MAÏEUTIQUE — RÉCITS D'UN NOUVEAU MONDE
IMAGINER, PARTAGER, CONSTRUIRE ET ÉCRIRE ENSEMBLE
DU MERCREDI 16 SEPTEMBRE (19 H) AU DIMANCHE 20 SEPTEMBRE (14 H) 2020
[ atelier de 4 jours ]
DIRECTION :
Olivier FRÉROT, Luc GWIAZDZINSKI, Chris YOUNÈS
ARGUMENT :
"Le monde est l'horizon d'un projet dont je suis l'ouvreur.
Et je suis moi-même en jet dans ce projet"(1)
L'atelier installé dans l'énergie d'un temps court s'inscrit dans un processus partenarial plus long qui permettra de construire ensemble, et avec d'autres, le colloque international prévu en 2022.
À partir du récit de l'Anthropocène comme nouvel âge géologique de la Terre, marqué par l'impact majeur des activités humaines sur la planète et ses écosystèmes, et après le grand confinement, nous sommes invités à imaginer des devenirs d'un autre type pour construire des rapports féconds entre l'anthropisation et la vie. Comment survivre à l'épuisement des milieux et de l'individu ? Comment faire pour rebondir vers une ville et des établissements conviviaux, à la fois résister à la déréliction et co-créer avec le vivant ? Autrement dit, comment élaborer ensemble une nouvelle maïeutique ?
Changements radicaux. Des régénérations synergiques sont à prospecter, non seulement en raison de la fatigue occasionnée par la vie urbaine, mais aussi du fait de conditions d'existence hostiles et mortifères qui gagnent du terrain. Le propos est d'envergure puisqu'il s'agit d'envisager des changements radicaux associant les dimensions écologiques, sociales, économiques, culturelles, philosophiques, spirituelles…
Nouvelles synergies. Le retournement est décisif puisqu'il suppose de ne pas poursuivre aveuglément la volonté d'arraisonnement du réel, mais de se demander comment mieux prendre soin, et de se repenser en tant que communauté humaine en interrelation avec tous les vivants et les éléments de la nature. Sont en jeu les synergies(2) entre humains et non-humains, local et global (au sens du globe terrestre), rural et urbain, féminin et masculin, matériel et spirituel, profane et sacré. Penser synergie, c'est concevoir les interactions en devenir des entités entre elles, celles du tout et des parties, à savoir interroger et mobiliser des dynamiques d'autorégulations, d'interdépendances, d'inter-engendrements, entre facteurs climatiques, tectoniques, mécaniques, chimiques, biotiques, sociétaux ou culturels. Quels récits et quels projets pour une renaissance des conditions d'existence menacées par la toxicité et la barbarie ?
Mise en récits. La perspective n'est pas celle d'un retour en arrière mais d'une attention à porter à des dynamiques de recommencement d'un autre type en suscitant de nouvelles mises en rapport et de nouvelles porosités par le "faire récit". L'atelier sera construit autour d'un entrelacs d'imaginaires, de narrations et de co-écritures, positionnés résolument comme récits ouverts, à la rencontre d'un nouveau vivre-ensemble entre tous les vivants : une nouvelle vocation de l'humanité au service de la vie. Trois champs seront particulièrement explorés : les grands récits d'avant ou récits de genèse, les changements de paradigmes et les émergences du nouveau monde.
Pari de la rencontre et du lieu. Une vingtaine de personnes venues de disciplines et d'univers différents dans la convivialité et la confiance(3) seront associées pour ouvrir le champ des possibles, explorer et produire ensemble les récits de ce nouveau monde. Programmé avant la pandémie, cet atelier fait résolument le pari de la rencontre et du lieu, des interactions et de l'intensité, de l'énergie et de la vie(4).
Situation construite. L'atelier prendra la forme d'un dispositif situé sur un lieu, le Château et la commune de Cerisy au cœur du bocage normand, sur un moment précis, soit quatre jours du 16 au 20 septembre 2020 et autour d'une situation construite : la fabrique collective de récits. L'approche développée privilégiera en permanence l'aller et le retour entre surprise et prise, vertige et réassurance, ambition et humilité, improvisation et préparation. Empathie, maïeutique et confiance seront au cœur de ce processus collectif d'émergence de récits.
Dispositif collaboratif et imaginaires. Le processus de création imaginé s'articule autour de moments conçus comme des blocs interactifs : question, immersion, sédimentation, production et restitution. Le questionnement sera précisé en faisant confiance au génie du lieu et à la dynamique du groupe. Entre local et universel, l'immersion permettra de mobiliser la richesse d'un environnement naturel, culturel et humain exceptionnel. Des moments de sédimentation seront prévus pour assurer la prise de recul. La production pourra prendre différentes formes (écrits, films, dessins, images, danses…) qui seront mises en débat et restituées dans un processus de design collaboratif. S'appuyant fortement sur l'immersion in situ et in vivo, le dispositif laissera une large place aux "imaginaires", qui sont fortement impliqués dans le "processus matériel et sensible de créer un monde"(5) ou plutôt "des mondes" au sens de Philippe Descola(6).
(1) Younès C. (dir.), 2007, Henri Maldiney. Philosophie, art et existence, Paris, Cerf.
(2) D'Arienzo R., Younes C., 2018, Synergies urbaines. Pour un métabolisme collectif des villes, Genève, Métis Press.
(3) Gwiazdzinski L. (dir.), 2015, L'hybridation des mondes, Grenoble, Elya.
(4) Frérot O., 2019, Vers une civilisation de la vie : entreprendre et coopérer, Lyon, Chroniques sociales.
(5) Claval P., 2017, Géo-épistémologie, Paris, Armand Colin.
(6) Descola P., 2014, La Composition des mondes, Paris, Flammarion.
MOTS-CLÉS :
Anthropocène, Design, Futur, Hybridation, Innovation ouverte, Métamorphoses, Récits, Synergies
PARTICIPANTS :
* Nils AZIOSMANOFF, Musicien, fondateur du Cube
* Françoise BARRET, Conteuse
* Céline BODART, Architecte
* Dorothée BROWAEYS, Journaliste, fondatrice de Tek4life
* Pierre-Antoine CHARDEL, Socio-philosophe
* Pascal FERREN, Maïeuticien
* Irénée FRÉROT, Physicien
* Patrica HOAREAU, Berger, postier, autodidacte
* Éric LENOIR, Paysagiste punk
* Frida MORRONE, Conteuse
* Olivier TURQUIN, Berger d'alpage et socio-économiste
* Jacques VERRON, Océanographe et entrepreneur