Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


MÉTAMORPHOSES PAR LE PAYSAGE

LE PAYSAGE COMME BOUSSOLE ?
NAVIGATION DANS L'ARCHIPEL DES MÉTAMORPHOSES


DU MERCREDI 14 MAI (19 H) AU MARDI 20 MAI (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]



DIRECTION :

Bertrand FOLLÉA, Roger GOUDIARD, Stéphanie LANGEVIN, Patrick MOQUAY

Avec le concours d'Emmanuel FAUCHET


ARGUMENT :

Pour qu'elle se concrétise, il manque à la transition écologique et énergétique une perspective du monde sobre, décarboné et résilient de l'après-pétrole. Vers quel pays nous mènent ces azimuts et comment embarquer pour prendre le cap ?

Plus la vague climatique, écologique et sociale grandit, plus la démocratie se trouve menacée, ballotée entre l'inaction populiste à tribord et l'autoritarisme technocratique à babord.

Dans L'Archipel des Métamorphoses(1), Bertrand Folléa soutient que le paysage s'offre comme méthode au service des profondes transformations sociétales. Ni tableau à contempler, ni territoire à équiper, ni carte postale à protéger, ni décor à planter : sorti de ces réductions, le paysage recouvre sa capacité à offrir du sens comme milieu de vie à façonner, constituant un bien commun.

L'archipel constitue la figure métaphorique du paysage de l'après-pétrole. Il s'oppose à la "continentalisation" mortifère des mégalopoles nées de l'ère des énergies fossiles.

Jusqu'à quel point le paysage comme projet politique peut-il constituer cet inattendu instrument de navigation dans la conduite de la transition ?

Embarqués à Cerisy, nous naviguerons dans l'Archipel des Métamorphoses pour tester le paysage comme boussole, avec pour escales : l'imaginaire, le territoire, la politique, l'économie, l'éducation, … et les îles Chausey.

(1) L'Archipel des Métamorphoses – La transition par le paysage, Bertrand Folléa, Éditions Parenthèses, 2019.


MOTS-CLÉS :

Agriculture, Agro-écologie, Anthropocène, Archipel, Architecture, Arts, Bien commun, Biodiversité, Cadre de vie, Climat, Comportement, Décarbonation, Démocratie, Écologie, Économie, Éducation, Énergie, Forêt, Imaginaire, Interdépendances, Interdisciplinarité, Métamorphose, Méthode, Mobilités, Mode de vie, Nature, Paysage, Perception, Politique, Projet, Récit, Relation, Représentation, Résilience, Risque, Ruralité, Science, Sensible, Site, Sobriété, Territoire, Transdisciplinarité, Transition, Transition écologique, Transition énergétique, Transformation, Urbanisme, Valeur, Ville, Vivant, Zones ateliers, Zone critique


CALENDRIER DÉFINITIF :

Mercredi 14 mai
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants


Jeudi 15 mai
MÉTAMORPHOSES DES REPRÉSENTATIONS, DES PERCEPTIONS, DES IMAGINAIRES, DE L'ESTHÉTIQUE
Pour que le paysage devienne le bras armé des transitions, il faut remettre le concept à nu et faire valoir sa capacité à embarquer. La table ronde, par des approches théoriques et des illustrations pratiques, évoquera les mises en récits qui activent l'imaginaire et transforment nos représentations du paysage.
Matin
Bertrand FOLLÉA : L'Archipel des métamorphoses : la transition par le paysage
Roberto CASATI : Prolégomènes à une science du paysage marin [visioconférence]

Après-midi
Visite de Cerisy : une lecture archipélique du paysage, château-parc-campagne, sous la conduite de Anne BAS et Sylvie CACHIN-LAROCHE

Métamorphoses par le paysage, quelques cas pratiques d'illustrations concrètes, par Bertrand FOLLÉA et Claire GAUTIER

Paysages en métamorphoses : transformer nos représentations, table ronde animée par Sylvain ALLEMAND, avec Cécile CHAPON et Rachel RAJALU

Soirée
Lecture d'Édouard Glissant, par Rachel COHEN et Armelle CHITRIT


Vendredi 16 mai
"HORS LES MURS" — DE L'ARCHIPEL À LA FIGURE DE L'ARCHIPEL, EMBARQUEMENT POUR LES ÎLES CHAUSEY
La visite de l'archipel des îles Chausey permettra aux participants du colloque de prendre la mesure des défis des transitions, au-delà de la carte postale. Entre insularité et interdépendance, comment concrétise-t-on la transition par le paysage pour gérer un micro-territoire fragile ? On y parlera d'énergies, de déchets, de tourisme, de biodiversité, de climat…
"Entre autonomie et interdépendance : transitions et paysages des îles Chausey", visite de l'Archipel de Chausey animée par Emmanuel FAUCHET et Stéphanie LANGEVIN, avec la participation de Gérard DIEUDONNÉ, Gilles MÉNARD, Guillaume VALLÉE, Clémentine DRAPEAU, Philippe SURVILLE, Régis LEYMARIE et Charles POSTEL


Samedi 17 mai
MÉTAMORPHOSES DE LA "NATURE" / FORÊT, AGRICULTURE, VILLE
Après la transformation des perceptions, évoquée le premier jour puis éprouvée aux îles Chausey, le colloque aborde la transformation des territoires eux-mêmes. Il s'agit de mettre en évidence comment l'approche relationnelle du paysage peut permettre d'inscrire l'action humaine dans la conscience de la Zone critique, de ses fragilités et interactions ; et comment elle conduit à placer la transition agricole au cœur de toutes les transitions. La table ronde de l'après-midi permettra de revisiter la ville, l'agriculture, la forêt et la nature, incluant les énergies et les mobilités, au filtre du paysage comme relation.
Matin
Jérôme GAILLARDET : Le paysage au prisme de la Zone critique : faire d'une fragilité une force active des transitions
Sébastien MAROT : Agriculture et architecture : faut-il (se) préparer (à) un exode urbain ?

Après-midi
Le photographe Stéphane JANOU (Le Labomylette) présente l'exposition Portr'Haies, images et paroles des habitants sur les paysages de bocage de la vallée de la Sée, s'appuyant sur le travail d'enquête orale d'Yvon Davy (La Loure)

Arts et sciences de l'aménagement au défi de l'approche relationnelle du paysage [présentation], table ronde animée par Roger GOUDIARD, avec Pascal AMPHOUX [Le paysage n'est pas donné(e), il se construit, il s'écoute, est un rapport au monde, irrécupérable, hors marche], Laetitia CORCELLE [À l'écoute des chants de la Terre], Pierre HAGENBURG [Réseaux d'électricité et approche relationnelle du paysage], Louis HENRY [Énergie et paysage], Patrick MOQUAY et Yves POSS [Les forêts, hier, aujourd'hui et demain]

Soirée
"HORS LES MURS" — AU CINÉMA LE LONG-COURT DE COUTANCES
Autour du film Pour faire un monde, projection et débat animé par Dominique HUTIN, en présence du réalisateur Rémi MAUGER, avec Anne HÉBERT, Bruno GODET et Pascal FEREY [sous réserve]


Dimanche 18 mai
MÉTAMORPHOSES POLITIQUES, MÉTAMORPHOSES DE L'ÉCONOMIE
Dans sa dimension sociologique comme dans sa dimension écologique, la démarche transitionnelle du paysage bute sur les logiques politiques et économiques à l'œuvre dans l'aménagement du territoire. Un éclairage historique de l'économie permettra de remettre en lumière une science du commerce et une physique œconomique qui réhabilitent les territoires situés et les interdépendances du vivant. Un éclairage politique du paysage identifiera les conditions à mettre en place pour qu'un portage politique assumé de la démarche paysagère puisse s'engager au cœur des transitions. La table ronde de l'après-midi offrira le cadre pour débattre des leviers politiques et économiques à actionner en faveur de l'approche relationnelle du paysage, en prenant appui sur les expériences vécues des intervenants.
Matin
Arnaud ORAIN : Des "hectares fantômes" aux "savoirs perdus" : repenser les approches économiques des paysages
Lucile SCHMID : Politiques : s'emparer de la démarche paysagère

Après-midi
"HORS LES MURS" — PARC RURAL DE PIROU
Visite du parc : fondements politiques, économiques, sociaux et écologiques, sous la conduite de Noëlle LEFORESTIER, José CAMUS-FAFA et Christophe LETOUZÉ (jardinier du parc), en présence des paysagistes concepteurs : Thibaut GUÉZAIS et Marc VATINEL

Au-delà du militantisme : la transition par le paysage, un défi politique et économique, table ronde animée par Patrick MOQUAY, avec Jean-François CARON [Bassin minier et transition systémique : le paysage, une entrée stratégique !], Jean-Yves CHAPUIS [La ville qui vient, Marcel Hénaff], Cyril GOMEL, Vincent MONTRIEUX et Henri TRUBERT

Soirée
Première du concert Les Chants de la Terre par l'Ensemble Ô, dirigé par Laetitia CORCELLE, dans le cadre du Festival Pierres en lumières (ouvert au public, gratuit sur réservation)


Lundi 19 mai
MÉTAMORPHOSES DE L'ÉDUCATION, DES COMPORTEMENTS, DES VALEURS
La transition par le paysage suppose une toute autre culture de l'aménagement que celle qui, depuis le XXe siècle, favorise l'équipement du territoire par une prééminence de l'ingénierie technique. De nature civilisationnelle, cette rupture appelle une transformation des représentations du monde, des valeurs qui fondent les sociétés humaines et des rapports entre humains et non humains. La table ronde de l'après-midi témoignera d'une "éducation à l'attention" pour rendre possibles les métamorphoses par le paysage.
Matin
Olivier RAGUENEAU : Une unis-vers-cité pour l'accroît-sens
Sophie MARINOPOULOS : Les paysages font-ils grandir les enfants ?

Après-midi
L'éducation pour transformer nos manières de percevoir et de faire le paysage, table ronde animée par Sylvain ALLEMAND, avec Alexandra BONNET, Roger GOUDIARD, Vincent GUICHARD et Lolita VOISIN [Métamorphoses de l'éducation, des comportements - apprendre à apprendre]

Conversation animée par Dominique HUTIN, avec Clothilde LEBRETON, Marion GOBIN et Hervé GUILLE [sous réserve], les participants et étudiants, à partir du concours d'idées et de son exposition "Empreintes, habiter les paysages littoraux de 2050"

Soirée
Grande fête du paysage en musique avec Laetitia CORCELLE


Mardi 20 mai
BILAN ET PERSPECTIVES SUR L'ARCHIPEL DES MÉTAMORPHOSES
Matin
Restitution du workshop "De Cerisy à la baie des Veys : Archipel 2075"

Perspectives et débats, animés par Bertrand FOLLÉA, Roger GOUDIARD, Stéphanie LANGEVIN et Patrick MOQUAY

Après-midi
DÉPARTS


TÉMOIGNAGES :

À Cerisy, Le développement durable, c'est encore du bonheur !. Rencontre avec Jean-François CARON, propos recueillis par Sylvain ALLEMAND.


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Bertrand FOLLÉA : L'Archipel des métamorphoses : la transition par le paysage
Pourquoi le paysage peut-il constituer un levier efficace pour transformer notre rapport au monde et contribuer à relever les défis du siècle : le climat, le vivant, le lien social, la démocratie ? Pour répondre à cette question, nous devons remettre le concept à l'os et faire valoir sa radicalité : le sortir des angles morts qui le cantonnent à un tableau à contempler, un territoire à équiper, une carte postale à conserver ou un décor à planter ; et révéler ses dimensions relationnelles, de nature écologique et sociale. Cette re-connaissance opère un décentrement-recentrement qui modifie profondément nos manières de percevoir, de vivre et de façonner nos milieux de vie hérités du tout-pétrole. C'est ce que nous expliquerons en prenant appui à la fois sur la théorie et la pratique. Se dessinera ainsi une figure du paysage relationnel, où la mer-matrice des espaces naturels, agricoles et forestiers accueille des îles-villes et villages, aux franges desquelles les rivages jouent un rôle majeur. Bienvenue dans l'Archipel des Métamorphoses.

Bertrand Folléa est paysagiste urbaniste concepteur (ENSP Versailles, D.E.A. "Jardins, paysages, territoires" ENSA Paris-La Villette et EHESS). Il co-dirige avec Claire Gautier l'agence Folléa-Gautier paysagistes urbanistes, créée en 1991, Grand prix national du paysage en 2016. Il publie régulièrement des articles sur l'urbanisme, l'aménagement et le paysage. Il est l'auteur de L'Archipel des Métamorphoses – la transition par le paysage (Parenthèses, 2019), un essai qui explique pourquoi la démarche de projet de paysage rend possible et concrétise efficacement la transition écologique et énergétique. Il est Paysagiste-Conseil de l'État depuis 1994 et ancien Paysagiste-Conseil du Ministère de la Culture (2004-2010). Directeur des chaires à l'École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille (ENSP), il est aussi responsable de la chaire "Paysage et énergie" depuis sa création en 2015. Il a été Professeur associé à l'INSA Centre Val de Loire (École de la nature et du paysage) de 2013 à 2023.

Roger GOUDIARD
Agro-économiste, Roger Goudiard a commencé sa vie professionnelle par une dizaine d'années de terrain aux côtés des paysans de la Vallée du Sénégal ; puis sa carrière s'est déroulée au sein de l'Agence française de développement à négocier, financer, évaluer des projets et des politiques de développement. Il a été amené à travailler, soit en résidence, soit en mission, dans de nombreux pays d'Afrique subsaharienne, de Méditerranée, d'Asie, sur une large palette de questions de développement : rural et agricole, urbain et infrastructures, santé et éducation, finances publiques et système bancaire, environnement et mutation climatique. Il a dirigé le département Asie de l'AFD, le département des politiques et des études, le campus dédié à la formation des cadres des pays partenaires de l'AFD. Il a aussi, au tournant des années 2000, été cumulativement administrateur du Fonds français pour l'environnement mondial, remarquable outil d'apprentissage des questions globales de Climat et de Biodiversité. À la retraite depuis 2017, il met son expérience et ses outils professionnels au service de son territoire de vie en siégeant au Conseil scientifique du Parc naturel régional du Morvan depuis 2018 et au Conseil d'administration du Centre de recherche archéologique de Bibracte depuis 2019. Il a intégré en 2020 le Conseil d'administration du Réseau des Grands sites de France, dont il préside la Commission de prospective, et a été coopté en 2022 au sein du Collectif PAP, Paysage de l'après-pétrole, qui œuvre en France à la diffusion des principes de la Convention européenne du Paysage de 2000.

Patrick MOQUAY
Dans le cadre de la table ronde "Arts et sciences de l'aménagement au défi de l'approche relationnelle du paysage", Patrick Moquay propose d'évoquer les dilemmes soulevés par la question du paysage. Le paysage est à la fois le fruit de dynamiques spontanées et d'interventions humaines, de transformations matérielles et culturelles, reflet et produit du rapport à l'espace des membres d'une société. Tantôt — et même souvent — production involontaire ou fortuite, quand le paysage résulte de l'organisation de l'espace par et pour les activités humaines, selon des finalités notamment économiques, tantôt aménagement délibéré, projection réfléchie d'une intention spatiale. Considéré parfois comme trop savant, au point d'éviter le terme pour ne pas effaroucher les acteurs sociaux, ou comme trop futile, au risque de susciter l'attention des décideurs politiques ou économiques, et pourtant apprécié comme objet familier, appropriable par tous, autorisant l'expression de chacun et permettant d'initier le dialogue. Objet de passion(s) et/ou outil pour dépassionner le débat… Comment faire du paysage un vecteur de réinvention des pratiques d'aménagement, en évitant les écueils d'une approche purement conservatrice ou fixiste, tout en posant des exigences formelles de participation et de délibération, et en explicitant par ce moyen des valeurs partagées de ménagement des territoires ?

Patrick Moquay est professeur à l'École nationale supérieure de paysage de Versailles, dont il dirige le laboratoire de recherche en projet de paysage (Larep). Docteur en science politique, il a associé tout au long de son parcours les responsabilités académiques, comme enseignant et chercheur, et l'implication dans la pratique, auprès d'acteur locaux et de collectivités, puis comme élu local (maire de Saint-Pierre d'Oléron de 2008 à 2014). Ses premiers travaux s'intéressaient à la gouvernance locale (notamment les questions de coopération et de participation) et la gestion des biens environnementaux dans l'espace rural. Ils se focalisent désormais sur l'action paysagère locale et les dilemmes des politiques de préservation des patrimoines naturels et culturels face aux enjeux des changements globaux, notamment dans les espaces littoraux.


Alexandra BONNET
L'École nationale supérieure de paysage est, numériquement et historiquement, la première école française dédiée à la formation des paysagistes concepteurs. Elle a engagé une refonte complète de son cursus afin de mieux préparer les futurs professionnels à accompagner les mutations écologiques et sociétales qui redessinent les territoires. Dans un contexte de complexité croissante des savoirs associés, l'enjeu est de doter les étudiants d’outils conceptuels et techniques solides tout en préservant leur capacité à innover. Les évolutions pédagogiques réaffirment le principe fondateur d'une formation "par le projet", fondée sur la pédagogie de l'idée : penser librement ("hors du cadre") pour innover ; miser sur l'intelligence collective à travers la médiation. Mais la formation ne se limite plus aux murs de l'école. Face à un métier encore numériquement faible, relativement jeune, complexe et protéiforme, l'ENSP doit prendre sa part de l'effort d'explication et d'"évangélisation". Grâce à ses chaires de recherche appliquée et à ses ateliers pédagogiques ancrés dans les territoires, l'ENSP sensibilise un large éventail d'acteurs à la puissance transformatrice de la démarche de paysage. Cette dynamique répond aussi à un enjeu stratégique fondamental pour la profession : intervenir en amont des décisions d'aménagement, pour devenir prescripteurs plutôt qu'exécutants.

Alexandra Bonnet est Ingénieure générale des Ponts, des Eaux et des Forêts. Depuis septembre 2021, elle est Directrice de l'École nationale supérieure de paysage Versailles – Marseille. Elle a été Conseillère diplomatie, influence et enjeux océaniques internationaux au Cabinet de la ministre de la Mer Annick Girardin (2020-2021) ; Adjointe à la Directrice des affaires européennes et internationales au Ministère de la Transition écologique et solidaire – Direction des affaires européennes internationales (2018-2020) ; Adjointe au chef du service économie, évaluation et intégration du développement durable (2011-2018) et Conseillère stratégique chargée de la ville durable et de la nature en ville (2009-2011) au Ministère de l'environnement - Commissariat général au développement durable ; Conseillère technique en charge des industries agroalimentaires et de l'export au Cabinets des Ministres de l'agriculture : Dominique Bussereau, Hervé Gaymard et Nicolas Forissier (2004-2006) ; Bureau de l’Union européenne - chargée de mission "apurement" (2003-2004), Bureau des relations extérieures de l'Union européenne - chargée de mission commerce international (2003-2001) et Bureau produit "bovins et ovins" - chargée de mission (1998-2000) au Ministère de l'agriculture - Direction des politiques économique et internationale.

Jean-François CARON : Bassin minier et transition systémique : le paysage, une entrée stratégique !
Le territoire minier a été structuré pendant trois siècles par l'exploitation charbonnière : modifications profondes de l'habitat et de l'urbanisme, érection de terrils, affaissement des sols et apparition de grandes zones humides, maillage très serré d'infrastructures de transport, marqueurs autour du noir du charbon et du rouge de la brique, … Ce paysage est devenu un acteur majeur de la transition et de la transformation du territoire : terrils, cités minières, marqueurs paysagers, du Vert au noir. Paysages de l'après pétrole, paysages de l'après charbon, ces expressions prennent ici tout leur sens ! C'est cette démarche de réappropriation culturelle et identitaire appuyée sur l'approche Paysages qui a été le support de la transformation de Loos-en-Gohelle, démonstrateur national pour l'Ademe sur la transition vers la ville durable. Et c'est cette démarche qui a été reconnue par l'Unesco (inscription au patrimoine mondial) en 2012 à St-Petersburg, comme paysage culturel évolutif, sur l'ensemble du bassin (à partir de 14 ensembles miniers remarquables).

Jean-François Caron est un élu des Hauts de France, Maire de Loos-en-Gohelle (6800 habitants) depuis 2001, et ancien Vice-président du conseil régional où il avait en charge les questions de Développement Durable, d'Aménagement du territoire et d'Environnement. Au conseil régional, il a notamment conduit les travaux du Schéma Régional d'Aménagement du Territoire SRADDT. Il a porté la démarche de Transformation Écologique et Sociale Régionale visant à dépasser le stade des expérimentations en matière de transition. C'est dans la continuité de cette logique qu'il a animé la démarche de Troisième Révolution Industrielle avec Jérémy Rifkin. Il a porté et obtenu le classement du bassin minier au patrimoine mondial de l'humanité (UNESCO, 2012). Depuis, il est devenu président national de l'association des Biens Français inscrits au patrimoine mondial (ABFPM). Enfin, il a fondé et dirige au niveau national la Fabrique des Transitions qui implique plus de 400 organisations attachées à la Transition. Cette démarche fonctionne en communauté apprenante (production de connaissances, capitalisation d'expériences et mutualisation, centre ressources, …) et aide au positionnement des projets de transition des territoires. Jean-François Caron est marié et père de trois filles. Il a une passion pour l'ornithologie et les sciences de la nature, il est aussi un pratiquant assidu de sports nature de longue distance.

Roberto CASATI : Prolégomènes à une science du paysage marin
La notion de paysage sous-marin (seascape) est séduisante. À l'instar des paysagistes terrestres, les professionnels du paysage marin commencent à se faire entendre, créant par exemple des structures coralliennes artificielles pour repeupler certaines récifs. Il semblerait que de nombreux concepts terrestres puissent être transposés à l'environnement marin : jardin, forêt (de varech), désert, montagne (sous-marine), prairie (de posidonies). Mais si le concept même de paysage, qui renvoie aux pays, à l'établissement humain, nécessite une application prudente, les autres méritent également un peu d'attention philosophique. La philosophie, c'est changer de perspective. Au lieu de nous demander s'il est judicieux d'appliquer les catégories terrestres aux phénomènes sous-marins, de mesurer avec prudence les mots que nous utilisons, nous pouvons nous accorder un moment d'imagination, sans retenue, avec quelques ajustements en cours de route. Que dirait un Esprit Marin s'il devait décrire un paysage terrestre ?

Roberto Casati (DE EHESS, DRCE CNRS, Directeur de l'Institut Nicod) a travaillé sur plusieurs projets de recherche sur la perception et la cognition de l'espace, sur la navigation, et sur la représentation des espaces océaniques. Il a publié récemment Philosophie de l'océan, PUF, 2022. Il dirige le cours Global Change : Climate, Ocean and Behavior (EHESS et Biologie ENS) et participe à deux projets EU notamment sur la perception de la biodiversité en Méditerranée (Mediverseaty MSCA Training grant) et sur l'étude de la côte européenne (BiOcean5D, avec EMBL et Tara Ocean). Dans ces cadres, il a contribué à plusieurs policy briefs : Plankton Manifesto (UN Compact), Venice Declaration on Sea Literacy (Unesco), Dynamic Oceans Dynamic Solutions (Cali COP BCD).

Cécile CHAPON
Dans le cadre de la table ronde "Paysages en métamorphoses : transformer nos représentations", il s'agira d'abord de resituer certains concepts importants de la pensée d'Édouard Glissant, en particulier la Relation, la pensée de l'archipel, mais aussi le lieu-commun et le paysage bien sûr, et d'interroger la place grandissante allouée au vivant et à l'élémentaire dans son œuvre, comme des voies d'ouverture de l'imaginaire. Nous pourrons saisir dès lors comment cette pensée résonne avec celle de Bertrand Folléa dans l'Archipel des métamorphoses, et nous interroger collectivement sur les manières dont la littérature et les arts peuvent élargir nos imaginaires et sur les manières de donner corps, dans nos pratiques, nos perceptions et nos représentations, à cette pensée du paysage.

Cécile Chapon est maîtresse de conférences en littérature comparée à l'université de Tours, et co-fondatrice de l'association CARACOL-Observatoire des littératures caribéennes. Spécialiste des littératures de la Caraïbe, et en particulier d'Édouard Glissant, c'est à ce titre qu'elle revient à Cerisy après avoir participé au colloque Édouard Glissant, la relation mondiale (août 2022). Ses recherches actuelles portent sur les rapports entre langages, paysages et mémoire (voir par exemple l'article "Les déclinaisons de la "parole du paysage" dans l'œuvre d'Édouard Glissant. De la démesure à l'ancrage, du poétique au politique", Paysages littéraires. Nature, écologie, écocritique dans les littératures caribéennes, dir. Pauline Amy de la Brétèque & Natacha d'Orlando, Paris, Classiques Garnier, 2023, p. 15-32). Les perspectives écopoétiques et l'acte de traduire au sens large l'intéressent plus particulièrement pour sonder ce que peut la littérature.

Jean-Yves CHAPUIS : La ville qui vient, Marcel Hénaff
"On peut parfaitement comprendre que les certitudes fragiles et provisoires de la recherche s’ajoutent aux certitudes fragiles et provisoires de l'action publique" (Bruno Latour)
La ville comme milieu de vie à façonner (autrement dit le paysage urbain) se trouve confrontée à ce défi : elle doit intégrer des compétences multiples des sciences de la vie et des sciences sociales, à côté d'une technicité qui bouge aussi dans les matériaux et l'énergie, ainsi que d'une économie qui se doit d'être humano-centrée. Il ne suffit pas d'ouvrir le champ urbain à de nouvelles compétences qui seraient les unes à côté des autres, mais de faire ensemble et d'accepter que l'autre intervienne sur sa compétence pour produire un projet qui intègre toutes les dimensions. Cela suppose la mise en place d'une ingénierie urbaine inédite capable de socialiser toutes les compétences. Le politique, maître d'ouvrage urbain, a un rôle clé dans ce renouvellement des services de l'aménagement, de l'urbanisme et du développement durable des villes et des agglomérations. Car c'est aussi un bouleversement des autres directions : économie, culture, finances, ressources humaines, gestion. Faire la ville par le paysage ou comme le dit Alfred Peter le regard inversé et plus globalement ne pas considérer que l'urbain est le plein et la nature et la campagne le vide. Tout est plein. Cela suppose ainsi une autre organisation du travail et de la gouvernance.

Jean-Yves Chapuis est né le 14 janvier 1952 à Lyon. Il a fait des études de droit, de sociologie et d'urbanisme. Depuis 1979 il travaille dans l'urbanisme opérationnel. Il a été directeur de l'école d'architecture de Bretagne de 1997 à 2002. Il a été professeur associé à l'I.F.U (aujourd'hui école d'urbanisme de Paris) et enseignant à l'école d'architecture Paris Val de Seine. Élu, 5 mandats (1983 à 2014), à Rennes comme adjoint à l'urbanisme et vice-président des formes urbaines à la métropole. Il est consultant en stratégie urbaine. Il a une triple expérience d'élu, de praticien et d'enseignant. Il est l'auteur des ouvrages : Rennes, la ville archipel, Profession urbaniste, La ville n'est pas figée, L'élu local comme artisan du changement, Faire la Ville ? Quelle Ville ?, Accepter de vivre dans l'intranquillité et Le projet humain avant le projet urbain. Il a coordonné les deux tomes de Villes en évolution de l'Institut des villes.

Jérôme GAILLARDET : Le paysage au prisme de la Zone critique : faire d'une fragilité une force active des transitions
La notion de paysage ne va pas de soi lorsqu'elle est vue à l'aune des sciences expérimentales. Géologique, hydrologique, écologique, géomorphologique, pédologique… : de nombreuses entrées sont possibles que la spécialisation des sciences et des institutions au cours des derniers siècles a trop largement encouragées. La zone critique est une initiative venant des sciences de la Terre et destinée à les reconnecter autour de sites instrumentés — les observatoires de la zone critique — comme autant de laboratoires "in situ". Nous ferons un état des lieux de cette nouvelle "science des lieux" en montrant que même si le nom n'est jamais vraiment prononcé, il s'agit bien d'une science du paysage.

Jérôme Gaillardet est professeur de sciences de la Terre à l'Institut de Physique du Globe de Paris. Géochimiste, il s'intéresse à la manière dont les cycles biogéochimiques régulent l'habitabilité planétaire. Il est le co-fondateur du réseau des observatoires de la zone critique (OZCAR), un réseau d'observatoires pérennes et au long-terme des différentes entités du paysage. Il s'est vu décerner la médaille d'argent du CNRS en 2018 pour ses travaux.

Cyril GOMEL
Dans le cadre de la table ronde "Au-delà du militantisme : la transition par le paysage, un défi politique et économique", Cyril Gomel propose d'évoquer particulièrement la manière dont les savoir-faire, concepts, méthodes, démarches… attachés à l'approche par le paysage peuvent avoir un rôle stratégique à jouer dans la conception et la mise en œuvre de l'action collective, qu'il s'agisse de politiques publiques ou plus largement d'action sociétale. Le contexte actuel de très forte remise en cause de cadres de l'action publique jusque-là vécus comme relativement pérennes, quoiqu'insuffisamment performants, créent l'impératif de réfléchir "en dehors de la boite" et refonder largement les stratégies d'action, sans perdre de vue les fondamentaux, l'importance du temps long et la réalité territoriale, plus largement de l'action de terrain.

Agronome, géographe, ingénieur des ponts, des eaux et des forêts, ancien auditeur de l'Institut des hautes études d'aménagement des territoires, Cyril Gomel s'est précocement orienté vers l'aménagement des territoires, le développement local et l'environnement. Cadre dirigeant des ministères chargés de la cohésion des territoires et de la transition écologique, il a exercé plus de 20 ans des responsabilités de direction et d'expertise pour l'administration d'État, les établissements publics et le monde territorial (directeur de technopole, ancien élu municipal). En 2022, il a créé le cabinet de conseil Novalia Censis pour accompagner acteurs publics et privés dans les champs stratégique et opérationnel liés aux territoires, aux transitions et à l'innovation. Son investissement dans le monde du paysage commence avec sa première expérience professionnelle de maîtrise d'ouvrage au Conservatoire du littoral, en restauration et gestion d'espaces naturels protégés. Il poursuit en tant qu'élu local avec mise en place d'un plan de paysage pour sa commune, remarqué au niveau national. Il intègre en 2023 le collectif Paysages de l'après pétrole (PAP) et contribue à l'établissement d'une note pour la Fabrique écologique sur le rôle des démarches de paysage au service de la transition écologique. Il s'intéresse au lien entre les enjeux et démarches de paysage avec les autres approches de l'aménagement et avec l'action publique.

Vincent GUICHARD
Archéologue de formation, Vincent Guichard dirige le site patrimonial de Bibracte – Mont-Beuvray. Engagé dans la démarche Grand Site de France, il s'intéresse particulièrement au paysage comme levier de projets de territoire.
Publications
"Archéologie et société : quelques enjeux à l'heure de l'Anthropocène", in LEHOËRFF, Anne & GRIMAL, Nicolas (dir.), L'archéologie française en France et à l'étranger. Assises scientifiques, Paris, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 2025, p. 161-175.
"Du projet de site au projet expérimental de territoire : le cheminement du Grand Site de France de Bibracte – Morvan des Sommets", Culture & Recherche, 46, printemps – été 2024, p. 92-95.
"De l'étude du passé d'un territoire à la définition de son avenir : le rôle-clé de la démarche paysagère", DARD/DARD, 11, automne 2024, p. 13-25.

Sophie MARINOPOULOS : Les paysages font-ils grandir les enfants ?
À l'heure où notre monde pollué ne cesse de modifier notre vie sensorielle, relationnelle, cognitive, affective, émotionnelle, la place de l'enfant dans nos espaces est à interroger. "Vivre c'est vivre avec", c'est entrer en relation pour comprendre le monde, l'interpréter, lui donner du sens et donner corps à son existence dans du désirable. Et le bébé humain se caractérise par cette appétence à mettre le monde en bouche pour s'y confondre puis se différencier. Très vite il réalise qu'il n'est ni un oiseau, ni un arbre, ni la pluie, mais il a la certitude que sa singularité ne l'éloigne pas du vivant mais l'y relie. En avons-nous encore conscience ?

Sophie Marinopoulos est psychologue, psychanalyste, auteure et fondatrice du concept d'accueil solidaire et d'écoute des familles "Les Pâtes au Beurre". Auteure de nombreux ouvrages dont Dites moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va ; Le corps bavard ; Écoutez-moi grandir ; Ce que les enfants nous enseignent aux éditions Les Liens qui Libèrent. En 2019, elle rédige pour le Ministère de la Culture, un rapport en faveur d'une politique culturelle à dimension sociale pour prendre soin des liens parents enfants, rappelant qu'ils sont constitutifs d'une société apaisée. Elle appelle à lutter contre ce qu'elle nomme "la malnutrition culturelle" et lance un appel aux responsables du monde entier pour que l'éveil du jeune enfant devienne un indicateur de richesse inscrit dans les droits de l'enfant et les droits humains. Sophie Marinopoulos est par ailleurs co-fondatrice de la maison d'édition Les Liens qui Libèrent.

Sébastien MAROT : Agriculture et architecture : faut-il (se) préparer (à) un exode urbain ?
On peut considérer que, depuis la "Renaissance", avec la montée en régime progressive de l'économie de marché, l'exode rural, boosté par les enclosures puis par les révolutions industrielles, a été la signature géographique de l'accumulation et de la concentration du capital, et que l'explosion, en densité comme en extension, des territoires urbains, a été la conséquence plus ou moins directe de l'extractivisme énergétique et matériel. Si c'est le cas, alors les grandes préoccupations et impasses environnementales contemporaines peuvent être lues comme les signes de plus en plus clairs qu'un renversement de perspective est aujourd'hui nécessaire, qui éloigne nos sociétés du mode d'usage des sols délétère que représente la mine, pour les rapprocher de celui, beaucoup plus soutenable en principe, que représente le jardin. Telle est l'hypothèse que nous essaierons de faire valoir en tâchant d'imaginer les mondes et les paysages d'un tel exode urbain.

Philosophe de formation, docteur en histoire et titulaire d'une HDR, Sébastien Marot est professeur d'histoire et de théorie de l'environnement à l'École d'architecture de la ville et des territoires de Paris-Est et professeur invité à l'École polytechnique fédérale de Lausanne. De 1987 à 2002 a été délégué général de la Société Française des Architectes à Paris, où il a organisé de nombreuses séries de conférences publiques sur l'histoire et l'actualité de l'architecture, de l'urbanisme et du paysage, puis fondé et dirigé une "revue de critique des situations construites", Le Visiteur, entre 1995 et 2002. Critique, éditeur et traducteur occasionnel (Thomas De Quincey, André Corboz, John Brinckerhoff Jackson, Charles Lamb, Rem Koolhaas & OM Ungers – Berlin, A Green Archipelago –, David Holmgren, …), ses écrits ont d'abord porté sur la généalogie des théories contemporaines de l'architecture, de l'urbanisme et en particulier du paysage ("L'Alternative du paysage", 1995, puis L'Art de la mémoire, le territoire et l'architecture, 1999). Membre fondateur de L'école d'architecture de la ville et des territoires en 1997, il a ensuite enseigné comme professeur invité dans plusieurs écoles d'architecture ou de paysage en Europe et en Amérique du Nord (Architectural Association à Londres, IAUG Genève, Harvard, Cornell, Upenn, ETH Zürich) où ses recherches se sont progressivement orientées vers l'histoire et la théorie de l'environnement, et vers une conception des disciplines de projet comme "arts de l'environnement". À son retour à l'Ensa Paris-Est, il y a fondé la revue Marnes : documents d'architecture, qu'il dirige depuis avec Éric Alonzo. En 2019, pour la Triennale d'Architecture de Lisbonne, il a été le commissaire d'une grosse exposition "Taking the Country's Side : Agriculture and Architecture" qui a voyagé depuis dans plusieurs autres villes d'Europe en s'enrichissant à mesure (Lausanne, Lyon, Bruxelles, Marseille, Grenoble, Nantes). La version française et enrichie du livre éponyme, Prendre la clef des champs : agriculture et architecture, a été publiée chez Wildproject en 2024. L'Académie d'architecture lui a successivement décerné, en 2004 la médaille de la critique d'architecture (pour l'aventure Le Visiteur), en 2010 le prix de la thèse en architecture (pour sa thèse "Palimpsestuous Ithaca : un manifeste relatif du sub-urbanisme"), et en 2020 la médaille de l'enseignement et de la recherche.

Vincent MONTRIEUX
Adjoint au directeur des l'habitat, de l'urbanisme et des paysages au sein de la direction générale de l'aménagement, du logement et de la nature, elle-même sous l'autorité des ministères de l'aménagement du territoire et de la décentralisation et de la transition écologique, de la biodiversité, de la forêt, de la mer et de la pêche, Vincent Montrieux participe, au sein de cette direction (et précédemment, de 2020 à 2024, comme sous-directeur de l'urbanisme réglementaire et des paysages) à la détermination et à l'animation de la politique du paysage, de la transition écologique et des interactions entre les deux dans le cadre de l'aménagement du territoire.

Arnaud ORAIN : Des "hectares fantômes" aux "savoirs perdus" : repenser les approches économiques des paysages
Avec l'abandon progressif d'un modèle d'accès aux minerais et à la nourriture par un marché libre supervisé par l'Organisation Mondiale du Commerce, on assiste depuis une quinzaine d'années à une nouvelle "prise de terre" (Carl Schmitt), en particulier en Amérique latine, en Asie du sud-est et en Afrique subsaharienne. Des États et des Compagnies-États ne veulent plus laisser agir les mécanismes concurrentiels pour leurs approvisionnements et cherchent désormais un accès direct à ces ressources : achats et locations de terres outremer (land grab), fourniture des intrants chimiques, des semences et de la logistique, enlèvement de la totalité des récoltes exportées vers le pays investisseur, le tout sans passer par des intermédiaires et par des prix de marché. Fondés sur la notion de "score d'efficacité du paysage" (Banque mondiale), ces nouveaux "hectares fantômes", lié à l'accroissement gigantesque du système plantationnaire, conduisent à d'importants déplacements forcés de populations humaines et non-humaines. Les interactions du vivant sont un impensé de ce phénomène, mais d'autres savoirs économiques, plus anciens ou alternatifs, devraient nous inviter à voir le paysage d'une tout autre manière.

Arnaud Orain est économiste et historien, directeur d'études à l'EHESS (Paris). Ses recherches portent sur l'histoire économique et l'histoire intellectuelle de l'économie des périodes modernes et contemporaines. Il a longtemps travaillé sur l'économie politique du XVIIIe siècle français, en particulier sur le Système de Law, l'anti-physiocratie, ou encore la question des dettes publiques, de la fiscalité et du papier-monnaie. Il s'intéresse aujourd'hui aux liens entre économie et écologie et aux rythmes du capitalisme sur le temps long, et plus précisément au capitalisme illibéral. Ses derniers ouvrages publiés sont Les savoirs perdus de l'économie. Contribution à l'équilibre du vivant (Gallimard, 2023) et Le monde confisqué. Essai sur le capitalisme de la finitude (Flammarion, 2025).

Olivier RAGUENEAU : Une unis-vers-cité pour l'accroît-sens
Face aux crises écologiques, sociales et démocratiques actuelles, l'humanité est confrontée à des choix fondamentaux qui posent in fine la question du sens, de l'échelle individuelle à celle de notre espèce. Une nouvelle grande transformation est nécessaire aujourd'hui, pour éviter l'effondrement, qui dépasserait grandement l'idée de développement durable et remettrait au cœur celle de futur désirable. L'idée centrale développée dans cette contribution est celle de l'accroît-sens, alternative à la croissance, qui propose une transformation à la fois culturelle, anthropologique et politique. Le travail y joue un rôle clé et son importance sera illustrée à travers l'Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) qui peuvent devenir des espaces d'expérimentation et de démonstration d'une transformation se faisant désirable. En s'appuyant sur les travaux du Réseau des Zones Ateliers (RZA, CNRS Écologie et Environnement) et de l'Expé-1point5 (GDR Labos 1point5) qu'il co-anime, O. Ragueneau développera l'idée clé d'expérimentation, autant pour accompagner les transformations sur les territoires que pour incarner la transformation des pratiques de recherche dans l'optique de limiter leur empreinte environnementale. Penser la question du passage à l'échelle sans monter en généralité, pour envisager une transformation, des transformations davantage systémiques, permettra de reboucler sur la question du travail et d'ouvrir des discussions sur la question de la valeur. Nous le ferons en démontrant la nécessaire recomposition du paysage de la recherche et de la formation, pour faire de l'ESR une véritable unis-vers-cité au service de l'accroit-sens.

Olivier Ragueneau est Directeur de Recherches au CNRS. Formé en biogéochimie marine, il œuvre depuis une quinzaine d'années dans le champ émergent des "sciences transformatives". Tout au long de ses travaux, il a stimulé des interactions diverses à travers plusieurs interfaces : entre disciplines des "sciences de la nature" tout d'abord, entre composantes du système terre ensuite, par exemple entre la surface et le fond des océans ou encore entre terre et mer. Il a ensuite étendu son exploration des interfaces à celle entre grands champs disciplinaires (en particulier avec les sciences humaines et sociales) ainsi qu'à l'interface entre science et société. Il anime depuis 2020 l'Infrastructure de Recherche "Réseau des Zones Ateliers" (CNRS Écologie et Environnement), qui vise à accompagner les transformations sur les territoires, ainsi que l'Expé-1point5 pour explorer différentes façons de limiter l'empreinte carbone des activités de recherche. Depuis une vingtaine d'années, il réfléchit à la question des interactions entre différentes échelles, en particulier celles du global, du local et de l'intime, autour de la dimension éthique du changement climatique. Il est très impliqué dans la mise en place du PEPR TRANSFORM sur la transformation, en particulier dans la création d'un centre national dédié à la mise en lien des expérimentations transformatives qui se déploient un peu partout, pour penser cette question du passage à l'échelle. Il est l'auteur de 72 articles de Rang A et d'une douzaine de chapitres d'ouvrage (liste complète). Il coordonne actuellement, la rédaction d'un ouvrage collectif soumis aux éditions ISTE et à paraître cette année, qui décrit le fonctionnement et l'évolution de l'infrastructure de recherches RZA qu'il coordonne. Il a soumis un manuscrit "Désirer amerrir" à plusieurs maisons d'éditions l'automne dernier, pour prolonger les réflexions de B. Latour sur l'atterrissage et relier ces différentes échelles du global à l'intime autour de cette idée d'accroît-sens.

Rachel RAJALU
Dans le cadre de la table ronde "Paysages en métamorphoses : transformer nos représentations", il s'agira d'évaluer le rôle, la valeur et les significations des pratiques de flânerie quant à nos manières de comprendre les paysages. Marche légère, insouciante, vaporeuse, rêveuse, presque dansée, ouverte aux qualités sensibles des milieux comme aux circonstances, la flânerie relève d'une expérience esthétique. En tant que telle, elle œuvre à une transformation dans nos manières de nous représenter et de pratiquer nos paysages, c'est-à-dire nos milieux de vie. Les paysages n'y sont plus conçus comme des espaces simplement façonnés par notre regard ou par nos interventions techniques mais sont traversés comme des espaces relationnels où la vie de chaque être — y compris la nôtre — dépend de celle des autres. Nous analyserons comment la flânerie concourt au développement d'une conception écologique des paysages et partant sensibilise aux différents soins que nous devons leur porter.

Rachel Rajalu est professeure de philosophie et d'esthétique à l'École supérieure d'art et de design TALM – Le Mans. Elle est docteure en esthétique et études théâtrales de l'université Rennes 2. Ses axes de recherche sont les effets expérientiels de l'art ; la poétique et l'éthique d'une "stylistique de l'existence" par l'art ; les liens entre art, care et politique ; les relations entre peinture, philosophie et scènes contemporaines. La version remaniée de sa thèse de doctorat, Le théâtre et la vie. Éthiques et scènes contemporaines, a paru aux Presses universitaires de Rennes dans la collection "Æsthetica" en octobre 2021. Elle a dirigé l'ouvrage collectif Les flâneries en paysages paru en janvier 2025 aux Presses universitaires de Rennes dans la collection "Arts contemporains". Son dernier livre, La gaieté, sera prochainement publié (janvier 2026) aux mêmes éditions, collection "Épures".

Lucile SCHMID : Politiques : s'emparer de la démarche paysagère
Paysage, un mot que chacun comprend et qui renvoie pourtant à des réalités différentes selon le contexte, les situations. Le paysage est mental autant que physique, c'est aussi un mot que l'on n'a pas besoin d'expliquer contrairement à d'autres mots considérés comme plus savants ou abstraits (par exemple écologie). C'est enfin un terme qui permet de définir et d'imaginer un projet collectif. Comment alors ne pas défendre l'idée que le paysage est aujourd'hui un terme fécond pour donner un contenu aux politiques publiques, favoriser les exercices de démocratie situés dans les territoires, envisager des transformations indispensables en associant dimension technique, économique et culturelle ? L'approche par le projet de paysage permet la confluence des approches. Mais qu'en est-il du passage à l'acte, du lien avec le monde de la décision ?

Lucile Schmid est Administratrice de l'État au Ministère de l'économie et des finances. Co-fondatrice d'un cercle de réflexions sur les enjeux écologiques, elle y est responsable des relations avec le monde universitaire. Haut-fonctionnaire de formation, elle est attachée à la vision d'institutions ouvertes sur la société, vision qu'elle a développée dans différents travaux et ouvrages. Membre du comité de rédaction de la revue Esprit depuis 1996, ses réflexions portent sur l'état de nos démocraties et elle y organise régulièrement des rencontres. Depuis l'automne 2023, elle effectue une mission au sein du mouvement Emmaüs pour y travailler à l'articulation des enjeux sociaux et écologiques.

Lolita VOISIN
Lolita Voisin, paysagiste et docteure en urbanisme, est enseignante-chercheuse à l'École de la nature et du paysage de Blois (INSA Centre-Val de Loire), dont elle a été directrice de 2018 à 2023 et au CRESSON (AAU Grenoble). Ses recherches portent sur la mise en politique du paysage depuis le début du XXe siècle et les expérimentations locales de sa décentralisation. Ses enseignements portent sur les pratiques paysagistes, l'histoire politique du paysage, le projet de paysage, et plus spécifiquement les jeux d'acteurs dans le projet spatial. Elle s'intéresse par ailleurs aux postures d'écoute et réalise plusieurs expériences sonores et radiophoniques.
Dernières publications
Voisin L. et al., "Ouvrir le champ des possibles. Comment les pratiques paysagistes entrent en agriculture ?", Projets de paysage [en ligne], 30 | 2024.
Cénet, A.; Viaud, V.; Voisin, L., "A Methodological Framework to Enhance Potential Spatial Planning to Support Agroecological Transition at the Scale of Local Territories", Land 2024, 13, 1707.
Voisin L., "Chercher les lignes de front du paysage". Entretien avec Anne Sgard, Les Cahiers de l'école de Blois, n°22, "Lignes de Front", Éditions de la Villette, 2024.
Voisin L. et al. (dir.), Les paysages de l'eau, une histoire de relations, Presses Universitaires de Tours, 2024.
Voisin L. et al., Comprendre les paysages agricoles, École de la nature et du paysage Insa Cvl, 2023.
Voisin L., "L'école du futur", Les Cahiers de l'école de Blois, n°21, "Paysages futurs", Éditions de la Villette, 2023.
Bonthoux S., Boulay A., Voisin L. et al., "City dwellers' experiences and attitudes towards wild places based on an urban river", Urban Ecosystems, 2023.
Voisin L. et Gaudin O., "Carnets de ville", série de podcasts, Métropolitiques, 2023-2025.
Voisin L. et Gaudin O., "À l'écoute des situations de travail. Expériences radiophoniques dans une formation de paysagistes", RadioMorphoses [en ligne], 8 | 2022.
L. Voisin, "Gouverner la complexité ? La mobilisation du paysage par les acteurs publics locaux", dans Nouvelles Perspectives en Sciences Sociales, Numéro thématique : "Territoire et complexité", 2015.


Arts et sciences de l'aménagement au défi de l'approche relationnelle du paysage, table ronde animée par Roger GOUDIARD, avec Pascal AMPHOUX [Le paysage n'est pas donné(e), il se construit, il s'écoute, est un rapport au monde, irrécupérable, hors marche], Laetitia CORCELLE [À l'écoute des chants de la Terre], Pierre HAGENBURG [Réseaux d'électricité et approche relationnelle du paysage], Louis HENRY [Énergie et paysage], Patrick MOQUAY et Yves POSS [Les forêts, hier, aujourd'hui et demain]
On parle beaucoup de "démarche paysagère" sans que cette notion n'ait encore été vraiment stabilisée : quelles méthodes ? quels jeux d'acteurs ? quels dispositifs ? etc. Il sera intéressant de réfléchir autour de ces questions ensemble et avec l'auditoire. Pour mémoire, les panelistes représentent un éventail de compétences riche et diversifié : ressources naturelles (Yves Poss), infrastructures (Pierre Hagenburg), métiers du paysage (Patrick Moquay), métiers de l'architecture (Louis Henry), culture artistique (Laetitia Corcelle), géographie (Pascal Amphoux).
Le paysage est le plus souvent abordé en termes d'aménagements, sous-entendus nouveaux, et beaucoup trop rarement en termes de gestion territoriale. Il sera intéressant de débattre de cette dimension, qui fait le quotidien des élus et techniciens locaux et des habitants, confrontés aux paysages ordinaires et familiers dans lesquels ils vivent et dont ils doivent anticiper les évolutions sous contraintes climatiques et écologiques.

Pascal AMPHOUX : Le paysage n'est pas donné(e), il se construit, il s'écoute, est un rapport au monde, irrécupérable, hors marche
Le propos introductif à cette table ronde sera structuré autour de deux questions : "Mais qu'est-ce donc qu'une démarche paysagère ?" ; "Existe-t-il un paysage ordinaire ?". La première sera l'occasion de rappeler que le paysage n'est pas un canton du savoir ou un type morphologique, mais un rapport au Monde, avec deux caractéristiques (parfois oubliées dans la pratique du métier) : son caractère dynamique — vivant, évolutif ; son caractère multi-sensoriel et non seulement visuel. La seconde sera l'occasion de soutenir que l'ordinaire du paysage ne saurait être opposé à l'extra-ordinaire et qu'il peut être envisagé comme un horizon, par principe inatteignable, consistant à faire basculer la pratique de projet de la logique d'aménagement au grand art du ménagement.

Pascal Amphoux est Architecte DPLG, Géographe (REG A). Il est Gérant du bureau d'études CONTREPOINT, Projets urbains, Lausanne (activité indépendante de conception architecturale, urbaine ou territoriale dans le contexte de la transition écologique) ; Chercheur associé au Centre de Recherches sur l'Espace Sonore et l'Environnement Urbain (CRESSON, École d'Architecture de Grenoble, UMR CNRS AAU) ; Professeur des écoles d'architecture (ENSA Nantes, 2003-2021) ; Expert auprès de diverses institutions suisses, françaises ou européennes. Distinctions : Médaille d'argent de l'Académie d'Architecture, Paris, 2006 ; Lapin d'or (prix de la meilleure réalisation suisse en "architecture du paysage"), Zürich, Hochparterre, 2008 ; Flâneur d'or (prix suisse des aménagements piétons), Zürich, 2008. Il est l'auteur de nombreux ouvrages et publications scientifiques portant notamment sur les rapports entre la pratique du projet, l'esthétique paysagère et les méthodes des sciences sociales.
https://cv.hal.science/pascal-amphoux

Laetitia CORCELLE : À l'écoute des chants de la Terre
Réflexions sur les liens concrets entre paysage et musique, sur la dimension vivante qui les caractérise, et comment cela peut se transmettre artistiquement.
Tout comme en peinture, le paysage a largement inspiré les musiciens de tous siècles. Cela constitue un immense répertoire aux multiples facettes, passionnant à découvrir et interpréter. Un lien plus profond encore entre musique et paysage est tout simplement l'espace : le son se propage dans un espace, ce faisant, il le dessine et l'anime. Ainsi la musique, tout comme le paysage, ne peut pas se résumer à une fonction de décor inanimé. Comment faire ressentir cela à un public au cours d'un concert ? Cas pratique autour des Chants de la Terre, concert de l'ensemble Ô, où dialoguent la voix du monde sauvage, enregistrée et composée par l'audio-naturaliste Fernand Deroussen, et les voix humaines des huit chanteurs Ô.

Pierre HAGENBURG
Pierre Hagenburg est chargé d'études au sein du Département Concertation et Environnement de la direction nationale Développement et Ingénierie de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité. Au sein de ce service, il collabore avec la Chaire Paysage et Énergie, co-fondée avec l'ENSP et l'ADEME, pour faire évoluer les représentations et les imaginaires autour du réseau électrique dans le contexte de la transition énergétique et d'un recours accru à l'électricité. En parallèle, il coordonne pour RTE les recherches-actions menées avec la Chaire sur des projets de réseau et contribue à la capitalisation de leurs enseignements en vue de faire progresser les outils, les méthodes et les formations internes de RTE pour articuler la phase de conception et de concertation des projets avec une démarche de paysage.

Louis HENRY : Énergie et paysage
Tous les moyens de ce que l'on appelle production d'énergie, et qui n'est en réalité que le processus de conversion d'une autre source d'énergie, est un élément constitutif du paysage (pour rappeler les plus courants : l'énergie chimique, la combustion, la fission nucléaire, la fusion nucléaire). Pour l'énergie électrique, les centrales hydroélectriques, les usines marémotrices, les cellules solaires, les générateurs, éoliennes et moteurs, sont directement visibles dans le paysage. Il n'y a que la géothermie qui, enfouie dans le sol, soit discrète. C'est pourquoi chaque projet de "production" d'énergie suscite controverses et oppositions pour aboutir parfois aux solutions les plus dommageables. Or nous sommes tous consommateurs d'énergie. Le projet "Paysages" propose d'expérimenter sur deux territoires, piloté par l'INRAE et l'ADEME, accompagné du MNHN pour la partie sciences participatives, du Paysage de l'Après Pétrole et avec le soutien de l'Institut CDC pour la recherche, une approche de co-construction des projets qui peut se résumer en trois points, sur une collectivité locale : Quelle est la quantité d'énergie électrique dont vous avez besoin ? ; Par quel moyen voulez-vous la produire ? ; Comment et où souhaitez-vous l'inscrire dans le paysage ?

Louis Henry est architecte, urbaniste et photographe. Il a exercé une activité de maîtrise d'œuvre en produisant plusieurs écoles en bois. Il a été maître d'ouvrage pour la construction de logements et d'équipements hospitaliers. Il a été impliqué dans la production de nombreux projets de renouvellement urbain. Après avoir étudié la production des logements et de quartiers accueillants à la présence de la nature aux Pays-Bas et en Suède, il a été à l'initiative des 13 premiers écoQuartiers en France puis, dans le cadre du "programme des investissements d'avenir" il a participé au programme Ecocité. Louis Henry a suivi le cycle de l'IHEDATE avant d'intégrer l'Institut de la Caisse des dépôts pour la recherche. Il accompagne depuis 2025 plusieurs projets articulés autour de la poésie et l'image en tant que moyen d'approcher la définition du lien entre la ville et les vivants qui l'habitent. Louis Henry a intégré le collectif PAP. Son action a consisté et consiste à tisser les nombreux fils qui se présentent devant lui.

Yves POSS : Les forêts, hier, aujourd'hui et demain
Vues de dessus, de l'extérieur, ou du dessous, quand chacun pénètre sous leurs frondaisons, les forêts sont un élément des paysages actuels ; elles effacent peu à peu les marques apportées par le passé. Elles subissent, s'adaptent, et probablement de plus en plus, à l'influence des changements globaux liés au développement de l'humanité. Mais elles restent un formidable milieu de vie, où flore, fonge et faune luttent, s'entraident, se côtoient pour poursuivre et prolonger, chacune pour soi, leur existence. Ces trois dynamiques coexistent, souvent complétées par une gestion, par des actions qui veulent orienter l'avenir des peuplements. pour satisfaire les multiples exigences des humains présents, et leur vision d'un futur probable ou désirable.

Yves Poss est Ingénieur général honoraire des ponts, des eaux et des forêts, retraité. Il a poursuivi sa carrière auprès de divers ministères, et avec des localisations variées, centrée, globalement, sur l'aménagement rural et la filière forêt bois et avec un dernier poste auprès de l'équipe aménagement du territoire d'AgroParisTech de Clermont-Ferrand. Il suit à présent la politique forestière, et en particulier sur le plateau de Millevaches, au sein du conseil scientifique et de prospective.
En savoir plus : www.yvesposs.com


PRÉSENTATION DU WORKSHOP :

"De Cerisy à la baie des Veys : Archipel 2075" | Programme à télécharger

À quoi ressemblera le paysage post anthropocène ?

Si l'anthropocène est la marque d'une sur-emprise humaine mortifère sur la planète, comment façonner des milieux plus favorables à la vie ?

À partir d'une situation réelle proche de Cerisy, les problèmes et les risques contemporains, intégrant le climat, la biodiversité et le lien social, seront décryptés d'entrée. Sur cette base, une approche sensible et documentée identifiera les valeurs paysagères en place ou latentes, et servira de tremplin à l'imaginaire. Le paysage comme relation sera la méthode mise en place, et la figure de l'archipel sera convoquée pour construire le récit spatialisé d'une attention renouvelée au vivant humain et non humain dans leurs interrelations et cohabitations.

Le débat final fera la part entre les métamorphoses écologique et sociales à engager : effectives et affectives, objectives et subjectives, matérielles et immatérielles, scientifiques et esthétiques, techniques et culturelles.

Le Syndicat Intercommunal d'Aménagement Touristique et Rural (SIATR) du Pays des marais réunissant les communes de Feugères, Marchésieux et Saint-Martin d'Aubigny accueille l'exploration prospective :
https://www.s-pass.org/de/portail/782/metamorphoses-par-le-paysage.html

Avec la participation des étudiants :
- de l'ENSP (Corentin BARET, Oscar BRUNET, Benjamin MANN, Claire SARTON) ;
- de l'ENSCI (Lucas GUILLEMIN, Martin GUYOT) ;
- de BTS du Campus Métiers Nature de Coutances (Enguerrand BAZIRE, Anaïs LEJUEZ).

Encadrants et organisateurs :
Simon BOUCHAUDY, Designer et vidéaste
Emmanuel FAUCHET, Directeur du C|A.U.E de la Manche
Stéphanie LANGEVIN, Paysagiste du C|A.U.E de la Manche
Clémence MATHIEU, Paysagiste et plasticienne

L'intervention des élus du SIATR du Pays des marais :
Bruno HAMEL, Maire de Saint-Martin d'Aubigny, Président du SIATR du Pays des marais
Joël BEUVE, 3ème Adjoint, Saint-Martin d'Aubigny, Délégué du SIATR du Pays des marais
Nicolas JEANSON, Maire de Feugères, Délégué du SIATR du Pays des marais
Vanessa DAUVERS, Conseillère municipale, Déléguée du SIATR du Pays des marais, suppléante aux affaires scolaires, Feugères
Anne HÉBERT, Maire de Marchésieux, Déléguée du SIATR du Pays des marais
Rolland LEPUISSANT, 1er Adjoint, Délégué du SIATR du Pays des marais

L'implication de personnes ressources :
Frédéric GRESSELIN, Chargé de mission développement de la connaissance sur les milieux - SMCAP/PETRA, DREAL Normandie
Joëlle RIMBERT, Pôle Aménagement, développement et cadre de vie, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin
Gérard TAPIN, Ancien maire du village de Marchésieux, érudit local

L'accueil et l'accompagnement d'acteurs du territoire :
Martin GOSSELIN, Technicien bocage, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin
Erwann PATTE, Responsable communication en charge de l’inventaire du bâti terre, PNR des Marais du Cotentin et du Bessin
François-Marie HÉBERT, Président, ADEN – filière bois-énergie
François-Xavier RIBET, Co-président, ADAME des Marais – éducation populaire à l'environnement
Émilie et Maxence CALAIS, Agriculteurs sur la commune de Marchésieux - élevage de vaches laitières, GAEC des Normandistes
Aurélie BOURRASSIN, Entrepreneuses, Les Laines sous les pommiers

Avec la participation d'Aurélie AUGÉ (Documentaliste en charge de la médiation culturelle au C|A.U.E de la Manche) et le compagnonnage de l'équipe du C|A.U.E de la Manche : Arnaud DOLLÉ (Urbaniste conseiller), Nicolas DURAND (Thermicien), Jean-Jacques ERNAULT (Architecte conseiller), Marion GOBIN (Urbaniste conseiller), Laure GROZNYKH (Architecte conseiller), Cécile GUILLOPÉ (Paysagiste conseiller).


BIBLIOGRAPHIE :

• Aït-Touati Frédérique & Latour Bruno, Trilogie terrestre, Éditions B42, 2022.
• Ambroise Régis & Marcel Odile, Aménager les paysages de l'après-pétrole, Éditions Charles Lépolod Mayer, 2015.
• Amphoux Pascal, Ambiances en débats, Éditions À la Croisée, 2004.
• Besse Jean-Marc, La nécessité du paysage, Éditions Parenthèses, 2018.
• Casati Roberto, Philosophie de l'océan, Presses universitaires de France, 2022.
• Chapuis Jean-Yves & Viard Jean, Rennes la ville archipel, Éditions de l'Aube, 2013.
• Dufumier Marc, La transition agroécologique : qu'est-ce qu'on attend, Éditions Terre vivante, 2023.
• Folléa Bertrand, L'Archipel des Métamorphoses – La transition par le paysage, Éditions Parenthèses, 2019.
• Folléa Bertrand, Thibault Jean-Pierre & coll., "Réussir la transition écologique par l'approche paysagère", Note de La Fabrique Écologique, n°50, 2024.
• Gaillardet Jérôme, La Terre habitable ou l'épopée de la zone critique, Éditions La découverte, 2023.
• Glissant Édouard, Philosophie de la relation, Éditions Gallimard, 2009.
• Ingold Tim, Marcher avec les dragons, Éditions Points, 2018.
• Lanaspèze Baptiste, Les pensées de l'écologie, un manuel de poche, Éditions Wildproject, 2021.
• Magnaghi Alberto, Le projet local, Éditions Mardaga, 2003.
• Marinopoulos Sophie & Trubert Henri, Relions-nous – La constitution des liens, Les liens qui libèrent, 2021.
• Marinopoulos Sophie, Ce que les enfants nous enseignent, Les liens qui libèrent, 2024.
• Marot Sébastien, Prendre la clef des champs – agriculture et architecture, Éditions Wildproject, 2024.
• Moquay Partrick (dir.), Jardins en société, Hermann Éditeurs, Coll. "Les traversées de Cerisy", 2022.
• Morin Edgar, Introduction à la pensée complexe, Éditions Seuil, 2005.
• Morizot Baptiste, Manières d'être vivant, Éditions Actes Sud, 2022.
• Orain Arnaud, Les savoirs perdus de l'économie, Éditions Gallimard, 2023.
• Ragueneau Olivier, Changement clim-éthique "Agir Global, Penser Local" et autres retournements jubilatoires, Éditions Librinova, 2020.
• Rajalu Rachel (dir.), Les flâneries en paysage, Presses Universitaires de Rennes, "Art contemporain", 2024.
• Schmid Lucile, Les mondes de l'écologie, Revue Esprit, 2018.
• Thibault Jean-Pierre, Aménager les territoires du bien-être, Éditions Le Moniteur, 2023.
• Voisin Lolita, Morisseau Gregory & Servain Sylvie, Les paysages de l'eau - Une histoire de relations, Presses universitaires Francois Rabelais, 2024.


SOUTIENS :

• Chaire Paysage et énergie | École nationale supérieure de paysage (ENSP)
C|A.U.E de la Manche
Institut pour la recherche | Groupe Caisse des Dépôts