Programme 2023 : un des colloques

Programme complet


L'ÉCRITURE DU MALAISE


DU VENDREDI 16 JUIN (19 H) AU JEUDI 22 JUIN (14 H) 2023

[ colloque de 6 jours ]



ARGUMENT :

Comment de nos jours rester freudiens dans notre réflexion sur les maux de la civilisation ? Seule aujourd'hui une écriture reliée à celle de Freud — mais sous quelle forme ? — nous permettrait-elle de questionner le système de pensées, étayé sur le langage de l'histoire, qui nous permet de penser ? Et d'interroger dans le même mouvement ce qui dans l'état actuel de la culture, et donc de la psychanalyse, nous empêche de penser ?

Mais alors qu'en est-il lorsque l'écriture prend le malaise pour motif ? Comment le malaise dans la culture est-il articulé au malaise dans la cure ? Et en quoi cela viendrait-il spécifier l'écriture de l'analyste, par rapport à celle de l'écrivain ?

Des analystes seront ainsi conviés à partager les questions de l'écriture quand celles-ci sont envisagées sous l'angle du travail de culture — comme possible transformation de la destructivité et de l'auto-destructivité — et de ses empêchements. Différentes figures du malaise contemporain seront ainsi abordées, notamment : dans l'identité (du sexe au genre), dans l'emprise du virtuel sur l'intime, la parole et les liens, dans la formation analytique, dans le transfert et son écriture…

Ce colloque constitue le prolongement d'un séminaire animé par Jean-François Chiantaretto (Quatrième Groupe) et Jean-Michel Hirt (Association Psychanalytique de France). Il s'adresse à tous les cliniciens pour lesquels l'état actuel de la société contemporaine vient questionner la psychanalyse, ainsi qu'à toute personne intéressée par le sujet traité.


MOTS-CLÉS :

Amour, (Auto-)destructivité, Civilisation, Dette, Douleur, Formation analytique, Interlocution interne, Intime, Langage, Pensée, Perte, Renoncement pulsionnel, Réalité spirituelle, Symptôme, Trace, Transfert, Transmission, Trauma, Travail de culture, Vérité, Virtuel


CALENDRIER DÉFINITIF :

Vendredi 16 juin
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Samedi 17 juin
Matin
Brigitte DOLLÉ-MONGLOND : La psychanalyse au temps du court-circuit de la pensée
Ellen CORIN : L'échappée du regard

Après-midi
Ghyslain LÉVY : Au-delà du Malaise, des liens sans sujet
Janine FILLOUX : Malaise dans l'offre et la demande de psychanalyse [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]

Table ronde avec Adam PRIGENT : Malaise d'un monde, malaise d'une illusion ?


Dimanche 18 juin
Matin
Sylvie SESÉ-LÉGER : Einfluss et l'écriture du transfert
Jean-Michel HIRT : Le mal du pays

Après-midi
Jean-François SOLAL : Écrire de soi à soi, une navette analytique
Catherine MATHA : Clinique du malaise

Soirée
Gilles BIBEAU : L'utopie, le meilleur ennemi de l'empire


Lundi 19 juin
Matin
Pierrette LAURENT : De la croyance à la pensée : de la nécessité d'un fond
Catherine HERBERT : Des naufragés au temps du malaise

Après-midi
DÉTENTE


Mardi 20 juin
Matin
Monique LAURET : Le malaise dans l'identité contemporaine : la question trans
Dominique GEAY : Des retrouvailles de la trace et des difficultés d'y dire oui

Après-midi
Ana de STAAL : "Je défierai les insultes du ciel" : Masud Khan, entre le mal et les mots
Martine MIKOLAJCZYK : Ceux qui restent, ce qu'il reste

Soirée
Cinéma


Mercredi 21 juin
Matin
Jean-François CHIANTARETTO : L'altération de l'intime, l'altérité dans l'intime
Olivia TODISCO : Écrire l'érotisme ?

Après-midi
Janine ALTOUNIAN : Le malaise des héritiers de survivants qui se sentent à la fois contraints et empêchés d'écrire
Houria ABDELOUAHED : Viol de femmes en temps de guerre

Table ronde avec Nicolas EVZONAS : Folie transférentielle ou la transfiguration par l'écriture : transition de genre, supervision et perlaboration


Jeudi 22 juin
Matin
Bilan et perspectives

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Houria ABDELOUAHED : Viol de femmes en temps de guerre
La guerre civile, vers laquelle a rapidement évolué le soulèvement en Syrie né dans le sillage du Printemps arabe, a contribué au développement et à l'ancrage de Daesh. Celui-ci restera dans l'histoire et la mémoire collective comme l'exemple d'une sauvagerie brute qui invite à réfléchir sur la pulsion d'agression et "les encombrants cadavres" de l'histoire humaine. Ayant reçu des patientes réfugiées victimes du viol (ou des viols collectifs), je réfléchirai, dans un premier temps, sur "cette constante non évolutive de la condition humaine, irrémédiable, inamovible : la dimension du mal" (N. Zaltzman) et, dans un second temps, sur le féminin et l'effraction traumatique avant d'engager une réflexion sur la dimension transférentielle dans cette clinique de l'extrême.
Bibliographie
Bessoles P., Viol et identité, MJW Féditiion, 2008.
Didi-Huberman G., L'œil de l'histoire. Quand les images prennent position, Les éditions de Minuit, 2009.
Ferenczi S., "Réflexions sur le traumatisme" (1934), Œuvres complètes, IV, Payot, 1982.
Freud S., "Le malaise dans la culture" (1930), Œuvres complètes, XVIII, PUF, 2015.

Houria Abdelouahed est Psychanalyste (APF), professeure des universités (Université Sorbonne Paris Nord) et traductrice. Ses recherches portent sur la clinique de l'extrême, l'écriture du trauma et ses traductions, le féminin et les assises pulsionnelles de la culture musulmane.
Derniers ouvrages
Face à la destruction. Psychanalyser en temps de guerre, Éditions des femmes - Antoinette Fouque, 2022.
Figures de l'exclusion (sous la direction de Houria Abdelouahed), MJWFédition, 2019.
Les femmes du prophète, Éditions du Seuil, 2016, ré-édité en 2019 (traduit en suédois).
Figures du féminin en islam, PUF, 2012 (Prix de l'Évolution psychiatrique 2012), 2ème édition en 2015, 3ème édition en 2016.

Jean-François CHIANTARETTO : L'altération de l'intime, l'altérité dans l'intime
Transformé de plus en plus en un objet (de communication, de consommation), l'intime devient une affaire privée. Privé des insistances de l'altérité (de soi-même, d'autrui, de l'autre), l'intime est menacé de se perdre en perdant sa dimension intermédiaire. C'est-à-dire de lieu témoignant de l'énigme de la composition relationnelle du Je, indissociablement sexuelle et culturelle ; et de lieu d'accueil intérieur des destins de l'infans sans-aide, faisant de tout humain un semblable, singulier.
Bibliographie
Anders G. (1956), L'obsolescence de l'homme, Ivrea, 2002.
Arendt H. (2002), Journal de pensée, Seuil, 2005.
Aulagnier P. (1975), La violence de l'interprétation, PUF.
Dollé-Monglond B. (dir.) (2018), Le sentiment de solitude. Approche psychanalytique, In Press.
Laplantine F. (2020), Penser l'intime, Éd. CNRS.
Rolland J.-C. (2021), Le verbe devant l'inconscient, Ithaque.
Valéry P. (1973), Ego scriptor, Gallimard, 1992.
Zaltzman N. (2007), L'esprit du mal, Éd. de l'Olivier.

Jean-François Chiantaretto est psychanalyste, membre du Quatrième Groupe, professeur des universités émérite (Université Sorbonne Paris Nord). Ses recherches portent sur les liens entre l'interlocution interne et le travail de culture, sur la clinique des limites et sur les écritures du psychanalyste.
Derniers ouvrages
Aux origines du Je. L'œuvre de Piera Aulagnier (avec A. Cohen de Lara, F. Houssier et C. Matha), Colloque de Cerisy, Éditions Ithaque, 2022.
La perte de soi, Campagne Première, 2020 (traduit en brésilien en 2023).
Psychanalyse et culture. L'œuvre de Nathalie Zaltzman (avec G. Gaillard), Colloque de Cerisy, Éditions Ithaque, 2020.

Jean-Michel HIRT : Le mal du pays
Comment l'usage du mot amour "au principe de nos discussions et de nos exposés" (Freud), engage le destin de toute écriture analytique ?

Jean-Michel Hirt est Psychanalyste (APF), professeur des universités (Université Sorbonne Paris Nord) et essayiste. Ses recherches portent sur les liens entre le psychique et le culturel, et notamment les religions monothéistes, ainsi que sur les destins du pulsionnel (refoulement/déchaînement, sublimation/renoncement).
Derniers ouvrages
Renoncer au naufrage, la pulsion au service du vivant, Éditions Ithaque, 2022.
Le socle d'argile, essai sur le père et la paternité, Éditions Ithaque, 2021 (Prix Œdipe en 2022).
Le témoin des écritures, Actes Sud, 2021 (Prix Écritures et Spiritualités en 2022).


Janine ALTOUNIAN : Le malaise des héritiers de survivants qui se sentent à la fois contraints et empêchés d'écrire
L'héritier de survivants aux violences de l'Histoire ne se ressent ni exclu, ni marginalisé, ni opprimé face à son environnement, mais "décalé", c'est-à-dire psychiquement, socialement, politiquement "inadéquat" au monde qui suit son cours, sourdement dénégateur du vécu de ses ascendants. La visée de son écriture sera donc de déplier ce "décalage" douloureux pour mettre au jour les données implicites qui déterminent son inadéquation aux intérêts du monde présent et situer en quel point ces derniers évitent la confrontation avec l'altérité de son histoire.

Janine Altounian, germaniste, essayiste, a été, de 1970 à 2012, co-traductrice et responsable de l'harmonisation des Œuvres complètes de Freud (PUF) sous la direction de Jean Laplanche. Née à Paris de parents arméniens rescapés du génocide de 1915, elle travaille sur la "traduction" de ce qui se transmet d'un trauma collectif aux héritiers de survivants.
Publications
Ouvrez-moi seulement les chemins d'Arménie, Les Belles Lettres, 1990.
La Survivance, Dunod, 2000.
L'écriture de Freud, PUF 2003.
L'intraduisible, Dunod, 2005.
Mémoires du génocide arménien, PUF, 2009.
De la cure à l'écriture, PUF, 2012.
L'effacement des lieux. Autobiographie d'une analysante, héritière de survivants et traductrice de Freud, PUF, 2019.

Ellen CORIN : L'échappée du regard
Si l'écriture est un système de signes et si l'idée même de malaise réfère à quelque chose qui fait signe sans se livrer, peut-on dire que ce malaise est lui-même une sorte d'écriture qu'il nous échoirait de déchiffrer ? Une écriture inscrite dans le social et la culture mais doublée d'aperceptions plus inquiétantes, intimes ? Comment dépasser le constat des formes actuelles, cruelles, d'une violence qui se déploie tous azimuts et chercher à en déchiffrer la trace en nous, en dire quelque chose qui ne soit pas de l'ordre d'un savoir nécessairement en porte à faux par rapport à ce qui fait trace ? Avons-nous ici une responsabilité particulière comme analystes ? Quel est le pouvoir de récits ouvrant sur l'occulté d'une histoire jamais passée et celui de formes d'écriture ouvrant quasi-sensoriellement sur ce qui anime les traces ? Un entrelacs de chemins qui marquent aussi notre travail clinique.

Ellen Corin est psychanalyste clinicienne, membre de la Société psychanalytique de Montréal. Elle est professeur émérite retraitée aux départements de psychiatrie et d'anthropologie de l'université McGill et chercheur émérite au Centre de recherche du Centre universitaire en santé mentale Douglas. Ses recherches ont porté sur l'articulation entre vie psychique et culture, au Congo, en Inde et au Québec, plus particulièrement dans le cadre de la possession, de la psychose et de l'ascétisme.

Brigitte DOLLÉ-MONGLOND : La psychanalyse au temps du court-circuit de la pensée
"Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde", Camus, 1944.
De notre place d'analystes renvoyant à la fois à un inconscient structurel, atemporel, et à l'héritage freudien de 1930 qui ne cesse de se réécrire, ne sommes-nous pas confrontés à la nécessité d'interroger la réflexivité de notre discipline, et donc nos positions contre-transférentielles, notre auto-théorisation ? Au sein de la révolution numérique et de la post-vérité, le malaise dans la culture est aussi un malaise dans la pensée, directement corrélé au délitement de la vie intérieure, à la menace sur la vie psychique, entraînant dans son sillage une forme de logique inconsciente dont nous mesurons les effets cliniques : désarroi moral, altération du lien à l'autre. Pour autant, nous avons à penser dans l'inflexion d'Eros, de l'investissement, et la psychanalyse, fondée sur "l'amour de la vérité", telle une figure d'antidote, trouve là sa place en ce qu'elle incarne, tant au niveau de l'expérience intérieure, de la recherche de sens, que de l'altérité.

Brigitte Dollé-Monglond est Docteure en lettres Modernes et psychologue clinicienne de formation. Elle est également psychanalyste, membre du Quatrième groupe et membre titulaire de la SFTF. Elle est auteure de nombreux articles, de contributions dans des recueils collectifs, dont Des psychanalystes en séance (ss dir. de L. Danon-Boileau et J.-Y. Tamet, Folio-Gallimard, 2016), et d'ouvrages dont Le sentiment de solitude, approche psychanalytique (In Press, 2018) et La thérapie familiale à l'heure de la singularité des couples et des familles (Nouvelle édition revue et augmentée, ESF, 2021).

Nicolas EVZONAS : Folie transférentielle ou la transfiguration par l'écriture : transition de genre, supervision et perlaboration
Dans cette présentation, l'analyste se propose de réfléchir sur les effets mutatifs de l'écriture clinique. Il relate à cet égard son expérience de cure supervisée d'un adolescent transgenre au cours de laquelle le transfert superviseur-supervisé a dégénéré en une relation sadomasochiste et une folie-à-deux. Une première lecture de cette expérience relève les préjugés théoriques vis-à-vis des sujets trans, qui ont aveuglé le superviseur. Une relecture de ce cas révèle les points aveugles propres à l'analyste : sa suridentification au patient et son besoin consécutif de le protéger de toute pathologisation. Dans cette perspective, la folie transférentielle à laquelle l'analyste a succombé avec son superviseur est comprise comme une répétition agie des scénarii sadomasochistes que le patient aurait partagé avec ses parents. Les multiples relectures de cette expérience mettent en exergue les vertus transformatrices de l'écriture à même de permettre au clinicien-écrivain d'accomplir sa propre transition.

Nicolas Evzonas est Docteur ès Lettres (Université de Paris Sorbonne), Docteur en psychopathologie et psychanalyse (Université de Paris Diderot), ATER à l'université de Paris Cité, analyste en formation (APF).
Références bibliographiques relatives à cette intervention
Evzonas, N., Devenirs trans de l'analyste, Paris, Puf, 2023 (à paraître).
Green, A., La Folie privée : Psychanalyse des cas-limites, Paris, Gallimard, 1990 (à propos de la notion de bi-triangulation).
Forrester, J., Thinking in Cases, Cambridge, Polity Press, 2016 (à propos de l'écriture).
Laplanche, J., Problématiques VI : L'Après-Coup, Paris, Puf, 2006.
Laplanche, J., Sexual : La Sexualité élargie au sens freudien, Paris, Puf, 2007.
Martín Cabré, L. J., "From introjection to intropression : Evolution of a theoretical concept and its consequences for psychoanalytic technique", The American Journal of Psychoanalysis, 2011, Vol. 71, n°4, pp. 321-328 (à propos de la "confusion de langues" en supervision).
Neyraut, M., Le Transfert : Étude psychanalytique, Paris, Puf, 1974 (à propos de la précession du contretransfert par rapport au transfert).
Roussillon, R., Agonie, Clivage, Symbolisation, Paris, Puf, 1999 (à propos du transfert par retournement).

Janine FILLOUX : Malaise dans l'offre et la demande de psychanalyse
Si devenir analysant c'est accepter l'hypothèse de l'inconscient et s'approprier les règles de l'analyse, comme condition de sa capacité à s'approprier son propre mode de fonctionnement, il est clair que, sur la scène analytique, ce devenir est tributaire tout autant de l'offre du psychanalyste que de la demande qui lui est faite. En quoi les évolutions actuelles — celle de la demande en fonction des mutations sociétales, celle de l'offre en fonction de critères d'analysabilité conduisant à des changements de paradigmes ou à une "psychanalyse en extension" —, peuvent-elles subvertir l'offre de psychanalyse liée à la culture humaniste universaliste ? Car, au delà de la visée thérapeutique qu'elle inclut, cette offre suppose, comme Freud le soutient dans L'analyse profane, la possibilité de transmettre et de s'approprier les connaissances acquises sur le fonctionnement psychique, constitutive du passage de la position de patient à celle d'analysant. En quoi, pour exemple, l'émergence actuelle de l'apologie de la diversité sur le plan culturel et sexuel pourrait-elle conduire à une mise en question du caractère nucléaire et structurant du complexe d'Œdipe, caractère fondateur sur lequel Freud n'a jamais cédé ?

Janine Filloux est psychanalyste, membre du Quatrième Groupe. Ses principaux travaux, publiés notamment dans Topique, Le Coq-Héron, Les actes du Quatrième Groupe, Confrontations psychiatriques, portent sur le féminin et sur la spécificité de la cure psychanalytique dans sa dimension clinique et éthique.

Dominique GEAY : Des retrouvailles de la trace et des difficultés d'y dire oui
Il arrive qu'en séance, l'analyste entende un discours qui ne ressemble pas à ceux qui lui sont habituellement adressés. Il ne s'agit plus d'écouter la plainte d'un besoin non satisfait, d'un pulsionnel défait dans sa satisfaction par une inlassable compulsion de répétition ou d'un narcissisme blessé. Il s'agit d'écouter un discours que rien n'apparente à celui du quotidien d'un analyste. Un discours qui subitement surgit après plusieurs années d'analyse, (qui n'est jamais le motif annoncé de l'engagement des patients dans une cure), un discours donc, qui fait la narration d'une rencontre amoureuse unique dans la vie de l'analysant. Rencontre, selon leurs mots, qui n'a aucune commune mesure avec leurs amours passionnelles et déçues qui font répétition dans leur vie. Ce que l'analyste entend, c'est qu'avec cette rencontre, c'est le retour de la trace d'un événement originaire du sujet, "un mystère plus lointain que l'inconscient" (A. Didier-Weill). Ils disent la rencontre d'un Autre leur donnant le savoir d'un désir toujours présent et qui offre lumière et joie. Dans Malaise dans la culture, Freud indique que le bonheur est le terme de toute recherche humaine. Le mot bonheur contient l'idée de bonne chance, de bonne rencontre. Pourtant, cette rencontre qui leur procure un bonheur d'où les voies de la convoitise et la demande de renforcement narcissique sont exclues, des sujets, dans leur culture, objectent que ce n'est pas pour eux. Ils y renoncent sans plainte mais non sans dire qu'ils savent qu'ils renoncent à leur désir pour retourner à ce qui leur est déjà connu. Pourquoi ? C'est ce que nous essaierons de comprendre avec des notions telles que la Chose et sa double face positive et négative, la perte d'étayage et le renoncement pulsionnel.

Dominique Geay est psychologue clinicien, psychanalyste et participant du IVe groupe.

Catherine HERBERT : Des naufragés au temps du malaise
Écrire pour que ces naufragés que sont les toxicomanes retrouvent un espace. Écrire pour eux que le monde met au ban mais qui cherchent à y vivre. Écrire pour ne pas les oublier, ne pas les abandonner, ne pas les laisser dans le silence, ne pas les enfermer plus qu'ils ne le sont déjà. Écrire pour qu'enfin soit perçu le lien vivace entre notre société addictogène et ces sujets naufragés. Écrire pour que ces patients que je reçois depuis 25 ans, ne soient plus considérés comme des êtres à part, transgressifs, marginaux, mais bien des sujets, certes singuliers, ni plus ni moins que nous tous, femmes et hommes normés. À partir de Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation, de Nathalie Zaltzman, La Pulsion anarchiste, de Jean-Michel Hirt, La dignité humaine, de Jean-François Mattéi, La barbarie intérieure, et de récits cliniques, je tenterai de montrer l'articulation mortifère de l'individuel et du collectif au centre de la vie des toxicomanes.

Catherine Herbert est Psychanalyste, membre de l'Association Psychanalytique de France, médecin praticien hospitalier, SAPA-EPSM (Caen, France).

Pierrette LAURENT : De la croyance à la pensée : de la nécessité d'un fond
Pour Freud le devenir de l'individu est indissociable de la culture dans laquelle il est pris, et cette culture est elle-même dépendante des individus qui la compose. Le fondement de la psyché individuelle dans celle de l'autre et son environnement (Aulagnier, Bion, Winnicott) ont enrichi l'appareil psychique freudien et remanié ses modalités processuelles. Les apports de la pratique psychanalytique avec les groupes (famille, groupes, institutions) ont montré les articulations et les intrications profondes qui se créent entre les formations psychiques de chacun et les transformations qui en résultent. René Kaës a reconnu trois espaces de réalité psychique dans les groupes : l'espace intrapsychique, l'espace intersubjectif et l'espace transsubjectif (espace psychique groupal résultant des formations et des processus psychiques créés dans et par le groupe ; il contient les deux autres espaces). Cet espace transsubjectif, espace du sentiment océanique ou espace chaotique du sentiment d'effondrement, nous permettrait-il d'approcher les liens entre les bouleversements des processus identificatoires que sont, entre autres, le transhumanisme, le transsexualisme, le transgenre, et les bouleversements culturels engendrés par l'utilisation néolibérale des avancées technoscientifiques ?

Pierrette Laurent est psychanalyste, membre du Quatrième Groupe, psychiatre et pédopsychiatre, formatrice au CIRPPA.
Publications
Laurent P., 2019, Conduire un groupe de psychothérapie d'enfants, Toulouse, ères.
Laurent P., Lhotellier D. (sous la dir.), 2020, La sensorialité dans les groupes, Toulouse, érès.
Kaës R., Laurent P., (sous la dir.), 2009, Le processus thérapeutique dans les groupes, Toulouse, érès.
Bibliographie
Aulagnier P., 1979, Les destins du plaisir, Paris, PUF.
Castoriadis-Aulagnier P., 1974, La violence de l'interprétation. Du pictogramme à l'énoncé, Paris, PUF.
Kaës R., 2009, Les alliances inconscientes, Paris, Dunod.
Kaës R., 2015, L'extension de la psychanalyse. Pour une métapsychologie du troisième type, Paris, Dunod.
Winnicott D. W., 1988, La nature humaine, Paris, Gallimard, 1990.
Winnicott D.W., 1989, La crainte de l'effondrement et autres situations cliniques, Paris, Gallimard, 2000.

Monique LAURET : Le malaise dans l'identité contemporaine : la question trans
Le malaise dans la civilisation n'en finit pas de s'écrire. Le XXe siècle a eu son symptôme avec l'Hystérie et les "folles" de Charcot, le XXIe siècle annonce le sien, celui de la liberté de "décider" de son genre sexué suivant le "ressenti" individuel, dans une nouvelle mode transgenre. Une mode qui ne touche pas seulement les adultes consentants mais aussi les enfants et les adolescents engagés dans le processus de construction subjective de leur identité sexuée. Les expérimentations actuelles, pratiquées sans véritable évaluation scientifique, questionnent le respect de la dignité des droits humains. Ce travail propose une analyse des motifs inconscients au niveau de l'individuel et du collectif qui nous amènent à une dérive imaginaire et aux manipulations idéologiques d'une époque, dont la question de l'identité fait symptôme.

Monique Lauret est psychanalyste, psychiatre, membre de la Société de Psychanalyse Freudienne (SPF) et de la Fondation Européenne de la psychanalyse. Elle est présidente de Psycha 31. Pour une psychanalyse ouverte sur la Cité depuis 2010.
Publications
Lacan, Mencius. La route chinoise de la psychanalyse, Campagne Première, 2022.
La conscience de l'humain. Dialogue entre psychanalyse et pensée chinoise, Paris, L'Harmattan, 2021.
L'énigme de la pulsion de mort. Pour une éthique de la joie, Puf, 2014.
Sous sa direction
Éthique, inconscient et questions contemporaines, Paris, L'Harmattan, 2022.
Éthique psychanalytique et accidents du transfert, Paris, L'Harmattan, 2022.
Trauma, Temps, Histoire, Éditions Champ social, 2016.

Ghyslain LÉVY : Au-delà du Malaise, des liens sans sujet
De cette faillite du lien humain, on en connaît les effets à travers l'isolement croissant des individus, les expériences d'exclusion et de désolation déshumanisante. La seule question demeure aujourd'hui : comment regagner la réalité quand celle-ci ne représente plus qu'une référence vide de sens, virtuelle ? Se multiplient désormais des liens sans sujet, entre individus branchés, en ligne, en réseau, connectés compulsivement en charge et décharge… Comment penser aujourd'hui le Malaise freudien ?

Ghyslain Lévy est psychiatre et psychanalyste, membre du Quatrième Groupe. Il a publié de nombreux articles et livres dont pour les plus récents : Le don de l’ombre (2014), Survivre à l’indifférence (2019) et La vie partielle (2021), tous publiés chez Campagne Première. Ses contributions aux colloques de Cerisy ont été nombreuses, dont la direction du colloque "Algérie, traversées" en 2017 (publié par Hermann Éditeurs, 2018).

Catherine MATHA : Clinique du malaise
La "clinique du malaise" sera travaillée dans une double perspective. Celle relative à l'"incarnation" du malaise dans l'intime de la dynamique transférentielle de la cure d'adultes "en mal d'adolescence". Quand la promesse d'une réécriture solitaire de l'infantile fut et reste trop contrariée par le "deuil" non réalisé de l'enfant qu'ils n'ont pas été, celui qu'imaginairement ils attendaient d'être/de devenir, attachée à l'espoir trahi d'être/de devenir "quelqu'un de bien" — promesse adolescente s'il en est, relayée par les injonctions sociales. Mais aussi le malaise qui s'incarne dans l'écriture de l'analyste pour en rendre compte, posant avec force la question du dévoilement, de la trahison, notamment au sujet de patients en mal d'appropriation de leur histoire.
Bibliographie
Aulagnier P. (1989), "Se construire un passé", in Le narcissisme à l'adolescence, Journal de la psychanalyse de l'enfant 7, p. 191-220.
Leclaire S. (1975), On tue un enfant, Paris, Édition du Seuil.
Pontalis J.-B. (1997), Ce temps qui ne passe pas, Paris, Gallimard, "Tracés".
Rosenberg B. (1991), "Le travail de mélancolie", in Masochisme mortifère et masochisme gardien de la vie, Monographie de la Revue Française de Psychanalyse, Paris, PUF, p. 93-122.
Zaltzman N. (1998), De la guérison psychanalytique, Paris, PUF, p. 46.
Pozzi E. (1999), "Le paradigme du traître", in De la trahison, sous la dir. Scarfone D., pbp, Paris PUF, p. 1-33.

Catherine Matha est psychanalyste (APF) et Maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l'université Sorbonne Paris Nord (USPN). Ses ouvrages et articles portent sur les fonctions et les destins du masochisme à l'adolescence et après, les problématiques de l'acte, de la dépression et de la mélancolie, la clinique de l'inscription corporelle (scarifications) et de l'écriture, la phobie de la pensée. Elle a également co-dirigé différents ouvrages dont les derniers : Aux origines du Je. L'œuvre de Piera Aulagnier (2022) avec J.-F. Chiantaretto, A. Cohen de Lara, F. Houssier ; Quelques motifs de la psychanalyse. À partir des travaux de Laurence Kahn (2020) avec O. Bombarde et F. Neau.

Martine MIKOLAJCZYK : Ceux qui restent, ce qu'il reste
Dans le cadre du malaise contemporain, entendu comme la tension entre l'individu de la découverte freudienne mis en lumière par la pratique psychanalytique et son écriture, et une civilisation où la conception scientifique du monde et ses promesses biomédicales ont supplanté son appréhension religieuse et narrative, comment envisager la blessure qu'infligent à notre exigence d'éternité le savoir de notre finitude et l'inévitable expérience de la mort de l'autre-proche ? De quoi le survivant est-il aujourd'hui l'obligé au regard de celui qui n'est plus mais aussi de ce que lui-même laissera, si tant est qu'il consente à envisager son propre mourir ? La partie d'échec engagée avec la mort, ou la danse, c'est selon, peut-elle ouvrir à une consistance plus vivante de soi et du monde ? Si écrire constitue un recours contre la perte, j'aimerais envisager l'exercice sous l'angle du "reste" et interroger son ambivalence qui le fait relique autant que rebut, indice de ce qui à la fois subsiste et disparaît. Je me réfèrerai, entre autres, aux travaux de Freud, Fédida, Pontalis, Hirt, Ariès et aux écrits de Joan Didion, Simone de Beauvoir, David Rieff, Nathalie Léger et Georges Perec, ainsi qu'à quelques œuvres visuelles.

Martine Mikolajczyk est psychanalyste à Paris, inscrite à l'institut de formation de l'APF.

Adam PRIGENT : Malaise d'un monde, malaise d'une illusion ?
Freud écrivait dans Malaise dans la culture que la culture "désigne toute la somme des réalisations et des institutions par lesquels notre vie s'écarte de celle de nos ancêtres animaux, et qui servent deux buts : protéger l'homme contre la nature et réguler ses rapports sociaux avec ses semblables". Peut-on encore réellement soutenir cela devant les crises que nous traversons aujourd'hui, la première et la plus importante, car universelle, étant celle du climat ? Peut-on encore soutenir que l'on se protège "contre" la nature, à un moment où l'Homme semble mettre une attention particulière à sa destruction et donc en dernière instance à sa propre autodestruction ? Quels jeux des pulsions ? L'homme supporte-t-il encore vraiment les frustrations essentielles pour un vivre ensemble ? Dans L'homme Moïse, un vent de pessimisme semble emporter Freud lorsqu'il déclare "nous vivons une bien étrange époque et constatons avec surprise que le progrès s'allie à la barbarie". Cinquante ans plus tôt, Nietzsche s'intéressait également à la culture, mais en s'opposant à l'idée darwinienne de l'autoconservation et lui opposait fermement l'idée de la volonté de puissance. Cette idée émane du constat que ce qui ne fait que se maintenir est condamné à périr. Ce qui vit en revanche, croît et se développe. Le dynamisme de la nature en est le témoin. Pour lui le "soi" de l'homme est éminemment expansif. Aujourd'hui, où l'homme est confronté aux conséquences de ses actes, l'ayant conduit à l'insécurité "ultime", par les changements massifs de son environnement, la question de l'autoconservation au travers de la culture se pose et mérite que l'on mette en dialogue ces deux auteurs.

Adam Prigent est psychologue clinicien, chargé de cours (Université Sorbonne Paris Nord) et doctorant (UTRPP UR 4403).
Bibliographie
Alfandary I., L'énigme Nietzsche.
Alfandary I., Lire depuis Malaise dans la culture.
Freud S., Malaise dans la culture.
Freud S., L'homme Moïse.
Nietzsche F., Humain trop humain.
Nietzsche F., Aurore.
Nietzsche F., Par-delà bien et mal.
Safranski R., Nietzsche biographie d'une pensée.

Sylvie SESÉ-LÉGER : Einfluss et l'écriture du transfert
Ce terme d'Einfluss est employé par Freud pour traduire l'influence qu'exerce le patient sur la sensibilité inconsciente du psychanalyste et qui déclenche le "contre-transfert". Dans cette perspective, comment se nouent les liens entre la scène transférentielle, l'écriture et le féminin ? Pour tenter de répondre à cette question, je me réfèrerai aux écrits cliniques de Freud en résonnance avec les récits de leur cure par ses patientes et ses patients. Je m'appuierai également sur l'écriture après-coup de ma trajectoire analytique, telle que je l'ai retracée dans Mémoire d'une passion (2012).

Sylvie Sesé-Léger est psychanalyste, membre associé de la Société de psychanalyse freudienne (SPF), ancienne Analyste de l'École freudienne de Paris (EFP). Ses recherches portent sur le féminin, le transfert et la formation du psychanalyste.
Publications
L'Autre féminin, Campagne Première, 2008.
Mémoire d'une passion (traduit en italien et en portugais du Brésil), Campagne Première, 2012.
Freud et le féminin. Dora, Sidonie, Hilda et les autres, Campagne Première, 2021.
Freud et le masculin. Au vif du transfert, Campagne Première, 2022.

Jean-François SOLAL : Écrire de soi à soi, une navette analytique
Emily Dickinson, poétesse du XIXe siècle, vit recluse, mais avec éclat. C'est son écriture secrète du malaise, dans une famille puritaine de la Nouvelle Angleterre. Freud se fait aussi poète lorsqu'il rend compte d'une psyché qui n'aurait rien perdu, rien détruit, de ce qui s'est produit. Il décrit une Rome antique rêvée où tous les monuments, seraient simultanément présents à nos yeux. Dans le Malaise, comme Emily, il rend compte du vivant au plus près de la mort. Au plus près de l'acte, certains événements, que j'ai qualifiés de juvéniles, vont et viennent entre partenaires de l'analyse. L'interlocution interne de l'analyste s'est exprimée ici dans deux rêves, exemplaires de l'écriture du malaise.

Jean-François Solal est ancien psychiatre des hôpitaux, pédopsychiatre et psychanalyste, membre associé à la Société de Psychanalyse Freudienne. Il développe une clinique et une recherche théorique concernant les adolescents et les sujets souffrant d'addiction.
Derniers livres parus
L'événement juvénile (avec T. Garcia-Fons), PUF, 2016.
Si la psychanalyse est une histoire vraie, Campagne-Première, 2018.
Dernier article paru
"S'incliner devant la jouissance", in Le présent de la psychanalyse, n°9, "La trace", APF, 2023.

Ana de STAAL : "Je défierai les insultes du ciel" : Masud Khan, entre le mal et les mots
Sensible, immature, sentimental, avide, cultivé, snob, inspiré, pervers, intègre, mythomane, antisémite, serviable, ivrogne, affectueux, voleur, génial, tricheur, généreux, usurpateur, aimant, arrogant, poète… ainsi a-t-on essayé de saisir la personnalité shakespearienne de Masud Khan, jusqu'à ce qu'André Green ne la résume d'une phrase : "Quand on a rencontré quelqu'un comme lui, on comprend que l'esprit humain n'est pas simple.". Masud Khan (1924-1989), psychanalyste pakistanais, analysant et éditeur de D. W. Winnicott, directeur de l'International Psychoanalytic Library, brillant membre du comité de rédaction de l'International Journal of Psychoanalysis et de la Nouvelle Revue de psychanalyse, a été parmi les figures les plus aimées et les plus détestées de la psychanalyse de l'après-Guerre. Enfant chéri d'Anna Freud, ami intime de Victor Smirnoff et de Robert Stoller, celui qui inspira le concept de faux self à Winnicott, a tout au long de sa vie essayé de s'écrire et de se décrire à la fois pour nourrir et exorciser son sentiment d'imposture : "J'ai été obligé de m'inventer un "Masud", et de vivre à travers lui.". Son journal intime, constitué de plusieurs milliers de pages manuscrites, nous est aujourd'hui accessible grâce à l'impressionnant travail de recherche de la psychologue américaine Linda Hopkins.

Ana de Staal est psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne (SPF), traductrice et éditrice. Ancienne chef d'édition de Chimères, revue fondée par Gilles Deleuze et Félix Guattari, elle dirige aujourd'hui les Éditions d'Ithaque, au sein de laquelle elle a publié certains des grands auteurs de la psychanalyse postfreudienne et contemporaine. Traductrice de plusieurs séminaires de W. R. Bion, des textes de Thomas Ogden, Christopher Bollas, Antonino Ferro et Franco De Masi, elle a également dirigé avec Howard Levine l'ouvrage collectif, Psychanalyse et vie covidienne (Ithaque, 2021). Elle est membre du conseil scientifique de la revue brésilienne de psychanalyse Percurso, avec laquelle elle a notamment co-organisé un numéro spécial en hommage à André Green en 2013. Elle vit et travaille à Paris.

Olivia TODISCO : Écrire l'érotisme ?
C'est à partir d'un extrait du Très Haut, de Maurice Blanchot, que Pierre Fédida dans Humain/déshumain pose la question de la possibilité ou de l'impossibilité de la représentation du sexuel dans l'écriture, voire de l'écriture même du sexuel. Il arrime sa réflexion sur l'irreprésentable des scènes sexuelles à L'Entretien infini de Blanchot mais aussi, comme une évidence, à la célèbre formule de Lacan : "il n'y a pas de rapport sexuel". Je partirai de ces questions favorisant l'informe et l'originaire de la sexualité, de la chair, ce que Pierre Fédida nomme "la terreur du sexuel" pour interroger les auteurs d'une littérature qui se veut scandaleuse, à hauteur du scandale de l'érotisme : entre autres Bataille, Genet, Sade, ou Hervé Guibert, dont l'essai Les Chiens, se réclame de la pornographie. Cette réflexion impliquera des questions d'ordre littéraire : le refus généralisé, à l'époque, du récit (Blanchot, Adorno, Manifeste du surréalisme…) et psychanalytique, telles les sources infantiles du désir d'écrire, en particulier (ou pas) l'érotisme.

Olivia Todisco a suivi des études de lettres puis de psychologie clinique, elle est membre titulaire de l'Association psychanalytique de France.
Publications
À paraître en 2023, Henri Maldiney, inspirateur de Pierre Fédida : co-naissance du langage et de la réalité native du monde.
Article en ligne, Présentation de Renoncer au naufrage de Jean-Michel Hirt, Œdipe le Salon et Éditions Ithaque, 2022.
"À propos de la création : le dialogue Lou Andréas Salomé/Rainer Maria Rilke", Nunc, n°44, Revue opérante, Éditions de Corlevour, Février 2018.
Contribution à Des psychanalystes en séance (entrées Pierre Fédida), sous la direction de Laurent Danon Boileau et Jean-Yves Tamet, Gallimard, Février 2016.
Note de lecture, "Avant d'être celui qui parle, de Jean-Claude Rolland", Psychiatrie française, Vol. XXXVIII, n° 4/07, "Théorie de la séduction : validation, réfutation", 2007.
"Entretien avec Bruno Dumont", Psychiatrie française, Vol. XXXVI, "Les Conférences de Lamoignon, Le langage 3", Décembre 2005.
"Le Visage dans la littérature érotique", Le visage et la voix, sous la direction d'Annie Gutmann et Pierre Sullivan, Colloque de Cerisy, Éditions In Press, 2004.
"Il est où le soi ?", Psychiatrie française, Volume 32, n°4, "Écritures", 2001.
"Y-a-t-il une utopie de l'érotisme ?", Psychiatrie française, Vol. 31, "Utopies", 2000.
"Aveuglement", Le fait de l'analyse, n°6, Éditions Autrement, 1999.


BIBLIOGRAPHIE :

• Houria Abdelouahed, Face à la destruction. Psychanalyse en temps de guerre (Éditions des femmes)
• Theodor W. Adorno, Le jargon de l'authenticité (Payot)
• Janine Altounian, L'effacement des lieux (PUF)
• Günter Anders, L'obsolescence de l'homme (Éd. de l'encyclopédie des nuisances/Ivrea)
• Günter Anders, La haine (Rivages et Payot)
• Lou Andreas-Salomé, L'amour du narcissisme (Gallimard)
• Hannah Arendt, La crise de la culture (Gallimard)
• Antonin Artaud, Le théâtre et son double (Gallimard)
• Piera Aulagnier, La violence de l'interprétation (PUF)
• Georges Bataille, La littérature et le mal (Gallimard)
• Jean Baudrillard, La société de consommation (Gallimard)
• Philippe Bessoles, Viol et identité (MJW Fédition)
• Maurice Blanchot, L'entretien infini (Gallimard)
• André Breton, Nadja (Gallimard)
• Michel de Certeau, L'écriture de l'histoire (Gallimard)
• Jean-François Chiantaretto, Le témoin interne (Aubier)
• Jean-François Chiantaretto, La perte de soi (Campagne Première)
• Jean-François Chiantaretto, Catherine Matha, Françoise Neau (dir.), L'écriture du psychanalyste, Colloque de Cerisy (Hermann)
• Jean-François Chiantaretto, Georges Gaillard (dir.), Psychanalyse et culture. L'œuvre de Nathalie Zaltzman, Colloque de Cerisy (Ithaque)
• Jean-François Chiantaretto, Aline Cohen de Lara, Florian Houssier, Catherine Matha (dir.), Aux origines du Je. L'œuvre de Piera Aulagnier, Colloque de Cerisy (Ithaque)
• Sándor Ferenczi, "L'enfant mal accueilli et sa pulsion de mort" (Payot)
• Sándor Ferenczi, "Confusion de langues entre les adultes et l'enfant" (Payot)
• Sigmund Freud, "Totem et tabou", Les Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse (PUF)
• Sigmund Freud, "L'inquiétante étrangeté", Les Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse (PUF)
• Sigmund Freud, "Malaise dans la culture", Les Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse (PUF)
• Sigmund Freud, "L'homme Moïse et le monothéisme", Les Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse (PUF)
• Sigmund Freud, "Pourquoi la guerre ?", Les Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse (PUF)
• Wladimir Granoff, Lacan, Ferenczi et Freud (Gallimard)
• Wladimir Granoff, Le désir d'analyse (Flammarion)
• Jean-Michel Hirt, Le socle d'argile (Ithaque)
• Jean-Michel Hirt, Renoncer au naufrage (Ithaque)
• Imre Kertész, Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas (Actes Sud)
• Imre Kertész, L'holocauste comme culture (Actes Sud)
• Imre Kertész, Journal de galère (Actes Sud)
• Claude Lefort, La complication (Fayard)
• Bernard de Mandeville, La fable des abeilles (Agora/Pocket)
• Jean-Claude Milner, Constats (Gallimard)
• Marie Moscovici, Il est arrivé quelque chose (Payot)
• Nadia Murad, Pour que je sois la dernière (Fayard)
• Friedrich Nietzsche, Par-delà bien et mal (Gallimard)
• Jean-Claude Rolland, Langue et psyché (Ithaque)
• Guy Rosolato, La relation d'inconnu (Gallimard)
• Marquis de Sade, La philosophie dans le boudoir (Gallimard)
• Donald Woods Winnicott, Jeu et réalité (Gallimard)
• Donald Woods Winnicott, La crainte de l'effondrement et autres textes (Gallimard)
• Nathalie Zaltzman, La guérison psychanalytique (PUF)
• Nathalie Zaltzman, L'esprit du mal (Éditions de L'Olivier)


SOUTIEN :

• Unité transversale de recherche psychogenèse et psychopathologie (UTRPP, UR 4403) | Université Sorbonne Paris Nord