Programme 2020 : un des colloques

Programme complet


Colloque reporté

En raison des événements exceptionnels liés à l'épidémie de la Covid-19, et sur proposition des directeurs, ce colloque a été reporté aux dates suivantes : du mercredi 29 septembre au dimanche 3 octobre 2021 [en savoir plus].

La direction du CCIC


L'EUROPE DU CINÉMA


DU SAMEDI 3 OCTOBRE (19 H) AU MERCREDI 7 OCTOBRE (14 H) 2020

[ colloque de 4 jours ]



PRÉSENTATION VIDÉO :


DIRECTION :

Vincent AMIEL, José MOURE, Benjamin THOMAS, David VASSE


ARGUMENT :

L'objectif de cette rencontre est de repérer et d'analyser ce qui, au XXe siècle, a pu construire, dans le domaine du cinéma, un espace de création transnational. Il ne s'agit pas tant de s'intéresser à des représentations de l'Europe, ou d'idées européennes, que de repérer des transferts effectifs (fortuits ou non) entre les créateurs de pays différents, et qui constituent de fait, au fil des décennies, un espace cinématographique européen.

Les directeurs allemands de la photographie quittent par exemple la République de Weimar ou le régime nazi naissant pour essaimer dans les pays alentour, les techniques de jeu théâtral s'étendent au-delà des expérimentations soviétiques pour toucher des acteurs et actrices de l'Ouest, les coproductions franco-italiennes des années 50-60 constituent un territoire de création presque autonome par rapport aux autres productions de l'époque, les militants politiques des années 70 font un va-et-vient entre Paris et Rome… Sans compter évidemment les innombrables adaptations de textes dramatiques ou romanesques qui, parfois massivement, déplacent des thématiques ou des dispositifs d'un pays à l'autre.


MOTS-CLÉS :

Cinéma, Esthétique, Europe, Histoire, Histoire des formes, Transferts culturels, XXe siècle


CALENDRIER PROVISOIRE :

Samedi 3 octobre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Dimanche 4 octobre
Matin
OUVERTURES THÉORIQUES
Benjamin THOMAS : L'Homme et les choses. Statut du sujet figuré dans les premières théories européennes du cinéma
Katalin PÓR : Circulations transnationales : individus, réseaux, structures

Après-midi
CONTEXTES CULTURELS
Sophie LÉCOLE SOLNYCHKINE : Filmer les pôles. Une esthétique européenne ?
Laurent GUIDO : Wagnérisme et cinéma européen : un idéal résistant
Antonio SOMAINI : Titre non communiqué


Lundi 5 octobre
Matin
PRODUCTIONS ET CRÉATIONS (I)
Eurydice DA SILVA : L'apport de techniciens juifs allemands et autrichiens sur les premiers films parlants portugais (1933-1940)
Morgan LEFEUVRE : Les coproductions, une solution à la crise des studios français et italiens de l'immédiat après-guerre ?
Jean-François BAILLON : Basil Dearden : exécutant au service des studios Ealing ou auteur méconnu ?

Après-midi
PRODUCTIONS ET CRÉATIONS (II)
Hélène FRAZIK : Empreintes du cinéma allemand dans le fantastique cinématographique français
Nedjma MOUSSAOUI : De l'Allemagne vers la France… Les films d'exil des années 1930, un nouvel espace cinématographique européen
Alain BOILLAT : Alain Tanner : un cinéma européen ?

Soirée
Federico LANCIALONGA : Coopérations et complicités entre les cinémas militants français et italien des années 1960-70 : une projection commentée


Mardi 6 octobre
Matin
ACTEURS
Christophe GAUTHIER : Une star transnationale en Europe au début des années 30 : Lilian Harvey
Christophe DAMOUR : Le jeu expressionniste : un motif européen ?
Christian VIVIANI : L'acteur anglais de cinéma : tradition et modernité

Après-midi
ŒUVRES
Camille BUI : Entre les territoires, l'Europe de Johan van der Keuken
David VASSE : Ici et (déjà) ailleurs : le cinéma box to box de Jerzy Skolimowski
Vincent AMIEL : Des lieux sans attaches

Soirée
Projection avec Christian VIVIANI ou Christophe GAUTHIER


Mercredi 7 octobre
Matin
PERSPECTIVES CONTEMPORAINES
Laura RASCAROLI : L'Europanéité : Oliveira, Godard, Sokourov
José MOURE : Filmer et éprouver l'Europe à ses frontières

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Vincent AMIEL : Des lieux sans attaches
L'œuvre de Wim Wenders a été, à la fin du XXe siècle, emblématique d'une position européenne, le cinéaste filmant à Paris, à Berlin, à Lisbonne, et se référant, par opposition ou comparaison, aussi bien au cinéma américain qu'au cinéma japonais. La question de l'identité parcourt ses films, et celle de l'identité européenne, en creux, ne cessent de saillir.

Jean-François BAILLON : Basil Dearden : exécutant au service des studios Ealing ou auteur méconnu ?
La réputation des studios britanniques (Ealing, Hammer, etc.) comme illustration d'une cottage industry fonctionnant sur un modèle familial encourage l'idée d'une production relativement standardisée et impersonnelle qui ne laisse guère de place à l'expression de visions singulières. Basil Dearden, qui a réalisé bon nombre de ses films — les meilleurs, diront certains — au sein de la Ealing avant de connaître une fin de carrière inégale, constitue un cas d'école. Il est temps de réhabiliter ce cinéaste encore mésestimé en France et, à travers lui, de défendre une vision pluraliste de la production d'un des studios les plus inventifs du milieu du vingtième siècle.

Jean-François Baillon enseigne les études britanniques et le cinéma à l'université Bordeaux Montaigne. Président d'honneur de la SERCIA (Société d'études et de recherches sur le cinéma anglophone), il a publié des articles sur le cinéma britannique, les acteurs et actrices britanniques, le cinéma gothique et d'horreur et le heritage cinema dans des recueils d'articles et des revues parmi lesquelles Mise au Point, Éclipses, Film Journal, CinémAction et Positif.
Publication
(dir.), E. M. Forster's Howards End (1910) and James Ivory's Howards End (1992), Paris, Ellipses, 2019.

Camille BUI : Entre les territoires, l'Europe de Johan van der Keuken
Lorsqu'il filmait les villes européennes de la deuxième moitié du XXe siècle, Johan van der Keuken refusait la logique de la frontière et de l'identité. Au tournage et au montage, le cinéaste néerlandais inventait des gestes de circulation et de mise en réseau, entre les lieux, les cultures, les subjectivités. Mais cette Europe multiple et ouverte au monde n'est pas seulement la géographie semi-imaginaire figurée par l'œuvre de van der Keuken, elle en constitue — dans le même mouvement — le milieu esthétique : un espace commun où se rencontrent et voyagent librement des qualités médiatiques (photographiques, filmiques, musicales) et des traditions formelles (cinéma direct, film expérimental, jazz…) hétérogènes.

Camille Bui est maître de conférences en études cinématographiques à l'université Paris 1 et membre de l'institut ACTE. Ses travaux portent principalement sur le cinéma documentaire, l'articulation entre le social et l'esthétique et les liens théorie-pratique.
Publication
Cinépratiques de la ville. Documentaire et urbanité après Chronique d’un été, Presses universitaires de Provence, 2018.

Christophe DAMOUR : Le jeu expressionniste : un motif européen ?
Nous nous intéresserons aux transferts stylistiques opérés à l'intérieur de certaines cinématographies européennes, et en particulier à la circulation d'un style de jeu spécifique (que nous appellerons pour le moment "expressionniste", mais qu'il s'agira de définir plus précisément), et qui pourrait constituer un motif (au sens de forme gestuelle codifiée, répétitive et reconnaissable) intrinsèquement européen. Nous réfléchirons ainsi à la potentielle européanité d'un style de jeu, à partir de l'analyse comparative de gestes et de postures dont l'inter-influence est notable dans de nombreux films de la première moitié du XXe siècle, à travers les analogies plastiques que l'on peut observer, notamment, entre des acteurs allemands (Conrad Veidt, Werner Krauss), français (Catherine Hessling vue par Jean Renoir), anglais (dans les premières œuvres d'Alfred Hitchcock) et soviétiques (Aleksandra Khokhlova chez Lev Koulechov ou Nikolai Tcherkassov chez S. M. Eisenstein).

Christophe Damour est maître de conférences en études cinématographiques à l'université de Strasbourg. Ses travaux sur le jeu de l'acteur et l'histoire des formes au cinéma ont été publiés au sein de monographies (Al Pacino, Montgomery Clift, The Swimmer) ou d'ouvrages collectifs (François Delsarte, Généalogies de l'acteur au cinéma, Jeu d'acteurs. Corps et gestes au cinéma), ainsi que dans différents volumes universitaires, revues (Positif, CinémAction, Ligeia, Eclipses, Double jeu, CiNéMAS) et dictionnaires (Nouveau Monde, Larousse).

Eurydice DA SILVA : L'apport de techniciens juifs allemands et autrichiens sur les premiers films parlants portugais (1933-1940)
Dès 1933, au générique des premiers films parlants portugais, figurent les noms de divers techniciens étrangers. Comment expliquer leur présence sur ces tournages, à un moment où les frontières du Portugal se referment progressivement avec l'avènement de l'État Nouveau de Salazar ? En partant de l'analyse de plusieurs génériques de films, nous suivrons le parcours de ces techniciens juifs allemands ou autrichiens, dont l'arrivée au Portugal coïncide avec la montée du national-socialisme. Il s'agira de révéler l'apport essentiel de cette main d'œuvre étrangère dans la production nationale, à un moment charnière de l'histoire du cinéma portugais, le passage du muet au parlant, alors que les bouleversements techniques induits par l'arrivée du cinéma sonore menaçaient le système cinématographique national.

Eurydice Da Silva est scénariste et docteure en Langues, Lettres et civilisations romanes de l'université Paris Nanterre. Sa thèse, soutenue en octobre 2019, traitait du cinéma portugais pendant l'État Nouveau de Salazar de 1933 à 1974. Ses travaux portent sur la question de la censure et sur les modes de contrôle exercés par l'État dans le milieu du cinéma au Portugal pendant la dictature.
Publications
"Les prémices du Nouveau cinéma portugais pendant l'État Nouveau : les années parisiennes", Reflexos, revue interdisciplinaire du monde lusophone, n°4, Université Toulouse Jean Jaurès, Mai 2019.
"Les rues lisboètes dans le cinéma portugais des années 60 : un espace de résistance pendant la dictature", Revue Crisol, Université Paris Nanterre, Février 2018.
"Au cœur des archives du SNI : le regard d'un organisme de l'État Nouveau sur le mouvement des ciné-clubs portugais", Revista da História da Sociedade e da Cultura, n°17, Université de Coimbra, 2017, pp. 337-354.

Hélène FRAZIK : Empreintes du cinéma allemand dans le fantastique cinématographique français
Lors des années 1930, les formes du fantastique cinématographique français, se caractérisant depuis le début du XXe siècle par leur hétérogénéité, se trouvent enrichies par l'influence du cinéma d'autres pays européens. Davantage que l'apport des Russes Blancs, des scandinaves comme Carl T. Dreyer ou de l'espagnol Luis Buñuel, c'est le cinéma allemand de l'entre-deux-guerres qui marque le plus durablement le fantastique français. Cette communication propose de voir quelles sont les origines et les modalités de ce transfert culturel s'accentuant considérablement lors des années 1930, période d'exil en France de nombreux cinéastes, techniciens et acteurs allemands. Il s'agira aussi d'analyser la manière dont le cinéma allemand de l'entre-deux-guerres a marqué l'esthétique des films du fantastique français à travers la création de formes hybrides dans des œuvres aussi différentes que Liliom (F. Lang, 1933), La Tendre ennemie (M. Ophuls, 1936), La Main du Diable (M. Tourneur, 1943), La Cité de l'indicible peur (J.-P. Mocky, 1963) et Alice ou la dernière fugue (C. Chabrol, 1977).

Hélène Frazik est docteure en études cinématographiques de l'université de Paris I-Panthéon-Sorbonne. Elle a soutenu en 2018 une thèse intitulée "Présences fantastiques dans le cinéma français de l'entre-deux-guerres" dont la publication est prévue pour 2021. Tout en se concentrant sur la notion de fantastique et sur la question de l'apparition dans les œuvres d'art, elle ouvre ses champs de recherche au jeu de l'acteur, au cinéma d'épouvante et au grotesque.
Publications
L'Apparition dans les œuvres d'art, Pascal Couté et Camille Prunet (codir.), Actes des journées d'études tenues à l'université de Caen et à l'ésam de Caen-Cherbourg les 15 et 16 mars 2015, Caen, Presses universitaires de Caen, à paraître début 2020.
"Noirs fantastiques dans le cinéma en noir et blanc : les noirs du cauchemar", dans Sophie Lécole Solnychkine, Du noir dont procèdent les figures. Cinéma et plasticité, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, coll. "Formes cinématographiques", à paraître en 2020.
"Le stratagème du rideau : de la photographie des phénomènes occultes au cinéma fantastique", dans Baptiste Villenave et Julie Wolkenstein (dir.), L'image, le secret, Colloque de Cerisy (28 septembre au 2 octobre 2016), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2020.
"L'insolite dans le cinéma de Jean Grémillon", dans Yann Calvet et Philippe Roger (dir.), Jean Grémillon et les quatre Éléments, Colloque de Cerisy (17 au 24 août 2013), Lille, Presses universitaires du Septentrion, 2019, p. 71-83.
"Cicatrices de la Grande Guerre : résurgence des Mutilés et des Gueules Cassées dans le cinéma français de l'entre-deux-guerres", dans Pierre Arbus (dir.), 1914-1918 Grande Guerre ou contre-révolution ? : ce que disent les imaginaires, Paris, Téraèdre, coll. "Cinéma/Formes autonomes", 2019, p. 117-127.

Christophe GAUTHIER : Une star transnationale en Europe au début des années 30 : Lilian Harvey
Au tournant du Muet et du Parlant, Raoul Ploquin est directeur de la publicité de l'Alliance cinématographique européenne, l'une des plus grandes sociétés de distribution de films allemands en France. Parfaitement bilingue et au fait des conditions de production des films à Berlin, cet homme jeune, qui deviendra le premier directeur du Comité d'organisation de l'industrie cinématographique pendant l'Occupation, contribue en grande partie à la promotion d'une vedette volontiers présentée comme européenne parce que parlant couramment plusieurs langues : Lilian Harvey. À travers l'exemple de cette comédienne connue de plusieurs dizaines de millions de spectateurs (à la différence de ses partenaires masculins, son trilinguisme lui permettait de reprendre ses rôles dans les versions française, allemande et anglaise de ses films), il s'agira de voir comment se construit sur un mode publicitaire une star transnationale dans le champ d'un cinéma européen dominé par l'industrie allemande, et d'autre part comment la critique perçoit cette dimension européenne, à rebours de la promotion des productions nationales.

Christophe Gauthier est professeur d'histoire du livre et des médias à l'époque contemporaine à l'École nationale des chartes (Université PSL). Membre du Centre Jean-Mabillon (EA 3624), il est chargé de cours à l'École du Louvre en histoire du cinéma et il enseigne l'histoire des médias audiovisuels à l'INA ; il a créé et co-animé pendant vingt ans le séminaire d'histoire culturelle du cinéma. Ses recherches portent sur l'histoire de la critique et du patrimoine cinématographiques, ainsi que sur l'histoire des industries culturelles.
Publications
La Passion du cinéma. Cinéphiles, ciné-clubs et salles spécialisées à Paris. 1920-1929, Paris, École nationale des chartes-AFRHC, 1999.
Loin d'Hollywood. Cinématographies nationales et modèle hollywoodien. France, Allemagne, URSS, Chine, 1925-1935 (dir. Avec Anne Kerlan et Dimitri Vezyroglou), Paris, Nouveau Monde éditions, 2013.
L'Auteur de cinéma, histoire, généalogie, archéologie (dir. Avec D. Vezyroglou), Paris, AFRHC, 2013.
Histoires d'O. Mélanges d'histoire culturelle offerts à Pascal Ory (dir. Avec L. Martin, J. Verlaine, D. Vezyroglou), Paris, Publications de la Sorbonne, 2017.
Patrimoine et Patrimonialisation du cinéma (dir.), Paris, École nationale des chartes, 2020 (à paraître à l'automne).

Laurent GUIDO : Wagnérisme et cinéma européen : un idéal résistant
En rêvant d'une résurgence de la tragédie antique au cœur de la modernité technico-scientifique, le grand projet de renouvellement artistique promu par Richard Wagner faisait écho à des conceptions idéalistes et romantiques qui, loin de concerner la seule Allemagne, renvoyaient en fait à une certaine idée de l'âme européenne. Cette question de l'Europe a donc logiquement réapparu lorsque le cinéma, cet héritier apparent du Gesamtkunstwerk wagnérien, s'est emparé de l'imaginaire du maître de Bayreuth. En témoignent notamment les propos enflammés du critique Emile Vuillermoz, qui a vu dans La Mort de Siegfried de Fritz Lang l'occasion de fonder un authentique "Cinéma européen" apte à concurrencer Hollywood sur le terrain du grand spectacle, ou encore les réflexions provocatrices du cinéaste Hans-Jürgen Syberberg qui a utilisé Wagner comme le marqueur absolu d'un esprit européen dont il s'agit autant de condamner les dévoiements idéologiques que de revivifier les fondements mythiques.

Laurent Guido est professeur au département Arts de l'université de Lille. Il a longtemps travaillé à la Section de cinéma de l'université de Lausanne, qu'il a dirigée entre 2010 et 2014. Il a été invité pour des séjours de recherche à Paris I et Chicago, puis d'enseignement à Montréal, Paris-Nanterre, Bruxelles et Lausanne (UNIL et ECAL). Associant l'esthétique à des questions culturelles, il étudie principalement les liens entre cinéma, corporéité et musique, ainsi que les théories du spectaculaire.
Publications
L'Age du rythme, Payot, 2007 ; rééd. L'Age d’Homme, 2014.
Rythmer / Rhythmize, Intermédialités, 2010, éd. avec M. Cowan.
Aux sources du burlesque cinématographique, AFRHC, 2010, éd. avec L. Le Forestier.
Between Still and Moving Images, J. Libbey/Univ. of Indiana Press, 2012, éd. avec O. Lugon.
Jane Feuer. Mythologies du film musical, Presses du réel, 2016, avec M. Chabrol.
De Wagner au cinéma, Mimesis, 2019.
Cinéma, mythe et idéologie, Hermann, 2020.

Federico LANCIALONGA : Coopérations et complicités entre les cinémas militants français et italien des années 1960-70 : une projection commentée
Tout comme les cinématographies "officielles", le cinéma militant des années 1960-1970 s'est édifié grâce à un espace de création transnational. Le rapport entre France et Italie offre un cas de coopération et transfert intra-européen particulièrement intéressant. Les rapports entre ces deux cinématographies militantes se sont manifestés sous plusieurs formes : aides matérielles pour le développement de pellicules, échanges de films, transferts de stratégies esthétiques et politiques entre les cinéastes et les collectifs des deux pays. Dans le cadre d'une projection commentée, l'intervention propose une sélection d'extraits de films issus du catalogue de l'Archivio audiovisivo del movimento operaio e democratico [AAMOD] de Rome qui illustrent les diverses coopérations franco-italiennes : le projet de contre-information des Cinegiornali Liberi, les cinétracts, les images de Mai 68 en France développées par le Parti communiste italien, le cinéma ouvrier.

Federico Lancialonga est doctorant en études cinématographiques à l'université Paris 1 (ED. 279 APESA) et enseignant à la Sorbonne Nouvelle. Il prépare une thèse sur le documentaire politique italien des années 60-70, sous la direction de V. Amiel et S. Layerle. Chercheur associé à la Cinémathèque française, son travail a fait l'objet de communications diverses (Université Paris-Nanterre ; ENS Louis-Lumière), ainsi que de publications pour différentes revues françaises et italiennes (CinémAction, Studi Culturali, Alias, Zapruder).

Sophie LÉCOLE SOLNYCHKINE : Filmer les pôles. Une esthétique européenne ?
Il s'agira, au sujet d'un espace extra-européen, l'Antarctique, de comparer des formulations filmiques européennes et américaines mettant en scène l'âge héroïque de la conquête polaire, en se demandant comment ces productions s'attachent à figurer cet espace hors du monde connu et parcouru. Terra incognita, le territoire antarctique est un espace non encore artialisé par la projection de schèmes iconographiques paysagers, ce qui en fait un endroit propice où questionner l'éventuelle émergence de propositions formelles typiquement européennes.

Sophie Lécole Solnychkine est maître de conférences à l’université Toulouse - Jean Jaurès, où elle enseigne l'esthétique et la philosophie de l'art. Spécialiste du paysage dans les arts visuels (peinture, cinéma), elle développe ses travaux de recherche au croisement de l'histoire des formes et de l'histoire des idées, depuis les sites théoriques que constituent les images cinématographiques et picturales. Elle a fondé et co-dirige la revue Gradalis, publiée aux Éditions Passage(s), consacrée aux expériences paysagères de terrain (textes, images, sons).
Publication
Premier ouvrage personnel, Æsthetica antarctica. The Thing de John Carpenter, Éditions Rouge Profond, novembre 2019.

Morgan LEFEUVRE : Les coproductions, une solution à la crise des studios français et italiens de l'immédiat après-guerre ?
En 1945, les infrastructures de production françaises et italiennes sortent exsangues de plusieurs années de conflit et les rares studios encore en activité fonctionnent au ralenti. Dans ce contexte matériel et économique tendu, le développement des coproductions apparaît aux yeux de nombreux professionnels comme un moyen efficace de relancer la production nationale et de lutter contre la concurrence du film américain qui fait son grand retour sur les écrans des deux pays. Il s'agira dans le cadre de cette communication d'analyser la manière dont les premières coproductions franco-italiennes qui se développent entre 1946 et 1950 ont contribué à redynamiser certains studios, mais également d'évoquer les difficultés d'application de l'accord de 1946 et les tensions que ce dernier suscite entre professionnels français et italiens.

Morgan Lefeuvre est chercheuse associée à la Queen Mary University de Londres au sein du projet Studiotec et membre du groupe de recherche "La création collective au cinéma". Elle enseigne par ailleurs à l'université de Lausanne. Ses travaux portent principalement sur l'histoire des studios français depuis 1930 et sur les coopérations cinématographiques franco-italiennes des années 1930 aux années 1960.
Publications
Les Manufactures de nos rêves. Les studios de cinéma français dans les années 30, préface de Jean-Pierre Berthomé, PUR, [à paraître en septembre 2020].
"Avant l'âge d'or des coproductions : vingt ans d'influences, d'échanges et de coopérations entre cinéma français et italien (1929-1949)", dans Mélisande Levantopoulos, Jean-Marc Leveratto, Katalin Pór et Caroline Renouard (dir.), Les échelles de la création cinématographique. L'individu, le collectif, l'industrie, Paris, AFRHC, [A paraître 2020].
"Quelle place pour le scénaristes dans les coproductions franco-italiennes de l'après-guerre", La Création collective au cinéma, n°5, sous la direction de Martin Fournier et Nedjma Moussaoui, 2020.
"L'Acteur : un travailleur des studios comme un autre ? Place des acteurs dans le système des studios français des années 1930", La Création collective au cinéma, n°4, sous la direction de Bérénice Bonhomme et Paul Lacoste, 2020.
"Grèves rouges et syndicats jaunes : mouvement social et divisions syndicales dans les studios français (1936-1939)" et "Les espoirs déçus de la Libération : retour sur la situation des techniciens et ouvriers de la production cinématographique de 1945 à 1952", dans Tangui Perron (dir.), L'Écran rouge. Syndicalisme et cinéma de Gabin à Belmondo, Paris, L'Atelier, 2018.
"Les grèves d'occupation de juin 1936 dans les studios : un tournant dans l'histoire sociale des travailleurs du film", dans Laurent Creton et Michel Marie (dir.), Le Front populaire et le cinéma français, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, coll. "Théorème", 2017.

Nedjma MOUSSAOUI : De l'Allemagne vers la France… Les films d'exil des années 1930, un nouvel espace cinématographique européen
L'avènement du nazisme conduit à l'exil de nombreux professionnels du cinéma venus d'Allemagne dans différents pays d'Europe. La France est le premier pays d'accueil et une cinquantaine de films d'exil y sont tournés entre 1933 et 1940. L'hypothèse avancée est que ces films ont pu constituer des lieux privilégiés pour la diffusion de pratiques spécifiques issues des studios de la Ufa dans la fabrique du film, et qu'ils ont sans doute aussi permis d'expérimenter de nouvelles modalités de collaboration transnationale entre professionnels du cinéma.

Nedjma Moussaoui est maître de conférences en études cinématographiques et audiovisuelles à l'université Lumière Lyon 2, membre du laboratoire "Passages XX-XXI" et du groupe de recherche "Création collective au Cinéma". Ses travaux concernent les transferts culturels et les phénomènes d'hybridation, et portent notamment sur les cinéastes germaniques exilés sous le nazisme.
Publications
"Le "mélodrame princier" ou l'expression d'une européanité dans le cinéma français des années 1930 ?", in Congrès AFECCAV "D'une Europe audiovisuelle", 5-7 juillet 2018, Université de Strasbourg (à paraître dans la revue Mise au Point).
"De l'impact du travail collectif "à l'allemande" dans la production française des années 1930 ?", in Colloque international "La création cinématographique – coopérations artistiques et cadrages industriels", 23-24 novembre 2017, Université de Metz (à paraître dans la revue de l'AFRHC : 1895)
"Fritz Lang : cinéma et machine(s) à produire des images", in D. Méaux (dir.), L'Art et la machine, PU de Pau et du Pays de l'Adour, Figures de l'art, n°32, 2016, p. 127-237.
"Aspects linguistiques du stéréotype de l'Allemand dans les comédies françaises des années 1960", in M. Barnier et I. Le Corff (dir.), Le cinéma européen et les langues, revue Mise au Point, n°5, 2013 [en ligne].
""Que les choses en soient venues là !" : Lola Montès, un retour aux sources", in M. Chabrol et P.-O. Toulza (dir.), Lola Montès. Lectures croisées, L'Harmattan, coll. "Champs visuels", 2011, p. 37-73.
"1933-1940 : Les cinéastes exilés et le système générique français", in R. Moine (dir.), Le cinéma français face aux genres, Paris, Association Française de Recherche sur l'Histoire du Cinéma, 2005.

Katalin PÓR : Circulations transnationales : individus, réseaux, structures
Hérité des études littéraires et de l'histoire culturelle, le modèle des transferts culturels, théorisé par Michel Espagne et Michael Werner, offre de précieux outils pour penser les phénomènes de circulation et d'échanges entre des espaces créatifs envisagés comme distincts. Une autre forme d'appréhension, relevant plutôt de l'histoire socio-économique, met d'avantage l'accent sur les phénomènes d'interdépendances structurelles entre les pays, insistant sur le caractère précocement mondialisé de l'industrie cinématographique. Comment peut-on articuler ces deux dimensions ? Entre trajectoires individuelles, réseaux de sociabilités et intégration industrielle, comment se construit un espace créatif transnational, et comment peut il s'envisager ?

Katalin Pór est maitresse de conférences HDR à l'université de Lorraine. Elle travaille principalement sur le cinéma hollywoodien, dans ses liens avec l'Europe ainsi qu'avec les formes spectaculaires qui lui sont proches. Elle codirige également, avec Bérénice Bonhomme, le groupe de recherche Création Collective au Cinéma.
Publications
De Budapest à Hollywood. Le théâtre et le cinéma hollywoodien. 1930-1943, Presses universitaires de Rennes, 2011.
Ernst Lubitsch au cœur des studios. Un exercice du pouvoir créatif à Hollywood, CNRS Éditions (à paraître).

David VASSE : Ici et (déjà) ailleurs : le cinéma box to box de Jerzy Skolimowski
Figure incontournable du Nouveau cinéma polonais des années 60, pourfendeur implacable du régime stalinien et de toutes formes d'oppression, Jerzy Skolimowski s'est très tôt retrouvé en situation d'exil, contraint de continuer le cinéma hors de Pologne dans quelques pays d'Europe de l'Ouest plus démocratiques comme la Belgique, l'Italie et surtout l'Angleterre où il réalisera deux de ses plus beaux films (Deep End en 1970 et Travail au noir en 1982). Il s'agira de montrer comment cette situation d'exilé assimile formellement une notion essentielle, à savoir le mouvement, plus exactement le déplacement, conjugué à la vitesse et à l'urgence d'échapper physiquement au conditionnement social, politique mais aussi névrotique. Partir aux quatre coins de l'Europe pour continuer à faire du cinéma, c'est non seulement en livrer un portrait actuel, oblique et acéré (principe même d'un regard d'artiste étranger sur un nouveau pays d'accueil) mais aussi décrire un mode de liberté fondé sur la projection mentale et physique, hors des limites imposées par un système de contrôle des comportements, sur la capacité à transformer un point de départ en pivot cardinal d'un retour sans cesse réorienté ailleurs.

David Vasse est maitre de conférences HDR en études cinématographiques à l'université de Caen Normandie. Spécialiste de la critique de cinéma et du cinéma français contemporain, il a publié plusieurs articles dans des revues comme Les Cahiers du cinéma, CinémAction, Vertigo, Double Jeu ou Contre-bande.
Publications
Catherine Breillat, un cinéma du rite et de la transgression, Arte/Complexe, 2004.
Le Nouvel âge du cinéma d'auteur français, Klincksieck, 2008.
Jean-Claude Brisseau, entre deux infinis, Rouge Profond, 2015.
A codirigé avec Antony Fiant, Le Cinéma de Hou Hsiao-hsien. Espaces, temps, sons, Presses universitaires de Rennes, 2013.