Le rail de ville et le rail des champs [2025]

ARGUMENT :

Dès les années 1820, le rail s'est inscrit dans nos paysages et s'est attaché à nos vies. Il a ouvert l'horizon, tissé des échanges et tenu un rôle économique central. S'est ainsi noué un lien profond entre la société et ses chemins de fer, fondé sur un imaginaire, alimenté par les arts autant que les discours politiques et horizons techniques. Au fil du temps, avec la concurrence de la voiture et la déconstruction du maillage familier de son réseau, le fossé s'est creusé entre les pratiques et les représentations du rail, suffisamment fortes pour justifier l'attention que lui porte, peut-être au-delà du raisonnable, le politique autant que l'opinion. Preuve que l'attachement reste de nature culturelle, au-delà des usages ?

En tirant le fil de l'attachement et de la crise écologique, ce colloque invitera ainsi à interroger la capacité du chemin de fer à se réinventer. Saura-t-il nous surprendre pour redevenir un mode de déplacement populaire en mesure de tenir sa promesse de plaisir, de liberté et de démocratisation du voyage, engagé à réduire les fractures territoriales tout en incarnant la valeur écologique ? Peut-il surmonter son handicap, le temps long des projets face à l'urgence écologique ? Dans ce jeu, l'attachement est-il un moteur de renouveau ou ancre-t-il définitivement le chemin de fer dans la nostalgie d'une époque révolue ?

CALENDRIER DÉFINITIF :

Lundi 8 septembre
Après-midi
ACCUEIL DES PARTICIPANTS

Soirée
Présentation du Centre, du colloque et des participants
Présentation de la vigie, par Jean LEBRUN

Mardi 9 septembre
CE QUI ATTACHE CHEMIN DE FER ET SOCIÉTÉ
Cette première journée explore les différents liens qui attachent le chemin de fer à la société, que ce soit par des pratiques et discours explicites ou par des formes plus implicites qui révèlent la relation plus ou moins distante entre une société très automobilisée et un système ferroviaire ancien. Comment évolue l’imaginaire populaire du chemin de fer ? Quel rôle y tiennent aujourd’hui les innovations régulièrement lancées ?
Matin
Francis BEAUCIRE, Cécile HOCHARD & Arnaud PASSALACQUA : Ouverture du colloque
Francis BEAUCIRE : Le chemin de fer, un symbole d'attachement populaire : retour aux origines

La passion du rail, table ronde animée par Francis BEAUCIRE, avec Yohann MILAN, Patricia VERGNE ROCHÈS et Margaux WALCK

Après-midi
Nancy GIRARD & Martine BARTOLOMEI : L'attachement populaire aux chemins de fer : quelles manifestations ?
Georges RIBEILL : À l'épreuve d'une mondialisation rampante des circulations, le Rail dans le système des transports français (XIX^e-XXI^e siècles)

Soirée
Soirée littéraire animée par Martine BARTOLOMEI

Mercredi 10 septembre
"HORS-LES-MURS" — TRACES ET TRAMES : SUR LE TERRAIN, LA NORMANDIE PAR LE RAIL
Une journée buissonnière dans le train touristique du Cotentin (Carteret—Portbail) avec conférences et arrêts à des points d'intérêt. Trains touristiques et opérateurs de proximité : au croisement de l'intérêt patrimonial et de l'utilité sociale aux échelles de l'économie locale.
Matin & Après-midi
• Archéologie ferroviaire le long des voies désaffectées (patrimoine bâti, lecture de paysage…) (Véronique VESTON)
• Quelques interventions, sur des thématiques normandes :
- La ligne Le Havre – Paris (Christian CHEVANDIER)
- Inauguration de la ligne Paris – Rouen (Paul SMITH)
- Les chemins de fer dans la Manche (Philippe VENTÉJOL)
- L'écologisation des chemins de fer touristiques (Arthur ÉMILE)

Jeudi 11 septembre
LIGNES ET LIEUX. A-T-ON ENCORE DES RAISONS DE S'ATTACHER AU RAIL ?
De même que la France, le ferroviaire présente des visages multiples, mais il investit certains territoires bien plus que d'autres et répond aux attentes de certains groupes sociaux bien plus que d'autres. Dans un pays qui vit de multiples tensions, entre les centres urbains, le périurbain et les bourgs et la campagne, mais aussi du fait des inégalités sociales qui s'accroissent, le train peut-il être un élément de la nécessaire remise en cohérence du pays ? En d'autres termes, à quelles conditions l'attachement au rail peut-il être le ferment d'un attachement plus global, entre groupes sociaux, entre territoires, etc. ?
Matin
Des lignes | Animateur : Jean LEBRUN
Peut-on faire tenir les métropoles par le train ?, table ronde avec Pierre HELWIG, Marie HUE et Philippe VENTÉJOL

Petites lignes et vitalité des espaces moins denses, table ronde avec Pierre-Henri ÉMANGARD, Noé RAYNAUD et Margaux WALCK

Après-midi
Des lieux : la gare entre patrimoine, fonctionnalité et design
Laurent COUDROY DE LILLE : La gare, lieu de mémoire

Gares et quartiers de gare, table ronde animée par Cécile HOCHARD, avec Adrien DUVAL, Stéphanie SAUGET et Alexandrina STRIFFLING

Design et mise en spectacle du rail urbain, table ronde animée par Anne JARRIGEON, avec Pierre-Emmanuel BÉCHERAND (SGP), Yo KAMINAGAI (RATP) et Nils LE BOT (Arep)

Soirée
Cabinet de curiosités ferroviaires

Vendredi 12 septembre
ÉCOLOGIE : LE RAIL MIS AU DÉFI
L'urgence écologique pèse sur l'enjeu des mobilités. Les processus en cours illustrent une nouvelle bataille modale entre un train dont la victoire est annoncée et ses concurrents directs qui résistent et se renouvellent également, comme l'illustre l'automobile électrique. Rien n'est linéaire dans ce paysage, qui voit se succéder des dynamiques contraires. Comment faire tenir l'impératif d'un changement des pratiques et les coûts attendus comme élevés d'une mobilité plus vertueuse ? Loin des discours dominants, n'assiste-t-on pas à une panne de l'innovation et de l'imagination ?
Matin
Flux et infrastructures, fret et personnes : quelle condition mobile ?
Nathalie ROSEAU : Les paysages du rail : entre attachement et émancipation

L'innovation ne passerait-elle pas par un décloisonnement modal ?, table ronde animée par Étienne FAUGIER, avec Laurent EISENMAN, Mathieu RABAUD et Mariane THÉBERT

Après-midi
Nouvelles pratiques et renouveau populaire
Patricia PÉRENNES & Philippe POINSOT : Peut-on réconcilier les Françaises et les Français avec le train par le tarif ?
Louis BALDASSERONI & Pierre ZEMBRI : Territorialisations du fret ferroviaire : potentialités économiques et nuisances écologiques

Soirée
Autour de Bob Dylan et le train (musique commentée), animée par Paul SMITH

Samedi 13 septembre
LE RAIL, UNE PASSION POLITIQUE SOUS LE REGARD DE L'OPINION
Élues et élus ont pris l'habitude de confier au chemin de fer de ville comme des champs un rôle qui dépasse bien souvent ses pourtant assez larges épaules. En jouant sur l'attachement qu'il suscite, il s'agit de fonder un projet politique et de territoire sur une infrastructure et des services réputés faire échos aux valeurs républicaines françaises. Pourtant, le rail s'inscrit dans un temps long qui dépasse bien souvent les mandats et bien des surprises surgissent des innovations annoncées. Entre débats et études de cas, cette journée interroge la place qu'occupe ou que devrait occuper la rationalité dans l'attachement collectivement porté au rail.
Matin
Rail de ville, rail des champs : quand on aime, on ne compte pas ?
Luc PICOT : Premier cas d'école : la ligne Épinal-Saint Dié et le tunnel de Vanémont
Vincent TOURNIÉ : Deuxième cas d'école : le Grand Paris Express, suivie de la lecture du texte de Julie PERRIN par Arnaud PASSALACQUA

Après-midi
Mathieu FLONNEAU : Contrepoint. Un autre attachement mis au défi social et écologique : l'automobile

Politiques du ferroviaire dans un monde incertain
Léa HALOUPEAU : Cheminote et historienne
Arnaud PASSALACQUA : L'imaginaire du rail chez celles et ceux qui le décident

Soirée
Cinéma, par Sylvère AÏT AMOUR

Dimanche 14 septembre
ET MAINTENANT ?
Matin
Rapport d’étonnement, dialogue entre la vigie, Jean LEBRUN et les doctorantes et doctorants

Discussion générale

Après-midi
DÉPARTS

RÉSUMÉS ET BIO-BIBLIOGRAPHIES :

Mathieu RABAUD
L'intermodalité et la multimodalité sont des termes qui nécessitent d'être définies avec précision car elles reposent sur des notions aux périmètres floues : qu'est-ce qu'un mode de transport ; un déplacement ? Si la multimodalité présente des intérêts certains pour les autorités responsables des offres de mobilité alternatives à l'automobile individuelle, c'est parfois un peu moins le cas pour les usagers, qui sont les décideurs au final. Il convient donc de particulièrement bien prendre en compte les conditions de cette multimodalité afin de la rendre la plus attractive possible. Plusieurs aspects sont à prendre en compte : technique, financier, informationnel, culturel mais aussi pratique. Les nœuds des réseaux de transport, où les changements de mode s'effectuent (gare, station de métro, parking relais…) sont à soigner tout particulièrement afin de rendre ces pratiques les moins contraignantes possibles.

Mathieu Rabaud est ingénieur au Cerema, le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement, un établissement public au service de l'État et des collectivités locales. Il travaille sur la connaissance de la mobilité des personnes en concevant, réalisant et exploitant les Enquêtes Mobilité Certifiées Cerema. Il s'intéresse plus particulièrement aux modes actifs et aux pratiques alternatives à la voiture individuelle.

Patricia VERGNE ROCHÈS
Cette contribution prendra la forme d'un témoignage en tant qu'élue locale engagée depuis 25 ans au service de son territoire. Élue d'une zone rurale située dans ce que l'on appelle la "diagonale du vide", elle milite depuis plus de 20 ans en faveur du rail, convaincue que le transport ferroviaire constitue un levier fondamental pour l'aménagement du territoire, la cohésion sociale et la transition écologique.
En 2018, elle a cofondé, avec Hélène Bonabal, cadre honoraire de la SNCF, l'association Les Amis du viaduc de Garabit. Cette initiative est née de leur volonté commune de valoriser, défendre et préserver un patrimoine exceptionnel : le viaduc de Garabit, chef-d'œuvre de Gustave Eiffel, qui fut le plus haut viaduc du monde lors de son inauguration en 1884.
Au-delà de la protection de ce monument emblématique, l’association s'est également mobilisée pour la sauvegarde de la ligne de l'Aubrac, reliant Béziers à Paris via Clermont-Ferrand. Cette ligne ferroviaire traverse des territoires enclavés, qui ont plus que jamais besoin de services publics de qualité et de solutions de mobilité durables.
Les Amis du viaduc de Garabit, reconnue d'intérêt général depuis 2024, rassemble aujourd'hui plus de 200 membres à travers toute la France. Cette mobilisation témoigne de la capacité des territoires ruraux à se fédérer et à faire entendre leur voix pour défendre leur patrimoine, leur avenir et leur droit à la mobilité.

Patricia Vergne Rochès est élue locale dans le Cantal depuis 2001. Adjointe à la culture et au patrimoine de la ville de Saint-Flour, puis maire de Coren-les-Eaux depuis 2014, elle est également très impliquée dans la vie de l'Association des maires de France du Cantal, en tant que membre du bureau. Éditrice jeunesse et autrice pour les éditions La Vie du Rail, elle a publié deux ouvrages consacrés au viaduc de Garabit et a été l'une des contributrices clés du dernier ouvrage de référence dédié à la ligne ferroviaire de l'Aubrac. Elle intervient régulièrement dans les médias, les colloques et les documentaires. Ses différents engagements mêlent transmission, action de terrain et défense active des territoires ruraux.

Programme 2025 : un des colloques

LE RAIL DE VILLE ET LE RAIL DES CHAMPS

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