Programme 2024 : un des colloques

Programme complet


RÉGIS JAUFFRET, LES POUVOIRS DE LA FICTION


DU SAMEDI 10 AOÛT (19 H) AU VENDREDI 16 AOÛT (14 H) 2024

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Christelle REGGIANI, Christophe REIG

En présence de Régis JAUFFRET


ARGUMENT :

Écrivain du malaise et de la cruauté, mais aussi de l'humour noir et de la lucidité sur l'âme humaine, Régis Jauffret construit depuis une quarantaine d'années une œuvre aussi abondante qu'éclectique — à ce jour une trentaine de récits et de recueils de nouvelles, qui ont reçu de nombreux prix littéraires.

Cet ensemble qui télescope les genres, désormais reconnu et apprécié par un public élargi tant en France qu'à l'étranger, a été salué par la critique. Les récits de cet observateur féroce, à l'affût d'une humanité broyée par les "machines sociales", rencontrent parfois un rai de lumière poétique quand ils ne font pas feu de tout bois, s'appuyant sur des faits divers contemporains. Dans tous les cas, ils manifestent une remarquable et inlassable inventivité formelle et stylistique, encore très peu explorée. Cette prolixité, la foi en les pouvoirs de l'imagination, la maîtrise de l'écriture et des jeux possibles sur les conventions romanesques font indéniablement de Jauffret un maître de la fiction.

Ce colloque — le premier de cette ampleur à lui être consacré — permettra de reconsidérer l'ensemble de cet itinéraire réflexif d'écrivain, d'en explorer les détours, les inflexions et les virages.


MOTS-CLÉS :

Fiction, Jauffret (Régis), Langue littéraire, Littérature française contemporaine, Microfiction, Nouvelle, Poétique, Roman contemporain, Romanesque, Stylistique, Théorie littéraire


CALENDRIER PROVISOIRE (13/03/2024) :

Samedi 10 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants, ainsi que du Foyer de création et d'échanges


Dimanche 11 août
Matin
Gaspard TURIN : Microfiction et micropolitique
Frédéric MARTIN-ACHARD : Mutations de l'ironie chez Régis Jauffret

Après-midi
Sjef HOUPPERMANS : Microfictions 2022, "inventaire d'un monde terrible et fabuleux"
Ilias YOCARIS : "Il n'aurait jamais dû me demander où était la Bastille" : éloge et blâme paradoxal dans Microfictions

Soirée
Lectures de son œuvre, par Régis JAUFFRET


Lundi 12 août
Matin
Bérengère MORICHEAU-AIRAUD : La porosité énonciative dans l'écriture de Régis Jauffret
Marinko KOSCEC : La macrofiction de Régis Jauffret

Après-midi
Timo OBERGÖKER : Écrire sur une énigme : Papa de Régis Jauffret
Teresa Manuela LUSSONE : Grande histoire et microfictions. Réflexions autour de 1889

Soirée
Écoute de la série radiophonique Les Nouveaux Maîtres du mystère (écrite par Régis Jauffret), suivie d'un échange avec l'écrivain


Mardi 13 août
Matin
Marie-Albane WATINE : Surprise et déprogrammation du sens dans Microfictions 2022
Anne ROCHE : Rue Marius Jauffret, Marseille huitième

Après-midi
DÉTENTE


Mercredi 14 août
Matin
Anne GARRIC : Quatre relations incestueuses. Du vice discursif dans "Au bois des Anges", "Capuche", "Dans les bras d'un satyre" et "Inceste et hamburgers" de Régis Jauffret
Bahia DALENS & Alice LAUMIER : Régis Jauffret : une littérature du trouble

Après-midi
Stéphane CHAUDIER & Grégoire TALLON : La scène du crime dans les Microfictions
Sylvie LOIGNON : Dans le ventre de Klara : gestation du monstre


Jeudi 15 août
Matin
Marinella TERMITE : Dans le réseau du non-humain : les pièges de Régis Jauffret
Mervi HELKKULA : Éléments du réel et traits fictionnels dans l'œuvre de Régis Jauffret

Après-midi
Sandrine VAUDREY-LUIGI : Jauffret, une langue âpre et exigeante
Christophe REIG : Régis Jauffret : l'ethos de l'écrivain

Soirée
Projection du film Loup-garou de Stéphane Lévy (où joue Régis Jauffret), suivie d'un échange avec l'écrivain


Vendredi 16 août
Matin
Conclusions, rapports d'étonnement des doctorants et jeunes chercheurs

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Anne GARRIC : Quatre relations incestueuses. Du vice discursif dans "Au bois des Anges", "Capuche", "Dans les bras d'un satyre" et "Inceste et hamburgers" de Régis Jauffret
"Au bois des Anges", "Capuche", "Dans les bras d'un satyre" et "Inceste et hamburgers" sont quatre des premières Microfictions, qui mettent en récit les violences incestueuses, à travers le discours des ascendants qui se livrent, et livrent leurs descendants, à cet ensemble de pratiques sexuelles prohibées. Unanimement condamné dans les sociétés humaines répertoriées, objet d'étude substantiel des sciences humaines qui en ont fait un tabou suprême — il a d'ailleurs connu une actualité brûlante en France ces derniers mois, faite de la révélation et, souhaitons-le, d'une prise de conscience de son omniprésence dans le tissu social : l'inceste révulse, il scandalise, et peut alimenter les discussions les plus vives quant aux questions éthiques et esthétiques associées à celle de la représentation littéraire. Nous proposons une étude de ces quatre relations incestueuses qui situera le conflit doxique qu'elles mettent en œuvre aux niveaux sémantiques, avec en particulier une forte activation de l'opération axiologique, dans la perspective analytique d'une "éthique des vertus discursives" selon les assises théoriques que Marie-Anne Paveau consacre à ce sujet (Langage et morale : une éthique des vertus discursives, Lambert-Lucas, 2013). Nous scruterons ensuite l'élaboration de ce vice discursif au prisme d'une analyse stylistique structurale, qui tentera de saisir les dynamiques combinatoires et contradictoires du discours figuré dans ces textes de Régis Jauffret.

Agrégée de lettres modernes, Anne Garric prépare actuellement une thèse de doctorat en langue française dont la perspective est stylistique, sous la direction de Christelle Reggiani (Sorbonne Université). Intitulée "Styles de la malséance", elle porte sur un corpus d'œuvres de prose narrative de Georges Bataille, Jean Genet et André Pieyre de Mandiargues.
Publications
""L'homme du parc Monceau" d’André Pieyre de Mandiargues. Dénaturation du référent humain, altération linguistique et dépravation discursive", Roman 20-50, vol. 66, n°3, 2018, p. 143-155.
"Itinéraires obscènes de Georges Bataille. Le scandale dans la langue", in Patrick Mathieu (dir.), Voyage et Scandale, Classiques Garnier, "Géographies du monde", n°34, 2022, p. 213-225.
"Par-delà le noble et l'ignoble : conflit doxique et "séduction hors-la-loi" dans les récits de Georges Bataille, Jean Genet et André Pieyre de Mandiargues" (référence à préciser).
Interventions à des colloques
"Détraquement textuel et "hachis de mots" : Le Musée noir de Mandiargues, un style de décadence", Colloque "Mandiargues : écrire entre les arts" (Cerisy, août 2021) dirigé par Alexandre CASTANT, Pierre TAMINIAUX et Iwona TOKARSKA-CASTANT. L'article recueilli dans les actes à paraître aux éditions des Presses universitaires de Rennes s'intitule "Détraquement textuel et "hachis de mots" : Mandiargues décadent".
"Linguistique du voleur : une heuristique de Jean Genet", Cinquième colloque de l'Association Internationale de Stylistique, intitulé "Styles et imaginaires de la langue", organisé par Mathieu BERMANN et Mathias VERGER à l'université de Paris 8 Vincennes - Saint-Denis (octobre 2022).
"Par-delà le noble et l'ignoble : conflit doxique et "séduction hors-la-loi" dans les récits de Georges Bataille, Jean Genet et André Pieyre de Mandiargues", Premier colloque international du Réseaux de départements de français de l'universtié d’Ain Shams (2 et 3 mai 2023).

Mervi HELKKULA : Éléments du réel et traits fictionnels dans l'œuvre de Régis Jauffret
Le romancier Régis Jauffret a été condamné, en 2016, pour diffamation à l'encontre de Dominique Strauss-Kahn dans son roman La Ballade de Rikers Island (2014). Le viol raconté dans le roman n'a pas pu être prouvé, ce qui rend, selon le tribunal américain, le contenu du roman non conforme à la réalité et, par conséquent, condamnable. Ce qui est cependant plus intriguant du point de vue de la "réalité augmentée", évoquée par l'auteur lui-même, est l'association d'un récit de faits réels à l'usage de modes de narration caractéristiques d'œuvres de fiction. Dans les romans de Jauffret, le narrateur imagine les réactions, les réflexions et les sentiments des personnages, dont les modèles sont dans plusieurs cas des personnes réelles. C'est cet usage "transgressif" des procédés narratifs et des formes du discours rapporté qui sera l'objet d'étude dans cette communication.

Mervi Helkkula est Professeure émérite de langue française à l'université de Helsinki. En plus de l'œuvre de Marcel Proust, elle a publié des études sur la littérature française contemporaine, entre autres Delerm, Echenoz, Kerangal et Jauffret.
Publication
"La famille infernale. Sur la violence langagière dans Asiles de fous de Régis Jauffret", Christophe Reig (éd.), Régis Jauffret. Éclats de la fiction, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2017, 43-54.

Sjef HOUPPERMANS : Microfictions 2022, "inventaire d'un monde terrible et fabuleux"
Cette conférence sera centrée sur une sélection des Microfictions 2022 ; "le monde est une fiction terrible et fabuleuse" comme le dit la quatrième de couverture, définition à scruter d'un regard (psych)analytique me semble-t-il. Le contenu de ces Microfictions, tout en appartenant globalement à la rubrique "faits divers", peint souvent des situations extrêmes et hyperboliques où l'exagération même n'empêche pas une bonne dose d'ironie mais touche également au fantastique coloré d'inquiétante étrangeté. Pour ce qui regarde la forme, le récit court connaît une riche tradition que Jauffret reprend tout en appliquant diverses variantes. La richesse stylistique n'est pas seulement ornementale mais appuie l'âpreté des épisodes.

Sjef Houppermans est professeur émérite en littérature française moderne et contemporaine à l'université de Leyde (Pays-Bas). Ses recherches se servent des théories psychanalytiques et stylistiques. Livres publiés entre autres sur Raymond Roussel, Marcel Proust, Samuel Beckett, Alain Robbe-Grillet, Claude Ollier.
Dernières publications
Marcel Proust déconstructiviste, Classiques Garnier, 2024.
Samuel Beckett Today/Aujourd'hui, numéro 35/2 "En attendant Godot et L'Innommable 70 ans après", Leiden, Brill, 2023.

Marinko KOSCEC : La macrofiction de Régis Jauffret
Plus que la mécanique fine des Microfictions, nous nous proposons d'étudier leurs substrats et liens avec le contexte, autrement dit les syndromes qu'elles reflètent : le désespoir et le désemparement généralisés qui se manifestent par des dérapages individuels, la rage sans objet déterminé, la haine omniprésente de l'autre, la violence ou le désir plus ou moins refoulés d'en finir avec tout ; l'homme dépossédé de son essence et déboussolé face à l'entropie au seuil d'un devenir transhumaniste. En nous appuyant sur quelques réflexions évolutionnistes (Anders, Ellul, Harari) nous abordons les Microfictions comme des figures fractales d'une civilisation post-humaniste, marquée par la disparition de la société, la dégénérescence de toute intersubjectivité, ainsi que le décalage croissant entre l'environnement que les humains produisent et leur capacité de l'habiter. Nous lisons les Microfictions comme une représentation épique de l'obsolescence de l'homme, qui persiste pourtant à vivre son apocalypse douce, atomisée.

Marinko Koscec est écrivain, auteur notamment de 8 romans, dont certains sont traduits en anglais et en néérlandais. Professeur associé de la littérature française à la Faculté de philosophie et lettres de Zagreb, il est spécialiste de la prose contemporaine en français, auteur de deux articles sur Régis Jauffret. En travaillant dans l'édition, il a dirigé la traduction croate de trois œuvres de Jauffret.

Alice LAUMIER
Alice Laumier est docteure en Littérature française et poursuit actuellement un postdoctorat à l'université de Toronto. Ses travaux portent principalement sur la littérature contemporaine française, les rapports entre littérature et sciences humaines et les trauma studies. Elle est l'auteure de L'Après-coup. Temporalité de l'événement et approches critiques du trauma (2024) et a co-dirigé l'ouvrage collectif Explorations anthropologiques de la littérature contemporaine (2021).

Teresa Manuela LUSSONE : Grande histoire et microfictions. Réflexions autour de 1889
"Elle portait en elle le XXe siècle", a affirmé Régis Jauffret à propos de son dernier livre, car "si Hitler n'avait pas existé, le XXe siècle n'aurait pas été pareil". Dans ce roman, paru en Italie en 2023 sous le titre 1889 (Edizioni Clichy), puis, dans une version remaniée, en France en janvier 2024 sous le titre Dans le ventre de Klara (Éditions Récamier), Jauffret reconstruit la grossesse de Klara Hitler à partir des quelques bribes de renseignements dont on dispose. À travers le récit à la première personne de cette femme victime de son mari, l'auteur représente le milieu abject dans lequel est né celui qui deviendra le Führer, et, derrière les micro-événements qui scandent la vie du couple Hitler, c'est la grande Histoire qui se fait jour. L'un des aspects qui sera examiné concerne justement la mise en scène de l'Histoire, qui occupe, par rapport à l'édition italienne, une place majeure dans l'édition française, où les références à la Shoah s'avèrent beaucoup plus explicites. Puis seront analysés les enjeux stylistiques et la fonction que revêt la représentation de l'Histoire.

Teresa Manuela Lussone est enseignante-chercheuse à l'université de Bari (Italie). Spécialiste des œuvres posthumes de Némirovsky, elle a notamment été en charge, avec Olivier Philipponnat, de la nouvelle édition de Suite française (Denoël, 2020) et des Feux de l'automne (Albin Michel, 2014). Avec L. Frausin Guarino elle a traduit Tempête en juin, première partie de Suite française, pour Adelphi (2022). Elle a également travaillé sur Sophie Cottin, sur Sartre, sur la littérature française contemporaine et sur la représentation de l'histoire en littérature.

Frédéric MARTIN-ACHARD : Mutations de l'ironie chez Régis Jauffret
L'œuvre de Régis Jauffret, et en particulier les trois volumes publiés à ce jour des Microfictions, est souvent associée à une forme d'ironie cruelle, voire de cynisme. Dans cette communication, on reviendra sur les formes prises par l'ironie chez Jauffret, mais on se demandera plus particulièrement si ce qualificatif d'ironique peut être appliqué à toute l'œuvre, si l'ironie n'a pas connu des mutations à partir de la publication des premières Microfictions en 2007, notamment dans les récits écrits à partir de faits divers retentissants (Sévère, Claustria, La Ballade de Rikers Island…). On situera ces évolutions dans le cadre plus large de la prose narrative des vingt dernières années.

Frédéric Martin-Achard est maître de conférences en stylistique et littérature française des XXe-XXIe siècles à l'université Jean Monnet de Saint-Étienne. Il a publié Voix intimes, voix sociales. Usages du monologue romanesque aujourd'hui (Classiques Garnier, 2017) ; co-dirigé avec Aude Laferrière, (In)actualité de l'ironie dans la prose d’expression française (2010-2020), Carnets (n°23, 2022) ; avec Nathalie Piégay et Dominique Rabaté, Statut du personnage dans la fiction contemporaine, Fixxion (n°23, 2021) et avec Anne Favier, Carole Nosella et Jean-François Puff, Retrait, effacement, disparition dans les arts et la littérature d'aujourd'hui (PUR, 2022).

Anne ROCHE : Rue Marius Jauffret, Marseille huitième
Peut-on parler d'un "Marseille de Régis Jauffret" comme on parle du Paris de Balzac ou du Berlin d'Alfred Döblin ? A priori rien de comparable, même si l'on trouve dans l'œuvre de Jauffret un certain nombre de notations qui se réfèrent à sa ville natale, et ce d'autant plus que la rue où il a passé son enfance et son adolescence porte le nom d'un aïeul. Le relevé de certaines de ces notations fait néanmoins apparaître tout autre chose qu'une géographie réaliste de la ville, dans la mesure où, à plusieurs reprises, elles plongent dans un passé qui excède les limites chronologiques de la vie de l'auteur, mais aussi dans un réel problématique, où se déploient des hypothèses plus ou moins improbables. Dès lors, la ville réelle se révèle rongée par la fiction.

Publication
"Prêter une voix", in Christophe Reig (dir.), Régis Jauffret. Éclats de la fiction, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2017, p.33-41.
Bibliographie complète : https://www.m-e-l.fr/anne-roche,ec,219

Marinella TERMITE : Dans le réseau du non-humain : les pièges de Régis Jauffret
L'imaginaire de Régis Jauffret interroge sans cesse les liaisons humaines pour explorer les ressources et les limites des détours du sujet. En jouant avec l'anonymat et la multiplication des identités, les nombreuses postures des personnages agissent en fonction de la distinction et de l'assimilation des fragilités romanesques dont les individus sont porteurs. Dans ce cadre, le recours aux règnes naturels apparaîtrait comme un filtre ultérieur pour saisir les effets insolites de l'humain. Comment le réseau du non-humain (animal et végétal) contribue-t-il à restituer la portée scripturale des anomalies relationnelles ? Cette étude vise ainsi à dévoiler les pièges d'un vivant compromis par la cruauté problématique de l'inattendu.

Marinella Termite est maître de conférences de littérature française à l'université de Bari, où elle fait partie du Groupe de Recherche sur l'Extrême Contemporain (GREC) et co-dirige la collection "Ultracontemporanea" (Quodlibet). Elle a, entre autres, publié, avec les préfaces de Marie Thérèse Jacquet, L'écriture à la deuxième personne. La voix ataraxique de J.-M. Laclavetine (Peter Lang, 2002), Vers la dernière ligne (B.A. Graphis, "Marges critiques/Margini critici", 2006), Le sentiment végétal. Feuillages d'extrême contemporain (Quodlibet, "Ultracontemporanea", 2014) et coordonné, pour "Ultracontemporanea", Mots de faune (2020) ainsi que Le prisme des anomalies (avec Laurent Demanze, 2023).
Sur Régis Jauffret :
"Variations Niobée : sources et ressources du "tu" chez Anne Godard et Régis Jauffret", in Revue Trans-, été 2009.
"Une affaire de sous-sol : l'écriture caméléon dans Claustria de Régis Jauffret", in Intercâmbio, 2e série, Vol. 11, 2018, p. 88-99.

Ilias YOCARIS : "Il n'aurait jamais dû me demander où était la Bastille" : éloge et blâme paradoxal dans Microfictions
Microfictions (2007) s'inscrit délibérément dans un genre discursif hérité de l'antiquité, qui connaît une vogue certaine dans la littérature française contemporaine depuis une trentaine d'années (cf. Reggiani 2021) : il s'agit de l'éloge (ou du blâme) paradoxal, procédé qui consiste à projeter sur un référent fictionnel donné un point de vue inversant la "on-vérité" (cf. Berrendonner 1981) qui prévaut à son sujet au sein d'une communauté socioculturelle donnée. Les nouvelles microscopiques qui composent l'ouvrage de Jauffret donnent ainsi à voir une myriade de narrateurs non fiables à la première personne qui émettent des jugements de valeur à contre-emploi, en faisant preuve (le plus souvent) d'une mauvaise foi ostentatoire. Dans une perspective pragma-stylistique, on se propose donc d'étudier : les procédés stylistiques liés à l'inversion des "on-vérités" ciblées dans Microfictions (enchaînements argumentatifs défectueux, schématisations discursives aberrantes, tropes implicitatifs, coups de force présuppositionnels, etc.) ; ainsi que les phénomènes de feuilletage énonciatif découlant de ces procédés (fluctuations du point de vue projeté par Jauffret-auteur impliqué sur les personnages qu'il met en scène, estompement des limites entre mensonge, ironie et mauvaise foi dans leur discours).

Références bibliographiques
Bakhtine, Mikhaïl (1978), Esthétique et théorie du roman, trad. du russe par Daria Olivier, Paris, Gallimard, coll. "Tel".
Berrendonner, Alain (1981), Éléments de pragmatique linguistique, Paris, Minuit, coll. "Propositions".
Dandrey, Patrick (1997), L'Éloge paradoxal : de Gorgias à Molière, Paris, PUF, coll. "Écriture".
Durand, Thierry (2009), "Essai sur Régis Jauffret : le monde comme désir et délire", Australian Journal of French Studies, 46, 1-2, p. 45-57.
Gefen, Alexandre, ""Je est tout le monde et n'importe qui". Les Microfictions de Régis Jauffret", Revue critique de fixxion française contemporaine, 1, p. 62-66.
Grize, Jean-Blaise (1996), Logique naturelle et communications, Paris, PUF, coll. "Psychologie sociale".
Grize, Jean-Blaise (1997), Logique et langage, Paris/Gap, Ophrys.
Hamon, Philippe (1996), L'Ironie littéraire. Essai sur les formes de l'écriture oblique, Paris, Hachette, coll. "Université / Recherches littéraires".
Kerbrat-Orecchioni, Catherine (1986), L'Implicite, Paris, Armand Colin, coll. "U".
Moricheau-Aireau, Bérengère & Narjoux, Cécile dirs (2023), La Langue de Régis Jauffret : "Pirate des mots, du langage", Dijon, E.U.D.
Reggiani, Christelle (2021), "L'éloge paradoxal dans la littérature française contemporaine", Recherches & Travaux, 99, Penser le retour de l’éloquence et de son enseignement.
Reig, Christophe (dir.) (2017), Régis Jauffret — éclats de la fiction, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle.
Rubino, Gianfranco (2010), "Un monde de folie ordinaire : Régis Jauffret", in Matteo Majorano (dir.), Écrire le fiel, Bari, B.A. Graphis, p. 59-72.


BIBLIOGRAPHIE :

• BROUSSEAU, Simon, "Régis Jauffret, "un bonhomme de livres" : Représentations de l'écrivain dans Microfictions", dans L'Écrivain, un objet culturel, David Martens et Myriam Watthee-Delmotte (dir.), Dijon, E.U.D., 2012, p. 271-281.
• CHAUDIER, Stéphane, NEGREL Julian, "Le Stabat Mater de Régis Jauffret : quel tombeau pour quelle littérature ?", Fabula LHT, n°6, mai 2009, en ligne.
• DEMANZE, Laurent, "Immersions flaubertiennes. Flaubert au corps : démythologiser le grand écrivain selon Alexandre Postel et Régis Jauffret", Cahiers de littérature française, Biomythologies contemporaines d'auteur, Franca Bruera et Martine Boyer-Weinmann (dir.), Paris, Classiques Garnier, p. 69-81.
• DURAND, Thierry, "Essai sur Régis Jauffret : le monde comme désir et délire", Australian Journal of French Studies, vol. 46, n°1-2, 2009, p. 45-57.
• GEFEN, Alexandre, ""Je est tout le monde et n'importe qui". Les Microfictions de Régis Jauffret", Revue critique de fixxion française contemporaine, n°1, p. 62-66, en ligne.
• HUGLO, Marie-Pascale, "Le quotidien à distance : Fragments de la vie des gens de Régis Jauffret", dans Dominique Viart et Gianfranco Rubino (dir.), Écrire le présent, Paris, Armand Colin, 2013, p. 195-212.
• MORICHEAU-AIRAUD, Bérengère et NARJOUX, Cécile (dir.), La Langue de Régis Jauffret : "Pirate des mots, du langage", Dijon, E.U.D., 2023.
• REIG, Christophe (dir.), Régis Jauffret – éclats de la fiction, Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2017.
• REIG, Christophe, "Viles Villes : les urbanités amputées de Régis Jauffret (Microfictions)", Formules, n°14 : "Formes urbaines de la création contemporaines", 2010, Paris, Noésis, p. 81-96.
• REIG, Christophe, "Écrire à l'ère du vide : Oster, Jauffret, Houellebecq", dans Littératures et arts du vide, Jérôme Duwa et Pierre Taminiaux (dir.), Colloque de Cerisy (2017), Paris, Hermann, 2018, p. 99-112.
• RUBINO, Gianfranco, "Un monde de folie ordinaire : Régis Jauffret", dans Écrire le fiel, Matteo Majorano (dir.), Bari, B.A. Graphis, 2010, p. 59-72.
• TERMITE, Marinella, "Variations Niobé : sources et ressources du "tu" chez Anne Godard et Régis Jauffret", Trans, n°8, 2009, en ligne.
• TURIN, Gaspard, ""Devenir escargot". L'hyperbole comme axiologie de la représentation familiale chez Marie NDiaye et Régis Jauffret", dans Le Roman contemporain de la famille, Sylviane Coyault, Christine Jérusalem & Gaspard Turin (dir.), Paris, Lettres Modernes Minard, 2015, p. 245-259.


SOUTIENS :

• Unité de recherche "Sens Texte Informatique Histoire" (STIH) | Sorbonne Université
• Centre de Recherches sur les Sociétés et Environnements en Méditerranées (CRESEM, UR 7397) | Université de Perpignan Via Domitia (UPVD)
THALIM (UMR 7172, CNRS) | Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
Université Paris Cité


BULLETIN D'INSCRIPTION


Les inscriptions à ce colloque sont maintenant ouvertes. Au regard de notre capacité d'accueil, celles-ci pourront être mises sur une liste d'attente.


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[par exemple : grande taille (plus de 1,80 m), problèmes de mobilité, partage d'une chambre ou voisinage de chambres, inscription groupée, régime médicalement surveillé, ...]
Ces renseignements sont utiles à la répartition des chambres. Le logement est assuré au château de Cerisy et ses dépendances, en chambres doubles ou individuelles. En cas de grande affluence, les inscrits tardifs se logeront aux alentours.