OÙ SONT LES TECHNOLOGIES D'AVENIR ?
1. DE SIMONDON À LA SCIENCE-FICTION
DU MERCREDI 30 AOÛT (19 H) AU MARDI 5 SEPTEMBRE (14 H) 2023
[ colloque de 6 jours ]
ARGUMENT :
En 1983, le philosophe Gilbert Simondon estimait que "La technologie approfondie doit apprendre non seulement à inventer du nouveau, mais à réinsérer l'ancien et à le réactualiser pour en faire un présent sous l'appel de l'avenir". Quarante ans plus tard, tout ceux qui réfléchissent à l'avenir de notre civilisation en conviennent : les technologies qui pourront relever les défis matériels, énergétiques, informationnels et environnementaux ne correspondent pas forcément aux promesses futuristes des innovations accélérées récentes ; ce sont celles qui fondent un avenir moins éphémère pour les vivants et les machines dans leurs milieux intriqués.
La pensée contemporaine doit concevoir cet avenir en faisant appel à la convergence de multiples disciplines et en surmontant la désorientation actuelle qui résulte de l'abandon des représentations linéaires du progrès technique : des technologies dominantes préemptent la vision du futur alors qu'elles sont des "zombies" (elles sont mortes au regard des exigences de la survie de l'espèce), tandis que d'autres, négligées, oubliées ou enfouies dans des traditions locales, possèdent sans doute de plus grands potentiels.
D'où cette interrogation : Où sont les technologies d'avenir ?
De la philosophie des techniques à la science-fiction, en passant par l'histoire, la physique, les méthodologies de la conception, l'architecture ou la prospective éco-technologique, ce colloque interrogera ce qui définit une technologie d'avenir. De façon à la fois spéculative et concrète, nous approfondirons des enjeux tels que la redéfinition des obsolescences en fonction des échelles, l'étude des couplages et découplages entre les technologies et leurs milieux associés, les implications de "l'écotechnologie", la réflexion sur les affects technologiques, l'opportunité de stratégies de bifurcation et les orientations technopolitiques à privilégier pour l'avenir.
À l'ère de la coexistence des flux massifs d'information, des crises énergétiques, sanitaires et militaires, et des dérèglements climatiques, la réflexion technologique se doit d'élaborer de nouveaux critères pour penser le progrès dans toutes ses dimensions, pour dépasser l'addiction à la puissance, et pour inventer la "Right Tech" qui réponde à l'appel de l'avenir.
MOTS-CLÉS :
Bifurcation, Écotechnologie, Right Tech, Science-fiction, Simondon (Gilbert)
CALENDRIER PROVISOIRE :
Mercredi 30 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS
Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants
Jeudi 31 août
OBSOLESCENCES ET ÉCHELLES
Matin
Silvia de CESARE & Vincent BONTEMS : Le progrès sans croissance ? Comparaison et interaction des lignées techniques et biologiques
Giovanni CARROZZINI : L'objet technique est-il obsolescent ? Sur la réutilisation avec et au-delà de Simondon
Après-midi
Pauline PICOT : De l'analogie en éco(techno)logie : le cas de la "technodiversité"
Florence HACHEZ-LEROY & François BOST : L'héritage technologique, source d'avenir ?
José HALLOY : Quels critères scientifiques et techniques pour inventer des technologies d'avenir de très longue durée ?
Soirée
Entretien sur la mécanologie, film de Gilbert Simondon, 1968
Vendredi 1er septembre
COUPLAGES ET DÉCOUPLAGES
Matin
Jérôme LAFORCADE : Les contradictions de couplage
François BONTEMS : Le vaccin comme technologie de couplage
Après-midi
Élie CHEVIGNARD & Jacques JACOT : Archéologie d'une transition numérique : le quartz dans l'Arc Horloger
Sébastien BOURBONNAIS : Lorsque les architectes rencontrent les technologies numériques
Vincent MINIER : Virtualité des technologies de l'éducation
Soirée
Farah KHELIL & Michaël BERTIN : Les Plateaux
Samedi 2 septembre
ÉCOTECHNOLOGIES (PLANÉTOLOGIE)
Matin
Roland LEHOUCQ & Vincent BONTEMS : Quelles technologies pour les Fremen ?
Jean-Hugues BARTHÉLÉMY & Ludovic DUHEM : Pour une éco-technologie. Penser par-delà techno-solutionnisme et écologisme technophobe
Après-midi
DÉTENTE
Dimanche 3 septembre
AFFECTS TECHNOLOGIQUES
Matin
Frédéric PASCAL & Cléo COLLOMB : La technologie délicate des implants cochléaires : l'image sensorielle en question
Catarina POMBO NABAIS : Tatouages technologiques et science-fiction
Après-midi
Anaïs NONY : Techniques de l'âme et technologie de l'esprit
Dominique LESTEL & Patrice KILLOFER : Le zoofuturisme
Dai LI : 器•味 (technique-odeur) ou la "Technologie olfactive" comme nouvelle pensée technique
Soirée
Alexandre MONNIN & Victor PETIT : Technologies terrestres et extraterrestres : une critique depuis les Milieux-Tech
Lundi 4 septembre
STRATÉGIES DE BIFURCATION
Matin
Vincent LARIVIÈRE : L'évolution de la technologie vue par la bibliométrie
Anne ALOMBERT : Pour une bifurcation organologique : des technologies persuasives aux technologies contributives
Après-midi
Cléo COLLOMB : Pour une Intelligence Artificielle non-mimétique
Christian de RONDE, Vincent BONTEMS & Andrea BARDIN : Quel avenir pour les technologies de l'intrication ?
Vincent BEAUBOIS : De l'intermittence technique
Soirée
Maria BARTHÉLÉMY, René SULTRA, Sacha LOEVE & Jean NAYROLLES : CoinS de vue sur l'écriture temporelle des images : l'aspirant, le médiateur et la pythie
Mardi 5 septembre
ORIENTATIONS TECHNOPOLITIQUES
Matin
Jim SCHRUB : Classicisme du numérique et crise écologique moderne : la double écofragmentation comme figure de notre temps
Andrea BARDIN & Marco FERRARI : Technopolitiques, ou penser la politique comme/entre/à travers science et technique
Après-midi
DÉPARTS
RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :
Vincent BONTEMS
Vincent Bontems, directeur de recherches au CEA, professeur associé à l'INSTN, codirecteur du master Management de la Technologie et de l'Innovation à PSL, directeur de la collection "L'Âne d'or" aux Belles Lettres. Philosophe des sciences et des techniques, spécialiste de Gaston Bachelard et de Gilbert Simondon, il enseigne la philosophie de l'innovation à l'INSTN et à l'Institut Pasteur.
Publications récentes
"Penser l'innovation sur Arrakis", in R. Lehoucq (dir.), Dune. Exploration scientifique et culturelle d'une planète-univers, Le Bélial, 2020.
"Écotechnologie : entre exo-transcendance et rétro-scalabilité. Le principe de moindre puissance d'après Simondon", in J.-H. Barthélémy & L. Duhem (dirs.), Écologie et Technologie. Redéfinir le progrès après Simondon, Éditions Matériologiques, 2022.
Avec C. de Ronde, "Simondon e la meccanica quantistica", err. Scritture dell'imprevisto, 2022.
Christian FAURÉ
Christian Fauré est ingénieur et philosophe, il est Directeur Scientifique de OCTO Technology, une entreprise de conseil et de services numériques.
Roland LEHOUCQ
Roland Lehoucq est astrophysicien au Département d'astrophysique du CEA de Saclay. Il enseigne à Sciences Po Paris (campus du Havre) et au master "Approche Sociale des Enjeux Énergétiques" de l'université de Paris Cité. Il tient depuis plus de 20 ans une rubrique scientifique dans la revue de science-fiction Bifrost. Depuis 2012, il est président des Utopiales, le festival international de science-fiction de Nantes.
Publications récentes
La vie alien - Manuel pour construire un monde extraterrestre, R. Lehoucq, J.-S. Steyer & L. Genefort, Le Bélial, Collection "Parallaxe", octobre 2022.
Humain dans l'espace, entre réel et fiction, R. Lehoucq et F. Porcel, Éditions La Martinière, octobre 2021.
"Le temps joue contre nous", in Écologies – Le vivant et le social, Ouvrage dirigé par P. Boursier et C. Guimont, mars 2023.
"Les vaisseaux du 8e passager", in Alien : La Xénographie, Ouvrage dirigé par N. Martin et S. Riaux, Éditions ActuSF, octobre 2022.
"Habiter l'espace », in 2001 L'Odyssée de l’espace - Au carrefour des arts et des sciences, Ouvrage dirigé par C. L. Robinson et S. Azulys, Les éditions de l'École polytechnique, p. 73-84, octobre 2021.
"Science-fiction et armes absolues", in Imaginaires nucléaires - Représentations de l'arme nucléaire dans l'art et la culture, Ouvrage dirigé par J.-B. Jeangène Vilmer, Odile Jacob, p. 31-40, septembre 2021.
Andrea BARDIN & Marco FERRARI : Technopolitiques, ou penser la politique comme/entre/à travers science et technique
Notre contribution vise à interroger le rapport entre la "technologie" et "l'avenir de notre civilisation" à partir d'une analyse de la politique comme activité technique normative concernant des objets techniques particuliers (les institutions politiques). En nous appuyant sur Gilbert Simondon, nous essayerons de montrer en quels termes une conception de la politique comme technique normative devrait permettre de penser une normativité spécifiquement sociale. Une normativité qui partant ne pourra ni coïncider avec la normativité vitale (le rêve libéral d'autorégulation immanente du social), ni hypostatiser son état pathologique (le social comme automate). Pour ce faire, nous pensons qu'il faut s'interroger sur la nature des objets techniques que sont les institutions politiques, sur la nature de la technique qu'est — ou que devrait être — la politique et, finalement, sur la relation entre science politique et politique, contre la manière dont, depuis la Modernité, la politique a été pensée "scientifiquement" (à lire : idéologiquement).
Andrea Bardin is Senior Lecturer in Politics at Oxford Brookes University. He works on the relationship between science and political thought from early modernity to the present. He has written extensively on Thomas Hobbes and Gilbert Simondon. He is the author of Epistemology and Political Philosophy in Gilbert Simondon : Individuation, Technics, Social Systems (Springer, 2015).
Marco Ferrari est chercheur post-doctorant en philosophie politique à l'université de Padoue. Il a exploré le lien entre la science et la pensée politique à travers l'idéalisme allemand, la psychanalyse et la philosophie française contemporaine. Il a publié plusieurs ouvrages sur Jacques Lacan, Alain Badiou, Michel Foucault, Gilbert Simondon, la psychanalyse et la cybernétique.
Publications récentes
"Naissance de la cybernétique. Ripensare l'analisi foucaultiana del neoliberalismo da un punto di vista epistemologico (Tre affondi per un lavoro a venire)", in G. Angelini, A. Esposito (dir.), Dieci anni di Universa, dieci anni di ricerca, Pup, Padova 2021, p. 149-172.
(avec A. Bardin) "Governing Progress : from Cybernetic Homeostasis to Simondon's Politics of Metastability", in The Sociological Review, Vol. 70, n°2 (2022), p. 248-263.
"Simondon nella storia della filosofia", in Philosophy Kitchen, mai 2022 [en ligne].
"Prima", err. scritture dell'imprevisto, Vol. 2, n°1 (2022), sous la direction de M. Ferrari [en ligne].
"The Dark Side of Sovereignty. The Question of Government in a Historical-Epistemological Perspective", in Soft Power. Euro-American Journal of Historical and Theoretical Studies of Politics and Law, Vol. 18 (2023), p. 38-66.
"La cibernetica prima della cibernetica. Filosofia, scienza e tecnica in Norbert Wiener (1914-1943)", in Philosophy Kitchen, Vol. 18 (2023, à paraître).
Traduction et commentaire de G. Simondon, "Cybernétique et philosophie", in F. Pisano, L. Cabassa (dir.), Epistemologie. Critiche e punti di fuga nel dibattito contemporaneo, Mimesis, Milano-Udine (2023, à paraître).
Traduction et commentaire de P. Mirowski, "Dissembling Nature, Elusive Economy", in F. Pisano, L. Cabassa (dir.), Epistemologie. Critiche e punti di fuga nel dibattito contemporaneo, Mimesis, Milano-Udine (2023, à paraître).
N. Wiener, Cibernetica. Controllo e comunicazione nell'animale e nella macchina, sous la direction de M. Ferrari, Orthotes, Napoli-Salerno (2023, à paraître).
Jean-Hugues BARTHÉLÉMY & Ludovic DUHEM : Pour une éco-technologie. Penser par-delà techno-solutionnisme et écologisme technophobe
Cette intervention vise à prolonger le travail de construction de l'idée d'éco-technologie inauguré selon trois angles simultanés et complémentaires par Jean-Hugues Barthélémy, Vincent Bontems et Ludovic Duhem dans l'ouvrage collectif Écologie et technologie. Redéfinir le progrès après Simondon (Éditions Matériologiques, Paris, 2022). L'éco-technologie, telle qu'elle procède d'une compréhension simondonienne de la technique dans son irréductibilité au statut de moyen pour la Puissance humaine, s'inscrit dans le cadre plus général d'un dépassement des trois oppositions nature/technique, nature/culture et culture/technique. Elle s'y offre alors comme ce qui doit permettre de redéfinir l'idée de progrès en accord avec l'exigence devenue prioritaire de la protection des milieux naturels. Cette tâche théorique, qui seule peut nous rendre vraiment capables de ne pas nous enfermer dans le débat quelque peu simpliste opposant un écologisme technophobe à un techno-solutionnisme capitaliste, implique centralement de prolonger l'accent mis par Simondon sur les relations d'échelles en tant que complexité à affronter aujourd'hui. Seront abordées et problématisées dans ce cadre les questions de la fusion nucléaire entrevue et de l'énergie solaire déjà acquise, mais aussi celles de la captation de CO2, jugée nécessaire par le GIEC, et de la possibilité de la culture de phytoplancton.
Jean-Hugues Barthélémy est professeur agrégé de philosophie, chercheur associé HDR à l'université Paris-Nanterre et membre du CEPC de l'université de Tours. Ancien directeur du Centre international des études simondoniennes et des Cahiers Simondon, il est l'auteur du Manifeste pour l'écologie humaine (Actes Sud, 2022), d'Ego Alter. Dialogues pour l'avenir de la Terre (Éditions Matériologiques, 2021), de La Société de l'invention. Pour une architectonique philosophique de l'âge écologique (Éditions Matériologiques, 2018), et de plusieurs ouvrages de référence sur la philosophie de Gilbert Simondon (1924-1989), dont le Simondon paru aux Belles Lettres en 2014. Il a également co-dirigé avec Ludovic Duhem le récent Écologie et technologie. Redéfinir le progrès après Simondon (Éditions Matériologiques, 2022).
Sébastien BOURBONNAIS : Lorsque les architectes rencontrent les technologies numériques
Dès les années 1960, les premiers systèmes CAD (Computer-Aided Design) ont cherché à mettre à l'épreuve les processus de conception dans plusieurs milieux créatifs, dont celui de l'architecture. Cette remise en question a d'ailleurs été continuellement présente, avec parfois même, une recherche de déstabilisation de l'architecture elle-même. À partir de l'analyse des discours de certains architectes engagés dans des pratiques innovantes avec l'ordinateur, il s'agit de mettre en lumière différents champs d'action accordés à ces technologies, autant que les conséquences que ces architectes ont envisagées sur leurs pratiques. Cette analyse souhaite finalement dégager quelle conception, voire définition, ces architectes ont de la technique ; éclairant également les activités de conception architecturale elles-mêmes, ainsi que leurs devenirs.
Sébastien Bourbonnais est professeur adjoint à l'école d'architecture de l'université Laval, Québec. Il est docteur en architecture. Ses recherches portent sur l'appropriation par les architectes des technologies numériques, en s'appuyant sur différentes pensées des techniques, dont celles du philosophe Gilbert Simondon.
Cléo COLLOMB : Pour une Intelligence Artificielle non-mimétique
En 1973, Castoriadis écrivait qu'"un ordinateur n'"imite" pas le système nerveux central, il est construit sur d'autres principes". Cette affirmation peut paraître triviale, mais ce serait oublier un peu vite le succès de la comparaison du cerveau et de la machine, avec en toile de fond le fantasme ou la crainte de voir un jour la machine dépasser l'humain, du point de vue de sa capacité à raisonner ou à ressentir. Penser l'ordinateur au prisme de l'humanité est en effet une attitude répandue dont les effets se traduisent très concrètement dans les outils numériques que nous développons. Nous proposerons, dans notre contribution, de faire bifurquer le concept d'Intelligence Artificielle pour tâcher de le libérer de ce que Vincent Bontems (2008) appelle "la projection naïve de la volonté de puissance humaine sur le robot" et envisager son possible avenir non mimétique, notamment à travers le développement d'un outil de collecte de sources sur le web et d'un moteur de recherche, qui seront présentés et mis en test lors de cette présentation.
Cléo Collomb est maîtresse de conférence à l'université Paris-Saclay, rattachée à l'Institut Droit, Espaces, Technologies (IDEST). Elle développe une recherche technologique visant à concevoir des instruments d'observation et d'analyse des dynamiques sociales sur le clear, le deep et le dark web.
José HALLOY : Quels critères scientifiques et techniques pour inventer des technologies d'avenir de très longue durée ?
L'anthropocène peut se définir comme une époque où une partie de l'humanité, en raison de l'usage intensif des techniques, est devenue une force tellurique qui perturbe le fonctionnement biogéophysique de la Terre. Ces perturbations ont provoqué une réduction de l'habitabilité de la Terre pour l'humanité et une partie du vivant. En conséquence, la question de l'impact des techniques est devenue centrale et fondamentale pour envisager la persistance de l'humanité. Bien que considérées comme mortes sur le plan de la soutenabilité à long terme, les technologies, issues de la révolution industrielle, telles des zombies, continuent à envahir le monde au détriment de l'humanité et du vivant. La définition des fondements de nouvelles technologies, essentielles pour l'humanité, qui sont durables sur des échelles de temps de plusieurs siècles ou millénaires, s'impose. Par contraste avec les "technologies zombies", je les nomme "technologies vivantes". Les technologies vivantes se baseraient alors sur les processus du vivant à la fois comme source matérielle et fonctionnelle. Elles prendraient en compte l'énergétique planétaire et sa biogéochimie pour pouvoir être pleinement intégrées aux cycles du vivant et au fonctionnement biogéophysique de la planète Terre.
José Halloy est professeur de physique à l'université Paris Cité et co-fondateur du Laboratoire Interdisciplinaire des Énergies de Demain (LIED CNRS UMR8236) en 2013. Depuis 2011, il développe des recherches interdisciplinaires, incluant les sciences sociales, dans un cadre de référence "système Terre" ou encore "planète vivante" destiné à construire une pensée systémique de la soutenabilité.
Publications
Halloy, J. (2021), "Réchauffement climatique et technologies. Quelle est la question ?", La Revue Nouvelle, 7, 56-62 [en ligne].
Halloy, José, Nicolas Nova, and Alexandre Monnin, "Au-delà du low tech", Ritimo 21 (2020).
Halloy, J. (2018), "L'épuisement des ressources minérales et la notion de matériaux critiques", La Revue Nouvelle, 4, 34-40 [en ligne].
Halloy, J. (2018), "Ressources naturelles : Enjeu majeur pour l'avenir de nos sociétés", La Revue Nouvelle, 4, 30-33 [en ligne].
Halloy, J. (2017), "La numérisation de l'économie est-elle durable ?", La Revue Nouvelle, 4, 54-61 [en ligne].
Farah KHELIL & Michaël BERTIN : Les Plateaux
Plateaux (2017-) est une partition et une performance sonore et expérimentale émanant d'une partie de Go à laquelle se livrent deux joueurs en direct. En 2017, la partie historique menée entre une Intelligence Artificielle (AlphaGo) et un champion du monde de Go (Lee Sedol) a été traduite en une partition pour piano et interprétée par un pianiste. Puis en 2019, Plateaux prend la forme d'une application permettant de produire une mélodie générée au gré du déploiement par des pierres sur le tablier de jeu. Ce projet se poursuit sous d'autres formes questionnant la notion de transduction ainsi qu'une forme d'affects liée aux technologies passées et futures qui en éclaire de nos usages digitaux quotidiens. En 2023 au Château de Cerisy, Plateaux prendra la forme d'une exposition-restitution du processus de recherche et de création de ce projet qualifié d'œuvre logicielle.
Farah Khelil est artiste, diplômée de l'Institut supérieur des beaux-arts de Tunis et est titulaire d'un doctorat en arts et sciences de l'art de l'École des arts de la Sorbonne (Paris 1). Son œuvre, à la fois plastique et conceptuelle, puisant dans l'intime et la pensée philosophique, conjugue livres d'artiste, peinture, photographie, vidéo, dessins et installations. Elle interroge le rapport à l'image, à l'exposition, au langage et à l'histoire. Elle enseigne à l'École Supérieure d'Art de Lorraine à Metz.
Publications récentes
"Le diagramme à l'œuvre", in When Form becomes substance. Power of Gestures, Diagrammatic Intuition and Phenomenology of Space, Ed. Birkhaüser/Springer, 2022.
"Laisser être et rendre possible", in Effet de serre, Ouvrage bilingue avec les textes de Clelia Coussonnet, Adnen Jdey, Farah Khelil, Hedi Khelil, Bourse de recherche Centre d'étude magrébine à Tunis et du Critical Research and Scholarship in North Africa, Édition BaoBooks, 2022.
Jérôme LAFORCADE : Les contradictions de couplage
Les lois d'évolutions décrites par G. Altshuller montrent une grande différence entre les situations décrivant l'évolution systémique liée à l'identification d'un problème technique et l'évolution forcée par la nature même de la technologie. Dans le premier cas, une évolution incrémentale sera initiée soit sur le système ou les composants sur lequel est identifié le problème, soit sur les systèmes entrant dans l'environnement associé. L'évolution du couple système / environnement associé se fera alors par de petites évolutions ne remettant généralement pas en cause leurs lignes technologiques propres. On constate que ces évolutions de faibles amplitudes ne permettent pas de rendre compte de la totalité des changements constatés sur les technologies. En effet, dans certains cas, les évolutions incrémentales ne suffisent pas à résoudre le conflit décrivant le problème. Il faut en chercher la cause dans la technologie elle même et ses limites qu'elle engendrera par impossibilité de modifier les environnements associés. En bref, la technologie porte en elle le poison qui déclenchera sa perte. La modélisation de cette situation est également une contradiction mais dans laquelle les deux paramètres impliqués sont associés au système pour le premier et à l'environnement associé pour le second. La résolution de ce conflit passera par un changement technologique profond créant d'innombrables répercussions à la fois dans l'environnement mais également sur les systèmes interagissants avec ce dernier.
Alexandre MONNIN & Victor PETIT : Technologies terrestres et extraterrestres : une critique depuis les Milieux-Tech
D'un côté les tenants de l'autonomie et du Low-tech vernaculaire, de l'autre les promesses du découplage et de la performance Hig-Tech. L'alternative est bien connue mais ne fonctionne toujours pas. Ce que nous appelons ici Milieu-Tech signifie à la fois une voie intermédiaire et une technologie ouverte sur son milieu. Mais que faire de cette ouverture quand nos milieux techniques sont impurs ? Si tous les latouriens s'accordent à dire qu'il faut redevenir terrestre, personne ne semble en mesure d'expliquer en quel sens une technologie est ou n'est pas terrestre. Cette intervention tentera de remettre de la normativité en écologie des techniques et d'éclaircir la question des communs technologiques — y compris et surtout ceux qui nous encombrent.
Frédéric PASCAL & Cléo COLLOMB : La technologie délicate des implants cochléaires : l'image sensorielle en question
Les implants cochléaires sont des dispositifs artificiels de supplétion des organes auditifs. Ils sont destinés à dépasser la surdité profonde ou absolue. Le dispositif opère une transduction électrique par microphone du signal acoustique pour en livrer une analyse algorithmique qui est ensuite injectée dans le noyau cochléaire. Les non-entendants de naissance sont implantés au plus tôt, à partir de huit mois. Cependant un nombre non négligeable de personnes implantées enfant, demandent l'explantation une fois adultes ; d'autres n'entrent pas dans le langage oral et continuent à s'exprimer avec la langue des signes, voire désactivent leur implant. L'avenir des implants cochléaires et des prothèses auditives ne saurait être jugé que dans la mesure où serait mise au premier plan leur appropriation sensorielle. Ici, les dimensions affective, subjective et esthétique, autant que les jeux de pouvoir, de hiérarchie et de dépendance des objets techniques intègrent in fine toujours des aventures collectives.
Frédéric Pascal, après avoir été ingénieur-chercheur au CEA, entrepreneur dans l'adaptation des aides auditives et le design sonore, est consultant-chercheur à la redirection écologique et stratégique des collectivités.
Cléo Collomb est maîtresse de conférence à l'université Paris-Saclay, rattachée à l'Institut Droit, Espaces, Technologies (IDEST). Elle développe une recherche technologique visant à concevoir des instruments d'observation et d'analyse des dynamiques sociales sur le clear, le deep et le dark web.
Pauline PICOT : De l'analogie en éco(techno)logie : le cas de la "technodiversité"
Objet multiscalaire, complexe et dynamique, la "biodiversité" fut proposée pour désigner la crise du vivant et de son avenir. Il est depuis devenu central en écologie scientifique. Symétriquement, une diversité ou diversification technique ou technologique trouve sa promotion comme accompagnant une démarche d'innovation. On trouve dans ces recherches différents emprunts à l'écologie, suggérant un rapport d'analogie entre les deux diversités : référence explicite, théorie évolutionniste, mêmes indicateurs. On se propose ici d'interroger le rapport entre biodiversité et diversité technologique en prenant appui sur la théorie simondonienne de l'analogie ("Allagmatique", ILFI, p. 529-536). On s'attachera d'abord à la biodiversité en termes opératoires, puis on confrontera celle-ci à la diversité technologique telle que comprise actuellement dans la littérature scientifique. Enfin, on tentera une formulation par analogie d'une "technodiversité".
Pauline Picot est doctorante au sein du laboratoire InSyTE (Recherches interdisciplinaires sur les interactions société-technologie-environnement) à l'université de technologie de Troyes. Après un double cursus en ingénierie mécanique et philosophie, elle interroge dans sa thèse la diversité en technologie (ou "technodiversité") en prenant appui analogiquement sur la biodiversité telle que construite, interrogée, évaluée, valorisée en écologie.
Page personnelle : https://recherche.utt.fr/research-directory/pauline-picot
Jim SCHRUB : Classicisme du numérique et crise écologique moderne : la double écofragmentation comme figure de notre temps
Comment formaliser l'articulation des enjeux de la numérisation croissante des dimensions de la vie et la criticité de notre situation écologique sachant la partition simondonienne de l'histoire — des savoirs humains — selon la recherche de normes de la perception (antique), de l'action (classique) et de l'alimentation (moderne) ; et sachant que Simondon laisse ouverte la tâche qui consiste à penser notre phase contemporaine dans ces coordonnées, je proposerai d'articuler ces deux enjeux — climatique et numérique —, en soutenant d'abord que le numérique réactive des problématiques propres à la phase classique du développement des savoirs, c'est-à-dire la phase gouvernée par la recherche de normes de l'action plutôt que de la perception. Ceci a pour conséquence de devoir poser à nouveaux frais la question de la recherche de normes d'alimentation/motivation, sachant qu'il n'est plus possible de fonder la norme de l'action sur les acquis des classiques, c'est-à-dire sur un sujet constituant.
Jim Schrub est doctorant en philosophie à l'université Paris-Nanterre. Il travaille sur la modulation chez Simondon, et sa réception dans la théorie des média contemporains. Il est l'auteur de "Pour une critique simondonienne du survivalisme" (in Écologie et technologie, redéfinir le progrès après Simondon, J.-H. Barthélémy et Ludovic Duhem, Éditions Matériologiques, 2022) et est co-éditeur d'un numéro de la revue Epekeina sur la créativité computationnelle, à paraître à l'automne prochain.
BILIOGRAPHIE :
• J.-H. Barthélémy & L. Duhem (dirs.), Écologie et Technologie. Redéfinir le progrès après Simondon, Éditions Matériologiques, 2022.
• V. Bontems, Au nom de l'Innovation. Finalités et modalités de la recherche au XXIe siècle, Les Belles Lettres, 2023.
• V. Bontems (dir.), Gilbert Simondon ou l'invention du futur, Colloque de Cerisy, Éditions Klincksieck, 2016.
• P. Boursier & C. Guimont, Écologies – Le vivant et le social, La Découverte, 2023.
• R. Lehoucq (dir.), Dune. Exploration scientifique et culturelle d'une planète-univers, Le Bélial, 2020.
• D. Lestel & P. Killofer, Machines insurrectionnelles, Fayard, 2021.
BULLETIN D'INSCRIPTION
Les inscriptions à ce colloque sont ouvertes. En cas d'affluence et au regard de notre capacité d'accueil, certaines pourront être mises sur liste d'attente.
Avant de remplir ce bulletin, consulter la page Inscription de notre site.
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