Programme 2022 : un des colloques

Programme complet


PENSER LES SOCIÉTÉS ET LES POUVOIRS AVEC MAX WEBER

VERS UNE "SCIENCE DE LA RÉALITÉ" ?


DU LUNDI 26 SEPTEMBRE (19 H) AU DIMANCHE 2 OCTOBRE (14 H) 2022

[ colloque de 6 jours ]


"Le monde moderne, un monde rationalisé ?"


DIRECTION :

Félix BLANC, Raphaëlle LAIGNOUX, Francisco ROA BASTOS, Victor STRAZZERI


ARGUMENT :

Depuis un siècle, les travaux de ce grand savant allemand servent de référence aux sciences humaines et sociales. Fondées sur l'étude approfondie de différentes périodes historiques (de l'Antiquité grecque et romaine à la modernité occidentale, en passant par plusieurs cultures orientales), ses analyses de la construction des groupes sociaux (religieux, économiques et politiques), des motivations de l'action sociale ou encore des modes de légitimation des pouvoirs, permettent d'articuler l'étude des structures macrosociales et celle des actions individuelles dans toute leur complexité. Ces travaux comparatifs offrent, aujourd'hui encore, et peut-être plus que jamais, des outils précieux pour analyser notre temps. Pour peu qu'elle soit lue, discutée, voire critiquée, l'œuvre de Max Weber, un siècle après sa mort, ne cesse de remuer la pensée.

Ce colloque aura donc pour objectif de proposer un examen collectif des divers apports des travaux de Max Weber, et des usages qui peuvent en être faits pour mieux comprendre les sociétés contemporaines. Il s'agira d'évaluer le programme de connaissance wébérien, qui vise à jeter les bases d'une "science de la réalité" (Wirklichkeitswissenschaft), et à étudier la circulation comme la réception de ses travaux hors d'Allemagne et dans différentes disciplines (aussi bien l'histoire que la sociologie, la philosophie, le droit, l'économie et la science politique). Cette rencontre, qui se veut largement ouverte, rassemblera à la fois des spécialistes de la pensée de Weber mais aussi, et surtout, toute personne intéressée par la manière dont ce "classique des sciences sociales" peut aider à mieux penser la réalité actuelle, et ce afin d'y mieux agir.

N.B. : Ce colloque ayant été initialement prévu en 2020, il vous est possible d'accéder à sa présentation 2020 : cliquer ici.


MOTS-CLÉS :

Capitalisme, Croyances et valeurs, Déterminants de l'action, Domination, Économie politique, Épistémologie des sciences sociales, Éthique, Histoire comparée, Légitimation politique, Rationalités, Sociologie allemande, Sociologie compréhensive, Sociologie des religions, Weber (Max)


CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 26 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Mardi 27 septembre
L'HISTOIRE A-T-ELLE UN (SEUL) SENS ? PENSER LE CHANGEMENT HISTORIQUE AVEC WEBER [présentation]
Matin
Raphaëlle LAIGNOUX, Francisco ROA BASTOS & Victor STRAZZERI : Pourquoi relire et utiliser Max Weber aujourd'hui ? (Introduction générale)
Hinnerk BRUHNS : Max Weber et l'analyse historique des formes et institutions économiques

Après-midi
Julien FAGUER : La terre et le marché du crédit en Grèce ancienne : une perspective wébérienne
Pierre-Henri ORTIZ : Les prophètes contre la République : une lecture wébérienne des conflits religieux à Rome


Mercredi 28 septembre
Matin
COMMUNAUTÉS, INDIVIDUS, IDENTITÉS. UNE SOCIÉTÉ OUVERTE EST-ELLE POSSIBLE ? [présentation]
Mathurin SCHWEYER : La sociologie de la domination comme critique du pouvoir : Weber et l'histoire politique de l'autorité familiale
Elisabeth KAUFFMANN : Max Weber et les communautés

Discussion collective de la postface de Catherine Colliot-Thélène dans Max Weber, Les Communautés, Paris, 2019 : "Les Communautés de Max Weber : quelle actualité ?" (p. 265-296)

Après-midi
PEUT-IL Y AVOIR UN POUVOIR LÉGITIME ? TRADITION, CHARISME, BUREAUCRATIE : APPORTS ET LIMITES DU TRIPTYQUE WÉBÉRIEN DE LA LÉGITIMITÉ DU POUVOIR [présentation]
Patrice DURAN : Penser la légitimité avec Max Weber, la "portée" d’un classique
Jean-Michel DAVID : Magistratures, autorité, adhésion et dépendance dans la Rome républicaine à la lumière des définitions wébériennes du charisme [visioconférence]
Alexis FONTBONNE : Une bureaucratie charismatique : l'institution ecclésiastique à partir du XIe siècle [visioconférence]

Soirée
Hommage à Catherine Colliot-Thélène


Jeudi 29 septembre
PEUT-IL Y AVOIR UN POUVOIR LÉGITIME ? TRADITION, CHARISME, BUREAUCRATIE : APPORTS ET LIMITES DU TRIPTYQUE WÉBÉRIEN DE LA LÉGITIMITÉ DU POUVOIR (suite) [présentation]
Matin
Yves SINTOMER : Repenser la sociologie historique de Weber au XXIe siècle [enregistrement audio en ligne sur Canal U, chaîne La forge numérique | MRSH de l'université de Caen Normandie]
Didier GEORGAKAKIS : L'Europe peut-elle être gouvernée par une personnalité charismatique ? Sur quelques contractions théoriques et empiriques du "leardership politique" de l'UE

Après-midi
Federico TARRAGONI : L'inspiration wébérienne d'une sociologie du politique
Dominique LINHARDT : Le concept de monopole de la violence légitime dans l'œuvre de Max Weber : une approche de sociologie de la connaissance
Edith HANKE : Les luttes de Max Weber avec le concept de "démocratie". Un plaidoyer pour la sociologie politique


Vendredi 30 septembre
CULTURE, CROYANCES ET CONDUITES DE VIE [présentation]
Matin
Thomas KEMPLE : The Rationalizations of Culture and their Directions
Isabelle KALINOWSKI : Fides implicita. Weber et la notion d'obéissance [visioconférence]

Discussion collective du texte de Marianne Weber "Autorität und Autonomie in der Ehe", in Marianne Weber, Frauenfragen und Frauengedanken, Tübingen, 1919 [1912], p. 67-79 (cf. aussi la traduction anglaise commentée par C.R. Bermingham in Sociological Theory, 2003, 21, p. 85-102)

Après-midi
DÉTENTE

Soirée
Présentation du projet de numérisation de la Max Weber-Gesamtsaugabe (MWG), par Edith HANKE


Samedi 1er octobre
CULTURE, CROYANCES ET CONDUITES DE VIE (suite) [présentation]
Matin
Julia CHRIST : Politique des prophètes, politique de la sociologie
Jean-Philippe HEURTIN : La sociologie de Max Weber est-elle sans société ?

Après-midi
Hans-Peter MÜLLER : Max Weber : The Making of an Improbable Classic [visioconférence]
Philippe CHANIAL : Les idées, les valeurs et les intérêts dans l'anthropologie wébérienne
Victor STRAZZERI : La géographie des concepts : Weber vu de l'espace


Dimanche 2 octobre
LA VOCATION DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES AUJOURD'HUI : CONCLUSION ET DISCUSSIONS
Matin
Michel DOBRY : La sociologie de Max Weber et quelques problèmes actuels des sciences sociales

Discussion et Conclusion générale

Après-midi
DÉPARTS


PRÉSENTATION DES JOURNÉES :

L'histoire a-t-elle un (seul) sens ? Penser le changement historique avec Weber
L'œuvre de Max Weber est à la fois profondément historique et tout à fait opposée à l'idée d'une téléologie ou d'une philosophie de l'Histoire. Contrairement à l'image qui en est parfois donnée, le travail de Weber n'a pas consisté à mettre en évidence les déterminants de la rationalisation du monde (et de son désenchantement) sur le mode d'un "développement" naturel et nécessaire, mais plutôt à mettre en évidence les particularités d'une rationalisation particulière, parmi d'autres : celle qui s'est opérée en Occident à partir de l'affirmation du capitalisme moderne, caractérisé avant tout par "l'organisation rationnelle du travail formellement libre" (Sociologie des religions, p. 497). Tout le travail comparatif de Weber dans sa sociologie des religions, et plus largement dans son économie politique et sa sociologie politique, a consisté à mettre en évidence les types humains variés, produits par différentes configurations sociales et rationalisations historiques particulières. Ce qui l'a conduit également à distinguer, dans chaque société, différents "ordres de vie" (Lebensordnungen, Lebenssphären ou Lebensbereichen) dont les transformations et évolutions sont désynchronisées. Tout ne change pas partout et tout le temps à la même vitesse, chez Weber, et l'histoire n'a pas un sens particulier. L'idée de progrès elle-même semble donc étrangère à celui qui s'attache plutôt à montrer la réduction des "chances" et des possibilités de vie qu'entraîne toute consolidation d'un système d'action particulier, comme la "cage d'acier" du capitalisme moderne, une fois délaissée par son éthique initiale. Mais Weber donne aussi les outils pour penser le changement social et la "possibilité même de l'inédit en histoire"(1), toujours possible mais dont le sens n'est jamais prévisible à l'avance.
Cette première journée sera donc consacrée principalement à la conception de l'histoire et des temporalités du changement social chez Max Weber. Qu'est-ce qui change quand ça change ? Pourquoi les "ordres de vie" ne changent-ils pas à la même vitesse et dans la même direction dans une société donnée ? Plus particulièrement : quel usage peut-on faire de l'anthropologie historique culturelle et comparée de Weber aujourd'hui, à l'heure où la "globalisation" semble à la fois entraîner la diffusion mondiale du capitalisme moderne, et l'apparition d'un "néo-capitalisme" et de nouveaux types humains dominants ?

(1) Catherine Colliot-Thélène, La sociologie de Max Weber, Paris, PUF, 2014, p. 99.


Communautés, individus, communautés, identités. Une société ouverte est-elle possible ?
La traduction récente en français du volume I/22-1 de la Max Weber Gesamtausgabe (MWG)(2) intitulé Les communautés (Wirtschaft und Gesellschaft. Gemeinschaften), permet aujourd'hui de mieux saisir la cohérence du travail de Max Weber sur cette question centrale de Économie et société, ainsi que de traduire des textes jusqu'ici inédits en français. Auparavant dispersés dans différents chapitres des éditions successives de l'ouvrage posthume de Weber, ce travail éditorial permet de réinterroger aujourd'hui la conception des groupes sociaux de Weber, et l'usage que l'on peut en faire pour penser différentes périodes historiques, dont notre monde contemporain.
À l'opposition bien connue entre Vergemeinschaftung ("communautarisation" ou "communalisation") et Vergesellschaftung ("sociétisation" ou "sociation"), qui distingue les groupes fondés soit sur la base d'un sentiment d'appartenance subjectif, soit sur l'accord conventionnel d'intérêts particuliers, il faut ajouter l'étude des "puissances sociales" diverses qui contribuent à créer ces groupes sociaux, que celles-ci soient liées aux dynamiques (et aux contraintes) économiques, juridiques, politiques mais aussi culturelles ou idéelles dans lesquelles ces groupes évoluent. La formation de chaque communauté particulière est ainsi explicable par différents facteurs sociaux mais aussi par différentes "visions du monde", qui changent selon les groupes, les époques, les cultures, et qui contribuent à forger l'individu et ses caractéristiques, en d'autres termes son "identité".
Mais l'on oublie parfois qu'en mettant l'étude des communautés et des individus qui les composent au cœur de sa sociologie, Max Weber a aussi posé la question des frontières de ces groupes et de ces communautés, que l'on parle de la famille, de la nation, de l'État ou d'associations aux formes diverses, économiques, religieuses ou politiques. Car faire communauté, c'est tracer une ligne (spatiale, économique, politique ou "culturelle") entre son groupe et les autres. C'est aussi, peut-être, poser la question du dépassement éventuel de ces frontières, que ce soit sous la forme déjà ancienne des cosmopolitismes, ou sous celle plus récente des ou du "Commun(s)".
Cette journée s'intéressera donc à la façon dont Weber a conceptualisé les différents types de groupes et leurs rapports, mais aussi à la manière dont on peut s'appuyer sur ses travaux pour penser l'identité et les frontières. Comment s'articulent, aujourd'hui comme hier, "société ouverte" et communautés d'appartenance ou d'intérêts ? Un monde absolument ouvert est-il synonyme de solidarité, ou au contraire de compétition généralisée ? Comment se font et se défont les identités ? Voilà certaines des questions que nous souhaiterions poser lors de cette journée.

(2) Traduction de Catherine Colliot-Thélène et Elisabeth Kauffmann, aux éditions La Découverte, en 2019.


Peut-il y avoir un pouvoir légitime ? Tradition, charisme, bureaucratie : apports et limites du triptyque wébérien de la légitimité du pouvoir
La sociologie politique de Max Weber est parfois résumée au fameux triptyque de la légitimité du pouvoir et à ses idéaltypes bien connus : pouvoir traditionnel, pouvoir charismatique et pouvoir légal-rationnel (représenté notamment par le pouvoir bureaucratique dans la modernité occidentale). Toujours mêlés dans la réalité empirique, ils servent à Max Weber de pierres de touche conceptuelles, à l'aune desquelles on peut chercher à comprendre et expliquer les diverses configurations de pouvoir à des époques très différentes, et les revendications de légitimité qui l'accompagnent. La traduction récente par Isabelle Kalinowski du volume I/22-4 de la MWG, La domination (Herrschaft)(3), a permis de renouveler pour le public francophone la compréhension de la sociologie politique de Weber, et de lui redonner toute son ampleur originale qui s'étend bien au-delà des trois modes de légitimation du pouvoir. L'édition et la traduction des Œuvres politiques (1895-1919) de Max Weber(4) (mais aussi celle des 11 volumes de sa correspondance dans la Section II de la MWG), a apporté un complément très appréciable pour le public francophone, en permettant de mieux saisir l'engagement personnel de Weber dans la politique de son temps, et l'articulation souvent difficile entre réalité empirique de ces engagements et analyse sociologique à distance. Les débats — toujours ouverts — sur la question de la place éventuelle dans l'économie conceptuelle wébérienne d'un type de légitimité spécifiquement démocratique, ou ceux sur la définition du charisme et sa portée(5), montrent à quel point la sociologie politique de Weber continue, tout comme sa sociologie du droit, d'être utile pour penser les évolutions politiques actuelles et du passé, malgré les difficultés qu'elle soulève.
Cette journée se penchera donc sur la dimension proprement politique de l'œuvre de Weber, pour poser mais aussi recontextualiser la question de la légitimité et de la légitimation du pouvoir, qu'elle soit traditionnelle, charismatique ou légal-rationnelle. Au cœur de ces interrogations, on trouve en effet la tension qui oppose le "savant et le politique" Weber. En tant que savant, Weber semble en effet réfuter toute légitimité au pouvoir, quel qu'il soit, si par légitimité on entend le consentement rationnel en valeur et l'absence de domination. Tout pouvoir est nécessairement, pour Weber, l'affirmation d'une domination d'un groupe sur un ou plusieurs autres, et en tant que tel on ne peut vouloir s'y soumettre. Mais le Weber politique, celui par exemple des Œuvres politiques, n'aura de cesse, jusqu'à la fin de sa vie, de chercher les moyens et les dispositifs susceptibles de rendre les démocraties bureaucratisées et "impersonnelles" de son temps un peu plus "légitimes", par exemple en y introduisant une dose de charisme : c'est le fameux "tournant césariste" des démocraties qu'on a voulu voir dans ces écrits. Comment penser, ensemble, l'œuvre du savant et du politique Weber ? Comment définir et traduire, avec ou contre Weber, ces concepts politiques polysémiques comme Herrschaft ou Macht, qui sont au fondement de son système conceptuel ? Faut-il en finir avec ces idéaltypes imparfaits que sont le "charisme", le "pouvoir traditionnel" ou encore l'autorité "légal-rationnelle", que lui-même considérait comme des "concepts provisoires" ? En somme, comment penser aujourd'hui la politique et le pouvoir à partir des travaux de Weber, quitte à en pointer les limites et les adaptations nécessaires ?

(3) Max Weber, La domination, Paris, La Découverte, 2014, traduction d'Isabelle Kalinowski, introduction d'Yves Sintomer.
(4) Traduction d'Elisabeth Kauffmann, Jean-Philippe Mathieu et Marie-Ange Roy, aux éditions Albin Michel, 2004.
(5) Qu'on a tenté récemment de synthétiser et d'éclairer, dans le volume collectif Que faire du charisme? Retours sur une notion de Max Weber, Rennes, PUR, 2014.


Culture, croyances et conduites de vie
Quelle place accorder aux "croyances" (à supposer que l'on puisse s'entendre sur une définition de ce terme) dans les processus historiques et sociaux ? Les "idées", les "convictions personnelles", les "visions du monde" peuvent-elles contribuer à expliquer les dynamiques de l'action sociale ? Ou faut-il n'y voir que des épiphénomènes résiduels, des discours de légitimation que l'on (se) donne pour justifier et rationaliser a posteriori des intérêts ou des contraintes sociales jugées moins avouables ? À ces questions, la "sociologie compréhensive" de Max Weber apporte des réponses nuancées, qui donnent néanmoins au sens subjectif visé par les acteurs une place centrale.
De la définition de l'action sociale dans les premiers paragraphes des premières éditions de Wirtschaft und Gesellschaft ("Nous entendons par […] action "sociale", l'action qui, d'après son sens visé par l'agent ou les agents, se rapporte au comportement d'autrui, par rapport auquel s'oriente son déroulement.") aux considérations de la Sociologie des religions sur le rôle (indirect) des "idées" dans l'histoire ("Ce sont les intérêts […] et non les idées qui gouvernent directement l'action des hommes. Toutefois, les "images du monde" qui ont été créées par le moyen d'"idées" ont très souvent joué le rôle d'aiguilleurs, en déterminant les voies à l'intérieur desquelles la dynamique des intérêts a été le moteur de l'action"(6).), Max Weber a mis au cœur de ses analyses la question de la place qu'il convient d'accorder aux idées et aux "conduites de vie" (Lebensführungen) qu'elles peuvent influencer, au moins partiellement. C'est cette interrogation qui est bien sûr au cœur de sa sociologie des religions et de leur "éthique économique", et notamment de Die protestantische Ethik und der Geist des Kapitalismus, comme l'ont bien montré les travaux d'Isabelle Kalinowski. Mais c'est cette question que pose aussi indirectement toute sa sociologie politique et notamment la fameuse formulation du "comme si" : que les gouvernés / dominés "croient" ou pas sincèrement aux revendications de légitimité des prétendants au pouvoir, ce qui compte avant tout pour Weber c'est qu'ils agissent comme s'ils y croyaient, quelles que soient par ailleurs leurs motivations profondes, comme l'a montré par exemple Michel Dobry(7). Pour Weber : ""L'obéissance" signifie que l'action de celui qui obéit se déroule, en substance, comme s'il avait fait du contenu de l'ordre la maxime de sa conduite"(8). Rien n'indique si les individus adhèrent ou non intimement aux croyances qu'ils affichent, mais ces croyances affichées n'en constituent pas moins les supports possibles de "conduites de vie" et d'éthiques qui, pour des raisons diverses, peuvent "aiguiller" l'action et la "dynamique des intérêts". En tant que telles, elles rendent tout simplement possible l'entreprise scientifique même d'une sociologie de la "compréhension" des acteurs sociaux, par interprétation de leurs "conduites de vie" et de leurs "personnalités" (ou "types humains").
Cette dernière journée aura donc pour but de discuter la place des croyances et des idées dans l'œuvre de Weber, pour tenter de mieux comprendre les usages que l'on peut en faire pour comprendre et expliquer différentes configurations sociales.

(6) Sociologie des religions, Paris, Gallimard, trad. J.-P. Grossein, 1996, p. 349-350.
(7) Michel Dobry, "Légitimité et calcul rationnel. Remarques sur quelques "complications" de la sociologie de Max Weber", dans Pierre Favre, Jack Hayward, Yves Shemeil (dir.), Être gouverné : études en l'honneur de Jean Leca, Paris, FNSP, 2003, p. 127-150.
(8) Économie et société, Plon, 1971, ch. III, p. 288.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Hinnerk BRUHNS : Max Weber et l'analyse historique des formes et institutions économiques
Les études historiques que Max Weber a consacrées aux formes et institutions économiques ne peuvent être traitées séparément de son intérêt global pour les liens entre économie et société, entre formes d'économie et de pouvoir. Ses analyses de l'économie moderne, et plus particulièrement du capitalisme d'entreprise bourgeois moderne avec son organisation du travail (formellement) libre, sont largement basées sur des études comparatives des formes et institutions économiques dans des sociétés très éloignées dans le temps et l'espace. Une question directrice centrale est ici celle des différents facteurs (politiques, économiques, sociaux, géographiques, mentaux, etc.) qui ont favorisé ou empêché un développement particulier des formes et institutions économiques.

Hinnerk Bruhns est directeur de recherche émérite au CNRS, membre du Centre de recherches historiques (EHESS/CNRS) à Paris. Il est fondateur et rédacteur en chef de la revue Trivium. Revue franco-allemande de sciences humaines et sociales.
En savoir plus : http://crh.ehess.fr/index.php?/membres/97
Publications récentes
Max Webers historische Sozialökonomie / L'économie de Max Weber entre histoire et sociologie, Wiesbaden, Harrassowitz, 2014.
Max Weber und der Erste Weltkrieg, Tübingen, Mohr Siebeck, 2017.

Jean-Michel DAVID : Magistratures, autorité, adhésion et dépendance dans la Rome républicaine à la lumière des définitions wébériennes du charisme
La notion de charisme tient une place importante dans la pensée de Max Weber. Elle est sans doute aussi la forme de domination la plus difficile à définir. Instable, elle a fortement tendance à évoluer vers les autres formes de domination (bureaucratique, patriarcale, etc…) tant elle est sensible à tous les processus de routinisation qui lui font perdre de son caractère original. Un rapprochement avec les définitions et le fonctionnement des magistratures romaines républicaines permet, grâce à l'étude de cas, de faire apparaître des processus où la pertinence de l'heuristique wébérienne peut être vérifiée, mais aussi d'autres où, au contraire, elle apparaît comme ne répondant pas à la complexité des relations entre l'Amtscharisma, le Personalcharisma, l'Erbscharisma, ainsi qu'au rôle d'une Veralltäglichung généralement combattue par des acteurs soucieux de se distinguer.

Jean-Michel David, né en 1947, est agrégé d'Histoire, ancien membre de l'École française de Rome, professeur successivement aux universités de Strasbourg et de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Ses travaux portent sur l'Histoire politique, sociale et culturelle de la République romaine.
Principales publications
Le patronat judiciaire au dernier siècle de la République romaine (1992).
La romanisation de l'Italie (1994).
La République romaine, crise d'une aristocratie (2000).
Au service de l'honneur, les appariteurs de magistrats romains (2019).

Michel DOBRY : La sociologie de Max Weber et quelques problèmes actuels des sciences sociales
Cette communication prendra pour point de départ certaines des "complications" qui jalonnent l'œuvre de Weber. Comme on le verra à propos de plusieurs des thèmes ou objets abordés par le colloque (en particulier la manière dont sont pensés les processus historiques, la légitimité et les modes de domination ou encore la place des croyances dans la théorie de l'action), ces "complications", parce qu'elles révèlent en fait ce sur quoi butte, dans son appréhension de la réalité sociale, la démarche de Weber, sont intéressantes en ce qu'elles éclairent son projet de "sociologie compréhensive" et surtout en ce qu'elles constituent simultanément un levier permettant de mieux cerner plusieurs des difficultés critiques caractérisant l'état actuel des sciences sociales.

Michel Dobry est professeur émérite à la Sorbonne (Université Paris 1). Ses travaux portent notamment sur les conjonctures critiques, la causalité historique, l'émergence de phénomènes charismatiques, les processus de légitimation et de délégitimation, les poussées autoritaires et fascistes dans l'Europe de l'entre-deux-guerres ou encore les "transitions" vers la démocratie.
Publications
"Légitimité et calcul rationnel. Remarques sur quelques "complications" de la sociologie de Max Weber", in Favre P., Hayward J.E.S., Shemeil Y. (dir.), Être gouverné : études en l'honneur de Jean Leca, Paris, FNSP, 2003, p. 127-150.
"Hitler, Charisma and Structure : Reflections on Historical Methodology", Totalitarian Movements and Political Religions, 2006, vol.7, n°2, p. 157-171.
Sociologie des crises politiques, Paris, 2009 [1986].

Julien FAGUER : La terre et le marché du crédit en Grèce ancienne : une perspective wébérienne
L'œuvre économique de Max Weber est principalement connue des historiens de l'Antiquité à travers la médiation de Moses Finley, qui a contribué à l'enfermer dans un schéma statique, d'inspiration polanyienne, opposant nos économies capitalistes contemporaines aux économies pré-modernes "encastrées" dans la sphère du politique. Loin de se résumer cependant à des oppositions binaires entre cité antique et ville médiévale, ou à une vision téléologique qui aurait pour principal horizon l'"éthique protestante" et le capitalisme d'entreprise, tout un pan de l'œuvre de Weber peut se lire comme un dialogue engagé avec les historiens de profession autour des facteurs du changement et des outils conceptuels permettant de l'appréhender. À travers l'exemple du marché de la terre et du crédit dans la Grèce d'époque classique et hellénistique, on s'intéressera ici à l'apport de son approche et notamment du raisonnement par idéal-types pour penser le changement historique et la relation entre "micro" et "macro" — entre les orientations définies par l'État et les dispositions individuelles des agents économiques.

Membre scientifique de l'École française d'Athènes, Julien Faguer soutient au printemps une thèse de doctorat en histoire économique du monde égéen aux époques classique et hellénistique ("La terre et l'argent : marché de la terre et marché du crédit à Athènes et dans les îles de l'Égée, ca. 400-100 av. n. è."), dans laquelle il s'intéresse en particulier au rôle de l'État dans la formation d'un marché de la terre et dans la définition des règles encadrant l'accès à ce marché.

Alexis FONTBONNE : Une bureaucratie charismatique : l'institution ecclésiastique à partir du XIe siècle
Le caractère consubstantiel du charisme et de la bureaucratie a été identifié par Max Weber lui-même. Aller plus loin que l'idée de combinaison des idéaux-types ne réduit pas nécessairement cette unité à la dimension charismatique de tout pouvoir. On s'intéressera ici à l'unité structurelle qui existe entre charisme et bureaucratie dans l'expression de leurs proto-types respectifs issus du christianisme médiéval : l'Esprit et l'institution ecclésiastique. C'est par l'Esprit-Saint — expression du charisme chrétien à partir duquel Max Weber a développé sa réflexion sur la domination charismatique — que l'Église se transforme en un appareil bureaucratique séparé du monde, devenant le cadre et le modèle par lequel et contre lequel s'est constitué l'État occidental. Cette approche conduira de fait à reprendre la question de la routinisation de la domination charismatique et des rapports entre les principales formes de domination.

Alexis Fontbonne est membre associé du Césor. Sa thèse consacrée à l'histoire sociale de l'Esprit-Saint au Moyen Âge est en cours de publication : Vol. 1 De l'amour divin à l'aumône laïque, Paris, Beauchesne, 2020, Vol. 2 Hommes spirituels et bureaucratie charismatique (à paraître). Il travaille actuellement à une sociologie médiévale, fondée sur une réflexivité historique sur les concepts sociologiques (Introduction à la sociologie médiévale, Paris, CNRS, en cours de publication).

Edith HANKE : Les luttes de Max Weber avec le concept de "démocratie". Un plaidoyer pour la sociologie politique
En général Max Weber met la notion de la "démocratie" entre guillemets, peu importe s'il l'utilise pour l'Antiquité ou l'époque moderne. Cela signale une distance et un scepticisme. On peut constater ce scepticisme également dans son refus d'établir, à côté de ses trois types de dominations légitimes bien connus, un quatrième type. Que veut dire "pouvoir du peuple" si l'on veut le traduire littéralement ? Jamais dans l'histoire de presque toute civilisation la totalité des citoyens, ou habitants d'une communauté politique, n'a participé au pouvoir d'une manière active. En général le droit d'y participer était réservé à de petits groupes exclusifs. Sur ce point la démocratie de masse moderne constitue le premier essai consistant à faire participer l'ensemble des habitants au pouvoir. Mais le scepticisme persiste : qui exerce réellement le pouvoir ? Weber invite à considérer l'ensemble des conditions politiques et sociales tout en posant la question de la genèse historique des structures de domination d'aujourd'hui.

Edith Hanke est assistante de recherche (depuis 1990) et rédactrice en chef (depuis 2005) de l'édition complète historico-critique de Max Weber (Max Weber-Gesamtausgabe) à l'Académie Bavaroise des Sciences et des Humanités, Munich. Elle a édité la "Sociologie de la domination" (2005 et 2013) et, avec Rita Aldenhoff-Hübinger, les "Lettres choisies" de Max Weber. Elle s'intéresse particulièrement à la réception mondiale de l'œuvre de Max Weber.

Pierre-Henri ORTIZ : Les prophètes contre la République : une lecture wébérienne des conflits religieux à Rome
Sous la République et l'Empire, les autorités politiques romaines se sont attachées à neutraliser et à marginaliser (parfois brutalement) les pratiques prophétiques et extatiques venues d'Orient. Durant l'Antiquité tardive, à l'inverse, les autorités religieuses chrétiennes mettent elles-mêmes en œuvre la prophétie sous des formes domestiquées pour consolider leur position vis-à-vis des membres de la communauté comme du pouvoir séculier. La sociologie des religions de M. Weber permet de penser les attitudes du sacerdoce romain traditionnel et du sacerdoce chrétien face à la communion directe entre hommes et dieux, dans ce qui les différencie comme dans leur continuité.

Pierre-Henri Ortiz est maître de conférences en histoire romaine à l'université d'Angers (TEMOS, CNRS UMR 9016). Il a examiné le rapport des autorités romaines à la prophétie dans le premier chapitre de sa thèse (Furor et insania. Conceptions, traitements et usages de la folie dans le monde romain), après avoir consacré plusieurs articles aux usages de la prophétie par les autorités chrétiennes d'Occident (notamment Le scandale de la possession démoniaque à l'épreuve de la Systemtheorie de Niklas Luhmann).

Yves SINTOMER : Repenser la sociologie historique de Weber au XXIe siècle
L'un des cœurs du travail de Weber a été de penser ce qui apparaissait comme la caractéristique centrale de son temps, à savoir la domination de l'Occident sur la totalité du globe — à travers l'État rationnel, le capitalisme moderne et les conduites de vie liées au désenchantement du monde. Sa sociologie historique représente une tentative inégalée à son époque pour analyser cette question sans recourir à une téléologie ou à l'histoire universelle, et en prenant au sérieux la pluralité du monde. Pourtant, Weber semble moins sensible que d'autres observateurs à la césure historique majeure que représente la Guerre de 1914-1918. Il reste dans une certaine mesure prisonnier de son époque lorsqu'il affirme la supériorité empirique (plutôt qu'éthique) de l'Occident. Au XXIe siècle, à l'heure de la globalisation et dans un contexte historique radicalement différent, comment repenser l'approche wébérienne, en particulier en la confrontant à l'histoire globale et à l'histoire connectée ?

Yves Sintomer est professeur de science politique, Université de Paris 8, chercheur à la Maison française d'Oxford, et membre associé au Nuffield College et au DPIR, Université d'Oxford. Il a été directeur adjoint du Centre Marc Bloch (Berlin), et membre senior de l'Institut Universitaire de France. Il a notamment publié La démocratie impossible ? Politique et modernité chez Weber et Habermas (1999) et édité la traduction française de La domination (2015).

Federico TARRAGONI : L'inspiration wébérienne d'une sociologie du politique
Dans cette communication, nous tâcherons de montrer que l'un des volets du projet sociologique wébérien est de contribuer à une analyse socio-historique du politique, entendu dans sa triple acception philosophique d'ensemble de rapports de pouvoir, d'ensemble d'institutions et de procédures du gouvernement et d'ensemble de modes d'action conflictuels en commun. Avec sa sociologie historique, Weber parvient à réarticuler trois concepts du politique : le pouvoir, le gouvernement et l'action. Son œuvre propose trois pistes, qui restent d'actualité pour une sociologie historique du politique dont l'objet excéderait la genèse du gouvernement représentatif (comme c'est souvent le cas en science politique). La première piste porte sur la comparaison des formes sociales de domination, dans des cadres étatiques ou non ; la deuxième porte sur l'analyse des effets des idéologies sur les modes d'action politique, et donc sur le rapport entre idéologie, subjectivité et action ; la troisième porte sur le mode d'imputation causale en sociologie, et la place qu'il réserve à la contingence et aux possibilités de l'agir humain (donc à sa liberté et créativité fondamentale).

Agrégé de Sciences économiques et sociales, Federico Tarragoni est actuellement Maître de conférences HDR à l'université de Paris et directeur du Centre d'études interdisciplinaires sur le politique. Il est spécialiste de sociologie politique et de théorie sociologique.
Publications
L'Énigme révolutionnaire, Prairies ordinaires, 2015.
Sociologies de l'individu, La Découverte, 2018.
L'esprit démocratique du populisme, La Découverte, 2019.


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SOUTIENS :

Fondation Fritz Thyssen
• Laboratoire Sociétés, Acteurs, Gouvernement en Europe (SAGE, UMR 7363) | Université de Strasbourg
Centre Marc Bloch
• Société des Amis de Raymond Aron (S.A.R.A.)