictions populaires s'appliquent aux individus et groupes féminins dits engagés, soit une ritualisation frôlant la mystification et redéfinissant la notion même d'engagement et ses perceptions intergénérationnelles.

Élodie Chazalon est Maître de Conférences en Études Anglophones à l'université de La Rochelle. Ses recherches en civilisation américaine portent sur les représentations féminines dans la culture populaire américaine (presse, séries TV, culture visuelle) et sur les pratiques culturelles et la façon dont elles (dé)construisent les identités individuelles et collectives. Elle s'intéresse depuis peu à la notion d'"engagement au travers" (politique, culturel, artistique, "au féminin") et a récemment coordonné, aux côtés de Danièle André, l'ouvrage Popular Culture(s) on the Move in the United States : Miscellanies, aux Éditions Michel Houdiard.

Xavier FOURNIER : Superhéros, défenseurs secrets de l'hexagone
Et si le superhéros n'était pas 100% américain ? S'il avait plus de trois cents ancêtres ou/et cousins français produits depuis le dix-neuvième siècle ? Et s'ils repoussaient aussi les frontières des médias ? S'ils se cachaient aussi bien dans les romans populaires que dans la BD, le cinéma muet et même dans les faits divers ? Si certains d'entre eux s'étaient exportés aussi bien en Italie qu'au Mexique ou aux États-Unis ? Femmes ailées, robots combattants les nazis, aveugles clairvoyants, hommes-panthères, télépathes ou seigneurs du temps… Atomas, Fulguros, l'Oiselle, Fantax, Coraline, HeroCorp, le Nyctalope, les Chevaliers de l'Étoile, Ladybug (Miraculous)… Qui sont les superhéros français, qu'ont-ils inspirés et pourquoi, pour la plupart d'entre eux, les avons-nous rangés dans un grenier oublié ?

Lauric GUILLAUD : Généalogie des superhéros : du régime de l'écrit au régime de l'image
Comment est-on passé, dans la littérature de l'imaginaire anglo-saxonne (fantastique, aventure, science-fiction), de l'écrit à l'image, en moins de cent ans ? Comment la figure mythique du héros s'est-elle imposée à travers de nouveaux vecteurs de diffusion populaire (BD, cinéma) ? Loin d'être monolithiques, les héros américains subissent graduellement des métamorphoses, dues essentiellement au contexte idéologique de l'époque. Par l'éclatement générique et le glissement vers l'hybridation, ils révèlent le caractère fondamentalement schizoïde de l'inconscient américain. Pour retracer la genèse des superhéros, il faut revisiter les mythologies, la littérature populaire, les comics, sans oublier les héros du XIXe siècle (Leatherstocking, Tarzan, Allan Quatermain). Il faut retracer l'histoire américaine avec l'essor du cinéma et la découverte au XXe siècle d'une nouvelle culture de masse, le "pulp fiction magazine". Mais la genèse des "superhéros" américains passe aussi par l'Europe. D'abord par la France, où Fantomas lance le culte du vengeur masqué. Ensuite par la Grande-Bretagne où paraît, dès 1913, dans The Wonder, l'étrange personnage de "the Winged Man", personnage de l'entre-deux, qui se tient entre "Minuit et l'Aube". Cette double activité diurne et nocturne est au cœur de la problématique schizoïde des futurs "superhéros" américains, de Superman à Batman, en passant par The Shadow ou The Spirit. Cette hybridité typiquement anglo-saxonne d'archaïsme et de futurisme annonce non seulement Batman, mais Flash, Phantom, Doll Man et autre Bulletman. Dynamisée par le triomphe graduel du régime de l'image, la genèse du superhéros participe aussi du métissage généralisé des formes littéraire (le gothique) et graphique, l'une des caractéristiques fondamentales du phénomène des superhéros au XXIe siècle.

Guillaume LABRUDE : Batman : Arkham, caractérisation et contre-pouvoir des supervilains dans le domaine vidéoludique
La naissance d'un superhéros entraîne bien souvent celle de supervilains : ces ennemis hauts en couleur forment un contre-pouvoir de taille à la justice superhéroïque et à sa capacité discutable à être juge, juré et bourreau. Lorsqu'un joueur incarne un superhéros, comme c'est le cas dans la quadrilogie Batman : Arkham des studios Rocksteady, il se confronte aux antagonistes qui peuplent l'univers qu'il parcourt. Le medium vidéoludique va alors permettre vis-à-vis de ces supervilains deux processus : une caractérisation des personnages à travers le gameplay, la façon de les vaincre et leur environnement ; mais également la mise en lumière de leur fonction première de contre-pouvoir, induisant ainsi une question morale dans le jeu vidéo. Le joueur peut échouer et ainsi ne plus progresser au sein de l'intrigue, le phénomène accentuant l'antagonisme avec ces criminels de fiction et induisant chez celui ou celle qui incarne le héros une volonté de confrontation. Pourtant, depuis l'Âge de Bronze des comics, les ennemis du Chevalier Noir de Gotham City se trouvent davantage approfondis en terme de background, induisant une certaine empathie de la part du lecteur qui, des années plus tard, devra les affronter. Cette communication se propose d'analyser la construction des supervilains dans les jeux vidéo Batman : Arkham Asylum, Arkham City et Arkham Knight afin de mettre en lumière les techniques vidéoludiques de caractérisation des personnages.

Diplômé de l'Institut Européen de Cinéma et d'Audiovisuel (Nancy), Guillaume Labrude est doctorant au sein du laboratoire LIS (Littératures, imaginaire, sociétés) à l'université de Lorraine, sous la direction de Christian Chelebourg. Ses travaux de thèse ont pour thème les représentations de la famille dans la licence Batman et ses différentes adaptations depuis 1939. En 2016 et 2017, il communique lors des colloques de Cerisy, Secrets, complots, conspirations et Spectres de Poe dans la littérature et les arts, sur les sociétés secrètes vues par Christopher Nolan dans sa trilogie dédiée au Batman et à l'influence d'Edgar Allan Poe sur la licence initiée par Bob Kane et Bill Finger. Il contribue régulièrement à la revue The Conversation avec des articles traitant de cinéma et de télévision et a publié De Robin à Batman : le complexe du rouge-gorge à l'université de Caen Normandie.

Stella LOUIS : Les vampires du XXIe siècle : demi-dieux et superhéros, entre héritage et transgression
À l'aube des années 2000, un nouveau type de superhéros a émergé, coïncidant avec les nouvelles capacités du cinéma à l'ère du numérique : le vampire. Désormais détaché de toute monstruosité mortifère et démoniaque, il propose une nouvelle descendance hybride au superhéros, dont il hérite aussi une origine mythologique. La voie de ce changement est ouverte par Blade, comic Marvel adapté au cinéma par Stephen Norrington en 1998. S'adaptant à la modernité numérique, plusieurs autres vampires suivront (jusqu'au personnage même de Dracula), confrontant l'ordinaire (humain), l'archaïque (la tradition), au futur (la technologie), dans un contexte social et politique évident.

Stella Louis, qui termine une thèse en études cinématographiques sur la représentation contemporaine du vampire à l'ère numérique, enseigne le cinéma à l'université et participe à l'animation d'un ciné-club à Paris.

Dominique MEYER-BOLZINGER : Enquêteurs et superhéros, même combat ?
L'enquêteur et le superhéros sont deux personnages mythiques modernes, deux figurations de l'héroïsme dans des imaginaires qui semblent incompatibles. On peut donc s'interroger sur ce qui les sépare : est-ce leur histoire, leur mission, leur genre, leurs motivations ? Si certains détectives peuvent être rapprochés des superhéros par leur pouvoir extraordinaire d'observation et l'acuité de leur coup d'œil, s'il existe des superhéros qui se mettent à enquêter, on s'attardera plus particulièrement sur Daredevil, Watchmen et Thursday Next, pour montrer comment, d'un point de vue narratologique et méthodologique, ils enquêtent, ce qui revient à caractériser la manière dont s'élaborent leurs univers fictionnels et leur identité fictive, de même que leur figuration de l'héroïsme.

Dominique Meyer-Bolzinger est maître de Conférences en Littérature Française à l'université de Haute-Alsace (Mulhouse). Spécialiste de l'enquête, qu'elle étudie d'un point de vue épistémologique et poétique, elle s'intéresse tout particulièrement aux méthodes d'investigation fictive, à l'imaginaire de l'enquête et aux transferts du roman policier vers la littérature. Elle est l'auteur de plusieurs articles sur ces questions, en particulier sur les traces du roman policier dans l'œuvre de Patrick Modiano.
Publication
"L'imaginaire de l'autopsie", in H. Machinal, G. Ménégaldo, J.-P. Naugrette (dir.), Sherlock Holmes, un nouveau limier pour le XXIe siècle, Colloque de Cerisy, Presses universitaires de Rennes, 2016, p. 75-88.
"Sherlock Holmes est-il un héros pour la jeunesse ?", in P. Clermont, L. Bazin, D. Henky (dir.), Esthétiques de la distinction : gender et mauvais genres en littérature de jeunesse, Peter Lang, 2013, p. 239-250.
La méthode de Sherlock Holmes, de la clinique à la critique, Campagne Première, 2012.

Anne-Marie PAQUET-DEYRIS : Jessica Jones : entre privée de Film noir et anti-Superwoman ?
Dans l'univers des productions Marvel, le personnage de "superhéros" de Jessica Jones est l'un des plus récents à être apparus à l'écran en 2015. Dérogeant au mode superhéroïque systématique des protagonistes du studio, sa représentation d'être cynique brisé par un trauma ancien la rend paradoxalement attachante, non grâce à ses super-pouvoirs dont la dimension minimaliste est clairement affichée, mais parce que c'est avant tout une femme qui lutte contre ses démons et le monde tout entier. Paradoxalement toutefois, la distribution des rôles genrés reste très conventionnelle dans la série et ne remet jamais totalement en question cette répartition et la forme de violence qu'elle induit inéluctablement.

Anne-Marie Paquet-Deyris est professeur d'Études Filmiques et Sérielles Anglophones à l'université Paris Nanterre. Ses ouvrages et articles explorent les séries télévisées et le cinéma anglo-américains contemporains. Elle a co-organisé divers séminaires dans ces domaines, sur les séries télé en général et, plus particulièrement, sur celles du créateur David Simon.
Publications
The Wire. L'Amérique sur écoute, La Découverte, 2014.
"Treme, New Orleans and Music", Publication radiophonique (en ligne), 2016.
Dependence In / To TV Series. Dépendance aux/dans les séries télé, français anglais, Cambridge Scholars Publishing, 2018.
Histoire, légende, imaginaire : nouvelles études sur le western, Éditions Rue d'Ulm, 2018.

Maryse PETIT : L'Habit fait-il le superhéros ?
Étranges costumes colorés, carapaces de métaux inusités, éléments de parure distinctifs : il n'est pas de superhéros qui se montre — au moins aux yeux des lecteurs ou des spectateurs — sans son emblématique vêtement. Le plus souvent, d'ailleurs, revêtir le costume marque pour le personnage le passage à sa dimension surhumaine : le tissu marque la frontière entre les états de personnalités, le corps est sublimé par la tenue. Cependant, une fois endossé, telle la tunique de Nessus, le costume colle à la peau : il dure autant que le personnage : au gré des illustrateurs, des incarnations cinématographiques, les traits peuvent changer, les visages être sensiblement différents : du moment que les pièces d'habillement y sont, il est assuré que le superhéros est authentique et ne manquera pas à sa réputation. Pas de mode, donc, pour les Super Héros. Sauf celles qui ont prévalu lors de leur création : impératifs graphiques, connotations sociales, connotations idéologiques (les costumes, en général mettent en valeur les corps aux caractéristiques sociologiquement datées : muscles masculins, formes féminines), reprise d'éléments et d'emblèmes mythologiques inscrits dans les cultures qui les ont fait naître. Et bien entendu, leurs adversaires récurrents ne sont pas en reste.

Victor-Arthur PIÉGAY : Naissance et renaissances des Watchmen, de Charlton Comics à DC Rebirth
La présence des personnages de Watchmen au sein du récent relaunch de DC Comics, DC Universe Rebirth, peut apparaître comme une double provocation, pour ne pas dire profanation, orchestrée par le Chief Creative Officer et scénariste vedette de la firme, Geoff Johns. Ce dernier donne en effet une suite au roman graphique contre la volonté de son auteur, Alan Moore, farouche opposant à toute expansion transfictionnelle de son œuvre. Dans cette suite, intitulée Doomsday Clock, Johns s'appuie au surplus sur une manipulation cavalière des mondes fictionnels de l'univers DC en associant pour la première fois l'uchronie des Gardiens à la temporalité canonique de Batman, Superman ou Wonder Woman. La renaissance des Watchmen n'est cependant pas qu'une vulgaire manifestation d'opportunisme éditorial, mais témoigne aussi de la volonté de Geoff Johns d'orienter les comics estampillés DC vers la métafiction en mettant en question le sens du geste créateur au sein de l'industrie.

Agrégé et docteur en lettres modernes, Victor-Arthur Piégay est actuellement maître de conférences en études culturelles à l'université de Lorraine. Ses recherches portent principalement sur la culture de jeunesse et la culture de masse, particulièrement sur les problématiques relatives à la sérialité (séries télévisées, comics, mangas).
Dernière publication
"Transmédialité de Twin Peaks ou le puzzle sans fin de Mark Frost et David Lynch", in Sébastien Hubier, Emmanuel Le Vagueresse (dirs.), Séries télévisées : Hybridation, recyclage, croisements sémiotiques, Reims, Épure, 2018.

Kévin POEZEVARA : Superman ou l'invention de l'adolescence
Si le superhéros — et en premier lieu, Superman — est bien un des grands mythes de la modernité (ce qui a été affirmé dès 1962 par Umberto Eco(1)), qu'est ce que cette qualification implique d'un point de vue anthropologique et psychanalytique ? Au plus fort de ses accointances avec l'anthropologie structurale d'un Lévi-Strauss(2), la théorie psychanalytique (plus précisément lacanienne) a en effet pu soutenir "que les créations mythiques engendrent, plus qu'elles ne les reflètent, les créations psychologiques"(3). Ce qui implique que le superhéros comme mythe pourrait bien constituer, moins le miroir de la subjectivité contemporaine, qu'une de ses éminentes causes. Ainsi, c'est en renseignant et en documentant cette logique (qui sera nourrie de ma pratique de clinicien) que je me propose de discuter la thèse suivante : avec Superman, pendant l'été 1932 au 10622 Kimberly Avenue à Cleveland, c'est rien de moins que l'adolescence (telle qu'on la connaît) qui a été inventée.
(1) U. Eco, De Superman au Surhomme, Paris, Le livre de poche, 2005.
(2) M. Zafiropoulos (2003), Lacan et Lévi-Strauss – ou le retour à Freud (1951-1957), Paris, PUF, 2008.
(3) J. Lacan (1958), Le désir et son interprétation, Livre VI du Séminaire (1958-1959), Paris, Le champ freudien, 2013, p. 288.

Psychologue clinicien de formation et actuellement ATER au département d'études psychanalytiques de l'Institut Humanités, sciences et sociétés (Paris Diderot), Kévin Poezevara a soutenu en 2015 une thèse d'anthropologie psychanalytique intitulée "Études sur l'héroïsme", notamment consacrée à un commentaire du texte d'Umberto Eco : "Le mythe de superman". Il a publié plusieurs articles à propos de la figure du superhéros, qu'il considère comme un précieux exemple de la vitalité de l'activité mythopoïétique dans la modernité.
Publications
Avec Zafiropoulos M., Université Sorbonne Paris Cité, Université Paris Diderot - Paris 7, & École doctorale de recherches en Psychanalyse et Psychopathologie (2015), Étude sur l'héroïsme : Incidences culturelles et cliniques de la lutte contre l'inertie.
(2014) "De grands pouvoirs", Topique, n°125 (4), 53-67.
(2016) "Wonder-Woman ou la séduction des innocents", Sygne (revue de psychanalyse en ligne).
(2016) "Superman ou les conditions d'émergence d'un mythe dans la modernité", Sygne (revue de psychanalyse en ligne).

Chloé QUESNEL : Les résonances gothiques dans le monde des superhéros
Entre doubles identités, supervilains et avancées scientifiques spectaculaires, Dr Jekyll et Mr Hyde semblent avoir envoyé leur descendance dans le monde contemporain de nos superhéros. À travers des personnages et thèmes dignes de Poe et Stevenson, cette communication s'intéressera à la place et à l'importance de ces emblèmes de la littérature gothique dans ces Comics, un genre pourtant bien distinct. Ce sont les raisons de la pérennité de ces thèmes que nous interrogerons et que nous tenterons de rattacher au contexte culturel américain, berceau des maisons d'éditions Marvel et DC Comics.

Clotilde THOURET : Normalité du superhéros, ou : de l'ordinaire dans le superhéroïsme
La fragilité du superhéros, qu'elle soit physique ou psychologique, a déjà beaucoup retenu l'attention. Cette communication prendra comme objet la normalité du superhéros. Au-delà d'une normalité originaire ou dissimulatrice (comme celle de Superman), qui est finalement toujours problématique parce qu'elle entre en tension avec l'identité du superhéros, je m'intéresserai à la normalité acceptée ou revendiquée du superhéros, qui apparaît en particulier quand le super-pouvoir n'est pas mis en scène à travers une rhétorique de la force ou de l'exceptionnalité. L'analyse portera notamment sur les épisodes de Hawkeye par David Aja et Matt Fraction (Marvel, 2012-2015) et sur le film de Thomas Salvador, Vincent n'a pas d'écailles (2015), la figure superhéroïque ouvrant alors sur l'exploration de la relation amoureuse dans le monde moderne.

Clotilde Thouret est professeure de littérature comparée à l'université de Lorraine. Spécialiste du théâtre européen des XVIe et XVIIe siècles et de bande dessinée.
Publications
"Comment peut-on être (un super-héros) mutant ? Réflexions sur la mutation dans l'univers super-héroïque des comics américains", Critique, n°709-710, 2006.
"Traveling Possible Worlds in Graphic Narratives : the Example of Watchmen (Alan Morre et Dave Gibbons)", Neohelicon, Avril 2013.
"La destruction des images chez Edika : défiguration et déconstruction", dans La Destruction des images en bande dessinée, Henri Garric (dir.), À paraître.

Hélène VALMARY : Les bienfaits de la colère : à propos de Hulk (comics, séries télévisées, cinéma)
Le personnage de Hulk, deuxième personnage créé par la maison Marvel dans les années 60 après le groupe des Quatre fantastiques, marque la permanence du monstrueux dans l'univers super-héroïque. Alors que les premières aventures du héros, inspiré par Docteur Jekyll/Mr Hyde et la créature de Frankenstein, le voient se transformer à la nuit tombée, tel le loup-garou les nuits de pleine lune, cette transformation devient petit à petit l'expression d'une rage que le personnage ne peut contenir. À la fois brillant savant et monstre déchaîné, créature rejetée alors qu'elle veut être acceptée, personnage tiraillé entre ses désirs et leur répression, le personnage de Bruce Banner/Hulk fait le lien entre le fantastique du XIXe siècle et la crise d'identité masculine des années 60. Cette intervention interrogera ainsi les imaginaires drainés par le personnage de Hulk des origines aux adaptations cinématographiques Marvel contemporaines en passant par la série à succès L'incroyable Hulk (1977-1982, Kenneth Johnson, CBS/NBC).

Maître de conférences en études cinématographiques à l'université de Caen Normandie, Hélène Valmary est l'auteure d'une thèse sur les superhéros dans le cinéma américain (Origines et poétique d'un héroïsme intranquille) et de divers articles sur la question. Elle a donné en décembre 2017 au Forum des Images, dans le cadre du cycle "Les Incassables", un cours de cinéma intitulé "Le corps de l'angoisse" sur le rapport des superhéros au sentiment amoureux.
Articles
"De quelques usages du costume chez les superhéros", in Christian Viviani (dir.), Le costume au cinéma, Condé-sur-Noireau, Éditions Corlet-Télérama/Cerf, Collection "Cinémaction", 2012.
"Un surhomme dans la ville", in Claude Forest (dir.), Du héros au super héros, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, Collection "Théorème", 2009.
"Reflet dans un décor", Article pour le numéro hors-série sur les superhéros de la revue Tausend Augen, n°31, Berlin, 2006.

Cong Minh VU : Logan (2017) ou la finitude des superhéros
Superhéros emblématique des X-men, Logan (ou Wolverine) possède la capacité d'auto-guérison, autant dire qu'il est la métaphore vivante de l'immortalité des héros. Pourtant, dans cet émouvant épisode qui clôt (pour l'instant) le cycle des X-men, nous sommes témoins de la décrépitude, voire la sénilité de ces héros. Dans cette communication, nous voudrons explorer cette tension entre immortalité et finitude que met en scène le film, tension qui fait apparaître la véritable valeur du courage.

Cong Minh Vu, docteur en Arts du spectacle à l'université de Caen Normandie, est chargé de cours à l'université Catholique de Lille en Cinéma d'Animation et à l'université Lille 3 en Arts Plastiques. Sa thèse portait sur les superhéros américains dans sa dimension mythologique et eschatologique. Il prépare actuellement un ouvrage sur les animaux comme métaphores du désir dans le cinéma d'animation.


SOUTIENS :

• Laboratoire LIS | Université de Lorraine
• Région Lorraine

Programme 2018 : un des colloques

Programme complet


LA PSYCHANALYSE : ANATOMIE DE SA MODERNITÉ

( À PARTIR DES TRAVAUX DE LAURENCE KAHN )


DU VENDREDI 13 JUILLET (19 H) AU VENDREDI 20 JUILLET (14 H) 2018

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Odile BOMBARDE, Catherine MATHA, Françoise NEAU

Avec la participation de Laurence KAHN


ARGUMENT :

Depuis plusieurs décennies, nombre de psychanalystes somment la psychanalyse de remanier ses théories et ses pratiques, pour affronter de nouvelles pathologies et, disent-ils, mieux soulager la souffrance contemporaine. Selon eux, cette évolution de la psychanalyse, gage de modernisation, d'ouverture et de progrès, serait la condition de sa survie : consensus oblige, elle imposerait entre autres de renoncer à la métapsychologie, jugée abstraite et dépassée et, avec elle, à toute visée scientifique, au profit du relativisme théorique, de l'empiricité de la clinique et de l'empathie du thérapeute — loin des scandales du sexuel et de la conflictualité psychique. Quels sont les enjeux et les effets d'une telle psychanalyse, "révisée" disait Adorno dès 1946 ? Que reste-t-il aujourd'hui de l'inconvenance, de la subversion et du mordant de la découverte freudienne ? Et que reste-t-il des outils théoriques permettant aux analystes de penser non seulement les butées individuelles de la cruauté et de la tyrannie internes, mais aussi les créations culturelles et leurs destins religieux et politiques ?

Ce colloque, qui réunira des psychanalystes, des philosophes, des anthropologues, des historiens, des linguistes, des traducteurs, ainsi que toute personne intéressée par ces questions, permettra d'échanger à partir des travaux menés par Laurence Kahn[1] depuis 1975, en sa présence.

[1] Derniers ouvrages parus :
Le psychanalyste apathique et le patient post-moderne, Éd. de l'Olivier, 2014, "Penser/rêver" ;
Ce que le nazisme a fait à la psychanalyse, Puf, 2018, "Petite bibliothèque de psychanalyse".


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 13 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Samedi 14 juillet
LES DÉCLINAISONS DU MYTHE | Présentation
Matin
Patrice BIDOU : Les déclinaisons mythiques de l'inutilisable : une théorie amazonienne de l'évolution
Ellen CORIN : L'actualité du mythe et sa mise en abîme

Après-midi
Patrick MÉROT : Les mythes en héritage
Paul DENIS : Œdipe créateur des mythes originaires


Dimanche 15 juillet
LA PSYCHANALYSE ET LES ENFANTS | Présentation
Matin
Viviane ABEL PROT : L'unité de la psychanalyse
Jocelyne MALOSTO : Le psychanalyste et l'enfant : entre le Charybde de la désexualisation et le Scylla de la resexualisation

Après-midi
Aline COHEN DE LARA : Quelques considérations actuelles sur "Les petites choses. Enfants du Coteau, temps de guerre" (L. Kahn, in Penser/rêver, n°14, 2011)
Sylvain MISSONNIER : Au commencement était le mouvement


Lundi 16 juillet
L'ÉCOUTE ET LA MÉTHODE DE L'ANALYSTE | Présentation
Matin
Françoise COBLENCE : Les embûches de l'affect [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]
Laurence KAHN : "Quand ce que nous attendons ne vient pas". L'écoute analytique selon Daniel Widlöcher

Après-midi
Pierre-Henri CASTEL : Laurence Kahn, l'esprit de Freud, et l'ennemi à l'intérieur de la psychanalyse


Mardi 17 juillet
QUEL GENRE DE SEXE ? | Présentation
Matin
Vincent BOURSEUL : Le genredesexe fini et infini ou Du genre à l'identitaire
Jean-Yves TAMET : Changer de sexe, attribuer un sexe : questions actuelles, mais sont-elles nouvelles ?

Après-midi
DÉTENTE


Mercredi 18 juillet
L'USAGE DE LA PAROLE | Présentation
Matin
Laurent DANON-BOILEAU : L'aphasie bavarde
Laurence KAHN : Quel après-coup dans l'analyse d'enfant ?

Après-midi
Dominique SCARFONE : Trace et transduction
Corinne ENAUDEAU : L'usure de la parole


Jeudi 19 juillet
LES DESTINS DE LA PSYCHANALYSE : APRÈS-GUERRE ET POST-MODERNITÉ | Présentation
Matin
Udo HOCK : Bénédiction et malédiction du pluralisme en psychanalyse
Jean-François CHIANTARETTO : Survivre/penser : l'écriture de Kertész pour le psychanalyste

Après-midi
Jacob ROGOZINSKI : Ce que Hitler aurait appris à Freud


Vendredi 20 juillet
Matin
Discussion générale avec Laurence KAHN

Après-midi
DÉPARTS


THÉMATIQUES :

LES DÉCLINAISONS DU MYTHE

Le terrain du mythe a de tout temps été un terrain miné. Objet d'un débat houleux avec les anthropologues — que l'on songe à l'accueil de Totem et Tabou ou, plus près de nous, à "Œdipe sans complexe" de Vernant —, il fut aussi le territoire de la rencontre enthousiaste de Freud et de Jung — "Je suis heureux que vous partagiez ma conviction que la mythologie devrait être entièrement conquise par nous" (17 octobre 1909) — et celui de leur affrontement fracassant.
À y regarder de près, le motif de la difficulté semble avoir été toujours à peu près le même. Si l'effet provoqué par le spectacle de la tragédie d'Œdipe permettait aux yeux de Freud de démontrer l'universalité de l'inconscient, les mythes et leur lecture ont constamment rouvert le problème de la modalité d'inscription de l'action du refoulement dans l'héritage culturel. Division du sumbolon, sens opposés dans les mots primitifs, équations symboliques, traduction des "significations" ou bien double fond de celles-ci (songeons au Prométhée de Freud) : le débat porte toujours sur l'écart entre les contenus des pensées inconscientes et les opérations effectuées par l'appareil psychique. Est-ce à son pouvoir symbolisant — c'est-à-dire à la structure dont il est porteur et qui pense à la fois l'homme et le monde (pensons cette fois à Cassirer ou à Lévi-Strauss) — que le mythe doit son efficacité ? Ou bien l'efficace des mythes relève-t-elle d'une théorie de l'acte, impliquant tout à la fois l'amphibologie de l'expression et l'action de la profération du mythe ?
Le débat est toujours actuel et il engage la question pulsionnelle. Car il ne suffit pas de dire qu'il y a des "contenus sexuels" dans les récits mythiques. Peut-être faut-il aussi approcher, par une voie autre qu'herméneutique, le terreau dans lequel s'active le moteur pulsionnel et conflictuel. Mais alors comment penser l'universalité de l'héritage culturel ?

L. K.

LA PSYCHANALYSE ET LES ENFANTS

Quand Freud manifeste le souhait qu'on lui rapporte des "observations d'enfant" (ce qui est le point de départ du cas de Hans), c'est que, selon lui, il serait permis d'obtenir ainsi un témoignage plus direct des propositions construites dans les Trois essais sur la théorie sexuelle. Mais, ajoute-t-il, il ne s'agira là que de la confirmation des constructions qui ont été forgées dans l'analyse des adultes. Tel est le premier paradoxe dans lequel est prise l'analyse des enfants. Surgit aussitôt le deuxième : l'asymétrie réelle de ces cures mettant en présence un grand et un petit mobilise d'emblée une charge libidinale incestueuse qui comporte intrinsèquement un double risque : celui du poids suggestif exercé par la parole de l'adulte et celui que a contrario fait peser sur le traitement de l'enfant une intention éducative, qu'elle soit consciente ou inconsciente. D'où le troisième paradoxe : entre énigme et effraction, entre enfantin et infantile, entre évolution temporelle de l'enfant et répétition du dispositif pulsionnel inconscient, comment situer, entendre, manier le transfert dans ces cures ? Que faire des notions de primitivité et de représentation symbolique ? Comment s'y travaillent à la fois la levée des refoulements et la mise en place des refoulements ? Et quelle place accorder dans ces traitements aux parents dont l'enfant est encore dépendant ? La psychanalyse d'enfant est un cas difficile de la psychanalyse — ce dont témoignent les grandes querelles dont elle a fait et fait toujours l'objet.

L. K.

L'ÉCOUTE ET LA MÉTHODE DE L'ANALYSTE

Si la psychanalyse est une "cure de parole", la méthode confronte l'écoute à une antinomie de prime abord insoluble. Dans la pratique, si l'analysant fait droit à l'association libre, ses idées incidentes, ses pensées inconvenantes, ses mots, ses phrases ne seront pas seulement entendus pour ce qu'ils disent, mais tout autant pour ce qu'ils font. Or, du point de vue de la théorie, l'agir transférentiel — réincarnation "en présence" du dispositif pulsionnel infantile refoulé — semble inaccessible à l'interprétation, les vocables permettant de sémantiser sa visée inconsciente ayant justement été bannis du champ représentationnel. Par quelles voies l'analyste accède-t-il à ce noyau qui se découvre transférentiellement dans la répétition agie mais se refuse à la remémoration ? Entre les ruses de l'affect et de la séduction, la décomposition du discours effectuée grâce à la parole associative, la déformation par transfert, comment parvient-il à cerner, à deviner, à construire l'action exercée par le patient non seulement sur sa sensibilité consciente mais aussi sur sa "sensibilité inconsciente" ? Par quels chemins transporte-t-il ce qu'il perçoit sur sa propre scène psychique vers une scénarisation pertinente des positions fantasmatiques actives sur la scène psychique de son patient ? Où trouve-t-il un appui qui ne soit pas contaminé par la suggestion ?
À la question ouverte par la "nouvelle" psychanalyse — qui a besoin de la métapsychologie ? —, on répondrait volontiers que la modernité de la psychanalyse tient précisément à cette méthode théorique qui, au-delà de l'empiricité subjective, récuse le dialogue et la contextualisation. Bâtissant un modèle dont la visée est anti-métaphysique, elle ne capitule pas devant les labyrinthes de la croyance. Tout comme face au relativisme ambiant, elle ne cède pas à l'antiréalisme qui réduit le monde à la seule fabrique langagière. Comme l'écrit Putnam, les dinosaures existaient avant que nous y pensions. Le refoulé inconscient et la réalité psychique sans doute aussi.

L. K.

QUEL GENRE DE SEXE ?

Une fois Freud et la psychanalyse stigmatisés pour avoir transformé la loi morale en loi scientifique et concouru à la légitimation de la norme sexuelle, comment les théories du genre permettent-elles de traiter cliniquement le transsexualisme et l'hermaphrodisme qui furent au départ du débat entre l'approche psychodynamique de Stoller et le behaviorisme endocrinologique de Money ? Face à la conviction d'un patient que l'assignation de son sexe est incorrecte, la référence à la bisexualité des positions psychiques a-t-elle quelque pertinence ? Car cette bisexualité et les conflits intrapsychiques qu'elle génère sont inconscients. Or tant la notion d'identité sexuelle que celle de "rôle de genre", et bien davantage encore l'idée que la donnée corporelle du sexe est elle-même une fiction, produit d'une construction discursive, articulent in fine l'expérience subjective d'un ressenti à l'expérience sociale d'un assujettissement.
En outre, si l'usage du langage est ici actif, sa fonction performative est au service de la "lisibilité", que celle-ci soit inféodée aux valeurs normatives ou qu'elle soit à son tour transformable par des actes qui remodèleraient les individus selon leur vœu conscient. Y a-t-il une commune mesure entre cette conception de la "puissance d’agir" et l'agir pulsionnel tels que les psychanalystes l'envisagent ? La référence à la personne, entée sur l'auto-construction identitaire et les "histoires de soi", ne laisse-t-elle pas à la marge la complexité des identifications inconscientes ? Si la matérialité des corps existe, et avec elle ce que Freud n'hésite pas à nommer dans L'Homme Moïse le "trauma" de la découverte de la différence des sexes associée à la castration, comment en pratique — face à une demande, et laquelle ? — est pensé non pas le destin de l'anatomie mais le destin de ce trauma ?

L. K.

L'USAGE DE LA PAROLE

"Ils ne font que parler", certes. Mais que mobilise la parole adressée dans la cure qui permette d'outrepasser les limitations imposées par la conscience ? Aux fondements de la talking cure, le dire, le Sprechen, est à la charnière entre qualité et quantité : succédané de l'acte, il permet aussi bien d'exprimer un affect ressenti que d'expulser l'excès d'excitation pulsionnelle. Mais il faut aussi compter avec le fait que le discours, moment d'actualisation et d'appropriation de la langue par un locuteur, est tout à la fois porteur de message et instrument destiné à influencer d'une manière ou d'une autre l'auditeur. De sorte que la méthode analytique s'appuie sur la cohabitation de deux fonctions discursives dans la cure : sémantique et performative. D'un côté, ce qui est dit est commandé par la clause de la signification ; de l'autre, l'énonciation est constituée de conditions formelles, capables de désorienter la désignation. Les oppositions entre signifiant et signifié ou bien entre langue et parole sont-elles suffisantes pour rendre compte du régime oral de la prosodie et de ses effets ?
Dans les conditions formelles de la manifestation du sens — phonatoires, corporelles, rythmiques — la sexualisation pulsionnelle trouve son matériau, aussi bien que l'absence à soi ou le retrait, travaillant au déroutement du signifié qui peut être intelligible tandis que le sous-sol (intention, désignation) se dérobe. Brouillage des références, déplacements d'accentuation, parole affectée, magie du mot : n'est-ce pas dans ce périmètre que Freud saisit les modalités de la "satisfaction hallucinatoire motrice" ? Quelle relation avec ce qui, très tôt, est avancé concernant l'"image verbale motrice" ?
Reste que, si la parole affectée du locuteur est en mesure d'affecter l'auditeur, où trouver dans la cure l'écart, le décalage, le surplomb, le ralentissement, la fragmentation nécessaires au travail de pensée ? Entre amour et haine, entre demande et trahison, entre emprise et narcissisme, jusqu'où va le spectre qualitatif de la parole dont font usage les deux protagonistes de la situation analytique pour donner forme à ce qui a été banni de la scène et de la figuration ?

L. K.

LES DESTINS DE LA PSYCHANALYSE : APRÈS-GUERRE ET POST-MODERNITÉ

Depuis le premier éditorial de International Journal of Psychoanalysis, mettant en garde contre les "réajustements de la perspective" et l'"élargissement des points de vue" destinés à conquérir un public réticent, qu'est-il advenu de ce que Freud considérait comme les piliers de la psychanalyse ? En disqualifiant la métapsychologie sous l'argument de sa non-scientificité, en récusant la théorie pulsionnelle au prétexte de sa métaphysique, en arguant de la prétendue ignorance par Freud de l'ampleur du contre-transfert et de ses implications subjectives, en substituant au concept d'inconscient la notion vague de monde interne, en ignorant la pulsion de mort et en renonçant finalement à l'association libre, les pionniers de la "nouvelle psychanalyse" n'ont-ils pas corroboré les soupçons d'Adorno : transformer l'analyse en une pratique "humaine et présentable" grâce à une herméneutique simplifiée, considérer les individus sous les traits de leur "soi intime", et ignorer l'irrémissible propension des hommes à l'anéantissement ?
Comment les psychanalystes ont-ils traité le paradoxe que constitue l'engendrement de l'anti-civilisation par la civilisation elle-même ? Que, passés les tout premiers travaux sur l'antisémitisme et la psychose de masse, les recherches psychanalytiques sur la Shoah se soient essentiellement centrées sur le "trauma extrême" et la pathologie des victimes, que l'empathie se soit alors présentée comme la méthode pour soigner et communiquer, donne à penser que la dérive humanisante participe sans doute des conséquences de l'impact du nazisme sur la psychanalyse, et en particulier l'altération des mots sur lesquels elle était bâtie (pensons au large usage par Hitler des termes de "pulsion" et d'"autoconservation"). Longtemps il appartint aux philosophes et aux écrivains de prendre en charge l'ébranlement du socle langagier qu'infligea la "contre-culture nazie". Aujourd'hui les psychanalystes trouveraient peut-être dans les récents travaux des historiens matière à interroger les doubles-fonds juridiques de la construction identitaire.

L. K.


BIBLIOGRAPHIE :

Ouvrages en français de Laurence Kahn

Ce que le nazisme a fait à la psychanalyse, Puf, 2018 ("Petite bibliothèque de psychanalyse").
Le psychanalyste apathique et le patient postmoderne, Éd. de l'Olivier, 2014 ("Penser/rêver").
L'écoute de l'analyste : de l'acte à la forme, Puf, 2012 ("Fil rouge").
Faire parler le destin, Klincksieck, 2005 ("Méridiens").
Cures d'enfance, Gallimard, 2004 ("Connaissance de l'inconscient, Tracés").
Fiction et vérité freudiennes : entretiens avec Michel Enaudeau, 
Balland, 2004.
Sigmund Freud. Volume 2 : 1897-1904, Puf, 2000 ("Psychanalystes d'aujourd'hui").
La petite maison de l'âme, Gallimard, 1993 ("Connaissance de l’inconscient").
Hermès passe : ou les ambiguïtés de la communication, Maspéro, 1978 ("Textes à l'appui").


SOUTIENS :

• Laboratoire PCPP | Université Paris Descartes
• Laboratoire UTRPP | Université Paris 13

Programme 2018 : un des colloques

Programme complet


SEGALEN 1919-2019 : "ATTENTIF À CE QUI N'A PAS ÉTÉ DIT"


DU MERCREDI 4 JUILLET (19 H) AU MERCREDI 11 JUILLET (14 H) 2018

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Colette CAMELIN, Muriel DÉTRIE, Mathilde POIZAT-AMAR, Philippe POSTEL


ARGUMENT :

Disparu prématurément, Victor Segalen (1878-1919), médecin, voyageur, sinologue, archéologue, éditeur, poète, a laissé une œuvre abondante, en grande partie inédite à sa mort, publiée et commentée seulement à partir des années soixante. Fondée sur une riche expérience humaine, située au carrefour de plusieurs cultures et de plusieurs disciplines, novatrice en matière de formes et d'idées, elle n'a cessé depuis lors de susciter de l'intérêt dans le monde entier, notamment en Chine.

Ce premier colloque de Cerisy, "attentif à ce qui n’a pas été dit" de l'œuvre et de la pensée de Segalen, réunira des chercheurs anglais, allemands, américains, canadiens, français, suisses, japonais, chinois (du continent et de Taiwan). Il s'attachera d'abord à situer précisément les œuvres dans les contextes historiques (guerre de 14, révolution chinoise, situation du Tibet), artistiques, philosophiques et scientifiques de l'époque. Les interprétations multiples de "l'Exotisme" et du "Divers" seront ensuite interrogées à la lumière de "l'histoire globale" et confrontées aux lectures qu'en ont faites Édouard Glissant, Jean Baudrillard, François Jullien. Les réceptions de Segalen par des poètes, des critiques littéraires et un large public en révèleront des aspects nouveaux. Pour la première fois, des traducteurs de Segalen dans diverses langues (chinois, japonais, anglais, allemand) échangeront leurs lectures de Segalen et leurs expériences autour d'une table ronde. Et l'on sera attentif à ce que les remous du "grand fleuve Diversité" segalenien peuvent nous dire de notre propre Diversité.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 4 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Jeudi 5 juillet
Matin
SEGALEN CENT ANS APRÈS
Colette CAMELIN, Muriel DÉTRIE, Mathilde POIZAT-AMAR & Philippe POSTEL : Ouverture
Noël CORDONIER : L'œuvre et la réception de Segalen au prisme de l'"appropriation culturelle"

Après-midi
CONTEXTE HISTORIQUE
Dominique MABIN : Naissance d'un écrivain. À propos de la thèse de médecine de Victor Segalen
Corentin SEGALEN : La Grande Guerre de Victor Segalen
Colette CAMELIN : Segalen médecin, archéologue et poète "en temps de détresse" [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]


Vendredi 6 juillet
Matin
"L'EXOTISME" EN QUESTION
Dominique GOURNAY : Thibet d'un siècle à l'autre : résonances géopolitiques et géopoétiques d'un titre
Olivier SALAZAR-FERRER : Deux poétiques du réel impossible. Le dialogue de Victor Segalen et Benjamin Fondane avec Jules de Gaultier

Après-midi
SEGALEN ET LES ARTS : NOUVELLES APPROCHES
Visite commentée de l'exposition "Œuvres d'après Peintures de Segalen" de l'artiste Ye XIN, avec Muriel DÉTRIE
Muriel DÉTRIE : Peintures de Segalen et les arts vivants de son temps
Dominique FAJNZANG : Voyage au pays du visage

Soirée
Lecture de Peintures et de lettres de Segalen, par Delphine BRUAL


Samedi 7 juillet
Matin
NOUVEAUX QUESTIONNEMENTS SUR LE "JE" DANS L'ŒUVRE DE SEGALEN
Sophie LABATUT : René Leÿs, œuvre réversible ou réciproque ?
Huang BEI : L'invention du "je" dans l'écriture exotique de Segalen
Gabriel HOURCADE : Segalen mis à nu dans Le Siège de l'âme

Après-midi
DÉTENTE


Dimanche 8 juillet
"MAKE IT NEW" (EZRA POUND)
Matin
Béatrice BONHOMME : L'influence de Segalen sur Pierre Jean Jouve et Henry Bauchau
Mathilde POIZAT-AMAR : Roland Barthes, lecteur de Segalen
Makoto KINOSHITA : Traduire, réécrire et écrire — stratégie de textes segaleniens

Après-midi
Comment traduire Segalen ?, table ronde animée par Muriel DÉTRIE & Philippe POSTEL, avec la participation de Charles FORSDICK, Bei HUANG, Makoto KINOSHITA, Esther LIN et Maria ZINFERT


Lundi 9 juillet
Matin
LECTURES POSTCOLONIALES DE SEGALEN
Charles FORSDICK : Segalen postcolonial
Jean-Xavier RIDON : Jean Baudrillard et Édouard Glissant : lecture croisée et contradictoire de Segalen
Haun SAUSSY : Bovary et exotisme. Pour une rencontre Victor Segalen – Jean Price-Mars [texte lu]

Après-midi
MISES EN PERSPECTIVES DU DIVERS
Valérie BUCHELI : Segalen entre "universalisme mou" et "relativisme paresseux", ou les deux pôles antithétiques d'une réception critique
Esther LIN : Face à la disparition du Divers. De l'exotisme à l'exoptisme
Suzanne LE MEN : De Segalen à Volodine, d'une distinction à l'autre : généalogie dissidente de l'utopie exotique


Mardi 10 juillet
Matin
SEGALEN ET LES SCIENCES HUMAINES
Maria ZINFERT : Travail de terrain : tremplin terrestre vers une écriture littéraire
Philippe DESPOIX : La contre-épreuve chinoise. Singularités du corpus photographique des expéditions Segalen

Après-midi
SEGALEN TOUJOURS VIVANT
Françoise LIVINEC : Le retour de Segalen au Huelgoat : réception de l'œuvre de Segalen à partir de l'espace d’art, l'École des filles
Philippe POSTEL : Portraits imaginaires de Victor Segalen


Mercredi 11 juillet
Matin
CONCLUSIONS ET OUVERTURE : SEGALEN AUJOURD'HUI
Kenneth WHITE : Ouvrir un monde : aux frontières de l'intelligence poétique

Après-midi
DÉPARTS


BIBLIOGRAPHIE :

Œuvres de Victor Segalen

Œuvres complètes, 2 vol., Robert Laffont, Coll. "Bouquins", 1995.
Correspondance I, 1893-1912, Texte établi et annoté par Annie Joly-Segalen, Dominique Lelong et Philippe Postel, Paris, Fayard, 2004.
Correspondance II, 1913-1919, Texte établi et annoté par Annie Joly-Segalen, Dominique Lelong et Philippe Postel, Paris, Fayard, 2004.
Les Immémoriaux (1907), Édition de Marie Dollé et Christian Doumet, Le Livre de poche, 2001.
René Leÿs (1922), Édition présentée, établie et annotée par Sophie Labatut, Préface par Michel Butor, Éd. Chatelain-Julien, 1999 ; Folio Classique, 2000.
Stèles (1914), Présentation et notes de Christian Doumet, Le Livre de poche, 1999.
Stèles, Translated and annoted by Timothy Billings and Christopher Bush, Preface by Haun Saussy, Wesleyan University Press, 2008.
Le Fils du Ciel, Édition d'Esther Lin fondée sur le deuxième manuscrit, Lille, Presses universitaires du Septentrion, 1999.
Équipée, Voyage au Pays du Réel, Gallimard, Coll. "L'imaginaire", 1983.
Essai sur l'exotisme, Le Livre de poche, Biblio/Essais, 1986.
Peintures (1916), Gallimard, Coll. "L'imaginaire", 1996 ; Éditions Mille et une Nuits, Postface de Muriel Détrie, 2000.
Chine. La grande statuaire, Texte établi et annoté par Philippe Postel, Honoré Champion, 2010.
Premiers écrits sur l'art (Gauguin, Moreau, sculpture), Textes établis par Colette Camelin et Carla Van den Berg, Annotés et commentés par Colette Camelin, Honoré Champion, 2011.

Biographies de Segalen

• Dollé Marie, Victor Segalen, le voyageur incertain, Éd. Eden, 2014.
• Coatalem Jean-Luc, Mes pas vont ailleurs, Stock, 2017.
• Manceron Gilles, Segalen, Éd. J. Cl. Lattès, 1991.

Ouvrages sur Victor Segalen

• Bouillier Henry, Victor Segalen, Paris, Mercure de France, 1961.
• Cheng François, L'un vers l'autre. En voyage avec Victor Segalen, Paris, Albin Michel, 2008.
• Cordonier Noël, Max-Anély et les fantômes, Kimé, "Détours littéraires", 1996.
• Cordonier Noël, Victor Segalen, l'expérience de l'œuvre, Paris, Champion, 1996.
• Doumet Christian, Segalen, l'origine et la distance, Éd. Champ Vallon, 1993.
• Forsdick Charles, Victor Segalen and the Aesthetics of Diversity, Oxford University Press, 2000.
• Gontard Marc, La Chine de Victor Segalen, Paris, Presses universitaires de France, 2000.
• Gournay Dominique, Victor Segalen ou les voies plurielles, Éd. Séli Arslam, 1999.
• Huang Bei, Segalen et Claudel. Dialogue à travers la peinture extrême-orientale, Presses universitaires de Rennes, 2007.
• Postel Philippe, Victor Segalen et la statuaire chinoise, archéologie et poétique, Paris, Champion, 2001.
• Taylor Michael, Vents des royaumes ou les voyages de Victor Segalen, Traduit de l'anglais par Annie Saumont, Seghers, 1983.
• White Kenneth, Segalen, Théorie et pratique du voyage, Lausanne, Alfred Eibel, 1979.
• Zinfert Maria, Über eine Poetik der Inversion die Romane von Victor Segalen, München 2003.

Ouvrages collectifs

• Dollé Marie & Doumet Christian (Éd.), Cahier de l'Herne Victor Segalen, 1998.
• Livinec Françoise (Éd.), 100 ans de Stèles, Paris, Françoise Livinec, 2013.
• Camelin Colette (Éd.), Cahier Victor Segalen, n°2, "Segalen et la Polynésie : exotisme et altérité", Champion, 2015.
• Huang Bei & Postel Philippe (Éd.), Cahier Victor Segalen, n°3, "Lectures chinoises de Victor Segalen", Champion, 2017.


SOUTIENS :

• Association Victor Segalen
• Fondation d'entreprise La Poste
• Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
• Université de Nantes,
• Université de Poitiers
• University of Kent

Programme 2018 : un des colloques

Programme complet


PRATIQUER LE RÉEL EN DANSE : DOCUMENT, TÉMOIGNAGE, LIEUX


DU MERCREDI 4 JUILLET (19 H) AU MERCREDI 11 JUILLET (14 H) 2018

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Laurent PICHAUD, Frédéric POUILLAUDE


ARGUMENT :

Depuis plusieurs années, nombre de pratiques chorégraphiques, scéniques ou extra-scéniques, s'efforcent d'inventer de nouveaux modes d'articulation de la danse au réel (social, politique, historique, spatial, etc.). À travers elles, c'est toute l'énergie contestataire de la "danse conceptuelle des années 2000", initialement tournée contre les formes réifiées du spectaculaire, qui se retrouve réinvestie au sein d'un nouvel espace critique, fait avant tout de réalités extra-chorégraphiques, apparemment sans lien avec la danse, mais avec lesquelles celle-ci s'efforce d'avoir quelque chose, sinon à dire, du moins à faire ou pratiquer.

Témoin d'un tel mouvement, ce colloque vise à inventorier les différentes facettes de ces pratiques chorégraphiques du réel, en se focalisant sur trois formes d'accès au réel : le document, le témoignage, les lieux. Par le document, qu'il soit présenté sur la scène ou qu'il alimente en sous-main les processus de création, l'acte chorégraphique se met sous la condition de certains faits et de traces antécédentes, qu'il tente de donner en partage sur le plateau ; ce faisant, il rejoint aussi bien la longue tradition du "théâtre documentaire" que de ce qui, plus récemment, a pris le nom de "documentary turn" dans le champ des arts visuels. Par le témoignage, directement performé ou confié à la médiation d'interprètes, il rejoint la tradition anglaise du verbatim theatre tout en questionnant les modalités de présence scénique d'un corps non-chorégraphique, saturé de savoirs, d'inscriptions, de cicatrices et d'histoires. Enfin, par l'attention portée aux lieux dans lesquels elles opèrent, les pratiques de "chorégraphie située" (in situ, site-specific) travaillent à la création d'un geste qui s'éprouve comme une interaction continue entre le corps sensoriel et l'environnement qui le stimule et l'accueille, geste qui s'offre du même coup comme un outil d'investigation et de terrain. Ces trois dimensions ne sont évidemment pas étanches et ne sont ici isolées qu'à des fins de clarification conceptuelle et thématique.

Ce colloque associe à parts égales artistes et enseignants-chercheurs. Il entend ajouter aux formats traditionnels des communications et des tables rondes des temps de pratique et d'élaboration artistique partagés. Il s'adresse à tout public intéressé par ces questions.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 4 juillet
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Jeudi 5 juillet
Matin
INTRODUCTION ET EXPÉRIMENTATION
Laurent PICHAUD & Frédéric POUILLAUDE : Introduction générale

Exploration et discussion : lieux et contextes prospectifs (1)

Après-midi
EXTÉRIORITÉ, LOCALITÉ, ALTÉRITÉ
Julie PERRIN : L'imaginaire comme dimension du réel, dans la chorégraphie située
Isabelle GINOT : Les "autres" en pratiques ou IMAGINE, politiques du collectif

Soirée
Projections


Vendredi 6 juillet
Matin
DE L'ALTÉRITÉ AU DOCUMENT
Frédéric POUILLAUDE : Un pas au-delà. Réalité et altérité en danse
Leslie CASSAGNE : Faire corps avec le document : les chorégraphes contemporains face aux crises et aux conflits [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'Université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Exploration et discussion : lieux et contextes prospectifs (2)

Après-midi
DOCUMENTS (I)
Arkadi ZAIDES : Extrapolating / Pre-Enacting TALOS
Aline CAILLET : Corps / danse / document / témoignage
Gilles SAUSSIER : Autour de la publication de Spolia (Le Point du Jour éditeur, Cherbourg-Paris, 2018) [Témoin hors-champ]

Soirée
Actualités éditoriales


Samedi 7 juillet
Matin
DOCUMENTS (II)
Cécile PROUST : Autour d'Ethnoscape
Claire BUISSON : Les alentours, dispositifs participatifs de mise en parole

Exploration et discussion : lieux et contextes prospectifs (3)

Après-midi
DÉTENTE


Dimanche 8 juillet
Matin
TÉMOIGNAGE ET DOCUMENT
Gérard MAYEN : Une pièce rejouée et relue au travers du réel : deux décennies de mutations scéniques à partir du solo Good Boy, d'Alain Buffard
François FRIMAT : Rythmes et cadences (auto)biographiques dans Baron Samedi (Alain Buffard), Samedi détente (Dorothée Munyaneza) et Legacy (Nadia Beugré)

Après-midi
ACTIVER, RECUEILLIR ET PARTAGER LES PAROLES
Mélanie MESAGER : L'entretien comme pratique chorégraphique
Anne KERZERHO & Loïc TOUZÉ : Autour de la table : mettre en partage des récits de gestes ou comment pratiquer le réel par l'oralité [Temps de pratique théorisée]

Exploration et discussion : lieux et contextes prospectifs (4)

Soirée
Projections


Lundi 9 juillet
"HORS LES MURS" — À L'ABBAYE DE HAMBYE
PRATIQUER LES LIEUX
Matin
Visite de l'abbaye de Hambye
Léa BOSSHARD & Rémy HÉRITIER : Retours sur L'usage du terrain
Alix de MORANT : Événement ou non événement : pratiques de l'in situ, du réel au sensible

Après-midi
Alain MICHARD : La mémoire comme lieu [Temps de pratique théorisée]

Table ronde avec Véronique FERRERO DELACOSTE (Les programmations situées), Xavier GONZALEZ et Marie ROCHE


Mardi 10 juillet
Matin
FICTION ET SCIENCES HUMAINES : MISES EN RÉCIT, MISES EN MOUVEMENT
Bérénice HAMIDI-KIM : La preuve par le corps et par la voix. Poétique du geste et de la parole dans l'œuvre de Mohamed El Khatib
Sandra ICHÉ : L'aubaine chorégraphique : "Et si ?" (David) vs "C'est comme ça et puis c'est tout" (Goliath)
Mahalia LASSIBILLE : Terrain et sous-terrain. L'ethnographie entre témoignage et fiction narrative

Exploration et discussion : lieux et contextes prospectifs (5)

Après-midi
MIGRATIONS ET SOUS-REPRÉSENTATION
Barbara MANZETTI & Laurent PICHAUD : Habiter. L'art [Temps de pratique théorisée]

Retours sur différents projets chorégraphiques en regard de la condition migrante actuelle, table ronde avec l'ensemble des intervenants


Mercredi 11 juillet
Matin
Discussion avec Camille LAURENS, autour de La petite danseuse de quatorze ans [Témoin hors-champ]

Synthèse et débat collectif

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Léa BOSSHARD & Rémy HÉRITIER : Retours sur L'usage du terrain
Dans cette communication l'on reviendra sur la recherche intitulée L'usage du terrain, qui aura lieu d'avril à juin 2018 au stade Sadi-Carnot à Pantin. "Tentative d'épuisement" d'un lieu en transition autant "qu'essai d'archéologie préventive", il s'agit de donner la place à une recherche sur la spatialité de se faire sur le terrain. En prenant appui sur cinq notions liées à la composition spatiale définie par le travail chorégraphique de Rémy Héritier — la trace, le seuil, le témoin, le landmark, l'espace relatif —, cinq artistes ont été invités à y contribuer : Samira Ahmadi Ghotbi (artiste visuel), Julien Berberat (artiste visuel), Marcelline Delbecq (artiste et écrivain), Sébastien Roux (compositeur), La Tierce (chorégraphes) ainsi que Rémy Héritier développeront chacun leur recherche pendant trois semaines. Chaque session se conclura par un moment de partage public, mis en perspective critique et théorique par un invité extérieur. Il s'agira lors de ce colloque de revenir sur cette expérience et de tirer les fils offerts par cette recherche collaborative.

Léa Bosshard a fait des études d'histoire de l'art, de gestion de projets culturels et de recherche en danse. Depuis juin 2014, elle collabore avec le chorégraphe Rémy Héritier sur la recherche et le développement des activités de la compagnie GBOD!. Dans ce cadre, elle a notamment analysé les archives (cahiers des créations, vidéos, dossiers de présentation, presse, etc.) dont elle a tiré un glossaire. Celui-là est devenu un appui central pour creuser au fil d'entretiens les enjeux, les références et les processus à l'œuvre dans l'écriture chorégraphique de Rémy Héritier. En s'appuyant sur ces recherches et en souhaitant l'ouvrir à d'autres, ils conçoivent L'usage du terrain.

Danseur et chorégraphe, Rémy Héritier est auteur d'une œuvre qui étend les contours de l'art chorégraphique à l'intertextualité, au document ou encore à l'entropie, à la recherche de nouvelles poétiques du geste. Il engage à travers ses différentes écritures chorégraphiques des résurgences de strates temporelles et spatiales creusant ainsi l'épaisseur du passé pour parvenir au présent. Parallèlement, il poursuit depuis 1999 un parcours d'interprète auprès de Boris Charmatz, Laurent Chétouane, DD Dorvillier, Christophe Fiat, Philipp Gehmacher, Matthieu Kavyrchine, Jennifer Lacey, Mathilde Monnier, Laurent Pichaud, Sylvain Prunenec et Loïc Touzé. En 2016 et 2017, il est associé aux recherches Composition (dir. Myriam Gourfink, Julie Perrin, Yvane Chapuis) et Figure : que donne à voir une danse (dir. Mathieu Bouvier, Loïc Touzé) à La manufacture à Lausanne. En 2016-18, il est artiste chercheur associé à l'École Supérieure d'Art de Clermont Métropole.

Claire BUISSON : Les alentours, dispositifs participatifs de mise en parole
Cette intervention porte sur la pratique partagée du document dans une démarche de médiation. Elle s'appuie sur deux dispositifs élaborés par mes soins et qui proposent à des publics, de manière différente, de déplier des documents d'archive par le mot, le geste ou la voix. À travers le récit de ces deux dispositifs, l'on cherchera à problématiser les enjeux performatifs et relationnels qui les sous-tendent.

Claire Buisson, d'abord formée en Arts et Anthropologie à l'université, a achevé en 2010 un doctorat en Danse sur la notion d'environnement chorégraphique. En 2014, elle participe au PEPCC (programme de recherche et création chorégraphique) à Lisbonne et, en 2017, au programme pour chorégraphes "Édition Spéciale" proposé par le CND et la Belle Ouvrage. Entre 2010 et 2017, elle développe son propre travail chorégraphique au sein de Dolce Punto (DP). Son travail reçoit le soutien du Vivat-scène conventionné d'Armentières, le Gymnase-CDC Roubaix, Espace Alkantara, O Rumo O Fumo, Materiais Diversos. Par ailleurs, elle collabore avec Arkadi Zaides pour la pièce "Talos" et enseigne dans différents contextes (Université Lille 3, Galerie du Jeu de Paume, École Boulle...). Depuis 2018, elle est chargée d'éducation artistique et culturelle au CND.
Bibliographie
Clifford James & Marcus Georges, Writing culture : the poetics and politics of ethnography, University of California Press, Berkeley, 1986.
Deleuze Gilles, Pourparlers, Éditions de Minuit, 1990.
Perec Georges, Espèces d'espaces, Galilée, 1974.
Quiblier Marie, "Saisir le document : enjeux et formes chorégraphiques", in Gestes en éclats – art, danse, performance, Presses du Réel, 2016.
Sekula Allan, "The body and the Archive", in October, Vol. 39 (Winter, 1986), 3-64.

Aline CAILLET : Corps / danse / document / témoignage
"Quelles formes de relation ou d'interaction entre le corps performatif et les traces documentaires", la pratique du réel en danse établit-elle ? S'il convient, sur un plan conceptuel, de distinguer le corps médiateur (celui qui se fait vecteur d'une réalité qui lui est étrangère et qu'il transmet à autrui par l'entremise du document) ; le corps témoin (celui qui, depuis sa position et son expérience singulières, atteste d'une réalité qui lui est extérieure mais qu'il a lui-même perçue ou vécue) ; et le corps autobiographique (celui qui témoigne de sa propre histoire et d'elle seule), les pratiques artistiques engagées par les chorégraphes qui "pratiquent le réel en danse" déclinent ces trois figures en se plaçant à leur intersection, tout en donnant à voir leur besoin de réel. Les trois pièces chorégraphiques présentées dans cette communication ont pour point commun de mettre en rapport un corps avec un matériau documentaire. Comment faire danse avec un matériau ? Quel mode de relation dès lors peut s'établir entre eux afin de permettre l'écriture chorégraphique ? Comment le document vient-il nourrir, compléter, innerver, transformer, perturber la pensée (le désir de projet), la construction (la dramaturgie) et l'écriture (la chorégraphie) ?

Maître de conférences en esthétique et philosophie de l'art à l'université Paris 1, Aline Caillet mène des recherches sur les nouvelles pratiques documentaires en arts visuels au XXIe siècle.
Corpus
Sa prière, de et par Malika Djardi, 2015.
Moto Cross, de et par Maud Le Pladec, 2017.
Talos, de Arkadi Zaides, 2017.
Publications
Dispositifs Critiques. Le documentaire du cinéma aux arts visuels, Presses universitaires de Rennes, 2014.
Un art documentaire. Enjeux esthétiques, politiques et éthiques (co-dirigé avec Frédéric Pouillaude), Presses universitaires de Rennes, 2017.

Leslie CASSAGNE : Faire corps avec le document : les chorégraphes contemporains face aux crises et aux conflits
Cette communication se centrera autour de pièces chorégraphiques qui abordent des situations de crises politiques, économiques, humaines, à travers des matériaux documentaires. Il s'agira de dresser un panorama de l'utilisation du document — archives sonores, photographiques, audiovisuelles — et du témoignage, depuis la fin des années 1990, afin de cerner les enjeux esthétiques et politiques d'une danse qui convoque sur le plateau une réalité extra-chorégraphique. S'emparant du document, forme d'indice du réel, des chorégraphes et danseurs mettent en crise une certaine vision de la création chorégraphique, qui a pu être trop exclusivement rattachée à des préoccupations formelles ou pulsionnelles. Nous circulerons entre différentes façons de travailler avec le document, depuis son utilisation en écho lointain, comme trace, jusqu'à des expériences qui en font le centre de leur recherche. Cela nous permettra de questionner des formes qui revendiquent une portée critique pour leur art en même temps qu'elles appellent à faire dialoguer la matière documentaire avec la dimension sensible du mouvement.

Ancienne élève de l'École Normale Supérieure (Ulm), Leslie Cassagne est doctorante en théâtre et danse à l'université Paris 8 (EA 1573 "Scènes du monde, création, savoirs critiques") depuis septembre 2017. Dans le cadre de sa thèse, "Crise et mise en crise du médium chorégraphique : la matière documentaire dans la création chorégraphique contemporaine", elle s'intéresse au travail d'artistes tels que Luciana Acuña, Héloïse Desfarges, Sandra Iché, Dorothée Munyaneza, Rachid Ouramdane, Arkadi Zaides.

Véronique FERRERO DELACOSTE
Danseuse de formation, Véronique Ferrero Delacoste travaille dans le domaine de la programmation artistique depuis 1994. De 1995 à 2005, elle dirige un théâtre pour jeune public. Parallèlement, elle est engagée au far° festival des arts vivants à Nyon, en 1996, comme responsable de la programmation danse et performance. Elle rejoint la Bâtie — Festival de Genève en 2002 où elle est en charge de la programmation danse pendant quatre ans. En 2008, elle obtient un diplôme universitaire en gestion culturelle à l'université de Lausanne ainsi qu'un Master HES-SO en arts visuels, MAPS_Art in public Sphere. Elle prend la direction du far° festival des arts vivants à Nyon en automne 2009. Parallèlement, elle a fait partie de différentes commissions telles que la Corodis, ThéâtrePro Valais, Culture-aides ponctuelles Régionyon… Elle est régulièrement invitée en tant que membre de jurys : Journées de Danse Contemporaine Suisse, Plateforme IETM, Prix de la performance suisse, Écoles d'art…

François FRIMAT : Rythmes et cadences (auto)biographiques dans Baron Samedi (Alain Buffard), Samedi détente (Dorothée Munyaneza) et Legacy (Nadia Beugré)
Le projet chorégraphique est considéré ici à partir de la prééminence de la question "Que faire ?" sur "Que connaître ?". L'acte même d'investir et de pratiquer l'histoire ou sa mémoire particulière procède d'une transformation induite nécessairement sur soi-même ou sur celui qui en est témoin. Dans Baron Samedi, Alain Buffard reste fidèle à un régime de délégation qui parcourt son œuvre en convoquant sur le plateau des interprètes qui exposent chacun à leur tour des souvenirs personnels, leur histoire au fil d'un propos qui pourtant ne s'y résume pas. Deux d'entre eux écriront ensuite une pièce largement (auto)biographique (Samedi détente) et une autre qui affiche son ambition mémorielle (Legacy). Comment faire coexister et se confronter des temporalités différentes comme celle du souvenir, de la mémoire collective, d'une histoire toujours réinterrogée et qui fait actualité, celle interne au propos d'une pièce ? C'est la pratique du temps qui alors se pose. Cette communication misera sur les ressources d'une esthétique de la ponctuation pour tenter de comprendre et démêler comment les jeux d'espace produits par le chorégraphique constituent "un jeu de rapports où le temps est en jeu" (M. Blanchot, L'Entretien Infini).

François Frimat, philosophe, enseigne en CPGE à Valenciennes, à Sciences-Po Lille et à l'université de Lille. Il est également président du festival Latitudes Contemporaines de Lille.
Publication
Qu'est-ce que la danse contemporaine ? Politiques de l'hybride, PUF, 2011.

Isabelle GINOT : Les "autres" en pratiques ou IMAGINE, politiques du collectif
Qui sont les autres de la danse ? ceux qui ne dansent pas, ne vont pas au spectacle, n'ont pas pour pratique de soi l'introspection sensorielle, ne pensent pas le monde comme un studio d'improvisation ou de composition instantanée, ne réfléchissent pas à la subjectivité à partir d'une critique du dualisme corps esprit, ne prennent pas soin d'eux-mêmes selon des techniques d'auto-thérapie soigneusement acquises dans le marché libéral du bien-être et de l'alternatif ? De quelles danses deviennent-ils les acteurs, dans les projets "contextuels", "situés", "relationnels" ? dans les actions culturelles dites "de territoire" ? Saurions nous nous représenter un monde de la danse majoritairement peuplé de danseurs amateurs, noirs (ou autre !), obèses, handicapés, vieux, repris de justice, logeant dans des foyers d'accueil, analphabètes, bossus ? Que seraient des scènes où les danseurs jeunes blancs élancés virtuoses feraient figures d'altérité, d'exception symbolique ? Nous apparaîtraient-ils comme des "fragments de réel" faisant irruption dans le monde de la danse ? Et en attendant cet improbable renversement, à quoi rêvent les danseurs (souvent moins jeunes, mais quand même assez blancs, souvent virtuoses, mais en cours de sevrage ou de techniques de substitution, si rarement obèses que ça ne compte pas…) lorsqu'ils vont "à la rencontre du réel", font danser en prison, en foyers, en cité, en hôpital ? Quels espoirs, sensations fortes, utopies, déconvenues, forment l'horizon de leurs danses avec ces autres ? Voilà ce qu'on tentera de penser en commun.

Isabelle Ginot, professeure à l'université Paris 8, au département Danse, conduit des recherches, d'une part, sur les pratiques de danse et pratiques somatiques adressées à des publics autres que les danseurs, dans des contextes autres que le studio ou la scène. Et, d'autre part, sur l'analyse des œuvres scéniques impliquant des artistes handicapés. Elle est responsable du cursus "SOMADANSE - Danse, éducation somatique et publics fragiles" à l'université Paris 8. La plupart de ses publications sont accessibles sur le site danse.univ-paris8.fr.

Bérénice HAMIDI-KIM : La preuve par le corps et par la voix. Poétique du geste et de la parole dans l'œuvre de Mohamed El Khatib
L'expression "théâtre documentaire" renvoie à un style théâtral qui s'est expérimenté à partir des années 1930 puis s'est développé dans les années 1960, en particulier sous l'influence de figures du théâtre allemand d'Erwin Piscator à Peter Weiss. Il s'agit donc d'une esthétique qui prend forme et sens dans le cadre d'une vision du monde marxiste, confiante dans la capacité de l'art à critiquer la société et par là à la transformer. En découle la prédilection pour un certain type de matériau documentaire — archives, textes politiques, données chiffrées et tableaux scientifiques — qui correspond à un certain type d'usage : les documents sont présents comme argument et/ou comme preuve, pour instruire le procès d'une société et démontrer l'existence d'injustices. Pour autant, ce serait une erreur de croire que ces œuvres négligent les outils sensibles, car il s'agit aussi de pousser le spectateur à partager un sentiment d'injustice et, donc, d'indignation. Pour ce faire, certaines de ces œuvres, comme celles qui héritent aujourd'hui de cette tradition, recourent à une mise en scène de soi de l'artiste non seulement auteur et metteur en scène, mais interprète, comme conscience indignée. C'est à l'une de ces œuvres, celle de Mohamed El Khatib, que cette communication sera consacrée.

Bérénice Hamidi-Kim est maîtresse de conférences en études théâtrales, Université Lyon 2 et membre de l'Institut Universitaire de France. Ses recherches, qui combinent esthétique et sociologie, portent sur les enjeux politiques du théâtre et en particulier du théâtre public.
Publications récentes
"Quand la diversité fait diversion", in Martial Poirson & Sylvie Martin Lahmani, Alternatives théâtrales, n°133, 2017.
Avec Frédérique Aït-Touati, Tiphaine Karsenti & Armelle Talbot, La Révolution selon Pommerat, Revue électronique Theâtre, 2017.
Les Cités du théâtre politique en France depuis 1989, Préface de Luc Boltanski, L'Entretemps, 2013.

Sandra ICHÉ : L'aubaine chorégraphique : "Et si ?" (David) vs "C'est comme ça et puis c'est tout" (Goliath)
Ce que m'a légué ma pratique intensive de la danse classique puis contemporaine depuis l'enfance, c'est une certaine sensation, une certaine manière d'éprouver le réel, la mécanique de sa fabrication. Entre ce qu'il est, ce dont nous sommes faits, nos conditions historiques d'existence, et les possibilités d'irruption d'un changement, d'un virage, d'un événement. Sensation commune à tous, mais peut-être rendue plus aigüe, plus saillante pour le danseur. Se construire, s'éprouver, se pratiquer comme un corps-vecteur, attentif au feed-back du geste tout juste effectué et à la poussée du geste à venir. Une situation d'entre-deux sans cesse renouvelée, entre une écriture, ou simplement un état de faits, et son actualisation incarnée, entre le passé et le futur, entre mémoire et devenir, entre les choix possibles et le choix effectué. J'essaierai d'illustrer cette idée à partir d'un travail dit de "théâtre documentaire" tout juste terminé (création Festival Parallèle, Théâtre de la Joliette, Marseille, 2 et 3 février 2018), intitulé Droite-Gauche, en dégageant les intuitions ou principes chorégraphiques qui ont présidé à l'écriture et au montage des textes, des corps, des images et des sons (documents, témoignages et fables) présents sur scène.

Sandra Iché a étudié l'histoire et les sciences politiques (publication juin 2009 : "L’Orient-Express, chronique d'un magazine libanais des années 1990", Cahiers de l'Institut Français du Proche-Orient, n°3, Beyrouth), avant de devenir artiste chorégraphique (formation à P.A.R.T.S (Bruxelles) 2004-2006, et interprète permanente de la Compagnie Maguy Marin/Centre Chorégraphique National de Rillieux-La-Pape 2006-2010). Elle mène ses activités d'auteure et d'interprète à travers l'association Wagons libres, questionnant les modalités de "fabrication" de l'Histoire, de sa mise en récit (Wagons libres, 2012 ; Variations orientalistes, 2014 ; Droite-Gauche, 2018). Elle est membre fondatrice de MANSION (Beyrouth, Liban), maison partagée d'artistes, chercheurs, activistes, de LIEUES (Lyon), espace expérimental de recherche et de création artistique, et de la revue rodéo, revue pluridisciplinaire, plateforme de rencontres entre pratiques académiques et artistiques.

Mahalia LASSIBILLE : Terrain et sous-terrain. L'ethnographie entre témoignage et fiction narrative
"Dans la réalité pratique de la recherche sur le terrain, l'anthropologue doit toujours traiter son matériel d'observation comme s'il faisait partie d'un équilibre global, autrement toute description serait presque impossible. Tout ce que je demande est une reconnaissance explicite de la nature "fictionnelle" de cet équilibre." (Edmund Leach, Les Systèmes politiques des hautes terres de Birmanie, 1954, Trad. 1972, p. 285)
Cette citation introduit, de façon peu conventionnelle, la complexité du travail du chercheur de terrain, à la fois sur le terrain et à partir du terrain en prenant en compte les écrits qu'il produira. Au-delà de la dichotomie entre réalité et fiction, il s'agira ici d'en envisager les liens, d'en saisir les échos, d'en questionner les paradoxes, en anthropologie de la danse en particulier. En premier lieu, le terrain implique de "se frotter en chair et en os à la matière que l'on entend étudier" (J.-P. Olivier de Sardan, 1995), se confronter à la réalité du terrain, ce qui nécessite un positionnement essentiel à définir et un exercice réflexif constant de par le rapport "affecté" (J. Favret-Saada, 1990) que cela comprend. D'autant que le but de l'anthropologue est de rester au plus près des pratiques, des gestes, des paroles qu'il rencontre afin de rendre compte du point de vue des acteurs et d'éviter les dangers ethnocentriques qui ont marqué l'histoire de la discipline. Observer, écouter, prendre part deviennent des outils nécessaires mais le "hors piste" et une posture d'apparence peu scientifique s'avèrent parfois plus fructueux pour la recherche que les outils classiques de l'enquête. Abandonnant alors le débat entre objectivité et subjectivité, le travail est à construire à la croisée entre la relation enquêteur/enquêté, l'ethnographie, la relation auteur/texte, l'ethno-graphie, c'est-à-dire dans les interstices entre témoignage et fiction narrative.

Anthropologue en danse, Mahalia Lassibille est maître de conférences au département danse de l'université Paris 8 et membre de l'équipe "Analyse des discours et des pratiques en danse". Après un travail ethnographique mené sur les danses des Peuls WoDaaBe du Niger, elle mène actuellement ses recherches sur l'usage des catégories en danse, en particulier celles de "danse africaine" et de "danse africaine contemporaine", en croisant des outils utilisés en danse et en anthropologie. Elle a pour cela réalisé plusieurs études de terrain au Niger, Mali et Sénégal.
Dernières publications
""Lever les bras" ou "être possédé" : le redoutable transfert de l'écriture du geste. Ethno-graphie(s) de la possession chez les Peuls WoDaaBe du Niger", Corps, n°14, 2016, p. 239-248.
"La "danse africaine contemporaine" : un paradoxe chorégraphique. Une ethnographie de la catégorisation au Niger", in C. Delaporte, L. Graser, J. Péquinot (dir.), Penser les catégories de pensée, L'Harmattan, Paris, 2016, p. 99-113.

Gérard MAYEN : Une pièce rejouée et relue au travers du réel : deux décennies de mutations scéniques à partir du solo Good Boy, d'Alain Buffard
Alain Buffard crée Good Boy en 1998 — un solo alors reçu comme énonciateur de la contamination de son auteur par le VIH, dans un registre autobiographique. En 2001, Good For contrecarre cette perception réductrice, en redistribuant l'écriture de cette pièce à destination de trois autres interprètes rejoignant son auteur. À partir de 2003, la série des occurrences de Mauvais Genre démultiplie les effectifs des distributions d'interprètes développant cette écriture, tout en ouvrant des marges de variations de plus en plus considérables dans ses modalités d'exécution. Ainsi traversée par le réel de contextes variés (de New-York au Brésil ou à Nîmes, de coalitions temporaires de performers à une promotion d'école de danse), cette même pièce déploie des significations renouvelées, selon les espaces et les époques par lesquels elle est traversée. Sans que ces pièces successives n'aient jamais débordé du domaine scénique, l'observation du processus enclenché par Good Boy au-delà de son processus de création initial, conduit à interroger ce que le réel de contextes successifs de redistribution, d'interprétation et de réception parviennent à altérer du sens originel qui lui fut attribué. Dans ce même mouvement, c'est l'impact du sida, subi par un seul artiste de la danse, qui paraît apte à se détourner, voire se renverser et s'amplifier à l'endroit des bouleversements divers et plus généraux affectant une époque entière.

Gérard Mayen est journaliste, critique de danse. Il est titulaire d'un master 2 du Département d'études de danse de l'université Paris 8. Il est praticien de la méthode Feldenkrais de prise de conscience des représentations du mouvement. Ses objets de recherche se situent au croisement de l'analyse d'œuvres chorégraphiques, et du questionnement des conditions de production et de formulation du geste dansé. Dans cette optique, il a bénéficié de deux bourses de recherches sur le patrimoine en danse (Dispositif ARPD - Centre national de la danse) autour de la question : "Ce que le sida a fait à la danse - Ce que la danse a fait du sida".

Mélanie MESAGER : L'entretien comme pratique chorégraphique
Se revendiquant d'un imaginaire ethnographique, certains chorégraphes, de nos jours, éprouvent le besoin de sortir du studio de danse et d'aller à la rencontre d'une réalité extérieure à leur propre univers gestuel et imaginaire, en donnant la parole à "d'autres personnes". Ces pratiques d'interactions verbales, bien que diverses, peuvent être assimilées à celles de l'entretien : il s'agit de discussions sollicitées sur une question précise, en vue de faire émerger un "témoignage", une parole qui tire sa légitimité du vécu des personnes interrogées. Comment cette pratique s'articule-t-elle à la chorégraphie, l'art d'écrire la danse ? Je m'intéresserai lors de cette intervention à deux propositions dans lesquelles l'entretien n'est pas seulement le déclencheur ou l'élément d'un processus de création scénique habituel, mais où cette pratique vient contaminer, déterminer, interroger la forme même que prend la chorégraphie. Deux questions émergeront alors : à quel endroit du chorégraphique touchent les énoncés produits lors des entretiens ? et comment la pratique même de l'entretien participe de la performance chorégraphique ?

Mélanie Mesager est doctorante à l'université Paris 8 et agrégée de lettres. Formée à la linguistique médiévale puis enseignante, danseuse et chorégraphe, elle mène des recherches sur la façon dont certaines chorégraphies actuelles intègrent les pratiques verbales de l'entretien et de la conversation.

Alix de MORANT : Événement ou non événement : pratiques de l'in situ, du réel au sensible
La présence d'un corps dansant, faisant irruption dans l'espace public a-t-elle indubitablement un effet perturbateur ? Cette corporéité qui s'interpose de manière inattendue dans un espace donné, parmi et en dialogue avec d'autres corps, fait-elle effraction en imposant une dimension événementielle ou bien est-elle consubstantielle de l'espace et du temps dans lesquels elle s'inscrit ? De quel effet de réalité ou de virtualité ce corps dansant, comme manifestation du sensible, est-il porteur ?

Alix de Morant est Maître de Conférences à l'université Paul-Valéry Montpellier 3 et membre du RIRRA 21 (EA 4209). Elle est à ce titre associée au Master EXERCE adossé à l'université Paul Valéry et à ICI - Centre Chorégraphique National de Languedoc-Roussillon dirigé par Christian Rizzo et dirige le Master pro DAPCE. Auteur avec Sylvie Clidière d'Extérieur Danse, essai sur la danse dans l'espace public (Montpellier, L'Entretemps 2009), elle a participé aux ouvrages, La scène et les images (Paris, CNRS 2001), Butô(s) (Paris, CNRS, 2002), Rythmes, flux, corps. Art et ville contemporaine (CIEREC-PU de Saint Étienne, 2012), Danser la rue (PU de Rouen, à paraître). Outre son intérêt pour les démarches chorégraphiques in situ et les expériences participatives en espace public, ses recherches portent sur les esthétiques chorégraphiques contemporaines et la performance.
Bibliographie
Formis Barbara, Esthétique de la vie ordinaire, Paris, Presses universitaires de France, 2010.
Hölscher Stephan & Siegmund Gerald, Dance, politics&community, Berlin, Diaphanes, 2013.
Manning Erin, Always more than one, London, Duke University press, 2013.
Pouillaude Frédéric, Le désœuvrement chorégraphique, Paris, Vrin, 2009.
Rosset Clément, Le réel et son double, Paris, Gallimard, Coll. "Folio Essais", 1993.
Rubige Sarah & Schiller Gretchen, Choreographic Dwellings : Practicing Place, Basingstoke, Palgrave Macmillan, 2014.
Žižek Slajov, Event, Penguin Book, 2014.

Julie PERRIN : L'imaginaire comme dimension du réel, dans la chorégraphie située
Les chorégraphies situées sont presque toujours présentées par leurs auteurs comme s'inscrivant dans le réel, comme des réponses directes à celui-ci, ou comme un dialogue immédiat avec un contexte donné. Sans autre forme d'explication, il faudrait alors comprendre comment le geste chorégraphique serait issu de ce monde qui semble pouvoir être saisi tout crûment, sans intermédiaire, en transparence. À quoi bon pourtant une œuvre qui coïnciderait avec le réel ? Elle serait comme cette carte fictive à l'échelle 1 du récit de Borgès (De la rigueur de la science, 1946), sorte de calque recouvrant le monde, et par là devenue inutile. De quelle nature alors est la relation entretenue avec le réel par cet art chorégraphique situé ? Si les artistes semblent vouloir engager la chorégraphie vers une dimension indicielle (dimension jusqu'alors réservée à la photographie ou au cinéma), il faudra néanmoins envisager d'autres régimes de capture et monstration du réel, afin de saisir combien les stratégies descriptives mises en œuvre par les chorégraphes sont inséparables d'un exercice incontournable et salutaire de l'imaginaire. Car au fond, c'est à l'endroit de cet imaginaire immanquablement noué au réel que se joue l'articulation du geste et du monde.

Maîtresse de conférences au département danse de l'université Paris 8 Saint-Denis (MUSIDANSE – E.A. 1572) et chercheuse à l'IUF (2016-2021), Julie Perrin est membre de l'aCD. Ses recherches portent sur la danse contemporaine à partir de 1950 aux États-Unis et en France, en particulier sur la spatialité en danse et la chorégraphie située.
Publications
Projet de la matière – Odile Duboc : Mémoire(s) d'une œuvre chorégraphique, CND / Les presses du réel, 2007.
Figures de l'attention. Cinq essais sur la spatialité en danse, Les presses du réel, 2012.
Écrits disponibles sur le site : danse.univ-paris8.fr

Frédéric POUILLAUDE : Un pas au-delà. Réalité et altérité en danse
Posons que le "réel" est toujours susceptible d'une entente au moins double. Le réel, c'est assurément ce dont je fais l'expérience ici et maintenant, ce qui se donne en chair et en os dans l'intimité corporelle d'un espace et d'un temps radicalement miens. On tient alors pour "réelle" l'évidence perceptive en tant précisément qu'elle refuse de s'aventurer au-delà du donné, en tant qu'elle n'est rien d'autre que l'immanence d'un "pas au-delà" : le réel comme cercle clos de mes expériences. Mais le réel, c'est aussi bien l'objet d'une visée, ce qui posé à l'horizon de mes expériences n'est en définitive jamais simplement là, toujours un peu au-delà, indéfiniment repoussé, toujours signifié et jamais éprouvé. On passe alors d'une caractérisation du réel comme immanence perceptive à une détermination avant tout relationnelle et négative : le non-moi, le pas-là, le lointain, le différent, l'autre… En somme : le réel comme ce qui exige toujours pour être rejoint que s'accomplisse un certain "pas au-delà". Il s'agira alors de voir comment les pratiques de danse parviennent à tenir ensemble, selon un équilibre vraisemblablement précaire et instable, ces deux sens du "pas au-delà".

Frédéric Pouillaude est maître de conférences (HDR) en philosophie de l'art à l'université Paris-Sorbonne. Depuis 2013, il est membre junior de l'Institut universitaire de France pour un projet de recherche consacré aux liens entre art et pratiques documentaires.
Publications
Le Désœuvrement chorégraphique. Étude sur la notion d'œuvre en danse, Paris, Vrin, 2009 (Trad. anglaise par Anna Pakes, Unworking Choreography : The Notion of the Work in Dance, New York, Oxford University Press, 2017).
Un art documentaire. Enjeux esthétiques, politiques et éthiques, Co-direction avec Aline Caillet, Presses universitaires de Rennes, 2017.

Cécile PROUST : Autour d'Ethnoscape
Je partirai du concept Ethnoscape de l'anthropologue indo-américain Arjun Appadurai et de ma chorégraphie, dont le titre est tiré, pour articuler quelques questions. En voici certaines : qu'est-ce qu'une chorégraphie documentaire ? Qu'est-ce qu'une chorégraphie documentée ? Qu'est-ce qu'un document ? Qu'est-ce qu'un support ou un médium pour un document au sein d'une œuvre ? Quel type de présence occupe un document dans une œuvre ?

Danseuse, chorégraphe, Cécile Proust est titulaire du Master d'Expérimentation Arts et Politiques, SciencePo Paris. Ses œuvres interrogent la fabrique des corps, des danses, des genres, des images et des regards. Elles sont reliées à des questions anthropologiques, croisent de multiples champs théoriques et tissent des liens spécifiques avec les gender studies et les arts plastiques. Cécile Proust est directrice du projet femmeuses et signe des chorégraphies documentaires qui mêlent danse, chant, vidéo, entretiens, vidéos et textes. Les vidéos sont faites en collaboration avec Jacques Hoepffner. Pour ces recherches, Cécile Proust effectue plusieurs séjours en Inde et au Japon, en tant que lauréate de la bourse Romain Rolland et du programme de la Villa Kujoyama afin de pratiquer le Kathak à Delhi, le Jiuta Maï à Kyoto, le Raqs Sharqi au Caire et le Flamenco à Madrid. Elle collabore à l'émergence de la nouvelle danse française des années 1980 et 1990 en travaillant auprès des chorégraphes Alain Buffard, Dominique Brun, Odile Duboc, le quatuor Albrecht Knust, Daniel Larrieu, Thierry Thieu Niang et des metteurs en scène Robert Carsen et Robert Wilson.

Arkadi ZAIDES : Extrapolating / Pre-Enacting TALOS
What kind of choreography arises in the proximity of borders ? Which strategies of restriction define movement ? Arkadi Zaides' new work sets out to explore a dynamic system of action and reaction, limitation and transgression, stasis and mobility. The work is a response to TALOS, an EU-funded initiative that designed an advanced system for protecting European land borders. TALOS was a collaborative project between ten countries that was officially conducted between the years 2008-2012. It resulted in a demonstration of a surveillance system that could be deployed in a matter of hours at any location. The system included mobile, semi-autonomous robots that were designed to replace human border guards in patrol missions in border areas. The TALOS project was never launched and remained an experiment, a test, and a proof of technological capabilities. Delegating the act of decision-making to a technological agent envisions a system that acts via protocols and scripts only, deprived of ethical, political and human aspects. The work strives to continue Zaides' interest in documentary materials while pushing these materials towards what is currently still unthinkable in terms of ideology, dehumanization, ethics and law. Using different materials (documents from the original project, documentary footage, interviews) Zaides' team is interested in speculating on a not so far into the future scenario of an encounter between humans and autonomous border-technologies.
arkadizaides.com


TÉMOIN HORS-CHAMP :

Gilles SAUSSIER : Autour de la publication de Spolia (Le Point du Jour éditeur, Cherbourg-Paris, 2018)
Spolia réunit des textes et des photographies réalisés en Roumanie dans la vallée du Jiu, site naturel et industriel remarquable où la Colonne sans fin de Brancusi fut fondue en 1937. En suivant le cours du fleuve, Gilles Saussier enquête sur les conditions matérielles et politiques de la fabrication du monument. Il révèle ce faisant la géologie d'un arrière-pays industriel de l'œuvre de Brancusi et son paradoxe : une colonne s'élevant vers le ciel grâce à des ingénieurs et à des ouvriers-mineurs creusant infiniment sous terre.

Proche des pratiques artistiques de site-specific telles que les définit l'historien d'art Hal Forster (recouvrer des histoires refoulées, activer des espaces culturels perdus, proposer des contre-mémoires historiques), Gilles Saussier propose une démarche documentaire expérimentale croisant les influences de la tradition photographique documentaire, de la littérature anthropologique et de l'art conceptuel. Il a participé à la documenta 11 de Kassel (2002), aux expositions Covering the real au Kunstmuseum de Bâle (2005), L'archive universelle au MACBA de Barcelone (2008), Site-specific au FRAC Rouen Normandie (2015), Looking at war au Bonniers Konsthall de Stockholm (2017), et publié au Point du Jour Studio Shakhari bazar en 2006, Le Tableau de chasse en 2010 et Spolia en 2018.


TEMPS DE PRATIQUE THÉORISÉE :

Anne KERZERHO & Loïc TOUZÉ : Autour de la table : mettre en partage des récits de gestes ou comment pratiquer le réel par l'oralité
Le projet Autour de la table (ATT) invite à une circulation des savoirs sur le geste et à une réciprocité dans l'échange qu'il s'agit de "performer". Pensé à l'échelle d'une ville, ATT propose à ses habitants un processus d'entretiens aboutissant à la mise en forme d'un récit sur leurs relations au geste, leurs imaginaires et habiletés mettant en jeu la spécificité de leurs savoirs. En fin de processus ces récits sont rendus publics, offrant l'expérience d'une parole augmentée par une écoute contributive. Notre intervention s'engagera selon trois modalités — descriptive, analytique et expérientielle — afin d'explorer en quoi les savoirs perceptifs des danseurs peuvent constituer une méthodologie d'entretien à même de recueillir un récit de gestes produits hors du champ chorégraphique. Reprenant une formulation partagée par le chorégraphe Laurent Pichaud et la chercheuse Julie Perrin, nous introduirons la notion d'entretien "en danseur" pour comprendre comment la forme oralisée de ces récits ne relève pas d'une explication du geste mais propose un autre espace d'apparition sensible et chorégraphique du geste.

Anne Kerzerho est actuellement directrice pédagogique du master exerce à ICI - Centre chorégraphique national de Montpellier, après avoir occupé la même fonction à l'école du CNDC d'Angers. Auparavant, elle a travaillé au CCN de Rennes en qualité de responsable du développement. Elle développe des dispositifs d'accompagnement de jeunes artistes et initie avec le chorégraphe Alain Michard la manifestation À domicile. À partir de 2010, elle engage une collaboration étroite avec le chorégraphe Loïc Touzé. Ils réalisent ensemble le projet Autour de la table, dispositif performatif et nomade autour des savoirs et pratiques du corps.

Loïc Touzé, danseur et chorégraphe, vit à Nantes et dirige le lieu Honolulu. Il crée des pièces de danse, réalise des films, invente avec d'autres artistes des objets protéiformes, imagine des manifestations, dans une attention aigüe aux gestes et aux récits. Il est souvent invité à participer à des projets pour le théâtre contemporain, le nouveau cirque, la musique. Il développe avec l'artiste Mathieu Bouvier une recherche autour de la notion de "Figure". Il enseigne à l'ENSA à Nantes et est invité régulièrement dans des écoles de Théâtre, d'Art et de Chorégraphie en France dans le monde.
Publications
"L'entretien "phrasé et interprétation"", in Partition(s) - Objet et concept des pratiques scéniques (20e-21e siècles), Julie Sermon et Yvane Chapuis (dir.), Collection "Nouvelles scènes / Manufacture", Presses du Réel, 2017.
Danse et cinéma, Édition Capricci, Centre National de la Danse, Entretien Loïc Touzé / Mathieu Bouvier, 2012.
Voir également : pourunatlasdesfigures.net

Barbara MANZETTI & Laurent PICHAUD : Habiter. L'art
Nous allons nous rencontrer à l'intérieur de l'activité qui nous fonde et nous définit. Nos projets actuels sont mitoyens, il nous a paru possible d'explorer en direct ce côtoiement. J'ai toujours eu ce rêve de verser ma pratique artistique dans le quotidien. Avec l'expérience Rester. Étranger, le monde est enfin entré, il était déjà là mais jamais de manière si définitive. Je recherchais cet abandon. Il se trame entre nous une espèce de famille. Soudaine et irrégulière, elle habite toutes les fractures ostensibles. Elle s'organise dans les transitions. Elle est transition. Elle est relais. Elle est mère. Elle est fils. Elle est Bonjour les amis. Elle résilie les chimères des identités assignées. Elle est pays. Najib Mohammadi et Sharif Saidi sont deux jeunes afghans. Arrivés en Suisse en novembre 2015, durant l'automne "migrant" que l'Europe a connu et qui se prolonge encore, ils sont aujourd'hui des requérants : en attente d'un statut de réfugiés qui leur permettrait de rester en Suisse. Ils rencontrent Laurent Pichaud via le far° - Festival des Arts Vivants de Nyon. Le chorégraphe identifie alors une coïncidence troublante : l'itinéraire qu'ont parcouru Najib et Sharif pour arriver en Suisse, à travers l'Iran, la Turquie et les Balkans, est le même que celui que Nicolas Bouvier a emprunté il y a plus de 60 ans, en sens inverse, et qui a fait l'objet de son livre L'usage du monde. C'est à l'usage troublé, contemporain et migrant du monde qu'un projet de collaboration entre eux trois fait écho.

"Barbara Manzetti parle souvent d'amitié au sujet de son travail et il me semble que les exigences de cette notion déterminent l'essentiel de ses décisions artistiques. Sa pratique artistique est une pratique sans extérieur, qui incorpore en permanence son propre environnement (…). Cette pratique ne sépare pas le temps de préparation du temps de représentation. Elle est un principe de déplacement et chaque lieu de son exercice en est l'unique lieu possible. De même chaque personne momentanément en contact avec le travail intègre celui-ci en s'engageant dans l'activité qui le fonde, ce mode d'être-ensemble induit par la performance de Barbara et que je nommerai avec elle l'activité d'amitier".
Rester. Étranger : Présentation du projet (Archives, Collection/collective, Pod-cast des émissions radiophoniques et journal en ligne) :
rester-etranger.fr
journal.rester-etranger.fr
L'expérience à Aubervilliers en janvier 2018 :
leslaboratoires.org/projet/rester-etranger-aubervilliers/rester-etranger-aubervilliers

À l'intérieur de son travail de création et de recherche, Laurent Pichaud privilégie l'inscription d'un geste chorégraphique dans des champs non spécifiquement artistiques au sein de sa structure projets x-sud, et déploie sa place d'artiste au sein du champ pédagogique en tant que professeur associé au département Danse de l'université Paris 8 Saint-Denis où il est aussi inscrit en thèse création.
Dernière publication
Deborah Hay, Mon corps, ce bouddhiste, édition augmentée, Traduction de Laurent Pichaud et Lucie Perineau, Coll. "Nouvelles scènes / Manufacture", Les presses du réel, Dijon, 2017, 177 pages.

Alain MICHARD : La mémoire comme lieu
L'atelier s'appuiera sur ma pratique artistique des espaces publics et sur une conception de la mémoire comme espace à la fois en mouvement et moteur du mouvement, de la mémoire comme lieu familier et méconnu à explorer. L'atelier débutera par une brève présentation du projet Virvoucher, qui est la matrice de ma sortie du studio pour chercher dans l'espace urbain, dans le quotidien et l'imprévisible, des lieux partagés, un autre rapport au corps et les matériaux d'une forme de création documentaire et sensible. Les participants seront invités à expérimenter les lieux, en stimulant l'imaginaire par les sens. Collectes, récits et interprétations partagées concluront l'atelier.

Alain Michard est chorégraphe et artiste visuel. Il développe ses projets pour la scène, l'espace public, les lieux d'art contemporain, et le cinéma. Ses créations croisent plusieurs mediums et pratiques nourries par contextes de travail et de représentation. Une part d'entre elles procède d'explorations de l'espace public, de l'architecture, quartier ou paysage, de rencontres et de collectes (images, récits, sons, objets). Il est régulièrement invité à enseigner dans les écoles d'art, de danse, d'architecture et les universités. Ses projets se développent en France et à l'étranger (Japon, Brésil, Canada, Turquie, Italie, Belgique, UK, …).
Publications
J'ai tout donné, PHAKT, 2010.
Ce qui vient, Presses du réel, 2010.
Journal d'anticipation, Biennale de Rennes, 2010.
Journaux des Promenades blanches (…).
Journal des Labos, n°…, 2018.


BIBLIOGRAPHIE :

• CAILLET Aline, Dispositifs critiques. Le documentaire, du cinéma aux arts visuels, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.
• CAILLET Aline & POUILLAUDE Frédéric (dir.), Un art documentaire. Enjeux esthétiques, politiques et éthiques, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.
• CHEVRIER Jean-François & ROUSSIN Philippe (dir.), Communications, n°71, "Le parti pris du document. Littérature, photographie, cinéma et architecture au XXe siècle", Paris, Seuil, 2001.
• DELCUVELLERIE Jacques, Sur la limite, vers la fin. Repères sur le théâtre dans la société du spectacle à travers l'aventure du Groupov (roman), Bruxelles, Groupov/Alternatives théâtrales, 2012.
• DORNIER Carole & DULONG Renaud (dir.), Esthétique du témoignage, Éd. de la Maison des sciences de l'Homme, Paris, 2005.
• DULONG Renaud, Le témoin oculaire, les conditions sociales de l'attestation personnelle, Paris, Éditions de l'EHESS, 1998.
• FORSYTH Alison & MEGSON Chris (dir.), Get real. Documentary, theatre, past and present, Palgrave, Macmillan, Basingstoke & New York, 2009.
• FOSTER Hal, Le retour du réel. Situation actuelle de l'avant-garde, Trad. Yves Cantraine, Frank Pierobon et Daniel Vander Gucht, Bruxelles, La lettre volée, 2005.
• HAMMOND Will & STEWARD Dan (dir.), Verbatim : Contemporary Documentary Theatre, Oberon Books, Londres, 2008.
• INGOLD Tim, Faire. Anthropologie, archéologie, art et architecture, Trad. H. Gosselin et H.-S. Afeissa, Éditions Dehors, Bellevaux, 2017.
• KEMPF Lucie & MOGUILEVSKAIA Tania (dir.), Le théâtre néo-documentaire : résurgence ou réinvention ?, Nancy, PUN, 2013.
• KLEIN Gabriele & NOETH Sandra (dir.), Emerging Bodies : The Performance of Worldmaking in Dance and Choreography, Bielefeld, Transcript Verlag, 2011.
Marges, n°6, "Art et Ethnographie", mai 2007.
• MARTIN Carol (dir.), TDR : The Drama Review, vol. 50, n°3, "Documentary Theater", MIT Press, New York, 2006.
• MARTIN Carol (dir.), Dramaturgy of the Real on the world Stage, Palgrave Macmillan, Basingstoke & New York, 2010.
• MORRIS Gay & GIERSDORF Jens (dir.), Choreographies of 21st Century Wars, New York, Oxford University Press, 2016.
• OLIVIER Laurent, Le sombre abîme du temps : mémoire et archéologie, Seuil, Paris, 2008.
• PAGET Derrek, ""Verbatim theatre" : Oral history and Documentary Techniques", New Theatre Quarterly, n°3, 1987, p. 317-336.
• PERRIN Julie, Figures de l'attention, cinq essais sur la spatialité en danse, Dijon, Les Presses du réel, "Nouvelles scènes", 2013.
• PERRIN Julie, "Du quotidien. Une impasse critique", in Formis Barbara (dir.), Gestes à l'œuvre, de l'Incidence éditions, Paris, 2008, p. 86-97.
• PERRIN Julie, "Composer la ville", in Du flou dans la ville. Une démarche artistique, urbaine et sensible, Alain Michard et Mathias Poisson (dir.), eterotopia éditions (à paraître).
• PERRIN Julie, "Traverser la ville ininterrompue : sentir et se figurer à l'aveugle. À propos de Walk, Hands, Eyes (a city) de Myriam Lefkowitz", Ambiances, 3 | 2017.
• PERRIN Julie, "Faire avec l'espace ou faire jouer le "tournant spatial" en art – Recomposition d'un échange épistolaire entre Julie Perrin, Laurent Pichaud et Anne Volvey", in Christian Gaussen (dir.), Du périmètre scénique en art : re/penser la Skéné, Cahier n°4, École supérieure des Beaux Arts Montpellier Agglomération, 2013, p. 6-27.
• PERRIN Julie, "Habiter en danseur", in Christian Gaussen (dir.), Du périmètre scénique en art : re/penser la Skéné, Cahier n°1, École supérieure des Beaux Arts Montpellier Agglomération, 2013, p. 8-19.
• PERRIN Julie, "L'expérience d'une réalité. À propos de trois promenades sensorielles", Dossier : Les artistes et la ville. Retours d'expériences, Le Merlan – Scène nationale, Marseille, 2012.
• PERRIN Julie, "(Ré)apprendre à marcher", Cahier n°1. Les artistes et la ville. En corps urbains, Le Merlan – Scène nationale, Marseille, juin 2012, p. 28-29.
• PERRIN Julie, "Une lecture kinésique du paysage dans les écrits de la chorégraphe Simone Forti", in Lambert Barthélémy (coord.), Imagination(s) environnementale(s), Raison publique. Arts, politique et société, n°17, Presses universitaires de Rennes, hiver 2012, p. 105-119.
• PIEMME Jean-Marie & LEMAIRE Véronique (dir.), Études théâtrales, n°50, "Usages du "document. Les écritures théâtrales entre réel et fiction", Louvain-La-Neuve, Centre d'Études Théâtrales, 2011.
• PISCATOR Erwin, Le théâtre politique suivi de Supplément au théâtre politique, L'Arche, Paris, 1972.
• POUILLAUDE Frédéric, Le désœuvrement chorégraphique. Étude sur la notion d'œuvre en danse, Paris, Vrin, 2009.
• POUILLAUDE Frédéric, "Dance as Documentary : Conflictual Images in the Choreographic Mirror (On Archive by Arkadi Zaides)", in Dance Research Journal, 48(2), août 2016, p. 80-94.
• SARRAZAC Jean-Pierre, NAUGRETTE Catherine & BANU Georges, Études Théâtrales, n°51-52, "Le geste de témoigner. Un dispositif pour le théâtre", Louvain-La-Neuve, Centre d'Études Théâtrales, 2011.
• TIBERGHIEN Gilles A., Land art, Carré, 1993, Réédition, Paris, La Découverte, 2012.
• WEISS Peter, "Notes sur le théâtre documentaire", in Discours sur la genèse et le déroulement de la très longue guerre de libération du Vietnam illustrant la nécessité de la lutte armée des opprimés contre leurs oppresseurs ainsi que la volonté des États-Unis d'Amérique d'anéantir les fondements de la Révolution, Traduit de l'allemand par Jean Baudrillard, Paris, Le Seuil, 1968.
• ZENETTI Marie-Jeanne, Factographies. L'enregistrement littéraire à l’époque contemporaine, Paris, Classiques Garnier, 2014.


SOUTIENS :

• Institut Universitaire de France | Université Paris-Sorbonne
• Université Paris 8

Programme 2018 : un des colloques

Programme complet


CONSTRUIRE LE RÉCIT : HISTOIRE ET POÉTIQUE DES CHAPITRES


DU LUNDI 25 JUIN (19 H) AU LUNDI 2 JUILLET (14 H) 2018

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Claire COLIN, Aude LEBLOND


ARGUMENT :

Comment construit-on un récit ? Telle est la question qui sera abordée sous l'angle du chapitre — ce mode de division si discret que l'on a tendance à ne pas y prêter attention, même s'il influence notre lecture…

Bien que négligé par la critique, le chapitre est en réalité un lieu privilégié du texte où se croisent des questions rhétoriques, éditoriales, narratologiques, thématiques, et historiques. Le chapitre s'impose-t-il définitivement comme la division naturelle du roman, voire du récit ? Ou est-il au contraire de plus en plus mis en question dans la littérature moderne et contemporaine ? L'imaginaire du chapitre est-il celui de l'architecture, de la musique, du fragment, du tableau ? Que devient le chapitre en BD ? Quel est son rapport à l'épisode dans un feuilleton littéraire comme une série télévisée ? Il s'agira aussi de repérer, dans l'immense diversité des pratiques de chapitrage, des évolutions à long terme, des tendances fortes, des régularités, des stabilités, en utilisant notamment pour ce faire des outils numériques.

Aux interventions critiques et théoriques s'adjoindront des entretiens d'écrivains, une performance d'écriture oulipienne par Jacques Jouet, qui écrira au cours du colloque plusieurs chapitres de son roman-feuilleton entamé depuis plusieurs années et en fera la lecture, ainsi qu'un atelier d'écriture et une présentation d'exposition virtuelle à partir d'un patrimoine sous format papier. Ouverte à tous, cette rencontre envisagera donc le chapitre comme une courroie de transmission majeure entre les communautés vivantes des écrivains et des lecteurs qui s'essayent, de plus en plus, à l'écriture dans le monde contemporain.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 25 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 26 juin
Matin
Claire COLIN & Aude LEBLOND : Ouverture du colloque

SEGMENT, ÉPISODE
Aude LEBLOND : Approches quantitatives du chapitre, du roman au corpus [article en ligne]
Françoise REVAZ : Scansion en chapitres et scansion en feuilletons : des modes de découpage redondants ou concurrents ?

Après-midi
CHAPITRES ET EXPÉRIMENTATION
Andrea DEL LUNGO : Le chapitrage polymorphe de La Comédie humaine
Virginie TAHAR : Usages du chapitre dans les expérimentations narratives oulipiennes

Soirée
Lecture des chapitres rédigés au cours du colloque par Jacques JOUET


Mercredi 27 juin
Matin
XXe-XXIe SIÈCLES (I)
Hélène BATY-DELALANDE : Le chapitre dans l'œuvre de Simone de Beauvoir [article en ligne]
Claire COLIN : La jeunesse forme-t-elle les chapitres ?

Après-midi
APPROCHES PÉDAGOGIQUES DU CHAPITRE
Virginie TAHAR & Claire COLIN : Le projet "Rocambolesques" : le chapitre dans les ateliers d'écriture [présentation]

Le chapitre comme prisme d'étude d'une œuvre, table ronde d'étudiants avec Maëlle BREYTON (Les textes du rappeur Médine à l'épreuve du chapitre), Camille CHAUVEAU (Le Chapitre dans Quai d'Orsay – Chroniques diplomatiques) et Corentin LE DUFF (Le chapitre dans le roman Magnus de Sylvie Germain)

Soirée
Lecture des chapitres rédigés au cours du colloque par Jacques JOUET


Jeudi 28 juin
Matin
XXe-XXIe SIÈCLES (II)
Jacques JOUET : Chapitres et contraintes dans l'œuvre oulipienne, entretien avec Virginie TAHAR
Atelier d'écriture avec Jacques JOUET et Virginie TAHAR

Après-midi
MIGRATIONS GÉNÉRIQUES (I)
François JOST : Peut-on utiliser la notion de chapitre pour les séries télévisées ? [article en ligne]

Soirée
"Patrimoine capitulaire", les chapitres dans les fonds de l'IMEC, avec Claire COLIN, Camille KOSKAS, Aude LEBLOND et Jérémy NAÏM [présentation]


Vendredi 29 juin
Matin
DES CHAPITRES OU PAS ?
Jérémy NAÏM : Le chapitre dans le recueil de nouvelles (1750-1850) [article en ligne]
Alain SCHAFFNER : Chapitre ou séquence ?

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Belinda CANNONE : Œuvre plurielle, chapitre pluriel ?, entretien avec Claire COLIN


Samedi 30 juin
Matin
PLANS, MONTAGES, ORGANISATIONS
Clémentine HOUGUE : Le chapitre à l'épreuve du collage et du montage littéraires : Dos Passos, Burroughs, Ballard [article en ligne]
Camille KOSKAS : Des brouillons au texte final. Jean Paulhan ou l'obsession du plan [article en ligne]

Après-midi
Marie-Hélène LAFON : Façonner l'œuvre à travers le chapitre, entretien avec Claire COLIN

Soirée
L'annonce, d'après le roman de Marie-Hélène Lafon


Dimanche 1er juillet
Matin
MIGRATIONS GÉNÉRIQUES (II)
Anaïs GOUDMAND : Le chapitre en bande dessinée : bilan et perspectives [article en ligne]
Marc DOUGUET : Finir in medias res : peut-on appliquer les outils de la théorie dramatique au chapitrage romanesque ? [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture] — [article en ligne]

Après-midi
APPROCHES QUANTITATIVES (I)
Alexandre GEFEN : Deux siècles de roman français, premières explorations quantitatives
Alain BOILLAT : Formes, statuts et fonctions du "chapitrage" dans l'écriture scénaristique de Jean Aurenche et Pierre Bost [article en ligne]


Lundi 2 juillet
Matin
APPROCHES QUANTITATIVES (II)
Nicholas PAIGE : Un nouveau roman chapitré au tournant du dix-neuvième siècle
Claire COLIN & Aude LEBLOND : Conclusion et perspectives

Après-midi
DÉPARTS


ENTRETIENS :

Belinda CANNONE : Œuvre plurielle, chapitre pluriel ?, entretien avec Claire COLIN
Cet entretien conduira à interroger Belinda Cannone sur ses pratiques d'écriture à travers le prisme du chapitre : quelle place occupe le chapitre dans la genèse de ses œuvres ? Cette place se modifie-t-elle au cours de la rédaction ou durant le processus éditorial ? La taille et la fonction des chapitres varient-elles selon le genre littéraire ? Autant de questions permettant de réfléchir sur le rapport entre un auteur et le chapitre, élément de division aussi banal qu'essentiel et, par-delà, sur les processus possibles de l'écriture.

Belinda Cannone est l'auteur d'une œuvre importante et variée : romans (L'Adieu à Stefan Zweig, 1990 ; L'Île au nadir, 1992 ; Trois nuits d'un personnage, 1994 ; Lent Delta, 1998 ; L'Homme qui jeûne, 2006 ; Entre les bruits, 2009 ; Nu intérieur, 2015), récits autobiographiques (La Chair du temps, 2012 ; Le Don du passeur, 2013), essais (L'Écriture du désir, 2000 ; Le Sentiment d'imposture, 2005 ; La Bêtise s'améliore, 2007 ; La Tentation de Pénélope, 2010 ; Le Baiser peut-être, 2011 ; Petit éloge du désir, 2013 ; S'émerveiller, 2017).

Jacques JOUET : Chapitres et contraintes dans l'œuvre oulipienne, entretien avec Virginie TAHAR
Certaines œuvres oulipiennes de l'écrivain Jacques Jouet, membre de l'Ouvroir depuis 1983, reposent sur des contraintes qui s'appuient sur la division en chapitres. C'est le cas en particulier de Fins (POL, 1999), dont la longueur des chapitres rebaptisés "unités-paragraphes" est déterminée par une transposition de forme poétique appelée la sextine ; d'Annette et l'Etna (Stock, 2001), récit palindromique composé de deux chapitres pouvant se lire dans un ordre ou dans l'autre ; ou encore de l"immense roman-feuilleton La République de Mek-Ouyes (POL, 2001) qui joue de manière parodique des effets de suspense d'un épisode à l'autre. Cet entretien a pour objectif de présenter les différentes expériences menées par Jacques Jouet sur la division en chapitres, d'interroger le rôle qu'elles jouent dans la genèse des œuvres et les effets de lecture qu'elles produisent.

Marie-Hélène LAFON : Façonner l'œuvre à travers le chapitre, entretien avec Claire COLIN
L'entretien portera plus spécifiquement sur la place et le rôle du chapitre dans les publications de Marie-Hélène Lafon : le chapitre est-il présent dès les origines de la genèse ou bien s'impose-t-il au fur et à mesure ? Comment concevoir la division narrative dans une œuvre qui se veut unitaire, organique, à la façon d'un corps qui comprend différents membres ? Enfin, quel regard porter sur l'adaptation du chapitre du livre à la télévision, à travers l'exemple de L'Annonce, adaptée au petit écran en 2015 ?

Le territoire du Cantal et le monde paysan sont parmi les éléments essentiels des livres de Marie-Hélène Lafon, auteur à la fois de romans (Le Soir du chien, 2001 ; Sur la photo, 2003 ; Mo, 2005 ; Les Derniers Indiens, 2008 ; L'Annonce, 2009 ; Les Pays, 2012 ; Joseph, 2014 ; Nos vies, 2017) et de nouvelles (Liturgie, 2002 ; Organes, 2006 ; Histoires, 2015). Lorsqu'elle est interrogée sur son écriture, l'écrivain indique la concevoir comme un malaxage, un pétrissage de mots et de thèmes dans une œuvre dont les personnages et les lieux circulent d'un ouvrage à l'autre.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Alain BOILLAT : Formes, statuts et fonctions du "chapitrage" dans l'écriture scénaristique de Jean Aurenche et Pierre Bost
À partir d'une recherche effectuée dans le fonds d'archives Claude Autant-Lara de la Cinémathèque suisse à propos de chantiers scénaristiques auxquels participèrent Jean Aurenche et Pierre Bost dans les années 1940-1950, nous dégagerons et examinerons, en fonction de divers stades de l'écriture, certains éléments d'organisation textuelle susceptibles de faire office de "chapitrage". Cette étude tiendra compte des particularités de l'écriture scénaristique (collaborative, visant à produire un document transitoire, soumise à certaines exigences techniques, etc.), de même que du lien instauré entre le scénario et l'œuvre littéraire adaptée lorsque celle-ci est elle-même chapitrée. Enfin, l'état du texte — du synopsis au découpage technique — varie en termes de forme et de fonction : nous identifierons ainsi des variations dans le statut du "chapitrage" en fonction de cet état et discuterons plus avant le principe du "découpage" inhérent à la discontinuité du médium dans ses liens au rôle du chapitre.

Alain Boillat est professeur ordinaire à la section d'histoire et esthétique du cinéma de la Faculté des lettres de l'université de Lausanne. Ses recherches ont notamment pour objet l'histoire et la théorie du scénario et certaines questions d'intermédialité touchant à l'adaptation, à la narration et à la fiction dans les productions médiatiques. Cofondateur de la revue d'études cinématographique Décadrages, il en a dirigé plusieurs numéros.
Publication
Cinéma, machine à mondes. Essai sur les films à univers multiples, Collection "Emprise de vue", Éditions Georg, 2014.
Volumes collectifs
Dubbing, Schüren, 2014.
Dialogues avec le cinéma. Approches de l'oralité cinématographique, Nota Bene, 2016.
BD-US : les comics vus par l'Europe, Infolio, 2016.
Case, strip, action, Infolio, 2016.
L'Adaptation. Des livres aux scénarios, Impressions Nouvelles, à paraître en mars 2018.

Maëlle BREYTON : Les textes du rappeur Médine à l'épreuve du chapitre
Cette communication vise à analyser les textes du rappeur Médine en assimilant leurs fonctionnements à ceux des chapitres de romans selon des traits généraux de définitions habituellement appliqués à ces derniers. Si ces éléments ne semblent pas pouvoir être calqués sur un genre littéraire si différent qui appartient par ailleurs au domaine musical, le rappeur joue tout de même avec un vocable structurel qui prête à s'intéresser à cette question à propos de ses textes. Ceux-ci sont argumentés, documentés et défendus dans le but de mener des dénonciations contre l'Occident ainsi que de convaincre les auditeurs et auditrices d'adhérer aux idées du rappeur et de se joindre à lui. Cela oriente l'ensemble de son œuvre à être structurée de façon à favoriser l'argumentation, sa musique contribuant à l'organisation singulière de ses écrits. Au-delà des textes argumentés, l'analyse de ses quelques écrits narratifs appelés story-telling dévoile de la même façon une norme de structuration comparable à celle des chapitres tout en ayant des effets parfois contraires à ces derniers lorsqu'ils se trouvent au sein d'un roman. Enfin l'étude des dispositions des textes dans les albums du rappeur mène à quelques surprises lorsque celle-ci les compare à un chapitrage romanesque normé.

Maëlle Breyton, étudiante en master de lettres modernes à la Sorbonne Nouvelle, prépare un mémoire sur l'étude des textes des rappeurs Médine et Gaël Faye observés en rapport aux projections des mouvements continentalistes africains.

Camille CHAUVEAU : Le Chapitre dans Quai d'Orsay – Chroniques diplomatiques
Quai d'Orsay est une bande-dessinée chapitrée ce qui constitue en soi un problème, mais l'œuvre de Blain et Lanzac abandonne également le nom "chapitre" pour les divisions de son second volume. La dimension du chapitre y apparait donc comme centrale. Notre travail se propose de montrer que le chapitre y acquiert un rôle de premier rôle dans la structuration de l'œuvre mais sert également à en permettre la lecture dans la mesure où à travers le chapitre, et plus particulièrement les titres, se créent, au fil des lectures et relectures, des effets comiques. Le chapitre apparait donc comme le moyen pour nos deux auteurs de créer une esthétique de la surprise, elle-même propre à générer le comique dans ce qui s'apparente à un récit d'aventures.

Camille Chauveau, étudiante en Master 1 à Paris III Sorbonne-nouvelle, travaille sur le rire et la déformation dans les sonnets des poètes du Chat Noir.

Claire COLIN : La jeunesse forme-t-elle les chapitres ?
Cette intervention cherchera à analyser les pratiques du chapitre dans un corpus de sagas pour la jeunesse (La Passe-Miroir de Christelle Dabos, À la croisée des mondes de Philip Pullman, Harry Potter de J. K. Rowling). Ganna Ottevaere-van Praag souligne dans son ouvrage Le roman pour la jeunesse (1996) les caractéristiques du récit propre à satisfaire les pulsions juvéniles, avec notamment, "d'une part, une envie frénétique d'arriver en bout de course pour savoir à quoi les choses aboutissent, de l'autre le désir que l'histoire se poursuive indéfiniment." (p. 116), mais aussi la capacité à "aller à l'essentiel, user de brièveté et de concision" (p. 13), tout en faisant en sorte que "chaque chapitre offre un événement nouveau" (p. 12), pour maintenir éveillée la curiosité. Il s'agira de se demander si le rythme du chapitre, à l'intérieur du tome mais aussi à l'échelle de la saga entière, répond à un tel objectif, et quelle architecture capitulaire les auteurs entendent élaborer au sein d'une œuvre appréciée également du public adulte pour la richesse et la complexité des mondes fictifs élaborés.

Claire Colin, actuellement enseignante dans le secondaire et chercheuse associée du CERC (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3), s'intéresse aux évolutions contemporaines du récit et à la théorie littéraire. Elle a soutenu en 2013 une thèse de littérature comparée, L'Événement dans la nouvelle contemporaine, publiée aux éditions Classiques Garnier (2018). Elle a également co-dirigé Ce que le récit ne dit pas (PUFR, 2015) et Pratiques et poétiques du chapitre du XIXe au XXIe siècle (PUR, 2017). Elle est membre du projet "Chapitre" depuis 2009.

Marc DOUGUET : Finir in medias res : peut-on appliquer les outils de la théorie dramatique au chapitrage romanesque ?
Quels rapports existe-t-il entre le découpage des pièces de théâtre en scènes et en actes (qui repose sur un critère intrinsèque au texte, les mouvements d'entrée et de sortie des personnages) et le chapitrage romanesque (où il est impossible d'établir une corrélation systématique entre les événements de la diégèse et la structure du récit) ? Il s'agira d'étudier, sur le long terme (XVIIe-XXe siècles), les pratiques de chapitrage à la lumière des pratiques de séquençage dramatique en se focalisant sur les effets de suspension qu'elles peuvent produire quand elles viennent segmenter le déroulement continu des faits : l'interruption soudaine de la narration crée un effet d'attente tout en accentuant l'importance des événements narrés juste avant la coupure (sur le modèle de la fin de la première partie du Côté de Guermantes : "Elle avait compris qu'il n'y avait pas à me cacher ce que j'avais deviné tout de suite : qu'elle venait d'avoir une petite attaque. [Deuxième partie, chapitre premier] Nous retraversâmes l'avenue Gabriel, au milieu de la foule des promeneurs"). Quels équivalents, s'il en existe, peut-on trouver à ce procédé quand l'action n'est pas narrée mais représentée sur scène ? Et que nous apprend la comparaison avec le théâtre sur le fonctionnement et les usages du chapitrage ?

Marc Douguet, maître de conférences en littérature française et humanités numériques à l'université Grenoble Alpes, travaille sur les techniques de composition et de structuration des textes, notamment dans les pièces de théâtre françaises du XVIIe siècle.
Publications
"Entrée en scène, entrée en acte", Agôn, n°5, 2013.
"L'unité de lieu comme interprétation", dans Pierre Zoberman (dir.), Interpretation in/of the Seventeenth Century, Cambridge Scholars Publishing, 2015, p. 153 168.
Avec Didier Alexandre et Frédéric Glorieux, "Graphologie de Claudel : autour de La Jeune Fille Violaine et de L'Annonce faite à Marie", RHLF, n°3, 2016.
"MAnaDram : un moteur d'analyse pour l'extraction et le repérage des motifs dramaturgiques", Revue d'historiographie du théâtre, n°4, 2017.
La Composition dramatique, Genève, Droz, Coll. "Travaux du Grand siècle", 2018 [à paraître].

Alexandre GEFEN : Deux siècles de roman français, premières explorations quantitatives
Cette communication portera sur la fouille du corpus de plusieurs centaines de romans constitué par l'ANR Chapitre : on explorera la dynamique des récits, leur modalité d'énonciation, leur vocabulaire comme l'histoire des structures et découpages narratifs à travers de méthodes de distant reading, en faisant le pari que les explorations quantitatives sont de nature à offrir un point de vue renouvelé sur l'histoire et la structure des romans.

Alexandre Gefen est directeur de recherche au CNRS (UMR Thalim/Université Paris 3 - Sorbonne nouvelle). Il est par ailleurs directeur adjoint scientifique de l'Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS chargé de l'interdisciplinarité. Fondateur de Fabula.org et critique littéraire, il travaille sur la théorie littéraire, les littératures contemporaines et les Humanités numériques.
Dernières parutions
Vies imaginaires de la littérature française, Paris, Gallimard, 2014.
Art et émotions, Armand Colin, 2015.
Inventer une vie. La fabrique littéraire de l'individu, Les Impressions Nouvelles, 2015.
Réparer le monde. La littérature française face au XXIe siècle, Corti, 2017.

Anaïs GOUDMAND : Le chapitre en bande dessinée : bilan et perspectives
L'intervention sera consacrée à l'analyse des usages du chapitre en bande dessinée et proposera un bilan des pistes de réflexion ouvertes par le colloque "Les avatars du chapitre en bande dessinée", qui s'est tenu en mai 2017 à l'université de Lausanne. Il s'agira notamment d'interroger les stratégies narratives, esthétiques et symboliques que suppose le choix d'un type de segmentation exporté du modèle littéraire. L'on s'appuiera sur des exemples tirés d'un corpus francophone et américain afin de comparer les enjeux différenciés qui émergent des pratiques éditoriales spécifiques à ces deux ères culturelles : la question du format (comic book, album, roman graphique) ainsi que celle du mode de livraison, qui déterminent un réseau de contraintes indissociables de la poétique du récit, seront au cœur de la problématique.

Anaïs Goudmand est doctorante au Centre de Recherche sur les Arts et le Langage (CRAL) de l'EHESS sous la direction de Jean-Marie Schaeffer et à l'université de Lausanne, sous la direction de Raphaël Baroni (intitulé du sujet : "Sérialité et fictionalité : pour une poétique du récit sériel") et assistante à l'École de Français Langue Étrangère de l'université de Lausanne. Elle a co-organisé avec Raphaël Baroni le colloque international "Les avatars du chapitre en bande dessinée" dans le cadre du projet ANR "Chapitres – Pratiques et poétiques du chapitre du XIXe au XXIe siècle : génétique, rhétorique de la lecture et transmédialité" (Université de Lausanne, 11-12 mai 2017).

Clémentine HOUGUE : Le chapitre à l'épreuve du collage et du montage littéraires : Dos Passos, Burroughs, Ballard
Cette intervention examinera les effets du collage et du montage littéraire sur le chapitre, à travers trois œuvres du domaine anglo-saxon : la trilogie USA de John Dos Passos (achevée en 1936), la trilogie Nova de William Burroughs, composée de The Soft Machine (1961), The Ticket That Exploded (1962) et Nova express (1964) et le roman The Atrocity Exhibition de James Graham Ballard (dans son édition augmentée de 1990). Il s'agira de comprendre comment le collage et le montage, procédés de fragmentation du texte, permettent une nouvelle mise en continuité des chapitres. On s'attardera en particulier sur la façon dont les trois auteurs utilisent ces techniques pour critiquer les médias et déjouer les artifices de la représentation. Le corpus invitera en outre à observer les évolutions de ces procédés tout au long du XXe siècle.

Docteure en Littérature comparée (CERC-Université Paris 3), Clémentine Hougue est l'auteur de Le cut-up de William Burroughs : histoire d'une révolution du langage (Les presses du réel, 2014). Elle a publié plusieurs articles sur le collage littéraire (dont "Collage pictural et collage littéraire de 1920 à 1970 : la construction d'un genre", in Genres Littéraires et Peinture, PUBP, 2015). Ses recherches portent également sur les liens entre science-fiction et politique, dans la littérature et la culture populaire.

François JOST : Peut-on utiliser la notion de chapitre pour les séries télévisées ?
La notion de chapitre peut paraître étrange s'agissant des séries télévisées. Les scénaristes lui préfèrent très généralement celle d'acte. Pour discuter la pertinence de l'une ou l'autre notion, il faut d'abord déterminer à quel paradigme se rattache le récit audiovisuel, film ou série : dramatique ou épique ? Il faut ensuite s'interroger sur les limites de l'œuvre. Les séries américaines sont aujourd'hui rarement des récits fermés. Elles ont toutes une dimension "feuilletonnante". Faut-il chercher l'équivalent du chapitre dans l'épisode ou dans la saison ? Les titres des épisodes se révèlent en dernier instance un indicateur précieux pour répondre à ces questions.

François Jost est professeur émérite à la Sorbonne Nouvelle Paris III, où il a créé le Centre d'Études sur l'Image et le Son Médiatiques (CEISME). Il est Professeur invité dans de nombreuses universités à travers le monde. Spécialiste de l'image, il a écrit ou dirigé plus d'une trentaine de livres sur le cinéma et la télévision et publié 150 articles. Il a contribué, ces dernières années, à développer en France les études théoriques sur la télévision, par la direction de numéros de revue, de colloques (Penser la télévision, Cerisy 1997), la publication de livres et par de nombreuses interventions publiques. Il est directeur de la revue Télévision, première revue francophone scientifique sur ce média publiée par CNRS éditions. Il dirige la collection "A suivre" consacrée aux séries télévisées chez Atlande. Scénariste et réalisateur, entre 1977 et 1987, il a écrit plusieurs programmes pour la télévision. Il a réalisé plusieurs films, dont l'un, La Mort du révolutionnaire, hallucinée, a reçu trois prix (Festival international du Jeune Cinéma, Hyères et Belfort, 1979). Il est aussi auteur d'un roman, Les Thermes de Stabies (MK Littérature, 1990).
Derniers ouvrages
Le Culte du banal, CNRS éditions, 2007.
Télé-réalité, Éd. Cavalier bleu, 2009.
Les Médias et nous, Bréal, 2010.
De quoi les séries américaines sont-elles le symptôme ?, CNRS éditions, 2011.
Sous le cinéma, la communication, Vrin, 2014.
Les nouveaux méchants dans les séries, Bayard, 2015.
Breaking Bad, Le Diable est dans les détails, Atlande, 2016.
Pour une éthique des médias. Les images sont aussi des actes, Éd. de L'aube, 2016.
La Méchanceté en actes à l'ère numérique, CNRS éditions, 2018.

Camille KOSKAS : Des brouillons au texte final. Jean Paulhan ou l'obsession du plan
L'examen des notes préparatoires, des plans et brouillons conservés dans les fonds Jean Paulhan à l'IMEC traduit l'importance accordée par ce dernier à la structuration minutieuse de ses textes. La construction du texte s'appuie sur une logique méthodique qui voit sections, sous-sections et autres subdivisions s'enchaîner selon un ordre rigoureux, objet par la suite de reprises et remaniements nombreux. Le titre du chapitre — ou de la section — semble constituer un des points de départ à partir duquel la réflexion se déploie : les listes de titres ou de thèmes occupent en effet une place fort importante au sein de ces documents. Le chapitre se comprend alors comme une étape orchestrée dès les balbutiements du texte, une case littéralement vide à remplir, comme le montrent les dispositifs qui préludent à l'écriture : listes de section mais aussi séries de cartes postales ornées d'un titre de chapitre que Paulhan complète ensuite et qu'il peut rebattre à loisir en fonction de l'ordre retenu pour le texte. L'intéressant pour nous est le continuum qui s'établit entre textes de nature essayistique et textes de fiction qui font l'objet du même travail de structuration rigoureuse. Peut-être faut-il lire dans cette logique de construction, à la fois ludique et rigoureuse, une clé de compréhension des récits paulhaniens dont maints observateurs ont souligné le caractère profondément hermétique.

Corentin LE DUFF : Le chapitre dans le roman Magnus de Sylvie Germain
"D'un homme à la mémoire lacunaire, longtemps plombée de mensonges puis gauchie par le temps, hantée d'incertitudes, et un jour soudainement portée à incandescence, quelle histoire peut-on écrire ?". C'est la question que se pose Sylvie Germain en ouverture de son roman Magnus, où les méandres du chapitrage fragmentaire épousent le morcellement mémoriel du héros amnésique. Véritable odyssée des temps modernes, Magnus suit le parcours d'un homme à la dérive, à la poursuite de lui-même, dans une quête d'identité qui "porte le poids implacable de l'Histoire". Il s'agira de voir comment dans ce roman le chapitrage rend à la fois compte d'une dynamique centrifuge du récit, qui souligne l'éclatement de la mémoire et du sens, et d'une dynamique centripète, qui favorise la reconstruction d'une unité de l'existence. Nous examinerons ainsi en dernière instance comment le chapitre, en tant que matrice mytho-syncrétique de la narration, parvient finalement à réconcilier ces deux mouvements en apparence antithétiques.

Corentin Le Duff étudie en parallèle à l'université Paris 3 – Sorbonne-Nouvelle et à l'ENS d'Ulm. Il écrit son mémoire de M1 sur la représentation des femmes dans les romans du Monde réel d'Aragon, sous la direction d'Aude Leblond.

Jérémy NAÏM : Le chapitre dans le recueil de nouvelles (1750-1850)
Cette communication se propose d'étudier la manière dont le chapitre investit le recueil de nouvelles, au moment où, d'après les travaux d'Ugo Dionne, la chapitration devient le dispositif de segmentation de référence de la narration. Chapitrer le recueil, en effet, ne va pas de soi. Il est plus commode pour l'auteur ou l'éditeur de distinguer les nouvelles dans la table des matières, sans avoir besoin de les numéroter. Pourquoi alors, au tournant des deux siècles, voit-on le recueil recourir de plus en plus au chapitre, à la fois pour distinguer les nouvelles entre elles et pour marquer des unités à l'intérieur des nouvelles elles-mêmes ? Comment dialogue le chapitre avec l'autre modèle de segmentation du recueil qu'est le cadre narratif, tel que visible dans le Décaméron ou Les Mille et une nuits ?

Jérémy Naïm est agrégé de Lettres modernes, docteur en langue et littérature françaises et aujourd'hui ATER à l'université d'Artois. Il est l'auteur d'une thèse sur le récit enchâssé, où il s'interroge, entre autres choses, à la segmentation des récits courts au XIXe siècle. Ses travaux actuels s'intéressent au chapitre en tant que palier textuel de la narration.

Nicholas PAIGE : Un nouveau roman chapitré au tournant du dix-neuvième siècle
Strictement parlant, le chapitrage des romans n'est nullement une nouveauté au dix-huitième siècle. Mais quantitativement, il l'est : c'est seulement après 1760 que le roman chapitré commence peu à peu à dominer la production. Cette communication vise d'abord à mettre des chiffres sur ce phénomène, et cela pour la période 1700-1830. Il s'agira tant de la France que de l'Angleterre, et tant du chapitrage tout court que de différentes sortes de chapitres utilisés (avec titres ? de quelle espèce ?). Dans un deuxième temps, j'essayerai de cerner certaines autres caractéristiques romanesques en évolution pendant ces mêmes années, avec pour but de faire le portrait statistique d'une morphologie romanesque pleinement inédite.

Nicholas Paige est professeur dans le Département de français de l'université de Californie (Berkeley). Il prépare une histoire quantitative du roman considéré comme un système de technologies distinctes en évolution permanente.
Publications
Before Fiction : The Ancien Régime of the Novel, Penn, 2011.
"Grandeur et décadence des Grecs : roman et enchâssement au dix-septième siècle", Dix-septième siècle, 2013.
"Examples, Samples, Signs : An Artifactual View of Fictionality in the French Novel, 1681-1830", New Literary History, 2017.
"The Artifactuality of Narrative Form : First-Person Novels in France, 1650-1830", Poetics Today, 2018.

Françoise REVAZ : Scansion en chapitres et scansion en feuilletons : des modes de découpage redondants ou concurrents ?
Dans cette contribution, il s'agira de prolonger ma réflexion sur la poétique du feuilleton en bandes dessinées et sur la comparaison entre son mode de production fragmenté et le dispositif chapitral de la production romanesque. Je proposerai donc l'analyse d'un exemple de la production romanesque du XIXe siècle (Les Mystères de Marseille de Zola) dans ses deux modes de parution : sa publication en volume complet chapitré et sa publication en feuilletons dans la presse quotidienne. L'objectif est de comparer les deux pratiques de découpage (chapitre vs feuilleton) afin de voir si ces dernières sont redondantes (l'empan d'un feuilleton correspond à l'empan d’un chapitre) ou concurrentes (l'empan d'un feuilleton est plus grand ou plus petit que l'empan d'un chapitre).

Françoise Revaz, professeure de linguistique française à l'université de Fribourg, spécialiste en narratologie, est l'auteure de nombreux articles et ouvrages consacrés au récit et à ses modes de découpage.
Publications
2016, "Le découpage des histoires à suivre", in Boillat A., Borel M., Oesterlé R. & Revaz F., Case, strip, action !, Infolio, 39-81 (lauréat 2017 du Prix Papiers Nickelés SoBD).
2017, "L'épisode hebdomadaire des histoires "à suivre" : une forme de chapitre minimal ?", in Colin C., Conrad T. & Leblond A. (dirs), Pratiques et poétiques du chapitre du XIXe au XXIe siècle, Presses universitaires de Rennes, 135-149.

Virginie TAHAR : Usages du chapitre dans les expérimentations narratives oulipiennes
Les expérimentations de l'Oulipo dans le cadre du récit en prose s'appuient souvent sur la division en chapitres, présentée par François Le Lionnais comme une "contrainte" majeure du genre romanesque dans le premier manifeste. Depuis la création du groupe, ces expérimentations ont porté sur différentes caractéristiques de la division en chapitres : l'écrivain peut en déterminer le nombre (La Vie mode d'emploi), la longueur (La Liseuse de Paul Fournel), l'utiliser pour répartir différents éléments selon des transferts de structure plus ou moins complexes… Cette communication propose d'établir une typologie des usages du chapitre dans les expérimentations narratives oulipiennes, tout en s'interrogeant sur leur rôle dans le processus de création et dans l'expérience de lecture qu'elles engendrent.

Virginie Tahar est doctoresse en langue et littérature françaises et PRAG de Lettres à l'université Paris-Est Marne-la-Vallée. Elle a soutenu en 2016 une thèse intitulée "La fabrique oulipienne du récit. Expérimentations et pratiques narratives depuis 1980", à paraître aux éditions Classiques Garnier. Elle a publié différents articles et chapitres d'ouvrage sur l'Oulipo et oriente ses recherches vers les interactions entre la création littéraire et le numérique.


Virginie TAHAR & Claire COLIN : Présentation du projet "Rocambolesques" : le chapitre dans les ateliers d'écriture
Le projet "Rocambolesques" se propose de faire réaliser par des élèves du secondaire et des étudiants du supérieur, avec l'aide de leurs enseignants, un roman-feuilleton collectif et numérique. Inspiré des contraintes de l'OULIPO, ce récit aux portes multiples prévoit une intrigue en arborescence, chaque épisode proposant plusieurs suites, de façon à laisser le lecteur choisir son propre parcours de lecture. Claire Colin et Virginie Tahar retraceront les principales étapes de ce projet qui doit s'achever en 2019 et présenteront les récits déjà mis en ligne. Le site "Les Rocambolesques" est consultable au lien suivant : rocambolesques.wixsite.com/roman.


"Patrimoine capitulaire", les chapitres dans les fonds de l'IMEC, avec Claire COLIN, Camille KOSKAS, Aude LEBLOND et Jérémy NAÏM
Les collections de l'IMEC conservées à l'abbaye d'Ardenne proposent un vaste fonds d'archives littéraires de l'époque contemporaine. Parmi les nombreux dossiers consultables, on peut trouver différents documents montrant comment les auteurs réfléchissent sur la segmentation de leurs œuvres en cours d'élaboration : plans de livres, parfois sous forme de carte, liste de chapitres ordonnés selon des codes de couleur, brouillons montrant au contraire une organisation chaotique jusqu'au dernier moment. Une présentation de cette exploration dans les fonds d'archives, destinée à être valorisée par un site en ligne, sera proposée afin de montrer la richesse et la variété du patrimoine capitulaire à l'IMEC.


BIBLIOGRAPHIE :

• AUBRY D., Du roman-feuilleton à la série télévisuelle. Pour une rhétorique du genre et de la sérialité, Berne, Peter Lang, Éditions scientifiques internationales, 2006.
• AUDET R., SAINT-GELAIS R. (dir.), 2007, La fiction, suites et variations, Québec/Rennes, Nota Bene/Presses Universitaires de Rennes.
• BARONI R., REVAZ F., 2016, Narrative sequence in contemporary narratology, Chicago, Ohio State Press.
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• GAUDREAULT A., MARION P., 2013, La fin du cinéma ? Un média en crise à l'ère du numérique, Paris, Armand Colin.
• GOETSCHEL P., JOST F. et TSIKOUNAS M. (dirs.), 2015, Écritures du Feuilleton, Paris, Publications de la Sorbonne, "Sociétés & représentations".
• GRISHAKOVA M., RYAN M.-L., 2011, Narratologia : Intermediality and Storytelling, Berlin, De Gruyter.
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• JOUET J., 1999, Fins, Paris, POL.
• JOUET J., 2001, Annette et l'Etna, Paris, Stock.
• JOUET J., 2001, La République de Mek-Ouyes, Vol. 1, "La République de Mek-Ouyes", Paris, POL.
• JOUET J., 2006, La République de Mek-Ouyes, Vol. 2, "Mek-Ouyes amoureux", Paris, POL.
• JOUET J., 2011, La République de Mek-Ouyes, Vol. 3, "Agatha de Mek-Ouyes", Paris, POL.
• JOUET J., 2011, La République de Mek-Ouyes, Vol. 4, "Ian Monk : la jeunesse de Mek-Ouyes", Paris, Cambourakis.
• JOUET J., 2011, La République de Mek-Ouyes, Vol. 5 (avec Zeinab Abirached), "Agatha de Beyrouth", Paris, Cambourakis.
• JOUET J., 2011, La République de Mek-Ouyes, Vol. 6, "Ágata de Medellín", Medellín, Medellín.
• JOUET J., 2011, La République de Mek-Ouyes, Vol. 7, "Agatha de Mek-Ouyes et les Messins", Nancy, Éditions Absalon.
• JOST F., 2011, De quoi les séries américaines sont-elles le symptôme ?, Paris, CNRS Éditions.
• KLEIN H., "La partie et le tout : Réflexions sur l'art et la manière de chapitrer", Espaces du texte, La Licorne, n°28, 1994.
• LAFON M.-H., 2001, Le Soir du chien, Paris, Buchet / Chastel, 2001 (réédité en 2001 par les Éditions du Seuil).
• LAFON M.-H., 2002, Liturgie, Paris, Buchet / Chastel.
• LAFON M.-H., 2005, Mo, Paris, Buchet / Chastel.
• LAFON M.-H., 2006, Organes, Paris, Buchet / Chastel.
• LAFON M.-H., 2008, La Maison Santoire, Saint-Pourçain-sur-Sioule, Bleu autour.
• LAFON M.-H., 2008, Les Derniers Indiens, Buchet/Chastel.
• LAFON M.-H., 2009, L'Annonce, Paris, Buchet / Chastel.
• LAFON M.-H., 2012, Album, Paris, Libella.
• LAFON M.-H., 2012, Gordana, Paris, Éditions du chemin de fer.
• LAFON M.-H., 2012, Les Pays, Buchet / Chastel.
• LAFON M.-H., 2013, Traversée, Paris, Créaphis.
• LAFON M.-H., 2014, Joseph, Paris, Buchet / Chastel.
• LAFON M.-H., 2015, Histoires, Paris, Buchet / Chastel.
• LAFON M.-H., 2017, Nos Vies, Paris, Buchet / Chastel.
• LETOURNEUX M., 2017, Fictions à la chaîne : littératures sérielles et culture médiatique, Paris, Seuil, Coll. "Poétique".
• MIDDEKE M., RIPPL G., & ZAPF H., 2015, Handbook of Intermediality. Literature - Image - Sound – Music, Berlin, De Gruyter, Mouton.
• MITTELL J., 2015, Complex TV : The Poetics of Contemporary Storytelling, New York, NYU Press, 2015.
• RAJEWSKI I., 2005, "Intermediality, Intertextuality, and Remediation : A Literary Perspective on Intermediality", Intermédialités, n°6.
• RYAN M.-L., 2004, Narrative across Media : The Languages of Storytelling, Lincoln, University of Nebraska Press.
• RYAN M.-L., 2006, Avatars of Story : Narrative Modes in Old and New Media, Minneapolis, University of Minnesota Press.
• RYAN M.-L., THON J.-N., 2014, Storyworlds across Media : Toward a Media-Conscious Narratology, Lincoln, University of Nebraska.
• SAINT-GELAIS R., 2011, Fictions transfuges. La transfictionnalité et ses enjeux, Paris, Seuil, Coll. "Poétique".
• THON J.-N., 2016, Transmedial Narratology and Contemporary Media Culture, Lincoln et Londres, University of Nebraska.
• WOLF W., 2011, "(Inter)mediality and the Study of Literature", CLCWeb, Comparative Literature and Culture, 13.3.


SOUTIEN :

• Unité mixte de recherche THALIM UMR CNRS (ANR Chapitres)

Programme 2018 : un des colloques

Programme complet


LOUIS ALTHUSSER : POLITIQUE, PHILOSOPHIE


DU LUNDI 25 JUIN (19 H) AU LUNDI 2 JUILLET (14 H) 2018

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Julia CHRIST, Bertrand OGILVIE

Avec le concours de François BORDES, Agnès GRIVAUX et Gildas SALMON

À l'initiative de l'École normale supérieure (ENS) et de l'Institut Mémoire de l'édition contemporaine (IMEC)


ARGUMENT :

Dans le champ de la philosophie et de la théorie, Louis Althusser a produit un type d'intervention qui a déplacé durablement certaines lignes et souligné pour longtemps certains enjeux primordiaux. Par là, son travail apparaît lui-même comme l'effet d'une certaine "surdétermination" qui a dessiné une spécifique constellation de problèmes hiérarchisés (science/théorie/politique/philosophie) et a marginalisé, pour un temps, plusieurs orientations traditionnelles (morale, éthique, justice…). Le point central est sans doute le nouage considéré comme fondamental et non négociable entre philosophie et politique.

Sans traiter de la dimension traditionnelle de l'histoire des systèmes de pensée — celle qui analyserait principalement l'économie, le contenu ou la systématicité de l'œuvre de Louis Althusser — mais en présupposant la connaissance, ce colloque interrogera une conjoncture suivant deux directions de recherche.

Tout d'abord, il s'agira de comprendre la singularité de la position d'Althusser, à la fois nationale et internationale. Singularité dans le champ de la philosophie française de son temps, qui font de lui dans les années 60, "un auteur pas comme les autres" : d'une part, avec son rapport direct/indirect à la politique, central/latéral à l'université ; d'autre part, avec la constitution d'un groupe de travail consistant dans le temps, à géométrie variable, articulé autour de certains principes ("honneur" de "ne pas céder sur") et d'objectifs (ordonnés autour de l'idée de révolution). Singularité aussi au niveau international repérable à une large audience mondiale liée au contexte de la guerre froide, atypique en France à l'époque et comparable, dans un tout autre registre, à celle de Sartre. Ensuite, s'agissant de la capacité de certaines orientations d'Althusser à éclairer le monde contemporain, on se demandera si l'on peut déterminer ses spécificités aptes à dépasser ses propres problématiques pour en ouvrir d'autres ? Et cela tant en ce qui concerne la crise du marxisme, que son renouvellement ou son dépassement.

À côté des intervenants émanant de nombreuses disciplines, ce colloque s'adresse à tous ceux qu'intéresse la pensée de ce philosophe qui a marqué son temps et ouvre des perspectives pour le monde à venir.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 25 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Mardi 26 juin
PRENDRE POSITION EN PHILOSOPHIE ? QU'EST-CE QUE LIRE, AVEC ALTHUSER ? [présentation]
Matin
Warren MONTAG : Tracer les lignes de démarcation : image ou concept ?

Après-midi
Gabriel ALBIAC : D'un lire matérialiste. Pascal et Spinoza aux sources de la lecture symptômale de Louis Althusser ?
Gildas SALMON : Les appareils idéologiques de l'État colonial : Althusser et l'Inde britannique


Mercredi 27 juin
Matin
DÉTENTE

Après-midi
"HORS LES MURS" — À L'IMEC (Abbaye d'Ardenne à Caen)
• Présentation de l'IMEC et des archives Althusser et visite de l'exposition
Perspectives de recherches, table ronde animée par François BORDES, avec Anthony CRÉZÉGUT (L'art d'écrire d'Althusser), Thomas HIPPLER et Nick NESBITT
Yann MOULIER-BOUTANG : Le rôle de l'archive dans le récit biographique
• Buffet


Jeudi 28 juin
ÉPISTÉMOLOGIE / STRUCTURALISME ? COUPURE, SCHISME [présentation]
Matin
Nick NESBITT : Le problème du "réel" capitaliste dans "L'Introduction de 1857" (Marx) et "Du Capital à la philosophie de Marx" (Althusser)
Étienne BALIBAR : Althusser et la question des déviations du marxisme

Après-midi
Emmanuel TERRAY : Althusser libérateur des sciences sociales [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Débat autour de "la crise du concept de capital", avec Étienne BALIBAR, Fabio BRUSCHI, Warren MONTAG et Nick NESBITT


Vendredi 29 juin
Matin
LA QUESTION DE L'IDÉOLOGIE (THÉORIE DU SUJET. LANGAGE ET INTERPELLATION) [présentation]
Jean MATTHYS : Les fins sans fin d'Althusser. Décalages, limites et finalité dans la pratique théorique : réflexions à partir du spinozisme althussérien
Agon HAMZA : Reconstructing Althusserian critique of ideology : from Spinoza to Hegel

Après-midi
"ANTHROPOLOGIE" ET "SOCIOLOGIE" (RAPPORT SOCIAL OU EFFET DE SOCIÉTÉ ? L'ÉTAT QUI PENSE) [présentation]
Panagiotis SOTIRIS : Comment on peut avoir des bonnes rencontres ? Idéologie, subjectivité, organisation et la question d'une nouvelle pratique politique
Riccardo FANCIULLACCI : La lecture althusserienne de Montesquieu, entre Marx et Durkheim
Julia CHRIST : Des appareils qui pensent


Samedi 30 juin
DÉTENTE


Dimanche 1er juillet
Matin
QUELLE FOLIE ! DU RÔLE DE LA FOLIE DANS LA SPÉCULATION : LOIN DES REPRÉSENTATIONS CONVENUES ET GÉNÉRALES, CERNER DES SINGULARITÉS ET DES CONJONCTURES [présentation]
Jean ALLOUCH : Penser, agir
Discutante : Agnès GRIVAUX

HISTOIRE ET MATÉRIALISME : ÉVÉNEMENT, CONJONCTURE, MATÉRIALISME ALÉATOIRE… [présentation]
Vittorio MORFINO : Relations, temporalité plurielle, matérialisme aléatoire

Après-midi
Fabio BRUSCHI : Pour une histoire des devenirs interrompus
Hervé OULC'HEN : Marxisme et structuralisme. F. Jameson lecteur d'Althusser


Lundi 2 juillet
DÉPARTS


PRÉSENTATION DES THÉMATIQUES :

PRENDRE POSITION EN PHILOSOPHIE ? QU'EST-CE QUE LIRE, AVEC ALTHUSER ?
Cette section s'intéressera à la manière dont Althusser pratiquait la philosophie. Deux postulats althussériens formeront le point de départ de nos travaux : premièrement le postulat de la lutte des classes dans la théorie : en quoi la visée de transformer le monde affecte-elle la pratique de la philosophie, dont la visée traditionnelle est de dire la vérité sur ce monde ? Deuxièmement, et en étroit lien avec cette première préoccupation d'Althusser, son postulat sur la philosophie comme discipline sans histoire : que signifie écrire l'histoire de cette discipline sans histoire propre ? En quoi l'histoire de la philosophie est une manière de prendre position ?

ÉPISTÉMOLOGIE / STRUCTURALISME ? COUPURE, SCHISME
"Prendre position" dans l'œuvre d'Althusser va de pair avec les notions de coupure, rupture, voire de schisme. La coupure épistémologique qu'aurait opérée Marx est mise en œuvre par Althusser lui-même : par rapport au marxise humaniste bien évidemment, mais aussi par rapport au structuralisme (de Lévi-Strauss notamment). Quelle est le déplacement qu'Althusser introduit dans le structuralisme ? Comment combiner structuralisme et dialectique ? Quel est son mobile politique ? Quels sont ses effets théoriques pour l'épistémologie des sciences sociales ?

LA QUESTION DE L'IDÉOLOGIE (THÉORIE DU SUJET. LANGAGE ET INTERPELLATION)
Aucun motif de la philosophie d'Althusser n’a connu une aussi importante postérité que celui de l’interpellation des individus en sujets. Le lien avec la psychanalyse se tisse ici : c'est le langage qui fait advenir le sujet. Plus précisément : le langage de l'Autre qui s'adresse au sujet, l'interpelle. Dire, pour Althusser, n'est pas seulement faire, mais "faire faire", voire "faire penser". Quels effets a cette conception du langage dans son rapport à la subjectivité pour le concept d'idéologie ? Comment penser autrement, faire autre chose, faire le pas de côté nécessaire pour l'agir politique ? Quel est le rapport entre science et politique dans cette constellation ?

"ANTHROPOLOGIE" ET "SOCIOLOGIE" (RAPPORT SOCIAL OU EFFET DE SOCIÉTÉ ? L'ÉTAT QUI PENSE)
Qu'est-ce qu'une structure qui a des effets de société ? Quel est le concept de société d'Althusser et comment se situe-t-il par rapport à la société telle que Marx la pense, à savoir comme "ensemble des rapports sociaux" ? Si les sujets ne sont que des supports (Träger) des rapports sociaux, est-il juste de parler en sociologie ou en anthropologie de rapports sociaux ? Que se passe-t-il entre les sujets ? Peuvent-ils transformer les rapports, et partant eux-mêmes comme Träger, bref, sont-ils des acteurs ? Sinon, est-ce que la seule postérité que la pensée d'Althusser peut avoir en sociologie une postérité bourdieusienne. Sa théorie de l'État semble s'opposer à cette restriction : durkheimienne d'essence, elle suscite la question de savoir qui pense quand l'État pense dans les sujets ? Que pense l'État : des fonctions ou des actions ?

QUELLE FOLIE ! DU RÔLE DE LA FOLIE DANS LA SPÉCULATION : LOIN DES REPRÉSENTATIONS CONVENUES ET GÉNÉRALES, CERNER DES SINGULARITÉS ET DES CONJONCTURES
Althusser menait une vie à l'intérieur d'institutions : l'École Normale, le Parti Communiste, l'institution psychiatrique. Sa productivité philosophique se lit comme autant d'échappées à ces cadres institutionnels, sa singularité, y compris ou plutôt dans sa folie, se situe dans ces prises de tangents par rapport à ce qui, selon lui-même, le faisait tenir. Quelle est ce rôle singulier qu'Althusser a fait jouer à sa propre folie ? Quelle conjoncture a permis à cette folie d'être productive ? En quelle mesure une folie qui voit juste lorsqu'elle transforme des questions en problèmes est-elle délirante ? Y a t-il pour le cas singulier d'Althusser un rapport entre savoir juste et institution contraignante ?

HISTOIRE ET MATÉRIALISME : ÉVÉNEMENT, CONJONCTURE, MATÉRIALISME ALÉATOIRE…
Comment penser l'histoire en structuraliste dialectique ? Une des questions centrales en ce domaine est certainement celle de savoir comment faire place à l'imprévu, comment donner droit, en pensée, d'abord et davantage aux ruptures qu'aux continuités, sans pour autant abandonner l'idée de la réalité sociale comme étant une structure de structures ? Althusser doit développer un concept inédit de "tendance historique" pour répondre à ce problème dont l'esquisse ontologique se trouve dans le concept de matérialisme aléatoire. Mais il semble que le concept clé qui lui permet de penser ensemble structure et événement est celui de surdétermination. D'autres concepts psychanalytiques serait à examiner dans ce domaine où on s'interrogera sur la question de savoir comment faire de l'histoire avec Althusser : celui de transmission, de latence, de traumatisme, de retour du refoulé. L'histoire peut-elle accueillir ces concepts ? Peut-elle lire des symptômes, du négatif, pour développer un nouveau concept de tendance historique ?


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Gabriel ALBIAC : D'un lire matérialiste. Pascal et Spinoza aux sources de la lecture symptômale de Louis Althusser ?
Au moment d'écrire les articles qui sont à l'origine de Pour Marx, quels sont les recours théoriques dont Althusser dispose pour développer la perspective matérialiste qu'il fixe dans le concept de "lecture symptômale" ? Nous essaierons de montrer que le point de départ de cette lecture devrait être cherché dans deux auteurs auxquels Althusser s'est voué depuis sa jeunesse, et dont la préoccupation majeure a été celle de se doter d'un instrument adéquat à l'interprétation de l'Écriture Sainte : Baruch Spinoza, qui mène à bout ce projet dans le texte révolutionnaire du Traité Théologico-Politique, et Blaise Pascal, dont le concept de "figure" chercherait à établir, dans les Pensées, la clé de voute du déchiffrement d'un texte codé, celui de l'Ancien Testament. À partir de cette double source, nous voudrions analyser l'essentielle nouveauté — et aussi les paradoxes — que l'application d'une telle procédure sur les textes de Marx nous amène à comprendre.

Gabriel Albiac, docteur en philosophie par la Universidad Complutense de Madrid, est professeur honoraire de philosophie à l'université Complutense de Madrid. Actuellement Professeur Émérite. Prix National de Littérature (Essaie).
Publications
Louis Althusser, cuestiones del leninismo, Madrid, Zero, 1976.
De la añoranza del poder o consolación de la filosofía, Madrid, Hiperión, 1979.
Pascal, Barcelona, Barcanova, 1981.
La sinagoga vacía, Madrid, Hiperión, 1987 (réed. Ed. Tecnos, 2013), Traduction française (La synagogue vide) aux Presses universitaires de France, Paris, 1994.
Mayo del 68. Una educación sentimental, Madrid, Temas de hoy, 1993 (réed. Ed. Confluencias, 2018).
Diccionario de adioses, Barcelona, Seix Barral, 2005.
Sumisiones voluntarias, Madrid, Ed. Tecnos, 2011.
Édition de l'Éthique de Spinoza, Madrid, ed. Tecnos, 2008.
La máquina de buscar a Dios. Blaise Pascal : una antología, Madrid, ed. Tecnos, 2013.
Édition critique des Pensées de Blaise Pascal, En presse ed. Tecnos, Madrid (2018).

Jean ALLOUCH : Penser, agir
Sans doute parce que l'acte s'obstine à se soustraire au commentaire, voire à l'analyse, et parce que l'on ne cesse là de s'interroger, deux événements marquants ont récemment revisité le geste de Louis Althusser, meurtrier d'Hélène Rytmann le 16 novembre 1980 : un écrit de Jean-Claude Milner, "Au centre du texte, un voyage", qui — l'avouerai-je ? — m'a touché, et une pièce de théâtre, L'avenir dure longtemps. Le testament d'Althusser. Avec le séminaire L'Acte analytique (1967-1968), Jacques Lacan fit valoir l'irréductibilité de l'acte à toute prise signifiante. Ce qui a rendu plus tangible et plus problématique encore cette diversité des agirs répertoriés par la psychanalyse : acte manqué, acting-out, passage à l'acte, acte psychanalytique, autant de termes auxquels on ajoutera un nouveau venu : le saut épique. On se propose de revenir sur ce 16 novembre 1980 et ce qui s'y serait joué du rapport, ou de l'absence de rapport, de l'acte à la pensée.

Jean Allouch exerce la psychanalyse à Paris. Dès 1962, il suit les séminaires de Jacques Lacan (qui fut aussi son analyste) ; après la dissolution de l'École freudienne de Paris, il contribue aux premiers pas de la revue Littoral puis à la fondation de l'École lacanienne de psychanalyse. Avec la collection "Les grands classiques de l'érotologie moderne", qu'il dirige chez Epel, il s'emploie à faire connaître en France les travaux érudits issus du champ gai et lesbien.
Publications
Lettre pour lettre (1984).
Marguerite, ou l'Aimée de Lacan (1990).
Érotique du deuil au temps de la mort sèche (1995).
Le sexe du maître (2001).
Contre l'éternité. Ogawa, Mallarmé, Lacan (2009).
L'Amour Lacan (2009).
"Prisonniers du grand Autre", L'Ingérence divine I, 2012.
"Schreber théologien", L'Ingérence divine II, 2013.
"Une femme sans au-delà", L'Ingérence divine III, 2014.
L'Autresexe (2015).
Pourquoi y a-t-il de l'excitation sexuelle plutôt que rien ? (2017).
La Scène lacanienne et son cercle magique. Des fous se soulèvent (2017).

Étienne BALIBAR : Althusser et la question des déviations du marxisme
L'exposé se concentrera sur le retournement d'attitude qui survient en 1976 dans le langage d'Althusser à propos du rapport entre la théorie et la politique, au travers notamment d'une comparaison entre "Freud" et "Marx". Pour la première fois, dans ce qu'on peut considérer comme sa véritable "autocritique" au regard de la tradition communiste dont il s'est toujours réclamé, il reconnaît le fait suivant : dans l'histoire de sciences intrinsèquement "schismatiques" comme la psychanalyse et le matérialisme historique, dont les sujets sont immanents à leur propre objet, les "déviations" inévitables ne correspondent à aucune "orthodoxie". Ce qui veut dire que leur "rectification" ne conduit à aucune vérité définitive ou simplement acquise. Cette thèse, qui retrouve implicitement une proposition de Pascal à propos des théologies de la grâce, libère définitivement du dogmatisme. Elle soulève néanmoins sur le terrain épistémologique des difficultés qu'on essayera d'expliciter et de rendre productives.

Étienne Balibar, né le 23 avril 1942 à Avallon (Yonne), professeur émérite (Philosophie politique et morale) à l'université de Paris-X Nanterre, est aujourd'hui Anniversary Chair in Modern European Philosophy, Kingston University, London.
Principales publications
1965, Lire le Capital (en collaboration avec L. Althusser, P. Macherey, J. Rancière, R. Establet), Éditions François Maspéro.
1985, Spinoza et la politique, PUF.
1988, Race, Nation, Classe. Les identités ambiguës (en collaboration avec I. Wallerstein), Éditions La Découverte.
1997, La crainte des masses. Politique et philosophie avant et après Marx, Éditions Galilée.
1998, Droit de cité. Culture et politique en démocratie, Éditions de l'Aube (réédition 2002, PUF).
2001, Nous, citoyens d'Europe ? Les frontières, l'État, le peuple, Éditions La Découverte.
2010, Violence et Civilité, Éditions Galilée.
2010, La proposition de l'égaliberté. Essais politiques 1989-2009, PUF.
2011, Citoyen-Sujet et autres essais d'anthropologie philosophique, PUF.
2012, Saeculum. Culture, religion, idéologie, Galilée.
2016, Europe, crise et fin ?, Le Bord de l'Eau.
2016, Des Universels, Éditions Galilée.

Fabio BRUSCHI : Pour une histoire des devenirs interrompus
Selon Althusser, les modes de production n'existent qu'en étant surdéterminés par leurs conditions d'existence dans une formation sociale donnée. Dans notre communication, nous montrerons que cette idée conduit Althusser à développer le concept de sous-détermination pour rendre compte du "devenir interrompu" des modes de production n'ayant pas franchi le "seuil de détermination" qui leur aurait permis de durer. Nous soutiendrons ainsi que la théorie althussérienne de la révolution comme production d'une "unité de rupture" dans la formation sociale est accompagnée par une théorie souterraine de la transition comme réunion — avant et après la révolution — des conditions d'existence d'un mode de production dont le devenir est entravé par les conditions existantes.

Fabio Bruschi est chargé de cours à l'université catholique de Louvain, où il a soutenu en 2017 une thèse sur la pensée de Louis Althusser. Membre du Groupe de Recherches Matérialistes, il a publié plusieurs articles et deux numéros thématiques de revue (Cahiers du GRM, 7/8, 2015) consacrées au marxisme althussérien et ses héritages contemporains.

Riccardo FANCIULLACCI : La lecture althussérienne de Montesquieu, entre Marx et Durkheim
En analysant la pensée de Montesquieu, Althusser examine pour la première fois dans son œuvre l'enchevêtrement entre le travail théorique-philosophique et le parti pris politique-idéologique, sur lequel il reviendra ensuite dans Lénine et la philosophie. Cet enchevêtrement caractérise la lecture althussérienne elle-même de L'esprit des lois, qui se développe dans un corps à corps tacite avec la lecture élaborée par Durkheim dans sa thèse latine. L'enjeu de cette confrontation est le suivant : quel savoir hérite de la révolution scientifique inaugurée par Montesquieu et l'achève véritablement ? S'agit-il de la sociologie ou plutôt du matérialisme historique ? Bien qu'Althusser défende la deuxième thèse, l'on voudrait montrer que le passage par Durkheim a eu des effets importants sur ses recherches, notamment au moment où Althusser a arraché la conception matérialiste de la formation sociale à l'économicisme, sans toutefois revenir au concept hégélien de totalité expressive.

Riccardo Fanciullacci (Université de Venise) a été chercheur postdoctoral à l'université Ca'Foscari de Venise et il a enseigné à l'université de Vérone dans le cadre du Master "Consulenza filosofica di trasformazione". Il prépare un livre sur Althusser et Montesquieu.
Publications
Forme dell'agire. Ontologia sociale, conflitto e ideologia in un confronto con Louis Althusser, Napoli, 2012.
La misura del vero. Un confronto con l'epistemologia contemporanea sulla natura del sapere e la pretesa di verità, Napoli, 2012.
L'esperienza etica. Per una filosofia delle cose umane, Napoli, 2012.

Jean MATTHYS
Jean Matthys est doctorant en philosophie, titulaire d'un mandat "Aspirant" du Fonds de la Recherche Scientifique (FNRS). Rattaché au Centre de Philosophie du Droit et à l'Institut Supérieur de Philosophie de l'université catholique de Louvain (Belgique), il est également membre du Groupe de Recherches Matérialistes. Ses recherches portent sur les réceptions françaises de Spinoza en lien avec les théories politiques marxistes au XXe siècle.
Publications
"Notes sur un communisme de la finitude. Hommage à André Tosel", Cahiers du GRM, n°11, 2017 [mis en ligne le 19 décembre 2017].
"L'autre de la science. Finitude et altérité chez Althusser", Interpretationes. Studia Philosophica Europeanea, Vol. VI, n°1-2, Prague, 2016, pp. 133-153.
""Dans le principe, les idées vraies servent toujours le peuple". Science et émancipation chez Althusser", Cahiers du GRM, n°7, 2015 [mis en ligne le 5 juin 2015].

Vittorio MORFINO : Relations, temporalité plurielle, matérialisme aléatoire
L'intervention prendra en considération les derniers écrits des années quatre-vingt sur le matérialisme aléatoire pour en mesurer la compatibilité avec les grand textes des années soixante et, en particulier, avec la théorie de la nature constitutive des relations et de la temporalité plurielle. On cherchera à montrer qu'il y a, dans ceux des années quatre-vingt, sinon la coprésence de deux philosophies de l'aléatoire, du moins deux tendances différentes : la première, déjà présente dans plusieurs notes ou manuscrits des cours des années soixante et du début des années soixante-dix, non seulement compatible, mais nécessaire au développement de la théorisation de la nature constitutive des relations et de la temporalité plurielle, que l'on appellera tendance matérialiste ; la deuxième, en discontinuité avec l'élaboration précédente par voie de simplification, on la nommera tendance eschatologique.

Vittorio Morfino est professeur associé en Histoire de la philosophie à l'Università degli Studi di Milano-Bicocca et directeur de programme au Collège international de philosophie. Il a été professeur invité à l'Universidade de São Paulo, à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, à l'université Bordeaux-Montaigne et à l'Universidad Nacional de Cordoba. Il est rédacteur de Quaderni materialisti et de Décalages. An Althusserian Journal.
Publications
Le temps de la multitude, Amsterdam, 2010.
Le temps et l'occasion : la rencontre Spinoza-Machiavel, Garnier, 2012.
Plural temporality : transindividuality and the Aleatory between Spinoza and Althusser, Brill, 2014.
Genealogia di un pregiudizio : L'immagine di Spinoza in Germania da Leibniz a Marx, Olms, 2016.

Nick NESBITT : Le problème du "réel" capitaliste dans "L'Introduction de 1857" (Marx) et "Du Capital à la philosophie de Marx "(Althusser)
Si, dans son texte de 1965, Althusser souligne l'importance fondamentale du concept de "reproduction du concret" dans l'objet-pensé (Gedankenkonkretum), son argument semble retomber dans un modèle classique du rapport sujet-objet quand, pour conclure, il parle de "l'appropriation de l'objet réel". Comment donc penser le réel capitaliste, au-delà de tout empirisme pré-critique ? Selon Lacan et Badiou, le réel serait l'impasse ou l'impossibilité de toute formalisation. Pour le capital, ce réel est de toute évidence la vie, catégorie qui résiste à toute formalisation, tout en constituant la "substance" nécessaire de la survaleur. Ce réel capitaliste est ce qui ne se compte pas, ni en nombres d'heures de travail socialement nécessaires (Postone), ni même en forme de prix (Heinrich, Bellofiore). Mais à l'encontre de Michel Henry (Marx, 1976), pour qui "la vie" serait le fond réel préalable à tout processus de valorisation, il faut réaffirmer avec Althusser et Balibar que, sous le capitalisme, on ne "vit" pas, qu'on est plutôt assujetti au "sujet automate" et à l'obligation catégorielle de valorisation (Jappe). "La vie" est donc cet horizon postérieur à l'événement millénaire que nous subissons actuellement depuis le tournant du siècle, événement encore obscur, qui est l'effondrement de la valorisation du fait de l'automatisation générale de tout processus de production, matériel et immatériel. Ainsi, pour "vivre", pour déployer une politique adéquate à cette actualité, il faut tenter de "s'incorporer aux conséquences" (Badiou, LM 530) de cet événement qui est la crise mortelle de la valorisation du "sujet automate". Le réel du capital est cette impasse ou impossibilité de la valorisation, impasse que nous entrevoyons dans cette disposition entrecroisée d'Althusser, de Lacan, de Badiou, de Marx.

Panagiotis SOTIRIS : Comment on peut avoir des bonnes rencontres ? Idéologie, subjectivité, organisation : la question d'une nouvelle pratique politique
Un des plus importants aspects de l'œuvre de Louis Althusser est l'insistance qu'il porte à une nouvelle pratique politique pour le communisme. Cette intervention se propose d'interroger cette conception à partir, d'une part, des recherches d'Althusser sur l'idéologie et de la manière dont elles peuvent aider à formuler une conception non-subjectiviste de la "subjectivité politique", et, d'autre part, de la centralité de la notion de rencontre afin de repenser la politique pour le communisme comme une intervention et une pensée collectives pour de bonnes rencontres.

Panagiotis Sotiris, docteur en philosophie (Université Panteion, 1999), a enseigné la philosophie politique et sociale dans diverses universités grecques (Université de Crète, Université d'Égée, Université Panteion). Actuellement, il enseigne la philosophie Européenne à l'université ouverte Hellénique. Il est membre du comité éditorial de Historical Materialism Journal. Son livre A Philosophy for Communism. Rethinking Althusser, va paraitre chez l'éditeur Brill dans la série "Historical Materialism".

Emmanuel TERRAY : Althusser libérateur des sciences sociales
En récusant la notion de totalité expressive, en écartant toute spéculation sur l'origine, en introduisant le concept de tout-complexe-déjà-donné-à dominante, Althusser libère les sciences sociales du carcan où les avait enfermées le marxisme "orthodoxe".

Né en 1935, Emmanuel Terray a fait des études de philosophie sous la direction de Louis Althusser à l'ENS. Travaux d'anthropologie au Sénégal, en Côte d'Ivoire et en Allemagne.
Dernière publication
Mes Anges gardiens, Seuil, 2017.


SOUTIENS :

• Institut universitaire de France (IUF)
• Institut Marcel Mauss (IMM) | EHESS
• ANR ReMouS (Religions monothéistes et mouvements sociaux d'émancipation)
• École normale supérieure (ENS)
• Université de Princeton

Programme 2018 : un des colloques

Programme complet


L'ART PALÉOLITHIQUE AU RISQUE DU SENS


DU VENDREDI 15 JUIN (19 H) AU VENDREDI 22 JUIN (14 H) 2018

[ colloque de 7 jours ]



DIRECTION :

Marc AVELOT, Jean-Paul JOUARY


ARGUMENT :

Depuis plus d'un siècle, au rythme des découvertes successives, les œuvres paléolithiques de portée artistique ne cessent de proposer leur énigme : que sont-elles ? qui les a produites ? à qui étaient-elles destinées ? Tenter de répondre à ces questions peut paraître risqué et c'est néanmoins ce risque que souhaite, en premier lieu, prendre ce colloque en conviant les meilleurs spécialistes à faire hardiment le point sur leurs hypothèses.

Fort de la conviction que la diversité des approches constitue la richesse même de la réflexion autour de l'art paléolithique, le but de ce colloque n'est pas de mettre en scène les oppositions existantes ou d'exacerber les contradictions. Il s'agira plutôt, en développant et en discutant de manière ouverte toutes les démarches et conceptions, d'en explorer toutes les potentialités et toutes les complémentarités.

Parallèlement aux conférences prendront place de nombreuses performances originales : une exposition photographique de l'artiste Claire Artemyz, une "carte blanche" donnée le soir à des personnalités différentes pour nous parler de leur passion pour l'art pariétal.

Bénéficiant du parrainage scientifique d'Yves Coppens, ce colloque promet déjà d'être un véritable événement.


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 15 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, des colloques et des participants


Samedi 16 juin
INTERPRÉTER
Matin
Geneviève PINÇON : L'art paléolithique : de l'analyse de l'image à l'interprétation [texte lu par Marc AVELOT]

Après-midi
Filmer les grottes
Présentation par Jacques WILLEMONT de Lascaux au-delà des images

Conférence-Vernissage de l'exposition "Des Corps et des Visages" réalisée par Claire ARTEMYZ

Soirée
Projection du film La grotte des rêves perdus de Werner Herzog


Dimanche 17 juin
PENSER
Matin
Emmanuel ANATI : Les racines conceptuelles de l'art figuratif

Après-midi
Amélie BALAZUT : L'amont animal de l'histoire
François WARIN : Première main

Soirée
"Carte blanche à…"
Michel JULLIEN : Notes d'un souterrain


Lundi 18 juin
CROIRE
Matin
François SACCO : Le sensible. À la recherche du sens perdu des arts préhistoriques
Yves HERRY : Une approche raisonnée et raisonnable de l'art pariétal

Après-midi
Camille BOURDIER : Des images et des lieux : la réception de l'art pariétal paléolithique européen [visioconférence]
Chantal JÈGUES-WOLKIEWIEZ : Leur auberge était à la Grande Ourse… [texte lu par Marc AVELOT]

Soirée
Paleoratorio
Concert-conférence de Mirtha POZZI et Pablo CUECO


Mardi 19 juin
SITUER
Matin
Éric ROBERT : Des arts en grottes : pluralité des expressions graphiques au Paléolithique supérieur en Europe

Après-midi
DÉTENTE


Mercredi 20 juin
CRÉER
Matin
Marc AVELOT : Le double-jeu de l'art paléolithique
Renaud EGO : Ce qu'ouvre le contour

Après-midi
Rémi LABRUSSE : L'art moderne est-il une fabrique de la préhistoire ?
François JEUNE : L'art contemporain au risque de l'interprétation par l'art contemporain

Soirée
"Carte blanche aux… Artistes"
Art pariétal et art contemporain


Jeudi 21 juin
CONJOINDRE
Matin
Stéphane PETROGNANI : À l'épreuve du fait archéologique : stylistique et statistiques
Emmanuel GUY : Un art au service d'un élite ? [enregistrement audio en ligne sur La forge numérique de la MRSH de l'université de Caen Normandie et sur le site Radio France, rubrique France Culture]

Après-midi
Jean-Paul JOUARY : Futur antérieur (art contemporain et art paléolithique)
Jean-Paul JOUARY : Articuler les contradictions
Santiago ESPINOSA : Faut-il trouver un sens à l'art paléolithique ?

Soirée
Lecture
"À vous qui avant nous vivez", par Nathalie LÉGER-CRESSON


Vendredi 22 juin
SYNTHÉTISER
Matin
Marc AVELOT & Jean-Paul JOUARY : Bilan et perspectives

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Amélie BALAZUT : L'amont animal de l'histoire
L'élan qui porta les hommes du Paléolithique à s'enfoncer dans l'univers abyssal des grottes pour y réaliser d'innombrables figures animales répond à un besoin nécessaire en l'homme de retrouver des états affectifs primordiaux, ceux de leur interdépendance avec le monde animal. Quand l'animal n'était pas encore inférieur et pouvait exprimer la plus familière et la plus menaçante proximité du mystère. Un retournement réflexe, loin en amont de l'humanité, vers l'animalité antérieure, à partir de laquelle l'homme parvient à se retourner sur lui-même et par là même à imaginer l'irreprésentabilité de sa propre antériorité. Cette antériorité pure et invisible est celle à laquelle chacun de nous est conduit lorsqu'il pénètre pour la première fois dans une caverne paléolithique : celle de sa propre profondeur que l'animal ouvre devant lui et qu'il reconnaît puisque c'est la sienne, et par l'intermédiaire de laquelle s'ouvre celle plus originelle encore de l'insubordination matérielle du fond chaotique, éternel et matriciel d'où tout provient et à quoi tout retourne. Comme l'écrit Pascal Quignard, "un homme qui pénètre dans une caverne paléolithique, alors que c'est la première fois, la reconnaît. Il revient" (Abîmes). Cette première fois est sa première fois tout court, celle d'avant sa propre naissance, comme d'avant la naissance de tout être. Toutes ces bêtes, dont la silhouette est peinte sur les parois, ne sont pas celles qui étaient là auprès d'eux, au quotidien. C'était les modèles, les aïeux, les hommes d'avant, qui semblent bien plutôt avoir produit sur ces hommes du Paléolithique une forme d'hallucination de leur propre animalité. L'animal chassé, proie du prédateur que nous étions et que nous sommes toujours, est ainsi halluciné non pour sa seule dimension nutritive et vitale, mais pour la faim plus grande qu'il ouvre en nous, qu'il incarne : celle de notre antériorité, de notre propre animalité.

Amélie Balazut est Docteur en arts plastiques, sciences de l'art. Auteur d'un livre Portrait de l'homme en animal, PUP (préface de J.L. Nancy), et de plusieurs articles et actes de colloque ayant pour sujet la représentation de la duplicité homme/animal dans l'art, des origines à nos jours : Survivance de l'auto présentation des formes vivantes dans l'art paléolithique (PUP), Parés du prestige de la bête, les artistes chamanes du XXe siècle (revue Figure de l'art), De Chauvet à Barceló, survivance intempestive de l'art (PUR à paraître), et L'animal, figure anamorphosique de l'homme, Actes du congrès international IFRAO, sous la direction de Jean Clottes. Dernièrement, contribution au Dictionnaire sauvage Pascal Quignard, pour les entrées Chamanisme et Paléolithique, aux éditions Hermann.

Camille BOURDIER : Des images et des lieux : la réception de l'art pariétal paléolithique européen
En tant qu'expression graphique sur paroi rocheuse par définition immobile, l'art pariétal ou rupestre entretient un lien essentiel avec le lieu qui le reçoit. Si la portée signifiante du lieu peut précéder l'acte graphique et l'impulser, en retour la production graphique vient révéler, ancrer et pérenniser visuellement cette dimension. En attribuant une charge mémorielle à ces lieux, ou en la renforçant, elle participe plus largement à un processus d'anthropisation du paysage par lequel les populations s'inscrivent dans et se lient à leur environnement. Oscillant entre plein air et tréfonds, la variété des sites d'art pariétal ou rupestre du Paléolithique européen, des paysages dans lesquels ils s'intègrent, de leurs topographies internes et enfin des emplacements qui furent sélectionnés à l'intérieur, interroge quant au public destinataire de ces images. Considérant cette production graphique primordialement comme un vecteur d'information entre un créateur et un destinataire, les différents contextes de réception de ces images questionnent sur une probable diversité fonctionnelle des sites ornés, et au-delà sur une potentielle pluralité symbolique de cet art pariétal.

Camille Bourdier est maître de conférences en arts préhistoriques à l'université Toulouse Jean Jaurès et rattachée au laboratoire de recherches TRACES. Spécialiste d'art pariétal paléolithique européen ayant particulièrement travaillé sur les abris-sous-roche ornés, elle dirige actuellement un programme de recherches sur l'art rupestre des chasseurs-collecteurs d'Afrique australe (massif des Matobo, Zimbabwe).

Emmanuel GUY : Un art au service d'un élite ?
On s'est peu interrogé sur l'origine du naturalisme des figurations paléolithiques. Pourquoi ce goût millénaire pour l'imitation si rare, pour ne pas dire unique, dans les sociétés de chasse et de cueillette ? La question se pose d'autant plus que le parti pris de représenter aussi fidèlement le réel — même limité aux espèces animales — a exigé le développement de connaissances artistiques tout à fait exceptionnelles. Les peintures de Chauvet, de Lascaux ou de Niaux supposent à l'évidence un long apprentissage du dessin, complété par un entraînement et des exercices réguliers. Cette maîtrise artistique suggère une certaine répartition des activités et, à travers elle, une forme de segmentation sociale. Faut-il y voir le signe d'une hiérarchisation de la société ? L'art aurait-il servi les intérêts d'une classe dominante ? Ces hypothèses s'opposent au modèle égalitaire habituellement défendu par l'archéologie. Elles permettent pourtant, comme nous allons le voir, d'expliquer de nombreux faits restés à ce jour sans réponse.

Emmanuel Guy est historien de l'art paléolithique et docteur en Préhistoire (Paris I).
Publications
Préhistoire du sentiment artistique, l'invention du style il y a 20 000 ans, Les presses du réel, 2011.
Ce que l'art préhistorique dit de nos origines, Flammarion, 2017.

Rémi LABRUSSE : L'art moderne est-il une fabrique de la préhistoire ?
On met souvent en valeur la résonnance de l'idée de préhistoire dans la création artistique moderne, entre la fin du XIXe siècle et aujourd'hui. Mais cette influence — terme au reste inadéquat — est croisée : ce n'est pas seulement l'art moderne qui a été transformé par le surgissement de l'idée de préhistoire ; c'est aussi notre idée de la préhistoire qui a été informée, modelée par la création artistique, lorsqu'elle a pris en charge cette idée et se l'est appropriée. Par bien des aspects, la préhistoire telle que nous l'imaginons aujourd'hui est un produit de l'art moderne. Il reste à savoir dans quelle mesure, selon quelles voies et pour quels résultats. Pour ce faire, on insistera surtout sur les premières rencontres entre création artistique et idée de la préhistoire, des années 1870 à la Seconde Guerre mondiale.

Rémi Labrusse est professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-Nanterre. Il prépare, avec Cécile Debray et Maria Stavrinaki, une exposition consacrée aux rapports entre l'art moderne et l'idée de préhistoire, qui se tiendra au Centre Georges Pompidou en 2019. Sur ce thème, il a notamment co-dirigé avec Maria Stavrinaki un numéro spécial des Cahiers du Musée national d'art moderne en 2014.

Éric ROBERT : Des arts en grottes : pluralité des expressions graphiques au Paléolithique supérieur en Europe
Près de 400 grottes ornées sont aujourd'hui recensées en Europe pour la période du Paléolithique supérieur (40 000-15 000 cal. BP). Elles constituent un ensemble à la fois remarquable et singulier parmi les arts rupestres dans le monde. Le choix d'exploiter le milieu souterrain pour y réaliser peintures, gravures et parfois sculptures, est tout sauf anodin. Au sein des galeries et sur les parois de ces grottes apparaissent ainsi des architectures remarquables par leur complexité et leur diversité, selon les façons dont se répartissent les signes, animaux et représentations humaines. Exploitant volumes et reliefs naturels, les groupes du Paléolithique ont laissé des traces de leurs pensées, reflets de leurs cultures, au travers d'une expression graphique qui donne tout son sens à la caverne participante qu'avait identifiée André Leroi-Gourhan. Les architectures souterraines mettent en lumière une pluralité de "manières de dire" à travers les territoires européens, loin de l'uniformité dans laquelle ces productions graphiques se retrouvent souvent enfermées.

Maitre de conférences au Museum national d'Histoire naturelle, Éric Robert est archéologue, préhistorien, spécialisé dans l'étude des comportements symboliques. Ses travaux portent avant tout sur les structures des expressions graphiques en contexte souterrain, au Paléolithique supérieur en Europe. Responsable du programme études de la grotte du Mammouth (Dordogne), il est également membre de projets collectifs de recherches sur l'archéologie des sites ornés, sur les arts rupestres du Bassin parisien ou encore sur les peuplements préhistoriques dans le Bassin du Pantanal (Brésil).
Publications
SACCO F., ROBERT E. (dir.), 2016, L'Origine des représentations. Regards croisés sur l'art préhistorique, Ed. Ithaque, 21 contributions, 288 pages.
ROBERT E., 2016, "The role of the cave in the expression of prehistoric societies", in Quaternary International, Vol 432-B, 8 March 2017, pp.59–65.
ROBERT E., PETROGNANI S., LESVIGNES E., 2016, "Applications of digital photography in the study of Paleolithic cave art", in Journal of Archaeological Science : Reports, pp. 847-858, 17 fig.
ROBERT E., 2015, "Expression individuelle, expression collective : confrontation des motifs du Paléolithique supérieur", in MEDINA-ALCAIDE M.A., ROMERO A.J., RUIZ MARQUEZ R.M., SANCHIDRIAN J.L., Sobre rocas y huesos : manifestaciones plâsticas de las sociedades prehistoricas, pp. 97-115, 8 fig.

François SACCO : Le sensible. À la recherche du sens perdu des arts préhistoriques
La préhistoire et la psychanalyse se constituent en tant que disciplines scientifiques au XIXe siècle, siècle où on ne croit presque plus que le temps humain se répartit avant et après le Déluge. L'homme est remis au travail pour créer une nouvelle généalogie, plus conforme à ses nouvelles connaissances traçant des chemins à parcourir, qui, à la fois, modèlent l'héritage reçu et préparent l'avenir. La préhistoire et la psychanalyse sont deux démarches qui ont en commun une même tache : découvrir et assembler par des déplacements attentifs et successifs des éléments épars trouvés pour faire surgir une figure ou encore mieux pour la rendre intelligible, démarches reconstructives en termes de structure, comme l'observera Leroi-Gourhan pour la préhistoire. Cependant l'objet du travail du psychanalyste n'est pas l'observation de l'objet mais sa représentation : entre les deux démarches, l'apparition d'un écart constitue l'espace inépuisable de sens. Alors, dans cette communication, il ne s'agira pas de rechercher un nouvel archétype ni de faire une reconstruction historique mais de penser un tout de symbolisation, pleinement humain, au plus profond de nous-mêmes.

Publications
François Sacco, Éric Robert (dir.), L'Origine des représentations. Regards croisés sur l'art préhistorique, Éditions d'Ithaque, 2016.
François Sacco, "La Préhistoire, aujourd'hui", Revue française de psychanalyse, LXVII, 2003, p. 575-588.
François Sacco, "La quête de la forme", Cahiers de psychologie clinique, 2003/1, 20, p. 111-124.
François Sacco, "Question de style : face et profil", in Sacco F., Sauvet G. (dir.), Le Propre de l'homme. Psychanalyse et Préhistoire, Lausanne, Delachaux et Niestlé, 1998.
François Sacco, "La grotte ornée ou l'obscurité revisitée", in Fine A., Perron R., Sacco F. (dir.), Psychanalyse et Préhistoire, Monographies de la RFP, Paris, Puf, p. 55-70.

François WARIN : Première main
La philosophie aurait-elle quelque chose à dire de l'art des grottes ornées du paléolithique ? Le motif symboliquement très chargé de "la caverne" nous impose d'abord d'explorer les réquisits de ce vieil imaginaire, au risque de nous égarer dans un labyrinthe où l'on risque de perdre le sens et la raison. La découverte de la grotte Chauvet n'a-t-elle pas, d'ailleurs, définitivement prononcé l'arrêt de mort, l'interruption ou la suspension (épochè) du sens et de la pensée du progrès à laquelle notre civilisation, hier encore, toute entière adhérait ? Celle-ci aura été ainsi retournée comme un gant. "Premières mains", l'intitulé de cette intervention enveloppe en effet un paradoxe : ces "premières" mains ne sont pas tâtonnantes ou enfantines, elles sont "mains de maîtres" et font œuvres parfaitement abouties. Effets d'une mimèsis répondant de surcroît à un canon immuable, ces œuvres ont porté à l'achèvement les formes latentes dont la caverne était grosse. Mais ces "premières mains" ce sont aussi ces mains positives et négatives qui, à l'entrée des grottes, nous introduisent dans l'empire des signes et nous obligent à nous interroger sur un art né sous le signe de Narcisse et du Minotaure. Dans l'obscurité ténébreuse des cavernes, on le voit, c'est encore le sublime qui reste le trope fondamental qui nous permet d'approcher les cultures primitives et préhistoriques. Leur involution, disait Schelling, leur puissant retrait dans la crypte d'une nature aveugle et sombre ne peut que nous dérober leur sens et leur secret. C'est pourquoi peut-être de telles œuvres premières, en tous les sens du terme, resplendissent avec force, émouvant d'autant plus nos sens qu'elles s'enlèvent sur la réserve d'une nuit inépuisablement nourricière.

Agrégé et docteur en philosophie, François Warin a enseigné dans des universités étrangères, au Brésil et en Afrique subsaharienne. Il est l'auteur de Nietzsche et Bataille. La parodie à l'infini (Puf. 1994) et de textes sur Montaigne (Actes-Sud 2001), sur l'esthétique et notamment sur l'esthétique des arts premiers (Ellipses, 2000, 2006, Laffond, 2010) ainsi que d'articles concernant des questions de société et des questions géopolitiques. Il a participé à des activités (au Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon) à Quinson, village où il habite.


EXPOSITION :

"Des Corps et des Visages", par Claire ARTEMYZ

Exposition de photographies, réalisées à partir des objets originaux conservés dans les Collections des Musées
Ses photographies ont été réalisées à partir des originaux dans les collections du Musée des Confluences de Lyon, du Musée de l'Homme à Paris, du Musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, et du Centre Européen de Recherches Préhistoriques de Tautavel, ainsi que de l'Institut de Paléontologie Humaine à Paris et à la MAE de l'université de Nanterre, depuis 2009 jusqu'à aujourd'hui. Elles ont fait l'objet de plusieurs expositions dans des Musées et de présentations lors de colloques internationaux au British Museum et à Tautavel.

La recherche artistique de Claire Artemyz se développe à partir d'une interrogation sur l'identité humaine, ce qui l'a amenée à explorer l'univers de la Préhistoire, depuis 2009, en s'éloignant volontairement du côté documentaire classique. Une grande partie de sa démarche porte sur les crânes en tant qu'enveloppe du cerveau, cet organe à l'origine de notre spécificité. Ses photographies montrent des images inhabituelles, allant parfois jusqu'à l'abstraction.
Claire Artemyz cherche à convoquer les émotions que suscite en nous le face à face avec ces objets du passé, fabriqués par les Préhistoriques, en les mettant en scène, par la lumière et le cadrage, sans aucune intervention après la prise de vue.
Au Paléolithique supérieur, on a sculpté et gravé, pas seulement sur les parois des grottes. À l'opposé du réalisme des représentations animales, les figurations humaines prennent leurs distances avec la réalité anatomique. S'agit-il là d'un témoin de pratiques rituelles ?
artemyz.com
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