Programme 2025 : un des colloques

Programme complet


JEAN COCTEAU, LE DÉNIAISEMENT DES LETTRES ET DES ARTS


DU LUNDI 4 AOÛT (19 H) AU DIMANCHE 10 AOÛT (14 H) 2025

[ colloque de 6 jours ]


Montage de : disque Columbia de La Voix humaine (1930) ;
Cocteau en 1921 dans le rôle d'un des Phonographes des

Mariés de la Tour Eiffel © D.R. ;
Cocteau travaillant aux décors d'
Œdipus Rex
pour la reprise de 1952, cl. P. A. Constantin © D.R.


ARGUMENT :

Comment approcher et comprendre aujourd'hui la démarche créatrice de Cocteau, cet artiste aux dons multiples qui, s'affirmant en tout comme poète sans se laisser cantonner dans les territoires traditionnels de la poésie, fut aussi dessinateur, chorégraphe, scénographe, romancier, essayiste, réalisateur, éditeur et acteur à l'occasion, auteur de théâtre et de cinéma, homme de presse et de radio, peintre, décorateur de monuments publics, céramiste, etc., suivant les impulsions de sa personnalité explosive et l'idée qu'une œuvre d'art "doit satisfaire toutes les muses" ? Aux reproches de dispersion et d'amateurisme régulièrement formulés par ses contemporains, Cocteau a opposé la continuité cachée de Picasso, son grand modèle, "la seule dont on ne se lasse pas et dont on ne s'aperçoive qu'avec le recul ou sous un certain angle", et les pratiques de déniaisement d'un Satie et d'un Radiguet. Déniaiser consiste, à leur exemple, à sortir la littérature et les arts de leurs routines, traditions ou modes, et, pour chaque auteur, à ne pas se répéter soi-même. Cocteau s'y emploie en jouant la carte de la pluralité des arts et de l'intermédialité. Le colloque vise à mettre en avant et illustrer la constance, la portée et la cohérence profonde de sa démarche, en essayant sur elle la clé de lecture de ce principe de déniaisement, à l'épreuve des théories contemporaines de l'intermédialité.


MOTS-CLÉS :

Arts graphiques, Arts plastiques, Arts du spectacle, Chanson, Cinéma, Cocteau (Jean), Corps, Dada, Danse, Dessin, Fiction, Intermédialité, Littérature, Musique, Patrimonialisation, Photographie, Poésie, Postérités, Roman, Surréalisme, Théâtre


CALENDRIER PROVISOIRE (26/03/2025) :

Lundi 4 août
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants, ainsi que du Foyer de création et d'échanges


Mardi 5 août
DÉMARCHE DE L'ARTISTE (I) : AMBITIONS
Matin
Duo 1 : Introductions
Pierre-Marie HÉRON : Déniaiser, dépatiner, contredire… la démarche artistique de Cocteau expliquée par lui-même
Danielle CHAPERON : Déniaisement et intermédialité

Duo 2 : Question(s) d'avant-garde
David GULLENTOPS : Approches intermédiales de la "poésie" de Cocteau
Marie-Paule BERRANGER : Cocteau des années 20 : avec et contre Dada et les surréalistes

Après-midi
Atelier du dictionnaire, avec François AMY DE LA BRETÈQUE

Duo 3 : Figures de l'auteur
Émilien SERMIER : Cocteau, personnage de fiction
David MARTENS : Cocteau par lui-même. Un autoportrait l'air de ne pas y toucher

Soirée
Claude ARNAUD : Cocteau, lignes de vie | Rencontre-entretien animée par David GULLENTOPS


Mercredi 6 août
INTERMÉDIALITÉS VISUELLES
Matin
Pratiques du dessin dans les arts graphiques et au-delà
Dominique BERT : Cocteau dessinateur | Rencontre-entretien animée par David GULLENTOPS

Empreintes du dessin dans les autres arts, table ronde animée par Cyrielle DODET, avec Sandrine FARAUT RUELLE (œuvre plastique), Jacinthe HARBEC (musique et ballet), Émilien SERMIER (roman) et Fanny VAN EXAERDE (cinéma)

Après-midi
Théâtre, ballet, mode, cinéma : croisements, déniaisements
Duo 1 : Intermédialités au théâtre
Cyrielle DODET : "Le théâtre est une fournaise" : qu'embrase le geste intermédial de Cocteau ?
Marika GENTY : Gabrielle Chanel et Jean Cocteau, la scène en partage

Duo 2 : Postérités de Cocteau au cinéma
Christophe MEURÉE : Les filiations de l'écrivain-cinéaste : Cocteau, Duras, Toussaint
Ivelise PERNIOLA : Des Enfants terribles (Jean Cocteau) à The Dreamers (Bernardo Bertolucci) : suggestions et croisements narratifs

Soirée
Projection animée par Guillaume BOULANGÉ


Jeudi 7 août
DÉMARCHE DE L'ARTISTE (II) : DÉNIAISER LE CANON / ENTRER DANS LE CANON
Matin
Trio : Cocteau et la gloire
Pierre-Marie HÉRON : Devenir Cocteau, ou comment incarner le génie de la France
Sandrine FARAUT RUELLE : Jean Cocteau sur la Côte d'Azur : les œuvres monumentales
Susanne WINTER : Quand la consécration vient de l'étranger : les voyages en Allemagne des années 1950

Atelier de l'œuvre : Le Musée du Bastion à Menton

Après-midi
DÉTENTE


Vendredi 8 août
INTERMÉDIALITÉS SONORES
Matin
Duo 1 : Intermédialités en musique
Olivier RAUCH : Une "parenté subtile" : l'écriture des Chevaliers de la Table Ronde de Jean Cocteau et du Paradis perdu d'Igor Markévitch
Claude COSTE : Jean Cocteau face aux avant-gardes musicales des années 50

Marion BRUN : "Typographie auditive" et monologue d'auteur : les disques d'Orphée et des Parents terribles (1962)

Après-midi
Duo 2 : Modalités de la voix
Stéphane HIRSCHI : Écrire pour des voix : Cocteau en chanté ?
Danielle CHAPERON : Off et over : voix et graphies dans les films de Cocteau

Atelier de l'œuvre : Le disque Columbia 1930 (poèmes d'Opéra dits par l'auteur)

Atelier du dictionnaire , avec François AMY DE LA BRETÈQUE

Soirée
"Les chansons de Cocteau" | Karaoké animé par David GULLENTOPS


Samedi 9 août
LE CORPS MODES D'EMPLOI
Matin
Duo 1 : Plateaux
Fanny VAN EXAERDE : "Les cris d'une foule accompagnent cette image" : enjeux des photographies de plateau et photographies de tournage dans les films de Cocteau
Mélissa GIGNAC : Phénixologie ou le strip-tease de la création

Duo 2 : Représentations du corps
Ann VAN SEVENANT : Plurisexualité et genre nouveau
Gil CHARBONNIER : Jean Cocteau, ambulancier de la Croix-Rouge (1915-1916) et l'émergence du droit international humanitaire : vers une nouvelle sensibilité artistique

Après-midi
Duo 3 : Le corps à l'œuvre
Hiroyuki KASAI : La Mort du Sphinx ou la transmutation réversible du corps — à travers les manuscrits de La Machine infernale
Guillaume BOULANGÉ : "Animal l'animal" : Jean Marais dans les films de Jean Cocteau

Emplois du corps dans les arts du spectacle, table ronde animée par Danielle CHAPERON, avec Guillaume BOULANGÉ (cinéma), Cyrielle DODET (théâtre et cinéma), Jacinthe HARBEC (ballet) et Stéphane HIRSCHI (chanson, music-hall)

Soirée
Spectacle avec le Foyer de création et d'échanges, animée par Karina CHERÈS et Armelle CHITRIT


Dimanche 10 août
Matin
Synthèse et Bilan

Après-midi
DÉPARTS


RÉSUMÉS & BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Danielle CHAPERON : Off et over : voix et graphies dans les films de Cocteau
La filmographie de Jean Cocteau se distingue par une multitude de démarches que l'on pourrait qualifier d'"auteuristes" : des œuvres résolument autobiographiques, des films où il est à la fois scénariste, dialoguiste et réalisateur, des films dans lesquels il incarne lui-même un personnage, parfois le rôle principal, ou se confond sous une forme fictionnalisée. Il y a enfin ces films qu'il accompagne d'un journal de bord qui dévoile leur processus de création tout en en assurant le commentaire. Bien que la politique des auteurs, théorisée par Les Cahiers du cinéma dès 1950, ait largement contribué à valoriser l'individualité créative des réalisateurs, il n'en demeure pas moins que cet art, à l'instar du théâtre, échappe à l'emprise d'un auteur unique. Force est de constater que Jean Cocteau a, pour sa part, su déployer une variété de procédés stylistiques (selon la définition de Marielle Macé) visant à instituer son rôle de "poète du cinéma". Parmi les procédés qui retiendront notre attention, figurent sa voix enregistrée et sa "graphiation". Dans cette analyse, nous croiserons les outils de l'analyse filmique et ceux de l'analyse de la bande dessinée, en particulier ceux développés par Philippe Marion et Jacques Dürrenmatt. Cela nous permettra, de manière intermédiale, de rendre compte des diverses manières dont Jean Cocteau a cherché à inscrire son corps d'auteur dans son œuvre cinématographique.

Danielle Chaperon est professeure de littérature française à la faculté des Lettres de l'université de Lausanne (UNIL). Le théâtre occupe actuellement une place centrale dans son activité d'enseignement et de recherche. Elle a dédié son premier ouvrage à l'œuvre de Jean Cocteau : Jean Cocteau. La Chute des angles (Lille, Presses universitaires de Lille, 1991) et dirigé un numéro de la Revue des Sciences humaines consacré à Jean Cocteau (n°233, 1994). Bien que tournée depuis vers d'autres problématiques (les relations entre les sciences et la littérature, la dramaturgie contemporaine), elle continue de publier régulièrement sur cet auteur (une douzaine d'articles).

David GULLENTOPS : Approches intermédiales de la "poésie" de Cocteau
Dès les années 1920 jusqu'à la fin de sa carrière, Cocteau défend un des principes du dadaïsme qui incite à s'insurger inlassablement contre les manifestations de l'art qui sont instituées de façon officielle, reconnues par la presse, même promulguées par l'une ou l'autre avant-garde. Nous savons que Dada a repris ce principe aux tenants de l'anarchisme intellectuel de l'avant-guerre qui cherchaient à faire advenir une réalité sociale idéale, dont ils déplaçaient à chaque fois les attentes et les objectifs pour la parfaire. Lorsque Cocteau assigne à l'art la nécessité de rendre visible l'invisible, comprenons par là qu'il essaie de rendre perceptible ce qui n'a pas encore été perçu. Il applique le principe d'insurrection à la "poésie", tout d'abord en faisant usage de toute la panoplie de modes d'expression artistiques ou médias (poésie, roman, dessin, théâtre, cinéma, …), puis en décloisonnant les genres, les disciplines et les hiérarchies artistiques qui les régissent et les contraignent, enfin en les enrichissant mutuellement par des échanges et des interférences entre médiums basiques et techniques. Par ses pratiques intermédiales, Cocteau entend innover sur le plan de la création, projet qu'il désigne sous l'appellation du "genre nouveau", tout en cherchant à "animer" ses œuvres et les rendre "vivantes".

David Gullentops est professeur émérite de littérature française et d'intermédialité à la Vrije Universiteit de Bruxelles (VUB), membre de l'Académie royale de Belgique (KVAB) et directeur des Cahiers Jean Cocteau. Il est le coéditeur des Œuvres poétiques complètes de Jean Cocteau dans la "Bibliothèque de la Pléiade" (2005) et l'auteur de plusieurs ouvrages sur Cocteau : Les Mondes de Jean Cocteau. Poétique et Esthétique (avec Ann Van Sevenant, Non Lieu, 2012), Écrits sur la musique de Jean Cocteau (avec Malou Haine, Vrin, 2016), Écrits sur l'art de Jean Cocteau (Gallimard, 2022) et Jean Cocteau et l'intermédialité (Éditions de l'université de Bruxelles, 2024). Il codirige actuellement avec Pierre-Marie Héron l'équipe de chercheurs chargés de composer le Dictionnaire Jean Cocteau.

Pierre-Marie HÉRON : Déniaiser, dépatiner, contredire… la démarche artistique de Cocteau expliquée par lui-même
"La forme de la pensée, un nombre limité de problèmes, un petit vocabulaire simple, l'angle de vision (véritable style) sont ce par quoi [un poète] se distingue des autres" (Le Secret professionnel) : dans le vocabulaire de Cocteau, dépatiner, appliqué aux lieux communs qu'il s'agit de nettoyer et éclairer sous un angle neuf pour qu'ils retrouvent leur jeunesse et leur fraîcheur, ou aux chefs-d'œuvre en général, du théâtre grec en particulier, qu'il s'agit de rafraîchir "car un chef-d'œuvre porte en soi une jeunesse que la patine recouvre mais qui ne se fane jamais" (à propos d'Antigone), est un mot-programme assez connu. Contredire et ses dérivés aussi, à travers les variations répétées du poète sur l'esprit de contradiction comme forme de l'esprit de création, accompagnant en 1928 l'affirmation qu'il a "toujours (et presque systématiquement) contredit ce qui se faisait à l'avant-garde" (Une entrevue sur la critique avec Maurice Rouzaud). Mais déniaiser est resté jusqu'à présent assez inaperçu, sinon dans le vers-calembour d'Opéra proclamant la nécessité de déniaiser le sublime : "Leur Ève nue, houle sublime, doigts, hêtres des nids aisés". De fait, les brefs essais réunis dans Le Rappel à l'ordre au milieu des années 1920 utilisent à peine le mot, pas plus que ceux d'après-guerre. Pourtant telle note de la préface de 1922 aux Mariés de la tour Eiffel nous apprend que le projet du ballet le plus célèbre de Cocteau était "en somme de déniaiser la niaiserie", et tels passages de la Lettre à Jacques Maritain qu'une des grandes leçons de Satie au groupe des Six a été "que ce qui est grand ne peut avoir l'air grand, ce qui est neuf avoir l'air neuf, ce qui est naïf avoir l'air naïf" et que cette leçon, le poète l'a appliquée à la littérature pour y "déniaiser quelques genres : le comique, la grâce, la tragédie, le roman, le théâtre", à quoi Radiguet a ajouté "la réclame". Or ce mot est aussi tout un programme, et même la clé de compréhension, sinon de toute la démarche artistique de Cocteau, du moins de ce qui la distingue au plus haut point, si l'on en croit une note de 1958 ajoutée au volume II de sa Poésie critique : "Si l'on découvre un jour ma spécialité, celle où j'étais seul et incomparable, ce sera le déniaisement des genres". Dans cette première intervention du duo inaugural, il s'agira d'expliciter ce que déniaiser veut dire, en faisant l'hypothèse que dépatiner et contredire aident à en déployer le sens sans l'épuiser.

Pierre-Marie HÉRON : Devenir Cocteau, ou comment incarner le génie de la France
Avec la défense et promotion d'une "musique française de France" au moment du Coq et l'Arlequin, bien connues, il y a dans la démarche artistique du Cocteau des années 1920, celui du Rappel à l'ordre, des convictions sur l'identité française, le génie français, l'écrivain français, la phrase française, qu'il sera intéressant de rappeler pour mieux mettre en perspective sa posture des années 1950. Trente ans plus tard en effet, dans la décennie de l'élection à l'Académie française et d'une pluie de reconnaissances internationales, ces convictions ont atteint un comble : incarner le génie de la France, cet "éternel terrain de lutte entre le bon sens et l'ange du bizarre" (Discours de réception à l'Académie française) et que tous le reconnaissent en lui. On se demandera si et comment, survivant obstinément à sa longue habitude de "recevoir des coups" de ses pairs en littérature et contredisant son dédain répété de la célébrité, par quoi une œuvre est admise sans être comprise (Journal d'un inconnu), le déniaisement des arts et des lettres dont Cocteau a fait sa spécialité s'applique à cette posture de "génie pur France" du XXe siècle.

Pierre-Marie Héron, ancien membre senior de l'Institut universitaire de France, est professeur de littérature française à l'université Paul-Valéry Montpellier 3. Il a longtemps impulsé des recherches sur les écrivains et la radio en France (XXe et XXIe siècles), régulièrement publiées dans la revue en ligne Komodo 21 et aux Presses universitaires de Rennes. Dernier volume paru : Le désir de belle radio aujourd'hui (fiction, documentaire), en codirection avec Éliane Beaufils et Christophe Deleu, PUR, 2024. Auteur d'ouvrages sur Genet, Jouhandeau et Cocteau (Cocteau. Entre écriture et conversation, PUR, 2010), il anime aussi à Montpellier un programme de recherche sur ce dernier auteur, programme à l'origine du site internet Jean Cocteau unique et multiple, revu en 2022, et de nombreux colloques, parmi lesquels "Cocteau journaliste" (2014), "Douze ans de journal posthume. Le Passé défini de Jean Cocteau" (2019), "Cocteau d'une guerre à l'autre" (2019) ; dernier volume paru : Quoi de neuf sur Jean Cocteau ? (2024), co-dir. David Gullentops, Classiques Garnier. Pierre-Marie Héron codirige en ce moment, avec David Gullentops, la réalisation d'un Dictionnaire Jean Cocteau chez Champion, à paraître en 2027.


François AMY DE LA BRETÈQUE
François Amy de la Bretèque est Professeur émérite d'études cinématographiques de l'université Paul-Valéry de Montpellier ; Agrégé de grammaire (lettres classiques) ; Membre du Centre de recherche RIRRA21 ; Membre du CA de la cinémathèque Institut Jean-Vigo de Perpignan ; Responsable de la recherche et des publications dans cette institution ; Historien du cinéma et historien des représentations. Il est l'auteur de plusieurs livres et de nombreux articles notamment sur les représentations du Moyen Âge au cinéma, sur Louis Feuillade, sur le cinéma des premiers temps ; Membre du programme Cocteau du centre RIRRA21 depuis sa création ; Coéditeur de l'ouvrage Jean Cocteau. Une encre de lumière (Montpellier 1989) ; Contributions plus récentes sur Cocteau : sur le cinéma dans ses articles des années 1930, sur sa "filmographie secondaire", sur sa contribution au scénario de Juliette ou la Clé des songes, sur l'image du persécuté que le poète se donne dans Le Passé défini.

Claude ARNAUD : Cocteau, lignes de vie
Cette rencontre entretien permettra d'aborder, entre autres, les sujets suivants :
- Selon quelle méthode écrire une vie, et avec quels buts ? ;
- Cocteau comme cas biographique rêvé, avec la métamorphose comme ressort romanesque ;
- Cocteau, avec le temps long (l'Histoire, les générations qu'il traverse, de 1900 à 1960) comme abscisse, et le temps court (le rêve, la poésie, l'instant sublimé) comme ??? ordonnée ;
- La relation entre le biographe et son modèle ? ;
- Quelle ambition nourrir pour ce genre qui en manque, généralement ? ;
- Ce qu'il a apporté au biographe et ce que le biographe espère lui avoir apporté.

Claude Arnaud est romancier, essayiste et critique. Il a notamment publié chez Grasset les romans Le Caméléon (1994), Qu'as-tu fait de tes frères ? (2010), Brèves saisons au paradis (2012) et Je ne voulais pas être moi (2016). Il est également l'auteur de nombreux essais, dont Qui dit je en nous ? qui a obtenu le prix Femina de l'essai en 2006. Il est membre du jury du Prix de littérature André Gide et du Prix Sévigné. Pour les coctaliens, il est connu pour trois ouvrages majeurs consacrés au poète : une biographie parue chez Gallimard (2003) et deux essais publiés chez Grasset sur les rapports du poète avec Marcel Proust (2013) et Pablo Picasso (2023).
Publications
Chamfort, Robert Laffont, coll. "Français", 1987 (Prix littéraire Fénéon 1988).
Le Caméléon, Grasset et Fasquelle, coll. "Français", 1994 (Prix Femina du premier roman 1994).
Jean Cocteau, Gallimard, coll. "Biographies", 2003 (Prix de l'Académie française 2004).
Le Jeu des quatre coins, Grasset et Fasquelle, coll. "Français", 1998.
Qui dit je en nous ? : une histoire subjective de l'identité, Grasset et Fasquelle, coll. "Essais français", 2006 (Prix Femina essai 2006).
Babel 1990 : Rome, New York, Saint-Pétersbourg, Gallimard, coll. "Folio Senso", 2008.
Qu'as-tu fait de tes frères ?, Grasset et Fasquelle, coll. "Français", 2010 (Prix Jean-Jacques Rousseau 2011).
Brèves saisons au paradis, Grasset et Fasquelle, coll. "Français", 2012.
Proust contre Cocteau, Grasset et Fasquelle, coll. "Couverture bleue", 2013 (Prix de la Madeleine d'or 2013).
Je ne voulais pas être moi, Grasset et Fasquelle, coll. "Français", 2016.
Portraits crachés : un trésor littéraire de Montaigne à Houellebecq, Robert Laffont, coll. "Bouquins", 2017.
Juste un corps, Mercure de France, coll. "Traits et portraits", 2022.
Picasso tout contre Cocteau, Grasset, coll. "Couverture bleue", 2023 (Prix André Malraux 2023 de l'essai d'art et Prix Khöra de l'Institut).

Marie-Paule BERRANGER : Cocteau des années 20 : avec et contre Dada et les surréalistes
Comment Cocteau en vient-il à susciter les réticences ou la franche animosité à la fois des poètes de la modernité (Cendrars, Reverdy, ou même Apollinaire) et des avant-gardes Dada et surréalistes ? Présenté comme l'émanation d'une sociabilité parisienne où haute bourgeoisie et aristocratie se mêlent à quelques excentriques aux provocations mesurées, il fréquente des milieux d'une mondanité au parfum proustien saupoudré d'opium et d'or. Force est de constater que ce sont souvent les mêmes milieux où les futurs surréalistes désargentés trouvent leurs mécènes, les mêmes éditeurs, les mêmes revues, souvent les mêmes lieux de villégiature, de jazz et de fête, du Bal Blomet au Bœuf sur le toit. Pourtant, Cocteau fait figure d'anti-Jacques Vaché pour Breton, de roi de l'intrigue et de l'embrouille pour Soupault et Desnos, de "danseur maquillé" pour Reverdy. "Ange Miracle" dans Anicet ou le Panorama, roman (Aragon), il devient "Poteau" dans Le Bon Apôtre (1923) un autre roman à clé de Soupault qui lui voue une haine intacte jusque dans les années 80. Sans rappeler exhaustivement les échanges de noms d'oiseau, les pointes et épigrammes, on conviendra que ni le personnage que surjoue Cocteau, ni son entrisme ou son opportunisme n'expliquent cette unanimité. Nous chercherons les lignes de fracture plutôt dans sa poétique, dans sa pratique de l'image et des formes du poème, de l'emprunt et du collage, dans l'évolution de sa conception de la poésie où les surréalistes dénoncent des "effets" de rupture. En revenant aux critiques par lesquelles Breton revient sur son premier recueil, Mont de piété, on interrogera cette poétique de l'effet où le mystère et la surprise obtenus après coup par la suppression des éléments de liaison signalent, aux yeux des surréalistes, la supercherie de la littérature et de l'art.

Marie-Paule Berranger, professeure émérite de littérature française à l'université Sorbonne nouvelle, a depuis sa thèse (1984) orienté ses recherches sur l'histoire et la poétique du surréalisme, sur l'évolution des genres littéraires au XXe siècle : Dépaysement de l'aphorisme (Corti, 1987), Poésie en jeu (Bordas, 1989), Les petits genres de la poésie moderne (PUF, 2004), Notes, notations et carnets de voyage (collectif, PUC, 2009), Évolutions révolutions des valeurs critiques (collectif, Presses de la Méditerranée, 2015). Ses essais et articles s'attachent principalement aux œuvres de Robert Desnos (Commentaire de Corps et biens, Gallimard, 2010, site archives-desnos.com), Philippe Soupault, André Breton, André Pieyre de Mandiargues, Frédéric Jacques Temple et Blaise Cendrars (Commentaire de Du monde entier au cœur du monde, Gallimard, 2007). Elle a procuré une édition critique de la Correspondance de Blaise Cendrars et Jacques-Henri Lévesque (Zoé, 2017) et de Emmène-moi au bout du monde… ! (Œuvres romanesques, t. II, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 2017). En novembre 2024, elle a réuni dans une anthologie les écrits de 33 femmes surréalistes sous le titre de L'araignée pendue à un cil (Poésie/Gallimard).

Dominique BERT : Cocteau dessinateur | Rencontre-entretien
Avec Dominique Bert, nous allons parcourir la pratique du dessin chez Cocteau : d'abord les premiers dessins de presse, puis la période de maturité de l'entre-deux-guerres — avec l'album Dessins, le livre illustré Le Mystère de Jean l'Oiseleur, les illustrations pour Opium, Le Livre blanc et Querelle de Brest —, enfin la période de l'après-guerre, qui a vu la naissance du "style Cocteau" — avec la décoration de la villa Santo Sospir, les fresques de la chapelle Saint-Pierre, les peintures murales réalisées à Menton, Londres et Milly-la-Forêt. Nous aborderons aussi les innovations de Cocteau sur le plan graphique, dont l'usage de la couleur, l'emploi d'instruments alternatifs de dessins et les répercussions de son art graphique dans les arts appliqués (tapisserie, céramique, art mural et décoration). L'entretien a pour objectif de mettre en lumière l'originalité des dessins de Cocteau, leur apport à l'art graphique du XXe siècle et leur influence sur de nombreux artistes contemporains.

Dominique Bert, galeriste à Paris, membre de la Chambre européenne des Experts d'art, est spécialisé dans les dessins de Jean Cocteau dont il a organisé plusieurs expositions.

Marion BRUN : "Typographie auditive" et monologue d'auteur : les disques d'Orphée et des Parents terribles (1962)
Cette communication se concentrera sur l'étude des enregistrements sonores de Jean Cocteau, lecteur de ses pièces de théâtre, notamment Orphée et Les Parents terribles, disques édités par la Voix de l'auteur en 1962. Ces disques ont la particularité d'être intégralement lus par l'auteur, alors même que la forme dramatique appelle peut-être de façon plus privilégiée l'interprétation à plusieurs voix. Il semble dès lors que le projet esthétique de ces enregistrements est bien de donner une version sonore livresque, faire, selon les mots même de Cocteau, une "typographie auditive, quelque chose qui n'est ni le livre, ni la déclamation"1. Cocteau crée ainsi un objet intermédial non identifié. Ces disques renforcent la représentation d'un théâtre monologué chez Cocteau, qui fait de la voix le médium central de sa dramaturgie. Le support du disque est pensé, non comme un simple outil de transmission et de diffusion, qui n'enregistrerait que "les clichés de [sa] voix"2, à l'ère de la reproductibilité, mais comme un moyen d'explorer une forme de modernité dramatique, vers l'épuration du dialogue.
1 Jean Cocteau, Autoportraits de l'acrobate, Fata Morgana, 1993, p. 23.
2 Cité en couverture du disque Jean Cocteau, L'œuvre enregistrée, Frémeaux et associés, 2014, 4 CD.

Marion Brun est maîtresse de conférences en littérature française XXe à l'université Paul-Valéry Montpellier 3 au RIRRa21. Elle est spécialiste de Marcel Pagnol auquel elle a consacré sa thèse publiée chez Classiques-Garnier, Marcel Pagnol classique-populaire. Ses travaux de recherche portent plus largement sur la question du canon littéraire et sur les diffusions médiatiques de la littérature hors du livre (livre audio, adaptation cinématographique, objets dérivés).

Gil CHARBONNIER : Jean Cocteau, ambulancier de la Croix-Rouge (1915-1916) et l'émergence du droit international humanitaire : vers une nouvelle sensibilité artistique
Durant le conflit mondial de 1914-1918, les premiers grands dispositifs d'action humanitaire, issus des Conventions de Genève et celles de La Haye, ont été expérimentés. Une salle de l'actuel Musée du CICR à Genève, dédiée aux fiches et à de multiples documents relatifs aux victimes de la Grande Guerre, témoigne de la volonté de l'époque d'individualiser la souffrance, jusqu'à produire de véritables récits humanitaires. Jean Cocteau, ambulancier de la Croix-Rouge (Services de secours CR, Secteur 131- 1915-1916) a participé à ces récits par ses témoignages (correspondances, textes divers publiés ou inédits) et par la transposition de son expérience dans son roman, Thomas l'imposteur (Gallimard, 1923) qui est aussi une fiction humanitaire. Cette communication se donne pour objectif de définir le sens de la mission de Cocteau, poète-ambulancier, en dialogue avec l'émergence des principes du droit international humanitaire de l'époque. La vision de Cocteau procède d'une nouvelle sensibilité, d'un front artistique, faisant entrer la souffrance des blessés et la menace permanente de la mort dans une zone esthétique hors norme (en raison notamment de sa dimension plurielle articulant le texte, le dessin, la photographie), reflet d'un art d'avant-garde réagissant à l'extrême brutalisation des sociétés européennes.

Gil Charbonnier est professeur de littérature française du XXe siècle à la Faculté de droit et de science politique de l'université d'Aix-Marseille (Laboratoire de droit privé et de sciences criminelles, LDPSC - UR n°4690). Ses travaux portent sur le cosmopolitisme chez les écrivains français (1920-1980) et les relations entre droit et littérature. Il est également secrétaire général de l'Association internationale des amis de Valery Larbaud. Parmi ses ouvrages récemment parus figurent : L'idée d'Europe chez Paul Morand, Honoré Champion, "Littérature de Notre Siècle", 2023 ; Gil Charbonnier et Franck Petit, Quand la littérature moderne (ré) invente le droit. Œuvres choisies du XXe siècle à nos jours, LexisNexis, 2023 ; Gil Charbonnier et María Isabel Corbí Sáez (dir.), Valery Larbaud et les mondes espagnol et hispano-américain. Nouvelles approches critiques, Cahier Valery Larbaud, n°60, Classiques Garnier, 2024 ; Gil Charbonnier (dir.), Le Passage à l'Afrique, Presses universitaires d'Aix-Marseille, "Cosmopolitismes", 2024. Il est également l'auteur d'articles sur Cocteau, dont "Morand et Cocteau : une amitié moderniste à l'épreuve dans leurs Journaux de guerre", Cahiers Jean Cocteau, n°20, Intermédialités, 2022 et "La déconstruction du mythe de la justice dans la reprise d'Antigone de Jean Cocteau. Plaidoyer pour un accent nouveau en droit et littérature (Law and Literature)", Cahiers Jean Cocteau, n°21, Cocteau et les arts de la scène, 2023.

Claude COSTE : Jean Cocteau face aux avant-gardes musicales des années 50
Le nom de Cocteau est lié à la création musicale de la première moitié du XXe siècle, qu'il s'agisse de Stravinski, de Satie ou du groupe des Six. Comment l'auteur du Coq et l'Arlequin va-t-il faire face après 1945 à la révolution du dodécaphonisme, du sérialisme, à l'activisme du jeune Pierre Boulez, à la création en 1954 du Domaine musical ? La réponse passe par l'écriture des Paraprosodies et, surtout, par un dialogue renouvelé avec Stravinski et Poulenc.

Professeur émérite à l'université de Cergy Paris, Claude Coste consacre une grande part de sa recherche aux relations de la littérature et la musique. Il est en particulier l'auteur des Malheurs d'Orphée (L'Improviste, 2003), d'Orphée ou les sirènes (Presses Universitaires de Paris Ouest, 2014) ; il prépare un ouvrage sur la signification en musique. Il est l'éditeur scientifique avec Sylvie Douche de Barthes et la musique aux Presses Universitaires de Rennes en 2018.

Cyrielle DODET : "Le théâtre est une fournaise" : qu'embrase le geste intermédial de Cocteau ?
Dès ses premiers textes dramatiques, Cocteau revendique une "poésie de théâtre" visible et concrète, où les métaphores sont par exemple "transformées en visions scéniques" (Corvin). Une poésie franchement destinée à la scène théâtrale. Au gré de ses expériences dramaturgiques, il n'a en effet de cesse d'investir la scène comme un lieu d'intense activité, où il développe des "véhicules" de poésie en élaborant un geste intermédial singulier. Outre la puissance littérale du langage offerte scéniquement, Cocteau agit "par machines", grâce à divers médias et en se fondant sur les potentialités dramaturgiques de différentes technologies (comme le téléphone, le phonographe ou encore la radio). Par ces recours et leurs usages, il multiplie les dynamiques intermédiales, et partant les processus interartistiques. Mais surtout, il élabore une réflexion en action sur les médias, qui contribue à "déniaiser" de concert le théâtre et la poésie. Par ce geste inventif, performatif et réflexif, Cocteau redessine enfin les possibles du théâtre et de sa capacité poétique.

Ancienne élève de l'ENS de Lyon, agrégée de Lettres, Cyrielle Dodet est maître de conférences en études théâtrales à l'université Champollion d'Albi et membre de LLA-Créatis de l'université Toulouse Jean Jaurès. Spécialiste des dramaturgies contemporaines, elle s'intéresse aux dialogues interartistiques et au devenir intermédial dans les écritures théâtrales européennes et nord-américaines — qu'elle a étudiées dans sa thèse réalisée en cotutelle entre la Sorbonne nouvelle et l'université de Montréal. Ses recherches portent plus largement sur la poésie dans les arts du spectacle vivant, sur les théories et pratiques de l'intermédialité, et sur les liens entre théâtre et arts visuels. Depuis 2024, elle est membre de la commission Théâtre du CNL.

Sandrine FARAUT RUELLE : Jean Cocteau sur la Côte d'Azur : les œuvres monumentales
Au début des années 1950, Jean Cocteau est fatigué de la capitale, du milieu artistique parisien. Il choisit la Côte d'Azur. Il y est déjà passé dans les années 1910 (de 1911 à 1921), puis plus longuement de 1922 à 1935 et à partir de 1950 il a l'opportunité de s'y installer, accueilli par son nouveau mécène Francine Weisweiller, propriétaire de la Villa Santo Sospir. Il y restera jusqu'à son départ en 1962. Cette région va lui permettre de décentraliser son œuvre et de se consacrer à de nouveaux médiums, prouvant encore une fois qu'il est un artiste pluridisciplinaire : la peinture, le pastel, le crayon gras, la céramique, la mosaïque, le vitrail, le gemmail, la résine polyester, la tapisserie, la ferronnerie… Et bien sûr le mur peint qui lui permettra de laisser des traces de son œuvre monumentale.

Sandrine Faraut Ruelle est Attachée principale de Conservation au Musée Jean Cocteau à Menton depuis 2008, diplômée de l'École du Louvre (1992), lauréate du concours de Bibliothécaire territorial (2011), docteure en Droit, Histoire du droit et des institutions (Université Nice Sophia Antipolis, 2015) et chercheure associée, Laboratoire Ermes, Université Nice Sophia Antipolis (2015-2017). Elle est l'auteure de plusieurs études sur Cocteau, dont "Sarah Bernhardt et "les monstres sacrés" de Jean Cocteau" (Catalogue Musée Jean Cocteau, collection Séverin Wunderman, 2011), "Un artiste mis en lumière" (Le Magazine littéraire Cocteau, n°536, 2013), "La correspondance entre Jean Cocteau et Irène Lagut" (Cahiers Jean Cocteau, n°12, 2014), "Jean Cocteau sur la Côte d'Azur" (Instinct Nomade, n°12, 2023) et Jean Cocteau Je reste avec vous (Éditions Ville de Menton, 2023).

Marika GENTY
Marika Genty est, depuis 30 ans, déléguée au patrimoine historique chez Chanel. Elle est l'auteure des textes du catalogue de l'exposition Chanel, l'Art comme univers (musée Pouchkine, 2007), de nombreuses notices sur le site intranet de Chanel et de plusieurs articles dont "Chanel/Bérard : l'esprit des formes, l'essence du style" (dans Jean-Pierre Pastori (dir.), Christian Bérard. Au théâtre de la vie, Éditions Silvana, 2022) et "La création en partage" (dans Célia Bernasconi (dir.), Christian Bérard. Excentrique Bébé, Flammarion, 2022).

Mélissa GIGNAC : Phénixologie ou le strip-tease de la création
Le Testament d'Orphée propose une expérience rare au photographe présent sur le plateau pour en enregistrer les images. Alors qu'usuellement les photographies de tournage sont censées révéler les coulisses de la création, se jouer des frontières entre fiction et réalité, scène et ville, acteurs et personnages, on peut légitimement se questionner sur ce que leur auteur voit et expose aux yeux des curieux, dès lors que le film lui-même n'a de cesse de briser le quatrième mur. L'album Phénixologie1 offre une occasion singulière d'explorer les échanges réciproques entre photographie et film, pour mieux "déniaiser" les catégories existantes (celle de la photographie dite de tournage notamment) et les frontières artificielles de la création (fiction vs réalité). C'est avant tout une expérience de liberté et de poésie que Lucien Clergue vit sur ce tournage, et qui lui permet, selon le conseil de Cocteau, de "rouler à contre-vague"2.
1 Phénixologie. Photographies de Lucien Clergue. Tournage du film Le Testament d’Orphée de Jean Cocteau, Arles, Actes Sud, 2003.
2 Elisabeth Aubert Schlumberger, Lucien Clergue, à la mort, à la vie, Les Films du paradoxe, 2009.

Mélissa Gignac est maîtresse de conférences à l'université de Lille, chercheuse au Centre d'Études des Arts Contemporains. Ses recherches portent actuellement sur les photographies de cinéma. Elle a notamment publié Quatre-vingt-treize, d'Albert Capellani, une histoire d'images (Presses universitaires du Septentrion, 2023), Le Scénario : une source pour l'Histoire (AFRHC, 2020) et dirigé un n° spécial de la revue Déméter, Théories et pratiques artistiques contemporaines "Fantasmes du cinéma américain en France" (4, 2019).

Stéphane HIRSCHI : Écrire pour des voix : Cocteau en chanté ?
On s'appuiera sur les paroles des chansons écrites par Cocteau pour esquisser des lignes de force stylistiques d'une écriture pour la voix (en particulier celles, féminines, de Piaf et Oswald), qui, peut-être, trouveraient des échos intermédiaux dans d'autres formes de création chez Cocteau, monologues, théâtre ou cinéma.

Stéphane Hirschi, ancien élève de l'ENS (Ulm), est professeur de littérature française à l'université polytechnique Hauts-de-France (Valenciennes) depuis 1999, où il a été Doyen de la Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines. Il a publié ou coordonné dix-sept livres, dont Jacques Brel, Chant contre silence ; Sur Aragon. Les voyageurs de l'infini ; Aragon et le Nord ; Chanson : l'art de fixer l'air du temps ; Nord et chansons ; Paris en chansons et La chanson française depuis 1980. Il a fait paraître plus de 150 articles en France et à l'étranger, dans des revues prestigieuses : NRF, RSH, ArtPress2, Europe, Télérama,… et a participé à plusieurs émissions télé ou radio (France 3, France Culture, etc.). Inventeur de la "cantologie" — étude de la chanson considérée dans sa globalité (textes, musique et interprétation) —, il dirige la collection "Cantologie", aux Belles Lettres/PUV, qui compte 9 ouvrages. Il a fondé en 1996 le festival Le Quesnoy en chanteurs (27 éditions). Après une délégation CNRS au laboratoire IHRIM, il se consacre également à l'écriture de fiction, nouvelles et romans.

Hiroyuki KASAI : La Mort du Sphinx ou la transmutation réversible du corps — à travers les manuscrits de La Machine infernale
Le manuscrit autographe de La Machine infernale, longtemps présumé perdu ou détruit, a été redécouvert en 2012 et intégré à la collection du Musée des Lettres et Manuscrits à Paris. Nous avons pu l'examiner peu avant la fermeture soudaine et définitive de ce musée privé en 2015, avant la dispersion de ses collections. C'est dans ce contexte que nous avons entrepris une étude génétique de la pièce. À l'origine, elle n'était pas destinée à être une œuvre à grande échelle en quatre actes. Cocteau a d'abord rédigé ce qui allait devenir l'acte II, conçu comme un prologue à Œdipe-Roi, son adaptation libre de la tragédie de Sophocle, puis l'acte I, comme un pro-prologue à l'acte II. Avant de s'atteler aux actes III et IV, il envisageait une représentation autonome des deux premiers actes, accompagnée de scènes plus brèves, sous le titre provisoire de La Mort du Sphinx. Cette communication s'interrogera, en se référant aux premiers manuscrits riches en variantes non retenues dans la version finale, sur le corps du Sphinx en perpétuelle transmutation, oscillant entre deux figures opposées : celle d'une jeune fille imprégnée de fragilité humaine et celle de Némésis, déesse implacable de la vengeance. Le corps du Sphinx, prédestiné par les dieux à tuer et à mourir, apparaît comme un intermédiaire dans un ordre infiniment hiérarchique, tel un rouage de cette machine infernale.

Hiroyuki Kasai est professeur de langue et littérature françaises à l'université Keio, à Tokyo. Spécialiste de Jean Cocteau et du poète surréaliste japonais Shuzo Takiguchi, il se consacre actuellement à l'étude génétique de La Machine infernale de Cocteau, dont il vient de faire paraître une édition critique dans les Cahiers Jean Cocteau (en ligne, 2024), ainsi qu'à une recherche sur la collaboration créative entre Takiguchi et Joan Miró. Auteur de plusieurs articles consacrés à ces deux poètes, il est notamment co-rédacteur de Shuzo Takiguchi 1958. Un regard voyageur (Presses Universitaires Keio, 2009) et des Cahiers Jean Cocteau 16 — Jean Cocteau et l'Orient (Éditions Non Lieu, 2018). Parmi ses travaux en préparation figure une Correspondance entre Shuzo Takiguchi et Joan Miró (Presses Universitaires Keio).

David MARTENS : Cocteau par lui-même. Un autoportrait l'air de ne pas y toucher
Au début des années 1950, les Éditions du Seuil lancent la collection de monographies de poche illustrées, "Écrivains de toujours". Faisant quelque peu mentir son titre, la série consacre nombre de ses premiers volumes à des écrivains vivants, manière pour la jeune maison d'édition de faire figurer certains grands noms à son catalogue. Certains d'entre eux ne manquent pas de s'intéresser de près au livre qui leur est consacré. Difficile d'imaginer qu'un créateur aussi soucieux de son image que l'était Cocteau n'ait pas pris une part active à l'élaboration du volume qui lui est consacré par André Fraigneau en 1957. Absent de Paris, son implication passe par une correspondance conservée dans les archives du Seuil, à l'Institut Mémoire de l'Édition contemporaine (IMEC, Caen). Son examen permettra de rendre compte de la façon dont Cocteau, tout en se donnant des airs de ne pas vraiment se mêler du livre et de laisser une pleine liberté à son auteur, oriente sensiblement la façon dont Fraigneau, dans cette collection dédiée aux écrivains, construit la légende de son modèle en mettant, notamment en avant la diversité de ses moyens d'expression. Il s'agira ainsi d'analyser les échanges entre les deux auteurs et la dynamique relationnelle qui a donné lieu à ce Cocteau par lui-même.

David Martens est professeur de littérature française (XIXe-XXIe siècle) à l'université de Louvain (KU Leuven). Il s'intéresse notamment à la figure de l'écrivain, ainsi qu'à la patrimonialisation et aux autres formes de médiation de la littérature, qu'elles passent par la photographie ou l'exposition par exemple. Il a fondé en 2016 le réseau des RIMELL (Recherches interdisciplinaires sur la muséalisation et l'exposition de la littérature et du livre) et le site litteraturesmodesdemploi.org, qui coordonne les recherches sur les rapports entre littérature et exposition. Il a en outre fondé en 2021, avec Olivier Belin, Claude Coste, Mathilde Labbé et Marcela Scibiorska, le réseau PatrimoniaLitté, qui s'intéresse aux relations entre littérature et patrimoine. Il a notamment publié dans les revues Communisation & langages, Littérature, Poétique, Poetics today ou encore Word & Images.

Christophe MEURÉE : Les filiations de l'écrivain-cinéaste : Cocteau, Duras, Toussaint
Jean Cocteau a pratiquement inventé la figure de l'écrivain-cinéaste et ouvert la voie à de nombreux créateurs : Marguerite Duras, Alain Robbe-Grillet, Chris Marker, Pier Paolo Pasolini, Peter Handke, Jean-Philippe Toussaint n'étant pas ses moindres épigones. Au départ des exemples de Duras (1914-1996) et de Toussaint (1957-), il s'avère possible de saisir les constantes de l'influence de Cocteau telle qu'elle s'exerce sur plusieurs générations. Le propos s'articulera en trois volets : la fascination revendiquée pour les acteurs et les actrices, le cinéma comme mise en mouvement des arts plastiques et mise en scène de l'écriture, le film comme territoire de réflexion sur la création. Seront convoqués, sans volonté d'exhaustivité, les films suivants : Le Sang d'un poète, Orphée, Le Testament d'Orphée, Son Nom de Venise dans Calcutta désert, Le Navire Night, Césarée, L'Homme atlantique, La Patinoire, Trois Fragments de Fuir et The Honey Dress.

Christophe Meurée est coordinateur scientifique aux Archives & Musée de la Littérature (Bruxelles). Ses recherches portent principalement sur les littératures de langue française de la fin du XIXe siècle jusqu'à nos jours. Auteur de deux collectifs et d'une vingtaine d'articles sur l'autrice, il est vice-président de la Société internationale Marguerite Duras et codirige, avec Florence de Chalonge, les Cahiers Marguerite Duras. Il a coordonné, avec Maria Giovanna Petrillo, le numéro de Roman 20-50 sur M.M.M.M. de Jean-Philippe Toussaint, auquel il a également consacré une quinzaine d'articles et sur lequel il prépare un essai à paraître fin 2025.

Ivelise PERNIOLA : Des Enfants terribles (Jean Cocteau) à The Dreamers (Bernardo Bertolucci) : suggestions et croisements narratifs
En 2003, le réalisateur italien Bernardo Bertolucci tourne The Dreamers en hommage à la Nouvelle Vague. Le film est inspiré du roman de Gilbert Adair publié en 1988 sous le titre The Holy Innocents. Adair, qui collaborera aussi avec Bertolucci au scénario et au tournage du film, s'inspire lui-même des Enfants Terribles de Jean Cocteau paru en 1929. Il en reprend certains éléments, comme le triangle amoureux qui naît entre les trois jeunes et rebelles protagonistes, mais il déplace son récit en 1968, année-charnière de la contestation estudiantine. De son côté, Bertolucci, à travers un travail profond de renvois et de références, resitue Cocteau dans l'influence qu'il a eue sur les jeunes turcs de la Nouvelle Vague et relit l'écrivain à travers le cinéma, en insérant aussi quelques références au film que Jean-Pierre Melville a tiré du roman de Cocteau en 1950. Cette intervention a pour but de révéler les filiations, les citations et les rapports intertextuels existant entre les quatre textes examinés.

Ivelise Perniola est professeure d'histoire du cinéma et de la cinématographie documentaire à l'université degli Studi Roma Tre. Elle a publié de nombreux essais sur le cinéma documentaire italien et international.
Publications
Jean Luc Godard. Fino all'ultimo respiro, Carocci, 2022.
Gillo Pontecorvo o del cinema necessario, ETS, 2016.
L'era postdocumentaria, Mimesis, 2014.
L'immagine spezzata. Il cinema di Claude Lanzmann, Kaplan, 2007.
Oltre il Neorealismo-Documentari d'autore e realtà italiana del dopoguerra, Bulzoni, 2004.
Chris Marker o del film saggio, Lindau, 2003 (deuxième édition mise à jour en 2011).

Olivier RAUCH : Une "parenté subtile" : l'écriture des Chevaliers de la Table Ronde de Jean Cocteau et du Paradis perdu d'Igor Markévitch
À partir de la correspondance inédite de Jean Cocteau adressée à Igor Markévitch, des archives et des mémoires du musicien, l'évidence d'un compagnonnage amical entamé avec la production de la Cantate en 1930 et poursuivi au cours de l'été et de l'automne 1934, au moment où Jean Cocteau rejoint Markévitch pendant plusieurs mois en Suisse, aboutit à une écriture parallèle du texte de la pièce Les Chevaliers de la Table Ronde et de celle du livret de l'oratorio Le Paradis perdu. Igor Markévitch évoque une "parenté subtile" entre les deux œuvres. De l'aveu même du musicien, Jean Cocteau a pu apporter son concours à la mise en poème des idées de son jeune ami. Plus subtile encore est l'influence des discussions et débats entre le Poète et le Musicien sur le développement des scènes de la pièce écrite par Cocteau et surtout sur la singularité des personnages. Cette amitié née et développée autour du travail et de la création sera une des plus solides et sincères que Cocteau a pu nouer avec un artiste musicien. La correspondance adressée par Cocteau à Markévitch qui sera largement évoquée lors de cette communication, atteste de la profondeur et de la longévité de cette relation.

Olivier Rauch, professeur agrégé puis proviseur de lycée, est chercheur indépendant depuis sa retraite. Ses recherches portent notamment sur l'œuvre de Jean Cocteau et son impact, notamment en Angleterre et elles aboutiront à la publication d'un ouvrage, Jean Cocteau, Du côté de l'Angleterre et des Anglais.

Émilien SERMIER : Cocteau, personnage de fiction
Peu d'écrivains auront été, autant que Jean Cocteau, transformés en personnage de fiction. Dès le début des années 1920, celui-ci apparaît — sous des noms variables — dans plusieurs récits à clés et romans (Albertine disparue de Proust, Anicet ou le panorama, roman d'Aragon, Le Bon Apôtre de Soupault, Caravansérail de Picabia, "Le Passant bleu" de Reverdy, Les Faux-Monnayeurs de Gide ou plus tard encore, dans un autre contexte, dans La Mort de Radiguet de Mishima). Cette intervention voudra ainsi passer en revue toutes ces figurations fictionnalisées de Cocteau qui, chacune à sa façon, entend déniaiser un peu l'image du poète — que ce soit en révélant des vérités insoupçonnées ou, au contraire, en cherchant à démasquer un prétendu imposteur. On tâchera dès lors de mesurer en quoi toutes ces fictions participent à divers mythes et contre-mythes de l'auteur — et quels enjeux cristallisent la figure de Cocteau – avant d'examiner comment l'auteur lui-même a pu s'envisager (par réaction ?) dans ses fictions romanesques, notamment dans les premières pages du Grand Écart.

Maître assistant à l'université de Lausanne, Émilien Sermier est spécialiste des avant-gardes littéraires des années 1920. Outre de nombreux articles, il est l'auteur de l'ouvrage Une Saison dans le roman. Explorations modernistes : d'Apollinaire à Supervielle (José Corti, 2022 / Prix de la Critique 2022, INGE) ainsi que de l'essai Diamétralement modernes. Poètes francophones d'Amérique latine (Les Impressions Nouvelles, 2025). Il a également réédité les poèmes français de Vicente Huidobro et d'Alfredo Gangotena (L'Oncle d'Amérique, 2025). Membre du comité directeur de la revue Histoires Littéraires et co-directeur du Centre d'Études Blaise Cendrars, il participe actuellement à plusieurs notices du Dictionnaire Jean Cocteau.

Fanny VAN EXAERDE : "Les cris d'une foule accompagnent cette image" : enjeux des photographies de plateau et photographies de tournage dans les films de Cocteau
À la suite de Jean-Pierre Berthomé qui exploraient "ce que nous apprennent des photographies de plateau" (2020), cette intervention propose de parcourir les photographies de plateau et de photographies de tournage des longs métrages écrits et/ou réalisés par Cocteau, dont les dossiers sont conservés à la Cinémathèque française de Paris. Outre la fonction mémorielle et utilitaire des photographies de tournage et la fonction promotionnelle des photographies de plateau, ces images peuvent être considérées comme témoin de l'œuvre et du microcosme qui se met en place autour de celle-ci. La coexistence physique des acteurs, actrices, techniciens, opérateurs, scriptes, maquilleuses et costumières, occupant l'espace du cliché, révèle que chacun contribue à cette entreprise extraordinaire qu'est le cinéma, véritable "véhicule de poésie" selon Cocteau. Comment ce travail "en famille" est-il immortalisé par la pellicule photographique ? Comment la photographie rend-elle compte des "ça a été" des corps à l'ouvrage, participant chacun à leur façon à la fabrique cinématographique ? À l'instar du portrait de Cégeste que le poète obtient des mains de la gitane dans Le Testament d'Orphée la photographie joue un rôle dans la construction de l'effet factice que Cocteau aime à mettre en place afin de "patiner" l'œuvre filmique. En effet, le déniaisement opère également par la confrontation de l'identité de l'acteur et du personnage, réunies en un seul corps dans le film, pourtant rendues visibles par la présence des membres de l'équipe de tournage — la photographie rendant saillante l'incongruité de la fiction en train de se faire.

Fanny Van Exaerde a soutenu en 2023 une thèse intitulée ""Une poésie cinématographique". Étude historique, génétique et intermédiale des scénarios et dialogues de Jean Cocteau". Cette thèse a été réalisée dans le cadre d'une cotutelle, sous la codirection de Florence de Chalonge (UR Alithila, Université de Lille) et de David Gullentops (CLIC, Vrije Universiteit Brussel). Cette thèse, lauréate du Prix de Thèse 2023 de l'ED SHS, est en cours de publication. Ses recherches portent sur la littérature du XXe siècle, l'intermédialité, la génétique textuelle, les archives et le cinéma, et, plus récemment, les écritures ordinaires.

Ann VAN SEVENANT : Plurisexualité et genre nouveau
Le paysage sexuel contemporain reflète plusieurs éléments que nous retrouvons déjà dans les dessins érotiques de Jean Cocteau. La diversité de genres et de pratiques sexuelles est une des caractéristiques de son œuvre qui montre l'étendue de son ouverture d'esprit. Son imaginaire nous invite à remettre en question la hiérarchie traditionnelle des genres. Et il étend cette problématique à toute la nature, en présentant des formes hybrides du monde homme-animal-plante. Ainsi trouvons-nous dans ses dessins des visions alternatives aux modèles de société familiers. À plus d'un titre, le genre nouveau de Cocteau est actuel.

Ann Van Sevenant, professeure de philosophie (University College Antwerp), est l'auteure d'une vingtaine d'ouvrages en philosophie. Avec David Gullentops, elle a publié Les Mondes de Jean Cocteau. Poétique et esthétique (Paris, 2012), et réalisé le film Lecture intermédiale d'un film. Le Sang d'un poète (Bruxelles, 2024).

Susanne WINTER : Quand la consécration vient de l'étranger : les voyages en Allemagne des années 1950
Tout au long de sa vie soucieux de sa réputation et de sa réception, Cocteau a cultivé l'image du poète solitaire et incompris dans sa patrie. En revanche, à l'étranger, et en particulier en Allemagne, son œuvre semble de temps à autre rencontrer la compréhension et le succès espérés, si bien qu'au milieu des années 1950, Cocteau salue "la jeunesse étudiante allemande d'après la guerre comme le plus sérieux et le plus sensible des publics". À partir de propos de Cocteau sur ses voyages en Allemagne dans les années cinquante et d'articles et reportages dans la presse allemande contemporaine, il s'agira de mettre en contraste la perspective de Cocteau avec celle des autres et d'interroger la relation qui existe entre l'autoperception et l'hétéroperception.

Susanne Winter est professeur de littérature française et italienne à l'université de Salzbourg (Autriche). De 2000 à 2005, elle a dirigé le Centro tedesco di studi veneziani à Venise. Elle a publié des livres sur les Fiabe teatrali de Carlo Gozzi et sur la poésie de Jean Cocteau et a co-dirigé des ouvrages sur Cocteau et les arts et Cocteau et l'intermédialité.


BIBLIOGRAPHIE :

• ARNAUD, Claude, Jean Cocteau, Paris, Gallimard, "Biographies", 2003, 864 p.
• BOULANGÉ, Guillaume, ROLOT, Christian (dir.), Jean Cocteau et Édith Piaf : deux monstres sacrés, Montpellier, PULM, "Arts", 2015, 166 p.
• BROWN, Kathryn, "Remembering the Occupation : La Mort et les Statues by Pierre Jahan and Jean Cocteau", Forum for Modern Language Studies, vol. 49, n°3, 2012, p. 286-299.
• CESTIER, Maryline, Wenn Orpheus Ödipus begegnet : Mythenvarianten in Jean Cocteaus theatralischem und filmischem Werk, Tübingen, Stauffenburg, 2013, 298 p.
• CHAPERON, Danielle, Jean Cocteau. La chute des angles, Lille, Presses universitaires de Lille, "Objet", 1991, 230 p.
• CHAPERON, Danielle, "Les Parents terribles et L'Aigle à deux têtes au cinéma – fauves en cage et aigles en liberté", in LINARES, Serge (dir.), "Les Adaptations", Revue des Lettres modernes. Série Jean Cocteau, n°5, 2008, p. 131-148.
• CHAPERON, Danielle, "Entrer-sortir : contribution à une poétique de l'espace dramatique coctalien", in LINARES, Serge, WINTER, Susanne (dir.), "Création et intermédialité", Revue des Lettres modernes. Série Jean Cocteau, n°8, 2018, p. 221-243.
• GULLENTOPS, David, VAN SEVENANT, Ann, Les Mondes de Jean Cocteau : poétique et esthétique. Jean Cocteau's Worlds : Poetics and Aesthetics, Paris, Éditions Non Lieu, 2012, 398 p. [avec un DVD (versions française et anglaise)].
• GULLENTOPS, David, "Esthétique de l'affiche littéraire chez Jean Cocteau", Histoires littéraires, n°82, "Littérature et publicité", avril-mai-juin 2020, p. 27-50.
• GULLENTOPS, David, Jean Cocteau et l'intermédialité, Bruxelles, Éditions de l'université de Bruxelles, "Littérature(s)", 2024, 194 p.
• HARBEC, Jacinthe, Ballets russes et Ballets suédois : la musique à la croisée des arts 1917-1924, Paris, Vrin, "Musicologies", 2021, 504 p., Chapitre 2 consacré à "Parade : la rencontre du réalisme et du cubisme", p. 47-117 et chapitre 3 consacré aux "Mariés de la tour Eiffel : le surréalisme total du "plus vrai que le vrai"", p. 119-197.
• HÉRON, Pierre-Marie, Cocteau : entre écriture et conversation, Rennes, PUR, "Interférences", 2010, 176 p.
• HÉRON, Pierre-Marie, LINARES, Serge (dir.), "Jean Cocteau. Pratiques du média radiophonique", Revue des lettres modernes, Série Jean Cocteau, n°7, 2013, 242 p.
• HÉRON, Pierre-Marie, "Écriture et dessin au début des années vingt", in LINARES, Serge, WINTER, Susanne (dir.), "Création et intermédialité", Revue des Lettres modernes. Série Jean Cocteau, n°8, 2018, p. 75-105.
• LINARÈS, Serge, Cocteau. La ligne d'un style, Paris, Sedes, 2000, 224 p.
• LINARÈS, Serge (dir.), Jean Cocteau, Paris, L'Herne, "Cahiers de l'Herne", 2016, 544 p.
• LINARÈS, Serge, WINTER, Susanne (dir.), "Création et intermédialité", Revue des Lettres modernes. Série Jean Cocteau, n°8, 2018.
• SURMANN, Caroline, Cinéma et théâtre chez Jean Cocteau : intermédialité et esthétique, Paris, Classiques Garnier, 2012, 330 p.


SOUTIENS :

Université Paul-Valéry-Montpellier III
• Université de Bruxelles (Vrije Universiteit Brussel)
• Université de Lausanne (UNIL)
Fondation Pierre Bergé - Yves Saint Laurent


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