Témoignage

Tous les témoignages


"CERISY… VÉCU EN LIGNE !"

RENCONTRE AVEC GUY BASSET, MAYA BOUTAGHOU, REGINA KEIL-SAGAWE,
AMEL MAÂFA ET LAMIA OUCHERIF


Prévu en septembre 2020, le colloque Le théâtre des genres dans l’œuvre de Mohammed Dib s'est tenu un an plus tard en petit comité en raison des difficultés d'un bon nombre de contributeurs à se rendre à Cerisy. Intervenus en visioconférence, plusieurs d'entre eux ont suivi régulièrement une grande partie des séances à distance. Et nous avons observé que de nouvelles formes d'échanges et de convivialité se mettaient en œuvre. C'est la raison pour laquelle nous leur avons demandé de bien vouloir nous faire part de leurs impressions.

Photo de groupe du colloque


Quand on participe à un colloque, on est forcément poussé par un esprit de curiosité, de découverte mais surtout de partage. Ces instants vécus entre chercheur(e)s de différents horizons, sont des moments riches en émotion, où chaque participant(e) se trouve confronté(e) à un déluge d'informations, de nouvelles pistes de travail et aussi d'amitiés solides (re)nouées.

Avec la pandémie, les frontières sont de plus en plus difficiles à briser. Le voyage devient un luxe ! Organiser un colloque dans les conditions actuelles est un grand défi. Les organisateurs sont confrontés à de multiples obstacles et poussés à faire des choix : n'accepter que les propositions des chercheurs habitant dans le même pays, voire la même région, ou ouvrir la voie à une participation virtuelle et casser ainsi une tradition longuement conservée pour garder cet aspect de convivialité, de présence, de partage ?

À Cerisy, on a opté pour la deuxième option. Après deux ans de préparation pour le centenaire de Mohammed Dib, la pandémie ne nous a pas laissé le choix que d'ouvrir la voie/voix à une participation hybride entre présentiel et distanciel.

Comme le dit si bien Charles Bonn, l'expérience "fut de l'avis général une merveilleuse réussite".

Même de loin, les communicants à distance ont pu vivre des moments agréables avec ceux présents à Cerisy. Une "formidable complicité" entre présents et absents (reliés par la vidéoconférence) a pris place dès la première connexion. Mieux encore, les apartés ratés en présentiel étaient bien présents en ligne avec des discussions et des débats pendant la pause.

Ainsi, nous avons particulièrement apprécié que les participants à distance soient souvent sollicités par les animateurs. Ce qui nous a permis d'avoir le sentiment d'être dans le colloque et non d'y intervenir ponctuellement, seulement pour présenter une communication. Nous étions bien présent(e)s, et notre demande a été acceptée pour pouvoir suivre les séances qui n'étaient pas programmées en vidéoconférence.

Ce qui nous semble aussi important de souligner, c'est la composition géographique du groupe : France (Orléans), Algérie (lieux multiples), États-Unis, Allemagne…, un régal multigénérationnel brisant toute frontière d'âge et de lieu ! Nous avons constitué, en distanciel, nous connaissant préalablement ou non, un vrai groupe. C'était comme si nous y étions, à nous promener dans le parc ou à discuter à table.

N'est-ce pas agréable d'être écouté, sollicité pour chaque débat ? En fait, nous avons pu avoir un échange de qualité toute relative bien entendu, mais un échange certain. Le son était excellent dans la salle et à l'écran. Toutefois, nous avions parfois du mal à reconnaître les personnes prenant la parole en présentiel. Rappeler de manière (plus) systématique (encore) aux personnes présentes de donner leur nom au début pour reconnaître les voix aurait sans doute amélioré les échanges entre les deux groupes, en présentiel et en distanciel. Sur le plan technique, l'image de la salle n'était pas toujours lisible : une caméra qui s'oriente et zoome sur la personne qui parle pouvait être une solution pour ceux en ligne.

Nous avons vécu une très belle expérience. Si elle est à renouveler à Cerisy, nous nous permettons de suggérer quelques améliorations.

Nous savons qu'au début, il n'était nullement prévu que nous participions par vidéoconférence à toutes les sessions. Nous avons regretté que la séance inaugurale avec le discours sans doute super stimulant de Réda Bensmaïa ne nous soit pas ouverte. Cela nous aurait permis d'entrer de plain-pied dans le colloque. Cela aurait contribué à nous intégrer et à gommer un certain sentiment d'exclusion ou de marginalisation. Heureusement que nous avons pu assister ensuite aux autres sessions en vidéoconférence ! La direction devrait à l'avenir rendre accessible le colloque à tou(te)s ceux dont la communication avait été retenue comme pouvant se tenir à distance…

Toutefois, l'aventure a été dans l'ensemble grandement fructueuse à tous les niveaux. L'esprit dibien nous a accompagné tout au long du colloque. Nous remercions les organisateurs ainsi que Cerisy pour leur générosité et leur bienveillance.